LA BATAILLE DE STALINGRAD · 2015-08-24 · Stalingrad se situe droit devant, à une soixantaine de kilomètres. Tranquillement, les colonnes forment leur dispositif de combat. À

LABATAILLEDESTALINGRAD

Dumêmeauteur

12 récits de chevaux qui ont changé l'Histoire, Pygmalion,2011.

Dictionnairedelacolonisationfrançaise,Pygmalion,2010.LaFrancedanslaguerrede39-45(prixlittérairedelaSaint-Cyrienne),Pygmalion,2009.

Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale, Pygmalion,2008.

Légionnairesd'hieretd'aujourd'hui,Pygmalion,2006.Les Parachutistes de la Légion (1948-1962), Pygmalion,2005.

France-Indochine. Un siècle de vie commune (1858-1954),Pygmalion,2004.

Saint-Cyr.DeuxsièclesauservicedelaFrance(prixJacquesChabannes),Pygmalion,2002.

Histoiredescommandos(3tomes),Pygmalion,2001-2003.LesMaquisdelaLibération(1942-1944),Pygmalion,2000.HistoiredelaLégion,de1831ànosjours,Pygmalion,1999.Histoire de l'Algérie. Des origines à nos jours, Pygmalion,1998.

Histoire de l'armée française.Desmilices royales à l'arméedemétier,Pygmalion,1997.

42, rue de la Santé. Une prison politique, 1857-1968,Pygmalion,1996.

La Grande Histoire de la seconde guerre mondiale (10volumes),Pygmalion,1992-1996.

Pasmêmeuncaillou,Pygmalion,1990.La France coloniale. Retour à l'Hexagone (tome 2),Pygmalion,1990.

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Hitler. Les nouveaux promus, lesHalder, vonKluge, vonList,Paulus,vonKleist, tiennentà leurdignité. Ilssemontrentplussouples, plus enclins à écouter sans rechigner la voix de leurFührer.

Sesintentionspour1942,Hitlerlestraduitdanssadirectiven° 41du5 avril destinée à « assurer la victoire finale à l'Est ».Uneopération«Nordlicht»visera,dèsquepossible,àlaprisedeLeningrad,maislàn'estpasl'essentiel.Leprincipalsesitueraau sud, avec leGAsud,dans le cadrede l'«opérationbleue»prévueenquatrephases:

1)FranchissementduDondanslarégiondeVoronej.

ParlaIIearméeetlaIVearméeblindée.

2)Anéantissementdesforcessoviétiquesàl'estdeKharkov.

3)ScissionduGAsudendeux.

–Legrouped'arméesB(VIearméedePaulusetIVearméeblindéedeHoth)marcherasurStalingradparlarivedroiteduDon.–Legrouped'arméesA(XVIIearméeetIrearméeblindée)serabattrasurleDoninférieur.

4)ConquêteduCaucasejusqu'àlaligneBatoum-Bakouenvuedesaisirleschamps

Cetteintentiondemanœuvrerecèleuneambiguïté.QuelestlerôleexactdévoluàStalingrad?OuplusexactementàlarégiondeStalingradmentionnéeparles

pétrolifèresduNord-Caucaseetdel'Azerbaïdjan.

textes?BouchonpourcouvrirlamarchesurleCaucase?Pointdedépartpouruneautreavancée?

Dans l'esprit d'Hitler, la seconde perspective – officieuse –étaitévidemmentretenue.Larésistancesoviétiquedecettevillesymbole, de par son nom, sur ordre exprès du Kremlin, endécidera autrement. Les opérations prendront un tout autreaspectqueceluienvisagéparladirectiven°41.

Le28 juin aumatin, sous un ciel lourdd'orages, les IIe,VIe

arméeset la IVe arméeblindéeattaquentpleinest endirectiondu Don. L'ensemble rassemble facilement un demimilliond'hommes. La VIe armée, à elle seule, aligne une grossedouzaine de divisions : deux blindées, une motorisée, dixd'infanterie10, articulées en cinq corps d'armée dont un blindé.S'y adjoignent les éléments non endivisionnés d'artillerie, dugénieoudesservices.LorsquelatrappeserefermerasurlaVIearmée piégée à Stalingrad, l'effectif encerclé sera estimé à250000hommesenglobant, il estvrai,desélémentsde la IVearmée blindée. (Il est à tenir compte des pertes de juin à finnovembre1942.)

Dans le ciel, la Luftflotte IV (armée aérienne) du colonelgénéral vonRichthofen, un parent éloigné du célèbre «Baronrouge»de14-18,setientprêteàappuyer.Sesstukaspiquerontdanslehurlementdeleurssirènes,semantlamitrailleetlamort.Ces oiseaux de proie imposent aux combattants au sol deposséderdesnerfssolidespouréviterdepaniquerenlesvoyantsurgir.Ilsdonnentl'impressiondevoussituerparfaitementetdepouvoirplacer leurbombeenplein survotrevéhiculeouvotre

emplacement.

Cette troupe qui s'enfonce dans l'immensité russe « a lemoral ». Elle vient de vaincre àKharkov.Grossie de quelquesrenforts, elle estpersuadéed'engager l'ultimecombat.Et il faitchaud. L'été frappe avec force. Après la froidure glaciale del'interminable hiver, les rayons du soleil, enfin, ont asséché lasteppeetbrunissentlesvisagesetlesbras.

Voronej, l'objectif premier auxabordsduDon, est distantde200kilomètres.

Les colonnes des PD soulèvent de hauts tourbillons depoussière. La plaine s'étale, uniforme, et se prête mal à ladéfensive.Niforêtsniplansd'eau.Lesrebordsdesthalwegs,lesbaraquements en bois des kolkhozes autorisent seulsl'installationdepointsd'appuiaisémentdébordésetréduits.

Avecquarante-huitheuresdedécalage,laXVIIearméeetlaIrearmée blindée démarrent à leur tour. Dans l'immense couloirentreDonetsetDon,ellesdoiventprogresserpleinsud,occuperlerichebassinhouillerduDonbassetatteindreleDoninférieur.Devant, les résistances s'organisent sur le carreau des mines,autourdespuitsetdescrassiers.

La Wehrmacht retrouve ses jours de triomphe. Partout, laprogressionestrapide,facile.LesSoviétiquesévitentlecombat.Unsergentdela3ePDécrit:

Quelle différence avec l'année dernière ! Ça rappelle beaucoup laPologne.Surleterrain, lesRussesnesontplusenformationsaussiserrées qu'avant. Ils tirent n'importe comment, sans viser, commedesfous;etilsnenousfontaucunmal11.


vaudra guère mieux. Un sang nouveau s'imposera à tous leséchelons.

Suivant l'usage, un commissaire politique surveille le chefmilitaire. Dans le cas présent, Nikita Khrouchtchev semontreutile. Il approuve les doléances d'Eremenko sur la dualité ducommandement et il est entendu. À l'encontre d'Adolf Hitler,Joseph Staline finit par être sensible aux suggestions de sescollaborateurs. Le 10 août, il confie la responsabilité del'ensemble Stalingrad à Eremenko, plaçant Gordov sous sesordres.Biendanslestylestalinien, l'intéressé, le29décembre,ne sera guère payé de ses bons services auxmoments les plusdurs.

Le 21 août, à l'aube, sur des canots pneumatiques, desfantassinsallemandstraversentleDonetétablissentdestêtesdepont.Legéniesemetaussitôtàl'ouvragepourédifierdesponts.

Paulussesentplusfort.HothdébouchedusudavecdeuxPD,uneDM et trois DI. Sur le flanc gauche de la VIe armée, lesalliés,progressivement,prennentlerelais:IIearméehongroise,VIIIe armée italienne, IIIe armée roumaine, s'échelonnent sur lecoursduDonfaceaunord-est.LesAllemandsontdélibérémentplacé les Italiens au centre, afin de séparer les frères ennemis,RoumainsetHongrois.

Des erreurs pourront être reprochées à Paulus. Toutefois, lecommandant de la VIe armée, très vite, mesure clairement lamenaceaunord.N'ayantqu'uneconfiancerelativeensesalliés,il prévient et tire la sonnette d'alarme. Hitler, persuadé de ladéfaitesoviétique,nevoudrarienentendre.Pourtant,àsescôtés,Haldernecesserad'avertirdudanger.

Uncontingentde300000Allemands,ce21août,marchesurStalingrad,appuyéparunearmadadansleciel.Au-dessusd'eux,von Richthofen dispose de 1 200 avions. De quoi déverser lafoudre sur les positions adverses et écarter toute réactionaérienne.

