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C aravelle La Témoignage Le parcours du combattant Témoignage Le parcours du combattant La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds n° 175 | Juin 2006 | 6 euros Dossier Sport et Surdité Technique LAARA Technique LAARA

La Caravelle · CaravelleLa émoignage ours t ... une de ces petites merveilles, ... solidarité, soutien, retrouver le goût de la vie en société,

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CaravelleLa

Témoignage

Le parcours du combattant

Témoignage

Le parcours du combattant

La revue de l’ARDDS | Association pour la réadaptation et la défense des devenus-sourds

n° 175 | Juin 2006 | 6 euros

Dossier

Sport et Surdité

Technique

LAARATechnique

LAARA

A propos du témoignage deDidier Payen (N° 174, p.14« Moins d’emmerdes ! ») :Je suis comme vous : desacouphènes et rien d'autre… Jesuis une devenue-sourde dont lesacouphènes ont cinq ans et lasurdité beaucoup plus d'ancien-neté. Bien d'accord avec vous queça coûte moins cher que d'entre-tenir un ACA s'il ne peut plus vousaider. La lecture labiale n'a pastrop de secret pour moi non plus,je l'ai acquise sans douleur etsans formation particulière. Maisvous ne parlez pas des nuits, vosacouphènes s'endorment-ils avecvous naturellement ? Alors là, jevous envie.La rengaine du vieux 45 toursdont vous parlez, je connaisaussi, mais ce n'est pas toujoursla même, j'ai eu Edith Piaf dansle genre nostalgique et je me disque Beethoven devait avoir degros acouphènes lorsqu'ilcomposa les premières mesuresde la 5e Symphonie.Je raconte tout ça en réponse àvotre témoignage parce qu'il m'a

accrochée et que face à monentourage entendant proche, jepréfère bluffer, ou plutôt éviterde me plaindre : comme vous jen'aime pas faire pitié.

❏ C.P.

A propos du téléphone relais :Je voulais vous dire combienl'information donnée par RenéCottin dans Caravelle et dansRésonances au sujet d'un systè-me de téléphone transcripteurexistant aux Etats-Unis m'aintéressée, car je suis très privéepar la suppression du servicefourni jusqu'à fin avril par FranceTélécom. J'étais présente à laréunion de « clôture » à FranceTélécom. Le système Visiophonequi nous a été présenté estinsuffisant.J'ai été surtout en contact avecdes entendants dans monexistence jusqu'à ces dernièresannées et j'ai utilisé ce serviceintensément (hors et dans montravail) depuis ses débuts à l'INJS.Je me demande comment font

les autres, car parmi mesrelations malentendantes, peuconnaissaient ce service.Alors, en attendant, si l'on estseul, à nos fax… - si le correspon-dant est équipé - pour prendredes rendez-vous médicaux ouautres. Tout le monde entendantn'est pas prêt non plus à faire etrecevoir un sms, ou utiliser lecourriel, sauf entente préalableavec le destinataire.

❏ Claudie Pinson

Statistiques sur le nombre depersonnes déficientes auditives :Quelles sont les sources desstatistiques publiées dansl’article Humeur (p.18 du N°172).

❏ Pierre Carré

Réponse de la rédaction :Ces statistiques sont issues de laFondation pour la RechercheMédicale et en ce qui concernele nombre de personnes malen-tendantes sont corroborées parles statistiques européennespubliées au niveau de l’EFHOH(Fédération européenne desassociations de personnesmalentendantes).

Ardoise magique :Elle serait bien pratique pourcommuniquer en milieu bruyantou en voyage avec un voisind’autocar. Hélas on n’en trouveplus ! Si vous dénichez encoreune de ces petites merveilles,pensez à moi.

❏ Gabrielle Rohé58, rue de Luttenbach

68140 Munster

Courrier des lecteursÀ chacun sa Caravelle

Brè

ves

Prochain congrèsdu BUCODESDu 13 au 16 octobre 2006A Aix-en-Provence et à Marseille

Thème : Les nouvelles technologies au servicedes sourds et des malentendants

Réservation :Surdi 13-congrès Maison de la Vie Associative boîte n°62 le LigouresPlace Romée-de-Villeneuve 13090 Aix-en-ProvenceRenseignements : www.surdi13.org

175 | La Caravelle | 3

La France compte plus d’un million d’associations en activité, qui s’appuient sur13 millions de bénévoles. Près d’un Français sur quatre s’investit dans un cadreassociatif. Chiffres impressionnants. Le bénévolat profite à tous : non seule-ment à celui qui reçoit de l’aide mais aussi à celui qui donne son temps. Le rôledes associations est de compléter le travail des organismes professionnels etgouvernementaux. C’est aussi d’assurer un contre-pouvoir quand cesorganismes abusent de leur puissance et ne respectent pas les droits desintéressés.Malheureusement, si l’on se réfère aux chiffres du Bucodes, le nombre globalde Français adhérant à une association de devenus-sourds ne dépasse pas2000, alors que les statistiques dénombrent près de 500 000 sourds sévèresou profonds et plusieurs millions de malentendants atteints de surdité légère.Que se passe-t-il ? Pourquoi les devenus-sourds sont-ils moins attirés par la vieassociative que les pêcheurs à la ligne, les joueurs de pétanque ou les collec-tionneurs de papillons, dont les amicales sont nombreuses et florissantes ? Lesbuts généraux sont pourtant identiques : se retrouver entre personnes parta-geant les mêmes goûts ou les mêmes problèmes et ayant les mêmes intérêtsà défendre.Le problème semble provenir d’une caractéristique spécifique des devenus-sourds : leur isolement social.Dans ce journal, nous expliquons quels mécanismes poussent à cet isolement :la peur d’être mal accueilli à un guichet, de faire rire une tablée par une inter-vention hors propos, de commettre des quiproquos faisant passer pour idiot,de parler trop fort ou pas assez, bref la peur d’être humilié dans un univershostile. Beaucoup de devenus-sourds vivent en reclus. Les tirer de leur isole-ment n’est pas facile et demande un long travail d’information et de recrute-ment.Il convient de souligner le rôle primordial que joue, en France, l’ARDDS dans cedomaine. Chaque année, notre association crée de nouvelles sections. Auxanciennes sections se sont récemment ajoutées : ARDDS 57 en 2003, ARDDS46 en 2004, ARDDS PYRENEES en 2005, ARDDS VENDEE en 2006, et la liste n’estpas terminée. Sans oublier les sections qui nous ont quittés pour voler de leurspropres ailes.L’ARDDS est une véritable pouponnière pour la vie associative et nous ensommes fiers.

❏ René Cottin

A noter que le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associati-ve vient d’adopter plusieurs mesures favorables au développement de lavie associative : consultation des associations pour l’élaboration destextes législatifs, relations contractuelles entre pouvoirs publics etassociations, prêts bancaires aux associations, simplification desdemandes de subventions au niveau départemental, répertoire nationaldes bénévoles… Toutes ces mesures, communiquées au Conseil desministres du 25 janvier 2006, sont encore loin d’être appliquées. Nousaurons l’occasion d’en reparler.

Éditorial

La Caravelleest une publication trimestrielle de l’ARDDS

75, rue Alexandre-Dumas – 75020 ParisTél. 01 46 42 50 32

Ce numéro a été tiré à 1200 exemplairesDirecteur de la publication :

Aline DucasseRédacteur en chef :Brice Meyer-Heine

Equipe rédactionnelle :

Aline Ducasse, Emilie Ernst, Nicole Hameau,

Manuella Lefèvre, Annie Rivoal, Catherine

Sermage, René Cottin, Jean-Pierre Loviat

Collaborateurs :

Geneviève Alliot, Véronique Barbier,

Antoinette Branchi, Martine Chaptois,

Marie-Claude Heydemann, Jeanine Rocca,

Françoise Valentin, Patrick Bouazis,

Michel Giraudeau, Régis MassonCorrecteur : Daniel Fontaine.Mise en page – Impression :

Ouaf ! Ouaf ! Le marchand de couleurs16, passage de l’Industrie 92130 Issy-les-Mlx

Tél. : 0140 930 302 – www.lmdc.netCommission paritaire : 0606 G 84996

ISSN : 1154-3655 Dessins et crédits photos : Geneviève Alliot, Martine Chaptois, René Cottin

Amis lecteurs…

Sommairen°175 • Juin 2006

Courrier des lecteurs 2Vie associativeARDDS Paris 4ARDDS Pyrénées 5ARDDS Vendée 5Forum AFIDEO 6DossierSurdité et… 7TechniqueLAARA 11Implant cochléaire 12Témoignage 13Voyage 16CultureCinéma 18RecetteBon appétit 19

Juin 2006

Nous rappelons à nos adhérents et à nos fidèles lecteurs que l’adresse de l’ARDDS est :75, rue Alexandre-Dumas - 75020 ParisMerci de ne plus utiliser la boîte postale qui est désormais fermée.

Juin 20064 | La Caravelle | 175

Vie Associative

Comme le disait l’un des audiopro-thésistes que nous avons rencon-trés, il y a bien, pour la tropdiscrète population des devenus-sourds, des services médicaux, desaudioprothésistes, mais pour cequi est de l’aspect relationnel (trèsimportant psychologiquement),pour l’accompagnement desadultes devenus malentendants, iln’y a rien de prévu dans notresociété…D’où le bon accueil que réserventles professionnels aux associationscomme la nôtre.Alors, n’hésitez pas à en parler àvos médecins, pharmaciens,audioprothésistes, assistantessociales et dans tous les lieuxsusceptibles de recevoir desmalentendants dans la détresse.Entraide, soutien moral lors denos échanges au cours de nossorties culturelles, au restaurant,au cours de lecture labiale, rueAlexandre-Dumas le jeudi après-midi, des stages d’été, etc. Nousleur avons dit combien toutesces activités étaient complé-mentaires à leurs prestations deservices. Mais deux argumentsont accru leur intérêt :Notre association a formé lesguides des musées de la ville deParis à s’adresser à un public demalentendants.Nous faisons la promotion etfacilitons l’installation de tousles moyens techniques (bouclesmagnétiques dans les théâtres,audioguides de musées compa-tibles avec les ACA…) quioptimisent les performances desappareils de correction auditive(ACA) qu’ils nous vendent, etfavorisent par cela leur utilisa-tion et leur évitent de resterdans les tiroirs.

