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C aravelle La Santé La voix Santé La voix La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds n° 174 | Mars 2006 | 6 euros Dossier L’Afrique Technique Le téléphone transcripteur Technique Le téléphone transcripteur

La Caravelle - ARDDS · Aline Ducasse Rédacteur en chef: Brice Meyer-Heine Collaborateurs: Anne-Marie Choupin, Aline Ducasse, Emilie Ernst, Cendrine Hirt, Manuella Lefèvre, René

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CaravelleLa

Santé

La voixSanté

La voix

La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds

n° 174 | Mars 2006 | 6 euros

Dossier

L’Afrique

Technique

Le téléphonetranscripteur

Technique

Le téléphonetranscripteur

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Article ADSM Manche duN°173 :Une erreur s’est glissée dans larédaction il fallait lire : « Un ACAest une orthèse qui complète oucorrige les organes existants. »

❏ La rédaction

Aides techniques :France Telecom publie unebrochure « Solutions handicap »décrivant l’ensemble dessolutions proposées pour faciliterles communications télépho-niques en fonction des différentshandicaps. Nous avons noté uneliste de téléphones avec boucleà induction magnétique, lecollier NOKIA pour téléphonesportables ou la boucle magné-tique tour de cou qui se branchesur une prise casque.

❏ René Cottin

Les systèmes FM :Pour utiliser le système Telcomfaut-il des téléphones spéciauxou peut-on utiliser lestéléphones normaux disponiblesdans le commerce ?

❏ Louis Luc

Le Telcom se branche sur la prisede téléphone en série avec untéléphone normal. Il fonctionnedonc avec n'importe queltéléphone.

❏ Brice Meyer-Heine

Une BIM dans la voiture :Pourriez-vous me faire parvenirdes renseignements complé-mentaires sur un article parudans la revue La Caravelle n°171page 14, article « je ne savaispas » signé Gustave Fegel,concernant la boucle magné-tique en voiture sur son installa-tion et où se procurer cematériel.

❏ Jacques

Pour écouter la radio dans votrevoiture en utilisant la position« T » de votre prothèse auditivela solution la plus simple est lasuivante :1) Choisir un poste de radiopermettant une écoute avec uncasque.Si votre autoradio n’en possèdepas, ce qui est maintenant le cassur la majorité des autoradios ducommerce, vous pouvez deman-der à un installateur d’autoradiode prévoir, lors de l’installation,une telle sortie avec un fild’environ 1 mètre.

2) Il vous suffit alors de branchersur cette sortie casque les kitspermettant l’écoute radio ou TVtels que ceux ci :Le KIT MUSIC LINK dont voustrouverez les références sur lapage http://www.deaf.frrubrique nouveautés (ne pasconfondre avec le KIT T LINK quiest un raccord pour téléphoneportable) ou les plaquettesd’induction EZI 120 de SENNHEI-SER dont vous trouverez lesréférences sur http://pratique-surdite.org/src/main_maison.htmSi vous êtes utilisateur desmicros FM (microlink, smartlinkou lexis) vous pouvez lesconnecter également sur la prisecasque de votre autoradio.

❏ Brice Meyer-Heine

La veuve joyeuse :Courant décembre nous sommesallés voir le spectacle « La Veuvejoyeuse » à l’Opéra-Comique,mise en scène par JérômeSavary. Nous étions équipés duboîtier électronique de sous-titrage, ce fut un vrai régal,notamment avec un Frenchcancan endiablé de toutebeauté. Suivre les dialogueschantés n’est pas toujours facile,avec le boîtier les entendantsm’enviaient.

❏ Lucien Renaudeau

Le partenariat BUCODES/SFR :Dans notre numéro 172 nousavions annoncé un partenariatavec SFR permettant le finance-ment de 30 BIM dans les lieuxculturels. Malheureusement tousles sites proposés n’ont pas étéretenus par la société SFR. Nouspublions des extraits de la lettrede Gustave Fegel :

Une longue attente pour lire unjour : « Refus sous motif que ceslieux ne sont pas assezconnus ! »Pour moi c'est de laségrégation : les M.E. connus etles M.E. non connus ; la masse etle petit nombre, mais non leMalentendant !C'est même un peu sadique :pour les lieux pas assez connuspas de BIM gratuite ! Vous vousrendez compte ? Qu'avons-nousfait ou pas fait ? !Je me permets de demander auxassociations qui font partie duBUCODES, donc aussi du partena-riat, avez-vous tout fait dans cepartenariat pour défendre aussi« les lieux pas assez connus » ?Si non, vous devez mieux faire !Cela ne serait pas nouveau dansle monde d'aujourd'hui !

❏ Gustave Fegel

Courrier des lecteurs

À chacun sa Caravelle

Brè

ves

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174 | La Caravelle | 3

Cette fois-ci, c’est le dernier mousse embarqué à bord de La Caravelle quivous invite à la lecture de votre journal. La Caravelle nous embarque loindes grisailles hivernales, à la rencontre de nos amis devenus sourds etmalentendants africains. René, notre grand amiral, toujours à la barre,nous a sélectionné quelques sujets de réflexion et anecdotes tirées de sescarnets de mission. Nous nous sommes intéressés aussi à cette petiteentreprise botswanaise qui fabrique des appareils auditifs et qui permetà plusieurs personnes handicapées de travailler. Cendrine Hirt a choisi,cette fois, de nous faire découvrir l’école pour enfants sourds de Yaoundéau Cameroun.Il y aurait encore beaucoup à écrire sur ce vaste continent et, après ceslectures, j’ai pensé que nous étions des handicapés « favorisés ».Pourtant, il faut reconnaître que nous nous débattons dans lesdémarches multiples et dépensons beaucoup d’énergie pour réussir àprouver que nous sommes capables de communiquer (avec aidestechniques ou humaines), capables de travailler, capables d’être descitoyens ordinaires. Vous allez découvrir un service téléphonique,existant aux USA, qui favorise la communication et donc le travail, pourles personnes sourdes et malentendantes, ou quand l’invention deMonsieur Bell revient à ses premiers destinataires.Jeanne Garric, au cours des stages de lecture labiale, prenait soin denous rappeler encore et encore combien il est important de conserverle contrôle de notre voix. Elle terminait toujours sa session en nousencourageant à lire chaque jour le journal, à haute voix. Je me souviensaussi, comment elle nous plaçait la main au travers de la gorge, à labase du cou, pour nous apprendre à ressentir les vibrations et « maîtri-ser sa voix », reconnaître quand on parle trop fort ou retrouver lechuchotement quelquefois bien utile ! Emilie Ernst nous explique lesmécanismes développés et la rééducation possible.La Caravelle accueille aussi les témoignages de chacun d’entre vous,Didier Payen a su trouver les mots imagés et émouvants pour décrire lasurdité totale qui l’atteint.Si vous voulez rejoindre notre équipage il n’est pas nécessaire d’avoir lepied marin, mais simplement l’envie de faire partager ses expériences,ses connaissances ou ses réflexions, en prenant la plume ! N’hésitez pasà nous faire part de vos remarques, de vos questions, de vos suggestionspour de prochains articles. Tout l’équipage de La Caravelle souhaite vousretrouver nombreux à l’Assemblée générale de l’ARDDS le 13 maiprochain. Et je termine en vous offrant à tous…. un sourire !

❏ Manuella

Éditorial

La Caravelleest une publication trimestrielle de l’ARDDS

75, rue Alexandre-Dumas – 75020 ParisTél. 01 46 42 50 32

Ce numéro a été tiré à 1200 exemplairesDirecteur de la publication :

Aline DucasseRédacteur en chef :Brice Meyer-HeineCollaborateurs :

Anne-Marie Choupin, Aline Ducasse,Emilie Ernst, Cendrine Hirt, ManuellaLefèvre, René Cottin, Gustave Fegel,

Lucien Renaudeau, Thierry Fresse, CheikhN’diaye, Didier Payen, Modesta Zabula,

Edith Kauffmann, Guy Jouoannet.Correcteur : Daniel Fontaine.Mise en page – Impression :

Ouaf ! Ouaf ! Le marchand de couleurs16, passage de l’Industrie 92130 Issy-les-Mlx

Tél. : 0140 930 302 – www.lmdc.netCommission paritaire : 0606 G 84996

ISSN : 1154-3655Dessins et crédits photos : Nicole Hameau, René Cottin, François Kovacks

Amis lecteurs…Sommairen°174 • Mars 2006

Courrier des lecteurs 2Vie associativeARDDS 38 - Grenoble 4Présentation de la montre Alhéstia 4Projet ARDDS 25 5Association ANASSEN 5Poéme 5DossierL’Afrique 6Lecture labialePerdre l’oreille mais garder la voix ! 11TechniqueLe téléphone-transcripteur 13Témoignages 14CultureUn dimanche à Versailles 15Vizille 16Match point 17« L’enfant sauvage » 18BrèvesLes muséesde la ville de Paris 19Bon appétit 19

Mars 2006

Futurs dossiersDans les prochains numéros nous publie-rons un dossier sur « Surdité et Sport »puis sur « Les différents types de surdité ».Si vous souhaitez y contribuer faites-nousparvenir vos suggestions à :

[email protected]

Sorties 2e trimestre ARDDSSamedi 29 avril à 14h : Visite duCimetière du Père Lachaise, circuitspécial, avec un guide réservé pourl’ARDDS.

Samedi 27 mai : Les Grandes Eaux duparc du château de Versailles.Samedi 24 juin : Échappée d'unejournée en autocar sur Orléans,Beaugency et Blois. RV à 8 h le matin etretour vers 20h.