Les sapeurs ont bien œuvré. Le 22, en fin de matinée, lespremiersblindésde la16ePDdugénéralHube franchissent leDon,précédantleXIVeCB.Lecapseprendaisément,pleinest.Stalingradsesituedroitdevant,àunesoixantainedekilomètres.Tranquillement,lescolonnesformentleurdispositifdecombat.À la nuit seulement, une résistance sérieuse se dévoile. Desavions russes bombardent ; des Katioucha, les « orgues deStaline», lance-fuséesmultitubes,miaulent.Les tirs tombentàl'aveuglette.Quelques véhicules, atteints, flambent, éclairant lepaysage.L'élandela16ePD,animéeparunchefénergique, legénéralHube–«derMensch»,«l'Homme»,disentsessoldatsde ce manchot ayant perdu son bras gauche en 14-18 –, nesauraitêtrebrisé.

Le23,auxpremièreslueursdel'aube,Hubedonnelesignaldela reprise dumouvement.La steppe desséchée et durcie par lacanicule forme un véritable « charodrome », selon uneexpressiondumaréchalJuin20.Charsetvéhiculesroulentàviveallure.Derrière,les3eet60eDMduXIVeCBs'efforcentdenepas se laisserdistancer.Aucunecocardeà étoile rougedans leciel.LaLuftwaffeveille.Aucunsignetangibledel'ennemi.Vers16 heures, dans les équipages de tête au visage enduit depoussière,unerumeurcircule:«Stalingradsurladroite.»Déjàse distinguent des cheminées d'usines et les maisonnettesblanchesdesfaubourgs.

Quelques obus éclatent sur l'avant-garde. Les stukas et lescanons réduisent rapidement au silence les audacieux qui ontouvert le feu. Ou plutôt les audacieuses ! Les tankistesdécouvrentquelespiècesrussesétaientserviespardesfemmesayant lutté jusqu'au bout, « sans souci de semettre à l'abri ».Courageuses mais inexpérimentées, ces ouvrières hâtivementmobiliséesoucesménagèresrequisespourlaDCAremplaçaientleshommes.Pourleurmalheur,lesAllemandstiraientmieuxetplus vite qu'elles. Les femmes s'intégreront à la défense deStalingradàtousleséchelons.

Le jour décline lorsque les éléments de tête de Hube, unKampfgruppe21dela16ePD,surgissentsurlafalaisedominantlaVolga.IlscoiffentleshautsdeRynok,banlieueseptentrionalede Stalingrad, avancent vers le bourg de Spartakovka22, sur larivegauchede laMechetka,un affluentde la rivedroitede laVolga.Le fleuvemajestueux,deplusdeunkilomètrede large,coupé de nombreuses îles et îlots, coule à leurs pieds. S'ydistinguent très bien les bâtiments de toutes natures quidescendent et remontent son cours. Au-delà se devinel'immensité de la steppe asiatique, plate et morne. CesAllemands, parvenus, sur ordre de leur Führer, à 2 600kilomètres de leur terre natale, entendent-ils ou croient-ilsentendrelalonguecomplaintedesbateliersdelaVolgascandantleursefforts?

Héetoh,hisse!Héetoh,hisse!Encoreunefois,encoreunefois.Volga,Volga,mèrefleuveLargeetprofonde.Oh,tendsbienlacorde!


La ligne de contact des belligérants devant Stalingrad,grossièrement, s'assimile à une bottine. Depuis Rynok, sasemellecolleàlaVolgasur35kilomètresjusqu'aufaubourgdeKuporosnoye.Satige,hautede20kilomètressur7à8delarge,englobeOrlovkaetappuieson talonsurSpartakovkaet l'usinedetracteurs.Lecou-de-pied,aminciàunedizainedekilomètres,comprendlesusinesBarrikady(Barricades)etKrasnyïOktyabr(Octobre rouge). Le dessous de l'empeigne correspond auxquartiers résidentiels : kourgane de Mamaï24 (colline d'unancien cimetière tatar, cotée à 102mètres, poumon et parc deverdure de la ville), à mi-chemin du secteur industriel et ducentre-ville, gare centrale,placeRouged'après la terminologie,erronée,desAllemands.(Ils'agitplusexactementdelaplacedu9-Janvier.) Au-delà de la gorge de la Tsaritsa, la pointe de labottine s'affine progressivement avec un bloc repère, ungigantesquesiloàgrainsrectangulaireenborduredevoieferrée.Partout ne gisent plus que décombres. Intra-muros, la vie seveut souterraine pour échapper aux bombardements de toutesorigines.

Il serait fallacieux de regarder Stalingrad et la steppe à sonouest comme un vaste terrain plat. Le paysage accuse desvallonnements. Une carte d'état-major rapporte les courbes deniveauetlespointscotés:143àOrlovka;35àRynok;93,6àOctobre rouge ; 154-155 en périphérie occidentale de la cité.Desbuttessedressent,commelekourgane;desravinements–desbalki,suivantlaterminologielocale–secreusent.Celuidela Tsaritsa reviendra souvent. Il en est d'autres. Ainsi ceuxceinturant lekourgane.Tenirdespointshauts est s'assurerdespostes d'observation et des champs de tir. La différence deniveauentrelesdeuxbergesdelaVolgapénaliselesdéfenseurs.Toute la rive gauche, frisant le niveau de la mer, est dominée

depuisleshauteurs–relatives–deStalingrad.Seulanglemort,le pied même de la falaise sur laquelle est bâtie la ville. Ilautorisedesaccostagesabrités.Encoreque!LestirsplongeantdesmortiersdePauluss'yconcentrent.

Stalingrad, ville autrefois prospère avec ses usines, ses cités,sesparcs,sesjardinsetoùdesblocstell'immensesiloàgrainsdétonnent dans l'environnement, possède une voie ferréeprincipale montant sud-nord avec des embranchements. Cettelignedessert lastationn°2danslapartieméridionale, traverselagorgedelaTsaritsa,passeencoreparlagarecentraleà1000mètresdesbergesdelaVolgaetpoursuitparlapartieorientaledu kourgane de Mamaï en direction des usines. Voie ferrée,gares sontappeléesàconstituerdes repèrescaractéristiquesdelabataille.

Avant que la division du généralRodimtsev, un ancien de laguerred'Espagne,nerejoigne,la62earméedisposaitencorede48000combattants.Faiblepourtenirunfrontde80kilomètres.Lesdivisionspaientlesrécentesjournéesetoscillentde1000à3 000 hommes. Tchouïkov peut encore compter sur quelquesmilliers d'ouvriers-miliciens qui, à l'expérience, se battentcorrectement,malgréleurmanquedeformationetlamodicitédeleur armement. Il imposera sa poigne aux gens du NKVD,véritableÉtatdans l'État.Ses15000policiers, par leur statut,entendaient pouvoir faire la guerre à leur gré. Tchouïkov lesplacera sous sa tutelle, gonflant ses rangs.En soutien, il resteune soixantaine de chars souvent immobilisés et surtout 700canonsetmortiersdetouscalibres.

Son meilleur appui, Tchouïkov le trouve derrière lui. Denombreusesbatteries,àcommencerparlesfameusesKatioucha,

se déchaînent depuis la rive orientale.Mieux approvisionnéesquecellesdeStalingrad,ellescréentunevoûtedefeuau-dessusdelaville.Leurssalvespleuventsansrépit.LespiècesdeDCAs'efforcent, non sans succès, d'éloigner les appareils de vonRichthofen.Ellesyparviennentsouvent.DesstukasoudesJu-88 s'abattent, déclenchant les clameurs et les ovations destémoins.De cette rive gauche encore, desYak, des Sturmovikdécollentàpartirdeterrainssommairementaménagés.Bienquesurclassés en combat aérien, ils apportent une aide précieusecontrelesblindésallemands.

DevantStalingrad, laVIe arméeest laprincipaleengagée.LaIVe AB ne s'occupe que de la pointe de la bottine, où elle acoupélemaillon64e-62earmées.Onlesait,Pauluss'appuiesuruneforcede250000hommes.Tousnecampentpasenpremièreligne.Nombreuxsontceuxquitiennentleterrainjusqu'auDon.Lalogistiquemangedumonde,carilfautassurerlesliaisonsderavitaillement avec l'arrière en ne disposant que d'une voieferrée.LaVIe arméepousse surStalingrad avec neuf divisionsaucontact,articuléesentroiscorpsd'armée:–Aunord : leXIVeCBdeWietersheim,puisdeHubeavec

unePDetdeuxDM.–Aucentre:leLIeCAdeSeydlitzavectroisDI.–Ausud:leXLVIIIeCBdeKempf(Heim,le1ernovembre),

venudelaIreAB,avecunePD,uneDM,uneDI25.

