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LA CRÉATION DE VALEUR : DE L'EXCLUSIVITÉ ACTIONNARIALE À LA DIVERSITÉ PARTENARIALE ? Eric Vatteville Management Prospective Ed. | Management & Avenir 2008/4 - n° 18 pages 88 à 103 ISSN 1768-5958 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2008-4-page-88.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Vatteville Eric, « La création de valeur : de l'exclusivité actionnariale à la diversité partenariale ? », Management & Avenir, 2008/4 n° 18, p. 88-103. DOI : 10.3917/mav.018.0088 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Management Prospective Ed.. © Management Prospective Ed.. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Indiana University - - 129.79.108.219 - 27/11/2013 13h14. © Management Prospective Ed. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Indiana University - - 129.79.108.219 - 27/11/2013 13h14. © Management Prospective Ed.

La création de valeur : de l'exclusivité actionnariale à la diversité partenariale ?

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LA CRÉATION DE VALEUR : DE L'EXCLUSIVITÉ ACTIONNARIALE ÀLA DIVERSITÉ PARTENARIALE ? Eric Vatteville Management Prospective Ed. | Management & Avenir 2008/4 - n° 18pages 88 à 103

ISSN 1768-5958

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2008-4-page-88.htm

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Vatteville Eric, « La création de valeur : de l'exclusivité actionnariale à la diversité partenariale ? »,

Management & Avenir, 2008/4 n° 18, p. 88-103. DOI : 10.3917/mav.018.0088

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Distribution électronique Cairn.info pour Management Prospective Ed..

© Management Prospective Ed.. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites desconditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votreétablissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière quece soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur enFrance. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

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La création de valeur : de l’exclusivitéactionnariale à la diversité partenariale ?

par Eric Vatteville

RésuméLa mondialisation a propagé une vision homogène du management fondéesur la logique du marché financier. La création de valeur actionnarialeest devenue son objectif unique. Un tel monopole est contestable etincompatible avec l’influence grandissante prise par les parties prenantes.Néanmoins la poursuite d’une valeur partenariale rencontre de sérieuxobstacles, théoriques et pratiques. Ils freinent l’élargissement du cercledes bénéficiaires de la création de valeur et l’apparition d’un modèle demanagement équitable.

AbtractGlobalization has spread a unified view of management based on financialmarket’s logic. Shareholder value is its unique aim, such a monopoly isdisputable and uncompatible with the growing influence of stakeholders.Nevertheless searching stakeholders value meets serious obstacles :theoretical and empirical. They restrain value sharing and appearance of amodel of fair management.

La mondialisation, dans le dernier tiers du vingtième siècle, s’est accompagnéed’une « financiarisation » de l’économie et de la stratégie des entreprises. Lafinance a été un puissant vecteur de la globalisation au travers de la révolution destrois D : décloisonnement des marchés, déréglementation, désintermédiation50.Elle s’est accompagnée d’un effacement des frontières entre les pays maiségalement entre les métiers traditionnels de la finance51. Le mouvement a étérenforcé par le développement de la technologie informatique et des systèmesde télécommunication, et aussi par l’internationalisation de la filière du chiffre(auditeurs comptables, analystes financiers, gestionnaires de portefeuilles). Unevision homogène de l’économie et du management s’est propagée, réduisantl’entreprise au statut d’objet de placement dont l’activité est jugée selon la logiquedu marché financier.

Il en découle pour les dirigeants de l’entreprise un objectif normatif simple, unique

50. Baisse de la part du crédit bancaire dans le financement de l’économie.51.Les trois formes contractuelles de l’univers financier conventionnel étaient l’assurance, l’action, la dette, chacune correspondait àune façon particulière de répartir l’incertitude de l’avenir entre les parties aux contrats et trois catégories d’institutions financières enavaient respectivement la responsabilité : les compagnies d’assurances, les bourses, les banques.

et totalisant, lamaximisation de la valeur de leur fides propriétaires (les actionnaires dans les sociétés anonymes cotées). Cecritère permet de juger et de hiérarchiserprojet qui crée de la richesse ou qui a une valeurconsidéré comme désirable. Trejeté. » (Ezra Solomon)celui qui génère le plus grand enrichissement relatif. La maximisation d’unefonction 1 objectif soumise à des contraintes donne toutes les règles de conduitesouhaitables.

Cette vision du management s’est propagée irrésistiblement, portée par lapuissance financière de l’économie dominante (les Etats1Unis). Elle a régné sanspartage jusqu’à la crise ficonstruction institutionnelle 1 la gouvernance d’entrepriseles comportements des dirigeants sur les exigences des propriétaires. Devenuele moteur de l’avantage collectif dans une économie de marché décentralisée,l’exclusivité actionnariale nous retiendra dans une première partie.

La théorie financière et l’analyse des organisations n’ont pas cheminépas. La suprématie de lade la vie des affaires. Aucuneni se désintéresser de sa rentabilité. Sa liberté stratégiquetraditionnelle est néanmoins contestée aujourd’hui. Les attentes de lavis1à1vis de l’entreprise se sont élargies et simultanément l’interprétation de sonfonctionnement s’est transformée.

Une entreprise n’existe que par la fiindividus ou groupes, qui peuvent inflêtre affectés par leur poursuite. Ils sont couramment désignés désormais parl’expression « parties prenantes » (stakeholders)partenariale doit donc avoir pour objectif de garantir la viabilité de la coalitionqui permet à la firmd’envisager pour le moment un changement purla maximisation de la valeur actionnariale s’efpartenariale.

Cette dernière pose des problèmes de mesure encore mal résolus. Lesprenantes ont parfois des objectifs contradictoires dont

52. E.Solomon, Théorie de la gestion financière, Dunod, 1972.53. Les trois D ont alors pris des sens nouveaux pour devenir : défiance, désintégration, dopage de la performance.54. Le système par lequel les sociétés sont contrôlées et dirigées.55. L’insolvabilité, incapacité de l’entreprise à assurer le paiement de ses dettes exigibles, entraîne une sanction immédiate, laliquidation (ou à tout le moins la perte d’autonomie). La maîtrise de l’encaisse, de l’équilibre instest un impératif de survie.56. Le groupe Danone par exemple, dans son rapport de responsabilité sociale et environnementale endemi1douzaine : clients et consommateurs, actionnaires, salariés, fournisseurs, environnement, société civile.

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par Eric Vatteville

La mondialisation a propagé une vision homogène du management fondéeLa création de valeur actionnariale

est devenue son objectif unique. Un tel monopole est contestable etnce grandissante prise par les parties prenantes.

