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IFPEK INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES 12 RUE JEAN-LOUIS BERTRAND 35000 RENNES LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA MARCHE DU PATIENT HEMIPLEGIQUE EN PHASE SPASTIQUE Mise en place d’une série de cas dans un centre de rééducation En vue de l’obtention du Diplôme d’état de Masseur-Kinésithérapeute, PASQUIER Marine Année scolaire 2012-2013

LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

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Page 1: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

IFPEK

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES

12 RUE JEAN-LOUIS BERTRAND 35000 RENNES

LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

MARCHE DU PATIENT HEMIPLEGIQUE EN PHASE SPASTIQUE

Mise en place d’une série de cas dans un centre de rééducation

En vue de l’obtention du Diplôme d’état de Masseur-Kinésithérapeute,

PASQUIER Marine

Année scolaire 2012-2013

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Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale.
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Ministère de la Santé et des Sports

Région Bretagne

IFPEK

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES

12 RUE JEAN-LOUIS BERTRAND 35000 RENNES

LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

MARCHE DU PATIENT HEMIPLEGIQUE EN PHASE SPASTIQUE

Mise en place d’une série de cas dans un centre de rééducation

En vue de l’obtention du Diplôme d’état de Masseur-Kinésithérapeute,

PASQUIER Marine

Année scolaire 2012-2013

Page 3: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

Je tiens à remercier,

Le centre de rééducation et de réadaptation de TRESTEL (22) pour leur accueil et pour

m’avoir permis de réaliser mon protocole de recherche,

Les patients ayant participé à l’étude pour leur disponibilité et leur gentillesse,

Mon directeur de mémoire de l’IPFEK pour son encadrement, sa disponibilité et ses

conseils,

Mes amis de l’IFPEK, avec qui j’ai passé 3 ans inoubliables,

Mes parents et ma sœur pour leur soutient dans ce travail mais aussi tout au long de mes

études.

Page 4: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

SOMMAIRE Résumé……………………………………………………………………………………………………………………………………1

Mots clés………………………………………………………………………………………………………………………………...1

Introduction .............................................................................................................................. 2

I. Partie 1 : Présentation du contexte de l’étude .................................................................... 3

A. L’hémiplégie, un handicap majeur lié à des causes multiples ........................................................... 3

1. Définition ....................................................................................................................................... 3

2. L’Accident Vasculaire Cérébral, l’étiologie principale de l’hémiplégie ........................................... 4

3. Les autres étiologies responsables de l’hémiplégie ....................................................................... 6

B. Etude et évaluation du cycle de marche chez le patient hémiplégique : comparaison avec la

marche normale ........................................................................................................................................ 6

1. Présentation de la marche humaine .............................................................................................. 7

2. Les différents paramètres de marche chez le sujet hémiplégique ................................................ 8

3. Outils et méthodes d’évaluation des différents paramètres de marche ..................................... 12

C. La contrainte induite du membre inférieur lors de la marche hémiplégique : une technique récente

de rééducation en cours d’expérimentation ........................................................................................... 17

1. De la contrainte induite du membre supérieur vers celle du membre inférieur ..................... 17

2. Définition et présentation des différentes techniques employées au membre inférieur ............ 17

D. La problématique de recherche ...................................................................................................... 21

II. Partie 2 : Expérimentation ................................................................................................ 22

A. Méthode .......................................................................................................................................... 22

1. Présentation des patients, critères d’inclusion et d’exclusion ..................................................... 22

2. Matériel et bilans utilisés ............................................................................................................ 23

3. Protocole de contrainte induite du membre inférieur ................................................................ 25

B. Résultats .......................................................................................................................................... 25

1. Cadence de marche ..................................................................................................................... 25

2. Longueur d’enjambée.................................................................................................................. 26

3. Vitesse de marche ....................................................................................................................... 27

4. Longueur des pas ........................................................................................................................ 27

5. Cycle de marche .......................................................................................................................... 28

C. Discussion ........................................................................................................................................ 28

1. Analyses des résultats ................................................................................................................. 28

2. Biais et limites du protocole ........................................................................................................ 28

3. Comparaison des résultats avec ceux décrits dans la littérature ................................................. 29

Page 5: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

Conclusion .............................................................................................................................. 30

Bibliographie ........................................................................................................................... 31

Annexes ..................................................................................................................................... I

A. Annexe 1 : Illustration de la voie pyramidale ..................................................................................... I

B. Annexe 2 : Les caractéristiques de la marche normale...................................................................... II

C. Annexe 3 : Présentation d’un bilan type obtenu avec le locomètre SATEL® .................................... III

D. Annexe 4 : Présentation des patients participants à l’étude ........................................................... VII

E. Annexe 5 : Bilans détaillés des patients participants à l’étude ....................................................... VIII

F. Annexe 6 : Evaluation de la force musculaire : Cotation Held et Pierrot-Desseiligny (HAS, 2006) ... XI

G. Annexe 7 : Evaluation de la spasticité : Echelle d’Ashworth Modifiée (MAS) ................................... XI

H. Annexe 8 : Résultats du protocole de contrainte induite du membre inférieur .............................. XII

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1

Résumé

Ce mémoire présente la mise en place d’un protocole de recherche dans un centre de

rééducation essayant de démontrer l’intérêt de la thérapie par contrainte induite du membre

inférieur chez le sujet hémiplégique au cours de la marche.

L’objectif de ce travail est donc de déterminer si cette technique de rééducation

améliore les paramètres quantitatifs de la marche.

Ce dernier se compose de deux grands axes. La première partie évoque le cadre

théorique de l’étude et présente les paramètres spatio-temporels de la marche ainsi que la

contrainte induite du membre inférieur. La deuxième partie aborde le protocole de recherche

incluant trois patients hémiplégiques.

Les résultats de l’étude réalisée corrélés à ceux de la littérature ne montrent pas de

différences significatives sur la marche hémiplégique après intervention par contrainte

induite.

Il est néanmoins essentiel de poursuivre les recherches sur cette technique et de

développer différents protocoles afin de prouver que celle-ci peut s’inscrire parmi les

méthodes de rééducation de l’hémiplégie et éventuellement s’étendre à d’autres pathologies.

***

This work presents the realization in a rehabilitation center of a research protocol to

demonstrate the advantages of constraint-induced movement therapy of the lower limb in the

hemiplegic during walking.

The objective of this work is to determine that this rehabilitation technique improves

the quantitative parameters of gait.

The latter consists of two main roads. The first part discusses the theory of the study

and presents the spatial and temporal parameters of gait and constraint-induced movement

therapy of the lower limb. The second part discusses the research protocol including three

hemiplegic patients.

The results of the study correlated with those of the literature showed no significant

differences after intervention.

Nevertheless, it is essential to continue research on this technique and develop various

protocols to prove that it can be among the methods of rehabilitation of hemiplegia and

eventually spread to other diseases.

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Mots clés

- Accident Vasculaire Cérébral / Stroke - Hémiplégie / Hemiplegia

- Contrainte induite / Induced constraint - Membre inférieur / Lower limb

- Marche / Walking

Introduction

Face aux techniques de rééducation classiques de l’hémiplégie, de nouvelles méthodes

font leur apparition depuis quelques années, avec notamment la contrainte induite. Celle-ci a

d’abord été mise au point au membre supérieur puis s’est développée au membre inférieur. Le

but de cette technique est de contraindre le membre sain pour favoriser l’utilisation du

membre lésé. Si ses bienfaits ont été largement prouvés pour le membre supérieur, la thérapie

par contrainte induite reste encore à l’état d’expérimentation pour son utilisation au cours de

la marche.

Après avoir découvert cette technique lors d’un stage de deuxième année, il était

nécessaire d’en savoir plus. Ce travail présente donc la mise en place d’une étude analytique

et plus précisément d’une série de cas effectuée au Centre de Rééducation et de Réadaptation

Fonctionnelles en milieu marin de TRESTEL près de Lannion dans les Côtes d’Armor (22).

L’objectif de cette étude est donc de déterminer si la contrainte induite du membre

inférieur améliore les paramètres spatio-temporels de la marche chez les patients victimes

d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) et si cela peut s’inscrire comme étant une méthode

rééducative à part entière.

Ce travail se compose de deux grandes parties. Nous aborderons, en premier lieu,

l’aspect théorique de l’étude avec notamment la présentation de la contrainte induite du

membre inférieur ainsi que les paramètres spatio-temporels de la marche chez le sujet

hémiplégique. Seront aussi succinctement présentés l’accident vasculaire cérébral et

l’hémiplégie. Puis, dans un second temps, nous présenteront le protocole réalisé, les résultats

de cette étude ainsi que la discussion qui en découle.

La problématique de recherche est :

En quoi la contrainte induite du membre inférieur modifie-t-elle les paramètres

quantitatifs de la marche chez le patient hémiplégique en phase spastique ?

Mise en place d’une série de cas dans un centre de rééducation

Page 8: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

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I. Partie 1 : Présentation du contexte de l’étude

A. L’hémiplégie, un handicap majeur lié à des causes multiples

1. Définition

L’hémiplégie correspond à un déficit moteur lié à une atteinte du système nerveux

central. En effet, selon Déjerine, cela est défini par « la perte plus ou moins complète de la

motricité volontaire dans une moitié du corps. Elle est due à une lésion unilatérale de la voie

motrice principale entre le neurone d’origine de la voie pyramidale et sa synapse avec le

motoneurone alpha de la corne antérieure de la moelle » (Mailhan L. et al., 2003). En raison

du trajet de la voie motrice et de sa décussation au niveau de la pyramide bulbaire (annexe 1),

l’hémiplégie touche, dans la majorité des cas, l’hémicorps opposé à l’hémisphère cérébral lésé

et selon l’étendue et la localisation de la lésion cérébrale, elle peut affecter davantage le

membre supérieur et la face ou s’étendre au membre inférieur. De plus, la sévérité de

l’atteinte cérébrale conditionne le degré de récupération à la fois motrice et fonctionnelle

(Robertson J.V.G. et al., 2011). L’étiologie de l’hémiplégie est principalement d’origine

vasculaire (Mailhan L. et al., 2003).

Dans un premier temps, on observe une nette diminution voire abolition de la

commande motrice avec une hypotonie musculaire, c’est la phase flasque. Dans un deuxième

temps, l’hypertonie spastique apparaît avec une exagération des réflexes ostéo-tendineux, il

s’agit de la phase spastique (Mailhan L. et al., 2003).

Parmi les manifestations cliniques, d’après Picard Y. (2003), on retrouve :

- La douleur : de type psychique, centrale ou mécanique.

- Des déficiences cognitives : apparition de troubles du langage et de la communication

(aphasie), héminégligence motrice et spatiale (ignorance de l’hémicorps lésé et de l’hémi-

espace), troubles de l’exécution du mouvement (apraxie), apparition de troubles mnésiques

(troubles de l’affect et de l’humeur, dépression, tristesse post-AVC).

- Des déficiences visuelles : hémianopsie latérale homonyme (perte d’un hémi-champ visuel),

baisse de l’acuité visuelle, des déficiences oculomotrices.

- Des déficiences motrices : troubles de la commande motrice, apparition d’une hypertonie

spastique qui prédomine sur les muscles fléchisseurs du membre supérieur et les muscles

extenseurs du membre inférieur, syncinésies (d’imitation, de coordination ou globales),

troubles orthopédiques (rétractions musculo-tendineuses, hypo-extensibilités musculaires).

- Des déficiences sensitives : hypo ou anesthésie, troubles de la sensibilité superficielle (tact,

douleur, température…) et profonde (stastesthésique, kinésthésique, pallesthésique…).