L'ensemble donne de l'ordre de 80 000 combattants axés surStalingradville(s'yajouterontla305eDIetla14ePD).LaVIearmée bénéficie d'une large supériorité numérique. Est-cesuffisant pour l'emporter ?Les expertsmilitaires estiment que,dansl'assaut,lerapportdetroisàuns'impose.Teln'estpastout


IVLaconquête

Le1eroctobrenemarquepasunedaterepèredelabatailledeStalingrad.Cejourn'estqueledébutdumoisd'octobre,unmoiscrucial pour les Soviétiques. Leur pré carré se rétrécit. Ils sebattent ledosàuneVolgadans laquelle ils risquent fortd'êtreprécipités. Pour Paulus, il s'agit de finir de s'emparer deStalingraddontildétientdéjàunebonnemoitié.Êtreàmêmedeproclamer qu'il a pris Stalingrad. Victoire qui serait célébréehautetclairparAdolfHitleretsonrégime.

Le commandant de la VIe armée rappelle la situation d'unconquérantdes tempspassés.Sonartillerieaforcédesbrèchesdans les remparts. Son infanterie doit maintenant enlever dehaute lutte les ruelles coupées de barricades, les maisonstransformées en places fortes, éliminer des défenseurs aussicourageux qu'obstinés. Constantine, le 13 octobre 1837, endonne l'image. Valée a plus de morts intra-muros qu'eninvestissantlaville.Maislamodestiedel'ancienneCirtapermetdeconclureenune journée27.Cette fois, lasurfaceàcontrôlerestaumoinstrentefoissupérieure.ContrairementàConstantineoù lapriorité allait à l'armeblanche, tout au longde lamêlée,tankistes, fantassins, artilleurs et aviateurs se trouverontétroitementimpliqués.

DanslabatailledeStalingradsedressenttroisdatesrepères:

23août1942 DébouchédePaulussurlaVolga.19novembre1942Offensivevictorieusedel'Arméerouge.31janvier1943 CapitulationdumaréchalPaulus.

Le1er octobre s'égrène, journée analogue à tant d'autres.Lesdécombres d'une agglomération pilonnée de toutes partscontinuentdevivresouslesignedusang.Laveille,Hitlers'estexprimé. Au palais des Sports, à Berlin, il a confirmé sonintentiondenerienabandonnerdanslebrasdeferquil'opposeàl'hommeduKremlin.IlprendraStalingrad.Sonauditoire,triésur le volet, a voulu le croire et a entonné le Chant de lacampagnedel'Est:

NoussommeslessentinellesdenotreAllemagneEtnousmontonsunegardeéternelle;Maintenant,lesoleilselèveenfinàl'EstEtnousappelle,parmillions,àlabataille.

Cechant,jugéassezmélodieux,devraitplutôtseterminerpar:« Nous appelle, par millions, à la mort »... La folie de leurFührer a coûté aux Allemands 7 millions de morts civils oumilitaires.Plusde2millionssonttombésàl'Est28.

Cemoisd'octobre,25eanniversairedelarévolutionde1917etdelaprisedepouvoirdessoviets,débute tragiquementpour la62e armée. Une pluie d'obus s'abat sur des citernes supposéesvidesdelaraffineriedepétrolevoisinedel'usineOctobrerougeetdéclencheuneformidableexplosion.Unevaguedecarburantenflammé dévale jusqu'à la Volga. Une barcasse à ramess'apprêtaitàapponter.Troptardpouréviter lemurdeflammes.Tchouïkov, dans son PC non loin, manque de peu d'êtrecarboniséavecdesmembresdesonétat-major.Ils'échapperadejustesse,lesAllemands,parlescommunicationsradio,ayantdesurcroît localisé sa position proche de l'incendie et ciblé leurstirs.

Hitlerdanssa«Tanière»,StalineauKremlinseressemblent.IlsveulentabsolumentgagneràStalingrad.Questiondeprestigepersonnelpour lesdeuxdictateurs.Leurs subordonnésdoiventcomposeravecetgarderleursang-froid.

Le 5 octobre, un général mandaté spécialement à cette fintraverse laVolga et apporte àTchouïkovunordre impératif deStaline : tenir Stalingrad à tout prix et réoccuper les partiesperdues de la ville. Le commandant de la 62e armée jauge sespossibilités. Conserver ce qu'il occupe encore correspondraitdéjààunnetsuccès.Pourlereste,àl'impossiblenuln'esttenu.RéponsequeTchouïkovnepeutclairementrapporteràl'envoyéduKremlin.

Iln'estpasleseulàécoperd'uneadmonestation.EremenkoetRokossovskiontégalementdroitàleur«billetdoux»:

Vousdevezrepousserl'ennemiloindelaVolgaetréoccupercesrueset bâtiments que l'ennemi vous a pris. Pour faire ainsi, il estnécessaire de transformer chaque rue et bâtiment de Stalingrad enforteresse. Malheureusement, vous n'avez pas réussi à le faire etvous continuez à abandonner bloc après bloc à l'ennemi. Cecitémoignedevotrepiètreperformance.Vousavezplusdeforcesquel'ennemi dans la région de Stalingrad et celui-ci continue de vousbousculer. Je suismécontent de votre performance sur le front deStalingrad et vous demande d'entreprendre toutes les mesuresnécessairespourladéfensedeStalingrad.Stalingradnedoitpasêtreabandonnée à l'ennemi et les parties de Stalingrad que l'ennemioccupedoiventêtrelibérées.

Le Géorgien étoffe ses arrières et assure ses lendemains. SiStalingrad tombe, Eremenko, Rokossovski, Tchouïkov, serontles grands coupables pour n'avoir pas exécuté ses directives.MachiavéliqueStaline!


partie orientale. Pour les aviateurs allemands, elle resteraconstamment une zone repère facile à identifier et, a priori,aisée à bombarder. À la fin des combats, elle ne conserveraaucunmur debout,mais ne sera pas tombée intégralement auxmainsdesAllemands.

La maison Pavlov, le sniper Zaïtsev se rapportent au visageglorieuxd'unedéfensequiasoncancer.La62e arméeoffreunvisage assez hétéroclite. Outre les Russes, elle comprend desSibériens,desUkrainiens.Lespremierssedemandentpourquoiils se battent si loin de chez eux. Les seconds s'interrogent.Quelleestleurpatrie?L'Ukraineoul'URSS?Vieilantagonismeentre Kiev et Moscou. Des Ukrainiens ont tranché. Non àl'impérialismemoscovite ! Ils se rangent prèsde laWehrmachtqui selon eux les a libérés. Des Ukrainiens gardent, sanscomplaisance,descampsdeprisonniersrusses.ChezlesRusses,lesfaiblesexistentcommepartout.Résultat:desdésertions,desabandonsdeposte,desdéfaillancesgraves.NiTchouïkov,nileNKVD, qui glisse ses antennes dans les unités, ni lescommissairespolitiquesnelestolèrent.Lamoindresuspicionnemérite qu'une peine : la mort. La bataille de Stalingrad auraitgénéré13500exécutionsjudiciairesousommaires.Lesmœursdurégimestalinientendentàfaireaccepteruntelchiffre.

Cette réserve grave sur le comportement de nombre dedéfenseursde lavilleduGéorgiennepeut, toutefois,estomperl'essentiel. L'héroïsme de la masse. Si Paulus n'a pu emporterStalingrad,laraisonprofondesesituelà.Lecombattantdebases'estdéfenduavecuncourageetuneabnégationquiontrendulachute de la ville impossible. Des Allemands diront de leursadversaires:«Ilssebattentcommedeschiens.»

Le 8 novembre, à Munich30, Hitler évoque d'en terminer àStalingradavecdepetitestroupesdechoc.Cedisant,ilreprendune idée de von Richthofen qui s'insurge de voir la batailles'éterniser et en impute la responsabilité à Paulus. L'aviateurreprocheaupatrondelaVIearméesonmanqued'agressivitéetses méthodes par trop conventionnelles. Il oublie que, noncontent d'essayer d'enlever Stalingrad ville, Paulus doit encorecontenirdefortesmenacesaunord,danslesecteurduXIVeCB.Les Soviétiques s'en prennent au doigt de gant initial, dansl'espoirderétabliruneliaisondirecteavecla62earmée.

Lestroupesdechocd'HitleretdevonRichthofenproviennentdesbataillonsspécialisésdugénie.Fortsde450à500sapeurschacun, ils se regardentcommedegrands technicienscapablesd'enleverd'assautunerésistance.IlsméconnaissentlestraîtrisesdesruinesdeStalingrad.

