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N°8 / Janvier à Mars 2015 - Revue éditée par le Conseil National des Assurances L A SSURANCE Bilan 2014 des Assurances Reportage sur la culture des assurances dans le sud du pays Rapport Global Risks 2015 Top 10 des risques Contribution des Assurances à L’ÉCONOMIE Dossier

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N°8 / Janvier à Mars 2015 - Revue éditée par le Conseil National des Assurances

L ASSURANCE

Bilan 2014 des Assurances

Reportage sur la culture des assurances dans le sud du pays

Rapport Global Risks 2015Top 10 des risques

Contribution des Assurances

à L’ÉCONOMIE Dos

sier

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2 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

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Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 3

La Revue de L’ASSURANCE est une publication du Conseil National des Assurances (CNA), éditée par son

Secrétariat Permanent

CNA : 1 Lot Said Hamdine, Bir Mourad Raïs, Alger, Algérie.

Tél: (213) 21 60 52 74 à 76 / Fax: (213) 21 60 52 82E-mail: [email protected] / Site Web: www.cna.dz

Directeur de la PublicationAbdelhakim

Benbouabdellah Directeur de la Rédaction

Younes Hamidouche Rédacteur en Chef

Hamid Rabahi Coordinateur de

la RédactionMassi Badis

Directrice MarketingDjazira Sadi Ahmed

InfographieZakaria Rekab

Rédaction, Conception, Impression et Diffusion

APEC communicationCité des Annassers II,

Bt. B 25, N°02, Kouba, Alger. Téléfax : (213) 21 29 39 20 Site web: www,apec-dz.comE-mail : [email protected]

Ont collaboré à ce numéro

Convention ANEP - APEC N°13/2013

ANEP, 50, Rue Khelifa Boukhalfa, AlgerTél.: 213 (0)21 23 64 89 / (0)21 23 83 24

Fax : (0)21 23 64 90

Les textes publiés et le contenu de cette publication ne représentent pas nécessairement les positions officielles du Conseil National des Assurances.Les articles publiés dans cette revue n’engagent que leurs auteurs. Toute reproduction d’articles ou de photos doit être soumise préalablement à une autorisation.Les manuscrits, photographies ou tout autre document et illustration adressés ou remis à la rédaction ne sont pas restituéset ne peuvent faire l’objet de réclamation.

Dépôt légal : Mars 2015 - ISSN : 2253-0096

Economie fondée sur… l’assurance

Par Abdelhakim Benbouabdellah *

L’économie, d’aujourd’hui et de demain, est celle fondée sur la connaissance. Mais, aussi, sur l’effort coordonné et commun à tous les secteurs. Le développement éco-nomique est à fonder, également, sur l’assurance.

A l’échelle macroéconomique, il n’est un secret pour personne que l’assurance et la réassu-rance sont au centre de la dynamique économique mondiale. Par le truchement de divers mécanismes, les sociétés d’assurance peuvent offrir à l’écono-mie des possibilités de croissance offrant ainsi une voie de financement aux besoins publics et concourant au développement des entreprises.En Algérie, par dizaines, voire centaines, de milliards de dinars DZ, le secteur des assu-rances contribue au financement de l’économie nationale, en divers placements (Trésor, banques, prises de participations, acquisitions immobilières…). Entre autres forces mo-trices, la protection du patrimoine, l’épargne et le crédit. Néanmoins, beaucoup diront que, comme pour le potentiel du chiffre d’affaires, le poids du secteur des assurances dans le Produit intérieur brut (PIB) est sous la barre de 1% pendant que ce poids et cette participation sont, à l’échelle de la moyenne mondiale, sextuplés ou septuplés, voire plus encore. Mais, l’importance du secteur des assurances ne se limite pas seulement à la mesure de son portefeuille de clients, du nombre de ses employés ou de sa contribution au PIB.Pour comprendre le rôle de l’assurance dans le financement de l’économie, il faut apprécier la position difficile de l’assureur qui est assez complexe : l’assureur est dépositaire ou tréso-rier d’un fonds existant et il en est, d’autre part, le propriétaire. De ce fait, l’assureur détient un intérêt dans la performance du fonds. En troisième lieu, l’assureur se doit d’être expert et gestionnaire de risques. Enfin, l’obligation d’indemniser, en cas de sinistres, pèse profondé-ment sur lui. Ceci oblige l’assureur à protéger les intérêts des parties et ses propres intérêts d’où la nécessaire gestion exemplaire.Dès lors, il apparait, au travers de cette sphère complexe, que l’assureur est un entrepre-neur à la recherche de nouveaux marchés, de modèles et de stratégies. Il a besoin de nou-velles relations, de compétences humaines, d’une infrastructure opérant efficacement… Evidemment, tout ce parcours a des répercussions sur d’autres secteurs. Cette spécificité du secteur des assurances fait de lui un organe important du processus de capitalisation de l’économie. Les fonds collectés par ce secteur sont investis, donc à dispo-sition des marchés financiers pour une longue période (moyen et long terme). De plus, les actifs sont alloués en fonction des forces du marché, le processus de maximisation de leurs rendements en est facilité, sachant que ces derniers sont liés directement aux structures des risques existants. L’impact de l’assurance sur le niveau d’épargne d’une économie est diversifié, notamment :- Augmentation du taux d’épargne global (soutenue surtout par les produits assurance vie) ;- Diminution du niveau d’épargne " inutile " (rarement investie sur les marchés de capitaux);- Stimulation des investissements et de la consommation en réduisant le capital lié (impro-ductif ou peu productif).En somme, le secteur des assurances se place en tant que fournisseur de fonds de roule-ment à l’économie.L’apport de l’assurance à l’économie algérienne reste, évidemment, insuffisant. Le dévelop-pement du secteur des assurances reste intimement lié à celui d’autres domaines d’activités (industrie, agriculture, habitat, commerce, travaux publics, transport…). Le quatuor épargne-investissement-bourse-développement a de grandes marges devant lui. Et de beaux jours aussi. A condition, bien sûr, que les éléments déclencheurs puissent être réunis, à commencer par la confiance indispensable dans ce genre de choix écono-miques, que cela soit à l’échelle des personnes que des entreprises.

*Secrétaire du Conseil National des Assurances (CNA)

Editorial

Ali Mebarki Asma Malak

Chakib CherifiKahina Hiba Messaadi

Karima SeddakMalik Moudir

Massi BadisSamy Kaltoumi Yasmine Farah

Younes Hamidouche Zakia Ainouche

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4 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

SOM

MA

IRE

Reportage

Evénement

International

Conjoncture

- Des progrès mais, le potentiel demeure largement sous-exploité.......................................................6

- Interview de M. Kamel Marami, Directeur des Assurances au ministère des Finances......................8

- Interview de M. Hassan Khelifati, vice-président de l’UAR.................................................................12

- La contribution des assurances à l’économie : l’expérience française...............................................14

- Interview de M. Kouider Boutaleb, économiste.................................................................................16

- Interview de M. Youcef Benmicia, PDG de la CAAT...........................................................................18

- Interview de M. Brahim Djamel Kassali, PDG de la CAAR.................................................................22

- Interview de M. Ahmed Hadj Mahammed, DG Administrateur de la GAM Assurances......................25

- Interview de M. Adelane Mecellem, CEO d’AXA Algérie.....................................................................27

- Interview de M. Mokhtar Naouri, PDG de CAARAMA Assurances.....................................................31

- Interview de M. Nacer Aberhouche, DG de TALA Assurances..........................................................34

- Interview de M. Pierre Olivier Adrey, DG d’AMANA Assurances........................................................37

- Interview de M. Mohamed Yahiaoui, DG de la MAATEC...................................................................39

- Interview de M. Djilali Tariket, PDG de la CAGEX............................................................................42

- Interview de M. Mohamed Hadj Seba, PDG de la CCR.....................................................................44

- Interview de M. Chérif Benhabiles, DG de la CNMA .........................................................................46

- Journée d’études organisée en mars 2015 par le CNA......................................................................50

- CASH Assurances crée, en partenariat, sa filiale d’assurances de personnes..................................51

- TALA Assurances, 1ère compagnie d’assurance vie à ouvrir une agence dans le Sud du pays..........52

- GAM Assurances, une nouvelle identité visuelle pour de nouvelles ambitions..................................54

- La culture de l’assurance dans le Sud du pays .................................................................................56

- Top 10 des risques qui menacent le monde dans les 10 années à venir ..........................................60

- Secteur des assurances à fin 2014 ...................................................................................................58

- L’assurance : agent actif et stabilisateur dans l’économie...................................................................48

Avis d’Expert

Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 5

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

6 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

A la fin de l’année 2014, le secteur des assurances comptait 23 sociétés (1 société de réassurance, 2 sociétés

spécialisées dans l’assurance du crédit im-mobilier et du crédit à l’exportation, 13 so-ciétés d’assurances de dommages et 7 so-ciétés d’assurances de personnes).En 2015, le secteur a été renforcé par une nouvelle société d’assurances de per-sonnes (AP), dénommée AGLIC (Algerian Gulf Life Insurance Company), qui a reçu son agrément et s’apprête à lancer ses ac-tivités. Elle a été créée par la CASH Assu-rances, en partenariat avec la Banque na-tionale d’Algérie (BNA) et un groupe d’assurances koweitien (Gulf Insurance Company).

Une croissance à deux chiffresDepuis que l’Etat a mis fin à son monopole sur le marché des assurances (l’Ordon-nance N° 95-07 du 25 janvier 1995), le sec-teur a enregistré l’arrivée de 17 nouvelles sociétés d’assurances, dont 8 privées et 3 mixtes (public/privé). La décision des pouvoirs publics de sépa-rer les assurances de personnes (AP) des assurances dommages (la loi N° 06-04 du 20 février 2006 modifiant l’ordonnance 95-07) a grandement contribué au renforce-ment du secteur. Cette mesure de filialisation de la branche assurance-vie, accueillie en son temps favorablement par la profession, a été directement à l’origine de la création de sept (7) sociétés AP.Grâce à l’ouverture du secteur des assu-rances à l’investissement privé et, grâce

aussi, à la filialisation de la branche AP, le nombre des acteurs du marché des assu-rances a été multiplié pratiquement par quatre, une évolution qui a relancé la crois-sance du secteur. Non seulement le secteur des assurances a retrouvé le chemin de la croissance, il est également l’un des rares à réaliser des taux de croissance à deux chiffres. A titre indicatif, le secteur a réalisé un taux de croissance de 13,5 % en 2012. La pro-gression a été de 14,7% en 2013. Et mal-gré le reflux du taux de croissance enregis-tré en 2014 (7,4%), la valeur du chiffre d’affaires du secteur n’a pas cessé d’évo-luer à la hausse. De 87 milliards de dinars en 2011, le total des primes du secteur des assurances (hors acceptations internatio-nales) est passé à 99 milliards de dinars en 2012, puis à 114 milliards de dinars en 2013, et enfin à 119 milliards de dinars en 2014 (total non exhaustif).

Investisseurs institutionnelsComme l’explique, si bien, l’économiste Kouider Boutaleb, de l’université de Tlem-cen (lire entretien en page 16), l’assurance «joue un rôle primordial dans les écono-mies de marché efficientes». Sa couverture est désirée autant par les entreprises que les personnes, qui cherchent à se prémunir contre les aléas et les risques liés aux in-certitudes.En prenant en charge ces risques (indem-nisation), les assureurs «contribuent au progrès économique et social, et par consé-quent au développement des activités

créatrices de richesses». Outre la réparation (indemnisation) des dommages subis, les primes (fonds) collec-tées par les sociétés d’assurances servent également à financer les activités écono-miques (dépôts bancaires, achats de bons de trésor, d’actions et d’obligations en Bourse, prises de participation dans des entreprises, investissements immobiliers, etc.).A ce propos, le Rapport 2013 de la Direc-tion des assurances au ministère des Fi-nances note que les sociétés algériennes d’assurances ont participé au financement des risques par le règlement de dommages matériels et corporels d’un montant de «54 milliards de dinars en 2013» De même qu’ils ont participé au financement de l’éco-nomie par des placements d’un montant de «200,7 milliards de DA».Vecteur de développement des activités créatrices de richesses, le secteur des as-surances contribue aussi à la création d’emplois. De 7.200 personnes en 2000, ses effectifs sont passés à 12.000 salariés à fin 2013, cela sans compter le nombre (930) des Agents généraux d’assurances (AGA) et ceux qui activent dans les cabi-nets de courtiers d’assurances.

Un marché potentielMalgré les progrès accomplis, les acteurs du marché national des assurances s’ac-cordent, toutefois, à reconnaitre que le chiffre d’affaires du secteur algérien des assurances ne reflète pas son potentiel réel, encore faiblement exploité.

Par Massi Badis

Contribution des assurances à l’économie nationale

Des progrès mais, le potentiel demeure largement sous-exploitéVecteur de développement des activités créatrices de richesses, le secteur des assurances, malgré les progrès accomplis jusque-là, reste, de l’avis même des acteurs du marché, au potentiel réel insuffisamment exploité, comme en témoigne son chiffre d’affaires dont la marge de progression est encore importante.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 7

Le taux de pénétration de l’assurance (primes/PIB) et le montant des primes d’as-surance/habitant sont les deux indicateurs clés qui permettent de jauger de l’impor-tance d’un marché des assurances par rap-port à un autre. En Algérie, la part des assurances dans le PIB (taux de pénétration) est de l’ordre de 0,7%. Ce pourcentage est très faible com-paré à celui des pays industrialisés (9%) ou encore au chiffre moyen des pays émer-gents (3%).Quant aux dépenses d’assurances par ha-bitant, l’Algérien dépense en moyenne l’équivalent de 38 dollars américains (USD), contre une moyenne mondiale de 656 USD.Par ailleurs, s’agissant du taux de couver-ture des assurances, l’Algérie compte un (1) point de vente pour 28.000 habitants, contre 1/ 5000 habitants en moyenne mon-diale.Nos réalisations sont également en deçà de celles de nos voisins marocains et tuni-siens voisins qui enregistrent un montant des primes d’assurance/habitant de 50 et 45 euros respectivement et un taux de pé-nétration de 1,9 % et 3 % respectivement. Il faut dire également que la pratique du mar-ché libre dans ces pays est ancienne com-parativement à celle de l’Algérie qui accuse un retard pénalisant en la matière. Toutefois, les marges de progression du marché sont énormes de l’avis des obser-vateurs, d’où l’intérêt suscité auprès des

grandes sociétés d’assurances mondiales, à l’image du français AXA qui a investi en force le secteur algérien des assurances, ou bien encore du groupe mutuel français MACIF qui s’est associé à la SAA.

Limites actuellesLorsqu’on examine la structure du chiffre d’affaires du secteur des assurances, on remarque la part prépondérante de la branche automobile qui représente 55,5% du marché national de l’assurance. La dé-pendance du secteur vis-à-vis de l’obliga-tion automobile constitue la principale limite actuelle du secteur. La branche automobile alimente également la méfiance de la population assurable à l’endroit des sociétés d’assurances. La mauvaise qualité de service, la multiplica-tion des litiges, les longs délais d’indemni-sation, etc., figurent parmi les principaux griefs que les assurés retiennent à l’en-contre de leurs assureurs.Consciente de la nécessité de soigner leur image par des actes concrets, les assu-reurs ont, par ailleurs, compris l’intérêt à développer les assurances de personnes et d’entreprises.Ces deux dernières branches sont les deux principales pistes identifiées pour booster le marché national des assurances et ren-forcé sa croissance au-delà des chiffres actuels.Les acteurs du marché se disent prêts à relever le défi de la diversification et de la

croissance. Pour cela, ils appellent les pou-voirs publics, notamment, à renforcer la Bourse et à encourager la mise en place d’un marché financiers attractifs. Les socié-tés d’assurances souhaitent, par ailleurs, un assouplissement des règles d’accès à l’intermédiation d’assurances, dans l’objec-tif de renforcer les réseaux de distribution des produits d’assurances.

Une grande consultation en 2015En 2016, la deuxième réforme des assu-rances de 2006 (la loi N° 06-04 du 20 fé-vrier 2006 modifiant l’Ordonnance 95-07), qui a permis la séparation des assurances de personnes des assurances dommages, a autorisé la bancassurance et a généralisé l’assurance groupe, aura 10 ans d’âge. En prévision, la Direction des assurances au ministère des Finances prévoit de convier la profession à une «grande consultation». Il s’agira de «faire une halte» pour analyser les retombées de la réforme des assu-rances de 2006, dresser un bilan des réali-sations, identifier les freins qui empêchent encore le secteur de poursuivre sa progres-sion, et bien sûr de prendre les mesures qui s’imposent pour permettre au secteur des assurances d’aller de l’avant et de contri-buer davantage et de manière beaucoup plus soutenu à la croissance et au dévelop-pement économique et sociale du pays.

M.B.

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 7

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

8 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Revue de L’ASSURANCE : Le secteur des assurances a réalisé un chiffre d’affaires de 124 milliards de dinars en 2014. Ce chiffre répond-t-il aux at-tentes des pouvoirs publics ?M. Kamel Marami : Effectivement, les premiers chiffres communiqués par les sociétés d’assurances, donnent un chiffre d’affaires global de 124 milliards DA, au titre de 2014. La première lecture permet de constater une évolution positive par rapport à 2013. En effet, le marché a évolué de 9% comparé à 2013 où le marché avait réalisé 113 milliards DA,

soit, une évolution de plus de 10 milliards DA, en termes absolus. La deuxième lecture permet de constater un léger recul dans le rythme de croissance du marché. Le marché a évolué de 9%, contrairement aux exercices antérieurs où le marché des assurances avait connu des taux d’évolution à deux chiffres avec 14% en 2013 et 15% en 2012.

Selon vous, quelle serait la valeur réelle du potentiel du marché ?Généralement, la taille du marché est appréciée à travers deux paramètres : le taux par rapport au PIB et la densité d’assurance qui correspond au montant de la prime moyenne par habitant. S’agissant du taux par rapport au PIB, le marché affiche toujours un taux en deçà de 1%. En effet, la part des assurances dans le PIB est de 0,7%. Il s’agit d’un taux qui n’a pas évolué ces trois dernières années. Quant à la densité d’assurance, le marché affiche une prime moyenne par habitant, estimée à 3 243 DA en 2014, contre 2 977 DA en 2013, soit, une appré-ciation de 9%. Le niveau de ces deux paramètres per-met de dire que le marché algérien dis-pose, encore, de la marge pour se déve-lopper davantage. Il reste à cibler les mesures à engager, soit au plan régle-mentaire, soit au plan des pratiques du

marché, pour favoriser plus de croissance de ce secteur.

Les pouvoirs publics ont pris un cer-tain nombre de mesures, notamment la filialisation des assurances de per-sonnes, dans l’espoir de booster le marché. Ces mesures ont-elles pro-duit les résultats escomptés ?A titre de rappel, la réforme engagée, à partir de 2006, a introduit plusieurs me-sures de nature à développer l’activité des assurances. Je citerai, dans ce cadre, l’introduction de la bancassurance comme moyen de distribution des pro-duits d’assurances et, également, la sé-paration entre les assurances de per-sonnes et les assurances de dommages.Ces deux mesures sont effectives, à l’heure actuelle. En effet, la bancassu-rance est opérationnelle depuis 2008. Elle s’est traduite par la signature de plu-sieurs conventions de distribution entre les sociétés d’assurances et les diffé-rentes banques de la place.Quant à la séparation entre les assu-rances de personnes des assurances de dommages, elle est devenue effective à partir de juillet 2011, suite à l’agrément, à partir de mars 2011, de nouvelles filiales spécialisées en assurances de per-sonnes. Ainsi, l’exercice 2012 constitue, pour ces filiales, le premier exercice plein.

M. Kamel Marami, Directeur des Assurances au ministère des Finances

« Le moment est venu de faire une halte pour évaluer la réforme de l’assurance »M. Kamel Marami, Directeur des Assurances au ministère des Finances, décortique, dans cet entretien, les réalisations du secteur des assurances. Il analyse l’évolution et les retombées de la réforme de 2006 et annonce l’organisation d’une grande concertation avec les acteurs du secteur pour évaluer la réforme et introduire de nouvelles mesures.

Entretien réalisé par Massi Badis

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 9

A mon sens, nous ne pouvons pas nous attendre à une évolution importante au bout de trois années d’activité.Toutefois, l’expérience de trois exercices reste positive à plus d’un titre :Ces trois années d’expérience ont per-mis la création d’un segment de marché dédié, spécifiquement, aux assurances de personnes, et où évoluent, déjà, sept (07) sociétés spécialisées. Une nouvelle compagnie vient d’être agréée, en 2015. Elle est créée par la CASH, en partena-riat avec la BNA et un groupe koweitien. Elle est dénommée AGLIC. C’est un mar-ché qui est appelé, donc, à se dévelop-per davantage. Deuxième point positif : l’activité liée aux assurances de personnes n’a pas ré-gressé, malgré cette réforme structurelle. Les compagnies d’assurance de per-sonnes ont enregistré, en 2014, une pro-gression de 2% par rapport à 2013. Il s’agit, pour ces compagnies, d’une pé-riode d’adaptation et de (re)déploiement. Ainsi, l’impact de la séparation a été rela-tivement contenu en raison de la déci-sion ayant permis aux nouvelles filiales d’assurances de personnes de recourir, sur une base conventionnelle, au réseau d’agences directes des sociétés d’assu-rances de dommages et ce, pour trois objectifs : leur permettre de mettre en place leurs propres réseaux, permettre un transfert graduel de la clientèle et, enfin, optimiser le réseau des agences directes existant.La période de trois années (2012-2014) peut être considérée comme une pé-riode de transition durant laquelle l’acti-vité des assurances de personnes n’a pas enregistré de repli.

Quelle est votre appréciation sur la contribution du secteur des assu-rances à l’économie nationale ? La contribution du secteur des assu-rances dans le financement de l’écono-mie nationale apparait à travers les pla-cements financiers qu’effectuent les compagnies d’assurance, essentielle-ment, au moyen des bons du Trésor et des dépôts auprès des banques. Donc,

c’est un investisseur institutionnel qui contribue annuellement, au financement de l’économie. En 2014, les compagnies d’assurances affichent un encours de placement financiers de 187 milliards DA. Un excédent de 14 milliards DA est enregistré par rapport à 2013. Cet en-cours était, au 31/12/2013, de 173 mil-liards DA.L’essentiel de ces placements est effec-tué en valeurs du Trésor qui, avec un montant de 93 milliards DA, représentent 50% des actifs financiers des sociétés d’assurances.Il faut préciser que l’activité financière est un volet très important de l’activité des sociétés d’assurances. S’agissant d’une activité réglementée, les sociétés d’assu-rances sont tenues de détenir des actifs, notamment financiers et immobiliers, pour faire face à leurs engagements en-vers leurs assurés. Dans ce cadre, les compagnies algériennes sont tenues de souscrire des valeurs du Trésor pour couvrir, à hauteur de 50% au minimum, leurs engagements.En outre, les revenus générés par l’acti-vité financière permettent aux compa-gnies d’assurance d’équilibrer leurs ré-sultats techniques.

Les compagnies d’assurances, no-tamment celles spécialisées dans les assurances de personnes, estiment qu’il est difficile de développer le sec-teur en l’absence d’un marché finan-cier…Je pense que le développement des as-surances, notamment des assurances de personnes, est intimement lié au dé-veloppement du marché financier. De par le monde, les relations entre le marché financier et les sociétés d’assurances, en tant qu’investisseurs institutionnels, sont étroitement liées. La concrétisation du programme arrêté par les pouvoirs pu-blics pour dynamiser le marché financier, en particulier la Bourse, sera, sans doute, d’un grand apport pour capter les agents à excédents financiers, telles que les so-ciétés d’assurances. En effet, l’introduc-tion prochaine en Bourse de grandes

entreprises économiques dont deux insti-tutions financières, à savoir le CPA et la CAAR, devra multiplier les opportunités de placement et offrir plus de titres aux agents économiques.Pour les sociétés d’assurances de per-sonnes, un marché financier actif va leur permettre de trouver des opportunités de placement qui conviennent à la nature de leurs activités, caractérisée par des en-gagements à moyen et long termes, né-cessitant des actifs de même maturité.Sur un autre plan, il faut rappeler que le secteur des assurances a enregistré, en 2011, l’introduction en Bourse de la pre-mière société privée d’assurance.