Page 9: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

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- Des déficiences viscérales : troubles de la déglutition, cardiovasculaires, respiratoires,

génito-sexuels, sphinctériens…

- Des déficiences fonctionnelles : troubles de l’équilibre, de la marche et de l’exécution des

transferts.

A cause de ces troubles, cela engendre de nombreuses restrictions de participation

pour les patients tant sur les plans social et professionnel que sur le plan familial.

2. L’Accident Vasculaire Cérébral, l’étiologie principale de l’hémiplégie

a) Epidémiologie et aspects socio-économiques

L’Accident Vasculaire cérébral ou AVC est une pathologie fréquente dans le monde

surtout dans les pays développés. En effet, avec le vieillissement de la population et le

changement de la qualité de vie, le nombre d’AVC ne cesse d’augmenter chaque année. De

plus, cette pathologie est la troisième cause de mortalité dans les pays développés derrière les

cancers et les maladies cardio-vasculaires. C’est aussi la première cause de handicap physique

de l’adulte et la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer et donc la première

cause d’entrée en Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (Fery-

Lemonier E., 2009).

On relève environ 130 000 nouveaux cas chaque année en France (prévalence estimée

à environ 400 000 patients). Parmi ces nouveaux patients, 50% gardent un handicap plus ou

moins sévère selon l’importance de l’AVC, 25% décèdent dans les premiers mois et

seulement 25% récupèrent sans séquelle. On estime entre 30 et 43%, le taux de récidive à 5

ans après un premier épisode d’AVC (Fery-Lemonier E., 2009).

De plus, l’Accident Vasculaire Cérébral est un problème de Santé Publique majeur

qu’il ne faut pas sous-estimer. En effet, c’est l’une des maladies les plus coûteuses étant

donné le préjudice engendré sur le corps humain et les conséquences importantes qu’elle

provoque (Azouvy P. et al., 2003). De plus, si cette pathologie fait appel le plus souvent à une

prise en charge en urgence en Unité Neuro-Vasculaire (UNV), les séquelles engendrées

nécessitent des soins de longue durée mobilisant de nombreux professionnels de santé. Ainsi,

on estime à 8.3 milliards d’euros par an, les dépenses effectuées par l’Assurance Maladie et la

société soit en moyenne 9600 euros par an et par patient en Affection de Longue Durée

(ALD) (Fery-Lemonier E., 2009).

Enfin, à l’heure actuelle, tous les patients victimes d’AVC n’ont pas accès aux Unités

Neuro-Vasculaires en raison de leur faible développement, seuls 20% ont pu en bénéficier en

2008 (Fery-Lemonier E., 2009).

C’est donc une pathologie très préoccupante pour les décennies à venir, tant sur les

plans médico-social que financier.

Page 10: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

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b) Définition et causes de l’AVC

L’AVC est une pathologie survenant dans la majorité des cas de manière brutale. D’après

Bejot Y. et al. (2009), l’accident vasculaire cérébral est défini par « un déficit brutal, et

spontané d’une fonction cérébrale focale sans autre cause apparente qu’une cause

vasculaire. » Des examens neuroradiologiques (scanner, IRM…) permettent de déterminer

précisément la localisation de la lésion (Mailhan L. et al., 2003).

D’après Mailhan L. et al. (2003), on distingue :

- L’Accident Ischémique Transitoire (AIT) dont les signes sont réversibles en moins de

24 heures, mais dont il convient de détecter pour éviter les récidives et les accidents

plus graves.

- L’Accident Vasculaire constitué, dont les manifestations cliniques perdurent plus de

24 heures. D’après Bejot Y. et al. (2009), on y retrouve :

- les AVC hémorragiques dans 20 % des cas, correspondant à une rupture

plus ou moins importante d’une artère cérébrale. Ces derniers sont dus principalement

à l’hypertension artérielle mais aussi à l’artériopathie, à une rupture d’anévrisme ou

encore une malformation artérioveineuse (Daviet JC. et al., 2002).

- les AVC ischémiques dans 80 % des cas, dont la première cause est

l’athérothrombose.

c) Facteurs de risques

Parmi les principaux facteurs de risques, d’après Azouvi P. et al. (2003), on recense :

- L’hypertension artérielle

- Le tabagisme actif mais aussi passif : le risque global est multiplié par 1.5

- La forte consommation d’alcool (supérieur à 2 verres de vin par jour) : le risque est

multiplié entre 4 et 5

- Le diabète : le risque est multiplié entre 2 et 5

- Les contraceptifs oraux avec œstrogènes

- L’hyperlipidémie

Tous ces facteurs de risques provoquent, entre eux, un effet potentialisateur, c’est-à-

dire que plus il y a de facteurs de risques chez une personne, plus le risque de survenue d’un

AVC est important.

La prévention et le traitement de ces facteurs sont donc très importants et permettraient

de réduire le risque de survenu d’un AVC de 44% (Fery-Lemonier, E., 2009). Parmi les

mesures préventives essentielles, on retient le traitement de l’hypertension artérielle et du

diabète, l’abstention tabagique et les anticoagulants pour les embolies cardiaques. De plus,

avec un premier AVC, le respect d’une bonne hygiène de vie avec notamment une

Page 11: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

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alimentation équilibrée, du traitement médicamenteux et des consignes médicales sont

essentiels afin de réduire le risque de récidive (HAS, programme AVC 2009-2013).

d) Prise en charge post-AVC

Après une prise en charge structurée aux urgences, le patient est conduit dans une

Unité Neuro-Vasculaire (UNV), puis en fonction des séquelles et du degré de récupération, ce

dernier est reconduit à son domicile ou transféré en Soins de Suite et de Réadaptation (SSR)

et notamment dans un centre de rééducation (Société française neuro-vasculaire, 2003). Pour

les patients ayant bénéficiés d’une prise en charge en SSR, seulement 73% d’entre eux

pourront rentrer à leur domicile (Fery-Lemonier E., 2009).

Certains facteurs peuvent influencer le pronostic de récupération, notamment l’âge, la

polypathologie, le diabète ainsi que les facteurs familiaux et sociaux. En effet, l’entourage

familial conditionne le degré de récupération et optimise le retour à domicile (SOFMER et al.,

2008).

Après un AVC, les séquelles engendrées nécessitent une prise en charge souvent

longue selon la gravité de l’atteinte cérébrale. La rééducation, surtout en phase aigüe, est ainsi

pluridisciplinaire, précoce, quotidienne et adaptée à chaque patient. Le but est de retrouver la

meilleure autonomie possible, notamment pour les activités de la vie quotidienne. La reprise

de la marche apparaît comme une étape essentielle du programme rééducatif du patient.

3. Les autres étiologies responsables de l’hémiplégie

Si l’AVC est l’origine prédominante de l’hémiplégie, d’autres causes diverses et

multiples peuvent entrer en jeu. En effet, cette dernière peut notamment être liée au Syndrome

de Brown-Séquard correspondant à une atteinte de l’hémi-moelle. L’hémiplégie peut

également être la conséquence d’une encéphalite, d’une méningioencéphalite, d’un abcès

cérébral, d’un empyème sous-dural ou encore d’une thrombophlébite cérébrale (Mailhan L. et

al., 2003). Le scanner et l’IRM sont les deux examens de référence pour confirmer le

diagnostic clinique.

B. Etude et évaluation du cycle de marche chez le patient

hémiplégique : comparaison avec la marche normale

Une fois la station assise acquise par un équilibre du tronc satisfaisant et un bilan

diagnostic complet des membres inférieurs encourageant, la rééducation de la marche peut

débuter. Généralement cette activité est à nouveau possible pour 80 % des patients avec ou

sans aide technique, et ce peu importe la méthode employée. Parmi eux, seulement 40 %

retrouvent une marche à vitesse normale (Fuzaro AC. et al., 2011). Seule la date de la reprise

Page 12: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

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varie (Mailhan Y. et al., 2003). La ré-acquisition de la marche, source principale d’autonomie,

reste un objectif primordial pour la majorité des sujets victimes d’AVC. C’est pourquoi il est

nécessaire de travailler cette activité quotidiennement en rééducation car d’après Yelnik AP.

et al. (2008), « la répétition de la marche est le meilleur garant de son acquisition. » En effet,

la rééducation motrice intensive permet une récupération optimale et favorise le

développement de la plasticité cérébrale (Fuzaro AC. et al., 2011).

Afin d’obtenir une marche de la meilleure qualité possible, il est nécessaire de réaliser

plusieurs bilans qui permettront de déceler les défauts puis de mettre en place des

compensations si nécessaire. En effet, les paramètres de marche sont perturbés de manière

plus ou moins importante chez le sujet hémiplégique. Il faut également noter qu’il est

important de prendre en compte le degré de récupération du patient afin d’utiliser le matériel

adapté à sa rééducation. En effet, s’il ne faut pas sous-estimer les capacités du patient, il ne

faut pas le mettre en échec non plus.

Parmi les nombreux obstacles pouvant empêcher la reprise de la marche, nous

retrouvons entre autre le déficit proprioceptif, l’incoordination motrice, les troubles de

l’équilibre, la spasticité ou encore l’héminégligence (Yelnik AP. et al., 2008).

Dans cette partie, après avoir présenté la marche humaine, nous allons donc évoquer

ces différents paramètres spatio-temporels du patient victime d’un AVC, comparés aux

paramètres normaux, ainsi que les différents outils d’évaluation favorisant ainsi une

rééducation ciblée et optimale.

1. Présentation de la marche humaine

La marche est le moyen de locomotion utilisé par l’Homme, c’est une fonction

automatique (Laassel EM., 2008). Elle correspond à « la combinaison dans le temps et dans

l’espace de mouvements plus ou moins complexes des différents segments du corps

aboutissant au déplacement de l’individu sur un plan horizontal » (Pelissier J. et al., 1994).

C’est une activité alternée des membres inférieurs marquée par des temps de doubles appuis

et d’appuis unipodaux avec une giration opposée des ceintures. Cela permet ainsi le maintien

de l’équilibre dynamique (Picard Y., 2003). La marche met donc en jeu de nombreux

mécanismes complexes d’équilibre et de déplacement.

La marche humaine est sous la dépendance de 3 grands éléments : le système nerveux

central en interaction avec les systèmes musculo-squelettique et sensoriel ainsi que

l’environnement extérieur. Si l’un de ces éléments est touché, la marche est alors perturbée.

Dans le cadre de l’hémiplégie, c’est le système nerveux central qui est lésé provoquant ainsi

une marche asymétrique et un coût énergétique élevé (Viel E. et al., 2000).

Page 13: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

8

On retrouve plusieurs paramètres temporo-spatiaux de marche (Pelissier J. et al.,

1994) (annexe 2):

Paramètre de marche Définition Valeurs normales

Le pas Intervalle séparant deux contacts talonniers

successifs du même pied.

Le demi-pas Intervalle séparant le contact talonnier d’un

pied et celui de l’autre pied. 45 cm

La longueur du pas Distance séparant les deux talons lors du

double appui. 1.48 m

La largeur du pas Distance séparant le talon de la ligne de

marche. 5 à 6 cm

L’angle de pas Angle formé par la ligne de marche et l’axe

longitudinal du pied. 15°

La hauteur du pas Distance entre les orteils et le sol au moment de

l’oscillation. 0.5 à 1.5 cm

La cadence de marche Nombre de pas effectués en 1 minute. 67.4 pas/min

La vitesse de marche Distance parcourue par unité de temps. 5.98 km/h

soit 1.7 m/s

Ce moyen de locomotion est caractérisé par une succession de pas que l’on appelle

cycle de marche (annexe 2). Il correspond au contact du talon au sol jusqu’au contact

suivant. D’après Pelissier J. et al., (1994), ce dernier est constitué de deux phases

successives :

- La phase d’appui : Elle débute par l’attaque du talon au sol et se termine par le

décollement des orteils. Cette phase se compose d’un temps de double appui puis

d’une étape d’appui unipodal. Elle constitue 60 % du cycle de marche.