Le scénario ne varie guère. Intense préparation d'artillerie etpiquésdesstukasavantl'attaqueduLIeCArenforcépar la14e

PD. Des canons d'assaut31, cinq bataillons de pionniersprécèdentlesvaguesdefantassinsetdechars.

L'effort essentiel est dirigé contre le flanc oriental subsistantdel'usineBarricades.

La305eDIattaquepleinest.La389es'axesud,lelongdelaVolga,danslebutd'envelopperla138edivisiondeLioudnikov,quidéfendleslieux.

La bataille engagée le 11 novembre à l'aube va se prolongerunepetitesemaine.LesAllemandsgagnentduterrain,éprouvant

des pertes sensibles. Les bataillons de pionniers rentrentdécimés.Les305eet389eDIont445hommeshorsdecombat,tués,blessésoudisparusrienquedurantlapremièrejournée.Ilesttoutefoisdesacquis.La305eperceetatteintlaVolgaausud-estdeBarricades.Lioudnikovestencerclé.

Une victoire se dessine, sans signifier la victoire totale. Despochesderésistancesemaintiennent.LesunitésdelaVIearméesontépuiséeset incapablesdeprolonger.La62e arméenevautpas mieux. Les renforts lui arrivent par bribes et l'état de laVolgafreineletransfertdevivresetdemunitionsparlesferrieset les vedettes blindées. Les U-2, chaque nuit, effectuent deslargages qui délivrent un peu de nourriture, des cartouches dePM et dumatérielmédical.Unemisère ! Tchouïkov s'inquièteavanttoutdelasituationdeLioudnikov.Lescontre-attaquessesuccèdent pour le soulager et le rejoindre. Ces tentativesn'apportent pas de grands résultats, hormis des pertessupplémentaires.

La62earméenes'endoutepas.Leplusgravedanssasituationprovient d'ailleurs.Elle constitue l'appât d'un formidable piègequidoitfonctionnerjusqu'aubout.Enfoncéeàl'extrémitédelatrappe, elle attire à elle laVIe armée, tandis que l'essentiel seprépare sur les ailes. Priorité en hommes et enmatériel à cesailes d'où surgira le salut. La 62e armée subit un sévèrerationnementauprofitdesarméesquiamorcerontlariposte.Sil'on en croit Joukoven sesMémoires, du1er au 19 novembre,160 000 hommes, 10 000 chevaux, 430 chars, 600 canons,14 000 véhicules autos, 7 000 tonnes environ de munitions,franchissent la Volga. Non destinés à Tchouïkov, mais à sescamaradesdelacontre-attaque.


canonssontabandonnés,maisnondétruits;nousdistinguonsmêmedescaissesdemunitions.Bienplusloinseulement,nousapercevonsles premières vagues d'assaut russes. Elles pourront s'emparer despositionsroumainessansmêmetireruncoupdefusil.Bienentendu,nousattaquonsaussitôt,àlabombeetàlamitrailleuse,maisàquoibondumomentqu'ausoltouterésistanceacessé...

EtRudellaisseexhalersarage:

Durant le trajet du retour, nous survolons les longues files deRoumainsenpleinefuite;unechance,aufond,deneplusavoirdemunitions, je serais bien tenté de tirer dans le tas pour essayer demettrefinàcetteignobledébandade37.

Rudel,trompe-la-mortàl'engagementabsoluenfaveurduIIIeReich,s'exprimeavecsévérité.Pourtant,desRoumainsrésistent.Au sud de Serafimovitch, cinq divisions de la IIIe arméeroumaine, commandées par l'énergique général Mihail Lascar,réussissent à former le carré. Cette poche dite « deRaspopinskaya », petite cité de la rive droite duDon, tiendraplusieurs jours. Dans l'après-midi du 23 novembre, le généralStanescu, successeur de Lascar fait prisonnier, enverra desparlementaires avec un drapeau blanc – 27 000 vaincus,auxquelsilaétépromisviesauveetbontraitement,serendent.Lesintéressésdoiventseméfierdecetypedepromesses.

Ilestfréquentquedesrafalessauvageséclaircissentlesrangsdeceuxquiviennentdedéposerleursarmes.

Toutau longde la journéedu19, le flottementdans lecampallemandaggravelasituation.

Unpeuavant10heuresseulement,lePCdelaVIearméecapteunpremieréchodel'offensiverusse.Encoreest-il imprécis.La

défaillance de la reconnaissance aérienne, le désarroi roumainrendentlesrenseignementsflous.AuPCduGAB,l'informationtombeégalement.LeXLVIIIeCBde la IVeAB(généralHeim)reçoit l'ordre de se porter à la rescousse des Roumains versBolchoï.Voici que, duBerghof,Hitler, informé, s'enmêle.Delui-même, il prescrit à Heim de s'orienter sur Kletskaya (60kilomètresàl'estdeBolchoï).Soitunviragede45°surladroite.Un changement de direction, pour une colonne de blindés,signifie une manœuvre délicate. De surcroît, cette colonne seheurteàcellesdesRoumainsdécrochantversl'arrière.EtmêmesiHeimétaitenmesuredecontrerefficacement!Soncorpsfortthéoriquement de trois PD, deux allemandes, une roumaine,présentetoutjustelavaleurd'unePD.L'usuredumatérielafaitsonœuvre.

Rokossovski, avec le frontduDon,complique leschoses.Sisa 65e armée frappe vers Kletskaya, ses 24e et 66e arméesfrappent plus à gauche dans le couloir entre Don et Volga.Résultat:pourl'état-majordelaVIearmée,lamèches'allumeende nombreux points. Impossible de situer l'effort principal del'adversaire. Difficile de monter une contre-attaque. Et avecquoi ? Paulus, tout à son action contre Stalingrad comme lepressait le Führer, n'a prévu aucune réserve d'intervention. SescharssebattentdansStalingrad.Lesfaire intervenirencontre-attaqueexigeradutemps.

Un Paulus singulièrement passif ce 19 novembre. À sadécharge,legrosdel'offensiveennemieparaîtsedéroulercontrelaIIIearméeroumaine.Donchorsdechezlui.

Le premier, le GA B saisit l'ampleur des événements. À 22

heures,unordrecatégoriquedevonWeichsprescritde romprele combat à Stalingrad et le justifie : « Un changement desituation dans le secteur de la IIIe armée roumaine contraint àdesmesures radicales visant à un déplacement de forces aussirapidequepossiblepourcouvrirleflancarrièredelaVIearméeet protéger les lignes de communications. » Pratiquement, les14e, 16e et 26e PD doivent se dégager, afin de glisser versl'ouest, opération que Tchouïkov, de son côté, fait tout pourcontrecarrer.Sa62earmée,à l'unissondesfrontsduDonetdusud-ouest,attaque.

Au soir du 19 novembre, la première phase d'« Uranus »s'achève sur un succès soviétique incontestable. Les lignes dedéfensedelaIIIearméeroumainesontpercées.Autermed'uneprogressionoù leblizzard lesobligeaitparfoisà s'orienterà laboussole, lesélémentsdetêtedela5eABsesontenfoncésde70 à 80 kilomètres. À la 21e armée, l'avance du 4e CB, aussirapide,atteintManoylinetMayorovsky,bourgadessituéesàunecinquantainedekilomètresduDon.Surlagauche,la65earméeprogresse sud-est, sur la rive droite duDon.La contre-attaquedu XLVIIIe CB allemand n'a rien donné d'autre que del'appauvrir.

EnFrance,lesgénérauxincapablesouvaincussontaffectésàLimoges. Sous Staline et Hitler, il en va autrement. LecommandantduXLVIIIeCB,legénéralHeim,pourtantchefdevaleur,subiralavindictehitlériennedevantsonéchec.Démisdeson commandement, arrêté, emprisonné, il sera licencié avantd'êtrefinalementréintégré.

Aumatindu20novembre,lefrontdeStalingraddonneàson


Luftwaffe,arriveauBerghof,convoquéentantqu'expert.Dansun premier temps, il conforte Hitler dans sa conception d'unpontaérien.RenouvelerDemianskàplusgrandeéchelle relèvedu possible. Le Reichsmarschall Goering, grand patron de laLuftwaffe, arrive à son tour au Berghof le 22. Interrogé parHitler sur la réalisation du pont aérien au profit de Paulus, ilrépond:«MeinFührer,nousferonsleboulot!»Lesdétracteursdu ventripotent Goering soulignent à juste titre que leReichsmarschalla,alors,grandbesoinderedorersonblason.Sabatailled'Angleterre s'est soldéeparun échec.Endépit de sesdéclarations tonitruantes, les Alliés bombardent l'Allemagne.Presque chaque nuit, la Ruhr reçoit des visiteurs. Réussir àravitailler la VIe armée lui redonnerait le lustre qui lui faitcruellementdéfaut.

