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La communauté du sud 4, Les sorcières de Shreveport

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Peu après sa rupture avec Bill, Sookie Stackhouse, la jeune serveuse de Chez Merlotte, trouve sur son chemin un homme nu et séduisant. Et quel homme ! Un vampire, plutôt Eric Northman, le sheriff au charme ensorcelant qu'une sorcière dépitée a privé de sa mémoire !

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Les sorcières de Shreveport

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Traduit de l’américainpar Frédérique Le Boucher

Les sorcières de ShreveportLA COMMUNAUTÉ DU SUD 4

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Titre original :DEAD TO THE WORLD

Ace Books, New YorkPublished by The Berkley Publishing Group,

a division of Penguin Putnam Inc.

© Charlaine Harris, 2004

Pour la traduction française :© Éditions J’ai lu, 2006

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Quoique convaincue qu’ils ne le liront jamais, jedédie ce livre à tous les entraîneurs (de base-ball, defootball, de volley-ball et autres) qui se sont échinés,durant tant d’années, et bien souvent bénévolement,à tirer, à force de patience, quelque performance athlétique de mes chères petites têtes blondes et àinstiller en elles une certaine forme d’appréhensiondes règles du jeu.

Que Dieu vous bénisse ! Merci du fond du cœur de la part de l’une de ces mères dévouées qui, bravantla pluie, le froid, la canicule et les moustiques, s’ag-glutinent dans les tribunes pour admirer les impro-bables exploits de leur progéniture.

Une mère qui se demande tout de même qui assis-terait à ces matchs en nocturne, si elle et ses vaillantescompagnes n’étaient pas là…

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Mes remerciements aux Wiccans, qui ont réponduà ma demande de renseignements en me fournissantplus d’informations que je ne pourrai jamais en uti-liser : Maria Lima, Sandilee Lloyd, Holly Nelson,Jean Hontz et M. R. « Murv » Sellars. Je dois aussiremercier Kevin Ryer, qui en sait plus long sur le san-glier que la plupart des gens sur leur propre animaldomestique ; le docteur D. P. Lyle, qui a répondu desi bonne grâce à toutes mes questions d’ordre médi-cal, et, bien sûr, Doris Ann Norris, bibliothécaireémérite s’il en est.

Si j’ai commis quelques erreurs en utilisant lesavoir que tous ces braves gens m’ont si généreuse-ment transmis, je peux dès à présent leur assurer queje m’arrangerai pour leur faire porter le chapeau.

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Prologue

J’ai trouvé le petit mot scotché sur ma porte enrentrant du boulot. J’assurais le service de jour ChezMerlotte, mais on était fin décembre et la nuit tom-bait tôt. Ça devait donc faire moins d’une heure quemon ex m’avait laissé ce message: il ne sortait jamaisavant le crépuscule. Et pour cause…

Je n’avais pas revu Bill – Bill Compton ou «Bill leVampire », comme l’appelaient la plupart des habi-tués de Chez Merlotte – depuis plus d’une semaine,et nous ne nous étions pas quittés en très bonstermes. Pourtant, rien que de toucher l’enveloppe surlaquelle il avait écrit mon nom, ça m’a retournée. À voir ma réaction, on aurait peut-être été tenté decroire que, malgré mes vingt-six ans, je n’avais jamaiseu de petit copain ou que je ne m’étais jamais fait lar-guer avant.

On n’aurait pas eu tort.Les mecs normaux ne veulent pas d’une fille comme

moi. Depuis le cours préparatoire, j’entends dire qu’«ily a quelque chose qui cloche chez moi».

Je ne peux pas dire le contraire.Cela ne signifie pas pour autant que je ne me fais

pas peloter, à l’occasion, par les clients. Les mecspicolent ; je ne suis pas franchement désagréable àregarder : l’alcool aidant, ils oublient leur peur et maréputation de cinglée.

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Avant Bill, jamais personne n’avait été aussi prochede moi. Notre séparation m’avait profondément bles-sée.

J’ai attendu d’être assise à la table de la cuisinepour ouvrir l’enveloppe. Mon manteau encore sur ledos, j’ai juste pris le temps d’enlever mes gants.

Ma très chère Sookie,J’aimerais te rendre visite, quand tu seras remise des

malheureux incidents du début du mois.

«Malheureux incidents», tu parles ! Les plaiess’étaient refermées, mais mon genou me faisait encoremal, par temps froid, et quelque chose me disait quece n’était pas près de s’arranger. Et toutes ces blessures,je ne les devais qu’à ma propre idiotie: je m’étais bête-ment mis en tête de libérer mon faux-jeton de petitcopain au nez et à la barbe de ses ravisseurs, uneclique de vampires à laquelle appartenait, comme parhasard, son ex, Loréna. Je ne comprenais d’ailleurstoujours pas comment Bill avait pu être assez accro àelle pour accepter de la rejoindre dans le Mississippi.