- La phase oscillante ou pendulaire: Le membre inférieur n’est plus en contact avec

le sol. Elle débute par l’avancée du segment fémoral et se termine par l’extension

du genou. La longueur du membre inférieur oscillant diminue pour favoriser le

passage du pas. Cette phase est également constituée d’un temps de double appui

et d’un temps oscillant. Elle constitue 40 % du cycle de marche.

Enfin, chaque muscle a une action bien définie au cours du cycle de marche. Eric

VIEL décrit trois grands rôles : le freinage et l’accélération des segments ainsi que

l’amortissement des chocs et des vibrations.

2. Les différents paramètres de marche chez le sujet hémiplégique

a) Les paramètres qualitatifs

Chez le sujet hémiplégique, la majorité des articulations du membre inférieur sont

déficitaires :

Page 14: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

9

A la hanche, on relève une déficience de l’extension (appelé pas postérieur) lors de la fin de la

phase d’appui. La flexion est également insuffisante lors du temps oscillant, conduisant au

passage du pas par « circumduction du bassin » ou « fauchage » qui est la boiterie la plus

répandue chez le sujet hémiplégique (Picard Y., 2003). Cela est aussi en partie lié à l’esquive

de l’appui sur le côté hémiplégique (Daviet JC. et al., 2002).

On observe également un défaut de stabilisation du bassin et de la rotation de hanche au

cours de la marche du patient hémiplégique. La dissociation des ceintures est également

diminuée voire absente (Rouleau S. et Dehail P., 2000).

Au genou, la flexion est insuffisante lors de la phase oscillante. Dans la littérature, chez les

patients cérébro-lésés, on emploie le terme de « stiff knee gait » soit marche avec genou

raide. Cela peut entrainer plusieurs conséquences, en effet, le passage du pas, le

franchissement d’obstacles ou encore la montée des escaliers peuvent être compliqués, le

risque de chutes ainsi que le coût énergétique de la marche sont majorés. Ce phénomène peut

s’expliquer principalement par la spasticité du muscle droit fémoral (Robertson J. et al.,

2008).

Lors du temps d’appui, on remarque dans la majorité des cas, un recurvatum de genou qui

peut être lié, d’après Picard Y. et al. (2003) à de multiples causes telles que :

- Un déficit proprioceptif marqué par un mauvais contrôle du genou

- Le varus équin du pied lié notamment à un déficit des releveurs

- Une rétraction du muscle soléaire

- Une contraction exagérée du quadriceps liée à une augmentation du réflexe

d’étirement ou un déficit de commande

- Une insuffisance des fléchisseurs de hanche

A la cheville, l’extension lors de la phase oscillante est incomplète. De plus, l’attaque du pas

au début de la phase d’appui se réalise le plus souvent, pied à plat lié à l’insuffisance de

dorsiflexion. Le pied se pose alors brutalement sur le sol, n’étant plus freiné par les releveurs,

on emploi alors le terme de « steppage ».

Cela peut être dû à plusieurs raisons (Viel E. et al., 2000) :

- Dans le cas d’une hémiplégie récente, lors de la phase flasque, le pied est ballant et

tombe par manque de tonus musculaire. Par conséquent, l’attaque du pas se fait avec l’avant

pied et non avec le talon. Lors de la phase oscillante, l’excès de flexion de genou et de hanche

compense le manque de flexion dorsale de cheville et permet ainsi le passage du pas. D’après

Eric VIEL (2000), le pied tombant s’explique par une commande volontaire insuffisante qui

contrôle les releveurs et les stabilisateurs latéraux du pied.

Page 15: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

10

- Lors de la phase d’hypertonie, on relève un pied spastique en raison principalement

de la spasticité du triceps sural.

- Un déséquilibre de la commande motrice entre les releveurs varisants et valgisants

peut provoquer un pied en varus équin spastique, c’est-à-dire, un varus de l’arrière pied

associé à une supination de l’avant pied. L’attaque du pas se fait alors par le bord externe du

pied et cela provoque alors un défaut de propulsion au début de la phase d’appui du côté

hémiplégique.

Afin de palier à cette déficience, il est souvent nécessaire de mettre en place des aides

techniques de marche, comme les orthèses releveurs de pied. Ainsi, ce type d’appareillage

évite le pied tombant et stabilise l’arrière pied. Il est également possible d’avoir recours à la

chirurgie.

Au pied, on constate également des orteils en griffes apparaissant surtout lors de la marche. Il

s’agit d’une « flexion involontaire des articulations métatarso-phalangiennes et inter-

phalangiennes des orteils conduisant à un hyperappui pulpaire, responsable d’un conflit pied

chaussures » (Viel E. et al., 2000). Ce phénomène peut être lié à plusieurs déficiences telles

que la spasticité du triceps sural, du tibial postérieur ou encore des longs fléchisseurs de

l’Hallux et des orteils, une rétraction ou un dérèglement de la commande motrice du muscle

court fléchisseur des orteils (Picard Y., 2003). Ainsi, l’appui sur le pied lésé est douloureux et

cela majore la boiterie.

On peut aussi ajouter que la coordination des membres supérieurs et inférieurs au

cours de la marche est complexe pour la plupart des patients hémiplégiques (Fuzaro AC. et

al., 2011).

b) Les paramètres quantitatifs

On relève plusieurs différences par rapport à la marche normale (Von schroeder HP. et

al., 1995) :

- La vitesse et la cadence de marche sont réduites par rapport aux valeurs normales : entre 0.2

et 0.5 m/s en moyenne pour les sujets hémiplégiques contre 1.7 m/s en temps normal. Cela

est en partie compensé par une augmentation de la fréquence du pas.

- La longueur du pas et la vitesse d’oscillation du membre inférieur lésé sont diminuées.

- Le demi-pas du côté hémiplégique est asymétrique par rapport au côté sain : les pas sont

plus courts et plus brefs (Pélissier J. et al., 1997).

Page 16: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

11

- La durée des doubles appuis est augmentée, celle-ci est multipliée par trois par rapport aux

sujets sains (Condouret J. et al., 1987). En revanche, celle-ci ne diffère pas en comparant les

deux hémicorps.

- La durée des phases du cycle de marche est modifiée : le temps d’appui du côté sain est

augmenté par rapport au côté lésé. La durée du cycle de marche est donc asymétrique en

comparant les deux côtés et plus importante que chez les sujets sains.

- La vitesse de balancement du côté sain augmente et cela est lié à un évitement de l’appui du

côté déficitaire. La répartition des charges au sol est donc inégale et l’appui est majoré du coté

sain. La vitesse de balancement du côté hémiplégique est, en revanche, diminuée. Le temps

d’appui du côté parétique est donc diminué par rapport au côté sain et inversement pour le

temps de balancement.

- Le temps d’appui monopodal reste en revanche inchangé si l’on compare avec les valeurs

normales (Coudouret J. et al, 1987).

- Le coût énergétique lors de la marche est plus élevé que chez les sujets sains, majorant ainsi

les besoins métaboliques et donc la fatigue (Fuzaro AC. et al., 2011).

- La répartition et le transfert du poids du corps est asymétrique. En effet, lors de l’étude de

l’équilibre statique, le poids est plus important du côté sain, la position du centre de gravité

est donc modifiée (Fuzaro AC. et al., 2011).

On remarque également une diminution des valeurs au cours de l’enregistrement liée à

la fatigabilité du sujet (Pelissier J. et al., 1994). Enfin, des syncinésies globales peuvent

apparaître et ainsi perturber la marche des patients (Rouleau S. et Dehail P., 2000).

La marche chez le sujet hémiplégique est donc lente et asymétrique, et selon Pélissier

J. et al. (1994), « la vitesse de déplacement est d’autant plus faible que le temps portant du

côté sain est plus long, et plus court du côté hémiplégique, que la longueur des pas est

réduite, et la cadence faible ». Ces deux derniers facteurs sont donc corrélés avec la vitesse de

marche. De plus, d’après Condouret J. et al. (1987), la spasticité provoque une asymétrie des

cycles de marche et des vitesses de balancement des membres inférieurs. Enfin, il existe une

corrélation entre la gravité de la lésion cérébrale et l’asymétrie du pas au cours de la marche.

D’après Roby-Brami A. et al., (1993), les signes de récupération de la marche chez le

sujet hémiparétique sont caractérisés par une amélioration de la vitesse de locomotion, de

l’accélération et de la symétrie des pas. De plus, d’après ces mêmes auteurs, « la récupération

de la marche chez l’hémiplégique est un processus complexe qui fait intervenir des facteurs

neurologiques (restauration partielle de la motricité volontaire, survenue de spasticité), des

Page 17: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

12

facteurs liés à la rééducation (apprentissage sensorimoteur guidé par le kinésithérapeute) et

des facteurs liés aux aides techniques (canne, orthèses mécaniques ou myoélectriques). »

3. Outils et méthodes d’évaluation des différents paramètres de marche

Afin d’évaluer la marche des patients hémiplégiques, l’examen clinique subjectif ne

suffit pas dans la majorité des cas. C’est pourquoi, il est nécessaire de recourir à des méthodes

d’analyse instrumentale plus précises permettant d’évaluer les divers paramètres de marche.

Depuis les années 1970, les nouvelles technologies informatisées se développent à grande

échelle dans ce domaine (Azulay J-P. et al., 2009).

D’après Condouret J. et al (1987), l’analyse de la marche hémiplégique repose sur

cinq paramètres principaux tels que :

- Les paramètres spatio-temporels du pas

- Les moments de force à l’appui

- Les déplacements linéaires et angulaires des membres inférieurs

- L’électromyographie des muscles intervenants dans la marche

- Le coût métabolique évalué par la consommation en oxygène

Nous allons ainsi évoquer les principaux outils d’analyse de la marche.

a) Les différents tests de marche

Pour le test des 10 mètres, on demande au patient de marcher à vitesse confortable sur

une distance de 10 mètres. Cela permet ainsi de calculer la vitesse de marche du sujet

hémiplégique. Une aide technique peut être utilisée. La reproductibilité interjuge de ce test a

été prouvée. Cette évaluation est généralement réalisée au début et à la fin de la prise en

charge, dès que la marche est possible. On estime qu’il y a une amélioration significative

lorsqu’à la fin de la prise en charge, la vitesse augmente de 25 % par rapport au bilan initial

(Gellez-Leman M-C. et al, 2005).

Le «Get up and Go test » est un outil validé chez les sujets hémiplégiques et est

corrélé à la vitesse de marche. Les cotations sont comprises entre 1 et 5, 1 signifiant une

réalisation du test sans difficulté et sans risque de chute. « Le sujet est assis, doit se lever,

parcourir trois mètres, faire demi-tour et venir se rasseoir. » (Gellez-Leman M-C. et al,

2005).

Le « Timed Up and Go Test » est identique au test précédent sauf que l’on mesure le

temps de réalisation du test (en seconde) et il n’y a pas de cotation. C’est un test reproductible

entre observateurs (Gellez-Leman M-C. et al, 2005).

Le test de marche de six minutes (TDM6) est une évaluation validée consistant à

marcher sur la plus grande distance possible pendant 6 minutes dans un couloir intérieur de

Page 18: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

13

minimum 30 mètres et sans obstacle, les pauses étant autorisées. Ce test a d’abord été utilisé

chez les patients présentant des pathologies respiratoires afin d’évaluer la capacité

fonctionnelle puis est aujourd’hui répandu dans de nombreux domaines tels que les patient

ayant subi un AVC, les patients amputés ou encore les sujets obèses (Dourado V-Z, 2010).