Le23,HitlerrejointRastenburg.L'optimismedeGoeringetdeJeschonnek n'est plus de mise. Jeschonnek a révisé sa copie.Honnêtement,ilreconnaîts'êtretrompédanssesestimations.LaLuftwaffenedisposepasdesmoyenssuffisantspourravitaillerPaulus.SedressesurtoutZeitzler,lenouveauchefdel'OKH.Cepetitgénéral,dontHitlerpensaitqu'ilseraitauxordres,s'insurgeetoseexprimercequ'ilpense.Croireloisibled'alimenterPauluspar voie aérienne est une folie. Le ton de l'altercationGoering/Zeitzler devant Hitler s'échauffe. Zeitzler, incisif,précise:

«Cinqcentstonnesdoiventêtrelivréesquotidiennement.

–Jepeuxlefaire,répliqueGoering.

–MeinFührer,c'estunmensonge!»,hurleZeitzler.

Le Führer tranche après une minute d'hésitation : « LeReichsmarschallm'afaitsonrapport.Jemaintiensmadécisionoriginelle.»

Derrière lui, les éminences du haut état-major, le maréchalKeitel,chefdel'OKW–«Lakaitel»,le«petitvalet»,murmure-t-ondanssondos–,etJodl, lechefdubureaudesopérations,approuvent, le petit doigt sur la couture du pantalon. LeurservilitélesmèneraaugibetdeNuremberg.

Zeitzler n'est pas le seul à douter des possibilités d'un pontaérien. Von Richthofen ; Martin Fiebig, patron du VIIIeFliegerkorpsaxésurStalingrad;WolfgangPickert,commandantde laDCAà l'intérieur du«Kessel », partagent sa conviction.QuantàPaulus,ilrestesceptique,maissetait.Ilatranchéunefois pour toutes. Obéir. Grandeurs et servitudes militaires !Hitler et Goering apparaissent, sans ambiguïté, comme lesgrandsresponsablesdeladécisiondemaintenirlaVIearméesurles bords de la Volga et d'assurer son ravitaillement par air.Mesuresfatalesdestinéesàconduireaudésastre.

Les adversaires de la solution pont aérien s'appuient sur desolidesraisons.Ilsontfaitlescomptes.

Ilestànourrir250000combattantsetensusàleurfournirdesmunitionsetducarburantpourleursvéhicules.L'expériencedeDemianskdonneprèsde300tonnes/jourpour100000hommes(273trèsexactement)–750tonnessemblentdoncicis'imposer.Ons'entientà500,etGoerings'estengagésurcetonnage.

LaLuftwaffedisposede750appareilsdetransportJu-52.Cetrimoteur, à la carlinguehabilléede tôleondulée, est un avion

robusteetfiable.(Durantlespremièresannéesd'après-guerre,ilrendra de précieux services à l'armée française et servira,honnête et fidèle, en Indochine.) « Tante Julie », ainsi est-ilsurnommé,possèdeunebonneréputation,bienquesescapacitéssoient modestes : vitesse de croisière, 170 kilomètres/heure ;tonnagetransporté,2tonnes.Ildécolleetseposesurdespistesenterredefortune.

Sur ces 750 Ju-52 théoriquement disponibles, 280 sontaffectésàlaTunisie.AprèsledébarquementalliéenAFNdu8novembre et l'entrée dans le conflit de l'armée d'Afriquefrançaise,Hitlerdécided'yenvoyeruncorpsexpéditionnaire.LaNavy anglaise contrôlant en bonne partie laMéditerranée, lesacheminementss'opèrentparairetdenuit.

Onréserve300Ju-52aupontaériendeStalingrad,chiffrequisera porté à 320. Il faudra tenir compte des pertes. Un calculrapide apprend que 600 tonnes quotidiennes pourraient êtreainsi transportées.À la condition impératived'une rotationparjour de chaque Ju-52 et sous réserve que la météo l'autorise.Circonstance loin d'être continuellement rencontrée en cettepériodedel'année.

AuxJu-52viendronts'ajouterunetrentainedeHeinkel111.Cebimoteur de bombardement est un bon appareil, mais n'a pasvocationautransport.Iln'enlèveque1,2tonne.

Le « Kessel » bénéficie a priori d'un avantage. Alors queDemiansk ne possédait qu'une piste de 600 mètres sur 30, ildispose de six aérodromes : Goumrak, Bolchaïa Rossochka,Basarguino, Stalingradski, Voroponovo et Pitomnik42, le plusimportant.Ces terrains,Pitomnik surtout, sontbien équipés et


heureuse:unbonappuiaérienavecleIVeFliegerkorps.

Consécutivement à « Uranus » et à l'encerclement de la VIearmée,unfrontsudsedélimite.Oh,iln'estpasVerdunavecsestranchées et ses boyaux parfaitement localisés. L'espace russeconduit à une ligne de contact qui ne saurait être regardéecommesérieusementtenueparuncampouparl'autre.PourlesAllemands,aunord-ouestdeKotelnikovos'étalentdesdébrisdela IIIe armée roumaine, avant laVIIIe armée italienne installéesurleTchir,puisleDon.VonMansteinapleinementconsciencede lavulnérabilitédecedispositifallié.À toutes finsutiles, ilorganise, sur les arrières, le « détachement d'armée Hollidt »,soit trois DI, deux divisions de marche de la Luftwaffe et leXLVIIIe CB. Ce dernier, débouchant du confluent Don-Tchir,devra attaquer en direction générale deKalatch, afin d'épaulerl'action principale partant de Kotelnikovo. Pour être complet,enfin,ausud-estdecettevilles'étirelaIVearméeroumaine.Pardes Italiens ou par des Roumains, vonManstein est bienmalgardésursesflancs.

À Moscou, la Stavka réfléchit aux interventions futures.Staline voit grand. Il estime la VIe armée déjà à sa merci etenvisage un large butin. En l'occurrence, le GA A enfoncéjusqu'auCaucase.L'isolers'offreenbelleperspective.LaStavkacogite une opération « Saturne ». Une offensive axée surRostov-sur-le-Don contre le ventre mou représenté par lesItaliens. Le piège se refermerait à plus vaste échelle qu'àStalingrad. Il enserrerait la IreAB et laXVIIe armée.De quoifaire rêver. Joukov, tout aux réalités de sa bataille contreStalingrad, semontre plus réaliste. Il se contentera de « PetitSaturne».

Le 3 décembre, le 8 décembre, finalement le 12. L'arrivéeprogressivedesmoyens retarde ladatededémarraged'«Oraged'hiver».

Il fait beau et froid ce 12 décembre. Un temps favorable audéclenchement d'une offensive. Les stukas peuvent piquer àloisiretleschenillesdesblindéss'accrochentsurlaneigegelée.Dans les rangs du LVIIe CB s'est glissé un bataillon de charsTigre.Hitlerattendbeaucoupdecemonstrede56tonnesarméd'un canon de 88 millimètres. Les équipages ont pleineconsciencedeleurmission.Allertendrelamainauxcamaradesencerclés.L'ardeur anime tous ces tankistes résolus à se frayerunpassage sur une centaine de kilomètres.Un tel parcours neleseffraiepas.LaRussielesahabituésauxlargesdistances.

Le succès paraît au rendez-vous.LeLVIIe CB atteint l'Aksaïgelée, 25 kilomètres au nord de Kotelnikovo, et la franchit,effectuantuneétaped'unecinquantainedekilomètres.

Le commandement soviétique éprouve une surprise. Il nes'attendait pas de sitôt à l'attaque allemande. Le ciel est vided'avions à étoile rouge. Ils ont ordre de donner priorité àStalingrad. Sa 51e armée fléchissant, Eremenko demande lerenfort de la 2e armée de la garde du généralMalinovski, queStaline,furieux,refuse.

Le13,lamétéochange.Lapluieremplacelaneige.Unetelleévolution ne favorise guère la progression des blindés, quimaintiennentcependant leuravance.AutourdupetitvillagedeVerkhne-Koumskisedérouleuneâprebataille.La6ePDensortvainqueur. La Michkova, dernier obstacle naturel, est bordée.

StukasetBf-109ontapportéunsolideappui.

Stalingrad à 48 kilomètres ! Les assiégés entendent unecanonnadeporteused'espoir.«DerMansteinkommt!»L'échoserépanddetranchéeentranchée,d'abrienabri,dePCenPC.Nul n'en a pleine connaissance, mais on s'en doute. Descolonnes de camions transportant 3 000 tonnes dematériel setiennent prêtes à s'enfourner dans le couloir ouvert par lesblindés.Lesalut!Enfin,pouvoirmangeràsafaim!