Néanmoins la poursuite d’une valeur partenariale rencontre de sérieuxobstacles, théoriques et pratiques. Ils freinent l’élargissement du cercle

aires de la création de valeur et l’apparition d’un modèle de

ew of management based on financiallogic. Shareholder value is its unique aim, such a monopoly is

ence of stakeholders.Nevertheless searching stakeholders value meets serious obstacles :

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La mondialisation, dans le dernier tiers du vingtième siècle, s’est accompagnéenciarisation » de l’économie et de la stratégie des entreprises. La

ance a été un puissant vecteur de la globalisation au travers de la révolution destrois D : décloisonnement des marchés, déréglementation, désintermédiation50.

facement des frontières entre les pays mais. Le mouvement a été

renforcé par le développement de la technologie informatique et des systèmesde télécommunication, et aussi par l’internationalisation de la filière du chiffre

nciers, gestionnaires de portefeuilles). Unevision homogène de l’économie et du management s’est propagée, réduisantl’entreprise au statut d’objet de placement dont l’activité est jugée selon la logique

Il en découle pour les dirigeants de l’entreprise un objectif normatif simple, unique

51.Les trois formes contractuelles de l’univers financier conventionnel étaient l’assurance, l’action, la dette, chacune correspondait àune façon particulière de répartir l’incertitude de l’avenir entre les parties aux contrats et trois catégories d’institutions financières en

et totalisant, lamaximisation de la valeur de leur firme, c’est1à1dire de la richessedes propriétaires (les actionnaires dans les sociétés anonymes cotées). Cecritère permet de juger et de hiérarchiser toutes les décisions de gestion. « Toutprojet qui crée de la richesse ou qui a une valeur actuelle nette positive, peut êtreconsidéré comme désirable. Tout projet qui ne satisfait pas ce critère devrait êtrerejeté. » (Ezra Solomon)52. L’investissement le plus désirable est naturellementcelui qui génère le plus grand enrichissement relatif. La maximisation d’unefonction 1 objectif soumise à des contraintes donne toutes les règles de conduitesouhaitables.

Cette vision du management s’est propagée irrésistiblement, portée par lapuissance financière de l’économie dominante (les Etats1Unis). Elle a régné sanspartage jusqu’à la crise financière de 20001200253 et donné naissance à uneconstruction institutionnelle 1 la gouvernance d’entreprise54 1 destinée à alignerles comportements des dirigeants sur les exigences des propriétaires. Devenuele moteur de l’avantage collectif dans une économie de marché décentralisée,l’exclusivité actionnariale nous retiendra dans une première partie.

La théorie financière et l’analyse des organisations n’ont pas cheminé du mêmepas. La suprématie de la première est la conséquence banale des contraintesde la vie des affaires. Aucune firme ne peut s’abstenir de contrôler sa liquidité55ni se désintéresser de sa rentabilité. Sa liberté stratégique en dépend. La visiontraditionnelle est néanmoins contestée aujourd’hui. Les attentes de la sociétévis1à1vis de l’entreprise se sont élargies et simultanément l’interprétation de sonfonctionnement s’est transformée.

Une entreprise n’existe que par la fidélité de ses partenaires, de tous les acteurs,individus ou groupes, qui peuvent influencer la réalisation de ses objectifs ouêtre affectés par leur poursuite. Ils sont couramment désignés désormais parl’expression « parties prenantes » (stakeholders)56. Un système de gouvernancepartenariale doit donc avoir pour objectif de garantir la viabilité de la coalitionqui permet à la firme d’être durablement créatrice de richesse. Il est difficiled’envisager pour le moment un changement pur et simple de fonction objectif,la maximisation de la valeur actionnariale s’effaçant devant celle de la valeurpartenariale.

Cette dernière pose des problèmes de mesure encore mal résolus. Les partiesprenantes ont parfois des objectifs contradictoires dont la hiérarchisation est

52. E.Solomon, Théorie de la gestion financière, Dunod, 1972.53. Les trois D ont alors pris des sens nouveaux pour devenir : défiance, désintégration, dopage de la performance.54. Le système par lequel les sociétés sont contrôlées et dirigées.55. L’insolvabilité, incapacité de l’entreprise à assurer le paiement de ses dettes exigibles, entraîne une sanction immédiate, laliquidation (ou à tout le moins la perte d’autonomie). La maîtrise de l’encaisse, de l’équilibre instantané entre tous les flux financiers,est un impératif de survie.56. Le groupe Danone par exemple, dans son rapport de responsabilité sociale et environnementale en 2001, en avait identifié unedemi1douzaine : clients et consommateurs, actionnaires, salariés, fournisseurs, environnement, société civile.

La création de valeur : de l’exclusivité actionnarialeà la diversité partenariale ?

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délicate. Un nouveau paradigme est en cours d’édification. Pour réussir ladiversité il faut élargir le cercle des bénéficiaires de la création de valeur. Lepassage de l’intégrisme actionnarial à une responsabilité sociétale est de natureà rendre aux entreprises leur légitimité. Son éventualité sera évoquée dans uneseconde partie.

Ce mouvement d’une exclusivité imposée vers une diversité négociée préfigurel’apparition d’un nouveau modèle managérial, celui d’une entreprise équitable,nous y ferons allusion pour conclure.

1. La maximisation de la valeur actionnariale : un monopolecontestable

Le dogme de la maximisation de la richesse des propriétaires à la fin du sièclepassé était devenu mondialement une « idée dominante, un cadre de penséedif!cile à remettre en cause tellement il paraît évident à un moment donné. »(Philippe Bernoux)57. Il s’intègre aisément dans le système socioculturel nord1américain où le contrat est le fondement des relations entre les citoyens. Lemarché est l’institution cardinale de la société et la poursuite de l’enrichissementindividuel lemoteur du progrès.Dans le capitalisme contractuel, la vertu principalede l’homme économique est son égoïsme58.

Cette vision est d’une grande cohérence. Elle unifie les comportements relatifsaux objets et aux personnes et affirme sa vocation à l’universalité. La logiquede la création de valeur a pour champ d’application privilégié la société cotée etnous raisonnerons par la suite sur la valeur actionnariale. Mais nous pouvonsremarquer, en passant, que laPME n’est pas indifférente au souci demaximisationde la richesse. Le plus souvent engagé sur son patrimoine, le petit entrepreneurdoit tout mettre en œuvre pour le préserver. Traditionnellement il est chargé dele faire fructifier car il gère un véritable système entreprise1famille. La vocationnaturelle de la firme est de croître pour valoriser le patrimoine familial. Il fautajouter que des PME de plus en plus nombreuses sont devenues des filialesou des sous1traitants de groupes financiers. Elles subissent indirectement lescontraintes de rentabilité des ensembles dont elles dépendent

Lemarché financier présente l’avantage, pour les dirigeants des grandes sociétéscotées, de fournir à tout instant une évaluation de leur entreprise et de leursperformances managériales. Il n’est pas surprenant que la création de valeuractionnariale soit devenue en gestion le principe prépondérant. Son succèsrepose sur trois piliers : un fondement idéologique fort, une théorie financière

57. P.Bernoux, Sociologie du changement dans les entreprises et les organisations, Seuil, 2004.58. Milton Friedman a été le plus vigoureux défenseur de cette conception. Il écrit par exemple : « Il existe peu de courants aussidangereux pour les fondements mêmes de notre société libre, que l�acceptation par les dirigeants d�entreprise d�une conception dela responsabilité sociale autre que de servir le mieux possible les intérêts des actionnaires. » (« Capitalism and Freedom », ChicagoUniversity Press, 1962).

sophistiquée, une comptabilité « fitrois points de cette première partie. Il ne s’agit pas dedes idées entrées dans le patrimoine commun des spéciagestion, mais seulement d’attirer l’attention sur certaines de leurs conséquencesperverses.

