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JAMES TIIRK & JOHN RUBIHO L'EFFONDREMENT DU DOLLAR ET DE L'EURO ET COMMENT EN PROFITER

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JAMES TIIRK & JOHN RUBIHO

L'EFFONDREMENT DU DOLLAR ET DE L'EURO ET COMMENT EN PROFITER

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James Turk John Rubino

L'Effondrement du Dollar

( et de l'Euro ) et comment en profiter

devenez riche en investissant dans For et dans dautres biens durables

Traduit de l'américain par Anne Confuron

Le jardin des Livres Paris

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John Rubino © D.R.

James Turk D.R.

L'Effondrement du Dollar

( et de l'Euro )

et comment en profiter

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Préface à la version française

James Turk, 2011

w w w . l e j a r d i n d e s l i v r e s . f r

plus de 1700 pages à lire

Traduction française © 2011 Le Jardin des Livres

243 bis, Boulevard Pereire

Paris 75827 Cedex 17

Toute reproduction, même partielle par quelque procédé que ce soit, est interdite sans au-torisation préalable. Une copie par Xérographie, photographie, support magnétique, électronique ou autre constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 et du 3 juillet 1995, sur la protection des droits d'auteur.

Le sujet majeur de ce livre est le dollar parce que les Etats-Unis, en tant que pays le plus dépen-ser au monde, est clairement en tête dans la : arse des destructions de devises. Cependant, le rai coupable n'est ni le gouvernement, ni les ci-

: . ens, mais bien le concept même de la monnaie ripier, la monnaie fiduciaire. Le fait de déconnec-

la devise d'une nation des formes réelles de m nnaie comme l'or, et de donner une planche à rillets illimitée aux politiciens et aux banquiers, a r:e testé par le temps : c'est une garantie de la

ntée de la dette, de l'inflation et éventuelle-ment de l'effondrement de la monnaie elle-même, détruisant au passage les économies de toute une génération.

Vu sous cet angle, l'expérience de l'Europe avec — : n union monétaire est condamnée d'avance aussi rarement que l'est le dollar. En créant un marché . nimun de pays disparates qui utilisent tous la — eme devise ( mais sans aucune limite sur le — :ntant du crédit que la Banque Centrale Euro-réenne peut amener ) l'Europe est entrée dans _ne décennie de troubles. D'ailleurs, les membres es plus faibles comme la Grèce et le Portugal s'ef-r : r.drent déjà sous le poids des standards monétai-res nord-européens, et nécessitent des sauvetages rancaires pour leur survie.

Au moment où j'écris ces lignes, la maladie se r ropage aussi aux économies dites « too big to fait » trop grandes pour faire faillite ) comme l'Espagne

e: l'Italie. Cela aura comme résultat inévitable soit _ne création massive de monnaie et de dettes nou-velles à l'échelle continentale ( et qui va produire une crise de style américain ) soit un éclatement de

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la zone euro : les pays avec les économies les plus faibles retourneront à leurs anciennes monnaies, et avec une dévaluation spectaculaire à la clé. Quel que soit le cas, les différentes banques centrales de l'eurozone seront obligées de créer de vastes quan-tités de crédit afin de retarder au maximum l'ap-proche du moment fatal. La conséquence en sera que les bons du trésor européens seront des inves-tissements horribles, presque aussi mauvais que les obligations du Trésor américain, et aussi une dété-riorations du niveau de vie des gens. C'est le sort inévitable de tout pays qui choisit la monnaie pa-pier.

L'euro n'est pas la mark

L'un des points forts du concept de l'euro était l'influence puissante exercée par la politique de la Bundesbank, qui, en raison de son expérience for-matrice de l'hyperinflation des années 1920, serait un gardien fiable de la stabilité de la monnaie eu-ropéenne. Mais ces dernières années, la BCE n'a pas réussi à gérer l'euro aussi prudemment que la la Bundesbank l'avait fait avec son mark. Ses achats de dettes souveraines, pour éviter un défaut de paiement de la Grèce, montre clairement que la BCE est désormais sous le contrôle des politiciens, et qu'elle n'est pas gérée de manière indépendante.

Crude Oil Prie es (Base of 100) January 1950 through May 2011

8000

6000

4000

2000

Goldt*t>H«y<t<*»

I f British pound

US dollar 1/ euro Met î f .V goldgram «A L L/"V ' — • F 1 XfuJl M? if

.r^.i^n pw i . KuTTi m Vf

50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 00 05 10

Le premier graphique montre la façon remar-_able dont le mark a préservé le pouvoir d'achat i mesuré en pétrole brut ) des Allemands par rap-port aux autres. De 1950 jusqu'à 2000, date de arrivée de l'euro, la performance du mark reflète idèlement celle de l'or, ce qui revient à dire que le

mark achetait la même quantité de pétrole en l'an 2000 qu'en 1950.

Crude Oil Prie es (Base of 100) January 2000 through May 2011

2005 2010

Le second graphique couvre la décennie la plus récente et montre clairement que l'euro est victime . inflation. Depuis 2009, en terme de préservation du pouvoir d'achat, il a à peine été meilleur que les deux autres principales devises.

Le ratio or/euro est parabolique

Une autre façon de mesurer la stabilité d'une monnaie consiste à tout calculer en or, la monnaie choisie par l'Humanité depuis le début de son his-toire. Si une monnaie conserve sa valeur par rap-port à l'or, alors elle peut légitimement être appe-lée « Solide ». Dans le cas contraire, elle appartient alors à la catégorie beaucoup plus vaste des devises détruites par leurs gouvernements. Alors dans quel groupe se trouve l'euro ? Selon ce dernier graphi-que, on voit clairement que c'est l'une des mon-naies papier dont la valeur se dilue, et aussi que ce processus s'accélère. La trajectoire de l'or par rap-port à l'euro est devenue parabolique, ce qui est une autre façon de dire que la valeur de l'euro baisse à un rythme accéléré.

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Spot NY Gold (in euros) Daily Closing Price Januarv 3. 2000 throuah June 3. 2011

01 02 03 04 05 OS 07 08 09 10 11 12

Hélas, ce n'est que le début tout comme le sau-vetage généreux de la Grèce n'est qu'un début ; bientôt d'autres pays insolvables vont demander également leur sauvetage. La pression sur la BCE pour financer ces opérations de sauvetage devien-dra alors écrasante, comme c'est toujours le cas pour les banques centrales fonctionnant avec des monnaies papier, et politiquement orientées.

Des montagnes de dettes seront émises et/ou garanties, de la monnaie sera créée pour financer le processus, et l'euro va suivre la livre sterling et le dollar sur la pente glissante de l'oubli.

~ Préface ~

Certains livres deviennent obsolètes au mo-ment même où ils sont publiés. Lorsque nous rédigions cet ouvrage, c'était notre plus grand souci. Nous n'avions pas peur de nous tromper mais plutôt de voir les événements aller trop vite pour que les lecteurs soient prêts à tout assimiler. Rétrospectivement, nous n'avions rien à craindre. Le dollar américain chute et l'or va bien, les investisseurs qui ont suivi les conseils ont très bien fait. Mais la crise moné-taire mondiale s'est propagée à un rythme beaucoup plus tranquille que ce qui semblait à l'époque donnant aux lecteurs même aujour-d'hui - et surtout aujourd'hui - tout le temps nécessaire de se débrouiller face à ce qui sem-ble être l'un des plus importants remanie-ments économiques des temps modernes : la fin de la période des monnaies fiduciaires.

Non seulement la plupart des points que nous avons soulevés il y a deux ans sont tou-jours fondés mais ils le deviennent chaque jour d'avantage. Dans la pratique, toutes les ten-dances qui attestaient une crise financière épi-que ont continué, portant les déséquilibres mondiaux déjà gigantesques à des niveaux en-core plus extrêmes. Prenons l'accumulation de la dette américaine que la première édition de cet ouvrage illustrait avec le graphique qui suit. Remarquez que jusque dans les années 1980, la dette américaine et le PIB allaient en augmentant plus ou moins en même temps. Cela signifie que la croissance économique était constante avec le nouvel emprunt. A cette époque-là, l'Amérique était une société productive qui vivait dans le cadre de ses moyens. En revanche, depuis les années 1980,

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la dette s'est progressivement accumulée pour générer une certaine quantité de richesse nou-velle et dès 2003, le graphique est devenu le reflet des peuples qui évitaient le précipice, vi-vaient bien au-dessus de leurs moyens et em-pruntaient pour compenser la différence.

Dans les trois années qui ont suivi, au lieu de reconnaître les risques qu'elle courait et de changer le cours des choses, l'Amérique a aug-menté le rythme et emprunté encore d'avan-tage. Bien que le nouveau schéma mis à jour qui suit présente plus ou moins le même tracé que celui du précédent, remarquez le change-ment de l'échelle. La dette américaine par ha-bitant a augmenté, par rapport à la somme déjà sans précédent de 130.000 $, pour at-teindre un montant complètement inimagina-ble de 150.000 $ soit l'équivalent de 600.000 $ pour une famille de quatre person-nes.

La même courbe est évidente dans prati-quement toutes les autres tendances que nous avions montrées déjà en 2004. Le déficit com-mercial est plus grand, la masse monétaire grossit plus vite, les bilans des dérivés exoti-ques ont plus que doublé et le coût de la guerre en Irak ainsi que celui des autres enga-gements à l'étranger fait un bond en avant. Et le monde maintenant comprend. En 2006, la bulle immobilière a volé en éclats. En 2007, le marché des titres de créance a explosé. Et comme cela a été dit en novembre 2007, le dollar est tombé à des niveaux très bas face à la plupart des autres monnaies, alors que l'or, une représentation de l'argent qui ne peut pas être fabriqué dans les imprimeries du gouver-nement, expérimente ses niveaux records de 1980. Face à cette situation, les partenaires commerciaux de l'Amérique cherchent active-ment à diversifier leurs réserves sur les échan-ges étrangers en dehors des dollars.

140-T 120 " •8

. . . . p c r capita GDP 1 100-3 0 £ 80-

| 60-5 40- - - -

i/5 3 20-

' n

19S8 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 U.S. Per Capi ta Dcb t a n d GDP (adjusted for inflation)

Source: Fédéral Réservé

U.S. Per Cap i t a D e b t a n d G D P (adjusted for inflation) Siwii. Fédérai Reserve

Dette américaine par habitant et PIB ( ajustée à l'inflation )

Le niveau est atteint, à court terme, pour parvenir non seulement à un nouveau déclin de la valeur du dollar mais aussi à son effon-drement. Cela signifie que la tourmente - et .es opportunités de profit - de ces dernières innées n'était qu'un avant-goût de ce qui ar-rive. Mais pourtant, le dollar n'est pas le seul à s inscrire dans la liste des tristes records de nistoire. Le vrai problème, ce n'est pas la

-.^uvaise gestion économique américaine mais le concept global des monnaies fiduciaires. 3 ar rester simple, lorsque les politiciens ont a raculté d'acheter des suffrages en imprimant ^es billets, ils le font. Cette absence de disci-r.:ne monétaire conduit à une offre excéden--_.:e de monnaie qui fait baisser sa valeur jus-; _ à ce que la plupart des gens finissent par -r-oncer complètement.

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Dans le passé, cela s'est produit pays après pays, mais aujourd'hui, cela se produit par-tout. C'est le dollar, la monnaie dominante mondiale, qui mène la danse. Il en résultera inévitablement quelques années difficiles pen-dant lesquelles le monde découvrira que les monnaies fiduciaires - c'est-à-dire les mon-naies créées et contrôlées par le gouvernement sans réglementation externe imposée au ni-veau de l'impression — sont par nature impar-faites, et les abandonneront en masse. Alors, il n'est pas trop tard pour profiter de la crise monétaire qui arrive. En réalité, elle ne fait que commencer.

Quelques mots à propos de cette édition : cet ouvrage étant mis à jour en novembre 2007, les marchés financiers sont en proie à la crise du crédit qui a commencé avec l'explo-sion du marché américain des subprimes et qui se propage dans pratiquement toute l'éco-nomie mondiale. La vaste communauté de la finance spéculative structurée et à effet de le-vier qui en était arrivée à gérer le monde fi-nancier, a découvert que les titres adossés à des actifs et autres produits exotiques qui dé-pendent de la dette immobilière, de la solvabi-lité des banques ou de la stabilité du taux de change ont aujourd'hui beaucoup moins de valeur que ce qu'elle pouvait penser au départ. Les institutions qui se sont beaucoup impli-quées pour acquérir ce genre de produits ont commencé à en subir les conséquences. Les pertes colossales subies sur les prêts immobi-liers à risque et autres actifs douteux que les banques et autres organismes ont révélé ces derniers mois présagent des problèmes encore plus graves à venir.

Parce que ce qui va se produire est prévisi-ble en termes généraux ( le dollar et la plupart des autres monnaies fiduciaires vont chuter de façon spectaculaire ) mais pas dans les détails, nous avons choisi de laisser l'analyse faite à

grands traits de ce livre en grande partie dans sa forme originale en mettant simplement à jour pour les remplacer par ceux de 2010 et de 2011. Pour une chronique actualisée de la crise financière avec les noms, dates et analy-ses, vous pouvez vous rendre sur nos sites in-ternet www.goldmoney.com et www.dollar-collapse.com.

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— Préface originale

Lorsque nous avons élaboré cet ouvrage, nous avons fait certains choix qui nécessitent quelques explications. Parce qu'il est essentiel de savoir où vont le dollar et l'or et compren-dre leur chemin, nous avons couvert quelques points clés de l'histoire monétaire. Mais l'ob-jectif de ce livre n'est pas de faire justice à un thème aussi vaste. Nous avons donc fait allu-sion à beaucoup d'éléments sans les expliciter Je façon adéquate. C'est le cas par exemple de . agitation monétaire qui a accompagné la Ré-volution Française. Nous vous présentons nos excuses pour cette absence d'analyse en pro-: )ndeur. Toutefois, pour répondre aux ques-tions des lecteurs qui voudront en apprendre ^'avantage, vous retrouverez en fin de livre les iformations utiles et certaines des grandes tudes réalisées dans ce domaine.

Sur certains aspects actuels du dollar et de . or, nous nous retrouvons confrontés à un di-.'mme puisque James Turk n'est pas simple-

ment un auteur mais également un partici-rant. Dans les chapitres concernés, nous avons lonc laissé tomber le « nous » en faveur de Ja-mes à la troisième personne. En élaborant histoire de la chute du dollar, il nous est arri-é de trouver des points, qui, sans être stricte-

ment nécessaires à l'histoire et qui s'avèrent rarfois un peu techniques, sont utiles pour . "imprendre l'état actuel des affaires. Nous avons donc ajouté quelques uns de ces points rn encadré.

Deux fois également, nous avons choisi : utiliser des manières plus adaptées de pré-tnter certaines informations. Les voici :

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Le taux de change de l'or. En général, lorsque les médias financiers parlent de l'or, les gens font référence à son « prix ». C'est in-correct car l'or n'est pas une denrée comme l'huile ou les œufs. L'or, c'est de la monnaie. Un vieux proverbe chinois dit que la sagesse commence en désignant les choses par leur nom. Et puisque nous ne parlons pas du « prix » de l'euro, ou du yen, mais de leur taux de change, nous parlons de l'or de la même manière dans ce livre. Quand on a commencé à l'écrire, le taux de change de l'or était de... 410 $ l'once !

Once contre gramme. Aux États-Unis, la mesure de l'or la plus couramment utilisée est l'once. Cette convention est un héritage histo-rique de l'Empire Britannique dans lequel l'étalon-or et l'or lui-même avaient joué des rôles clés. Comme le précise l'historien anglais Niall Ferguson : L'empire britannique ri existe plus depuis longtemps. Il ne reste que F épave du na-vire. Parmi les débris, nous pensons qu'il reste aussi cette habitude d'exprimer le poids de l'or en onces. Aujourd'hui, la plupart des pays, y compris l'Angleterre, se sont mis au système métrique. Le poids de l'or est donc transcrit en grammes soit 31,1034 par once pour être pré-cis. Nous nous en tenons donc à l'once pour éviter toute confusion, mais nous donnerons la mesure équivalente en grammes comme suit : 400 $ par once soit 12,86 $ par gramme d'or.

— Introduction ~

Ce livre, comme l'indique son titre, envi-sage des changements dramatiques à la fois _ans le système financier mondial et au niveau de notre vie quotidienne. Du fait que ce que nous traitons n'est pas mentionné dans les : urnaux télévisés du soir, ni dans la presse

zuotidienne, nous nous attendons à ce que _ on ne cesse de nous poser une question très - aturelle et rationnelle : « si cest aussi évident que cela, pourquoi les économistes de Harvard et les . '.seillers présidentiels ne le comprennent-ils pas ? »

Voici deux réponses que nous proposons : i'abord ( en tant que groupe ) les dirigeants politiques et intellectuels ne reconnaissent les rrincipaux moments décisifs qu'après les faits avérés. L'éminent professeur de Yale, Irving risher, parlait au nom de presque tous ses pairs lorsqu'il avait proclamé en 1929 — juste ivant l'effondrement, donc — que les réserves se situaient à un haut niveau permanent. Après que le président Nixon ait sorti les Etats-Unis de l'étalon or en 1971, la plupart zes décideurs de Washington s'attendaient à voir l'or plonger. Pourtant, à la fin des années ~0, il passa de 35 $ l'once ( 1,12 $ par gram-me ) à 850 ( 27,33 $ par gramme ).

Le magazine Business Week était carrément en avance avec sa couverture de 1979 qui ti-trait à ce moment : « La mort des actions » peu ie temps avant le début de l'un des mouve--nents haussiers le plus important de l'histoire. La plupart des économistes et des hommes po-étiques ne surent pas prédire la crise du dollar ies années 1970, ni l'implosion des obliga-tions à haut risque à la fin des années 80, ou

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encore l'effondrement des entreprises Internet à la fin des années 90, aussi évident que cela puisse paraître avec le recul.

En résumé, on ne s'attend pas à ce que nos dirigeants et la presse le comprennent parce que cela n'arrive jamais. La seconde réponse ( beaucoup plus importante parce qu'elle ex-plique pourquoi le courant dominant ne voit pas arriver la crise financière ), c'est que l'éco-nomie classique et la pensée financière fonc-tionnent sur la base de fausses idées dangereu-ses. Citons parmi elles:

~ La dette ne compte pas. A chaque ni-veau de la société américaine, depuis les gouverneurs de la Réserve Fédérale jus-qu'aux économistes de Wall Street, en pas-sant par les petits propriétaires, l'idée sui-vante s'est bien ancrée : puisque nous avons emprunté des sommes d'argent de plus en plus importantes pendant des années et que nous nous en sortons, non seulement la dette n'est pas un problème, mais en fait, c'est une bonne chose. Un déficit de 500 milliards de dollars évite la récession. Les propriétaires qui consomment leurs capi-taux propres renforcent les dépenses. Un déficit commercial qui inonde le monde avec des dollars garde les économies euro-péennes et asiatiques en mouvement et de toute façon, les partenaires commerciaux de l'Amérique adorent avoir tous ces dollars pour pouvoir acheter des réserves et des ti-tres américains.

~ On peut faire confiance aux gouver-nements pour gérer la monnaie d un pays. Pour la réserve, et donc pour la valeur, du dollar, du yen et de l'euro, rien de tel que de compter sur la bonne volonté et la com-pétence des hommes politiques et de leurs conseillers. Lorsque les problèmes surgis-sent, les banques centrales, grâce aux taux

de changes flottants, font les ajustements nécessaires. De toute façon, ils font du bon travail sur un dossier difficile.

~ L'économie américaine opère indé-pendamment des marchés des devises. L'Amérique est si efficace et domine le monde sur tant de plans que Wall Street et Main Street peuvent prospérer lorsque le dollar s'effondre face à l'or et aux autres grandes monnaies.

~ En ce qui concerne tor, cest tin ana-chronisme sans rôle constructif dans une économie moderne. En réalité, du fait qu'il a tendance à monter lorsque les monnaies nationales sont faibles, c'est plutôt un dés-agrément qui distrait les gouvernements et les empêche de favoriser la croissance et le plein emploi. Il vaut mieux alors penser à l'or en terme de bijouterie et rien d'autre.

Ne vous inquiétez pas si tout ceci vous semble complètement raisonnable parce que, j m m e nous l'avons dit, cela représente les :oyances de base de la plupart des responsa-

rles politiques de Washington et des gestion-- aires de fonds de Wall Street, et leur pensée détermine ce que l'on nous dit. La croissance rconomique, la création d'emplois et le cours -es actions occupent alors la première place les journaux télévisés du soir, tandis que l'em-rrunt nécessaire pour favoriser la croissance ( soit 6 $ pour chaque dollar de la nouvelle ri-chesse créée ) est passé sous silence, tout ;omme le montant de la dette que nous, en :ant que société, supportons maintenant ( plus ze 600.000 $ par famille de quatre personnes tomme on l'a vu ). Autre fait négligé, que des -touvernements étrangers et des investisseurs :etiennent suffisamment de dollars sous forme de dettes et peuvent occasionner d'énormes dégâts à l'économie américaine s'ils le déci-dent.

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Pourquoi le dollar va s'effondrer

Il ri existe pas de maniéré plus subtile et plus sûre pour renverser la base existante dune société que de corrompre sa monnaie. Le procédé attire toutes les forces cachées de 'économie vers la destruction, et cela se pro-

Juit de telle façon que pas un homme sur un million ne peut le diagnostiquer »

John Maynard Keynes Les conséquences économiques de la paix

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Illusions de la prospérité

Au cours des vingt dernières années du XXe siècle, l'économie américaine était enviée par le reste du monde. Elle avait créé 30 mil-lions de nouveaux emplois, l'Europe et le Ja-pon ne pouvaient pas en dire autant ! Elle im-posait sa volonté en termes technologiques et idéologiques sur de grands pans du marché mondial et générait de nouveaux millionnaires à la façon dont une usine Ford fabrique des ca-mionnettes. Le prix des actions américaines s'est envolé vingt fois pendant cette période en persuadant la plupart des investisseurs qu'il en serait toujours ainsi. Jusqu'à la fin, même le gouvernement fédéral a semblé être bien géré, accumulant des excédents suffisamment im-portants pour déplacer le débat. 11 ne s'agissait plus de savoir comment affecter les ressources rares mais plutôt du temps qu'il faudrait pour éliminer la dette fédérale. Comme il était la monnaie de ce nouveau royaume magnifique, le dollar est devenu la devise dominante dans le monde. Les banques centrales étrangères accumulèrent des dollars pour jouer le rôle d'actifs de réserve principale. Les produits de base comme le pétrole se retrouvèrent comp-tabilisés en dollars et les pays émergents comme l'Argentine et la Chine rattachèrent leur monnaie respective au dollar dans l'espoir d'atteindre la stabilité des États-Unis. En 2000, on racontait qu'il y avait bien plus de billets de 100 $ qui circulaient en Russie qu'aux États-Unis.

Mais à la fin du XXe siècle, cet extraordi-naire essor prit fin. Les valeurs technologiques ont dégringolé, les tours jumelles se sont ef-fondrées et le sentiment de toute-puissance

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des Américains a suivi le chemin de leur pé-cule. A la fin de 2007, un million d'Améri-cains de moins signaient des chèques. Le gou-vernement fédéral empruntait 500 milliards de dollars chaque année pour financer la guerre contre le terrorisme et un ensemble de nouveaux programmes sociaux détaillés. Les taux d'intérêt à court terme s'effondraient de nouveau et en même temps que l'économie se développait, l'emprunt à chaque niveau de la société augmentait encore plus vite. Pendant ce temps-là, le dollar était devenu un pro-blème pour le reste du monde, sa valeur chu-tait par rapport à d'autres devises majeures et plongeait face à l'or. Aujourd'hui, le monde entier regarde, s'interroge, perplexe et se de-mande ce qui a changé.

La réponse, qui va devenir claire d'ici quel-ques chapitres, c'est que tout a changé tout en restant le même. La croissance spectaculaire des vingt dernières années, comme cela s'avère aujourd'hui, était une illusion crée par l'aug-mentation de la dette et l'empressement du reste du monde à accepter un flux de nou-veaux dollars. Le simple énoncé de la somme due par les États-Unis vous choquera. Mais plus énorme encore, c'est que nous en sommes toujours là. Telle une famille qui a conservé son train de vie en ayant toute une collection de cartes de crédit, l'Amérique en est au point où la nouvelle dette sert à rembourser l'an-cienne plutôt qu'à créer une nouvelle richesse. D'où la croissance lente de ces dernières an-nées et la perte régulière d'emplois.

Alors, pourquoi affirmer que rien n'a chan-gé ? Parce que les problèmes d'aujourd'hui sont nouveaux uniquement en regard de l'his-toire américaine récente. Un rapide aperçu de l'histoire du monde montre qu'ils sont triste-ment familiers. Toutes les grandes sociétés en passent finalement par là, elles laissent s'accu-muler des dettes insoutenables et impriment

( ou fabriquent ) de la monnaie dans une ten-tative désespérée de maintenir l'illusion de la prospérité. Elles finissent toutes par se retrou-ver coincées entre le marteau et l'enclume : soit elles s'effondrent simplement sous le poids de la dette accumulée, comme ce fut le cas des Etats-Unis et de l'Europe dans les années 1930, soit elles continuent de faire tourner la planche à billets jusqu'à ce que les monnaies ne valent plus rien et que leur économie som-bre dans le chaos.

Cette fois, les gouvernements ont claire-ment choisi la seconde option. Ils réduisent les taux d'intérêt, dopent les dépenses et encoura-gent l'utilisation de techniques de finance mo-dernes pour créer un raz-de-marée du crédit. L'histoire nous montre qu'une fois en marche, ce processus est inévitable: les monnaies fidu-ciaires ( c'est-à-dire contrôlées par le gouver-nement ) perdront de plus en plus de leur va-leur jusqu'à ce que nous finissions tous par les laisser tomber. C'est un discours sévère, c'est vrai. Mais lorsque vous aurez terminé de lire les deux prochains chapitres, vous serez mal-heureusement obligés de reconnaître qu'ils sont vrais.

Bien, voyons maintenant ce qu'un effondre-ment de la valeur du dollar signifie pour votre porte-monnaie. Beaucoup de choses, la plu-part négatives mais certains points restent po-tentiellement constructifs. D'abord, cela fait mal au niveau du revenu fixe parce que la va-leur de chaque dollar reçu plonge. Même chose pour ceux auxquels on doit de l'argent parce qu'ils seront remboursés avec des billets dont la valeur aura baissé ( d'où le désastre sur ie point de frapper beaucoup de banques ). Les bligations, qui sont au fond des prêts à des

entreprises ou des gouvernements qui promet-tent d'effectuer des paiements mensuels fixes et de restituer le capital, constitueront de ter-ribles investissements puisqu'elles seront rem-

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boursées avec des dollars toujours dépréciés. Pour les actions et l'immobilier, le tableau est nuancé, avec un dollar faible qui peut aider sur certains plans et se révéler négatif sur d'autres. Nous vous aiderons à vous y recon-naître dans ce labyrinthe dans le chapitre 17.

Le seul gagnant dans toute l'histoire, c'est l'or, sans nul doute possible. Pendant les 3000 premières années de l'humanité environ, l'or était, pour un certain nombre de raisons tou-jours valables, la monnaie choisie par les hom-mes. Tout récemment encore en 1970, il était le point d'ancrage du système financier mon-dial. Lorsque les économies mondiales ont coupé leurs liens avec le métal en 1971, il a agi comme une sorte de monnaie fantôme, al-lant à la hausse lorsque le dollar est faible et tombant lorsque le dollar est fort. Sans sur-prise, l'or a stagné pendant les années 1980 et 90, baissant encore tandis que le dollar faisait un bond puis se faisant supplanter par le dol-lar comme étant le critère de mesure en ter-mes de finance. Mais aujourd'hui, il semble qu'à nouveau, les rôles soient sur le point de s'inverser.

Dans les dix années à venir, tandis que le dollar connaît l'une des débâcles les plus im-portantes dans l'histoire monétaire, l'or va ré-cupérer sa place au centre du système finan-cier mondial, et sa valeur, par rapport à la plupart des devises nationales aujourd'hui, va remonter en flèche. Résultat : les pièces d'or, les réserves des mines d'or et les devises numé-riques basées sur l'or offriront de bien meilleu-res garanties et/ou permettront une plus grande richesse que les obligations, les actions ou les comptes bancaires libellés en dollars. Voici, en un mot, toute l'histoire. Le reste du livre apportera du lien à ce chapitre rhétorique mais comme les historiens avaient dit en par-lant d'Aristote, tout ce qui va suivre ne sont que de simples détails.

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Les monnaies en papier meurent toujours

Avant d'expliquer les raisons pour lesquel-les le dollar se précipite au devant des ennuis, revenons au chapitre 1 selon lequel les mon-naies fiduciaires s'effondrent toujours. C'est une affirmation pour le moins extravagante mais qui est vraie. L'histoire de ces monnaies est en réalité une suite sans fin d'échecs.

Pourquoi ? Pour rester simple, les gouver-nements sont fondamentalement incapables de maintenir la valeur de leurs devises. Cha-que dirigeant, qu'il soit roi, président ou pre-mier ministre, alimente deux groupes puis-sants : la colère des contribuables par rapport à ce qu'ils paient et ce qu'ils refusent résolu-ment de payer en plus, et ceux qui reçoivent l'aide de l'Etat, et qui encouragent plus de dé-penses pour tout ce qui touche à la protection, aux infrastructures et aux pensions vieillesse. Aliénez-vous l'un ou l'autre de ces deux grou-pes et vous pouvez vous retrouver en face d'un brusque changement de carrière. Notre diri-geant hypothétique a donc deux choix : le plus évident consiste à se mettre au niveau de ses électeurs et à leur expliquer que rien n'est gratuit. Les impôts doivent être payés mais un gouvernement généreux ne peut utiliser qu'une partie de la production d'une économie saine. Personne ne peut donc avoir tout ce qu'il veut. Cela semble simple sur le papier mais dans la vraie vie, cela rend le dirigeant vulnérable face à ses rivaux qui sont prêts à promettre tout ce qu'il faut pour obtenir le pouvoir.

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Notre dirigeant n'aime pas du tout cette perspective ; alors il se tourne vers l'option qui lui reste : emprunter pour financer de nouvel-les dépenses sans augmenter les impôts. Puis créer suffisamment de devises pour couvrir le déficit qui en résulte. Ceux qui militent contre les impôts et ceux qui sont favorables aux dé-penses ont ce qu'ils veulent et personne ne re-marque ( en tous les cas pendant un temps ) la légère baisse de la valeur de chaque pièce de monnaie provoquée par l'offre croissante. La nature humaine étant ce qu'elle est, chaque gouvernement choisit finalement cette se-conde alternative. Il en résulte, presque sans exception, un déclin progressif de la valeur de chaque monnaie nationale : c'est l'inflation. Mais une inflation faible, tout comme un petit rôle, n'écrit que rarement la fin d'une histoire. Au fil des années, le fossé qui sépare les recet-tes fiscales et les exigences imposées au gou-vernement tend à s'élargir : les dépenses, les emprunts et la création de monnaie se déve-loppent de plus en plus. L'inflation s'accélère et les gens en viennent à considérer le proces-sus de « dévalorisation » pour ce qu'il est : la perte de leurs économies. Ils délaissent la monnaie en masse pour la dépenser ou la con-vertir aussi rapidement que possible dans d'autres formes monétaires plus stables. La va-leur de la monnaie s'effondre ( c'est une autre manière de dire que les prix remontent en flè-che ), anéantissant les épargnes d'une généra-tion tout entière. C'est le sort éventuel réservé à chaque monnaie fiduciaire. Pour illustrer ce processus, voici quelques exemples des crises financières les plus spectaculaires de notre his-toire. Notez bien qu'elles suivent toutes ap-proximativement le même scénario : les dé-penses immodérées du gouvernement condui-sent à la création de monnaie en trop grosses quantités et cela engendre, à son tour, le phé-nomène de l'inflation et ses conséquences in-évitables.

Rome : la fortune des barbares. Au cours des cinq siècles et quelques de domination, Rome a eu tout le temps nécessaire pour per-fectionner l'art de l'altération de la monnaie. De nombreux dirigeants frappaient des pièces plus petites ou bien découpaient des coins ou faisaient des trous pour faire fondre ensuite les morceaux et fabriquer encore plus de pièces. Ils remplaçaient aussi l'or et l'argent par des métaux de moindre valeur ou en les mélan-geant lors de la fonte. Au moment où Dioclé-tien accédait au trône au IIIe siècle ap. JC, ses prédécesseurs avaient déjà remplacé les pièces d'argent du royaume par du cuivre étamé. À son crédit, Dioclétien fit un premier essai de réforme en émettant des pièces en or et argent plus ou moins pur.

Cette honnêteté retrouvée aurait pu avoir l'effet de stabilisation recherché mais le monde ne suivit pas. A cette époque-là, Rome était un vaste empire qui s'étendait de l'Espagne à la Syrie d'aujourd'hui, cerné de tous côtés par des populations qui se développaient rapide-ment, issues de tribus germaniques et asiati-ques. La défense de l'empire coûtait cher et Dioclétien, répugnant à sillonner ses principa-les circonscriptions, adopta l'approche « armes et douceur ». Il embaucha des milliers de nou-veaux soldats tout en finançant de nombreux projets de travaux publics. Lorsqu'il était en manque d'argent, il fabriquait simplement de nouvelles quantités de pièces en cuivre et commençait à nouveau à dévaloriser ses pièces d'or et d'argent avec du cuivre. Lorsque l'aug-mentation de la masse monétaire fit augmen-ter les prix, il accusa les marchands cupides et en l'an 301, il publia son décret des prix qui imposait la peine de mort à celui qui ne res-pectait pas le prix imposé. Les marchands comprirent parfaitement le message et au lieu d'augmenter les prix, ce furent les boutiques qui commencèrent à fermer.

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Dioclétien fît alors monter les enchères en demandant que chaque fils prenne la succes-sion de son père. Manquer à cette obligation était comme un soldat qui déserterait en temps de guerre, déclara l'empereur, et la sen-tence aussi était la même : la peine de mort.

Parmi les nombreuses conséquences impré-vues des édits de Dioclétien, on nota une so-ciété encore plus stratifiée. Parce qu'ils sa-vaient qu'il s'agissait de dévalorisation moné-taire et amassaient leurs pièces d'or et d'argent ( qui gardaient toute leur valeur ) les riches devinrent encore plus riches. Mais les pauvres étaient coincés avec de la monnaie de cuivre qui n'avait pratiquement pas de valeur, ils de-vinrent de plus en plus dépendants de l'aide publique. Cela impliqua une plus grande pres-sion sur la trésorerie et généra encore plus de pièces de cuivre sur le marché. En 301, lors-que Dioclétien imposa les contrôles de prix, une livre d'or valait 50.000 denarii ( l'unité monétaire de l'empire ). En 307, une livre d'or valait 100.000 denarii. En 324, le chiffre était passé à 300.000 denarii et au milieu du siècle, il était de 2 milliards. En 410, c'est une Rome affaiblie financièrement qui tomba aux mains des Visigoths.

France : deux fois au cours d'un siècle En 1715, la France était la victime classique d'un mauvais gouvernement. Les nombreuses guerres du roi Louis XIV avaient transmis à son successeur Louis XV - qui n'avait que 5 ans lorsqu'il arriva sur le trône - une société qui ressemblait à la Californie d'aujourd'hui. Les impôts étaient élevés, les niveaux d'endet-tement étaient lourds et les gens mécontents. C'est alors qu'un Ecossais, John Law, arriva avec une solution. Fils déshérité d'un riche or-fèvre, bel homme et s'exprimant bien, Law avait développé une nouvelle théorie à propos de l'argent : plus un gouvernement mettait d'argent en circulation, plus grande était la

prospérité du pays. En avant-première de cer-taines des idées économiques plus destructives d'aujourd'hui, il pensait aussi que les autorités monétaires pouvaient, en gérant le montant de l'argent en circulation, conserver une éco-nomie se développant rapidement sans infla-tion, générer beaucoup de recettes fiscales tout en ayant des citoyens prospères et heu-reux. Il parvenait à ce nirvana non pas avec de l'or ou de l'argent, la réserve restant limitée et donc difficile à manœuvrer, mais plutôt avec un nouveau genre de monnaie en papier, in-ventée et introduite quelques années aupara-vant par la Bank of England. Le papier, du fait que sa réserve pouvait être agrandie ou ré-duite à volonté, était en position de supériori-té par rapport au vieil or et aux pièces d'ar-gent, expliqua Law, et bien géré, il était à même de générer une expansion économique sans fin.

Les Français, dans une position désespérée, donnèrent à Law la chance de mettre sa théo-rie en pratique en lui permettant de créer une banque, la Banque Royale qui pourrait émet-tre des livres papier, la monnaie de cette épo-que. Les premiers résultats encouragèrent d'autres expériences et Law en profita pour faire fructifier sa propre fortune avec des con-trats gouvernementaux lui donnant du com-merce avec le Canada et la Chine et le déve-loppement des vastes territoires français en Louisiane. Il s'était également fait nommer Contrôleur Général et Surintendant général des Finances, analogue au Secrétaire au Trésor et président de la Réserve Fédérale que l'on re-trouve aujourd'hui aux Etats-Unis. Il avait le pouvoir de collecter les impôts et d'imprimer la monnaie. Puis il combina la plupart de ces opérations dans l'un des premiers conglomé-rats du monde, la Compagnie d'Occident, plus connue sous le nom de Compagnie du Missis-sippi. A ce moment, contrôlant pratiquement

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l'ensemble des finances de la France, Law dé-créta que dorénavant, les terres et le matériel pouvaient être utilisés comme garantie pour des prêts, permettant ainsi aux emprunteurs d'entrer dans sa banque avec un acte de pro-priété ou un certificat d'actions et de sortir avec une nouvelle monnaie imprimée. Le cycle se renforça, les gens empruntaient sur leur terre et leurs réserves pour acquérir d'avantage de terres et de réserves, faisaient grimper les prix et créaient des garanties pour de nou-veaux prêts ( contrairement au marché améri-cain actuel de l'immobilier dont nous aurons l'occasion de reparler ).

Le cours des actions de la Compagnie du Mississippi — sa croissance la plus fastueuse — passa de 500 livres ( prix de départ en janvier 1719 ) à 20.000 à la fin de l'année 1720. Les premiers investisseurs de Law firent fortune et les Français ordinaires commencèrent à quitter leurs emplois pour devenir ce que l'on peut appeler aujourd'hui des traders. Comme le ra-conte Charles Mackay en 1841 dans son clas-sique Les extraordinaires illusions populaires et la folie des foules, l'activité était tellement frénéti-que sur le trottoir de la Bourse de Paris qu'un bossu réalisa un joli bénéfice en prêtant sim-plement son dos pour servir d'écritoire mobile aux opérateurs en bourse déchaînés. Law de-vint une célébrité internationale et, sur le pa-pier, l'un des hommes les plus riches du monde.

Pourtant, au cours de l'année, les livres en papier qui sortaient des presses de Law provo-quèrent la hausse des prix de presque tout dans le pays. Et comme une sorte d'exemple avant l'heure de ce que nous connaissons au-jourd'hui sur la loi de Gresham ( la mauvaise monnaie « sort » la bonne monnaie de la cir-culation lorsque le gouvernement insiste pour qu'ils s'échangent sur la même valeur ), les consommateurs français commencèrent à gar-

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der les pièces d'or et d'argent, mais à dépenser le papier à l'instant même où ils le recevaient. En janvier 1720, les prix, en termes de livre papier, atteignaient un taux mensuel de 23%.

En ce même mois, deux princes décidèrent de vendre leurs actions de la Compagnie du Mississippi pour toucher leurs bénéfices, et d'autres commencèrent alors à suivre l'exem-ple. Le cours enregistra une baisse sévère. Law répondit en imprimant encore plus de mon-naie papier, tout en se servant de ses pouvoirs officiels pour interdire la possession de plus de 500 livres en or ou argent. Cela effraya com-plètement les marchés, faisant chuter les ac-tions de la Compagnie du Mississippi ainsi que la valeur de la livre papier.

À la fin de 1721, l'action avait retrouvé son prix initial de 500 livres, l'économie française était en pleine confusion et Law faisait déjà partie de l'histoire. Dépouillé de sa fortune et de son pouvoir, il s'enfuit en Italie où il mou-rut sans un sou en 1729- Les fortunes perdues et les vies ruinées de l'épisode de Law avec les monnaies fiduciaires continuèrent d'effrayer les Français pendant les années qui suivirent. Mais cela ne guérit pas la maladie économique sous-jacente qui était un reste de féodalisme particulièrement méchant. A cette époque, la France était une monarchie absolue dans la-quelle la noblesse et l'Eglise détenaient la plu-part des richesses et cela sans payer d'impôts. La série de rois faibles et dépensiers ( qui s'ap-pelaient tous Louis ) voyait des paysans tou-jours opprimés, et la bourgeoisie, classe sociale en plein développement constituée de com-merçants, restait insatisfaite et mécontente. Après avoir perdu des guerres ruineuses contre la Grande-Bretagne et la Prusse, la France était, dans les années 1780, c'est le moins que l'on puisse dire, ouverte à des idées nouvelles.

Sans s'attarder sur les détails sanglants, le

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changement de régime se produisit en 1792, et le nouveau gouvernement, qui prit le nom d'Etats Généraux, essaya de financer la transi-tion du féodalisme vers la démocratie en con-fisquant les biens de l'Eglise ( soit presque 10% du pays ) pour les utiliser comme garan-tie dans l'émission de bons de caisse qui pri-rent le nom d'Assignats. L'émission commença assez prudemment avec des bons valant 400 millions de livres. L'année suivante, on passa à une valeur totale de 800 millions, puis à 600 millions et enfin à 300 millions. Du fait que les Assignats payaient les intérêts et le princi-pal en livres papier, il en résulta une augmen-tation massive de la réserve de monnaie fidu-ciaire. En 1794, il y avait 7 milliards de livres papier en circulation. Une année plus tard, 10 milliards et 6 mois plus tard, 14 milliards.

Le total atteint bientôt les 40 milliards et ce fut le début d'une hyperinflation à grande échelle. Le gouvernement en apparence démo-cratique essaya alors d'obliger les gens à ac-cepter sa monnaie ( vous remarquez une sorte de ressemblance avec notre système ? ) en in-fligeant une peine de prison de 20 ans à celui qui vendrait ses bons au rabais et une peine de mort à celui qui faisait la différence entre les livres papier et les livres en or ou en argent pour fixer les prix ! Les commerçants fermè-rent boutique, l'économie s'effondra, le ration-nement remplaça le commerce et la toute nouvelle République tomba en ruine, laissant la porte ouverte à la dictature de Napoléon et à une nouvelle série de guerres dévastatrices en Europe.

Allemagne : de Versailles à Hitler. Au cours des dix années qui ont précédé la pre-mière Guerre Mondiale, l'Allemagne était une puissance industrielle. Sa monnaie, le mark, était lié à l'or et il était stable depuis des an-nées. Les régions industrielles du pays fournis-saient le reste de l'Europe en charbon et en

acier, entre autres. Lorsqu'elle perdit la guerre, l'Allemagne dut faire face à certains engage-ments dans les années 1920. Selon les condi-tions de sa capitulation, elle devait créer une forme de gouvernement plus démocratique et verser des dédommagements à la France et aux autres pays vainqueurs.

Ce fut chose faite avec le gouvernement qui forma la République de Weimar. Mais verser des compensations constitua un véritable défi. Il semblait que le précédent gouvernement ait financé la guerre en empruntant, dans l'espoir de remporter une victoire rapide puis de forcer ses victimes à rembourser ses dettes. L'Alle-magne s'engagea dans les années 1920 avec d'énormes dettes de guerre. Dans le même temps, lors de la réunion qui eut lieu au châ-teau de Versailles, les pays victorieux ne se montrèrent pas plus généreux que ne l'au-raient été les Allemands. Ils exigèrent des ré-parations exorbitantes. En 1921, l'Allemagne remboursa environ un tiers de la somme to-tale, en grande partie par le biais de transferts en nature de charbon, fer et bois. Pour solder le reste, il fallait prévoir des réductions draco-niennes dans les services ou bien augmenter fortement les impôts. Plutôt que d'imposer ces charges à ses concitoyens, le gouvernement de la Weimar refusa de payer le solde. La France et la Belgique occupèrent alors la Ruhr, le poumon industriel de l'Allemagne, entravant encore plus son économie.

Face à une version exagérée du sempiternel dilemme d'un gouvernement, Weimar opta pour une réponse exagérée, elle mit en marche les planches à billets et les laissa tourner. La masse des marks monta brusquement et les prix commencèrent à exploser. Pris au dé-pourvu, les Allemands réagirent d'abord en économisant et en réduisant leur consomma-tion. Mais lorsqu'ils comprirent que les prix augmentaient partout, ils se mirent à dépen-

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ser leurs marks aussi vite que possible. Les prix furent multipliés par deux lors des cinq premiers mois de 1922 et à partir de là, dé-passèrent la courbe des graphiques. Une mi-che de pain qui coûtait 160 marks en 1922 en valait 1.500.000 l'année suivante, et, en proie au stress de l'hyperinflation, la vie en Allema-gne devint une parodie de l'économie mo-derne. Les ouvriers étaient payés à l'heure et se précipitaient pour dépenser leurs papiers avant qu'ils ne valent plus rien. Au lieu de porte-monnaie, les acheteurs prenaient avec eux des brouettes et des valises pleines de billets pour aller faire leurs courses. Les prix au restaurant doublaient lorsque arrivait la fin du repas.

Le chaos économique s'accompagna d'une détérioration sociale. En 1922, le ministre des Affaires Étrangères Walter Rathenau fut as-sassiné par des militants de droite et en 1923, le tout nouveau parti nazi tenta un coup d'État. Les emprunteurs se retrouvèrent tout à coup sans dettes tandis que les épargnants voyaient disparaître leur pécule. Une retraite qui en 1920 aurait pu assurer une vie confor-table ne pouvait pas garantir son petit déjeu-ner au retraité de 1923. Comme toujours, ce sont les très riches qui en souffrirent le moins parce qu'ils possédaient de véritables atouts - comme des pièces d'or et des propriétés qui produisaient des denrées alimentaires - qui garantissaient leur valeur tandis que la mon-naie papier ne valait plus rien. A l'automne 1923, tandis qu'un dollar valait un billion de marks, la dépression nerveuse de l'Allemagne était totale.

Et puis, aussi vite qu'elle était arrivée, la tempête se calma. En septembre 1923, le nouveau chancelier de l'Allemagne, Gustav Stresemann, ainsi que le directeur de sa ban-que centrale, Hjalmar Horace Greeley Schacht, remplacèrent le vieux mark par le

mark de sécurité qui était soutenu par l'or sur la dette des États-Unis pour aider l'Allemagne à reconstruire son économie. Neuf zéros furent supprimés de la monnaie, faisant d'un mark de sécurité l'équivalent d'un milliard de vieux marks. En 1924, la France réduisit les paie-ments de l'Allemagne à un niveau plus accep-table et ce fut le retour à un semblant de nor-malité. Mais les économies qui avaient disparu ne furent jamais regagnées, pas plus que la va-leur de dur labeur et de morale qui avait ca-ractérisé la société allemande d'avant-guerre. Comme en France un siècle plus tôt, le chaos monétaire avait généré un climat politique propice à l'arrivée d'un démagogue, une op-portunité qui serait bientôt saisie par Adolf Hitler.

Argentine : des pleurs pour le peso. Les gouvernements en Amérique Latine ont ten-dance à se trouver dans une situation particu-lièrement difficile. Grâce à la mauvaise gestion de leurs colonisateurs européens, la richesse se concentre entre les mains de quelques familles qui ne sont pas très intéressées par l'idée de partage. Le reste de la population possède peu et demande beaucoup au gouvernement. Les hommes politiques qui s'éloignent trop de l'un ou l'autre sont sujets à des fuites de capitaux, des émeutes et, beaucoup trop souvent, à des coups d'État. Il en résulte un cycle en appa-rence sans fin de dépenses excessives et d'em-prunt, de dévaluations, d'hyperinflation et de nouvelles monnaies qui élaguent les zéros par rapport à celles d'avant mais sans traiter la maladie sous-jacente. Pourtant, dans les an-nées 1990, l'Argentine semblait être le pays d'Amérique Latine qui allait bien. Après une période d'hyperinflation, en 1991 le pays ali-gna le peso sur le dollar américain au taux de 1 pour 1. La banque centrale était chargée d'échanger les deux monnaies sur demande et de soutenir les pesos en circulation avec des

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dollars. Cela fonctionna pendant un moment. L'alignement avec le dollar semblait stable et les investisseurs nationaux tout autant qu'à l'étranger commençaient à croire que le peso pouvait conserver sa valeur. Les capitaux arri-vaient en Argentine de tous les pays du monde et l'économie était en pleine expan-sion. Mais au lieu d'utiliser le surplus des re-cettes fiscales pour payer la dette et réduire le coût des programmes du gouvernement, Bue-nos Aires vivait dans une frénésie de dépenses, embauchait de nouveaux fonctionnaires dans le secteur public et finançait des projets chers mais hasardeux. Lorsque même ces recettes fiscales ne suffisaient pas, le gouvernement augmentait les taux d'imposition existants et en percevait de nouveaux, dont un « impôt sur le revenu présumé » sur les actifs de l'entreprise et qui touchait même les entreprises peu ren-tables. Dans les rares occasions où les diri-geants essayèrent de réduire leurs dépenses, cela donna lieu à de violentes manifestations et à des grèves générales. Ils renoncèrent rapi-dement. En 1998, le fossé entre la valeur réelle du dollar et du peso était devenu si large que les Argentins se précipitèrent à la banque centrale pour convertir en masse leurs pesos en dollars. La vague de prospérité cessa brus-quement et les nouveaux dirigeants gelèrent les comptes bancaires en dollars, limitant les retraits à 250 $ par semaine par déposant. Fi-nalement, même ces retraits furent interdits et les dépôts de banque en dollars estimés dépas-ser les 20 milliards de dollars étaient confis-qués. Fin 2003, le peso, qui valait 1 dollar en 2001, était à environ 30 cents.

EST-CE QUE LE DOLLAR SE DIRIGE VRAIMENT

VERS QUELQUE CHOSE DE SIMILAIRE ?

Il est facile de rejeter les échecs passés des monnaies en disant qu'ils n'ont rien à voir avec

le monde d'aujourd'hui, tout en étant intéres-sants. Nous sommes beaucoup plus raffinés que ces gens, et nous ne permettrons pas au dollar de connaître le sort du peso argentin, ni celui du mark allemand. Désolé mais comme vous le verrez dans les prochains chapitres, les Etats-Unis connaissent les mêmes pressions que les autres pays et font des erreurs similai-res, dans beaucoup de cas et à une échelle beaucoup plus grande. Gardons cela en mé-moire pour regarder de plus près ce présent terrifiant.

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Combien devons-nous exactement ?

Ce qui caractérise les effondrements des monnaies dont nous avons parlé dans le chapi-tre 2 ( plus les douzaines d'autres qui ont eu lieu pendant les siècles derniers ), c'est leur ressemblance. Qu'elle soit ancienne ou mo-derne, qu'il s'agisse d'une monarchie ou d'une république, de pièces ou de papier, chaque na-tion descend la même pente glissante : elle de-mande à son gouvernement de s'attaquer aux besoins, elle accumule beaucoup de dettes et refuse d'honorer ses obligations en détruisant sa monnaie. Ce schéma répété nous donne des repères pour juger la situation actuelle : si les États-Unis se dirigent vers des périodes tout aussi effrayantes, alors 1 ) le gouvernement devrait étendre le cadre de ses compétences, 2 ) nous devrions emprunter plus d'argent et 3 ) nous devrions financer cette dette en créant une nouvelle monnaie fiduciaire ( ou son équivalent moderne électronique ). S'agit-il bien de cela? Oui, oui et oui, à un niveau sans précédent.

Le gouvernement ne cesse de croître

Les rédacteurs de la Constitution ne pré-tendaient pas connaître l'avenir. Ils pensaient simplement que le système le mieux à même de s'adapter et de réussir dans un monde en mutation reposait sur la libre propriété des ci-toyens et un gouvernement dédié à quelques fonctions essentielles comme la défense natio-nale, s'assurer de la loyauté entre les États, protéger la propriété individuelle et autres droits en préservant l'autorité de la loi.

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Pendant quelques 70 ans, nous avons assez bien suivi ce plan. Mais à mesure que les fon-dateurs, et leurs idées, se tournaient vers le passé, le gouvernement a commencé à élargir son emprise et à redéfinir son pouvoir. La guerre de Sécession en particulier a modifié la relation du gouvernement fédéral et des États en concentrant le contrôle sur les banques et l'argent à Washington. Pourtant, à la fin du XIXe siècle, les États-Unis étaient, aux yeux de tous, un modèle de gouvernement réduit et de monnaie saine.

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• I 1925 1940 2006

U.S. Fédéral Government Spending îturcc Bureau of Economie Aiulysij

dépenses du gouvernement américain Puis, avec le XXe siècle, ce fut le défilé sans

fin des besoins urgents. Il fallait financer la première Guerre Mondiale. La misère généra-lisée de la Grande Dépression généra ses pro-grammes d'aide sociale comme la sécurité so-ciale, les projets de travaux publics comme la Tennessee Valley Authority et une banque centralisée. Entre 1930 et 1940, la part des dépenses fédérales sur le PIB passa de 4 à 8%.

La seconde Guerre Mondiale fut à la fois onéreuse et inévitable tout comme la Guerre Froide qui institutionnalisa le complexe mili-taro-industriel. La pauvreté de plus en plus vi-sible - et démesurée - des années 60 généra des programmes Grande Société comme Medi-care, Medicaid et des bons d'alimentation

pour les pauvres. Une fois en place, ces pro-grammes ont eu leur existence propre. En 1950, les dépenses sociales constituaient envi-ron 12% du budget fédéral. Aujourd'hui, elles représentent presque 40%. En 1990, les dé-penses médicales étaient près de dix fois plus élevées que ce qui avait été prévu au départ.

Quel que soit l'angle de perspective, la courbe de croissance des dépenses est scanda-leusement raide. En 1800, Washington dé-pensait 20 $ par citoyen américain. En 2006, la somme était de 8.500 $. Dans les années 1920, le gouvernement fédéral prélevait 5% du revenu national. Aujourd'hui, cela dépasse 25%. Pendant ce temps, les dépenses de l'État et du pouvoir local ont augmenté deux fois plus vite que le PIB depuis la seconde Guerre Mondiale et aujourd'hui elles engloutissent environ 6.000 $ par habitant chaque année. En 1946, on comptait 2,3 employés pour l'État et le pouvoir local pour 100 habitants. Aujourd'hui, on en a 7. Fin 2006, les gouver-nements fédéraux, l'État et les pouvoirs locaux employaient 25 millions de personnes ; contre 8,5 millions en i960 et 4,5 millions en 1940. Aujourd'hui, les Américains travaillent plus pour le gouvernement que pour le secteur de la manufacture.

Les réglementations gouvernementales qui imposent des coûts sur les affaires ( parfois considérables ) et ralentissent donc la crois-sance économique, ont plus que conservé le rythme des dépenses. The Fédéral Register, la bible réglementaire de Washington, se com-posait de 4000 pages au moment de sa créa-tion en 1936. En 1950, elle était passée à 12000 pages, en 1980 à 40000 pages et au-jourd'hui, elle atteint les 70000 pages. En ajoutant tous ces éléments, « le coût du gouver-nement fédéral, lEtat et le pouvoir local a dépassé les 3 milliards de dollars » écrit Stephen Moore, membre de l'Institut pour la recherche et l'in-

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vation et Président du Club de Croissance. .V n ^nkment les Etats-Unis dépensent plus que

n <>.:e tout entière de la France, mais le gouver-•: '.* dépense plus d argent sur une seule année sut ce qui a été dépensé entre 1781 et 1900, même après ajustement sur linflation ».

Les niveaux de la dette grimpent en flèche

A chaque étape d'expansion du gouverne-ment, les présidents et les législateurs se sont retrouvés face aux choix classiques : restrein-dre les dépenses, augmenter les impôts ou em-prunter et dévaloriser la monnaie. Comme la plupart de leurs prédécesseurs, ils ont opté pour la solution rapide : dépenser le nécessaire pour faire plaisir à leurs électeurs et emprun-ter pour garder les hausses d'impôt à leur mi-nimum. Il en est résulté une augmentation constante de la dette du gouvernement et une diminution régulière de la valeur du dollar.

Dans les années 1990, lorsque quelques an-nées d'excédent avaient conduit la plupart d'entre nous à croire que le monstre de la dette avait été terrassé, le gouvernement fédé-ral s'engagea sur une nouvelle dette de 2,8 trillions de dollars, et fin 2006, Washington devait plus de 9 trillions de dollars. Cela équi-vaut à 28.000 $ par habitant ou encore 112.000 $ pour une famille de quatre person-nes.