AFIDEO :Dimanche 26 Mars (tte la journée) :« Forum » consacré à la surdité et à l'acces-sibilité à la MJC de la ville de Palaiseau(Essonne 91) Informations sur le site :

www.afideo.org.

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Mars 20064 | La Caravelle | 174

Vie Associative

En 2005, l'activité de l'associationa été très culturelle : nous avonsessayé les différents moded'adaptation des spectacles de laMaison de la Culture de Grenoble(surtitrage ou boucle), préparé lesexcursions des stages de lecturelabiale d'Annecy (Chamonix etGrenoble), organisé une réunion-débat sur les devenus-sourdsautour du film de Jean-Marc Faure« Tous mes mots s'envolent ».Nous avons eu la joie de voiraboutir le travail de plusieursannées, avec l'installation deplusieurs boucles d'inductionmagnétique dans l'agglomérationgrenobloise.

Un nouveau cycle de lecturelabiale collective a débuté auCHU. Et, bien sûr, nos deuxpermanences mensuelles siriches en rencontres et en convi-vialité ont continué. Il y a aussiles réunions de la commissionSurdité qui nous permettent derencontrer chaque mois lesautres associations de sourdspratiquant la langue des signesou le LPC. Nous travaillonsensemble sur des projets dépar-tementaux. Dernièrement,c'était une action pour deman-der une augmentation dunombre d'interprètes en LSF trèsdéficitaire en Isère. Pour 2006,nos projets sont centrés sur lapoursuite de nos permanencesmensuelles. La commissiondépartementale Surdité travaillerasur les besoins spécifiques despersonnes âgées sourdes etdevenues sourdes et sur l'ouver-

ture de la Maison du Handicapde l'Isère. Nous participerons àl'AG nationale le 13 mai, car lelien avec l'ARDDS est très impor-tant pour nous. Notre sortie deprintemps se fera peut-être dansun restaurant. L'assemblée avoté les différents bilans à l'una-nimité et renouvelé le bureau.La réunion s'est poursuivie parun repas partagé dans la bonnehumeur ! En début d'après-midi,nous avons reçu MonsieurBellone qui venait de Paris nousprésenter la montre ALHESTIA.Les participants ont été trèsintéressés par ce système quipermet de continuer à vivre àdomicile en percevant les bruitsde son habitat : sonnette,téléphone, etc. Une solutionpour rompre l'isolement despersonnes devenant sourdes.

❏ Anne-Marie Choupin

Les capteurs, placés près dessources sonores (sonnette,téléphone ou fax, chambre debébé…) transmettent l'informa-tion à la montre qui émet unevibration. Un pictogrammes'affiche également pourindiquer précisément la sourcedu bruit.Cette montre vraiment intéres-sante a d'autres possibilités,comme l'envoi de messagesSMS de détresse en cas de chuteou de malaise ou peut mêmeservir d'alarme anti-intrusion,

grâce à un capteur de présence ;l'assistance a posé beaucoup de

questions et plusieurs personnesont essayé la montre pourconstater que la vibration estbien perceptible.Nous avons conclu que cetappareil était d'un réel intérêtpour les personnes sourdes, enaméliorant leur vie quotidienneet en renforçant leur sécurité.

❏ A.-M. C.

ARDDS 38 GrenobleL'ARDDS 38 a tenu son Assemblée générale le 14 janvier. 20 personnes présentes

et 13 représentées (sur 40 adhérents) ont démontré la vitalité de notre section locale.

Présentation de la montreALHESTIA à ARDDS 38Devant une trentaine de personnes, M. Bellone a expliqué le système composé

de capteurs, d'une unité centrale et d'une montre, portée au poignet, qui rend

perceptible l'environnement sonore de l'habitat à la personne sourde

ou malentendante

Monsieur Bellone explique à Anne-Marie Choupin le fonctionnement de la montre.

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174 | La Caravelle | 5Mars 2006

Vie Associative

Pour ceux qui ne connaissent pascette région c’est ici que sontnées les usines Peugeot. Touts’est construit autour de lamarque du Lion. Le bassind’emploi comprend énormémentde sous-traitants mais aussi unepartie importante dans le tertiai-re. A ce jour je ne connais pasd’associations permettant auxsourds et malentendants de seretrouver. J’aurais pu égalementm’orienter vers Besançon, maisl’éloignement (85 km aller) nefavoriserait pas le développe-ment des activités à mettre enplace. A l’heure actuelle, je nemanque ni d’idées (cinéma,théâtre, sécurité, sorties…) ni decontacts pour me « lancer dans

l’aventure », reste à trouver suffi-samment de temps libre et debénévoles pour m’aider danscette tâche. Marié, 2 enfants de21 et 17 ans, je suis malenten-dant depuis plus de 30 ans (surdi-té évolutive), sans avoir trouvéun remède efficace à ma surdité.J’ai consulté plusieurs ORL(Béziers, Paris…) et je suis depuisun an appareillé. Je dois recon-naître que cela m’aide un peudans la compréhension mais jeserai toujours obligé d’avoir moninterlocuteur en face de moi, d’oùune bonne lecture labiale. J’aidécouvert cette formation en1998 à Monferrand-le-Château(Doubs) et depuis je ne manqueaucune session d’août. Je serai

éternellement reconnaissant àJeanne Garric de m’avoir faitdécouvrir cette culture. Je n’oubliepas les autres dévoués orthopho-nistes qui m’ont permis deprogresser d’année en année. Jesais que les implants cochléairesont énormément évolué en fiabi-lité, mais l’audicien qui me suitn’est pas pour. Si parmi vous,certain(e)s sont intéressé(e)s parmon projet, je vous communiquemes coordonnées.

❏ Thierry Fresse9, rue des Pommiers

25400 EXINCOURTFax : 03 81 95 57 32

e-mail : [email protected]

Projet ARDDS 25J’ai pour objectif de créer une section ARDDS dans le Doubs (avec pourquoi pas les

départements limitrophes : 70, 68 et 90). Et plus particulièrement à Montbéliard (29 000

habitants), car je réside dans cette agglomération (comprenant une trentaine de communes).

Association ANASSENPeuple du monde

Je vous apporte le salut de ceux qui nés dans le creuset des différents

Sont sans espoir de voir un jour se réaliser vos nobles desseins

Je vous apporte le salut de mes frères opprimés par un avenir incertain

Torturés par la faim du jour et dépouillés de tout l’orgueil terrestre

Ils sont là dilapidés hors du monde ; leur monde,Le monde des idées fertilesLe monde de la force insouciante

Je vous apporte le salut des nations solidairesQui œuvrent pour ne pas sombrer

dans le désœuvrementJe vous apporte la fin du salut des gueux

qui tiennent là-basdans les champs improductifs

Y demeureriez vous indifférents, à cette solidaritéde ceux qui nés dans le même creuset

Prient chaque jour pour un monde meilleurEt aux saluts de ceux qui vont mourir

dans la détresseFaute d’une main tendue ; loin de vos yeux ?

Le monde est plus dur que vous le croyezLà où l’on ne vous montre que faste et beauté,Là où la terre est ingrate,

Là où souffle sans arrêt l’harmattanEt où ne tombe qu’un quart de pluieLa désolation est plus opprimanteLà où le cheptel rend l’outil inutilisable

Je vous apporte le salut de ceux quiSous le même soleil quêtent sans cesse vos amours

Aimez-les comme vous aimez vos enfantsIls ne sont adoptés que de Dieu.

Aimez-les pour soulager leurs fagotsAimez-les en dotant leurs bras volontaires

d’outils qui sauventEt non des mots qui inclinent davantage

leurs épaules vers l’abîme,

Ne ménagez pas vos efforts peuple du mondePour répondre aux saluts de ceux qui espèrent

dans les oubliettesDe leurs terres brûlées

Et qui sont toujours opprimés par la faimToujours anxieux devant un avenir incertain

Toujours dépouillés par le progrès ;Hommes dont les idées fertiles

ne trouvent nulle portée.

❏ CHEIKH N'DIAYE, poète devenu sourd, secrétaire général de l'ANASSEN,

Prix national de Poésie au Sénégal en 1979

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6 | La Caravelle | 174

Dossier Afrique

Mars 2006

Le verbe relativiser est parfaite-ment explicite. Chacun de nousa pu constater, au cours dediverses réunions, que ladéficience auditive revêt desformes très variées et qu’il esttoujours possible de trouverquelqu’un plus handicapé quesoi.Un malentendant qui, grâce àson appareil correctif, peuttéléphoner et suivre les conver-sations éprouve quelquecompassion pour un sourdprofond qui n’a que la lecturesur les lèvres pour comprendreson entourage. De même, cedernier admettra que son infir-mité est bien légère par rapportà celle de son voisin plurihandi-capé qui, en plus de sa surdité,souffre de vertiges rotatoires oude malvoyance…Se préoccuper de ceux qui sontles plus déshérités me sembleune excellente thérapie pour quise sent psychologiquementdésespéré par sa propre infortu-ne. Ne pas pleurer sur son sortmais ouvrir les yeux sur lesmisères d’autrui permet detrouver des forces nouvellespour surmonter son handicap.Ces propos sur la relativité desmisères humaines m’amènent àvous parler du problème dessourds africains qui fait l’objetdu dossier que présente LaCaravelle dans le présentnuméro.La situation des déficientsauditifs dans la plupart des paysd’Afrique est vraiment très diffi-cile, particulièrement celle desadultes sourds qui sont moinsprotégés que les enfants sourds(insuffisamment protégés eux-mêmes, comme nous l’a expli-qué Cendrine Hirt dans notreprécédent numéro). Là bas, lesmoyens médicaux sont prati-quement inexistants. MédecinsORL, orthophonistes et audio-prothésistes sont rares, difficile-