Essayez, vous verrez, c’est très bonpour le moral ! C’est un plaisird’échanger avec des profession-nels qui vont certainement contri-buer à faire connaître notreassociation. Alors n’hésitez pas àfaire de même. En plus de l’utilitéde faire connaître (et donc de luipermettre de se développer) notreassociation, cela est très agréablede faire ce « job »-promenadeavec un coéquipier. Nous avons letemps d’échanger, et les trajetspermettent de visiter des quartiersde Paris au rythme de la prome-nade à pied et vous n’imaginezpas tout ce que l’on peut découvrirau cours de ces missions ! Dans cemonde pressé, ces visites aurythme de la promenade sont trèsenrichissantes. Et puis, c’est unefaçon de rendre, gratuitement, ceque nous avons reçu : chaîne,solidarité, soutien, retrouver legoût de la vie en société, de la vietout court, c’est ce dont j’ai bénéfi-cié quand je suis arrivée à l’ARDDSil y a quelques années. Je mesentais alors désemparée, seule etdésespérée. Il me semble normalde donner un peu de mon tempsà contribuer à faire connaître notreassociation dans la société oùnotre handicap est si mal connu etsi mal considéré.

Durant notre périple à la rencontredes audioprothésistes nous traver-sâmes le Marais, et voici quelquesillustrations de cette promenade :

❏ Martine Chaptois

ARDDS Paris Visite des audioprothésistesVoici un petit compte rendu sur les actions de la commission communication : il s’agit

d’équipes de 2 personnes, qui, munies de brochures de présentation des actions et buts

de l’Ardds, de quelques affiches et de quelques numéros de la Caravelle, diffusent

ce matériel « promotionnel » chez les audioprothésistes.

Des enseignes comme au Moyen Age.

Rue Montorgueil : Le globe terrestreavec des outils se rapportant aux Artset aux Sciences (Architecture avec cehaut de pilier de style ionique je crois,géométrie…) et juste à côté, le célèbreStohrer avec des œufs de Pâques quisont de véritables œuvres d’art.

De la rue de Sévigné à la rue des Archives :

Le restaurant le Rocher de Cancale oùBalzac allait se régaler de… plusieursdouzaines d’huîtres sans compter lesgigots, etc. avec son ami le peintredessinateur Gavarni qui a laissé desdessins sur les murs de la salle aupremier étage.

175 | La Caravelle | 5Juin 2006

Vie Associative

Nos séances collectives de lectu-re labiale ont démarré à Pauavec une orthophoniste de hautniveau qui enrichit son cours denotions très intéressantes dephonologie. Nous projetons uncours analogue à Bayonne pournos adhérents de la côte basquequi sont trop éloignés de Pau.Pour la Journée nationale del’audition, nous avons organiséune conférence à Orthez encollaboration avec un médecinORL et un audioprothésiste.Cette conférence, annoncée parl’intermédiaire des journaux, afait salle comble et nous a valude nouvelles adhésions. Uneautre conférence a eu lieu sur le

thème « Bien entendre après 60ans », avec la collaboration de laCRAMA (Sécurité sociale) dugroupe MEDERIC (assuranceretraites) et du CLIC (Centre Locald’Information).Notre première sortie de neigesur raquettes fut réussie. Nousavions un guide professionnelformé pour les sourds, parlantlentement et articulant bien. Ilnous a emmenés dans desendroits très sauvages, loin dessites touristiques habituels etnous a appris beaucoup dechoses sur la montagne. Nousétions tous très heureux et…assez fatigués (7 heures surraquettes, dont casse-croûte

dans la neige). La sortie suivantefut consacrée à la visite de l’ado-rable petit village basqued’Arcangues, qui est un siteclassé (et que les gens ayantparticipé au stage de Bayonneen 2004 connaissent). Là encorenous avons bénéficié du meilleuraccueil puisque la guide du siteest une de nos adhérentes. Ladernière sortie avant lesvacances sera une rencontreentre ARDDS PYRENEES et ARDDS46, dans un village typique situéà mi-chemin de Pau et deCahors. Nous en parlerons dansla prochaine Caravelle.

❏ René Cottin

ARDDS-PyrénéesLe premier semestre de l’année a été chargé en activités de toutes sortes.

Stage en Vendée de lecture labiale

Le « Journal des sables », journal de la région vendéenne, a publié un article intitulé

« Comprendre les lèvres d’autrui ».

Ce week-end des 18 et 19 marsavait pour motivation« comprendre sur les lèvresd’autrui et mieux s’entendre ».Au cours de ces deux jours,Michel Giraudeau en compagniede Jacques Cahoreau et d’une

équipe de volontaires, ontproposé à l’assistance un projetde création d’une sectionvendéenne de l’association deréadaptation et défense desdevenus-sourds.Après réflexion et échanges etdans une ambiance agréable unconseil d’administration a étéconstitué et un bureau a été élu.Pour la réussite de ce week-end,les organisateurs avaient invitéles 70 cabinets d’orthophonistesde Vendée. D’autres manifesta-tions de ce genre seront prévues

au cours de l’année 2006 et descontacts seront pris égalementavec les audioprothésistes.Toutes les personnes du dépar-tement de la Vendée touchéespar ce handicap de près ou deloin peuvent se rapprocher dès àprésent du bureau :Président : Michel GiraudeauSecrétaire général : JacquesCahoreau : 02 51 32 11 11Courriel : [email protected]

❏ Michel Giraudeau

6 | La Caravelle | 175

Vie Associative

Juin 2006

Nous avons été accueillis avecbeaucoup de chaleur, puisdirigés vers la salle de conféren-ce où venait de commencer unetable ronde autour de laquellese tenaient Brice Meyer-Heine,membre de l’ARDDS, M. Broxerresponsable de la mission patri-moine de l’OPAC (office publicd’aménagement et de construc-tion de Paris) et un responsablede la communication à la SNCF.Ils nous ont exposé leurs projets,aisément suivis grâce à lavélotypie, à une boucle magné-tique, à la traduction en LSF etau LPC. En somme, tous lestypes de surdités étaient palliés.Mon attention fut particulière-ment retenue par l’exposé de M.Broxer de l’OPAC car, clichés àl’appui, il nous a expliqué tout cequ’ils ont fait et/ou vont faire enmatière d’accessibilité pour tousles handicapés. Concernant lessourds, ils ont installé undigiphone avec caméra etd’autres choses qui finalementpeuvent servir à tout le monde.Je me suis sentie soulagée etrassurée car j’habite un endroit« adapté aux handicapés » maisoù le strict minimum n’existepas.

❏ Françoise Valentin

Je trouve que le forum a été unfranc succès et une bonne initia-tive pour les sourds, l'ambiancesympathique, la matinée a étériche de renseignements pourles jeunes étudiants, les activi-tés comme pour les avions etaussi des personnes quiessayent d'améliorer le confortdans la vie de tous les jours. Ilserait souhaitable que tous lesjeunes soient formés à la languedes signes et à lire sur les lèvres.

Si toutes les conférences étaientsystématiquement sous-titréesgrâce à la vélotypie cela nousfaciliterait la vie !!!

❏ Antoinette Branchi

Que dire de ce forum ? eh bendans l'ordre chronologique : j'y airetrouvé une très chère amie quim'a guidée, après quelquespéripéties, découverte de la garede Palaiseau, puis dans un îlot deverdure et de béton vue sur la MJC.Bon ensuite bla bla bla avec desintervenants super calés sur laquestion de l'accessibilité, trèssérieux, mais du déjà vu. Ensuitenous voilà à l'heure de la restaura-tion et là ça devient passionnant,d'abord merci aux chefs cuisiniersqui se sont surpassés (ce n'estjamais évident la resto collecti-ve !!!) et ensuite une charmanteétudiante en droit à côté de moi :voilà le véritable intérêt de cesrencontres : un brassage de gensdifférents avec échangesd'impressions et autres… Au boutdu compte une excellente journée(ce que je préfère là dedans c'estle côté festif, ce que j'aime moinsc'est le côté très sérieux et appli-qué de ces forums) et merci auxGO qui se sont donné sûrementbeaucoup de mal.

❏ Véronique Barbier

Je ne vous parlerai pas de la convi-vialité qui régnait, du plaisir deretrouver les uns et les autresaperçus quelques fois et de fairede nouvelles rencontres, de l’excel-lent buffet, du spectacle, etc., maisde ce qui, pour nous, est biensouvent un gros problème :l’accessibilité. Tout était prévu pourrendre les conférences accessiblesà tous les participants handicapésauditifs quel que soit le choix deleur moyen de communication :retranscription écrite simultanéesur grand écran, codeurs LPC etinterprètes en LSF. Je voudraisrevenir sur la retranscription,meilleur moyen pour nous, lesdevenus-sourds.Elle était très bonne, cela mesemblait donc être de la véloty-pie* plus rapide que la simpleretranscription, mais je ne voyaispersonne tapant sur le fameuxclavier. Intéressée, commetoujours, par ce qui nous permetde comprendre presque commeles entendants, j’ai interrogéensuite un membre de l’AFIDEO :« vélotypie à distance ! ». Je n’yavais pas pensé alors que je l’aidéjà expérimentée une fois etavais constaté tout son intérêt !C’est simple : la vélotypiste resteoù elle se trouve, à Caen enl’occurrence, et la liaison se faitavec le lieu de la réunion parADSL. Grâce à cela, elle entendaitce qui était dit à Palaiseau, lefrappait immédiatement et letexte apparaissait sur un micro etétait projeté, à partir de ce dernier,sur grand écran, comme lorsqu’elleest présente sur le lieu. Tout celase fait en temps réel.C’est « magique » !