Où en sommes-nous après tout cela ? Avec la guerre déclarée au terrorisme comme der-nière raison d'être, Washington a mis la ma-chine en route. Le budget fédéral, qui inclut d'énormes augmentations en dépenses non militaires, dépassait 2,5 trillions de dollars en 2006 et le nouvel emprunt fédéral excédait les 500 milliards de dollars. Voici ces 5.600 $ qui viennent encore charger notre famille de qua-tre personnes ! L'emprunt actuel de Washing-ton, même s'il est énorme, n'est peut-être pas

le pire. La courbe de la dette du gouverne-ment sur la page précédente n'inclut pas le « passif non capitalisé » de la Sécurité Sociale et de Medicare. Il s'agit de la valeur actuelle de ce que ces programmes devront payer sous promesses de bénéfices, moins ce qu'ils ont collecté jusqu'à présent. Jusqu'à une époque récente, le chiffre était supposé se ranger au-tour de 4 trillions de dollars, évidemment énorme et très réel, puisque la réduction des allocations aux personnes âgées, presque im-possible aujourd'hui, deviendra encore plus difficile car les baby-boomers commencent à partir en retraite.

Début 2003 pourtant, le département du Trésor redonna les chiffres selon les normes plus rigoureuses qui concernent le secteur pri-vé et découvrit que ce passif non capitalisé n'était pas de 4 trillions de dollars mais de 43 trillions de dollars. Cette révélation n'apparut pas dans le budget officiel du gouvernement. Mais le Trésor ne démentit pas non plus les calculs de ses économistes. Pourquoi le chiffre est-il si énorme? Pour faire simple, parce que nous vieillissons très vite. A ce moment précis, il y a environ 4 employés qui subviennent aux besoin d'un bénéficiaire de la Sécurité Sociale et de Medicare. Mais les taux de naissance tombent et la population vieillit ( comme cela se passe d'ailleurs dans le monde industriel ), dans dix ans, il n'y aura que 2 employés pour un retraité aux États-Unis. Dans le même temps, le coût du soin médical augmente et implique que chaque retraité demandera de grosses sommes d'argent aux programmes sans limite de durée comme Medicare. Mettez bout à bout ces deux tendances et vous obte-nez d'énormes coûts pour les années à venir que nous ne finançons pas de façon adéquate.

Alors si vous croyez que la pression mise sur le gouvernement américain pour se déve-lopper est intense aujourd'hui, vous n'avez en-

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core rien vu. Mais attendez, il y a encore autre chose. Il s'avère que le gouvernement, en ce moment même, n'est pas le seul contrevenant. Le reste de la société a maintenant rejoint la frénésie de la dette :

Les ménages. Nos habitudes de dépenses reflètent généralement notre humeur collec-tive. Dans les années 1990, comme cela était prévisible, on nota une hausse de la demande pour les gros 4x4, la chirurgie esthétique et les maisons haut de gamme, parmi beaucoup d'autres privilèges de la promotion sociale. Lorsque les temps sont durs, par ailleurs, nous baissons généralement nos prétentions, nous repoussons les jolies vacances, nous gardons notre vieille voiture pour un an ou deux sup-plémentaires et nous remboursons une ou deux dettes. Les banques adoptent générale-ment la même attitude, elles resserrent leurs critères de prêt et se séparent de leurs clients les moins solvables. On note un certain déclin dans le montant de la dette supportée par les Américains ou, en tous les cas, un ralentisse-ment de sa croissance.

1200

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u U U i m U 1990 1995 2000

U.S. M o r t g a g e B o r r o w i n g 2005

Sourct: R-deral Reserve

e m p r u n t s h y p o t h é c a i r e s a m é r i c a i n s

Au vu de l'effondrement du secteur de la technologie, de la mini récession de 2001 et des attaques du World Trade Center, vous imaginez sans doute que les consommateurs américains ont passé le début des années 2000

en pleine retraite financière, empruntant moins et accumulant de l'argent en prévision de nouveaux coups durs. Entre 2000 et 2006, nous avons vu au contraire les consommateurs appuyer sur l'accélérateur et emprunter encore d'avantage. Les prêteurs, au lieu de reculer, ont fourni du crédit à tout le monde : mauvais crédit, pas de crédit, pas de problème !

Si vous avez une boîte aux lettres, vous sa-vez ce que font les sociétés de cartes de crédit. Ces dernières années, les émetteurs de cartes comme Providian et Capital One ont fait for-tune en inondant le monde avec des cartes plastique pré-approuvées. Les constructeurs automobiles américains ont la même appro-che, via les prêts à 0% que General Motors et Ford ont adopté récemment avec enthou-siasme.

45,000

40,000

35,000

30,000

| 25.000

20,000

15,000

10,000 5,000

1966 1976 1986 1996 U.S. Pcr Capi ta H o u s e h o l d D e b t

Source, Ferlerai Reserve, U.S. Census Bureau

l ' e n d e t t e m e n t d e s m é n a g e s a m é r i c a i n s

Et puis il y a eu le boom des hypothèques. En 2000, les Américains ont remarqué qu'à la différence du secteur technologique, la valeur des maisons continuait à augmenter ; alors ils ont commencé à vendre les actions qui leur restaient pour acheter des maisons encore plus grandes. Ils ont découvert que grâce aux inno-vations comme les lignes de crédit sur la va-leur nette de leur maison et les refinancements des mises ( lorsqu'un propriétaire refinance

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r us que son ancienne hypothèque et empoche la cifférence ), ils pouvaient utiliser leur mai-- n comme un distributeur automatique de r .„ets de banque, accéder à la valeur nette et ia dépenser pour maintenir leur train de vie.

Entre 1988 et 1997, l'emprunt hypothé-caire atteignait une moyenne de 200 milliards de dollars par an, et en 2004, la moyenne an-nuelle s'éleva à plus de 900 milliards. Depuis 1995, le montant de la dette hypothécaire en cours a doublé jusqu'à atteindre 13 trillions de dollars. Les spécialistes de l'hypothécaire comme Countrywide et New Century se sont développés au cours de cette décennie et les banques commerciales comme Wells Fargo et Bank of America ont prodigué des crédits sur les valeurs nettes comme elles avaient, autre-fois, offert des grille-pain.

Alors pourquoi tous ces banquiers brillants et tous ces analystes prêtaient-ils encore plus d'argent qu'avant, pout attacher de plus en plus les consommateurs ? D'abord, leurs ca-dres étaient prêts à tout pour augmenter leurs stock-options en faisant plaisir à Wall Street, autant ils étaient indifférents aux conséquen-ces ( ou bien ils les avaient vues, mais espé-raient avoir disparu depuis longtemps avec un matelas de retraite bien épais ).

Mais il existe une autre raison, un peu plus technique mais beaucoup plus importante : grâce à une technique appelée titrisation, ce n'était plus l'argent des banques ( ou celui des cartes de crédit, ou des constructeurs automo-biles ) qui était risqué, mais l'argent de quel-qu'un d'autre. Pour comprendre le rôle de la titrisation dans cette étape de purge de l'accu-mulation de la dette américaine, voyons com-ment fonctionnait le prêt. En 1980, par exem-ple, si une banque vous octroyait une hypo-thèque ou bien un prêt voiture, elle espérait conserver ce prêt dans ses livres jusqu'à ce que

vous l'ayez remboursé. Elle n'avait pas beau-coup de choix. Les prêts aux consommateurs étaient tous différents. Certains étaient rem-boursés rapidement, d'autres plus tard et cer-tains pas du tout. Parce que l'analyse et l'esti-mation de ce genre de crédit étaient compli-quées, les investisseurs venus de l'extérieur n'avaient pas intérêt à acheter cette dette en dehors des prix « sacrifice ». Les initiateurs des prêts étaient donc liés aux clients. Cela prenait leur capital, leur donnant le sentiment d'être des entreprises de la vieille économie, ce qu'ils étaient, pour la plupart. Mais cela leur don-nait aussi une motivation pour prêter à bon escient puisqu'ils devaient vivre avec les résul-tats.

Puis, au milieu des années 1980, les ingé-nieurs financiers de Wall Street eurent une idée : un ensemble de petits prêts tous diffé-rents pouvaient être regroupés, bien présentés et devenir des obligations de haute qualité que les investisseurs du monde entier convoite-raient. Des centaines de milliards de dollars d'hypothèques, de prêts voiture et de dettes sur des cartes de crédit furent ainsi regroupés et vendus chaque année à un marché mondial obligataire insatiable. Les prêteurs perdirent leurs inhibitions puisque, quelles que soient les erreurs qu'ils commettaient en jugeant de la capacité d'un emprunteur à rembourser le prêt, cela n'atteindrait que les gens qui avaient acheté les obligations ; et de toute fa-çon, pas avant quelques années. Dans l'inter-valle, le prêteur gagnait de l'argent, ses ac-tions augmentaient et ses cadres récoltaient de jolis bonus. Et la dette des ménages améri-cains grimpait en flèche.

Les affaires. Tandis que les taux d'intérêt ont baissé ces dernières années, les entreprises ont émis des obligations et des effets de com-merce aussi vite que leurs banques d'investis-sement pouvaient élaborer ces documents. En-

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:rt 1995 et 2001, les entreprises non financiè-res américaines ont utilisé un total d'environ ; .5 trillions de dollars en nouvelles dettes. Et -épais, les entreprises comme les consomma-teurs ont intensifié le rythme pour ajouter 5 trillions de dollars.

Global Derivatives Exposure - Notional Value _Somoy Bank for International Seulement*

exposition globale des dérivés - valeur notionnelle

Mais la partie la plus effrayante de l'explo-sion de la dette des entreprises n'implique pas la dette en soi. Elle implique les produits déri-vés, ces contrats mystérieux dont parlent les experts dans une atmosphère menaçante sans vraiment expliquer de quoi il s'agit. Nous n'al-lons pas les expliquer en détail non plus parce qu'il faudrait un livre à part entière. Il suffit de dire que les produits dérivés sont des con-trats qui tirent leur valeur d'autre chose. Ils viennent littéralement de douzaines de sources différentes qui vont des stock options classi-ques à des titres que seul un mathématicien peut réellement appréhender. Mais tous sont conçus pour diviser le risque associé à un actif sous-jacent en morceaux, permettant ainsi de les vendre à différentes personnes, dont cha-cune d'elles est théoriquement la mieux à même de le gérer. Comme dans le cas des ti-tres de créance, leur usage a fait exploser les courbes. Au cours de ces dix dernières années, la valeur « imaginaire » ( c'est-à-dire le mon-tant en dollars des instruments financiers sous-jacents ) des produits dérivés américains

dépassait une somme déjà impressionnante de 10 trillions de dollars pour atteindre environ 200 trillions. Partout dans le monde, le chiffre est quelque part au-delà de 500 trillions de dollars. Quel sorte de risque cela comporte-t-11 ? Etant donné la complexité de ces contrats, c'est difficile à dire, mis à part le fait que cela présente des risques, et si l'on considère les montants impliqués, ils doivent être énormes. Comme le légendaire investisseur Warren Buffet ( un homme qui n'est pas normalement lié à l'hyperbole ) le déclarait récemment, les produits dérivés sont « des armes de destruction financière massive » qui posent « un risque émi-nemment catastrophique ».

La dette totale. Ajoutez toutes ces sommes ensemble et l'image est aussi sinistre qu'elle est inéluctable. La dette américaine ne fait pas qu'augmenter, elle monte en flèche. Sur la courbe, la ligne inférieure représente la crois-sance du PIB. Il s'agit du revenu national total ou ( en prenant le risque de trop simplifier ) ce que vous obtenez lorsque vous totalisez tous les salaires et les encaissements sur ventes que nous générons sur une année donnée. L'autre ligne représente la dette totale que le gouver-nement américain, les ménages et les entrepri-ses ont accumulée. Remarquez que les deux li-gnes se suivent relativement à partir des an-nées 50 jusque dans les années 70, impliquant par là que notre emprunt produisait une aug-mentation proportionnelle en richesses. Mais dans les années 80, les lignes s'écartent avec un PIB qui continue à augmenter au même rythme soutenu et la dette qui s'accélère. Pen-dant ces dix années, notre dette a augmenté de 9,5 trillions de dollars tandis que le PIB connaissait une croissance de 2,4 trillions de dollars. Cela signifie donc que nous emprun-tions plus de 3 $ pour chaque 1 $ de nouveau revenu produit.

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Dans les années 90, le fossé s'est élargi en-core d'avantage, la dette a augmenté de 15 trillions de dollars et le PIB n'a augmenté que de 3 trillions de dollars, soit un ratio de 5 sur 1 de nouvelle dette par rapport au nouveau revenu.

Sourct: Fctferaî Reierv*

États-Unis: dette par habitant et le PIB ajustés à l'inflation

Aujourd'hui, en tant que société, nous de-vons environ 45 trillions de dollars. C'est plus que trois fois le PIB ( soit une hausse de deux fois le PIB au début des années 80 ), cela re-présente 150.000 $ par habitant ou encore un ahurissant 600.000 $ par famille de quatre personnes. Et, croyez-le ou non, le rythme va en s'accélérant. Depuis 2002, les États-Unis ont ajouté 6 $ de nouvelle dette sur chaque nouveau dollar du PIB. N'oubliez pas que ce calcul exclut les deux chiffres les plus impor-tants : les 40 trillions de dollars de Washing-ton en passif non capitalisé des fonds d'affecta-tion spéciale et les 200 trillions de dollars des sociétés américaines en engagements sur les produits dérivés. En bref, les États-Unis rem-plissent les deux premières exigences d'une crise monétaire : les dépenses du gouverne-ment et la dette totale sont toutes les deux en pleine croissance.

~ 4 ~

Échanges déséquilibrés

Si le dollar demeure une monnaie qui fonc-tionne après les vingt ans de frénésie d'em-prunt, alors qu'est-ce qui peut l'empêcher de continuer? Pour commencer, nous ne sommes pas seuls au monde. Les investisseurs étran-gers ont leur mot à dire au niveau de la valeur du dollar et dans les prochaines années, ils vont dire des choses très regrettables.

En tant que grande puissance commerciale, les États-Unis exportent des ordinateurs, des logiciels, des films et des produits alimentai-res, entre autres choses. Et nous importons tout ce que vous pouvez imaginer. Lorsque nous achetons plus que nous ne vendons, nous compensons la différence — connue sous le nom de déficit commercial - en envoyant des dollars à l'étranger. Ces dernières années, nous avons beaucoup plus acheté que vendu. Après avoir atteint une moyenne tout à fait gérable de 80 milliards de dollars par an pendant les années 80, le déficit commercial a atteint les 300 milliards dans les années 90. En 2006, ce chiffre a explosé pour atteindre 700 milliards. Cela représente environ 6% du PIB, un pour-centage qui, lorsqu'il s'est produit dans d'au-tres pays dans le passé, a précédé une forte baisse de la valeur de la monnaie du pays.

Pourquoi achetons-nous beaucoup plus que nous ne vendons? L'une des raisons, c'est que cela coûte beaucoup moins cher de fabriquer la plupart des produits de base dans des en-droits comme la Chine où des gens très dé-gourdis et motivés travailleront pour environ un dixième du salaire américain. Les entrepri-ses américaines ou européennes, pour tirer

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- - rît de cette différence, ferment les usines : rn installent de nouvelles là-bas. La chaîne

ie magasins discount Wal-Mart suit ce pro-cessus en achetant auprès d'un réseau d'usines :ninoises, répercute certaines économies sur les clients et oblige ses concurrents à sortir du ieu ou bien les force à s'approvisionner aussi auprès de fournisseurs étrangers bon marché. Il en résulte que des entreprises étrangères à bas salaires inondent maintenant les États-Unis et l'Europe avec des produits incroyable-ment bon marché. Il y a peu de temps encore, notre balance commerciale avec la Chine était plus ou moins en équilibre mais nous accusons maintenant un déficit qui dépasse les 200 mil-liards de dollars par an.

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Source. Fédéral Réserve

déficit commercial américain

Mais le problème ne se limite pas à la Chine. Nous connaissons des déficits annuels avec le Japon et l'Union Européenne pour res-pectivement 100 milliards et 50 milliards de dollars. Bien sûr, il y a aussi les importations du pétrole, qui viennent en grande partie du Moyen Orient, qui semblent augmenter tou-jours plus. La conclusion inéluctable, c'est que les consommateurs américains sont dépen-dants d'un mode de vie qui inclut des nouvel-les voitures, de grandes maisons et des gad-gets électroniques superficiels. Comme vous l'avez vu dans le chapitre précédent, nous vou-lons emprunter à n'importe quel prix pour

éviter de devoir nous restreindre. Quel que soit l'angle d'approche, la situation commer-ciale des Etats-Unis est sans précédent. Le dé-ficit commercial annuel est plus gros que les budgets de la Sécurité Sociale et de l'armée, et deux fois aussi important que celui de Medi-care.

Depuis 1953, la base de l'industrie améri-caine a baissé de 30% du PIB ( lorsque les États-Unis affiche un excédent commercial, au fait ) pour atteindre les 15% aujourd'hui. De-puis 1985, le déficit cumulé a atteint environ 6 trillions de dollars soit environ 20.000 $ pour chaque homme, femme et enfant aux États-Unis.

Que font les partenaires commerciaux des États-Unis avec ces dollars? Leurs banques centrales ont accumulé de grosses piles de dol-lars en « réserve » pour soutenir leurs propres monnaies tandis que les entreprises étrangères ont acheté de l'immobilier américain, des ac-tions et des obligations. Les investisseurs étrangers détiennent aujourd'hui environ 10 trilliards de dollars des actifs financiers améri-cains y compris 15% de toutes les actions américaines, 28% des obligations de sociétés, 48% des bons du Trésor et enfin 20% de la dette de l'agence gouvernementale. Fin 2003, environ un tiers des obligations hypothécaires de Fannie Mae était vendues à l'étranger.

Dans les années 80, les États-Unis était le plus gros pays créditeur du monde, cela signi-fiait que nous avions beaucoup plus investi dans les autres pays que les autres n'avaient investi chez nous. Mais en 2003, les investis-seurs étrangers détenaient 9,4 trillions de dol-lars des biens américains tandis que les conces-sions américaines sur le reste du monde n'étaient que de 7,2 trillions. Les États-Unis sont aujourd'hui le plus gros pays débiteur du monde.

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L'empressement des investisseurs étrangers a recycler leurs dollars dans l'économie améri-caine explique la stabilité du dollar dans les années 90. Tant qu'ils garderont cette volon-té. l'offre et la demande des dollars sera équili-brée et sa stabilité assurée. Mais que se passe-ra-t-il quand les étrangers changeront d'avis et décideront de ne plus acheter des avoirs amé-ricains ? Apparemment, nous sommes sur le point de le découvrir.

SSO-i

1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Foreign Direct lnvestment in the U.S.

Source: U.S. Bureau of Erortomir: Anafvsu

investissement étranger direct aux États-Unis

L'investissement étranger direct, c'est-à-dire la valeur en dollars des actifs américains achetés par des investisseurs étrangers est tombée de 300 en l'an 2000 à moins de 200 milliards en 2006. Et le dollar est chahuté. Fin 2007, il affichait une baisse record face à l'eu-ro et se retrouvait en chute libre face à l'or, le yen et le yuan chinois. Et il ne s'agit que d'un début. Même si les investisseurs étrangers ont recyclé moins de dollars en 2006, ils n'ont pas activement abandonné les dollars. Que va-t-il se passer s'ils décident de vendre leurs bons du Trésor ou l'immobilier de Manhattan ? Selon toute probabilité, le dollar va s'affaiblir encore, obligeant ainsi les investisseurs étrangers à chercher ailleurs d'autres opportunités géné-rant ainsi l'assèchement de la demande de dol-lars. Nous sommes tous logés à la même en-seigne et le problème de la dette virtuelle au départ va devenir bien réel.

~ 5 ~

Nous sommes tous déflationnistes maintenant

Au début de l'année 2003, les Etats-Unis se trouvaient dans ce qui semblait être, aux yeux de la plupart des observateurs, un terri-toire complètement inconnu. Les taux d'inté-rêt à court terme avaient atteint des niveaux très bas ce qui générait normalement à la fois des affaires et poussaient les consommateurs à emprunter comme des fous, déclenchant ainsi une expansion énorme. Pourtant, bien que la dette augmente, le rythme de l'économie res-tait lent. Les experts, qui ne comprenaient rien, étaient occupés à discuter à propos de la prochaine baisse du taux d'intérêt pour savoir si elle pourrait arranger les choses.

Que se passait-il ? Très facile à expliquer : les dettes accumulées par les Etats-Unis étaient tout à coup devenues très lourdes à porter. Et, comme toutes les sociétés endet-tées finissent par faire, les Etats-Unis étaient arrivés à un carrefour fatal. D'un côté, il y avait l'austérité. Les gouvernements et les con-sommateurs se retrouvent face à la dure réali-té, réduisent les dépenses non indispensables et remboursent la dette. Cela implique bien sûr une douleur immédiate, les gens aux 4x4 et aux maisons luxueuses perdent leur emploi et commencent à ne plus pouvoir rembourser leurs prêts, les banques suppriment leur carte de crédit et les hypothèques, et Wall Street réduit son personnel dans les secteurs de la re-cherche, des affaires et du courtage. Le monde avait essayé de suivre cette méthode ( plutôt de façon maladroite et il s'agissait plus de ha-sard que de choix véritable ) après la dernière

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-enésie de dette des années 20, en érigeant ces barrières commerciales dans une vaine tentative de protéger les industries locales. Cela avait engendré une récession « déflation-niste » au cours de laquelle des millions de gens avaient perdu leur travail et les consom-mateurs l'envie de consommer ce qui avait dé-clenché une chute presque générale des prix.

De l'autre côté, il y avait la relance, c'est-à-dire un effort concerté par les gouvernements du monde entier pour baisser les taux d'intérêt et les impôts afin d'inciter les consommateurs et les entreprises à continuer à emprunter et de dépenser. Dans ce scénario, la croissance sauve l'économie de la pagaille ou, en tous les cas, retarde l'inévitable pour un certain temps.

Avec pour modèles la France du XVIIIe siè-cle, la République de Weimar et l'Argentine des années 1990, nous pouvions supposer que la plupart des hommes politiques choisiraient le chemin de la relance. Mais aujourd'hui, nul besoin de supposer quoi que ce soit. Nous sa-vons bien que les actions passées et les décla-rations publiques des responsables nous disent tout ce que nous avons besoin de savoir et en 2003, ils se trouvaient en plein mouvement de relance. Alors commençons par nous intéres-ser au chef des déflationnistes, Alan Greens-pan en personne, l'ancien président de la Ré-serve Fédérale.

Dès le milieu des années 1990, l'économie mondiale connut une série de mini crises. C'est ce que l'on a appelé la contagion asiati-que. Les économies de la Corée du Sud, de Malaisie et de Thaïlande ont explosé et leurs monnaies se sont effondrées. Puis ce fut le tour du défaut de remboursement russe, l'ef-fondrement de la LTCM ( un fonds spéculatif de haut niveau en produits dérivés ), le bug informatique de l'an 2000 et enfin, l'éclate-ment de la bulle spéculative Internet.

Chacun de ces événements était considéré à l'époque comme une menace pour le système financier mondial déjà fragile. Face à tout ces problèmes, la Fed réagissait en diminuant les taux d'intérêt et en inondant le système avec des liquidités. Elles soulagèrent les inquiétu-des des marchés et convainquirent les entre-prises et les consommateurs de continuer à emprunter. L'économie mondiale survécut et Greenspan fut salué comme un génie. La bio-graphie du président rédigée en 2001 par le journaliste Bob Woodward porta même le ti-tre de Maestro.

La leçon qu'en tira le Maestro, c'est qu'il se produit des bulles financières et pour empê-cher qu'elles n'aient un impact sur l'économie à un niveau plus large, il faut alimenter le sys-tème avec du crédit bon marché. Les forces du marché liquident ensuite la dette relative à la bulle sans nous porter indûment préjudice. Du fait de l'effondrement de la bulle Internet et du ralentissement qui avait suivi, la Fed avait liquéfié en force. Entre 2000 et 2003, elle diminua ses taux d'intérêt à court terme 13 fois, soit un minuscule 1%. La monnaie au sens large ( la matière première qu'une écono-mie transforme en richesse ) augmenta de 35% et comme nous l'avons vu dans le troi-sième chapitre, le marché de l'immobilier en particulier connut un véritable essor.

Mais l'économie globale restait faible et fi-dèle à la forme, Greenspan ne prenait aucun risque. En juillet 2003, il promit de conserver les taux d'intérêt à leur niveau actuel « aussi longtemps que nécessaire pour revenir à des résultats économiques satisfaisants ». Avec l'homme qui lui a succédé, Ben Bernanke, il insista sur le fait que les taux d'intérêt à court terme n'étaient pas le seul outil de la Fed. Elle peut, si elle le souhaite, déplacer la courbe de rendement vers le haut en achetant des bons du Trésor et des obligations à plus long terme, réduire en-

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suite les taux d'intérêt à long terme et inonder enfin le système avec des nouveaux dollars. En d'autres termes, il n'y avait pas de limite sur ce que la Fed ferait pour que les Américains continuent à emprunter et à dépenser.

Au niveau de l'équation : imposer pour dépenser, le président George W. Bush et ses alliés du Congrès ont été encore plus accom-modants, si l'on peut dire. Commençons par un petit cours d'économie : lorsque le gouver-nement encaisse plus d'argent qu'il n'en dé-pense, cela s'appelle un excédent. Ces excé-dents ont tendance à ralentir l'économie puis-que les consommateurs ne peuvent pas dépen-ser ce que le gouvernement leur a pris. Inver-sement, lorsque le gouvernement a un déficit, il dépense plus qu'il ne prend et il emprunte la différence. Cela augmente donc la « demande globale » et gonfle l'économie.

Jusqu'à la fin de la dernière croissance, le gouvernement fédéral a géré des excédents qui atteignaient jusqu'à 2,6% du PIB en 2000. Mais l'économie a ensuite ralenti ( avec des re-cettes fiscales inférieures et des coûts de pro-grammes en santé et aide à l'emploi plus éle-vés ), une nouvelle administration a pris ses fonctions avec des réductions d'impôts à son programme ; et les attaques du World Trade Center ont créé un consensus favorable à des dépenses plus importantes pour l'armée. Lors-que vous assemblez tous ces éléments, vous obtenez un déficit fédéral soudain énorme. Lorsque vous lisez le chapitre 3, vous voyez que Washington a emprunté environ 500 mil-liards de dollars, soit presque 5% du PIB, en 2006. Wall Street, de son côté, a peur d'un ralentissement continu. Si les entreprises ne peuvent pas augmenter les prix, elles ne peu-vent pas générer des bénéfices plus élevés. Et sans augmentation de bénéfices des entrepri-ses, qui voudra posséder des actions de haut niveau ? La déflation, en bref, signifie moins

de fusions, d'introductions en bourse, et de transactions, et donc d'avantage d'obligations défaillantes. Cela n'est pas surprenant que cer-tains poids lourds de Wall Street aient rejoint ceux qui demandent des taux d'intérêt plus bas et des déficits plus importants.

Un des exemples très clairs ( et plutôt alar-mants en ce qui nous concerne ) est celui de Paul McCulley, directeur général de l'énorme et influente Pimco. Au cours de nombreuses mises à jour effectuées auprès de clients voici ce que disait McCulley déjà en 2003 :

La Fed en imprime et le Congres en em-prunte. Et cest ainsi que cela devrait être, étant donné que l inflation est trop basse et que le chô-mage ( à la fois ressources matérielles et du tra-vail ) est trop élevé. Ce dont le monde a besoin ... cest dune coalition des machines à imprimer et des déficits budgétaires pour soutenir la de-mande nationale ...La relance n'est rien d autre que convaincre les gens que leur argent va se transformer en camelote, qu'ils doivent le dépen-ser pour acheter des marchandises, des services et des biens avant qu'il ne perde de sa valeur géné-rant ainsi une hausse de linflation... Si le dol-lar change de direction le long du chemin, qu'il en soit ainsi.

Le reste du monde suit. L'une des causes du déficit commercial américain, c'est que l'Europe et le Japon se développent plus lente-ment et achètent relativement peu à l'étran-ger. D'où vient cette différence de comporte-ment ? Parce qu'ils ont de sérieux problèmes de leur côté. Commençons par l'Europe : lors-que la France, l'Allemagne et leurs voisins ont remplacé leur monnaie nationale par l'euro, ils ont renoncé à quelques règles de base avec le Traité de Maastricht. Parmi ces règles, il était stipulé qu'aucun pays de la zone euro ne pou-vait générer un déficit de plus de 3% de son PIB. Mais le traité ne spécifiait pas comment

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:1s devaient réaliser une telle prudence budgé-taire. Cela n'obligea pas les pays membres à rrduire leurs dépenses ou à adopter une légis-._::on rationnelle du travail ou des réglemen-tations des affaires. L'Allemagne et la France

de nouveau en suivant le modèle standard de la monnaie fiduciaire ) ont conservé leur état providence et affaibli les régimes de réglemen-tation en espérant simplement qu'une mon-naie commune rendrait leurs économies de nouveau productives.

Évidemment, ça n'a pas marché. Les deux économies, paralysées par des gouvernements hypertrophiés et des impôts élevés, flirtent avec la récession depuis 2000. Leurs déficits budgétaires sont constamment au-dessus des limites de la zone euro ce qui les place au même carrefour que les États-Unis : ils peu-vent soit réduire les dépenses et vivre avec ce que cela implique, soit continuer à dépenser trop, connaître des déficits encore plus élevés et imprimer de toute façon beaucoup de mon-naie papier pour couvrir la différence.

A partir de 2003, il était évident que, tout comme les États-Unis, ils avaient choisi la se-conde option. Bien que les 3% du déficit du PIB soit inscrits dans leur traité, les dirigeants français et allemands les rejettent comme étant un simple « symbole ». Et les deux par-ties ont indiqué que désormais, elles poursui-vraient le chemin de la croissance plutôt que celui de l'austérité. Comme la presse le men-tionnait : les Français semblent avoir profité des difficultés de l'Allemagne pour faire pres-sion en faveur d'une révision du traité qu'ils considèrent comme étant un obstacle aux pro-grammes de dépenses de la France. La Banque Centrale Européenne, pendant ce temps, sui-vait la Fed en inondant l'économie de crédit.

Le Japon, la seconde économie du monde, a commencé les années 2000 embourbé dans une déflation au ralenti à la suite de l'éclate-ment de son immobilier et des bulles boursiè-res des années 90. Face aux mauvaises dettes massives de ses principales banques, le gou-vernement japonais a essayé des programmes de relance les uns après les autres, accumulant ainsi une dette nationale qui excède même le pourcentage du PIB des États-Unis. Dans le même temps, le Japon a réduit les taux d'inté-rêt à court terme à 0, jusqu'à ce que, récem-ment, le yen puisse être emprunté pour prati-quement rien. Cela fonctionna en quelque sorte car la disponibilité du yen bon marché fit naître le « yen qui apporte des affaires » : les fonds spéculatifs et autres spéculateurs em-pruntaient des yen pour presque rien et inves-tissaient les montants des recettes dans des va-leurs mobilières américaines ou européennes à rendement plus élevé. Cette énorme offre de capital augmenta la croissance économique mondiale qui, à son tour, augmenta la de-mande pour les exportations japonaises.

Mais aujourd'hui, le Japon se trouve con-fronté à un problème qui est l'image miroir du déficit commercial des États-Unis. Du fait qu'il gère un énorme excédent commercial avec les États-Unis, il doit gérer un énorme afflux de dollars. Il pourrait simplement lais-ser travailler l'offre et la demande ce qui aurait pour résultat de voir le yen prendre de la va-leur par rapport au dollar. Mais cela étouffe-rait le yen apporteur d'affaires ( en obligeant les emprunteurs à rembourser le yen appré-cié ) et ravagerait les exportateurs japonais en étiquetant les produits avec un yen beaucoup plus cher. Du fait que les exportations sont sa principale source de croissance économique, les dirigeants du pays sont réticents à l'idée de laisser faire. La banque centrale achète donc des dollars et accumule ainsi une réserve

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enorme en dollars. Pour acheter des dollars, ils doivent dépenser des yen ce qui signifie qu'ils gèrent leur propre planche à billets d'arrache-pied.

Nous en sommes donc là. Les principales économies mondiales vivent toutes au-dessus de leurs moyens et elles empruntent pour cou-vrir la différence. Et, cela semble certain, elles vont continuer à créer autant de nouvelles monnaies papier qu'il le faut pour retarder le jour de l'addition. Le décor est planté, en bref, pour un effondrement de la monnaie tel que l'a connu l'Allemagne de Weimar ou bien l'Argentine des années 90, dans lequel le monde perd simplement confiance dans le dollar en particulier et dans les monnaies en général. Dans cette « fuite de la crédibilité », la demande pour le dollar va se raréfier. Nous allons dépenser notre argent à la minute où nous le recevons, envoyant les prix à des ni-veaux incroyables. Nous éviterons les instru-ments financiers, y compris les obligations et les actions comme la peste. Et nous retourne-rons en masse vers la seule monnaie qui est imperméable à la mauvaise gestion du gouver-nement : l'or.

I I

L'argent d'hier et d 'aujourd'hui

Parmi tous les artifices qui visent à escroquer les classes laborieuses, aucun na été plus efficace que celui qui les dupe avec

largent papier.

Daniel Webster

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Qu'est-ce que l'argent ?

Jusqu'à présent, nous avons parlé de l'ar-gent et des devises avec une certaine désinvol-ture. Si vous vous sentez un peu hésitant quant à leur signification exacte, vous n'êtes pas le seul. Aujourd'hui, c'est à peine si l'on pense à ces termes. Alors, avant d'examiner une fois pour toutes le rôle futur de l'or dans l'économie mondiale, voyons de près la nature exacte de l'argent. Prenez n'importe quel texte d'introduction à l'économie et vous verrez que l'argent est défini comme étant quelque chose qui remplit trois fonctions :

— étalon de valeur, c'est-à-dire une me-sure qui est généralement acceptée et utili-sée pour exprimer le prix des produits et des services.

— réserve de valeur qui conserve son pouvoir d'achat sur de longues périodes dans le temps pour permettre aux gens de réaliser des économies et par conséquent de reporter leurs dépenses à une date ulté-rieure.

— un moyen d'échange qui est facile-ment transmis d'une personne à une autre en échange de produits et de services.

C'est une définition tout à fait acceptable mais il est possible de comprendre le terme argent d'une façon plus approfondie si vous le considérez comme un moyen de communica-tion. De la même manière que le langage par-lé nous permet de transmettre des idées, l'ar-gent est l'outil mental que nous utilisons tous pour communiquer notre propre vue subjec-tive de valeur lors d'un échange. Imaginons

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par exemple qu'un vendeur propose quelque chose à un prix donné qui représente l'image qu'il a de l'objet en question ( peut-être opti-miste ). Vous répondez en proposant un prix plus bas et vous finissez par accepter un prix moyen acceptable pour les deux parties. L'ar-gent est à la fois le cadre conceptuel dans le-quel a lieu cette conversation et l'outil qui vous permet de traduire l'idée de valeur de chacun dans des termes compréhensibles. L'ar-gent rend donc possible le calcul économique et, par extension, notre économie de marché.

5.0-1

°'W5 Ï9S0 1955 ii) 1965 VwTrnlV^XT^ ï<»s' » MS 2010 Frice of One Barre! ofCrude Oil in Cioid Grams

Dtccmber 1945 Through Ûctober 2007 Souri*.- GoWMoncy.com

1 : prix d'un baril de brut en grammes d'or

2: prix d'un baril de brut en dollars

Tout comme une parole donnée signifie la même chose au fil des années et des siècles, permettant au langage de transmettre des idées d'une génération à une autre, l'argent communique la mesure de la richesse. Un

gramme d'or est une unité de compte qui ne change pas, comme un pouce ou un mètre. Il transmet des connaissances utiles sur sa valeur d'achat au fil du temps. Un gramme d'or a acheté approximativement la même quantité de blé depuis le Moyen-Age par exemple. Et comme vous le voyez sur la courbe, la relation entre l'or et le pétrole dans notre économie in-dustrialisée a été remarquablement stable.

Lorsqu'une unité de compte reste inchan-gée ( là encore, pensez aux pouces ou aux mè-tres, qui font référence aux mêmes lon-gueurs ), l'argent, basé sur elle, reste « soli-de ». C'est-à-dire qu'elle communique efficace-ment la richesse au fil du temps. Comme vous le verrez dans les prochains chapitres, pendant 200 ans, la livre britannique est restée stable parce que chaque unité de monnaie était, tout au long de cette période, définie comme égale à 0,2354 once troy d'or. Le dollar est resté sta-ble de 1900 à 1933 lorsqu'il était défini valoir 23,22 grains d'or fin. Ces monnaies étaient sim-plement des noms attribués à des poids d or donnés.

Aujourd'hui, le dollar n'est absolument pas stable parce qu'il n'est pas défini de façon im-muable. Le dollar n'est pas le poids de l'or, de l'argent ou d'un autre métal. Il est simple-ment une écriture comptable, une reconnais-sance de dette des banques qui sont autorisées par le gouvernement américain à créer des dollars. Comparez la courbe avec la suivante pour avoir une idée de la différence entre la monnaie stable et celle qui ne l'est pas.

Mais monnaie stable ne signifie pas pouvoir d'achat stable. Comme l'illustre la courbe de l'or par rapport au pétrole, au fil des années un gramme d'or a acheté différentes quantités de pétrole. Pourquoi ? Parce que l'offre et la demande pour les produits et l'argent sont toujours en fluctuation, provoquant ainsi un rebondissement des prix. La différence, c'est

1145 1950 '195^960 ï%5 Ï970 'l975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 Price of One Barrel of Crude Oil in U.S. Dollars

Decembcr 1945 Through October 2007 source GoMMoney.com

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qu'avec une monnaie stable, les fluctuations ont tendance à s'ajuster au fil du temps, re-mettant ainsi le prix au pas par rapport aux normes historiques. Le pouvoir d'achat d'une monnaie instable, comme nous l'avons vu dans le chapitre 2, tend à bouger dans une seule direction : vers le bas.

La devise, elle, est la représentation physi-que de l'argent, c'est l'article qui passe de main en main en échange de produits et de service. Lorsqu'elle prend la forme d'étalon de valeur d'une société, comme avec l'or et les pièces en argent ( ou, comme nous le verrons bientôt, des formes plus anciennes d'argent comme les chèvres et les esclaves ), la devise est aussi argent. Lorsqu'elle prend la forme, disons, de billets en papier, la devise n'est pas l'argent mais un « substitut de l'argent ». Si une devise n'est pas définie en termes d'argent mais qu'elle est crée et contrôlée par un gou-vernement national, elle est alors monnaie fi-duciaire car elle existe par décret du gouverne-ment.

En termes de comptabilité, l'argent est une immobilisation corporelle tandis qu'un substi-tut d'argent est un passif d'une banque, les ac-tifs qui peuvent être ou non de l'argent. Dans la pratique, seul l'argent peut mettre fin à un échange pour un produit ou un service. Cela veut dire qu'un échange cesse lorsque les actifs sont échangés contre des actifs. Si vous accep-tez un substitut de l'argent ( par exemple des dollars ) lorsque vous vendez un produit, l'échange n'est pas terminé jusqu'à ce que vous utilisiez ces substituts d'argent ( les dollars ) pour acheter d'autres produits ou services.

Pourquoi l'or — ou n'importe quelle autre monnaie qui réussit - conserve-t-il sa valeur? Cela ne veut pas dire qu'il possède une valeur intrinsèque. Étant donné ses autres usages dans l'économie d'aujourd'hui, qui concernent

largement les bijoux et certaines niches de l'électronique, l'or comme une marchandise purement industrielle vaudrait beaucoup moins que des biens indispensables comme le pétrole ou le blé. Mais l'or n'est pas une den-rée industrielle. C'est de l'argent qui s'accu-mule et qui n'est pas consommé comme d'au-tres produits. Dès lors, sa valeur dépend de notre conviction dans sa capacité à fonctionner comme de l'argent.

Nous avons confiance dans l'argent sain parce qu'il existe en offre limitée et qu'il n'est pas soumis, par définition, aux manœuvres du gouvernement. En revanche, les monnaies pa-pier sont contrôlées par les gouvernements qui sont, comme vous le savez maintenant, fonda-mentalement incapables de gérer leurs affaires monétaires.

Gardez bien ces distinctions à l'esprit : elles sont essentielles dans l'histoire dramatique du dollar et de l'or.

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Le premier Âge d'or

Au fil des siècles, les hommes ont utilisé une variété étonnante d'objets pour jouer le rôle de l'argent. Dans l'Egypte des pharaons, c'était l'orge. Les Tibétains se servaient de cu-bes de feuilles de thé pressées ( qui étaient en-suite découpés en morceaux pour représenter la monnaie ). Les habitants des îles Salomon utilisaient des anneaux de bras fabriqués à partir des coquilles de palourdes géantes. Cha-que société, à un moment donné de son his-toire, a utilisé le bétail comme moyen d'échange, des chèvres, des chameaux, des es-claves, etc.

En pratique, toutes les premières formes d'argent étaient des choix plutôt imparfaits, pour des raisons assez évidentes. Les coquilla-ges sont fragiles et on a plutôt tendance à les trouver après un bon orage. La fourniture en thé varie selon la qualité de la récolte. Les chè-vres et les esclaves ne sont pas interchangea-bles, ne conservent pas leur valeur dans le temps et résistent au changement.

Après de nombreux essais et erreurs, la plu-part des sociétés ont opté pour les pièces en métal. Plus résistants que les chèvres et moins changeants que le thé, les métaux comme le bronze, le cuivre, l'argent et l'or pouvaient être extraits, fondus et transformés en pièces reconnaissables, plus ou moins identiques, qui pouvaient ensuite être échangées et stockées. Le bronze et le cuivre, en étant plus courants et moins séduisants, se transformèrent en pe-tite monnaie tandis que l'argent occupait gé-

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néralement le milieu de la gamme et l'or, rare et superbe, devint le plus prisé de tous. Les premières véritables pièces d'or apparurent en Lydie, qui fait partie aujourd'hui de la Tur-quie, aux environs de 600 avant JC et au fil des siècles qui suivirent, les techniques de la frappe furent affinées par les Grecs, les Perses et les Romains ( qui, comme nous l'avons vu dans le chapitre 2, ont conçu et altéré de nombreuses pièces différentes ).

Une fois choisi comme monnaie par les hommes, l'or devint synonyme de richesse et de pouvoir. Tandis que l'Europe émergeait des ténèbres et commençait à regarder vers l'exté-rieur, la recherche de nouvelles réserves d'or devint un facteur clé de l'histoire moderne. Les conquistadors du XVIe siècle comme Hernan-do Cortés et Francisco Pizarro guidèrent les invasions du Nouveau Monde à la recherche de villes d'or légendaires, détruisirent les cul-tures indigènes et ouvrirent la voie à la coloni-sation des Amériques. Trois siècles plus tard, en 1848, une poignée de pépites d'or firent leur apparition dans une ferme de Sacramen-to. Ce fut le début de la ruée vers l'or en Cali-fornie. En moins de dix ans, un demi million de personnes envahirent l'Ouest des États-Unis alors peu peuplé, et lançaient un mouve-ment de migration qui continua pendant une partie du XXe siècle.

Les premières monnaies papier

Pourtant, les défauts de la monnaie en or et en argent finirent par devenir des problèmes. Les pièces en métal étaient trop bruyantes et volumineuses pour être pratiques à utiliser en grande quantité. Elles s'usaient aussi et ron-geaient ainsi une petite partie significative de la richesse économique. Dans les années 1690, les fondateurs de la Bank of England - qui al-lait devenir la principale banque du monde dans les deux siècles à venir - eurent une révé-

lation : au lieu de laisser circuler les pièces en or et en argent, pourquoi ne pas les enfermer dans une chambre forte et émettre des certifi-cats en papier pour les remplacer ? La banque commença donc à sortir des pounds en pro-mettant qu'ils pourraient être rachetés à n'im-porte quel moment en échange de pièces d'or ou d'argent. C'est ainsi que cette toute nou-velle théorie radicale de la conversion vit le jour. Elle rendait acceptable le papier et élimi-nait toutes les questions à propos de sa vérita-ble valeur.

Ce fut l'émergence d'un tout nouveau con-cept : la circulation d'un substitut de l'argent. L'argent ( défini comme un modèle et une ré-serve de valeur ) et la monnaie ( comme moyen d'échange ) n'avaient été qu'un seul et unique bien jusqu'à présent, ils devenaient dès lors des entités bien séparées. Très rapide-ment, une partie de l'argent de l'Angleterre, sous forme d'or et d'argent, se retrouva dans les coffres de la Bank of England, tandis que sa monnaie, devenue passif de la banque, cir-culait sous forme de feuilles de papier.

La lune de miel dura environ trois ans pen-dant lesquels les citoyens furent heureux de porter sur eux des billets légers. Mais il devint rapidement évident, dans un processus que nous verrons se répéter dans les siècles à venir, que les autorités monétaires émettaient d'avantage de papier que son équivalent en or et en argent détenu dans leurs coffres. Dans l'une des premières ruées bancaires de l'his-toire, les détenteurs de billets se précipitèrent pour convertir le papier en métal et le système échoua. En désespoir de cause, le roi Guillaume III nomma le génial Sir Isaac New-ton Maître de la Monnaie en 1699- Fidèle à la forme, Sir Isaac alla à l'essentiel : il reconnais-sait que la monnaie papier était une innova-tion importante mais qu'en même temps, ce n'était pas de l'argent. Placer des bureaucrates

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en charge des presses à imprimer conduirait au désastre. Pour être viable, la monnaie pa-pier avait besoin d'un repère extérieur qui per-mettrait de la mesurer et de la contrôler. C'est ainsi que Newton définit la livre comme étant un poids d'or précis et relia la quantité de monnaie papier émise au poids de l'or qui se trouvait dans les coffres de la Bank of En-gland.

L'argent métal qui jusqu'alors avait été la forme monétaire dominante de l'Angleterre céda ainsi sa place. La monnaie papier circula comme étant un substitut d'argent ( c'est-à-dire de l'or ) tandis que l'or servait de critère pour mesurer la valeur de la monnaie papier. Relier l'or à la monnaie émise par une banque devint connu comme étant le classique étalon-or. En dépit des interruptions occasionnelles engendrées par les guerres, il allait bien rendre service à l'empire britannique pendant deux siècles.

Pendant ce temps-là, de l'autre côté...

Les États-Unis allaient finalement adopter 1 etalon-or classique mais étant un pays en dé-veloppement, assurer la stabilité monétaire impliqua les douleurs de croissance prévisibles. Pour financer la guerre d'Indépendance, par exemple, le Congrès émit de la monnaie pa-pier qui prit le nom de Continentals, libellés en dollars et soutenus uniquement par la pré-vision de recettes fiscales à venir. Inévitable-ment, les pressions en temps de guerre obligè-rent les autorités à utiliser les presses et les billets devinrent bientôt virtuellement sans valeur. On raconte que George Washington aurait déploré que « une charretée de la monnaie permettra à peine d acheter une charretée de nourri-ture ».

Revenant à ce qui avait fait ses preuves, les États-Unis, nouvellement indépendants, com-

mencèrent à frapper des pièces d'or et d'argent en 1793, définissant le dollar comme étant constitué de 371/4 de grains d'argent pur. Mais dès le début, quelle que soit la monnaie proposée et volontairement acceptée, elle cir-culait sans ingérence du gouvernement. Le client d'un pub à Boston pouvait aussi bien donner un pourboire à la serveuse avec une pièce de monnaie frappée en Espagne, en An-gleterre ou en France comme venant de Phila-delphie. Le dollar espagnol, en fait, est décrit par un historien comme étant « la monnaie na-tionale officieuse des colonies d Amérique durant une bonne partie des XVIIe et XVIII' siècles ».

Tandis que le souvenir de sa première ten-tative désastreuse avec la monnaie papier émise par le gouvernement commençait à s'es-tomper, les États-Unis revinrent sur la pointe des pieds dans le jeu de la substitution de l'ar-gent au début du XIXe siècle, accordant le privilège à la Bank of the United States et à la seconde banque des États-Unis d'émettre des billets et d'accomplir d'autres fonctions en fai-sant office de banque centrale. Pourtant, les banques suscitèrent la colère des défenseurs de l'argent solide, y compris Andrew Jackson qui, comme Isaac Newton avant lui, avait compris les risques que représentait l'utilisation de substituts à l'argent lui-même. Lorsqu'il fut élu président en 1828, Jackson refusa de re-nouveler le privilège de la seconde banque, marquant le début de l'ère des « services ban-caires sans frais », un quart de siècle de ban-que et de pratiques monétaires largement li-bérées de l'ingérence du gouvernement. Les banques commencèrent d'émettre de la mon-naie papier contre leurs réserves de métal pré-cieux, et en 1860 on estimait qu'environ 8000 banques privées faisaient circuler des douzai-nes de monnaies privées différentes. La plu-part conservaient plutôt bien leur valeur sur le territoire des banques émettrices même si les

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réalités du transport et des communications les obligeaient à faire du commerce au rabais qui augmentait en fonction de la distance de-puis la banque émettrice. Tout bien considéré, ce fut une expérience intéressante qui, comp-te-tenu de la chance d'évolution des technolo-gies de communication et de transport, aurait pu générer une économie moderne très diffé-rente. Mais comme dans le cas de beaucoup d'autres choses prometteuses, les services ban-caires sans frais cessèrent d'exister lorsque la guerre de Sécession fut déclarée.

En 1861, l'administration Lincoln en diffi-culté financière commença à émettre de la monnaie papier ( qui, soit dit en passant, n'est absolument pas l'un des pouvoirs énumérés que la Constitution a délégué à Washington ). La nouvelle monnaie, qui portait le nom de dollar, bien que n'étant pas directement sou-tenue par l'or du Trésor, fut au départ accep-tée par les gens du Nord. Mais tandis que la guerre réduisait les réserves de métaux pré-cieux de Washington et que d'énormes quan-tités de dollars étaient imprimées, les billets virent leur valeur plonger. Le président Lin-coln opta alors pour la centralisation et signa le National Banking Act en 1863 qui accor-dait des privilèges à un système bancaire na-tional pour créer une seule monnaie nationale. Deux ans plus tard, le gouvernement fédéral percevait un impôt de 10% sur la monnaie émise par les banques affrétées par l'État, sor-tait du circuit de l'impression de la monnaie des autres banques et restreignait le droit de création de monnaie aux nouvelles banques nationales. Dans les années qui ont suivi la guerre de Sécession, les États-Unis ont fait fonctionner leur système monétaire centralisé sur un critère à deux métaux: le dollar était défini par rapport à un poids en argent et l'or était mesuré en termes d'argent. Tandis que les mineurs de l'Ouest commençaient à décou-

vrir d'énormes quantités d'argent comme au Comstock Lode au Nevada, la masse d'argent augmenta et le pouvoir d'achat de l'argent commença à décliner. La pression commença à enfler dans les États de l'Ouest pour que Wa-shington soutienne l'argent en achetant la production grandissante de cette région. Le Sherman Silver Purchase Act de 1890 deman-dait au gouvernement américain de doubler ses achats annuels d'argent et de transformer ce métal en pièces. Mais la crainte de voir une telle augmentation au niveau de l'offre de l'ar-gent dérégler la relation entre l'or et l'argent déclencha une panique financière en 1893 et le président Grover Cleveland convoqua une session spéciale du Congrès pour abroger l'acte. Les États-Unis adoptèrent alors un sys-tème monométallique rejoignant enfin la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la plupart des autres pays dans le classique étalon-or en 1900.

Parce qu'il représente un tel écart entre ce qui s'est passé avant et après - et aussi parce qu'il était de loin le système monétaire le plus réussi que les hommes aient jamais conçu -1''étalon-or classique requiert un examen plus approfondi. Selon ses termes, les monnaies étaient définies comme étant un poids en or, la façon dont une longueur de vêtement est mesurée dans une unité invariable que nous appelons pouce. Contrairement au monde ac-tuel, où chaque gouvernement contrôle la masse monétaire interne d'un pays, le méca-nisme d'ajustement de l'étalon-or était auto-matique et indépendant. Imaginons par exemple que les consommateurs britanniques aient un déficit commercial avec leurs homo-logues allemands ( cela signifie qu'ils ont ache-té d'avantage de produits aux Allemands que les Allemands ne leur en ont acheté ). Sous l'étalon-or, l'or britannique partirait pour l'Al-lemagne provoquant ainsi la réduction de l'of-

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fre de la monnaie britannique. La réduction de crédit qui en découlerait ralentirait son écono-mie et donnerait le sentiment aux consomma-teurs d'être moins prospères. Ils achèteraient de fait moins de produits à l'étranger. Pendant ce temps-là, les Allemands auraient de l'ar-gent en plus pour dépenser et investir. Cela conduirait donc à une baisse des taux d'intérêt locaux et donnerait de l'impulsion à la crois-sance économique. Une partie de cette nou-velle richesse serait dépensée dans des produits étrangers, ramenant ainsi les flux commer-ciaux et financiers en équilibre.

Le mécanisme d'ajustement fonctionnait en continu, empêchant les nations de dériver trop loin et de s'écarter du droit chemin. Pour au-tant, cela ne supprima pas le cycle économi-que. Au contraire, il y eut quelques hauts et bas spectaculaires sous l'étalon-or. Mais ils étaient largement dus à une autre innovation qui portait le nom de banque de réserve frac-tionnaire. Du fait de son rôle dans la tempête d'aujourd'hui, c'est un autre concept que vous aurez envie de comprendre. Alors voyons déjà son prédécesseur qui lui est diamétralement opposé, la banque de réserve à 100%.

Dans ce système, lorsqu'un habitant par exemple du XVe siècle à Venise déposait ses économies chez l'orfèvre local ( les banques n'existaient pas encore ), celui-ci promettait de garder suffisamment d'or sous la main pour rembourser son client sur demande ( bien qu'il puisse dans l'intervalle utiliser l'or pour faire des bijoux, etc. ). Ce stockage d'or ressemblait d'avantage à la conception moderne de l'entre-pôt plutôt qu'à celle d'une banque. Parce que l'orfèvre ne faisait pas volte-face et prêtait l'ar-gent de son client à quelqu'un d'autre, il fai-sait souvent payer une petite somme d'argent à ses clients pour conserver leurs économies en sécurité.

Dans le cadre d'un système de réserve à 100%, l'offre de monnaie augmente au taux des nouvelles demandes en or et ou en argent, ce qui signifie très lentement. Donc, à mesure que la technologie progresse et que les ou-vriers deviennent plus productifs, on pourrait s'attendre à ce que les prix baissent plutôt qu'augmenter chaque année. Ce type de défla-tion, considéré du point de vue de l'argent sain, est normal et salutaire. Cette économie-là serait capable - sauf en situation de guerre ou de peste - de progresser régulièrement pendant de longues périodes sans accumula-tion d'une dette excessive ou instabilité moné-taire.

Mais ce qui est lent et régulier satisfait ra-rement les membres les plus nerveux de la classe financière et au XVIIe siècle, les orfèvres italiens et anglais ont découvert qu'ils pou-vaient prêter de l'or de certains de leurs clients en réalisant un bénéfice. Du fait que quelques uns de leurs clients seulement demandaient à récupérer leur or, la fraction de leurs dépôts que les orfèvres conservaient en réserve ( d'où le terme de « réserve fractionnaire » ) était ha-bituellement suffisante pour satisfaire leurs obligations. Avec l'argent qu'ils gagnaient en prêtant, ils étaient à même de payer l'intérêt de leurs investisseurs plutôt que de leur factu-rer le stockage et tout le monde était content.

Voyageons maintenant dans le temps pour arriver au XIXe siècle en Europe où, sous la direction de la nouvelle Bank of England do-minante, la banque de réserve fractionnaire avait commencé à manœuvrer sur une échelle sans précédent. Imaginons par exemple qu'une banque de Londres reçoive un dépôt de 100 livres et qu'on lui demande de garder 10% de ses réserves. Cela signifie que cela fe-rait 90 livres de nouveaux prêts avec 10 livres en réserve. Les bénéficiaires de ces prêts les déposeraient ensuite dans d'autres banques

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qui pourraient alors prêter 81 pounds et con-server 9 livres en réserve, etc., jusqu'à ce que le montant total du crédit dans le système ex-cède largement le dépôt d'origine. Il en résul-tait une masse monétaire « flexible », capable de se développer pour répondre aux besoins de l'économie mondiale en croissance. Évidem-ment, flexible signifie aussi volatile. Dans les périodes favorables, lorsque les gens veulent emprunter et que les banques acceptent de prêter, le crédit augmente à un taux plus ra-pide que l'offre de monnaie. Dans les périodes difficiles, la machine de crédit fait une marche arrière ce qui explique comment les hauts et les bas restaient possibles sous l'étalon-or ap-paremment stable.

Pourtant, même avec l'effet déstabilisant de la réserve fractionnaire, les taux d'intérêt étaient bas dans la plupart des pays à étalon-or parce que l'offre de monnaie de base - c'est-à-dire le montant d'or - augmentait de quel-ques pour cent seulement par an. Cela limitait la quantité de papier que les gouvernements pouvaient imprimer, minimisait le risque d'in-flation, et rendait la dette libellée en monnaies étalon-or attirante aux yeux des investisseurs. Les 40 années entre 1870 et 1914 furent donc, comme vous le verrez dans le chapitre qui suit, étonnamment propices et uniques dans l'histoire pour leur association « crois-sance économique » et « stabilité des prix ».

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La hausse des monnaies fiduciaires

Entre 1890 et 1912, pratiquement toutes les puissances commerciales du monde ont re-joint le club de l'étalon-or. Comme l'empire romain avant lui, et Microsoft Windows au-jourd'hui, l'or était devenu partie intégrante de l'environnement et accepté comme perma-nent et immuable. D'une certaine manière, cela donnait un monde qui est aujourd'hui en-visagé avec la mondialisation actuelle : les ca-pitaux affluaient librement, les barrières doua-nières étaient insignifiantes et l'activité écono-mique était solide dans son ensemble.