1.1. Un fondement idéologique fort

L’influence de l’idéologie sur la réponse traditionnelle estqu’elle ne s’affirme jamais en tant que telle. Elle présente comme une exigencede la raison une adhésion à une fonction1objectif – lamaximisation de la richessedes propriétaires – qui relève pourjustification principale, l’assomption du risque, est ambiguëde gouvernement de l’entreprise s’appuie sur une utilisationdémocratiques. Ces deux faiblesses pèsentfinancière ; nous les présenterons rapidement.

1.1.1. Un détournement des principes démocratiques.

Le passage de l’enrichissement individuel au bien1être collectifquelquesmots par un consultant célèbre : «les intérêts des propriétaires de l�entreprise, c�est aussi la règle qui permet des�assurer que les ressources limitées de toutes sortes sont allouées,déployéesde façonaussief!au sens large. » (G.B.Stewart)Elle trahit un intégrisme actionnarial qui pourrait se résumqui est bon pour l’actionnaire est bon pour l’humanité. » La maximisation de lavaleur actionnariale bénéfi

Lieu d’exercice du principe de liberté, le marché est conalternative de la Cité. Malheureusement il repose surcensitaire et il met en présenceou investisseurs dotés d’une motivation particulièrement pauvre,l’utilité individuelle indépendamment de toute considération moralela richesse des propriétaires ne peut être unmoyen de se rapprocher de l’optimumcollectif que si les patrimoines sontcent millions d’actionnaires, concentrés à 90% enoccidentale et au Japon, contrôlent la quasi1totalité demondiale63. En outre, à l’intérieur de cette population les inégalités sont fortes ;59. La maximisation de la valeur actionnariale.60. Cité par J.Caby et G.Hirigoyen, « Création de valeur et gouvernance de l’entreprise. » (Economica, 3ème édition, 2005) Le cStern et Stewart a breveté le concept d’EVSchématiquement l’EVA est égale au résultat opérationnel de l’entreprise après impôt, diminué du coût du capital utilisé.61. M. Albouy, « Théorie, applications et limites de la mesure de la création de valeur2006 (Article déjà publié en 1999 par la même publication.)62. M.C. Jensen et W.H. Meckling ont résumé ce personnage avec leur modèle REMM (Resourceful, Evaluative, MaxiMized), c’est1à1dire de l’individu ingénieux, évaluateur et maximisateurCorporate Finance, 1994 N°2.63. J. Peyrelevade, « Le capitalisme total.

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tion. Pour réussir laaires de la création de valeur. Le

passage de l’intégrisme actionnarial à une responsabilité sociétale est de natureà rendre aux entreprises leur légitimité. Son éventualité sera évoquée dans une

Ce mouvement d’une exclusivité imposée vers une diversité négociée préfigurel’apparition d’un nouveau modèle managérial, celui d’une entreprise équitable,

1. La maximisation de la valeur actionnariale : un monopole

Le dogme de la maximisation de la richesse des propriétaires à la fin du siècleidée dominante, un cadre de pensée

cile à remettre en cause tellement il paraît évident à un moment donné. ». Il s’intègre aisément dans le système socioculturel nord1

américain où le contrat est le fondement des relations entre les citoyens. Lemarché est l’institution cardinale de la société et la poursuite de l’enrichissementindividuel lemoteur du progrès.Dans le capitalisme contractuel, la vertu principale

les comportements relatifse sa vocation à l’universalité. La logique

de la création de valeur a pour champ d’application privilégié la société cotée etnous raisonnerons par la suite sur la valeur actionnariale. Mais nous pouvons

férente au souci demaximisationde la richesse. Le plus souvent engagé sur son patrimoine, le petit entrepreneur

raditionnellement il est chargé der il gère un véritable système entreprise1famille. La vocatione est de croître pour valoriser le patrimoine familial. Il faut

ajouter que des PME de plus en plus nombreuses sont devenues des filialesnciers. Elles subissent indirectement les

contraintes de rentabilité des ensembles dont elles dépendent

ncier présente l’avantage, pour les dirigeants des grandes sociétéscotées, de fournir à tout instant une évaluation de leur entreprise et de leursperformances managériales. Il n’est pas surprenant que la création de valeuractionnariale soit devenue en gestion le principe prépondérant. Son succèsrepose sur trois piliers : un fondement idéologique fort, une théorie financière

Il existe peu de courants aussid�entreprise d�une conception de

« Capitalism and Freedom », Chicago

sophistiquée, une comptabilité « financiarisée ». Nous les évoquerons dans lestrois points de cette première partie. Il ne s’agit pas de présenter une fois de plusdes idées entrées dans le patrimoine commun des spécialistes en sciences degestion, mais seulement d’attirer l’attention sur certaines de leurs conséquencesperverses.

1.1. Un fondement idéologique fort

L’influence de l’idéologie sur la réponse traditionnelle est d’autant plus puissantequ’elle ne s’affirme jamais en tant que telle. Elle présente comme une exigencede la raison une adhésion à une fonction1objectif – lamaximisation de la richessedes propriétaires – qui relève pour une bonne part de l’acte de foi. En effet sajustification principale, l’assomption du risque, est ambiguë tandis que le systèmede gouvernement de l’entreprise s’appuie sur une utilisation abusive des principesdémocratiques. Ces deux faiblesses pèsent sur la crédibilité de l’orthodoxiefinancière ; nous les présenterons rapidement.

1.1.1. Un détournement des principes démocratiques.

Le passage de l’enrichissement individuel au bien1être collectif est réglé enquelquesmots par un consultant célèbre : « Cet objectif59 ne sert pas simplementles intérêts des propriétaires de l�entreprise, c�est aussi la règle qui permet des�assurer que les ressources limitées de toutes sortes sont allouées, gérées etdéployéesde façonaussief!cacequepossible,cequidès lorsmaximise la richesseau sens large. » (G.B.Stewart)60. Cette pétition de principe relève de l’idéologie.Elle trahit un intégrisme actionnarial qui pourrait se résumer par la formule « cequi est bon pour l’actionnaire est bon pour l’humanité. » La maximisation de lavaleur actionnariale bénéficie à tous les partenaires de l’entreprise61

