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SPECTACLES/RENCONTRES P.O.M.P.E.I. de Caterina Sagna sam 31/01 à 22h SALLE J. FORNIER en collaboration avec Art Danse Bourgogne LES ENFANTS* de Edward Bond, m.e.s Jérôme Hankins projet éducatif - Collège Les Lentillères mar 3 et ven 6/02 à 19h SALLE J. FORNIER FORMATION - ÊTRE LÀ direction Sébastien Foutoyet en partenariat avec la Fédération des Foyers ruraux de Côte d’Or sam 7, dim 8 et dim 15/02 SALLE J. FORNIER FORMATION - LES HUIT FACES DU THÉÂTRE FACE 6 - Jean-Marc Bezou : Univers sonores lun 9/02 à 19h PARVIS ST-JEAN L’HOMME QUI PENCHE de Thierry Metz, m.e.s Marc Feld du jeu 12 au sam 14/02 SALLE J. FORNIER en collaboration avec Itinéraires singuliers LA CHARRUE ET LES ÉTOILES de Sean O’Casey, m.e.s Irène Bonnaud du mer 4 au ven 20/02 PARVIS ST-JEAN LES DISPUTES DU PARVIS* LA QUESTION DU NATIONALISME IRLANDAIS avec Gerry Feehily, auteur, et Irène Bonnaud lun 16/02 à 18h30 PARVIS ST-JEAN L’ÉCOLE DES GÉNIES de Miklós Hubay, m.e.s Sébastien Foutoyet du mar 3 au sam 7/03 SALLE J. FORNIER FORMATION - CHEMINS D’ACTEUR direction Agnès Dewitte, Bob Villette du lun 9 au ven 20/03 SALLE J. FORNIER ET TA SŒUR ? TENTATIVE D’AUTOÉVALUATION EN FORME D’OPÉRETTE de Pierre Ascaride, m.e.s Estelle Savasta du mer 11 au sam 14/03 PARVIS ST-JEAN CABARET DE L’ÂNE AUTOUR DE BRASSENS* avec Félicien Juttner jeu 19/03 à 21h LE CAPPUCCINO (132 rue Monge, à Dijon) VOIE OUVERTE* présentation du DVD avec Christine Bertocchi et Géraldine Toutain ven 20/03 à 18h PARVIS ST-JEAN FORMATION - LES HUIT FACES DU THÉÂTRE FACE 7 - Gérard Guillaumat : Parcours d’un comédien lun 23/03 à 19h PARVIS ST-JEAN D’OÙ VIENS-TU MON PETIT ? de Gérard Guillaumat m.e.s Jean-Louis Hourdin du mer 25 au sam 28/03 PARVIS ST-JEAN CABARET DE L’ÂNE* JEAN-GUY LOMBO CHANTE L’AMOUR avec Jean-Guy Lombo et Gérard Cabrul jeu 2/04 à 21h L’ASSOMMOIR (pl. E. Zola, Dijon) LE BAL DE LA CONTEMPORAINE dir. musicale Pablo Cueco, dir. artistique Philippe Arrii-Blachette sam 4/04 à 17h SALLE J. FORNIER FORMATION - PRISE DE CONSCIENCE PAR LE MOUVEMENT, MÉTHODE FELDENKRAIS animé par Jacques Fornier du lun 6 au jeu 11/04 et du lun 20 au ven 24/04 (18h-22h) SALLE J. FORNIER TRAVERSES* projet éducatif et artistique avec les 2 de option théâtre de Bourgogne lun 6, mar 7 et jeu 9/04 SALLE J. FORNIER WASSER, WIND UND STAHL Collectif de La Dernière Tangente du mar 7 au sam 11/04 PARVIS ST-JEAN DES UTOPIES ? textes et m.e.s Oriza Hirata, Sylvain Maurice, Amir Reza Koohestani du mar 14 au ven 17/04 PARVIS ST-JEAN EN TOURNÉE EN MANTEAU ROUGE, LE MATIN... HAMLET - CABARET DE MATTHIAS LANGHOFF du 4 au 6/02 Théâtre national de Bordeaux du 10 au 27/02 Théâtre national de Strasbourg LES BONNES de Jean Genet m.e.s Elisabeth Hölzle du 11 au 14/02 atheneum, le 19/02 Joigny, le 21/02 Venarey-les-Laumes, FESTIVAL GIBOULÉES DE FEMMES le 7/03 Coulanges-lès- Nevers LA CHARRUE ET LES ÉTOILES de Sean O’Casey, m.e.s Irène Bonnaud du 3 au 15/03 Théâtre 71 de Malakoff, les 17 et 18/03 Théâtre de Sartrouville, du 24 au 27/03 Nouveau Théâtre de Besançon, du 1 au 9/04 Théâtre du Nord Lille, du 21/04 au 2/05 La Comédie de Genève HORAIRES DES SPECTACLES (sauf mention particulière) lun, mer, jeu à 19h30, mar, ven à 20h30, sam et dim à 17h * entrée libre AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09 EN PRATIQUE Renseignements, réservations : 03 80 30 12 12 - www.tdb-cdn.com TARIFS Des formules sur mesure adaptées à vos envies : • avec les abonnements, des spectacles au prix de 13 à6 • avec la carte tribu, 10 places à 10 /à utiliser librement • avec la formule môme, 16 pour un enfant et son accompagnateur hors abonnements, plein tarif 18 réduit** 13 carteculture 5,5 - groupes scolaires 8 , -12 ans 7 , séance scolaire 4 ** tarif réduit (sur justificatif) : demandeurs d’emploi, étudiants, -26 ans, groupes, familles nombreuses, carte Cezam, passeport loisirs Quetigny Attention, tarifs spéciaux pour Le Bal de la contemporaine et Ô Eaux SALLES Parvis Saint-Jean, rue Danton salle Jacques Fornier, 30 rue d’Ahuy, Dijon ACCUEIL, BILLETTERIE Parvis St-Jean, rue Danton, 03 80 30 12 12 du lun au ven de 13 à 19h, le sam de 11 à 16h et une heure avant chaque représentation. L’AGENDA DES ENFANTS Ô EAUX (4 ans et +) conception, marionnettes, jeu Sophie Talabot Un conte écologique et citoyen accueilli en collaboration avec le Festival À Pas contés. sam 14 à 10h et 14h30, dim 15 à 15h, lun 16 à 10h et 14h30, mar 17 à 10h CELLIER DE CLAIRVAUX LE COLLECTIONNEUR D’INSTANTS (8 ans et +) de Quint Buchholz, m.e.s Jacques Nichet La rencontre entre un petit garçon et un peintre qui, un jour, part en lui laissant les clés de son atelier. mar 17 à 14h30 et 19h30, mer 18 et jeu 19 à 19h30 PARVIS ST-JEAN ATELIER DE DÉCOUVERTE THÉÂTRALE - JE VAIS L’DIRE À LA MER Christian Jehanin dirige l’École départementale de théâtre de l’Essonne. Il propose un atelier autour de la mer, ce « moteur de l’imaginaire ». ouvert aux jeunes de 11 à 15 ans, tarif 30 inscription : J.-M. Pietropaoli 03 80 68 47 47 du 20 au 24 avril, de 14h à 18h PARVIS ST-JEAN AU FOUR ET AU PARVIS par Mathieu Munier FISH’N CHIPS TOPS BEST OF IRISH Ce plat traditionnel du Royaume-Uni se compose d’un filet de poisson frit servi avec des frites dans du papier journal. pour 4 personnes préparation 15 mn Ingrédients : 800g de filet de cabillaud pour la pâte à frire 1 verre de bière 1 verre de farine 1 pincée de sel 2 œufs - Séparer le blanc des jaunes d’œufs - Mélanger le verre de bière, la farine et les 2 jaunes d’œuf - Monter les 2 blancs d’œufs en neige avec une pincée de sel - Mélanger délicatement à la spatule les deux préparations - Passer les filets de cabillaud dans la pâte obtenue - Faire frire a 160°C pendant 3 à 4 minutes À servir avec des frites maison arrosées de vinaigre de malt et une bière irlandaise. Le Bar du Parvis est ouvert avant et après chaque représentation. Théâtre Dijon Bourgogne Parvis Saint-Jean Avez-vous la plaquette de saison ? Demandez-la au Parvis ou téléchargez-la sur le site du TDB, www.tdb-cdn.com Quint Buchholz JOURNAL DU THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE Que se passe-t-il dans un théâtre ? « Il faut qu’on sente, demandait Bertolt Brecht à sa troupe, que de nombreux artistes sont ici à l’œuvre en tant que collectif (« Ensemble ») pour présenter ensemble au public des histoires, des idées, des tours de force. » Cette harangue du metteur en scène et écrivain allemand nous rappelle les bases du métier. Des artistes rassemblés pour fabriquer des histoires : le bruit et la fureur du Cabaret-Hamlet forgé par la troupe de Matthias Langhoff résonnaient encore sous les voûtes du Parvis que deux nouveaux spectacles se préparaient. Avec l’École des génies du Hongrois Miklós Hubay présenté par la compagnie SF, nous avons ouvert le théâtre à une jeune équipe Bourguignonne. Au Parvis, Irène Bonnaud, notre metteur en scène associée, a lancé avec ses complices son troisième chantier à Dijon en s’attaquant à la Charrue et les Étoiles de l’Irlandais Sean O’Casey. Ces artistes et bien d’autres, artisans, techniciens, administratifs, ils sont nombreux qui travaillent à ces spectacles. Vous les découvrirez dans ce deuxième numéro de l’Acteur public. Mieux même, vous les rencontrerez en passant les portes du Théâtre Dijon Bourgogne. Ils vous embarqueront dans leurs histoires, ils donneront chair à des idées, bousculeront parfois les vôtres, vous donneront sûrement envie d’en échanger à la sortie des spectacles. Et vous apercevrez peut-être quelques uns des « secrets » cachés derrière les tours de force qui font la magie du théâtre. C’est cela que nous avons envie de partager, ensemble. François Chattot acteur, directeur du Théâtre Dijon Bourgogne Le Parvis entre terre et ciel p.7 Utopies, mode d’emploi Des Utopies ? Avant la venue à Dijon de ce spectacle, l’Acteur public a posé « la » question à Alain Renault, jeune retraité, ancien du TDB et militant de toujours. Billet d’humeur en Au Four et au Parvis, la recette de Mathieu Munier Le cuisinier Mathieu Munier mitonne un cabillaud version gaélique. Recette so Irish en Les SF, théâtre tout-terrain Les SF sont une jeune compagnie Bourguignonne. En résidence au TDB cette saison, l’équipe apporte sa générosité vivifiante et son appétit d’action. Détail en Guillaumat, provocateur d’imaginaire Avec ses mots ou ceux de Boby Lapointe, Gérard Guillaumat transmet sa passion du verbe. Il la porte au théâtre, là où il retrouva l’usage de la parole perdu en déportation. Portrait en Le Parvis se met au vert pour accueillir une fresque irlandaise réaliste et populaire. L’artiste associée au TDB, Irène Bonnaud, met en scène la Charrue et les Étoiles de Sean O’Casey, épopée de vies minuscules où la petite histoire croise la grande, les chansons irlandaises le rock des 80’s et le comique la tragédie. Avant la première le 4 février, En Chantier dévoile le travail en cours. Suivez le guide. p.8 p.6 p.2 En Chantier p.4-5 Théâtre Dijon Bourgogne Parvis Saint-Jean L’ARTISTE TIENT À LA FOIS DU SAVANT ET DU BRICOLEUR - CLAUDE LÉVI-STRAUSS, LA PENSÉE SAUVAGE Ce journal ne peut être vendu séparément - (Communiqué) Edmond Vullioud, Dan Artus, Anne-Laure Luisoni en répétition © V. Arbelet N°2 - 30 JANVIER 2009 - JOURNAL PARAISSANT CHAQUE TRIMESTRE