Dans ce milieu où l'argent était « sain », l'inflation était inexistante ( les prix étaient la plupart du temps bas ) et les taux d'intérêt étaient faibles, ils se situaient généralement entre 2 et 3%. Au niveau mondial, l'utilisa-tion effective d'une seule monnaie rendait ca-duque la distinction entre les investissements locaux et ceux de l'étranger. En quelques an-nées, 40% des investissements britanniques affluèrent vers d'autres pays aidant ainsi cer-tains jeunes pays comme les États-Unis à fi-nancer la transition de l'agriculture vers l'in-dustrie.

Evidemment, les opportunités mondiales ne garantissaient pas les bénéfices. Mais le li-bre-échange offrait aux investisseurs le plus grand choix possible et ils s'en sortaient bien. On notait donc une augmentation constante au niveau de l'efficacité mondiale, la produc-

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tion se mettait en place là où il y avait un avantage local et des augmentations spectacu-laires du montant total de la richesse générée. Au cours des 60 années qui précédèrent l'an-née 1914, les économies industrielles mondia-les se développèrent à un taux moyen d'envi-ron 3% par an, ajusté à la baisse des prix de l'époque. Les dévaluations parmi les princi-paux pays sur l'étalon-or étaient rares et des millions de personnes passaient de l'état de pauvreté au statut de classe moyenne.

Qui plus est, le rôle du gouvernement res-tait, selon nos critères d'aujourd'hui, assez li-mité. Cela était possible du fait que, comme nous l'avons vu dans le chapitre 6, les ajuste-ments continus à l'étalon-or limitaient la ca-pacité de croissance des gouvernements puis-que leurs demandes sur le secteur privé au-raient généré la fuite de l'or. Cela aurait aug-menté les taux d'intérêt et ralenti l'économie, compensant ainsi les avantages de dépenses plus importantes du gouvernement. Cela re-vient à dire que sous l'étalon-or, les gens pou-vaient choisir avec leurs portefeuilles en de-mandant de l'or en échange de papier. Cette forme de démocratie instantanée a servi de frein, en tous les cas pendant un moment, aux ambitions gouvernementales.

Lorsqu'ils parlent de l'étalon-or classique, les historiens ont tendance à en parler avec ef-fusion. Dans ses ouvrages, même l'économiste britannique John Maynard Keynes, qui fut considéré plus tard comme un ennemi de l'or, parle de cette époque comme une sorte de pa-radis économique:

Pour les classes moyennes et supérieures, la vie offrait, à un faible coût et avec le minimum de problèmes, commodités et confort au-delà de ce que les monarques les plus riches et les plus puis-sants avaient connu autrefois. Une personne ha-bitant à Londres pouvait commander quelque

chose par téléphone, siroter son thé au lit le ma-tin et déguster les produits les plus variés... elle pouvait à tout moment faire fructifier ses riches-ses, qu'il s agisse de ressources naturelles ou bien de nouvelles entreprises n'importe où dans le monde et participer, sans effort et sans le moin-dre problème, à leurs avantages potentiels... Elle pouvait obtenir ... des moyens de transport con-fortables et bon marché pour n'importe quel pays sans passeport ou sans avoir besoin de remplir dautre formalité... Mais, le plus important, c'est qu'elle considérait tout cela comme normal, certain et permanent, sauf à considérer quelques améliorations, et tout écart lui semblait aber-rant, scandaleux et évitable.

Pourtant, et comme toujours, la pression augmenta sur les gouvernements pour adoucir certains aspects difficiles, et à la fin des années 1800, les pays sous l'étalon-or en étaient arri-vés à l'inévitable croisée des chemins. D'un côté, il était question de discipline continue avec l'espérance d'une croissance à venir qui positionnerait au fil du temps des millions de personnes dans la classe moyenne - mais au prix d'une agitation croissante et de la mise en danger des carrières des responsables. De l'au-tre côté, il y avait le court terme, élargissant le rôle du gouvernement pour acheter du soutien sur le champ, mais au prix de la croissance et de la stabilité.

Les hommes politiques étant ce qu'ils sont, les gouvernements ont commencé à choisir l'opportunisme de l'argent sain. En 1883, le chancelier allemand Otto von Bismarck créa le premier État Providence en établissant une assurance de santé obligatoire qui fut suivie par une assurance sociale ( que nous appelons aujourd'hui sécurité sociale ), une assurance accident et une assurance chômage. Entre 1898 et 1911, la Nouvelle-Zélande, l'Autri-che-Hongrie, la Norvège, la Suède, l'Italie, le

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Royaume-Uni et la Russie suivirent ce mouve-ment. De son côté, Washington maintenait les nouvelles dépenses sociales mais serrait son emprise sur le secteur bancaire en créant le système de Réserve Fédérale en 1913.

Début 1914, l'étalon-or était encore le seul moyen légitime qui permettait à l'économie mondiale de fonctionner et les rares qui re-commandaient un basculement vers la mon-naie fiduciaire ( c'est-à-dire une monnaie qui ne soit pas convertible ou définie par un poids en or précis ) étaient considérés comme des ra-dicaux marginaux ( qui ne vont pas sans res-sembler aux adeptes actuels d'un retour à l'étalon-or ). Dans un monde en paix, le désir grandissant d'avoir un filet de sécurité sociale aurait pu être facile à manœuvrer avec l'éta-lon-or classique. Mais avant qu'un compromis n'ait pu être trouvé, un Serbe assassina un ar-chiduc autrichien et l'Europe s'embrasa. Les combattants se mirent aux planches à billets, l'inflation monta brusquement, et les princi-paux gouvernements européens, l'un après l'autre, coupèrent leurs liens avec l'or.

En 1917, seuls les États-Unis étaient en-core sur l'étalon-or. En 1925, alors qu'une bonne partie des débris de la guerre mondiale avaient été déblayés, la Grande-Bretagne re-tourna à une variante de l'étalon-or. Mais pour parler crûment, ils l'ont gâchée. Ignorant le fait que l'offre de livres-papier avait augmenté pendant la guerre, les Britanniques remirent la livre à sa valeur d'avant-guerre de 0,2354 pour un gramme d'or. Cela créa un déséquili-bre puisqu'il y avait beaucoup de trop de pa-pier en circulation par rapport à chaque gramme d'or stocké dans les coffres de la Bank of England. Ceux qui possédaient des livres commencèrent alors à convertir leur papier en or. Du fait que les livres papier, une fois con-verties, étaient retirées du marché, l'offre de monnaie déclina, générant une déflation pro-

longée avec des prix en chute et des dettes qui commençaient d'être plus difficiles à rembour-ser.

Aux États-Unis, les dollars supplémentaires imprimés pendant la guerre firent démarrer la réserve bancaire fractionnaire et produisirent une énorme expansion du crédit. Les actions et l'immobilier explosèrent tandis que les mas-ses découvraient le plaisir de spéculer avec de l'argent emprunté. Lorsque le crash inévitable de 1929 se produisit, les décideurs politiques aux États-Unis et en Europe réagirent par une série d'erreurs dévastatrices parmi lesquelles le Smoot-Hawley Tariff, et les dévaluations com-pétitives au sein des principaux partenaires commerciaux. L'économie occidentale, appa-remment à l'épreuve des chocs 20 ans plus tôt, s'effritait.

Confrontée à d'énormes sorties de son or, la Grande-Bretagne abandonna l'étalon-or en 1931. Aux États-Unis, les épargnants com-mencèrent à retirer leur argent des banques et le convertissaient en or. N'étant plus satisfaits des substituts de l'argent, ils voulaient l'argent lui-même. L'or dans leurs coffres se révélant inadéquat pour répondre aux demandes des déposants, les banques américaines commen-cèrent alors à dépérir par milliers. La réserve fractionnaire fit marche arrière, tandis que les banques survivantes récupéraient leurs anciens prêts et cessaient en même temps d'en faire de nouveaux. Les entreprises en manque de capi-taux commencèrent à faire faillite et les nou-veaux chômeurs cessèrent de dépenser. Les prix chutèrent brutalement rendant ainsi les prêts plus difficiles à rembourser et poussant encore plus d'entreprises à fermer donnant une spirale négative qui sembla, pendant un temps, ne pas s'arrêter.

En réponse, le président nouvellement élu Franklin Delano Roosevelt décrocha le dollar

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de l'étalon-or, déclara une « vacance » des banques, Bank Holidays, et commença à con-fisquer l'or des Américains. A la lumière de cette « situation d urgence qui perdurait », arriva son décret formulé ainsi :

Moi, Franklin D. Roosevelt, président des États-Unis d Amérique, interdit la réserve de pièces dor, de lingots dor et de certificats dor sur le sol des États-Unis. Toutes les personnes sont priées de déposer d ici le 1er mai 1933 à une banque de la Réserve Fédérale, ou auprès dune succursale, ou dune agence, ou à toute banque membre du système de Réserve Fédérale, toute pièce dor, lingot dor et certificats dor quelles posséderaient ou entrant en leur possession avant le 28 avril 1933. Toute personne qui irait vo-lontairement à lencontre de cet ordre exécutif se verrait contrainte de payer une amende pouvant atteindre 10.000 $ ou serait condamnée à une peine de prison de 10 ans maximum ou bien les deux.

Le gouvernement prit donc une bonne par-tie de l'or de nos grand-parents au taux de change « officiel » de 20,67 $ le gramme. En 1934, lorsque la confiscation fut totale, le Tré-sor dévalua le dollar de 69% en augmentant le taux de change de l'or à 35 $ le gramme. Pour nous, il s'agit purement et simplement d'un vol mais l'ampleur du crime se retrouva noyée dans la cacophonie de la Dépression et l'entrée de l'Europe dans une autre guerre dé-sastreuse.

Après la Seconde Guerre mondiale, avec une bonne partie de l'Europe détruite, l'Occi-dent revint à la charge en créant un système monétaire stable. Réunis à Bretton Woods dans le New Hampshire, les dirigeants améri-cains et européens mirent ensemble au point un pseudo étalon-or utilisant le dollar améri-cain comme réserve de monnaie mondiale ( à

35 $ par gramme d'or ) et la plupart des au-tres pays rattachèrent leur monnaie au dollar. Les quinze années qui suivirent furent une brève pause, rétrospectivement compréhensi-ble, sur le chemin de la dégradation de la de-vise.

Consternés par les bouleversements qui s'étaient produits au cours des trente dernières années, les consommateurs, les entreprises et les gouvernements n'étaient pas d'humeur à se livrer à de nouvelles expériences. Les banques ne prêtaient qu'en absence de tout risque, les entreprises embauchaient et ne se dévelop-paient que lorsque les bénéfices étaient visi-bles et convaincants, les ouvriers étaient con-tents d'avoir du travail et se comportaient en conséquence, et les budgets des gouverne-ments étaient en ordre. C'était, à bien des égards, le résultat le plus proche de la stabilité que le monde ait connu pendant les années de l'étalon-or.

Malheureusement, les années 50 ne furent qu'un simple intermède. Dans les années 60 qui suivirent, les pressions exercées sur tous les gouvernements occidentaux pour se déve-lopper étaient devenues écrasantes. Au niveau des Etats-Unis, le besoin de contenir l'Union Soviétique conduisit à mener des guerres coû-teuses en Corée et au Vietnam. À l'échelle na-tionale, la conviction croissante que la pauvre-té pouvait être éliminée grâce à l'action du gouvernement conduisit à la création des pro-grammes d'aide comme Medicare. Comme d'habitude, la politique ne reposait pas sur l'alternative des canons ou du beurre mais bien sur les deux en même temps et le finan-cement était assuré par les dollars nouvelle-ment imprimés.

Inéluctablement, cette avalanche de dollars déclencha une augmentation de la demande d'or, et en 1968, les banques centrales mon-

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diales ont reconnu avoir échoué dans leur ten-tative de gérer leurs monnaies nationales en annonçant un prix de l'or à deux vitesses, soit le prix « officiel » et le prix du « marché libre ». Cela ne fit qu'empirer les choses en illustrant le souhait apparent des banques centrales d'éloigner encore plus leurs monnaies de l'or.

Valeur du dollar américain par rapport au coût de la vie ( en noir ) et par rapport à l'or ( en pointillés )

Et en 1971, le monde entier essaya de con-vertir ses dollars en or. Mais le président Ri-chard Nixon ne répondit pas en tenant comp-te du signal émis par le marché pour dévaluer le dollar ( comme FDR l'avait fait ) ou en ré-duisant les dépenses du gouvernement. Il mit tout simplement fin à la pratique américaine de convertir les dollars en or. Il déclara que le dollar ne serait plus détenu en otage par la « spéculation internationale ».

En décembre 1971, les représentants des principaux pays industrialisés se réunirent à Washington pour éliminer les derniers vesti-ges de l'étalon-or. Conformément à la mode fin de cycle, ils concoctèrent le Smithsonian Agreement, qui appelait à une dévaluation du dollar de 35 à 38 par gramme d'or, sans lier la valeur du dollar au métal ou à toute autre monnaie. Le président Nixon le salua comme étant « laccord monétaire le plus significatif de thistoire du monde ».

Le Smithsonian Agreement dura deux ans jus-qu'au premier choc pétrolier. La récession mondiale qui suivit en 1973 obligea une nou-velle dévaluation du dollar au taux plutôt ar-bitraire de 42,22 $ par gramme. Finalement, avec une économie mondiale en plein chaos, les banques centrales de tous les pays jetèrent l'éponge en permettant à leurs monnaies de plonger par rapport à l'or, et les États-Unis supprimèrent les restrictions datant de la ré-cession qui interdisaient la possession d'or à ses habitants.

Sans surprise, tout le monde s'écarta du dollar. Exacerbée par un second choc pétrolier en 1978 ( et la politique de l'administration Carter qui faisait de Nixon un véritable expert en économie ), l'inflation monta en flèche pour atteindre des taux à deux chiffres. Le dollar plongea en valeur contre des monnaies relati-vement bien gérées comme le Franc Suisse. Pendant ce temps, l'or, étant la seule forme de monnaie incorruptible, dépassa les 800 $ ( 25,72 $ par gramme ) en janvier 1980.

Depuis les années 70, les États-Unis et le reste du monde ont laissé leurs monnaies flot-ter librement, sans aucun lien officiel à l'or. Ils ont aussi taxé, dépensé et imprimé une nou-velle monnaie à des taux contenus unique-ment par les vents dominants politiques. Et même si l'inflation a semblé contenue ces der-nières années, les dommages cumulés sur la valeur du dollar ont été immenses. Comme vous pouvez le constater sur le schéma, depuis la fin de l'étalon-or en 1971, le dollar a perdu 90% de sa valeur par rapport à l'or et 70% par rapport au coût de la vie.

Inflation, dévalorisation, ou les deux?

Les termes d'inflation et de dévalorisation surgissent fréquemment dans les discussions

— — — Versus the cost of living — — — — Versus goid

1981 1986 1991 1996 Value of the U.S. Dollar

1971-2006 Source: Fédéral Reserve

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monétaires et, pour un œil non averti, ils veu-lent dire à peu près la même chose. Dans la réalité, ils désignent deux problèmes monétai-res différents.

D'après le dictionnaire Webster, la définition générale de dévalorisation est la suivante : « Baisser en statut, estime ou qualité ». Mais cela peut également signifier : « Réduire la valeur intrinsèque des pièces en augmentant le contenu en métal ». L'argent dévalorisé devient moins pré-cieux parce que chaque unité contient moins des choses qui lui donnent sa valeur. L'infla-tion, par ailleurs, signifie augmenter le mon-tant de quelque chose, dans ce cas-là du mon-tant de la monnaie en circulation. La monnaie gonflée perd de la valeur du fait de l'excédent.

Les États-Unis qui n'en ratent pas une s'ar-rangent pour dévaloriser et faire monter le dollar en même temps. Pour comprendre comment cela se passe, commençons par le concept de bilan monétaire qui, comme le bi-lan d'une entreprise ou d'une famille, est sim-plement un calcul de tous les actifs et passifs concernés, dans le cas présent ceux du cartel de l'argent américain, soit la Réserve Fédérale et les banques commerciales.

Nous utilisons le mot cartel délibérément parce que seules la Réserve Fédérale et les banques américaines bénéficient sur autorisa-tion du gouvernement du droit de créer des dollars. Microsoft ne peut pas le faire, la ville de Chicago ou l'État de New York non plus ou toute autre entité non bancaire.

Les dollars d'aujourd'hui sont simplement un engagement ( c'est-à-dire une promesse de règlement ) du cartel monétaire. A l'intérieur du cartel, la Réserve Fédérale crée des liquidi-tés en devises sous forme de « billets de la Ré-serve Fédérale » qui circulent sous forme de pa-pier dans votre porte-feuille ou votre sac. Les

banques commerciales créent des dépôts en devises qui sont les dollars circulant sous forme de chèques et virements bancaires. En rassemblant les dettes qui restent, nous obte-nons le fameux « M3 » qui représente la quan-tité totale de dollars en circulation ou le total des passifs du cartel monétaire.

Aujourd'hui, les monnaies fiduciaires sont « soutenues » - et c'est de là qu'elles en tirent leur valeur - par le capital du système ban-caire. Dans le cas du dollar, ces actifs sont constitués des certificats d'or détenus dans les coffres de la Réserve Fédérale et des dettes dues aux banques et à la Fed. Ces dettes sont les obligations du gouvernement détenues par les banques ainsi que les prêts octroyés par les banques à leurs clients.

Vous voyez sans doute où nous voulons en venir. Les actifs qui soutiennent le dollar sont l'or, qui est concret, et qui, par conséquent, ne dépend pas de la promesse d'un tiers, et les dettes des gouvernements, des citoyens et des entreprises qui dépendent de la promesse des autres pour payer, et qui pourraient valoir, ou non, ce que leur valeur nominale implique. Le dollar lui-même n'a pas de valeur intrinsèque puisqu'il est simplement un engagement du cartel bancaire. Donc, plus on a d'or pour sou-tenir le dollar, mieux c'est parce que l'histoire a prouvé qu'un actif physique comme l'or est plus fiable qu'une promesse.

Comme une pièce est simplement dévalori-sée en réduisant la quantité d'or qu'elle con-tient, le dollar peut l'être aussi en réduisant sa garantie en or. Pour comprendre pourquoi la dévalorisation est négative, souvenez-vous que lorsque l'or et l'argent circulaient en tant que monnaie, ils avaient deux valeurs : le poids de métal qu'ils contenaient et la « valeur nomina-le » qui leur était appliquée. Les pièces étaient normalement échangées - c'est-à-dire utilisées

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en tant que monnaie, selon leur valeur nomi-nale, même si le contenu du métal était infé-rieur au poids requis parce que la pièce était usagée.

Régulièrement, les vieilles pièces étaient re-tirées de la circulation et de nouvelles pièces étaient frappées pour les remplacer. L'émet-teur fournissait l'argent ou l'or pour remplacer le métal dans la pièce qui était abîmée par l'usage. Mais si la solvabilité de l'émetteur - le gouvernement - était remise en question, les gens ne voulaient plus accepter de pièces dont le poids était insuffisant ( dévalorisée ) et les échangeaient contre de nouvelles. Les banques se retrouvèrent bientôt à court de nouvelles pièces et cela engendra une crise monétaire.

Maintenant que nous avons fait ce point, voyons ce qui arrive au dollar. Les tableaux qui suivent contiennent deux instantanés du bilan monétaire des États-Unis, l'un date de 1979, l'autre de 2003. Comme vous pouvez le voir en 1979, M3 - le montant total de mon-naie dans le système- était d'environ 1,8 trillions de dollars, tandis que l'or monétaire valait environ 152 milliards. En d'autres ter-mes, l'or donnait 7,85% de la valeur du dol-lar. En juin 2003, l'image avait totalement changée. En moins de 23 ans, le M3 a été presque multiplié par cinq, signifiant que le dollar est gonflé ( sa masse augmente ). Dans le même temps, la valeur du bilan en or des États-Unis a baissé de 35%, une partie a été vendue, et le taux de change de l'or a diminué. Cette explosion dans l'offre de dollars et le dé-clin du montant de l'or de la banque centrale a donné lieu mi-2003 au résultat suivant : l'or a fourni un minuscule 1,04% à la valeur du dollar. Comme si une pièce en or pur était de-venue aujourd'hui à 99% en cuivre, le dollar moderne n'est plus que l'ombre de ce qu'il était auparavant.

LE BILAN MONETAIRE DU DOLLAR au 31-12-79

actifs valeur passif valeur

L'once d'or à 142.0 Billets de la Fed 104 l 536,5 $

dettes dues 1,666.3 Dépôts des 1,808.3 aux banques banques

L'or soutient le dollar : 7.85%

LE BILAN MONETAIRE DU DOLLAR au 30-6-03

actifs valeur passif valeur

Or l'once à 91.0 Billets de la Fed 646 4 347,7$

dettes dues aux 8,666.9 Dépôts des 8,111.5 banques banques

L'or soutient le dollar : 1.05% sources: Fédéral Reserve

L'or et la Constitution

Si l'or rivalise avec le dollar, est-ce que pos-séder de l'or est antipatriotique ? Pas du tout. L'or et l'argent n'ont pas été seulement les premières formes de monnaies de l'Amérique ou de l'Europe, elles font aussi partie inté-grante de la Constitution. Souvenez-vous que ses auteurs avaient combattu un gouverne-ment oppressif pour leur liberté et souffert de l'effondrement du Continental ( leur expé-rience avec la monnaie papier ). Ils conçurent donc cette Constitution spécialement pour te-nir en échec le pouvoir politique fédéral, en partie en limitant la capacité de Washington à imprimer de la monnaie papier. A ce sujet, la Constitution américaine déclare :

Article 1, section 8 accorde au Congrès le pouvoir de « frapper la monnaie, den régu-ler la valeur ainsi que celle de pièces étrangères...

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Article 1, section 10 déclare que « aucun État ne frappera de monnaie, ri émettra de projet de loi de crédit, et les pièces d or et dargent ser-viront doffre pour payer les dettes.

Le 5e amendement interdit même au gou-vernement de priver les citoyens de « vie, liber-té ou propriété sans respect de la légalité. La pro-priété privée ne pourra pas non plus être utilisée pour usage public sans une compensation juste ».

Article 1, section 8 donne le droit au Congrès d'établir toute loi qui est « néces-saire et appropriée » pour l'exécution de ses pouvoirs répertoriés.

Si nous étudions aujourd'hui ces quatre pas-sages avec un regard moderne, la Constitution semble ne présenter que quelques barrières mineures à la monnaie fiduciaire. Le Congrès a le pouvoir de « frapper » et de « réguler » la monnaie qui, tant que le processus n'implique pas de priver les citoyens de « vie, de liberté et de propriété » semble rendre légitime la mon-naie papier. L'interdiction faite aux États d'ac-cepter autre chose que l'or et l'argent comme cours légal est un barrage, mais bon, peaufiner ce genre de choses c'est le travail des avocats.

Alors, quel est le problème ? Eh bien, la Constitution n'a pas été rédigée dans la langue anglaise qui est d'usage aujourd'hui, et au fil des siècles, beaucoup de mots importants en sont venus à signifier autre chose que le sens voulu des créateurs. Lorsqu'ils garantissaient au gouvernement le pouvoir de « réguler » l'ar-gent, le terme à ce moment-là ne signifiait pas la capacité à créer des montants illimités de monnaie mais plutôt de définir le taux auquel les deux monnaies - l'or et l'argent - pour-raient s'échanger sans tenir compte du fait que la pièce ait été frappée dans le pays ou à l'étranger. En d'autres termes, le gouverne-ment pouvait frapper des pièces - concurren-

cer celles qui étaient faites par des personnes privées qui circulaient à ce moment-là - mais ne pouvait pas désigner autres choses comme monnaie, les créer et les faire circuler à volon-té. Il n'était pas habilité à « imprimer » de la monnaie.

Pendant ce temps, imprimer des montants de plus en plus élevés de monnaie papier dont la valeur baisse peu à peu dépossède les ci-toyens de leur propriété en diminuant la va-leur de leurs épargnes. C'est cela qui viole le 5e

amendement. Une fois assemblés, ces articles semblent bien clarifier la signification de l'arti-cle 1, session 10 qui stipule que l'or et l'argent seront acceptés comme monnaie : les rédac-teurs voulaient que l'argent de leur nouvelle union soit sain, et pour eux, cela signifiait or et argent. Ils ont confirmé cette entente par le Mint Act de 1792, l'un des premiers actes du nouveau gouvernement, qui définissait le dol-lar comme valant 371'/4 d'argent. En bref, la Constitution semble dire que seuls l'or et l'ar-gent peuvent être utilisés comme monnaie.

Alors comment la monnaie papier a-t-elle vu le jour ? D'abord, les créateurs ont été sui-vis par des générations qui n'avaient pas le souvenir de la tyrannie britannique. Le jeune gouvernement se développait et, comme cela arrive toujours, commençait à s'irriter des res-trictions imposées par l'argent sain et à trou-ver des solutions autour de lui. Il est impossi-ble ici d'expliquer complètement la transition entre l'argent sain et la monnaie papier mais il suffit de dire que cela se passa petit à petit et qu'à chaque étape, elle a été combattue par ceux qui en connaissaient le risque.

Comme Daniel Webster le regrettait en 1833 : Nous courrons le danger dêtre ensevelis par du papier non convertible, du simple papier qui ne représente ni or, ni argent. Non Monsieur, simple-ment des promesses non tenues, de la mauvaise foi,

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des sociétés en faillite, des créanciers floués et des gens ruinés. La bataille contre la monnaie pa-pier était légale autant que rhétorique, allant souvent jusqu'à la Cour Suprême. Pourtant, la Cour a toujours trouvé le soutien du gouver-nement ou esquivé les problèmes constitution-nels à propos de la nature de l'argent. Pour-quoi ? Parce que la justice n'arrive pas devant la Cour libre de toute connotation politique ou idéologique. En général, ils accèdent au pouvoir par l'intermédiaire d'un parti politi-que et une fois à la Cour, ils conservent leur sympathie, voire leur allégeance absolue, à leurs vieux amis. Les tribunaux bien disposés à l'égard du pouvoir fédéral au-delà des 17 pou-voirs énumérés qui allaient de pair, pouvaient alors transformer le langage « nécessaire et cor-rect » de l'article 1 en un vide suffisamment grand pour justifier pratiquement toute action menée par Washington. Dans le cas du dollar, si une monnaie papier était « nécessaire » au fonctionnement du gouvernement, alors la Cour convenait qu'il s'agissait de l'un des pou-voirs « implicites » de Washington et qu'il était donc permis.

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La place de l'or dans le monde moderne

Tandis que le monde sombrait dans le chaos monétaire et politique à la fin des an-nées 70, certains insinuèrent que la libre en-treprise, et même la démocratie, étaient deve-nues démodées. Dans les quelques années à venir, selon la sagesse qui prévalait, il y aurait « convergence » des modèles américain et sovié-tique qui allaient culminer dans des économies planifiées. Les droits en faveur de la propriété privée seraient limités et entravés par le baril de pétrole à 100 $. Et puis, comme c'est géné-ralement le cas dans les sociétés libres, l'Occi-dent trouva son équilibre.

A la fin des années 70, le nouveau prési-dent de la Réserve Fédérale Paul Volcker sem-bla être prêt à augmenter les taux d'intérêt pour stopper l'inflation et restaurer le respect dû au dollar. Au début des années 80, le prési-dent Ronald Reagan, et son homologue idéo-logique anglais Margaret Thatcher, réduisit les impôts, écrasa les syndicats du secteur pu-blic sans aucun remords et défia l'Union So-viétique au niveau géopolitique et économi-que.

Ces paris furent couronnés de succès et le secteur privé retrouva un peu de son vieil es-prit de combativité. La croissance reprit aux Etats-Unis et s'étendit bientôt au reste du monde. On se prit à espérer que peut-être des individus libres étaient à même de gérer leurs propres affaires. Au milieu des années 80, le capitalisme avait l'air d'être plus que bénéfi-que. En fait, il était gagnant tandis que les ac-

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tions montaient en flèche et que les taux d'in-térêt continuaient à chuter. Avec l'effondre-ment de l'URSS en 1990, la controverse à pro-pos de l'organisation de la société semblait s'être calmée. Le capitalisme et la démocratie avaient gagné et aujourd'hui, le seul choix se situait entre les différentes variations sur ce thème. Est-ce que ce serait le style commu-nautariste du Japon, le partenariat de l'Alle-magne et de la France basé sur les affaires, le travail et le gouvernement, ou la version plus basée sur le « laissez-faire » des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ? De toute façon, la stabilité et la croissance étaient maintenant à l'ordre du jour et dans les années 1990, la va-leur des actions et autres actifs financiers grimpa en même temps que le dollar devenait plus fort. L'Humanité, guidée par la Silicon Valley et par Wall Street commençait à pen-ser que l'avenir était assuré.

En même temps que ces grands événe-ments se déroulaient, l'or, éprouvé par le temps au niveau de l'incertitude financière, commençait à devenir moins nécessaire. De son pic de 1980, il commença une descente ir-régulière pour atteindre 252 $ (soit 8,10$ par gramme ) en 1999. Pièce maîtresse du système monétaire mondial, puis presque ou-blié en 20 petites années, la période sombre de l'or sembla ( pour ses amis en tous les cas ) durer éternellement. Aujourd'hui, l'or joue quatre rôles essentiels dans le monde :

Réserves de Banques Centrales. Même s'il n'est plus officiellement lié à aucune mon-naie importante, l'or est toujours là, avec les dollars, les euros et autres, stocké dans les banques centrales comme réserve d'actifs pour soutenir la valeur de leurs monnaies nationa-les. Fin 2007, les banques centrales mondiales détenaient environ 18.000 tonnes d'or ( bien qu'elles prétendaient en avoir 32.000, une contradiction que nous expliquerons bientôt ),

ce qui représente à peu près 12% de tout l'or qui existe actuellement. Pour les banquiers centraux, l'or est à la fois une bénédiction et une malédiction.

A la différence des monnaies nationales, c'est un actif plutôt que le passif de quelqu'un. Au cours de ces dernières années, il a été le seul actif de réserve qui a maintenu son pou-voir d'achat. Mais là où les dollars peuvent être investis à des taux d'intérêt courants, per-mettant à une banque centrale d'accumuler plus de réserves dans le temps, l'or, au mieux, peut être prêté à 1% par an.

Pourquoi cette différence ? Les substituts d'argent existent en fonction de la lubie des banquiers centraux qui, comme vous le savez maintenant, tendent à pécher du côté de l'ex-cédent. Alors, ceux qui prêtent des dollars ou des euros demandent logiquement des rende-ments élevés ( connus comme étant une « prime de risque » ) pour compenser la possibi-lité d'être remboursés dans une monnaie de valeur moins élevée. L'or en revanche, ne peut être créé à partir de rien, le rendant ainsi rela-tivement sûr. Alors le marché demande un taux d'intérêt plus bas.

Étant donné l'aversion instinctive des ban-quiers centraux pour toute monnaie qu'ils ne peuvent pas créer à partir de rien, et manipu-ler, le choix évident pour eux serait de vendre un peu de leur or et d'investir les produits dans des actifs qui génèrent un revenu. Dans les années 90, c'est ce que firent beaucoup de pays comme le Canada, les Pays-Bas, la Belgi-que, l'Autriche, la Suisse et la Grande-Breta-gne. Dans le même temps, les banques cen-trales utilisaient d'autres outils - comme par exemple le prêt, les swaps ( une variante du prêt ) et les produits dérivés comme les op-tions - pour transformer leur or en argent. Le prêt, par exemple, implique que la banque

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centrale transfère de l'or à une banque privée importante, connue comme « banque à lin-gots », qui lui paie un faible taux d'intérêt puis vend l'or sur le marché libre. Fin 2007, envi-ron 14.000 sur les 32.000 tonnes d'or des banques centrales avaient été prêtées de cette façon. Mais les banques pouvaient revendiquer la paternité des 32.000 tonnes parce qu'au-delà de leurs règles de déclaration un peu trompeuses, elles peuvent combiner l'or qui est toujours dans leurs coffres et celui qu'elles ont prêté sur une écriture comptable.

En 1999, la vente et le prêt de la banque centrale ( et la vente de lingots ) avaient mis le cours de l'or sous les 300 $ l'once ( 9,64 $ par gramme ) suscitant des inquiétudes sur l'impact que cela pouvait avoir sur les nations productrices d'or et les banques centrales qui avaient choisi de ne pas vendre. Les principa-les banques centrales européennes ont élaboré le Washington Agreement on Gold ( WAG ) qui limitait les 11 pays de la zone euro, la BCE, et les banques centrales de Suède, de Suisse et de Grande-Bretagne à des ventes totales de 400 tonnes par an pour 2004. Les signataires ac-ceptèrent aussi ne pas augmenter leur prêt d'or pendant le traité. Par coïncidence, 1999 vit le niveau de l'or le plus bas pendant ce cy-cle, soit 252 $ par once ( 8,10 $ par gram-me ).

Les pièces. Pour « se débarrasser » ou ven-dre leur or, les banques centrales peuvent aus-si battre monnaie. A côté des pièces d'or po-pulaires comme la Maple Leaf canadienne ou le Eagle américain, il est maintenant possible d'acheter des pièces frappées par l'Autriche, l'Afrique du Sud, l'Australie, la Chine et la France, parmi tant d'autres. A raison de 150 tonnes par an, c'est une petite partie du mar-ché de l'or annuel, bien que, en cumulé, elle soit devenue importante.

Les bijoux. Selon le World Gold Council, les bijoux or consomment le chiffre écrasant de 2.500 tonnes par an. Mais cette statistique est trompeuse. En réalité, 80% des bijoux or pro-duits chaque année sont vendus aux Asiati-ques et au Moyen-Orient qui les considèrent de la même façon que les Occidentaux et leurs pièces d'or, c'est-à-dire comme de l'argent.

Les applications industrielles. Il s'avère que l'or présente des caractéristiques qui le rend parfait pour les technologies de pointe du XXIe siècle. Il est malléable, réfléchissant, ré-sistant à la corrosion, et conducteur thermique et électrique incomparable. L'industrie élec-tronique le trouve donc soit utile ou indispen-sable pour les ordinateurs, les télévisions, les armes intelligentes, les vaisseaux spatiaux, etc. Les alliages d'or revêtent les moteurs de fusée, les fils d'or relient les composants dans les car-tes de circuits imprimés et l'or intervient aussi au niveau des claviers des téléphones. La de-mande industrielle excède maintenant les 500 tonnes par an.

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III Pourquoi lor va

prendre son essor

D'ici 3, 4 ou 5 ans, quand nous observerons le prix de lor daujourdhui qui est de 400 $, et quon se demandera : « Où

avions-nous la tète ? Que pensions-nous ? L'or à 400 $, c était moins cher que la poussière. Pourquoi ne lavons-nous pas

identifié en 2003 ?

Richard Russell Editeur, Dow Theory Letters

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Les fondamentaux de l'or sont positifs

Entre les niveaux de la dette américaine qui augmentent et l'empressement de la Fed à inonder le monde avec ses dollars, il est facile d'affirmer que l'avenir à long terme de l'or est plus brillant qu'il ne l'a jamais été. Mais qu'en est-il à moyen terme ? Prévoir le prix à un an pour n'importe quel type d'avoir est difficile et pour l'or, qui est également sensible aux cou-rants politiques et économiques, c'est encore plus épineux. Mais difficile ne signifie pas im-possible. A la manière d'un analyste de Wall Street qui pourrait considérer les actions face aux obligations, et conclure que les unes ou les autres sont sous-évaluées, il est possible d'uti-liser l'approvisionnement de l'or/tendances de la demande et la valeur relative aux autres biens pour avoir une idée de son comporte-ment sur le court terme. Voici deux appro-ches, qui, toutes deux ( surprise ) reflètent des signaux d'achat :

Par rapport aux actions

l'or est très bon marché

Aucun bien, y compris l'or, n'existe en vase clos. Les actions, les obligations, l'immobilier et les métaux précieux rivalisent tous pour la même masse de capitaux ce qui signifie que, pour que l'or soit attirant, ses perspectives ne doivent pas être simplement bonnes, mais meilleures que celles, disons de valeurs phares. Il existe un moyen d'établir cette comparaison avec le ratio DJ/Or qui calcule la quantité d'or nécessaire pour acheter les principales actions américaines du Dow Jones. Comme vous pou-

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vez le constater sur le graphique, cette rela-tion a été plutôt versatile. En 1971, l'or était à 40 $ l'once ( soit 1,28 $ par gramme ) et le DJ était à 890 ; cela signifie qu'il fallait envi-ron 22 onces d'or pour acheter le Dow. Neuf ans plus tard, il fallait juste 1 once pour ache-ter le Dow. A la fin de 1999, les deux avaient de nouveau divergé : l'or était à 279 $ ( 8,90 $ par gramme ) et le Dow à environ 11,497 pour un ratio DJ/Or de 41, bien plus haut que son premier pic des années 70.

Mais notez cette fois que les deux nombres dans le ratio ont un zéro supplémentaire. Cela vient de l'inflation. Aujourd'hui, 1 $ achète ce que 0,10 $ achetaient en 1971 ; nous avons donc besoin de 10 fois plus de dollars pour acheter 1 once d'or, ou les Dow Industrials.

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Sourit: GoltlMoncy.œm

1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Dow Jones Industrials in Gold

Décember 1913 Thtough 2007

Ligne du haut: actions du Dow Jones chers, or bon marché Ligne du bas: actions du Dow Jones bon marché, or cher

Un ratio DJ/Or à la plus haute extrémité implique deux choses. D'abord, si les relations historiques se poursuivent, l'or a plus de chance d'augmenter dans les années qui vien-nent face aux actions que de chuter. Ensuite, la distance qui sépare le haut en 1971 du bas de 1980 donne une idée du niveau que peut atteindre l'or, surtout avec la tempête finan-cière derrière lui.

La demande monétaire est sur le point d'une montée brusque

L'une des choses qui choque le plus avec l'or, c'est sa quantité minime. Au cours des quelques 4.000 années d'extraction parfois frénétiques, nous en avons extrait à peu près 150.000 tonnes. Aujourd'hui, tout l'or du monde occuperait un simple cube d'un peu plus de 18 mètres de côté, soit l'équivalent du volume de trois maisons de bonne taille. À ti-tre indicatif, les Etats-Unis produisent cha-que jour environ 240.000 tonnes... d'acier.

Mais contrairement à l'acier où la produc-tion peut être augmentée en construisant sim-plement de nouvelles usines, l'approvisionne-ment en or n'augmente que lorsque nous trouvons et exploitons de nouveaux gise-ments. Depuis 1492, il n'y a jamais eu d'année au cours de laquelle le stock d'or mondial ait augmenté de plus de 5%. Au XIXe siècle, la moyenne était d'environ 2%, ce qui explique entre autres pourquoi l'inflation était inexis-tante pour les monnaies sous l'étalon-or : l'of-fre de la monnaie au niveau mondial subissait par nature les contraintes d'une croissance fai-ble à un chiffre.

Bien que l'or ne circule plus comme mon-naie, il conserve des utilisations à la fois moné-taires et commerciales. Les besoins annuels de ces sources sont estimés à environ 4.000 ton-nes. La production de toutes les mines d'or mondiales est d'environ 2.500 tonnes, géné-rant un déficit annuel d'approvisionnement de plus de 1.500 tonnes, soit environ 50 millions d'onces.

Pour la plupart des produits, un déséquili-bre de cette ampleur entre l'offre et la de-mande entraînerait soit le prix de la produc-tion, ou son niveau, probablement les deux, vers le haut. Mais les produits normaux sont

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en général consommés... Mais l'or, souvenez-vous, n'est pas un simple produit. L'or, c'est de la monnaie qui, une fois découvert, tend à être thésaurisé. Une bonne partie de ce qui a été extrait de toutes les mines est donc toujours en circulation, et le déficit est couvert par les possesseurs de l'or précédemment découvert.

Les banques centrales, comme vous le sa-vez, vendent et/ou prêtent des millions d'on-ces par an ce qui, ajouté à d'autres formes de remise en circulation comme par exemple les gens qui vendent leurs bijoux et pièces, com-ble l'écart. Tandis qu'un déficit annuel d'ap-provisionnement de 50 millions d'onces est clairement positif, au niveau de la demande, les stocks d'or sont plus que suffisants pour combler la différence. En d'autres termes, la production minière actuelle est beaucoup moins im-portante pour le taux d échange de for que les ten-dances de la demande.

Sur le front de la demande, les choses s'améliorent grâce à l'émergence des nouveaux géants venus d'Asie. Le monde entier installe des usines en Chine à la fois pour exploiter sa force de travail bon marché et très motivée, et pour toucher un milliard de nouveaux clients. C'est certes une mauvaise nouvelle pour les ouvriers des usines américaines et européennes mais pour la Chine, cela représente un embar-ras du choix et un excédent commercial an-nuel qui dépasse les 200 milliards de dollars rien qu'avec les États-Unis. Fin 2006, les ré-serves de change de la Chine - la plupart sous forme de dollars - dépassaient le trillion de dollars. Les dirigeants chinois, faisant preuve d'un savoir-faire historique qui fait défaut ac-tuellement en Occident, ont porté leur atten-tion sur l'or. La rumeur dit que Pékin achète une bonne partie de l'or que vendent les ban-ques centrales occidentales ( et bien plus que les 100 tonnes qu'elles avaient déclaré au FMI en 2001 et 2002 ).

En 2002, Pékin supprima une loi de l'ère communiste qui interdisait aux citoyens d'avoir de l'or. Dans une étude citée dans l'édi-tion de Hong Kong de China Daily, 20% des Chinois interrogés ont déclaré qu'ils étaient prêts à changer 10 à 30% de leur épargne en or. Un analyste cité dans la même étude met-tait l'augmentation de la demande chinoise d'or à environ 36 milliards de dollars, soit en-viron 300 tonnes par an.

Pendant ce temps, l'Inde attire presque au-tant de capitaux étrangers que la Chine, et en octobre 2003, elle mit fin à un embargo de 40 ans sur le commerce des pièces. Du fait que l'Inde a toujours été un énorme marché pour les métaux précieux ( une bonne partie de l'or extrait en Occident atterrit dans les coffres indiens, ou pare les Indiennes ), l'asso-ciation des revenus en hausse et des règles plus libérales sur la propriété de l'or devrait avoir les mêmes effets qu'en Chine.

Comment cet écart soudain bien plus grand sera-t-il comblé ? Il est possible que les ban-ques centrales - qui, comme vous le verrez bientôt, sont plus concernées par la diminu-tion du taux de change de l'or que par l'opti-misation de la valeur de leurs réserves d'or -augmentent leurs ventes1. Et elles essaieront probablement de baisser le taux de change par le biais d'une propagande « anti-or ». Mais au-cune de ces options ne fera l'affaire parce que les ressources du gouvernement - à la fois au niveau de l'or et de la crédulité de la popula-tion - sont limitées. Il est plus probable que le taux de change de l'or augmentera jusqu'à ce que nous commencions à convertir nos bijoux et nos pièces en dollars. (Ajout 2011 : vous avez vu que depuis 2009, on vous demande sur toutes les télévisions de vendre votre « vieil or » ).

1 Le FMI a vendu ses stocks d'or entre 209 et 2011.

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« L!Indice de la Peur »

Nous commençons juste à nous inquiéter

Le meilleur moyen de mesurer le niveau de l'or pour les années à venir s'appelle « [Indice de la Peur ». Comme son nom l'indique, il me-sure notre anxiété face au dollar et au système monétaire et bancaire. Depuis l'invention de James Turk, soit un historique de 20 ans, cha-cun de ses signaux d'achat a été suivi par une augmentation, parfois spectaculaire, du taux de change de l'or. Pour comprendre comment fonctionne cet indice, souvenez-vous du chapi-tre 8 à propos de l'inflation face à la dévalori-sation, et que le dollar est une « fiction compta-ble ». Sa valeur ne repose que sur les biens dé-tenus par la Réserve Fédérale et les banques commerciales. Certains biens, comme l'or, sont réels et tangibles, tandis que d'autres, comme les crédits bancaires, les devises étran-gères et les dérivés ne le sont pas. L'indice de la Peur mesure l'importance relative de l'or dans ce contexte, et il est calculé en multipliant la réserve d'or américaine ( c'est-à-dire le poids de l'or à ce que l'on prétend être sous le con-trôle du Trésor ) par le taux d'échange de l'or pour obtenir sa valeur totale du marché, puis en divisant le résultat par la masse monétaire en circulation dite « M3 ».

[ ( réserve d'orUS)x( prix de l'or du marché ) ]/ M3 = indice de la peur

Une lecture, disons de 2%, montre simple-ment que pour chaque 100 $ qui circulent dans le M3, il n'y a que 2 $ d'or venant des coffres du Trésor américain. L'or représente

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donc 2% de la valeur du dollar, les 98% res-tants dépendant des actifs financiers de la Fed avec ceux des banques des autres nations. Voi-ci ce que cela donnait par exemple au 31 dé-cembre 2003 :

[ ( 261.5 millions d'onces d'or ) x ( 415$ l'once ) ]/8.850 milliards = 1,23%

Lorsque l'Indice de la Peur chute ( c'est-à-dire lorsque le nombre de dollars en circula-tion augmente plus vite que la valeur sur le marché de l'or des réserves américaines, ou bien lorsque le nombre de dollars chute plus lentement que la valeur des réserves d'or ), les gens veulent conserver ces dollars supplémen-taires car ils sont optimistes à propos des pers-pectives du dollar et/ou de l'économie améri-caine.

Lorsque ïIndice de la Peur augmente ( ce qui se produit lorsque l'argent submerge l'or, fait monter son taux de change et la valeur sur le marché des réserves d'or américaines ), cela s'explique habituellement par le fait que les gens s'inquiètent à propos du dollar ou de la santé du système bancaire et qu'ils sont à la recherche d'alternatives. Lorsque l'Indice de la Peur dépasse sa moyenne mobile2 de 21 mois et que cette moyenne dépasse le niveau du mois précédent, c'est un signal d'achat qui in-dique que l'or va monter. Comme vous pouvez le constater sur le schéma, il ne s'est produit que 5 signaux comme ceux-là au cours des 35 dernières années, tous suivis d'un rallie-ment à l'or. Regardons en détail :

Mai 1972

Comme vous le savez, de 1934 à 1971, Franklin Roosevelt avait fixé le taux de change or/dollar à 35 $ l'once ( soit le dollar à 1/35 2 Une moyenne dynamique est le prix moyen pour une action ou une matière première à un moment précis. Pour calculer une moyenne dynamique sur 21 jours pour l'or, ajouter ses cours de clôture des 21 derniers jours d'ouverture et diviser par 21.

d'une once ) et le pays était obligé d'accepter les demandes des autres pays pour changer leurs dollars en or.

Deccmbcr 1967 Through October 2007 Source: GoldMonev.com

L'Indice de la Peur : échelle logarithmique, moyenne mobile 21 mois

Dans les années 60, le dollar était dévalori-sé à la fois par une expansion du crédit conçue par les banques américaines et par les déficits du gouvernement. Durant cette période, il était devenu de plus en plus évident qu'une once d'or valait bien plus que 35 $. Tandis qu'on doutait de plus en plus de l'avenir du dollar, les rachats massifs des pays étrangers menaçaient de dépasser les réserves d'or des États-Unis.

Mais plutôt que de dévaluer le dollar comme l'avait fait Roosevelt, Nixon ferma la fenêtre de l'or de la Réserve Fédérale en août 1971, mettant ainsi un terme à l'échange dol-lar/or. Les adversaires de l'or, aussi bien à l'in-térieur qu'à l'extérieur du gouvernement, pré-disaient que, sans le soutien de Washington, le cours de l'or allait s'effondrer. Au lieu de cela, il commença à monter, atteignant 59 $ en mai 1972, soit 1,89 $ par gramme. Cela déclencha le premier signal d'achat de l'indice.

Les doutes sur le dollar se révélèrent bien-tôt fondés, tandis que le boom du crédit de la décennie précédente se terminait pour entrer dans une récession inévitable. Les banques

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commencèrent alors à faire faillite, y compris la Herstatt Bank allemande en juin 1974. Ve-nant illustrer la fragilité du système monétaire mondial, l'événement faillit anéantir tout le système financier occidental. La peur augmen-tait.

Le cycle atteignit son point culminant peu de temps après la démission forcée de Nixon en août 1974, et l'indice de la Peur enregistra un signal de vente en juin 1975. L'or avait fait 300%, soit 162 $ ou 5,21 $ le gramme.

Octobre 1977

Même ébranlé, il devenait évident que l'Occident allait s'en sortir. La confiance revint et l'or baissa. Mais, souvenez-vous, il s'agissait des années 70... Ce bref moment de calme s'avéra être en réalité l'œil du cyclone. Le choc pétrolier avait touché les économies dépen-dantes de l'énergie comme une énorme aug-mentation d'impôts qui, à l'image de n'im-porte quelle autre hausse, aurait pu être con-trebalancée par des contraintes dans d'autres secteurs. Au lieu de quoi, la Fed tenta de mi-nimiser la douleur à court terme en inondant le système avec de l'argent sorti de sa planche à billets. Les banques ont augmenté à nou-veau le crédit à l'excès et inévitablement, le dollar perdit de nouveau de sa valeur. Les taux d'intérêt chutèrent et l'or connut un nouveau rebond à 161 $, ou 5,18 $ le gramme, géné-rant en octobre 1977 un nouveau signal d'achat dans l'indice. Alors le monde devint brièvement fou : le pétrole flamba encore, le dollar s'effondra face au franc suisse, au mark et aux autres monnaies, les militants iraniens capturèrent plusieurs centaines de diplomates américains et les Soviétiques envahirent l'Af-ghanistan. L'inflation atteint des taux jamais vus à deux chiffres. Et l'or, considéré comme la seule forme d'argent stable pour beaucoup, augmenta régulièrement pendant un moment

puis explosa littéralement atteignant les 850 $ ou 27,33 $ le gramme, en janvier 1980. L'or s'avéra être plus qu'une couverture contre l'in-flation : c'était un refuge contre un système monétaire parti en vrille, et l'indice atteignit 9,4% soit presque 6 fois son niveau, 9 ans plus tôt.

Nonobstant ce bouleversement, le système tint bon. Le tout nouveau président de la Fed Paul Volcker commença à réduire le taux de croissance du M3 et l'index baissa, passant bientôt en-dessous de sa moyenne mobile, dé-clenchant un autre signal de vente en janvier 1981 avec un cours de l'or à 507 $ soit 16,30 $ le gramme.

Juillet 1986

Le début de la période Volcker/Reagan ( qui mélangeait resserrement monétaire, im-pôts plus bas et prix de l'énergie en baisse ) vit l'Indice de la Peur afficher une baisse soutenue. Il passa brièvement au-dessus de ses 21 mois de moyenne mobile en 1982, en réponse à la crise de la Penn Square Bank et au défaut de paiement souverain du Mexique, mais il ne réussit pas à déclencher un signal d'achat quand la seconde mesure - la moyenne mobile dépassant le niveau du mois précédent - ne se concrétisa pas. Le cours de l'or baissa encore, comme c'est le cas en temps de paix et de prospérité, pour finalement tomber à 288 $ soit 9,26 $ le gramme, en février 1985.

Mais au milieu des années 80, une autre crise financière était en préparation avec les opérations bancaires de l'Ohio et du Maryland qui furent rapidement suivies par l'effondre-ment des portefeuilles de prêts des banques texanes dépendant du pétrole. L'indice déclen-cha un signal d'achat en juillet 1986 avec l'or à 357 $ ( 11,48 $ le gramme ) juste au mo-ment où la crise devenait internationale : le

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dollar plongeait face au mark et aux autres monnaies. Puis en octobre 1987 ce fut le grand crash boursier, suivi par la première étape de la crise qui a vu la faillite des ban-ques d'épargne américaines. Ceux qui étaient garantis sur les maisons, aujourd'hui accablés d'hypothèques, de prêts commerciaux et de portefeuilles d'obligations ayant presque per-du toute valeur, commençaient à souffrir à cause des taux jamais vus depuis la Grande Dépression. L'or grimpa à 506 $ ou 16,27 $ le gramme, soit presque 40% au-dessus de son taux de change lorsque le signal d'achat fut donné.

Mais une fois encore, peut-on parler de mo-dèle ? Le gouvernement américain réagit avec agressivité pour empêcher le système moné-taire de s'effondrer, rachetant des douzaines de banques pour les renflouer. Une certaine con-fiance revint alors et XIndice de la Peur retomba en-dessous de sa moyenne mobile de 21 mois en février 1988. .

Avril 1993

Au début des années 90, l'économie mon-diale, tout comme celle des Etats-Unis, se ré-tablit peu à peu et le foyer d'instabilité s'était reporté sur les taux de change. Les pays euro-péens liaient les valeurs de leurs monnaies en-tre elles et développaient le crédit à un rythme relativement rapide. Aux États-Unis, le prési-dent de la Fed, Alan Greenspan, gardait le contrôle sur l'argent, suivait les politiques dé-flationnistes de son prédécesseur, provoquant ainsi le déclin du M3 au cours de l'année avant septembre 1992. Ce déséquilibre grandissant entre la fourniture de dollars et de monnaies européennes finit par provoquer l'éclatement du mécanisme du taux de change européen. Ressentant les pressions de la déflation, les banques centrales commencèrent, lentement mais sûrement, à baisser les taux d'intérêt et à

élargir leur offre de monnaie, essayant ainsi de pousser les banques à développer le crédit afin d'accélérer la croissance à des niveaux politi-quement acceptables. Craignant une nouvelle explosion de l'inflation, les investisseurs pous-sèrent l'or à 356 $ ( 11,45 $ le gramme ) dé-clenchant le 4e signal d'achat de l'indice en avril 1993. L'or arriva ensuite à 405 $ soit 13,02 $ le gramme, avant de retomber à 383$ ou 12,31$ le gramme en novembre 1994, époque où il passa en-dessous de sa moyenne mobile de 21 mois.

Mai 2002, début du vrai marché haussier

Tandis que l'expansion des années 90 pre-nait son élan, la confiance était à son comble et l'argent afflua dans d'autres véhicules finan-ciers d'apparence plus modernes comme les valeurs technologiques et les effets de levier de l'immobilier. Du fait que ces actifs avaient re-lativement peu d'influence ( dans certains cas, aucun ) dans les statistiques sur l'inflation de la Fed, celle-ci sembla décliner, et l'or entra dans une baisse de 32 mois pour atteindre 252 $ soit 8,10 $ le gramme en juillet 1999-Dans le dernier cycle d'euphorie Internet, l'or était rarement mentionné dans les milieux fi-nanciers sérieux. La monnaie mondiale la plus éprouvée par le temps n'avait ironiquement jamais semblé aussi hors de propos. Mais la confiance aveugle engendre l'effet de levier, qui, à son tour, déclenche l'instabilité. Et à la fin des années 90, le système financier mon-dial paya le prix de son exubérance. Comme nous l'avons vu au chapitre 5, la Contagion asiatique fut suivie par l'effondrement du sys-tème financier russe, par la débâcle du hedge funds LTCM et le bain de sang avec les valeurs Internet. L'or commença alors à monter. En mai 2002, le 5e signal d'achat a été déclenché. L'or arriva à 326 $ ou 10,48 $ le gramme. Voici le calcul :

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( ( 261.6 millions d'onces d'or ) x ( 326 $ l'once ) )/8135 milliards = 1.05%

Ce 1,05% signifie qu'en mai 2002, les ré-serves d'or ne soutenaient que 1,05% de la va-leur du dollar. Notez bien que c'est également la formule de calcul du ratio du dollar par rap-port à l'or vu dans « Inflation, dévalorisation ou les deux à la fois? ». C'est l'un des résultats les plus bas jamais vus, et cela nous amène à l'In-dice de la Peur pour nous aider à comprendre l'or. Hormis le fait qu'il est un bon indicateur de tendance, c'est aussi une mesure bien plus intéressante de la valeur de l'or par rapport au dollar que ne l'est le taux de change de l'or, simplement parce qu'elle s'adapte à la dévalo-risation du dollar.

Si nous regardons par exemple le taux de change de l'or, nous pourrions en conclure que, parce qu'il est 10 fois plus élevé qu'au dé-but des années 70, il a déjà connu un beau parcours et qu'il est maintenant cher. Mais ce point de vue n'est pas tout à fait exact parce que le dollar n'est pas la même unité de me-sure aujourd'hui par rapport à ce qu'il a été dans les années 70. Aujourd'hui, il permet d'acheter environ un dixième de ce qu'il ache-tait 30 ans plus tôt. Par ailleurs, notre indice considère le nombre croissant de dollars en circulation, le M3, donnant ainsi une image précise de la réelle valeur de l'or. Comme vous pouvez le voir sur un schéma précédent, l'in-dice ( et par conséquent, le taux de change de l'or ) est beaucoup plus bas aujourd'hui qu'il ne l'était ces 30 dernières années. Aujourd'hui, il est donc encore plus intéressant qu'avec les quatre moments décisifs précédents.

En résumé, l'Indice de la Peur envoie deux messages : dans un avenir proche, l'or va aller plus haut, et il est tellement sous-évalué que ce mouvement pourrait éclipser tout ce qui s'est passé auparavant.