Trouvez-vous l’environnement règle-mentaire et juridique suffisamment incitatif pour permettre aux sociétés d’assurances d’aller de l’avant ?A mon sens, l’environnement réglemen-taire est toujours à parfaire en fonction de l’évolution du marché, des acteurs et des besoins de l’économie et ceux des assurés.Ainsi, l’ordonnance de 1995 a fait l’objet d’une révision, en 2006, avec l’introduc-tion de nouvelles mesures dont la mise en place s’est étalée de 2007 à 2011, avec comme objectif une dynamisation de l’activité des assurancesParmi ces mesures, il y a la séparation des assurances de personnes des assu-rances dommages dont la concrétisation, conformément à la loi, s’est effectuée, en 2011, et a permis de créer un nouveau marché dédié aux assurances de per-sonnes. Il y a l’introduction de la bancassurance comme un moyen de distribution des produits d’assurance, au départ orienté vers les assurances de personnes (AP), mais qui englobe toutes les assurances liées aux particuliers. Donc, l’intervention des guichets bancaires est relativement large.En matière d’incitation fiscale, deux me-sures méritent d’être rappelées.Il s’agit de l’exonération de la TVA, appli-cable aux opérations d’assurances de personnes.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Il s’agit également, de la disposition sous forme d’un abattement sur l’IRG, intro-duite en 2006, pour encourager la sous-cription des contrats d’assurance, dont la durée est supérieure à huit années, afin d’encourager les assurances à caractère d’épargne. Il est prévu un droit à un abat-tement sur IRG, pour celui qui souscrit volontairement un contrat d’assurance de personnes, dont la durée est supé-rieure à huit ans. Pour répondre à votre question, le dispo-sitif réglementaire actuel qui reste à par-faire, contient beaucoup de dispositions favorables à l’exercice de l’activité des assurancesToutefois, et après une dizaine d’années -depuis la mise en œuvre de ces me-sures-, je trouve qu’il y a un point d’arrêt à faire pour évaluer la réforme et intro-duire de nouvelles mesures. C’est un tra-vail qui doit se faire en collaboration avec les acteurs du marché, dont l’UAR et le CNA.

En parlant de nouvelles mesures à prendre, les compagnies d’assu-rances souhaitent un assouplisse-ment des règles d’accès au métier d’Agent général d’assurances (AGA) pour renforcer le réseau de distribu-tion, qu’en pensez-vous ? Pour le volet des mesures à apporter pour booster le marché des assurances, il y a un axe très important qu’il convient d’améliorer. C’est celui de la commercia-lisation, c’est-à-dire, le réseau de distri-bution. Et là, il y a deux niveaux de réflexion. Le premier niveau de réflexion porte sur le réseau actuel, ce qu’on appelle le ré-seau classique, constitué des Agents Généraux d’Assurances (AGA) et des courtiers. Il faut faire une évaluation pour arrêter les mesures à apporter pour dé-velopper ce réseau. Et là, il y a deux questions à prendre en charge : les conditions d’accès et la rétribution (les taux de commissionnement) applicables à ces intermédiaires. C’est une réflexion déjà engagée. A ce propos, nous avons saisi le Bureau spécialisé en tarification (BST) et nous allons travailler avec l’UAR

pour arrêter un système de rémunération des intermédiaires qui soit stimulant. Concernant les conditions d’accès, ac-tuellement, elles sont les mêmes pour les AGA et Courtiers. Or, leur statut n’est pas le même. Il faut, peut être, différencier les conditions d’agrément, avec des assou-plissements en termes de profils.Le deuxième niveau de réflexion, relatif au réseau de commercialisation, porte sur l’introduction de nouvelles formes de

distribution des assurances. La règle-mentation actuelle cite les réseaux clas-siques, les réseaux bancaires mais, pré-voit, également, la possibilité d’introduire d’autres réseaux à définir. La concerta-tion avec les acteurs concernés du mar-ché permettra de définir de nouvelles formes de distribution, mais, surtout, de définir les règles et les modalités de leur encadrement.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Le secteur a également besoin de res-sources humaines qualifiées, les capa-cités de formation existantes vous semblent-elles suffisantes ?A mon sens, les besoins en matière de formation sont importants dont la prise en charge nécessite, non pas des mesures conjoncturelles mais, un travail continu et faisant partie d’une politique efficiente de gestion de la ressource humaine.

Donc, chaque compagnie d’assurance doit arrêter sa démarche et sa stratégie de formation. Cette dernière peut se faire en interne et en externe.Actuellement, la formation fait partie de la gestion interne de la société et prend plu-sieurs formes : formation en interne, au-près de structures propres à chaque com-pagnie, séminaires… En termes de structures, les compagnies d’assurances ont créé une nouvelle Ecole

des Hautes Etudes en Assurances, pour répondre aux besoins en formation et combler un vide qui a toujours caractérisé le marché des assurances en la matière. Il s’agit d’un bon acquis pour la corporation, qui traduit, par ailleurs, l’adhésion et l’inté-rêt des compagnies pour le relèvement du niveau général du secteur des assu-rances. Ce qui explique l’encouragement et le soutien dont a bénéficié, depuis le début, le projet de création de cette école, de la part du ministère des Finances.

Qu’en est-il de la communication ?La communication est un axe essentiel dans la stratégie de développement de l’activité des assurances. Les compagnies d’assurance, l’UAR, le CNA ont un rôle à jouer en définissant une politique de com-munication soit individuelle, soit collec-tive, pour sensibiliser davantage et faire connaitre, aux assurés, l’offre d’assurance actuelle. Je pense que ce volet est pris en charge et on le constate à travers les campagnes diffusées, notamment à la ra-dio, par un certain nombre de compagnies d’assurances. La Revue de L’ASSU-RANCE du CNA contribue, également, à cet effort de communication. Ceci dit, les campagnes de communication ne doivent pas être conjoncturelles mais doivent s’inscrire dans une démarche pérenne. Comme déjà souligné, un des défis ma-jeurs pour les sociétés d’assurance, pour les prochaines années, réside dans la mutation, ou le passage, d’une assurance à caractère technique vers une assurance plus commerciale, en se basant sur des instruments de gestion moderne avec comme supports:La production d’une communication de qualité qui favorisera, entre autres, une bonne information des assurés, un rap-prochement des assureurs de leurs clients et une vulgarisation des produits et des risques assurables.Une utilisation, au plus tôt, des nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication qui constituent l’outil in-contournable pour une optimisation du fonctionnement des structures des socié-tés et une adaptation aux nouvelles formes de communication.

M.B.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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Revue de L’ASSURANCE : De quelle manière l’UAR appréhende-t-elle le thème de la contribution du secteur de l’assurance à l’économie nationale dans le contexte actuel ?M. Hassan Khelifati : L’Union algérienne des sociétés d’Assurance et de Réassu-rance (UAR) est certaine que les poten-tialités de l’Algérie sont loin d’être exploi-tées dans leur totalité et ne cesse d’explorer de nouvelles pistes pour que le secteur contribue davantage à l’écono-mie nationale.

Le secteur des assurances est un acteur important dans le développement écono-mique d’un pays. En observant ce qui se passe dans le monde, on se rend compte que c’est l’un des secteurs les plus dyna-miques. Parmi les formes de contribution à l’économie se trouvent la protection du patrimoine et la collecte de l’épargne car les assureurs sont en cycle inversé comme ils disposent d’argent liquide et d’une certaine épargne gérée pour le compte des assurés. En plus, les assu-reurs ont une vocation d’investisseurs institutionnels d’une partie de l’épargne. A ce titre, la réglementation prévoit des créneaux d’investissement et, en Algérie, la loi donne une option majeure aux in-vestissements à forte liquidité comme les bons de trésor et les dépôts à terme. Mais ceci pose un problème sur le plan de la liquidité car ils sont à des taux d’in-térêt très faibles. Les compagnies sont, donc, pénalisées sur le plan opérationnel ; ramené à l’inflation, nous sommes sur des taux négatifs.

Et ce ne sont pas les seuls écueils entravant le développement des assu-rances…Effectivement, il y a aussi l’activité tech-nique, notamment en automobile qui est chroniquement déficitaire vu le nombre d’accidents, évalués à 1.000.000 chaque

année, soit 25% du parc roulant, et une prévision de 5.000 morts et 50.000 bles-sés et ayants-droit à indemniser. Cela met les compagnies dans des situations délicates. Aussi, les compagnies dis-cutent, entre elles d’abord et au sein de l’UAR, sur un projet avec les autorités qui vise à assouplir la réglementation et leur permettre d’aller vers une sorte de diver-sification pour fructifier l’argent à travers des investissements divers dans de nou-veaux projets ou dans le marché d’ac-tions et d’obligations.Aussi, la réglementation sur les réseaux de distribution doit être revue vers plus d’assouplissements notamment pour l’accès au métier d’agent général d’assu-rances. C’est une réglementation qui date de 20 ans et il est temps de la revoir rapidement afin d’assouplir et de donner des perspectives aux jeunes universi-taires, d’élargir le marché et renouveler les générations. Les compagnies rencontrent énormé-ment de problèmes, à ce niveau, et on doit faciliter et assouplir la réglementa-tion. Tout le secteur est d’accord sur ce point ainsi que sur les autres canaux modernes que sont la bancassurance, les notaires, les agences de voyages, les agences immobilières, etc.

M. Hassan Khelifati, vice-président de l’Union algérienne des sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR)

«La Bourse est un levier pour participer à l’économie nationale»

Entretien réalisé par Ali Mebarki

M. Hassan Khelifati fait partie de la nouvelle équipe dirigeante de l’Union algérienne des sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR) dont il occupe le poste de premier vice-président. Dans cet entretien, il évalue l’apport du secteur des assurances à l’économie nationale et les solutions envisagées par l’UAR pour renforcer cette contribution.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 13

Quelle est la situation actuelle, en ce qui concerne la Bourse d’Alger ?La Bourse d’Alger fait partie intégrante du marché financier. Les autorités ont annoncé que 8 titres publics allaient inté-grer la Bourse dont une compagnie d’as-surance et une banque. Sur le plan opé-rationnel, le processus suit son cours mais tarde à se concrétiser. Il y a une certaine inquiétude exprimée par les ac-teurs sur la persistance de l’absence de liquidité du marché secondaire en Algé-rie. Cependant, le mini conseil des mi-nistres qui s’est tenu en décembre 2014 pour développer le marché financier, nous rassure pour l’avenir car, le gouver-nement dispose d’une marge de ma-nœuvre et le Président s’attend à des initiatives fortes et volontaristes dans le lancement et le développement du mar-ché financier. En Bourse, Il y a déjà une compagnie d’assurance privée qui est cotée (ALLIANCE Assurances, Ndlr). Avec l’arrivée des 8 titres pouvant être évalués à des milliards de dollars et avec un opérateur de téléphonie mobile, le marché a besoin de profondeur et de confiance pour les petits porteurs car l’objectif n’est pas de faire acheter par les institutionnels. Le plus important est de créer la dynamique et de continuer à maintenir la confiance rétablie depuis qu’Alliance Assurances a pu aller au-de-là. Nous avons confiance dans l’action du Premier ministre, du ministre des Fi-nances et des autres parties prenantes dans l’opération pour trouver les bonnes solutions afin d’aller de l’avant. Le mar-ché est apte à suivre et satisfaire cette demande, si on rassure les investisseurs sur la liquidité du marché secondaire.

Qu’en est-il de l’investissement dans l’immobilier ?Les assureurs sont des acteurs très im-portants dans le développement de l’im-mobilier. S’il y avait une réglementation assouplie, ils pourraient développer la promotion immobilière et investir directe-ment dans le marché financier, s’il existe, ou par d’autres moyens qui leur sont propres, dans des créneaux créateurs de

richesse. L’investissement peut même être décidé par des prises de participa-tion à travers des fonds à créer ou à co-gérer afin que l’argent ne dorme pas dans des bons de trésor à taux très faible. On peut avoir un effet de levier et pous-ser le développement économique du pays.

Est-ce que l’emploi et l’impôt sont considérés comme des leviers impor-tants dans cette participation au déve-loppement économique du pays ?Dans le cas où l’on veut développer l’em-ploi et l’impôt, les compagnies ont besoin de booster leurs chiffres d’affaires à tra-vers une extension du réseau. Actuelle-ment, il y a une agence pour 28.000 habi-tants tandis que les normes internationales exigent une agence pour 5.000 habitants. Les compagnies font face à la rigidité de la réglementation da-tant de 1995, alors que le paysage éco-nomique a changé. Les assureurs se re-trouvent devant la raréfaction des agents généraux, alors qu’ils ont des jeunes uni-versitaires à employer. L’une des pistes de développement du chiffre d’affaires est d’assouplir, au maximum, les condi-tions d’accès au métier d’agent général des assurances. L’UAR a installé une commission se penchant sur un projet à soumettre au ministère des Finances qui a démontré un esprit d’écoute pour as-souplir ces conditions. Si ces dernières sont assouplies, il y aura 50.000 emplois directs qui seront créés, en trois ans, pour arriver aux normes internationales et des dizaines de métiers à développer comme les experts, les réparateurs, les dépanneurs et les vendeurs de pièces de rechange.

Est-ce qu’il y a d’autres dossiers ou-verts à l’UAR pour développer davan-tage la contribution du secteur des assurances à l’économie nationale ?Oui, il y a d’autres dossiers ouverts à l’UAR, notamment :- Les tarifs Responsabilité Civile qu’il est nécessaire de revoir avec le ministère des Finances à cause du déséquilibre fi-

nancier. En effet, nous avons un pro-blème d’équité entre les assurés, en tous risques et en RC, qui fait beaucoup de dégâts. En comparaison avec l’environ-nement, le prix d’une RC auto au Maroc est équivalent à 30.000 dinars, contre 2000 DA en Algérie et 20.000 DA en Tuni-sie. Pour agir, une étude actuarielle est en cours de réalisation par des experts de la Faculté de Mathématiques de l’uni-versité de Bab Ezzouar (USTHB). Les conclusions sont attendues pour consti-tuer un dossier et aller le discuter avec le ministère des Finances pour rééquilibrer la branche.- La maîtrise des tarifs automobiles et la concurrence par le prix qu’il faut freiner, cela relève de la responsabilité des ac-teurs. La prise de conscience est réelle. Il y a eu un premier pas en 2012, nous pen-sons que cela sera renforcé en 2015, car cela va de l’intérêt collectif. La prévision de baisse des ventes de nouveaux véhi-cules, a, notamment, pour conséquence la baisse de chiffre d’affaires pour les assurances. - La perturbation de la valeur du dinar qui a pour conséquence une prévision d’aug-mentation du prix de la pièce de rechange jusqu’à 25 % chez les concessionnaires. Les assureurs vont indemniser plus et les risques sont énormes pour tout le sec-teur. - L’UAR souhaite, aussi, améliorer l’image des assurances auprès des as-surés, en prenant en charge le règlement des sinistres par la diminution des délais d’indemnisation, le règlement du passif avant la fin 2015 et partir sur de nou-velles bases, la suppression des recours inutiles qui compliquent le respect des engagement des compagnies par la mise en place d’une convention inter-compa-gnie de règlement des sinistres automo-biles matériels avec des mécanismes souples. Pour le passif ancien, les com-pagnies étudient une opération globale à faire aboutir, courant 2015, pour son rè-glement.

A.M.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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En France, explique M. Jacques Ar-rondeau, membre du Conseil d’Ad-ministration d’Amana Assurance, fi-

liale d’assurances de personnes fruit d’une association entre la SAA algérienne et la MACIF française, il y a diverses manières de contribuer à ce développement. Les assurances sont un des piliers du modèle social français auquel participent de nom-breuses catégories de la population, ex-plique-t-il.C’est ainsi qu’historiquement les commer-çants et les artisans ont été parmi les pre-miers à créer des couches de protection. Les assurances ont, ainsi, un rôle en termes de prestations en frais de santé car, la sé-curité sociale ne cesse de réduire sa contri-bution.La part des sociétés d’assurance et des mutuelles devient de plus en plus impor-tante pour un certain nombre de risques qui sont partagés. Chaque citoyen devient, ainsi, producteur de la richesse de l’Etat. Il y a aussi 60% de l’épargne des ménages en immobilier et en éléments financiers qui se pratique à travers des contrats d’assu-rance-vie. Ces modèles sont encouragés par l’Etat car, ils permettent de disposer d’une épargne pour préparer la période de retraite et faire face aux problèmes des systèmes de protection sociale actuels confrontés à l’évolution de la courbe démographique. Les citoyens se constituent une épargne en vue de la retraite afin de ne pas subir une

baisse du pouvoir d’achat et l’argent placé par les sociétés d’assurance alimente l’éco-nomie nationale. Les assureurs font fructi-fier l’épargne collectée en investissant dans les bons de Trésor émis par l’Etat. Ils inves-tissent aussi à travers la Bourse, comme en France. «C’est ça le rôle de protection et c’est ainsi que les assurances irriguent l’économie», dit ce membre du CA d’Amana Assurances.

Selon lui, l’Etat a, à sa disposition, un cer-tain nombre de leviers et il se pose la ques-tion de savoir s’il doit encourager telle ou telle forme d’épargne ; et la réponse est «oui», en y mettant des avantages fiscaux, particulièrement, sur l’assurance vie à long terme. Notre interlocuteur souligne que par rapport à d’autres placements, l’épargne est favorisée par une moindre fiscalisation et il y a même des exonérations.

L’expérience française présentée par M. Jacques Arrondeau, membre du Conseil d’Administration d’AMANA Assurances

« Les assurances sont un des piliers du modèle social français »Lorsqu’il s’agit de développer un quelconque créneau économique en Algérie, les spécialistes aiment toujours recourir à un benchmarking. Et le cas n’est pas différent lorsqu’il s’agit de se pencher sur la contribution des assurances à l’économie des nations. Et comme des entreprises françaises d’assurances sont présentes en Algérie depuis quelques années, elles peuvent apporter leur expertise dans ce domaine.

Par Ali Mebarki

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 15

Des experts soulignent le rôle de l’information climatique dans la gestion des risques

«L’outil de la fiscalité peut favoriser les as-surances de personnes car c’est dans l’in-térêt de la communauté qui aura moins de difficultés à gérer les retraites», affirme M. Arrondeau. Mais, il n’y a pas que l’épargne individuelle, «la moitié de la dette publique en France est détenue par les sociétés d’assurances», souligne M. Arrondeau qui estime que ces dernières ont une aversion au risque, c’est pourquoi elles sont plus enclines à investir dans des bons de Trésor de l’Etat que d’investir dans le secteur des actions, jugées plus risquées. Qu’en est-il du rôle de la communication ? Décisif, répond M. Arrondeau qui rappelle que c’est grâce aux banquiers, en discutant avec leurs clients sans complexes, que l’assurance-vie s’est développée en France, et est devenue un produit comme un autre. Même si le banquier n’est pas assureur, il parle à l’aise de ces questions financières et les encours gérés sont d’en-viron 3000 milliards d’euros. Du fait de tous ces arguments, on peut dire que le modèle social français est «chapeauté» par les compagnies d’assurances. Citant l’expérience française en la matière, M. Arrondeau affirme que l’assurance contribue à la stabilité du modèle social pour les salariés et les autres couches de la population, et c’est ainsi que le pays a développé des garanties complémentaires pour les travailleur à qui les assureurs ga-rantissent un revenu en cas de problème de santé et pour faire face aux besoins de la famille.

A.M.

Des experts ont souligné, lors du 8éme forum international sur la pré-vision climatique en Afrique du

Nord et le bassin méditerranéen organisé le 21 mars dernier à Alger, l’importance de l’utilisation les informations sur les prévi-sions climatiques pour mieux gérer les risques, estimant qu’elles constituent un outil d’aide à la décision notamment dans les secteurs de l’énergie, des assurances et de l’agriculture. Dans le secteur des assurances, les pré-visions météorologiques notamment sai-sonnières, permettent aux assureurs de programmer des communications desti-nées à leurs clients afin d’anticiper les mesures nécessaires à prendre en cas de catastrophes naturelles, a souligné Moha-med Benarbia, directeur général adjoint à Salama Assurances. «La prévention contre ces sinistres per-met aux compagnies d’assurances de minimiser au maximum les dommages», a-t-il avancé. Interrogé sur les modes d’indemnisation des clients, M.Benarbia a expliqué qu’en cas de couverture classique des dom-

mages, la compagnie fait appel à des ex-perts spécialisés dans différents secteurs telle que l’agriculture, la construction et l’énergie. Quant à l’assurance indicielle, elle est basée sur des indices météorologiques liés à des phénomènes climatiques comme la sécheresse et les inondations et qui définissent les seuils d’indemnisa-tion des producteurs agricoles, a-t-il pré-cisé. Dans le secteur de l’énergie, la demande électrique enregistre une hausse en hiver et en été, d’où la nécessité d’établir des prévisions de fonctionnement du système électrique national, a indiqué à l’APS Na-bila Tenzer, responsable auprès de l’Opé-rateur du système électrique (OS), filiale du groupe Sonelgaz. Les bulletins de l’Office national de la mé-téorologie (ONM) sont d’un apport consi-dérable dans la détermination des ni-veaux de la demande d’électricité afin d’anticiper les pics de consommation et créer un équilibre entre l’offre et la de-mande, a expliqué Melle Tenzer.

(APS)

Nous informons notre aimable lectorat, et plus précisément les acteurs du secteur des assurances, que les colonnes de la Revue de L’ASSURANCE leurs sont ouvertes pour apporter leurs éventuelles contributions sur les sujets et thématiques qui les intéresseraient, à condition qu’ils soient portés sur le marché de manière globale.Une rubrique intitulée «Contributions/Débat» reste ouverte à ce propos.

Pour toute participation, veuillez adresser vos textes, accompagnés d’une copie de votre pièce d’identité à l’adresse suivante :

Conseil National des Assurances (CNA) 1 Lot Said Hamdine, Bir Mourad Raïs, Alger, Algérie.Fax : (021) 60 52 82Email : [email protected]

Appel à Contribution

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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Revue de l’ASSURANCE : Le secteur des assurances a-t-il un rôle à jouer ? Et comment analysez-vous son apport à l’économie nationale?M. Kouider Boutaleb : L’économie de marché est une économie ou les activités économiques sont initiées par des entre-preneurs qui sont contraints aux risques liés aux incertitudes. Les Assurances per-mettent de prendre en charges ces risques et par conséquent contribuer au dévelop-pement des activités créatrices de ri-chesses. Dans les économies de marché mo-dernes, à l’efficience avérée, l’assurance

occupe une place de choix et joue un rôle considérable. Cela s’explique par le souci des policy makers, des entreprises autant que des citoyens, dont c’est devenu une culture depuis bien longtemps, de se pré-munir des risques et de l’incertitude qui, autrement (sans système d’assurance performant), inhibe le progrès écono-mique et social comme l’explique la théo-rie économique consacrée dans ce do-maine.C’est ainsi que l’assurance assure des fonctions et joue un rôle primordial dans les économies de marché efficientes. Et c’est ce qui explique le poids et la place qu’elle occupe dans l’économie moderne. L’Algérie semble encore accumuler un re-tard important dans ce domaine. Ce sec-teur tarde à se développer, malgré les ef-forts déployés par les pouvoirs publics, notamment par la promulgation de la loi 06/04 du 20/02/2006 modifiant et complé-tant l’ordonnance 95/07 du 25/01/1995 relative aux assurances.Si on observe la valeur des deux indica-teurs privilégiés que sont «le taux de pé-nétration (primes d’assurance en pour-centage du PIB)» et «la densité d’assurance (prime d’assurance par habi-tant)», pour apprécier le poids écono-mique du secteur, on remarquera nette-ment le faible développement du secteur en valeur absolue et en comparaison in-ternationale. Le chiffre d’affaires de 2014 avec ses 122 milliards de dinars (Mds DZD), en hausse

de 7% par rapport à 2013 (114 Mds DZD), soit un peu plus de 1 milliard de dollars (Md USD), représente 0,7% du PIB selon certaines estimations. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé dans les pays indus-trialisés (9%) et dans les pays émergents pris dans leur ensemble (3%).Certes ce chiffre d’affaires se caractérise par une évolution constante en termes de valeur, mais relativement à sa pénétration dans le produit intérieur brut, son taux reste faible voire même insignifiant puisqu’il est inférieur à 1%.Le montant des primes d’assurance par habitant (assurance/habitant) s’élève par ailleurs à l’équivalent de 38 dollars US (USD), contre une moyenne mondiale de 656 USD ; et le taux de couverture est d’un (1) point de vente pour 28.000 habi-tants, contre 1/5000 habitants en moyenne mondiale.Le secteur de l’assurance en Algérie, reste encore largement sous-exploité et ses performances des réalisations de-meurent très faibles, notamment en com-paraison internationale et particulièrement les pays voisins que sont le Maroc et la Tunisie où on enregistre un montant des primes d’assurance/habitant de 50 et 45 euros respectivement et un taux de péné-tration de 1,9 % et 3 % respectivement.