❏ Catherine Sermage

* www.systemerisp.com

Forum AFIDEOLe 26 mars s’est tenu à la MJC de Palaiseau un forum organisé par l’AFIDEO (association

française pour la défense des sourds s’exprimant oralement) sur le thème « Surdité et

Accessibilité ». Nous avons interrogé « à chaud » quelques adhérents

de l’ARDDS présents lors de cette manifestation : les interventions de la matinée

peuvent être consultées sur le site : www.afideo.org.

J’ai posé la question au cours demes années de pratique à desprofesseurs de yoga et j’en aicontacté plusieurs autres à cesujet en préparant cet article.Beaucoup n’avaient eu aucunélève malentendant « déclaré »et découvraient le problème.Laurence Deguel, éditrice de larevue Santé Yoga, que j’avaisdéjà interrogée il y a plusieursmois et qui a demandé à desprofesseurs collaborant à cetterevue de réfléchir au problème,m’a conseillé… de garderpatience. En revanche, d’autresenseignants m’ont fait part deleur stratégie face à des malen-tendants. Certains enseignants,comme Sylvie Thomas, mettentles malentendants au premierrang et les surveillent un peuplus que les autres pratiquants.Doté d’un organe vocal trèsgrave et fort, Patrick Tomatis,qui se promène beaucoup entreles rangs d’élèves, n’a aucunproblème pour se fairecomprendre. Pour ChrisMangeart, le professeur peutrester assis en expliquant lesexercices lorsque les élèves sonteux-mêmes assis, mais lorsd'une relaxation, lorsque lesélèves sont couchés, il luisemble important que le profes-seur enseigne debout afin quela voix porte mieux et arrive plusfacilement aux oreilles de lapersonne qui entend mal. Il luiarrive même de se placer aumilieu de la salle et de lever leton lorsqu’elle dirige la relaxa-tion.Maïté Duthilleul, enseignante deyoga dans une association culturel-le à Marseille, a l’habitude dediscuter une demi-heure avant lecours avec ses élèves et en profite

en particulier pour expliquer auxmalentendants le thème de larelaxation.Cette enseignante est une desrares à m’avoir dit avoir actuelle-ment des élèves (3 sur 75 !) ayantcommencé le yoga en étantmalentendants ou même, pourune d’entre elle, complètementsourde. Elle m’a parlé avec enthou-siasme d’une élève qui en a tiré ungrand profit sur le plan émotionnel,se sentant moins coléreuse etviolente. De plus, elle est convain-cue de l’intérêt des cours collectifspour l’intégration des personnesayant des problèmes particuliers.On peut faire l’analogie là avec lescours d’apprentissage de la lecturelabiale : les cours collectifs sontpeut-être moins efficaces du pointde vue technique mais ils appor-tent une convivialité et un encou-ragement importants pour despersonnes que le handicap atendance à isoler.De même, Patrick Tomatis conseilleles cours collectifs qui permettentau pratiquant malentendant des’aider en regardant les pratiquantsbien entendants. Mais il a lui-même un élève aveugle, sourdd’une oreille et très peu entendantde l’autre, auquel il doit accorderune attention plus particulière.Catherine Couloumiès rapprochele problème des malentendants

de celui des élèves étrangers quine parlent pas français et quidoivent se contenter de bribesd’information. Ayant l’expériencede ce type de public, elle nousdonne une liste de suggestions(voir l’encadré « Comment aider le malen-tendant en cours de yoga »). Le yogapeut apporter beaucoup à chacunet en particulier aux personnesayant des difficultés de quelquenature qu’elles soient. Il seraitdommage que les malentendantsse privent de pratiquer le yogadans des cours collectifs car lesbénéfices valent bien de faire desefforts pour suivre ces cours. Cesefforts doivent venir des prati-quants mais aussi des ensei-gnants qui ne peuvent ignorer7 % de la population ! Il faut doncsensibiliser les enseignants etleurs fédérations aux difficultésdes malentendants et cherchertous ensemble des solutions.A quand un cours conçu en tenantcompte des handicapés auditifsdans une salle bien aménagée dupoint de vue acoustique ?

❏ Marie-Claude Heydemann

* Ce texte a été extrait du dossierspécial : « la pratiqe du yoga pour lesmalentendants » dont l’intégralité peutêtre consultée sur le site :www.ardds.org

175 | La Caravelle | 7

Dossier

Juin 2006

Surdité et yoga*Si les postures montrées et guidées par l’enseignant ne posent pas beaucoup

de problèmes, il en va autrement des exercices de concentration et relaxation suivis

les yeux fermés au son de la voix de l’enseignant. De plus, certains enseignants, afin

de faciliter la relaxation, changent de voix au moment de celle-ci, adoptant un débit

plus monotone. Comment se concentrer sur son corps en le détendant si on se crispe

pour percevoir la parole de l’enseignant ?

• Ecrire sur un tableau certainspoints importants pour l’exé-cution des postures.

• Donner par écrit le protocole dela séance ou de la relaxation.

• Rendre les messages concis.• Corriger les postures « manuelle-ment » avec l’accord du prati-quant ou en relaxation, effleurer

avec la main la zone du corps quel’on propose d’explorer plus loin.

• Avoir recours simplement à lamusique (avec écouteurs aubesoin) ou au silence.

• Bien articuler et parler haut etdistinctement.

❏ Catherine Couloumiès

Comment aider le malentendant en cours de yoga

Juin 20068 | La Caravelle | 175

Dossier

Surdité et pilotagePiloter un avion est une activité encore interdite aux personnes sourdes en France.

Avec beaucoup d’énergie et à force de volonté, Henry Corderoy du Thiers a su ou pu

réaliser partiellement son rêve et devenir commandant de bord… mais aux Etats-Unis

et en Angleterre. Nous reproduisons une partie de l’intervention que Thierry Veau, chef

pilote de l’aéroclub Renault à Chavenay, a effectuée lors des entretiens de médecine

aérospatiale qui se sont tenus à Mégève en juillet 2005.

« … C’est alors que j’ai héritéd’un élève pilote sourd. Je l’aiaccepté par politesse, par amitiépour un autre instructeur quipartait en ligne et souhaitait mele confier. Pour moi un sourd nepouvait voler et ça ne servait àrien ; il n’entrait pas dans lanorme. Mais enfin j’avais accep-té et je me préparais à « prome-ner un sourd », sansenthousiasme… Le gars que j’airencontré m’a littéralementbluffé. Il avait alors déjà près de200 heures de vol en double etj’ai découvert qu’il savait voler :hyper précis, un sens de l’air,une perception du vol excep-tionnels, une main comme trèspeu de pilotes en ont. Et puisune motivation… j’avais en facede moi une montagne demotivation ! On a volé ensembleet je ne lui ai pas fait decadeaux, pour voir de quoi ilétait capable et comment ilpouvait progresser encore. Saformation s’est passée commepour n’importe quel pilote,mieux que n’importe quelpilote. Je l’ai entraîné dans lesconditions les plus dures, encachant les instruments, en IFR*pour le mettre dans des condi-tions difficiles du point de vuede l’équilibre puisque je savaisle rôle de l’oreille dans cedomaine… Navigations, dérou-tements, ce n’était pas de lapromenade, et j’étais face à unpilote à part entière ; je neservais qu’à faire la radio !Sachant qu’il ne peut pasdemander d’assistance s’il étaitperdu, il est extrêmementsérieux dans la préparation deses vols. En cas de pannemoteur il perçoit parfaitementles variations de vibration ; il est

parvenu à détecter une pannede magnéto en vol, ce dontbeaucoup de pilotes ne sont pascapables…

Au bout de deux ans, j’aicompris qu’il suffisait que jecoupe la radio pour qu’il soitdans les mêmes conditionsqu’un pilote « normal ». Ça a étépour moi le déclic : un pilotesourd : c’est un pilote dans unavion sans radio. Mais impos-sible d’obtenir une dérogationpour qu’il puisse passer lebrevet de pilote privé. Nousétions face à un mur, avec laréglementation en vigueur. C’estalors que nous avons décidéqu’Henri irait voler aux Etats-Unis. Car si la France est enpointe dans son approche decertains handicaps, les paysanglo-saxons en particulier sontbeaucoup plus ouverts auxpilotes sourds. C’était aussil’occasion de vérifier si monjugement sur lui n’avait pas étéfaussé par la sympathie et l’ami-tié. Au bout d’une semaine il estlâché : je ne m’étais donc pas

trompé. Au cours de ce premierséjour de cinq semaines, il avaitvolé avec des passagers, denuit, etc. A son retour l’adminis-

tration cède un peu de terrain :il obtient une carte de pilotestagiaire ; mais auparavant ildoit passer un test avec unpilote inspecteur pour savoir s’ilest apte à… voler ! A croirequ’ici on prend les sourds pourdes simples d’esprit ! Peut-êtreespérait on une réponse négati-ve ? Elle fut complètementpositive. Grâce à cette carte destagiaire je peux le lâcher ;viennent ensuite les navigationssolo, dans des espaces aériensnon contrôlés où la radio n’estpas obligatoire, mais aussi enespace contrôlé après accordpréalable. C’est ainsi qu’ADP(Aéroports de Paris) lui a accor-dé une dérogation pour l’utilisa-tion de Chavenay, son terrain dedépart ; la procédure consistait àprévenir les contrôleurs quand ilpartait voler, à prendre lesconsignes, puis à appliquer laprocédure de vol sans radio. Sisa destination était Deauvillepar exemple, je téléphonaispour prévenir de l’arrivée d’unavion sans radio. Il déposait unplan de vol et tout se passaittrès simplement, très bien. Sij’avais annoncé un pilote sourd,ça n’aurait peut être pas étéaussi simple…

Un pilote sourd : c’est un pilote dans un avion

sans radio“”

(Suite page 10)

175 | La Caravelle | 9Juin 2006

Dossier

Quand on roule à vélo au-dessusd’une certaine vitesse, le ventrelatif provoque dans lesappareils auditifs des soufflesdésagréables qui obligent àmettre l’ampli en positionminimale, d’où une auditionpratiquement nulle. Un mauvaiséquilibre peut provoquer desécarts dangereux si on ne regar-de pas bien devant soi.L’installation d’un rétroviseur ducôté gauche du guidon n’est paspratique. La meilleure solutionest de s’affilier à un club de cyclo-tourisme. Dans la plupart de cesclubs règne une atmosphèreconviviale. Les coéquipiers bien

entendants se montrent généra-lement attentifs aux difficultésdes handicapés et assurent leurprotection. En restant en milieude peloton, on ne craint plusd’être surpris par les autos. Nonseulement on gagne en sécuritémais, en outre, on fatigue bien

moins qu’en roulant seul. Lesconseils à donner aux devenus-sourds désirant faire du vélo sontsimples : toujours porter uncasque, bien garder sa droite et,si possible, intégrer un club cyclis-te où ils trouveront sécurité etcamaraderie sportive.