L' acteur public N°2

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Le journal du Théâtre Dijon Bourgogne - n°2

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Page 1: L' acteur public N°2

SPECTACLES/RENCONTRESP.O.M.P.E.I.de Caterina Sagnasam 31/01 à 22h SALLE J. FORNIERen collaboration avec Art Danse Bourgogne

LES ENFANTS*de Edward Bond, m.e.s Jérôme Hankinsprojet éducatif - Collège Les Lentillèresmar 3 et ven 6/02 à 19h SALLE J. FORNIER

FORMATION - ÊTRE LÀ direction Sébastien Foutoyeten partenariat avec la Fédération des Foyersruraux de Côte d’Orsam 7, dim 8 et dim 15/02 SALLE J. FORNIER

FORMATION - LES HUIT FACES DU THÉÂTREFACE 6 - Jean-Marc Bezou : Univers sonoreslun 9/02 à 19h PARVIS ST-JEAN

L’HOMME QUI PENCHE de Thierry Metz, m.e.s Marc Felddu jeu 12 au sam 14/02 SALLE J. FORNIER en collaboration avec Itinéraires singuliers

LA CHARRUE ET LES ÉTOILES de Sean O’Casey, m.e.s Irène Bonnauddu mer 4 au ven 20/02 PARVIS ST-JEAN

LES DISPUTES DU PARVIS*LA QUESTION DU NATIONALISME IRLANDAISavec Gerry Feehily, auteur, et Irène Bonnaudlun 16/02 à 18h30 PARVIS ST-JEAN

L’ÉCOLE DES GÉNIESde Miklós Hubay, m.e.s Sébastien Foutoyetdu mar 3 au sam 7/03 SALLE J. FORNIER

FORMATION - CHEMINS D’ACTEURdirection Agnès Dewitte, Bob Villettedu lun 9 au ven 20/03 SALLE J. FORNIER

ET TA SŒUR ? TENTATIVED’AUTOÉVALUATION EN FORME D’OPÉRETTEde Pierre Ascaride, m.e.s Estelle Savastadu mer 11 au sam 14/03 PARVIS ST-JEAN

CABARET DE L’ÂNEAUTOUR DE BRASSENS*avec Félicien Juttner jeu 19/03 à 21h LE CAPPUCCINO(132 rue Monge, à Dijon)

VOIE OUVERTE*présentation du DVDavec Christine Bertocchi et Géraldine Toutainven 20/03 à 18h PARVIS ST-JEAN

FORMATION - LES HUIT FACES DU THÉÂTREFACE 7 - Gérard Guillaumat : Parcours d’un comédienlun 23/03 à 19h PARVIS ST-JEAN

D’OÙ VIENS-TU MON PETIT ?de Gérard Guillaumat m.e.s Jean-Louis Hourdindu mer 25 au sam 28/03 PARVIS ST-JEAN

CABARET DE L’ÂNE*JEAN-GUY LOMBO CHANTE L’AMOURavec Jean-Guy Lombo et Gérard Cabruljeu 2/04 à 21h L’ASSOMMOIR (pl. E. Zola, Dijon)

LE BAL DE LA CONTEMPORAINEdir. musicale Pablo Cueco, dir. artistique Philippe Arrii-Blachette sam 4/04 à 17h SALLE J. FORNIER

FORMATION - PRISE DE CONSCIENCE PARLE MOUVEMENT, MÉTHODE FELDENKRAISanimé par Jacques Fornierdu lun 6 au jeu 11/04 et du lun 20 au ven24/04 (18h-22h) SALLE J. FORNIER