ment accessibles et seulementdans les grandes villes. Unappareil auditif représente unefortune pour des gens qui viventen moyenne avec moins de 2euros par jour et ne bénéficientd’aucun système de sécuritésociale.Privés des moyens matérielsnécessaires à leur réadaptation,privés, la plupart du temps, d’unemploi rémunéré, les devenus-sourds africains sont marginali-sés, condamnés à de petitstravaux indignes de leurs réellescapacités. Ils ne peuvent mêmepas recourir à la mendicité pourapporter de l’argent à la familledont ils sont totalement dépen-dants, car leur surdité ne se voitpas.Nos frères d’infortune africainsont donc besoin qu’on les aide.Aide matérielle certes, telle que

l’envoi d’appareils auditifs et depiles, mais aussi et surtout aidemorale pour les encourager às’organiser, à créer des associa-tions, à se faire reconnaître desservices publics, à réclamer desdispensaires spécialisés, àobtenir des emplois protégés…Le cas de l’ANASSEN, associationde sourds du Sénégal, aveclaquelle nous avons un partena-riat est exemplaire. Voici uneassociation qui, en dépit d’unmanque terrible de moyensmatériels, ne perd pas courageet réalise un excellent travailpour défendre les sourdssénégalais. Il faudrait que denombreuses associations de cegenre se développent enAfrique. C’est ce que noussouhaitons de tout cœur.

❏ René Cottin

RelativiserParmi les nombreux témoignages envoyés par les stagiaires d’Annecy, j’ai relevé cette

phrase qui m’a beaucoup plu : « Ce stage m’a permis de relativiser mon handicap. »

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3-11-95. Notre médecin vientm’emprunter une pince platecar il n’a pas d’autre outil pourarracher la dent d’une femmevenant d’une caravane depassage et souffrant d’unterrible abcès. Opération sansanesthésie. Il fait cracher lafemme dans notre grandsaladier qu’on nettoie ensuitesoigneusement à l’eau de javel.5-12-95. Ce matin, la brume« sèche » (nuage de poussièretrès fine composée d’argilerouge) est si épaisse qu’on nedistingue plus les falaisesrocheuses distantes de 100mètres. Au réveil, il y avait unecouche de 1 millimètre de cettepoussière sur mon tapis de sol.Les tentes en tissu synthétiquelaissent passer la poussière.Seules les vieilles tentes en cotonsont imperméables. Je n’arrêtepas de tousser et de cracher.20-12-95. Ce soir nous n’avonspas d’appétit. Le médecin nousannonce que le bébé gravementbrûlé qu’on lui a présenté lematin est mourant. Les brûluresgraves exigent des moyensexceptionnels d’asepsie. Nousn’en avons pas et l’hôpital deNouakchott est à deux jours depiste. Cruel.25-12-95. Soirée de Noël. Le 4x4de ravitaillement est en panne.Nous n’avons que de la soupeen sachet et des nouilles pourréveillonner. Notre eau, aprèspassage sur filtre en porcelaineet addition de Javel, a un goûtaffreux. Nous pensons à nosamis et parents qui, à cetteheure, sablent le champagne.Pensent-ils à nous ?15-01-96. Mahfoud, l’élève infir-mier que nous avions formédepuis trois ans nous fait trans-mettre un message. Il ne veutplus revenir au village et adécidé de vivre dans la grandeville de Nouakchott. Noussommes effondrés car nous

avions beaucoup investi sur lui.Plusieurs jeunes du village sontdéjà partis. Ils préfèrent vivredans les bidonvilles nauséa-bonds de la capitale plutôt quedans les conditions saines de lacampagne. Il est vrai que cegenre d’exode existe aussi enFrance.

17-01-96. La marche arrière ducamion-benne servant à trans-porter les roches vient de casser.Le chauffeur s’était arrêtédevant un arbre pour le charge-ment. Il a fallu scier l’arbre pourrepartir.3-02-96. Ce matin en arrivantsur le chantier, je constate queles cordeaux servant au traçagedes tranchées de fondation ontdisparu (les cordages sont trèsrares et très recherchés par lespaysans du coin). Je demandeque le chef du village vienne surles lieux et, avec des gesteséloquents, car il ne parle quel’arabe, je lui fais comprendreque si les cordeaux ne revien-nent pas, j’arrête les travaux. Jeretourne au camp en fulminant.Trois heures plus tard, un ouvrier

vient me chercher. Les cordeauxsont revenus.15-2-96. Le barrage est achevé.Nous allons rentrer en France. Lechef du village nous invite àdîner sous sa tente. Au menu :chèvre archi-bouillie (il faut quela chair se détache bien des ospuisqu’on mange avec les

doigts) et couscous arrosé aubeurre rance (ils ne connaissentpas le beurre frais). Je tombe surun énorme bout de gras. Pasmoyen de le déposer car il n’y apas d’assiette, ni de le donnerau chien car le chien n’est passous la tente. Je l’avale avec unvéritable haut-le-cœur que j’aidu mal à dissimuler. Commeboisson, on se passe de boucheen bouche une écuelle en boiscontenant du lait de chamelle(pas mauvais) mais sur lequelsurnage une mouche morte. Enposant mes lèvres sur les bordsde l’écuelle, je frémis enpensant que quelques joursauparavant, le médecin avaittraité un cas de MST au village.

❏ René Cottin

174 | La Caravelle | 7

Dossier

Mars 2006

Souvenirs d’AfriqueExtraits du carnet de Mission de René Cottin : Construction du barrage agricole

de Noudache (nord-est de la Mauritanie).

Le plus important n'était pas le barrage lui-même

mais la formation technique des paysans-ouvriers

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Mars 20068 | La Caravelle | 174

Dossier

L’aide directe apporte auxpopulations en détresse desvivres, des vêtements, desmédicaments, des machines…L’aide au développement leurfournit les moyens de s’émanci-per par l’enseignement scolaire,l’éducation sanitaire et la forma-tion technique.L’aide directe est certes néces-saire, surtout dans les cas degrande urgence, mais elle nerésout rien. Si les secours s’inter-rompent, la population seretrouve dans la même situationqu’auparavant, face aux mêmespérils. Cette aide provoque doncla dépendance de ceux qui enbénéficient. Elle a même parfoisdes effets pervers. Distribuergratuitement des surplusagricoles dans un pays pauvre,c’est tuer le petit paysan localqui a beaucoup de mal à fairepousser du mil ou des légumessur un sol aride et sans engrais.Donner des médicaments sanss’assurer de leur bonne utilisa-tion peut provoquer bien desdégâts.Ce sont donc les projets dedéveloppement qu’il fauts’efforcer de privilégier, mêmes’ils sont longs, ingrats etsouvent ignorés des médiasparce que peu spectaculaires.

Pour les déficients auditifs ducontinent africain, l’envoid’appareils usagés (aide directe)ne donne pas pleinement satis-faction. Ces appareils sontsouvent en mauvais état etrisquent rapidement de tomberen panne sans qu’on puisse lesréparer sur place. Il y a aussi leproblème des embouts et despiles. A quoi peut servir unappareil si les fuites de l’emboutprovoquent du Larsen ou si lespiles coûtent trop cher pour êtreachetées ? La fourniture d’appa-

reils auditifs usagés exige doncqu’il y ait sur place quelqu’uncapable d’assurer leur entretienet le suivi des soins, ce qui estsouvent difficile à réaliser. Entout cas les bénéficiaires restentdépendants des donateurs.

Dans ce domaine auditif, l’aideau développement est-elle alorspossible ?Oui, et elle existe déjà.L’Association Sud-Ouest sansFrontières, associée à l’ARDDS, apris en charge, il y a 4 ans, laformation en audiologie d’untechnicien sénégalais àl’Université de Bordeaux. C’estun premier exemple.Mieux encore, il existe actuelle-ment au Bostwana une petitefabrique d’appareils auditifs bonmarché. La firme s’appelleGODISA et elle est parrainée parplusieurs organismes européenset canadiens. Quatre contoursd’oreille sont proposés à desprix incroyables : de 50 eurospour le plus simple, à 100 eurospour le plus puissant ! Il s’agit,bien sûr, de modèles non-numériques, mais les courbes de

performance fournies semblenttrès satisfaisantes et conveniraux cas les plus courants. Enoutre, GODISA fournit pour 20euros un chargeur solaire depiles boutons. Un autre projet dumême ordre a récemmentdémarré, organisé par laFondation du Lions ClubInternational, avec un petitatelier en Inde et des prix decontours variant de 75 à 150euros.Ces actions présentent unecertaine analogie avec laproduction de médicamentsgénériques dans les laboratoiresdu tiers-monde, génériques,donc bon marché, qui permet-tent de sauver la vie de millionsde gens.L’ARDDS, tout en continuant àcollecter les appareils usagés quisont toujours très demandés,poursuivra sa recherche departicipation à des projets dedéveloppement, tels que laformation de personnel paramé-dical et la fabrication locale deproduits auditifs.

❏ René Cottin

Que faire pour les pays du tiers-monde ?Il convient de ne pas confondre aide directe et aide au développement.