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Les liquidations forcées des grandes banques centrales

Le crash boursier d'octobre 1987 fut suivi d'une période chaotique. Wall Street venait de connaître son déclin le plus difficile de l'his-toire, le dollar était en chute libre face aux au-tres monnaies. Pas étonnant donc que l'or ait atteint les 506 $ l'once ou 16,27 $ le gramme, son plus haut niveau en 6 ans. Mais ce bien-être fut de courte durée. Aussitôt, le gouver-nement américain vendit 525.000 onces de sa réserve d'or dans les semaines qui suivirent. Le métal passa en-dessous des 500 $ ou 16,01 $ le gramme. Ce fut la plus grande intervention de Washington sur le marché de l'or depuis les années 70. Le choix du moment ainsi que l'ampleur de l'opération suggèrent qu'elle n'a été faite que pour stopper la ruée vers l'or. Dans le même temps, le fait que les actions menées par le Trésor aient été à peine évo-quées dans les milieux officiels ( la diminution de la réserve d'or fut simplement mentionnée sur le bilan hebdomadaire de Fed ) impliquait le désir manifeste de garder un silence total sur cet épisode.

S'il avait été question d'une réponse unique au crash boursier, cette intervention aurait pu se comprendre, voire défendue. Mais il ne s'agissait pas d'un événement singulier. Bien au contraire, il a instauré un modèle qui s'est accentué ces dernières années. Il est clair au-jourd'hui que le Trésor américain et les autres banques centrales se servent de leurs énormes réserves d'or pour conserver le taux de change du métal artificiellement bas. Au cours du pro-cessus, elles ont vu se confirmer leur pire cauchemar,

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une « liquidation forcée » massive qui fait grimper lor. Nous allons étayer ces affirmations mais voyons d'abord qui sont ces banques centrales et ce qu'elles font.

La banque centrale est une institution fi-nancière qui reçoit les pleins pouvoirs d'un gouvernement national pour gérer la masse monétaire du pays. Dès le début, comme dans le cas de la Bank of England pendant la pé-riode classique de l'étalon-or, ce rôle était es-sentiellement passif. La banque s'assurait sim-plement que les règles de l'étalon-or étaient suivies en offrant d'échanger l'or contre des billets selon la demande. Cette fonction de remboursement maintenait l'équilibre entre le montant de l'or dans ses coffres et celui des substituts de l'argent qui étaient en circula-tion. L'or était la mesure immuable de la va-leur, et les monnaies étaient définies d'après un poids du métal. Ce système demeura en vi-gueur jusqu'en 1971. A ce moment-là, Nixon répondit aux revendications de plus en plus nombreuses à propos de la réserve d'or améri-caine déclinante en rompant le lien formel du dollar avec l'or. Depuis, le rôle passif de main-tenance des banques centrales, au sein duquel la monnaie était évaluée d'après l'or, s'est in-versé. Les banques centrales définissent l'or en termes de dollars. Du fait que toutes les mon-naies fiduciaires se déprécient, gérer l'or signi-fie garder une maîtrise sur son taux de change. Depuis 1987 au moins, le signe que les ban-ques centrales soutiennent subrepticement leurs propres monnaies en abaissant le taux de change de l'or est devenu plus qu'évident. L'une de ces interventions non divulguées a eu lieu le vendredi 11 avril 1997. C'est ce que Ja-mes Turk avait écrit quelques jours plus tard :

Vindice de prix à la production a été publié ce matin et il atteint 0.4%, bien au-dessus de ce qui était attendu et il dépasse aussi ses der-nières tendances. Ce matin, on note aussi des

échanges relativement stables avec lor et les au-tres métaux précieux. Lorsque f indice de prix à la production a été publié, il s est produit deux choses. Comme Ion pouvait s'y attendre lors d une augmentation de l inflation, le prix de l or a commencé à augmenter et les obligations sur 30 ans ont commencé à chuter. Pourtant, ces tendances n'ont pas duré longtemps. Il a semblé qu'une force puissante avait pénétré le marché. Au moment où lor commençait à mon-ter, dans le même temps, quelqu'un le déréglait et cela sans relâche. Le déroulement de la chaîne des événements était prévisible. D'abord, les tra-ders qui avaient des positions longues ont vu ce qui se passait et ont joint le mouvement avec des positions courtes. Ces ventes ont ajouté une pres-sion supplémentaire sur le marché qui, à son tour, a déclenché des stops et les ventes d autres positions longues. A ce moment, les fonds spécu-latifs et les départements de matières premières se sont aussi mis du côté court, et malgré son début prometteur, le marché de lor se trouva en net re-cul. La journée se termina en baisse de 1,60 $, clôturant au-dessus de ses niveaux les plus mau-vais uniquement parce que les vendeurs à décou-vert avaient acheté à la fin de la journée.

Quelle était cette force puissante qui avait stoppé la ruée sur l'or ? Au cours des 5 années qui ont suivi, les recherches menées par James Turk, par plusieurs personnes au sein du co-mité d'action anti trust de l'or, le GATA, ainsi que divers alliés, ont bien éclairci les choses : comme en 1987, ce fut le Trésor américain qui avait agi de concert avec les autres ban-ques centrales. L'étendue et la complexité des preuves ne permettent pas de tout expliquer dans ce livre, mais vous pouvez trouver tous les détails sur les sites gata.org et fgmr.com. Nous vous recommandons également de télé-charger Not Free, Not Fair, the Long-Term Ma-nipulation of the Gold Price, qui a été publié en août 2004 par Sprott Asset Management

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( sprott.com ), l'une des plus importantes so-ciétés d'investissement en Amérique du Nord. En attendant, voici quelques points impor-tants :

Suivons les traces des banquiers centraux

1 ) Greenspan nous raconte ce qui se passe. Le 24 juillet 1998, Alan Greenspan, président de la Fed, déclarait devant la Commission ban-caire : les banques centrales se tiennent prêtes à louer ( c est-à-dire prêter ) de lor en quantités croissantes, même si le prix doit monter. Non seu-lement Monsieur Greenspan décrivait les moyens par lesquels les banques centrales in-fluençaient le taux de change de l'or, mais il exposait aussi clairement quel était leur objec-tif.

2 ) Les banques centrales amassent. En mai 1999, la Bank of England annonça son inten-tion de vendre la moitié de sa réserve d'or. A part la synchronisation surprenante de décider de vendre lorsque le taux de change de l'or était déjà au plus bas, le fait que la Bank of England annonce sa vente en avance semblait à même de garantir le prix le plus bas possible pour leur or, un résultat qui n'allait pas claire-ment dans le sens des intérêts du peuple an-glais. Réfléchissez : est-ce que Warren Buffett annonce à l'avance quand il va vendre une ac-tion ? Non, évidemment, parce que cela aver-tirait les autres acteurs, provoquant ainsi la chute du titre en question. Il semble donc que l'annonce de la Bank of England ait été con-duite par un autre élément qui, avec le recul, semble évident : la Bank of England essayait d'amplifier l'effet de ses ventes en incitant les autres acteurs du marché à également vendre.

3 ) Le Change du Fonds de Stabilisation comme agent du gouvernement. Le 9 avril 2000, l'inter-venant du GATA Reg Howe écrivait : Le

Change du Fonds de Stabilisation et Cor : le passé comme prologue ? qui révélait des informations plutôt surprenantes à propos du Change du Fonds de Stabilisation, une agence quasi gou-vernementale qui ne rend compte qu'au Prési-dent et au secrétaire du Trésor. Créé après la saisie de l'or de 1933, et financé par les béné-fices du papier découlant de la dévaluation du dollar face à l'or en 1934, le Change du Fonds de Stabilisation est entouré de mystère, et, en tant que domaine exclusif de la branche exé-cutive, il opère largement en dehors de la sur-veillance du Congrès. Howe remarquait que des pertes inexpliquées apparaissaient dans les rapports trimestriels du Change du Fonds de Stabilisation par tranche lorsque le prix de l'or montait, tandis que les bénéfices étaient per-çus par tranche lorsque le prix de l'or baissait. Ce résultat était curieux parce que le Trésor, à la fois dans ses déclarations publiques et les lettres qu'il rédigeait en réponse aux questions posées, maintenait qu'aucune intervention sur le marché des changes n'était prévue. Comme le faisait remarquer Howe : il ri y avait pas d autres activités évdientes qui puissent expliquer ces pertes. Il concluait que le Change du Fonds de Stabilisation intervenait sur le marché de l'or.

4 ) Une preuve accablante et irréfutable. En dé-cembre 2000, James Turk découvrait qu'il existait une preuve irréfutable à propos de l'intervention du gouvernement américain sur le marché de l'or à partir de ses propres rap-ports publics. Sans entrer dans les calculs ici, ( vous pouvez en tous les cas les trouver sur le site fgmr.com sous le titre The Smoking Gun ), il suffit de dire que les rapports révélaient une contradiction d'un million d'onces d'or sur une transaction entreprise par le fonds de stabilisa-tion.

Et bien que ce fut l'une des plus grandes divergences, cela arrivait chaque mois ! En d'autres termes, contrairement à ce que le

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gouvernement américain racontait, il interve-nait bien sur le marché de l'or.

5 ) La Fed réécrit thistoire. Après la publica-tion de ces découvertes, James Turk se de-manda comment le Trésor pourrait expliquer cette divergence entre l'activité du fonds de stabilisation sur le marché de l'or et ce qu'il avait affirmé auparavant, c'est-à-dire que ni le Trésor américain ni le fonds de stabilisation n'échangeaient de l'or. La réponse fut rapide. En février 2001, la Fed commença à brouiller les pistes, non seulement en supprimant tou-tes les références au fonds de stabilisation dans son rapport sur les avoirs de réserve améri-cains, mais en revenant également en arrière pour changer les rapports déjà publiés ! Non seulement les chiffres avaient été modifiés, et toutes les références précédemment faites au fonds de stabilisation avaient été éliminées.

6 ) La Fed cafouille. Début 2001, la Fed pu-bliait les minutes des réunions du comité du marché libre de 1995. Non seulement ces mi-nutes étaient vieilles de cinq ans mais elles avaient été également expurgées. Certaines parties des rapports restaient donc secrètes. Mais dans la transcription de la réunion de la Fed du 31 janvier 1995, quelqu'un avait ou-blié quelques mots très révélateurs à propos du fonds de stabilisation et de son activité avec l'or. Voici ce qui y était écrit :

Monsieur Mattingly. Il est clair que ces opé-rations du fonds de stabilisation sont autorisées. Je ne pense pas quil y ait un problème juridique au niveau de lautorité. Le statut du fonds est rédigé en termes généraux comme « crédit » — il a couvert des choses comme les swaps d or - et il accorde un large pouvoir.

La liquidation forcée est en route. Tout ce qui précède, auquel s'ajoute un certain nombre d'autres preuves, prouve que les ban-

ques centrales sont en train de manipuler à la baisse le cours de l'or. Mais cela n'explique pas pourquoi elles le font. En voici la raison : parce que l'or est une monnaie, il est l'un des critères grâce auquel les devises dans le monde - et les banques centrales qui les gèrent — sont mesurées. Lorsque le taux de change de l'or est bas par rapport au dollar et à l'euro, les banques centrales semblent bien faire leur tra-vail en gardant l'inflation à un niveau bas et la valeur de leurs monnaies fiduciaires à un ni-veau plus élevé. Il ne fait pas de doute qu'une partie de la motivation des banques centrales a été de conserver les taux de change à des ni-veaux favorables — en gardant l'or sous-éva-lué - pour donner ainsi l'impression que leurs monnaies, ainsi qu'elles-mêmes, allaient bien.

En ce qui concerne la manipulation de la banque centrale et la pointe dramatique que cela va occasionner sur le cours de l'or, repre-nons l'explication du chapitre 8 à propos de la manière dont les banques centrales prêtent leur or aux banques privées qui le vendent en-suite sur le marché libre. Du fait que les « banques de lingots » ont promis de rendre l'or emprunté aux banques centrales, elles sont, de fait, à court d'or. Cela signifie qu'à un mo-ment donné, elles sont obligées d'acheter de l'or pour payer les banques centrales. Elles sont gagnantes quand l'or est bon marché et perdantes, parfois sévèrement, lorsqu'il monte.

James Turk estime que les banques centra-les ont prêté au moins 12.000 tonnes, soit en-viron 385,8 millions d'onces de leur or. C'est presque cinq fois la production mondiale an-nuelle d'or, pour une valeur d'environ 300 milliards de dollars au cours de fin 2007. Si les « banques lingots » ont emprunté cet or à un prix moyen de 350 $, ou 11,25 $ le gramme, et que l'or atteint 800 $, ou 25,81 $ le gramme, ( laissons l'euro en dehors par souci

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de simplicité ), les « banques lingots » con-naissent une perte de 450 $ multipliés par 385,8 millions d'onces ou 161 milliards de dollars. Si les banques empruntent en moyenne à 300 $, 9,64 $ le gramme, elles se retrouvent face à une perte potentielle de 179 milliards de dollars, plus que suffisant pour ruiner certains des joueurs les plus agressifs.

Tandis que le coût d'acquisition de l'or commence à augmenter, les « banques lingots » - toutes ont fait le calcul - seront tentées de réduire leurs pertes en couvrant leurs décou-verts en masse ( c'est-à-dire en rachetant leur or ). Il en résultera une liquidation forcée « classique » au cours de laquelle chacun essaie d'acheter tout de suite, envoyant ainsi le cours de l'or à des sommets.

IV Profiter de

l'effondrement du dollar

Vous devez choisir de faire confiance à la naturelle stabilité de lor ou bien à lhonnê-teté et à l intelligence des membres du gou-

vernement. Avec tout le respect que je dois à ces messieurs, je vous préviens que tant que le système capitaliste perdure, je vote pour lor.

George Bernard Shaw

Jusqu'à présent, nous nous sommes concen-trés sur les choses désagréables qui ont des chances de se produire au cours des dix pro-chaines années. Mais l'objectif réel de ce livre est de montrer que les temps difficiles, crises monétaires comprises, sont dures uniquement quand vous n'y êtes pas préparé. Prenez les bonnes décisions maintenant et les années qui vont suivre, aussi horribles qu'elles soient pour ceux qui ne se sont pas préparés à l'effondre-ment du dollar, peuvent être parmi les plus intéressantes, les plus productives et même les plus positives de votre vie. Souvenez-vous : lors de la mini-crise des années 70, alors que la plupart des gens souffraient de ce qui semblait être une sombre période de « stagflation », quelques prévoyants ont fait fortune avec l'or, 1 argent, les francs suisses et les réserves de pé-trole. Mais ces années étaient simplement un échauffement. Cette fois, les bouleversements et les opportunités seront beaucoup plus im-portants et les choix beaucoup plus variés, rendant ainsi possible une stratégie adaptée à

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vos objectifs et à votre tempérament comme un gant. Pourtant, en présentant une large gamme de stratégies solides liées à des actifs, nous mélangeons en quelque sorte les pom-mes avec les oranges. Alors, avant d'aller plus loin, assurez-vous de bien distinguer argent et investissements, ou, plus précisément entre l'or physique et les investissements liés à l'or. Les pièces de collection, les lingots d'or et l'or numérique ( que nous allons expliquer plus loin ) sont le métal lui-même qui peut être considéré comme de la liquidité ou du cash. En d'autres termes, l'or, sous ces formes, c'est de l'argent que vous pouvez utiliser pour cou-vrir vos dépenses en attendant que le bon in-vestissement suive.

Mais ce type d'argent n'est pas un investis-sement susceptible de « monter » comme une maison ou une réserve. Au contraire, il va con-server sa valeur tandis que les monnaies fidu-ciaires vont se déprécier. Tandis que le prix des matières premières comme le pétrole et le blé grimpent en terme de dollars, il restera plus ou moins stable traduit en or. Vous aurez l'impression de gagner de l'argent avec votre or parce que son taux de change avec le dollar augmentera mais en réalité, vous préserverez plus que vous ne développerez votre richesse, conservant votre réserve par rapport à ce que vous devrez acheter pour survivre. Pour dire les choses d'une autre façon ( afin que cette distinction soit aussi claire que possible ), avec l'or physique, vous emmagasinez de la ri-chesse, vous évitez les risques et maintenez la liquidité, plutôt que de tenter de faire fortune.

Par ailleurs, les investissements fondés sur l'or comprennent les actions des mines d'or, les dérivés et les pièces rares. Pour leur valeur, ils dépendent du cours de l'or mais aussi, entre autres, du bon fonctionnement des marchés fi-nanciers ainsi que de la probité, de la sagesse et des moyens des responsables de ces mêmes

compagnies minières. Bien choisis, les inves-tissements basés sur l'or monteront non seule-ment en termes de dollars mais contre l'or lui-même vous permettant ainsi de bâtir votre ca-pital. Mais évidemment, ils peuvent égale-ment baisser. En d'autres termes, les investis-sements servent à développer mais pas néces-sairement à conserver la richesse, et avec leur potentiel de hausse, se présente aussi le risque de pertes. Au fur et à mesure que vous avan-cerez dans les chapitres qui suivent, gardez bien cette distinction à l'esprit.

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~ 13 ~ L'or physique

Depuis la nuit des temps, l'un des moyens les plus sûrs de préserver la richesse a été d'ac-quérir de l'or bien concret, qu'il s'agisse de pièces, de bijoux avec beaucoup de carats, voire des pépites et de les placer en lieu sûr. Aujourd'hui, cette stratégie reste aussi sûre qu'elle l'était auparavant. Mais les choix d'achat et de conservation de l'or présentent des inconvénients qui peuvent les rendre peu pratiques. Certaines alternatives plus intéres-santes seront bientôt disponibles ( comme vous le verrez dans le chapitre 19 qui évoque l'or du XXIe siècle ) mais en attendant, vous devez faire avec les moyens traditionnels. Pourtant, malgré le coût qu'il représente, et ses inconvénients, l'or, comme nous l'avons dit, reste un bon placement et nous recom-mandons à tous nos lecteurs d'en posséder un peu. Voici comment vous aider à sélectionner les alternatives possibles.

Les pièces de collection et les lingots

Le rôle en déclin de l'or en tant que mon-naie a pris fin avec l'ordonnance de confisca-tion de Roosevelt en 1933. Mais l'intérêt des gens, y compris des Américains, est resté le même. Lorsque les restrictions à propos de la possession d'or ont été abolies en 1974, les monnaies et les raffineurs ont commencé à in-troduire des pièces et des petites barres qui of-fraient un moyen d'acheter et de posséder de l or. C'est ce qu'a fait l'Afrique du Sud qui a commencé à fabriquer les pièces d'or Kruger-rand en 1967 et à en vendre des millions lors

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du chaos monétaire des années 70. Depuis, plusieurs pays importants et de nombreuses fortunes privées sont entrés dans ce circuit et vous pouvez aujourd'hui vous procurer des pièces ou des lingots sur Internet ou par télé-phone. Une fois livrés, vous pouvez soit les garder, soit les entreposer en lieu sûr. Les piè-ces comme la Golden Eagle, la Krugerrand et la Maple Leaf canadienne sont connues comme des « lingots en pièce » parce qu'il s'agit d'or fondu d'une manière familière, mais sans valeur numismatique ou d'une rareté ab-solue. Elles peuvent avoir ou ne pas avoir de « valeur nominale » c'est-à-dire un montant affiché, et avoir, ou non, un « cours légal » c'est-à-dire être une monnaie nationale offi-cielle. En tout état de cause, leur valeur réelle ne dépend pas de leur rareté ou de leur pays d'origine, mais bien de l'or qu'elles contien-nent.

En plus de ces pièces, il est aujourd'hui pos-sible de créer une collection qui inclut le Coq français, le Panda chinois et le Philarmonique autrichien, ainsi que des lingots de différentes tailles provenant des banques comme le Cré-dit Suisse et l'UBS et de fondeurs comme Johnson Matthey. Les pièces et lingots offrent la même attraction : dans les deux cas, il s'agit d'or parfaitement identifiable, facile à acheter, à conserver, et si nécessaire, à vendre ( même si les coûts de transaction sont si élevés qu'ils ne sont pas du tout des véhicules commer-ciaux ).

Ils sont à vous, vous les conservez dans un coffre ou dans une boîte enterrée dans votre jardin, selon ce qui vous semble le plus sûr. Ils ne dépendent d'aucun autre intermédiaire. En bref, ils représentent l'une des meilleures cou-vertures qui soit pour se protéger des crises fi-nancières récurrentes. Voyons maintenant comment élaborer un portefeuille or :

Trouver un bon vendeur. À la différence disons, des obligations, les pièces et lingots en or ne s'achètent pas directement à la source. Les Monnaies nationales et les fondeurs ven-dent leur production à des négociants qui y ajoutent une majoration et les vendent ensuite au public. Comme sur n'importe quel marché, les prix et la qualité du service diffèrent parmi les négociants, donc trouver quelqu'un digne de confiance est une première étape essen-tielle. Idéalement, il devrait y en avoir plu-sieurs mais en réalité, les vendeurs d'or sont rares et la plupart des lingots ( aux États-Unis ) sont achetées en ligne ou par téléphone et livrés par courrier. Mais vérifiez cependant dans l'annuaire et si vous trouvez des ven-deurs, allez les voir pour fixer le prix de leur lingot et calculer leurs majorations.

Vérifiez ensuite sur Google car dans ce sec-teur, comme dans les autres, il y a aussi des personnes peu recommandables. Concentre-rez-vous sur des vendeurs établis dont la lon-gévité implique qu'ils ont répondu aux exi-gences de leurs clients. Même parmi les ven-deurs, il y a parfois d'énormes différences au niveau des pratiques et de la spécialisation. Certains vendent essentiellement des pièces rares, et proposent des lingots d'avantage par courtoisie, alors que d'autres sont essentielle-ment des vendeurs de lingots. La qualité du service, elle, peut varier. Alors, cernez bien votre liste en vérifiant que les clients sont con-tents de leur service.

Obtenez le meilleur prix. Une fois que vous avez sélectionné vos vendeurs, visitez leur site et appelez-les. Vous remarquerez que, tandis que chacun augmente le coût de ses pièces et de ses lingots à partir du taux de change journalier actuel, la taille de la com-mission peut varier.

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Choisissez le type de lingot qui vous convient. La liste, comme nous l'avons déjà vu, propose des pièces très connues, très popu-laires qui sont produites par les États-Unis, le Canada, l'Afrique du Sud, des pièces obscures mais fascinantes qui viennent des coins les plus reculés du globe, et des lingots venant de banques et de fondeurs divers. Ils sont classés par taille, du plus petit jusqu'au lingot genre brique de maçon. Tout dépend de vos besoins et de vos objectifs mais gardez bien à l'esprit les points suivants :

Le poids. Cela coûte autant de fabriquer une petite pièce qu'une grande, donc les piè-ces les plus lourdes ont tendance à contenir d'avantage d'or. Les gros lingots en revanche sont typiquement moins chers à fabriquer que les pièces. De ce fait, ils ont tendance à se vendre à la majoration la plus basse possible, suivis par les pièces d'une once et ensuite par les pièces plus petites.

Le type de pièce ou de lingot. Les pièces de collection sont faciles à vendre parce qu'el-les sont reconnaissables tout de suite et accep-tées, à l'inverse des lingots. De toute façon, vous devez faire analyser votre lingot avant de le vendre pour prouver qu'il ne s'agit pas sim-plement d'un plaqué or. Cette absence de re-connaissance universelle est un inconvénient si vous prévoyez d'acheter et de vendre souvent votre pièce. Mais si vous avez l'intention de la conserver pendant un moment ( ce que vous devriez faire ), vous vous posez moins la ques-tion de la vendre. Si l'objectif est d'obtenir le plus d'or possible, alors la réponse est simple: achetez-vous le plus gros lingot possible. Des lingotins de 100 grammes ( à 31,1034 gram-mes par once ) pèsent un peu plus de trois on-ces et ils représentent un bon choix, rentable qui plus est.

Si vous voulez payer un peu plus pour le caractère habituel et l'acceptation des pièces, les versions à une once tendent à proposer la majoration la plus « raisonnable ». Lorsque vous commencerez à chercher des pièces, vous remarquerez aussi que certaines sont plus pu-res que d'autres. La Philharmonie par exem-ple, prétend être pure à 99,99% tandis que la Golden Eagle ne l'est qu'à 91,67%. C'est une illusion parce que cela ne fait pas référence à la quantité d'or dans la pièce : elles commen-cent toutes les deux avec une once pleine. La pureté fait plutôt référence à la quantité des autres métaux - habituellement cuivre ou un autre métal de base - ajoutés pendant le pro-cessus de fonte pour rendre les pièces plus du-res, et cela afin de mieux résister à l'usure. Ainsi, la Golden Eagle est un peu plus dure et lourde, mais puisque vous prévoyez de mettre vos pièces dans un endroit sûr, et de les lais-ser, la pureté n'est pas une question impor-tante en soi.

Passez votre commande. Une fois que vous savez ce que vous voulez, appelez quel-ques vendeurs, ou allez sur leur site, et listez leurs prix. S'ils n'ont pas de site, alors confir-mez votre commande par téléphone : votre in-terlocuteur pourra ainsi « verrouiller » le prix au moment de la commande, et vous expli-quer les accords spéciaux qui peuvent être mis en place. Peut-être des portefeuilles présélec-tionnés de pièces d'or pour un prix global, ou avec une légère remise sur quelques pièces en excès, ou encore une expédition gratuite sur les commandes qui dépassent une certaine somme. Assurez-vous d'avoir tous les éléments pour obtenir le meilleur achat.

Entreposez votre or. Avec les lingots, il est souvent plus simple d'avoir un vendeur ou bien un dépositaire reconnu qui les conserve pour vous, préservant ainsi la « chaîne de l'in-tégrité » et rendant les lingots plus faciles à

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vendre. Les pièces sont plus faciles à stocker. Chaque choix est cependant un peu délicat car les risques ne sont pas toujours visibles, nous en parlerons plus en détails. Si un établisse-ment se charge de garder votre or, assurez-vous de comprendre les distinctions suivan-tes :

Non Attribué - Attribué. Ce sont les deux méthodes de conservation les plus basi-ques. Lorsque vous conservez l'or sur une base attribuée, vous continuez à détenir l'or. Il n'y a aucun transfert de titre. Vous déposez les lingots d'or dans le coffre du fiduciaire par ac-cord contractuel selon lequel le même nombre de lingots vous sera remis sur demande. Le contenu du coffre est assuré par un tiers, so-lide comme le roc ( à vous de vérifier ). Si le coffre est volé ou disparaît lors d'un tremble-ment de terre, vous récupérerez votre or ou sa valeur équivalente. En retour pour le service, vous paierez des frais annuels de stockage de 1 ou de 2% sur la valeur de votre or.

Lorsque l'or n'est pas affecté, vous laissez votre argent à une banque qui vous promet de vous rendre une certaine quantité d'or sur simple demande, sans préciser sous quelle forme. Vous devenez alors un créancier non garanti de la banque ce qui vous met en dan-ger si la banque - comme ce sera le cas pour beaucoup dans les 10 ans qui viennent - de-vient insolvable. Si vous louez une société pour garder votre or, il devra être affecté.

Trésorerie commune. Il s'agit d'un compte dans lequel votre or est mélangé à celui d'au-tres personnes ( ce qui est aisé puisque l'or est un bien fongible ). Les économies d'échelle permettent à la société qui offre le compte commun de conserver des honoraires corrects et relativement peu élevés. L'or mélangé peut être affecté et non affecté. Dans le premier cas, les clients du compte détiennent collecti-

vement des lingots d'or spécifiques. Cepen-dant, dans la plupart des accords communs, l'or n'est pas affecté. Cela signifie en réalité que vous prêtez votre argent à la banque ou au négociant qui gère le compte. Comme nous l'avons dit, c'est un mauvais accord, ne le fai-tes pas.

Les certificats or. Ces certificats sont cou-rants et c'est sans doute le type de réserve le moins bien compris parce qu'en réalité, il ne s'agit pas du tout de réserve. Un certificat de possession d'or est simplement une promesse d'or pour l'avenir. C'est la nature même de n'importe quel certificat. Imaginons, par exemple, que vous déposiez de l'argent dans la banque près de chez vous. Pour prouver la transaction, l'agence vous remet un Certificat de dépôt. Vous ne possédez donc plus l'argent. Vous êtes devenu un créancier ordinaire et non garanti de la banque. Les certificats sur l'or fonctionnent de la même façon. Au lieu de posséder l'or, vous êtes un créancier ordinaire non garanti de la banque, de l'entreprise ou de ceux qui ont frappé la monnaie et qui vous ont délivré le certificat. Tout comme un compte commun non affecté, ça n'est pas du tout la même chose que le fait de posséder de l'or. Alors c'est à éviter !

Conserver votre or chez vous. Imaginons maintenant qu'au lieu de laisser quelqu'un se charger de votre or, vous avez choisi d'en prendre livraison. Le jour J arrive, et vous vous retrouvez bouche bée devant un carton de pièces ou lingots bien brillants. Alors ? Vous ne pouvez pas les laisser dans un tiroir de votre cuisine. Un bon coffre chez soi sem-ble être une possibilité plus logique, bien que cela avertisse les intrus de l'endroit où se trouve votre trésor et qu'il peut être simple-ment emporté. Si vous choisissez cette option, assurez-vous de bien cacher votre coffre et ou de le rendre complètement intransportable.

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Vous pouvez aussi louer un coffre à la banque pour une somme modique. Il est très rare-ment l'objet de problèmes. Évidemment, rien n'est absolument garanti, alors prenez une as-surance, soit en annexe de votre assurance ci-vile, soit par l'intermédiaire de la banque elle-même. Notez bien que si un gouvernement avide venait à confisquer de nouveau l'or de ses citoyens, votre coffre pourrait être bloqué d'un simple trait de plume.

Vous pouvez aussi cacher vos pièces dans un endroit connu de vous seul. L'or ne s'abîme pas, alors vous pouvez ( comme beaucoup ) l'enterrer dans votre jardin. Vous pouvez aussi répartir votre butin dans plusieurs cachettes, en mettre une partie dans un coffre et le reste sous le plancher. Assurez-vous simplement de bien vous souvenir de ce que vous faites ! Et parce que vous ne voulez pas emporter ce se-cret avec vous dans la tombe, laissez un plan du trésor à votre avocat ou à un ami digne de confiance.

Comment vendre. Quand arrive le mo-ment de vendre votre or, inversez le processus. Trouvez le négociant qui a une bonne réputa-tion et qui offre le meilleur prix. Vous pour-riez récupérer un peu moins que comptant ( la différence, c'est la façon dont les négociants gagnent de l'argent ) mais si les choses bou-gent comme nous le pensons, vous n'allez pas ergoter pour quelques dollars.

~ 14 ~

L'or dans la terre Les titres miniers

Le moyen le plus lucratif pour tirer profit de la relance de l'or, c'est d'acheter les actions des entreprises qui l'exploitent. Pour des rai-sons que nous allons vous expliquer, les ac-tions minières ont tendance à prendre de la valeur plus rapidement que l'or lui-même. Comme tous les titres, ils sont faciles à acheter et à vendre. Ils ne nécessitent pas d'entrepo-sage spécifique, ni d'assurance, et ils versent souvent des dividendes, dans certains cas deux ou trois fois le taux des fonds du marché mo-nétaire actuel. C'est le moment idéal pour en avoir parce que, comme l'or lui-même, les ti-tres miniers ont de la valeur parce qu'ils sont rares.

Le nombre de mines d'or importantes dans le monde est limité. Et après 4.000 ans de prospection, il y a peu de chance pour que nous en trouvions soudain beaucoup d'autres. Dans le sillage du marché baissier de l'or de-puis vingt ans, le secteur des mines est minus-cule. En dépit d'un joli retour récent depuis leurs baisses des années 2000, fin 2007 la ca-pitalisation boursière de tous les titres miniers d'or de la planète était d'environ 250 milliards de dollars, moins que la valeur marchande de Microsoft et seulement 3% des valeurs combi-nées des entreprises qui composent l'indice S&P 500. La apitalisation de Newmont Mi-ning, la plus grande mine d'or au monde, et le seul à figurer dans le S&P 500, n'était que de

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23,5 milliards de dollars. Lorsque l'argent commencera réellement à affluer dans ce sec-teur, nous verrons des mouvements qui nous rappelleront ceux des valeurs Internet des an-nées 1999- Mais, et nous tenons à être très clairs sur ce point, cela ne signifie pas que vous devez acheter un assortiment aléatoire d'actions de mines d'or et les oublier. Comme dans n'importe quel secteur, les mines d'or ont leurs bons et mauvais côtés, des producteurs stables et des résultats aléatoires. Une fois achetées, elles doivent toutes être surveillées. Alors, pour réellement profiter du super mar-ché haussier qui se profile dans ce secteur, vous aurez envie d'élaborer un portefeuille qui convient à vos moyens et à votre nature.

Ce chapitre va vous montrer comment, mais d'abord, notez bien ceci : analyser les mi-nes et leurs actions n'est pas simple, et cer-tains des sujets couverts ici sont un peu lourds en jargon minier et comptable. Alors si vous vous sentez un peu perdu, sautez quelques pa-ges et revenez quand vous serez prêt à aller plus loin.

Les mines d'or 101

Avant de pouvoir décider si une action pré-cise de mine est un bon investissement, il faut comprendre comment fonctionne ce secteur. Commençons par reculer dans le temps, 3 milliards d'années plus tôt, quand des frag-ments submicroscopiques d'un élément que nous appelons maintenant or se sont déposés sous forme de sédiments de quartz et de sul-fure. Les concentrations étaient de quelques grammes et, à de rares exceptions près, pou-vaient atteindre des centaines de grammes par tonne de matériaux environnants. A la lon-gue, les sulfures ont commencé à se décompo-ser et l'or s'en est échappé. Dans certains cas, il s'est fondu dans les filons qui ont joué un rôle si important dans l'histoire des hommes.

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Une fois formés, ces filons ont connu plusieurs -orts : certains, soit près de la surface au mo-ment de leur création, ou bien élevés du fait Je l'activité tectonique, sont exposés aux élé-ments et les minéraux environnants sont éro-iés, exposant ainsi l'or à l'air libre. Il se re-:rouve souvent lavé dans les lits des rivières :x>ur former les alluvions composés de frag-ments d'or sous forme de poudre ou de pépi-tes.

United States 10%

South America 13%

World Gold Council Gold P r o d u c t i o n by Région

La plus grosse pépite du monde enregistrée • appelle la Welcome Stranger. Découverte en Australie en 1869, elle pesait 71,04 kilos et mesurait presque 60 cm de long. Le reste de or mondial est enterré dans les profondeurs

de la terre jusqu'à ce qu'un mineur entrepre-nant ou un géologue mette la main dessus. Ci-iessous la production d'or par pays :

Une fois l'or découvert, il faut parvenir jus-q _ a lui et il existe généralement deux maniè-res de s'y prendre à grande échelle. Si l'or est rres de la surface, la solution est une mine à .cl ouvert ; fondamentalement il s'agit de mi-

nes gigantesques dans lesquelles les engins de crrassement ramassent le minerai des roches

- .a pelle pour le traiter ensuite. S'il est souter-rain, les ingénieurs creusent de longs puits qui ;_:vent la veine de minerai. Et ils sont réelle-~ent longs. Certaines mines en Afrique du >ud descendent à plus de 5 km sous terre et

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les tunnels creusés à l'horizontale à partir de ces puits s'étirent sur des kilomètres alentour.

Selon le niveau des capitaux employés, les mineurs des puits d'exploration font éclater les filons d'or avec des pioches ou bien utilisent d'énormes perceuses et beaucoup de dyna-mite. Les gravats sont amenés à la surface, chargés sur des tapis roulants, ou des wagons, et transportés vers l'usine de transformation sur place.

Le minerai extrait est broyé en poudre et mélangé à une solution de cyanure et autres produits chimiques qui s'attachent à de mi-nuscules particules d'or pour former un com-posant d'or et de cyanure soluble dans l'eau d'où l'or peut être extrait plus tard. Inventé en 1887 en Ecosse, et perfectionné dans les an-nées 60 par le Bureau des Mines américain, la lixiviation en amas a été une avancée considéra-ble dans la technologie minière, et a rendu possible l'extrait de tout l'or, y compris les particules microscopiques à partir d'un tas de minerai.

Le traitement sur place donne des barres dorées qui contiennent généralement de 60 à 80% d'or. Elles sont expédiées aux raffineurs qui appliquent des processus comme la Chlo-ration Miller ou le Wohlwill électrolytique pour enlever les impuretés. L'or presque pur qui en résulte est fondu en lingots ( variant de moins de 1 kg à 400 onces ) vendus aux marchands qui, à leur tour, fournissent la bijouterie, l'électronique et les marchés de la monnaie.

Il existe des centaines de mines d'or qui opèrent dans le monde à tout moment. Cela va des mines à peine fonctionnelles aux mons-tres comme la mine de Freeport McMoran's Grasberg en Indonésie qui produit plus de 2 millions d'onces, soit 62 tonnes par an. S'il y a des mines partout sur le globe, les gisements

d'or semblent être plus courants dans des en-droits comme l'Afrique du Sud ( qui a produit environ un tiers de l'or de surface actuel ) et Amérique du Nord.

Analyser les mines

Nous avons donc une idée générale du tra-vail des mineurs. Voyons maintenant ce qui les différencie ( ou pas ). Dans cette forêt, il y i. des éléphants et des souris, et beaucoup de ::gres. Voici comment les distinguer :

La taille. Les compagnies minières vont de minuscules à colossales, mais nous allons les diviser en 5 groupes et les placer dans 2 gran-des catégories. La première catégorie regroupe les sociétés qui produisent de l'or en ce mo-ment même. En d'autres termes, il s'agit d'en-treprises appelées aussi majors, moyennes et uniors selon la quantité d'or qu'elles produi-sent. La seconde catégorie comprend les entre-prises qui ne produisent pas : ce sont les socié-tés qui explorent et espèrent découvrir de nouveaux gisements d'or et les sociétés de dé-veloppement dont l'objectif est de transformer les gisements économiques en exploitation de mines. Appelons ces deux groupes des « jeux de propriété ».

Les producteurs dor. Les majors sont les grands chefs, ils gèrent d'énormes portefeuilles de mines dans le monde entier et produisent plusieurs millions d'onces chaque année. Ils ont généralement été créés par des équipes de gestion dynamiques qui ont raflé des sociétés plus petites et des propriétés individuelles, et ont fait du bon travail en les fusionnant avec beaucoup d'efficacité. Le plus gros des majors - et sans aucun doute le mieux géré — s'ap-pelle Newmont Mining, qui, au cours de ces dix dernières années, a acquis des opérateurs de taille comme Santa Fe Pacific Gold, Battle Mountain Gold et Normandy Mining, tout en

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développant ses propriétés existantes pour en faire des mines productives. Il amène ainsi sur le marché environ 5 millions d'onces par an pour une valeur d'environ 4 milliards de dol-lars. Au moment où ces lignes ont été écrites, le cours était à 800 $ par once, soit 25,80 $ le gramme ( note Jardin des Livres : à ce jour, le cours de l'or est à 1812 $, soit 58,45 $ le gramme ).

En général, les majors sont suivis par de nombreux analystes et des gestionnaires de fonds, et largement détenus par des investis-seurs. On les trouve régulièrement cités dans les médias à propos du cours de l'or ou des ré-sultats des actions or. A cause cette visibilité, ils sont, comme IBM ou Microsoft, efficaces dans leur business. Cela signifie que toute l'in-formation à disposition du public est rapide-ment diffusée. Leurs valeurs, à n'importe quel moment, reflètent donc un large consensus d'investisseurs qui ont un savoir-faire. Achetez un titre comme Newmont, Gold Fields ou Harmony et vous pouvez parier que le prix de l'or va plus augmenter que ce que la commu-nauté des investisseurs peut attendre, sans préciser que la société possède des forces in-connues du reste du monde. Dit d'une autre façon, tandis que les majors ont régulièrement la chance de faire une nouvelle découverte, vous n'achetez pas un major en anticipant la hausse de ses actions à partir des résultats de son exploration des nouveaux projets. Vous l'achetez pour son cash-flow et sa capacité de gestion à sortir des rendements attrayants à partir de son capital, et cela grâce à sa compé-tence et au cours de l'or qui monte.

Les sociétés moyennes et les juniors sont des mines établies qui opèrent n'importe où avec une ou plusieurs mines en production. Parce qu'elles sont souvent trop petites ( en termes de capitalisation boursière et d'actions

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REPRESENTATIVE MID-TIER AND JUNIOR COLD-MINING STOCKS

Ticker $ Price $ Price Company Symbol 1/1/01 11/27/07 % Change Golden Star GSS 0.90 3.16 251

Resources Glamis Gold GLG 1.36 46.12* 2,970 Weridian Gold MDG 6.27 36.58' 483 Eldorado Gold EGO 1.47* 5.75 291 Gotd 272/oz. 806/oz. 196 S&P500 1366 1428 4.5

* Price on first day of NYSf listing, February, 2003 *cquifed by GoldCorp, Aprif 17,2007

: icquired by Yamana Gofd, November 7, 2007

en circulation, ou flottantes ) et/ou trop nouvel-rs pour attirer l'attention d'un grand nombre ^'analystes, de journalistes ou de gestionnaires ne fonds, elles peuvent apporter une nouvelle rropriété prometteuse sur Internet sans faire c'esbroufe, et générer parfois une vraie belle ; jrprise. Le Glamis Gold basé à Vancouver est un bel exemple : il s'est en effet traîné pen-dant des années avec un prix de l'action à 2 $. Mais en janvier 2001, sa mine à bas coût à Marigold dans le Nevada a commencé à pro-duire et la communauté des investisseurs a commencé à traiter les chiffres qui en résul-taient. Au cours des six années qui ont suivi, ! action de Glamis a grimpé en flèche et dessi-né une belle courbe qui partait de 1,50 $ pour atteindre les 40 $. En 2006, il fut racheté par Goldcorp.

Ce passage de la petite mine vers la grande est plus courant que vous ne le pensez. Le marché est très étroit, et peu d'analystes pren-nent la peine de regarder au-delà des majors et des moyennes de premier plan. De la même façon, il y a peu d'investisseurs qui veulent tenter l'aventure sur une affaire à haut risque qu'ils ne comprennent pas ou n'apprécient nas. Il en résulte que les moyennes et les ju-niors offrent un intéressant mélange de carac-:éristiques. Il existe certes des inquiétudes à nropos de la production et des revenus, et fré-quemment on entend parler d'un nouveau nrojet prometteur. Mais ils sont souvent né-

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gligés par les investisseurs rendant ainsi possi-ble, en creusant un peu, la découverte de joyaux comme le Glamis qui attendait simple-ment d'être ramassé en l'an 2000.

Le tableau qui précède illustre l'argent qui était gagné avec des moyennes et des juniors les plus prospères tandis que l'or passait de 272 $ à 800 $. Imaginez à quoi ressemblera cette liste lorsque l'or aura atteint 2.000 $.

La propriété joue. Les sociétés d'exploration et de développement ne sont pas des mineurs au sens technique du terme parce qu'elles ne gèrent pas le fonctionnement des mines. Mais elles espèrent le faire un jour pour devenir ri-ches, tout comme leurs investisseurs. Les ex-plorateurs, comme leur nom l'indique, sont chargés de trouver des gisements qui pour-raient devenir, c'est le cas de le dire, des mines d'or. Leurs stratégies d'exploration varient, mais souvent ils se concentrent sur des zones où se trouvent d'autres mines d'or, présumant que les parages ont des chances de contenir d'autres gisements inexplorés. Parfois, ils re-font l'analyse d'anciennes mines qui n'ont pas été correctement explorées par Je passé. De toute façon, tout repose sur une géologie cor-recte. Il y a beaucoup de chantiers d'explora-tion dans le Nevada, par exemple là où la terre contient maints gisements, et très peu en revanche dans l'Illinois où, jusqu'à présent en tous les cas, personne n'a découvert d'or.

De leur côté, les sociétés de développement peuvent très bien avoir une propriété qui indi-que des traces de minéralisation, et elles espè-rent dans ce cas l'exploiter en mine. Elles pro-cèdent à des forages intensifs pour montrer la taille de la ressource ainsi qu'à des études de faisabilité pour déterminer si le minerai peut être rentable. Si les résultats sont effective-ment positifs, elles développent la propriété en construisant des routes, en creusant des

ouits ou un trou, mettent en place des grou-pes électrogènes, bref tout le nécessaire pour rendre les ressources exploitables.

Ces sociétés d'exploration et de développe-ment sont les tickets de loterie du monde mi-nier et lorsqu'elles réussissent, leurs investis-seurs deviennent vraiment très riches. La Francisco Gold, basée au Canada, par exem-ple, a travaillé dans l'obscurité presque totale pendant plusieurs années à la fin des années 90. Elle exploitait une propriété prometteuse au Mexique. L'équipe était dirigée par une équipé de vétérans qui avait acquis les droits d'exploitation à un prix très bas et avait attiré une somme considérable de capitaux exté-rieurs. En 1999, l'action de Francisco valait environ 2,50 $, elle n'avait pas de dette et l'or dans le sol valait entre 10 et 15 $ la part. En dehors de la compagnie, les seules personnes informées de la situation étaient celles qui écrivaient des Newsletters dédiées à l'or comme Claude Cormier du Ormetal Report qui disait à tous ceux qui voulaient bien l'écouter que Francisco était la société d'exploitation qu'il préférait entre toutes.

Tandis que les résultats de forage mettaient au jour de formidables montants d'or et que la direction amenait la mine plus près encore de l'exploitation, le prix de l'action commença à grimper, mais début 2002, il n'était encore qu'à 3,50 $. La poignée d'investisseurs qui s'étaient jetés à l'eau à ce moment-là n'eurent pas à attendre longtemps pour récupérer leur bénéfice : en mars 2002, Glamis le rachetait à 13 $ l'action.

Cependant, nous avons utilisé billet de lote-rie pour une raison. Les sociétés d'exploration et de développement dépendent moins du taux de change de l'or qui monte ( ce qui en-

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traîne les valeurs des majors, et, dans une grande mesure, les moyennes et les juniors ) que de leur capacité à transformer un lopin de terre brute en mine rentable. Réaliser des bé-néfices dans ce segment du marché est une au-tre histoire : une compréhension de la « ma-cro » dégradation monétaire qui rend l'or si séduisant est moins importante que la capaci-té à lire et à comprendre les résultats de fo-rage ainsi qu'à juger la capacité de gestion. Nous reviendrons sur ces compétences.

Gardez bien à l'esprit que, pour chaque lancement comme celui de Francisco Gold, il existe des centaines de sociétés d'exploration qui, peu importe les compétences de leurs di-rigeants, ou la solidité de leurs finances, ne dé-couvriront jamais rien. C'est la réalité pure et dure de l'exploration, alors ne perdez pas de vue les grands risques si vous décidez d'agran-dir votre portefeuille en y ajoutant quelques propriétés de ce type.

GOLD MINERS: BIG, SMALL, AND IN BETWEEN

Property Play Mid-tier Major Company/ Ticker Symbol Nevsun/NSU.TO 1AMGOLD/IAG Newmont/NEM

2007 Gold production ounces 0 1,100,000 5,600.000

Proven/probable reserves (mil!, oz.) 0 22 91

Annual revenues (S millions) 0 605 5,660

Shares ouîstanding (millions) 11S 293 451

Marfeet cap (USJ millions) 244 2,530 22,850

Analyst coverage 6 20 27

Ail figures as of 11/27/07

Source Company annual reports, Yahoo! Finance

Juger de la qualité des propriétés des mineurs. Dans le domaine de l'exploitation de l'or, comme dans n'importe quel autre sec-teur, la taille n'est pas tout. Les bénéfices et la valeur du marché, qui sont bien sûr les objec-tifs ultimes, dépendent des coûts pour pro-duire chaque gramme d'or, ainsi que de la du-rée des bénéfices engrangés. Pour réellement

;omprendre le fonctionnement du mineur, • ous devez évaluer la qualité de ses propriétés, l̂ ela signifie qu'il faut développer une connais-^nce très solide des points suivants :

La taille du gisement. Le seul chiffre le plus important à connaître, c'est la quantité d'or eue contient la mine. Mais parce que l'or est dispersé parmi des millions de tonnes de ro-ches souterraines, il n'existe aucun moyen, ivant de fouiller dans le sol, de prédire avec certitude combien il y en a. Le mineur établit _ne estimation de la forme, de l'étendue et de a qualité d'un gisement en effectuant une sé-né de forages et en analysant ce qu'il remonte. Si les résultats des forages et la construction -éologique indiquent la présence d'un million ze tonnes de minerai, et que chaque tonne ; Dntient une once d'or, alors la société annon-- era que les réserves prouvées sont de 1 million i onces. Pour qu'un gisement soit prouvé, le fo-rage doit être étroitement et régulièrement es-racé, dans la plupart des cas entre 15 et 23 mètres. Une fois forées, ces propriétés ressem-rient à un morceau de gruyère avec des trous de forage soigneusement espacés.

Les réserves probables sont un niveau beau-: : up plus facile à atteindre : moins de forage et d'avantage de confiance dans la construc-:ion géologique. C'est par le niveau du taux ïvec lequel les réserves probables se transfor-ment en réserves avérées au fil du temps que

:n peut mesurer utilement l'exactitude du :est d'un mineur. Un taux élevé implique que :« gisement s'adapte parfaitement au modèle ^i llogique conçu pour lui, alors qu'un taux : as implique un gisement irrégulier et impré--Sible qui pourrait produire moins d'or que ce

: LU était prévu au départ.

La qualité du minerai. Certains corps mi-rralisés contiennent beaucoup plus d'or que

_ -i_itres et une tonne de minerai riche va évi-

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demment produire d'avantage d'or qu'une tonne de qualité inférieure. On utilise le terme Calibre et il est habituellement présenté dans le système métrique en grammes d'or par tonne de minerai ( même si quelques mineurs Nord-Américains traditionalistes continuent d'utiliser les onces par tonne ). Aujourd'hui, quelques mines peuvent travailler avec du mi-nerai qui contient moins d'un gramme d'or par tonne, alors que les gisements de la plus haute qualité, comme la mine Red Lake de Goldcorp qui contient environ 65 grammes par tonne, sont à l'évidence beaucoup plus rentables à exploiter.

Le coût. En un mot, si l'or vaut 400 $ l'once ou 12,86 $ le gramme, un mineur peut devenir riche en le produisant pour 200 $ l'once ou 6,43 $ le gramme, et faire faillite en le produisant pour 450 $ ou 14,46 $ le gramme. La qualité du minerai est bien sûr la clé de ce calcul mais il y a aussi d'autres élé-ments qui entrent en ligne de compte, comme par exemple :

Est-ce difficile de parvenir au minerai? S'il se trouve à quelques mètres en-dessous des fleurs dans une prairie du coin, alors le coût de création et de fonctionnement d'une mine est considérablement moins élevé que s'il se trou-vait à 3-000 mètres sous terre et à des centai-nes de kilomètres d'une route et de l'électrici-té. Donc en général, une mine à ciel ouvert dans un endroit accessible coûtera bien moins cher qu'une mine profonde dans l'arrière-pays. Mais, bien sûr, c'est rarement aussi simple. Les mines à ciel ouvert génèrent beaucoup plus de saletés que celles sous terre, réduisant ainsi l'avantage du coût. Et bien sûr, le minerai est rarement juste à la surface. La plupart du temps, la forme du minerai est irrégulière et il conduit à des puits profonds et irréguliers qui nécessitent des travaux coûtant très cher. Un mineur prend ces facteurs en considération

lorsqu'il calcule le coût au comptant de la pro-duction.

!

Les niveaux de production du minerai.

Plus une mine peut produire de minerai cha-que jour, Le débit, plus grandes sont les écono-mies d'échelle pour son opérateur et plus bas ^era le prix pour extraire chaque gramme d'or. Ce chiffre dépend à la fois de la géologie de la mine et du capital que le mineur a consacré à la création de sa capacité. Du fait que les mi-neurs se battent pour réaliser de bons bénéfi-ces, et pas de volume, une mine moyenne tra-

aille à un niveau de production plus bas que ce qu'elle pourrait si tout le matériel possible était utilisé dans le gisement.

Autres minéraux. Les minéraux utiles sont narfois mélangés dans le sol alors il arrive que nés rochers qui sont extraits d'une mine d'or contiennent aussi de l'argent, du zinc ou du cuivre. Ils peuvent être extraits et fondus avec l'or, diminuant ainsi le coût au comptant de . extraction de l'or. La mine Agnico-Eagle de Toronto par exemple produit de l'argent, du cuivre et du zinc comme dérivés. Même son nom, Ag Ni Company, Ag pour l'argent et Ni pour nickel, reflète son passé polymétallique. Sans les produits dérivés, son coût au comp-tant en 2003 était de 250 $ par once d'or ou -,04 $ par gramme. Avec les produits dérivés, le coup a chuté à 155 $ ou 4,98 par gramme n'or. Par ailleurs, la plus grande mine d'argent du monde - Cannington en Australie - est en realité une mine de cuivre qui produit de l'ar-qent comme produit dérivé. En ajoutant tous es éléments, le débit, la qualité du minerai et

; on accessibilité, vous obtenez le coût de l'ex-traction. Au niveau bon marché de la gamme, vous avez les opérations comme celles de Goldcorp et la mine souterraine mais de haute qualité Red Lake au nord ouest de l'Ontario à rnviron 140 $ par once ou 4,52 $ le gramme.

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À l'autre extrémité de la gamme, vous avez le gisement AngloGold Joël en Afrique du Sud avec des coûts de 345 $ par once ou 11,09 $ par gramme, avec la moyenne pour les principaux producteurs d'or du monde dans la région de 200 $ par once soit 6.45 $ par gramme. Mais notez bien que les coûts de production au comptant représentent une par-tie de la structure des coûts du mineur. Pour déterminer la rentabilité d'un opérateur, il faut ajouter ses autres dépenses y compris l'ad-ministration ( salaires et frais généraux ), l'in-térêt et la dévalorisation. Nous expliquerons ces coûts plus loin.

Le potentiel d expansion. Il faut des années, et parfois des dizaines d'années pour explorer complètement un corps de minerai riche. Mais cela ne vaut pas la peine de découvrir d'avan-tage de réserves si le mineur ne peut les ex-ploiter de manière rentable et cela dans un laps de temps raisonnable. Beaucoup de pro-priétés ont donc plus de minerai que ne pour-rait l'indiquer le chiffre avéré et probable, sou-vent beaucoup plus. L'industrie fait référence à ces gisements espérés avec des termes comme minéralisation non prouvée et probable et réserves indiquées et calculées. Comme ces termes l'impli-quent, l'existence du minerai n'a pas été prou-vée sans équivoque, même si le chiffre est gé-néralement basé sur un certain niveau de test et de modélisation géologique, et se révèle souvent être exact. Goldcorp par exemple, es-time sa minéralisation à 10 millions d'onces. Le chiffre de Newmont atteint presque 91 millions, et certaines mines d'Afrique du Sud ont indiqué des ressources au-delà de 100 mil-lions. Comme vous le verrez dans la prochaine partie, la différence entre surévalué et sous-éva-lué peut reposer sur ces réserves non encore prouvées.

Estimer les réserves. Lorsque vous com-prenez la qualité et la taille des propriétés

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d un mineur, l'étape suivante consiste à bien alculer ce qu'il vaut et à comparer le résultat

ivec le prix de l'action actuel. Malheureuse-ment, ce n'est pas une tâche facile parce que les mines d'or ne sont pas comme les autres entreprises. Là où une usine ou un magasin reut être estimé selon les bénéfices et/ou le :ish flow qu'il génère, la valeur d'une proprié-té minière vient en grande partie de ce qu'elle .Dntient plutôt que de ce qu'elle produit. Les mines en exploitation ont en général beau-coup plus d'or dans le sol qu'elles n'en sortent 5jr une année donnée et, comme vous le sa-vez, avec différents niveaux de potentiel de ré-serves supplémentaires.

Lorsque le cours de l'or change, le marché reévalue la base de ressources d'un mineur, rendant ainsi les actions des mines d'or bien plus volatiles que l'or lui-même. Dans un sens, cne action minière est un dérivé de l'or, c'est-n-dire une option sur la future dévalorisation du dollar.

Comment calculer la valeur d'un mineur ? Une très bonne méthode nous a été aimable-ment fournie par William Fleckenstein, extra-rdinaire vendeur à découvert et haussier élo-

quent de métaux précieux. En utilisant Xewmont Mining vers 2004 comme exemple, commençons avec les réserves prouvées et pro-oables de l'entreprise qui, fin 2003, étaient d'environ 88 millions d'onces. Puis divisez la • aleur marchande de l'entreprise début 2004 de 17,4 milliards de dollars par ce chiffre ; vous obtenez 198 $ représentant ce que vous payez par once lorsque vous achetez le titre. Ajoutez ensuite le coût de la production au comptant d'environ 200 $ l'once et vous payez, en réalité 398 $ l'once pour l'or que Xewmont a des chances de produire. Ajoutez

cela ses coûts autres que des espèces ( les sa-laires, la dévalorisation, coûts d'exploration ) ce 60 $ par once et votre coût monte à 458 $.

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Avec l'or à 415 $ l'once, ce n'est pas une af-faire spécialement convaincante pour l'instant.