C’est l’un des tests de marche le plus représentatif des activités de la vie quotidienne. Il s’agit

d’une épreuve sous-maximale dans le sens où le patient adapte son propre rythme au cours de

l’évaluation (Pilat C. et al., 2005).

Au début et pendant le test, la fréquence cardiaque ainsi que la saturation pulsatile en

dioxygène (SpO2) sont contrôlées. A la fin, on retient les deux paramètres précédents ainsi

que la distance parcourue et la dyspnée que l’on côte généralement grâce à l’échelle de Borg

entre 0 et 10 (0 signifiant aucune dyspnée à la fin de l’effort). On se réfère ensuite aux valeurs

théoriques des sujets sains à l’aide du poids, de la taille et de l’âge mais l’on compare aussi

les valeurs entre le bilan initial et à la fin de la prise en charge (Paul L., 2003).

Le test de six minutes est fiable car le coefficient de corrélation interclasse est de 0.91

(Pope G., 2007).

De multiples échelles fonctionnelles de marche sont également employées. Parmi

elles, nous pouvons citer la « Functional Ambulation Classification » (FAC) qui classe les

patients en 6 groupes en fonction de l’aide de marche utilisée. Cet outil est validé et

reproductible chez le sujet hémiplégique. Depuis peu, une nouvelle version appelée « New

FAC » existe et contient 9 groupes (Gellez-Leman M-C. et al, 2005).

b) Analyses photo et vidéo

Les analyses photo et vidéo sont très utilisées, souvent en première intention, pour

l’étude cinématique du mouvement mais présentent néanmoins quelques inconvénients. En

effet, elles ne permettent qu’une analyse qualitative en deux dimensions et cette dernière peut

être relativement longue (Dujardin F. et Weber J., 1998). Elles doivent donc être

accompagnées de techniques de mesure informatisées plus précises afin d’évaluer l’asymétrie

de la marche hémiplégique.

c) Locomètre Satel ®

Le locomètre de Bessou, également appelé SATEL® a été mis au point par Paul

Bessou dans les années 1980 (Pelissier J. et Brun V., 1994). Il s’agit d’un matériel simple et

rapide d’utilisation, précis et peu coûteux permettant d’évaluer les paramètres spatio-

temporels de la marche en deux dimensions. En effet, au niveau des articulations métatarso-

phalangiennes des pieds du sujet sont mis en place des velcros, eux-mêmes reliés à des fils

inextensibles. Ces derniers transmettent les données à un boitier contenant un dispositif de

poulies et de potentiomètres ou disques. Les fils sont maintenus en tension par un petit moteur

Page 19: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

14

électrique dans le boitier exerçant une force de rappel. L’ensemble des données sont ensuite

retransmises à un ordinateur, en effet, à chaque pas, il s’exerce une rotation des disques, qui

elle-même est numérisée par la suite (Thoumie P. et al., 2002). Ainsi, le sujet marche à son

rythme sur une distance entre 10 et 15 mètres en ligne droite, puis on obtient directement sur

l’ordinateur les données cinétiques et cinématiques de la marche sous forme de compte-rendu

et de courbes montrant le déplacement du sujet en fonction du temps.

Le locomètre permet une analyse plus précise que l’examen clinique de la marche. Il

permet non seulement de déterminer les caractéristiques de la marche mais aussi d’évaluer

l’introduction ou l’efficacité d’une aide technique. Il s’agit d’un dispositif très précis

transmettant des mesures avec une erreur de plus ou moins 5 mm pour les distances et plus ou

moins 5 millisecondes pour les temps (Pelissier J. et Brun V., 1994).

On obtient ainsi plusieurs mesures :

- Les paramètres spatiaux : longueur du pas, longueur d’enjambée.

- Les paramètres temporels : durée du cycle total et de chaque phase du cycle.

A partir de ces données, sont aussi calculées la vitesse et la cadence de marche. Pour

chaque paramètre, les valeurs normales sont indiquées ainsi que les écarts par rapport à ces

normes. Il présente aussi la qualité d’être peu contraignant pour le patient et il s’agit d’une

méthode d’évaluation facilement reproductible (Condouret J. et al., 1987). L’évaluation par le

locomètre peut donc être réalisée à tout au long de la prise en charge et pas seulement lors des

bilans initial quand la marche est possible et final. Un bilan type est présenté en annexe 3.

Néanmoins, le locomètre présente quelques inconvénients. Il doit être installé dans une

grande pièce pour permettre la marche d’une dizaine de mètres et n’offre qu’une analyse dans

le plan sagittal, les autres plans de l’espace n’étant pas étudiés (Pelissier J. et Brun V., 1994).

En effet, il ne permet pas de mettre en évidence la hauteur du pas, la qualité du mouvement et

déceler les compensations comme, par exemple, le fauchage (Thoumie P. et al., 2002).

Cependant, le locomètre reste un très bon outil d’analyse de la marche et ce dernier est le plus

utilisé dans les centres de rééducation et l’un des plus accessibles.

Cet outil est utilisé en neurologie mais aussi dans d’autres domaines comme la

traumatologie ou la rhumatologie. Il intervient pour bilanter la marche mais intervient aussi

dans la rééducation par biofeedback sonore (Satel, le locomètre).

Parmi les autres techniques d’évaluation de la marche, on retrouve le tapis de marche

aussi appelé GAITRite muni de capteurs dont les données fournies s’apparentes à celles du

locomètre.

Page 20: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

15

d) Analyse Quantifiée de la Marche

L’Analyse Quantifiée de la Marche (AQM) est « l’outil de référence pour étudier la

marche du patient hémiplégique. » (Bonnyaud C. et al., 2011) Celle-ci permet une étude très

globale et précise car elle analyse à la fois les paramètres spatiotemporels,

électromyographiques, cinématiques et cinétiques. C’est donc une analyse tridimensionnelle

du mouvement. L’AQM permet notamment de mesurer de nouvelles données telles que les

moments et les puissances articulaires (Thoumie P. et al., 2002). En effet, le moment

articulaire détermine le groupe musculaire mis en jeu lors d’un mouvement spécifique alors

que la puissance renseigne sur le type de contraction de ce groupe (Armand S., 2005).

Le but est de marcher sur une piste avec plusieurs milliers de capteurs de pression tout

en étant filmé (Lucet A. et al., 2012). Des capteurs sont également placés sur les segments

corporels. Les résultats sont ensuite retransmis sur ordinateur. L’AQM est souvent indiquée

dans le cadre d’une intervention chirurgicale en vue d’améliorer la marche du patient ou

encore pour prouver l’efficacité de la toxine botulinique en cas de spasticité. Si cette

technique d’évaluation de la marche est très fréquemment employée en neurologie, cette

dernière s’utilise aussi en traumatologie, notamment chez les personnes amputées

appareillées.

Cela nécessite du matériel conséquent tel qu’un dispositif vidéoscopique formé de

deux à cinq caméras enregistrant les déplacements des capteurs corporels, deux plateformes

de force incluent dans le chemin de marche qui enregistrent la force de réaction au sol

pendant la phase d’appui, un dispositif électromyographique enregistrant l’activité musculaire

et un ordinateur contenant un logiciel d’acquisition qui permet de regrouper l’ensemble des

données recueillies (Pelissier J. et al., 1997).

Néanmoins, l’AQM, constituant une véritable avancée technologique, reste une

technique d’évaluation encore peu employée du fait de son coût financier (Daviet JC. et al.,

2002). Son utilisation est complexe, nécessitant la présence d’un ingénieur et d’un technicien

à temps complet ainsi que des cliniciens (Thoumie P. et al., 2002). De plus, la collaboration

du patient est essentielle du fait de la durée importante de l’évaluation. Le positionnement des

capteurs sur les reliefs osseux doit également être consciencieusement réalisé et identique aux

bilans précédents car cela peut engendrer des erreurs d’interprétation (Roche N. et al., 2011).

La distance minimale doit être d’environ 50 mètres (Lucet A. et al., 2012). Enfin, si l’AQM

fournit des données mathématiques précises, l’examen clinique ne doit pas être négligé.

Actuellement il n’existe qu’une dizaine de laboratoires d’analyse de la marche en

France (Armand S., 2005). Cependant, il est nécessaire que l’AQM se développe davantage

du fait de la précision des données que celle-ci apporte. En effet, cette évaluation permet de

Page 21: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

16

déterminer, d’adapter ou de modifier le type d’aide technique à mettre en place, de prendre la

décision d’un traitement de la spasticité par toxine botulinique ou encore de modifier les

objectifs de prise en charge rééducatifs en fonction des résultats obtenus (Roche N. et al.,

2011). L’AQM joue donc un rôle de diagnostic dans les domaines médicaux, chirurgicaux et

kinésithérapiques.

e) Autres outils d’évaluation de la locomotion

L’électrogoniomètre articulaire permet l’analyse des paramètres cinématiques de la

marche. Il mesure les angles et leurs variations (Rouleau S. et Dehail P., 2000).

Les semelles baropodométriques fournissent l’étude des paramètres spatiotemporels

et cinétiques de la marche.

Les accéléromètres correspondent à des capteurs actifs qui mesurent les changements

de vitesse (Rouleau S. et Dehail P., 2000). On place ainsi l’accéléromètre triaxial sur un point

précis du corps et cela permet une analyse du mouvement en trois dimensions. La mise en

place est rapide. C’est un matériel fiable et validé pour l’analyse de la marche (Hartmann A.

et al., 2009).

Les systèmes optocinétiques permettent un enregistrement vidéo grâce à des capteurs

mis en place sur les membres inférieurs. Néanmoins, cela nécessite un appareillage et une

installation complexes (Dujardin F. et Weber J., 1998).

On peut aussi utiliser des gyroscopes qui permettent de mesurer « l’orientation dans

l’espace des segments sur lesquels ils sont fixés, de même que leur vitesse et leur accélération

angulaire. » (Azulay J-P., 2005).

On retrouve également les goniomètres triaxiaux « constitués par trois capteurs de

mesure angulaire, potentiométriques ou électromagnétiques, disposés de façon orthogonale

afin de mesurer la mobilité dans les trois plans de l'espace. » (Dujardin F. et Weber J., 1998).

C’est une technique de mesure fiable en particulier pour le genou. Ils effectuent une analyse

angulaire du mouvement (Condouret J. et al., 1987).

Les inclinomètres permettent de mesurer l’inclinaison des segments corporels par

rapport à la verticale à l’aide de capteurs.

Différents outils utilisent la baropodométrie et mesurent ainsi la pression plantaire

lors de la marche évaluant le trajet du centre de pression et donc indirectement la force

exercée par le pied sur le sol. Ces outils sont formés de semelles placées sous les chaussures

avec une multitude de capteurs. Un boitier permettant de relier les semelles à l’ordinateur est

placé à la cheville (Robain G. et al., 2006).

Page 22: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

17

C. La contrainte induite du membre inférieur lors de la marche

hémiplégique : une technique récente de rééducation en cours

d’expérimentation 1. De la contrainte induite du membre supérieur vers celle du membre

inférieur

La contrainte induite du membre supérieur a été introduite par Taub dans les années

1970. Celui-ci a d’abord expérimenté cette technique chez l’animal, notamment chez le singe.

La technique, appelée « blocage », consiste à placer dans une écharpe ou un gant le membre

sain pour favoriser l’utilisation du membre supérieur lésé en le stimulant au maximum par de

multiples exercices. Taub a nommé cette technique de stimulation, le « façonnage »

(Robertson J.V.G. et al., 2011). Dans les années 1990, la contrainte induite et le façonnage ont

été expérimentés chez les sujets hémiparétiques. Cela a généré des résultats très positifs et de

multiples études réalisées par la suite n’ont fait que confirmer l’expérimentation de Taub. Un

protocole type a été mis en place, ce dernier s’étend généralement sur 2 ou 3 semaines, et le

membre sain est immobilisé 6 heures par jour, 5 jours par semaine. De plus, pour être inclus

dans le protocole, les patients doivent répondre à plusieurs critères d’inclusion comme avoir

une extension active minimale du poignet et des doigts de 10° et n’avoir aucune douleur

d’épaule (Robertson J.V.G. et al., 2011).