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174 | La Caravelle | 9Mars 2006

Dossier

Visite dans une école pour enfants sourds au CamerounDans le numéro précédent de La Caravelle, vous avez découvert la situation des sourds

en Afrique et les difficultés de prise en charge éducative et thérapeutique des enfants

déficients auditifs ; vous avez également fait connaissance avec l'Union des Parents

des Enfants Sourds du Congo qui, malgré une situation économique très précaire,

se bat pour scolariser une soixantaine d'enfants dès la maternelle et pour former

des adolescents à la couture.

Dans le présent dossier, nouspartons en visite à l'ESEDA(École Spécialisée pour EnfantsDéficients Auditifs) de Yaoundé,capitale du Cameroun.Le Cameroun est un payscharnière entre l'AfriqueCentrale et l'Afrique de l'Ouest.Sa population est de 15,2millions d'habitants (contre 60,5millions en France) dont 45 %ont moins de 15 ans (contreseulement 18,5 % en France) ;sa capitale, Yaoundé, compte915 000 habitants.

Près de 130 millions depersonnes sont sourdes dans lemonde mais deux tiers viventdans les pays en voie dedéveloppement. Selon certainesestimations, près de 1,2 milliond'enfants entre 5 et 14 ansprésenteraient une surdité enAfrique.Diverses écoles pour enfantssourds ont vu le jour dansplusieurs provinces duCameroun. Mais l'ESEDA est laplus ancienne. Cet établisse-ment est né en 1972, grâce à

l'initiative d'une religieuse,médecin français, le Dr HélèneRessicaud, alors qu'aucunestructure n'existait dans le payspour les enfants sourds. L'écoledémarre alors avec 6 enfantsdans une salle d'une écoled'infirmiers grâce à l'enseigne-ment dispensé par des institu-trices coopérantes françaises.L'ESEDA va ainsi prendreprogressivement de l'ampleuren accueillant toujours plusd'enfants et d'adolescentssourds entre ses murs.

A ce jour, 208 élèves fréquen-tent l'école, de la petite sectionde maternelle à la 8e année ;des ateliers de céramique-poterie et de coupe-coutureforment également des appren-tis pendant 3 ans lorsque leurniveau scolaire ne leur permetpas de poursuivre leurs étudesdans les lycées entendants de laville.

Un soutien pédagogique spécia-lisé est offert aux collégiens etlycéens sourds intégrés en ville.

Grâce à la sensibilisation de lapopulation et à la prospection,les enfants sourds arrivent àl'ESEDA de plus en plus jeunesce qui permet de débuter plustôt la démutisation même si denombreux enfants sourds nesont toujours pas dépistés ou nepeuvent pas être scolarisés parmanque de moyens financiers, àcause d’un éloignement géogra-phique trop important, etc.L'ESEDA accueille également,

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Dossier

L’atelier « SolarAid » fut fondéen 1992 en collaboration avec leCentre Technologique duBotswana (BOTEC), dans le butde fabriquer un appareil auditifrechargeable à l'énergie solairequi pourrait être abordable pourles Africains et les gens desautres pays en voie de dévelop-pement. Récemment, 'SolarAid'a changé son nom pour Godisasoulignant l'élargissement de sagamme de produits. Godisasignifie : aider à grandir. Sonobjectif est de développer destechnologies utilisables dans lespays en voie de développementet de créer savoir-faire etemplois pour les personnesayant des difficultés d'audition.Nous employons 14 personnesdont 10 sont malentendantes ou

vivent avec certains autreshandicaps physiques. Notre but,en plus de fabriquer et de vendredes appareils auditifs à bas prix(en dessous de 60 euros), est deformer et d'aider au développe-ment professionnel et personnelde nos employés. Nous sommesfiers d'être le seul fabricantd'appareils auditifs au monde, àavoir inclus dans sa mission latransmission de connaissancestechniques, économiques etsociales afin de lutter contre lapauvreté des gens ayant desdifficultés d'audition.Actuellement, nous fabriquonsun appareil auditif muni d'unchargeur à l'énergie solaire seportant à la ceinture, un fil allantdu chargeur à l'appareil auditif.Nous venons d’améliorer

ce modèle pour mettre sur lemarché un contour d’oreille (BTEBehind The Ear) plus puissantavec chargeur indépendant. Lechargeur pourra non seulementrecharger notre modèle BTE#100 et #300 mais aussi lespiles rechargeables # 13 et#675. En d'autres mots, notrechargeur pourra rechargerpresque tous les appareilsauditifs qui sont sur le marchéen ce moment.

❏ Modesta Zabula

Godisa Technologies for aDeveloping World

P.O. Box 142Otse, Botswana

www.godisa.orgEmail : [email protected]

GodisaUn proverbe africain dit : « Il vaut mieux apprendre à pêcher que donner un poisson. »

Nous vous présentons une entreprise botswanaise qui a mis sur le marché des

chargeurs solaires pour recharger les piles des appareils auditifs.

depuis 1985, une école deformation des enseignantsspécialisés, certains d'entre euxétant parfois des anciens élèvessourds de l'établissement.Depuis une dizaine d'années, auretour en France du Dr Ressi-caud, la gestion de l'école a étéconfiée à la Fondation pourl'Education et la Promotion desPersonnes Déficientes Auditives(FEPPDA).

Malheureusement, en raison duretrait des subventions de l'Etatdepuis 1991, la situation de cetteécole est désormais précaire.Alors que la scolarisation d'unenfant sourd à l'ESEDA coûte 460euros environ, la participationréclamée aux parents s'élèveseulement à 122 euros.Toutefois, peu nombreux sont lesparents qui parviennent às'acquitter d'une telle somme,

d'où l'importance des parrai-nages organisés par l'associationfrançaise SOS Enfants sansfrontières et par la fondationhollandaise Liliane pourpermettre aux familles les plusdémunies d'être soutenues dansl'écolage** Scolarité

❏ Cendrine HirtOrthophoniste suisse

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174 | La Caravelle | 11Mars 2006

Santé

Les altérations de la voix quel’entourage d’un devenu-sourdperçoit sont malheureusementbien réelles. C’est pourquoi,beaucoup souffrent desremarques blessantes de leursinterlocuteurs sur l’intensité(« Parle moins fort ! »), lahauteur (« Ta voix est criar-de ! »), le timbre (« Vous avezun accent… Vous venez d’où ? »)de leur voix, mais aussi surl’articulation. La voix étant unélément qui reflète notrepersonnalité, ces critiques sontdouloureuses et accentuentl’isolement du devenu-sourd.Cependant, ce phénomène n’estpas inéluctable : garder sa voixest aujourd’hui possible.

L’origine des troubles de la voixOn peut affirmer une premièrechose : les troubles de la voixliés à la surdité de perceptionsont indépendants de toutepathologie des cordes vocales,de troubles neurologiques, deparalysie faciale, de problèmesdentaires, etc. En réalité, ilsviennent du fait que la surditérompt un mécanisme essentiel :l’autocontrôle de la voix. Pourcomprendre où et commentintervient ce phénomèned’autocontrôle, reprenons ici lestrois étapes de la formation dela voix.1. L’appareil respiratoire produitle souffle expiratoire nécessaireà la voix. Selon le débit d’air,l’intensité du son varie ; undébit important produit un sonfort.2. Les cordes vocales vibrentdans le larynx. Le larynx est unensemble de cartilages et demuscles situé dans le cou. Ensortant des poumons, l’air passeentre les cordes vocales et les

fait vibrer, ce qui produit un sonde base. Ce son varie de façonphysique selon la longueur descordes vocales (6 mm chezl’enfant, 10 mm chez la femme,16 mm chez l’homme), maisaussi de façon fonctionnelleselon leur tension, leur profon-deur et leur vitesse de vibration.La hauteur du son (grave ouaigu) et la qualité de la voix(voix claire, éraillée, soufflée)sont déterminées à ce niveau.3. Le son de base devient unson articulé. Le son va résonnerdifféremment en fonction duvolume et de la forme descavités (gorge, bouche, nez,espace entre les lèvres) qu’iltraverse. Le jeu des muscles dela langue, de la mâchoire, deslèvres et du voile du palaispermet de modifier les résona-teurs et d’articuler des voyelleset des consonnes. Dans laparole, la précision des mouve-ments est extrême. Elle est del’ordre du millimètre, avec desvariations de temps comptabili-sées en millisecondes, ce quinous permet d’articuler 10 à 20sons par seconde.

Le point essentiel est donc lesuivant : toute variation, même

très légère, dans le contrôle dusouffle, la vibration des cordesvocales et la production dessons articulés aura des consé-quences très nettes sur l’intensi-té, la hauteur, le timbre de lavoix et sur l’intelligibilité de laparole. Quel est alors le lienentre ces variations et le phéno-mène naturel d’autocontrôledont nous avons parlé plushaut ?

L’autocontrôle de la voix parl’audition – la « boucle audio-phonatoire »La forme et le volume desrésonateurs sont constammentcontrôlés et ajustés par l’oreillegrâce à un mécanisme trèsperfectionné, appelé boucleaudio-phonatoire.Nous percevons en effet notrevoix de deux façons :• Par « voie osseuse », la

perception est interne et estressentie par la vibration desstructures osseuses ;

• Par « voie aérienne », laperception est externe et sefait grâce à la boucle audio-phonatoire.

Par ce mécanisme, le cerveauperçoit, juge et régule la voix

Perdre l’oreillemais garder sa voix !« C’est très gênant dans un magasin de voir toutes les têtes se tourner lorsque

je demande quelque chose… probablement trop fort ! »

Émission d’un sonarticulé.Perception auditivedu son.Identification etjugement de qualitédu son.Reprogrammationdes cordes vocaleset des articulateurs.