CALCULATING THE 2004 VALUE OF NEWMONT'S GOLD

Proven and probable reserves Proven and probable reserves (million ounces) 88.0 Market value of outstanding shares at 12/31 /03 (S billions) 17.4 Market value of proven and probable reserves, S/02. 198 Cash mining costs, S/oz. 200 Noncasb costs, $/oz. 60 Shareholdere' cost per ounce of proven and probable reserves, S/oz. 458

Total gold in the ground Proven and probable reserves (million ounces) 88.0 Mineralization (million ounces) 55.0 Total gold in the ground (million ounces) 143 Market value of gold in the ground, S/oz. 122 Cash mining cost, S/oz. 200 Noncash costs, S/oz. 60 Shareholders' cost per ounce of proven and probable reserves, S/oz. 382

Source: Newmont annual report, Yahoo! Finance

Calcul de la valeur de l'or de la Newmont. Réserves avérées et probables - Réserves avérées et probables ( millions d'onces ) - Va-leur marchande des actions en circulation au 31 décembre 2003 -Valeur marchande des réserves avérées et probables - Coût d'ex-ploitation minière comptant - Coûts hors cash - Coût pour les ac-tionnaires par once de réserves avérées et probables - Total de l'or dans le sol - Réserves avérées et probables ( millions d'onces ) -Minéralisation ( millions d'onces ) - Quantité totale d'or dans le sol ( millions d'onces ) - Valeur marchande de l'or dans le solvabilité -Coûts miniers en liquidité - Coûts hors cash - Coût pour les action-naires par once de réserves avérées et probables.

Mais souvenez-vous que les réserves prou-vées et probables ne sont pas tout ce que vous gagnez avec une mine d'or. En plus de ces 88 millions d'onces qui sont presque certaine-ment là, Newmont a aussi 55 millions d'onces de minéralisation qui pourraient un jour bascu-ler dans la catégorie qui a fait ses preuves. Ajoutez-les donc aux 88 millions et vous obte-nez un total de 143 millions d'onces. Supposez ensuite que chaque gramme coûte 200 $ à ex-traire et ajoutez-les aux coûts autres qu'en es-pèces de 60 $ par gramme, et le coût par gramme de l'action Newmont chute à 382 $. Conclusion : à son prix de fin 2003, cette ac-tion était une affaire avec l'or à 415 $ le gramme, et une bonne affaire si vous admet-tiez que l'or allait encore monter.

Autres considérations. Une fois que vous

avez estimé les réserves d'une mine, tenez compte des autres facteurs qui jouent un rôle sur la valeur de ses gisements d'or. Citons par exemple :

Pays à risque. Si un mineur possède une propriété dans un pays politiquement insta-ble, sa production est moins sûre et donc par conséquent, moins précieuse que celle d'une mine qui se trouve par exemple en Amérique du Nord. C'est pour cela que les titres miniers américains et canadiens ont tendance à s échanger à des multiples de revenus, de cash rlow et de réserves plus élevées que ce qui se passe avec ceux d'Afrique du Sud ou d'Améri-que Latine. Dans le cas des sociétés qui possè-dent un nombre limité de propriétés, la locali-sation est donc à surveiller de près.

Type de mine. Pas pour accabler l'Afrique _u Sud, mais ses gisements très profonds pré-sentent quelques défis techniques incroyables. Qu'un puits à 3.000 mètres s'effondre et vous r.e verrez pas la moindre trace d'or pendant un ron moment. Les mines à ciel ouvert comme celle de Grasberg du géant Freeport sont en général plus stables puisqu'elles se trouvent en surface mais elles ne sont cependant pas à . abri d'un cas de force majeure. Une pluie tor-rentielle par exemple peut provoquer l'effon-drement des parois de la fosse. L'ingénierie, ruelle soit en surface ou sous terre, a ses limi-res et l'exploitation minière est un métier dan-gereux qui présente des risques bien réels et rarfois mortels. En résumé, il est difficile de généraliser sur les types de mines qui présen-rent plus ou moins de risques, mais il est tou-)urs utile de connaître tous les aspects d'une

exploitation de mine à ciel ouvert par rapport i. un forage profond.

Diversification. Posséder une seule mine ~portante est une manière agréable et relati-

vement simple de faire fortune... tant que tout

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se passe bien. Les investisseurs de Agnico-Ea-gle en ont fait la dure expérience en 2003 lorsque un effondrement dans la mine La-Ronde, leur produit vedette, a conduit à une réduction de la production pendant plusieurs mois. Cette interruption soudaine de ce qui avait été un flux constant de bénéfices a ef-frayé les investisseurs de Agnico-Eagle qui ont perdu 40% du prix de leurs actions après l'ef-fondrement. Leçon : un portefeuille de mines dans différents endroits est moins sujet aux perturbations, qu'elles soient d'ordre opéra-tionnel ou politique, qu'une seule et impor-tante propriété. Newmont, à l'inverse, possède des propriétés principales sur les quatre conti-nents et une cinquième est en cours d'acquisi-tion.

Questions environnementales. Le lavage au cyanure a été une bénédiction du ciel pour les mineurs rendant possible l'extraction de quan-tités même microscopiques d'or à partir de minerai qui, il y a quelques années encore, se serait révélée vaine. Mais le cyanure est un poison et, même si en général le bilan envi-ronnemental de l'industrie minière est bon, le résultat de pratiques minières bâclées s'est ré-vélé dévastateur dans certains cas de haut ni-veau. Les inquiétudes à propos des risques liés à l'environnement génèrent donc des conflits entre les opérateurs miniers, les habitants et les gouvernements. Cela génère en retour une augmentation des coûts, une diminution de la production et le blocage du développement de propriétés autrement prometteuses. Le bilan environnemental d'une société et les relations qu'elle entretient avec ses voisins sont donc es-sentiels !

Ces risques sont précisés dans le rapport annuel américain sur l'activité des entreprises sous la rubrique Litiges et Questions environne-mentales. Mais cela vaut la peine de regarder au-delà des documents des entreprises. Une

recherche menée sur Google pour L'or de Newmont dans lenvironnement faisait apparaître à l'époque des dizaines d'entrées avec des titres comme Le PDG de Newmont évite les attaques liées à lenvironnement pendant une assemblée des actionnaires ; Des paysans péruviens en guerre con-tre la mine d or de Newmont ; et Las Vegas Sun : des défenseurs de lenvironnement tentent de bloquer la mine dor de Newmont. Pour résumer, la loca-lisation d'une mine limite souvent son pro-priétaire s'il veut la développer et l'exploiter. Comprendre réellement les atouts d'un mi-neur signifie savoir comment les lois environ-nementales et leur interprétation affectent ses principales propriétés. Là encore, la diversifi-cation est un énorme avantage parce qu'elle réduit l'impact de ce type de soucis éventuels.

Le nouveau pipeline de la mine. Un émi-nent historien a établi un parallèle entre l'or et la drogue, qui, tout au long de l'histoire, a conduit ceux qui étaient accros à faire des cho-ses à la fois extraordinaires et épouvantables. Alors élargissons un peu le champ de cette analogie et notez bien que, dans un certain sens, les mineurs sont en effet comme des fa-bricants de drogues. Comme Merck et Pfizer qui développent constamment et testent de nouveaux composés, les mineurs explorent sans cesse, évaluent et amènent de nouvelles propriétés. L'exemple de Glamis, une nouvelle mine très importante, tout comme un médica-ment vedette, peut être la clé de l'émergence d'un junior. Ou bien elle peut permettre à un major de remplir ses réserves. Mais l'inverse est également vrai : tout comme une société pharmaceutique dont l'action baisse lorsqu'un médicament prometteur échoue dans les essais cliniques, une société minière souffre lors-qu'une nouvelle mine ne fonctionne pas comme prévu. Meridian, la société milieu de çamme pleine d'avenir par exemple a vu son action chuter d'environ 50% début 2003

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( lorsque le cours de l'or montait ) après que des manifestations locales l'aient obligée à stopper le développement de sa prometteuse propriété d'Esquel en Argentine.

Lorsque le forage d'un mineur révèle quel-que chose de valeur, ou lorsque les résultats ne donnent rien, ce qui est tout aussi important, cela déclenche des résultats. Ces nouveautés, comme les détails d'un test clinique de médi-cament, peuvent être difficiles à décoder mais sont des indices potentiellement importants pour l'avenir.

La politique des revenus

Maintenant que vous avez un aperçu de l'aspect physique d'une exploitation minière, voyons son aspect financier. C'est-à-dire com-ment le mineur va chercher le capital et com-ment il l'utilise pour construire et gérer son portefeuille de mines. Il existe plusieurs façons pour un mineur de transformer le métal en ar-gent sonnant et trébuchant, et ses choix en di-sent long à propos de sa philosophie de ges-tion et de ses perspectives dans le marché haussier de l'or. Ici, l'industrie peut se diviser en trois camps principaux :

Ce qui est verrouillé. Les fabricants de bi-joux et les entreprises d'électronique qui utili-sent de l'or savent à peu près de quelle quanti-té ils auront besoin sur l'année à venir. Ce qu'ils ignorent en revanche, c'est le prix futur de l'or. Si les prix flambent, leurs coûts peu-vent atteindre des niveaux qui rendent impos-sible la vente de leurs produits en réalisant des bénéfices. Ils voudront alors payer un peu plus pour verrouiller leurs approvisionnements or.

Les mineurs ont le problème inverse. Ils sa-vent ce qu'ils vont produire sur l'année à venir et à quel prix, mais ils craignent une baisse des cours qui anéantirait leurs marges. Les dif-

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férents intervenants sur le marché de l'or si-gnent souvent des accords dans lesquels ils ac-ceptent d'acheter ou de vendre une quantité bien précise d'or, et cela à un prix fixé des mois, voire des années, à l'avance.

C'est ce qu'on appelle protection ( comme pour protéger ses investissements ) et pour un mineur, cela bloque un bénéfice, au prix d'un renoncement à certains gains si l'or venait à monter brusquement. Cela n'a rien de dérai-sonnable de prime abord, et c'est tout à fait astucieux lorsque le cours de l'or dégringole, comme cela s'est passé à la fin des années 90. Du fait que le prix à terme de l'or est toujours plus élevé que le prix au comptant ( une confi-guration qui s'appelle report ), une mine qui protège sa production récoltera un prix moyen plus élevé que ses concurrents dans un milieu où le cours de l'or est plat, ou en chute, mais gagnera moins qu'eux qui ne sont pas proté-gés si l'or augmente plus que le report.

Au début, la protection était - et elle l'est toujours pour la plupart des mineurs - comme nous l'avons décrit : un outil logique, appa-remment inoffensif, pour bloquer les bénéfices et éviter le risque de fluctuations sauvages. Mais, au cours de ces dernières années, cer-:iins des principaux opérateurs en couverture, Barrick en tête, ont commencé à considérer .eurs livres de couverture comme s'il s'agissait r une ligne de crédit, vendant aujourd'hui leur rroduction future et utilisant les sommes re-cueillies pour développer de nouvelles mines

- générer des intérêts sur les revenus. À son -pogée, cet effet de levier hors bilan était très elevé. Fin 2002, le portefeuille de couverture : 7 Barrick de 24 millions d'onces était équiva-ent à plus d'un cinquième de la production - : ndiale annuelle d'or.

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Les couvertures de Barrick sont connues comme étant des livraisons différées ce qui si-gnifie que l'obligation de livraison qu'elles ont peut être différée. Disons par exemple, que Barrick s'est engagé à fournir un million d'on-ces à 340 $, ou 10,93 $ le gramme, mais le cours au comptant monte à 375 $ ou 12,06 $ le gramme. Selon les conditions de sa couver-ture différée, Barrick peut simplement vendre l'or qu'il était prêt à livrer sous les 340 $ du contrat directement dans le marché pour 375 $. Son obligation de livrer l'or à 340 $ est repoussée à plus tard, le seul inconvénient étant un déclin sur la valeur du prix du mar-ché de son livre de couvertures, une entrée hors bilan qui n'a pas d'incidence sur les béné-fices. En revanche, son compte de résultat affi-che un gros bénéfice de ses ventes d'or sur le marché au comptant.

A cette échelle, la couverture a rapporté à Barrick, selon ses propres calculs, près de 2 milliards de dollars supplémentaires dans les années 90. Mais une bonne partie de ce béné-fice a été restitué ces dernières années sous forme d'or récupéré. De toute façon, une cou-verture qui s'étend sur plus d'un an ( et Bar-rick dépasse plus de 10 ans dans certains cas ) n'est plus une couverture. Il s'agit en réalité d'emprunt et il devrait être analysé comme n'importe quelle autre dette sur le bilan de la société. Vus sous cet angle, les bénéfices de couverture de Barrick affichaient un prix élevé sous forme d'obligations pour fournir des mil-lions d'onces d'or à des taux de change. Selon nous, ils auront de bonne chances d'être bien en-dessous des futurs niveaux au comptant.

Sous la pression venue des banquiers terri-fiés par les passifs croissants de l'entreprise ( ou peut-être parce qu'elle perdait le contrôle lors d'une action intentée par le marchand d'or Blanchard, alléguant des manipulations du marché de l'or ), Barrick jeta l'éponge fin

2003, annonçant la fin de son programme de couverture. A la fin de l'année, ses comptes de couverture étaient passés de 24 millions d'on-ces à 15,5 millions.

Pour résumer, la couverture - sur une echelle modeste et avec une perspective de 6 à 12 mois - peut être une initiative intelligente lorsque l'or dégringole, mais imprudente lors-qu'il augmente. Et, du fait que nous nous at-tendons à ce que l'or ne se contente pas de monter doucement, mais de grimper très haut, il vaut mieux éviter les protections.

Ce qui ri est pas couvert. Ces mineurs raffi-nent l'or et le vendent, quelle que soit l'offre sur le marché. Bien sûr, lorsque l'or est bas, ils ne font pas aussi bien que leurs concurrents cui sont couverts ; et à l'inverse, lorsque le ni-veau est élevé, ils font mieux. Le plus gros des majors non couverts, et le plus virulent, est Newmont. Après avoir acheté en 2002 le ma-jor australien Normandy — avec aussi une nonne couverture - , Newmont avait la possi-b :lité de répondre à ses idéaux et c'est ce qu'il rit en éliminant ses 9 millions d'onces hérités -nr son compte de couverture en 18 mois à un . ût de presque 200 millions de dollars. En d autres termes, si Normandy n'avait pas été : iuvert, Newmont aurait généré 200 millions de dollars supplémentaires sur ses ventes d'or.

Les détenteurs. La troisième méthode la tr.us offensive pour transformer l'or en espèces, c est de ne rien faire du tout, en gardant un peu de la production d'or de chaque année, lela a pour résultat de faire un pari bien plus important sur l'or face au dollar. Et nous pen-sons ( vous ne serez pas surpris ) que c'est une stratégie brillante. Les deux plus gros déten-teurs sont Goldcorp et Iamgold. Le 30 sep-tembre 2003 par exemple, Goldcorp détenait 156.730 onces, soit environ 30% de plus que .i. Banque du Canada. A la fin de l'année, il

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vendit son magot, déclara un gros montant de dividendes en espèces et commença à accumu-ler à nouveau de l'or. Nous adorons ce genre de gestionnaires !

La force du levier. Voyons maintenant la relation entre les bénéfices d'une société et le taux de change de l'or. En d'autres termes, combien de bénéfices supplémentaires génère un mineur lorsque l'or augmente de X et à quel genre de risques s'expose-t-il pour les at-teindre ? Le terme général de ce concept s'ap-pelle Effet de levier et il peut revêtir plusieurs aspects :

L'effet de levier financier. Valoriser une mine d'or, c'est comme construire une usine dans le sens où la première des décisions à prendre, et aussi la plus importante, est de sa-voir comment, et sous quelles conditions, ob-tenir le capital nécessaire. Vous pouvez par exemple emprunter une partie de monnaie na-tionale ce qui vous impose des coûts d'intérêt continus, mais vous permet de garder le béné-fice que vous générez. Vous pouvez, comme Barrick, utiliser le financement de tor en em-pruntant en échange, et vendre votre produc-tion à l'avance. De la même façon, vous pou-vez contracter pour une redevance nette en ac-ceptant de verser à vos financiers un pourcen-tage du revenu de la mine. Vous pouvez émet-tre des actions, ce qui signifie que vous vendez une partie de l'entreprise à des investisseurs extérieurs, soit privés, soit en émettant des ac-tions publiques. Cela évite des taux d'intérêt élevés, mais cela veut aussi dire que vous par-tagez les bénéfices à venir ainsi qu'un contrôle possible avec vos nouveaux copropriétaires. Ou bien, vous pouvez générer le cash requis à partir de vos opérations courantes qui ne pré-sentent aucun des inconvénients de la dette ou de l'action, mais peut se révéler lent parce que vous ne vous débarrassez sans doute pas de l'argent que vous pourriez lever à l'extérieur

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d'un simple trait de plume. Chacune de ces stratégies a ses avantages et elles sont em-ployées, seule ou combinées à d'autres, par des mines très bien gérées.

Les différences ressortent sur les bilans des mines où les effets de levier financiers amè-nent beaucoup de dette en relation avec le ca-pital qu'elles ont acquis par d'autres moyens. Cela affecte aussi leurs comptes de résultat : :1s gagnent moins, à cause du coût de leurs in-térêts mais déploient ce qui reste sur moins d'actions.

Pourquoi devriez-vous vous soucier du bi-lan d'une société minière ? Parce que cela af-fecte le profil de risque de la mine ainsi que ;es bénéfices et sa valeur sur le marché. Lors de périodes difficiles qui se définissent ( par rapport à nos objectifs ) par un cours de l'or en c:eclin, les bénéfices miniers baissent et un rroducteur avec trop de dette pourrait avoir _d mal à payer le coût de ses intérêts. Dans ces cas, les créditeurs du producteur ont le pouvoir de s'emparer de l'entreprise et de faire ie nécessaire pour récupérer leur argent, y compris de laisser les actionnaires les poches vides.

Les entreprises sans endettement n'ont pas ce problème. Leurs actionnaires ne sont peut-être pas dans ce cas-là lorsque l'or chute, évi-demment, mais la survie de l'entreprise n'est ras menacée par des créanciers en colère. Les mineurs couverts ont tout de même tendance _ surpasser leurs concurrents qui ne le sont pas cans les marchés en baisse. Lorsque l'or aug-mente par ailleurs, le levier financier ( c'est-à-c.re une bonne partie de la dette sur la mon-naie fiduciaire ) peut être un plus, parce que le : ids de la dette - libellé dans une monnaie rn dépréciation - diminue. Les augmentations : nt donc plus rapides au niveau des bénéfi-. rS, il y a moins d'inquiétude au niveau des

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frais des intérêts et plus d'enthousiasme de la part des investisseurs pour l'action.

Levier d'exploitation. Les mines à bas coût se révèlent généralement plus rentables et moins risquées si le prix de l'or chute. Leurs propriétaires sont généralement considérés comme les vedettes de l'industrie et ils ont une valeur marchande plus élevée. Mais lors-que l'or est en hausse, les mines à coût élevé présentent un avantage. Puisque au départ leurs marges bénéficiaires sont relativement étroites, un taux de change de l'or en augmen-tation leur donne un plus gros pourcentage que celui de leurs voisines à bas coût.

Imaginons deux mines qui produisent tou-tes deux un million d'onces par an. La compa-gnie A productrice à bas coût, qui peut ame-ner l'or sur le marché pour 150 $ l'once, ga-gne 250 $ par once, ou 250 millions de dol-lars, lorsque l'or est à 400 $ par once ou 12,86 $ le gramme. Si l'or monte à 500 $ par once, ou 16,08 $ le gramme, ses gains aug-mentent de 100 millions de dollars, soit 40%. Le coût de la compagnie B, lui, est de 350 $ par once, ou 11,25 $ le gramme, ce qui signi-fie qu'elle ne gagne que 50 millions de dollars lorsque l'or est à 400 dollars, mais 150 mil-lions lorsque l'or monte à 500 dollars, soit un gain de 300%. Les investisseurs rémunèrent généralement un pourcentage sur les gains. Dans notre exemple, il y a donc des chances que l'action de la compagnie B se surpasse. Contrairement à la question de la couverture, nous ne prenons pas de position ferme sur le levier d'exploitation. Quant à savoir si le gain potentiel vaut le risque supplémentaire, c'est à chaque investisseur d'en décider.

Le levier de devises. Les producteurs d'or opèrent dans différentes parties du monde et utilisent donc différentes devises. Leurs coûts d'opération - la main d'œuvre, l'intérêt et les

équipements — deviennent plus ou moins coû-teux selon la valeur de la monnaie du pays. Imaginons par exemple le cas d'un mineur en Afrique du Sud qui paie ses ouvriers en rands. Lorsque le rand est plus fort que l'or, les coûts du mineur sud-africain montent par rapport iu prix qu'il récupère pour son or, et cela di-minue donc ses bénéfices.

Pendant une bonne partie des années 90, le dollar en hausse a été un avantage pour les mineurs étrangers puisqu'il diminuait leurs coûts du point de vue de la principale mon-naie mondiale.

Aujourd'hui, le processus s'inverse. Pour mieux comprendre ce qui se passe, disons que lor augmente de 50% par rapport au dollar mais le rand, étant la monnaie d'un pays pro-_acteur, prend 25% de valeur par rapport au : jllar. L'or n'a effectivement augmenté que de 25% pour les mineurs d'Afrique du Sud, un : li bénéfice, mais la moitié seulement du bé-

néfice venait d'un mineur basé aux États-Unis qui récupère la totalité des 50% puisque l'or -jgmente en relation avec le matériel qu'il _;hète et les salaires qu'il paie.

Le levier de lor. Un mineur comme Gold-. rp qui non seulement ne protège pas mais - .cumule de l'or à la place du cash, est profon-ir.ment affecté par les changements du cours _r l'or. Cela signifie qu'il a un haut niveau de : :er de l'or. Celui qui met en place une cou-rrture active par ailleurs a verrouillé son prix

:r vente, et ne se préoccupe pas beaucoup de - sur le court terme. Pour prendre un exem-

ple extrême, le mineur australien Sons of awalia a vendu à terme non seulement sa : • duction à venir de l'année mais toute sa ré-serve de base, soit environ 7 années. A moins :t découvrir encore de l'or, pour les 7 années m van tes, la société ne portait que le nom de

_ me d'or, et elle affichait un flux de revenus

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qui n'avait pas de lien avec le taux de change à venir de l'or. Elle déposa le bilan en 2004.

Qualité de la gestion. Lorsque vous ache-tez des actions auprès d'un producteur d'or, vous achetez bien évidemment ses réserves et tout ce dont nous avons déjà parlé. Mais vous achetez également une équipe de direction. Et rien, même pas l'or trouvé en sous-sol, n'est aussi important sur le long terme parce qu'une bonne direction se traduit par des décisions ju-dicieuses. Pour les compagnies minières, cela signifie un fonctionnement efficace des mines existantes, des stratégies de financement et d'exploration qui allient la bonne dose de pru-dence et d'opportunisme ainsi qu'une commu-nication efficace avec les actionnaires et Wall Street. Cela veut aussi dire acquérir d'avanta-ges de réserves à bas coût à des prix attractifs ce qui n'est pas simple car pratiquement tous les autres mineurs tentent de faire la même chose.

Pourtant, certaines équipes de direction peuvent le faire de façon systématique. Cela se traduit par une croissance de leur compagnie et le revenu qui va chez les investisseurs aug-mente plus vite que pour l'industrie, dans sa totalité. Vous voudrez bien évidemment vous trouver du même côté que ces gens-là.

Comment les identifier ? Commencez d'abord par leurs résultats. Évidemment, le succès passé n'est pas une garantie pour les ré-sultats à venir mais si une direction a cons-tamment enrichi ses investisseurs, alors il sem-ble raisonnable d'assumer qu'elle va continuer.

Comme c'est le cas pour beaucoup d'autres points positifs, Newmont est un bon exemple qui illustre notre propos. En 1997, tandis que la baisse de l'or donnait de jolies réserves bon marché, Newmont a commencé à engloutir d'autres opérateurs de haute qualité comme

Santa Fe Pacific Gold, Battle Mountain Gold, Normandy et Franco-Nevada. En 2002, il était le plus gros producteur d'or du monde mais, et c'est important de le souligner, il y était parvenu sans surendettement. Début 2004, sa dette pesait moins d'un quart de son capital total, tandis que sa capitalisation bour-sière était d'environ trois fois son niveau de 2000.

Le récent succès de Newmont est dû en Donne partie à son président précédent Pierre Lassonde qui rejoignit l'entreprise après son départ de Franco-Nevada qu'il avait aidé à construire, puis à fusionner avec Newmont en 2000. En se fondant sur son travail chez Fran-co-Nevada et à son poste chez Newmont, Las-sonde est généralement considéré comme l'un des dirigeants les plus intelligents, voire le meilleur du secteur minier. Cela ne fait aucun doute qu'une bonne partie de l'actuelle valeur marchande de Newmont repose sur les inves-tisseurs qui parient sur une continuation de la politique de Lassonde. Pour analyser les équi-pes de direction chez les autres miniers, voyons de plus près leurs critères :

Inexpérience. Qu'ont-ils fait auparavant qui s : it applicable aux mines d'or ? Diplômes c ingénieur, positions de dirigeants dans l'in-rastrie, contacts dans le monde financier, tous : int utiles. Mais gardez à l'esprit que les grands mineurs ne sont pas forcément de très bons PDGs. Lorsque quelqu'un passe d'un ni-• eau à un autre, il est considéré avec scepti-.sme jusqu'à ce qu'il ait fait ses preuves.

Longévité et stabilité. Depuis combien de -rmps ces personnes occupent-elles leur poste i-rtuel ? Évidemment, un long mandat cou-- r.né de succès est rassurant et de nombreux : r angements sont sujet à caution.

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Résultats récents. Leurs décisions ont-elles porté leurs fruits ? Le prix des actions en aug-mentation par rapport à leurs concurrents est probablement la seule chose que la plupart des gens regardent pour évaluer la direction d'une compagnie et dans beaucoup de cas, cela suffit.

Des plans raisonnables. Leurs plans actuels vous semblent-ils raisonnables d'après votre connaissance du marché et les stratégies des autres compagnies bien gérées ?

Une bonne gestion d entreprise. Après les excès des années 90, les pratiques de gestion sont à juste titre sous le feu des projecteurs. Prenez en considération les points suivants :

— Est-ce que les comités qui élisent les membres du conseil, et gèrent la rémunéra-tion des dirigeants, sont indépendants, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de compte à rendre à la direction ?

Ils devraient l'être, pour assurer leur ca-pacité à attirer des gens qui feront plus que juste approuver sans discuter les décisions de la direction.

— Est-ce que les rémunérations des diri-geants sont cohérentes avec le reste de l'in-dustrie ? Les dirigeants qui se surpayent est un acte, comme nous l'avons appris si dou-loureusement ces dernières années, un énorme signal d'alerte. Les bons dirigeants gagnent beaucoup d'argent uniquement lorsque leurs actionnaires en gagnent aussi.

— Est-ce que beaucoup de personnes en interne possèdent des actions ? Vous êtes plus riche avec des compagnies dans les-quelles les dirigeants sont aussi de gros ac-tionnaires ( comme Newmont, fin 2003, Lassonde et plusieurs autres dirigeants pos-sédaient 15 millions d'actions). Un diri-

geant, qui est aussi un actionnaire impor-tant, risque sa fortune personnelle à côté de vous et aura le même objectif que vous, un prix de l'action plus élevé.

— Est-ce que les commissaires aux comp-tes sont aussi des consultants ? Les compta-bles qui examinent les comptes d'une en-treprise ne devraient pas être payés pour faire autre chose. Cela génère trop de con-flits d'intérêt.

La gouvernance d'entreprise est une ques-tion toujours en évolution qui est beaucoup trop compliquée pour être complètement cou-verte ici. Mais elle est importante parce ; a une bonne gouvernance génère de bons ré-altats et que Wall Street en est bien con-

fient maintenant.

Acquéreur ou acquis ? Une mine d'or est t ujours un mélange bouillonnant de fusions et d'acquisitions ; mais récemment le rythme > est accéléré. Pourquoi ? En grande partie du tait de l'objectif relativement étroit de la com--unauté des investissements dans l'or. Les -.édias tendent à citer la même poignée de -ajors et les gestionnaires financiers en possè-dent en plus grande proportion que les plus retits joueurs. Le marché accorde donc une -leur plus grande aux réserves des majors, ce

: ai est une autre façon de dire que le capital est moins cher pour les majors que pour les ju-niors et les moyennes.

L'accès à ce capital bon marché permet aux -.aiors de se développer en raflant les réserves tri mineurs plus petits. Une fois qu'elles sont T.sionnées dans le portefeuille d'un major, ces reserves sont estimées par le marché selon la plus haute valeur marchande de l'once du ma-:r. Cela rend ces acquisitions rentables en - outant d'avantage aux bénéfices que ce qu'ils :DÛtent.

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Les majors peuvent laisser les compagnies plus petites faire le travail risqué de l'explora-tion puis plonger et les acheter une fois que leurs propriétés sont manifestement intéres-santes.

RECENT GOLD-MINING M ERG ERS/ACQUISITIONS

Year Buyer Target Deal value ($ millions)

2000 Gold Fields Damang 50 2000 AngloGold Morila 170 2000 Barrick Pangea 190 2000 AngloGold Geita 300 2000 . Newmont Battle Mountain 600 2000 Franco-Nevada Euro-Nevada 1,200 2001 Goldfields Delta Gold 500 2001 Barrick Homestake 2,300 200I Goldfields WMC Gold 520 2002 Placer Dome AurionGold 790 2002 Newmont Franco-Nevada and Normandy 4,350 2003 Placer Dome EAGM 290 2003 Harmony ARMGold 900 2003 AngloGold Ashanti 1,130 2003 Kinross Echo Bay and TVX 1,400 2004 Goldcorp Wheaton River 2,650 2006 Glamis Western Silver 1,200 2006 Barrick Placer Dome 10,400 2006 Goldcorp Glamis 9,500 2007 Yamana Meridian 3.560

Récentes fusions/acquisitions de mines d'or

En d'autres termes, il vaut mieux être plus gros, ce qui explique le mouvement constant de fusions récentes parmi les majors. Ce ta-bleau répertorie quelques uns des faits mar-quants les plus récents.

Pour les investisseurs, voici trois points d'intérêt :

- Les avantages des majors sont réels et vont le rester probablement pendant un certain temps ce qui leur offre des perspec-tives de croissance incroyablement plus in-téressantes que ce que vous pourriez atten-dre de sociétés de pointe dans une indus-trie en pleine maturité. C'est tout particu-lièrement vrai pour les majors capitalisées et conservatrices qui ont d'énormes capaci-tés d'emprunt si elles décidaient de s'en servir. Alors ne soyez pas surpris quand

l'un de vos majors, acheté à cause de son bilan solide comme le roc, déclenche sou-dain un effet de levier pour procéder à une énorme acquisition. Ce type de création d'empire survient dans chaque marché haussier tandis que les dirigeants commen-cent à se concentrer sur leur héritage plu-tôt que de surveiller les détails ordinaires de leurs journées de travail. Votre porte-feuille traditionnel peut se transformer en quelque chose de beaucoup plus offensif d'un simple coup de crayon. Soyez pru-dent.

— Quand une mine junior se développe et que sa visibilité augmente, attendez-vous à ce que sa valeur marchande monte plus vite que sa production d'or. Cela vient du nombre croissant de personnes qui veu-lent acheter dû au fait que ses succès atti-rent l'attention des médias et des investis-seurs. La capacité d'une petite compagnie à se développer par le biais d'acquisitions est importante. Pour mieux juger, commen-çons par regarder ses finances. A-t-elle déjà beaucoup de dettes ( qu'il s'agisse de cré-dits bancaires ou d'une couverture sur l'or ) ce qui compliquerait encore d'avantage les choses si elle en contractait une nouvelle ? Sa capacité à acheter d'autres biens est alors limitée. Ou bien est-elle sans endet-tement, ce qui signifie qu'elle dispose de beaucoup de capital ? A-t-elle des proprié-tés stratégiques ? Un mineur australien qui achète une mine en Amérique du Sud pourrait trop diluer sa gestion alors qu'un mineur canadien qui achète une propriété à côté de ses mines les plus rentables crée beaucoup de synergie. Bref, nous sommes maintenant immergés dans l'activité mi-nière et si vous voulez en savoir d'avan-tage, songez à vous inscrire à l'une des newsletters citées en fin de livre.

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— Les juniors deviennent des candidats pour une offre publique d'achat dans la mesure où elles réussissent à transformer des propriétés spéculatives en mines d'or. Tandis que l'or entre dans la phase frénéti-que du marché haussier actuel, les juniors pourraient alors connaître le genre de fré-nésie destructrice qui avait accueilli les premières offres publiques des valeurs In-ternet à la fin des années 90.

Construire un portefeuille d'actions de mines d'or

Nous arrivons enfin à la partie amusante : construire un portefeuille d'actions. Pour réus-sir, commencez par regarder dans le rétrovi-seur. Pour détourner une grande partie du sens du classique Money Game d'Adam Smith, si vous ne savez pas qui vous êtes, le marché financier est un endroit coûteux pour le dé-couvrir. Et puisque nous n'avons jamais été aussi certains que le dollar et l'or vont se sépa-rer au cours des dix prochaines années, rien n'est jamais garanti dans la vie. Tout investis-sement comporte des risques et les titres mi-niers figurent parmi les plus fantasques de tous. Alors réfléchissez bien à la volatilité que vous pouvez supporter. Est-ce que vous dor-mirez aussi bien si votre portefeuille accuse temporairement une baisse de 20% ? Etes-vous prêt à vous débarrasser des perdants pour empêcher votre portefeuille de chuter de 40% ? Plus grande est votre tolérance au ris-que, plus vous pouvez vous montrer offensif pour structurer un portefeuille. Voici d'autres questions à se poser :

— Quel est votre objectif ? Revalorisa-tion du capital, préservation du capital, re-venu de dividendes ou bien une combinai-son des trois ?

— De quel laps de temps disposez-vous ? Si vous avez besoin d'un certain montant de capital sous trois ans, vous op-terez pour une position conservatrice indé-pendamment de votre tolérance au risque. Si vous ne le dépensez pas pendant 20 ans, alors vous pouvez vous offrir le choix de parier sur des tendances qui peuvent pren-dre du temps.

— Connaissez-vous bien le domaine de l'investissement ? Plus vous en savez et plus vous pouvez décider par vous-même et accepter de prendre plus de risques sur certains titres.

— Combien de temps pouvez-vous con-sacrer à vos investissements ? Moins vous aurez de temps, plus vous adopterez une position conservatrice.

Une fois que vous avez dessiné votre profil i investissement, vous êtes prêt à mettre en rlace un portefeuille de titres miniers. Nous i.vons listé des noms pour illustrer différents roints, mais du fait du délai qui va s'étaler en-tre l'écriture de cet ouvrage et votre lecture, ne considérez pas ces exemples de portefeuilles somme des recommandations d achat. Ils ne

snt cités qu'à titre d'exemple et ils reposent • ir des informations dont nous disposons au moment où nous écrivons ce livre soit fin 2007.

Exemples de portefeuilles

Conservateurs. Vous souhaitez construire _n capital et générer des revenus tout en pré-;ervant le pouvoir d'achat de votre argent et eviter des surprises désagréables. Cela signifie rosséder essentiellement des majors avec des :oûts de production faibles, diversifiés, bien :ipitalisés et qui versent des dividendes ainsi :ue quelques compagnies moyennes très soli-

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des. Ces réserves, dont on connaît déjà les quantités, et qui sont largement détenues par des fonds communs de placement, ne vont pas grimper comme les plus spéculatives de ni-veau intermédiaire et les juniors, mais elles vont suivre le taux de change de l'or et elles pourront le faire sans la volatilité de leurs au-tres concurrents plus simples.

Équilibrés. Vous voulez posséder au moins quelques uns des gros gagnants du marché haussier de l'or sans prendre de risques inuti-les. Alors vous mélangez et assortissez, vous achetez quelques uns des majors les plus of-fensifs et des niveaux moyens plus forts avec peut-être un ou deux juniors prometteurs afin de donner à l'ensemble un aspect intéressant. Ces actions bougeront plus que l'or — à la fois en hausse et en baisse — donc vos bénéfices se-ront une version exagérée de la trajectoire de l'or. Vous gagnerez certainement d'avantage qu'avec un portefeuille conservateur, au prix de quelques frissons le long du chemin.

CONSERVATIVE GOLD MINING STOCK PORTFOLIO

Company Ticker Market Value 11/23/07 (USS mill.)

AGCRESSIVE PORTFOLIO

Gold Fields Goldcorp Newmont IAMGOLD Royal Gold

GFI GG NEM IAG RGLD

11,490 24,460 23,540

2,640 896

Company Ticker Market Value 11/23/07 (USS mill.)

Crystallex Durban Deep Lscellon Resources Gammon Gold Golden Sur Créât Panther High River Gold Minefinders Novagold S*ver Standard

KRY DROOY EXN.V GRS GSS GPR.TO HRC.TO MFN NC SSRl

648 304 233 822 780 80

647 587

1,006 2,270

Offensifs. Vous êtes intrigué par notre prédiction de chaos financier mondial et de taux de change de l'or en hausse. Vous pouvez prendre des risques et continuer à bien dor-mir, alors vous voulez le gros lot. Votre porte-feuille contient quelques uns des niveaux moyens les plus offensifs, les juniors les plus prometteurs et quelques propriétés. Plusieurs de ces propriétés vont disparaître pour diffé-rentes raisons, elles vous coûteront tout ce que vous avez pu y mettre, voire même votre por-tefeuille entier pendant un temps. Mais d'au-tres verront leurs valeurs se multiplier par rap-port à leur prix d'achat. Vous devriez bien vous en tirer et vous ne vous ennuierez certai-nement jamais.

BALANCED PORTFOLIO

Company Ticker Market Value 11/23/07 (USS mill.)

Agnico-Eagle Freeport McMoran Gold Fields Goldcorp Kinross Gold Newmont Pan AmericanSilver Royal Gold Silver Wheaton

AEM PCX GFI GG KCG NEM PAAS RGLD SLW

7,100 34,750 11,490 24,460 11,220 23,540

2,460 896

3,360

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Les fonds communs de placements

de métaux précieux

Si vous pensez après tous ces chapitres que analyse des actions des mines d'or demande

: eaucoup de travail, ne vous inquiétez pas. -eu de gens ont le temps ou l'envie de créer et ic suivre de près un portefeuille d'actions dans . secteur des mines ou autres d'ailleurs. La

rlupart préférerait en confier la gestion à un spécialiste. C'est la raison pour laquelle le sec-:eur des fonds communs de placement est si r norme.

Même dans une niche aussi étroite que ,r!le des métaux précieux, le choix des fonds r-s: énorme. Mais ils ne sont pas tous identi-rnes bien sûr, alors faites quelques recherches ne votre côté pour trouver ceux qui correspon-dent le mieux à votre personnalité et à vos ob-rctifs d'investissements. Cherchez le bon mé-mge d'actions en termes de taille, de levier, ie politique des revenus et de l'exposition géographique. Adressez-vous à un gestion-naire de fonds qui achète et vend dans un Ca-ire qui vous met à l'aise. Vous ne trouverez ras l'alchimie parfaite mais en cherchant un reu, vous vous en approcherez de près. Voici es points importants à comprendre à propos nés fonds que vous étudiez :

Les frais. Les honoraires qui sont associés à . achat ou à la vente de fonds correspondent à :e que l'on appelle les frais. Dans la plupart :es cas, ils remboursent simplement le con-

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seiller financier qui gère la paperasse et ne dé-veloppe pas le résultat du fonds. Les fonds qui facturent des frais sont donc au final beaucoup moins intéressants que leurs concurrents qui ne comptent pas de frais. Les fonds qui sont listés ici ne comptent pas de frais puisque, toutes choses étant égales par ailleurs, c'est par là qu'il faut commencer. Il n'y a pourtant que peu d'exemples pour lesquels le paiement de frais est justifié, par exemple si vous tra-vaillez avec un planificateur financier de con-fiance et que c'est ainsi qu'il est rémunéré. Si un fonds qui prend des frais se trouve dans son objectif ou son résultat ( on peut citer l'exem-ple de Fidelity Magellan lorsqu'il était géré par le légendaire Peter Lynch ), le coût sup-plémentaire peut valoir la peine.

Actifs sous gestion. Les fonds plus impor-tants ont tendance à être plus stables et plus à même de prendre des positions plus importan-tes dans des compagnies prometteuses. Mais au-delà d'un certain point, un grand fonds se retrouve à posséder pratiquement tout ce qui a de la valeur, il restreint la marge de manœu-vre de ses dirigeants et diminue fortement la valeur de leur jugement. Alors, idéalement, un fonds devrait être suffisamment grand pour rester stable et suffisamment petit pour être adroit. La répercussion en termes d'actifs variera en fonction de la taille globale de ce marché et de l'argent qui y sera injecté par les investisseurs.

La gestion foncière. Un fonds doit suivre sa feuille de route, même lorsque les person-nes qui l'ont définie ne restent pas. Ne vous contentez donc pas de regarder les résultats sur 3 ou 5 ans mais étudiez aussi ceux de l'ac-tuel dirigeant en poste. Heureusement, le monde des placements d'or est petit. Il donne aux gestionnaires de fonds peu de chances de changer de travail. La plupart des fonds de no-tre liste ont été gérés par les mêmes personnes

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sur une période donnée. Cela signifie donc qu'ils ont constitué les records du fonds.

Le ratio des frais. A première vue, la question du coût ressemble au talon d'Achille de la communauté qui gère les fonds or. A quelques exceptions près, même les fonds les mieux gérés qui ne prennent pas de frais fac-turent un montant significatif pour le privi-lège d'investir chez eux. Sur la liste ci-dessous, les frais de gestion partent d'un raisonnable 0,7% pour aller jusqu'à plus de 3% avec un taux moyen de 2%. C'est élevé mais cela se ustifie tout de même. Les titres miniers font

partie d'un domaine bien spécialisé et cela coûte cher d'attirer des dirigeants avec un bon savoir-faire en exploitation minière et en géo-logie. Par ailleurs, les compagnies minières sont situées un peu partout dans le monde et les gestionnaires de fonds sont amenés à se dé-placer dans des endroits difficiles d'accès comme l'Erythrée ou la Papouasie Nouvelle-Guinée.

Le chiffre d'affaires. Il s'agit de la mesure de la fréquence à laquelle un gestionnaire de ronds achète et vend, le tout exprimé en pour-centage annuel. Un chiffre d'affaires de 50% signifie qu'en moyenne, un fonds remplace la moitié de ses actions dans son portefeuille sur _ne année donnée. Ainsi, 100% signifie qu'il es remplace toutes. Un fonds qui garderait

ses actions pendant des années aurait alors un chiffre d'affaires beaucoup plus bas que celui c'un fonds qui réalise des échanges actifs. Nous ne pourrions pas vendre n'importe la-quelle des actions en métaux précieux aux prix ne 2007, alors nous nous méfions face aux - nds à forte rotation. Pourquoi perdraient-ils ieur temps ?

Objectif. Comme pour n'importe quel au-tre secteur de fonds, les fonds de métaux pré-::eux peuvent adopter des approches différen-

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tes par rapport aux marchés. Certains ne dé-tiennent que des majors, tandis que d'autres possèdent des mines obscures de taille moyenne et des compagnies purement spécu-latives qui peuvent même très bien ne rien produire pour le moment.

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Certains aiment bien les mineurs couverts, d'autres préfèrent ceux qui ne le sont pas. Cer-tains ont de l'or sonnant et trébuchant et/ou des produits dérivés avec leurs actions. L'ex-trémité la plus conservatrice de la courbe se-rait un grand fonds qui détient en majorité des mines majors sans couverture. Les fonds moyens posséderaient des majors sans couver-

ture et des tailles moyennes pour aller jus-qu'aux fonds les plus offensifs qui auraient en majorité des tailles moyennes sans couverture et des juniors.

Ouverts ou fermés. La grande majorité des fonds de métaux précieux sont ouverts ce qui signifie qu'ils peuvent recevoir de l'argent frais et l'investir. Lorsque le marché ferme, ils ajoutent les changements dans leurs différen-tes sociétés et calculent une valeur liquidative. C'est le prix que vous payez pour investir dans ce genre de fonds. Du fait que cette valeur ne peut être calculée qu'après la fermeture des marchés, votre prix d'achat correspond à la va-leur liquidative à la fin de la journée où vous investissez.

Les fonds fermés n'acceptent pas de nou-veaux investisseurs. Ils sont achetés et vendus comme des actions sur une journée. Un fonds rermé peut faire des échanges au-delà ou en dessous de sa valeur liquidative selon la dispo-sition du marché. Tous les fonds sur le tableau ^ont ouverts à l'exception du Central Fund of Canada qui, mis à part le fait qu'il soit fermé, détient de l'or et de l'argent au lieu d'actions minières. C'est un moyen facile et intéressant d'acheter ces métaux précieux. Mais récem-ment, du fait de l'intérêt croissant pour l'or, Central Fund a fait des opérations qui lui ont :oûté cher par rapport à la valeur de ses avoirs ronciers. Fin 2007, ce supplément était d'envi-ron 8%, les nouveaux investisseurs payaient donc un peu plus de 880 $ l'once tandis que l'or était à 820 $. Restez vigilant et si le sup-plément atteint un niveau raisonnable ( ou bien devient négatif comme cela arrive parfois avec les fonds fermés ), considérez sérieuse-ment ce fonds.

Assurez-vous de diversifier. Les fonds, romme les actions, peuvent connaître des nauts et des bas qui sont sans rapport avec

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leur marché. Les récents scandales à propos de la synchronisation des fonds par exemple illus-trent combien des gestionnaires de fonds qui semblent solides comme le roc peuvent suc-comber à la tentation, affaiblir leurs investis-seurs d'une façon qui n'a rien à voir avec le ni-veau du Dow Jones ou le prix de l'or. Et même les meilleurs gestionnaires peuvent prendre de mauvaises décisions. Peu importe qu'un fonds ait l'air parfait, ne lui versez pas plus de la moitié de votre capital. Achetez-en deux ou trois, même si les autres sont moins intéressants, et surveillez et ajustez votre por-tefeuille selon vos besoins et le mouvement des marchés.

Fonds de métaux précieux négociés en bourse. Il s'agit de fonds communs de place-ment ( ETF ) qui offrent une tournure intéres-sante. Ils détiennent en général une certaine quantité d'actions ou de produits d'un indice de marché ou d'une industrie, comme un fonds commun de placement traditionnel, mais qui s'échangent comme une action. Vous pouvez acheter ou vendre ces fonds négociés en bourse par un simple coup de fil ou un clic de souris et vous pouvez les court-circuiter comme avec IBM ou Microsoft. Ils vous per-mettent de placer des ordres de limite et de renforcement pour vous protéger dans les mo-ments de volatilité du marché. Du fait que les actifs de fonds négociés en bourse ne nécessi-tent pas beaucoup d'attention, leur ratio de frais est généralement beaucoup plus bas que celui d'un fonds comparable. Le Standard & Poor's Depository Receipts ETF ( SPY ) par exemple s'harmonise avec l'indice S&P 500 mais il ne facture que 0,10% par an, contre 0,54% pour Fidelity Magellan, le plus grand fonds d'actions géré de façon active.

Étant donné le grand intérêt qu'il présente, il était inévitable que le concept ETF s'appli-que à la fois aux métaux précieux et aux ac-

tions minières et au cours de ces dernières an-nées, certains ont finalement réussi. Les quatre plus intéressants sont :

Ticker Symbol

Asset

StreetTRACKS Gold Trust GLD .SHares Comex Trust IAU iShares Silver Trust SLV Market Vectors Gold Miners ETF GDX

Gold Bullion Gold Bullion Siîver Bullion Gold Mining Stocks

Le Market Vectors Gold Miners ETF dé-tient un ensemble de majors dans les mines d'or, ce qui facilite l'exposition de l'or et la di-versification instantanée. Nous le recomman-ions spécialement aux lecteurs qui ne sont pas prêts à passer du temps pour choisir et gérer an portefeuille d'actions manières, mais il n'est nas parfait. Du fait que GDX détienne des ac-tions de compagnies minières qui couvrent, il . a des chances pour qu'il soit moins perfor-mant au niveau d'un portefeuille bien choisi de producteurs non couverts.

Les trois ETF qui possèdent des métaux rrécieux sont, en théorie, des moyens prati-ques et peu onéreux d'avoir du métal et ils ont été très bien accueillis sur le marché. Street-Tracks Gold Trust, par exemple, détient maintenant 19 millions d'onces d'or, soit plus que les banques centrales de la plupart des pays.

Mais il y a quelques questions qui se posent *u niveau des métaux des ETF et elles sont problématiques, pour ne pas dire plus. D'abord, du fait que les ETF permettent des entes à découvert, même si le métal existe

réellement - et les ETF ne proposent pas d'au-iits indépendants pour le prouver - le même métal peut être détenu deux fois, par l'ETF et rar l'entité qui emprunte le métal et le vend à iecouvert. Par exemple, si un ETF d'or pos-- - Je 100 actions encours et que 10 sont ven-tres à découvert, 110 actionnaires possèdent

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100 onces d'or. Un autre problème plus im-portant est celui de la perte du contrôle de la détention des fonds. Le discours de leurs pros-pectus laisse entrevoir que les fonds puissent avoir moins de contrôle sur leur métal donc que les ETF finissent par avoir moins de métal que ce que peuvent penser les investisseurs. Par exemple, les fonds autorisent leurs diri-geants à sous-traiter le stockage de l'or et de l'argent à des dépositaires et à des sous-dépo-sitaires. Bien qu'ils exigent du dépositaire ( c'est-à-dire la banque désignée par le fonds pour entreposer l'or du fonds ) qu'il soit atten-tif dans sa sélection de ces sous-dépositaires, ils déchargent explicitement le dépositaire de toute responsabilité dans le cas « dun acte ou d une omission, ou pour la solvabilité de tout sous-dépositaire qu'il nomme, à moins que cette désigna-tion riait été faite avec négligence ou mauvaise foi ».

StreetTracks Gold Trust par exemple « ne se charge pas de contrôler le résultat dun sous-dépo-sitaire ». Le contrat ne donne au dépositaire que des droits limités pour examiner les résul-tats du sous-dépositaire et visiter les coffres dans lesquels l'or est supposé se trouver. En d'autres termes, les gens qui entreposent l'or du fonds ne sont pas supervisés comme ils de-vraient l'être, c'est-à-dire de la même façon que les autres ETF. Les actions qui sont ache-tées par les investisseurs peuvent donc très bien ne pas être soutenues par de l'or. En l'ab-sence de contrôle de détention de l'or, le fonds peut être, jusqu'à un certain point, un créan-cier d'un sous-dépositaire ou plus. Le iShares Silver Trust présente même des éléments en-core plus problématiques dans sa documenta-tion. Citons par exemple :

1 ) The iShares sont prévues pour consti-tuer un moyen simple et rentable de réaliser un investissement similaire à celui d'un inves-tissement dans l'argent. Alors que les SLV peuvent être « similaires à un investissement en

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argent », il est important du point de vue de chaque actionnaire de bien noter qu'il ne s'agit pas d'un investissement dans de l'argent son-nant et trébuchant.

2 ) L'expression qui suit est une évidence : < soutenu par largent détenu par le dépositaire au nom de f administration ». La phrase suivante déclare: « Les iShares sont soutenues par les actifs des administrateurs ». Ces deux commentaires sont contradictoires. Titres/emprunts rem-boursables en une seule fois n'ont souvent pas de valeur juridique dans un accord, alors le premier commentaire est hors sujet et il sem-ble être mis en évidence pour induire délibéré-ment le lecteur en erreur. Seule la seconde phrase, qui ne mentionne pas le mot argent, est pertinente. Alors les actions des SLV sont-elles réellement soutenues par l'argent ? Ou, en d'autres termes, de quoi sont composés les actifs qui soutiennent le dépôt ?

3 ) « Les dispositions du dépositaire avec le gar-dien envisagent qu'à la fin de chaque jour travaillé, :! peut y avoir dans le compte en fiducie pas plus de

'..100 onces d argent sous une forme non allouée. Par conséquent, la majeure partie des avoirs en ar-çent de [administration est représentée par de [ar-. : nt sonnant et trébuchant, identifié sur les livres du gardien sous la dénomination de comptes alloués n non alloués ». Envisager ? C'est un niveau très bas à trouver. Pourquoi ne pas dire « ré-..imer » ? Est-ce que c'est parce qu'il peut y -voir plus de 1.100 onces d'argent non al-oué ? Cette conclusion est soutenue par la

rhrase qui suit. Elle devrait être lue en igno-rant le mot « par conséquent » parce qu'il donne impression que le contenu de la seconde

rhrase suit logiquement la première, alors qu'en fait, ça n'est pas vrai. Elle explique que le gardien détient de l'argent pour les SLV à la r;;s « sous forme de comptes alloués et non alloués », :e qui est, bien sûr, contradictoire. Les comp-

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tes non alloués sont uniquement des dettes en argent, il ne s'agit donc pas d'argent sonnant et trébuchant. De plus, pourquoi dit-il que la « masse » de l'argent « est représentée par de f ar-gent sonnant et trébuchant » ? En réalité, il de-vrait dire tout l'argent sauf les 1.100 onces. En disant « masse » au lieu de « tout t argent sauf les 1.100 onces », on peut seulement sup-poser que le choix de « masse » était délibéré, ce qui me fait penser qu'une bonne partie de l'argent n'existe pas sous une forme concrète. Y avait-il une intention malveillante derrière le choix de ces mots - derrière les deux phra-ses citées plus haut - pour induire en erreur les lecteurs occasionnels ?

4 ) « Les rachats peuvent être suspendus uni-quement ( i ) pendant toute période au cours de la-quelle les échanges réguliers sur CAMEX sont sus-pendus ou réduits, ou lorsque t échange est terminé ( en dehors des vacances programmées ou de la fer-meture des fins de semaine ) ou ( ii ) en cas d ur-gence lorsque la livraison, l élimination ou t évalua-tion de largent ri est pas envisageable ». Cette clause est un énorme signal d'alerte. En cas d'urgence, même les personnes autorisées qui créent et rachètent les paniers de iShares en échange de la livraison d'argent dans le coffre ne peuvent mettre la main sur l'argent, en supposant évidemment qu'une fois livré, l'ar-gent ait bien été conservé dans le coffre. Cette disposition très pratique pour le gardien per-met d'éviter tout défaut de livraison puisque probablement le gardien peut faire état d'une situation d'urgence s'il n'a pas l'argent concret à livrer. Cette dépendance sur un tiers pour tenir une promesse est connue sous le nom de risque en contre-partie et, en général, c'est ce qui sépare les investissements financiers ( comme un ETF ) de la propriété d'un actif.

Il y a beaucoup d'autres clauses ambiguës dans les documents ETF mais le propos est bien clair : ils offrent d'exposer le prix de l'or et de l'argent, mais sans posséder directement ies métaux eux-mêmes. Ils peuvent ainsi expo-ser leurs propriétaires à des risques qui n'exis-tent pas avec les métaux précieux bien maté-riels. Alors considérez les ETF comme des ou-tils de transaction, des manières rapides de ouer avec les hauts et les bas sur les marchés des métaux mais absolument pas comme des avoirs fondamentaux de métaux précieux.

De l'or solide ou or papier : quelle est la transaction la plus intéressante ?

Le 8 décembre 2003, le magazine Barroris rît trembler le marché de l'or avec un article qui prétendait que les actions des mines d'or, qui avaient grimpé au cours des derniers mois, étaient surévaluées par rapport à leurs réserves en or. Ce qui est certain, que ce soit dû au fait que l'analyse ait été exacte ou que Barroris soit influent, le taux de change de l'or a augmenté modestement dans les semaines qui ont suivi, tandis que les réserves d'or étaient martelées.

Cet épisode illustre l'un des principaux dé-:îs auquel doit répondre celui qui se construit an portefeuille basé sur l'or : comment savoir quelle est la meilleure possibilité parmi toutes relies qui s'offrent à lui ? Des lingots d'une mce sont-ils moins chers que des actions mi-nières ou vice versa ? Quelle est l'étendue de écart de la valeur ( et inévitable )? Ce sont

des questions très intéressantes. Voici com-ment y répondre : pour une exploitation mi-nière individuelle, rendez-vous chapitre 14 p ur les différentes étapes analytiques et com-rurez le résultat au cours de l'or, à la fois ac-tuel et celui qui est attendu. Puis, prenez en ; mpte le balisage des lingots d'or et vous au-rez une bonne idée de ce qui est le plus inté-ressant entre les lingots et les actions. Pour

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comparer l'or aux actions des mines d'or en général, comparez le cours de l'or à un bon in-dice d'actions minières, comme le XAU qui présente la plupart des principaux producteurs d'or. Comme vous pouvez le constater d'après la courbe qui suit, reposant sur des événe-ments récents, lorsqu'il faut 10 grammes ou plus pour acheter une unité du XAU, les ac-tions minières sont chères si on les compare au lingot et elles ont des chances de ne pas briller dans l'année qui suit. Inversement, lorsqu'il faut 6 grammes ou moins pour acheter un XAU, les actions minières sont relativement bon marché. Le taux de change du gramme d'or actuellement pour le dollar et les autres principales monnaies sont disponibles sur goldmoney.com. Bien que le XAU ait forte-ment augmenté ces dernières années, au mo-ment de l'écriture de ce livre, il se trouvait toujours dans la zone « bon marché » de son historique.