TRAVERSES*projet éducatif et artistique avec les 2de

option théâtre de Bourgognelun 6, mar 7 et jeu 9/04 SALLE J. FORNIER

WASSER, WIND UND STAHLCollectif de La Dernière Tangentedu mar 7 au sam 11/04 PARVIS ST-JEAN

DES UTOPIES ?textes et m.e.s Oriza Hirata, Sylvain Maurice, Amir Reza Koohestani du mar 14 au ven 17/04 PARVIS ST-JEAN

EN TOURNÉEEN MANTEAU ROUGE, LE MATIN...HAMLET - CABARET DE MATTHIAS LANGHOFFdu 4 au 6/02 Théâtre national de Bordeauxdu 10 au 27/02 Théâtre national de Strasbourg

LES BONNES de Jean Genet m.e.s Elisabeth Hölzledu 11 au 14/02 atheneum, le 19/02 Joigny,le 21/02 Venarey-les-Laumes, FESTIVALGIBOULÉES DE FEMMES le 7/03 Coulanges-lès-Nevers

LA CHARRUE ET LES ÉTOILES de Sean O’Casey, m.e.s Irène Bonnaud du 3 au 15/03 Théâtre 71 de Malakoff, les 17 et18/03 Théâtre de Sartrouville, du 24 au 27/03Nouveau Théâtre de Besançon, du 1 au 9/04 Théâtredu Nord Lille, du 21/04 au 2/05 La Comédie deGenève

HORAIRES DES SPECTACLES(sauf mention particulière)lun, mer, jeu à 19h30, mar, ven à 20h30, sam et dim à 17h

* entrée libre

AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09 AGENDA FEV/AVR 09

EN PRATIQUE

Renseignements, réservations : 03 80 30 12 12 - www.tdb-cdn.com

TARIFSDes formules sur mesure adaptées à vosenvies :• avec les abonnements, des spectaclesau prix de 13 € à 6 €• avec la carte tribu, 10 placesà 10 €/à utiliser librement• avec la formule môme, 16 € pourun enfant et son accompagnateur• hors abonnements, plein tarif 18 €réduit** 13 € carteculture 5,5 €- groupes scolaires 8 €, -12 ans 7 €, séance scolaire 4 €

** tarif réduit (sur justificatif) : demandeursd’emploi, étudiants, -26 ans, groupes,familles nombreuses, carte Cezam, passeportloisirs QuetignyAttention, tarifs spéciaux pour Le Balde la contemporaine et Ô Eaux

SALLESParvis Saint-Jean, rue Dantonsalle Jacques Fornier, 30 rue d’Ahuy, Dijon

ACCUEIL, BILLETTERIEParvis St-Jean, rue Danton, 03 80 30 12 12du lun au ven de 13 à 19h, le sam de11 à 16h et une heure avant chaquereprésentation.

L’AGENDA DES ENFANTSÔ EAUX (4 ans et +)conception, marionnettes, jeu Sophie TalabotUn conte écologique et citoyen accueilli encollaboration avec le Festival À Pas contés.sam 14 à 10h et 14h30, dim 15 à 15h, lun 16 à 10h

et 14h30, mar 17 à 10h CELLIER DE CLAIRVAUX

LE COLLECTIONNEUR D’INSTANTS (8 ans et +)de Quint Buchholz, m.e.s Jacques NichetLa rencontre entre un petit garçon et unpeintre qui, un jour, part en lui laissant les clésde son atelier.mar 17 à 14h30 et 19h30, mer 18 et jeu 19 à 19h30

PARVIS ST-JEAN

ATELIER DE DÉCOUVERTE THÉÂTRALE -JE VAIS L’DIRE À LA MERChristian Jehanin dirige l’École départementalede théâtre de l’Essonne.Il propose un atelier autour de la mer,ce « moteur de l’imaginaire ».ouvert aux jeunes de 11 à 15 ans, tarif 30inscription : J.-M. Pietropaoli 03 80 68 47 47du 20 au 24 avril, de 14h à 18h PARVIS ST-JEAN

AU FOUR ET AU PARVIS par Mathieu Munier

FISH’N CHIPS TOPS BEST OF IRISHCe plat traditionnel du Royaume-Unise compose d’un filet de poisson frit serviavec des frites dans du papier journal.

pour 4 personnespréparation 15 mn

Ingrédients :800g de filet de cabillaud

pour la pâte à frire1 verre de bière 1 verre de farine 1 pincée de sel2 œufs

- Séparer le blanc des jaunes d’œufs- Mélanger le verre de bière, la farine etles 2 jaunes d’œuf- Monter les 2 blancs d’œufs en neige avecune pincée de sel- Mélanger délicatement à la spatule les deuxpréparations- Passer les filets de cabillaud dans la pâteobtenue - Faire frire a 160°C pendant 3 à 4 minutes

À servir avec des frites maison arrosées devinaigre de malt et une bière irlandaise.

Le Bar du Parvis est ouvert avant et aprèschaque représentation.

Théâtre Dijon BourgogneParvis Saint-Jean

Avez-vous la plaquette de saison ?Demandez-la au Parvis ou téléchargez-lasur le site du TDB, www.tdb-cdn.com

Quint Buchholz

J O U R N A L D U T H É Â T R E D I J O N B O U R G O G N E

Que se passe-t-il dans unthéâtre ? « Il faut qu’on sente,demandait Bertolt Brechtà sa troupe, que de nombreuxartistes sont ici à l’œuvre entant que collectif (« Ensemble »)pour présenter ensemble au

public des histoires, des idées, des tours de force. » Cetteharangue du metteur en scène et écrivain allemandnous rappelle les bases du métier.Des artistes rassemblés pour fabriquer des histoires :le bruit et la fureur du Cabaret-Hamlet forgé par latroupe de Matthias Langhoff résonnaient encore sousles voûtes du Parvis que deux nouveaux spectaclesse préparaient. Avec l’École des génies du HongroisMiklós Hubay présenté par la compagnie SF,nous avons ouvert le théâtre à une jeune équipeBourguignonne. Au Parvis, Irène Bonnaud, notremetteur en scène associée, a lancé avec sescomplices son troisième chantier à Dijon ens’attaquant à la Charrue et les Étoiles de l’IrlandaisSean O’Casey. Ces artistes et bien d’autres, artisans, techniciens,administratifs, ils sont nombreux qui travaillent à cesspectacles. Vous les découvrirez dans ce deuxièmenuméro de l’Acteur public. Mieux même, vous lesrencontrerez en passant les portes du ThéâtreDijon Bourgogne. Ils vous embarqueront dansleurs histoires, ils donneront chair à des idées,bousculeront parfois les vôtres, vous donnerontsûrement envie d’en échanger à la sortie desspectacles. Et vous apercevrez peut-être quelquesuns des « secrets » cachés derrière les tours de forcequi font la magie du théâtre. C’est cela que nous avons envie de partager,ensemble.

François Chattotacteur, directeur du Théâtre Dijon Bourgogne

Le Parvis entre terre et ciel

p.7

Utopies, moded’emploi

Des Utopies ? Avant lavenue à Dijon de cespectacle, l’Acteur

public a posé « la »question à Alain

Renault, jeune retraité,ancien du TDB et

militant de toujours.Billet d’humeur en

Au Four et auParvis, la recette de

Mathieu Munier

Le cuisinierMathieu Munier

mitonne un cabillaudversion gaélique.Recette so Irish en

Les SF, théâtre tout-terrain

Les SF sont unejeune compagnieBourguignonne.

En résidence au TDBcette saison, l’équipeapporte sa générosité

vivifiante et sonappétit d’action.