LaVIe armée va-t-elle,maintenant, assener le coup de poingcontribuantàdésarçonnerl'adversaire?Campédanssonréduit,Paulus hésite. Il prétexte l'épuisement réel de ses hommes, lemanque de carburant n'octroyant à ses chars qu'un parcoursd'une vingtaine de kilomètres. Lié aux directives strictes duFührer de conserver Stalingrad, il attend un ordre formel debouger.OrdrequevonManstein, son supérieur en titre, ne luidonne pas. Le commandant du GA Don a besoin du feu vertd'Hitler pour prescrire à Paulus de tenter une sortie. Ill'escomptera vainement. Sans oser franchir le Rubicon d'uneinfraction aux directives du despote.La disciplinemilitaire, lerefusderesponsabilitéssupérieures,lacraintedecontrecarrerlavolontédumaître,lientlaVIearméeàsondestin.

Stalinefinitparcomprendre. Il laisse la2earméede lagardedeMalinovski,l'ancienlégionnairede1918,seportercontreleLVIIeCB.Surtout,ilécouteJoukov.Larépliquenesesituepasau sud de Stalingrad, mais au nord-ouest. Pour contrer vonManstein, lemieuxestde lemenacersursonflancgauche.Cequiimpliquedetransformer«Saturne»enmodèleréduit«PetitSaturne».


Àdéfaut,lestroupesencercléesserontexterminées.

LedocumentàremettreestsignéparRokossovski.

Staline aurait-il respecté les clauses du contrat proposé s'ilavaitétéaccepté?Ilestpermisd'endouter.

En apparence, côté soviétique, tout se met en place pourdonnerl'impressiond'unenégociationenbonneetdueforme.Le6 janvier, à 19 h 30, un biplan U-2 s'envole pour larguer au-dessusdu«Kessel»destractsinvitantàserendre.EndépitdelaDCA,«missionremplie».Sursonretour,l'avionesttouchéeteffectueunatterrissagedefortune.Lepiloteestblessé.Avecsonpassager,ilparvientàrejoindreleslignesrussesoùlesdeuxhommes seront accusés de défaillance. Le témoignage deprisonniersallemandsayantréceptionnélestractslessauveradelacourmartiale.

Le 7 janvier, des messages radio avertissent de l'envoid'émissaires et de l'établissement d'un cessez-le-feu. Le 8, àl'aube,DiatlenkoetSmyslovseprésententenlimitedunoman'sland,accompagnésd'unporteurdedrapeaublanc.Unefusilladelesaccueilleetlesobligeàseplaquerausolavantdeserepliersurordre.

Le lendemain 9, ils renouvellent leur tentative en un autrepoint du front. Cette fois, la réception semontre plus amène.Des officiers allemands acceptent de les conduire, les yeuxbandés, à leur supérieur hiérarchique, un commandant dedivision. Ce dernier refuse de recevoir l'ultimatum et d'enaccuser décharge, prétextant que le général Paulus a prisconnaissance du texte incriminé et refuse de capituler. La

tentative en reste là et les émissaires rebroussent chemin,reconduits sainset saufs.Sur leplanpsychologique, l'épreuve,poureux,futingrate.

Par souci d'humanité, Paulus, conscient de l'état de seshommes, a transmis l'ultimatum à Hitler. Connaissant lepersonnage,pouvait-ilavoirundoutesursaréponse?

Lesconcentrationsdemoyensenvuede«Koltso»,l'opérationdestinéeàliquiderStalingrad48,etdetrèsmauvaisesconditionsmétéo – glace, neige, brouillard – provoquent, durant lespremiers jours de janvier, un temps mort artificiel. Lesbombardements,lescombatssefontmoinsâpres.

Cette accalmie bénéficie aux assiégés sans pour autant lesrenforcer. La ration de pain journalière tombe à 75 grammes.Une misère ! Les chevaux tous abattus, la seule source deprotéinesadisparuaveceux.Lemauvaistempsaunerançon.Lepontaérienfonctionneàpetitrégime.Moinsde50%durythmehabituel. Pour remédier à l'allongement des distances, laLuftwaffe, endeuxième semainede janvier,met en servicedesquadrimoteurs,grosporteurs,Fw-200Condor.BasésàStalino,à 480 kilomètres de Stalingrad, ces bombardiers de 3 500kilomètres de rayon d'action peuvent transporter dans les 15tonnes. Sept d'entre eux se posent à Pitomnik, l'aérodromeprincipal du « Kessel », le 9 janvier, livrant 5 tonnes decombustible,9tonnesdemunitions,22,5tonnesdevivres.Troppeu par rapport aux besoins. Ils redécollent en évacuant 156blessés.Làencore, insuffisantdevant lamassequi sebatpourembarquer.

Unbilletd'évacuationn'est jamaisuneassurance totalesur la

vie.Iln'estqu'unparachutagesansventral.Si ledorsals'ouvre,trèsbien;àdéfaut,unechutefatale.Desvolsretours'achèventen catastrophe. Chasse soviétique,DCA, rupture de charge auseinde la carlingue.UnCondor, déséquilibré, se retrouve à laverticale, hélices tournoyant dans le vide. Il s'écrase dans unegerbedeflammes.CinqCondorserontperdusàStalingrad.

Les Soviétiques renforcent leur étreinte aérienne autour du«Kessel».Outrelachasse,deuxanneauxdeDCAceinturentleréduit.Franchircesbarragesdefeuimpliquedevolerhautetdeplonger dans la cuvette ou bien de s'approcher en rase-mottespour surprendre les canonniers. Pour le retour, péripétiesidentiques.Succèsjamaisgaranti.

Deshommesmeurentbrutalement.Lesmédecinss'interrogent.Pourquoi ces décès subits que rien ne laissait présager ? Ilspratiquentdesautopsiesen faisantvite :en trèspeude temps,les cadavres se transforment en blocs congelés. La réponseapparaît.Plusaucungrammedegraisse,uncœurréduitànéant.Lesmalheureux sontmorts d'inanition.La faima eu raisondeleurorganisme.

La guerre est inhumaine. Elle broie sans pitié les individus.Des permissionnaires ont été surpris par l'encerclement du19 novembre. Le commandement pourrait les regarder commedes heureux ayant échappé à un sort funeste. Non, il lesréexpédie sur Stalingrad, les vouant à une mort plus queprobable. Pourtant, dans les hautes sphères, nul n'ignore lagravitédelasituationnil'issuefatale.

Hitler et l'OKH possèdent leurs propres antennes au sein du«Kessel».Audébutdel'encerclement,lemajorvonZitzewitza


bousculentvers l'intérieurde lacarlingue.Personnepourparticiperaudéchargement,personnepourmettredel'ordre.Peuavantledécollage,unaviateur,PMàlamain,repousselamassedesblessésentrésdansl'appareil.Finalement,nousdécolleronsavec11.Étaient-ils ounon sérieusement touchés ?Très certainement lesmoinsatteintsavaientdûs'imposer50.

Goumrak, du 16 au 22, donne une vision de l'enfer et de ladémence. L'arrivée des Russes le 23 finira de transformer leslieuxenimmensecharnier.LesT-34serueront.Leurschenillesécraseront tout, les morts et les vivants. Les fantassinsachèveront, finissant l'ouvrage de rafales vengeresses – 40 000Allemandsseraientmortsdu10au26janvier.

Une longue route droite de 8 kilomètres file de Goumrak àStalingrad. Les congères l'ont convertie en fossé d'où il estdifficiledes'extraire.Lesdébrisdes3e,29eDMetdela376eDIont été refoulés sur Goumrak. Dans l'après-midi du 23, ilss'efforcent de rejoindre Stalingrad par cette voie aux paroisenneigées.DesYaketdesSturmovikrepèrent leurmouvement.Durant quatre heures de jour, lemitraillage tourne au carnage.Leblancdelaneigeseteintederouge.BienpeuderescapésdestroisdivisionsatteindrontStalingrad.

GoumraktombéentrelesmainsdesSoviétiques,nefonctionneque le petit aérodrome de Stalingrad, Stalingradski. Le23janvier,unHeinkel111endécollera,ultimeappareilàquitterle«Kessel»,emportant18blesséset7sacsdecourrier.Danscelot,ladernièrelettredePaulusàsonépouse,oùilaécrit:

«Jesuisiciparordreetj'yrésisteraijusqu'aubout.»