Comment booster l’apport des assu-rances dans le financement de l’écono-mie ?

M. Kouider Boutaleb, professeur en économie et gestion« De nombreux facteurs concourentet conditionnent le développement du secteur des assurances »

Entretien réalisé par Zakia Ainouche

M. Kouider Boutaleb, professeur en économie et enseignant à l’université de Tlemcen, analyse, dans cet entretien, la situation du secteur des assurances et les facteurs qui freinent son développement. Il plaide pour l’approfondissement des réformes initiées en 2006.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 17

Il n’existe pas de prescriptions, ni théo-riques ni empiriques. On peut certes s’ins-pirer des expériences internationales en initiant des réformes s’inscrivant dans le cadre plus général de la réforme du sys-tème financier laquelle viserait à soutenir la croissance économique par la dynami-sation d’une offre de services financiers efficiente et sécurisée.C’est ce que les pouvoirs publics ont tenté de réaliser à travers les réformes initiées depuis 2006 sur la base des évolutions des parts des différents segments (pro-duits d’assurance), des disfonctionne-ments et des blocages observés.Manifestement tout ce qui a été entrepris: séparation des assurances de personnes des assurances dommages, mise en place de la bancassurance, relèvement du niveau du capital minimum des compa-gnies d’assurances, création d’un fonds de garantie des assurés, et enfin l’encou-ragement du partenariat dans un souci d’efficacité managériale ; ne semble guère avoir permis un développement consé-quent du secteur des assurances pour pouvoir jouer un rôle de premier plan dans la promotion des activités productrices de richesse.Il s’agit par conséquent de s’interroger sur l’inefficience des réformes entreprises qui ne semblent pas répondre aux objectifs entrevus.Les perspectives de développement du secteur des assurances en Algérie sont conditionnées par l’approfondissement des réformes, qui doivent être systé-miques et non conjoncturelles, qui inter-pellent autant les pouvoirs publics que les professionnels du secteur. Il s’agit d’initier des réformes aux objectifs bien définis dans le temps, périodiquement évalués, pour observer le développement du sec-teur et sa contribution au financement de l’économie nationale.

Sur quels facteurs faudrait-il jouer pour diversifier les produits d’assurances et apporter un plus à un marché qui peine à atteindre sa vitesse de croisière ?Selon les professionnels du secteur, il fau-drait agir sur l’assurance des petites et moyennes entreprises et des toutes pe-tites entreprises (PME/TPE) avec des inci-

tations fiscales. Il s’agit de développer par conséquent la branche corporate (entre-prise) et l’assurance de personnes qui sont considérées comme les deux seg-ments à fort potentiel du marché des as-surances dans le pays.Ceci étant, sur un plan général de nom-breux facteurs concourent et conditionnent le développement du secteur des assu-rances. On peut citer sans être exhaustif : La réglementation : Il s’agit en l’occur-rence pour les pouvoir publics, d’assoir un cadre réglementaire souple, non rigide, qui facilite l’activité des opérateurs du sec-teur, tout en sauvegardant naturellement les intérêts du pays comme cela se pra-tique partout dans le monde.La dynamique du marché financier : Le marché financier n’offre pas encore des opportunités d’investissement pour les épargnants. A titre d’exemple, le dévelop-pement de l’activité VIE se heurte à l’insuf-fisance des produits d’épargne (marché financier quasi-inexistant, etc.). Avec près d’une cinquantaine de banques, de socié-tés d’assurances et d’établissements fi-nanciers, aux statuts divers (publics, pri-vés, mixtes, étrangers), le nouveau paysage financier algérien tarde à amor-cer sa mue, sinon opérer des réajuste-ments qui devraient lui permettre de jouer le rôle qui lui est dévolu.De nombreux disfonctionnements hors normes ont déjà été révélés : un manque de liquidité persistant, un taux excessif de fraudes, une absence de transparence dans les comptes, une solide couverture des opérations d’import-export au détri-ment du financement de projets indus-triels.Le retard considérable du système d’infor-mation : Aucune compagnie ne semble actuellement en mesure de fournir une in-formation globale, exhaustive, et en temps réel. Le décalage est d’autant plus surpre-nant que l’Algérie forme des informati-ciens de très bon niveau.La formation : Tous les acteurs du sec-teur de l’assurance en Algérie, sont una-nimes pour affirmer que les besoins en conseil et en formation sont importants. Les démarches visant à améliorer les per-formances des compagnies, à instaurer un management de qualité et à dévelop-

per le contrôle interne, indispensables à l’amélioration du service rendu aux assu-rés, ne peuvent se faire dans un contexte de pénurie quantitative et qualitative des moyens d’encadrement managérial.L’efficience managériale des sociétés d’assurance : La déficience en terme de marketing et d’agressivité commerciale des sociétés d’assurances qui n’est pas imprimé par une stratégie de conquête de nouveaux segments de marché et de l’élargissement de l’éventail des clientèles ainsi que de la gamme de produits com-mercialisés. L’examen des polices propo-sées aux assurés durant les années écou-lées montre la prépondérance des produits standards dans les différentes branches et ne fait pas ressortir l’originalité et l’innova-tion qui devraient caractériser toute dyna-mique commerciale réussie.On peut aussi ajouter d’autre facteurs re-levant du culturel qui sont souvent avan-cés pour expliquer notamment le manque d’engagement des algériens dans l’assu-rance-vie. Les algériens perçoivent toujours l’assu-rance comme étant une contrainte et non pas comme une protection contre un risque donné.

Des acteurs du secteur estiment que « la générosité du système de la sécurité sociale » est un facteur qui entrave le développement des assurances des personnes. Qu’en pensez-vous?La corrélation entre «la générosité du système de la sécurité sociale» et «le développement des assurances des per-sonnes» n’est pas établie, du moins pas à ma connaissance. Les entraves au déve-loppement des assurances des personnes relèveraient me semble-t-il plutôt de fac-teurs socio-culturels. L’assurance de per-sonnes (assurance-vie) étant un acte vo-lontaire et non obligatoire (assurance automobile), cela relève des comporte-ments sociaux-culturels façonnés par les conditions socio-économiques d’exis-tence. Le changement d’attitude, déjà perceptible, s’opérera sans nul doute, mais il prendra du temps pour s’instituer comme cela s’est vu historiquement sous d’autres cieux. Z.A

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Revue de L’ASSURANCE : Que pen-sez-vous de l’apport du secteur des assurances à l’économie nationale ? Constitue-t-il une source de crois-sance économique et par quels mécanismes et outils les assureurs participent-ils au développement éco-nomique du pays ? Il est connu que l’assurance joue un im-portant rôle économique et social. Elle constitue bien entendu une source de croissance économique.

D’abord, l’assurance, de part ses fonda-mentaux techniques, participe à la pro-tection des biens et des personnes en compensant les pertes subies en cas de sinistres. Pour prendre un exemple concret, si une usine est endommagée par un incendie, l’indemnité que versera l’assureur permettra la reconstruction des moyens de production mais aussi (si une assurance adéquate a été souscrite) l’indemnisation des pertes consécutives à la baisse du chiffre d’affaires, avec une incidence positive sur la préservation des emplois. L’assurance constitue également un fac-teur de sécurité et permet d’entreprendre. En effet, tout agent économique, lorsqu’il sait qu’est couvert par une assurance, peut investir en toute sécurité. Ainsi, l’as-surance peut contribuer à la croissance économique en mettant à la disposition des différents secteurs économiques des couvertures d’assurances appropriées.L’activité d’assurance ne se limite pas uniquement à l’indemnisation mais elle contribue à la réduction des risques par le biais de la prévention. Pour citer quelques exemples, les sociétés d’assu-rance, pour prendre en charge des risques, exigent la mise en place de moyens de prévention et de protection. De même, lorsqu’elles effectuent des

audits de risques (visites régulières de risques) elles préconisent des recom-mandations en matière de prévention afin d’éviter la survenance de sinistres.Sur un autre plan, l’assurance est partie prenante dans le financement de l’éco-nomie grâce à l’épargne qui est drainée. Cette épargne qui est générée par les primes d’assurances, est placée pour faire face aux engagements. Ces place-ments sont bien entendu réglementés. Sur ce point et à titre d’illustration, le montant des placements de toutes les compagnies d’assurances au titre de l’exercice 2013, s’élève à 200 milliards de dinars dont près de la moitié sont sous forme de valeurs d’Etat. C’est pour ces raisons que les assureurs sont consi-dérés comme des investisseurs institu-tionnels.L’activité d’assurance contribue en outre à la création de l’emploi que ce soit d’une manière directe lorsque de nouvelles structures d’assurance sont ouvertes ou d’une façon indirecte, grâce aux diffé-rentes activités annexes (réparation, ex-pertise, assistance, …).

Le chiffre d’affaires du secteur des assurances (122 milliards de dinars en 2014) reflète-il le potentiel du mar-ché?

M. Youcef Benmicia, PDG de la CAAT

« Notre niveau de réalisation contribueà tirer vers le haut la croissance du secteur »

Entretien réalisé par Massi Badis

L’assurance sécurise l’investissement et constitue une source de croissance économique, souligne M. Youcef Benmicia, PDG de la CAAT, qui explique dans cet entretien les raisons de la sous exploitation des gisements de croissance dont recèle le secteur. Chiffres à l’appui, M. Benmicia révèle, aussi, le niveau de contribution de la compagnie qu’il dirige à la croissance du secteur des assurances, et de l’économie nationale en générale.

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Le chiffre d’affaires du secteur des assu-rances est certes en constante évolution, puisque le taux de croissance moyen des dix dernières années est de l’ordre de 13%, mais il ne reflète pas encore l’im-portance du potentiel assurable que re-cèle le marché. En premier lieu, le nombre d’assurés, en dehors de l’assu-rance automobile, n’est pas important si on le rapporte à la population ou aux biens assurables (nombre d’entreprises, de commerces, de logements, volume des importations, projets en chantiers, etc.). En second lieu, les deux indica-teurs de développement des assurances

que sont le taux de pénétration et la den-sité d’assurance, même s’ils sont en hausse d’année en année, doivent croître davantage pour atteindre la moyenne enregistrée par les pays émergents. Ce sont tous ces éléments et en particulier l’existence de gisements peu exploités tels que les assurances des particuliers, qui montrent que le marché algérien re-cèle un fort potentiel de croissance.

Comment votre compagnie contribue-t-elle à la croissance de l’économie nationale ?

La CAAT, de par sa position sur le mar-ché, participe à la croissance du secteur des assurances et par conséquent à l’économie nationale. Ainsi, le chiffre d’af-faires réalisé au titre de l’exercice 2014 dépassera les 20 milliards de dinars, en-registrant une croissance de l’ordre de 11% par rapport à l’exercice 2013. Ce niveau de réalisation, supérieur à celui du marché, contribue à tirer vers le haut la croissance du secteur. L’apport de la CAAT réside aussi dans le volume des règlements de sinistres qui a augmenté de 14%.

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En effet, en 2014, plus de 9,5 milliards de dinars ont été versés au titre des sinistres touchant aussi bien des installations in-dustrielles, des projets en cours de réali-sation, des marchandises transportées qu’au titre des sinistres liés aux accidents de la circulation. De plus, grâce aux mécanismes de la réassurance, une partie des indemnisa-tions est récupérée en devises auprès des réassureurs étrangers. Il est impor-tant et utile de le souligner.En outre, en tant qu’investisseur institu-tionnel et intervenant sur le marché fi-nancier, la CAAT place grâce à sa capa-cité financière des montants importants. En effet, au titre de l’année 2014, le mon-tant global des placements effectués par la CAAT dépasse les 24 milliards de di-nars.

Y a-t-il des obstacles qui limitent la participation des assureurs à la crois-sance économique ? Comment boos-ter l’apport des assurances dans le fi-nancement de l’économie ?Il n’y a pas d’obstacles à proprement par-ler mais certainement beaucoup d’efforts et d’actions à entreprendre par les diffé-rents intervenants du marché pour que l’assurance participe davantage à la croissance économique. Comme je l’ai déjà mentionné, les assureurs participent à la croissance économique notamment par la couverture des biens et des per-sonnes et en drainant une épargne im-portante vers le financement de l’écono-mie. Donc d’une manière simple, plus le mar-ché se développe plus sa contribution dans l’économie est importante. L’un des indicateurs de développement du mar-ché est le taux de pénétration, c’est-à-dire la part du chiffre d’affaires réalisé en assurance par rapport aux ressources (richesses) produites au niveau national (PIB). Ce taux a évolué ces dernières années mais il est légèrement inférieur à 1% alors que la moyenne des pays émer-gents se situe autour de 2,7%. Ce qui revient à dire que la pénétration de l’assurance doit être plus profonde et

c’est en premier lieu à ce niveau que doivent agir les différents acteurs du mar-ché. Il y a en particulier une branche d’assu-rance qui est génératrice d’épargne à long terme et qui participe au finance-ment de l’économie ; il s’agit des assu-rances de personnes. L’optimisation des placements financiers des sociétés d’assurances et leurs diver-sifications telles que les prises de partici-pations et l’intervention sur le marché boursier, sont à mon sens un moyen effi-cace de financement de l’économie na-tionale.

Existe-t-il des branches d’assurances qui sont sous exploitées et pourquoi à votre avis ?Notre marché se caractérise effective-ment par l’existence de gisements peu développés et qui présentent des déficits de couverture, principalement les risques des particuliers. Ce que les assureurs désignent par risques de particuliers, ce sont les couvertures des habitations, des commerces, des artisans et autres pro-fessions libérales ainsi que les assu-rances de personnes, c’est-à-dire tout ce qui touche à l’intégrité physique des per-sonnes (accident, santé, décès, assis-tance) et à l’épargne.Pour le moment, les particuliers ne sous-crivent généralement que les assurances automobiles, d’ailleurs c’est cette branche qui reste prédominante sur le marché puisqu’elle représente près de 58% du total du chiffre d’affaires alors que les assurances de personnes ne dépassent pas les 7%. Pour donner un ordre de grandeur, les assurances de personnes dans le monde représentent en 2013 plus de 56% du total des primes émises. Pour les pays émergents, cette part est de 52%.Les raisons qui expliquent l’existence de branches sous exploitées sont générale-ment connues. Parmi ces raisons on peut notamment citer :- Le manque de communication et de vul-garisation de la part des assureurs,- L’attractivité des produits, les procé-

dures de souscription et la qualité des prestations.- Le niveau de formation des commer-ciaux, pour pouvoir convaincre les assu-rés,- Les traditions ou les habitudes des par-ticuliers qui souvent ne pensent pas à assurer leurs habitations ou à souscrire un contrat d’assurance de personnes, sauf s’il y a une obligation comme par exemple l’octroi d’un crédit ou une tran-saction immobilière,- Pour les produits d’assurances de personnes, appelés aussi «produits d’épargne et de capitalisation» l’exis-tence d’un marché financier capable de les intégrer en tant qu’instruments finan-ciers est nécessaire. Que doivent faire les compagnies pour diversifier les produits d’assu-rances et assurer le développement du secteur dans son ensemble ?La pénétration du segment des assu-rances des particuliers doit être l’un des objectifs de la profession car sa concréti-sation contribuera certainement au déve-loppement du secteur dans son en-semble.Pour cela, plusieurs actions indispen-sables sont à mener au niveau du mar-ché, notamment en termes d’améliora-tion de l’image, de crédibilité et de confiance dans l’activité d’assurance, par la communication, la sensibilisation, la formation, le rapprochement de la clien-tèle, mais surtout par la qualité de la prestation que ce soit les règlements de sinistres ou le développement de pro-duits qui répondent réellement aux be-soins des assurés.Pour pouvoir persuader l’assuré sur le rôle et l’importance de l’acte d’assurance ou sur l’intérêt de souscrire tel ou tel pro-duit d’assurance, les assureurs doivent multiplier les actions de communication et de vulgarisation, étendre leurs réseaux de distribution pour se rapprocher davan-tage des clients, moderniser leurs procé-dures de travail, innover et améliorer la qualité des produits et des prestations.

M.B.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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M. Brahim Djamel Kassali, PDG de la Compagnie Algérienne d’Assuranceet de Réassurance (CAAR)

Revue de l’ASSURANCE : Que pensez-vous de l’apport du secteur des assu-rances à l’économie nationale ? Consti-tue-t-il une source de croissance économique ?M. Brahim Djamel Kassali : Votre ques-tion me donne l’opportunité de rappeler que l’assurance joue un rôle très important au double plan micro et macroéconomique, et est même fortement corrélée au dévelop-pement économique.D’abord, dans le cadre de sa mission fon-damentale qui est de garantir la protection des patrimoines et des personnes, l’assu-rance indemnise les assurés en cas de si-nistre et permet ainsi la reconstitution des

outils de production et la préservation des revenus. Sans l’assurance, de nombreuses entreprises victimes de sinistres importants n’auraient probablement pas pu poursuivre leurs activités avec les conséquences né-gatives que cela implique sur l’emploi.Ensuite, l’assurance est également un puissant levier de mobilisation de l’épargne permettant aux compagnies d’assurance d’intervenir comme investisseur sur les marchés.Les fonds collectés par les compagnies d’assurances au titre des primes d’assu-rances, sont en effet investis pour une grande part dans l’économie sous forme de dépôts auprès des banques, de place-ments sur le marché financier en obliga-tions ou en actions, en investissements immobiliers, et également en prise de parti-cipations dans des sociétés ou dans la création de sociétés.Ainsi, de par les placements et participa-tions qu’elles effectuent, les compagnies d’assurances participent directement au fi-nancement de l’économie et à la crois-sance.Ceci étant dit, les chiffres du secteur algé-rien des assurances corroborent cet état de fait. Les placements financiers des compa-gnies d’assurance, représentatifs de leur contribution au financement de l’économie, sont en effet passés de 39,1 milliards de DA en 2000 à 173 milliards de DA en 2013. Ce qui est remarquable, il faut le recon-naitre. A cela s’ajoutent les sinistres qu’elles ont réglés durant la même période et qui s’élèvent à 432 milliards de DA.

Enfin, le secteur des assurances est pour-voyeur d’emplois. Il dispose d’un effectif de plus de 12 000 salariés à fin 2013 contre 7 200 en 2000, et cela sans compter les ef-fectifs des 930 agents généraux d’assu-rances activant sur le marché.

Comment votre compagnie contribue-t-elle à la croissance de l’économie ?La CAAR, contribue, comme toutes les compagnies d’assurance du marché algé-rien, à la croissance de l’économie natio-nale. La mise en œuvre depuis une dizaine d’an-nées de plans de développement straté-gique, a permis à la CAAR de multiplier par quatre son chiffre d’affaires pour atteindre environ 16 milliards de DA à fin 2014 contre 3,9 milliards de DA en 2004, avec un ré-seau de distribution qui est passé de 111 agences en 2004 à 137 agences sur le ter-ritoire national en 2014, et cela en ne pre-nant pas en considération le réseau de la bancassurance. Notre compagnie a ainsi pu accroitre forte-ment ses placements qui se sont élevés à 18 milliards de DA en 2014 contre 9,3 mil-liards de DA en 2004. Il en est de même de nos participations dans le capital de socié-tés qui ont évolué de 2,2 milliards de DA en 2004 à 5,2 milliards de DA en 2014.La CAAR a également créé de nombreux emplois puisque les effectifs sont passés de 1666 agents en 2004 à 1883 agents en 2014.

Entretien réalisé par Massi Badis

« Nous avons encore des efforts à fournir pour couvrir le potentiel assurable en Algérie »Dans cet entretien, M. Brahim Djamel Kassali, PDG de la CAAR et président de l’Union nationale des sociétés d’Assurance et de Réassurances (UAR), énumère les principaux leviers qui permettent de booster l’apport du secteur des assurances à l’économie nationale.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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Le chiffre d’affaire du secteur des assu-rances réalisé en 2014 reflète-t-il le po-tentiel du marché ?Le chiffre d’affaires du secteur des assu-rances qui atteint environ 120 milliards de DA en 2014 a fortement progressé au cours de ces dernières années avec un taux de croissance de 48 % par rapport à l’année 2010, et de 515 % comparativement à l’exercice 2000 ; le chiffre d’affaires de l’époque était d’à peine 19,5 milliards de DA. Cet effort remarquable des compa-gnies d’assurance pour accompagner le développement économique de notre pays est à souligner.Maintenant, effectivement, le potentiel as-surable est important eu égard en particu-lier à l’évolution de la population et des re-venus, le niveau des infrastructures économiques réalisées et la création de nombreuses PME/PMI. Et, évidemment, malgré les efforts accomplis par les compa-gnies, le chiffre d’affaires réalisé en 2014 ne reflète pas le potentiel assurable en Al-gérie.A titre d’exemple, le parc logement et le parc commercial et industriel, ont fortement augmenté durant ces dix dernières années pour atteindre environ 10 millions d’unités à fin 2013, alors que le nombre de contrats d’assurance souscrits en multirisque habi-tation et Cat Nat n’a pas suivi le même le même rythme d’évolution.Il en est de même en matière d’assurances de personne où le potentiel est immense.Les sociétés d’assurances de personne nouvellement créées à la faveur de la sépa-ration des assurances dommages des as-surances AP (assurances de personnes), s’attèlent à prendre en charge ce potentiel.Après trois années d’existence de ces nou-velles sociétés AP, le bilan est plutôt positif avec une évolution intéressante du chiffre d’affaires et une offre de produits plus di-versifiée et attractive.Globalement, nous avons donc encore des efforts à fournir pour couvrir le potentiel as-surable en Algérie. Le plan d’actions 2015/2018 que les professionnels du sec-teur viennent d’adopter à l’UAR vise juste-ment à contribuer à atteindre cet objectif en mettant en avant l’amélioration de la qualité de service, avec en particulier la réduction des délais d’indemnisation des sinistres. Une étape importante a été franchie par les compagnies d’assurance avec la signature

de la Convention inter entreprise de règle-ment des sinistres automobiles matériels (IRSAM) qui va permettre de réduire ces délais au titre des recours et d’éviter les campagnes de liquidation. D’autres actions sont programmées pour notamment renforcer la communication ins-titutionnelle du secteur en vue de contri-buer au développement de la culture assu-rancielle en Algérie, veiller au respect de la déontologie tarifaire, et proposer toutes mesures d’ordre règlementaire ou autres visant l’actualisation de certains textes rè-glementaires en matière d’assurance.