Détail en

Guillaumat,provocateurd’imaginaire

Avec ses mots ou ceuxde Boby Lapointe,Gérard Guillaumattransmet sa passiondu verbe. Il la porteau théâtre, là où ilretrouva l’usage dela parole perdu en

déportation.Portrait en

Le Parvis se met au vert pour accueillirune fresque irlandaise réaliste etpopulaire. L’artiste associée au TDB, Irène

Bonnaud, met en scène la Charrue et les Étoiles de SeanO’Casey, épopée de vies minuscules où la petite histoirecroise la grande, les chansons irlandaises le rock des80’s et le comique la tragédie. Avant la première le4 février, En Chantier dévoile le travail en cours. Suivez le guide.

p.8p.6 p.2

En Chantier

p.4-5

Théâtre Dijon BourgogneParvis Saint-Jean

L ’ A R T I S T E T I E N T À L A F O I S D U S A V A N T E T D U B R I C O L E U R - C L A U D E L É V I - S T R A U S S , L A P E N S É E S A U V A G E

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Edmond Vullioud, Dan Artus, Anne-Laure Luisoni en répétition © V. Arbelet

N ° 2 - 3 0 J A N V I E R 2 0 0 9 - J O U R N A L P A R A I S S A N T C H A Q U E T R I M E S T R E

Page 2: L' acteur public N°2

�SolidaritéDans le cadre du

compagnonnage avec leFestival Itinéraires singu-liers, l’Homme qui penche deThierry Metz mis en scènepar Marc Feld joue du12 au 14/02 à la salle Jac-ques Fornier.Le dispositif Culture àl’hôpital propose divers ate-liers et rencontres autourde ce spectacle. + d’infos :Festival Itinéraires singu-liers, 03 80 41 37 84.Grâce à l’audiodescription,un groupe de spectateurs mal-voyants a pu assister à unereprésentation de Hamletà Dijon. Le TDB prolongece dispositif pour la Charrueet les Étoiles (17/02). Avecle soutien de la fondationOrange. + d’infos : Anne-MarieLebeslé, 03 80 68 47 47.

�ÉducationTraverses initie des

rencontres entre comédiens,professeurs et élèves deseconde option théâtre. Les10 classes des 9 lycéesconcernés ont travaillé surHamlet de Shakespeare etont vu la mise en scène deMatthias Langhoff. Le stagefinal animé par professeurset comédiens aura lieu les 6,7 et 9/04 à la salle JacquesFornier en présence de Fran-çois Chattot. + d’infos :Jeanne-Marie Pietropaoli, 03 80 68 47 47.En écho au Bal de lacontemporaine le TDB pro-pose à certains élèves duConservatoire de Dijon unatelier de pratique artisti-que. Dirigés par le musicienPablo Cueco, les participantsdeviendront meneurs de ballors des représentations du4/04 et 24/06 à Dijon. + d’in-fos : TDB, 03 80 30 12 12.En janvier 2009 le TDBa renouvelé sa conventionavec le lycée Hilaire de Char-

donnay de Chalon-sur-Saône etsigné celle le liant au lycéeMontchapet de Dijon. Cesdocuments formalisent lesmultiples actions menées avecces établissements scolaires.+ d’infos : TDB, Jeanne-MariePietropaoli, 03 80 68 47 47.

�Cabarethivernal

À 21h au Cabaret de l’âne,les artistes investissent lesbistrots dijonnais. FélicienJuttner joue au Cappuccino(132, rue Berbisey, à Dijon)son récital Autour de Bras-sens le 19/03 et l’inénarra-

ble Jean-Guy Lombo chantel’amour avec Gérard Cabrulà l’Assommoir (48, rueMonge, à Dijon) le 2/04. (entrée libre) + d’infos : TDBau 03 80 30 12 12.

�ÉditionDans le cadre du Pôle

ressources éducation artisti-que et culturelle (PREAC),Christine Bertocchi a mené en2008 le stage Voie ouverte. Cetatelier se prolonge avec la co-édition d’un DVD par le TDB,Musique Danse Bourgogne, leConseil général/Voix de Côted’Or, le CDDP de l’Yonne,

l’association D’un instant àl’autre et le CRDP Bourgogne.Présentation le 20/03 à 18hau Parvis Saint-Jean en pré-sence de Christine Bertocchiet Géraldine Toutain (entréelibre). Ce DVD ainsi queFaire avec le réel, autour duRoi Lear, sont en vente à lalibrairie du Parvis. + d’infos :TDB, 03 80 30 12 12.

�Cheminsen jeu

Chemins d’acteur est le pro-chain atelier destiné aux pro-fessionnels du spectacle. Di-rigé par les comédiens

Agnès Dewitte et Bob Villette,il aura lieu du 9 au 20/03 à lasalle Jacques Fornier. + d’in-fos : Jeanne-Marie Pietro-paoli, 03 80 68 47 47.

�Modesd’envies

Membre du collectif Tousd’ailleurs, le TDB collaboreà la manifestation Modes devie. Jusqu’au 10/02, musi-ques, rencontres, expositionset spectacles essaiment àChenôve, Dijon, Longvic etQuétigny. + d’infos : Modesde vie, 03 80 66 16 57.

�Double jeuAvant sa venue au

Festival Théâtre en mai,We are la France joue àl’atheneum du 6 au 8/04.Mise en scène par BenoîtLambert sur des textesde Jean-Charles Massera, lapièce réunit les comédiensGuillaume Hincky et Élisa-beth Hölzle. + d’infos : athe-neum : 03 80 39 52 20.

�La tournéed’Idem

Idem collectif réunit Élisa-beth Hölzle, Laure Mathis,Hortense Monsaingeon etAline Reviriaud. Soutenuepar le TDB, la compagniepart en tournée en Bourgogneavec les Bonnes de Jean Ge-net. Élisabeth Hölzle seraégalement en juin à la Cour-neuve pour la reprise desa mise en scène de Jeanla Chance de Bertolt Brecht.+ d’infos : Idem collectif,A. Reviriaud 06 61 56 78 23,A. Renault 06 72 72 48 21.

Le Théâtre Dijon Bourgogne est subventionné par Le Théâtre Dijon Bourgogne remercie ses partenaires

Le Théâtre Dijon Bourgogne collabore avecL’Opéra Dijon, ABC Association Bourguignonne Culturelle, Art Danse Bourgogne, Le Festival Why Note, l’EcoleNationale Supérieure d’Art de Dijon, le Festival Itinéraires Singuliers, le Cinéma Eldorado, le CRDP Bourgogne

Édité par le Théâtre Dijon BourgogneDirecteur de la publication François Chattot Rédaction Caroline Châtelet, François Chattot, Ivan Grinberg,Florent Guyot, Sophie-Aude Picon, Jeanne-Marie Pietropaoli,Nicolas Royer, Carole Vidal-RossetCrédits photographiques Vincent Arbelet, Philippe Bretelle Illustrations Quint Buchholz, François Chattot, Claire Le GalRéalisation tempsRéel, DijonImpression Le Bien Public, Dijon (21)

LE PORTRAITGuillaumat, provocateur d’imaginaireÀ plus de 85 ans, le comédien Gérard Guillaumat continue à transmettre son amourdes poètes. Un plaisir qu’il partage deux fois au TDB, en mars avec l’histoire desa renaissance au théâtre et, en juin, à travers une célébration passionnée et vivede Boby Lapointe.