La contrainte induite a ensuite été étendue au tronc afin « d’éviter sa participation

excessive pendant les mouvements de préhension du membre supérieur parétique »

(Robertson J.V.G. et al., 2011). Puis, récemment, cette technique est utilisée au membre

inférieur au cours de la marche mais celle-ci reste à l’heure actuelle à l’état d’expérimentation

et doit faire ses preuves avant de devenir une méthode rééducative à part entière.

2. Définition et présentation des différentes techniques employées au

membre inférieur

D’après Bonnyaud C. et al. (2011), la thérapie par contrainte induite « vise à

restreindre les mouvements du membre non déficitaire et oblige le patient à utiliser son

membre déficitaire afin qu’il améliore spécifiquement ses performances avec le membre

atteint ». Dans le cadre de l’hémiplégie, l’appui et le report de poids du côté lésé sont

spontanément évités dans la majorité des cas (Hase K. et al., 2008). Afin d’améliorer la

marche du patient hémiplégique, plusieurs méthodes de contrainte induite du membre

inférieur ont été employées d’après la littérature. Nous allons ainsi les développer.

a) Mise en place d’un poids au membre inférieur sain

Bonnyaud C. et al. (2011) ont réalisé une étude contrôlée randomisée avec 48 sujets

hémiplégiques répondant aux critères d’inclusion. Ils ont étudié l’effet de la contrainte induite

Page 23: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

18

sur les sujets marchant sur sol dur et sur tapis roulant et ont ainsi divisé les patients en 4

groupes :

- Groupe 1 : Patients marchant sur terrain plat pendant 20 minutes

- Groupe 2 : Patients marchant sur terrain plat pendant 20 minutes avec la cheville

saine lestée à vitesse de confort

- Groupe 3 : Patients marchant sur tapis roulant pendant 20 minutes

- Groupe 4 : Patients marchant sur tapis roulant pendant 20 minutes avec la cheville

lestée à vitesse de confort

Le membre inférieur sain a été contraint à l’aide d’un poids placé à la cheville, 2 kg

pour les femmes et 4 kg pour les hommes. Les bilans ont été réalisés à l’aide de l’Analyse

Quantifiée de la Marche (AQM) en plusieurs temps : avant l’entrainement, directement après

sans le poids puis après 20 minutes de repos.

Les résultats montrent une amélioration de certains paramètres. En effet, la longueur

du pas et le pic de freinage augmentent du côté sain surtout après un entrainement sur tapis

roulant. En revanche, il n’y a pas de différence significative pour les autres paramètres entre

les groupes témoins et les groupes soumis à la contrainte, du côté hémiplégique notamment.

D’après cet article, il n’y a pas de différence notable sur la marche hémiplégique avec la

contrainte induite.

Regnaux J.P. et al. (2008) ont aussi utilisé le port d’un poids à la cheville de la jambe

non parétique. L’étude a été réalisée auprès de 10 sujets hémiplégiques victimes d’un AVC

depuis moins d’un an, sur tapis roulant. Les conclusions sont identiques à celles de Bonnyaud

C. et al. (2011).

Dans l’étude de Noble J-W. et al. (2006), un poids de 2 kg a été placé au centre de

masse du membre inférieur sain de 8 patients hémiplégiques. Ces derniers devaient marcher

sur un tapis roulant à une vitesse de 1.6 m/s pendant 3 séries de 5 minutes, la première et la

dernière étant réalisées sans le poids, la seconde avec. Les paramètres de marche furent

analysés à la fin de chaque série. Les résultats montrent une augmentation des flexions du

genou et de la hanche du côté lésé lors de la phase oscillante avec le poids sur le membre sain.

On observe également une amélioration de la coordination hanche-genou grâce à la contrainte

induite.

b) Mise en place d’une attelle au membre inférieur sain

Numata K. et al. (2008) ont utilisé une autre façon de contraindre le membre inférieur

sain. Pour cela, une étude de cas a été effectuée sur un patient ayant subi un AVC gauche. La

Page 24: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

19

motricité de sa jambe droite était donc très limitée et le report de poids du côté droit était

impossible lors du bilan initial. Ce patient de 72 ans, droitier, aucun antécédent médical, a été

pris en charge par la thérapie par contrainte induite 68 jours après le début de la rééducation.

Ce dernier ne présentait aucun trouble cognitif et la communication était de bonne qualité, il

n’y avait donc pas d’obstacle pour la compréhension des consignes. Pour contraindre le

membre inférieur sain, une attelle sur le genou gauche a été mise en place pendant 2 jours.

D’après le protocole, le patient devait porter l’attelle tous les jours de 6h30 à 19h30 sauf pour

se laver. En cas de douleur ou de fatigue, il pouvait la retirer temporairement. Les

performances du patients ont été évaluées à l’aide d’une analyse vidéo durant plusieurs

activités du patient (marche, activités de la vie quotidienne…).

D’après les résultats, les thérapeutes ont remarqué des changements majeurs, en effet,

la mise en charge du côté droit s’est révélée possible après la contrainte induite. Une

amélioration fonctionnelle du membre inférieur lésé droit a donc été constatée. La contrainte

induite a donc permis au patient de prendre conscience de son membre affecté et de prêter

d’avantage d’attention aux mouvements de celui-ci. Il n’y a cependant pas de données

chiffrées pour cette étude.

Marklund I. et al. (2006) ont utilisé la même technique que celle décrite

précédemment. Cinq patients ont accepté de participer à l’étude (3 femmes et 2 hommes).

Durant deux semaines, six mesures ont été réalisées sur plusieurs paramètres tels que la

motricité des membres inférieurs, l’équilibre statique ou encore la marche. Parmi les bilans

utilisés, on retrouve le Fugl-Meyer des membres inférieurs, le timed up and go, le step test, le

timed walking test ainsi que le test des 6 minutes de marche. La contrainte induite a été

appliquée sur chaque patient 5 jours par semaine, 6 heures par jour pendant 2 semaines. Une

orthèse a donc été utilisée pour empêcher la flexion du genou sain.

Les résultats montrent des améliorations significatives, en effet, 3 des 5 sujets ont

augmenté leur périmètre de marche au cours du test des 6 minutes. Certains patients ont

néanmoins signalé l’apparition d’une fatigue importante et d’une raideur pour la jambe

contrainte.

Toutefois, d’après cet article, la contrainte induite améliore la motricité, l’équilibre et

la qualité de la marche. Les effets ont persisté au-delà des 2 semaines de prise en charge.

Page 25: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

20

c) Mise en place d’une prothèse au membre inférieur sain

Afin de favoriser l’utilisation du membre inférieur parétique,

Hase K. et al. (2008) ont contraint l’autre membre à l’aide d’une

prothèse. Trois patients hémiplégiques ont participé à l’étude. Les

séances de 20 minutes ont été effectué sur 5 semaines, à raison de 2

à 3 fois par semaine. Hase K. et al. (2008) ont évalué la marche de

ces sujets en utilisant une prothèse et un déambulateur 4 roues

(figure 1).

A l’aide du GAITRite, les résultats montrent des meilleures

forces de freinage et de réaction au sol sur le membre parétique lors

de la phase d’appui. On constate aussi une amélioration de la force

propulsive en début de phase oscillante pour deux des patients. De

plus, la vitesse de marche est augmentée chez tous les patients. Ces

résultats persistent plusieurs semaines après le protocole. D’après

cette étude, la contrainte induite entraine une réorganisation

corticale fonctionnelle comme pour le membre supérieur.

d) Mise en place de la contrainte indirecte par le membre

supérieur sain

Afin d’accroître indirectement la qualité de la marche des patients hémiplégiques,

plusieurs études ont utilisé la contrainte classique du membre supérieur sain décrite par Taub.

En effet, parmi les articles de la littérature, Fuzaro AC. et al. (2011) ont étudié les bénéfices

de cette technique sur l’équilibre et les paramètres de marche. Il s’agit d’une étude contrôlée

randomisée incluant 37 patients adultes hémiplégiques répartis aléatoirement en deux

groupes. Le membre supérieur sain a été immobilisé plusieurs heures par jour, cinq jours par

semaine pendant quatre semaines puis une ultime évaluation a été réalisée trois mois plus tard

pour étudier l’effet résiduel de la contrainte induite. Afin d’évaluer la marche, le test des 10

mètres et le Timed up and Go test ont été utilisés lors des bilans initial et final.

Coker P. et al. (2009) ont employé la même technique et le même protocole chez

douze enfants hémiplégiques avec paralysie cérébrale. Les données ont été recueillies à l’aide

du tapis de marche GAITRite.

1. HASE K., FUJIWARA T., TSUJI T. et al. Effects of Prosthetic Gait Training for Stroke Patients to Induce Use of

the Paretic Leg: A Report of Three Cases. The Keio journal of medicine, septembre 2008, vol 57, n°3, p. 162-167.

Figure 1: Prothèse au membre

inférieur sain 1

Page 26: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

21

Pour ces deux études, les résultats sont globalement positifs et démontrent une

amélioration des paramètres de marche et de l’équilibre. En effet, la vitesse, la cadence de

marche ainsi que la longueur du pas sont augmentées par rapport au bilan initial. Par exemple,

d’après Coker P. et al. (2009), la cadence de marche passe de 140 à 149 pas par minute en

moyenne. De plus, d’après Fuzaro AC. et al. (2011), le fait que le membre sain soit

immobilisé influence le côté lésé et améliore la coordination entre les membres supérieurs et

inférieurs lors des déplacements.

D. La problématique de recherche

Face à la multiplicité des procédés employés, la thérapie par contrainte induite au

membre inférieur est donc à l’état d’ébauche et il est nécessaire que d’autres études soient

réalisées afin de l’inscrire parmi les autres techniques rééducatives de l’hémiplégie.

Ce mémoire présente la mise en place d’un protocole de recherche effectué dans le

Centre de Rééducation et de Réadaptation Fonctionnelles en milieu marin de TRESTEL près

de Lannion dans les Côtes d’Armor (22). Il s’agit plus précisément d’une série de cas réalisé

auprès des 3 patients hémiplégiques.

Les objectifs de ce travail sont donc de déterminer si la thérapie par contrainte induite

au membre inférieur améliore les paramètres spatio-temporels de la marche, de s’initier à la

recherche et d’analyser les résultats obtenus après avoir élaboré le protocole.

L’hypothèse de départ est que la thérapie par contrainte induite améliore les

paramètres quantitatifs de la marche chez le sujet hémiplégique en phase spastique. La

problématique de recherche est donc la suivante :

En quoi la contrainte induite du membre inférieur modifie-t-elle les paramètres

quantitatifs de la marche chez le patient hémiplégique en phase spastique ?

Mise en place d’une série de cas dans un centre de rééducation

Page 27: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

22

II. Partie 2 : Expérimentation

A. Méthode

1. Présentation des patients, critères d’inclusion et d’exclusion

Au préalable, les critères de sélection ont été définis :

Critères d’inclusion

- Patients hémiplégiques ayant subi une lésion cérébrale datant de plus de 3 mois.

- Marche possible avec ou sans aide technique pendant au moins 15 min sans s’arrêter.

- Patients motivés et exprimant leur accord pour réaliser le protocole de contrainte induite.

- Sexe : hommes et femmes.

- Age : inférieur à 70 ans.