Y a-t-il des obstacles qui limitent la par-ticipation des assureurs à la croissance économique ? La principale contrainte se situe surtout au plan culturel. La culture de l’assurance n’est en effet pas encore suffisamment dé-veloppée dans notre pays.Au-delà du poids des traditions, cette situa-tion s’alimente aussi par un manque de confiance des agents économiques vis-à-vis des assurances. Il faut reconnaitre que les retards enregistrés dans le règlement de certains sinistres, surtout de la branche automobile, renvoient une image assez négative de notre secteur.Il est donc nécessaire de poursuivre et d’in-tensifier nos efforts pour réduire ces délais d’indemnisation, et mener de manière plus intensive des campagnes de marketing et communication dans le but de familiariser la population avec l’activité d’assurance et l’amener progressivement à concevoir tout l’intérêt qu’elle peut en tirer.Une autre contrainte mérite d’être relevée qui est, il faut le souligner en cours de trai-tement en relation avec l’Autorité de régula-tion. C’est celle de l’actualisation de cer-taines dispositions législatives et réglementaires concernant notamment l’organisation et le fonctionnement de l’in-termédiation en assurances dans le souci d’étendre et de faciliter l’utilisation de nou-veaux canaux de distribution tant en assu-rances dommages qu’en assurances de personnes. Il y aurait lieu également d’as-souplir et de préciser certaines dispositions fiscales en matière notamment de TVA à l’achat et la vente pour les sociétés d’assu-rances de personnes, et d’une manière générale toutes dispositions fiscales qui gêneraient l’expansion du marché des as-

surances. Là également, une écoute atten-tive nous a été réservée par l’Administra-tion fiscale.

Comment booster l’apport des assu-rances dans le financement de l’écono-mie ?L’apport des compagnies d’assurance dans le financement de l’économie sera encore plus important dans la mesure où nous réussissons à agir sur quatre leviers fonda-mentaux.Le premier levier est celui du rétablisse-ment de la confiance qui passe par une qualité de service irréprochable au plan de la rapidité d’indemnisations des sinistres, mais également sur des choses basiques comme l’accueil de la clientèle, être à son écoute, lui fournir conseils, et le standing des locaux et des équipements.Le second levier porte sur l’élargissement de l’offre assurancielle, avec des produits simples et diversifiés, plus adaptés aux besoins de la clientèle. C’est ici en fait, tout l’enjeu de l’innovation qu’il faudra mener à bien. A cet endroit, les sociétés AP ont un rôle important à jouer pour développer et promouvoir ce segment de marché à fort potentiel.Le troisième levier concerne le développe-ment des canaux de distribution qui consti-tue un moyen efficace d’accroissement du chiffre d’affaires. Le réseau de distribution des compagnies d’assurance est passé de 874 agences directes et indirectes en 2000, à 2036 agences en 2013, ce qui est remar-quable.Le réseau de la bancassurance progresse aussi fortement avec 28 conventions de distribution signées avec les banques. Il faut poursuivre nos programmes d’ouver-ture d’agences pour se rapprocher davan-tage de la clientèle. Tout comme, nous al-lons proposer d’élargir les canaux de distribution des compagnies d’assurance par notamment l’utilisation plus intensive des nouvelles technologies de l’informa-tion et de la communication, avec en parti-culier la vente à distance.Le quatrième levier a trait à l’intensification des actions de communication par tous moyens appropriés, devant permettre une information complète des assurés et une vulgarisation des produits d’assurances.

M.B.

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Revue de l’ASSURANCE : Quelle est l’importance du secteur des assu-rances dans la dynamisation de l’éco-nomie d’un pays ? M. Ahmed Hadj Mahammed : Dans tous les pays du monde, les assureurs sont considérés comme étant des «in-vestisseurs institutionnels» de par leur rôle prépondérant dans la dynamique économique, à telle enseigne qu’ils agissent en véritables moteurs de l’éco-nomie, bien sûr avec d’autres acteurs et

à plusieurs niveaux. D’ailleurs, leur présence et le degré de leur implication traduit le niveau de dyna-mique économique d’un pays. Ils sont entre autres, un indicateur pour mesurer le niveau de croissance d’une économie à travers leur implication dans l’équation protection des risques - épargne - inves-tissements productifs - consommation. Concrètement, par quels mécanismes et outils, les assureurs peuvent-ils remplir ce rôle vital ? Au niveau microéconomique, les assu-reurs ont la vocation de protéger les pa-trimoines, les activités, les personnes et les conséquences pécuniaires des res-ponsabilités civiles des agents écono-miques en cas de survenance de risques aléatoires susceptibles de les affecter, à travers le mécanisme de collecte de primes basé sur la loi des grands nombres et la mutualisation des risques, primes qui seront en parties consacrées à la réparation des dommages subis. Par le biais de ce mécanisme, tout inves-tisseur, personne physique ou morale sera mis à l’abri des aléas à travers une protection par l’assurance afin d’éviter toute déperdition de son patrimoine ou ses activités. Néanmoins, force est de constater de nos jours que les agents

économiques nationaux restent forte-ment insensibilisés sur le rôle de l’assu-rance et n’ont pas encore le réflexe et la culture de s’assurer automatiquement pour se prémunir des risques pouvant affecter leurs biens et responsabilités. C’est ce qui explique la faiblesse du taux de pénétration de l’assurance dans le marché et par rapport au PIB, en dépit d’un marché potentiel important en risques des particuliers, des PME et des besoins latents de protection des per-sonnes. Par exemple, même l’obligation d’assurance contre les catastrophes na-turelles (CAT-NAT), promulguée par le législateur pour des motifs d’ordre public et de solidarité nationale, n’a généré jusqu’à présent qu’une faible demande adossée aux exigences des notaires en cas de location ou vente de biens immo-biliers ou des autorités fiscales selon les cas. Ce manque à gagner en termes d’accu-mulation de primes d’assurances à l’échelle nationale peut mettre à mal les capacités financières et la solvabilité des compagnies d’assurances appelée à tout moment à faire face à la fréquence de risques anormalement récurrents comme celle des accidents de la circulation en Algérie.

M. Ahmed Hadj Mahammed, Directeur Général Administrateur de la GAM Assurances« L’activité des assureurs est un véritable indicateur de développement des économies nationales »

Entretien réalisé par Yasmine Farah

L’activité des sociétés d’assurances ne se limite pas à la couverture des sinistres et la réparation des dommages assurés. Elles jouent un rôle clé dans le développement économique. Comment et par quels mécanismes ? M. Ahmed Hadj Mahammed, Directeur Général Administrateur de la GAM Assurances (la Générale Assurances Méditerranéenne) nous l’explique dans cet entretien.

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Au niveau macroéconomique, l’assureur est mis dans l’obligation, pour des motifs prudentiels de solvabilité, de représenter et de couvrir à tout moment ses dettes techniques vis-à-vis des assurés (risques en cours, provisions pour sinistres à payer, autres provisions réglementées, etc.) par des placements obligataires, fi-nanciers, monétaires, immobiliers et des titres de participation sûrs qui sont consi-dérés comme des investissements parti-cipant au financement de l’économie. Ces investissements génèrent des pro-duits consistants pour les assureurs. Par ce mécanisme, l’assureur devient un «investisseur institutionnel». Qu’en est-il de la loi algérienne ? En Algérie, la loi oblige l’assureur à faire des placements essentiellement à quatre niveaux : le Trésor public, les banques (publiques et privées), par des prises de participations (achat de titres) dans des entreprises et des acquisitions immobi-lières. La particularité de cette loi, est qu’elle exige de l’assureur de mettre pas moins de 50% de l’épargne exclusivement en Bons du Trésor public. Un Arrêté règle-mente les niveaux de ces placements. Cette obligation, d’ordre prudentiel, vise à garantir la solvabilité des compagnies d’assurances vis-à-vis de leurs assurés et en toutes circonstances. Elle marque l’engagement de l’Etat algérien à proté-ger les assurés de ce genre de risques. En plaçant ses ressources au Trésor pu-blic et dans des banques, qui à leur tour accordent des crédits aux investisseurs, l’assureur contribue au financement de projets d’utilité publique et à la dynamisa-tion de l’économie nationale, tout en fruc-tifiant cette épargne. Vous comprenez donc que, plus les agents économiques se protègent en souscrivant des assurances diversifiées plus les assureurs participent à l’accu-mulation de l’épargne pour la mettre à leur tour à la disposition de l’économie nationale. C’est pourquoi, le nombre d’assureurs et surtout l’atomicité-diversi-té de leurs réseaux de distribution qui restent un vecteur essentiel de propaga-

tion de la culture d’assurance, demeurent des indicateurs déterminants du niveau de son activité économique. Voilà aussi pourquoi l’Etat a tout intérêt à permettre la multiplication de ces acteurs par une législation propice.Pour illustrer ce rôle de protection contre les risques et d’assureur investisseur ins-titutionnel, le marché des assurances Al-gérien a réalisé en 2013 un chiffre d’af-faires de 113,9 milliards DA, indemnisé les assurés à hauteur de 54 milliards DA et cumulé un encours de placements fi-nanciers et immobiliers de 200 milliards DA représentant la contribution des com-pagnies d’assurance dans le finance-ment de l’économie.

Mais l’inconvénient semble être les taux d’intérêt relativement bas des banques et du Trésor…Effectivement, et compte tenu des taux de rendement très bas octroyés par les bons du trésor et ceux des banques qui varient entre 0,5% et 3%, les assureurs ont d’énormes difficultés à générer une rentabilité réelle de leurs produis finan-ciers face aux taux d’inflation et à la pres-sion fiscale qui pèse sur ces produits. Seuls les placements immobiliers in-duisent des produits locatifs semblent être plus attractifs. Comparativement à d’autres contextes, les produits finan-ciers générés par une multiplicité de cré-neaux à travers le monde, permettent aux assureurs de réaliser plus de 50% de leurs bénéfices par les activités de leurs placements financiers. Qu’est-ce qui motive alors une com-pagnie étrangère d’investir le marché algérien en dépit de ces contraintes ? Ces compagnies considèrent que les potentialités du marché algérien sont porteuses parce qu’il est encore vierge dans plusieurs segments d’activités. Bien qu’il soit pratiquement conquis pour ce qui est de l’automobile, compte tenu de l’obligation contrôlée qui la caractérise. C’est d’ailleurs autour de cette branche que des stratégies de diversification-conquête-positionnement-fidélisation, pourraient être construites.

Au niveau des risques des particuliers, des entreprises, des PME et des assu-rances de personnes, tout reste encore à faire.

Que doivent faire les assureurs pour exploiter ces gisements ? Les assureurs et tous les autres acteurs entourant cette profession, ont un rôle déterminant à jouer pour réveiller la de-mande volontaire d’assurance et faire face aux besoins latents du marché dans la diversité de ses segments, à travers plus de communication, de sensibilisa-tion, de formation aux métiers de l’assu-rance, une meilleure qualité de service avec des délais de remboursement plus courts, plus d’agressivité des assureurs par la proposition de nouveaux produits-services et par des textes législatifs adaptés aux besoins de croissance de cette activité.Le développement du secteur des assu-rances est déterminant. Dans les pays développés, les compagnies d’assu-rances sont aux premières loges de l’économie avec les banques.Pour conclure, nous précisons que le développement de la demande d’assu-rance et la rentabilisation de ses activités dans notre pays, demeurent intimement liées à l’émergence d’une véritable crois-sance économique soutenue par une politique d’investissements productifs fa-vorable à l’amélioration des revenus des agents économiques, l’encouragement de l’épargne intérieure par des mesures macroéconomiques et fiscales appro-priées pour favoriser une plus grande accumulation de cette épargne en inci-tant les fonds informels à participer au processus des investissements produc-tifs, et enfin une meilleure diversification des créneaux de placement financiers avec le développement de la finance Is-lamique tels que c’est le cas dans de nombreux pays émergents et dévelop-pés.

Y.F.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 27

Revue de L’ASSURANCE : Quel est l’apport d’AXA Algérie, avec ses deux sociétés Vie et Dommages, au secteur des assurances depuis son arrivée en Algérie ?M. Adelane Mecellem : Depuis le dé-marrage de nos activités en décembre 2011, nous avons construit notre straté-gie de développement autour de trois axes : le capital humain de l’entreprise, le développement d’un réseau de distribu-tion, la commercialisation d’une gamme de produits adaptés et la qualité de ser-vice à la clientèle.

Concernant le capital humain, nous avons fait le choix de recruter de jeunes diplômés que nous avons formé (plus de 30 000 heures de formation dispensées depuis décembre 2011) et pour lesquels nous travaillons, au quotidien, pour les monter en compétences et les profes-sionnaliser au métier de l’assurance en s’appuyant sur l’expertise du Groupe AXA, à travers un transfert efficace des connaissances. En plus de la formation de nos collaborateurs, nous participons, activement, au programme de l’Ecole des Hautes Etudes d’Assurances (EHEA) et d’autres programmes de formation comme la post-graduation spécialisée en actuariat à l’Université de Bab Ezzouar (USTHB), à Alger. La formation étant un volet très important pour le développe-ment et la professionnalisation de notre métier, je suis personnellement impliqué dans ces deux programmes en tant que conférencier.En parallèle au développement de notre capital humain, nous avons installé un réseau de distribution qui compte, au-jourd’hui, 63 agences, réparties sur 23 wilayas. Nous avons, également, déve-loppé d’autres canaux de distribution avec des concessionnaires automobiles, des banques publiques et privées et des courtiers.Le dernier axe de notre stratégie est de proposer une gamme de produits diffé-renciants, innovants et adaptés aux be-

soins de nos clients avec une qualité de service à la hauteur de leurs attentes. Ainsi, nous avons commercialisé des produits nouveaux sur le marché telle que la Prévoyance Collective et Santé pour les assurances de personnes, la garantie avance sur frais de réparation et la protection conducteur et famille en as-surance automobile. En termes de qualité de service, nous avons mis le client au centre de nos pré-occupations, à tous les niveaux de l’en-treprise, en lui proposant des services différenciants comme la réparation à do-micile sur le produit Multirisques Habita-tion, la pré déclaration d’un sinistre auto-mobile via l’application AXA Connect, le remboursement d’un sinistre le jour même de l’expertise dans nos centres de service clients et le tiers payant sur les assurances de personnes et l’assurance automobile.

Où en est la relation entre AXA et ses différents partenaires économiques, particulièrement les investisseurs dans les différents secteurs ? AXA Algérie est le fruit d’un partenariat solide avec deux acteurs majeurs de l’économie algérienne que sont la BEA et le FNI. Aujourd’hui, notre relation est ex-cellente car nous partageons les mêmes objectifs de développement et de crois-sance.

M. Adelane Mecellem, CEO AXA Assurances Algérie

« L’Algérie a impérativement besoin de développer d’autres relais de croissance » AXA Algérie, qui a démarré ses activités en décembre 2011, a réussi, après seulement trois années d’exercice, à ouvrir 63 agences réparties sur 23 wilayas. Son premier responsable (CEO), Adelane Mecellem revient, dans cet entretien, sur l’apport d’AXA Algérie au secteur des assurances et l’importance de ce dernier pour le développement économique du pays.

Entretien réalisé par Zakia Ainouche

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

28 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Par ailleurs, notre portefeuille de clients est, aujourd’hui, très diversifié. Il contient, à la fois, des grandes entreprises pu-bliques et privées, des multinationales, des petites et moyennes entreprises avec lesquelles nous avons bâti une rela-tion solide basée sur la confiance, du fait du conseil et de l’expertise que nous leur proposons en gestion de risques qui leur permet d’assurer la pérennité de leurs entreprises et la tranquillité de leurs sala-riés.Après trois ans d’exercice, nous sommes ravis de constater que le niveau de re-nouvellement est à la hauteur de nos at-

tentes, preuve que nos clients sont de plus en plus nombreux à nous accorder leur confiance.

Pensez-vous que le secteur des assu-rances en Algérie est à même de jouer un rôle dans le processus de crois-sance hors hydrocarbures, particuliè-rement dans la conjoncture actuelle ?Dans cette conjoncture de baisse des prix des hydrocarbures, l’Algérie a impé-rativement besoin de développer d’autres relais de croissance. Nous pensons que les services financiers, à travers le finan-cement des banques et la couverture des

risques par les compagnies d’assurance, représenteraient une des principales clés de succès.En effet, l’investisseur algérien, comme l’investisseur étranger en Algérie, ont besoin de bénéficier d’un système assu-rantiel qui les protège et qui les encou-rage à développer leur activité en toute sérénité. C’est le premier rôle que nous voyons pour l’assurance, dans la conjoncture actuelle. Le second rôle que nous identifions, et qui n’en est pas moins important, serait le financement de l’éco-nomie à travers l’assureur qui jouerait le rôle d’investisseur institutionnel, en dé-veloppant, notamment, l’épargne et la capitalisation.

Quelles sont les contraintes à lever, dans ce cadre, pour renforcer cette contribution ?En complément des dernières mesures règlementaires qui ont été mises en place, nous menons des concertations avec l’UAR pour faire des propositions, communes, qui permettront de renforcer le rôle des assureurs dans la croissance du pays.Nous sommes également en contact avec la Direction des Assurances au Mi-nistère des Finances pour faire des pro-positions. Je citerai, à titre d’exemple : l’élargissement de la gamme de produits distribués dans le cadre de la bancassu-rance (exemple MRP pour le dommage) ; le relèvement des taux des commissions limités pour inciter les partenaires ban-caires à développer la Bancassurance ; revoir la nécessité de l’expertise systé-matique en automobile dont le montant du dommage peut être inférieur aux ho-noraires de l’expert et qui engendre en plus des frais de gestion supplémen-taires; le relèvement du montant du taux horaire (240 DA/HT) qui est très loin de la réalité ; la suppression de la TAP sur les cessions de réassurance ; et l’ouverture des appels d’offres publics à toutes les compagnies d’assurance, sans prendre le capital social comme critère de sélec-tion.

Z.A.

28 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 29

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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QU’EST-CE QUE « HAYATI » ?C’est une couverture d’assurance contre les accidents corpo-rels non intentionnels, survenus au cours de la vie quotidienne, scolaire ou professionnelle de l’assuré.

QUI PEUT SOUSCRIRE « HAYATI » ?Le contrat HAYATI peut être souscrit :• Individuellement : par toute personne qui en exprime le be-soin,• Collectivement : par toutes associations pour leurs adhé-rents, par tous employeurs pour leurs salariés, par tous établis-sements scolaires pour leurs éducateurs et leurs élèves, etc.

A QUI EST DESTINÉ « HAYATI » ?Le contrat HAYATI est destiné à tout individu, quelle que soit sa situation familiale ou professionnelle : Toute personne vivant seule ou en famille, Tout écolier ou étudiant, Tout travailleur non salarié : artisan, commerçant, agricul-teur, etc. Toute personne établie en profession libérale : avocat, no-taire, architecte, etc. Tout salarié non permanent, activant à titre temporaire dans les secteurs du BTPH, des hydrocarbures, de tourisme, etc. Tout chauffeur professionnel : chauffeur de taxi ou chauffeur employé d’une société de transport, etc.

QUE COUVRE-T-ELLE ?Elle assure une couverture optimale de l’assuré, s’éten-dant :A LA VIE QUOTIDIENNE :Couverture des accidents domestiques, tels que chutes, bles-sures, fractures, brûlures survenus à domicile et lors de tous déplacements.

A LA VIE SCOLAIRE :La couverture scolaire HAYATI protège les enfants assurés lors de leurs activités scolaires et extrascolaires.

Elle assure une indemnisation des préjudices subis, tels que prothèses dentaires, remplacement des lunettes, remise à ni-veau scolaire suite à accident, etc.

A LA VIE PROFESSIONNELE - AU TRAVAILCouverture des accidents professionnels survenus lors de l’exercice de l’activité professionnelle et durant le trajet entre le domicile et le lieu de travail, tels que chutes, blessures, frac-tures, brulures, et tous accidents de la circulation. HAYATI couvre également les accidents survenus suite à l’utilisation d’une machine, la chute d’un échafaudage, etc.

AUX ACTIVITES DE LOISIRS :Couverture des accidents survenant lors des activités de loi-sirs, tels que les excursions, randonnées, visites touristiques, déplacements à pied, à vélo ou en rollers, ainsi que lors de la pratique du sport à titre occasionnel.

A CERTAINES CIRCONSTANCES EXCEPTIONNELLESCouverture des accidents survenant dans des circons-tances imprévues, qu’ils soient :• D’origine Humaine, tels que les agressions, les attentats, etc.,• D’origine naturelle, tels que les tremblements de terre, inon-dation, etc.

QUELS AVANTAGES EN TIRE-T-ON ?Suite à un accident couvert, HAYATI permet à l’assuré de bénéficier directement ou de faire bénéficier sa famille : D’un capital en cas de décès D’une partie du capital en cas d’invalidité permanente par-tielle ou totale De remboursement de frais médicaux et pharmaceutiques, De remboursement de frais chirurgicaux et d’hospitalisation, De versement des indemnités journalières en compensation de la perte de revenu.

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30 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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M. Mokhtar Naouri, PDG de CAARAMA Assurances « Aucun développement durable de l’économie ne peut être envisagé sans les assurances » Dans cet entretien, le PDG de CAARAMA Assurances, Mokhtar Naouri identifie les contraintes qui entravent le développement du marché des assurances en Algérie. Il plaide pour une dynamique soutenue et de nouvelles actions à même d’augmenter la part des assurances dans le produit intérieur brut.

Revue de l’ASSURANCE : Que pen-sez-vous de l’apport du secteur des assurances à l’économie nationale ?M. Mokhtar Naouri : Le secteur des assu-rances est très important pour l’économie nationale, même si sa contribution à cette dernière demeure insuffisante. En effet, lorsque l’on observe le taux de pénétration de l’assurance en Algérie, c’est-à-dire son poids dans le produit intérieur brut (PIB), on remarque qu’il ne dépasse guère les 0,8% en 2013, alors que la moyenne mondiale est située à 6,3%. En Amérique du Nord le taux de pénétration de l’assurance est de 7,4%, et en Europe de 6,8%. Nous sommes même bien loin de la contribution moyenne

de l’assurance à l’économie africaine qui est de 3,5% en 2013. Il est vrai que cette moyenne est tirée vers le haut par l’Afrique du sud qui enregistre un taux de pénétra-tion de 15,4%. Ceux de nos voisins maro-cains et tunisiens sont également supé-rieurs au notre, avec respectivement 3% et 1,8%. Les mêmes résultats sont tirés de l’utilisa-tion du second instrument de mesure qui est la densité d’assurance, c’est-à-dire la dépense moyenne par habitant et par an. En Algérie, elle est de 39 dollars, alors qu’en Afrique elle est de 66 dollars. En Afrique du sud, la densité d’assurance est de 1025 dollars, au Maroc elle est de 97 dollars et en Tunisie de 77 dollars.Une telle situation découle de l’existence de plusieurs facteurs qui entravent le déve-loppement du marché des assurances en Algérie, notamment la faiblesse de la ma-tière assurable du secteur économique marquée par un désinvestissement indus-triel enregistré depuis le début des années 1990, l’étroitesse des revenus en dépit des augmentations successives de salaires et ce au regard du pouvoir d’achat, l’instabilité monétaire due à l’érosion de la valeur du Dinar, le poids des alternatives à l’assu-rance tels que les aides de l’Etat, etc.

Le chiffre d’affaires du secteur des assurances (124 milliards de dinars en 2014) reflète-il le potentiel du mar-ché ?La réalisation par le secteur des assu-rances d’un chiffre d’affaires de 124 mil-

liards de dinars en 2014, c’est bien. Mais, c’est en deçà des potentialités du marché. En effet, en dehors de l’assurance des risques d’entreprise et de l’assurance auto-mobile, beaucoup de secteurs restent in-suffisamment assurés. Le dernier rapport du ministère des Finances indique que les assurances de personnes, les assurances des particuliers, les assurances agricoles et les assurances CAT-NAT sont autant de segments de marché qui restent à dévelop-per. Le rapport souligne que cet effort de développement est fortement subordonné à une amélioration de la qualité des ser-vices offerts aux assurés qui doit porter non seulement, sur la réduction des délais d’in-demnisation qui reste indispensable mais également, sur la qualité des produits mis à la disposition des assurés. Le rapport juge également que la communication, et mal-gré les efforts déployés jusque-là par les différentes compagnies, constitue le mail-lon faible du secteur des assurances.