1985 1990 1995 2000 2005 2010 Number of Gold Grams needed to purchase one XAU

Decembtr 1983 through Oaàxr 2007 Source' GoMMoncv.com

Nombre de grammes d'or nécessaires pour acheter un XAU ( de dé-cembre 1983 à octobre 2007 ). Echelle logarythmique - Selling area:

surface de vente - Buying area: surface d'achat

Notre conclusion : Le magazine Barrons s'est réjoui trop vite. Mais cela n'a rien d'inha-bituel dans les marchés haussiers. Dans les pa-ges qui suivent, vous lirez beaucoup d'opi-nions négatives basées sur une analyse qui a l'air solide. Ne les laissez pas ébranler votre conviction.

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Les autres métaux précieux

L'or est le métal précieux qui domine mais :1 n'est pas le seul. Il en existe d'autres, chacun étant unique à sa façon, et ils sont tous sus-ceptibles de bénéficier de l'effondrement du dollar. En voici quelques uns :

L'argent aussi bon que l'or ?

Pendant une bonne partie de l'histoire de .'humanité, l'argent a toujours été proche de .'or, parfois même un rival, alors qu'à certains moments ils ont été complémentaires, et pres-que toujours considérés comme une autre r'orme réelle de l'argent. Les événements dra-matiques qui ont ont remis l'or au centre du monde monétaire vont-ils aussi affecter l'ar-gent métal ? Oui, sans aucun doute. L'avenir Je l'argent est un peu différent de celui de l'or mais sur beaucoup de plans comme réserve de aleur et investissement rentable, il est tout

aussi brillant. Alors commençons au moment ù l'or et l'argent se sont éloignés l'un de l'au-

tre.

Après que le gouvernement américain ait . nfisqué l'or de ses citoyens en 1933, les piè-ces d'argent ont continué à circuler dans le ?ays sous forme de dimes, de quarters, de iemi-dollars et de dollars en argent dont r-aucoup se souviennent. Mais, alors que les ^penses du gouvernement augmentaient à la fm des années 60, la réserve de dollars en pa-r .er en a fait autant. L'argent a conservé sa va-eur tandis que les dollars perdaient la leur et argent dans une pièce de monnaie en est ve-

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nue à valoir d'avantage que la valeur nominale de la pièce elle-même. Les Américains, se con-formant à la loi de Gresham, ont commencé à faire des provisions d'argent métal et à dépen-ser le papier. Et les pièces d'argent ont disparu de la circulation. Le mauvais argent a donc chassé le bon. Aujourd'hui, l'argent des pièces des années i960 vaut environ dix fois la va-leur nominale des pièces elles-mêmes, donc, bien qu'elles aient toujours cours légal, une bonne partie rejoint aujourd'hui les pièces d'or au niveau des collections qu'elles suscitent et restent en sécurité dans des coffre-forts.

Tandis que la demande d'or est restée la plupart du temps monétaire ( ce qui signifie que la nouvelle production est raflée par des gens qui veulent emmagasiner de la richesse que ce soit sous forme de pièces, de lingots ou de bijoux avec beaucoup de carats ) l'argent au XXe siècle est devenu une matière première industrielle avec un prix ( notez bien que l'ar-gent n'étant plus une monnaie, nous parlons de son prix plutôt que de son taux de change ) qui dépend de la demande des utilisateurs plutôt que des collectionneurs ou des investis-seurs. Voici un bref aperçu de ses marchés.

La photographie. Même en déclin, le film repose aujourd'hui sur les idées d'un Anglais qui s'appelait William Talbot. Dans les an-nées 1830, il avait découvert que les halogé-nures d'argent qui se forment lorsque l'argent réagit avec des halogènes comme l'iode, le chlore et le brome étaient extraordinairement sensibles à la lumière. La pellicule couleur dans votre appareil photo est une descendante directe, quoique plus sophistiquée, des pre-mières préparations de Talbot avec trois cou-ches d emulsion de minuscules cristaux de bro-mure d'argent dans une gélatine de colle, cha-cune étant sensible à la lumière rouge, verte ou bleue. Lorsqu'ils sont frappés par la lu-mière, les cristaux se reconfigurent et produi-

sent un rectangle de film exposé qui peut être développé en couleurs. Le processus de déve-loppement nécessite d'immerger le film expo-sé dans une solution qui décape l'argent et permet ainsi de le recycler.

Sector

Electronics and Batteries ewelry and Silverware Photography Coins Other Total

Source: Silver Institute

2006 SILVER DEMAND

Annual demand (mill./oz.) 430 165 225

40 52

912

Percent of total 48 18 25 4 5

100

L'argenterie et les bijoux. L'argent est brillant, plus dur que l'or et beaucoup moins cher. Il est donc populaire depuis la nuit des temps pour tout ce qui est décoration et, au cours des siècles passés, pour la vaisselle de luxe. Cette catégorie représente presque un tiers de la demande d'argent.

L'électronique et îindustrie. La conductivi-té de l'argent à l'électricité et à la chaleur, sa malléabilité et sa résistance à la corrosion font de lui l'un des matériaux modernes technolo-giques les plus appréciés. Les boutons électri-ques qui sont utilisés dans les équipements et .es appareils fonctionnement beaucoup mieux avec l'argent. Le métal est également utilisé jjmme soudure pour assembler les surfaces de métal, comme biocide pour éloigner les infec-:.ons microbiennes et enfin comme revête-ment transparent pour isoler les fenêtres. Il est un élément essentiel dans la plupart des : inneaux solaires et le fil supraconducteur qui . nduit l'électricité avec peu, voire pas de ré--;.5tance ( il pourrait bien révolutionner le sec-teur de l'électricité dans les années à venir ). Selon le Silver Institute, un peu plus de 1.600 mètres de fil supraconducteur contiennent en-• ron 1.000 onces d'argent.

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Les pièces et les lingots. Comme avec l'or, les gouvernements du monde entier ont re-marqué l'intérêt grandissant pour l'argent comme réserve de valeur et une fois de plus, ils frappent des pièces d'argent. Cette partie du marché de l'argent est relativement petite mais elle se développe rapidement alors que les gens recherchent des alternatives solides de l'argent face aux monnaies fiduciaires.

Le déficit de l'argent. Nous en sommes maintenant au point où l'histoire de l'argent devient réellement intéressante. Sur une année en moyenne, un peu plus de 900 millions d'onces d'argent sont consommés par leurs dif-férents utilisateurs. Mais moins de 650 mil-lions d'onces sont produits dans les mines du monde entier. Ce déficit est résorbé de deux façons différentes : les pellicules photographi-ques chargées en argent et l'argent issu de nombreuses utilisations industrielles sont recy-clés. Cela permet d'utiliser plusieurs fois une partie de l'argent récupéré. Plus important toutefois, les réserves d'argent en surface sont épuisées car les banques centrales et autres gros détenteurs d'argent liquident leurs stocks. L'inventaire de l'argent au niveau mondial s'est donc réduit régulièrement. Le gouvernement américain, qui possédait plus de 6 milliards d'onces d'argent dans les an-nées 40, n'en a plus du tout aujourd'hui. Les avoirs officiels de la Chine ont chuté de plus de 50 millions d'onces en 2002 uniquement, et, si l'on en croit le taux actuel de diminu-tion, ils seront éliminés complètement d'ici quelques années3. Les inventaires de la Co-mex, les plus importantes opérations de change en argent du monde, sont passées de 330 millions d'onces en 1980 à environ 130 en 2006. Qui plus est, la réserve d'argent dis-ponible a diminué de plus de 2,5 milliards 3 Note JDL: Depuis 2008, la Chine a encouragé ses habitants à acheter massivement de l'argent et de l'or d'où la hausse rapide du cours entre 2007 et 2011.

d'onces en 1980 pour atteindre aujourd'hui 500 millions, soit moins que ce qui est utilisé sur une seule année.

1,000-

1 600-1

Fabrication demaml Mine production

1 1994

6 1998 2000 2002 Silver Supply and Demand

À la différence de l'or, dont une grande partie est toujours disponible, une bonne quantité de la production d'argent annuelle est consommée et perdue à jamais. Dans le secteur de l'électronique surtout, le montant de l'argent utilisé dans un produit est souvent si petit que cela ne vaut pas la peine de le re-cycler. Votre clavier d'ordinateur par exemple contient moins d'un quart d'argent, cela ne aut donc pas la peine de le récupérer lorsque

• ous le jetez à la poubelle.

Vu sous cet angle, l'argent est une matière rremière intéressante. Son prix connaît des ries simplement du fait du déséquilibre entre 1 offre et la demande, même si l'économie con-rnue de croître régulièrement, en fait surtout s: c'est le cas. En d'autres termes, il n'est pas nécessaire d'avoir une crise monétaire pour gé-nérer un marché haussier de l'argent. Les for-.rs du marché vont générer une pénurie qui, : )utes choses étant égales par ailleurs, déclen-nera une hausse de son prix.

Si vous creusez un peu plus, l'histoire n'en cevient que plus intéressante. Il semble que ri défauts les plus fréquemment citées lors-:ue l'argent est à la hausse sont les erreurs, "•"oyez plutôt :

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La photographie numérique va provoquer l effondrement de la demande d argent. Tous ceux qui ont utilisé l'appareil traditionnel et un nouvel appareil photo numérique savent que le numérique est largement plus intéres-sant. Clairement, les jours de la photographie 35 mm pour le marché de consommation de masse sont comptés et il est à peu près certain que la disparition du film sera très mauvaise pour l'argent. Cette perspective a réellement commencé à peser sur le marché de l'argent en 2003 lorsque Kodak, le plus grand fabricant américain de pellicules a annoncé qu'il aban-donnait ses travaux sur les nouvelles pellicules et qu'il allait plutôt se concentrer sur le côté numérique de son activité.

Est-ce que cela marque la fin de l'argent dans le secteur de la photographie ? Pas du tout. D'abord, nous considérons ce processus de notre point de vue d'occidentaux aisés. Dans une grande partie des autres pays du monde, débourser 100 $ pour un appareil nu-mérique continue d'être une fantaisie. Les ap-pareils photo instantanés relativement bon marché qui consomment de l'argent feront l'objet d'une demande modeste sur les années à venir. Kodak, pour sa part, continuera à vendre beaucoup de pellicules, même si son avenir est ailleurs. Ensuite, et de loin plus im-portant encore, les pellicules photographiques ne sont pas simplement une source de de-mande d'argent, mais aussi une source de fourniture. Souvenez-vous que l'argent recyclé est l'un des moyens les plus importants qui sert à combler le déficit en argent. Une étude a estimé que près de 90% de l'argent utilisé dans la photographie couleurs est recyclé. Donc moins d'utilisation de pellicule signifie moins d'argent recyclé, une diminution de l'offre qui compense presque la baisse de la de-mande. De toute façon, la photographie nu-mérique continue d'avoir besoin d'argent.

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Pour répondre à la demande croissante d impression de photos numériques, des labo-ratoires photos installent des appareils qui im-rriment sur du papier à halogénures d'argent. Résultat : même si le monde de la photogra-rhie devient complètement numérique de-main, le déficit en argent demeurera le même.

La hausse du prix de l argent conduira à une augmentation de la production des mi-nes. Dans le cas du blé, du pétrole ou de la r'upart des autres denrées, une augmentation .es prix conduit à une augmentation de la rroduction qui, à la fin, renvoie les prix au ni-veau auquel ils se trouvaient au départ. Mais cela ne se passera pas ainsi avec l'argent parce rue la plupart du métal extrait est un sous-rroduit de l'exploitation minière d'autres gise-ments. L'argent représente généralement une rart si petite dans l'équation des coûts miniers raune augmentation du prix de l'argent n obligera pas, disons une mine de zinc, à aug-menter sa production. Pendant ce temps, il y i très peu de grandes mines d'argent en opéra-non et cela prend des années pour en mettre re nouvelles en chantier. Le prix de l'argent reut donc monter sans créer une énorme ex-r .osion dans la production d'une nouvelle mine. Les économistes appellent cela îinélasti-cté de l'offre. Cela signifie qu'une augmentation de prix ne conduit pas automatiquement à _ne augmentation de l'offre.

La demande en argent va chuter si les prix augmentent. Si le prix de l'argent monte, nous en achèterons moins, nous sommes d'accord ? En bien, non. L'argent est une partie telle-ment petite par rapport au coût de la plupart res choses qui vont avec, que son prix est rresque hors sujet. Imaginons une paire de roucles d'oreille en argent et en diamants. Les i-imants peuvent coûter entre plusieurs cen---:nes voire milliers de dollars. Le travail du r.joutier et la créativité du design peuvent

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coûter presque autant, selon la difficulté du travail. Mais, en partant du fait que le conte-nu de l'argent est de la moitié d'une once ( qui constituerait néanmoins de belles boucles d'oreille ), l'argent pourrait coûter 7 $ selon les prix de fin 2007. Laissons l'argent aller jus-qu'à 25 $ l'once et son coût dans les boucles d'oreille monte à 14 $, cela reste toujours né-gligeable.

C'est la même histoire dans le domaine de l'électronique où les fins films en argent qui permettent aux circuits imprimés d'accomplir leurs miracles équivalent à de minuscules frac-tions d'une once par puce ou par commuta-teur. A l'exception relativement peu impor-tante des couverts, le prix de l'argent en hausse affectera à peine la demande.

Les gouvernements du monde entier conti-nueront à se débarrasser de largent, tout comme ils le font avec lor, et son prix s en trouvera à jamais diminué. C'est bien ce qu'ils feraient s'ils le pouvaient, mais comme nous l'avons vu plus haut, c'est impossible. Le gouvernement américain est à sec et il doit maintenant acheter de l'argent sur le marché libre afin de frapper de nouveaux Eagles en ar-gent. La Chine est en train d'emprunter ce chemin et aucune autre banque centrale ne dispose d'argent en quantité suffisante pour faire la différence. Si vous additionnez tous ces éléments, vous obtenez un déséquilibre persis-tant ( peut-être un peu plus petit pourtant ) entre l'offre et la demande et des réserves ex-térieures déclinantes qui sont disponibles pour satisfaire le déficit.

Voyons maintenant quelques éléments liés à l'argent qui ne sont pas des contre-vérités :

Le marché de largent est tout petit. Pour mesurer jusqu'à quel niveau le prix d'une den-rée peut aller, vous pouvez comparer la taille

de son marché à la somme des capitaux dispo-nibles. Si vous n'avez qu'un tout petit peu de quelque chose et un capital prêt à commencer à démarrer, vous avez alors tout ce qu'il faut pour d'énormes augmentations de prix. Pour que l'argent augmente considérablement, il serait utile que son offre soit petite par rap-port aux flux monétaires mondiaux. Est-ce ce-la ? Non. L'adjectif petit ne lui rend pas jus-tice. Minuscule ou microscopique serait beau-coup plus approprié.

Sur une année moyenne, comme nous l'avons déjà vu, environ 650 millions d'onces d'argent sont extraits. Au prix de 14 $ par once qui prédominait fin 2007, cette nouvelle offre valait environ 9,1 milliards de dollars. Les réserves d'argent disponibles en surface to-talisait environ 500 millions d'onces pour une valeur de 7 milliards de dollars. Comparez ce total de 16 milliards de dollars avec les autres marchés ci-dessous et il est clair qu'une infime fraction de ces ressources, si elles étaient redi-rigées vers le marché de l'argent, provoquerait une augmentation de son prix.

SILVER IN THE SCHEME OF THINCS

Market Value at year-end 2006 (S billions)

Available silver stockpiles plus annual mine production (at S14/oz) 16 Annual global gold production (80 million ounces at S800/oz.) 64 Market value of ail publidy traded gold-mining companies 250 Microsoft's market value 519 Combined assets of Fannie Mae and Freddie Mac 1,700 Annual U.S. government spending 2,600 Value of ail California single-family homes (12 million homes with an average value of $500,000 each) 6,000

U.S.GDP 13,200 Global GDP 45.000 Total U.S. debt 45.000 Notional value of ail global derivatives 500,000

Réserves d'argent disponibles plus production minière annuelle ( à *4 $/once ) - Production d'or totale annuelle ( 80 millions d'onces à :00 $/once ) - Valeur marchande de toutes les compagnies minières for cotées en bourse - Valeur marchande de Microsoft - Actifs com-: nés de Fannie Mae et Freddie Mac - Dépenses annuelles du gou-. ernement américain - Valeur de toutes les maisons unifamiliales en Californie ( 12 millions de maisons avec une valeur moyenne de rOO.OOO $ chacune ) - PIB américain - PIB mondial - Total de la dette î-néricaine - Valeur notionnelle de tous les produits dérivés mon-Saux.

198 1

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C'est bon marché comparé aux réserves. Le DJ/ratio d'argent a atteint le niveau bas de 18:1 en 1980 ce qui signifie qu'il fallait 18 onces d'argent pour acheter une action du Dow Jones. Puis les réserves et l'argent ont di-vergé et en 2000, il fallait presque 2.500 on-ces d'argent pour acheter le Dow. Fin 2006, le ratio était à 900, en-dessous de son pic mais bien au-dessus de son creux de 1979 et de sa moyenne historique.

C'est peu cher comparé à t immobilier. La maison d'une famille moyenne a été son meilleur investissement ces dernières années, alors cela paraît logique d'ajouter l'immobilier sur une liste d'actifs concurrents. Comment l'argent se compare-t-il au prix d'une maison ? Vous pouvez deviner la réponse. D'après le département du logement et du développe-ment urbain, en 1979, il fallait 3.000 onces d'argent pour acheter la nouvelle maison amé-ricaine moyenne. Fin 2006, il en fallait 15.000 onces !

près de sa moyenne historique à long terme. Fin 2007, il était aux alentours de 54, très bas donc par rapport à son record de 96 en 1991 mais toujours deux fois plus haut qu'en 1979.

40,000-,

ÎO.OOO

s 20,000 A

1979 1985 1990 1995 2000 2007* Silver Required to Buy the Avcrage New U.S. House

, ^ 1979-2007 Depjrtmont of Hotning jnd Urban Development, KHco . Tkrough 3Q_

Quantité d'argent nécessaire pour acheter une maison neuve au prix moyen.

2,500

2,000-

1,000

1979 1985 1990 1995 2000 2007» Silver Required to Buy The Dow Jones Industriel Average

1979-2007 Source: Silver Iiutitute, Dow Jones ofNWmfcw 16. 2007

Quantité d'argent nécessaire pour acheter le Dow Jones Average

Comparé à t or ce n'est pas cher. À l'époque où l'or et l'argent circulaient tous les deux comme monnaies, ils s'échangeaient générale-ment à un ratio fixe, habituellement à environ 15:1 en faveur de l'or. Cela veut dire que 15 onces d'argent s'échangeaient pour 1 d'or. En 1980, le ratio or/argent était autour de 17:1,

Onces d'argent nécessaires pour acheter une once d'or.

Ce paradoxe de l'argent a été la source d'une énorme spéculation dans les milieux concernés : si la réserve d'argent en surface • dans les entrepôts et les applications indus-trielles déjà existantes ) est d'environ 9 fois celle de l'or et qu'il y a environ 10 fois plus d'argent extrait par an que l'or, pourquoi le ratio est-il de 54 au lieu de 9, ou 19 sur 1 ? 5 agit-il de la crainte de la photographie nu-mérique ? Ou bien - il s'agit à notre avis de la spéculation la plus intrigante - y-a-t-il eu un accord passé entre les gouvernements améri-

10 . , . . 1979 1985 1M ' ' 19W ' 2000 ' ' ' ' 2007» Ounces of Silver Required to Buy One Ounce of Gold

Smmce: Silver Irutitute, Kltto 1979-2007 •As ofKerembet 16. 2007

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cain et chinois pour que les États-Unis gar-dent la maîtrise sur le taux de change de l'or et que la Chine fasse de même avec l'argent ? Cela pourrait expliquer les ventes d'argent dy-namiques de la Chine de ces dernières années et l'acceptation par les États-Unis de l'énorme excédent commercial de la Chine.

Ou bien l'explication pourrait-elle être tout simplement que l'offre d'un métal est moins importante que la demande lorsqu'il s'agit d'en déterminer la valeur ? L'or, en dépit de tous ses inconvénients, a conservé une partie de son ancien rôle monétaire. Cela signifie que la demande d'or dépend de l'offre des dollars et autres monnaies fiduciaires qui pourraient potentiellement se convertir en or. C'est donc tout à fait plausible de comparer la réserve d'or en extérieur à l'offre mondiale de dollars ( voir le chapitre 11 sur l'Indice de la Peur ). L'argent, entre-temps, est aujourd'hui une denrée industrielle qui dépend de la demande des industries plutôt limitées dont nous avons parlé plutôt que de la réserve totale mondiale en monnaies fiduciaires.

Mais là encore, le mouvement est sur le point de s'inverser. Lorsque le taux de change de l'or face au dollar tombe, le ratio argent/or a tendance à augmenter ( comme vous pouvez le constater sur la courbe ). L'argent chute plus vite que l'or puisque la composante mo-nétaire de sa demande s'évapore. Mais, dans les marchés haussiers des métaux précieux, l'argent commence à attirer une nouvelle de-mande monétaire et augmente encore plus fort que l'or. En d'autres termes, lorsque les fonds sortent rapidement de la monnaie fidu-ciaire pour aller vers les métaux, l'argent est plus performant que l'or parce que la de-mande de métaux sur la marge a un impact plus grand sur l'argent. Si l'on pouvait compa-rer l'or à un Boeing 747, alors l'argent serait un F-16. Un F-16 décolle sur une toute petite

surface et se lance droit vers la stratosphère en quelques minutes alors qu'un 747 a besoin de beaucoup plus de temps pour gagner de l'alti-tude.

Est-ce que ce schéma va perdurer dans les années à venir ? Presque certain, et les résul-tats seront spectaculaires. Imaginons par exemple que l'or atteigne 2.000 $ ( ce qui va se passer sur un très court laps de temps ) et que le ratio argent/or tombe à 30, ce qui reste encore élevé. Cela signifie que 30 onces d'ar-gent vont servir à acheter 1 d'or, cela implique donc que le prix de l'argent sera de 66 $. L'or commençant à 800 $ et l'argent à 14 $, le taux de change de l'or va donc augmenter de 150% et l'argent à 370%.

Comment posséder de l'argent. Si vous avez lu les chapitres 13 et 14, vous savez déjà comment vous préparer au marché haussier de l'argent puisque le processus est très similaire à celui de l'achat d'or. Les chiffres sont simple-ment beaucoup plus petits.

Les pièces. Beaucoup de pays frappent des pièces commémoratives en argent, vous trou-verez plus loin la liste de celles qui sont les plus populaires. On peut également acheter de l'argent par sacs entiers de dimes, de quar-ters et de demi-dollars. En général, elles sont usées au point que 1.000 $ de valeur nomi-nale équivaut à un peu plus de 700 onces. Ceci dit, procédez de la même façon avec l'ar-gent en lingots que vous le feriez avec l'or : choisissez bien votre intermédiaire, obtenez le meilleur accord sur le bon mélange de pièces et entreposez-les dans un endroit sûr. Comme avec l'or, pour obtenir le plus d'argent possi-ble, achetez des lingots plus gros. Ils sont ha-bituellement moins chers à fabriquer que les pièces.

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Les titres miniers d argent. Tout à coup, on trouve plein de titres miniers d'argent pur. Un prix de l'argent en augmentation devrait faire des merveilles à la fois pour leurs lignes de fond et leurs capitalisations boursières.

Les fonds communs de placement. Pas un seul fonds commun de placement géré active-ment ne se spécialise en argent mais plusieurs fonds en métaux précieux détiennent de jolis montants de réserves en argent. Le Central Fund, dont nous avons déjà parlé, détient de l'or et de l'argent dont le ratio est déterminé entre les deux.

PUBUCLY TRADED SILVERMINING COMPANIES

Company Ticker Market value 11/23/07 ($ millions)

Apex Silver SIL 1,030 Coeur dAlene CDE 1,180 ECU Silver ECU.TO 535 Endeavour Silver EDR.TO 226 Excellon Resources EXN.V 259 First Majestic Silver FR.V 314 Fortuna Silver Mine FVI.V 443 Créât Panther Resources GPR.TO 93 Hecla Mining HL 1,146 Pan American Silver PAAS 2,630 Revett Minerais RVM.TO 55 Silvercorp Metals SVM.V 1,334 Silver Standard Resources SSRI 2,530 Silver Wheaton SIW 3,460

Source: Yahoo! Finance

Revenez à la liste des fonds du chapitre 15 et regardez leurs 25 premiers avoirs fonciers ( disponibles sur le site de Morningstar ou sur le site de chaque fonds ). Si les mineurs d'ar-gent sont bien représentés dans un porte-feuille de fonds, alors cela ouvre une certaine exposition sur ce marché.

Popular Silver Coins and Bars USS Priceat 11/23/07 U.S. Silver Eagle, 1 oz. Canadian Silver Maple Leaf, 1 oz. Silver bar, 100 oz. Silver bar, 1,000 oz. Silver spot price/oz.

Source Kitco

17.29 17.04 1,549

15,090 14.69

Ci-dessous les prix 2007 des pièces les plus populaires sachant qu'en août 2011, l'once d'argent est monté à 41 $.

LE PLATINE ET LE PALLADIUM : LES AUTRES MÉTAUX PRÉCIEUX

Le platine et le palladium n'ont jamais ronctionné en tant que monnaie et ne le feront sans doute pas dans un avenir prévisible. Mais, comme dans le cas des deux autres métaux précieux du monde - et étant des produits in-dustriels hautement recherchées - ils ont pres-que autant de chance que l'argent d'être se-coués par le raz-de-marée des actifs durs. Vous devriez donc les considérer à la fois comme des alternatives de diversification parmi les mé-taux précieux et comme des matières premiè-res de plein droit.

Le platine et le palladium, avec le rhodium, .e ruthénium, l'iridium et l'osmium font tous partie du groupe des métaux platine. Ce sont, avec l'or et l'argent, des métaux nobles, du fait de leur grande résistance à l'oxydation et à la corrosion. Parfois appelé « or blanc », le pla-tine est le plus exceptionnel de tous les mé-taux précieux. La production minière annuelle est d'environ 7 millions d'onces ou moins de 6% de la production annuelle d'or et 1% de celle de l'argent ; 80% du platine mondial vient d'Afrique du Sud et 12% de Russie. Pour le reste, il s'agit de mines qui se trouvent en Amérique du Nord et du Sud. Comme l'ar-gent, le platine est une matière première in-dustrielle qui est utilisée plutôt que thésauri-sée mais à la différence de l'argent, seule une petite partie est recyclée. Tout déficit de pro-duction doit être contenu avec les réserves de surface. Les plus grands stocks de platine sont détenus par les gouvernements des États-Unis, d'Afrique du Sud et de Russie, bien que les rapports russes soient considérés par cer-tains comme étant douteux. Les États-Unis et la Russie ont liquidé leurs stocks et fin 2002, on estimait que les autres inventaires équiva-laient seulement à environ deux ans de con-

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sommation courante. Le prix du platine est donc extrêmement sensible aux changements sur la demande.

1,600 1.400-

v 1,200 e | 1,000-g, 800-m Jjj 600 s û 400

200

" Platmum • Palladium

1993 -r -T- —I— . 1995 1997 1999 2001 200.3 2005

Platinum and Palladium Price» •Ma 24, 2007

— ,

2001 ~r ~r 2007»

Environ 40% de la production annuelle de platine est attribuée à l'industrie de la bijoute-rie où, du fait que sa belle couleur blanche met en valeur l'éclat des diamants, il remplace vite l'or et l'argent comme étant le choix par-fait. 35% sont utilisés dans les convertisseurs catalytiques automobiles, des dispositifs qui transforment les gaz toxiques produits par l'essence sans plomb en dioxyde de carbone et en eau. Le reste dessert une large gamme de niches industrielles. Du fait qu'il ne se corrode pas, le platine est utilisé par l'industrie chimi-que pour fabriquer des cuves pour l'élabora-tion d'acides. Lorsqu'il est mélangé au cobalt, le platine peut conserver des quantités énor-mes d'informations, faisant de lui le moyen privilégié pour les disques durs des ordina-teurs. Il empêche la croissance des cellules cancéreuses, il est ainsi l'un des principaux composants des composés de chimiothérapie. Selon une estimation, 20% de tous les pro-duits manufacturés aujourd'hui contiennent soit du platine ou bien sont produits avec du matériel qui contient du platine.

Le palladium est le principal concurrent du platine dans les convertisseurs catalytiques. Plus efficace sur les moteurs diesel, on observe une forte demande car les véhicules diesel re-

lativement propres deviennent plus populaires en Europe et au Japon. L'industrie automobile fait des recherches pour rendre efficaces les convertisseurs catalytiques à base de palla-dium sur les moteurs à essence bien que jus-qu'à présent, le procédé n'ait pas produit de résultats commercialisables. La Russie fournit habituellement environ deux tiers du palla-dium mondial ( principalement comme dérivé de ses mines de platine ) et l'offre et la de-mande sont à peu près en équilibre à environ 6 millions d'onces par an.

Si nous observons la courbe, les deux mé-taux présentent trois énormes avantages. D'abord, ils constituent d'importants compo-sants des piles à combustible qui génèrent de l'électricité en fractionnant l'hydrogène en plusieurs parties. Elles sont de plus en plus considérées comme étant la technologie qui va succéder à la fois aux moteurs à combustion .nterne et aux centrales à combustion fossile. Ensuite, comme d'autres choses, le platine et .e palladium sont des « éléments » de la scène chinoise. Tandis qu'une plus grande partie de la nouvelle classe moyenne chinoise achète des voitures et que les lois chinoises sur la pollu-tion atmosphérique deviennent plus strictes, la demande pour les convertisseurs catalyti-ques augmente. C'est la même chose pour ilnde dont le taux de croissance est presque aussi rapide que celui de la Chine et qui va de-venir, si les tendances actuelles se confirment, .e pays le plus peuplé du monde avant la fin du XXIe siècle. Enfin, et c'est le point le plus important pour nos objectifs, la demande d'in-vestissement en pièces de platine et de palla-dium a des chances de suivre les traces de l'or et de l'argent. Comme vous le verrez plus loin, il est possible d'acheter des pièces faites avec :es deux métaux chez les mêmes intermédiai-res qui vendent des pièces en or et en argent.

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Du fait que la situation de l'offre et de la demande est précaire pour ces deux métaux, une hausse de la demande venant de l'une ou l'autre de ces trois sources, sans parler des trois en même temps, ferait voler les prix en éclat. L'inconvénient, puisque le platine et le palla-dium se disputent de nombreuses utilisations industrielles ( alors que le platine rivalise avec l'or et l'argent dans la bijouterie ), est que la demande pour chacun de ces métaux est sensi-ble aux prix. Une forte augmentation pourrait pousser les utilisateurs à choisir d'autres mé-taux précieux/nobles, venant ainsi limiter ou inverser le mouvement initial. Le pouvoir de cette sorte et élasticité était manifeste en 2001 lorsqu'une pointe dans le prix du palladium provoqua une baisse de la demande qui à son tour obligea le prix à revenir en arrière. Du fait que ces métaux sont plus industriels que monétaires, la demande chute lorsque l'écono-mie ralentit.

Tirer profit d'un marché haussier des métaux nobles. En supposant qu'au moins l'un des éléments ci-dessus générateur d'une nouvelle demande - piles à combustible, croissance de la Chine et de l'Inde ou ventes de pièces — se concrétise, ces petits marchés en équilibre précaire pourraient faire un bond en avant dans les années qui viennent. Si vous avez lu les chapitres qui concernent les pièces d'or et les actions minières, vous avez une idée générale sur la façon dont vous pouvez tirer parti de la tendance. Le platine et le palla-dium sont extraits par une poignée de compa-gnies dont vous trouverez les plus importantes dans le tableau ci-dessous. Certains de ces ti-tres sont peu négociés sur les marchés améri-cains, ils sont très illiquides et donc risqués. D'autres sont surtout des mines de nickel et autres métaux ce qui fait qu'ils sont moins purs que les métaux nobles.

Soyez prudent, faites de sérieuses recher-:hes, consultez votre courtier et après avoir irheté, restez vigilant.

PLATINUM/PALLADIUM MINERS

Company Symbol Headquarters Market Cap 11/23/07 ($ mill.)

Vîgto Platinum AAPTF.PK South Africa NA Aouarius Platinum AQPBF.PK South Africa NA -npala Platinum IMPAF.PK South Africa NA Lonmin LNMIF.PK South Africa NA sonlsk Nickel NILSF.PK Russia NA Sorth American Palladium PAL Canada 358 StHlwater Mining SWC U.S. 885

Le platine et le palladium sont en général disponibles auprès des mêmes vendeurs qui s'occupent d'or et d'argent mais la sélection est considérablement plus réduite. Les Eagle en platine sont de tailles différentes, et cela va du 1/10 d'once à l'once alors que le palladium est principalement disponible en lingots d'une once. Du fait qu'il s'agit de petits volumes, ils >nt généralement de plus grandes marges que

les pièces en or et en argent. Ils ne sont pas non plus aussi reconnaissables que l'or et l'ar-gent, et donc plus difficiles à vendre. Mais dans un contexte de mouvement inflationniste mondial, ils pourraient cependant se dé-brouiller très bien. Pour trouver des informa-tions supplémentaires mises à jour, vous pou-vez aller visiter les sites comme infomine.com, platinum.matthey.com ou platinuminfo.net.

LES PIÈCES RARES

Si vous parlez de pièces d'or ou d'argent au-tour de vous, tout le monde va penser à la pièce d'or classique ou bien à la pièce d'argent que l'on reçoit habituellement en cadeau pour son dixième anniversaire. Elle rejoint ensuite un coin poussiéreux où s'amoncellent toutes sortes de collections oubliées depuis des an-nées. Ce sont des numismatiques qui, du fait de leur ancienneté ou de leur rareté ou bien

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des deux, intéressent généralement les collec-tionneurs plutôt que les épargnants et elles valent probablement beaucoup plus que leur contenu de métal. Ces pièces sont donc uni-quement et accessoirement liées aux tendan-ces des prix des métaux précieux, et ne font pas partie des différentes manières d'utiliser l'or ou l'argent pour protéger votre pouvoir d'achat.

Mais cela ne veut pas dire que les pièces ra-res sont de mauvais investissements. Au con-traire, beaucoup ont été des grandes gagnan-tes ces dernières années. Des pièces rares bien choisies seront même doublement gagnantes lors de l'effondrement du dollar bénéficiant de tout le capital arrivant dans les biens durables et le profil en hausse des métaux précieux en général. Un des autres points d'intérêt de ces pièces rares - et c'est potentiellement un point énorme - est que, dans le cadre d'une éven-tuelle nouvelle confiscation d'or par le gouver-nement américain, les pièces datant d'avant 1933 pourraient bien ne pas faire partie du lot. Pour avoir plus de détails, vous pouvez consulter : Gold Confiscation : It could happen agairi4 et How You Can Survive a Potential Gold Confiscation\ Ces deux rapports ont conclu que les gouvernements, même ceux qui interdisent la possession d'or, sont peu disposés à confis-quer les pièces rares car elles ressemblent plus à des Van Gogh qu'à une monnaie, et elles ne représentent donc pas une menace pour le gouvernement. Même les États totalitaires comme l'Union Soviétique permettaient a leurs citoyens de posséder des pièces rares. Aux États-Unis, l'exonération des numismati-ques de tout contrôle est une longue histoire qui commence avec la confiscation de 1933 e: qui se poursuit avec les règlements du Trésor

4 Blanchard 1 866-550-9093

des années 1950 et i960. Comme vous pou-vez le constater, une large catégorie de pièces s'achètent en grande partie à cause de cette protection.

U.S. ST. CAUDENS $20 GOLD PIECE S value at November 28, 2007

3ate 60 61 62 63

Crade 64 65 66 67

'521 85,000 11S.000 160,000 275.000 525.000 1,000,000 1.400,000 1922 1922-S 1923

1,075 2,100 1,075

1923-D 1.075 1924 1,075 '924-D 4,000 '924-S 3,200

1.085 2,450 1,085 1,085 1,085 4,400 3,800

1,100 3,000 1,100 1,100 1,100 5,250 5,600

1.160 4,250 1,160 1,160 1.600 8.000 9.000

1,350 7,200 1,375 1,575 1,575

15,000

2,300 25,000 45,000 110,000 4,000 40,000 1,650 2,800 12,500 1,650 2,800 12,000

95,000 175,000 16,500 145,000 225.000 350,000

Soum: Professional Coin Grading Service

5 Centennial Precious Metals, 800-869-5115

Alors conservez bien cette collection de piè-ces et si vous êtes l'un des rares à avoir le :emps et l'envie de mieux connaître ce mar-:hé, ajoutez-la à vos avoirs fonciers. Ne com-mettez pas l'erreur de penser que les pièces ra-res sont essentiellement de l'or et de l'argent. C'est faux, et elles peuvent monter ou bien descendre pour toute une série de raisons, sans rapport avec ce que nous prévoyons dans ce li-re. Quelques très bons ouvrages — et très

.ongs aussi - ont été écrits à propos des subti-ités des pièces rares et vous aurez certaine-ment envie d'en lire au moins un avant de .ommencer vos achats. Entre-temps, voici une vue d'ensemble des principales caractéristiques qui déterminent leur valeur sur ce marché :

Condition. Les collectionneurs classifient la condition d'une pièce sur une échelle numé-rique qui va de 1 à 70. Tout en bas, vous avez : Assez bon, Bon et Très bon qui correspon-dent en général à ce que vous pouvez trouver :ur votre collection de pièces si vous l'avez i^rdée. Dans ce secteur bien spécifique, f ad-jectif bon attribué à une pièce signifie qu'elle rs: « bien usée avec un dessin bien visible mais dé-:-.liant dans certains endroits. Beaucoup de détails

nstent sans relief».

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Des pièces dont la qualité est désignée comme étant très bonne sont en meilleur état mais pas suffisant en tous les cas pour intéres-ser des collectionneurs. Dans cette catégorie-là, les pièces sont plus des réserves que des Pi-casso.

La catégorie investissement de la gamme commence à 50 et va de Pas en circulation a A lancer et à A démontrer. La première, comme son nom l'indique, décrit une pièce qui n'a pas été beaucoup manipulée, voire pas du tout. A l'origine, les pièces étaient prévues pour circu-ler mais, mais pour X raison, elles n'ont pas été distribuées. Elles sont donc restées en par-fait état. Les épreuves n'ont jamais été prévues pour être mises en circulation. Elles étaient frappées spécialement sur des plaques polies et ont été manipulées depuis avec beaucoup de soin. Les collectionneurs font très attention à ces distinctions. Comme vous pouvez le cons-tater sur les tableaux précédents, une diffé-rence de 10 points - ce que la plupart des gens auraient du mal à distinguer - peut va-loir des dizaines de milliers de dollars aux col-lectionneurs, puisque la rareté de la pièce aug-mente avec la catégorie.

Si nous remontons dans le temps à l'époque des premières collections de pièces ( soit avant 1980 ), le marchand qui vous vendait une pièce pouvait aussi la placer dans une catégo-rie - conflit d'intérêt évident qui rendait la collection beaucoup plus risquée. Pour répon-dre à cela, l'industrie a donné leur indépen-dance à des entreprises qui classifient les piè-ces, comme la Professional Coin Grading Service et la Numismatic Guaranty Corporation. Ces so-ciétés insèrent les pièces de monnaie nouvelle-ment graduées dans un support plastique ré-sistant qui affiche la catégorie et le numéro de certification affiché en permanence. PCGS et NGC suivent également le nombre de pièces dans chaque catégorie, attribuant des statisti-

ques de la population comme 18/2, ce qui si-gnifie qu'ils ont classifié 18 pièces identiques rt n'en ont trouvé que 2 dans un meilleur rtat. Plus ces chiffres sont bas, plus la pièce ntéressera les collectionneurs ( avec 1/0, évi-demment, c'est le Saint Graal ). La légitimité de la catégorie n'étant plus un problème, des milliers de pièces sont vendues chaque année à . aveuglette, avec relativement peu de récla-mations.

La rareté. Evidemment, moins il y a d'exemplaires, plus la valeur de chaque pièce >era grande. Le point de départ pour bien cal-culer la valeur d'une pièce est le nombre qui est gravé en premier. Il n'y avait que 528.000 pièces d'or Saint Gaudens à 20 $ en 1921 par exemple et 4 millions chaque année entre 1922 et 1924.

U.S. INDIAN PRINCESS $î GOLD PIECE $ value at November 28, 2007

Date

1859 1860 1861 1862 1863 1864 1865 1866 1167 Scwct:

AU 60 2,500 2.650 3.000 3.000 3,000 4,100 9,500 3,400 2,900

3,000 4,000 4,500 4,500 5,000 5,750

14,500 5,000 5,000

61 3,300 5,650 5,700 5,700 6,000 6,750

15,500 6,750 6,000

62 4,975 9,250 7,000 8,500 9,000 9.000

18,000 9,000 9,000

Grade 63 11,000 14,000 9,750

14,000 15,500 16,000 21,000 16,000 17,000

64 16,000 19,500 15,500 20,000 23,000 24,000 29,000 24,000 25,000

65 37,500 43,000 22,000 40,000 43.500 46,000 49,000 45,000 45,000

66 54,000 57,5λ 43,500 57,500 57,500 62,000 64,000 62,000 63,000

Profwstonai Coin Cmfrns Service

Comme l'indique le tableau ci-dessous, cela rait une belle différence de valeur aujourd'hui. La Saint Gaudens de 1933 est sans doute la pièce la plus rare de toutes. Le Trésor ne les avait pas mises en circulation lorsque la pos-session d'or fut interdite, alors l'US Mint a simplement fait fondre le problème, à l'excep-tion de 5 exemplaires qui ont réussi à s'échap-per. Quatre ont été finalement retrouvées et lorsque la 5e est apparue en 2002, elle fut ven-due aux enchères à un prix record pour une pièce rare, soit 7,5 millions de dollars ( après

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quelques querelles juridiques avec Washing-ton ). Pas si mal pour une marge bénéficiaire sur 20 dollars.

Pour trouver le prochain lot de grands ga-gnants, vous aurez besoin de deux choses : une information impartiale et un vendeur de con-fiance. La plupart des fans de pièces rares aux États-Unis se tournent vers des sources comme celles de RedBook, la liste annuelle des prix sur le marché de pratiquement cha-que pièce importante, ou bien les sites inter-net de PCGS et de NGC qui proposent des documents de référence et des informations sur les prix continuellement mises à jour dans une base de données.

Choisir un distributeur est un peu plus compliqué. Il y a beaucoup plus de distribu-teurs de pièces rares que de négociants en or alors il est possible que les Pages Jaunes en proposent plusieurs en un temps record. Mais ne choisissez pas celui qui est le plus près. Avant de leur confier votre argent, cherchez quelques informations, comme par exemple :

— Est-ce que le distributeur connaît bien le secteur dans lequel vous voulez vous spé-cialiser ? Certains peuvent en effet être spé-cialisés dans des secteurs qui n'ont rien à voir avec les pièces d'or rares.

— Quelles sont leurs références dans la communauté numismatique ? Le fait d'être membre d'un réseau professionnel, comme le Professional Numismatist Guild, la seule organisation qui sélectionne ses adhérents avec soin, est un plus important.

— Depuis combien de temps travaillent-ils dans ce secteur ? La stabilité est le signe qu'ils respectent de bonnes pratiques et que leurs clients sont satisfaits.

— Participent-ils à des expositions nu-mismatiques et à des enchères ? C'est le meilleur moyen de connaître les goûts des collectionneurs et autres intermédiaires.

— Proposent-ils un service après-vente ?

Parler avec un bon vendeur de pièces rares, c'est comme échanger avec un courtier. Il dressera le tableau des tendances et saura ce qui intéresse les collectionneurs. Il poussera les nièces qui semblent être dans ce mouvement-à. S'il est bon, il aura raison la plupart du remps et certaines des pièces qu'il recom-mande vont générer de bons bénéfices. Mais ne vous trompez pas : nous parlons des bon-nes pièces qui ont été achetées au prix correct et qui ont été gardées suffisamment long-Temps pour que leur valeur augmente. Ces pièces sont tout sauf simples, et elles ne sont amais garanties.

Quelques mots maintenant sur les marges. Avec les réserves d'or, vous savez quelle est la aleur sous-jacente du contenu en métal de la

pièce, et vous pouvez calculer facilement la prime que vous payez. Ce n'est pas la même :hose avec les numismatiques car la marge va dépendre de ce que le marché rapporte. Calm-ez toujours le prix d'une pièce en utilisant des sources externes avant d'acheter et ayez bien à 'esprit que les écarts offre/demande seront

plus élevés que ceux des réserves et beaucoup rlus élevées encore que pour les actions.

LES SEMI-NUMISMATIQUES

Que se passe-t-il si vous aimez l'idée d'avoir ane assurance minimum par rapport à une .onfiscation, mais que vous n'avez pas du tout envie — et de payer les primes sur le contenu d'or — de devenir un collectionneur ? Regar-dons la catégorie ordinaire des pièces d'avant

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1933. Comme nous l'avons dit, elles peuvent être exemptes de confiscation, mais du fait qu'il y en ait beaucoup, elles n'offrent pas une prime énorme par rapport à leur contenu en or. Certains vendeurs les appellent les lingots aux stéroïdes. La plus populaire de ces pièces semi rares est la Saint Gaudens de 20 $, frap-pée en grand nombre dans les années précé-dant la Dépression. Comme vous pouvez le voir sur le tableau, les dates les plus courantes pour ces pièces sont disponibles sans qu'elles aient circulé, ou peu, pour environ 30% au-delà de la valeur de leur contenu en or. La prime se réduit encore plus lorsque la condi-tion se situe dans la gamme Bon. Ces pièces ne vont pas prendre de la valeur du fait de la ra-reté mais elles vont s'aligner sur les prix de l'or en conservant généralement la prime qu'elles avaient lorsque vous les avez achetées. En d'autres termes, vous paierez 50 à 100 $ de plus par once d'or, et en contrepartie vous au-rez une certaine assurance contre le risque de confiscation. Il est fort possible qu'avec la pente glissante de la crise monétaire, l'assu-rance deviendra plus précieuse provoquant ainsi un surpassement des pièces rares par rap-port aux autres métaux précieux. Est-ce que cette prime d'assurance vaut la peine ? Nous n'en sommes pas certains. Pouvoir légalement posséder votre or lorsque le gouvernement se livre aux confiscations serait un choix idéal. Par ailleurs, ces pièces proposent moins d'or pour votre argent alors que votre objectif principal serait d'avoir le plus d'or possible. L'exemption des pièces numismatiques de tout risque de confiscation pourrait en théorie être supprimée si leur popularité grandissante les livre au regard des mouvements anti-or des prochains gouvernements. Bref, il s'agit d'une question sans réelles réponses simples où les concepts comme la diversification sont plus importants que des estimations de rendement relatif.

~ ~

Actions, Obligations et Immobilier

Comment les autres actifs vont se comporter en pleine crise

Avec le dollar qui plonge d'un côté et l'or qui monte de l'autre, beaucoup d'autres types i avoirs vont se retrouver aussi pris entre deux r'eux. Comment par exemple l'immobilier fait-1 pour tenir bon dans une crise monétaire ? Et qu'en est-il des actions, des obligations et des iquidités ? La réponse pour chaque cas n'est ras tranchée, mais, puisque presque tout le monde possède l'un ou l'autre, ou plusieurs de :es actifs, leur avenir est important. Nous al-ons donc voir certains des facteurs qui affec-rent chaque type d'actif.

Les liquidités : en baisse avec le dollar. Dans le monde financier, le terme liquidités si-gnifie bien plus que juste les billets dans votre Dorte-monnaie. Cela comprend tout ce qui peut soit être dépensé, ou facilement converti en devises « dépensables », comme les comp-:es chèques, les fonds du marché monétaire et es livrets d'épargne des banques. Aujourd'hui,

ils ont tous une chose en commun : leur taux i intérêt bas. En tant que réserve de valeur, ils :ependent du pouvoir d'achat du dollar. Du tait que le dollar ait été augmenté de quelques joints de pourcentage seulement par an dans .es années 90, et que les taux d'intérêt étaient dors plus élevés, la plupart des formes de li-quidités ont plus ou moins conservé leur pou-voir d'achat, du moins avant impôt de base. Mais aujourd'hui, le dollar plongeant face aux mtres monnaies, l'inflation attaquant le pou-

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voir d'achat du dollar et les taux d'intérêt américains très bas, le fonds du marché moné-taire n'a cessé de perdre du terrain.

Est-ce que cela signifie que vous devriez vous passer entièrement de liquidités ? Non, parce que l'argent liquide est utile lorsque la situation est « indécise » pour reprendre un terme militaire. Mais limitez les équilibres au strict minimum dans votre vérification et dans vos comptes sur le marché monétaire ; peut-être pouvez-vous vous contenter de l'équiva-lent de deux mois de dépenses ? Et notez bien que toutes les liquidités ne sont pas sûres. Les comptes en banque américains sont assurés par la FDIC ; donc, même si votre banque fait faillite, comme beaucoup le feront dans les an-nées à venir, vous retrouverez votre argent. Mais peut être pas tout de suite, et pendant que l'organisme instruit le dossier, la valeur du dollar - et vos liquidités - peuvent plonger. Alors faites attention à la solidité de la banque qui conserve votre argent, tenez-vous prêt à en changer pour en trouver une plus sûre, si besoin est. Ou bien ( parce qu'analyser la soli-dité financière d'une banque est un défi, même pour des gestionnaires professionnels vous voudrez peut-être placer vos économies dans plusieurs banques.

Soyez encore plus prudent avec les fonds du marché monétaire. Il s'agit de fonds communs de placement qui comprennent des créances à court terme c'est-à-dire les obligations à court terme de grandes entreprises. Mais la chute du dollar et l'éclatement ultérieur de la bulle du crédit américain transformera une bonne par-tie de la dette d'investissement en camelote6. Les créances à court terme de Fannie Mae. Freddie Mac et d'innombrables autres dans l'immobilier hypothécaire et le crédit à la con-

sommation sont des bombes à retardement7. Les fonds du marché monétaire avec cette bligation à court terme ne sont pas liquides

aans aucun sens du terme, mais une très dan-gereuse forme d'investissement avec peu de tiaut ( -5% fin 2007 ) et un bas considérable.

Ne vous laissez pas duper par ces fonds. Ils mélangent des titres du Trésor avec les obliga-tions à court terme de Fannie Mae et de Fred-die Mac ( qui restent, dans l'esprit des inves-tisseurs crédules, des succursales du gouverne-ment ) ce qui est précisément ce que vous roulez éviter. Il vaut mieux cibler un fonds du Trésor qui n'aura que des titres à court terme du Trésor. Puisque le Trésor peut imprimer ce dont il a besoin, il pourra toujours payer ses ntérêts, même en dollars qui se déprécient constamment. Voici une liste représentative des bons du Trésor américain :

TREASURY-ONLY MONEY MARKET FUNDS

Symbol Téléphoné Web American Century Capital Préservation Fund CPFXX 800-345-2021 www.americancentury.con

Dreyfus 100% U.S. Treasury Fund

F*Jelity Spartan U.S. Treasury Fund

Schwab U.S. Treasury Money Fund

'J S. Treasury Securities Cash Fund

ieiss Treasury Only Money Fund

DUSXX 800-645-6561 www.dreyfus.com

FDOCX 800.544.8888 www.fidelity.com

SWUXX 800-435-4000 www.schwab.com

USTXX 800-873-8637 www.usfunds.com

WEOXX 800-814-3045 www.tommf.com

Sefé Money Report. Charles Schwab

Les obligations américaines : le choix le plus mauvais. Lorsque vous achetez une obli-gation à long terme, vous prêtez effectivement -otre argent à l'émetteur. Il prend l'argent et

gère son entreprise, ou l'agence du gouverne-ment, et promet de vous verser un certain in-térêt chaque mois, ou chaque année et, quand obligation arrive à échéance, il vous rend vo-

6 Note JDL: encore une preuve de la formidable analyse des au-teurs, sachant que leur livre a été publié fin 2007.

" idem. Depuis, les deux banques citées se sont effondrées, littérale-•ment.

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tre investissement original. Ce flux de revenus fixes a une valeur qui change selon le niveau des taux d'intérêt et la solidité financière de l'émetteur. Ce sont des questions totalement indépendantes l'une de l'autre alors voyons-les une par une :

Les taux d intérêt à long terme. Lorsque les taux baissent, les paiements d'un reçu d'obli-gation semblent relativement plus intéressants et les gens sont prêts à payer plus pour les avoir. Le prix de l'obligation est donc plus éle-vé. Inversement, lorsque les taux d'intérêt augmentent, les prix des obligations chutent. Tandis que la diminution ordonnée du dollar se transforme en écroulement, la valeur ac-tuelle des paiements à venir d'obligations à long terme va plonger. Personne ne prêtera des dollars à long terme parce qu'on ne peut pas savoir ce que l'on récupère au bout du compte, ce qui est une autre façon de dire que personne ne voudra acheter des obligations à long terme. Les prix des obligations vont chu-ter, accablant ainsi les obligataires de lourdes pertes. Souvenez-vous que lors de la mini-crise monétaire des années 70 ( un pâle reflet de ce qui va arriver ), les taux d'intérêt sur le long et le court terme sont montés en flèche. Les obli-gations achetées dans les 10 années précéden-tes à des taux allant de 5 à 8% étaient deve-nues des flots qui avaient soudainement perdu presque la moitié de leur valeur et leurs prix avaient suivi. Les personnes qui avaient acheté ces obligations en espérant un revenu cons-tant, et sûr, se sont retrouvées avec des pertes de 50% ou plus, et des revenus avec un pou-voir d'achat bien plus bas que ce qu'ils atten-daient.

La situation financière de lémetteur de lobligation. Plus un emprunteur est suscepti-ble d'effectuer ses paiements, plus le flux de revenus d'une obligation est précieux. Mais si la situation financière de l'émetteur se dété-

riore, la valeur de sa promesse de payer baisse et les prix de ses obligations chutent. Si nous avons raison au sujet de l'impact de l'augmen-tation de la dette américaine, certains des émetteurs d'obligations apparemment solides comme le roc comme Fannie Mac et Freddie Mac sont des catastrophes en devenir. Lorsque leurs finances commenceront à se détériorer, la valeur de leurs obligations suivra le même chemin.

Quel facteur - les taux d'intérêt ou les fi-nances de l'emprunteur - sera le plus impor-tant aujourd'hui ? Nous parions sur les taux d'intérêt. En d'autres termes, le gros problème des obligations en dollars, c'est qu'elles sont en... dollars. La débâcle du marché obligataire des années 1930 était due aux défaillances alors que le dollar ( qui était à l'époque tou-lours lié à l'or ) devint en fait plus précieux. Les taux d'intérêt sont donc restés bas et ont rendu les obligations de haute qualité plus in-téressantes.

La crise à venir sera différente, le dollar plonge et les taux d'intérêt augmentent. Les obligataires seront donc remboursées avec des dollars qui n'auront plus de valeur. Alors que rendant la Grande Dépression les obligations de haute qualité voyaient leurs paiements augmenter en valeur et les obligations d'em-prunteurs moins solides s'effondrer, dans les dix années à venir toutes les obligations en dollars vont chuter.

Les obligations étrangères : gagnants au début et perdants à la fin. Pour les obliga-tions qui sont libellées dans d'autres mon-naies, le scénario est au départ un reflet des obligations américaines : tandis que le dollar ;hute face à l'euro et au yen, les obligations dans ces monnaies auront plus de valeur en termes de dollars. Au début de l'effondrement de la devise ( lorsqu'il s'agit d'une crise du dol-

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lar plutôt que d'un effondrement généralisé de toutes les monnaies fiduciaires ), les obliga-tions étrangères de haute qualité se porteront assez bien, surpassant sans doute les obliga-tions américaines et les fonds du marché mo-nétaire en dollars.

NO-LOAD GLOBAL BOND FUNDS

3-year Av. Assets Ann. %

Fund Ticker (S mill.) Return* Téléphoné Web American Century

International Bond BEGBX 1,850 5.1 Loomis Sayles Global Bond LSGLX 1,986 4.6

Managers Global Bond MGGBX 91 4.3

Payden Global Fixed-lncome PYGSX 120 3.8

PIMCO Foreign Bond PFRCX 3,018 4.2

T. Rowe Price International Bond RPIBX 2,733 4.6

«Through 11/23/07

Source: Morningstar, Charles Schwab

800-345-2021 americancentury.com

800-633-3330 loomissayles.com

800-835-3879 managersfunds.com

800-572-9336 payden.com

888-877-4626 pimco.com

800-638-5660 troweprice.com

Le meilleur moyen de tirer profit du début de la force relative du yen, de l'euro et des au-tres grandes monnaies, c'est de trouver un bon fonds d'obligations mondiales qui propose une sélection de bons du trésor du monde entier. Certains fonds qui correspondent à ce profil sont cités à la fin du livre.

Mais comprenez bien que, dès lors que la maladie du dollar se répand sur l'Europe et le Japon, les obligations libellées en euro et en yen suivront le même chemin que leurs cousi-nes américaines. Dans cet ouvrage, nous nous concentrons sur les erreurs commises par les États-Unis, mais ne considérez pas qu'il s'agit d'une approbation des autres pays. Sous cer-tains aspects, ils sont même en position plus délicate. Leurs problèmes prendront un peu plus de temps à se manifester parce que leurs erreurs spécifiques ont entraîné une croissance lente et une consommation anémique. Ils ont ainsi diminué leurs achats aux États-Unis par

rapport à leurs ventes. Les excédents commer-ciaux qui ont suivi limitent l'approvisionne-ment mondial d'euros et de yen, soutiennent leur valeur sur les marchés des changes et leur donnent temporairement l'air d'être des mon-naies fortes.