Critères d’exclusion

- Problèmes cardio-respiratoires importants.

- Troubles cognitifs importants pouvant être un obstacle à la compréhension des consignes.

- Troubles de la concentration.

- Héminégligence.

- Aphasie.

Afin de réaliser cette étude, l’ensemble des masseurs-kinésithérapeutes du centre de

réadaptation et de rééducation de TRESTEL ont été consultés afin d’acquérir un maximum de

patients correspondant aux critères d’inclusion, quatre sujets hémiplégiques ont ainsi été

retenus. Afin d’obtenir son accord pour réaliser la contrainte induite, une consultation auprès

du médecin de neurologie a donc été effectuée. Ce dernier a préféré exclure un des patients en

raison de son âge et la présence importante de spasticité dans le membre inférieur lésé. Nous

avons ainsi expliqué le protocole auprès des 3 patients restants qui ont donné leur accord avec

enthousiasme.

Nous allons ainsi les présenter :

Patient A : Melle D. est une adolescente de 16 ans. Celle-ci présente une hémiplégie gauche

dans les suites d’un empyème intra-cérébral opéré le 5 septembre 2011, lié à une sinusite

survenue le 26 août 2011. Melle D. est entrée au centre de TRESTEL le 5 décembre 2011

dans le service MPR enfants et adolescents en hospitalisation complète. Droitière, Melle D.

pèse 68 kg pour 1.63 m (IMC = 25).

Sur le plan familial, ses parents sont séparés et Melle D. a donc été élevée par sa mère et a un

demi-frère et une demi-sœur. Elle vit dans une maison avec escaliers où la chambre est à

Page 28: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

23

l’étage et la salle de bain est aménagée (douche adaptée à son handicap). Melle D. est

scolarisée en classe de 3ème

et aime la danse, l’informatique et sortir avec ses amis.

Patient B : Mr T., 64 ans, est atteint d’une hémiplégie gauche suite à un AVC

hémorragique pariétal droit avec inondation ventriculaire survenu le 30 mars 2012. Ce

dernier est entré au centre le 10 avril en hospitalisation complète puis en hôpital de jour à

partir du 4 août 2012 à raison de 3 jours par semaine. Droitier, Mr T. mesure 1m95 et pèse

107 kg (IMC = 28).

Concernant l’environnement familial, Mr T., retraité, ancien responsable d’un site de

production des enrobés (travaux publics), est marié, a 3 enfants et 4 petits enfants. Il vit une

partie de l’année dans les Vosges et l’autre partie en Bretagne et a pour loisirs le ski, le bateau

et la marche à pied.

Patient C : Mr P., 68 ans, est victime, le 22 juillet 2011, d’un AVC ischémique de la fosse

postérieure avec thrombus ayant entrainé une hémiplégique gauche. Mr P. présente

également un antécédent de myélopathie cervicarthrosique sur canal cervical étroit qui a été

opéré le 9 novembre 2011 avec laminectomie de C2 à C4. Celui-ci est entré au centre de

rééducation le 14 novembre 2011 et est actuellement en hôpital de jour les lundis, mercredis

et vendredis.

Droitier, Mr P. pèse 90 kg pour 1m80 (IMC = 28). Il est retraité, marié et a un enfant. Son

loisir principal est la pêche en mer.

Une présentation plus détaillée de ces patients ainsi que les bilans détaillés se trouvent

respectivement en annexes 4 et 5.

2. Matériel et bilans utilisés

a) Bilans

Après avoir consulté les dossiers médicaux et interrogé chaque patient, nous avons

utilisé plusieurs tests et bilans dont certains sont spécifiques à l’hémiplégie :

- Pour évaluer la douleur, nous avons utilisé l’Echelle Visuelle Analogique (EVA) qui

renseigne sur l’intensité de la douleur ressentie par le patient entre 0 et 10 (0 étant aucune

douleur et 10 correspondant à une douleur maximale inimaginable).

- La Cotation Held et Pierrot-Desseilligny a été utilisée pour mesurer la force musculaire,

celle-ci étant graduée de 0 à 5 (HAS, 2006). Ce bilan est présenté en annexe 6.

Page 29: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

24

- La spasticité a été mesurée par l’échelle d’Ashworth modifiée (MAS) présentée en annexe

7. Ce test présente une assez bonne fiabilité inter-examinateurs avec un taux de corrélation de

0.847 (p<0.001) (Bohannon R. et al., 1987). La fiabilité intra-examinateur est meilleure. De

plus, la version modifiée est plus sensible que la précédente (Ben Smail D. et al, 2003).

- Pour évaluer certains paramètres de marche, nous avons utilisé les tests des 10 mètres et

des 6 minutes de marche. Ceux-ci ont été décrits dans la partie précédente.

Les examens cliniques précis de chaque patient se trouvent en annexe 4.

b) Matériel

Concernant le protocole de contrainte

induite, afin d’analyser la marche, nous avons

utilisé le locomètre de Bessou, également appelé

SATEL® (figure 2). Sa description et son

fonctionnement sont expliqués dans la première

partie. Le locomètre a été employé avant, pendant

et après la contrainte induite. Lors de son

utilisation, nous avons demandé à chaque patient

de marcher à leur rythme sur une distance de 10

mètres. Nous avons évidemment veillé à ce qu’il

n’y ai aucun obstacle et aucun facteur influençant

la marche lors de l’évaluation. Un examinateur se

trouvait au poste informatique afin de gérer le

logiciel alors qu’un autre était près du patient par

sécurité en cas de chute.

Pour contraindre le membre inférieur droit,

nous avons utilisé des poids de 2.0 kg placés à la

cheville (figure 3). Pour Melle D., un seul poids de

2.0 kg a été employé alors que pour les hommes,

nous nous sommes servi de 2 poids de 2.0 kg chacun.

2 Satel, le locomètre® [en ligne] http://www.satel-posture.com/PDF/Docsatel/logiciels/Satel%20AQM.pdf

3 http://www.fitnessboutique.fr/fitness/produits-lestes/CARE-Halteres-chevilles-2x1kg/prod-CAR70731.html

Figure 2 : Locomètre SATEL® 2

Figure 3 : Poids de 2.0 kg 3

Page 30: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

25

Une analyse vidéo a également été réalisée à l’aide de deux caméras, une dans le plan

sagittal et l’autre dans le plan frontal. Nous avons demandé à chaque patient de marcher à leur

rythme sur une dizaine de mètres, une fois sans contrainte et l’autre fois avec le poids à la

cheville. Les vidéos ont ensuite été transférées sur ordinateur.

3. Protocole de contrainte induite du membre inférieur

Le protocole est le suivant :

Examen initial avec Locomètre SATEL® sans poids

Examen avec poids après 15 minutes de marche

Examen sans poids après 15 minutes de marche

Nous nous sommes ainsi inspirés du protocole de Bonnyaud C. et al. (2011). Après

avoir réalisé l’examen clinique auprès de chaque patient, un bilan initial de la marche a été

effectué avec le locomètre SATEL®. Afin de se familiariser avec l’outil, seule la deuxième

mesure a été prise en compte. Après avoir placé le ou les poids à la cheville saine, chaque

sujet a marché 15 minutes avec les aides techniques utilisées habituellement (canne simple et

releveurs). Puis, un bilan final a été effectué directement après avoir marché avec puis sans les

poids.

Le but de cette étude est ainsi de comparer les résultats avant et après la contrainte

induite en analysant les paramètres de marche quantitatifs modifiés ou non par cette

technique.

B. Résultats

Nous allons présenter les mesures de chaque paramètre quantitatif obtenu avec le

locomètre SATEL ®. Les résultats détaillés de chaque patient se trouvent en annexe 8.

1. Cadence de marche

Valeurs moyennes des 3

patients

(enjambées / min)

Comparaison avec les

valeurs normales

(en pourcentages)

Bilan initial 80.40 70

Bilan après 15 min de marche avec

poids 79.58 69

Bilan après 15 min de marche sans

poids 83.11 72.5

La valeur moyenne des sujets normaux étant de 114.60 enjambées par minute.

Page 31: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

26

0

20

40

60

80

100

Enja

mb

ées

/ m

inu

te

Cadence de marche

Bilan initial

Bilan avec poids

Bilan sans poids

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

En m

ètre

s

Longueur d'emjambée

Bilan initial

Bilan avec poids

Bilan sans poids

Comme nous l’indique la

littérature, la cadence de marche

est diminuée de 30 % par rapport

aux valeurs normales pour chacun

des patients. Les résultats nous

montrent une différence de 2.5 %

entre les bilans initial et final.

2. Longueur d’enjambée

Valeurs moyennes des 3

patients

(en mètres)

Comparaison avec les

valeurs normales

(en pourcentages)

Bilan initial 0.84 57.9

Bilan après 15 min de marche avec

poids 0.85 58.6

Bilan après 15 min de marche sans

poids 0.88 60.7

La valeur moyenne des sujets normaux étant de 1.45 mètres.

Concernant la longueur

d’enjambée, les résultats sont

quelque peu différents entre les

patients. En effet, pour Melle D. la

longueur d’enjambée diminue de

5.0 cm entre les bilans initial et

intermédiaire (avec le poids) alors

qu’elle augmente pour les autres

patients. Pour Mr T., l’évolution est positive alors que pour Mr P., ce paramètre augmente lors

du bilan intermédiaire puis diminue au cours du bilan effectué sans poids. Les résultats

montrent que ce paramètre de marche est diminué de 40 % par rapport à la valeur moyenne

normale. Globalement, on relève une augmentation moyenne de la longueur d’enjambée de

4.5 %.

Page 32: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

27

00,10,20,30,40,50,60,70,8

en

tre

/ s

eco

nd

e

Vitesse de marche

Bilan initial

Bilan avec poids

Bilan sans poids

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

En m

ètre

s

Longueur des pas

Bilan initial à gauche

Bilan initial à droite

Bilan avec poids àgauche

Bilan avec poids àdroite

Bilan sans poids àgauche

3. Vitesse de marche

Valeurs moyennes des 3

patients

(en mètres/seconde)

Comparaison avec les

valeurs normales

(en pourcentages)

Bilan initial 0.56 40.6

Bilan après 15 min de marche avec

poids 0.56 40.8

Bilan après 15 min de marche sans

poids 0.61 44.2

La valeur moyenne des sujets normaux étant de 1.38 mètres par seconde.

La vitesse de marche

est diminuée de 60 % par

rapport aux résultats de la

littérature. Pour ces 3

patients, nous constatons une

amélioration de 8.0 % après

contrainte lestée.

4. Longueur des pas

Valeurs moyennes des 3

patients

(en mètres)

G = gauche D = droite

Comparaison avec les

valeurs normales

(en pourcentages)

Bilan initial G = 0.45 D = 0.39 G = 63.40 D = 54.93

Bilan après 15 min de marche avec

poids G = 0.47 D = 0.38 G = 66.20 D = 53.52

Bilan après 15 min de marche sans

poids G = 0.43 D = 0.45 G = 60.56 D = 63.40

La valeur moyenne des sujets normaux étant de 0.71 mètres.

Comme nous précise

la littérature, la longueur de

pas est diminuée par rapport à

la normale de 37 % à gauche

et de 43 % à droite. D’après

les résultats obtenus, celle-ci

est légèrement diminuée à

gauche mais surtout majorée

à droite de 6.0 cm en

moyenne.

Page 33: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

28

5. Cycle de marche

Valeurs moyennes des 3

patients

(en pourcentage du cycle de

marche)

G = gauche D = droite

Appui / Balancement

Comparaison avec les

valeurs normales

(en pourcentages)

Bilan initial G = 67.6/32.3 D = 70.3/29.7 G = 7/8 D = 10/11

Bilan après 15 min de marche avec poids G = 67.0/33.0 D = 70.3/29.7 G = 7/3 D = 10/11

Bilan après 15 min de marche sans poids G = 65.33/34.67 D = 70.3/29.7 G = 5/6 D = 10/11

Les valeurs moyennes des sujets normaux étant de 60 % du cycle de marche pour le temps d’appui et

40 % pour le temps de balancement.