Surdité et cyclismeÀ bicyclette, le devenu-sourd se trouve souvent confronté à un double problème : se méfier

des voitures qui arrivent par-derrière et garder sa ligne si un manque d’équilibre est

associé à la surdité (ce qui est, hélas, souvent le cas).

Les habitués du Vélo parcourrontl’Ile-de-France entre 20 et 400km sur un jour ou les deux ; lesnéophytes et les familles décou-vriront des sites touristiques toutau long d’un petit itinéraireentre 20 et 25 km et, de plus,accompagnés.

Les personnes en situation dehandicap ne sont pas oubliées :❏ Renseignements : Georges

Prioleau, secrétaire de laLigue IdF FFCT

12, rue Louis-Bertrand 94207IVRY / SEINE Cedex - E-mail :

[email protected]

Au large, il n’est pas recommandéde porter un appareil auditif car unpaquet de mer inattendu peut serévéler dévastateur et la lecture surles lèvres n’y est pas facile.L’utilisation de gestes simples,correspondant aux principalesmanœuvres, permet de communi-quer facilement d’un bout à l’autredu bateau. Il y a deux ans j’ai puainsi faire la traversée del’Atlantique à la voile sans problè-me, en étant cependant accompa-gné de coéquipiers bienentendants qui, entre autrestâches, assuraient les liaisons radio.J’eus quand même à déplorer unincident. A l’arrivée au port de LaRochelle, je mis en place monappareil auditif d’implant (que jen’avais pas porté en mer), et sautaià terre pour aller déjeuner. Ensautant, j’ai accroché le petitcordon de l’appareil dans unhauban. Par comble de malchance,l’appareil tomba entre le bateau

et le quai et s’enfonça dans 3mètres d’eau. Récupéré quelquesheures plus tard par un plongeur, ilétait irrémédiablement détruit.Coût d’un nouvel appareil 7000euros, heureusement couvert parune assurance ! Si je raconte cetteanecdote, c’est pour insister sur lefait qu’il est impératif de quittertout appareil auditif quand on setrouve en présence d’eau. Pourceux que la voile pourrait rebutermais qui désirent faire du bateau àmoteur en mer (pour la pêche parexemple), précisons que pourconduire un bateau à moteur il fautpasser un permis spécial. Cepermis est ouvert aux personnessourdes avec les mêmes condi-tions que le permis automobile(voix chuchotée perceptible à0,5m, voix haute perceptible à 5m, avec prothèse). Espérons queces conditions ne deviendront pasplus sévères dans l’avenir.

❏ René Cottin

Si vous souhaitez effectuer unecroisière sur le trois-mâts illustrantnotre page de couverture choisis-sez votre programme sur le site :www.jst.org.ukLord Nelson est équipé de maniè-re à palier toutes les situations dehandicap. Pour les personnesmalentendantes la salle descartes est équipée d’une boucle àinduction magnétique et endernière extrémité… des signauxlumineux vous indiqueront lemoment où évacuer le voilier.Une seule condition est requise :participer à la vie et à la marchedu trois-mâts, y compris le larga-ge des grandes voiles. Descentaines de personnes sourdesou malentendantes vous ontprécédé.

Surdité et VoilePour pratiquer des sports nautiques, la surdité pose moins

de problèmes que pour faire du vélo, sauf peut-être en ce

qui concerne la période d’apprentissage.

La Région Ile-de-France de Cyclotourisme organise la fête du« CycloTourisme » les 23 et 24 septembre 2006.

Juin 200610 | La Caravelle | 175

Dossier

Il y a deux ans, à la rentrée, avecma meilleure amie, nous avons prisde bonnes résolutions : « Moins depetits plats… plus de dépensesphysiques… » Oui, bonnes résolu-tions, mais que faire ? le vélo, je nepeux plus, pas assez d’équilibre…la gym, j’ai peur de ne pascomprendre la monitrice…Finalement, nous nous décidonspour un club de randonnéespédestres situé dans un villageproche et que nous savons trèsdynamique. Chaque semaine unparcours de plus d’une dizaine dekilomètres est proposé, à traversbois, parmi les champs ou enbordure d’étangs. Réjouies, nousarrivons à notre premier rendez-vous sur la place de la mairie… jereconnais plusieurs personnes pasrevues depuis longtemps, le sourireest de mise. les chaussures appro-priées, les bâtons sortent… et nousvoilà partis. Un bon groupe d’unepetite vingtaine de personnes quimarchent d’un bon train… Et les

ennuis commencent : « AlorsManuella, comment allez-vous ? j’aiappris que vous n’exerciez plus… ».Bien sûr, je comprends qu’ons’adresse à moi et, en marchant,j’explique que je suis sourde… maisj’entends à nouveau qu’on m’inter-pelle. Je m’arrête, pour regarder leslèvres de mon interlocutrice… aïe,les autres nous dépassent, elle,malgré mes explications sur laLecture Labiale, repart en poursui-vant ses questions… Au bout d’unmoment, je commence à sentirmon attention qui flanche, marcheren essayant de comprendre ce quedit la voisine… très difficile, mêmesi je sens beaucoup de sympathie,et de bonne volonté à monégard… Cet après-midi-là, devantl’étang des Beaurois, nous enétions aux champignons et lameilleure manière pour les conser-ver (et des avis différents, il y ena… les messieurs n’étant pas lesderniers à donner leur avis !), plusloin à la stèle des Résistants àl’entrée du bois, nous évoquions lespetits-enfants de la dame auxchaussures fluo, plus loin, face auxruines d’un ancien couvent, j’étaisinterpellée par un monsieur sur lasauvegarde des haies dans notrerégion… Arrivés à l’entrée d’undomaine viticole, la conversationétait redevenue commune, quellesprochaines randonnées organiserpour les actifs, et le groupe

d’évoquer les sorties possibles endehors du département… Je nevous cacherai pas que ça faisaitdéjà un moment que je m’attachaisà suivre… la route mais plus du toutles discussions… surtout que là denombreux noms propres étaientévoqués ! Revenus à la mairie, jetente d’expliquer que c’est très diffi-cile de parler en marchant, à unepersonne très gentille, inquiète deme voir m’isoler. Je ne peux pluscomprendre qu’en regardant leslèvres… et marcher en tournant latête pour suivre son interlocuteur…vraiment pas pratique ! Mais jecomprends aussi que cespersonnes sont unies autant par larandonnée que par le plaisird’échanger, de rencontrer…Depuis, mon amie fait partie de ceclub, moi… j’ai renoncé !Et… je marche avec… ma chienne ! Elle ne me parle pas,mais m’avertit à chaque voitureentendue… je me fie à sesoreilles… C’est vrai que lesconversations d’un groupe memanquent, comme dans la vie detous les jours… Avec mon amie,nous marchons encore ensemble,mais elle aussi, trouve difficile demarcher en silence… elle préfèrenos rencontres autour d’une tassede thé ! pour retrouver nospapotages d’antan !

❏ Manuella Lefèvre

Surdité et marcheQue je vous raconte une petite anecdote…

Après 40 heures de solo, il a passéle test en vol sans épreuve radio.Quand il a reçu sa licence elleportait la mention « emport depassager exclu ». Pour moi, çan’avait pas de sens, car un des privi-lèges essentiels du brevet étaitjustement cette possibilité d’emme-ner des passagers en vol, et cetterestriction était injuste et absurde.On s’est alors de nouveau battu. Malnous en a pris ! Est-ce notre pugna-cité qui a indisposé en haut lieu ?Toujours est-il que la « licence »nous est revenue avec la restriction

la plus absurde qui se puissetrouver : « vol solo exclu » ! Etcomme il était désormais « breve-té », je ne pouvais même plus inter-venir en tant qu’instructeur pour le(re)lâcher ! Nous avons essayé denous battre mais rien n’y a fait…Depuis, Henri vole régulièrement -comme commandant de bord etavec passagers - aux Etats-Unis,n’importe où, et sans que cela posele moindre problème ; il a volé aussien Australie et s’est posé sur desterrains équivalents à celui de Lyon.Il a obtenu l’an dernier une licenceanglaise, plus exactement une

licence européenne, en Angleterre.Il a fait une demande au districtaéronautique pour pouvoir l’utiliseren France ; pour l’instant il n’a pasobtenu de réponse. »

*Il existe deux régimes de vol :les vols VFR : vols à vue selon les condi-tions météo minimales ;les vols IFR : vols aux instruments partous temps (avions de ligne) ;2/3 des aérodromes ne sont pas contrô-lés et sont donc accessibles aux avionssans radio.

❏ Thierry Veau

(Suite de la page 8)

Juin 2006

Technique

LAARA Logiciel de rééducation auditiveLa chaîne Amplifon nous présente son nouveau logiciel de rééducation auditive

et nous avons demandé à quelques adhérents de l’essayer.