Pour rencontrer GérardGuillaumat, il faut se rendreà Cluny. Traverser la petiteville au patrimoine architec-tural religieux incroyable.Boire un café place duMarché, en attendant lecomédien. De là, partir ensa compagnie pour Massilly.La rencontre se fera chez lemetteur en scène Jean-LouisHourdin, car, comme l’expli-que Guillaumat, « depuisBoby dit, j’ai joué surtoutavec Jean-Louis et il estdonc normal qu’il soit pré-sent ». L’homme est de ceuxpour qui la fidélité dans letravail a un sens et toutesses collaborations sont fon-dées sur l’idée « d’unefamille de comédiens quijouent ensemble, réunis parune seule pensée transcen-dante ». Celui qui a travailléavec Charles Dullin, JeanDasté, Roger Planchon, et,depuis une dizaine d’années,

Hourdin, explique d’ailleurs,« avoir toujours fait partied’une troupe ». Avant d’ajou-ter malicieusement : « pour-tant, aujourd’hui, je fais desspectacles seul... »Mais Guillaumat n’oubliepas que « le théâtre estl’art de la contradiction »et se moque avec légèretéde ces paradoxes. Car sile comédien se concentreaujourd’hui sur les récitals,la rencontre avec une équipeartistique est bien toujourslà. Ainsi pour Boby dit, Guil-laumat est accompagné auplus près de son texte parVictor Zucchini à l’accor-déon. Un spectacle ou lecomédien célèbre sa passionpour Lapointe : « J’aime sonécriture, les sujets qu’iltraite et tous ses jeux demots. Il a un langageunique, comme Brassens,c’est un poète avec sapropre grammaire. »

L’interprète des poètesCette passion pour la gram-maire des poètes, le récitalla transmet au mieux. Le« format » a d’ailleurs trottélongtemps dans l’esprit deGuillaumat. « En Angleterre,j’ai vu le comédien Emlyn

Williams lire les contes deCharles Dickens et cela m’aenthousiasmé. Sa présenceet sa connaissance du texteétaient tellement fortes qu’ilsollicitait l’imagination dupublic. Provoquer l’imagi-naire est pour moi la plusbelle chose du monde. Celadonne un sens à votre vied’être quelqu’un qui peutparler au nom des poètes,donner leur langue... »Transmettre, avec « justece qu’il faut de chaleur »,sans dénaturer le proposdes auteurs. Voilà certaine-ment la raison pour laquellele comédien garde à sescôtés sur scène les textes - « la présence de l’auteur » -et se refuse « à les appren-dre par cœur, de peur detrop jouer ».

Renaissance par la paroleSi la question de la langueest centrale chez GérardGuillaumat, elle remonteà un traumatisme terrible.Déporté en camp de concen-tration lors de la SecondeGuerre mondiale, le jeunehomme revient « malade » dela parole. Il doit au théâtre

son ré-apprentissage de lalangue : « après la guerreje bégayais. Un jour, j’aiaccompagné un ami à uncours d’art dramatique chezCharles Dullin. Les voir toustravailler sur la façon des’exprimer m’a intéressé,et j’ai tenté l’audition. J’aidonc fait du théâtre pourréapprendre à parler. » Unehistoire que Guillaumat aun jour décidé de porterà l’écrit. Intitulé D’où viens-tu mon petit ? le récit estdevenu, avec la complicitéde Jean-Louis Hourdin, unspectacle. Le seul écrit parGuillaumat, qui dit « ne pasavoir envie d’écrire autrechose, il n’y a que cela, etc’est tout. J’aime ce sujetparce que je dis pourquoij’ai commencé à faire duthéâtre. Et en fin de compte,dire « la grammaire » pourun comédien c’est aussiréapprendre à parler ».

Caroline Châtelet

Gérard Guillaumat estl’auteur et interprète de D’où viens-tu mon petit ?

(Parvis Saint-Jean, du 25 au 28/03)

et l’interprète de Boby dit(Parvis Saint-Jean,

du 17 au 20/06)

Il animera la 7e des “Huit Faces du théâtre”, un parcours-découverte

autour des spectacles et du TDB

(Parvis Saint-Jean, le 23/03)

3LES BRÈVES DU PARVIS2

À L’ÉPREUVE DES ENFANTS

Le TDB a proposé à Jérôme Hankins, traducteur et metteur en scène de la pièce,d’embarquer deux classes d’élèves de troisième et d’adolescents du voyage ducollège Les Lentillères de Dijon dans un travail sur les Enfants de Edward Bond,avec leurs professeurs et les comédiens Chantal Joblon et Fred Egginton. Créée en 2000 dans un collège anglais, les Enfants raconte comment un jeunegarçon, Joe, se voit confier par sa mère une étrange mission qu’il accepterad’accomplir. Les conséquences seront dévastatrices. Joe sera contraint à la fuite età l’errance avec un groupe d’amis. Il devra affronter un monde apocalyptique qui lechangera à jamais.En nous mettant face à notre propre responsabilité, Bond nous renseigne sur nous-mêmes, notre relation à l’autre et au monde. L’histoire des Enfants, dans saradicalité même, nous amène à espérer ce qui est pour l’auteur un monde « justeencore à faire ». Bond a voulu que la pièce puisse s’adapter à des situations différentes et laissé auxinterprètes une grande liberté d’improvisation et d’adaptation. Chaque présentationnaît donc de la rencontre unique entre ce texte et les porteurs d’un projet. Edward Bond est né en Angleterre où il vit actuellement. Il est l’auteur d’unecinquantaine de pièces, scénarios, poésies, livrets d’opéra et essais.Deux présentations publiques auront lieu Salle J. Fornier les 3 et 6 février à 19h.Entrée libre, réservation indispensable, + d’infos : 03 80 30 12 12. En présence deEdward Bond (sous réserve).

Jeanne-Marie Pietropaoli

La librairieGrangier

Jérôme Hankins et Edward Bond - Rencontres européennes de théâtre au TDB en nov 2005 - © V. Arbelet

Gérard Guillaumat © DR

Les Bonnes - Laure Mathis et Aline Reviriaud © V. Arbelet

webtempsreel.fr

agence de communication fabrice roy & florence menu 03 80 44 11 75 www.tempsreel.fr

tempsRéel

we can !

Page 3: L' acteur public N°2

Comment avez-vousdécouvert Sean O’Casey ?Irène Bonnaud : Pour le met-teur en scène Peter Zadek,O’Casey est l’héritier deShakespeare dans le théâtreanglo-saxon. O’Casey réunitdes choses dissemblables,dissonantes, et on retrouvedans son écriture le carac-tère composite de la langueélisabéthaine. Cela produitun théâtre à la vitalité extra-ordinaire, qui ressemble à lavie. Dans la Charrue, chaquepersonnage a un idiome etune vision propre de la gram-maire anglaise. Le mélangedes styles produit quelquechose de sophistiqué etpopulaire, avec un véritablelangage poétique et méta-phorique. On sent ici lavolonté de faire une tragédieshakespearienne.

A la différence des tragé-dies de Shakespeare, lapièce ne se construit pasautour d’un personnagecentral...I.B. : La pièce est polypho-nique, elle décrit la vie d’unecommunauté. Cette vie estconstituée de moments dedéchirements dûs à des que-relles d’ordre religieux, politi-que et de moments d’entraide.L’un des intérêts de la pièceréside d’ailleurs dans le fait denous montrer un conflit reli-gieux en plein cœur de l’Eu-rope, et qui perdure encoreà l’heure actuelle. En dépit dela signature d’accords de paix,une sorte de haine ancestralese perpétue en Irlande, pro-voquant des mécanismes dehaine et de vengeance. Enparlant de l’Irlande O’Caseyparle de choses qui nous tou-

chent directement. Bien desconflits qui se développentaujourd’hui se fondent sur deshaines religieuses, ethniques...

Il y a une imbrication fortede la petite et de la grandehistoire ?I.B. : Il n’est pas question quede l’insurrection, mais desrelations familiales, de comp-toir, de voisinage, etc. Il y atout ce qui compose la vie,y compris dans son côté comi-que, tendre, ou romantique.O’Casey décrit des milieuxpopulaires mais sans se com-plaire dans l’esthétisme de lapauvreté ou de la misère. Cequi l’intéresse c’est l’énergieque les gens ont pour vivre.Il montre également commentsphères privée et publiquesont des concepts abstraits.Les rapports intimes sont icitraversés de conflits plusvastes.