Tu dois sans doute te poser bien des questions sur cequi s’est passé.

Plutôt, oui…

Si tu es prête à en discuter en tête à tête avec moi,ouvre-moi. Je suis là.

Je ne m’attendais pas à ça. J’ai réfléchi deuxsecondes. Je n’avais plus aucune confiance en Bill,mais je ne pensais quand même pas qu’il irait jusqu’àme faire du mal – physiquement, j’entends. Je suisdonc retournée dans le couloir et je l’ai appelé du pasde la porte :

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— OK, tu peux entrer.En le voyant apparaître entre les arbres – ma mai-

son se trouve dans une petite clairière entourée parla forêt –, j’ai senti mon cœur s’emballer. Cette largecarrure, ce corps svelte et musclé, sculpté par la vieau grand air – une vie rude à travailler la terre de sesaïeux… Toutes ces années passées dans l’arméeconfédérée avaient fait de lui un homme dur, un soldat aguerri, jusqu’à ce qu’il meure, en 1867. À l’époque, il avait de longs favoris, des cheveuxbruns coupés court, un nez aquilin de statue grecqueet des yeux de velours. Il n’avait pas changé. Il nechangerait jamais.

Au moment de franchir le seuil, il a paru hésiter.Je me suis écartée pour le laisser passer et l’ai invitéd’un geste à venir s’asseoir dans le salon.

— Merci, a-t-il murmuré de cette voix glaciale etpourtant si douce qui me donnait toujours le frisson.Je voulais te parler avant de partir.

— Tu pars où? ai-je demandé en m’efforçant d’af-ficher le même calme que lui.

— Au Pérou.— Tu travailles toujours sur ton… euh… ta base de

données?Bill avait étudié d’arrache-pied et était devenu un

vrai pro de l’informatique. Pour moi, c’était toujoursde l’hébreu.

— Oui. J’ai encore quelques petites recherches àfaire pour la compléter. Un très vieux vampire deLima possède une mine d’informations sur ceux de notre espèce qui se sont établis en Amérique duSud. J’ai déjà pris rendez-vous pour le rencontrer.J’en profiterai pour faire un peu de tourisme.

J’ai résisté à l’envie de lui offrir une bouteille de Pur-Sang – la moindre des choses pour une hôtesseaccomplie qui reçoit un vampire. Je me suis conten-tée de lui désigner le canapé et j’ai pris place, du bout

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des fesses, sur le fauteuil qui lui faisait face. Un silencepesant s’est alors installé entre nous, un silence qui n’afait que me rappeler à quel point cette situation merendait malheureuse.

J’ai fini par dire la première chose qui me passaitpar la tête :

— Comment va Bubba?Pas brillant, je sais.— Il est à La Nouvelle-Orléans, en ce moment. La

reine aime bien l’avoir à disposition, de temps entemps. Et puis, il s’est un peu trop montré, le moisdernier, et elle a jugé préférable de l’éloigner. Mais ilreviendra bientôt.

Vous reconnaîtriez Bubba au premier coup d’œil :sa «gueule d’amour» est célèbre dans le monde entier.Mais son come-back n’a peut-être pas été une trèsgrande réussite. Sans doute l’assistant de la morgue,qui se trouvait être un vampire, aurait-il dû ignorerla petite étincelle de vie qui palpitait encore dans lecorps inerte – et complètement imbibé – d’Elvis. Maiscomment un fan aussi inconditionnel aurait-il purésister à la tentation? Résultat, toute la communautédes vampires du Sud se refilait maintenant Bubbacomme une patate chaude, en tentant par tous lesmoyens de le soustraire aux regards extérieurs.

Nouveau silence.En rentrant, j’avais prévu de me mettre en robe de

chambre et de me concocter un petit menu série télé-pizza surgelée. Programme plutôt basique, je l’ad-mets, mais c’était mon programme. Et voilà que jeme retrouvais assise là, à endurer stoïquement ce quitenait, pour moi, du supplice chinois.

Autant en finir au plus vite.— Si tu as quelque chose à me dire, inutile de tour-

ner autour du pot.— Je te dois des explications… a commencé Bill,

en hochant la tête comme s’il se parlait à lui-même.

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Il a posé ses longues mains blanches sur sesgenoux.

— Loréna et moi…Je n’ai pas pu retenir une grimace. J’aurais voulu

ne plus jamais entendre ce nom. C’était pour elle –Loréna – que Bill m’avait laissée tomber.