Lieu d’exercice du principe de liberté, le marché est conçu comme une justealternative de la Cité. Malheureusement il repose sur un suffrage fortementcensitaire et il met en présence des acteurs, des « citoyens » consommateursou investisseurs dotés d’une motivation particulièrement pauvre, la poursuite del’utilité individuelle indépendamment de toute considération morale62. Maximiserla richesse des propriétaires ne peut être unmoyen de se rapprocher de l’optimumcollectif que si les patrimoines sont équitablement répartis. Il n’en est rien. Troiscent millions d’actionnaires, concentrés à 90% en Amérique du Nord, en Europeoccidentale et au Japon, contrôlent la quasi1totalité de la capitalisation boursièremondiale63. En outre, à l’intérieur de cette population les inégalités sont fortes ;59. La maximisation de la valeur actionnariale.60. Cité par J.Caby et G.Hirigoyen, « Création de valeur et gouvernance de l’entreprise. » (Economica, 3ème édition, 2005) Le cabinetStern et Stewart a breveté le concept d’EVA (« Economic value added »), une des mesures les plus utilisées de la création de valeur.Schématiquement l’EVA est égale au résultat opérationnel de l’entreprise après impôt, diminué du coût du capital utilisé.61. M. Albouy, « Théorie, applications et limites de la mesure de la création de valeur. » Revue Française de Gestion N°160, janvier2006 (Article déjà publié en 1999 par la même publication.)62. M.C. Jensen et W.H. Meckling ont résumé ce personnage avec leur modèle REMM (Resourceful, Evaluative, MaxiMized), c’est1à1dire de l’individu ingénieux, évaluateur et maximisateur. Il est exposé dans leur article « The Nature of Man », Journal of AppliedCorporate Finance, 1994 N°2.63. J. Peyrelevade, « Le capitalisme total. » Collection « La république des idées », Seuil, 2005. Le développement rapide des fonds

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en France par exemple, le centile le plus favorisé des ménages possède environla moitié du patrimoine en actions du pays. Le marché, dans une telle situation,est incapable de hiérarchiser correctement les besoins, mais il s’ajuste trèsefficacement à la répartition inégalitaire des pouvoirs d’achat. La prééminencedes intérêts des détenteurs de capitaux n’est guère mieux légitimée par le rôlesocial qui leur est couramment reconnu : l’assomption du risque.

1.1.2. Une justi!cation ambiguë : l�assomption du risque

Les actionnaires propriétaires sont les seuls à assumer le risque résiduel dela société anonyme. Leurs droits patrimoniaux ne s’exercent qu’en dernierressort, lorsque tous les autres ayants1droit ont pu faire valoir leurs créances.Ils supportent donc un risque financier spécifique qui est la justification de leurdroit sur les bénéfices annuels et sur l’actif net en cas de cessation d’activité.L’observation de la réalité contemporaine révèle cependant un nouveau partagede risque, aussi bien au niveau global qu’à celui de l’entreprise.

A l’échelle macroéconomique en longue période (197012004), lepartage de la valeur ajoutée entre les profits et les salaires est à peuprès stable en France64. En revanche les chocs conjoncturels affectentde moins en moins la profitabilité des entreprises et de plus en plus lamasse salariale. Ce déplacement de risque est la conséquence de lagrande différence de mobilité entre les capitaux et les travailleurs. Il nefaut que quelques minutes à un actionnaire pour se débarrasser d’untitre et réaffecter son épargne sur une autre société. Le salarié n’a pasla même facilité pour changer d’emploi ou pour en retrouver un s’il a étéconduit au chômage par les difficultés de son employeur.

Les actionnaires, parmi lesquels les investisseurs institutionnels occupent uneplace croissante65, ont un lien de plus en plus éphémère avec leur société ;ils n’en détiennent les titres que pour de très courtes périodes66. Le statut decréancier ultime perd beaucoup de sa portée et les revenus qui lui sont attachésune bonne part de leur justification.

Dans l’entreprise elle1même, l’exigence de flexibilité de la massesalariale67 a pesé sur la nature de la relation d’emploi. L’apparitiond’un « entrepreneuriat salarial »68 s’est accompagnée d’un nouveaupartage de risque entre l’employeur et ses collaborateurs. L’idéal pour la

souverains ne peut que renforcer les asymétries dominatrices et nous éloigner du modèle démocratique.64.G.Cette, « Le partage des fruits de la croissance.Que peut1on dire du partage de la valeur ajoutée dans les sociétés non financièresfrançaises depuis 1970 ? » Futuribles N°321, juillet1août 2006.65. Au 1er mars 2005 leur part variait de 15 à 48% dans le capital des sociétés du CAC 40.66. J.L.Greau (« Le capitalisme sous l’influence néfaste de la finance. » L’Expansion N°711, septembre 2006) avance, par exemple,le chiffre de 7 mois.67. Les prix du capital, de l’énergie et des matières premières étant fixés mondialement, elle est la principale composante des coûtssur laquelle il demeure possible d’agir.68. L’expression est utilisée par C. Beaucourt et P. Louart, « Des entrepreneurs dans les franges du salariat. » Contribution à l’ouvragecollectif dirigé par T. Verstraete, « Histoire d’entreprendre. Les réalités de l’entrepreneuriat. » Editions EMS, 2000.

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nouvelle gestion des ressources humaines serait que chacun devienne« l’entrepreneur de son propre travail », construise son poste et sacarrière. Chaque citoyen deviendrait le chef d’entreprise de son proprecapital humain.

Cette exigence bouleverse la condition salariale. Elle déplace le risque del’employeur vers ses collaborateurs. Le contrat de travailpar la subordination et non par la liberté, présentait pour les salariés unedimension assurantielle. Leur rémunération était indépendante des flmineures de l’activité.de reporter sur les employés une partie du risque finorme de rentabilité dictée par les apporteur de capitaux imposede calquer en permanence leurs objectifs d’efficoncurrents les plus performants.contraintes financières. La confise trouve d’autant plus facilement justifithéorique ingénieuse.

1.2. Une justi!

La théorie financière a fait de la création de valeur pour les propriétaires le guidenormatif exclusif de la gestion des entreprises.moitié du XXème siècleétait quasiment impensable. Elle repose sur un double fondement, la théoriede l’agence et l’analyse économique néo1classique. La première a permis deredessiner le cadre de la gouvernance d’entreprise pour faire des dirigeants lesagents des actionnaires, notamment grâce à des incitations fistock options, salaires basés sur la performancel’origine d’instruments de gestion innombrabless’est avérée indéniable.

Dans la perspective de maximisation de la valeur actionnariale, l’effimarché financier joue un rôle central.intrinsèque des entreprises cotées. Il ne peut y parvenir qu’à deux conditions :

La circulation instantanée et sans coûts de l’information. Les grandsmarchés finaau moins sous sa formetoutes les informations publiques. Un biais peut apparaître cependant,car les dirigeants disposent de renseignements non accessibles auxinvestisseurs.

69. Les principaux contributeurs et leurs apports essentiels sont très clairement présentés« Les grands auteurs en finance. » Collection « Les grands auteurs », Editions EMS, 2003.70. Modèles d’évaluation de la firme, de choix d’investissement, de structures financières, de gestion de l’encaisse, de couvervariations des taux d’intérêt ou des taux de change, d’évaluation des options et des titres composites les plus variés, deportefeuilles…

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en France par exemple, le centile le plus favorisé des ménages possède environla moitié du patrimoine en actions du pays. Le marché, dans une telle situation,est incapable de hiérarchiser correctement les besoins, mais il s’ajuste trèscacement à la répartition inégalitaire des pouvoirs d’achat. La prééminence

légitimée par le rôlesocial qui leur est couramment reconnu : l’assomption du risque.

cation ambiguë : l�assomption du risque

Les actionnaires propriétaires sont les seuls à assumer le risque résiduel dela société anonyme. Leurs droits patrimoniaux ne s’exercent qu’en dernierressort, lorsque tous les autres ayants1droit ont pu faire valoir leurs créances.

e qui est la justification de leurs annuels et sur l’actif net en cas de cessation d’activité.

bservation de la réalité contemporaine révèle cependant un nouveau partagede risque, aussi bien au niveau global qu’à celui de l’entreprise.