Par quels mécanismes et outils les assureurs participent-ils au dévelop-pement économique du pays ?Les assureurs participent au développe-ment économique à travers le financement des risques représenté par les indemnisa-tions versées aux assurés et bénéficiaires de contrats d’une part et, le financement des projets publics et privés par le biais des placements des compagnies d’assurance auprès du Trésor public et du marché mo-nétaire et bancaire, d’autre part.

Entretien réalisé par Karima Seddak

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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Les assureurs participent également au développement économique du pays à tra-vers la collecte de l’épargne. Cette activité constitue dans le monde l’instrument prin-cipal de participation des assureurs de per-sonnes au développement économique d’un pays. En Algérie, la collecte de l’épargne par les assureurs n’est pas suffi-samment développée aujourd’hui et ce, en raison de l’absence d’instruments finan-ciers et du fait d’une réglementation qui ne permet pas aux assureurs de bénéficier de rendements à même d’offrir aux assurés des taux concurrentiels par rapport aux ins-truments bancaires, d’autre part.

Y a-t-il d’autres obstacles qui limitent la participation des assureurs à la crois-sance économique ?Il y a effectivement beaucoup de contraintes qui limitent la participation des assureurs à la croissance économique. Ces contraintes sont liées à des facteurs que nous pouvons classer en deux catégories : endogènes et exogènes. Les facteurs d’ordre endogène résident dans les retards pris par le secteur des as-surances, à la fois dans la modernisation de la gestion et la mise en œuvre de sys-tèmes d’information performants et dans l’innovation en matière de produits d’assu-rance. Le produit d’assurance automobile qui imprime le rythme du marché montre bien l’importance des obstacles endogènes en ce qu’ils empêchent une réelle concur-rence sur des garanties innovantes, telles que la voiture de remplacement au titre de l’assistance par exemple, et en ce qu’ils ne permettent pas de mettre en place une jus-tice tarifaire à travers le système de bonus-malus, etc. Quant aux facteurs exogènes, ils sont très nombreux, nous pouvons citer l’absence de culture de risques et des assurances, l’existence de systèmes alternatifs à l’assu-rance découlant des aides de l’Etat en cas de sinistres par exemple qui s’ajoutent à la solidarité familiale ou tribale parfois, même si elle joue de moins en moins du fait des évolutions constatées dans la société algé-rienne. Nous pouvons également citer le coût exorbitant de la communication pour laquelle le recours des assureurs est indis-pensable. Néanmoins, pour pouvoir le sup-porter, les entreprises d’assurance de-

vraient augmenter considérablement leurs ressources. Mais, comme le produit d’as-surance est à demande très élastique, une hausse tarifaire les exposerait à une baisse immédiate de leur chiffre d’affaires. D’où un recours très limité à la communication en dépit d’un besoin énorme, à la fois pour la présentation des produits et services et, pour le développement d’une culture d’as-surance auprès des assurables. En matière d’assurance de personnes, des facteurs exogènes ont trait à l’absence de sociétés de services apportant des solu-tions aux assureurs pour améliorer leurs offres de produits et de services, tels que les sociétés d’assistance médicales, les sociétés de gestion du système tiers payant en santé, etc. On peut également citer comme facteur exogène entravant le développement des assurances en Algérie, l’insuffisance des instruments financiers tels que les SICAV, les fonds communs de placements et le rôle très timide de la Bourse d’Alger.

Comment booster l’apport des assu-rances dans le financement de l’écono-mie et partant, améliorer leur participa-tion à la croissance économique ?Je pense que pour booster l’apport des assurances dans le financement de l’éco-nomie, il faut une réelle volonté de l’en-semble des acteurs pour faire évoluer le modèle de développement actuel. En effet, depuis très longtemps, le modèle algérien est impacté par le secteur des hydrocar-bures. La croissance dépend largement de la dépense publique et à un degré moindre de l’investissement dans le secteur de l’énergie. En période de hausse des prix des hydro-carbures, ces deux facteurs participent pleinement à la croissance et augmentent sensiblement la consommation. En période de crise des hydrocarbures, des instru-ments sont mis en place pour réduire les importations et donc la consommation. Aussi, faut-il, de mon point de vue, intro-duire des instruments efficaces pour agir sur l’épargne, que ce soit des ménages ou des entreprises, pour améliorer notre mo-dèle de développement. A noter que le marché algérien des assu-rances ressemble au marché français de la fin des années 50 où l’assurance automo-

bile représentait près de 40% du chiffre d’affaires sectoriel. Depuis, grâce à une volonté politique qui a décidé de donner la primeur au secteur des assurances pour la collecte de l’épargne, l’assurance vie re-présente 60% du marché des assurances en France, dont 90% est constituée de pro-duits de capitalisation. Cette politique est maintenue jusqu’à ce jour puisque l’on vient de décider, suite à la crise financière de la fin des années 2000, de réduire le taux d’intérêt du livret A pour justement fa-voriser les placements auprès des compa-gnies d’assurance. Mais pourquoi une telle faveur ? En fait, c’est parce que l’assurance possède cette capacité que n’ont pas les banques, ni les caisses d’épargne, de transformer des épargnes de court terme en des épargnes de long terme. Cela est très important pour le financement à long terme de l’économie.

Comment votre compagnie contribue-t-elle à la croissance de l’économie natio-nale ?La contribution actuelle de CAARAMA As-surance à la croissance de l’économie na-tionale est certes modeste, mais elle est suffisamment forte par rapport aux condi-tions économiques actuelles. Le dévelop-pement de son chiffre d’affaires et la ges-tion rigoureuse de ses charges d’exploitation lui ont permis de dégager des bénéfices substantiels dés la première année. Il est utile de noter qu’au 31 dé-cembre 2014, près de 60% de ses res-sources soit un montant de près de 3,5 mil-liards de dinars, représentées par la somme des encaissements de la société - capital social et primes encaissées - sont placées, soit en valeurs d’état auprès du Trésor public, soit en dépôt à terme auprès des banques nationales. Cela constitue, à mon sens, un grand révélateur de la contri-bution que peuvent faire les compagnies d’assurance de personnes à l’économie nationale et ce, du fait de l’existence d’im-portants engagements sur le long terme. Notre contribution à la croissance de l’éco-nomie nationale pourra être beaucoup plus grande lorsque la commercialisation des produits d’épargne et de capitalisation à l’adresse des particuliers et des salariés des entreprises sera opérationnelle.

K.S.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 33

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

34 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Revue de L’ASSURANCE : Comment le secteur des assurances peut-il contribuer concrètement à promou-voir l’économie nationale ?M. Nacer Aberhouche : Le secteur des assurances est l’un des moteurs majeurs appelés à contribuer avec force à l’essor de l’économie nationale et de surcroit à la relance économique. Cependant, il est important de savoir analyser ce secteur pour saisir les opportunités qui y sont of-

fertes sur le marché. Ces opportunités sont nombreuses, surtout diversifiées, et n’attendent qu’à être exploitées. Le sec-teur des assurances est très prometteur et beaucoup reste à faire dans ce do-maine.

Et quelle analyse faites-vous du mar-ché des assurances, des opportunités qu’il offre et de son potentiel de crois-sance ? Les différentes compagnies d’assurance activant en Algérie sont en train de se partager un marché de un (1) milliard de dollars de chiffre d’affaires. Le niveau de vie des Algériens s’étant en général net-tement amélioré, il va de soi que les so-ciétés d’assurance diversifient davan-tage leurs offres. Le moment est donc venu, comme je l’ai dit, pour analyser le marché comme il se doit, le décortiquer afin de ressortir avec une panoplie de produits à proposer aux clients. A ce su-jet, il est vrai que chaque entreprise a sa méthode et sa manière de faire pour ap-porter sa contribution dans le développe-ment du secteur.Pour parler de l’analyse du marché à pro-prement dite, il faudrait scinder le marché des assurances en deux volets. Il y a le marché des entreprises et le marché des

particuliers.Ce dernier marché, étant à grand poten-tiel, il représente entre 12 et 15 millions d’assurables, soit environ le quart de la population globale de l’Algérie.Avec un simple calcul, on se rend compte que le marché des particuliers repré-sente à lui seul près de 5 milliards de dollars. Vous imaginez donc le potentiel à exploiter dans ce segment des assu-rances.Car, si chaque personne des 15 millions du potentiel assurable cotise pour une valeur de 300 dollars/an (soit 30.000 DA par an) pour un pack de produits d’assu-rances (la moyenne en Europe et en Amérique étant de 2.500 dollars/an/per-sonne), le chiffre d’affaires des compa-gnies serait, à ce moment-là, de l’ordre de 5 milliards de dollars, dans ce seul segment. Ajoutez à cela les réalisations que pourra engendrer le marché des en-treprises, on serait alors à un chiffre d’af-faires qui oscillerait entre 6 et 6,5 mil-liards de dollars par an.

Le niveau de vie des Algériens joue-t-il en faveur ou en défaveur de l’émer-gence d’un secteur des assurances fort ?

Entretien réalisé par Kaltoumi Samy

M. Nacer Aberhouche, DG de TALA Assurances (Taamine Life Algérie)

«La valeur du potentiel assurable du marché est de l’ordre de 5 milliards de dollars »Première société d’assurances de personnes à ouvrir une agence dans le sud du pays (wilaya de Ouargla), TALA Assurances, filiale de la CAAT, compte participer pleinement à l’essor de la branche des assurances de personnes et à la croissance du secteur et de l’économie en général. Dans cet entretien, son DG, M. Nacer Aberhouche explique sa démarche de développement, il analyse le potentiel du marché et les possibilités du secteur des assurances à participer à la croissance de l’économie nationale.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 35

De nos jours, le niveau de vie des Algé-riens ne peut pas être comparé à celui d’il y a 10 ans, 20 ans, voire 30 ans en arrière. Nous constatons qu’il est en continuelle amélioration et c’est tant mieux pour tout le monde.De ce fait, il est normal que les besoins de la population, traduits en demandes aug-mentent aussi. Devant cet état de fait, il appartient aux assureurs de faire preuve d’ingéniosité pour suivre l’évolution éco-nomique et sociale de la société, en lui proposant des services et des produits nouveaux qui soient au niveau de ses at-tentes.

Que doivent faire de plus les compa-gnies d’assurances pour être à l’écoute et suivre l’évolution économique et sociale de la société ? Je vous ai dit au début de l’interview que le secteur des assurances est l’un des moteurs majeurs sur lesquels on compte beaucoup pour qu’ils contribuent à l’essor de l’économie nationale. Pour atteindre cet objectif, il faut inventer de nouvelles offres et des produits nouveaux et inno-vants. Dans ce cas de figure, il est sûr que TALA Assurances n’a pas cette latitude et, en-core moins, cette prétention de faire les choses à elle seule, mais cette mission doit être portée par les différents acteurs du marché des assurances. La contribu-tion de l’ensemble des compagnies d’as-surance est nécessaire.

Concrètement, comment faut-il s’y prendre, sur le terrain, pour contribuer à l’émergence d’une économie natio-nale moins dépendante des recettes d’hydrocarbures ? Si nous arrivons à récupérer le potentiel assurable, nous pourrons, à ce moment, contribuer plus encore à l’essor de l’éco-nomie nationale. Pour cela, je pense que le développement des garanties d’assis-tances adossées aux produits d’assu-rances est nécessaire pour une meilleure prise en charges des assurés.Pour ce qui est de notre cas en tant que compagnie spécialisée dans l’assurance des personnes, Entre autres services d’assistance que nous pouvons associer

à notre offre de base, je citerais le contact médical avec le médecin traitant, la visite d’un médecin correspondant, le transport vers un établissement de soins, le rapa-triement, l’évacuation sanitaire, la mise à disposition d’un titre de transport pour les proches, l’accompagnement des enfants mineurs ou encore la prise en charge des frais médicaux.En fin de compte, l’assuré qui contracte un produit d’assurances ne cherche pas, en cas d’accident ou de sinistre, à seule-ment se faire rembourser, mais il souhaite plutôt une prise en charge appropriée pour réparer le préjudice causé. Une fois avoir compris l’exigence de cet assuré, c’est à nous, professionnels de l’assu-rance de répondre à ses besoins, en dé-veloppant le métier de l’assistance. Tout ce processus aidera à créer une dyna-mique qui nous mènera jusqu’à la créa-tion d’emplois et des opportunités de création d’entreprises.Mieux encore, en favorisant la création d’emploi à travers les métiers de l’assis-tance et des métiers nouveaux, on fera en sorte que le secteur de l’informel soit inté-gré dans le circuit de l’économie formel, puisque la société d’assurance exigera de l’assistant de se conformer à la réglemen-tation.

En d’autres termes, il s’agit d’intéresser les futurs partenaires à payer leurs impôts et à rentrer dans le circuit du formel, en leur proposant, en contrepartie, des reve-nus réguliers. Vous voyez comment concrètement, le secteur des assurances peut drainer de l’argent qu’il pourra ensuite injecter dans l’économie nationale et contribuer ainsi à faire sortir cette économie de sa dépen-dance accrue envers les hydrocarbures.

TALA Assurances vient d’étoffer son réseau à travers le pays en inaugurant une agence à Ouargla, pourquoi ce choix d’une ville du Sud ?Avec l’ouverture officielle mi-février d’une agence à Ouargla, TALA Assurances de-vient ainsi la première société spécialisée dans l’assurance des personnes à avoir ouvert une agence dans le sud algérien. Ceci était un défi pour nous. Avec cette réalisation, nous apportons à nos conci-toyens du sud non seulement de nou-veaux produits d’assurance, mais nous voulons également, à travers cette agence qui est la leur, créer de l’emploi dans cette wilaya et former des jeunes dans les mé-tiers de l’assurance.

K.S.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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Revue de L’ASSURANCE : Comment votre société perçoit-elle sa contribu-tion à l’économie nationale ?M. Pierre Olivier Adrey : Amana est as-sureur des personnes pour leur per-mettre, par exemple, de voyager ou de s’assurer contre les accidents. Il y a aus-si la complémentaire santé et les contrats d’assurance emprunteur. C’est impor-tant, car, comme le secteur de la construction est en plein essor, les ban-quiers qui accordent les prêts vont faire souscrire une assurance sur le crédit par

les emprunteurs et, ainsi, on sécurise l’investissement réalisé, car on protège la famille sur le long terme. Le banquier est rassuré d’avoir prêté avec une sécu-rité et c’est une façon pour nous de parti-ciper à l’évolution économique du pays.

Quelles sont les derniers chiffres de votre société concernant son activité?On a réalisé 1,3 milliard DA en 2014 : 50% en assurance collective et 50% en assurance individuelle et le taux de crois-sance est de 10 % avec une rentabilité de 15%. Quatre-vingt quatre (84) colla-borateurs travaillent dans notre compa-gnie, au 31 décembre 2014, emplois créés en 4 ans, pour de jeunes diplômés. Le recrutement concerne un panel de métiers large avec des profils divers, ac-cessibles avec des licences et master en droit, statistique, comptabilité et informa-tique et des passerelles en interne pour évoluer vers des métiers spécifiques de l’assurance.

Est-ce que vous pensez que la crois-sance du secteur des assurances est suffisante au vu des potentialités du marché ?Le marché est dominé par le marché au-tomobile -qui ralentit en ce moment- et le niveau de l’assurance en général n’est pas développé par rapport aux potentiali-

tés de l’Algérie. Sur l’automobile, il y a une assurance obligatoire dont le coût de la garantie RC est déterminé par l’Etat. Il faut développer d’autres secteurs comme l’habitat et la santé et étudier les opportunités d’évolution vers d’autres risques en dommage.L’évolution du secteur des assurances en Algérie est importante en 2014, même si les pays voisins ont une évolution plus forte car ils se sont adaptés à ce type de marché depuis plus longtemps. Des ex-périences, venant aussi d’autres pays, peuvent être également diffusées en Al-gérie.

Avez-vous des projets de développe-ment à l’international ?La MACIF en association avec la SAA a concrétisé cette opportunité, en Algérie, pour le développement en commun d’une plate-forme d’assurance de per-sonnes, mais je ne sais pas si nous pour-rions refaire la même expérience ailleurs, car nous devons, avant tout, nous concentrer sur les enjeux locaux. L’enjeu est de développer le marché algérien des assurances de personnes qui est très vaste et, aujourd’hui, une partie seule-ment du prisme est travaillée. Il y a nom-breux types de produits pouvant être dif-fusés plus largement.

M. Pierre Olivier Adrey, DG d’AMANA Assurances

« Nous savons comment reproduire les modèles de réussite existants » AMANA Assurances est une société mixte spécialisée dans les assurances de personnes. Elle a été créée dans le cadre d’un partenariat entre la SAA et la MACIF française et 2 banques locales (BADR et BDL), pour développer la branche des assurances de personnes et la croissance globale du secteur. Son Directeur général, M. Pierre Olivier Adrey, explique dans cet entretien comment il compte rééditer en Algérie le succès de la MACIF en France. Il évoque également l’importance et l’apport des assurances de personnes au développement de l’économie en général.

Entretien réalisé par Ali Mebarki

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Le plus important est d’atteindre le public à travers des campagnes de communi-cation de dimension pédagogique avec les consommateurs algériens qui ne considèrent pas, d’habitude, l’assurance dans leur univers de besoins classiques.Notre travail consiste à expliquer aux gens qu’on peut les aider à passer des périodes difficiles et, à ce titre, on orga-nise, par exemple, des journées de pré-vention des accidents domestiques pour informer le grand public sur les moyens d’éviter ou de réduire les risques. C’est un vecteur primordial de développement de la branche des assurances de per-sonnes et il faut se montrer convaincant vis-à-vis du grand public qui doit com-prendre qu’un assureur peut lui simplifier la vie. S’il y a des aléas qui surviennent, comme un décès d’un chef de famille par exemple, il y a des chèques qui sont transmis aux héritiers pour qu’ils puissent s’occuper de la famille pendant quelques années et pour que la vie ne s’arrête pas après un drame.

Quelles sont les mesures à prendre pour contribuer davantage à l’écono-mie nationale ?

En tant qu’assureur, on sait comment re-produire les modèles de réussite exis-tants à condition que l’Etat décide un jour de créer un cadre fiscal intéressant pour les personnes qui désirent économiser une partie de leur rémunération. On sait expliquer l’intérêt de ce geste. L’Etat agit sur le cadre fiscal pour qu’il y ait plus d’épargnants. Si le client est certain que les règles de l’investissement resteront inchangées, il investira plus d’épargne, y compris dans la Bourse. Et si de nou-velles sociétés s’introduisent en bourse, les assureurs, aussi, pourront y participer en investissant l’épargne des clients.Il peut y avoir d’autres incitations, comme la redistribution d’intérêts, qui sont néan-moins peu élevés à l’heure actuelle. Les compagnies d’assurance se déve-loppent, en général, au rythme de l’accès de la population à un certain niveau de vie. Si les Algériens possèdent des mai-sons et accèdent à des emplois stables, ils souhaiteront continuer à acquérir du patrimoine engendrant un besoin de pé-rennité. Cette vision, à long terme, per-met, donc, de ne pas vivre uniquement au jour le jour. Tout cela va créer un cycle vertueux.Les gens vivent au quotidien et ils ne pensent pas souvent à épargner pour leur retraite future car le régime social actuel est généreux en offrant 80 % du dernier salaire au moment de la retraite. Le futur retraité peut trouver que c’est un bon niveau, mais il pourrait aussi réflé-chir qu’en économisant pendant 20 ans 500 DA par mois par exemple, il aurait pu se constituer un complément de retraite. Et c’est ainsi que les retraités vont dé-sormais pouvoir disposer d’une retraite complémentaire à côté et maintenir un niveau de vie acceptable le jour de la re-traite et vont sécuriser leur vie qui devient de plus en plus longue.Le marché de la retraite peut être, désor-mais, développé par des mutuelles so-ciales qui proposeront bientôt des com-plémentaires retraites. Dans la nouvelle loi, les assureurs de personnes pourront aussi proposer le produit retraite complé-mentaire. Nous maitrisons l’ingénierie pour mettre en place les mécanismes

techniques mais il faut obtenir des inté-rêts qui soient attractifs et, dans l’état actuel des choses, le cadre fiscal n’est pas encore optimisé. Ensuite, il faudra organiser des campagnes de communi-cation à destination du citoyen pour lui expliquer ces nouveautés.

Et les compagnies d’assurance, que font-elles ? Que peuvent-elles faire de leur côté ? Nous mettons actuellement l’accent sur la souscription des assurances complé-mentaires santé groupe.Les chefs d’entreprise, les œuvres so-ciales et les salariés des sociétés sont les trois acteurs qui peuvent mettre en place ensemble un contrat d’assurance collectif afin que les salariés aient accès à une meilleure protection, y compris pour les soins dentaires et la lunetterie car les frais ne sont pas remboursés en-tièrement par la sécurité sociale. La com-plémentaire santé peut prendre en charge le différentiel. L’assureur peut ainsi gérer la mutualité des assurés. Cette assurance est moins chère par rapport à l’individuelle. Ce type de cou-verture d’assurance représente un avan-tage social pour les sociétés qui ont be-soin de conserver le personnel qu’elles ont contribué à former et qui ne veulent pas voir leurs collaborateurs partir chez les concurrents. Ainsi, les employés au-ront, aussi, envie de rester dans la socié-té car le cadre social proposé par l’em-ployeur sera de bonne qualité. On peut enfin considérer que la mise en place de ce type de contrat d’assurance renforce les valeurs du bien-être au travail.

Quelle est votre cible immédiate ?La cible immédiate est l’assurance santé collective, mais il faut innover en propo-sant de nouvelles gammes de produits et en développant les capacités des ré-seaux de distribution à l’usage des ci-toyens qui résident loin d’Alger et qui ne sont pas tous employés dans les grandes entreprises du nord de l’Algérie.

A.M.

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M. Mohamed Yahiaoui, DG de la MAATEC-Assurance

Revue de l’ASSURANCE : Que pen-sez-vous de l’apport du secteur des assurances à l’économie nationale ? Constitue-t-il une source de crois-sance économique ?M. Mohamed Yahiaoui : La croissance économique représente un enjeu de pre-mière importance pour les pouvoirs pu-blics, qui tablent sur une augmentation soutenue, sur une période moyenne ou longue, de la production de biens et de services, pour répondre aux besoins

croissants de la société, en matière d’éducation, de santé, d’habitat, etc. Le secteur des assurances peut être, juste-ment, un des moteurs de la croissance économique, surtout en ces moments marquées par une chute spectaculaire des prix du pétrole.Qu’est ce qui pourrait motiver les pou-voirs publics à miser sur un secteur des assurances, qui pèse moins d’un pour-cent dans le Produit intérieur brut (PIB) et réalise un chiffre d’affaires d’à peine 1,2 milliard de dollars par année, me diriez-vous ? D’abord, parce que les assu-rances jouent un rôle primordial dans la protection des personnes et de leurs biens, et la protection du patrimoine des entreprises contre les risques liés aux incertitudes de la vie. Les assurances sont des accompagnateurs indispen-sables pour les investisseurs et les entre-preneurs qui ne peuvent pas prendre le risque de perdre leur patrimoine sans avoir droit à une indemnisation, ce que justement les assureurs leur garan-tissent. En plus du versement des indemnisa-tions, les primes collectées par les assu-reurs sont également investies dans le financement de l’économie par le biais des dépôts bancaires, l’achat des bons d’Etat, les acquisitions immobilières, les

prises de participation dans les entre-prises, et bien sûr le paiement au budget de l’Etat des impôts et taxes liées à l’exercice de l’activité.Par ailleurs, la faiblesse du chiffre d’af-faires actuel du secteur est conjonctu-relle et ne reflète pas le potentiel réel du secteur qui recèle des gisements impor-tants qui demeurent à ce jour sous-ex-ploités. C’est ces marges de progression qui poussent les grands acteurs du mar-ché mondiale des assurances à vouloir investir en Algérie.C’est vous dire que le secteur des assu-rances constitue un bon relai de crois-sance. Historiquement, il a été un facteur de progrès économique et social indé-niable.