La Charrue et les Étoilesa été peu montée enFrance, est-ce importantpour vous ?I.B. : J’aime travailler de gran-des pièces peu entendues.C’est important de trouverdes textes forts qui ne sontpas toujours les mêmes et quinous aident à comprendrelemonde dans lequel on vit.Certains auteurs sont engluésdans le pittoresque qu’ils ontpu produire et c’est le cas deO’Casey. Il est très lu, étudié,et joué en Irlande, mais, ducoup, il est aussi usé par ça :au fil du temps, une imagerieun peu vieillotte et consen-suelle s’est mise en place,alors que la Charrue a faitscandale à sa création !

Pourquoi scandale ?I.B. : L’insurrection est unéchec, réprimée si durementqu’elle devient une sorte demythe national. Mais en accé-dant à ce statut de mythe, elleparticipe au retournement del’opinion publique irlandaise,qui conduit au final à l’indé-pendance du pays. Ayantvécu l’insurrection, O’Caseyen montre toutes les contra-dictions et les apories. Il esttrès critique vis-à-vis de sonpropre camp et ne conforte pasle public dans la rhétorique dela révolution, du martyre etdu sacrifice à l’œuvre dansl’engagement nationaliste...O’Casey n’est pas complai-sant, il décape toute cettemythologie de façon radicaleet l’une de nos préoccupationsconsiste à retrouver cette radi-calité.

Comment vous y prenez-vous ?I.B. : La meilleure façon dedonner à entendre les enjeuxfondamentaux de la pièce sansédulcorer son propos estd’avoir un cadre qui rappellele monde contemporain. Ensituant l’action dans l’Irlandedes années 1980 on conservele contexte et la situation dupays, tout en ouvrant sur lemonde d’aujourd’hui. Il nes’agit pas de faire un docu-mentaire sur l’insurrection,mais de voir comment la piècenous aide à réfléchir sur notretemps. Certaines situationspeuvent rappeler d’autresendroits, Sarajevo, Bagdad,Gaza, etc.

Propos recueillis C. C.

textes Caroline Châteletet Sophie-Aude Picon

« Un théâtre à la vitalité extraordinaire »

5

Le Parvisentre terre et cielAlors que les tumultes d’Hamlet résonnent encore,le Parvis ne désarme pas. Irène Bonnaud prendle TDB d’assaut avec la Charrue et les Étoiles, fresqueréaliste où les chansons se mêlent au tragique et lalégèreté aux luttes armées. Avant que la tournettedu décor n’égrène les mouvements pour lapremière le 4 février, En Chantier s’invite au Parvis.Visite guidée du travail d’Irène et de son équipesur une pièce à l’énergie collective et auxthèmes universels.

Artiste associée... et impliquéeIrène Bonnaud est artiste associée au TDB depuis l’arrivéede François Chattot à sa tête, en 2007. Cela signifie pour lametteure en scène une présence au long cours en Bourgogneet une implication réelle dans la vie de la maison. Les Bourgui-gnons ont, ainsi, déjà pu découvrir Music Hall 56 de JohnOsborne (mars 07) et le Prince travesti de Marivaux (mars 08),créé en décentralisation à Luzy. Lentement, précieusement, lesliens se tissent, avec le public d’une part et les artistes d’autrepart, la troupe de la Charrue comprenant pour bonne moitiédes comédiens de Music Hall 56 et du Prince travesti. Pendant les répétitions, l’équipe se prête avec générosité au jeudes rencontres avec les publics, proposant différentes portesd’entrée dans le théâtre et la langue de Sean O’Casey. Que cesoit un atelier « Miniatures » ouvert à tous, des visites du décorou encore la distribution de vin chaud, les actions se suivent etne se ressemblent pas.

Du texte aux volumesIrène Bonnaud développe au fil de ses mises en scène des-

fidélités artistiques. La Charrue marque ainsi une nouvelle

collaboration avec la scénographe Claire Le Gal et la cos-

tumière Nathalie Prats-Berling. Toutes deux apprécient

un mode de travail où « il n’y a pas de cloisonnement

entre les différents secteurs. Tout le monde est concerné,

on avance de manière complémentaire. » La transposi-

tion de l’histoire dans les années 1980 voulue par Irène

Bonnaud est mobilisatrice ; pour Claire Le Gal,

« l’équipe ayant vécu cette époque, tout le monde

réagit plus facilement, et on n’est pas bloqué par une

image de reconstitution historique. » L’utilisation pour

le décor d’une tournette « permet de figurer plusieurs

espaces, tout en transmettant le mouvement. »

La double exigence étant bien « que l’image soit

satisfaisante et que le dispositif alimente le jeu des

comédiens. »

Côté costumes, ils se construisent au fil du travail

et Nathalie Prats-Berling habille les comédiens

« dès le premier jour. Rentrer sans attendre dans

la matière les aide à imaginer le personnage.

Ils avancent avec, s’y attachent, le costume fait

partie de leur chair ».

La Charrue et les Étoiles de Sean O’Casey

texte français Irène Bonnaud & Christophe Triau, mise en scène Irène

Bonnaud, assistante à la mise en scène et direction musicale Sophie-

Aude Picon, scénographie Claire Le Gal, costumes Nathalie Prats-

Berling, coiffures et maquillages Catherine Saint-Sever, création

lumière et vidéo Daniel Levy, régie lumière et vidéo Victor Dos

Santos, son Alain Gravier et Jean-Marc Bezou, régie son Jean-Marc

Bezou, régie générale Christophe Bernard, régie plateau Christophe

Boisson, assistant-stagiaire à la mise en scène Emilien Malaus-

séna avec Dan Artus, Assaad Bouab, Bernard Escalon, Marie Favre,

Adeline Guillot, Anne-Laure Luisoni, Roman Palacio, Sophie-

Aude Picon, Roland Sassi, Martine Schambacher, Edmond

Vullioud et la voix de François Chattot

au Théâtre Dijon Bourgogne, Parvis Saint-Jean,

du 4 au 20/02/09 et en tournée à partir de mars 09

Après avoir mis en scène au TDB Music Hall 56 de JohnOsborne, le Prince travesti de Marivaux et dernièrementFanny de Marcel Pagnol à la Comédie-Française,Irène Bonnaud s’attaque à la Charrue et les Étoilesde Sean O’Casey. Pourquoi ? Comment ?

Irish SongsLa musique occupe une place importante dans le travail d’Irène Bonnaud, elle permet « d’aller au-delà del’intellectualité de la parole, de montrer les gouffres émotionnels à l’intérieur même du texte. Avec la musiqueon est dans une compréhension beaucoup plus instinctive. » Tout en décapant le vernis vieillot qui colleparfois à O’Casey, puisque certaines chansons sont proposées dans une version contemporaine. Les nombreuxmorceaux ont donc été choisis avec soin par Irène Bonnaud et Sophie-Aude Picon, comédienne et assistanteà la mise en scène, qui assure également le travail de répétition des chansons. Elle nous livre ici sesimpressions sur le « work in progress » : « Aujourd’hui c’est dimanche, un jour de pause, un jour sans répétition. C’est un jour sans chanter à midi,sans les courants d’air qui s’insinuent dans le transept du Parvis Saint-Jean, sans italienne ni tournette, unjour pour reposer sa voix et sa tête, pour voir le jour justement et abandonner un moment son visage à unrayon de soleil, revoir ceux que l’on aime, un jour sans Irlande enfin, et on se surprend à pourtant songeraux autres, à ceux qu’on va retrouver demain, avec qui, depuis un mois et demi, on apprend à travailler età vivre. Il y a ceux qu’on connaît bien, avec lesquels on a déjà fait plusieurs spectacles, et ceux qu’on a décou-verts, et tous et chacun, comédiens et techniciens, aident notre Charrue à tracer son sillon dans la sombreterre d’Irlande qui nous devient chaque jour plus familière. Nora, et Jack,Coucou et Peter, Bessie, Mme Gogan et Mollser, Brennan, Rosie et sonbarman, les soldats anglais, toutes ces petites étoiles dont l’histoirese raconte désormais pour nous au son de Foggy Dew, de Galway Races,de Jacket’s Green ou de Tipperary, de ces chansons qui nous rassemblentquotidiennement pour un moment de musique autour du piano. Le spectacle est encore en train de se faire et on devine qu’il va bientôtadvenir, porté par toutes ces énergies conjuguées. Et en ce jour depause je savoure le plaisir de ce moment particulièrement magique oùrien n’est fini mais où l’on sent que le monstre est en train de selaisser apprivoiser. »

BrèvesNe jurant plus que par la bière, l’équipe de la

Charrue brade sa cave. Une distribution de vin

chaud en chansons aura lieu le samedi 31/01

sur le marché de Dijon.