’échelle macroéconomique en longue période (197012004), les salaires est à peu

. En revanche les chocs conjoncturels affectentbilité des entreprises et de plus en plus la

masse salariale. Ce déplacement de risque est la conséquence de laférence de mobilité entre les capitaux et les travailleurs. Il ne

faut que quelques minutes à un actionnaire pour se débarrasser d’unfecter son épargne sur une autre société. Le salarié n’a pas

la même facilité pour changer d’emploi ou pour en retrouver un s’il a étécultés de son employeur.

Les actionnaires, parmi lesquels les investisseurs institutionnels occupent une, ont un lien de plus en plus éphémère avec leur société ;

ils n’en détiennent les titres que pour de très courtes périodes66. Le statut decréancier ultime perd beaucoup de sa portée et les revenus qui lui sont attachés

ibilité de la masseesé sur la nature de la relation d’emploi. L’apparition

est accompagnée d’un nouveaupartage de risque entre l’employeur et ses collaborateurs. L’idéal pour la

souverains ne peut que renforcer les asymétries dominatrices et nous éloigner du modèle démocratique.dans les sociétés non financières

1, septembre 2006) avance, par exemple,

67. Les prix du capital, de l’énergie et des matières premières étant fixés mondialement, elle est la principale composante des coûts

. Louart, « Des entrepreneurs dans les franges du salariat. » Contribution à l’ouvragestraete, « Histoire d’entreprendre. Les réalités de l’entrepreneuriat. » Editions EMS, 2000.

nouvelle gestion des ressources humaines serait que chacun devienne« l’entrepreneur de son propre travail », construise son poste et sacarrière. Chaque citoyen deviendrait le chef d’entreprise de son proprecapital humain.

Cette exigence bouleverse la condition salariale. Elle déplace le risque del’employeur vers ses collaborateurs. Le contrat de travail traditionnel caractérisépar la subordination et non par la liberté, présentait pour les salariés unedimension assurantielle. Leur rémunération était indépendante des fluctuationsmineures de l’activité. Aujourd’hui les techniques d’individualisation permettentde reporter sur les employés une partie du risque financier de l’entreprise. Lanorme de rentabilité dictée par les apporteur de capitaux impose aux travailleursde calquer en permanence leurs objectifs d’efficacité productive sur ceux desconcurrents les plus performants. Aucun domaine de la gestion n’échappe auxcontraintes financières. La confiscation de l’enrichissement par les actionnairesse trouve d’autant plus facilement justifiée qu’elle repose sur une constructionthéorique ingénieuse.

1.2. Une justi!cation théorique sophistiquée

La théorie financière a fait de la création de valeur pour les propriétaires le guidenormatif exclusif de la gestion des entreprises. Elle a proliféré pendant la secondemoitié du XXème siècle69 et atteint un tel niveau de légitimité que toute alternativeétait quasiment impensable. Elle repose sur un double fondement, la théoriede l’agence et l’analyse économique néo1classique. La première a permis deredessiner le cadre de la gouvernance d’entreprise pour faire des dirigeants lesagents des actionnaires, notamment grâce à des incitations financières (bonus,stock options, salaires basés sur la performance boursière). La seconde a été àl’origine d’instruments de gestion innombrables70 dont l’efficacité opérationnelles’est avérée indéniable.

Dans la perspective de maximisation de la valeur actionnariale, l’efficience dumarché financier joue un rôle central. Il est censé fournir à tout instant la valeurintrinsèque des entreprises cotées. Il ne peut y parvenir qu’à deux conditions :

La circulation instantanée et sans coûts de l’information. Les grandsmarchés financiers contemporains sont proches de cette hypothèseau moins sous sa forme semi forte, les cours reflètent instantanémenttoutes les informations publiques. Un biais peut apparaître cependant,car les dirigeants disposent de renseignements non accessibles auxinvestisseurs.

69. Les principaux contributeurs et leurs apports essentiels sont très clairement présentés dans l’ouvrage collectif dirigé par M. Albouy,« Les grands auteurs en finance. » Collection « Les grands auteurs », Editions EMS, 2003.70. Modèles d’évaluation de la firme, de choix d’investissement, de structures financières, de gestion de l’encaisse, de couverture desvariations des taux d’intérêt ou des taux de change, d’évaluation des options et des titres composites les plus variés, de gestion deportefeuilles…

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La rationalité des comportements et l’atomicité des acteurs. Les prixdes titres sont uniquement fonction des anticipations rationnelles émisespar les investisseurs sur les revenus futurs qu’ils sont susceptibles deprocurer71. L’existence de « bulles spéculatives » conduit à la remiseen cause de cette hypothèse. Les fondements réels du managementpeuvent s’effacer devant les engouements mimétiques. Les firmes dusecteur dit de la « nouvelle économie », dans la dernière décennie duXXème siècle, ont fourni une bonne illustration d’un tel dérèglement.Elles avaient d’autant plus de valeur que l’on disposait de moins deréférences pour les juger. Certains observateurs en étaient mêmevenus à propager l’idée absurde que les pertes d’aujourd’hui feraient lesprofits de demain. Leur exubérance irrationnelle les conduisait mêmeà en déduire que l’aggravation des premières pouvait être interprétéecomme un signal favorable, les seconds, à l’avenir, n’en seraient queplus élevés. Le marché a fini par sanctionner ces promesses de gainsétrangères à toute référence à un principe de réalité. Les instrumentsfinanciers modernes, pour paraphraser une formule de Warren Buffett,célèbre investisseur américain, se sont avérés être des armes dedestruction massive de la richesse72.

Le risque ne devant pas être considéré isolément, chaque entreprise est analyséedans ses conséquences avec l’équilibre général dumarché. Combinaison simpledes deux notions fondamentales de la finance, la rentabilité et le risque, lemodèled’équilibredesactifs financiersaexercéune forte séduction.La valeurd’uneactionne peut être appréciée qu’à travers le portefeuille de valeurs mobilières dont ellefait partie. A l’équilibre, la combinaison optimale d’actifs risqués comprend tousles titres du marché dans une proportion égale au rapport entre la capitalisationboursière de chaque titre et la capitalisation de l’ensemble du marché. Cetteconclusion est à l’origine de la gestion indicielle73, puisqu’il est difficile de battrele marché en raison de la concurrence acharnée que se font les investisseursentre eux, le plus simple et le moins coûteux est de sélectionner un indice et dele reproduire dans son portefeuille74.