En fin de journée du 23, Stalingradski est, à son tour,

submergé par lamarée à drapeau rouge.Désormais, le contactretourseromptavecl'extérieur.Pourlesblessés,lesévacuationss'ajournentsinedie.N'interviendrontplusquedesparachutagesnocturnes,del'ordred'unecentainedetonnes,les26et27,puisde200les28-29,qui,enmajeurepartie,tomberontàl'intérieurdes lignes russes. Les zones de largage, les fameuses DZ desBritanniques, se repèrent difficilement dans la lueur desincendies.

LesSoviétiquesl'emportentsurtoutelaligne,refoulantlaVIearmée vers l'est. Le 24 janvier, le « Kessel » se réduit à lapériphérieurbainedeStalingrad.Illuiresteunesemaineàvivre.

XLacapitulation

Depuisl'échecdeHothetdevonManstein,soitdepuisNoël,voire auparavant, Paulus se sait condamné. Soit il tomberaécrasé sousunbombardement, soit il sera contraint, à bout deforces,decapituler.Situationterriblepourcegénéraldevieilleécole.Confrontéàsondestin,ilcompose.Donneràseshommesl'illusionqu'ilespère,ayantfoidanslespromessesduFührerdeles sauver. Garder au fond de lui-même son secret del'inéluctable.

Sa carrière d'officier d'état-major, pour l'essentiel, ne l'avaitnullement préparé à une telle épreuve. Un de ses supérieurstranchaitdans lescirconstancesdifficiles.Alors, lepersonnagecraque,passantpardesphasesdevide.Laterminologiemédicalemoderne parle de dépression. Paulus en présente tous lessymptômes.VéritablehommefortdelaVIearmée,sonadjoint,legénéralSchmidt,veilleaustrictrespectdusenshiérarchique.PourSchmidt,lalourdemachinemilitaireallemandesedoitderesterintacte.Devantl'apathiedesonchef,ilcommande.

La capitulation, Schmidt, à l'égal de Paulus, la voit à brèveéchéance, sans se hasarder à l'évoquer par crainte de fissurerl'unitédelaVIearmée.Paulus,devantl'agoniedesonarméeetlessouffrancesdeseshommes,estmoralementprêtàl'accepter.Ensonforintérieur,iln'étaitpasintrinsèquementcontreletexteprésentéparlesSoviétiquesle9janvier.LaréactionduFühreraannihilétoutressortdesapart.

Le 24 janvier au soir, la VIe armée, bien malgré elle, se


nerveuxluisecouaitlajouegauche.Ilavaitplusdedigniténaturellequelesautresetneportaitqu'uneoudeuxdécorations.Onentenditcliqueterlesappareilsphotographiques,puisunofficierrusselepriapolimentdeseretirer54...

Lesentimentdedéchéancedoitêtreterriblepourcesgénérauxmontréscommedesfauvesencage!

Pour les journalistes occidentaux, au termed'une courte nuitdansunbunkerenfumé,voicienfinladécouvertedeStalingrad,aujour.

Ce n'était pas tout à fait ce que j'avais imaginé. Pendant quelquesinstants, je fus ébloui par l'éclat du soleil sur la neige. Nous noustrouvions dans l'une de ces cités-jardins perdues par lesRusses enseptembre. La plupart des maisons et des arbres avaient étécomplètementdétruits.Auloin,versladroite,sedressaitungroupeimposantd'immeublesdecinqousixétages;enréalité,iln'enrestaitque la coque. À gauche, à 3 kilomètres, on apercevait un grandnombred'immensescheminéesd'usines,quidonnaient l'impressionqu'il y avait là une ville industrielle intacte ; mais au bas de cescheminées, il ne restait que les ruines de l'usine de tracteurs. Lescheminéessontdifficilesàatteindre.Nousdescendîmesenvoiturejusqu'àlaVolgaàtraverslechaosdelacité-jardinetlesruinesdesbâtimentsdelagare.LeventdelaVolgaavait balayé et gelé la terre, parsemée çà et làdeplaquesdeneige,sousuncield'unbleutrèspâle.Lelongdelaroute,ilyavaitencorequelquescadavresallemandsgelés.Noustraversâmeslavoieferréeoù se dressait un amoncellement de wagons et de machines, uneinextricable montagne de ferraille. De hauts réservoirs d'essencecylindriques étaient démantibulés comme de vieilles boîtes decarton,tandisqued'autress'étaiententièrementeffondrés.Del'autrecôtéde la route, c'étaitunenchevêtrementde tranchées,d'abris,detrousd'obusetdecratères ;puis,au-delàde lavoie, la route fituncoudebrutal,etnouseûmesdevantnouslablancheVolgapriseparlaglace,lesarbresnusdudeltaet,auloin,lessteppesblanchesquis'enallaientversl'Asie55.

Cette Volga, malgré la glace, n'est pas un fleuve mort. Desvoituresycirculent,despiétonslatraversent.Leshabitantsdelaville détruite veulent rentrer chez eux, découvrir ce qui leurreste,essayerdesebâtirunenouvellevie.Ilsontlasurprisederetrouver10000compatriotes,dontunmillierd'enfants,quiontsurvécuonnesait tropcomment.Cespauvresgensse terraientaufonddescaves,naturellement.

SiStalingrad s'achève surungrandperdant, lenomméAdolfHitler,sonrival,JosephStaline,saitprofiterdelavictoiredesesarmes.Ils'octroieletitredemaréchaldel'Unionsoviétique.Lemaître duKremlin atteint le sommet de son pouvoir. Samort,seule,ledétrônera.Stalingradafaitdeluiunmonarqueabsoluen son pays et un personnage incontournable sur le planinternational. Roosevelt et Churchill s'en rendront comptequelquesmoisplus tardàTéhéran, lesecondsurtout.L'URSS,deuxième puissance mondiale de l'après-guerre, est née àStalingrad.

Auxhommesdebase,lescombattantsrescapésdeStalingrad,il sera accordé une décoration, lamédaille pour laDéfense deStalingrad. Un insigne ne coûtant pas cher à fabriquer ! L'onretrouve le fait bien connude la récompense dans la personnedeschefs.Quelque760000civilsoumilitaires recevrontcettemédaille circulaire en bronze suspendue à un ruban vert pâleornéd'uneraierouge.

La ville aura droit au titre de héros de l'Union soviétique,distinctionpartagéeavecLeningrad,SébastopoletOdessa.LesFrançaisyverrontunecorrélationaveclacroixdelaLibérationdécernéeàcinqcommunesdeleurpays.Danslecadredesbonsrapports dumoment entre adversaires du IIIe Reich,Churchill,

lors de la conférence de Téhéran, offrira au peuple soviétiquel'«épéedeStalingrad»surlaquelleétaitgravé:

«Aux citoyens de Stalingrad au cœur d'acier, ce don du roiGeorgeVIengagedel'hommagedupeuplebritannique.»


sortiepours'extrairedu«Kessel»danslequelilesttombé.Broyé par l'épreuve, sur la fin, il laisse de fait lecommandementàsonadjoint,legénéralSchmidt.Promumaréchal à la veille de la capitulation, il n'envisagepasde se suicider, comme l'escomptaitHitler.Après l'échecdu complot du 20 juillet 1944, il rejoint la Ligue desofficiers allemands intégrée au Comité national pour uneAllemagnelibre,sousobédiencesoviétique.TémoinauprocèsdeNuremberg,ilseralibéréen1953.LechefdansledramedeStalingradamanquédecaractère.

RICHTHOFEN, Wolfram VON (1895-1945), maréchalallemand.Cousinducélèbre«Baronrouge»de14-18,chefd'état-majordelalégionCondordurantlaguerred'Espagne,ilcommande,en1942,laLuftflotteIVchargéed'appuyerlaVIearméeàStalingrad.Naziconvaincuetpugnace,ilfrappefort.Lucide,ildénoncelavulnérabilitéde laVIe armée et réfute la possibilité d'unpontaérien.IlcritiquetoutautantPaulusetsonmanquedecombativité.Promumaréchalenfévrier1943.

ROKOSSOVSKI,KonstantinKonstantinovitch(1896-1968),maréchalsoviétique.NéàVarsovie,ancienofficierdel'arméetsariste,ilrejointlarévolution.Arrêté, torturé pendant les purges de Staline, libéré, sesqualités militaires reconnues, il devient le commandant dufront du Don, au nord-est de Stalingrad. À compter du1er janvier 1943, il assure la liquidation du «Kessel » etreçoitfinalementlaredditiondePaulus.Promumaréchal.Deuxfoishérosdel'Unionsoviétique.

SCHMIDT,Arthur(1895-1987),généralallemand.