Le chiffre d’affaires du secteur des assurances reflète-il le potentiel du marché ?L’année dernière, le secteur national des assurances a réalisé un chiffre d’affaires global de près de 120 milliards de dinars, contre 114 milliards de dinars en 2013. C’est un marché en progression constante avec une croissance à deux chiffres, même si durant l’année 2014 la croissance du secteur est tombée à 7%. Mais, En valeur, le chiffre d’affaires du secteur a continué à progresser.

Entretien réalis par Massi Badis

«La faiblesse du chiffre d’affaires actuel du secteur est conjoncturelle et ne reflète pas le potentiel réel du secteur»La Mutuelle d’Assurance Algérienne des Travailleurs de l’Education et de la Culture (MAATEC-Assurance), est une société d’assurances à but non lucratif. Créée par arrêté présidentiel le 29 décembre 1964, elle dispose d’un capital expérience de plus d’un demi-siècle, qui la prédispose à jouer un rôle de premier plan dans le développement du marché nationale des assurances en particulier, et de la croissance économique du pays en général, comme l’explique, dans cet entretien son Directeur général, M. Mohamed Yahiaoui.

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Toutefois, le secteur peut faire mieux que ça et largement, car le potentiel du mar-ché est autrement plus important. Les possibilités de développement du sec-teur sont énormes. Certaines branches comme les assurances de personnes et les assurances d’entreprises demeurent largement sous-exploités.Les compagnies d’assurances font des efforts soutenues pour développer ces branches d’assurances, et elles doivent continuer à le faire. Dans le même contexte, ça serait bien d’élargir le bénéfice de la bancassurance

aux mutuelles d’assurances et leur per-mettre également d’accéder aux services des intermédiaires d’assurances (délé-gués généraux d’assurance DGA), au lieu et places des Agents généraux d’as-surances et des Courtiers d’assurances.Actuellement, les sociétés d’assurances à caractère mutuel participent à hauteur de 7% dans le chiffre d’affaires du sec-teur. Notre ambitionnons bien sûr de contribuer davantage au développement du secteur et de l’économie nationale en générale. C’est notre plus grand souhait.

Comment votre compagnie contribue-t-elle à la croissance de l’économie nationale et par quels mécanismes et outils les assureurs participent-ils au développement économique du pays? La Mutuelle d’Assurance Algérienne des Travailleurs de l’Education et de la Culture (MAATEC-Assurances) contribue à la croissance de l’économie nationale par sa production de services de protec-tion de qualité qu’elle propose aux assu-rables (sociétaires). Tout comme les autres sociétés d’assurances, la MAA-TEC-Assurance participe positivement à la croissance et au développement du secteur des assurances, et sa contribu-tion dans le PIB s’affiche clairement à travers sa valeur ajoutée.

Comment booster l’apport des assu-rances dans le financement de l’éco-nomie ?Le secteur des assurances peut partici-per pleinement et de manière décisive à relever le niveau de la croissance écono-mique nationale. Les possibilités sont réelles, la volonté existe tant au niveau des pouvoirs publics que des acteurs du marché. Toutefois, pour atteindre cet ob-jectif, on a besoins de conjuguer nos ef-forts et nos actions.

Existe-t-il des branches d’assurances qui sont sous exploitées et pourquoi à votre avis ?Comme je l’ai dit précédemment, il y a de réelles possibilités pour réaliser une croissance encore plus soutenue du sec-teur. Si on prend seulement les deux branches des assurances de personnes et des as-surances d’entreprises, il y a effective-ment de quoi assurer grandement le dé-veloppement du secteur, voir multiplier, à court et moyen terme, par deux à trois le chiffre d’affaires actuel du secteur. Mais pour atteindre cet objectif, qui j’en suis convaincu est à la portée des acteurs du marché, il ne suffit pas d’exprimer des souhaits, nous avons besoins d’agir en-semble, de s’entraidé afin de faciliter l’évolution du secteur.

M.B.

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M. Djilali Tariket, PDG de la Compagnie Algérienne de Garantie des Exportations (CAGEX)

Revue de L’ASSURANCE : Quel est l’ap-port de l’assurance des exportations hors hydrocarbures à l’économie natio-nale ? M. Djilali Tariket : L’apport de l’assurance-crédit à l’exportation à l’économie se recon-nait à travers la visibilité et la sécurité qu’octroie la CAGEX aux exportateurs, par rapport aux clients étrangers, d’une part, et à travers les financements consentis par les banques sous le couvert de l’assu-rance-crédit ainsi qu’à travers les indemni-sations octroyés par la CAGEX en cas d’impayés, d’autre part.

Que pèse ce marché en moyenne ?Le marché de l’assurance-crédit à l’expor-tation est chroniquement marginal en rai-son de la part qu’occupent les exportations hors hydrocarbures dans la structure des exportations algériennes (à peine 3%).

Quelle est son évolution, d’annéeen année ?Les exportations hors hydrocarbures stagnent depuis des années et l’assurance-crédit à l’exportation, pareillement. Le po-tentiel pourrait être substantiel, si le dispo-sitif de l’assurance-crédit à l’exportation n’avait pas limité son champ d’intervention aux exportations hors hydrocarbures.

A combien sont estimées les pertes financières, en absence d’assurance dans ce domaine ?Les statistiques ne sont pas disponibles. Mais, ça se chiffre à plusieurs millions de DA.

Aujourd’hui, il est confié à la CAGEX la mission de la notation. Quel en est le bénéfice pour le secteur de l’assurance et pour l’économie nationale ?La notation des entreprises est une nou-velle pratique en Algérie. La CAGEX est la première Compagnie à lancer ce produit au profit des banques. Cette notation permet de hisser les techniques d’analyse des risques de financement, en Algérie, au rang des standards internationaux, d’une part, et de procéder à l’examen des demandes des clients en temps record, d’autre part.

Le principal bénéfice consiste à financer les projets des entreprises de façon efficace et développer, ainsi, l’investissement et la création de la richesse.

Quel est l’intérêt à l’international ? Au-trement, qu’a-t-on à y gagner sur le plan économique ?A l’international, c’est un saut qualitatif su-périeur réalisé par nos banques pour être en conformité avec les normes relatives aux règles prudentielles.

Des résultats sur ce rating ?Jusqu’à aujourd’hui, on compte six banques clientes.

La CAGEX envisage-t-elle de lancer de nouveaux produits ? La CAGEX ne manque aucune occasion pour innover. Le prochain projet sera le lan-cement d’une police d’assurance cautions internationales au profit des banques.

Quelles sont les perspectives de déve-loppement de la CAGEX ?Les perspectives de développement de la CAGEX sont réelles si l’environnement de l’exportation et les dispositifs d’encourage-ment venaient à s’améliorer pour booster l’activité export. Je vise, là, la valorisation du dispositif de l’assurance-crédit à l’expor-tation de l’ordonnance 96-06 avec celui, lié aux flux de capitaux de et vers l’étranger, de l’ordonnance 96-22 complétée et modi-fiée.

A.M.

Entretien réalisé par Asma Malak

« Les exportations hors hydrocarbures stagnent depuis des années et l’assurance-crédit à l’exportation, pareillement »Créée en 1995 afin d’accompagner les exportateurs à l’international, la CAGEX a développé une solide expertise dans la connaissance des risques pays et acheteurs qui lui permet de prévenir les risques d’impayés. Son PDG, M. Djilali Tariket présente, dans cet entretien, l’intérêt et l’apport de son dispositif à l’économie nationale.

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Revue de L’ASSURANCE : Quels sont les principaux axes d’intervention de la CCR dans l’accompagnement du processus du développement écono-mique? M. Hadj Mohamed Seba : La CCR est une compagnie de réassurance qui a pour vocation de fournir les protections nécessaires aux compagnies d’assu-rance composant le marché national. Celles-ci, et grâce aux capacités de

souscription permises par la réassu-rance, en plus de celles dont elles dis-posent en propre, offrent aux agents éco-nomiques (entreprises et ménages) des produits divers dont le contenu est de deux natures : La première consiste dans les produits qui garantissent un certain niveau de revenu, la deuxième est repré-sentée par les produits qui protègent les patrimoines.Ces produits d’assurance, on le voit bien, rendent le coût de l’entreprenariat et de la vie sociale des familles moins coûteux et moins aléatoires. C’est par ce moyen de sécurité financière que l’activité d’as-surance soutient le développement so-cial et la croissance de l’économie natio-nale.En apportant aux compagnies d’assu-rance algériennes, les capacités de réas-surance requises pour répondre aux besoins des acteurs économiques natio-naux en cette matière, la CCR agit comme un acteur de consolidation et de renforcement de l’offre d’assurance mise à la disposition de l’économie nationale.Pour la CCR, ce rôle est primordial mais, n’est pas le seul. Sa position de réassu-reur du marché national lui donne égale-ment à remplir une double fonction, par ailleurs commune aux compagnies du

secteur des assurances, à savoir, contri-buer au financement de l’investissement à travers les placements bancaires et fi-nanciers, d’une part, et limiter le recours à la réassurance étrangère par l’optimi-sation de la rétention nationale des primes d’assurance, d’autre part.

Comment renfoncer le rôle des socié-tés de réassurance dans le finance-ment de l’économie nationale ? Le rôle des sociétés de réassurance dans l’économie peut être pensé sur deux volets essentiels qui sont eux même des vecteurs par lesquels l’activité d’as-surance et de réassurance agit sur les performances économiques d’un pays. Le premier concerne la génération des ressources nécessaires au financement des dommages causés par des événe-ments assurés qui peuvent affecter l’outil de production de l’économie ou les reve-nus des entreprises et ménages.Le deuxième étant la génération des res-sources pour alimenter la demande na-tionale en capitaux d’investissement.Le renforcement de la vocation des so-ciétés d’assurance et de réassurance, comme source de financement interne de l’économie, tient à des facteurs aussi bien internes qu’externes à ces sociétés.

M. Hadj Mohamed Seba, PDG de la CCR

« Les risques d’entreprises au cœur de l’effort de la CCR pour la diversification des produits de réassurance »M. Hadj Mohamed Seba, Président directeur général de la Compagnie centrale de réassurance (CCR) analyse, dans cet entretien, l’appui du secteur des assurances au développement économique. En apportant aux sociétés d’assurance les capacités de réassurance, la CCR agit, selon son premier responsable, comme un acteur de consolidation de l’offre d’assurance mise à la disposition de l’économie nationale.

Entretien réalisé par Zakia Aïnouche

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En interne, la solidité financière et l’ex-pertise technique sont les deux para-mètres qui conditionnent et l’étendue et la qualité de l’appui apporté par les so-ciétés d’assurance et de réassurance au financement de l’économie. C’est dans cet ordre d’idées que sont intervenues en 2011, l’augmentation du capital minimum des compagnies d’assurance et de réas-surance et la capitalisation des grandes sociétés publiques d’assurance (y com-pris la CCR). Mais il convient de retenir que le volume des ressources de financement de l’éco-nomie en provenance du secteur des assurances évoluera en fonction de la croissance de l’activité d’assurance elle-même. En fait, c’est sur la base des primes générées par le marché des as-surances que les sociétés d’assurance irriguent les marchés bancaires et finan-ciers en capitaux d’investissement. En externe, le développement du marché financier, et surtout la diversité des pro-duits qu’il peut offrir, est un élément im-portant sur lequel repose le développe-ment d’un certain nombre de branches d’assurance notamment les assurances de capitalisation. Le système fiscal peut, également, apporter des incitations de nature à renforcer le recours à l’assu-rance comme moyen d’épargne.

Par rapport aux marchés maghrébin et africain, quelle place pour la réas-surance en Algérie? L’activité de réassurance est intimement liée à l’assurance dans ce sens où c’est celle-ci qui en constitue, à la fois, la source et la destination. A mesure que l’assurance se développe, le besoin de réassurance suit la même tendance. La complexité des risques charriée par le progrès technologique des temps mo-dernes a produit des besoins supplé-mentaires de réassurance liés non pas à l’étendue des risques mais à leur inten-sité et leurs cumuls.En Algérie, la CCR s’emploie à répondre à la demande de réassurance du marché national en prestant une qualité de ser-vice à la hauteur des attentes de sa clien-tèle. Pour autant, la CCR n’est pas le

seul fournisseur de réassurance aux compagnies algériennes, puisque celles-ci font également appel aux réassureurs étrangers qui sont, ainsi, mis en compéti-tion avec la CCR.Il faut dire également qu’en l’état actuel des capacités nationales de réassu-rance, le recours à la réassurance étran-gère, demeure nécessaire, dans une cer-taine mesure, notamment pour les risques de pointe tels les corps d’aéro-nefs, les navires, les installations pétro-chimiques ou encore les risques de ca-tastrophes naturelles.Le benchmarking maghrébin et arabe sur les marchés de réassurance de ces deux régions, classe la CCR, au titre de l’exer-cice 2013, au premier rang au niveau magrébin et au quatrième rang au niveau arabe, du point de vue des Fonds propres. Elle est classée deuxième, du point de vue de la profitabilité dans le monde arabe. Les sociétés africaines ne sont pas encore «benchmarkées».

Qu’en est-il de la gestion des risques au sein des entreprises algériennes, notamment privées et quelles sont les dispositions de la CCR pour sensibili-ser les opérateurs économiques (les PME et TPE, entre autres) sur cette question ? Le secteur de la petite et moyenne entre-prise constitue une niche d’avenir pour les compagnies d’assurance algériennes qui y travaillent, à des dégrées divers.

En vue de promouvoir une meilleure ex-ploitation du potentiel d’assurance lié à ce secteur, la CCR initie, chaque année, des actions de communication ou de for-mation, en collaboration avec les socié-tés algériennes d’assurance et ses parte-naires étrangers, sur des thèmes en relation avec les risques d’entreprises PME et TPE.La CCR n’ayant pas des relations d’af-faires directes avec des acteurs écono-miques, l’objectif de la CCR consiste à agir indirectement sur le développement de la couverture d’assurances des PME en apportant aux assureurs de la place d’Alger, les produits, l’assurance tech-nique et le support financier destinés à répondre à la demande des PME-PMI.Plus généralement, les risques d’entre-prises sont au cœur de l’effort de diversi-fication des produits de réassurance que la CCR continue à déployer à travers la couverture des risques nouveaux (perte d’exploitation anticipée, par exemple) ou venir (risque de réputation). Mais ces ef-forts doivent être nécessairement ac-compagnés par des efforts parallèles de promotion de la culture du risque au sein des entreprises. Cette culture consiste à intégrer les risques comme un élément de gestion qui a un coût et des tech-niques de traitement appropriées, notam-ment la prévention, la protection et l’as-surance.

Z.A.

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Revue de L’ASSURANCE : Quelle est votre appréciation sur la contribution de la CNMA à l’agriculture et à l’éco-nomie générale du pays ?M. Cherif Benhabiles : La Caisse Natio-nale de Mutualité Agricole est impliquée dans le développement économique et social en accompagnant les mutations majeurs de l’agriculture ainsi que les agriculteurs eux-mêmes dans leur prise de risques. En milieu rural - lieu de prédi-lection de la CNMA - c’est l’activité agri-cole qui est à la base du développement économique et social. C’est donc l’agri-

culteur qui constitue la clé de la réussite des projets et programmes destinés à promouvoir les zones rurales, et par conséquent, c’est sur la famille rurale que doivent se concentrer les efforts d’in-formations, d’assistance et de formation. Il s’agit surtout de lui faire comprendre quels sont les avantages des pratiques actuelles sur la terre, sur son mode de vie et de le mettre en état d’accepter les risques liés à l’introduction des innova-tions et d’acquérir les compétences né-cessaires pour les appliquer.La nouvelle approche de la CNMA est essentiellement basée sur deux axes stratégiques, la modernisation des assu-rances agricoles et le renforcement de la mutualité rurale de Proximité. Ces deux axes s’articulent autour d’un certain nombre de points stratégiques orientés vers le développement des activités éco-nomiques dont principalement la couver-ture agricole. De notre point de vue stratégique, la mo-dernisation des assurances agricoles se fera à travers la mise en place d’un sys-tème assurantiel destiné aux petits agri-culteurs à savoir la «Micro-Assurance», levier de développement pour la sécurité alimentaire, ainsi que le développement de services à caractère socio-écono-miques, pouvant constituer un relais né-cessaire à la redynamisation d’activités rurales agricoles.

Cette démarche favorisera une intégra-tion plus efficace de la Caisse aux pro-grammes liés au développement durable dans toute sa complexité dont le déve-loppement des zones rurales, Principale cible de la CNMA (partenariats associatif, collaboration organismes internationaux, etc.).La Caisse Nationale de la Mutualité Agri-cole a été parmi les premiers organismes à manifester un vif intérêt pour le renou-veau de l’économie agricole rurale, car elle opère depuis des années dans un secteur stratégique, l’agriculture, un sec-teur à risque, notamment au vu des aléas climatiques, ce qui lui a permis de déve-lopper les assurances agricoles par la mise en place de nouveaux produits des-tinés à la sécurisation des revenus des agriculteurs , on cite en exemple l’assu-rance «Perte de Revenus» destiné à sé-curiser les revenus des agriculteurs et a protéger son patrimoine contre des Aléas principalement climatique.

Ce qui revient à dire que l’assurance accompagne l’agriculture avant même le début de son investissement ?L’agriculteur aujourd’hui est avant tout un chef d’entreprise, il doit donc posséder les mêmes capacités que n’importe quel autre chef d’entreprise.

Entretien réalisé par Ali Mebarki

M. Cherif Benhabiles, DG de la CNMA

« L’Agriculture s’est modernisée grâceà l’Assurance »Spécialisée dans les assurances agricoles, la Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA) offre une panoplie de services à une clientèle composée de la population agricole et rurale. Son Directeur général, M. Cherif Benhabiles explique, dans cet entretien, comment la Mutualité Agricole soutient le développement du secteur agricole et l’économie de manière générale.

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Dossier : Contribution des Assurances à l’Economie

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Le contexte concurrentiel dans lequel évolue désormais l’économie nationale, lui impose la connaissance des tech-niques agricoles, du marketing, et de la gestion financière. Il est soumis aux mêmes risques pour tout un chacun, dans sa personne, sa famille, dans ses biens, ou comme responsable de dom-mages causés à autrui. A ce titre, il souhaite des garanties qui le protègent suffisamment, donc il est es-sentiel de lui fournir un ensemble ex-haustif de prestations, si l’on veut que les possibilités d’accroissement de la pro-ductivité se traduisent en une réalité commerciale.La mutualité agricole se positionne comme un «Assureur Conseil», soucieux d’aider les agriculteurs à identifier et à maitriser les risques de leurs métiers et de leurs exploitations. L’objectif est de les aider à intégrer les mesures de sécu-rité préconisées dans le cadre de leurs activités. Aussi, avec son réseau de 66 Caisses Régionales et de 396 Bureaux Locaux, la Caisse œuvre pour le succès d’une approche nouvelle basée sur la mise en place d’une stratégie de déve-loppement de produits d’assurance spé-cifiques aux filières agricoles ainsi que l’élargissement de ses actions en matière des assurances de personnes pour tou-cher les ménages ruraux qui restent dé-munis, pour la grande majorité de toutes couverture contrairement aux travailleurs des autres secteurs dans les zones urba-nisées.

Quelle sont les capacités développées et mises en œuvre par la compagnie pour accompagner l’agriculteur ?La politique de services mise en place par la mutualité agricole actuellement a pour objectif primordial le traitement des contraintes des acteurs du monde rural en innovant à travers l’élaboration de produits d’assurances type «Perte de Revenus».Cette stratégie contribue à réduire la vul-nérabilité des ménages ruraux modestes; à protéger les ruraux contre les risques liés à la santé, aléas climatiques, et les pertes d’exploitation.

Dans les pays en voie de développe-ment, la grande majorité de la population agricole n’a pas accès au système ban-caire. Ces systèmes ont pour objectif de lutter contre la pauvreté par le biais de prêts dans le cadre d’activités produc-trices de revenus et d’émancipation des pauvres et plus particulièrement les femmes.La CNMA, depuis sa création, ne cesse de répondre aux besoins des agriculteurs en produits d’assurances adaptée à leurs besoins. Plus de 70 produits sont com-mercialisés par le réseau de notre Caisse.

Comment parvenez-vous à répondre au besoin de soutenir la stratégie gou-vernemental dans un secteur aussi stratégique que l’agriculture ?La CNMA est un des instruments du mi-nistère de l’agriculture lequel, à travers le segment assurance ne fait que participer efficacement au développement de tout le secteur par le renforcement de la mu-tualité agricole de proximité et la mise en place de mécanismes de proximité. La Caisse apporte son aide matérielle et met à profit ses experts qui, participent à la sensibilisation et la vulgarisation sur le terrain et, sur place, dans les fermes. Ce type de rencontres entre professionnels deviendra avec le temps, une habitude et l’agriculteur ne restera pas isolé. Il peut prendre conseil auprès de nos experts vétérinaires et agronomes qui se dé-placent souvent dans les exploitations assurées, comme il va échanger avec son voisin une expérience ou une idée, parce que le contact sera établit entre eux à la faveur de ces journées. L’ambition de la CNMA est de figurer par-mi les plus fidèles accompagnateurs du monde rural notamment à travers son réseau de proximité qu’elle souhaite ar-demment rentabiliser au maximum, au profit des agriculteurs , en mettant à leur disposition son savoir- faire .L’objectif commun à terme est de sortir l’exploitant de son isolement et créer une dynamique d’échange entre exploitants d’une même région.

C’est dans cet esprit d’accompagnement de la réflexion et d’aide à la décision de l’exploitant agricole que la CNMA s’in-vestit dans le monde agricole et rural à travers des actions concrètes envers les agriculteurs pour une meilleure gestion des risques en agriculture.Nous citerons en exemple certaines ac-tions réalisés envers les exploitants agri-coles et éleveurs assurés auprès de notre réseau par la programmation de visites périodiques des installations au niveau des exploitations pour donner des conseils aux exploitants agricoles sur les modes de fonctionnement et d’entretien des moyens de production existants dans l’exploitation, des suivi de forma-tions actualisées par les exploitants agri-coles dont l’objectif principal réside dans la connaissance des normes d’élevages préconisées par les services vétérinaires ainsi que les aspects liés à la protection zoo sanitaire, les incitant ainsi au respect des «guides de prévention» élaborés par nos services techniques en partenariat avec les professionnelles du secteur. Des actions sont menées aussi envers les partenaires agriculteurs, et industriels investisseurs dans l’agro-alimentaire :Face au risque sanitaire et de contami-nation, la mutualité doit accompagner les agriculteurs les professionnelles de l’agroalimentaire avec une approche qui donne la priorité à la prévention.

Avez-vous des participations dans d’autres compagnies ? La CNMA a des participations au niveau de la CAGEX, de la BUA (Bureau Unifié Automobile Algérien), et de l’EHEA (Ecole des Hautes Etudes d’Assu-rances).Nous adhérons aussi à plusieurs organi-sations nationales et internationales, no-tamment le CNA, l’UAR, l’OAA (organisa-tion des assurances africaines), ICMIF (Fédération Internationale des Assu-rances Coopératives et Mutualistes), et l’UGAA.

A.M.