Dans sa forme élémentaire, le modèle traditionnel est à deux périodes. Il a été àl’origine d’un raccourcissement des horizons de la performance souvent baptisé «court termisme » avec pour conséquence l’apparition d’une valeur boursière plusvolatile et parfois virtuelle. Cette dérive a été renforcée par les instruments demesure. L’EVA par exemple est un indicateur de performance annuel, il ne révèlepas nécessairement la création de richesses à long terme ; en outre, comme toutedonnée comptable, il estmanipulable. La réforme de la réglementation comptable

71. Le cours du titre est égal à la valeur actuelle de la séquence des dividendes que les actionnaires recevront à l’avenir.72. Propos tenus dans une lettre d’information de mars 2003.73. Elle conduit aussi à un précepte normatif bien connu : un investisseur rationnel doit détenir une combinaison, commandée par sonaversion au risque, du portefeuille de marché et de l’actif sans risque.74. La diversification permet de s’affranchir du risque spécifique, c’est1à1dire lié aux caractéristiques originales de chaque action, maissans échapper au risque systématique, à l’influence du marché.

1 applicable en Europe depuis 2005 est de nature à aggraver l’instabilité desrésultats, mais elle marque aussi le ralliement manifeste et tardif des techniciensdes comptes à la maximisation de la valeur actionnariale.

1.3. Une comptabilité sous hégémonie !

Les normes IFRS 2005, adoptées par l’Union Européeles pratiques comptables dans le marché unique,doctrinale sans équivoque« International Financial Reporting Standards », le glissement sémantiquedu comptable au fiparagraphe 10 du « Cadre conceptuel » de l’IASB où sont désignés clairement lesdestinataires privilégiés de l’information comptable :sont les apporteurs de capitaux à risques de l�entreprise, la fourniture!nanciers qui répondent à leurs besoinsbesoins des autres utilisateurs susceptibles d�être sat!nanciers. »

Les comptabilités de l’Europe continentale, traditionnellement, s’adressaient àun vaste ensemble de partenaires de l’entreprise ; elles pouvaient être qualifide partenariales. Les nouvelles normes IFRS marquent unde perspective. La comptabilité quidevenir celle du marché des capitaux. Elle importe dans les unités de productionune représentation purement fi

L’entreprise est conçue comme un portefeuille d’actifsde maximiser la valeuret il est supposé liquidable à tout moment. Léquilibres internes ou externes de lason placement. Il n’a que faire de relations personnelles et durables avecresponsables des entités dont il a acheté les actions. Les profine résultent plus seulement de la mise en œuvre d’une fonction demais aussi des flucversatiles. Le principe de la continuité degénéralisation de l’usage de la

Cette notion 1 principale innovation conceptuelle contenuenormes – est définie de la manière suivante : «échangé ou un passif éteint entre des parties consentantes et disposant d�uneinformation complète dans le cadre d�unancienne, elle remonte aux années 1950 et aux débats sur la comptabilisation de

75. La Commission Européenne a innové à cette occasion en conférant à des personnes privées auto désignées (l’IASB – InternatioAccounting Standards Board) le droit de définir l’intérêt général. Cet étrange abandon de souveraineté attire la« Normes comptables et responsabilité sociale de l’entreprise. » Revue de l’Organisation Responsable, R.O.R, vol.1 N°1, juin 2076. Cette définition figure dans la norme IAS 39 (classification et comptabilisation des instruments financiers).

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La rationalité des comportements et l’atomicité des acteurs. Les prixdes titres sont uniquement fonction des anticipations rationnelles émisespar les investisseurs sur les revenus futurs qu’ils sont susceptibles de

’existence de « bulles spéculatives » conduit à la remiseen cause de cette hypothèse. Les fondements réels du management

facer devant les engouements mimétiques. Les firmes dusecteur dit de la « nouvelle économie », dans la dernière décennie duXXème siècle, ont fourni une bonne illustration d’un tel dérèglement.Elles avaient d’autant plus de valeur que l’on disposait de moins de

. Certains observateurs en étaient mêmevenus à propager l’idée absurde que les pertes d’aujourd’hui feraient les

ts de demain. Leur exubérance irrationnelle les conduisait mêmeà en déduire que l’aggravation des premières pouvait être interprétée

, n’en seraient quer sanctionner ces promesses de gains

étrangères à toute référence à un principe de réalité. Les instrumentsanciers modernes, pour paraphraser une formule de Warren Buffett,

célèbre investisseur américain, se sont avérés être des armes de

Le risque ne devant pas être considéré isolément, chaque entreprise est analyséedans ses conséquences avec l’équilibre général dumarché. Combinaison simple

nce, la rentabilité et le risque, lemodèlenciersaexercéune forte séduction.La valeurd’uneaction

ne peut être appréciée qu’à travers le portefeuille de valeurs mobilières dont elle’équilibre, la combinaison optimale d’actifs risqués comprend tous

les titres du marché dans une proportion égale au rapport entre la capitalisationboursière de chaque titre et la capitalisation de l’ensemble du marché. Cette

, puisqu’il est difficile de battrele marché en raison de la concurrence acharnée que se font les investisseursentre eux, le plus simple et le moins coûteux est de sélectionner un indice et de

Dans sa forme élémentaire, le modèle traditionnel est à deux périodes. Il a été àl’origine d’un raccourcissement des horizons de la performance souvent baptisé «court termisme » avec pour conséquence l’apparition d’une valeur boursière plusvolatile et parfois virtuelle. Cette dérive a été renforcée par les instruments de

r exemple est un indicateur de performance annuel, il ne révèlepas nécessairement la création de richesses à long terme ; en outre, comme toutedonnée comptable, il estmanipulable. La réforme de la réglementation comptable

71. Le cours du titre est égal à la valeur actuelle de la séquence des dividendes que les actionnaires recevront à l’avenir.

détenir une combinaison, commandée par son

franchir du risque spécifique, c’est1à1dire lié aux caractéristiques originales de chaque action, mais

applicable en Europe depuis 2005 est de nature à aggraver l’instabilité desrésultats, mais elle marque aussi le ralliement manifeste et tardif des techniciensdes comptes à la maximisation de la valeur actionnariale.

1.3. Une comptabilité sous hégémonie !nancière

Les normes IFRS 2005, adoptées par l’Union Européenne pour harmoniserles pratiques comptables dans le marché unique, reposent sur une inspirationdoctrinale sans équivoque75. Elle apparaît déjà dans la dénomination retenue :« International Financial Reporting Standards », le glissement sémantiquedu comptable au financier est lourd de signification. Elle se confirme dans leparagraphe 10 du « Cadre conceptuel » de l’IASB où sont désignés clairement lesdestinataires privilégiés de l’information comptable : « Comme les investisseurssont les apporteurs de capitaux à risques de l�entreprise, la fourniture d�états!nanciers qui répondent à leurs besoins répondra également à la plupart desbesoins des autres utilisateurs susceptibles d�être satisfaits par des états!nanciers. »

Les comptabilités de l’Europe continentale, traditionnellement, s’adressaient àun vaste ensemble de partenaires de l’entreprise ; elles pouvaient être qualifiéesde partenariales. Les nouvelles normes IFRS marquent un complet changementde perspective. La comptabilité qui était la langue de la gestion est en train dedevenir celle du marché des capitaux. Elle importe dans les unités de productionune représentation purement financière de la conduite des affaires.