Chefd'état-majorde laVIe armée, il est l'homme fortde labataille de Stalingrad, suppléant Paulus écrasé parl'événement.Nazifidèle,ils'entientàunestricteapplicationdesordresd'Hitler,rejettetouteéventualitédecapitulationets'efforcedemaintenirlarigiditédelaVIearmée.En captivité, il refuse toute compromission avec lesSoviétiquesetneseralibéréqu'en1955.

STALINE, Joseph Vissarionovitch DJOUGACHVILI, dit(1879-1953).Le maître absolu du Kremlin entend défendre Stalingrad,villesouslesmursdelaquelleilaétévainqueuren1920etqui,depuis1925,portesonnom.À cet effet, il nomme Eremenko commandant du front deStalingradet sait surtoutécouter JoukovetVassilevski,quilui proposent la contre-attaque stratégique appelée«Uranus».IlfaitsienneladéfaiteallemandeàStalingrad.CettevictoiredueàJoukovetaucouragedescombattantsrussesconfortesespositionsnationaleetinternationale.

TCHOUÏKOV, Vassili Ivanovitch (1900-1982), maréchalsoviétique.Enfant de la révolution russe, il est, en août 1942,commandantenseconddela64earméeausuddeStalingrad.Le12septembre,Eremenkolenommecommandantdela62earmée.Àcetitre,TchouïkovdevientlevéritabledéfenseurdeStalingrad.Partageant les risquesdeseshommes, il imposeune énergie farouche à la résistance. Conscient qu'il doitgagnerdutemps(arrivéedel'hiveretcontre-attaquerusse),iln'hésite pas à proclamer : «Le temps, c'est du sang ! » Salutte est opiniâtre et sans merci. Il poursuivra le combatjusqu'àBerlin.

Promumaréchalen1946.VASSILEVSKI, Aleksandr Mikhaïlovitch (1895-1977),maréchalsoviétique.Chefdugrandétat-major,ilconçoitetorganiseavecJoukovla contre-attaque soviétique, l'opération « Uranus », qui, àpartir du 19 novembre 1942, encerclera la VIe armée àStalingrad.Promu maréchal en janvier 1943. Héros de l'Unionsoviétique.

ZEITZLER,Kurt(1895-1963),généralallemand.Successeur de Halder à la tête de l'OKH, il s'efforce, finnovembre 1942, de faire comprendre à Hitler la situationréelledelaVIearméeàStalingrad.Ils'impose,àceteffet,lemême régime alimentaire que les assiégés du «Kessel » etperd une quinzaine de kilos. Il s'oppose violemment àGoeringetdénoncelapossibilitéderavitaillerStalingradparpont aérien, tout en s'affirmant partisan d'un repli sur laVolga.De plus en plus en conflit avec Hitler, il abandonnevolontairement ses fonctions le 1er juillet 1944 pour êtreremplacéparlegénéralGuderian.

Chronologie

194122juin Déclenchementde«Barbarossa».1942

28juin Débutdel'offensiveallemandedanslesuddelarussie.

4juillet ChutedeSébastopol.


23. Une verste correspond sensiblement à un kilomètre. Staline noircit letableau. Les Allemands sont encore assez loin (cf. plus bas, situation au12septembre).

24. Cette butte, suivant les traductions, prend bien des orthographes :kourgane de Mamaï, Mamay Kurgan, Mamayev Kurgan, colline Mamaev,etc.

25.Les divisions engagées varieront en fonction des pertes et des besoins.En gros, le dispositif d'attaque contre Stalingrad ville restera sensiblementidentique.

26. Geoffrey Roberts, Victory at Stalingrad, London, Pearson Education,2002,p.3.

27.Conquêtedel'Algérieen1837.

28. Il y eut 3,8 millions de morts civils (bombardements, combats enAllemagne, surtout en Allemagne de l'Est). L'Armée rouge, pénétrant enterritoireallemand,s'estvengée.

29.Commandantrespectivementles95e,37eet308eDI.

30.Cf.infra,page106-107.

31.Piècesd'artilleriemontéessurunaffûtdechar,bienprotégéesetmobiles,apportantauplusprèsunappuifeu.PourleStuGIIIallemand,canonde75millimètres.

32.Dénombrementexcessif,est-ilàrappeler.Deuxmillions,chiffreénorme,maisqu'onpeutrapprocherdelaterriblehémorragiesubieparlaFranceen14-18:1400000morts,presquetoussurlefrontduNord-Est.

33.GueorguiJoukov,Mémoires,DeStalingradàBerlin,1942-1946,Paris,Fayard,1970,tomeII,p.67.

34.Connussouslenomde«lacssalés».

35.QGO:interdictiondevolenraisondesconditionsmétéo.

36.L'appellationarméedetirailleursrecouvrelesarméesàbased'infanterie.

Les armées blindées sont souvent traduites par armées cuirassées. Levocable cuirassée était employé pour les divisions blindées françaises en1940. Le colonel de Gaulle commandait la 4e DCR, division cuirassée deréserve.

37.HansRudel,PilotedeStuka,Paris,Corrêa,1951,p.87-88.

38.Lance-fuséesmultitubesconnussouslenomd'«orguesdeStaline».

39.Letitredehérosdel'Unionsoviétiqueseraattribué12500foisdurantlaSecondeGuerremondiale.Joukovl'obtiendraàquatrereprises.

40. La VIe armée, grande unité à base d'infanterie, est largementhippomobile,commel'essentieldelaWehrmacht.LavisiondesPDdéferlanten Pologne, en France ou en Russie fausse l'image de la véritableWehrmacht.Cet état de fait contribue à expliquer la lenteur de l'avance dePaulusversleDonetStalingrad.

41.Cf.chapitreVII.

42.Enrusse, la«pépinière».L'endroit regroupeeffectivementdesmilliersdepommiers,poiriers, cerisiers.Avec labataille, touscesarbresaurontétébrûlésaurasdusol.

43.DeSalsk et deNovotcherkassk, il y a 320 kilomètres pour atteindre le«Kessel»,contre170àpartirdeMorozovskaya.

44.Paulusauraitordonnéderenvoyercesprisonniersdansleslignesrusses;cetordren'auraitpaseudesuite.

45.Égalementconnuesousladénomination«Tempêted'hiver».

46.Reubermourradansuncampdeprisonniersà1000kilomètresaunord-estdeStalingrad,le20janvier1944.Ilavaittrente-huitans.

47. L'animosité de Staline à son endroit se poursuivra. Il ne sera promumaréchalqu'en1955,aprèslamortduGéorgien.

48.Cf.infra,page153.

49.LevocableKarpovkadésigneunerivièreetunvillage.

50. Christer Bergström, Stalingrad : The Air Battle, Hinckley, MidlandPublishing,2007,p.119.

51. Situation que l'effondrement du IIIe Reich bouleversera. Les Goering,Kesselring, vonRundstedt, vonManstein,Keitel, etc., sans oublier Paulus,connaîtrontlacaptivité.

52.FriedrichPaulus,Stalingrad,Paris,ArthèmeFayard,1961,p.118.

53. Outre les tués et les prisonniers, pour l'Allemagne, la défaite deStalingradestlourdedepertesenmatériel,chars,avions,véhicules,canons,etc.Desmilliersetdesmilliers.Du19novembre1942au2février1943, laLuftwaffe,danslesecteurdeStalingrad,aperdu488appareilsetunmillierd'aviateurs. Le plus grand nombre gît dans la steppe ou sur les terrainsd'aviationdePitomniketdeGoumrak.

54. Alexander Werth, La Russie en guerre, Paris, Stock, 1965, tome 1,p.394-395.

55.Ibid.,p.400.

56. Cette loi du talion s'applique avec la même brutalité aux populationstataresetkalmoukesdelarégionsuddeStalingradayantsympathiséaveclesAllemandsparhostilitéautotalitarismemarxiste.

57.LeschiffresdugénéralPickert,chefdelaDCAdu«Kessel»,lui-mêmeévacuéavantlacapitulation,donnent24910évacuésdu25novembre1942au11janvier1943.Cesévacuationssesontpoursuiviesjusqu'au23janvier,d'oùl'estimationà30000.

CompositionetmiseenpagesréaliséesparCompo66–Perpignan

226/2011

ÉditionsduRocher28,rueduComte-Félix-Gastaldi

98000Monacowww.editionsdurocher.fr

ImpriméenFranceDépôtlégal:janvier2012

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LA BATAILLE DE STALINGRAD · 2015-08-24 · Stalingrad se situe droit devant, à une soixantaine de kilomètres. Tranquillement, les colonnes forment leur dispositif de combat. À