Qu'est-ce que LAARA ?LAARA, Logiciel Amplifon d’Aideà la Rééducation Auditive, estun outil élaboré par des ortho-phonistes à partir de leurexpérience avec des patientssourds sévères / profonds,porteurs d’aides auditivesconventionnelles ou d’unimplant cochléaire.Le programme d’entraînementauditif LAARA a pour objectifs de• faciliter l'adaptation audiopro-

thétique et optimiser l'utilisa-tion de l'appareillage auditifpar un entraînement régulier àdomicile ;

• compléter la prise en chargeorthophonique et la poursuivre ;

• proposer un entraînementpersonnalisé qui associeautonomie, libre choix desexercices et aspect ludique.

C’est un programme d’entraîne-ment auditif spécifique, qui viseà développer le traitementanalytique et global des sons,verbaux et non verbaux, avec lesaides auditives (conventionnellesou implantées). Il soutient ledéveloppement de modes decompensation par la mise en jeudes suppléances mentales.Ce logiciel, qui se présente sousla forme d’un CD-ROM, estcomposé de 2 modules : Voix etParole, Mémoire et Langage.Les nombreux exercices derééducation auditive, conçus pouraccompagner le patient encomplément ou suite à la réédu-cation orthophonique, constituentun véritable entraînement audio-prothétique à la portée de tous.A qui proposer LAARA ?LAARA s'adresse• à tous les patients déficients

auditifs sévères à profondsappareillés (aides auditivestraditionnelles ou implant) quidésirent entraîner leurs

compétences tant sur le plande la parole que sur le plan dulangage mémoire et cognitionafin de les améliorer ;

• aux déficients auditifs désireuxde travailler chez eux mais quine disposaient pas d’outilsjusqu’à présent ;

• LAARA peut s’étendre auxjeunes collégiens/lycéens/étudiants qui ont un bonniveau de langage et quidominent l’outil informatique :LAARA leur offre la possibilitéde retravailler seuls, à leurrythme et selon leur envie, lesexercices proposés par l’ortho-phoniste ;

• aux personnes âgées, quipourraient entraîner leurattention et leur mémoire,grâce au module Mémoire etLangage, avec l’aide d’unetierce personne ;

• aux enfants déficients auditifsdont les parents pourraientaider à améliorer l’utilisationprothétique, en leur proposantles divers exercices du moduleVoix et Parole.

Il est nécessaire d’être équipéd’un micro-ordinateur àlecteur de CD-ROM.Il suffit d’insérer le CD-ROM dansle lecteur de CD de l’ordinateuret le logiciel LAARA estimmédiatement installé.Le CD-ROM est accompagné d’unguide d’utilisation qui décrit lesfonctionnalités de tous les

exercices proposés : LAARA s’uti-lise de façon très intuitive.Chacun des deux modulescomprend plusieurs exercices,de difficulté croissante, avec lapossibilité d’être libre de :choisir l’interlocuteur (homme,femme, ou aléatoire),interrompre, reprendre, réécou-ter questions et réponses,connaître son temps de réponse,pour certains exercices chrono-métrés,connaître son score de réussite,enregistrer chaque session.

Quand proposer LAARA ?Lors d’un renouvellement ou dupassage d’un type de prothèse àun autre, le client AMPLIFONmais aussi tout autre déficientauditif sévère/profond qui enexprime le besoin, doit se voirproposer LAARA (selon lesmodalités déterminées*).Nous insistons sur le fait queLAARA est un outil pour lepatient qui ne se substitue pasaux séances d’orthophonie maisvient en complément ou faitsuite aux séances d’orthophonie,le patient pouvant pratiquer lesexercices selon sa disponibilitéet son envie.

❏ Patrick BouazisAudioprothésiste

* gratuit pour les clients Amplifon, 100€

pour les autres

175 | La Caravelle | 11

Les avis des utilisateursJ’ai trouvé ce système de rééduca-tion auditive sur CD attrayant etludique. Sa facilité d’utilisation faitque l’on peut s’en servir à toutmoment. Il fait travailler aussi bienl’audition que la mémoire par desrecherches de mots, synonymes,noms d’acteurs, chanteurs, combi-

naisons chiffrées, etc.Le seul bémol, à mon avis, c’estque ce système s’adresse plutôtaux surdités moyennes et légères.Pour les sourds profonds (ce quiest mon cas) le son est difficile-ment compréhensible et j’ai triché

(Suite p.12)

12 | La Caravelle | 175

Technique

Pour comprendre l’intérêt d’unetelle combinaison, il faut savoirque la zone de sensibilité aux sonsaigus se trouve à l’entrée de lacochlée, alors que la zone de sensi-bilité aux sons grave se trouve toutau fond. Il faut savoir aussi qu’avecun implant classique, il est difficilede pousser le porte-électrodesjusqu'au fond de la cochlée et que,par conséquent, l’implant a unbien meilleur rendement dans lesaigus que dans les graves. Orbeaucoup de sourds avaientencore un bon reliquat auditif dansles graves avant d’être implantéset leur compréhension des sonsgraves, et surtout des très graves,est souvent moins bonne aprèsimplant qu’avant.Avec le système DUET, le porte-électrodes est court et n’estenfoncé que sur la première

moitié de la cochlée. Il necomporte qu’un nombrerestreint d’électrodes et netransmet électriquement queles sons les plus aigus. La partieprofonde de la cochlée restedisponible pour une amplifica-tion des sons graves par trans-mission aérienne et liquide.Les détails concernant lanouvelle technique chirurgicaledu Système DUET ne nous ontpas été communiqués. La diffi-culté est évidemment d’intro-duire le porte-électrodes dansl’entrée de la cochlée sansabîmer sa partie profonde. Celasemble désormais possible.L’appareil externe comprend unrécepteur audio, un microproces-seur, une antenne pour la trans-mission des impulsions électriqueset un embout auriculaire pour la

transmission acoustique. En princi-pe cette transmission acoustiquedonne une amplification(numérique) de 30 à 75 dB dansune bande de fréquences de 125 à1000 Hz. L’implant se charge desfréquences plus élevées.Ce système DUET est destiné auxpersonnes ayant une surdité légèreà moyenne dans les graves et unesurdité sévère à profonde dans lesaigus. D’après le fabricant, les résul-tats sont excellents, particulière-ment dans la compréhension de lamusique. D’autres fabricants(Cochlear, Advanced Bionics) s’inté-ressent également à cette nouvelletechnique appelée « Electrique-Acoustic-Stimulation » ou « prothè-se mixte ». Nous en apprendronsdavantage par la suite.

❏ René Cottin

Du nouveau en implant cochléaireA la dernière Assemblée générale de l’AFIAC, la société d'implants « MED EL »

nous a présenté un appareil original appelé « DUET ». C'est la combinaison, sur une seule

oreille, d'un implant cochléaire et d’un appareil acoustique classique (ACA).

en regardant les solutions écrites !Par contre j’ai bien mieux comprisen ajoutant un casque branchésur mon ordinateur… ça aide !

❏ Geneviève Alliot

Je viens d'acquérir le CD Rom. Ilest remarquablement bien fait ettrès ludique. On s'amusebeaucoup tout en s'entraînant àla compréhension de la parole.Les exercices sont très proches deceux que je pratique avec monorthophoniste en rééducationauditive. Deux points faiblescependant : le prix du CD pourqui n'est pas client chez Amplifon(100 euros, ce n'est pas donné !)et le fait qu'en dépit d'unegrande variété d'exercices, ceux-ci ne sont pas renouvelables.

❏ René Cottin

Derrière un graphisme un peutristounet, LAARA propose unegrande variété d’exercices diffé-rents – pas moins de 23 en toutdivisés en deux parties : Voix etParole / Mémoire et Langage.Chaque sourd a des chances d’ytrouver son bonheur en fonctionde ses aspirations et de sonniveau. Certains exercices sontplutôt pertinents et font bientravailler l’oreille, d’autres, desti-nés à solliciter uniquement lamémoire par exemple, m’ontpersonnellement plutôt moinsintéressée.Plusieurs options du produitm’ont semblé très utiles. C’est parexemple « voir le texte » dispo-nible sur la plupart des exercices– très important pour valider cequ’on entend – ; de même,lorsque l’on fait une mauvaiseréponse, on a la possibilité de

l’entendre puis de la compareravec la bonne réponse, et de lesréécouter chacune autant de foisque l’on veut, pour bien s’enimprégner, ce qui est trèspédagogique. La possibilité dechoix entre une voix de femmeou une voix d’homme me paraîtdigne d’intérêt également.

Dans l’ensemble, un bon produitmais au regard du prix on peutpeut-être quand même sedemander si la base de donnéesest suffisamment riche. Est-cequ’on est pas assuré de retombertrès vite sur les mêmesexercices ? par exemple, « lesdialogues » il n’y en a que deux…

❏ Aline DucasseL’ ARDDS désire informer ses lecteurs,mais elle reste tout à fait indépendantedes professionnels tels qu’Amplifon.