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Avis d’Expert

48 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

L’industrie des assurances sert, de prime abord, à couvrir des risques, une tâche désignée comme sa principale vocation, mais pas seulement car, elle est, aussi, un

agent actif et stabilisateur dans l’économie, de par sa participa-tion au financement de cette dernière et sa contribution au paie-ment de la dette extérieure du pays en injectant les primes col-lectées auprès des assurés.En effet, l’industrie de l’assurance est, là, à travers l’assureur, d’une part, pour protéger le patrimoine des sociétés et des par-ticuliers en prenant en charge la réparation des préjudices su-bis, et, d’autre part, de soutenir l’économie nationale en effec-tuant des placements dans divers volets à savoir l’achat d’actions, l’immobilier et autres... L’apport des assurances dans l’économie nationale est présent sur plusieurs fronts. Nous allons expliquer, ici, certains d’entre eux, à savoir : La contribution du chiffre d’affaires du secteur des assurances dans le PIB est de l’ordre de 0,69% en 2013 (hors acceptations internationales). Ce taux de pénétration qui marque une baisse en 2011, en passant de 0,67% en 2010 à 0,60%, est de nou-veau en hausse pour les années 2012 et 2013, car nous enre-gistrons 0,63% en 2012 et 0,69% en 2013. Ainsi, malgré une hausse assez importante du chiffre d’affaires du secteur des assurances en 2013 (13,8%) et en 2012 (14,7%), la hausse du PIB engendrée par les revenus élevés des hydrocarbures ra-mène la contribution des assurances dans le PIB à un ni-veau assez modeste (voir tableau N°1 et graphe N°1).

Tableau N°1 : Chiffre d’affaires et taux de pénétration

En milliers de DA

2010 2011 2012 2013*

Chiffre d’affaires 81,082 87,329 100,182 113,961

PIB 12 049,5 14 519,8 15 843,0 16 569,3

taux de pénétration 0,67% 0,60% 0,63% 0,69%

(*) chiffres issus des états trimestriels

En matière de règlement des sinistres, les sociétés d’as-surance ont consacré, en 2013, un montant d’environ 38,8 milliards de DA (estimation sur environ 82,6% du

marché) pour la réparation des divers préjudices subis par les assurés dans toutes les branches.En 2012, nous enregistrons un montant de 50,4 milliards de DA soit une hausse de 18,6% par rapport à 2011. L’évolution la plus importante durant ces quatre dernières années est surve-nue en 2011, année durant laquelle nous avons enregistré 20,1% de hausse en règlement des sinistres avec un montant de 42,5 milliards de DA La branche automobile garde une place prépondérante dans le montant global des sinistres réglés par les assureurs (voir tableau N°2 et graphe N° 2).

L’Assurance : agent actif et stabilisateur dans l’économiePar Chakib CHERIFI *

Tableau N°2 : Sinistres réglés

En milliers de DA

2010 2011 2012 2013*

Automobile 26 421 463 29 857 115 36 391 795 29 858 093

IRD 4 207 493 7 211 791 9 757 690 5 352 489

Transport 2 428 687 2 110 251 1 582 565 821 521

Agricoles 436 839 472 846 528 283 720 289

Ass.de Personnes 1 578 165 2 610 505 1 860 455 1 770 913

Ass. Crédit interne 301 180 237 653 278 952 237 389

TOTAL 35 373 827 42 500 161 50 399 739 38 760 694

Evolution -1,5% 20,1% 18,6% -23,1%

(*) Estimation à environ 82,6% des sinistres marché (chiffres issus des états trimestriels)

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Avis d’Expert

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 49

Les placements constituent la deuxième mission des assu-reurs, à savoir administrer des fonds en contrepartie de reve-nus financiers. Hormis les produits financiers générés par les placements, le but est de booster l’économie et contribuer au paiement de la dette à travers les dépôts à terme, les valeurs d’Etat, l’achat d’actions, etc. Le deuxième rôle de l’assureur est, donc, d’investir et de financer l’économie nationale avec une partie importante des primes perçues par les assurés.A ce titre, les placements disponibles par les assureurs, en 2013, sont de l’ordre de 184 milliards de DA, dont 95% sont is-sus des assureurs dommages. Ceci est dû au fait que les assu-rances dommages représentent 93,3% du marché, durant cette même année. Si nous observons le cas des pays où les assurances vie do-minent le marché, la capitalisation est plus ambitieuse, à plus d’un titre, du fait que l’épargne collectée est mise à la disposi-tion de l’assureur sur le long terme, contrairement aux pays où la branche non-vie domine. Les placements signent une évolution de 9,4%, en 2013. Tou-tefois, cette hausse reste faible par rapport à l’évolution des années 2012 et 2011 avec des taux respectifs de 20,7% et 17,9%.En effet, les placements disponibles à l’investissement et au fi-nancement de l’économie nationale représentent une contribu-tion de 3,3% en 2013 et 3,4% en 2012. Cette contribution pour-rait être plus significative si le taux de pénétration était plus élevé ou les marchés financiers et boursiers étaient plus actifs (voir tableau N°3 et graphe N°3).

Tableau N°3 : Placements

En milliers de DA

2010 2011 2012 2013

Placements des assureurs disponibles à l’investissement 118 502 459 139 689 454 168 313 890 184 065 212

INVEST. Nat. (Accumulation Brute de Fonds Fixes) 4 350 922 300 4 617 702 800 4 978 100 000 5 638 369 200

TAUX DE CONTRIBUTION 2,7% 3,0% 3,4% 3,3%

• En sus de leur participation dans les volets cités ci-dessus, les assureurs apportent un appui dans l’emploi. D’ailleurs, le sec-teur emploie 14 228 personnes, en 2013, représentant 0,19% de la population active occupée (catégorie des salariés) pour la même année engendrant, ainsi, une masse salariale d’envi-ron 14,5 milliards de DA (voir tableau N°4).

Tableau N°4 : Ressources humaines

2010 2011 2012 2013

Effectif 12 873 13 051 13 889 14 228

Masse salariale(en milliers

de DA)9 945 541 12 193 705 14 465 509

En somme, le secteur des assurances demeure une industrie de développement sur le long terme et reste, sans doute, un repère de progrès pour l’économie algérienne, en amont et en aval. De la sorte, elle est matérialisée par le devoir de protec-tion, en premier lieu, et le support, en second lieu. Par consé-quence, un développement mutuel des assurances vie, du mar-ché financier et boursier pourrait être un atout pour enrichir le financement de l’économie.

La population active occupée « au sens du Bureau International du Travail » comprend les personnes (âgées de 15 ans ou plus) ayant travaillé (ne serait-ce

qu’une heure) au cours d’une semaine donnée (appelée semaine de réfé-rence).

* Cadre supérieur au CNA

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Evénement

50 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Journée d’études organisée en mars 2015 par le CNA

Cette journée d’études animée par le professeur Chitti Mohand, Docteur d’Etat, enseignant universitaire

(UMM, Tizi Ouzou) et à l’INSAG, a été l’oc-casion pour les responsables RH des so-ciétés d’assurances ainsi que les Direc-teurs SI de passer en revue le lien névralgique entre la ressource humaine et le système d’information. De son côté, le professeur Boukhalfa Ka-mel, Docteur d’Etat, enseignant universi-taire (USTHB, Alger) a animé une confé-rence-atelier en axant sur le volet système d’information en le situant dans le domaine de la ressource humaine et ce, dans le cadre de l’atelier sur la thématique «Un atout dans l’optimisation de la GRH au ser-vice de l’entreprise».En sus de la présentation du Système d’In-formation des Ressources Humaines (SIRH), l’occasion a été saisie, notamment, pour montrer les multiples choix technolo-giques qui s’offrent à l’entreprise et les contraintes d’urbanisation qu’elle doit gé-rer.A ce titre, M. Chitti a décrypté les liens entre RH et SI à l’état moderne de la gestion des entreprises, celles du secteur des assu-rances, entre autres. Il a, en résumant, re-levé que la Ressource humaine est vaste et complexe dans la gestion du fichier du per-sonnel, base de données multiples, dont l’historique est assis sur plusieurs volets : temps et activités, paie, rémunération et masse salariale, recrutement formation, hygiène et sécurité, postes et emplois, rela-tions professionnelles, gestion prévision-nelle… Y répondre, en substance, en fai-sant face aux résistances aux changements

par la simplicité, l’efficacité et la qua-lité qui sont néces-saires à la perfor-mance en matière de ressources hu-maines. Lors du débat proli-fique qui s’en est suivi, il est souligné, entre autres avan-tages d’un SIRH, le fait avéré qu’il permet, entre autres, d’intro-duire, d’extraire et d’analyser des données dans un format commun et efficace ; avec des fonctionnalités multiples dont la ges-tion électronique des processus métiers ou Workflow (flux de travail), le portail d’entre-prise (l’outil de communication -portail in-tranet-), etc. De son côté, M. Boukhalfa, tout en rappe-lant qu’ «un Système d’Information Res-sources Humaines (SIRH) est un système gérant un ensemble de briques logicielles permettant d’automatiser un certain nombre de tâches liées à la gestion des ressources humaines et d’en assurer le suivi», a fait ressortir les différentes fa-cettes de ce qu’offre le marché à l’échelle Web (comparateurs de SIRH, etc.).Il est à noter, enfin, que la riche journée d’études a été conclue par nombre de re-commandations et conseils. En vrac et en résumé, il s’agit de l’utilité de la méthodolo-gie dans le pilotage de projet lié au SIRH et du développement (après fine observation et analyse de l’existant) de l’outil perfor-mant y afférent (choix de la meilleure mé-thode pouvant être employée et déployée)

; implication de tous les acteurs concernés et capitalisation des outils ; communication et amélioration continue ; etc.

* Cadre dirigeant au CNA

Par Younes Hamidouche *

Le Système d’Information des Ressources Humaines (SIRH) décrypté Une journée d’études a été organisée le 10 mars 2015 à Alger par le Secrétariat Permanent du Conseil National des Assurances (SP-CNA) sur le thème du « système d’information des Ressources humaines (SIRH) » dans le domaine des assurances.

Changement d’adresse du Conseil National des Assurances (CNA)

Le Secrétariat permanent du Conseil National des Assurances (CNA)

annonce le transfert de son siège à l’adresse suivante :

CNA, 1 Lot Saïd Hamdine, Bir Mourad Raïs, Alger, Algérie

Ses nouvelles coordonnées sont les suivantes :

Téléphone : +213 (0)21 60 52 74 à 76 Fax : +2013 (0)21 60 52 82

Ses coordonnées électroniques restent sans changement :

Email : [email protected] Site web : www.cna.dz

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Evénement

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 51

CASH Assurances crée, en partenariat, sa filiale d’assurances de personnes

«Officiellement, nous avons eu notre agrément suite à l’arrêté du 22 février 2015. Nous sommes en train de nous constituer, et si nous prenons en consi-dération les délais pour l’obtention du registre de commerce et de l’autorisation du ministère des Finances, nous serons fin prêts le mois de mai prochain», nous a confié Madame Nerdjes Talhi, conseil-lère auprès du P-DG de la CASH, char-gée du Technique et présidente du Conseil d’administration de la filiale AGLIC.Interrogée sur la répartition des actions de la nouvelle compagnie qui sera désor-mais domiciliée au centre d’affaires Al Qods, à Chéraga (Alger), Mme. Talhi a indi-qué que AGLIC est dotée d’un capital de 1 milliard DA. Elle est détenue à 42,5% par le partenaire koweitien Gulf Insurance Groupe (GIG), appartenant au holding Kuwait Investment Projects Company (KIPCO), 42,5% par la CASH Assurances et 15% par la BNA.Quant au choix du partenaire koweitien, notre interlocutrice a révélé que si AGLIC a mis du temps pour prendre corps (la régle-mentation en vigueur depuis le 1er juillet 2011 obligeant toute compagnie d’assu-rance à séparer les assurances dommages de celles des personnes), c’est que «les négociations n’étaient pas faciles à mener et à notre niveau, nous avons voulu un par-tenaire qui réponde à trois critères, à savoir le top management, le système d’informa-tion et l’innovation. Notre partenaire, connu d’ailleurs à l’échelle mondiale, était celui qui avait répondu à ces critères, lui qui est présent dans huit pays arabes dont

l’Egypte, Bahreïn…) ». Evoquant les perspectives de sa nouvelle compagnie, la présidente du Conseil d’ad-ministration de la filiale AGLIC dit qu’au commencement, sa compagnie va «se conformer» à la loi en vigueur qui déter-mine les opérations d’assurance à prati-quer pour une société spécialisée dans l’assurance des personnes. Autrement dit, «Notre objectif n’est pas de faire la concurrence pour faire de la concur-rence. Mais plutôt proposer des produits nouveaux et ce à partir des études que nous allons mener sur le terrain pour com-prendre les besoins des Algériens en la matière». Ayant la ferme conviction que le marché algérien de l’assurance des personnes est «très prometteur», mais «pas assez exploi-té», la responsable de AGLIC estime qu’il y a beaucoup à faire, notamment en matière d’assurance Santé. Selon elle, «l’étude de l’environnement économique et financier nous permet d’af-firmer que celui-ci est des plus favorables à l’épanouissement de la filiale d’autant plus

qu’elle dispose de différents avantages non négligeables, à savoir le savoir-faire du parte-naire étranger, le portefeuille de la CASH Assurances, l’ambition et la réputation des action-naires».Aussi, ajoute Mme. Talhi, «il faut prendre en compte le fait que le niveau de vie des Algériens n’est pas le même chez toutes les ca-tégories. Alors, forcément, leurs besoins en assurances ne sont pas les mêmes». Il est à ce mo-

ment nécessaire de connaitre les besoins des uns et des autres, soit «une segmenta-tion du marché» pour offrir à chaque caté-gorie socio-professionnelle le produit qu’il cherche. Pour la commercialisation de ses produits, AGLIC va s’appuyer, pour commencer, sur le réseau de la CASH existant sur le terri-toire national, ainsi que sur celui de son partenaire la BNA, en attendant de consti-tuer petit à petit son propre réseau dans l’avenir. Avec ce nouveau-né, la famille de l’assu-rance des personnes en Algérie est désor-mais composée de huit membres. Il s’agit de TALA Assurances (filiale de la CAAT), CAARAMA Assurances (filiale de la CAAR), CARDIF El Djazaïr (filiale de CARDIF), AMANA Assurances (filiale de la SAA), Ma-cir Vie (filiale de la CIAR), AXA Algérie As-surances Vie (filiale d’AXA Assurances Al-gérie) , Le Mutualiste (filiale de la CNMA) et AGLIC (filiale de la CASH).

S.K.

Par Samy Kaltoumi

Le lancement des activités d’AGLIC est prévu pour le mois de maiAlgerian Gulf Life Insurance Company (AGLIC), filiale de la CASH, et spécialisée dans l’assurance des personnes (AP) a obtenu le 22 février dernier son agrément du ministère des Finances et compte commercialiser ses activités le mois de mai prochain.

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Evénement

52 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

La cérémonie d’inauguration s’est déroulée en présence des autori-tés locales, des membres du

Conseil d’administration de TALA Assu-rances, ainsi que des cadres des sec-teurs assurances et banques de la ré-gion. Dans son discours inaugural, le DG de TALA Assurances, M. Nacer Aberhouche a fait savoir qu’il s’agissait, avant tout, d’un défi qu’il fallait relever : «Gérer la mise sur rails d’une agence d’assurances tout en étant à 800 km plus loin n’est pas chose aisée. Mais voilà, nous y sommes parvenus et ce, grâce évidement à la contribution des personnes qui étaient sur place. Je tiens par ailleurs à préciser que cette agence est dédiée aux gens de Ouargla, puisqu’elle sera désormais diri-gée par les enfants de la région», a-t-il déclaré.«Si nous sommes présents, aujourd’hui à Ouargla, c’est d’abord pour partager la culture de l’assurance avec nos conci-toyens de la région, mais, aussi, former les jeunes et leur transmettre un métier. Car cette agence va employer une demi-douzaine de personnes, tous du Sud, et ce dans la perspective de faire promou-voir cette agence en une direction régio-nale dans le cadre d’un plan qui s’étale sur trois ans», a encore tenu à souligner M. Aberhouche.

Le directeur de l’agence TALA Assu-rances, M. Abdelhadi Chabani, que nous avons interrogé en marge de la cérémo-nie d’ouverture, a exprimé sa joie et sa fierté de diriger la première agence d’une société d’assurances de personnes dans une wilaya du sud du pays. M. Chabani a plein de projets en tête. Il est déterminé à réussir dans sa mission de développer la culture de l’assurance dans la région et à séduire un plus grand nombre de personnes pour opter et adopter les produits de la compagnie qu’il représente. Cela passe, selon lui, par l’adoption d’une politique tarifaire in-téressante.

Evoquant les produits qui pour-raient intéresser le plus de clients, M. Chabani énumère l’as-surance Groupe, l’assurance Voyage, la retraite complémen-taire, l’assurance Décès et l’indi-viduel Accidents, étant donné que Ouargla compte beaucoup de chauffeurs-routiers.Ouverte au public il y a une di-zaine de jours à peine, l’agence TALA Assurances de Ouargla a déjà réalisé un chiffre d’affaires de 250.000 DA, grâce, notam-ment, à l’assurance Groupe.

Première société d’assurances de personnes à ouvrir une agence au sud du pays

TALA Assurances inaugure son agence à Ouargla en présence des autorités locales

De notre envoyé spécial à Ouargla, Samy Kaltoumi

La compagnie TALA Assurances (Taamine Life Algérie) confirme son statut de leader en matière de réseau de distribution, en inaugurant officiellement, le 15 février dernier à Ouargla, la première agence d’une société d’assurances de personnes dans le sud du pays.

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Evénement

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 53

TALA Assurances est une filiale de la CAAT, elle a dé-marré ses activités le 1er juillet 2011 avec seulement sept (7) employés, se rappelle M. Aberhouche. Actuel-lement, elle compte le plus grand réseau parmi les compagnies d’assurances de personnes dans le pays avec neuf (9) agences directes, déployées à travers les wilayas d’Alger, Oran, Tizi Ouzou, Annaba, Skikda, Béjaïa et Ouargla ; et emploie quelque 120 salariés.En outre, TALA Assurances travaille avec une tren-taine d’agents généraux à Constantine, Sétif, Tébes-sa, Batna, Oum El Bouaghi, Mila, Médéa, Relizane, Tiaret et Tlemcen. Son capital social de 1 milliard de dinars est détenu à 55% par la CAAT, 30% par le Fonds National d’inves-tissement (FNI) et 15% par la Banque Extérieure d’Al-gérie (BEA).

K.S.

D M. Abdelhamid Djezzar, Président de l’APC de Ouargla«Nous, en tant que collectivités locales, nous ne pouvons qu’être satisfaits d’une telle initiative. Ouvrir une agence spécialisée dans l’assurance de personnes à Ouargla est

une nouveauté qui contribue à introduire la culture de l’assurance dans notre société. Aussi, elle permet de créer de l’emploi et de la richesse pour lutter contre le chômage. Me concernant, je vais en-courager tous mes concitoyens à aller vers cette assurance et no-tamment les employés de la mairie, dont certains travaillent dans des conditions où le risque de se faire blesser est omniprésent. Aus-si, je suis prêt à voir le volet règlementaire qui me permettra de contracter une assurance groupée.»

M. Djelloul Bensaha, Chef de la Daïra de Ouargla«Nous avons tendance à négliger le rôle de l’assurance dans l’éco-nomie et dans la société. Or, elle a une grande place puisque c’est elle qui encourage les différents acteurs dans leurs activités. Pour ce qui est de l’initiative de TALA Assurances, je trouve que c’est un bon exemple à suivre par les autres compagnies. A ce que je sache, il s’agit, là, de la première inauguration officielle organisée par une agence d’assurance ou de banque. Cela fait sept (7) ans que je suis à Ouargla, en tant que chef de daïra, je n’ai jamais assisté à une cérémonie officielle de ce genre. Je leur souhaite beaucoup de réus-site et je les rassure que nous sommes disposés à les aider.»

Dr. Mohamed Kamel Abazi, Député de Ouargla«Si Tala Assurances, pour laquelle nous souhaitons la bienvenue, est aujourd’hui à Ouargla pour inaugurer son agence, la première de son genre dans le Sud du pays, ceci n’est pas le fait du hasard. Il faut savoir qu’Ouargla est un noyau historique, qui a une existence anté-rieure à celle de la Casbah d’Alger. Alors, moi je vous dis qu’en tant que ville de civilisation, la culture de l’assurance existe à Ouargla. Pour ce qui est de Tala, nous encourageons la population à aller vers cette compagnie qui s’est rapprochée d’eux. Avec notre présence, aujourd’hui et ici, nous faisons en sorte de dire que l’assurance est importante.»

Propos recueillis par Kaltoumi Samy

Ce qu’en pensent les responsables locaux?

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Evénement

54 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Désormais, un nouveau logo, le troisième depuis la création de l’entreprise en 2001, accompagné

d’un slogan «Votre protection est notre engagement» affichent les valeurs et les ambitions de la compagnie.

Evidemment, au-delà de l’aspect appa-rence sous cette nouvelle identité vi-suelle, c’est toute une stratégie mure-ment réfléchie qui vient d’être dévoilée.

L’annonce en a été faite, le 16 février der-nier, lors d’une cérémonie organisée par l’entreprise à l’hôtel Aurassi, par son Di-recteur général Administrateur, M. Ah-med Hadj Mahammed devant un parterre d’invités composés de professionnels du secteur, de responsables d’entreprises et de journalistes : «Je tiens à souligner que l’avènement de cette nouvelle identité vi-suelle de la Générale Assurance Médi-terranéenne constitue une des princi-pales étapes d’une stratégie de développement et de ressourcement ré-fléchie», a-t-il annoncé de prime abord. Le premier responsable de la compagnie a ensuite précisé, dans son discours, qu’il s’agit d’un «processus qui a pris en considération, durant ces deux dernières années, la consolidation progressive des paramètres de gouvernance» de l’entre-prise. Parmi ces paramètres, l’organisa-tion et l’expertise de la ressource hu-maine de la compagnie, une meilleure efficience de ses moyens, un nouveau

système d’information, le renforcement de la solvabilité et des actifs financiers de la compagnie et la mise à niveau de son réseau de distribution.

Des ambitions clairement affichées A travers cette démarche, la GAM, par la voie de M. Hadj Mahammed, se fixe des objectifs clairs et pas des moindres, à savoir l’atteinte de la satisfaction de ses assurés par des prestations de service performantes dans l’indemnisation des sinistres, une permanente adaptation au marché par des produits et des services innovants sur des supports des nouvelles

technologies de l’information, la densifi-cation de son réseau de vente et la mise en évidence de sa solidité financière. D’ailleurs, la GAM est détenue à 100% par un groupe financier international puissant, qui opère actuellement à l’échelle africaine, à savoir ECP (Emer-ging Capital Partners), lui-même déten-teur de participations dans 15 entreprises en Afrique.

Toute cette nouvelle dynamique va dans le sens de «la construction d’une image basée sur l’éthique, l’intégrité et une culture d’entreprise fondée sur ces prin-cipes», ajoute M. Hadj Mahammed.

La GAM Assurances se dote d’une nouvelle identité visuelle

Une nouvelle image pour un nouveau redéploiement sur le marché

Par Yasmine Farah

Signe d’une nouvelle stratégie affichant assurément la volonté d’un repositionnement sur le marché national des assurances, la Générale Assurance Méditerranéenne, plus connue sous l’appellation GAM Assurances, vient de se doter d’une nouvelle identité visuelle, mais pas seulement.

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Evénement

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 55

S’affirmer en tant qu’investisseur institutionnelLa GAM entend ainsi se doter d’atouts basés sur la bonne gou-vernance et lui permettant surtout de s’inscrire dans la durée sur le marché algérien, en vue de confirmer sa place et partici-per à un financement plus soutenu de l’économie nationale en sa qualité d’investisseur institutionnel. Pour Hadj Mahammed, il s’agit «d’un nouveau départ» et cette rencontre est une «affirmation de notre présence et disponibili-té sur le marché».

Une nouvelle Direction Innovation & DéveloppementConcrétisant ses ambitions dans le domaine de l’innovation, la compagnie vient en effet de mettre en place une nouvelle Direc-tion «Innovation et Développement» où beaucoup de projets se trouvent actuellement en maturation. Le premier responsable de la GAM a bien voulu dévoiler quelques-uns de ces projets, dont «la réparation en nature, la vente par internet, la création de centres d’expertise en association avec les concession-naires automobiles». Il prévient toutefois que la bonne marche de nombre de projets reste tributaire de l’évolution technolo-gique de l’environnement.Déjà, quelque 210 agences de la compagnie, implantées dans les quatre coins du pays, sont interconnectées par un serveur central permettant le traitement en temps réel des données. Ceci en vue de plus de proximité de ses assurés et un meilleur service à leur offrir.