Les valeurs restent inchangées pour l’hémicorps droit tout au long du protocole alors

que celles-ci se rapprochent de la normale à gauche.

C. Discussion

1. Analyses des résultats

Globalement, d’après les résultats, nous constatons une amélioration des paramètres de

marche. En effet, la cadence et la longueur d’enjambée sont légèrement augmentées mais les

valeurs obtenues sont trop faibles pour être considérées comme significatives. Les effets sur la

vitesse de marche sont plutôt positifs avec une amélioration de 8.0 %.

Les pas sont de même longueur après contrainte induite. En effet, la longueur du pas

gauche diminue alors que celle du pas droit augmente. Cela est caractéristique d’un meilleur

appui sur le côté hémiplégique et d’une phase de propulsion à droite de meilleure qualité. De

plus, on constate des pas d’égale longueur après contrainte induite. La marche est donc

davantage symétrique.

2. Biais et limites du protocole

La première limite que nous pouvons retenir est le faible nombre de patients recrutés

pour la réalisation du protocole malgré la concertation auprès de tous les masseurs-

kinésithérapeutes du centre de rééducation. En effet, seulement 4 sujets ont répondu aux

critères d’inclusion de l’étude mais rappelons que le médecin de neurologie a préféré exclure

un des patients en raison de son âge et de l’importante spasticité au membre inférieur lésé.

Puis, parmi la population hémiplégique, la majorité se trouvaient à une date trop proche de

l’AVC et donc ne marchaient pas encore.

De plus, même si la lésion a touché le même hémicorps, la population hémiplégique

choisit n’est pas homogène en tous points. En effet, dans un premier temps, l’écart d’âge entre

les patients est relativement important. Celui-ci s’étend entre 16 et 68 ans. Les dates des

lésions cérébrales varient aussi de quelques mois.

Page 34: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

29

Parmi les autres biais du protocole, nous retrouvons l’utilisation des cannes simples et

des releveurs de pied pour deux des patients de l’étude. En effet, une analyse sans aide

technique aurait été plus fiable mais pour ces patients, marcher sans canne et releveurs

engendre une fatigabilité importante et rapide avec un risque de chute majoré.

Il aurait été également souhaitable d’établir le protocole sur une plus longue durée et

ce, 5 jours par semaine. Cependant, les patients n’étaient présents que 3 jours par semaine au

centre.

3. Comparaison des résultats avec ceux décrits dans la littérature

Nous pouvons comparer les résultats obtenus avec ceux de l’étude contrôlée

randomisée de Bonnyaud C. et al. (2011). Les techniques de contrainte induite sont identiques

par la mise en place d’un poids à la cheville saine (2 kg pour les femmes et 4 kg pour les

hommes). Cependant, les paramètres spatio-temporels ne sont pas évalués avec le même outil

de mesure. En effet, Bonnyaud C. et al. (2011) ont employé l’analyse quantifiée de la marche,

appareil de mesure plus fiable et plus précis que le locomètre SATEL® mais plus couteux.

Pour rappel, 48 patients hémiplégiques ont participé à cette étude et les mesures ont été prises

avant l’intervention, immédiatement après sans le poids à la cheville et après 20 minutes de

repos.

Pour la vitesse de marche, Bonnyaud C. et al. (2011) montrent une augmentation

significative (p = 0.0009) entre le bilan initial et immédiatement après la contrainte induite.

La vitesse passe de 0.66 à 0.72 m/s pour le groupe contrainte induite contre 0.75 à 0.80 m/s

pour le groupe contrôle. Cependant, Bonnyaud C. et al. (2011) évoquent un effet entrainement

car il n’y a pas de différence significative entre le bilan immédiatement après la contrainte

induite et celui après 20 minutes de repos. Il en conclue ainsi que la contrainte lestée n’a pas

d’impact significatif sur la vitesse de marche. Il en va de même pour la cadence et la longueur

de pas du côté hémiplégique.

En revanche, la contrainte induite a un impact sur la longueur de pas du côté sain

uniquement après un entrainement sur tapis roulant. Celle-ci passe de 53.84 à 55.68 cm entre

le bilan initial et celui après 20 minutes de repos (p = 0.005). Cette étude montre donc une

interaction entre le facteur entrainement et le facteur contrainte lestée.

Concernant la symétrie des pas, d’après Bonnyaud C. et al. (2011), l’index de symétrie

ne prouve pas de différence significative. Pour ces auteurs, il n’y a donc pas de symétrisation

des pas après un entrainement avec contrainte induite.

En conclusion, pour Bonnyaud C. et al. (2011), la contrainte induite au membre

inférieur n’apporte pas de bénéfice suffisant et satisfaisant sur la marche du sujet

hémiplégique.

Page 35: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

30

Conclusion

L’objectif de ce travail de fin d’étude était d’étudier l’évolution des paramètres

quantitatifs de la marche chez le sujet hémiplégique en phase spastique par la technique de

contrainte induite du membre inférieur.

Grâce à l’analyse des diverses mesures obtenues, le protocole réalisé en centre de

rééducation n’a pas montré de grandes différences significatives après mise en place de cette

technique auprès des patients inclus dans l’étude. La littérature étudiée montre des points de

vue divergents. En effet, pour certains auteurs, la contrainte induite n’apporte aucun bénéfice

sur la marche hémiplégique alors que pour d’autres, celle-ci pourrait constituer un nouvel

élément à part entière au sein de la stratégie thérapeutique de l’hémiplégie.

Ce travail nous a permis de découvrir un nouveau procédé rééducatif et de développer

notre esprit critique. Grâce à l’élaboration de ce protocole, nous avons pu ainsi nous

familiariser avec le matériel, notamment avec le locomètre SATEL®. Cela est un point positif

car il est probable que nous soyons amenés à l’utiliser au cours de notre future carrière

professionnelle. En effet, nous le rencontrons de plus en plus dans le domaine de la

kinésithérapie afin d’apporter des analyses de marche précises, et ce, dans de nombreux

champs cliniques. Grâce à ce mémoire, nous avons pu accroître nos connaissances sur

l’hémiplégie, pathologie avec laquelle les masseurs-kinésithérapeutes sont de plus en plus

confrontés aussi bien en centre de rééducation qu’en cabinet libéral. Concernant la contrainte

induite, il est préférable que celle-ci fasse l’objet d’études complémentaires et soit

protocolisée avant de l’appliquer dans un programme rééducatif.

Dans la plupart des études actuelles concernant la contrainte lestée au membre

inférieur, la durée des protocoles mis en place est très courte. Etant donné la facilité de mise

en place de la technique, il serait pertinent d’établir une étude sur plusieurs semaines, 5 fois

par jour avec une population de sujets hémiplégiques la plus homogène possible et d’analyser

les résultats avant et après l’intervention.

Comme pour le membre supérieur, il serait également intéressant d’étudier l’effet de la

contrainte induite du membre inférieur sur la plasticité cérébrale, notion encore récente en

neurologie.

La contrainte induite du membre inférieur doit donc encore faire ses preuves avant de

s’inscrire parmi les techniques de rééducation futures dans le domaine de l’hémiplégie. En

effet, en kinésithérapie, il est essentiel de s’assurer de la validité des techniques employées

afin d’augmenter au maximum la qualité des soins auprès de chaque patient.

Page 36: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

31

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Page 41: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

I

Annexes

A. Annexe 1 : Illustration de la voie pyramidale

Figure 4 : La voie pyramidale 4

4 http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_06/d_06_cl/d_06_cl_mou/d_06_cl_mou.html

Décussation pyramidale

Page 42: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

II

B. Annexe 2 : Les caractéristiques de la marche normale

Figure 5 : Les paramètres du pas 5

Figure 6 : Le cycle de marche 6

5 http://www.etudiant-podologie.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=900:la-marche- humaine&catid=132:semiologie-anatomie&Itemid=52 6 http://www.anmsr.asso.fr/anmsr00/59/kemoun.htm

Page 43: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

III

C. Annexe 3 : Présentation d’un bilan type obtenu avec le locomètre

SATEL®

Page 44: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

IV

Page 45: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

V

Page 46: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

VI

Page 47: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

VII

D. Annexe 4 : Présentation des patients participants à l’étude

Patient A : Melle D.

Patient B : Mr T. Patient C : Mr P.

Sexe Féminin Masculin Masculin

Age 16 ans (née le 12 novembre 1996) 64 ans (né le 28 février 1948) 68 ans (né le 5 août 1944)

Antécédents

- Aménorrhée secondaire lié à un épisode

infectieux

- Difficultés visio-spatiales pré-existentes

à l’empyème intra-cérébral

- Chirurgie de hernie inguinale bilatérale

- Chirurgie d’insuffisance veineuse

- Lombalgie chronique, canal lombaire

étroit

- Discopathie lombaire

- Dyslipidémie nécessitant adaptation du

régime alimentaire

- Apnée du sommeil

- Tabagisme sevré depuis 15 ans.

- HTA

- Canal carpien opéré il y a 20 ans

- AVP avec traumatisme cranien en

2000

- Appendicectomie

IMC (poids/taille) 25 (68 kg, 163 cm) 28 (107 kg, 195 cm) 28 (90 kg, 180 cm)

Latéralité Droitière Droitier Droitier

Type d’AVC AVC suite à un empyème intra-cérébral AVC hémorragique pariétal droit avec

inondation ventriculaire AVC ischémique fosse postérieure

Type d’hémiplégie

Hémiplégie gauche Hémiplégie gauche Hémiplégie gauche

Date de l’AVC

5 septembre 2011 30 mars 2012 22 juillet 2011

Situation

Scolarisée en 3

ème Retraité Retraité

Environnement familial

Vit chez sa mère et son beau-père, un

demi-frère et une demi-sœur Marié, 3 enfants, 4 petits enfants Marié, 1 enfant

Loisirs

Sortir entre amis, danse, informatique Ski, bateau, marche à pied Pêche en mer

Date d’entrée au centre 5 décembre 2011 10 avril 2012 14 novembre 2011

Mode de prise en charge Hospitalisation complète Hôpital de jour (3j/sem) Hôpital de jour (3j/sem)

Page 48: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

VIII

E. Annexe 5 : Bilans détaillés des patients participants à l’étude

Patient A : Melle D.

Patient B : Mr T. Patient C : Mr P.

Date du bilan 21 août 2012 3 septembre 2012 3 septembre 2012

Bilan cognitif

Troubles de mémoire de moins en moins

présents, se repère facilement dans le

centre, vient seule en séance de

kinésithérapie

Absence de trouble cognitif Absence de trouble cognitif

Douleur

Aucune douleur ni mécanique, ni

inflammatoire

Pas de prise d’antalgiques

- Douleur mécanique à l’épaule en

extension totale et en rotation latérale

- Tension musculaire au mollet à type de

crampe survenant surtout la nuit parfois

cause de réveil : EVA = 2/10

- Douleur musculaire au dos : EVA =

3/10

Prise d’antalgiques si douleur :

PARACETAMOL 1g matin, midi, soir

- Aucune douleur mécanique ni à la

palpation, ni à la mobilisation

- Crampes musculaires nocturnes à la

jambe gauche qui le réveille souvent

Prise d’antalgiques si douleur :

PARACETAMOL 1g matin, midi, soir

OXYCONTIN LP 10 mg, 1 le matin, 1

le soir

Bilan cutané, trophique,

vasculaire

- Quelques rougeurs au poignet à cause

de l’attelle

- Main gauche plus chaude que celle de

droite

- Pas de signe de phlébite et de SDRC*

- Pas de signe de phlébite et de SDRC* - Pas de signe de phlébite et de SDRC*

Bilan sensitif

Sensibilité superficielle :

- pique touche : très peu d’erreurs

- bonne sensibilité chaud/froid

Sensibilité profonde : Test de la flexion de genou yeux fermés

en procubitus : détecte le mouvement

mais 3 erreurs sur 5.