Ze Group, combo rock réunissant la crème

des techniciens régionaux, brisera le cœur des

demoiselles lors d’une black session irlan-

daise le 14/02 à 20h30 au Parvis. Fans trop

sensibles s’abstenir.

L’auteur irlandais Gerry Feehily sera présent

le lundi 16/02, à 18h30, pour une Dispute

du Parvis sur la question du nationalisme

irlandais. En présence d’Irène Bonnaud.

Une audiodescription est assurée pour les

spectateurs malvoyants lors de la représen-

tation du mardi 17/02 à 20h30. Avec le sou-

tien de la fondation Orange.

L’Ordre national des coiffeurs aurait lancé

une pétition contre les coupes de cheveux

peu orthodoxes de certains comédiens.

* L’auteur Sean O’Casey (1880-1964) est l’un des grands dramaturges popu-

laires irlandais. Issu d’une famille protestante pauvre, il s’engage rapidement dans

la lutte pour l’indépendance. En 1916, prenant ses distances avec l’Armée citoyenne

irlandaise, il condamne l’insurrection de Pâques. Autodidacte, il reçoit dès ses pre-

mières pièces le soutien du poète et prix Nobel de littérature William Butler Yeats.

Célébré pour sa peinture de l’Irlande populaire, O’Casey mêle une universalité de

thèmes à une énergie de langue indémodable.

* La pièce (écrite en 1926) évoque l’insurrection de Pâques 1916 pour l’indépen-

dance de l’Irlande. Un jeune couple (Nora et Jack) vient de s’installer dans un ap-

partement d’un quartier pauvre où ils hébergent un vieil oncle, un vague cousin et

un ivrogne du voisinage. Poussé par des rêves d’héroïsme et les discours des leaders

nationalistes, Jack rejoint les rangs d’une organisation indépendantiste. Au cours

de l’insurrection, la vie de Jack et Nora bascule dans la tragédie.

* Le titre la Charrue et les Étoiles renvoie au drapeau du mou-

vement syndicaliste ouvrier de l’Armée citoyenne irlandaise.

La charrue symbolise le dur labeur de la lutte des clas-

ses (retournement du sol de la société capitaliste,

semailles des graines du futur, récolte lors de la

maturité), et les étoiles la beauté et la noblesse

des idéaux ouvriers.

Croquis de scénographie Claire Le GalPortraits V. Arbelet

EN CHANTIER

En répétition : Dan Artus, Anne-Laure Luisoni, Bernard Escalon, Martine Schambacher © V. Arbelet Roland Sassi - Peter Flynn

Dan Artus - Coucou

Sophie-Aude Picon - Rosie Redmond

Anne-Laure Luisoni - Mme Gogan

Roman Palacio - Capitaine BrennanAssaad Bouab - Jack Clitheroe

Adeline Guillot - Lieutenant Langon

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En ce moment même, auCentre Georges Pompidou àParis, le titre d’une expositionconsacrée au designer etarchitecte britannique RonArad annonce : No Discipline.Souvenez-vous du cycle Dehorsconsacré à Yves Chaudouët en2008, c’était aussi une variationsur l’artiste comme généralisteexplosant les frontières entredisciplines : peintre, graveur,sculpteur, photographe, drama-turge, metteur en scène... Le Collectif de la Dernière Tan-gente, invité pour la premièrefois à Dijon lors du Festival 2007avec Temps morts, présente cetteannée une nouvelle création,Wasser, Wind und Stahl. Ce collec-tif décline une approche artisti-que très pragmatique : « attraper» la question de la discipline parun autre bout. Chaque artisteest un artisan confirmé dans sadiscipline, et c’est l’ensemble, lecollectif ainsi réuni, qui imagine,compose et construit l’œuvre en

équipe. Dans Wasser, Wind undStahl on retrouve donc le peintreBernard Garo (rassembleur ducollectif) en train de peindreen direct, accompagné au saxo-phone par Eric Fischer, pendantque le comédien Patrick Loter-man dit des textes du poèteDominique Brand, et que la dan-seuse Satchie Noro exécute sachorégraphie devant les vidéosde Zacharie Dangoin... et beau-coup d’autres surprises...Voilà l’étonnant fil conducteurdes arts et des artistes qui sedéploie tout au long de la repré-sentation pour nous offrir unenarration poétique époustou-flante, où tous les sens des spec-tateurs sont convoqués.

À savourer dans tous les sensWasser, Wind und Stahl (eau, vent et acier)

Porter des utopies mesemble totalementindispensableCela relève de l’organique, ça passedans les veines et pas seulementdans l’intellect. L’utopie n’est pasréservée à des doux rêveurs mais a,au contraire, partie liée avec le mili-tantisme et l’engagement. C’est lanécessaire flamme dont on a besoinpour rester debout et défendre ce enquoi l’on croit. Tous mes engage-ments qu’ils soient politiques, mili-tants, associatifs, professionnels sesont construits sur la conviction queles utopies d’aujourd’hui doiventêtre les réalités de demain... LorsqueJean Macé à la fin du XIXe siècleinvente la Ligue de l’Enseignementet l’Education Populaire, lorsqu’il dit« Faites lire ceux qui ne lisent pas,faites penser ceux qui ne pensentpas et faites des hommes descitoyens » c’est à l’époque totale-ment utopique ! Mais petit à petit,grâce aux engagements de tous au

quotidien, cela devient possiblemême si parfois nos réussites sontà la hauteur de la peine engendréepar nos échecs.

Les artistes jouent un rôleessentiel dans cette miseen actes des utopiesPrenons l’exemple de la décentrali-sation culturelle : quand, dans lesannées 50, Jacques Fornier vientfrapper à la porte de la maison deJacques Copeau à Pernand-Vergeles-ses et qu’il joue sur les places de vil-lage, qui aurait cru que ça fonction-nerait ? Mais ça a marché ! Etmaintenant c’est à nous de conti-nuer à animer et à transmettre cetteflamme, comme nos pères et nosgrands-pères nous l’ont transmise.

Le théâtre est un lieu oùprennent forme nos rêvesDans le spectacle des Utopies ?Oriza Hirata, Amir Reza Koohestaniet Sylvain Maurice inventent

une tour de Babel franco-irano-nip-ponne. Les différences de culturesentre les peuples, souvent à l’ori-gine de conflits, deviennent poureux un moyen d’échanges : plutôtque de s’affronter, on se rencontre.Le geste qui consiste à partir de ce

qui divise pour rassemblerconstitue selon moi l’un desrôles essentiels du théâtre, detous temps. En nous montrantla déformation du monde, lesartistes nous transmettent desémotions et nous amènent ainsià des prises de consciencemajeures.

propos recueillis par C.C.