Où en est-on en Europe et au Japon ? Commençons par l'Europe où les dépenses du gouvernement dans des pays comme l'Allema-gne et la France sont beaucoup plus élevées, en pourcentage de l'économie, qu'aux États-Unis. Les lois du travail et autres rigidités structurelles sont plus lourdes qu'aux États-Unis. Les entreprises privées sont donc prati-quement dans l'impossibilité de répondre aux changements demandés par les salariés qui se-ront licenciés. Tout naturellement, cela empê-che les embauches et le développement écono-mique. Le chômage en France et en Allema-gne est donc à peu près le double par rapport a celui des États-Unis. En revanche, leur sys-tème de retraite et leurs soins sont beaucoup plus généreux mais les impôts restent beau-coup plus élevés. Il en résulte une croissance faible et une dette en augmentation.

Dans des circonstances normales, cette euro dérose serait difficile à résoudre. Mais bientôt,

elle sera encore plus difficile à régler à cause d'un autre problème : la démographie de l'Eu-rope. Le taux de natalité européen est tombé en dessous des niveaux de substitution et l'es-pérance de vie augmente. L'Europe vieillit donc beaucoup plus vite que les États-Unis et la charge des soins visant une population de retraités augmente corrélativement plus vite. Revoir les échelles de leur sécurité sociale et de 1 assistance médicale aux personnes âgées, une nécessité absolue s'ils veulent éviter la catas-trophe financière, deviendra politiquement impossible tandis que le nombre de personnes qui en auront besoin va augmenter.

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Dans le même temps, le profil démogra-phique du Japon donne à l'Europe l'air d'être positivement saine. Étant déjà la plus vieille population du monde, l'association d'un faible taux de natalité, de vies longues et d'un cer-tain rejet de l'immigration plonge le pays dans un pétrin où il reste bien difficile de trouver une solution. Après 10 ans de tentatives futi-les pour sortir d'une persistante récession dé-flationniste, la dette publique du Japon est aujourd'hui environ trois fois celle des États-Unis en pourcentage du PIB.

Pour savoir comment ces mauvaises politi-ques et ces tendances démographiques de mauvais augure se traduisent au niveau des devises sans valeur, souvenez-vous que la seule raison pour laquelle le Japon et l'Europe par-viennent à générer leurs taux actuels de faible croissance, c'est parce que les consommateurs américains continuent d'acheter leurs Honda et leurs BMW. Tandis que le dollar plonge, les produits japonais et européens, évalués dans des monnaies qui sont tout à coup appré-ciées, deviendront prohibitifs pour les Améri-cains qui répondront en achetant des denrées fabriquées aux États-Unis ou rien du tout. En interprétant correctement ce changement et en acceptant ces systèmes comme une menace pour leurs secteurs d'exportation essentiels, les dirigeants européens et japonais répondront avec la seule arme qui leur reste : l'inflation monétaire. Ils diminueront les taux d'intérêt et achèteront des dollars avec leurs monnaies, inondant le monde avec les euros et les yen. tout comme les États-Unis le font maintenant avec les dollars. Le résultat : ces dévaluations compétitives seront une spirale infernale pour les monnaies fiduciaires les plus importantes. Les obligations européennes et japonaises n'iront pas mieux que leurs cousines américaines.

Pour autant, oubliez les obligations des marchés émergents. Ils ont été les grands ga-

gnants de 2006 car les liquidités s'écoulant des États-Unis allaient vers des pays comme le Brésil et l'Indonésie. Mais ces pays souffriront beaucoup lorsque les États-Unis vont arrêter d'acheter leurs exportations et, du fait que leurs systèmes financiers sont fragiles, leurs monnaies — et leurs obligations — seront parmi les grands perdants des 10 ans à venir.

L'immobilier : peut-être pas cette fois. La crise du dollar dans les années 70 était en fait le moment propice pour acheter une mai-son. Pourquoi ? Parce qu'au moment où les monnaies perdent de leur valeur, les investis-seurs les convertissent logiquement en vérita-bles atouts, le plus vite possible. Et rien n'est plus réel que la terre et les immeubles. Comme le dit le vieux diction : Dieu se fait rendre la terre. Vous pouvez le constater sur le schéma, les prix immobiliers américains se sont bien tenus tandis que le dollar plongeait.

70n

. 1 1 1 1 "1 l I 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980

Average New U.S. H o m e Pr ice 1970-1980

imrce Department of Housmg and Urhan Development Les gens qui ont acheté leur maison avec

-es prêts immobiliers à taux fixe ont gagné -eux fois, d'abord parce que leurs maisons ont iugmenté en terme de dollars et ensuite parce :ae la véritable valeur de leurs prêts ( ajustée s _r l'inflation ) a plongé. C'est le revers de la r.édaille de l'histoire des obligations : lorsque • JUS devez de l'argent dans une crise moné-ujre, vos paiements se font en dollars dépré-;.és, allégeant un peu votre charge chaque

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mois. En bref, l'habitat était une couverture assez efficace contre l'inflation à ce moment. Le graphique vous donne le prix moyen d'une maison avant l'explosion de la bulle.

Il convient donc de souligner que l'immobi-lier est un autre abri accueillant dans la tem-pête qui s'annonce. Dans un environnement où le dollar est en train de perdre de la valeur, le capital qui arrive dans les actifs financiers va aller dans les immeubles, et la terre, et ainsi soutenir leur valeur. Mais par ailleurs, nous ne sommes pas dans les années 70. Pour parler crûment, le marché de l'immobilier aujour-d'hui est une bulle financière classique. Voyez plutôt :

Les prix sont très hauts. Au début des an-nées 70, la maison moyenne en Californie coû-tait un peu plus de 100.000 $, soit pas très loin de ce que le revenu moyen d'une famille pouvait acheter. Fin 2006, le prix moyen était de 530.000 $, tandis que le salaire moyen de la famille permettait de couvrir la moitié seu-lement du prêt. Vous trouverez les mêmes tendances à Boston, à New York et en Floride et dans beaucoup d'autres régions du pays.

La valeur nette dune maison atteint un niveau record très bas. A nouveau, au début des années 70, les Américains possédaient en-viron 70% de leur maison. Cela veut dire que nos parents devaient aux banques en moyenne 30% seulement de la valeur de leur maison. Aujourd'hui, nous achetons des maisons plus grandes et nous empruntons en échange de leur plus-value, la valeur nette d'une maison se réduit. Aujourd'hui, les gens doivent à leurs banques presque la moitié de la valeur de leurs maison, soit beaucoup plus qu'aupara-vant.

Les taux hypothécaires sont aussi bas qu'ils peuvent lêtre. Après avoir atteint un pic à

presque 17% en 1981, le taux sur 30 ans est tombé en-dessous de 6% en 2003. Ce plon-geon des coûts d'emprunt a encouragé toute une génération à acheter la plus grosse maison possible. Elle leur servait de banque, ils em-pruntaient sur elle pour profiter de ces taux extraordinairement bas. Mais les taux ont peu de chance de baisser et, comme nous l'avons déjà dit plusieurs fois, ils vont certainement grimper lorsque le déclin du dollar deviendra une spirale mortelle. Le coût de l'accession à la propriété ( dont une bonne partie dépend des taux d'intérêt hypothécaires ) augmentera alors.

La dette du propriétaire à des niveaux in-soutenables. En 1980, les Américains avaient un peu moins d'un trillion de dollars de dette hypothécaire, soit environ 20.000 $ par fa-mille de quatre personnes. Aujourd'hui, nous en avons presque 10 trillions, soit presque 135.000 $ par famille de quatre. Si vous ajou-tez à cela l'autre dette dans le système - gou-vernement, entreprise, cartes de crédit - le to-tal est d'environ 600.000 $ par famille de quatre. À l'évidence, nous ne pouvons pas plonger dans une frénésie d'emprunts immo-biliers.

Trop de capital est déjà lié à nos maisons. Il est possible de truquer les effets de la bulle immobilière de ces dix dernières années et d'obtenir un seul chiffre en divisant la valeur globale de nos maisons par notre revenu dis-ponible. On obtient une sorte de ratio prix/bénéfices pour le marché de l'immobilier et, comme le montre le schéma, ce ratio a at-teint le fond au milieu des années 70. Les prix des maisons étaient bas par rapport aux reve-nus ce qui a permis aux prix de grimper pen-dant la crise du dollar, sans mettre à mal les rïnances des familles. En revanche, nous en-trons dans la crise à venir du dollar avec des valeurs immobilières qui ont atteint des ni-

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veaux records, à la fois en termes réels, si nous les comparons à nos revenus.

2.40-1

2.00 -I m

H A « 1.604

140-U — m^^^M 1,00

19S2 1958 1964 1970 1976 1982 1988 1994 2000 2006 Ratio of U.S. Household Real Estatc Wealth to Disposablc Income

^ ,» ' I9S2-2006 Seuiw: l-edcral Rwerve „

Ratio de la richesse foncière réelle des ménages américains par rapport au revenu disponible ( 1952-2006 )

Lorsque le dollar commence réellement à glisser et que les investisseurs obligataires pa-niqués repoussent les taux d'intérêt vers deux chiffres, les gens qui ont acheté des maisons trop chères avec des hypothèques à taux pro-gressifs vont réagir de deux façons : ils rédui-sent sur tout pour respecter les versements hy-pothécaires8 ou bien ils cessent les versements.

En difficulté financière, les propriétaires es-saieront de vendre leur maison et, en désespoir de cause, ils prendront ce qu'ils trouvent9. Les prix de l'immobilier plongeront dans des mar-chés autrefois à fort potentiel en entraînant avec eux les économies locales qui, à leur tour, diminueront l'attrait des maisons. Le résultat pourrait être vraiment horrible dans des mar-chés actuellement en surchauffe comme en Californie et à Boston.

Comment ? Au milieu de l'année 2003, John Templeton, l'un des plus brillants ges-

8 Voir le paragraphe suivant à propos de l'impact que ce change-ment dans les habitudes de dépense aura sur le marché financier.

9 Note JDL: c'est exactement ce qui s'est passé en 2008 et surtout en depuis 2009 jusqu'à nos jours. Encore une analyse remarquable et juste des auteurs.

tionnaires de fonds mondiaux du dernier demi siècle, a été interrogé sur l'habitat. Voici sa déclaration : Quand les prix de Immobilier au-ront atteint un dixième du prix le plus élevé payé par les propriétaires, vous pourrez acheter.

En résumé, nous avons deux forces en pré-sence, très puissantes, sur le marché de l'im-mobilier : la déflation de l'éclatement d'une bulle de crédit contre l'inflation d'un dollar en déroute. Il est impossible de dire aujourd'hui lequel va l'emporter mais on peut parier sur une issue raisonnable, c'est-à-dire une égalité des points : les prix de l'immobilier restant stables en termes de dollars mais chutant énormément par rapport à l'or. En bref, votre maison n'est plus une couverture garantie con-tre l'inflation.

Les actions américaines : un dollar qui chute équivaut à une augmentation des exportations. C'est là où le processus analyti-que devient vraiment compliqué. Du fait que les entreprises ont des formes et des tailles dif-férentes, certaines vont survivre et même se développer pendant l'effondrement du dollar tandis que d'autres souffriront. L'astuce, c'est de distinguer le bien du mal.

Du fait des différents facteurs qui sont im-pliqués, nous ne pouvons vous proposer que des directives générales : d'abord, un dollar qui baisse aide les entreprises qui fabriquent aux Etats-Unis ( s'exposant à des dépenses li-bellées en dollars ) et exportent à l'étranger. Lorsque le dollar baisse, les coûts baissent aus-si, ainsi que le prix effectif, en yen et en euros des produits vendus. Elles sont donc gagnan-tes sur deux tableaux car leurs marges bénéfi-ciaires ( différence entre leurs coûts et les prix de vente ) augmentent en même temps que la demande à cause des prix très attractifs.

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Aux États-Unis, cela veut dire les mines d'or et les sociétés qui exploitent les ressources naturelles en général ainsi que les producteurs de matières premières et les exploitants. Fin 2007, ces secteurs étaient déjà en train de se développer. Le secteur agricole américain rési-gné connaissait des prix records pour les céréa-les et le bétail tandis que les nouveaux et im-menses marchés de la Chine et de l'Inde émer-geaient. Les terres agricoles étaient soudain un produit intéressant et le revenu agricole aug-mentait. La seule chose qui retenait les fer-miers, c'était le manque d'infrastructures pour transporter leurs produits vers les grands ports.

Attendez-vous donc à une explosion de la demande pour de nouveaux moyens de trans-port et à une flambée des bénéfices des che-mins de fer : ils vont augmenter les taux qu'ils facturent aux exploitants qui sont prêts à tout pour envoyer leurs marchandises vers les mar-chés étrangers. Les mêmes tendances de base sont en place pour la plupart des compagnies minières en dehors de l'or, car la forte de-mande mondiale pour le cuivre, le zinc, etc. font augmenter leurs prix libellés en dollars et rendent les mines basées aux États-Unis beau-coup plus rentables.

La caractéristique de ces industries que nous préférons est celle de courbe inélastique de t offre ce qui signifie qu'elles sont incapables de monter rapidement en puissance la production des produits qu'elles vendent. Lorsque la de-mande déferle, alors les prix augmentent con-sidérablement et ces entreprises deviennent vite très rentables.

Les fabricants américains sont aussi de gros gagnants potentiels mais ils demandent une analyse plus poussée. La plupart des exporta-teurs basés aux États-Unis achètent les matiè-res premières à l'étranger et cela devient plus

cher lorsque le dollar baisse. Et beaucoup gè-rent des opérations étrangères qui seront en-travées par le pays d'accueil qui apprécie la de-vise. Tracer les flux de l'argent par le biais d'une chaîne d'approvisionnement demande un peu plus de travail que ce que l'investisseur moyen est disposé à fournir mais, heureuse-ment, il y a un raccourci : commencez par une liste de gros fabricants comme IBM, 3M, Procter & Gamble qui ont de nombreuses usi-nes aux États-Unis et vendent beaucoup de choses sur le marché mondial. Puis vérifiez leurs états financiers pour voir l'effet de l'affai-blissement du dollar sur les ventes et les béné-fices. Si cela était très favorable en 2007, lors-que le dollar chutait face à la plupart des au-tres monnaies, alors l'exposition au risque de la compagnie est bonne pour nos objectifs. Pour trouver des informations complémentai-res, allez sur Google et entrez par exemple : « principaux fabricants » et « tirer profit cl un dol-lar plus faible ». Fin 2007, une recherche dans cette direction aurait probablement listé des gens comme Saint Jude Médical, « un fabricant de stimulateurs cardiaques valant 3,6 milliards de dollars qui réalise un quart de son chiffre en Europe de lOuest », le géant de la défense General Dy-namics, le fabricant d'accumulateurs Energizer Holdings et Intel. On pourrait également ci-ter les laboratoires Merck et Pfizer et des pro-duits de consommation comme Gillette qui vendent dans le monde entier. Vous devrez sans doute ajouter aussi Ford et General Mo-tors puisqu'ils bénéficieront sans doute de i impact négatif d'un yen en hausse sur leurs concurrents japonais. Pourtant, ces deux grands ont bien d'autres soucis, comme par exemple des engagements énormes de retraite et une dépendance des 4x4 énergivores et les camionnettes. Il est difficile d'imaginer que la baisse du dollar à elle seule puisse les faire ga-gner.

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Pour surfer sur cette tendance, il est égale-ment possible de jouer sur les fonds communs de placement que possèdent ces compagnies. Pour autant que nous sachions, dans leur cas. il n'y a pas de fonds qui reposent uniquement sur le dollar mais certains s'en approchent. The Buffalo USA Global Fund ( BUFGX ) par exemple investit dans les compagnies améri-caines qui tirent au moins 40% de leurs béné-fices de l'étranger. Dreyfus Appréciation ( DGAGX ) est un fonds d'actions à grande ca-pitalisation à faible taux de rotation qui sou-tient les compagnies nationales gagnant au moins 35-40% de leurs revenus à l'étranger Pour trouver d'autres fonds similaires, vérifiez les meilleurs avoirs fonciers de ces deux fonds et comparez-les à ceux des autres fonds mon-diaux.

Mais les paris sont ouverts lorsque la crise devient mondiale. Les exportateur: américains et les obligations étrangères se por-tent bien durant les premières phases d'une crise du dollar mais dans le chaos des phases suivantes, lorsque le concept entier de mon-naie fiduciaire est remis en question, l'histoirt peut prendre une tournure complètement dif-férente. Comme nous l'avons déjà dit, lorsque les États-Unis cessent d'importer, les pays dont les économies dépendent de nos dépenses excessives commencent à avoir des problèmes Le Japon et la Chine pourraient bien connaître des périodes difficiles puisque leur succès dé-pend beaucoup du goût des consommateur; américains pour les importations asiatiques bon marché. Il est impossible de prédire la fa-çon dont ces pays vont réagir mais il est vri. de dire que les événements pendant un temps pourraient sembler échapper à tout contrôle Si vous gérez le stade précoce de l'effondre-ment du dollar en utilisant la stratégie que nous recommandons, soyez prudent et n'enga-gez qu'une petite partie de vos actifs.

2

Et préparez-vous à vendre vos obligations étrangères et vos valeurs industrielles améri-caines lorsque les problèmes du dollar com-menceront à contaminer le reste du monde.

Dette : utiliser l'effet levier ou pas, telle est la question. Une stratégie apparemment ogique pour tirer profit d'une chute du dollar consiste à emprunter autant de dollars que rossible, en prévoyant de rembourser les prêts dans une monnaie toujours moins chère. En théorie, c'est peut-être un bon plan mais nous ne conseillerons à personne d'emprunter de argent au regard de l'histoire financière mon-

naie. Le levier est bénéfique uniquement si TOUS êtes absolument certain que vous pourrez •j.ire face aux paiements. Autrement vous avez un problème, sans vous soucier de savoir si

:>us avez raison à propos des tendances sur le marché des changes. Alors n'oubliez pas vos : nligations et le cash flow. Avoir beaucoup de _quidités en dollars pour couvrir vos dettes a est pas une solution puisque vos liquidités rerdront de leur valeur en même temps que i :tre dette. A moins que vous ne soyez un : : llectionneur de billets de banque ou un mi-*eur d'or, votre travail ne semblera pas aussi :cr lorsque la crise battra son plein.

Si vous décidez de supporter une bonne quantité de dette pendant la crise du dollar, choisissez le taux fixe. Ne prenez surtout pas re dette à taux progressif, qu'il s'agisse de :ixte de crédit, de prêt hypothécaire ou encore le prêts aux entreprises. Les taux vont aug-menter dès lors que le dollar baisse et si votre ne financière dépend de la couverture d'un prêt, vous serez très malheureux lorsque le mux préférentiel atteindra 20%. Par ailleurs, erre hypothèque à taux fixe est une manière i^onnable d'emprunter puisque cela com-oerte tout ce que vous voulez dans une crise •rrcnétaire. C'est à très long terme, sans doute e plus long terme possible sur le marché ac-

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tuel. Il est ajustable à la baisse si les taux chu-tent ( par le biais de refinancement ) mais pas à la hausse si les taux augmentent.

Alors comment devriez-vous gérer votr: prêt hypothécaire ? Selon votre situation, vok quelques pistes :

Sécurisez votre toit. Vous avez besoin d'un toit sur votre tête encore plus que de richesse Cessez de penser que votre maison est un in-vestissement et dites-vous qu'elle est une par-tie essentielle de la sécurité de votre famille Pour se garantir de sortir de la crise du dollar ( ou de l'euro ) avec une maison bien à voui liquidez quelques investissements et rembour-sez votre prêt hypothécaire. Si le dollar chute la valeur de votre maison ( en assumant que vous n'avez pas simplement acheté un endroir hors de prix dans un quartier surévalué ) v* augmenter en terme de dollars. Même si soc prix de revente chute, vous aurez toujour; l'abri de votre maison, sans le souci du pré: hypothécaire.

Profitez de votre maison pour gagner d< largent. Au lieu de rembourser votre prêt hy-pothécaire, gardez-le et utilisez vos liquidités pour acheter de l'or et acquérir des investisse-ments basés sur l'or comme nous l'avons deu dit dans cette partie. En effet, vous emprunte-rez sur votre maison ( ou profiterez de votr; maison ) pour investir en espérant que l'or augmentera en termes de dollars tandis que le coût réel de votre prêt hypothécaire va plon-ger. Ce pari a été très rentable dans les annees 70 et cela devrait être encore le cas dans les dix années à venir. Mais tout cela n'a de sens et nous n'insisterons jamais assez sur ce poinr que si vous êtes certain de pouvoir respecter les paiements de votre prêt hypothécaire. Dar. ;

le cas contraire, le risque n'en vaut pas la chandelle.

L'OPEP EST HORS DE CAUSE

D'après ce qui a été dit à propos de la crise nu dollar des années 70, les producteurs de rétrole réunis au sein de l'OPEP ont été la nremière cause de nos ennuis. Si ces cheikhs nourmands avaient conservé les prix du pé-rrole à un niveau « raisonnable », en suivant le raisonnement, nous n'aurions pas eu à souffrir rendant dix ans de stagflation avec tout le malaise que cela comporte. Mais là encore, la sagesse conventionnelle confond cause et effet. Tout comme les rues humides ne provoquent nas la pluie, l'augmentation de l'OPEP n'a pas déclenché la crise du dollar. Il se trouve qu'à la fin des années 60 et au début des années 70, ;omme vous l'avez lu dans ce livre, la politi-que américaine d'augmentations massives des népenses gouvernementales financées par une monnaie fraîchement imprimée a conduit à . inflation. Ce qui revient à dire qu'un dollar permettait d'acheter de moins en moins cha-que année. Du fait que les pays producteurs .ibellaient leur pétrole en dollars et que le prix du pétrole avait été plus ou moins stable pen-dant des années, le prix réel du pétrole ( c'est-a-dire le pouvoir d'achat des dollars reçus pour chaque baril ) connaissait une forte baisse. Les ministres de l'OPEP se plaignirent de cette érosion des prix en public, et en privé égale-ment. Ils étaient toutefois incapables d'in-rluencer la politique américaine qui, entre la guerre du Vietnam et la Grande Société, était sur pilotage inflationniste automatique. En 1973, lorsque la guerre israelo-palestinienne survint, elle fournit à l'OPEP le prétexte poli-tique pour faire ce qu'elle voulait vraiment : augmenter le prix du dollar par rapport au pé-trole pour récupérer le pouvoir d'achat perdu. Si vous regardez la courbe des prix du pétrole ajustés à l'inflation ( ou courbe pétrole/or ), vous verrez que le pétrole n'a pas augmenté en termes réels dans les années 70.

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- - — — u.s. dolUrs Gold gram*

2,000-

m s 1950 1955 1960 I96S 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 200S 2010 Crude Oil Priées (Base of 100) Oecember 1945 Throuah Ocloiwr 2007

GolaMoney.com

6.000-

4,000-

II chuta avant 1974 et rattrapa son retard. Il est exact que l'OPEP a dépassé le mark au départ, faisant monter les prix un peu plus que nécessaire pour compenser la chute du dollar. Mais souvenez-vous qu'il y avait plu-sieurs années de baisse de pouvoir d'achat à ré-cupérer. Tout au long de ces dix années, le ré-sultat net de la hausse de l'OPEP était pres-que du même montant que les revenus réels, comme si le dollar avait conservé son pouvoir d'achat et que les prix du pétrole étaient restes stables.

Aujourd'hui, pourquoi ce point a-t-il son importance, parmi tant d'autres ? Parce que le marché du pétrole réagit exactement comme dans les années 70. Entre 2000 et 2003, le prix en dollars du pétrole était plus ou moins stable mais le dollar a perdu environ le tiers de sa valeur face aux monnaies principales et a l'or. L'OPEP a donc vu le prix réel de son pé-trole réduit d'un montant similaire et il est de-venu nerveux. Fin 20007, l'OPEP et la Russie ( grand producteur de pétrole ne faisant pas partie de l'OPEP ) envisageaient de fixer le prix du pétrole en euros pour les ventes euro-péennes, et de déplacer une partie de leur ca-pital d'investissement en dollars en d'autre; monnaies et de l'or. Résultat : tandis que 1; déclin du dollar va en s'accélérant, attendez-vous à un autre choc pétrolier où les produc-teurs augmenteront leur prix en dollars pour

récupérer leur pouvoir d'achat perdu. Cela res-semblera à une hausse des prix et peut être in-terprété comme une attaque à l'encontre de I économie américaine mais ce ne sera ni l'un m 1 autre. En réalité, ce sera simplement le marche qui réagit d'une façon tout à fait logi-que a la destruction du dollar en cours.

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~ 18 -

Les stratégies agressives

L'histoire montre que l'instabilité moné-taire peut s'intensifier à une vitesse effrayante. Nous ne serions pas surpris de voir l'or ( au moment où on écrit autour de 800 $ ) dépas-ser les 1.000 $ l'année qui vient10 et, dans une ranique mondiale des monnaies fiduciaires, ne .esser d'augmenter. En d'autres termes, nous mtrons dans une période où parier à fond sur la crise qui vient pourrait bien se révéler rayant. Mais avant d'aller plus loin, soyons ..airs sur un point : des stratégies agressives, ar quelque produit que ce soit, sont suscepti-

rles de générer de grosses pertes, sinon elles reraient traditionnelles. Ce chapitre présente res stratégies qui sont clairement dans la caté-gorie à haut risque, elles ne s'adressent donc ras à tout le monde. La tranquillité d'esprit se -agne avec la possession d'or et il y a beau-. jup d'argent à gagner dans les titres miniers _:netés et détenus. Mais pour le petit pour-mtage des lecteurs qui se sentent d'attaque r : ar affronter les risques, ceci est une chance -ire de se trouver du bon côté des vedettes de i finance. Voici comment :

LA VENTE À DÉCOUVERT : PARIER CONTRE LES VICTIMES DU DOLLAR

Si certaines valeurs se comporteront relati-vement bien lorsque le dollar va s'effondrer, il £ peut qu'il y en ait beaucoup plus qui seront -minées. Évidemment, vous voudrez vous en renarrasser. Mais vous pouvez aussi gagner de

: vote JDL: Cela a été écrit en 2007, et l'or a largement dépassé m • 000 dollars en 2009. En 2011 il est à 1700 dollars.

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l'argent sur leur baisse en pariant contre elles. Lorsque vous anticipez une baisse des prix, cela s'appelle vente à découvert et voici com-ment cela fonctionne : vous identifiez une compagnie ( nous vous donnerons bientôt quelques critères ) qui a des chances d'être touchée par un dollar qui plonge, vous appe-lez votre agent de change ou bien vous allez sur son site et vous vendez quelques unes des actions de l'entreprise. L'agent de change em-prunte ensuite le nombre requis d'actions sur le compte d'un autre client et les vend. Il dé-pose les liquidités sur votre compte. Une fois que le titre baisse, vous couvrez votre position courte en rachetant les actions à leur nouveau prix plus bas et vous empochez la différence.

La vente à découvert est facile et ne pré-sente que peu de complications. D'abord, elle ne peut être réalisée qu'à partir d'un compte qui a reçu l'autorisation pour cette opération ce qui signifie que vous devrez le préparer à l'avance avec votre courtier en signant un con-trat supplémentaire qui explique entre autres choses les risques impliqués dans la vente i découvert des actions. Si l'action que vous vendez à découvert donne des dividendes, c'est sous votre responsabilité et cela ajoute au coù: de la position courte. Une action peut être vendue à découvert seulement après qu'elle ait monté ( la négociation à un cours supérieur ) pour empêcher des joueurs agressifs de vendre à découvert des actions jusqu'à zéro. Enfin, le calcul du risque/de la récompense de la vente à découvert est l'opposé du long : votre avan-tage maximum est l'inconvénient potentiel de l'action, et puisqu'une action ne peut aller plus bas que 0, vous pouvez gagner 100% comme maximum. Mais votre inconvénient est l'avan-tage potentiel de l'action, qui est en théorie il-limité, les ventes à découvert doivent don-être surveillées de très près. Si vos positions jouent contre vous ( c'est-à-dire si les actions

que vous vendez à découvert montent ), votre agent de change peut vous demander de cou-vrir, c'est-à-dire plus d'argent pour couvrir le risque potentiel. C'est ce que l'on appelle un appel de marge et si l'argent n'est pas rapide-ment à disposition, l'agent de change va liqui-der votre position à découvert et/ou vendre d autres actions sur votre compte pour trouver les liquidités nécessaires. Les candidats les plus juteux se regroupent en trois catégories princi-pales :

Sociétés de financement à la consomma-tion. Cette catégorie large comprend les ban-ques, les sociétés de cartes de crédit et les prê-teurs hypothécaires à qui les clients doivent beaucoup d'argent. Comme vous le savez, c'est la pire situation lorsque le dollar baisse.

Dans le secteur financier, il existe deux for-ces en présence qui ne vont pas forcément progresser en même temps ( dans la réalité, il est probable qu'elles ne le feront pas ). Si nous commençons par la plus évidente, c'est le cash flow libellé en dollars que les prêteurs ga-gnent. Il perd de sa valeur lorsque le dollar chute. Ensuite, nous avons les actifs eux-mê-mes, c'est-à-dire les portefeuilles de prêt des banques. Ils deviennent discutables lorsque l'économie s'affaiblit et cela conduit à des ra-diations qui réduisent en suivant le cash flow des banques, en dollars, déjà affaibli.

Ces deux résultats sont interdépendants mais peuvent ne pas se produire en même temps. Par exemple, si les gens se sentent ner-veux à l'idée de posséder des dollars, beaucoup achèteront des produits ou des services, pen-sant qu'il vaut mieux qu'ils dépensent leurs dollars pour bénéficier de leur pouvoir d'achat actuel plutôt que d'attendre de réaliser ce pouvoir d'achat dans le futur. Grâce à cette flambée d'achats, l'économie peut donner l'im-pression d'aller bien pendant un temps, même

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si les problèmes du dollar s'amplifient. Si l'éco-nomie se développe, les gens ne perdront pas leur emploi et ils pourront, pour la plupart, respecter leurs remboursements. Malgré un dollar faible, les défauts de remboursement se-ront modestes et les portefeuilles de prêts se-ront rentables. Pourtant, tandis que les pro-blèmes liés au dollar font ralentir l'économie et que les gens vont commencer à perdre leur emploi, les prêts sur les bilans des banques de-viendront valeur dépréciée. Le résultat de ce double coup dur sera catastrophique pour les bénéfices et les valeurs de marché de la plu-part des compagnies financières11.

Pour les candidats sélectionnés, il est diffi-cile de savoir par où commencer puisque cha-que partie de l'activité du crédit à la consom-mation est si profondément implantée dans l'excès de la bulle du crédit qu'un désastre est presque inévitable. Les principales banques abandonnent les prêts aux entreprises et se tournent vers le prêt à la consommation avec les prêts hypothécaires et les cartes de crédit, ce qui n'est pas exactement ce qu'il convient de faire à ce moment précis du cycle. Les assu-reurs hypothécaires comme Fannie, Freddie et MBIA sont maintenant dépendants, non seu-lement pour leur rentabilité mais aussi leur survie, de faibles taux d'intérêt et de l'em-prunt en continu des consommateurs. Les so-ciétés de cartes de crédit également. Il suffit de dire que toute industrie prête à attribuer des prêts à 0% à pratiquement n'importe qui peut être considérée comme morte.

Les promoteurs et constructeurs. Ce secteur était habituellement régional. Il s'agissait d'une région donnée servie par une poignée d'entrepreneurs locaux qui empruntaient aux banques locales et construisaient des maisons

11 Note JDL: c'est exactement ce qui s'est passé en 2008, en pire. Depuis, la situation des banques s'est détériorée chaque jour un peu plus.

pour les locaux. Mais dans le boom de l'immo-bilier des années 90, les plus grands construc-teurs étaient nationaux ; ils élargissaient leurs marchés autour des États-Unis et exploitaient les marchés mondiaux du crédit pour des tonds effectivement illimités. En 2003, les analystes les plus naïfs de Wall Street disaient que ces entreprises avaient surpassé le vieux cycle traditionnel de l'immobilier, une expan-sion suivie par une période de crise, et qu'elles allaient poursuivre leur développement régu-lier. C'est complètement absurde. Tout ce que la nationalisation du financement du loge-ment a fait, c'est garantir que le prochain ra-lentissement de l'immobilier sera plus grand encore que tout ce qui s'est passé depuis les années 30. Les constructeurs, encensés début 2004 comme si le prochain choc de l'immobi-lier n'allait jamais se produire, étaient aussi près d'être convaincus qu'un vendeur à décou-vert.

Les importateurs. Si la meilleure configura-tion ( lors de l'effondrement du dollar ) corres-pond à celle d'une entreprise qui fabrique les choses ici et les vend ailleurs, alors le reflet op-posé serait un candidat à jouer à la baisse. Les fabricants japonais comme Sony et Toyota, par exemple, sont des grandes entreprises mais elles dépendent beaucoup des consom-mateurs américains pouvant s'offrir des voitu-res et des télévisions à haute définition. Les re-vendeurs américains, qui ont grossi en utili-sant des dollars surévalués pour acheter des produits étrangers bon marché, sont aussi ap-pelés à souffrir. Dans cette catégorie, on trou-verait des chaînes électroniques comme Best Buy et Circuit City ( note JDL : CC a fait 'aillite fin 2008 ) qui vendent surtout des pro-duits fabriqués à l'étranger ainsi que, croyez-le )u non, la chaîne Wal-Mart qui a construit un empire sur des produits chinois pas chers. Ces entreprises ne sont pas tout à fait à l'image des

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banques et des constructeurs de maisons, ma;5 elles vont sans aucun doute connaître une compression des marges dans le cas d'un ef-fondrement du dollar.

SHORT-SALE CANDIDATES

Price Market Cac Company Symbol Business 11/23/07 Yield % (Sbillions

Abercrombie & Fîtch AN F Retailer 76.95 0.70 6.7 American Express AXP Crédit card issuer 55.63 0.72 65.0 Bank of America BAC Money center bank 43.15 2.56 191.0 Capital One Financial COF Crédit card issuer .52.00 0.11 21.S Carnival Corp. CCL Cruise line 42.73 NA 354 Citigroup c Money center bank 31.70 2.16 157.9 Fannie Mae FNM Mortgage insurer 32.20 2.00 1 1 3 1 Goldman Sachs GS Investment bank 216.48 1.40 86.1 1 ).P. Morgan Chase JPM Money center bank 41.95 1.52 140.9 Lehman Brothers LEH Investment bank 60.86 0.60 32J Merrill Lynch MER Brokerage house 53.54 1 40 «5 8 Mohawk Industries MHK Floor coverings 79.00 NA U Wachovia W8 Superregional bank 41.05 2.56 78.0 Wells Fargo WFC Superregtonal bank 30.84 1.24 103.5 Whirlpool WHR Appliance maker 77.90 1.72 6.0

LES CANDIDATS POUR DES VENTES A DÉCOUVERT re-vendeurs, cartes de crédit, banque centrale, cartes de crédit, cr:-siére, banque centrale, assureur hypothécaire, banque d'investisse-ment, banque centrale, banque d'investissement, maisons de co_-tage, revêtement de sols, banque régionale, banque régionale, fatv cant d'appareils électroménagers.

Comme vous pouvez le constater, le mar-ché financier américain est un environnement riche en cibles pour un vendeur à découvert Pour vous aider à démarrer, voici quinze pos-sibilités sorties d'une liste de sociétés datan: de la fin 2007 qui ont été court-circuitées par le fonds Prudent Bear : le directeur David Tice a bien compris l'impact d'un dollar er baisse.

La dette du dollar est ( peut-être ) un bon pari. Au niveau comptable, l'analyse est un peu plus compliquée. Une entreprise avec une dette libellée en yen ou en euro est évidem-ment en difficulté puisque la valeur réelle dt ses obligations augmentera lorsque le dollar va baisser. Inversement, une entreprise dont la dette est émise en dollars verra son passif rée diminuer dans les dix ans à venir, ce qui est une bonne chose. Mais tout comme avec un individu, cette amélioration du bilan doit être

mise en balance face au risque que présente la lette. Si des taux d'intérêt plus élevés font baisser plus vite les bénéfices d'exploitation d'une entreprise que ses coûts d'intérêt réels, sa survie s'en trouve menacée. Pour que l'effet de levier soit une bonne stratégie, il doit être accompagné de solides bénéfices dans un sec-teur qui ne soit pas affecté ou bien aidé par un dollar en baisse. Il semble bien que toutes les routes mènent aux mines d'or, non ?

Court-circuit du fonds négocié en bourse. Court-circuiter une action indivi-duelle signifie accepter un niveau de risque qui est en théorie illimité, ce qui n'est pas rien pour un individu avec un capital limité. Par chance, de la même façon que les fonds com-muns de placement traditionnels permettent aux investisseurs de limiter le risque en distri-buant leur capital sur plusieurs actions, une variation sur le fonds commun de placement qui s'appelle : fonds négocié en bourse offre le même bénéfice aux vendeurs à découvert. Un ronds négocié en bourse est un fonds commun de placement qui est conçu pour s'échanger comme une action. Il peut être vendu à dé-couvert de la même façon qu'une action indi-viduelle ( plus facilement en fait parce qu'il n'est pas soumis à la négociation à un cours supérieur ). Au lieu de vendre à découvert, maginons JP Morgan Chase à un niveau indi-viduel et de courir le risque qu'il prospère d une manière ou d'une autre par rapport aux réserves du système bancaire. Vous pouvez mmédiatement étaler vos risques sur le sec-teur tout entier en un seul échange, en ven-dant à découvert un service financier ou un .arge indice de fonds négocié en bourse. Vous trouverez ci-dessous cinq secteurs de fonds qui devraient être des ventes à découvert très ren-tables si le dollar s'effondre.

Les fonds communs de placement en marché baissier. Cette espèce rare de fonds

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communs de placement est conçue pour mon-ter lorsque le marché - ou une partie - baisse. Ils le font de différentes façons, en vendant a découvert des actions choisies par exemple, ou bien en créant des réseaux complets de dérives conçus pour passer inversement à des indices boursiers spécifiques. Du fait que certaines ac-tions réussiront mieux que d'autres en cas d'et-fondrement du dollar, vendre à découvert les indices larges n'est pas la meilleure chose à faire. Concentrez-vous sur les fonds baissiers gérés activement qui sont insuffisants au ni-veau des actions que vous vendriez à décou-vert si vous disposiez de ce capital. Le fonds Prudent Bear, dont nous avons parlé précé-demment, est un bon exemple qui, non seule-ment vend à découvert les actions de secteurs vulnérables comme la construction de maisons et le crédit à la consommation, mais possède aussi une bonne quantité d'or.

ETF Sector Fund Symbol iShares Dow Jones U.S. Real Estate Index Merrill Lynch Régional Bank HOIDR Index NASDAQ Power Shares iShares Dow Jones U.S. Financial Sector Select Sector SPDR Fund—Financial

IYR RKH

QQQQ IYF XIF

Source: NASDAQ

ACTIVELY MANAGED BEAR FUNDS

Fund Load /

Ticker no load Téléphoné Web Comstock Part. Cap. Vat. Comstock Part. Strat. Prudent Bear Leuthold Grizzly Short

DRCVX CPFAX BEARX GRZZX

Load Load No load No load

800-422-3554 800-422-3554 888-778-2327 800-273-6886

www.comstockfunds.cw www.comstockfunds.co»*" www.prudentbear.com www.ieutholdfunds.com

Source: Morningstar, fund Web sites

MARGES ET OPTIONS : OBJECTIFS À ATTEINDRE

Marges. Dans le même temps où vous éla-borez votre portefeuille d'actions dans les mi-nes d'or, vous construisez aussi une garantie. Vous créez un actif sur lequel vous pouvez emprunter pour acheter d'autres actions. Ce genre de dette s'appelle la marge et voici com-

ment cela fonctionne : imaginons que vous achetez des actions de Newmont Mining qui valent 50.000 dollars ce qui utilise tout l'ar-gent de votre compte de courtage. Puis vous achetez 25.000 $ d'actions Goldcorp. Votre agent de change vous prêtera l'argent en utili-sant vos actions Newmont comme garantie, il vous facturera un taux d'intérêt nominal, le taux de marge. Vous contrôlez maintenant 50% supplémentaires d'actions de mines d'or que vous pourriez avoir sans emprunter. Si l'or monte en flèche et que vos actions augmen-tent, vous gagnez plus que si vous aviez été simplement complètement investi. Le tableau ci-dessous illustre le différentiel de potentiel de profit. Notez que dans les deux cas, vous commencez avec le même montant de capital. Le portefeuille de marge fait levier d'une façon plus agressive.

THE IMPACT OF MARGIN ON PORTFOLIO RETURNS

Unmargined Portfolio

Margined Portfolio

Profit Profit Newmont* $50,000 Newmont* $50,000

Goldcorp* $25,000

Total Profit $50,000 Total Profit $75,000»

•1.000 shares bought at $50 per share and sold at $100 •715 shares bought on margin at $35 and sold at $70 Exduding interest and transaction costs

La marge, comme tout autre effet de levier, apporte la notion du temps dans l'équation dans le sens où un pari majoré doit être exact, ion seulement là où se termine l'action, mais aussi comment elle se comporte. Si l'or baisse en 2008 et augmente en 2009, un investisseur qui achète et garde sera parfait. Mais un compte sur marge présente un problème po-tentiel parce que la taille de ses pertes en 2008 sera accentuée par l'effet de levier. Si la valeur de votre compte sur marge diminue au-delà d'un certain point, votre agent de change vous demandera plus d'argent -l 'appel de

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marge - et, comme dans le cas d'une vente à découvert, si vous n'anticipez pas, il liquidera les actions sur votre compte au prix courant. Votre perte deviendra réelle et vous perdre: aussi l'occasion de bénéficier du marché haus-sier de l'or qui en découlera. La marge est ur. outil très dangereux, donc, avant de l'utiliser voici quelques règles incontournables à respec-ter.

Ne mettez en jeu que le montant que vous pouvez vous permettre de perdre. Ne prenez qu'une petite partie de votre capital en marge de garantie et observez attentivement ce qu. se passe. Déterminez la perte maximum qur vous pouvez vous autoriser et soyez prêt ^ faire marche arrière si vous atteignez cette li-mite. La dernière chose dont vous aurez envie, c'est de vous retrouver sur la touche à cause des appels de marge lorsque le train de l'or se met en route.

THE IMPACT OF MARGIN ON PORTFOLIO RETURNS

Unmargined Portfolio

Margined Portfolio

Profit Profit Newmont* $50,000 Newmont* $50,000

Goldcorp' $25,000

Total Profit $50,000 Total Profit $75,000»

*1.000 shares bought at $50 per share and sold at $100 '715 shares bought on margin at $35 and sold at $70 'Exduding jnterest and transaction costs

L'IMPACT DE LA MARGE SUR LES RENDEMENTS DU PORTE-FEUILLE... Portefeuille hors marge Portefeuille de marge - 1.000 ac-tions achetées à 50 $ par action et vendues à 100 $ - 715 actions achetées en marge à 35 $ et vendues à 70 $ - excluant les coûts d'intérêt et de transaction

Options. Une option, c'est un contrat qui donne à son propriétaire le droit, mais pas l'obligation, d'acheter ou de vendre un nom-bre spécifique d'actions à un prix prédétermi-né pendant un certain laps de temps. Les op-tions d'achat permettent au titulaire d'acheter ( c'est-à-dire renoncer ) des actions et accor-dent le droit de vendre ( ou bien de mettre les

-jtions sur le compte d'une autre personne ). Ce sont des dérivés dans le sens où leur valeur est dérivée de celle d'un titre sous-jacent, plus requemment l'action d'une compagnie cotée

en bourse ( même si les options existent pour : on nombre d'autres choses ). Les contrats de srock-options contrôlent 100 actions de l'ac-tion sous-jacente, donc un prix coté ( ou pri-me ) de disons 2 $ implique un coût de 200 $ pour un contrat donné. Du fait que vous ne rayez que pour avoir le droit de tirer profit a un changement dans le prix de l'action, vous payez beaucoup moins que si vous achetiez la totalité des 100 actions. Pourtant, si vous avez vu juste, vous gagnez presque autant que si vous possédiez les actions.

Les options sur actions à long terme. Les : ptions traditionnelles présentent un inconvé-nient énorme : elles sont de courte durée. La plupart courent sur 9 mois, ou moins, alors à moins que vous ayez raison sur la direction et .e calendrier, cet appel que vous avez acheté avec de tels espoirs va arriver à terme sans au-cune valeur et vous aurez perdu tout l'argent que vous avez investi. Pour répondre à cela, les bourses d'options ont construit une meilleure souricière : les options sur actions à -ong terme. Ce sont des options dont la durée de vie va jusqu'à deux ans et demi, vous pou-vez vous permettre de rester flou sur le < quand » mais elles restent rentables depuis .'explosion de l'or ( en 2009 ). Vous payez un peu plus pour le temps supplémentaire mais vous obtenez un impact plus intéressant pour .e dollar spéculatif qu'avec la marge tout en li-mitant votre risque au prix d'option d'achat.

Si nous prenons l'exemple de Newmont, dont les options sur actions à long terme sont activement échangées, regardez le tableau. Les appels sur les options à long terme sont pâ-mes sur Yahoo Finance le 23 novembre 2007. Elles expirent le 20 janvier 2010, donnant à

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leurs titulaires un peu plus de deux ans. La co-lonne de la position ouverte indique le nom-bre de contrats qui ont été achetés et qui res-tent en cours. Notez que certaines ont très peu de positions ouvertes tandis que d'autres à l'inverse en ont beaucoup, elles indiquent cel-les qui sont les plus intéressantes.

Du fait que les détenteurs des options ont acheté plus de 50 que tout autre, prenons-les en exemple. La prime sur cet appel est de 13,90 $, ou 1.390 $, pour un contrat qui con-trôle 100 actions. Un prix d'exercice de 50 S signifie que l'action doit augmenter au-delà pour que l'option soit rentable. Ajouté à la prime de 13,90 $ ainsi qu'une commission modeste, et le détenteur de cette option aurait besoin de 65 $ sur l'action Newmont pour rompre. Avec l'action à 50 $ le jour en ques-tion, cela nécessite une augmentation de 30%. Quelles chances avons-nous ? Nous pouvons dire qu'elles se présentent plutôt bien mais vous devrez vraiment bien réfléchir avant de choisir cette stratégie.

Le tableau montre comment cet appel d'option sur actions à long terme va fonction-ner. Deux scénarios sont possibles : soit Newmont ne bouge pas pendant les deux an-nées à venir, soit l'action monte à 100 $. Parce l'option est un actif gaspillé qui perd de sa va-leur au fil du temps et qui finit par ne plus rien valoir, notez que dans le premier scénario le joueur perd 1.390 $ ou 100% de son inves-tissement tandis que l'actionnaire équilibre son budget ( il gagne même un peu si Newmont verse des dividendes ). Dans le scé-nario optimiste, l'action monte, donnant à l'actionnaire un peu plus de 100%. Mais le dé-tenteur d'options sur actions à long terme fait juste un peu mieux, il équilibre son budget à 65 $ et accumule un bénéfice de 3.610 $ ou un gain de 350%. Il ne risque que 1.390 $ contre 5.000 $ pour l'actionnaire. Vous voyez

maintenant comment fonctionne l'effet de le-vier et quelles options les joueurs ont des chances de gagner si l'or se comporte comme nous le pensons dans les quelques années qui viennent.

LEAPS CALL OPTIONS, NEWMONT MININC

Expiration date January 20, 2010

Strike Symbol Last Bid Ask Open Interes: 20.00 WIEAD.X TTio 30.00 WIEAF.X 23.70 40.00 WIEAH.X 16.90 SO.OO WI£A).X 13.50 60.00 WIEAL.X 9.60

Ali prices as of Nowmber 23, 2007 Souirt: NASDAQ

OPTIONS SUR ACTIONS A LONG TERME sur Newmont date d'expiration 20 janvier 2010. Prix d'exercice - Symbole - Dernier cours - Acheteur - Demande - Position ouverte

La volatilité se propage. Disons maintenant que vous ne doutez pas que le marché de l'or va bouger sur les années qui viennent mais vous n'êtes pas certain, au moins au début, si ses notions de base vont l'envoyer plus haut ou si la manipulation de la banque centrale va l'obliger à baisser. Les options vous permet-tent de jouer gagnant des deux côtés. Achetez simplement une option d'achat et une option de vente sur une importante réserve d'or de façon à pouvoir bénéficier d'un gros mouve-ment dans l'une ou l'autre des deux directions et à ne perdre que si la réserve en reste là. Avec ce type de volatilité qui se propage, vous devez réfléchir plus vite et penser volatilité comme étant ce que vous achetez et vendez plutôt qu'en terme de quantité x ou y. Votre seuil de rentabilité est le coût combiné de ces deux options, et une fois que l'une des options va suffisamment loin pour compenser les deux primes, tout ce qui va au-delà s'appelle béné-fice.

Il est également possible de commencer avec une volatilité directement diffusée et de

31.90 33.50 25 24.10 25.70 130 17.90 19.00 333 13.10 13.90 493 9.20 10.00 253

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l'ajuster ensuite aux circonstances en ajoutan: des options d'un côté ou de l'autre produisant ainsi une mise partiellement couverte sur un scénario donné. Si vous commencez avec une option d'achat et une option de vente et que vous suspectez que les notions de base son: sur le point de réussir par rapport aux ban-ques centrales, et que l'or est donc sur le poir.: de monter, vous pouvez ajouter une ou deux autres options. Votre potentiel de hausse va se trouver amplifié. Si vous vous trompez et que l'or baisse, l'option de vente qui reste compen-sera partiellement la valeur en baisse de vc-> options.

Ce bref panorama ne fait qu'effleurer la question des options de stratégie possible Une fois que vous creusez, vous trouverez de; moyens de générer des revenus à partir d'u-stock à rotation lente ( option d'écriture cou-verte ) et de verrouiller les bénéfices sans ven-dre ( tunnels ) entre autres, dont certains de-viendront accessibles à mesure que la crise c_ dollar s'étend. Mais aucun n'est aussi simple qu'il n'y paraît.

rhistiquée. Le centre d'appels du Council, plique le président Paul Stevens, est tenu

par des gens compétents « qui sont disponibles i ^ jouer le rôle d expert ». Mais votre agent de

ange offre certainement de conseils tout i~<si bons.

Scénario One: The stock just sits there

Scénario Two: The stoo runs from $50 to $100

Profit S % gain (loss) Profit $ Stockholder* 0 0 $5,000 Callholder' ($1,390) (100) $3,610

*$100 shares purehased at $50. Total funds nsked: $5.000. •One ]an. 20. 2010. $50IEAP5 call, purthased for $1,390.

96gain 100 350

Du fait que les options présentent une va-riété de prix d'exercice qui ont chacun leur propre valeur temps et leur prime, leur intére" relatif change constamment et cela nécessite beaucoup de maturité pour tirer le meilleu: du pire. Avant de vous hasarder au-delà des ventes simples et des options, profitez ce quelques unes des options de ressources q_ sont disponibles. The Options Industry Coun-cil propose un CD gratuit disponible sur sim-ple appel ( 888-options ) qui vous propose dif-férentes stratégies, de la plus simple à la plus

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~ 19 ~ L'or du XXIe siècle

Les stratégies que nous avons esquissées asqu'à présent vont sans doute générer de

meilleures performances que les actions, les bligations et l'immobilier dans les dix ans qui lennent. Mais aucune n'est parfaite. Les piè-

ces de collection et les petits lingots peuvent etre chers avec des marges et des frais liés à . assurance et au stockage qui peuvent aller asqu'à 10% de la valeur du contenu en or.

Les pièces rares coûtent beaucoup plus cher eue leur composant en métal et, comme les lingots d'or ou d'argent, peuvent se révéler peu pratiques et chers à entreposer.

De leur côté, les actions de mines d'or sont en partie dépendantes de facteurs qui n'ont rien à voir avec l'or comme la sagacité des diri-geants d'entreprises et_la stabilité politique des pays où se trouvent les mines. Les tradi-tionnels fonds communs de placement de mé-taux précieux qui sont gérés activement peu-vent être achetés seulement après la fermeture du marché. Ils présentent généralement des ratios de frais très élevés et ne sont pas adap-tés à la négociation.

Les actions et les lingots sont vulnérables aux tentatives d'un gouvernement paniqué qui chercherait à confisquer et à nationaliser ou à opérer toutes sortes de restrictions sur les négociations ou les liquidités.

Vous avez raison de penser qu'aujourd'hui, le monde des métaux précieux devrait trouver de meilleurs moyens pour posséder de l'or. Et

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vous avez raison. Plusieurs produits à base d'or qui semblent prometteurs existent déjà ou bien feront leur apparition très bientôt. Voici où nous en sommes :

L'or numérique. Le cours de l'or en hausse ne va pas en lui-même faire du métal une uni-té monétaire viable. Sans se soucier de U quantité de dollars que coûte un gramme, la masse d'or continue de souffrir des imperfec-tions qui ont conduit à la création de la mon-naie papier dans un premier temps : une po-che pleine d'or est volumineuse, lourde et bruyante, et une pièce d'or continue de s'user en passant de main en main, une forme sub-tile mais pernicieuse de dévalorisation.

Mais ces problèmes sont sur le point d'être résolus grâce, que vous le croyiez ou non, à In-ternet. Maintenant que les systèmes électroni-ques de paiement ont réduit le concept d'ar-gent à son essence, qui est l'information, la plupart des transferts de fonds sont simple-ment des débits et des crédits électroniques e: la plupart de nos rentrées et de nos dépenses se font maintenant par l'intermédiaire de car-tes de crédit, sur des comptes courants en li-gne et ( bientôt ) par téléphones portables Nous ne touchons presque plus notre argent et sa forme actuelle, qu'il s'agisse de papier, de métal ou de virtuel n'a plus d'importance.

En ce qui concerne l'or, la numérisation de l'argent conduit à une conclusion qui est à la fois profonde et tout à fait logique : si l'argen: est un moyen de communication et qu'Inter-net est le moyen de communication le plus puissant du monde, alors Internet peut per-mettre à l'or de circuler en tant que monnaie faisant encore une fois de l'or la langue com-mune mondiale pour le calcul économique Convertissez l'or en bits en d'autres termes e: vous avez gardé tous ses points forts en tan: que monnaie, tout en éliminant ses faiblesse;

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tant que devise. Au niveau conceptuel, tor numérique fonctionne de la façon suivante :

us transférez des dollars, des euros ou ce que us voulez vers une entreprise ( gestionnaire

de devises ) qui a déposé des lingots d'or dans run coffre-fort très sécurisé. Le gestionnaire de devises crédite votre compte avec le poids re-c-iis en or et vous effectuez des paiements de-rais ce compte par le biais de votre ordina-:rur. L'or - sans même quitter le coffre - est rebité de votre compte et crédité sur celui du renéficiaire.

La monnaie numérique en or de premier r.an est le goldmoney.com de James Turk. Du fait que James est le fondateur de Gold-Money, nous nous trouvons en face d'un évi-dent conflit d'intérêt en en parlant. Donc tout en espérant qu'une forme d'or numérique j liera un rôle important, voire de premier r.an, dans le système monétaire de demain, nous utilisons GoldMoney dans les paragra-r.nes qui suivent comme un exemple pour il-_strer le fonctionnement de l'or numérique.

N ous ne le recommandons pas pour un achat.

Un compte en grammes d'or chez GoldMo-ney fonctionne comme un compte courant or-: naire, le titulaire du compte possède de l'or, stocké dans un coffre ultra sûr à Londres. Au eu des dollars, l'unité du compte, comme son

nom l'implique, est le gramme d'or, soit envi-ron 3,2% d'une once d'or. Le rôle du penny est tenu par le mil égal à un millième d'un çramme d'or. Les titulaires du compte dépen-ent leur argent ( notez bien que nous pou-vons appeler cette devise argent parce qu'à la différence du dollar, c'est un actif physique ) en allant en ligne, il suffit de spécifier un bé-néficiaire et un montant et d'appuyer sur En-ur. Il faut compter 1% de frais par transaction usqu'à un maximum de 100 mils ( soit envi-

ron 2,60 $ à 800 $ par once ) à chaque fois rue vous effectuez un paiement. Il faut égale-

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ment ajouter des frais mensuels de tenue de compte de 100 mils, similaires à ceux que vous compte votre banque pour gérer votre compte courant.

L'or numérique permet à ses titulaires de conserver une partie de leur « liquidités » en or plutôt qu'en dollars, cela évite la perte du pouvoir d'achat du dollar tout en continuant de leur permettre d'effectuer des achats. Au moment où nous écrivons, soit fin 2007, des douzaines de vendeurs dans le monde des mé-taux précieux, y compris la plupart des news-letters que vous trouverez à la fin de ce livre, acceptent l'or numérique. Avec une marge bé-néficiaire de 2 à 3% au-dessus du prix de l'or au comptant, les grammes d'or sont beaucoup moins chers à acheter que toute autre forme de réserves d'or.

Là encore, nous ne vous suggérons pas de sortir en courant pour aller convertir toutes vos liquidités en or numérique. Le concept est tellement nouveau d'abord, que les consé-quences fiscales ne sont pas connues au mo-ment où nous rédigeons ce livre. Mais nous vous recommandons de garder l'œil ouvert sur ce secteur parce que, lorsqu'il est correctement géré, ces devises répondent au moins à deux problèmes auxquels sont confrontés aujour-d'hui les détenteurs d'or : comment posséder de l'or bien réel et comment garder des liqui-dités sans s'exposer aux dollars qui se dévalori-sent.