L’entreprise est conçue comme un portefeuille d’actifs financiers dont il s’agitde maximiser la valeur. Chaque élément du patrimoine est évalué séparémentet il est supposé liquidable à tout moment. L’investisseur s’intéresse moins auxéquilibres internes ou externes de la gestion qu’à la valorisation instantanée deson placement. Il n’a que faire de relations personnelles et durables avec lesresponsables des entités dont il a acheté les actions. Les profits et les pertesne résultent plus seulement de la mise en œuvre d’une fonction de production,mais aussi des fluctuations des cours des marchés boursiers, reflets d’opinionsversatiles. Le principe de la continuité de l’exploitation est remis en cause par lagénéralisation de l’usage de la juste valeur.

Cette notion 1 principale innovation conceptuelle contenue dans les nouvellesnormes – est définie de la manière suivante : « Montant auquel un actif peut êtreéchangé ou un passif éteint entre des parties consentantes et disposant d�uneinformation complète dans le cadre d�un marché concurrentiel76 ». L’idée estancienne, elle remonte aux années 1950 et aux débats sur la comptabilisation de

75. La Commission Européenne a innové à cette occasion en conférant à des personnes privées auto désignées (l’IASB – InternationalAccounting Standards Board) le droit de définir l’intérêt général. Cet étrange abandon de souveraineté attire la critique. (Voir E.Vatteville,« Normes comptables et responsabilité sociale de l’entreprise. » Revue de l’Organisation Responsable, R.O.R, vol.1 N°1, juin 2006.)76. Cette définition figure dans la norme IAS 39 (classification et comptabilisation des instruments financiers).

La création de valeur : de l’exclusivité actionnarialeà la diversité partenariale ?

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l’inflation. Son utilisation vient de faire une avancée décisive grâce aux normesIFRS 2005.

L’adjectif qualificatif « juste » (traduction de l’anglais « fair ») ne doit pas induireen erreur. Cette valeur n’est ni plus équitable ni plus exacte qu’une autre. Iln’est même pas sûr qu’elle soit en adéquation avec l’objectif principal de sespromoteurs : mettre en place un système de conventions comptables qui serapproche de la réalité économique et soit capable de rétablir la confiance endonnant une image fidèle du patrimoine, des résultats et des flux de trésoreriede la firme.

L’enregistrement au coût historique avait des inconvénients, mais lacomptabilisation systématique des plus ou moins1values latentes ne se justifieque dans l’hypothèse d’une cession immédiate de l’actif ou du passif concerné77.En pratique elle peut être malaisée ; en l’absence d’un marché actif, la justevaleur devra être calculée en se référant à un modèle de valorisation78. Unrisque de modèle fait ainsi son apparition dans la démarche comptable79. Desvariations minimes des paramètres peuvent provoquer des changementssignificatifs dans les comptes. L’application du nouveau concept fait craindre untransfert de l’instabilité de la sphère financière80 vers celle du management. Unetelle évolution est peu compatible avec le développement d’une responsabilitésociale de l’entreprise qui repose sur une unité de production conçue commeune institution, une communauté soucieuse de contribuer au bien1être collectifen répondant aux besoins des consommateurs, en distribuant des revenus et endonnant du sens à l’activité humaine.

La poursuite persévérante et exclusive de la création de valeur actionnarialea entraîné des effets pervers redoutables : crise sociale permanente, crisesfinancières récurrentes81, crise écologiquemenaçante. Il est temps de s’interrogersur une alternative.

La mise en œuvre d’une stratégie respectueuse de l’éthique et de l’écologieappelle un changement de réponse à la question de l’identité des bénéficiairesde la création de valeur. Pour les commentateurs modernes, il ne peut s’agir quede l’ensemble des parties prenantes. Leur point de vue nous retiendra dans laseconde partie.

77. Il s’agit d’une hypothèse forte pour tous les biens nécessaires à la continuité de l’exploitation. Elle a été vivement critiquée, ycompris dans les activités financières à cycles longs comme les assurances dont les représentants ont fait valoir qu’ils avaient desresponsabilités envers leurs assurés.78. Ou pour un immeuble de placement, en se référant aux dires d’un expert.79. M. Bois, « Juste valeur et risque de modèle. » Contribution à l’ouvrage collectif coordonné par J.F.Casta et B. Colasse, « Justevaleur. Enjeux techniques et politiques. » Economica, 2001.80. Dans ce domaine il est clair que la volatilité accrue des résultats ne peut que renforcer la fréquence des crises, avec pourconséquence une chute de la confiance des acteurs et des difficultés supplémentaires pour la régulation macroéconomique, maisaussi des occasions d’enrichissement pour les investisseurs les mieux avisés.81. La difficulté à découvrir des occasions d’investissements réels satisfaisant la norme de rentabilité pousse les entrepreneurs vers laspéculation financière. Ainsi les structures de bilans se sont1elles transformées, les sociétés privées traditionnellement débitrices sontdevenues créditrices au début du siècle, aux Etats1Unis comme en Europe. (M. Aglietta et L. Berrebi, « Désordres dans le capitalismemondial. » Odile Jacob – Economie, 2007).

2. Le partage de la valeur partenariale : une diversité souhaitable

La crise financière du début du siècle a jeté un doute sérieux sur la pertinencedes mécanismes traditionnels d’une gouvernance exclusivement dirigée versl’enrichissement des actionnaires. Les fià remettre en question la primauté ded’un nouveau courant : la fiobservateurs un changement d’orientation plus radical est devenu nécessaire.L’entreprise ne peut poursuivre sonsocialement responsable liée à l’exigence de développement durable. EnFrance par exemple, dans le cadre dedurable » adoptée le 3 juin 2003, le gouvernement s’est donné pour objectif defavoriser le « développement de la responsabilité sociale et environnementaledes entreprises, condition de leur bonne gouvernance.

La vision moderne tient compte du caractère pluriel deen termes managériaux, elle serentabilité (« triple bottom line »)trois angles : environnemental, social, économique. Elle serviraitune valeur totaleousociétaleCe paradigme élargi sera évoqué dans un premier point ;d’être achevée.

La conception partenariale est séduisante. Elle laisse entrevoir lasurmonter la contradiction entre la nécessitédistinctives fortes fondées sur la continuité de l’organisationpartenaires, et l’obligation de répondre aux exigences instantanées de rendementdes capitaux sur les marchés fidemeure laborieuse, nous le constaterons dans le second pointl’exemple des ressources humaines.

2.1 Un paradigme embryonnaire

Lamultiplicationdesagencesdenotationsocialeetdesou éthiques montre bien que les entreprises sont exposées au regard que portela société sur leurs agissements.public de plus en plus vaste et de plus en plus attentif au respect des valeurs.Elles ne peuvent plus négliger les conséquences deCe changement d’attitude est à l’origine de(ou sociétale) de l’entreprise. Elle est née au milieu du XXème siècle82. La Revue Française de Gestion lui a consacré un dossier dirigé par M.2005.83. Lemême souci semanifeste au niveaumondialet droits fondamentaux de 1998, ou le Pacte mondial des Nations Unies lancé en 1999.84. Certains commentateurs invoquent les trois P85. L’ouvrage de H.R. Bowen, « Social Responsabilities of the Businessman. » (Harper and Rowentrée dans la littérature managériale.