Juin 2006

175 | La Caravelle | 13Juin 2006

Témoignage

Mes parents se retrouvaientalors devant un « étranger »totalement désorientés et nesachant pas comment établirune communication.A cette époque la surdité, plusprécisément la surdité profonde,était un handicap bien particu-lier dont on parlait peu, si cen’est pour le tourner en dérision,car source de quiproquos ; enoutre cet handicap était associédans l’imagerie populaire à lamutité (les instituts de rééduca-tion ayant pour nom « Institutspour Sourds et Muets ») donc aulangage des signes souventconsidéré comme une certaineforme de débilité, dans l’igno-rance qu’un sourd ne parle pas sion ne le lui apprend pas (lamutité liée à la surdité est uncas fort rare).Le diagnostic d’une surditéprofonde posé, la seule solutionproposée par les médecins étantune rééducation en milieu spécia-lisé à partir de l’âge de six ans (orje venais tout juste d’en avoirdeux), avec par ailleurs la mise engarde qu’avec une telle surditétout appareillage serait inutile,comme serait vain tout espoir deme voir suivre un jour des études(ma mère était professeur d’alle-mand et d’anglais, mon pèreingénieur physicien).Sachant que les toutes premièresannées d’un enfant sont primor-diales pour son développementintellectuel et que ces quatreannées d’attente étaient uneperte de temps précieux, mamère commença à se documen-ter sur la surdité afin de trouverd’autres solutions. La visite duCentre de Rééducation pourSourds et Muets de la ville de

province où nous habitions luiayant laissé une impressiondésagréable, elle décidait doncsans savoir encore comment elles’y prendrait, d’assurer elle-même mon éducation avec l’aideponctuelle d’une orthophoniste.Et ce choix se trouva confirmé parla rencontre d’une orthophonistebien connue des milieux spéciali-sés en la matière, pour soncombat (via publications &médias) pour l’intégration desenfants sourds en milieu scolairenormal : cela afin d’exploiter aumieux les grandes facultésd’adaptation qu’ont tous lesjeunes enfants. Le but était doncde développer chez ces jeunessourds au contact des enten-dants, une bonne lecture labialeet les amener à s’exprimer orale-ment. Il y a une trentained’années cette théorie semblaitrévolutionnaire, elle est d’ailleurs

encore contestée. Cette ortho-phoniste partait du constat queles sourds profonds étaient diffici-lement intégrés dans la société etplus spécialement dans le mondedu travail, si leur seul moyend’expression était le langagegestuel.Si la situation des handicapés aévolué ces dernières années,avec l’obligation (respectée… ounon !) pour les entreprises d’enemployer un certain quota, ence qui concerne les sourdsprofonds le problème subsiste

encore, et toujours pour lamême raison : la qualité de lacommunication : même si unsourd profond s’exprime orale-ment, il n’en demeure pasmoins qu’il ne peut utiliser letéléphone, ce qui d’embléereste encore bien souvent unfacteur d’élimination malgré lesmoyens actuels de communica-tion. En ce qui me concerne,malgré de brillantes étudesvétérinaires, sorti deuxième desquatre années et mon diplômede docteur obtenu à 22 ans avecmédaille de bronze, j’ai dûconstater amèrement aunombre de CV envoyés et restéssans réponse (en toute honnê-teté je signalais mon handicap)qu’il est difficile dans notrepays, sinon quasi impossible, d’ytrouver la place que l’on mériteaprès tant d’efforts pour maîtri-ser son handicap.

Mais revenons à mon enfance :dans le même temps ma mèredécouvrait un Institut Américainà Los Angeles (John Tracy Clinic)qui proposait des cours parcorrespondance, et ce pendantun an, aux parents d’enfantd’âge préscolaire : ces coursétaient une véritable mine deconseils pour développer l’éveilde l’enfant et débuter unedémutisation. Après chaquenouvel envoi les parentsdevaient faire un compte rendud’évaluation sur les progrès de

Le parcoursd’un « combattant »

Voici une trentaine d’années lorsque fut suspectée puis confirmée à l’Institut National

des Sourds et Muets de la rue Saint-Jacques à Paris la gravité de ma déficience auditive

(plus de 90 % de pertes auditives) ce fut pour mes parents un choc, car rien dans les

antécédents familiaux ne laissait présager un tel handicap.

Les toutes premières années d’un enfant sont primordiales“

Juin 2006

Témoignage

l’enfant ou les problèmesrencontrés auquel une ortho-phoniste de l’Institut répondaitpar retour du courrier. Pendantun an ma mère reçu ainsi gratui-tement ! ces cours, et cet échan-ge personnel régulier au-delà del’océan fut pour elle un véritablemessage d’encouragement etd’espoir, un soutien moral qu’el-le n’avait rencontré nulle partdans le milieu médical ditspécialisé de notre pays (cescours ne furent importés enFrance - toujours en retard surd’autres pays dans le domainedu handicap - et traduits qu’unedizaine d’années plus tard).A peine avais-je suivi quelquesleçons que l’orthophonistetomba gravement malade, mamère prit alors le relais faisant fidu diagnostic pessimiste desmédecins. De par sa formationd’enseignante en langues étran-gères, elle savait qu’il faut

« immerger les élèves dans unbain » de langue, partant duprincipe qu’avant tout apprentis-sage un entendant est sourd àtoute autre langue que lasienne. Ainsi mes parentsexploitèrent toutes les occasionsoffertes par la vie quotidiennepour me parler : l’essentiel dansl’immédiat n’était pas que jeparle mais que s’installe entrenous une véritable communica-tion. C’est ainsi que ma mèrecommença à me raconter deshistoires à partir de livres illus-trés. Elle utilisa des imagierscomme celui du Père Castor, ouen créa elle-même à partir dedécoupages pris dans desrevues, inscrivant à chaque foisle nom de l’objet ou du sujet : jedevais ainsi donner à la deman-de chaque image ; rapidementmon vocabulaire en lecturelabiale augmentait et rattrapait

celui d’un enfant entendant.Dans le même temps elle entre-prenait la démutisation : assissur ses genoux devant un miroir,elle commença à m’apprendre àsouffler une bougie (un sourdne sait pas souffler) pour expri-mer un « p », comme j’avaisgardé dans mon babillage leson « a » il suffisait… de faire lelien : c’est ainsi que monpremier mot à deux ans et demifut « papa » ; tous les autressons et mots s’enchaînèrentrapidement au cours des moissuivants.A la rentrée scolaire j’entrais àla maternelle de l’école privéecatholique où ma mère ensei-gnait, dans une classe pourenfants de quatre ans alors queje n’en avais que trois et de faitje redoublai l’année suivante…(à noter que dans les années 70et plus, aucun établissementlaïc ne m’aurait accepté). A l’ini-

tiative de mes parents je venaisd’être appareillé d’un boîtier –l’appareillage qu’il soit de typeboîtier ou plus tard contourd’oreille ne m’a jamais donnéune audition normale, demême ma courbe auditive nes’est jamais modifiée - mais cetappareillage précoce a assuré-ment permis de sauvegarderles quelques restes auditifs etde développer une certainecodification auditive utile, aussiimparfaite fût-elle, pour ledécryptage des lèvres. Lesannées passées à la maternelleau contact des enfants enten-dants ont été déterminantes carelles apportèrent un complé-ment précieux à l’éducationentreprise par mes parents.Afin de s’y consacrer entière-ment ma mère cessait à larentrée suivante toute activitéprofessionnelle.

A trois ans et demi j’étais totale-ment démutisé, à quatre ans jesavais lire couramment : mamère avait utilisé la méthodeclassique dite syllabique paropposition à la méthode globa-le déjà à la mode. Elle m’offraitalors nombre d’albums debandes dessinées pour enfants :grâce aux images illustrant lestextes, j’apprenais seul àdeviner le sens des mots encoreinconnus et augmentais ainsimon vocabulaire, ce qui mepermit très tôt un accès auxlivres sans images (typeBibliothèque Rose puis Verte…).A cinq ans et demi j’obtenaisune dérogation pour entrer aucours préparatoire. Ce fut lecommencement d’un combatque mes parents durent livrerrégulièrement à chaque étapede la scolarité pour me mainte-nir en milieu « normal » : dupassage de la maternelle encours préparatoire, de CP ensixième (toujours en établisse-ment catholique), puis de laterminale à l’entrée dans uneclasse préparatoire Vétérinaire :toujours les mêmes réservesmalgré un très bon carnet denotes, sous prétexte qu’à chacunde ces changements je rencon-trerais trop de difficultés et quesurtout je risquais d’être unpoids pouvant freiner la classe. Acet argument négatif mesparents opposaient leur confian-ce en mes possibilités déjàprouvées. A chaque fois au boutde quelques semaines après lespremiers contrôles les maîtresou professeurs s’avouaientsurpris par mes résultats et sedemandaient, avec un si lourdhandicap annoncé, quel était le« secret » de ma réussite !!!Le secret ? Beaucoup de sacrifices,énormément de temps passé, detravail, de persévérance. Pendanttout le primaire ma mère repritles leçons chaque soir ; à partir dela sixième mon père prit encharge les matières scientifiqueset ma mère les matières litté-raires, reconstituant souvent tousles deux des cours dont les notesprises en classe étaient incom-plètes, afin de compenser les

14 | La Caravelle | 175

Cet appareillage précoce a assurément permis

de sauvegarder les quelquesrestes auditifs

“”

Témoignage

Juin 2006

Ce jour-là, ma vie a basculé. Masurdité, qui n’était auparavantqu’une simple gêne, étaitdevenue un terrible handicap.Privé de parole, je me suis sentiexclus. Par la suite, j’ai toujourstraîné la peur infâme dem’exprimer mal à propos danstoutes les réunions, qu’ellessoient professionnelles,familiales ou amicales.Quel devenu sourd n’a paséprouvé, au cours d’un repas, lavexation de faire rire toute latablée en disant quelque chosequi n’a rien à voir avec le sujetde conversation ?Qui, d’entre nous, n’a pascommis de quiproquos le faisantpasser pour un idiot ?Qui n’a pas parlé deux fois trop

fort dans un milieu calme et vuses interlocuteurs froncer lessourcils ou se boucher lesoreilles ?

Qui n’a pas commis innocem-ment l’impolitesse de couper laparole d’une personne parcequ’il ne l’entendait pas parler ?Qui ne s’est jamais mis en colèreen étant sûr d’avoir raison, tout enayant tort parce qu’il n’a pas saisiune information importante ?D’où l’envie de fuir la société etde rentrer dans sa coquille pourne plus avoir à affronter unmonde devenu hostile. Car ilfaut bien le reconnaître : ne pluspouvoir s’exprimer fait plussouffrir encore que de ne plusentendre.

Pour échapper à la fuite vers l’iso-lement et la solitude, pour résisterà la tentation de vivre en reclus,les associations de devenus-sourds offrent le meilleur refugeet la meilleure remise en confian-ce. Dans nos réunions, nous nousretrouvons entre amis affligés dumême handicap. Personne nes’offusquera si vous lui coupez laparole, si vous parlez trop fort, ousi vous tenez des propos inadé-quats. Et puis l’ardoise, le tableaufeutre, le vidéo-projecteur sont làpour que vous retrouviez la pleinejouissance de vous exprimer enétant compris.Alors, n’hésitez pas, rejoignez-nous.