*Alain Renault est présidentde la Ligue de l’Enseignement

de Côte d’Or, de l’ARTDAM,de l’association d’insertion parl’économie Jade Services, de la

compagnie de théâtre Idem Collectif.Il est responsable syndical en Bourgogne

pour la fédération du spectacle CGTet militant politique.

D’octobre 1974 à décembre 2006il a travaillé au TDB,

où il occupait le poste de responsabledes relations publiques.

Des Utopies ?textes et mises en scène

Oriza Hirata, Sylvain Maurice,Amir Reza Koohestani

(Parvis Saint-Jean, du 14 au 17/04)

Autour de la venue des Utopies ?, le point de vue d’Alain Renault*

7POINTS DE VUE

texte et illustrationFrançois Chattot,

Wasser, Wind und StahlCollectif de la Dernière Tangente

(Parvis Saint-Jean, du 7 au 11/04)

© Philippe Bretelle

Les SF, THÉÂTRE tout-terrain

Rappel des faitsLe TDB renforce son soutienaux compagnies régionales.Outre l’accueil ponctuel etles aides à la tournée dontbénéficient plusieurs struc-tures, un lien particulier setisse tout au long de lasaison 08-09 avec les SF. Lajeune compagnie, laboratoirethéâtral à tendance déglin-

guée, et le TDB se partagentleur outil de travail au seind’une résidence de création.Ce qui donne lieu à des mul-tiples projets : lecturesimpromptues, débats, ate-liers, spectacles...Mais la rencontre entre une« grosse machine » et unejeune compagnie n’est pasde tout repos. Les frictions

sont obligatoires, les artis-tes confrontant leurs enviesaux réalités d’une institu-tion (cf encadré). Pourtant,le vent frais que les SF fontsouffler dans la maison dethéâtre est loin d’être dés-agréable. Vivifiant, plutôt, etrappelant toute l’équipe àson rôle premier : accompa-gner et aider à la mise en

œuvre de projets artisti-ques. Un dialogue concret,producteur de moments pri-vilégiés avec toutes sortesde publics, élèves, simplespassants, groupes de spec-tateurs, et, peut-être, bien-tôt vous ?

Et la suite ?En janvier les SF ont joué

l‘École des génies de l’auteurhongrois Miklós Hubay, quiest venu en France spéciale-ment pour l’occasion. Avantla reprise de la pièce enmars prochain, l’équipecontinue son travail et pré-pare activement le PetitCirque des tribuns, un specta-cle en tournée mobylettesavec François Chattot.

6

COULISSES, n.f. pl. - parties du théâtre touchant à tous les alentours de la scène, souvent peu connues du public.

Comment un projet de théâtre en mobylettes se transforme-t-ilen résidence de création ? Comment la préparation d’unetournée devient-elle l’occasion d’un road-trip dans le Nord ?Comment l’administrateur du TDB a-t-il 30% de cheveux gris enplus depuis cinq mois ? Des réponses (ou pas !) dans cette pageconsacrée à l’énergique nébuleuse SF...

COULISSES

Carole Vidal-Rosset, enseignante attachée

au service éducatif du TDB nous donne sa

lecture de l’École des génies de Miklós Hubay

présentée par les SF.

« Un ventre de femme m’a fait

naître un ventre de femme me

rendra la liberté »

L’obscurité s’installe, le la est donné :

image poétique d’une femme sur une

balançoire, chevelure et étole de tulle

blanche lentement soulevées par le vent,

et, dans un même temps, intrusion réaliste

d’un univers sonore métallique ; fragilité

d’une mélodie presque psalmodiée mais

aussi inquiétante violence d’un ricane-

ment… puis long, très long silence avant

la déflagration : les murs de la cellule

s’abattent, et voilà deux prisonniers,

comme deux insectes sous loupe, brutale-

ment exposés à nos regards.

Deux univers, en réalité, deux esthétiques.

Si la représentation de la prison est traitée

de façon naturaliste (barreaux de fer qui

installent un vrai quatrième mur avec le

spectateur), l’image de la gardienne de

prison, à l’inverse, est comme déréalisée :

Cendrillon (qui a déjà perdu sa chaussure),

Alice au pays des génies (elle écrit en let-

tres géantes sur un tableau géant), femme

enfant, femme funambule, femme madone

à la posture hiératique, femme Femme

(sensualité de sa chevelure, de sa bottine

exposée comme un objet de fétichiste)…

la gardienne est à elle seule toutes les

femmes.

C’est que pour le prisonnier triplement

encagé (la lumière démultiplie les bar-

reaux en les projetant sur sa tenue et

sur les murs du fond), elle représente

le fantasme absolu et de la Femme

et de la Liberté.

…Sauf que cette Liberté faite Femme

suscite en réalité une inquiétante

étrangeté : échos sonores, échos

gestuels, voix déformée, montage

surréaliste d’un visage de

mannequin et d’une jambe de

femme, parcours chaotique semé

de chutes, de déséquilibres, de

rythmes déréglés (lenteur

extrême puis accélération

compulsive des déplacements…).

Décidément la balançoire va trop

vite et la corde s’entortille bien

dangereusement…

Où est le véritable

enfer-mement ?

La dernière image est celle

de trois solitudes. Reste au

spectateur une liberté, celle

de « cadrer » là où il veut…

La Compagnie SF c’est :Sébastien Foutoyet, metteuren scène et comédien, JulienColombet, Ingrid Reveniault,

Reinier Sagel, comédiens,Romain Nieddu, scénographe

à venir :

L’École des géniesreprise du 3 au 7/03

Être là - atelier dirigé parSébastien Foutoyet

les 7, 8 et 15/02

Le Petit Cirque des tribunstournée mobylettes en juin

Lecture au Musée des Beaux-Arts le 24/04(renseignements, Musée des Beaux-Arts de Dijon,

03 80 74 53 59)

textes : C.C., C. V.-R., N.R.

Une demoiselle sur une balançoire À compagnonnage intensif, résultats (parfois) explosifsDescription du « SF », par Nicolas Royer, administrateur du TDBLe SF est une bête dangereuse pour un administrateur...Le SF ne connaît pas les contraintes “administrativo-juridico”.Le SF peut décider à 8h d’acheter une mobylette sur internet età 9h d’aller chercher sans plus attendre la fameuse mobyletteà Lille. Toute l’équipe du théâtre est alors mobilisée, il fauttrouver un véhicule, salarier dans l’urgence les SF, aller à labanque car « ladite mobylette s’achète en liquide !!! ». Bref, nousavons vite compris que le SF ne se dompte pas, on peutseulement l’apprivoiser et je dois bien reconnaître que c’est làson charme...

Une résidence émailléede « hasards merveilleux »En juillet, alors que les SF répètent, lemetteur en scène François Tanguy estde passage à Dijon. Ils se croisent parhasard, échangent quelques mots etde là naît une invitation à résidenceen décembre à la Fonderie au Mans,lieu du théâtre du Radeau. Unmoment intense vécu intimement parchacun d’eux. Témoignage d’IngridReveniault : « Le premier spectaclede théâtre que j’ai vu de ma vie c’estle Chant du bouc du Radeau. J’avaisquinze ans, j’étais en A3 théâtre. Jen’ai rien compris mais je suisressortie bouleversée. Il y a eu undéclic. Un choc. Tanguy, le Radeau,pour moi c’est ma colonnevertébrale. C’était donc hyperémouvant d’aller là-bas, j’ai euquasiment les larmes aux yeux toutela semaine. »

Ingrid Reveniault - L’École des génies © V. Arbelet

Miklós Hubay et les SF (Julien Colombet, Sébastien Foutoyet, Reinier Sagel,Romain Nieddu, Ingrid Reveniault) © V. Arbelet