La boucle audio-phonatoire

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Santé

q u a s i - i n s t a n t a n é m e n t .Cependant, quand survient unesurdité de perception bilatérale,cette boucle est rompue. Eneffet, puisque les caractéris-tiques de la voix ne sont plusperçues par l’oreille, elles nepeuvent plus être traitées par lecerveau. L’émission vocale n’estplus entendue, ou seulement defaçon déformée, donc pluscontrôlée adéquatement par la« voie aérienne ». La voix d’unmalentendant va alors se défor-mer pour correspondre auxzones préférentiellementsensibles de son oreille. Quandle sourd total parle, c’est commes’il lançait un boomerang qui nerevient pas.Même si la perte auditive estpeu importante, la voix pourrase dégrader en quelques mois,voire quelques semaines.

Le travail orthophonique :1. analyser la voixPerdre sa voix ou prendre un« accent de sourd » n’est plusune fatalité. C’est le travail del’orthophoniste que d’aider lesdevenus-sourds à garder ouretrouver leur voix.L’orthophoniste va procéder àdeux types d’analyses. Parl’analyse du mécanisme de lavoix, il observe la tenue ducorps en voix parlée et chantée,la respiration, la tension desmuscles mis en jeu. Par l’analy-se acoustique de la voix, ilmesure à quelle phase ledevenu-sourd se situe dans laperte du contrôle de sa voix :• Ce qui est perturbé en premier

lieu, c’est l’intensité, lahauteur et l’intonation. Ledevenu-sourd ne maîtrise plusl’intensité de sa voix, il atendance à crier ou par hyper-correction à chuchoter. La voixdevient souvent trop aiguë outrop grave. Le timbre de voixest mal ajusté. Il y a trèssouvent excès ou insuffisance.Les éléments mélodico-rythmiques si nécessaires à lacompréhension du langagesont parfois modifiés.

• Plus tard, c’est la qualité de

production des sons du langagequi est touchée. La surdité faitqu’il devient moins aisé dedistinguer les sonorités exactesdes voyelles ou de reconnaîtreles variations très rapides quicaractérisent les consonnes etpermet de les différencier entreelles. Les contrastes phonétiquesde la parole s’effacent peu à peuet la personne devient difficile-ment compréhensible.

2. conserver et restaurer la voixOn sait que si l’on redonne àl’oreille la possibilité d’entendre,on améliore instantanément etinconsciemment l’émissionvocale. Le premier pas est doncévidemment l’appareillage. Maiscomme tel, il est insuffisant. Eneffet, l’audition étant endomma-gée, il faut s’appuyer sur autrechose que l’ouïe pour compenserles faiblesses de la boucle audio-phonatoire. Actuellement, laméthode la plus efficace est derecourir à la « proprioception »,c’est-à-dire la capacité de corrigerles sons à partir de ce qu’on enperçoit physiquement.Cette capacité s’acquiert avec unorthophoniste spécialisé de lafaçon suivante :• Quel que soit le niveau de

perte auditive, le devenu-sourd apprend à analyser lui-même les mouvements

ressentis en parlant (emplace-ment de sa langue, forme deses lèvres, etc, dans la pronon-ciation des sons du langage).Par ce moyen, il acquiert alorsla capacité de contrôler sonarticulation en s’appuyant surses sensations physiques.

• Quand la perte auditive n’estpas trop importante, le malen-tendant s’exerce à décomposerce qu’il entend, pour garder unauto-contrôle maximum de savoix par la boucle audio-phonatoire habituelle.

• Enfin, pour contrôler l’intensitéde sa voix, le devenu-sourddécouvre comment s’adapter àl’environnement sonore. Iladoptera des stratégies vocalesdifférentes selon qu’il est dansune rue très passante, piétonne,une grande pièce à hautplafond, une petite pièce avecd’épais tapis et rideaux, unendroit très fréquenté ou désert.

Selon les troubles constatés,cette méthode est adaptée àchaque personne. Il est évidentque plus le devenu-sourd s’ini-tiera vite à cette approche, plussa conversation gagnera enclarté, en intelligibilité et retrou-vera son naturel.

❏ Émilie ERNSTOrthophoniste

[email protected]

Parler le plus possible…• Parler à voix haute, même si

mon interlocuteur lit sur meslèvres, ou même si jem’adresse à mes animauxdomestiques quand je suisseul.

• Être expressif avec ma voixmais aussi avec mes gestes,mon corps.

Observer…Les réactions de mon interlocu-teur vont me guider pour régulerla puissance de ma voix :• Il fronce les sourcils et avance

la tête : il faut que je parle

plus fort.• Il se recule et regarde autour

de lui d’un air gêné : il fautque je parle moins fort.

Agir…Je fais lire cet article à monconjoint, à un ami.• S’il comprend l’origine de mon

problème, il l’acceptera mieuxet sera moins injuste.

• Je choisis avec lui, de façoncomplice, deux ou trois gestesdiscrets qui m’aideront àcontrôler la puissance de mavoix quand il me fera signe.

Le coin conseil (hors rééducation orthophonique).

« Je gère la puissance de ma voix »

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174 | La Caravelle | 13Mars 2006

Technique

A la différence de la loi françai-se, celle des États-Unis, appelée« Americans with DisabilitiesAct » (ADA), accorde une trèslarge place aux sourds oralisésn’utilisant pas la langue dessignes. Un chapitre entier del’ADA leur est consacré,obligeant, en particulier, chaqueEtat américain à créer un servicede relais pour transcriptionécrite des transmissionstéléphoniques.Actuellement, 36 États améri-cains sur 50 ont mis en œuvrede tels relais.Pour utiliser ces relais, lespersonnes sourdes doiventdisposer d’un appareil detéléphone spécial, appelé« captionned telephone », munid’un petit écran sur lequel s’ins-crit la transcription écrite de ceque dit l’interlocuteur.Le relais, qui fonctionne 24heures sur 24, est assuré par des« répétiteurs » qui répètent lesparoles des interlocuteurs à desordinateurs munis de logiciels dereconnaissance de la parole. Latranscription est envoyée et s’ins-crit sur le petit écran du télépho-ne spécial, avec un décalage deseulement quelques secondes.Les frais du service de relais sontpris en charge par l’Etat tant queles communications se font àl’intérieur des limites de l’Etat.Pour les communications au-delà,le service est payant. L’appareilde téléphone spécial est dispo-nible sur le marché américain àun coût d’environ 250 euros.Une seule ligne de téléphone,non numérique, est suffisantepour que le système fonctionne.L’interlocuteur appelant unepersonne sourde doit tout

d’abord appeler le service derelais avant d’être mis encommunication avec celle-ci. Deson côté la personne sourde doitêtre inscrite au service de relaisaprès avoir apporté les preuvesde sa surdité. Une variante àdeux lignes existe également(une ligne pour la conversationorale et l’autre ligne pour latranscription), variante qui offreplus de souplesse et plus depossibilités.Les applications du téléphone-transcripteur sont nombreusesaux Etats-Unis : en plus de leurinstallation chez des particuliers,des « captionned telephones »sont disponibles dans les hôtels,les hôpitaux et surtout dans lesentreprises commerciales etindustrielles, ce qui constitueune chance énorme de réadap-tation pour les travailleurshandicapés de l’ouïe.

Ce système est-il réalisable enFrance ?Oui, bien sûr ! La technique de latranscription par répétiteur etlogiciel de reconnaissancevocale ne nous est pas inconnue(voir La Caravelle n° 167 qui endonne la description). Nousl’utilisons déjà pour transcriresur grand écran les débats decertaines de nos réunions. Maispour qu’elle soit appliquée auxtransmissions téléphoniquesparticulières, comme aux Etats-Unis, il faudrait, avant tout, quechacune de nos régions ouchacun de nos départementssoit pourvu d’un service officielde relais, et qu’ils le prennenten charge. Nous en sommesencore loin !Voilà un projet important pourtous les devenus-sourds français.

❏ René Cottin

Le téléphone-transcripteur

aux États-UnisIl est bon de savoir qu’une loi analogue à celle de « l’égalité des chances », adoptée

récemment par le Parlement français, fut votée et mise en application aux Etats-Unis,

il y a plus de quinze ans.

Bran

chem

ent d

irect

Sourd équipé d’unTéléphone-transcripteur

Relais de transcriptionpar reconnaissance vocale

Parle directement

Parle directement

Interlocutrice Bien entendante

Envoi transcription

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Mars 2006

Témoignages

Moins d’emmerdes !