❏ René Cottin

Ne plus oser s’exprimerJe n’oublierai jamais l’humiliation que j’ai ressentie le jour où mon patron m’a pris à

part, à la sortie d’une réunion, pour me dire : « Vous aviez mal entendu et votre

intervention était catastrophique. Dorénavant vous n’interviendrez qu’avec mon feu

vert et sur des sujets préparés à l’avance. »

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inévitables lacunes que mêmeune bonne lecture labiale nepouvait combler. En terminale etsurtout dans la classe préparatoireau concours d’entrée à l’écolevétérinaire, les cours étaient ceque l’on appelle des « coursmagistraux », c'est-à-dire sanssupport livresque : devant mesdifficultés à suivre, mes parents etmoi prenions la décision (avec

l’accord de la direction de l’établis-sement) d’enregistrer… discrète-ment (certains professeurs s’yopposant) quelques-uns de cescours avec un magnétophonecaché dans mon cartable !Lors de mes quatre annéesd’études passées à l’école vétéri-naire, je ne rencontrais plusaucune objection à l’enregistre-ment des cours mais ce fut un

travail énorme pour mes parentsde réécouter toutes ces bandes :mon père y passa souvent sesnuits à compléter mes notes. Cettepériode passée à l’Ecole Vétérinaireest demeurée pour moi la meilleu-re, car pour la première fois (peut-être la dernière !) j’y rencontrai uneouverture et une attention réellesà mon handicap. La pratiquevétérinaire en cabinet pouvant

rencontrer une certaine incompré-hension liée à mon handicap,j’optais pour une spécialisationcomplémentaire en pathologie,me préparant au métier dechercheur en laboratoire.Ainsi grâce à un soutien parentalconstant et considérable… et bien sûr énormément de travail, j’ai pu ainsi suivre une scolarité« normale »… et apparemment

j’ai « réussi »… Mais cette réussi-te a son revers : déjà elle mevalut bien souvent la jalousie demes « camarades » de classe – engénéral on est assez bienveillantvis-à-vis d’un handicapé, mais sice handicapé ne « reste pas à saplace » et dépasse les autres il ya alors incompréhension et suspi-cion d’une quelconque tricherie…Aujourd’hui encore dans monmilieu professionnel, je rencontrel’incrédulité sur la sévérité demon handicap, ce qui ne m’aideguère dans mon travail quotidiennotamment dans les réunions :avoir fait de brillantes études,s’exprimer oralement, et porterqui plus est des prothèsesauditives, cela ne correspond paspour la plupart à l’idée que l’onpeut avoir d’une surdité profon-de ; les apparences sont en effettrompeuses, elles le sont aussipour nombre de mes congénères« sourds profonds » qui ne mereconnaissent pas commehandicapé.

❏ Régis Masson

Un entendant est sourd à toute autre langue

que la sienne“”

Juin 2006

Voyage

16 | La Caravelle | 175

Qu’est-ce qui est le plus importantdans le voyage ? Partir de chezsoi, quitter ses habitudes, sonconfort, son quotidien, sesrepères ? Quitter ses amis, sonquartier, tout un environnement ?Se dépouiller, se vider pouraccueillir du neuf ?Quand on arrive sur un autrecontinent, un autre hémisphère,c’est le vide autour de soi, toutest inconnu malgré la foule etdes images familières ; quelquepart j’ai paniqué, angoissé etquand l’altitude s’en mêle celadonne une pauvre petite femmeperdue ! J’ai souvent pensépendant mon voyage àAlexandra David-Néel !

Cette petite réflexion s’estimposée à moi maintenant et jevous la livre brute parce qu’ellerésume le chemin que j’aiparcouru à la fois dans ma têteet dans mon corps.

De ma petitesse physique, demes faiblesses, je n’ai rien retenucar il y avait autour de moi, etmalgré ces hautes montagnes àperte de vue, malgré une beautégrandiose, une population ensituation de pauvreté, d’enfantsdes rues quémandant, travaillantou livrés à eux-mêmes ; labeauté des paysages ou des sites

cohabitant avec un bric-à-brac deconstructions improvisées outout simplement d’ordures danslesquelles se vautre la populationcanine.Trois semaines à prendre le bus,le microbus ou le taxi, troissemaines à se mouvoir, bouger,rencontrer, goûter et surtoutboire et boire encore et toujours,le meilleur remède pour luttercontre le mal des montagnes ;trois semaines à regarder, àouvrir grand les yeux, de décou-verte en découverte : de l’aéro-port ultra moderne aux rues enterre battue impraticablesquand tombe la pluie, desmagasins de luxe aux pauvresvendeurs étalant leur maigremarchandise sur le trottoir.

Trois semaines à la découvertedes Incas et autres, boulever-sante rencontre avec la momieJuanita et cette vocation subli-me au don de soi, évocationdouloureuse de l’invasionespagnole et de toutes sesvictimes, principalement à Cuscoet à Potosi.Trois semaines à marcher,grimper, monter ou descendredes escaliers aux marchesinégales, trois semaines àsurveiller ses affaires, à seméfier, à éviter toutes ces mainstendues et insistantes, à fuir lesregards attendrissants desenfants, à lutter contre la hontequi vous saisit, contre la révoltequi gronde et ce sentimentd’impuissance.

Trois semaines de remise enquestion quotidienne : que faire,comment vivre comme avant,que donner, que partager, qui etcomment aider ici, là-bas, plusloin…Trois semaines où les habitudesse réinstallent : après lespremiers pas, les usagesboliviens se mettaient enpratique avec assurance(monnaie, douche… eh oui !).

Sur le chemin des AndesVoyager vers d’autres cultures suppose que l’on ait en soi un désir plus grand que soi.

Ce que j’entends par-là c’est d’accepter de se laisser dépasser sans s’arrêter à ce que

l’on tient pour acquis, c’est-à-dire retourner à sa source, à ses premiers pas,

à ses premiers rêves et se laisser transformer, remettre en question pour retrouver

une capacité à s’émerveiller.

175 | La Caravelle | 17Juin 2006

Voyage

Noël sous les Tropiques :manches courtes, 30° à l’ombre,lumière intense, des crèchespartout, des églises décorées àla païenne comme les maisons,cochon de lait grillé avec« choclos » : maïs tendre cuit àla vapeur, de dessert : point !

Alors ce que j’ai aimé : ce sontles Boliviens (leur gentillesse,leur simplicité, leur spontanéité,toujours prêts à rendre service età venir en aide… et surtout labeauté de leur visage) ; lesmicrobus (qui rendraient bienservice dans nos villes) : leursparcours sont affichés – etsurtout annoncés (ça crie un peupartout et tout le temps !), onmonte quand on veut et ondescend quand on veut, ils sontparfois bondés et certainsgrimpent sur le toit… mais lessuspensions d’un autre âge vousfont craindre pour vos fesses ;les taxis : on discute le prix avantde monter, pas de compteur,donc pas de surprise à l’arrivée(des taxis partout, très peu devoitures individuelles en ville) ;la sécurité : des gardiens devantles portes des magasins, devantles distributeurs de billets, dansla rue la nuit (ils ont une guéri-te… et une matraque !) ; lanourriture : jus de fruits fraîche-

ment pressés, le ceviche depoissons crus à Arequipa(Pérou), les truchas du lacTiticaca à Copacabana (Bolivie),les omentas et autres spécialitésà base de farine de maïs propo-sées à la dégustation, à l’heuredu thé ou au petit déjeuner, parla famille bolivienne qui nousrecevait à Samaïpata, près deSanta-Cruz (Bolivie) ; la randon-née en forêt humide dans le parcnational Amboro, les chants desperruches et tous les oiseaux engénéral tels les faucons, lescolibris… les arbres majestueux,la terre rouge et brune et lesjeux de l’érosion (présence de lafaille brésilienne !), et surtoutvivre à 3500 mètres, manquerde souffle (mais cela en valait la

peine), puis redescendre puisremonter.Les photos ne sont qu’un troppâle reflet, elles se rattachenttoutes à un souvenir, uneémotion, une découverte àpartager ; les somptueuxpaysages vus du ciel lors de latraversée de la Cordillère desAndes évoquaient pour moiMermoz, Saint-Exupéry, tousceux de l’Aéropostale, puis tousles disparus… mais me laissantporter avec confiance etabandon, voyageant en avion, latête dans les nuages, ou lespieds sur terre comme dans lavie quotidienne, je continuemon avancée vers mon devenir.

❏ JeanineLa Paz - Copacabana -

Arequipa - Cusco - Santa-Cruz- Samaïpatajanvier 2006

(Pour mes amis sourds et malenten-dants, je précise que j’ai sollicité uneaide à l’aller et au retour aux différentescompagnies aériennes, cela m’a bienaidée lors du transfert à Miami ainsi quepour passer les formalités, il est préfé-rable d’insister en raison du handicappour un siège côté couloir lorsque l’onvoyage seul en avion ; sur place laprésence à mes côtés d’une personneentendante était nécessaire…)

Ce voyage, réservé auxdevenus-sourds et à leursproches, sera très différentde ce qui est habituelle-ment proposé par lesagences de tourisme.Hébergement dans lescases des villages, cuisinelocale, transport par petitsbus, charrettes et pirogues…Pas du « 3 étoiles », mais debonnes conditions d’hygiène.

Au programme : visite duCentre Verbo-Tonal deDakar, rencontre de nos

amis sourds de l’ANASSEN ,excursion à l’île de Gorée,descente d’un bras du

Saloum en pirogue,haltes dans despetits villages, bains

de mer, visite de la villesainte de Touba… Durée du

voyage : environ 12 jours.Coût : 800 à 900 euros, ycompris le billet AR par AirFrance (qui constitue la plusgrosse partie des

dépenses).