— Il faut bien que tu saches! s’est-il exclamé en mevoyant tressaillir. Donne-moi au moins une chancede me justifier !

D’un geste de la main, je l’ai invité à poursuivre.— Si je me suis rendu à Jackson, quand elle m’a

appelé, a-t-il repris, c’est que je n’ai pas pu faireautrement.

J’ai senti mes sourcils se hausser malgré moi.Autant dire: «Je n’ai aucun self-control» ou: «Ça sem-blait une bonne idée sur le coup, mais je ne voyais pasplus loin que le bout de mon nez ». Pas vraiment legenre de Bill.

— Nous étions amants autrefois, a-t-il enchaîné.Comme te l’a expliqué Éric, quoique passionnées, lesliaisons entre vampires ne durent jamais très long-temps. Mais il y a une chose qu’il ne t’a pas dite : c’estLoréna qui m’a ramené à la vie. Et nous sommes res-tés ensemble ensuite – ce qui est rarement le cas.

— Mais vous aviez rompu…— Oui, il y a près de quatre-vingts ans. Nous en

étions arrivés à ne plus pouvoir nous supporter. Jen’avais pas revu Loréna depuis. Bien que j’aie tou-jours été plus ou moins au courant de ses allées etvenues, évidemment.

— Évidemment…— J’étais obligé de répondre à son appel, a-t-il

insisté. C’était absolument impératif. Quand celui quit’a vampirisé t’appelle, tu ne peux pas ne pas répondre.

J’ai hoché la tête, en essayant de prendre un aircompréhensif. Je n’ai pas dû me montrer trèsconvaincante…

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— Elle m’a ordonné de te quitter. Ordonné, a-t-ilrépété en me transperçant de son regard pénétrant.Elle a menacé de te tuer si je refusais.

Je sentais la moutarde me monter au nez. Je mesuis mordu l’intérieur de la joue pour tenter de mecontrôler.

— Donc, sans un mot d’explication et sans prendrela peine d’en discuter avec moi, tu as décidé de ce quiétait le mieux pour nous deux, lui ai-je posément faitremarquer.

— Je n’avais pas le choix. Je devais obéir. Je savaisqu’elle pouvait te faire du mal.

— Ah, là-dessus, tu ne te trompais pas !Loréna avait effectivement fait de son mieux pour

me rayer de la liste des vivants. Mais c’était moi quil’avais emporté – pur effet du hasard, je vous l’ac-corde, mais ça avait marché : je lui avais transpercéle cœur.

— Et maintenant, tu ne m’aimes plus, dit Bill.Je me trompais, ou ça sonnait comme une inter-

rogation?Quoi qu’il en soit, je n’avais pas de réponse nette à

lui donner.— Je ne sais pas. Je n’aurais jamais pensé que tu

voudrais revenir avec moi. J’ai quand même tué ta…ta «marraine»…

Ma voix était encore plus hésitante que la sienne.Hésitante, mais surtout amère.

— Nous avons donc manifestement besoin d’uneplus longue séparation, a conclu Bill. On en repar-lera à mon retour, si tu veux bien.

Il s’est levé. Je l’ai aussitôt imité.— Tu ne m’embrasses pas pour me dire au revoir?À ma grande honte, je dois bien avouer que j’en

mourais d’envie. Mauvaise idée. Très, très mauvaiseidée. Je lui ai vaguement effleuré la joue du boutdes lèvres. Sa peau blême scintillait légèrement –

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caractéristique qui permet à coup sûr de différen-cier les vampires des humains, même si, aussi sur-prenant que ça puisse paraître, tout le monde n’estpas capable de faire la distinction, apparemment.

Il était pratiquement arrivé à la porte quand il alâché :

— Tu le vois toujours, ce lycanthrope?Il a dû s’éclaircir la voix après avoir posé la ques-

tion. Les mots lui seraient-ils restés en travers de lagorge, par hasard?

— Lequel? ai-je rétorqué.Non mais ! Je n’avais pas à répondre à ce genre de

question ! Et il le savait parfaitement bien.J’ai préféré changer de sujet.— Tu pars combien de temps?J’avais sans doute parlé d’un ton un peu trop

brusque. Il a paru s’interroger quand il m’a regardée.Sur mon attitude? Sur la durée de son séjour?

— Ce n’est pas tout à fait arrêté, pour l’instant. Unequinzaine de jours, peut-être.

— On pourra en rediscuter après, alors, ai-je décrétéen détournant la tête.