Feuilleter une revue de défensedes devenus-sourds, c’estdécouvrir, au fil des pages, desarticles techniques réservés àun monde auquel les enten-dants n’ont pas accès… àchacun sa planète. Demandez àun entendant ce qu’est un ACA,une boucle magnétique, lesmicros FM… les braceletsvibreurs… Vous verrez la tête devotre interlocuteur…Mais, au fait, comment fait-onquand il ne reste RIEN ! ? RIENd’autre que des acouphènes !…Eh bien ! C’est simple, pardon-nez-moi, mais on a moins« d’emmerdes »… : Plus d’ACA,à régler… à payer… de piles àchanger… On regagne le fondde l’océan, là où vous n’enten-drez guère vos semblables. Onentre dans des espacesimmenses où le bruit lancinantdes acouphènes vous accom-pagne sans cesse. Parfois, unerengaine qui s’échappe de vosméninges vient se greffer surles acouphènes, et vous avezdroit à un vieux 45 tours toutrayé, qui reprend inlassable-ment le même morceau. C’estpeut-être ça la musiquetechno… moi j’sais pas, j’en suisencore à Brassens, ClaudeFrançois, des vieux trucs desannées 80 ! Mais attention, jen’ai pas la nostalgie…

Comment fait-on ? On lit sur leslèvres, que sur les lèvres, sur lesvisages aussi et on n’aime plusles lunettes noires qui cachentles yeux. J’avais 17 ans quandj’ai rencontré ma premièreorthophoniste, une femmeformidable qui m’a redonnél’envie de croire à la vie, alorsque j’étais passé du statutd’entendant à celui de sourdprofond après une ablationd’une tumeur sur le nerfauditif ! Sa méthode… Lesméthodes de L.L, c’est commeles religions ! Aucune ne doit sesentir supérieure à l’autre. C’està l’adepte de la pratiquer avecfoi, constance et enthousias-me… Depuis, j’ai rencontré

beaucoup d’orthophonistes,elles m’ont toutes donné envied’aller plus loin…Ben alors, c’est simple ?Oui… quand on ne cherche pasl’impossible, quand on s’accep-te, tel que l’on est, avec seslimites et ses possibilités.Ma fille de 9 ans me dit parfoisceci : « Ce qui me gêne, c’estque tu ne connais pas mavoix ! ! ! »- « Mais, je la connais ta voix ! Jene l’entends pas, mais j’en suissûr, je ressens ses intonations,sa douceur, ses inquiétudes, saforce. »La surdité n’est pas le pire deshandicaps. Le pire, c’est celui dene pas savoir aimer chaqueinstant de sa vie.

Les gens, voyez-vous, aiments’apitoyer sur votre sort, cela lesrassure sur le leur. Ne vousapitoyez pas sur vous-même,c’est toujours triste à regarder !Suis-je heureux, dans ce mondedes grands fonds ? Le seul quime supporte : je l’interrogeparfois, tant qu’il me dira : la vieest belle, alors j’aurai desraisons d’y croire.

❏ Didier Payen

Les « sourds-bien-entendants »

Je rencontrai récemment uneamie que je n’avais pas vuedepuis plusieurs années.- Bonjour, me dit elle. Commentme trouves-tu ? Tu neremarques rien ?Je trouvais en effet qu’elle avaitbeaucoup vieilli et me doutaisqu’elle devait probablementpenser la même chose de moi.Par courtoisie, je lui répondis :- Tu as toujours ton merveilleuxsourire. A part cela, je neremarque rien- Eh bien, je suis contente que tune voies rien. Devine, j’ai deuxappareils auditifs, un danschaque oreille !- Je ne savais pas que tu avaiseu des problèmes auditifs, maisle résultat est excellent. J’espèreque tu vas venir à nos réunions

de devenus-sourds.- Tu me vexes, je ne suis pashandicapée ! Avec mesprothèses, je peux suivre toutesles conversations, téléphoner,regarder la télévision. Qu’irais-jefaire dans ton association ?- On pourrait te conseiller danston choix d’appareillage, te faireéviter de payer plus cher que leprix normal, t’informer sur lesprogrès médicaux….- Oh, pour tout cela, monmédecin ORL et mon audiopro-thésiste me suffisent large-ment. Non, vraiment, je suisdésolée de te décevoir, mais jen’ai pas envie d’adhérer à tonassociation, aussi respectablesoit-elle.

Mon amie est logique et je ne lablâme pas. Elle fait partie de ceque j’appelle les « sourds-bien-entendants », qui peuventoublier et cacher leur surditéparce que cette surdité est bientraitée et ne les gêne pas. Cetteamie n’a pas plus de raisons dese joindre à nous que j’en ai dem’affilier à une associationd’aveugles ou malvoyants parceque je porte une paire delunettes. Cette anecdote faitcomprendre pourquoi les statis-tiques officielles, qui dénom-brent près de 6 millions deFrançais atteints de déficienceauditive, sont trompeuses. Celafait aussi comprendre pourquoinos associations de devenus-sourds et malentendants, endépit de tous nos efforts, nerecrutent qu’une infime propor-tion des millions de déficientsauditifs figurant dans les statis-tiques.Actuellement, il reste desmilliers de devenus-sourds etmalentendants qui, contraire-ment au cas de mon amie,souffrent quotidiennement deleur infirmité, parfois de façondramatique. Ceux-là ont besoind’être accueillis, aidés, réconfor-tés, réadaptés et défendus.L’ARDDS, et les autres associa-tions de déficients auditifs, ontencore beaucoup à faire.

❏ René COTTIN

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Culture

Mars 2006

Nicole Hameau m’a tout d’abordinterrogée sur les principauxsites. Je lui ai envoyé unedocumentation sur les sitesintéressants, mais en lui recom-mandant principalement lesGrandes Eaux Musicales qui ontlieu d’avril à octobre les samediset dimanches dans le parc duchâteau. Je lui avais égalementparlé du marché Notre-Dame-de-Versailles, qui est, d’après lecuisinier Jean-Pierre Coste,paraît-il, le plus beau marché deFrance.

Rendez-vous a été pris, pourétudier la possibilité d’uneéventuelle sortie du groupe.J’ai retrouvé avec joie Nicole à11 h pile à la Gare « VersaillesRive Droite », et en route vers lemarché. Je crois qu’elle n’a pasété déçue. Le marché deVersailles est piétonnier ledimanche, plein de monde, defamilles avec leurs enfants, demusiciens qui jouent entre lesétals. Il est situé en plein centrede Versailles et est constitué dequatre carrés (carré à la farine,carré à la viande, carré à lamarée, carré aux herbes). Cesnoms datent de l’ancien régimeet j’apprécie qu’ils aient étégardés. A l’intérieur de cesquatre carrés qui ont étécomplètement restaurés, il y ale marché couvert, ouvert enpermanence du mardi audimanche et les mardis, vendre-dis et dimanches se tient lemarché ouvert aux maraîchersde la région, aux volaillers,fromagers, marchands dechampignons et à toutes sortesde commerces alimentaires. Lespoissonniers (au nombre decinq) et les bouchers ne setiennent que dans le marchécouvert. Le marchand d’épices aparticulièrement séduit Nicole,et il faut dire que ça sentaitmerveilleusement bon.

Après cette première étape,retour à la maison pour nousrestaurer et prendre des forcespour aller au Château. Et il enfallait des forces, car nousavions choisi malencontreuse-ment un des derniers jours decanicule de l’année. La traver-sée de la cour d’honneur duhhâteau sous un soleil de plombet sur des pavés faits peut-êtrepour les carrosses de Sa Majestémais pas pour une vieille damecomme moi, a déjà été uneépreuve. Mais enfin nous

sommes arrivées au pied dubassin de Latone et avons attendu, sagement assises surles marches, que les jets d’eause mettent en marche. Ensuite,ce fut une promenade à traversles différents bosquets maisnous avons un peu trop flâné etn’avons pas pu voir le bassin desBains d’Apollon, qui est l’un desplus superbes. Nous avonsmalgré tout beaucoup appréciéle bassin de Latone, le bosquetde la Colonnade, le bosquet duDauphin et le bosquet del’Encelade, le bosquet de l’obé-lisque (superbe). En final, nousavons assisté, assises sur l’her-be, aux grandes eaux du bassinde Neptune.

Pour ceux que ce spectaclepourrait intéresser, je recom-manderais plutôt d’y aller auprintemps. Il fait moins chaud etles parterres de fleurs sontbeaucoup plus beaux.Bien sûr je suis toujours prête àvous donner des renseigne-ments sur les différentes chosesintéressantes à voir dansVersailles. Il y a entre autres,depuis deux ans, un spectacleéquestre magnifique, tous lesaprès-midi et l’on peut assisterle matin dans les GrandesÉcuries aux cours de l’école dedressage sous la houlette ducélèbre Bartabas

❏ Edith Kauffmann

Un dimanche à VersaillesLa sortie du mois de mai de l’ARDDS aura lieu à Versailles, mais les préparatifs

ont commencé dès le mois de septembre 2005.

Visites guidées des jardins de la Ville de Paris, en lecture labialeDimanche 19 mars à 15h Le cimetière du Père Lachaise (20e)Vendredi 21 avril à 14h30 Le Parc Monceau (8e)Lundi 15 mai à 14h30 « Les rhododendrons en fleurs au parcfloral » (bois de Vincennes) Mercredi 7 juin à 14h30 « 10 000 rosiers en fleurs à Bagatelle »(bois de Boulogne)Renseignements : [email protected]

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Mars 2006

Culture

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Cet imposant château, dressédevant un grand parc propice auxpromenades bucoliques, abriteun musée consacré à laRévolution française. Y sontrassemblées une collection defaïences de l’époque révolution-naire et de nombreuses œuvresretraçant ces événements ouleurs résonances sur la scèneeuropéenne de l’époque ouultérieure. Pour nombre d’entrenous, la révolution commence en1789. C’est une de ces datescélèbres, comme 1515, quiappartient à l’Histoire événemen-tielle. Mais quels sont ces ressortshistoriques qui ont conduit à laréunion des États Généraux en1789 ?