En tant que moyen d'échange viable et de réserve de valeur, l'or numérique offre quelque chose que personne n'a vu depuis les années 30, une monnaie d'or qui fonctionne. Son aug-mentation pourrait avoir un impact profond sur le marché de l'or en chahutant l'équation traditionnelle de l'offre et de la demande de la monnaie. En effet, si la Fed crée plus de dol-lars, la valeur de chaque dollar pris individuel-

lement tend à baisser. Mais lorsque quelqu'un ouvre un compte d'or numérique, le gestion-naire de devises achète de l'or et le garde. Cette demande en augmentation met la pres-sion sur le taux de change de l'or. Donc, plus il y a dor numérique, plus sa valeur augmente.

Supposons maintenant que l'or continue à augmenter comme nous l'avons prévu, chaque unité d'or numérique va prendre de la valeur et la monnaie elle-même va devenir une ré-serve de valeur beaucoup plus intéressante que les dollars. En voyant cela, de plus en plus de personnes peuvent commencer à changer de 1 argent en or numérique. La demande en or peut ainsi augmenter et pousser en avant son taux de change, etc. Schéma rétroactif positif qui verra l'or atteindre des sommets.

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~ 2 0 ~

Quel volume d'or devriez-vous posséder?

Parlez de métaux précieux à n'importe quel spécialiste financier et vous aurez droit à la ré-ponse traditionnelle : « Mettez tout ce que vous pouvez en actions, obligations et liquidités et pas plus de 10% dans lor pour vous couvrir dans léventualité hautement improbable dune instabilité financière ». Mais comme vous l'avez sans doute compris, nous considérons cette straté-gie traditionnelle d'allocation d'actifs large-ment spéculative puisque les liquidités, les obligations et de nombreuses actions courent un grand risque en cas de crise du dollar. Vous feriez mieux de mettre pas seulement « un peu », mais l'ensemble de vos liquidités dans de l'or physique et de placer une partie du reste de votre capital dans des investissements liés à l'or. Combien ? Là encore, cela dépend de vos besoins, de votre caractère et de vos ob-jectifs mais la logique est essentiellement le reflet de l'approche traditionnelle : plus vous êtes conservateur, plus vous devriez posséder d'or. Si nous le formulons d'une autre façon, lorsque le dollar chute, l'actif qui a le plus de chance de conserver ( c'est-à-dire de préser-ver ) sa valeur, c'est l'or.

Si votre objectif est de préserver votre capi-tal, alors vous devriez posséder de l'or en liqui-dités avec des investissements dans les actions des majors qui ne sont pas couverts et/ou des fonds communs de placement qui les détien-nent. Les investisseurs plus agressifs peuvent avoir des titres miniers avec un effet de levier plus grand ainsi que de l'argent, des fonds

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La menace de la confiscation

obligataires étrangers et des fonds communs de placement spécialisés en ressources améri-caines et en entreprises manufacturières. Les plus audacieux devraient se concentrer sur des mineurs plus petits, les actions de fabricants américains, les dérivés à base d'or et les posi-tions à court terme dans les valeurs financiè-res. Conservez suffisamment de liquidités en dollars ou euros pour payer vos factures quoti-diennes puisque leur valeur vont baisser, sinon disparaître. Evitez les obligations américaines et tout ce qui suppose un flux de paiement li-bellé en dollars. Et tenez-vous loin des pro-chaines zones troubles comme les actions des sociétés de financement à la consommation. Peu importe qu'elles donnent l'impression d'être traditionnelles, dans les dix ans à venir elles seront tout sauf cela. Voici quelques sug-gestions pour transformer ces principes en portefeuille :

MODEL PORTFOLIOS

Conservât! ve % of total o p t a i Dollar cash Gold bullion <0 Precious-metals mutual fonds and unhedged gold-mining companies 30

Foreign bond funds 25

Moderato * of total capital Dollar cash 5 Gold bullion 20 Siiver bullion 10 Shares of unhedged majors and high-quality mid-tiers 35 Foreign bond funds 15 No-load funds specializing in U.S.-based resource/

manuficturing companies 15

Aggressive % of total capital Dollar cash 2 Gold and siiver bullion 18 Unhedged gold-mining majors 20 Shares of emerging mid-tiers, juniors, and property piays 35 Short positions in U.S. consumer finance companies 20 Long.term call options on mining shares S

CONSERVATEUR % du capital total - Liquidités en dollars - Lin-gots d'or - Fonds communs de placement en métaux précieux et mi-nes d'or non couvertes - Fonds obligataires étrangers - MO-DERE Liquidités en dollars - Lingots d'or - Lingots d'argent - Actions de majors non couverts et niveaux moyens de haute qualité - Fonds obligataires étrangers - Fonds sans frais spécialisés dans les res-sources américaines/fabricants - OFFENSIF - Liquidités en dollars -Lingots d'or et d'argent - Mines d'or de majors sans couverture - Ac-tions de niveaux moyens émergents, juniors et jeux de propriété -Positions à court terme dans les sociétés américaines de crédit à la consommation - Options d'achat à long terme sur les actions miniè-res.

Aujourd'hui, nous savons un certain nom-bre de choses à propos des gouvernements. Ils font tout ce qu'ils peuvent pour continuer à se développer, ils détruisent finalement leurs monnaies, et, lorsque la crise arrive, ils réagis-sent en confisquant les richesses de leurs con-citoyens. Alors que nous nous dirigeons vers une autre débâcle de la monnaie, la question que nous devrions nous poser tous est de sa-voir comment va réagir Washington ? Est-ce qu'ils vont geler les prix comme l'a fait Nixon ? Confisquer l'or comme Roosevelt ? Nous empêcher de déplacer nos épargnes sur des marchés étrangers plus sûrs et d'acheter des monnaies étrangères ? Ou bien trouver quelques nouveaux moyens ingénieux d'expro-priation, adaptés au monde financier moder-ne ?

Il n'y a pas de réponse à ce jour, évidem-ment, parce que deux crises financières ne sont pas exactement semblables et de toute façon, cela dépend beaucoup des caractères des personnes aux commandes lorsque le dol-lar va chuter. Mais on peut se livrer à une cer-taine spéculation et présenter quelques direc-tives générales. Regardons de nouveau l'ordre exécutif de Roosevelt dans lequel il déclarait le 5 avril 1933 que « toute personne doit déposer le Ier mai 1933, ou avant cette date, toute pièce dor, lingot dor et certificats d or quelle détient auprès de la banque fédérale ou auprès dune succursale ou dune agence ou bien à tout membre du système fédé-ral de réserve ».

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L'histoire raconte aujourd'hui que nos grands-parents « respectueux des lois » ont spon-tanément fait la queue pour apporter leur or Mais la véritable histoire est plus intéressante Le tableau suivant, basé sur des informations obtenues par Anna Schwartz et Milton Fried-man et dans leur livre A Monetary History oftk•. United States 1867 - i960, indique que:

1 ) La quantité totale d'or monétaire ( c'est-à-dire lingots/pièces dans les coffres des banques et pièces d'or en circulation ) aux États-Unis déclinait avant que Roose-velt n'annonce la confiscation du 5 avril. Le montant de l'or détenu par les banques, la Fed et le Trésor américain était tombé à 5,5% tandis que les pièces d'or en circula-tion étaient tombées à un stupéfiant 35,5% au cours des 3 mois qui précédèrent l'annonce. Pourquoi ce déclin ? Parce que la confiscation avait été largement antici-pée et quelques personnes choisirent de mettre leur or en lieu sûr, juste au cas où les rumeurs s'avèrent réelles.

2 ) Après l'annonce de la confiscation, seuls 3,9 millions d'onces en pièces d'or -approximativement 21,9% des pièces en circulation - furent rendus. Le gouverne-ment supposa, selon Friedman et Schwartz. que les pièces restantes étaient « perdues, détruites ou exportées sans avoir été enregistrées, ou... déplacées dans des collections ». Après avoir analysé chaque possibilité, Friedman et Schwartz ont conclu « qu'en janvier 1934, lensemble ( des pièces restantes ) était re-tenu illégalement par des personnes privées ».

Si l'objectif de la confiscation était d'élimi-ner la propriété privée d'or, cela a clairement échoué. Si l'objectif a été de restaurer la con-fiance dans le système monétaire américain en augmentant le montant d'or venant en sou-tien du dollar, le tableau qui suit implique

qu'en dévaluant simplement le dollar, cela au-rait fait l'affaire. Regardez comment la valeur jollar du stock d'or américain a augmenté

rsque le dollar était redéfini à 1/35 d'une nce d'or. En d'autres termes, une étape de di-ision comme la confiscation semble, rétro-

spectivement, complètement inutile.

MONETARY COLD IN THE UNITED STATES

Circulating Gold Coin (million oz.)

Gold Stock (million oz.) S/oz.

S Value of Gold Stock (millions)

>c'32 Uar'33 •Ml'34

27.6 17.8 13.9

204.5 193.3 195.1

$20.67 $20.67 $35.00

$4,226 $3,995 $6,829

.'or monétaire aux US - Circulation des pièces d'or - Stock d'or : : lars/onces - Valeur du stock d'or ( en millions de dollars )

Ce point est tellement essentiel qu'il néces-site un examen plus attentif. En 1933, il fal-lait 20,67 $ pour une once d'or. La confisca-tion n'a fait qu'augmenter légèrement le stock total d'or, passant de 193,3 millions d'onces à 195,1. Après la dévaluation, il fallait 35 $, ou 69,3% de plus pour échanger une once d'or et le total du stock d'or américain valait 6.829 millions de dollars, par rapport à sa prédéva-luation de 3.995 millions de dollars. En assu-mant le fait que ces 6.829 millions de dollars rournissaient le montant exact d'appui d'or né-cessaire pour rétablir la confiance dans le dol-lar, dévaluer simplement le dollar de 70.9% au lieu de 69.3% aurait fait la somme origi-nale de 193-3 millions d'onces valoir 6.829 millions.

Même s'ils sont un peu fastidieux, ces cal-culs amènent une question qui est tout sauf fastidieuse : si la confiscation était inutile, pourquoi Roosevelt Fa-t-il fait ? Il avait à l'évi-dence un objectif qui n'avait rien à voir avec la valeur immédiate du dollar. Mais quel était-il ? Une possibilité a été examinée dans un es-sai de 1966 intitulé : Gold and Economie Free-dom, écrit par Alan Greenspan :

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L'abandon de t étalon-or a rendu possible pour les étatistes du bien-être d utiliser le sys-tème bancaire comme un moyen d expansion illi-mitée du crédit... La politique financière de lÉtat providence exige qu'il ri y ait aucun moyen pour les détenteurs de richesses de se pro-téger eux-mêmes. C'est le secret minable des tira-des des étatistes du bien-être contre îor. Le défi-cit budgétaire est simplement un plan qui sert à confisquer la richesse. L'or reste sur le chemin de ce processus insidieux. Il est là comme protecteur des droits de la propriété. Si Ion comprend ça, impossible alors de ne pas comprendre tantago-nisme des étatistes vis-à-vis de t étalon-or.

Laissons de côté l'ironie de ces mots qui viennent de l'homme qui, pendant 10 ans, a présidé l'expansion débridée du crédit dont il accusait autrefois les étatistes. L'analyse de Greenspan conduit à une conclusion très dé-rangeante : si l'impératif de l'Etat est de s'enri-chir, quel que soit le prix à payer pour ses ci-toyens, alors dans la crise qui arrive, l'or est certainement une fois encore en péril.

Aujourd'hui, la plupart des Américains pos-sèdent des comptes à impôts différés, vastes montants de richesse privée qui, sous la loi ac-tuelle, sont hors impôts. Alors pour arrêter toutes les transactions avec l'or qui, comme Roosevelt l'a découvert en 1933, est facile à cacher et difficile à confisquer ? Pourquoi ne pas saisir par exemple les plans de retraite et autres fonds, et les remplacer par des dettes du gouvernement ?

L'histoire montre aussi que les gouverne-ments en crise ont tendance à nationaliser les industries qui sont la source de la richesse de leurs pays et/ou de son instabilité. Lors de l'ef-fondrement du dollar, ce serait le cas des mi-nes d'or, des producteurs de pétrole et autres exploitants de ressources. On peut donc ima-giner que, dans la crise qui arrive, les actifs des

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mines basées aux États-Unis seront saisis et leurs actionnaires payés avec ces mêmes dettes gouvernementales.

Comment vous protégez-vous de cette sorte de conversion forcée dans une monnaie que vous ne voulez vraiment pas avoir ? Un seul mot, diversifiez. Partagez vos actifs dans plusieurs pays, sous différentes formes. Ayez de l'or et mettez-le hors de portée du gouver-nement. Achetez les actions de titres miniers et placez les réserves dans des endroits relati-vement sûrs dans le monde. Convertissez un peu de liquidités en or numérique, conservé dans un coffre en dehors des États-Unis. Ou-vrez des comptes bancaires et des comptes de courtage canadiens, suisses, allemands ou ja-ponais. Et soyez très prudent à propos de la quantité de votre richesse qui peut être facile-ment gelée dans des comptes comme les comptes retraite et retraites privées complé-mentaires.

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~ Epilogue ~

Le standard or de demain

L'or continue dêtre lultime moyen de paiement dans le monde.

Alan Greenspan, commission bancaire américaine, 1999

Note pour l'édition poche américaine : dans la première version de cet épilogue, datée de 2004, nous esquissions deux chronologies possibles pour l'effondrement du dollar et la transition vers un système monétaire plus rai-sonnable. Pour cette édition mise à jour rédi-gée en 2007, nous avons d'abord pensé ré-écrire ces scénarios pour refléter le fait que la crise du dollar se déroule plus lentement que ce que nous avions prévu en 2004. Mais les dates étaient l'unique chose que nous ne vou-lions pas changer. Les deux scénarios sont sur la bonne voie et chacun reste plausible à très court terme. Alors au lieu de tout réécrire, nous avons décidé de ne pas toucher à cet épi-logue, dans l'intérêt de son exactitude histori-que.

L'étalon-or de demain : dans ce livre, nous avons abordé deux questions d'impor-tance immédiate : pourquoi le dollar va-t-il s'effondrer et comment l'or peut-il à la fois vous protéger et vous permettre de profiter de la crise monétaire à venir ? Nous avons délibé-rément évité de spéculer sur ce qui va se pas-ser ensuite, d'une part parce que c'est incer-

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tain et, d'autre part, parce que le propos né-cessite un livre à lui tout seul, que nous espé-rons pouvoir écrire une fois que les événe-ments auront commencé à se produire.

Mais il est difficile de ne pas se demander de quoi aura l'air le monde lorsque la sagesse conventionnelle d'aujourd'hui ne sera plus de mise. Il est difficile aussi de ne pas s'inquiéter. Au niveau historique, les effondrements de la monnaie ont conduit à des changements épouvantables dans les systèmes politiques et économiques ( prenons l'exemple de Rome qui a été détruite par les Wisigoths ou celui de la montée en puissance de Napoléon en France ).

Du fait que la pagaille est aujourd'hui plus importante, à la fois au niveau de la taille et de la portée, par rapport à ce que ce que nous avons connu auparavant, la souffrance pour-rait être pire.

Le monde industrialisé a-t-il copié sur la Rome Impériale ou bien l'Humanité peut-elle trouver un moyen de faire de la citronnade avec les citrons financiers de cette décennie ? Lorsque le dollar implose, et en suivant, le yen et l'euro, et que le concept tout entier de monnaie fiduciaire est discrédité, comment l'argent va-t-il intervenir pour combler le vi-de ? Les gouvernements pourront-ils remettre en service leurs devises dans un nouveau sys-tème monétaire ou bien reviendrons-nous à l'étalon-or, en supposant que c'est faisable ?

Évidemment, aujourd'hui personne ne con-naît les réponses à ces questions. Mais nous sommes prêts à livrer quelques réflexions sur ce qui devrait se passer. Nous encourageons un retour à une norme objective de la valeur, in-dépendante de toute ingérence gouvernemen-tale, comme étant la seule façon logique de ré-soudre la pagaille qui s'annonce.

Il s'agit aussi d'un impératif moral parce que la monnaie saine est, après tout, une question aussi bien éthique qu'économique. Notre monnaie, c'est la promesse que nous nous faisons à nous-mêmes, à nos enfants et à nos partenaires commerciaux que notre monde est, et sera juste, que la valeur que nous recevons aujourd'hui sera remboursée à valeur égale dans le futur. Dans toute l'his-toire de l'Humanité, seul l'or a été capable de tenir cette promesse.

Vous pouvez soutenir que, dans un certain sens, nous n'avons jamais réellement abandon-né l'étalon-or. Même si les nations ont, il y a longtemps, rompu le contrat qui liait leurs monnaies à l'or, celui-ci est resté la mesure mondiale, l'étalon par rapport auquel tout le reste se mesure. Souvenez-vous du graphique qui représente le prix du pétrole en or ; il de-vient évident que l'or a continué de fonction-ner de cette façon, sans la sanction ou la coo-pération - parfois avec l'hostilité - des ban-ques centrales mondiales.

Bien que vous ne puissiez pas rembourser des dollars avec de l'or au Trésor américain, vous pouvez échanger des dollars contre de l'or dans les échanges mondiaux, 24h sur 24. Le comportement des banques centrales mon-diales implique que le taux de change de l'or demeure une mesure clé dans le succès d'une monnaie.

Tandis que la chute du dollar se multiplie dans une implosion mondiale de la monnaie, le monde se retrouvera bientôt à un nouveau croisement. Dans une direction, on notera une plus grande centralisation des pouvoirs politi-ques et économiques ( appelons cela le scéna-rio 1 ). Comme dans les années 30, le gouver-nement sera plus fort et plus autoritaire. Si nous commençons tout en bas de ce chemin, avec des dépenses gouvernementales comp-

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tant déjà pour la moitié de nombreuses écono-mies nationales, le résultat sera semblable à celui de l'Europe de l'Est des années 80 : des systèmes de planification centralisée dans les-quels les bureaucrates décident presque tout. L'argent dans ce monde si laid sera ce que dé-cidera le dictateur du moment. L'or passera dans la clandestinité et/ou sera confisqué comme il l'a été dans les années 30 aux USA.

Nous n'irons pas plus loin dans ce scénario. Il est trop connu puisque des variations ont existé, et continuent de le faire, dans certains pays du monde. S'il devait réussir, les paris sont ouverts. Nous n'avons pas de conseils à donner, sauf celui de lutter contre le processus du mieux que nous pouvons et/ou de garder la tête baissée. Mais cette fois, que se passerait-il si le désastre alerte tout le monde sur les ris-ques inhérents aux substituts de l'argent et s'ils réclament une alternative ? Pas besoin de regarder très loin pour trouver un pro-gramme. Un simple retour à la tentative ori-ginale de la Constitution devrait suffire.

Dans la pratique, cela signifie restreindre le rôle du gouvernement à quelques fonctions es-sentielles. Cela signifie aussi mettre la mon-naie à l'abri des caprices des hommes politi-ques et de leurs électeurs. Comment ? Là en-core, pas besoin de chercher très loin. Lorsqu'il s'agira de créer un système monétaire sain, les voix les plus fortes et les plus persuasives se-ront celles qui réclament un retour à l'or, qui est, là encore, l'un des plus grands héritages des créateurs de la Constitution américaine.

Souvenez-vous du chapitre 8 où on a vu qu'ils avaient fait de l'or et de l'argent la mon-naie des États-Unis et l'avaient conservée ( ou en tout cas essayé ) pour les générations à ve-nir, article 1 de la Constitution. Alors esquis-sons deux échéanciers optimistes par lesquels, confrontés à l'effondrement mondial de la

monnaie, nous tirons les conclusions appro-priées et nous faisons les bons choix :

LE MONDE REVIENT A LA RAISON

2005 : le dollar est en plein recul sur les marchés des changes et la panique se ressent à la fois à Wall Street et à Main Street. Les obli-gations libellées en dollars voient leur valeur plonger, ce qui est une autre façon de dire que les taux d'intérêt à long terme augmentent. Les taux hypothécaires dopés et les restrictions de l'accès à de nouveaux prêts font éclater la bulle immobilière dans des marchés surchauf-fés comme la Californie et New York. Les prix des maisons ont chuté de 50%, ou plus, en l'espace de quelques mois, et les leaders du secteur financier structuré, les géants des prêts hypothécaires comme Fannie Mae et Freddie Mac, et le secteur des produits dérivés avec JP Morgan Chase par exemple sont décidément bien des bombes à retardement. Leurs actions, et la plupart des autres qui sont associées à la bulle du crédit américain, commencent à glis-ser. L'euro et le yen montent par rapport au dollar tandis que l'or est à 1.000 $ ( 32,15 $ le gramme ) sans un regard en arrière.

2006 : Les dirigeants européens et asiati-ques, voyant leurs secteurs d'exportation es-sentiels perdre du terrain à cause de leurs monnaies en hausse, se battent en diminuant les taux d'intérêt et en intervenant sur les marchés de changes. Des dévaluations compé-titives rappelant les années 30 deviennent la nouvelle politique économique mondiale. La maladie du dollar se propage sur l'euro et le yen, et ces monnaies autrefois puissantes com-mencent à tomber, non pas contre le dollar, qui reste vacillant, mais contre l'or, le pétrole et les autres matières premières. Les prix de nombreux produits augmentent tandis que les consommateurs dans le monde entier conver-tissent leur monnaie papier et autres actifs fi-

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nanciers dans les produits et les services auss: vite que possible, à n'importe quel prix. La fuite de la monnaie est au plus haut niveau.

Une importante institution financière amé-ricaine échoue de façon spectaculaire et l'accès au capital se tarit pour le reste. Personne ne veut investir ou prêter à ces compagnies et la spéculation va bon train pour savoir qui sera le prochain à tomber. Pendant ce temps, les gouvernements commencent à flirter avec les contrôles des capitaux, des prix et autres me-sures désespérées. Des voix s'élèvent à droite pour des lois de sécurité nationale renforcées tandis qu'à gauche, on demande un plan de sauvetage du gouvernement pour les proprié-taires et les banques chancelantes, ainsi que des programmes pour l'emploi pour que l'éco-nomie continue d'avancer. De tous les côtés de la classe politique, on demande un leadership fort. Certaines libertés civiles et économiques sont temporairement suspendues. L'or atteint les 2.000 $ ou 64,31 $ le gramme.

2007 : tandis que les gouvernements mon-diaux paniquent, les gens, grâce à Internet et aux autres médias, commencent à se rensei-gner et à discuter des causes et des remèdes à leurs problèmes. Comme au XIXe siècle, lors-que les discussions sur la politique monétaire étaient courantes, publiques aussi, et suivies par les masses, des questions essentielles comme la véritable nature de l'argent et l'in-capacité des gouvernements à gérer leur mon-naie nationale apparaissent en première page des journaux. Peu à peu, on commence à com-prendre que ces problèmes ne sont ni des actes de Dieu ou le résultat d'une trop grande liber-té, ou d'une liberté trop restreinte, ni la faute à un gouvernement trop tolérant. Ils sont plu-tôt le résultat de notre réticence, à chaque ni-veau de la société, à vivre selon nos moyens.

Les mois qui suivent sont remarquables : une version électronique de la convention constitutionnelle dans laquelle les États-Unis reviennent à leurs racines philosophiques et examinent la source même de leur culture. Le débat n'est plus de savoir comment structurer une dictature pour nous voir à travers, mais de savoir comment recréer la conception origi-nale de la démocratie libérale. Cette décou-verte fait comprendre que les substituts de l'argent ont eu leur période faste, et tous les regards se tournent vers l'or, la seule forme de monnaie qui a maintenu sa valeur tandis que les monnaies papier avaient été transformées en tas de confettis.

L'un des principaux obstacles au retour de l'or en 2003, c'était le fait que, à 400 $ l'once ou 12,86 $ le gramme, il n'existait qu'environ 2 trillions de dollars disponibles, bien trop peu pour distribuer de l'argent dans une économie mondiale de 32 trillions de dollars. En 2007, ce n'est plus un problème. Le taux de change de l'or a atteint environ 5.000 $ ou 160,77 $ le gramme, l'offre disponible passait à environ 25 trillions de dollars tandis que sa vitesse - la fréquence à laquelle chaque once change de main dans l'économie - était augmentée par les dernières technologies de transactions élec-troniques. En d'autres termes, le dollar avait été dévalué à un niveau où le taux de change de l'or est dix fois plus élevé. L'offre de l'or était donc tout à fait suffisante pour l'écono-mie mondiale et plutôt que de sommeiller dans les coffres, l'or circule comme étant la seule monnaie non nationale au monde.

2008 : une nouvelle génération de politi-ciens, que ce soit par réelle conviction ou par opportunisme, profite du moment pour de-mander un retour à l'argent propre et à la san-té financière. Une majorité de citoyens com-prend alors que ces objectifs peuvent être at-teints uniquement en : 1 ) choisissant comme

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argent quelque chose qui ne peut pas être avi-li, et 2 ) en limitant la capacité des gouverne-ments et des citoyens à hypothéquer leur ave-nir en empruntant trop à tort et à travers.

Quelques jours après son investiture, Ron Paul, le premier président de l'ère post-dollar fiduciaire, propose des lois visant à limiter les programmes de transfert fédéral et à ramener les dépenses du gouvernement au même ni-veau que les autres. Il annonce que désormais, le nouveau dollar-or sera en permanence con-vertible en or, numérique ou réel, à un taux fixé sur la réalité du marché en cours. Et pour empêcher les futures générations d'oublier les leçons du XXe siècle, une convention constitu-tionnelle est nommée pour mettre par écrit ce que les auteurs de la constitution avaient in-tuitivement compris : qu'une seule chose — l'or - servira de monnaie et que tout le reste sera évalué par rapport à lui.

AUTRE SCENARIO LES MARCHES CHOISISSENT L'OR

2006 : tandis que l'effondrement du dollar se transforme en abandon mondial des mon-naies fiduciaires, une monnaie conserve la sienne : l'or numérique. Souvenez-vous, dans le chapitre 19 plusieurs de ces monnaies fonc-tionnaient en 2003 et offrent les avantages de la monnaie or, mais sans aucun de ses incon-vénients. Voyant les propriétaires d'or numéri-que s'enrichir pendant que ceux qui avaient des dollars et des euros être ruinés, les inves-tisseurs convertissent d'énormes montants de capital dans ces nouvelles monnaies, créant ainsi un cycle vertueux dans lequel l'augmen-tation de la demande en or numérique fait monter son taux de change, le rendant encore plus intéressant et attirant plus de capital.

Des pays plus petits commencent à adopter l'or numérique comme monnaie officielle et la

pression commence à se faire sentir sur les pays plus grands pour en faire autant.

2007 : les banquiers centraux, horrifiés par l'effondrement de leurs monnaies fiduciaires et voyant que leurs fonctions ne se justifient plus réellement, résistent avec tout le pouvoir dont ils disposent. Mais, du fait que leurs pouvoirs reposent sur leur capacité à manipuler des monnaies qui perdent rapidement de leur va-leur, ils se calment peu à peu ou bien sont remplacés par des plus jeunes dont les objec-tifs sont moins philosophiques. Et le monde, malgré les plus grands efforts de ses autorités monétaires, revient à l'or. L'âge du papier se termine par un gémissement plutôt que par un grand coup. La dernière crise monétaire de l'humanité appartient maintenant à l'histoire.

Laquelle de ces options allez-vous choisir ? L'histoire, malheureusement, favorise la dicta-ture. Mais l'histoire n'est pas le destin. Les so-ciétés du passé n'avaient pas les médias mon-diaux actuels, ni de marchés de capitaux so-phistiqués et adaptables. Alors les autres scé-narios plus optimistes sont au moins réalisa-bles. De toute façon, cela fera l'objet d'une au-tre discussion. Aujourd'hui, nous avons un au-tre effondrement de la monnaie à gérer.

Note Jardin des Livres :

Tout ce que vous avez lu s est déroulé avec préci-sion, avec un décalage de 1 à 2 ans par rapport aux dates des auteurs. La crise des Subprimes a explosé en 2007 et Wall Street est tombé en septembre 2008. Depuis, on va de crise financière en crise fi-nancière. .. N'oubliez pas que ce livre a été écrit en-tre 2002 et 2004 et révisé en 2007. Sédition révi-sée pour la version poche américaine a été publiée dé-but 2008. Les seules mises à jour ont été une préface nouvelle et des graphiques en 2007. En 2011, cette édition française ri a pas pris une ride.

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Informations Utiles

Si nous avons bien fait notre travail, vous devriez maintenant avoir une bonne idée des risques et des opportunités que présente l'ef-fondrement du dollar ou de l'euro, et l'envie aussi de trouver une information mise à jour. Heureusement, vous avez beaucoup d'élé-ments à votre disposition. La communauté de l'argent physique est grande, dynamique et accessible, et dans ce chapitre nous avons éta-bli une liste des ouvrages les plus utiles, des newsletters ainsi que des sites internet améri-cains. Nous vous recommandons de vous fa-miliariser avec les théoriciens les plus pointus, passés et présents, et de lire certains de leurs livres. Abonnez-vous à une bonne newsletter, voire deux ou trois si possible, et visitez plu-sieurs des sites ci-dessous chaque jour. Si vous le faites, rien de ce qui va se passer dans les années à venir ne vous surprendra.

LES LIVRES

The Dollar Crisis : Cames, Conséquences, Cures by Richard Duncan. Prix: 29.95 $. Un regard détaillé sur les raisons de l'effondrement à ve-nir du dollar par un ancien consultant du FMI.

Gold Wars : The Battle Against Sound Money as Seen from a Swiss Perspective by Ferdinand Lips. 19.95 $ Edition de poche. L'histoire d'un économiste suisse à propos de l'abandon de l'or comme monnaie et les tentatives conti-nues des banques centrales pour manipuler le marché de l'or.

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Manias, Panics, and Crashes: A History of Fi-nancial Crises, by Charles P. Kindleberger 19-95 $ Une explication historique et théori-que à propos des crises financières récurrentes.

Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds, by Charles MacKay. 9.98 $. L'histoire classique des bulles financiè-res de l'humanité. Ce qui frappe dans la des-cription de la tulipomanie hollandaise et de ses nombreux successeurs, c'est qu'elle nous semble bien familière

The Theory of Money & Crédit, by Ludwig von Mises. 20 $ et Human Action Edition po-che: 24.95 $. Mises a été l'un des fondateurs de l'école autrichienne d'économie et il de-meure un dieu dans le monde de l'argent fort. Ces très sérieux textes d'économie valent la peine d'être lus.

Infections Greed : How Deceit and Risk Cor-rupted the Financial Markets, by Frank Partnoy. Edition poche : 15 $. Une explication accessi-ble sur la façon dont l'ingénierie financière en général et les instruments dérivés en particu-lier corrompent le capitalisme mondial.

At the Crest ofthe Tidal Wave : A Forecast for the Great Bear Market, by Robert Prechter. 14.99 $ et Conquer the Crash: You Can Survive and Prosper in a Deflationary Depression, 27.95 $ Ces deux livres présentent, avec des détails terrifiants, la base théorique de la prédiction de Prechter pour une dépression déflationiste. Voyez nos commentaires à propos de sa news-letter.

The Case for the 100% Gold Dollar, and What Has Government Done to Our Money ? by Murray Rothbard. Rothbard propose une vi-sion libertaire sur la nature de l'argent et le potentiel de l'or dans le système monétaire de demain. Vous pouvez télécharger ce livre ainsi

que plusieurs de ses autres titres gratuitement à partir du site mises.org du Ludwig von Mi-ses Institute.

LES NEWSLETTERS

Dow Theory Letters de Richard Russell; de-puis 1958; toutes les 3 semaines; abonnement d'essai : deux numéros pour 1 dollar ; coût an-nuel: 250 $ Dow Theory Letters, Inc. PO Box 1759; La Jolla, CA 92038-1759; Tel 858 454 0481 ; Richard Russell est largement connu pour une série d'articles professionnels parus dans Barroris, début 1956. Il a fondé le Dow Theory Letters ( DTL ) en 1958 qu'il n'a jamais quitté depuis ( il n'a jamais raté une Letter ). Son parcours parle à lui tout seul : il recom-manda les actions dans l'or en i960. Il attei-gnit le sommet du marché haussier de 1949-66, et, presque jour pour jour, le début du marché haussier qui commença en décem-bre 1974. Hulbert Financial Digest classe DTL au premier rang sur une base adaptée au risque parmi toutes les newsletters synchroni-sées sur le marché sur les vingt trois dernières années, dowtheoryletters.com. Publiée toutes les trois semaines, DTL couvre les marchés américains des actions et des obligations ainsi que les marchés étrangers, les métaux pré-cieux et les produits. L'un des caractères les plus utiles de la Letter est l'indice journalier Primary Trend Index ( PTI ), un indice de propriété qui a été un indicateur étonnam-ment précis des mouvements du marché à court terme. Récemment, Russell est devenu un ardent spéculateur sur l'or ( souvenez-vous de la note qui commence la partie trois ). Son point de vue est le même que le nôtre : l'or, c'est de l'argent, les monnaies fiduciaires n'en sont pas et la différence va s'accentuer dans les années qui viennent. Comme il le déclarait lors d'une interview récente: C'est simple, les banques centrales génèrent beaucoup plus de papier

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que les mines d or ne produisent en valeurs aurifères comparables... Il est temps aujourdhui d accumuler lor et les actions sur lor. Lors de son 79e anni-versaire en juillet 2003, il vendit toutes ses obligations parce que « les États-Unis se diri-gent droit vers le plus grand désordre financier de toute lhistoire ».

Elliot Wave Theorist de Robert R. Prechter Jr, depuis 1979, mensuel, 20 $ par mois; El-liot Wave International, PO Box 1618, Gaines-ville, GA 30503, 770 535-0309; elliottwave. com; Robert Prechter est l'auteur du best-sel-ler Conquer the Crash. Son approche analytique est basée sur les découvertes de Ralph Nelson Elliot, qui, dans les années 30 et 40, remarqua des schémas répétitifs au niveau des prix de différents produits. Elliott nota que ces sché-mas se répétaient sur différentes échelles tem-porelles et numériques et semblaient refléter l'état mental des différents participants du marché. Il en déduisit que les investisseurs passent par des sautes d'humeur régulières et prévisibles allant de la prudence ( comme dans les années 50 ) à la tolérance du risque ( an-nées 1980 ) à l'euphorie totale ( années 1990 ). Cette dernière étape conduit à un ef-fondrement, après quoi le cycle repart. Le même schéma répétitif dirige le mouvement des produits et des prix des actions et dans sa newletter Elliott Wave Theorist, Prechter ana-lyse ces vagues pour établir des prévisions pour les prix à court terme et l'économie à long terme. Son travail est donc utile pour les traders et les investisseurs, et ceux qui veulent simplement un plan pour comprendre le monde moderne. Sa principale conclusion, nous entrons dans un ralentissement qui va ri-valiser, voire dépasser la Grande Dépression. L'or pour lui pourrait bien avoir quelques pro-blèmes dans ce scénario déflationniste. Mais les lecteurs devraient oublier ce point à la lu-mière de sa grande analyse de la situation.

Freemarket Gold & Money Report de James Turk; depuis 1987; 20 lettres annuelles plus des rapports intermédiaires occasionnels; abonnement d'essai: 60 $ pour 3 mois, à l'an-née: 220 $ par internet ou 260 $ par courrier; 1857-240 White Mountain Highway PO Box 5002; North Conway, NH 03860; 603 323 8182; fgmr.com ; Le Freemarket Gold & Money Report propose une perspective internationale sur les métaux précieux et les marchés finan-ciers. Chaque lettre fournit des recommanda-tions d'achat et de vente sur l'or, évoque l'ar-gent, les titres miniers, les marchés financiers, les obligations et les monnaies. Du fait qu'il s'agit de la newsletter de James, nous nous abstiendrons de la commenter. Nous précisons toutefois qu'il s'agit de l'une des plus ancien-nes newletters sur les métaux précieux et qui traite de nombreuses questions que vous re-trouverez dans ce livre.

Gold Newsletter de Brien Lundin; depuis 1971, 12 lettres par an; abonnement d'essai, numéro gratuit disponible sur Internet; coût annuel 198 $; 2400 Jefferson Highway, Suite 600; Jefferson, LA 70121; 800 877 8847; goldnewsletter.com ; Gold Newsletter a été fon-dée en 1971, elle était l'outil principal de Jim Blanchard dans sa lutte pour rendre le droit à la propriété privée de l'or aux citoyens améri-cains. Pendant ses 30 années et quelques de publication, de nombreux économistes et ana-lystes de l'investissement dans l'économie de marché du monde moderne ont participé à l'élaboration de ses articles. Aujourd'hui édité par le partenaire et associé de longue date de Blanchard, Brien Lundin, Gold Newsletter se concentre sur les titres miniers impliqués dans l'exploration et la pré-production. Elle couvre aussi les marchés des métaux eux-mêmes. Elle publie également des commentaires d'interve-nants à la New Orléans Investment Con-férence et sa section de pot-pourri reste la favo-

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rite dans ce domaine. Mais sa principale at-traction reste le volume de ses recommanda-tions au niveau des actions. Le numéro dispo-nible sur le site début 2004 comptait 16 pa-ges, il présentait aussi les profils et ou les ana-lyses de 23 titres miniers. Dans un numéro classique, vous trouverez quelques noms con-nus et beaucoup plus de nouveaux.

Gold Stock Analyst de John Doody; depuis 1994, mensuel; échantillon disponible en li-gne; coût annuel 350 $; PO Box 7440; Ft. Lauderdale, FL 33338; 800 237 8400, poste 308; goldstockanalyst.com ; Gold Stock Ana-lyst est si complet en informations que les abonnés ont tendance à accumuler d'anciens numéros et à s'y référer lorsqu'ils font des re-cherches. Chaque numéro affiche des tableaux qui listent les statistiques essentielles ( bénéfi-ces, niveaux de production, coûts de produc-tion etc. ) pour l'or, l'argent et le platine. Même chose pour le marché de l'or en géné-ral : Doody informe les abonnés sur les ten-dances de l'offre et de la demande, les posi-tions courtes des lingots bancaires et les valo-risations relatives des actions et de la masse monétaire. Et puis, bien sûr, il propose des analyses détaillées d'une demi douzaine ou plus de mines d'or aux tailles et profils com-plètement différents. Chaque numéro dresse une liste des dix meilleures actions choisies par Doody qui inclut généralement un mélange de majors, de moyens et de juniors. Dans un numéro récent il recommandait des majors comme Anglogold et Newmont et des juniors comme Crown Ressources et Canyon Ressour-ces. Achetez simplement ces actions et vous créerez ainsi un portefeuille diversifié de titres de mines d'or qui, si l'on regarde les résultats passés, s'en sortiront très bien. La sélection 2003 avait augmenté d'une moyenne de 90% contre 40% pour l'indice XAU des principales mines d'or et 20% pour l'or lui-même.

Grant's Interest Rate Observer de James Grant; depuis 1983, 24 numéros, abonne-ment d'essai : 8 pour 350 $; par numéro télé-chargé 50 $ ; montant annuel : 760 $; 2 Wall Street, New York, NY 10005; 212 809-7994; grantspub.com ; James Grant a fondé le Interest Rate Observer en 1983 après 8 ans passés chez Barroris où il avait créé la co-lonne Current Yield. Il est l'auteur de quatre ouvrages sur la finance ou l'histoire financière, comme par exemple Money of the Mind et, plus récemment, The Trouble with Prosperity. Il écrit actuellement une rubrique mensuelle sur For-bes.

Grant's Interest Rate Observer se concentre sur l'image et il a généralement une approche uni-que sur les événements actuels. Des numéros récents ont proposé des analyses détaillées sur la manière dont les banques font des erreurs fondamentales qui conduiront à leur perte. Us expliquent également comment les propriétai-res empruntent encore plus, comment les pro-duits innovants comme la titrisation et les fi-ducies de placement immobilières hypothécai-res nous mènent à la ruine. Enfin nous appre-nons aussi quelle est la relation qui lie le prix des actions et l'inflation, et l'évolution du pro-fil des bilans de la banque centrale. La liste continue apparemment pour toujours puisque la capacité de Grant à voir les schémas et à analyser les relations encore non explorées dans la finance et les affaires semble ne jamais se terminer. Et, cerise sur le gâteau, sa news-letter est très bien écrite avec beaucoup de dessins animés drôles et ironiques.

J. Taylor s Gold & Technology Stocks de Jay Taylor, depuis 1986, mensuel, essai 39 $ pour 3 mois; coût annuel 123$ ; PO Box 871, Woodside, NY 11377, 718 457-1426; mi-ningstocks.com ; ancien analyste à Wall Street pour les titres miniers or, Jay Taylor

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couvre l'ensemble des compagnies minières, avec un intérêt plus spécifique pour les ju-niors. Il a très bien su également dénicher les mines émergentes avant même qu'elles ne soient connues : le portefeuille modèle de la newsletter a obtenu de meilleures performan-ces que l'or lui-même, soit 20% par an en 2002 et 2003. Taylor propose un message té-léphonique hebdomadaire qui couvre les nou-velles de dernière minute sur l'économie, l'or et ses actions préférées. Mais son atout princi-pal, ce sont ses rapports très élaborés, mais qui restent tout à fait abordables, grâce aux-quels il explique en termes très clairs ce que fait un mineur qui émerge et s'il a des chances de réussir. Voici un bref extrait d'un rapport beaucoup plus long: « Le principal objectif de EmGold est une vieille mine dor connue sous le nom de Idaho-Maryland Mine. Elle est située à Grass Valley en Californie. Ce n était pas exactement une opération tranquille parce quelle a produit 2,383 millions d onces dor entre 1862 et 1956. Emgold envisage un peu plus dun million d onces quelle prévoit d extraire sur une période de 10 ans mais, dans le même temps, elle prévoit de développer les ré-serves dor bien au-delà des 458 mètres de profon-deur maximale où lor était produit par le passé. En fait, une partie des prévisions dexploration de la compagnie prévoit un trou de forage de 1525 mètres pour tester lextension en profondeur de la minérali-sation de lor sur ce projet ».

International Harry Schultz Letter de Harry Schultz, depuis 1964, mensuel, essai 241 S pour 8 mois, coût annuel 327 $ ; PO Box 622.CH-1001, Lausanne, Suisse; 506 271 2293; hsletter.com ; Harry Schultz décrit sa newsletter comme étant « la première au monde à parler d investissement international, de finance, d économie, de géopolitique, de vie privée, de sociolo-gie et de philosophie ». Mais comme dit le pro-verbe, cela n'est pas de la vantardise si vous pouvez la soutenir. La newsletter de Schultz

connaît sa 40e année de succès, elle compte des abonnés dans 80 pays, et un bon dossier global à la fois au niveau macroéconomique et sur les options spécifiques aux actions. Basé en Suisse, Schultz s'appuie sur l'analyse de corres-pondants installés dans plusieurs pays ainsi que sur un personnel de recherche de premier plan en interne. Sa newsletter englobe un ré-seau tellement large qu'il est impossible de le caractériser en quelques phrases. Il suffît de dire qu'il s'agit d'une grande vue d'ensemble du monde financier et d'un outil précieux pour trouver comment diversifier des dollars et au-tres devises prometteuses comme le Franc Suisse. Nous aimons particulièrement ce qu'à récemment dit Schultz : une énorme crise des produits dérivés est en marche... elle va mettre en lambeaux lactuel cartel de lor.

International Speculator de Doug Casey, de-puis 1979, mensuel, coût annuel 199 $; PO Box 84911, Phoenix AZ 85071; 602 252 44 77 ; caseyresearch.com ; Doug Casey est l'au-teur de Crisis Investing, l'un des ouvrages finan-ciers qui s'est le mieux vendu dans les années 70. En utilisant ce qu'il appelle une stratégie de spéculation rationnelle, il tente de réduire le risque excessif en identifiant les compagnies qui ont les équipes de direction les plus fortes, des structures de capital avec des actionnaires favorables et des propriétés prometteuses. En ce moment, il se concentre sur les compagnies d'exploration junior bien gérées qui « offrent de multiples opportunités de bénéfices par exemple en achetant une concession sur un minerai intéressant ou bien en présentant des résultats de forage intéres-sant ou encore mettant au point un accord de déve-loppement conjoint avec une grande compagnie mi-nière ». Quel que soit l'un de ces éléments, ex-plique Casey, il a le potentiel de faire doubler ou tripler les résultats d'une compagnie d'ex-ploration junior, pratiquement du jour au len-demain. L'autre secteur que Casey explorait

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début 2004 était celui des compagnies de dé-veloppement avec un effet de levier important qui profitent des prix faibles des matières pre-mières pour acheter des propriétés, qui ne sont pas économiques au prix courant, mais qui le deviennent lorsque les prix des matières premières augmentent. On suppose que leurs bénéfices - et leur valeur de marché - aug-menteront dans un marché haussier des pro-duits.

Le Metropole Café de Bill Murphy, depuis 1998, hebdomadaire ; deux semaines gratui-tes, coût annuel 149 $; lemetropolecafe.com : Le Metropole Café est une ammunauté en ligne réservée aux seuls membres, à l'image des ca-fés français du début du XXe siècle tel le Mou-lin Rouge. L'idée est de créer un espace dans lequel, comme le dit la page d'accueil, « les in-vestisseurs du monde entier peuvent se rencontrer et discuter des questions économiques et financières du jour ». C'est une totale réussite et, d'après nous, il s'agit de l'endroit de rencontre en li-gne le plus intéressant dans le monde de l'ar-gent sain. Mené par le co-fondateur du Gold Antitrust Action Committee, ou GATA, Bill Murphy, « t équipe de rêve économique » du Me-tropole mène des discussions continues de haut niveau sur tout, depuis la politique mo-nétaire mondiale jusqu'aux tenants et aboutis-sants des négociations sur les métaux. Etant donné la connexion de Murphy avec le GATA, un des principaux sujets de conversa-tion est la guerre qui se déroule entre les ban-ques centrales du monde et l'or. Si notre cha-pitre La pression brève de la grande Banque Cen-trale vous a intrigué, Le Metropole est l'en-droit dans lequel vous pouvez vous plonger sur ce sujet-là. Et parce qu'il s'agit d'un site internet, il est interactif. C'est-à-dire que vous pouvez vous joindre à la discussion en ajoutant vos propres réflexions sur les nombreux fo-rums affichés. En août 2004, il y avait des

échanges actifs sur des douzaines de sujets, comme par exemple comment acheter des piè-ces en argent ou bien quelles sont les machi-nations de la banque centrale de Russie. Cela donne au final, comme la fait récemment re-marquer le magazine Forbes, pas mal de bla bla mais un aperçu plus intéressant et très sti-mulant aussi. Essayez l'abonnement gratuit de deux semaines et vous risquez bien d'être mor-du à vie.

Moneychanger de Franklin Sanders, depuis 1980, mensuel, abonnement remboursé après trois numéros si vous n'êtes pas satisfait. Coût annuel 149 $ ; PO Box 178, Westpoint, TN 38486-0178; 888 218-9226; the-money-changer.com ; Franklin Sanders utilise sa newsletter Moneychanger pour offrir une large critique du système actuel ainsi que des con-seils sur tout, cela peut aller du christianisme aux médecines parallèles. Mais son objectif principal est l'investissement dans les métaux précieux et sa newsletter propose des inter-views avec d'éminentes personnalités comme le fondateur du Metropole Café Bill Murphy et des spécialistes de l'argent comme Ted Butler. Il donne aussi des conseils pour ache-ter des pièces d'or, présente les grands mi-neurs et ceux qui émergent, analyse les dé-fauts dans le système bancaire d'aujourd'hui et les stratégies d'options sophistiquées. Sanders a également écrit plusieurs livres et des pam-phlets comme The Next Great Depression, 238 $, le Gold, Silver and Platinum Report, 38 $ et Silver Bonanza, co-écrit avec Jim Blanchard, 34$.

Ormetal Report de Claude Cormier, depuis 1996, semi-mensuel, 24 par an ; numéro gra-tuit en ligne ; annuel 149 $ ; vous pouvez payer via GoldMoney avec une réduction de 10%. Ormetal, 4004 Chemin du Lac Morgan, Rawdon, QC, Canada, JOK ISO; 450 834 8447 ; ormetal.com ; Claude Cormier ratisse

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large dans sa recherche de titres miniers émer-gents et il a déniché de nombreux gagnants dans le monde entier ( souvenez-vous de l'exemple de Francisco Gold ). Son unique force, c'est sa connaissance du marché cana-dien. A lire pour trouver des conseils sur les juniors canadiens de l'or et de l'argent.

Ressource Opportunities de Lawrence Rouls-ton, depuis 1997, environ 20 numéros par an ; exemples de rapports disponibles en li-gne, annuel 169 $ ; 625 Howe St., Suite 1290, V6C 2T6 Vancouver, BC Canada ; 604 697-0026 ; resourceopportunities.com ; Law-rence Roulston est un géologue qui possède plus de 20 ans d'expérience dans le secteur primaire, y compris plusieurs années comme président d'une compagnie d'exploration mi-nière. Sa newsletter est bien écrite et facile-ment accessible, sans jargon et elle offre un éclairage de spécialiste. Il explore des ques-tions comme l'émergence de la Chine et la dé-valorisation du dollar avec beaucoup de clarté mais avec suffisamment de profondeur pour que les lecteurs comprennent bien le proces-sus. Il propose aussi des profils et détails de ce qu'il considère comme étant les ressources les plus intéressantes mais les moins risquées. « Ressource Opportunities reste éloigné des juniors les plus risqués, ces compagnies d exploration qui jettent simplement les dés sur le jeu du forage » ex-plique Roulston. « La newsletter se tourne plutôt vers des compagnies qui ont déjà aperçu un dépôt mais qui doivent encore travailler pour prouver quil y a une réserve ». Ces mineurs « sont typi-quement évalués avec d importants rabais par rap-port aux grands producteurs. En réalité, certaines de ces petites compagnies échangent à des valeurs qui équivalent à seulement quelques dollars Fonce lor qui se trouve dans le sol. Cela est comparable à une valorisation typique à lexcès de 100 $ l once pour les gros producteurs. L'approche de cette plus petite compagnie fournit un énorme effet de levier pour le

marché de lor. Votre investissement vous permet de posséder beaucoup plus d onces que si vous aviez in-vesti dans un gros producteur ».

The Siiver lnvestor Newsletter de David Mor-gan, mensuel, essai 60 $ pour 3 mois, annuel 169 $ et 99 $ par email ; silver-investor.com ; Stone Investment Group, 21307 Buckeye Lake Lane, Colbert, WA 99005 ; 509 464-1651 ; Siiver lnvestor est la seule newslet-ter qui se concentre surtout sur l'argent. Da-vid Morgan insiste sur les titres miniers de l'argent, même s'il dédie une bonne partie aussi de sa newsletter à l'environnement ma-croéconomique. Dans les anciens numéros, il présente des analyses sur les actions d'argent ( elles reculent ), il explique la manipulation du marché de l'argent par ceux qui essaient de le conserver à un prix bon marché ( la raison pour laquelle ils échoueront ), l'impact de la photographie numérique sur la demande d'ar-gent ( minimal ) et enfin le rôle de l'argent pour trouver une solution à la crise énergéti-que ( essentiel ). Le coeur même de Siiver ln-vestor est le portefeuille modèle de Morgan qui est divisé en deux parties : celle des compa-gnies minières riches en liquidités et les « spé-culations sur largent ». La liste est relativement courte car elle reflète le petit nombre actuel des spéculateurs actifs sur l'argent.

DES SITES

321gold.com ;

24hgold.com ;

bullnotbull.com ;

fame.org ;

financialsense.com;

gata.org;

2 291

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goldcolony.com;

goldmau.com;

goldmoney.com;

goldseek.com;

kitco.com;

goldsilver.com;

howestreet.com;

investmentrarities.com;

itulip.com;

jsmineset.com;

mineralstox.com ;

minesite.com;

mineweb.com;

mininglife.com;

mises.org;

ml-implode.com ;

moneyfiles.org;

sharelynx.com;

silverseek.com;

thebulliondesk.com;

world-gold. ne tm whodges. home. att. net

— Table des Matières ~

5 Préface à la version française de James Turk, 2011

9 Préface

15 Préface originale

17 Introduction

23 1 Pourquoi le dollar va s'effondrer

25 1 Illusions de la prospérité

27 2 Les monnaies en papier meurent toujours

41 3 Combien devons-nous exactement?

53 4 Échanges déséquilibrés

57 5 Nous sommes tous déflationnistes maintenant

65 Il L'argent d'hier et d'aujourd'hui

67 6 Qu'est-ce que l'argent ?

73 7 Le premier Âge d'or

83 8 La hausse des monnaies fiduciaires

99 9 La place de l'or dans le monde moderne

105 III Pourquoi l'or va prendre son essor ?

107 10 Les fondamentaux de l'or sont positifs

113 11 L'Indice de la Peur - Nous commençons juste à nous inquiéter

121 12 Les liquidations forcées des grandes banques

centrales

129 IV Profiter de l'effondrement du dollar

133 13 L'or physique

141 14 L'or dans la terre - Les titres miniers

179 15 Les fonds communs de placements de métaux

précieux

191 16 Les autres métaux précieux

217 17 Action, Obligations et Immobilier Comment les autres actifs vont se comporter en pleine crise

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18 Les stratégies agressives

19 L'or du XXIe siècle

20 Quel volume d'or devriez-vous posséder ?

21 La menace de la confiscation

Epilogue : Le standard or de demain

Informations Utiles

VOUS AVEZ AIMÉ CE LIVRE?

VOUS ALLEZ

PARTICULIÈREMENT AIMER

LE RETOUR AU STANDARD OR du Pr. Antal Fekete

(son livre est en format de gros lingot d'or)

Pour le Pr Fekete, le système reposant sur la monnaie-papier est arrivé à son terme, exactement comme les billets de banque de John Law ont disparu en fumée sous Louis XV. Et il explique aussi pourquoi Nicolas Sar-kozy avait vendu l'or de la France de toute ur-gence alors que le cours était au plus bas.

Avec ce livre, vous allez également décou-vrir que l'économie est quelque chose de très simple, mais que les psetido-économistes l'ont volontairement rendue compliquée, afin de cacher les mécanismes de la monumentale es-croquerie du dollar. Un livre exceptionnel qui vous donne aussi les clés pour sauver votre épargne.

« Les économistes actuels sont des charlatans, des bonimenteurs qui, tout en se délectant de leur propre gloire, sont totalement incapables de prévoir un ef-fondrement financier, même quand ils le regardent fixement dans les yeux, comme la montré leur misé-rable performance de 2007. Pire encore, ils sont même totalement incapables d admettre leurs propres erreurs. Ils sont une malédiction jetée sur le corps po-litique et des verrues sur le corps académique. Ils conduisent le monde vers un désastre monétaire et économique sans précédent à la minute où je vous parle »

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Achevé d imprimer en novembre 2011

par Aubin Imprimeur groupe CPl

pour le compte des éditions Le jardin des Livres

Boîte Postale 40704 Paris 75827 Cedex 17

Dépôt Légal : nov 2011

No d édition: E0EECEP-011111

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« Une crise arrive et elle va causer l'effondrement des montagnes de dettes issues des crédits donnés

par toutes les banques centrales du monde. Lisez ce livre et vous comprendrez comment vous

protéger tant qu'il reste un peu de temps » Robert R. Pretcher

Le dollar et l'euro ont d e plus d e plus d e difficultés. L'euro a même failli exploser le 12 juillet 2011. La vraie dette des États-Unis est de 210.000 milliards de dollars. Celle de l'Europe n'est guère mieux. Depuis sa création en 1917, le dollar a perdu 98% de sa valeur. Autrement dit, il ne reste que quelques mois, au mieux quelques an-nées avant l 'effondrement final. Dans ce livre devenu culte, deux spécialistes totalement visionnaires ont mon-tré comment le dollar est arrivé au bord du précipice, pourquoi il va continuer à plonger et comment vous pourrez profiter de la crise financière qui en résultera, plutôt que d'en être les victimes.

Publié bien avant la première crise de 2008, cet ou-vrage a effectivement sauvé tous ceux qui l 'ont lu et qui ont suivi à la lettre les conseils qui y sont exposés. Et plus que jamais, il est d'actualité avec la destruction constante de l'euro.

Les États-Unis sont devenus la nation la plus endettée du monde. Pour financer ses montagnes de dettes, la Ré-serve Fédérale inonde le reste de la planète avec des dollars imprimés par des planches à billets devenues hys-tériques : il a été imprimé plus de dollars au cours de ces 4 dernières années que depuis toute son existence... L'Europe, elle, endette tous ses habitants sans vergogne pour sauver des banques et même des pays entiers de la faillite comme la Grèce. En conséquence, la valeur du dollar, comme de l'euro, continuera à baisser, diluée par des centaines de milliards de billets « Monopoly », et cela jusqu'à ce qu'il perde intégralement sa qualité de référence mondiale.

En même temps, la valeur des métaux précieux ira en augmentant et l'or réclamera sa couronne de monnaie de référence mondiale et historique, et cela au cœur même de la crise financière. James Turk, célèbre fonda-teur de la société GoldMoney.com, et John Rubino, édi-teur du site DollarCollapse.com, donnent des exemples précis de stratégies de sortie de la monnaie papier au profit de l'or et d'autres métaux précieux pour sauver son patrimoine.

Le livre visionnaire qui a déjà sauvé des dizaines de milliers de lecteurs.

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