Je me suis mise à fouiller dans mes poches, his-toire de me donner une contenance. Mes doigts sesont refermés sur un objet familier. Seigneur…

Allons, pas d’attendrissement. Il fallait tailler dansle vif.

— Ah, au fait ! Ta clé.Je lui ai tendu l’objet du délit, sans le regarder :

j’aurais pu craquer.— Non. Garde-la, s’il te plaît. Tu en auras peut-être

besoin en mon absence. En tout cas, n’hésite pas àaller chez moi autant qu’il te plaira. Pas pour relevermon courrier, s’est-il empressé d’ajouter en mevoyant froncer les sourcils. La poste le gardera jus-qu’à mon retour, et je pense avoir réglé tout ce quitraînait, avant de partir.

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Je faisais donc partie de « tout ce qui traînait». J’aiétouffé la colère qui me reprenait d’un coup et lui ai souhaité un bon voyage d’un ton froid, presqueimpersonnel.

Après avoir refermé la porte derrière lui, je suisallée dans ma chambre. J’avais une robe de chambreà enfiler et une série télévisée à regarder. Bon sang !Ce n’était tout de même pas Bill et sa petite visite sur-prise qui allaient m’empêcher de faire ce que j’avaisprévu !

Pendant que je mettais la pizza au four, j’ai pour-tant dû me tamponner plusieurs fois les joues. Monmouchoir était tout mouillé.

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Le réveillon du Nouvel An Chez Merlotte semblaitdevoir enfin s’achever. Sam Merlotte, le proprié-taire et patron du bar dans lequel je travaillais, avait certes battu le rappel, mais seules Holly, Arlène etmoi avions répondu présentes. Charlsie Tooten avaitaffirmé que «se coltiner une pagaille pareille, c’étaitplus de son âge », Danielle devait assister à un balmasqué avec son fiancé – ils avaient réservé depuisdes lustres –, et la nouvelle serveuse n’était pas libreavant deux jours. J’imagine qu’Arlène, Holly et moiavions trop besoin d’argent pour nous accorder dubon temps.

De toute façon, je n’avais été invitée nulle part. Aumoins, quand je bosse Chez Merlotte, je fais partiedu décor. C’est déjà une sorte de reconnaissance,non?

Je passais pour la troisième fois le balai, tout enme retenant de faire savoir à Sam ce que je pensaisde sa distribution de confettis. Nous nous étionstoutes déjà montrées parfaitement claires là-dessus,et ce brave Sam, tout patient qu’il était, commençaità donner de sérieux signes de lassitude : il ne fallaitpeut-être pas pousser le bouchon trop loin.

Sam faisait sa caisse et rangeait la recette de lasoirée dans de petits sacs en toile. Malgré la fatiguequi tirait ses traits, il semblait content.

Il a ouvert son portable.

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— Kenya ? Vous êtes prête à m’accompagner à labanque? OK, dans une minute à la porte de service.

Officier de police de son état, Kenya escortait sou-vent Sam au dépôt de nuit, surtout après une grossesoirée comme celle-là.

Je n’étais pas mécontente non plus : j’avais récoltédans les trois cents dollars en pourboires, voire plus.Et je saurais mettre chaque cent à profit, vous pou-vez me croire. Je me serais réjouie d’avance de lescompter pièce par pièce, une fois rentrée à la mai-son, si je n’avais pas douté d’avoir encore assez deneurones en état de fonctionnement pour y parvenir.Avec le brouhaha et l’effervescence de la soirée, lesincessantes allées et venues entre le bar, le passe-platet la salle, l’incroyable pagaille à ranger, la cacopho-nie permanente de tous ces cerveaux en ébullition,j’étais crevée. Vers la fin, je n’avais même plus assezd’énergie pour me protéger : mon pauvre crâne avaitdes fuites, et j’étais sans arrêt assaillie par des pen-sées parasites.

Ce n’est pas facile d’être télépathe. Pas marrantnon plus, la plupart du temps.

Ce soir-là, c’était encore pire que d’habitude. Nonseulement les clients du bar, que je connaissais pra-tiquement tous depuis des années, étaient bien déci-dés à se lâcher, mais ils avaient de croustillantesnouvelles qu’ils brûlaient tous de m’apprendre.

— Paraît que ton petit copain s’est fait la malle enAmérique du Sud, Sookie? m’a demandé Chuck Bee-cham – le vendeur de voitures local –, une petitelueur de satisfaction perverse dans les yeux. Tu vaste sentir bien seule dans cette grande baraque, non?

— Tu veux peut-être le remplacer, Chuck? a lancéle type assis à côté de lui.

Bon gros fou rire viril entre hommes.— Non, Terrell. J’mange pas les restes des vampires,

moi.

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