En 1774, date de l’avènement deLouis XVI, la France est le pays leplus peuplé d'Europe avec 26millions d’habitants. Son rayon-nement culturel est important,elle possède des coloniessucrières que jalouse l’Angleterre,dispose d’une armée et d’uneflotte reconnues…Malheureusement, en 1780, lescomptes de l’État affichent undéficit énorme et la moitié desdépenses est consacrée auremboursement de la dette ! Lesnobles, qui s'endettent enmenant grand train à la Cour deVersailles, raniment de vieuxdroits féodaux tombés en désué-tude et soulèvent contre eux lacolère des paysans, des artisans,des commerçants… De trèsnombreuses « Jacqueries »éclatent (plus de 3000 révoltesont été répertoriées depuis1765). Pendant ce temps, lesEtats-Unis d’Amérique se consti-

tuent (avec l’engagement militai-re et financier français pourconquérir l’Indépendance, ce quiva accroître le déficit). Le 17septembre 1787, la Constitutionaméricaine est publiée. Aux Pays-Bas, en Autriche… des mouve-ments populaires vont tenter de« révolutionner » le pouvoir : lesgrandes idées portées par lesphilosophes du « Siècle desLumières » se sont répandues, lespublications de livres, depamphlets, de journaux, n’ontjamais été aussi importantes.L’opinion publique est de plus enplus critique….

C’est dans ce climat que, en 1786,le Contrôleur Général Calonne(ministre des finances) propose unnouvel impôt foncier quelle quesoit la qualité du propriétaire (ycompris la noblesse !). Lesnotables (représentants la nobles-se et le clergé) s'y opposent etCalonne est renvoyé… Mais sonsuccesseur reprend son idée et, enmai 1788, pour briser la résistancedu Parlement, le pouvoir royaldécide d’une réforme du droit desparlementaires qui se trouve ainsiréduit à leurs attributionsjudiciaires ! Or ces magistratstiennent à garder leurs privilègeset se rebellent. Le Parlement estmis en vacance ! Mais la contesta-tion gagne de nombreusesrégions. Le 7 juin 1788, pourempêcher l’exil des parlemen-taires grenoblois, ordonné par leroi, la foule réunie pour le marchéproteste et s’insurge, certainsgrimpent sur les toits et assaillentl’armée, avec pierres et tuiles :c’est « la Journée des Tuiles ».L’armée tire alors sur les manifes-

tants : 2 morts et une vingtaine deblessés sont relevés, mais lesémeutiers obligent les parlemen-taires à reprendre leurs fonctions.Des bourgeois libéraux vontprendre la tête de ce mouvementpopulaire, baptisés « lesPatriotes » : Barnave, avocat,Mounier, juge, et Périer, richissimepropriétaire, entre autres duchâteau de Vizille. Ils réclament lerétablissement des parlemen-taires dans leurs fonctions, laconvocation des États provinciauxet demandent à ce que les impôtssoient soumis au vote des repré-sentants du Peuple. Finalement, lecommandant de Province accepte-ra que ces États provinciaux seréunissent en dehors de Grenoble(par peur d’un soulèvementpopulaire). Constitués de repré-sentants du clergé (50), de lanoblesse (165) et du tiers état(276), ils siégeront le 21 juillet1788 dans la salle du Jeu dePaume (au nom prémonitoire !)du château de Vizille. Cette uniqueassemblée régionale reprend lesrequêtes des Patriotes deGrenoble, critique directement lesministres et réclame la tenue desÉtats Généraux, non réunis depuis1614 !

En août 1788, Necker, aux rênesdu gouvernement, promet latenue de ces États Généraux pourle 1er mai 1789.Barnave et Meunier rédigeront lefameux serment du Jeu dePaume. Barnave sera même éluprésident de l’assemblée en1790, et sera guillotiné en 1793sous la Terreur…

❏ Manuella Lefèvre

VIZILLE : berceau de la révolution française ?En visitant, sous la conduite de Jean-Pierre Loviat, le château de Vizille au cours

du stage de lecture labiale, nous avons découvert un épisode méconnu de notre histoire.

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174 | La Caravelle | 17Mars 2006

Il était question d’aller voir « Letemps qui reste » de FrançoisOzon au MK2 Quai de Seine àParis 19e car ce film (français)était, paraît-il, diffusé en versionsous-titrée en français… dans lecadre d’une opération analogue àcelle qui avait eu lieu l’an dernierau cinéma l’Arlequin (Paris 6e).Malheureusement, la diffusion del’information concernant cetteprojection a été tellement malfaite que nous l’avons ratée,comme la plupart des sourds deParis et de sa région d’ailleurs,simplement parce que nous enavons été peu/mal informés. Unpeu rageant ! Une question : àquoi cela sert-il de mettre enplace un système d’accessibilitélourd et coûteux de ce type (sous-titrage et système d’audio-description pour déficientsvisuels) si on ne prévient pas lespersonnes visées afin qu’elles

puissent bénéficier de l’opération ?Un simple effet d’annonce ?Je me suis donc rabattue sur unevaleur sûre, à savoir le dernierWoody Allen. Chaque année eneffet ce fameux réalisateuraméricain atypique sort unnouveau film. D’année en annéeces cuvées qui se succèdent nenous déçoivent que rarement. Lecru 2005, Match Point, ne dérogepas à la règle.Cette fois-ci, l’action se dérouleen Angleterre. C’est l’histoire d’unRastignac moderne, assoiffé deréussite et de reconnaissancesociale : Chris Wilson. Celui-ci,jeune prof de tennis issu d'unmilieu modeste, se fait embau-cher dans un club huppé desbeaux quartiers de Londres. Il netarde pas à sympathiser avec TomHewett, un jeune homme de lahaute société avec qui il partagesa passion pour l'opéra. Très vite,

Chris fréquente régulièrement lesHewett et séduit Chloe, la sœurde Tom. Alors qu'il s'apprête àl'épouser et qu'il voit sa situationsociale se métamorphoser, il faitla connaissance de la ravissantefiancée de Tom, Nola Rice, unejeune Américaine venue tentersa chance comme comédienneen Angleterre… On ne dévoilerapas ici la pirouette finale un peuinattendue de ce film fin etcynique. La plongée de WoodyAllen dans le milieu de la hautesociété londonienne au détri-ment de ses habituels « bobos »new-yorkais, si elle surprend unpeu au départ, produit un filmsubtil et non dénué de charme. Àvoir si vous en avez l’occasion.

❏ Aline Ducasse

Match Point de Woody Allen

RUSH a peu de chances de passersur une chaîne de télévisionfrançaise et restera une météoriteperdue dans la galaxie du paysa-ge audiovisuel européen. Je veuxparler ici des quatre téléfilmsbritanniques de la série RUSH quifont les belles soirées, à uneheure de grande écoute, sur unechaîne de télévision anglaise(Channel four). La série RUSH estl’exemple d’une télévision intelli-gente qui ose et sait ouvrir desportes et qui n’a pas peur de sesminorités. Le thème a rarementapproché de si près la commu-nauté sourde.Il s’agit d’un groupe d’amis qu’onsuit pendant leurs dernièresannées au collège puis pendantleur entrée dans la vie active. Ilssont tous sourds, répétant leurfierté sourde et se débattant avec

leurs problèmes de jeunesadultes. L’humour n’est jamaisdérision, ils sont graves, drôles,tout simplement vivants.RUSH n’a pas d’antécédent nid’ancêtre. La formule séduit etc’est un tel succès que la série enest à sa quatrième saison. Le réali-sateur, Ray Harrison Graham, estvenu au festival « Retourd’Image » présenter ses quatrefilms. Il tient le rôle du père deTroy dans les quatre épisodes.RUSH sous-titré en anglais pour lestéléspectateurs britanniques et enfrançais par Titra Films pour lamanifestation « Retour d’Image »a été un choc pour le public sourd.Les regards indiquaient bien lasurprise des spectateurs médusés.Les différences indiquées dansRUSH sont de tout ordre, identi-taires, sociales, sexuelles. Les

acteurs sourds sont tous devenusdes comédiens professionnels etsont parfaits. RUSH, avec son goûtévident pour les idées qui bougent,est devenu incontournable.

❏ Guy Jouannet

* Retour d’Image est une associa-tion, animée par Diane Marogerréalisatrice et monteuse decinéma, créée en 2003. L’objectifprincipal est de développer uneréflexion collective sur les enjeuxde la représentation despersonnes en situation de handi-cap, à travers un choix d’œuvrescinématographiques figurant unou des personnages handicapés.Retour d’Image organise un festi-val biennal et des séancesponctuelles accompagnées dedébats.

RUSHLa série RUSH produite en Grande-Bretagne en 2000 par Maverick

Television pour Channel Four a constitué l’événement du festival

« Retour d’Image »* qui s’est tenu du 25 novembre au 4 décembre

2005 au cinéma MK2 Bibliothèque à Paris.

Culture

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L’enfant sauvageLe samedi 4 février 2006, l’ARDDS a organisé en collaboration avec l’association ACTIS

une projection exceptionnelle de « L’enfant sauvage » (1969) de François Truffaut

en version sous-titrée.

Cette projection était gratuite,ouverte à tous et a eu lieu à lamairie du 9e arrondissement deParis. Plus de 200 personnessont venues : des sourds majori-tairement, venant de tous leshorizons (sourds de naissance,devenus-sourds, signeurs ouoralisés), tous ravis de pouvoirvoir ainsi pour une fois un bonvieux film français, mais aussides entendants, fans du cinémade François Truffaut, venus profi-ter du spectacle également

« L’enfant sauvage » est l’histoi-re de Victor, de l’Aveyron : unenfant recueilli à la fin du 18e

siècle, à l’âge de 11/12 ans etqui avait grandi seul dans la

forêt. Apparemment sourd/muet il sera placé dans unpremier temps à « L’Institutionpour sourds-muets de Paris »(actuellement L’INJS) pour êtreensuite accueilli par le docteurItard, interprété par FrançoisTruffaut lui-même, et sa gouver-nante, Mme Guérin. Le docteurItard entreprend avec persévé-rance de faire l’éducation deVictor et arrivera petit à petit àlui faire manifester un peu saconscience, son intelligence et sasensibilité Mais par moments, ilse demande si l'obstination qu'ilmet à vouloir intégrer Victordans la société est bien légitime.Il ne s'agit plus de grimper auxarbres mais d'être « bien

élevé »… C’est un film fort etprofond qui, malgré son austéri-té de premier abord, nous inter-pelle sur les thèmes de ladifférence, l’éducation del’enfant et la condition humaine.