Sensibilité superficielle :

- pique touche : beaucoup d’erreurs sur

hémicorps gauche

- bonne sensibilité chaud/froid

Sensibilité profonde : Test de flexion/extension de l’hallux :

Aucune erreur

Sensibilité superficielle :

- pique touche : beaucoup d’erreurs sur

hémicorps gauche

- très peu de sensibilité chaud/froid usr

hémicorps gauche

Sensibilité profonde : Test de flexion/extension de l’hallux :

Aucune erreur

Page 49: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

IX

Bilan articulaire

(testé avec goniomètre à grande

branche Houdre)

En passif : pas de déficience de mobilité

En actif :

- Epaule : F = 120° E = 20° Abd = 80°

- Coude : F = 150° E = -20°

- Main : Amorce de mouvement

- Hanche : F = 100° E = 20° Abd = 20°

- Genou : F = 120° E = -30°

- Cheville (GF) : F = 10° E = 20°

En passif : pas de déficience de mobilité

En actif :

- Epaule : F = 140° E = 30° Abd = 130°

RM = 90° RL = 10°

- Coude : F = 130° E = 0° PS = 80/90°

- Poignet : F = 60° E = 60°

- Main : ouverture et fermeture complètes

- Hanche : F = 120° E = 20° Abd = 20°

- Genou : F = 120° E = 0°

- Cheville (GF) : F = 10° E = 40°

En passif : pas de déficience de mobilité

En actif :

- Epaule : F = 0° E = 30° Abd = 60°

RL = 0°

- Coude : F = 130° E = -10° PS =

60/80°

- Poignet : F = 30° E = 30°

- Main : ouverture et fermeture

incomplètes, très forte spasticité, pouce

immobile (port d’une orthèse)

- Hanche : F = 100° Abd = 20°

- Genou : F = 100° E = -10°

- Cheville (GF) : légère mobilité, très

forte spasticité

Commande motrice volontaire

(Cotations Held et Pierrot-

Desseilligny)

- Epaule : F = 3 E = 3 Abd = 3

- Coude : F = 3 E = 4 PS = 3

- Main : 0 (spasticité très importante)

- Hanche : F = 3 E = 3 Add = 2 Abd = 2

- Genou : F = 3 E = 2

- Cheville : F = 2 E = 2 Eversion = 2

- Epaule : F = 4 E = 4 Abd = 4

- Coude : F = 4 E = 4 PS = 4

- Poignet : 4

- Main : 4

- Hanche : F = 4 E = 4 Abd = 3

- Genou : F = 4 E = 4

- Cheville : F = 4 E = 4 Eversion = 4

- Epaule : F = 1 E = 4 Abd = 3

- Coude : F = 4 E = 4 PS = 4

- Poignet : 2

- Main : 2

- Hanche : F = 4

- Genou : F = 4 E = 3

- Cheville : F = 2 E = 2

Spasticité

(Echelle d’Ashworth modifiée)

- Biceps brachial : 2

- Triceps brachial : 2

- Adducteurs hanche : 1

- Ischio-jambiers : 1

- Quadriceps : 1

- Triceps sural (GT et GF) : 3

- Biceps brachial : 0

- Triceps brachial : 0

- Adducteurs hanche : 1

- Ischio-jambiers : 1

- Quadriceps : 0

- Triceps sural (GT et GF) : 1+

Prise de myorelaxants :

BACLOFENE 10 mg, 1 matin, midi, soir

- Biceps brachial : 2

- Triceps brachial : 1

- Adducteurs hanche : 3

- Ischio-jambiers : 1

- Quadriceps : 0

- Triceps sural (GT et GF) : 3

Prise de myorelaxants :

LIORESAL 10 mg matin, midi, soir

DANTRIUM 25, 2 le matin, 1 le soir

Page 50: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

X

*SDRC = Syndrome Douloureux Régional Complexe

F = flexion E = extension PS = prono-supination Add = adduction Abd = abduction RL = rotation latérale RM = rotation médiale

Syncinésie

Aucune syncinésie Aucune syncinésie

Flexion de genou droit quand ouverture main gauche

Bilan fonctionnel

Equilibre

Station debout : Transfert de poids

possible mais fatigue vite

Station unipodale : sur pied gauche

impossible sans soutien

Station debout : Transfert de poids

possible

Station unipodale : sur pied gauche

impossible sans soutien

Station debout : Transfert de poids

possible

Station unipodale : sur pied gauche

impossible sans soutien

Transferts Autonome dans tous les transferts Autonome dans tous les transferts Autonome dans tous les transferts

NEMS

Difficultés à partir de la position 4 pattes,

passage de la position genoux dressés à

chevalier servant impossible sans

releveur

Difficultés à partir de la position genoux

dressés Non testés

Marche

- Marche avec releveur

- Utilise une canne simple pour les

grandes distances

- Recurvatum de genou et absence de pas

postérieur

Test des 10 mètres de marche : 20 pas

en 12 sec sans canne simple

Test des 6 minutes de marche : 310 m

(sans pause)

- Marche avec canne simple et releveur

- Diminution de la cadence de marche au

bout de 4 minutes

- Très fatiguable

Test des 10 mètres de marche : 18 pas

en 12 sec avec canne simple

Test des 6 minutes de marche : 210 m

(sans pause)

- Marche avec canne simple pour les

grandes distances (sans canne à

domicile)

Test des 10 mètres de marche : 24 pas

en 15 sec avec canne simple

Test des 6 minutes de marche : 210 m

(sans pause)

Activités vie quotidienne Autonome sauf pour bas de contention et

chaussures avec lacets Autonome

Autonome sauf pour bas de contention

et chaussures avec lacets

Page 51: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

XI

F. Annexe 6 : Evaluation de la force musculaire : Cotation Held et

Pierrot-Desseiligny (HAS, 2006)

ÉVALUATION DE LA COMMANDE DE L’HÉMIPLÉGIQUE Held et Pierrot-Desseilligny

La force est appréciée selon une cotation de 0 à 5

Préciser la position du patient et le cas échéant, la position de facilitation

Préciser si le mouvement est sélectif ou s’il y a apparition de syncinésies

G. Annexe 7 : Evaluation de la spasticité : Echelle d’Ashworth Modifiée

(MAS) Echelle clinique ordinale la plus utilisée aussi bien dans la pratique clinique que dans les

publications scientifiques.

l

0 Absence de contraction

1 Contraction perceptible sans déplacement du segment

2 Contraction entraînant un déplacement quel que soit l’angle parcouru

3 Le déplacement peut s’effectuer contre une légère résistance

4 Le déplacement s’effectue contre une résistance plus importante

5 Le mouvement est d’une force identique au côté sain

0 Pas d’augmentation du tonus musculaire

1 Une augmentation discrète du tonus musculaire se manifestant par un ressaut suivi d’un

relâchement ou par une résistance minime à la fin du mouvement.

1+ Une augmentation discrète du tonus musculaire se manifestant par un ressaut suivi d’une

résistance minime perçue sur moins de la moitié de l’amplitude articulaire.

2 Une augmentation plus marquée du tonus musculaire touchant la majeure partie de

l’amplitude articulaire, l’articulation pouvant être mobilisée facilement

3 Une augmentation importante du tonus musculaire rendant la mobilisation difficile

4 L’articulation concernée est fixée en flexion ou en extension (abduction ou adduction)

Page 52: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

XII

H. Annexe 8 : Résultats du protocole de contrainte induite du membre inférieur

Patient A : Melle D.

Patient B : Mr T.

Patient C : Mr P.

Aides techniques

- Releveur de pied gauche - Releveur de pied gauche

- Canne à droite

- Releveur de pied et orthèse

hallux à gauche

- Canne à droite

Bilan initial sans poids

- Cadence : 69.82 enj/min

- Longueur enjambée : 0.83 m

- Vitesse : 1.74 km/h soit 0.48 m/s

- Longueur de pas :

- à G : 0.45 m

- à D : 0.38 m

Différence de 16 %

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 68 % G // 71 % D

temps de balancement : 32% G //

29% D

- Cadence : 79.56 enj/min

- Longueur enjambée : 1.00 m

- Vitesse : 2.38 km/h soit 0.66 m/s

- Longueur de pas :

- à G : 0.58 m

- à D : 0.42 m

Différence de 32 %

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 68 % G // 68 % D

temps de balancement : 32% G //

32% D

- Cadence : 91.83 enj/min

- Longueur enjambée : 0.69 m

- Vitesse : 1.91 km/h soit 0.53 m/s

- Longueur de pas :

- à G : 0.31 m

- à D : 0.38 m

Différence de 18 %

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 67 % G // 72 % D

temps de balancement : 33% G //

28% D

Bilan après 15 min de marche avec

poids

- Cadence : 69.17 enj/min

- Longueur enjambée : 0.78 m

- Vitesse : 1.62 km/h soit 0.45 m/s

- Longueur de pas : - à G : 0.50 m

- à D : 0.29 m

Différence de 54 %

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 68 % G // 73 % D

temps de balancement : 32% G //

27% D

- Cadence : 77.77 enj/min

- Longueur enjambée : 1.02 m

- Vitesse : 2.39 km/h soit 0.66 m/s

- Longueur de pas : - à G : 0.53 m

- à D : 0.48 m

Pas symétriques

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 65 % G // 67 % D

temps de balancement : 35% G //

33% D

- Cadence : 91.79 enj/min

- Longueur enjambée : 0.75 m

- Vitesse : 2.06 km/h soit 0.57 m/s

- Longueur de pas :

- à G : 0.37 m

- à D : 0.38 m

Pas symétriques

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 68 % G // 71 % D

temps de balancement : 32 % G //

29 % D

Page 53: LA CONTRAINTE INDUITE DU MEMBRE INFERIEUR LORS DE LA

XIII

Bilan après 15 min de marche sans

poids

- Cadence : 71.32 enj/min

- Longueur enjambée : 0.84 m

- Vitesse : 1.81 km/h soit 0.50 m/s

- Longueur de pas :

- à G : 0.41 m

- à D : 0.44 m

Pas symétriques

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 66 % G // 72 % D

temps de balancement : 34 % G //

28 % D

- Cadence : 83.74 enj/min

- Longueur enjambée : 1.07 m

- Vitesse : 2.70 km/h soit 0.75 m/s

- Longueur de pas :

- à G : 0.54 m

- à D : 0.53 m

Pas symétriques

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 64 % G // 67 % D

temps de balancement : 36 % G //

33 % D

- Cadence : 94.27 enj/min

- Longueur enjambée : 0.73 m

- Vitesse : 2.07 km/h soit 0.58 m/s

- Longueur de pas :

- à G : 0.35 m

- à D : 0.38 m

Pas symétriques

- Cycle locomoteur :

temps d’appui : 66 % G // 72 % D

temps de balancement : 34 % G //

28 % D

Enj = Enjambée G = Gauche D = Droite

Valeurs normales (sources locomètre SATEL®) :

- Cadence de marche : 114.60 enj/min

- Longueur d’enjambée : 1.45 m

- Vitesse de marche : 4.95 km/h soit 1.38 m/s

- Longueur des pas : 0.71 m

- Cycle locomoteur :

- Temps d’appui : 60 %

- Temps de balancement : 40 %