Enfin, il est utile de savoir qu’avec près de 360 000 clients dans son portefeuille, la GAM offre 25 produits que commercia-lisent quelque 500 commerciaux en direc-tion des professionnels, entreprises et particuliers. Créée en 2001 par Arrêté du ministère des Finances lui permettant de pratiquer toutes les opérations d’assurance et de réassurance, la GAM, SPA (Société par actions) dotée d’un capital social de 2.747.500.000 de dinars, a été rachetée, en août 2007, par le groupe d’investisse-ment ECP.

Y.F.

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Reportage

56 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

En cette fin de journée, les agences d’as-surances des compagnies qui ont une pré-sence dans cette ville du sud du pays, ont toutes fermé leurs portes. Seules leurs enseignes, plus ou moins éclairées, per-mettent à tout nouveau venu de les repé-rer. On y voit la SAA, CAAR, CAAT, CRMA, 2A et TALA Assurances. Cette dernière est la seule société d’assurances de per-sonnes à s’y être installée.Avec une population d’un peu plus d’un demi-million d’habitants, la wilaya d’Ouar-gla, située au Sud-est du pays, représente un potentiel d’assurables non négligeable, s’agissant surtout des assurances obliga-toires. Mais en dehors, par exemple, de l’assurance automobile obligatoire, nos concitoyens du Sud sont-ils informés des multiples produits d’assurances qu’une compagnie d’assurances est susceptible d’offrir ? Qu’en pensent-ils des assurances ? Sont-ils intéressés ? Ceux qui ont eu af-faire avec les assurances gardent-t-ils une bonne ou mauvaise impression ? Les réponses à ces questions, nous les avons cherchées auprès de la première source d’activité économique de la région, à savoir les nombreux commerçants de la ville. C’est une catégorie de la population

qui peut être intéressée aussi bien par des produits d’assurance dommages que ceux d’assurance de personnes.Mais, venant d’ailleurs et aller poser des questions à des commerçants sur leurs activités, risque de s’avérer une entreprise infructueuse. Pour pouvoir approcher notre cible, on a besoin d’instaurer un cli-mat de confiance. Le mieux serait, donc, de nous faire accompagner par un «fils» de la région. Ce qui fut fait. Abdenour, un assureur de métier, a volontairement ac-cepté de nous accompagner, au lende-main de notre arrivée, à travers la ville et nous présenter les commerçants qui pour-raient nous livrer, sans nous prendre pour des agents du fisc, ce qu’ils pensent de l’assurance.

Des assurances, nous ne connaissons pas grand chose !Le premier chez qui nous nous sommes rendus tient un magasin de produits élec-troménagers. Tarek, la trentaine et déjà le crâne bien dégagé, fait baisser le volume de la télévision allumée, comme pour nous signifier sa volonté et sa disponibilité à

engager la discussion avec nous. Il nous annonce, d’emblée, que seul «un dixième» de la population commerçante de Ouargla entend parler de l’assurance et serait, éventuellement, prête à souscrire un contrat d’assurance pour leurs boutiques. Selon notre interlocuteur, cette situation est d’abord due au manque de communi-cation. Tarek qui reconnait ignorer pratiquement tout des offres d’assurances qui pourraient exister, affirme, toutefois, qu’il n’est pas contre cette assurance « qui, dit-il, me per-mettra de dormir tranquille une fois rentré chez moi». Et d’enchainer, «on en parle, des fois, entre commerçants sur l’éventua-lité d’assurer nos magasins, mais on ignore s’il nous faudrait un contrat de loca-tion, un acte de possession, la nature du registre de commerce, les réductions dont nous pourrons bénéficier, etc.».En l’écoutant parler, Abdenour, notre guide-accompagnateur, brule d’envie de répondre à Tarek et d’apporter des éclair-cissements à ses interrogations. Dès que Tarek s’est arrêté de parler, Abdenour prend la parole pour étaler, dans un lan-gage assez pédagogique, les offres de la compagnie qui l’emploie.

Reportage sur la culture de l’assurance dans le Sud du pays

Le besoin de protection est réel, la méfiance envers les sociétés d’assurances aussi

De notre envoyé spécial à Ouargla, Samy Kaltoumi

Le jour était sur le point de céder place à la nuit lorsque nous atterrissons à l’aérodrome d’Ouargla, en ce jour de mi-février. Le mercure affichait 20°C et la ville était encore animée. Les marchands de thé, de cacahuètes et de fèves sèches sont les plus sollicités par les nombreux passants de la principale artère de cette ville. Mais que peuvent bien penser les habitants de cette cité cosmopolite des assurances ?

Reportage

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Reportage

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 57

S’en suit alors un dialogue ininterrompu de près d’une dizaine de minutes, l’échange oratoire fut un véritable travail de proximi-té, qui intéresse tant les compagnies d’as-surances.

Mauvaise expérience avec un assureur-auto Avant de sortir de ce magasin où des écrans-télé de centaines de milliers de di-nars côtoient les fours les plus divers, Ta-rek nous laisse l’impression de vouloir trouver un assureur avec lequel il peut vraiment compter en cas de sinistre. C’est surtout une mauvaise expérience vécue avec un assureur automobile qui le rend si méfiant envers les compagnies d’assu-rances. Voilà qui devrait faire réfléchir les assureurs !Notre deuxième escale l’est dans une li-brairie-papeterie, située dans la rue Che Guevara. Ammi Ali, la soixantaine passée, est affirmatif, pour lui, il est hors de ques-tion de contracter une assurance pour son magasin. «Je suis, évidemment, conscient des dangers liés au feu et aux dégâts des eaux qui guettent ma boutique, mais je vous assure que je ne m’adresserai jamais à une agence d’assurance». Pour quelle raison ? Notre libraire, qui dit avoir ouvert son magasin il y a 28 ans, indique, lui éga-lement, avoir vécu, comme Tarek, une mésaventure avec les assurances. «J’étais un dépositaire de journaux, du temps de l’ENAMEP (Entreprise nationale de messagerie de presse), et, en même temps, mon magasin faisait office de librai-

rie-papeterie comme c’est encore le cas aujourd’hui. A cette époque-là, l’ENAMEP avait exigé de moi d’assurer mon com-merce et c’était aussitôt chose faite», ex-plique Ammi Ali qui, d’un regard fixe, conti-nue de remonter le temps.«Malheureusement, poursuit-il, lorsque j’ai fait les frais d’un vol, mon assurance ne m’a remboursé qu’une infime partie de la totalité qu’elle me devait, prétextant que telle ou telle marchandise n’était pas factu-rée ou je n’en sais quoi... Alors j’ai dû re-commencer à zéro et tout seul. Depuis ce jour-là, j’ai décidé de ne plus avoir de rela-tion avec les assurances.»Dommage qu’Abdenour, mon accompa-gnateur, ne soit pas présent lors de cette discussion avec Ammi Ali. J’aurai tant aimé connaitre sa réaction et surtout ses arguments face à une situation des plus périlleuses. Mais qui a dit que le travail des assureurs était facile ! Abdenour qui a demandé à nous quitter pour pouvoir rendre visite à son père ma-lade, habitant dans le quartier, a pris le soin de charger deux de ses amis, un em-ployé des Domaines et Djalal, un commer-çant de produits électroménagers, de m’accompagner et de m’assister dans mon travail de sondage.

Le risque d’émeutes et mouvements populairesContent de revoir son ami Abdenour, Dja-lal se montre très à l’aise avec nous. Il s’engage aussitôt dans la discussion et affiche la couleur, d’entrée, en déclarant : «Moi, je suis très intéressé par les assu-rances. D’ailleurs, j’ai même engagé une procédure pour assurer mes magasins contre tous les risques qui pourraient les menacer», dit-il avant de baisser pour un moment, la voix d’un air de vouloir nous confier un secret. «Vous savez, c’est de ce quartier que partent tous les mouvements de foule et les premières victimes sont, à coup sûr, les commerces. Ouargla est de-venue, ces derniers temps, une ville où il ne se passe pas une semaine sans qu’il n’y ait une marche ou un sit-in. Alors, le mieux à faire c’est d’être assuré avant que l’irréparable ne se produise. Me concer-nant, j’ai suspendu les procédures avec

une compagnie d’assurance, pour manque de temps. Je les reprendrai, dès que pos-sible», promet-il.Ce sentiment d’insécurité et de peur du lendemain, nous le trouvons aussi chez Ayoub, un jeune pharmacien qui nous a invités à accéder à l’arrière-boutique de son magasin, pour nous confier : «Vous voyez toute cette marchandise, sans compter ce qu’il y a dans le stock… Cela coûte une fortune. Une officine, telle que celle-ci, peut en contenir pour une valeur de 2,5 à 3 milliards de centimes. De plus importantes encore en renferment jusqu’à 7 milliards». Il sort encore de son frigo une boite de médicaments contre le cancer, sur la vignette il est affiché 21.206,68 DA. Le pharmacien y met ainsi du sien pour nous démontrer le bien-fondé de sa dé-marche, lui qui a contracté une assurance pour se prémunir contre les dommages causés par les émeutes et mouvements populaires ainsi que les actes de terro-risme et de sabotage (EMP/ATS). La crainte de perdre son commerce, on la retrouve également chez Tarek, qui tient une pharmacie située à un jet de pierre du siège de la wilaya. Notre interlocuteur craint le pire, surtout qu’un de ses collè-gues de Ghardaïa a connu un triste sort. Sa pharmacie a été pillée lors d’une émeute. «Il n’a pu récupérer que des miettes. Depuis, j’ai décidé de m’assurer et j’ai même conseillé à un collègue de Batna d’en faire autant», nous confie-t-il avant que nous le quittions.Après avoir fait le tour de commerces de la ville de Ouargla, j’en conclu qu’au Sud comme au Nord du pays, il y a un grand besoin de communication et de proximité à mener par les compagnies d’assurance. Il y a, aussi, dans les régions du Sud du pays de réelles besoins de protection par les sociétés d’assurances qui savent saisir les opportunités et être à l’écoute du po-tentiel assurable. Toutefois, les assureurs doivent veiller à respecter leur engage-ment en indemnisant leurs assurés dans les délais les plus courts, si elles veulent gagner la confiance du public.

S.K.

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Conjoncture

58 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Au 31 décembre 2014, le chiffre d’affaires du marché di-rect du secteur des assurances, hors acceptations inter-nationales, et sans la production de deux sociétés

(TRUST et LE MUTUALISTE), atteint le niveau de 118,9 mil-liards de dinars contre 110,8 milliards de dinars à la même pé-riode en 2013, soit une progression de 7,4%.

Tab. 1 : Production du secteur des assurances au 31/12/2014 Unité : milliers de dinars

En milliers de DAChiffre d’affaires Structure du marché Evolution 2013/2014

31/12/2014 31/12/2013 2014 2013 en % en valeur

Assurances dommages* 110 533 509 103 280 037 93,0% 93,3% 7,0% 7 251 259 Assurances de Personnes* 8 361 548 7 470 923 7,0% 6,7% 11,9% 890 625

Marché direct 118 895 057 110 750 960 100% 100% 7,4% 8 141 884

Sans les données des sociétés : « TRUST », « Le MUTUALISTE ».

Assurances dommagesLe chiffre d’affaires réalisé par les assurances dommages, au 31 décembre 2014, est estimé à 110,5 milliards de dinars contre 103,3 milliards de dinars à la même période 2013, soit une aug-mentation de 7,0% et une part de marché de 93%.En dépit de la baisse des importations de véhicules au titre de l’exercice 2014 par rapport à l’exercice 2013 (-13,6% en valeur et -20,7% en nombre), la branche automobile totalise une pro-duction de 61,4 milliards de dinars au 31/12/2014, en progres-sion de 3% comparativement au 31/12/2013. Cette branche re-présente 55,5% de la production des assurances dommages. Les garanties facultatives enregistrent une croissance de 5,1% comparativement à la même période de 2013 (elles constituent 85,7% du portefeuille de la branche automobile).

La production des risques obligatoires enregistre, se son côté, une décroissance de 7,6% (elles représentent 14,3% du porte-feuille de la branche). Quant à l’IRD «Incendie et Risques Di-vers», la branche réalise, globalement, un chiffre d’affaires de 38,9 milliards de dinars au 31 décembre 2014, en évolution de 14,1% par rapport à la même période de l’année précédente. Les risques incendie et construction occupent 80% du porte-feuille de la branche et marquent une évolution de 11,4%. Par ailleurs, les assurances contre les effets des catastrophes naturelles (Cat-Nat) enregistrent une hausse de 40,2% compa-rativement à la même période de 2013 et représentent, ainsi, 6% du chiffre d’affaires de la branche.

La branche «transport» enregistre une hausse de 6,8%. L’assu-rance «transport maritime» dont la part - dans la branche - est estimée à 60,8%, au 31décembre 2014, connaît une hausse de 14,1%. De même, l’assurance «transport aérien» marque une évolution de 66,8% avec une part de 25,1% dans la branche.L’assurance «transport terrestre» qui détient 14,2% de la branche transport marque, par contre, une baisse de 44,2%.De même pour les risques agricoles qui connaissent, à fin 2014, une hausse de 4,9%. Les branches «production végétale et animale» et «autres risques agricoles» accusent des baisses respectives de 1,1% et 40,2%. Par contre, l’assurance «engins et matériel agricole» affiche une croissance de 45,1%.L’assurance «crédit» marque une hausse de 11,5% par rapport à la même période de 2013, tirée par la production des assu-rances «Crédit à la consommation» qui marquent une impor-tante progression de 190,3%.

Secteur des assurances à fin 2014Par Kahina Hiba MESSAADI *

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Conjoncture

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 59

Assurances de Personnes

Le chiffre d’affaires réalisé par les sociétés d’assurances de personnes, au 31/12/2014, est estimé à 8,4 milliards de dinars, contre 7,5 milliards de dinars à la même période en 2013, soit une hausse de 11,9%.La performance est réalisée par la garantie «accidents» avec un chiffre d’affaires de plus d’un (01) milliard de dinars et un taux d’évolution de 44,2%. Les garanties «assistance» et «vie-décès» enregistrent chacune un taux de croissance de 24%, contrairement aux garanties «maladie» et «prévoyance collec-tive» qui, elles, connaissent des baisses respectives de 64,3% et 5,1%.

Tab. 2: Production au 31/12/2014

Assurances dommagesUnité : milliers de dinars

BranchesChiffre d’affaires* Structure du marché Evolution

T3 2013/T3 2014 31/12/2014 31/12/2013 2014 2013 en % en valeur

Ass. Automobile 61 354 031 59 544 027 55,5% 57,7% 3,0% 1 810 004Ass.IRD 38 862 918 34 065 505 35,2% 33,0% 14,1% 4 797 413

Ass.Transport 6 356 539 5 953 670 5,8% 5,8% 6,8% 402 869Ass. Agricoles 2 929 593 2 792 676 2,7% 2,7% 4,9% 136 917

Ass. Crédit 1 030 428 924 160 0,9% 0,9% 11,5% 106 268Total 110 533 509 103 280 037 100,0% 100,0% 7,0% 7 253 471

*Sans les données de la société « TRUST ».

* Cadre dirigeant au CNA

Tab. 3: Production au 31/12/2014

Assurances de PersonnesUnité : milliers de dinars

Chiffre d’affaires (*) Structure Evolution

2013 /2014

Au 31/12/2014

Au 31/12/2013 2014 2013 en % en

valeurAccidents

(Dommages corporels) 1 033 646 716 854 12,4% 9,6% 44,2% 316 792

Maladie 105 860 296 822 1,3% 4,0% -64,3% -190 962 Assistance 2 217 719 1 790 028 26,5% 24,0% 23,9% 427 691

Vie et Décès 2 453 547 1 979 226 29,3% 26,5% 24,0% 474 309 Capitalisation

Prévoyance collective (groupe) 2 550 777 2 687 993 30,5% 36,0% -5,1% -137 217

Total marché AP 8 361 548 7 470 923 100% 100% 11,9% 890 613

(*) Sans les données de la société « Le MUTUALISTE ».

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International

60 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Le rapport, qui propose chaque année à des experts d’évaluer les principaux risques globaux en termes de probabilité et d’impact potentiel pour les 10 années à ve-

nir, note que le conflit entre États, avec des conséquences ré-gionales, est le risque global n°1 en termes de probabilité et n°4 parmi les risques les plus sérieux en termes d’impact.

En termes de probabilité, ce risque se place devant les événe-ments climatiques extrêmes, l’échec des systèmes de gouver-nance nationaux, l’effondrement ou la crise des États et le taux de chômage ou de sous-emploi structurel élevé.«En tenant compte des 28 risques globaux étudiés en 2015 et regroupés en cinq catégories (économie, environnement, géo-politique, société et technologie), 2015 se pose comme une année où les risques géopolitiques, grand absents du classe-ment ces cinq dernières années, reviennent sur le devant de la scène», note le rapport. La géopolitique exerçant une influence croissante sur l’économie mondiale, ces risques représentent trois des cinq risques les plus probables et deux des plus po-tentiellement impactant en 2015. Dans cette catégorie, trois risques se démarquent par leur intensification en termes de probabilité et d’impact potentiel depuis 2014. Il s’agit des risques : conflit entre États avec des conséquences régionales, armes de destruction massive, et attaques terroristes.

Des risques probables à court terme Ainsi, ce genre de conflits à fort impact sur la vie économique est considéré comme étant le risque le plus probable au cours des 10 prochaines années, voire peut-être même plus tôt. Les répondants au rapport Global Risks 2015 affirment qu’ils «sont encore plus préoccupés par les risques géopolitiques à court terme qu’à long terme».

De nombreux observateurs estiment que le monde entre dans une nouvelle ère de concurrence stratégique entre les puis-sances mondiales. Le nationalisme croissant autour du monde (la montée de l’extrême droite en Europe, la réaction de la Rus-sie dans la crise de Crimée, etc.), jumelé à la stagnation de la croissance et l’augmentation du chômage, font craindre la sur-venance de conflits entre Etats puissants «plus fréquent(e)».

Rapport Global Risks 2015 du Forum économique mondial (FEM)

Les 10 principaux risques globaux qui menacent le monde pour les 10 années à venir

Par Malik Moudir

Les risques géopolitiques reviennent sur le devant de la scène du paysage des grands risques qu’étudie, depuis dix ans, le Forum économique mondial (FEM). Dans son dernier rapport rendu public, mi-janvier dernier, le FEM révèle que le risque de conflit international constitue la plus grande menace pour la stabilité du monde lors des 10 prochaines années

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Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 61

Les 5 risques mondiaux majeurs

En termes de probabilité1 Conflit entre États avec des conséquences régionales (risque géopolitique)2 Événements climatiques extrêmes (risque environnemental)3 Échec de la gouvernance nationale (risque géopolitique)4 Effondrement ou crise des États (risque géopolitique)5 Chômage ou sous-emploi structurel élevé (risque économique)

Le rapport relève, dans ce sens, que les conflits entre les Etats «ne sont plus physique(s)» mais utilisent «les moyens écono-miques et la cyber-guerre pour attaquer la vie privée des gens ainsi que les actifs incorporels».

Le rapport Global Risks 2015 qui étudie les interactions entre les risques, ainsi que la manière dont ils interagissent avec des tendances pour former le paysage de risque à court et moyen termes, explique que les risques géopolitiques peuvent avoir une «cascade d’impacts sur les autres risques».

En termes d’impact

1 Crises de l’eau (risque sociétal)

2 Propagation rapide et massive de maladies infectieuses (risque sociétal)

3 Armes de destruction massive (risque géopolitique)4 Conflit entre États ayant des conséquences régionales (risque géopolitique)5 Incapacité à s’adapter au changement climatique (risque environnemental)

Les auteurs du rapport estiment que les conflits exercent une menace sur les structures de l’Etat avec un risque d’échec de la gouvernance et d’effondrement de l’Etat. Ce risque aug-mente dans les zones où les frontières ne «reflètent pas néces-sairement l’appartenance des populations». Ils citent l’exemple récent de l’Irak et de la Syrie où le groupe terroriste «Etat isla-mique» a revendiqué le contrôle de ce territoire transfrontalier et a attiré 20.000 à 30. 000 combattants.«Vingt-cinq ans après la chute du Mur de Berlin, le monde est à nouveau confronté au risque majeur de conflit entre États», déplore Margareta Drzeniek-Hanouz, économiste en chef au sein du Forum économique mondial.

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62 Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015

Et de recommander : «Les moyens de gérer ce type de conflit, aussi bien les attaques cybernétiques, que la concurrence dans la quête des ressources ou les sanctions et autres outils économiques, sont toutefois aujourd’hui plus étendus que ja-mais. Alors que nous abordons l’année 2015, affronter tous ces détonateurs potentiels et chercher à ramener le monde sur la voie du partenariat plutôt que de la concurrence doit être une priorité pour les dirigeants.»

Résoudre les problèmes sociétaux les plus urgentsLe paysage des risques de 2015 montre également qu’il reste des préoccupations quant à la capacité du monde à résoudre ses problèmes sociétaux les plus urgents, souvent exacerbés par les risques économiques, envi-ronnementaux et géopolitiques. En effet, les deux risques avec le plus important impact potentiel sont des risques sociétaux. Il convient également de noter la pré-sence de risques environnementaux plus nombreux que les risques économiques à la tête du classement. Cela est dû à l’évaluation négative des experts, réaffirmée avec encore plus de vigueur, concernant la préparation à relever certains défis, comme les événements clima-tiques extrêmes et le changement climatique, plutôt qu’au recul des craintes de risques économiques chro-niques, tels que le chômage et le sous-emploi ou la crise budgétaire, qui sont restés relativement stables depuis 2014.

Crise de l’eau : le plus grand risque auquel le monde sera confrontéNotons par ailleurs que parmi les risques globaux en termes d’impact au cours des 10 prochaines années, sont les risques environnementaux: La crise de l’eau étant le plus grand risque auquel le monde sera confronté, suivi par l’échec de l’adapta-tion aux changements climatiques et la perte de biodiversité.

Le groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique note que les conditions météorologiques extrêmes dans les régions productrices de denrées alimentaires causent déjà des hausses de prix et suggère que l’impact du change-ment climatique sur les conditions météorologiques pourrait réduire le rendement des cultures jusqu’à 25%.

Le lien entre la nourriture, l’eau, l’énergie et le changement cli-matique a été identifié comme l’une des quatre grandes ten-dances globales qui vont façonner le monde en 2030, contrai-gnant les décideurs à «faire des choix difficiles sur les allocations de l’eau».

L’innovation génère de nouveaux risquesLa cadence d’innovation rapide dans le domaine des nouvelles technologies, qui va de la biologie synthétique à l’intelligence artificielle, comporte également des effets sociétaux, économiques et éthiques bien plus profonds. La création d’environnements réglementaires suffisam-ment souples pour sauvegarder leur développement ra-pide et permettre la répétition de leurs bénéfices, tout en évitant leur mauvaise utilisation et toute conséquence négative imprévue représente un défi critique pour les décideurs. «L’innovation est essentielle pour la prospé-rité mondiale, mais elle génère de nouveaux risques. Nous devons anticiper les problèmes que les nouvelles technologies vont drainer dans leur sillage et développer des garde-fous et une gouvernance à même de prévenir des désastres pouvant être évités», explique l’expert John Drzik, président de Global Risk and Specialties chez Marsh.

La situation va s’aggraver davantage, note le rapport, si les catastrophes environnementales se produisent encore. Les auteurs du rapport citent l’exemple de la catastrophe nucléaire de Fukushima (Japon) qui a contaminé à la fois l’eau douce et l’eau de mer, la catastrophe écologique de la plate-forme pétro-lière de Deepwater Horizon qui a contaminé de grandes parties de la côte du Golfe du Mexique.

M.M.

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Conjoncture

Revue de L’ASSURANCE N°8 - Mars 2015 63

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