C’est avec l’aide de plusieurspersonnes et institutions queBrice Meyer-Heine, responsablede l’opération, a pu mener àbien ce projet, qu’ils en soienttous ici vivement remerciés.Entre autres la mairie du 9e quinous a permis de bénéficierd’une belle grande salle, l’INJS(Institut National des JeunesSourds – St Jacques -) qui nous aouvert ses portes par l’intermé-diaire de M. Albinhac, directeurdes études, et l’UNISDA et sonprésident Jérémie Boroy qui aaccepté de cofinancer l’opéra-tion et de nous aider à rendrecelle-ci accessible à tous. Eneffet boucle magnétique,vélotypie (transcription écrite endirect) et interprète en Languedes Signes ont permis à tous lesspectateurs de saisir les discoursrespectifs de Brice Meyer-Heine,l’organisateur, qui a introduit laséance et de Guy Jouannet,journaliste spécialiste du cinémafrançais et éducateur de jeunessourds, qui a présenté le film etrépondu aux questions.

Cette projection a réuni de trèsnombreuses personnes, membresd’associations de la quasi-totali-té des associations franciliennesde sourds et malentendants, etdes personnes n’appartenant àaucune association, cela dans ledouble but de voir ou revoir unchef-d’œuvre de notre cinéma,mais également, de manifesternotre volonté que des copies defilms français soient systémati-quement sous-titrées en français.

❏ Aline Ducasse

18 | La Caravelle | 174

Culture

Mars 2006

Agé de 81 ans Jean Gruault estencore en activité. Il écrit actuel-lement un scénario sur la« Séquestrée de Poitiers », histoi-re d’une femme qui a été décou-verte le 23 mai 1901, dans unemaison bourgeoise et qui vivait,couchée sur un lit au milieud'immondices, dans unechambre obscure aux voletscadenassés. « L’enfant sauva-ge », « Adèle H. », « La séques-trée de Poitiers » sont tous des

personnages aux destinsmarquants et tragiques.Mais pour Jean Gruault sonmeilleur scénario reste celui qu’ila écrit pour le film de Jean Resnais« Mon oncle d’Amérique », scéna-rio qui lui a été inspiré parl’oeuvre d’Henri Laborit, grandpère d’Emmanuelle Laborit etcélèbre théoricien du comporte-ment humain.

❏ Brice Meyer-Heine

Jean Gruault scénariste de l’enfant sauvage a reçu Brice Meyer-Heine et Guy Jouannet dans son bureau, au milieu de ses livres.

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Brè

ves

Brèves

Pour ce printemps, je vous propo-se une recette librement inspiréedu tajine de poissons, en versionsimplifiée et dont vous pouvezchoisir les proportions suivant lenombre de convives.Épluchez, lavez et coupez lespommes de terre en rondellesd'un demi-centimètre d'épais-seur. Étalez-les dans un plat àfour, en une couche.Salez et poivrez légèrement.Ajoutez les gousses d'ail.Ajoutez les filets de poisson.Salez et poivrez à nouveau.Ajoutez les épices et la coriandreou le persil haché.Posez ensuite les rondelles

d’oignon, puis celles de citron(pépins enlevés) et enfin cellesde tomates. Arrosez copieuse-ment d'huile d'olive, ajoutez unpetit verre d'eau, salez et poivrezlégèrement.Couvrez le plat et mettre au fourth 7-8, jusqu’à ce que lespommes de terre soientfondantes sous la pointe ducouteau.On peut « mouiller » avec ducourt-bouillon pour poissons.L’été, je remplace les pommes deterre par des courgettes et j’ajou-te des poivrons aux tomates.

❏ Manuella Lefèvre

174 | La Caravelle | 19Mars 2006

Mars 2006Musée d’Art moderne Visite en Exposition Pierre Bonnard Tous les dimanches

lecture labiale Sans réservation à 11h30Marie-Josèphe Bérengier | Fax 01 53 67 40 70 | Mél : [email protected] | Tél. : 01 53 67 40 95

Musée Carnavalet Visite-conférence Les différents visages de Paris Mardi 14 marsen lecture labiale de l’Antiquité au XXe siècle à 10h (1h30)

Sans réservation Samedi 25 marsà 15h30 (1h30)

Eric Barnaud | Fax : 01 44 59 58 07 | Mél : [email protected] | Tél. : 01 44 59 58 32

Pavillon des Arts Visite-conférence Autour des Halles Consulter le muséeen lecture labiale Découverte, à travers la visite

des monuments du quartier des Halles,des aléas de son histoire - Avec réservation

Emilie Verger | Fax : 01 40 28 93 22 | Mél : [email protected] | Tél. : 01 42 33 82 50

Petit Palais Visite en Le Petit Palais redécouvert Vendredi 10 marslecture labiale Avec réservation à 14h (1h30)

Fabienne Cousin | Fax : 01 53 43 40 53 | Mél : [email protected] | Tél. : 01 53 43 40 38

Avril 2006Musée d’Art moderne Visite en Exposition Pierre Bonnard Tous les dimanches

lecture labiale Sans réservation à 11h30Marie-Josèphe Bérengier | Fax 01 53 67 40 70 | Mél : [email protected] | Tél : 01 53 67 40 95

Maison de Victor Hugo Visite-conférence L’Homme qui rit Samedi 8 avrilen LSF à 14h (2h)

Inga Walc-Bezombes | Fax : 01 42 72 06 64 | Mél : [email protected] | Tél : 01 42 72 87 14Contact

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Les musées de la Ville de ParisIls proposent des activités culturelles individuelles aux personnes sourdes

et malentendantes en LSF et lecture labiale

Bon appétit !Tajine de poissons

Préparation 15 minIngrédients :Des filets de poissons (ou desmorceaux de poissons dont ona ôté les arêtes)Des pommes de terreDes oignons, du citron nontraité, des tomates coupés enrondellesUn bouquet de persil ou decoriandreSel, poivreEt toutes les épices que vousaimez : céleri, paprika, curcuma,fenouil, piment doux ou fort…

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75ARDDS nationale

Siège et section parisienneResponsable :Aline Ducasse

75 rue Alexandre-Dumas75020 Paris

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46ARDDS 38 – AlpesResponsable :

Anne-Marie Choupin29 rue des Mûriers

38180 Seyssins

Permanences :1er lundi du mois de 17h à 18h30

à l’URAPEDA, 5 place HubertDubedout à Grenoble

3e lundi du moisde 14h30 à 16h30 au Centre dePrévention des Alpes 3, place de

Metz à Grenoble ;Renseignements :

Tél./Fax : 04 76 49 79 [email protected]

ARDDS 44Loire – Atlantique

Responsable :Huguette Le Corre

4 place des Alouettes44240 La Chapelle-sur-Erdre

Fax : 02 40 93 51 09Accueil

Réunion amicale le 2e samedidu mois, de 14h30 à 18h30

ARDDS 46Lot

Responsable : Monique AsencioEspace Associatif Clément-Marot

46000 [email protected]

ARDDS 56Bretagne – Vannes

Responsable : Pierre Carré106 avenue du 4-Août-1944

56000 VannesTél./Fax : 02 97 42 72 17

AccueilRéunion amicale le mardi

à partir de 17 heuresMaison des Associations

6 rue de la Tannerie56000 Vannes

Lecture labialeMardi à partir de 17 heuresMaison des Associations

6 rue de la Tannerie56000 Vannes

Lundi à 15 heures, salle ArgoatMaison-Mère des Frères

56800 Ploërmel

ARDDS 57Moselle – Bouzonville

Responsable : Gustave FegelMaison Sainte-Croix57320 Bouzonville

Tél./Fax : 03 87 57 99 42Permanence le 1er jeudi

du moisMairie de Bouzonville,

14h à 15hRencontre et partage le 1er lundi

du moisEspace Ste-Croix, 17h15

ARDDS 64Pyrénées

Responsable : René CottinMaison des Sourds

66 rue Montpensier64000 Pau

Tél./fax : 05 59 81 87 41Réunions et cours de lecture

labiale bimensuels

75 ARDDS 75Accueil

Jeudi de 14h à 18h (horsvacances scolaires zone C)75 rue Alexandre-Dumas

75020 Paris

Séances d'entraînement à la lecture labiale

Jeudi de 14 à 16 heures(Hors vacances scolaires zone C)

75 rue Alexandre-Dumas75020 Paris

SortiesUn samedi par mois

Nicole Hameau7 rue des Rigoles – 75020 Paris

Fax : 01 44 62 63 [email protected]

LoisirsLes 2e et 4e mardis du mois

de 14h à 18h(Hors vacances scolaires zone C)

44 bd des Batignolles75008 Paris

Tél. : 01 46 42 50 32Gisèle Peuron

Tél. : 01 42 08 75 97Fax : 01 44 84 02 50

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