Si vous avez envie de découvrirune Afrique authentique, dansune atmosphère conviviale,n’hésitez pas, contactez-nous etnous vous fournirons toutes lesinformations de détail concer-nant le programme, lesdépenses, les formalitésadministratives, ainsi que lesconseils vestimentaires etmédicaux.

❏ René CottinMaison des Sourds

66, rue Montpensier64000 Pau

L’Afrique autrement…L’ARDDS organisera, dans la seconde quinzaine du mois de novembre, un voyage

au Sénégal, en collaboration avec l’association humanitaire « Sud Ouest Sans Frontières ».

© Dessins et crédits photo : Geneviève Alliot,Martine Chaptois, René Cottin.

Juin 200618 | La Caravelle | 175

Culture

« The secret life of words », d’Isabel Coixtet, sepasse sur une plateforme pétrolière, humanité enminiature. Hanna (Sarah Polley) et Joseph (TimRobbins) sont deux êtres enfermés en eux-mêmesdans le souvenir d’événements douloureux.Hanna, malentendante, coupe parfois son appareilauditif pour mieux s’isoler. Elle soigne Joseph ungrand brûlé hanté par le souvenir d’une lourdefaute et qui sortira de son enfer en prenant soinde la jeune femme qui a également quelquechose à avouer. Le film est porté par la perfor-mance des deux acteurs.

« Zulu love letter », de Ramadam Sulam, se dérou-le à Johannesburg deux ans après les électionsdémocratiques. Thandeka, une journaliste noire,vit dans la hantise du passé de son pays, au pointde ne plus parvenir à travailler et d'aller d'échecen échec dans ses relations avec les hommes, sesparents et Mangi, sa fille sourde de naissance. Lerôle de Mangi est tenu par une actrice elle-mêmesourde gestuelle. Un film fort mais qui se perdparfois dans de longs détours.

❏ Brice Meyer-Heine

Cinéma et surditéDeux films récemment sortis sur nos

écrans utilisent un personnage sourd

ou malentendant pour exprimer

la difficulté de communication.

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Culture

Les rhubarbes récoltées auprintemps sont juteuses. Il estdonc préférable de les cuire etensuite de les laisser égoutter.C’est moins nécessaire à la finde l’été.Epluchez et coupez en petitstronçons la rhubarbe. Faitesbouillir une casserole d’eau,avec 1 cuillère à soupe de sucre,plongez-y la rhubarbe quelquesminutes et égouttez.Epluchez et coupez les pommes,faites-les revenir à la poêle avec1 cuillère à soupe de beurrejusqu’à ce qu’elles soientfondantes, réservez et refaitesla même opération avec la

rhubarbe bien égouttée.Mélangez le beurre, la farine etle sucre, du bout des doigts, afind’obtenir des miettes (crumble).Dans le fond d’un plat à four,déposez une couche de cesmiettes (1/3), puis les fruitsrevenus au beurre, et recouvrezavec les 2/3 du crumble. Passezau four à 180° (th 6-7) unebonne demi-heure jusqu’àobtention d’une croûte biendorée. Servir tiède.On peut préparer un petitcrumble pour 2, en mélangeant50g de chaque ingrédient.

❏ Manuella Lefèvre

175 | La Caravelle | 19Juin 2006

Bon appétit !

Crumble à la rhubarbe

Pour 6 personnesIngrédients :4 ou 5 tiges de rhubarbe2 pommes200 g de farine200 g de beurre200 g de sucre de canne

Le public sourd et malentendantde la région parisienne a pu voir lefilm « L’ivresse du pouvoir » enmême temps que tout le mondelors de sa sortie en salle le 22 février 2006 car il a été projetéau cinéma l’Arlequin (76, rue deRennes – Paris 6e) pendant plusd’un mois et demi, dans uneversion intégralement sous-titrée(avec audiodescription pour lesaveugles et mal-voyants). Uneaubaine pour les handicapéssensoriels franciliens !Jeanne Charmant-Killman, juged'instruction, est chargée dedémêler une complexe affaire decorruption et de détournement defonds mettant en cause ledirigeant d'une grosse entreprisepublique. Elle fait arrêter cepuissant personnage et se met àle traiter comme un vulgaire crimi-nel. Celui-ci ne s’appelle pas LeFloch-Prigent, évidemment, mais

personne n'est dupe : s’il ne s'agitpas nommément de l'affaire Elf,fameux scandale politico-financierde ces dernières années, quiconduisit sur le banc des accusésle gratin d'une société d'Etat, ça yressemble comme deux gouttesde pétrole… La juge qui fit vacillerla multinationale française, et laRépublique, s'appelait Eva Joly.Isabelle Huppert se voit affubléedans le film du patronyme extra-vagant de Charmant-Killman(charmante « tueuse d’hommes »en anglais).Froide et irréprochable, commetoujours, elle incarne à merveillecette stratège aux prises avec desvoyous en cravate, fonctionnairesvéreux, tous rompus aux abus debiens sociaux. Alors que l'affaireavance et devient de plus en pluscomplexe et de plus en plus liéeaux sphères politiques, la juged'instruction subit des menaces demort… Un film où les femmessont fortes et les hommesperdants, par exemple enobligeant l’héroïne à prendre uneadjointe, certains pensaient

diviser les deux femmes-juges enles obligeant à travaillerensemble, et finalement c’est lasolidarité féminine qui l’a empor-té. Au fur et à mesure de sesinvestigations, Jeanne comprendégalement que son pouvoirs'accroît, mais sa vie privée s'enfragilise, ses relations avec sonmari se détériorent. Jusqu'où sonpouvoir peut-il grandir sans seheurter à un pouvoir plus grandencore ? Saura-t-elle résister à sonivresse ? En sortira-t-elle brisée ?Sans être un pur chef-d’œuvre,c’est un bon film, à l’intrigue assezlinéaire – ce n’est pas un filmd’action – que ceux de nosadhérents qui l’ont vu ontapparemment apprécié. Enrevanche nous ne pouvons quedéplorer vivement l’absenced’équipement en BoucleMagnétique à l’Arlequin. Cet oubli(?) est d’autant plus incompréhen-sible et regrettable que l’accessibi-lité de cette salle de cinéma seveut exemplaire et complète.

❏ Aline Ducasse

L’ivresse du pouvoir de Claude Chabrol

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Bulletin 2006Adhésion/Abonnement

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Tarifs adhésion 2006Cotisation ARDDS : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 euros(déductibles fiscalement)

Abonnement La Caravelle : . . . . . . . . . 12 euros(4 numéros par an)

Abonnement professionnel : . . . . . . . . . . 25 euros(facture ou reçu fiscal fourni)

Je fais un don supplémentaire de : . . . . . . . . . . . . .

Total chèque : . . . . . . . . . . . . . . . . . à l’ordre de ARDDSDésire une facture (pour les professionnels) :

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Conformément à la réglementation, la cotisation etl'abonnement sont indépendants. La cotisation necomprend pas l'abonnement qui est facultatif.

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75 ARDDS nationaleSiège et section parisienne

Responsable :Aline Ducasse

75 rue Alexandre-Dumas75020 Paris

[email protected]

46ARDDS 38 – AlpesResponsable :

Anne-Marie Choupin29 rue des Mûriers

38180 Seyssins

Permanences :1er lundi du mois de 17h à 18h30

à l’URAPEDA, 5 place Hubert-Dubedout à Grenoble

3e lundi du moisde 14h30 à 16h30 au Centre dePrévention des Alpes 3, place de

Metz à Grenoble ;Renseignements :

Tél./Fax : 04 76 49 79 [email protected]

ARDDS 44Loire – Atlantique

Responsable :Huguette Le Corre

4 place des Alouettes44240 La Chapelle-sur-Erdre

Fax : 02 40 93 51 09Accueil

Réunion amicale le 2e samedidu mois, de 14h30 à 18h30

ARDDS 46Lot

Responsable : Monique AsencioEspace Associatif Clément-Marot

46000 [email protected]

ARDDS 56Bretagne – Vannes

Responsable : Pierre Carré106 avenue du 4-Août-1944

56000 VannesTél./Fax : 02 97 42 72 17

AccueilRéunion amicale le mardi dès 17 h

Maison des Associations6 rue de la Tannerie

56000 VannesLecture labiale

Mardi à partir de 17 heuresMaison des Associations

6 rue de la Tannerie56000 Vannes

Lundi à 15 heures, salle ArgoatMaison-Mère des Frères

56800 Ploërmel

ARDDS 57Moselle – Bouzonville

Responsable : Gustave FegelMaison Sainte-Croix57320 Bouzonville

Tél./Fax : 03 87 57 99 42Permanence le 1er jeudi du mois

Mairie de Bouzonville, 14h à 15hRencontre et partage le 1er lundi

du moisEspace Ste-Croix, 17h15

ARDDS 64Pyrénées

Responsable : René CottinMaison des Sourds

66 rue Montpensier64000 Pau

Tél./fax : 05 59 81 87 41Réunions et cours de lecture

labiale bimensuels

ARDDS 85 - VendéeResponsable : Michel Giraudeau

Tél./fax : 02 51 32 11 11Courriel :

[email protected]

75 ARDDS 75Accueil

Jeudi de 14h à 18h (horsvacances scolaires zone C)75 rue Alexandre-Dumas

75020 Paris

Séances d'entraînement à la lecture labiale

Jeudi de 14 à 16 heures(Hors vacances scolaires zone C)

75 rue Alexandre-Dumas75020 Paris

SortiesUn samedi par mois

Nicole Hameau7 rue des Rigoles – 75020 Paris

Fax : 01 44 62 63 [email protected]

LoisirsLes 2e et 4e mardis du mois

de 14h à 18h(Hors vacances scolaires zone C)

44 bd des Batignolles75008 Paris

Tél. : 01 46 42 50 32Gisèle Peuron

Tél. : 01 42 08 75 97Fax : 01 44 84 02 50

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