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ation. Son utilisation vient de faire une avancée décisive grâce aux normes

tif « juste » (traduction de l’anglais « fair ») ne doit pas induire. Cette valeur n’est ni plus équitable ni plus exacte qu’une autre. Il

n’est même pas sûr qu’elle soit en adéquation avec l’objectif principal de sesmettre en place un système de conventions comptables qui se

tablir la confiance enle du patrimoine, des résultats et des flux de trésorerie

nregistrement au coût historique avait des inconvénients, mais lacomptabilisation systématique des plus ou moins1values latentes ne se justifieque dans l’hypothèse d’une cession immédiate de l’actif ou du passif concerné77.En pratique elle peut être malaisée ; en l’absence d’un marché actif, la justevaleur devra être calculée en se référant à un modèle de valorisation78. Unrisque de modèle fait ainsi son apparition dans la démarche comptable79. Desvariations minimes des paramètres peuvent provoquer des changements

’application du nouveau concept fait craindre unrs celle du management. Une

telle évolution est peu compatible avec le développement d’une responsabilitésociale de l’entreprise qui repose sur une unité de production conçue commeune institution, une communauté soucieuse de contribuer au bien1être collectifen répondant aux besoins des consommateurs, en distribuant des revenus et en

La poursuite persévérante et exclusive de la création de valeur actionnarialefets pervers redoutables : crise sociale permanente, crises

, crise écologiquemenaçante. Il est temps de s’interroger

La mise en œuvre d’une stratégie respectueuse de l’éthique et de l’écologieappelle un changement de réponse à la question de l’identité des bénéficiaires

. Pour les commentateurs modernes, il ne peut s’agir queous retiendra dans la

77. Il s’agit d’une hypothèse forte pour tous les biens nécessaires à la continuité de l’exploitation. Elle a été vivement critiquée, ycompris dans les activités financières à cycles longs comme les assurances dont les représentants ont fait valoir qu’ils avaient des

Contribution à l’ouvrage collectif coordonné par J.F.Casta et B. Colasse, « Juste

80. Dans ce domaine il est clair que la volatilité accrue des résultats ne peut que renforcer la fréquence des crises, avec pourficultés supplémentaires pour la régulation macroéconomique, mais

ficulté à découvrir des occasions d’investissements réels satisfaisant la norme de rentabilité pousse les entrepreneurs vers laAinsi les structures de bilans se sont1elles transformées, les sociétés privées traditionnellement débitrices sont

Aglietta et L. Berrebi, « Désordres dans le capitalisme

2. Le partage de la valeur partenariale : une diversité souhaitable

La crise financière du début du siècle a jeté un doute sérieux sur la pertinencedes mécanismes traditionnels d’une gouvernance exclusivement dirigée versl’enrichissement des actionnaires. Les financiers eux1mêmes ont commencéà remettre en question la primauté de ce groupe d’acteurs avec l’apparitiond’un nouveau courant : la finance comportementale82. Mais pour de nombreuxobservateurs un changement d’orientation plus radical est devenu nécessaire.L’entreprise ne peut poursuivre son intérêt à long terme que par une démarchesocialement responsable liée à l’exigence de développement durable. EnFrance par exemple, dans le cadre de la « stratégie nationale de développementdurable » adoptée le 3 juin 2003, le gouvernement s’est donné pour objectif defavoriser le « développement de la responsabilité sociale et environnementaledes entreprises, condition de leur bonne gouvernance. »83

La vision moderne tient compte du caractère pluriel de l’entreprise. Transposéeen termes managériaux, elle se traduit par la poursuite d’un triple indice derentabilité (« triple bottom line »)84. La performance globale doit s’apprécier soustrois angles : environnemental, social, économique. Elle servirait de fondement àune valeur totaleousociétale de l’entreprise pour l’ensemble de ses partenaires.Ce paradigme élargi sera évoqué dans un premier point ; son élaboration est loind’être achevée.

La conception partenariale est séduisante. Elle laisse entrevoir la possibilité desurmonter la contradiction entre la nécessité de construire des compétencesdistinctives fortes fondées sur la continuité de l’organisation et la fidélité despartenaires, et l’obligation de répondre aux exigences instantanées de rendementdes capitaux sur les marchés financiers. Malheureusement sa mise en œuvredemeure laborieuse, nous le constaterons dans le second point en prenantl’exemple des ressources humaines.

2.1 Un paradigme embryonnaire

Lamultiplicationdesagencesdenotationsocialeetdesnormesenvironnementalesou éthiques montre bien que les entreprises sont exposées au regard que portela société sur leurs agissements. Elles doivent « rendre des comptes » à unpublic de plus en plus vaste et de plus en plus attentif au respect des valeurs.Elles ne peuvent plus négliger les conséquences de leur activité sur autrui.Ce changement d’attitude est à l’origine de la notion de responsabilité sociale(ou sociétale) de l’entreprise. Elle est née au milieu du XXème siècle85, mais82. La Revue Française de Gestion lui a consacré un dossier dirigé par M. Albouy et G. Charreaux dans son numéro 157, juillet1août2005.83. Lemême souci semanifeste au niveaumondial avec la déclaration de l’Organisation Internationale du Travail relative aux principeset droits fondamentaux de 1998, ou le Pacte mondial des Nations Unies lancé en 1999.84. Certains commentateurs invoquent les trois P : le peuple, la planète, le profit.85. L’ouvrage de H.R. Bowen, « Social Responsabilities of the Businessman. » (Harper and Row, 1953) marque pour beaucoup sonentrée dans la littérature managériale.

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elle a pris son essor avec le changement de millénaire. Le Livre vert de laCommission des Communautés Européennes de 2001 en donne une définitiontrès large : « Intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiquesdes entreprises à leurs activités commerciales et leurs relation avec toutes leursparties prenantes internes et externes � et ce a!n de satisfaire pleinementaux obligations juridiques applicables et investir dans le capital humain etl�environnement. »86

La création de valeur partenariale implique une conception élargie de l’entreprise.Sa généralisation rencontre deux difficultés : l’élaboration d’un fondementthéorique rigoureux et la construction d’instruments de gestion efficaces.

Le principal soubassement analytique de la réponse moderne est lathéorie des parties prenantes87. L’expression désigne « Un individu ouun groupe d�individus qui peut affecter ou être affecté par la réalisationdes objectifs organisationnels ». Certains sont liés contractuellement àl’entreprise (les salariés, les clients, les fournisseurs…)88, d’autres nele sont pas (les ONG, les voisins…). Ils concourent à son succès etelle a envers eux des obligations. La performance globale repose surla convergence de leurs contributions et de leurs attentes89. Le plussouvent leurs objectifs diffèrent voire s’opposent (par exemple ceuxdes syndicats de salariés et des associations de riverains autour dusite de l’usine AZF de Toulouse devenue malencontreusement célèbreen septembre 2001)90. Les tensions entre les engagements pris enversles parties prenantes supposent un mode de gouvernance approprié.Il implique un élargissement considérable de la relation d’agence,mais la plupart des parties intéressées n’ont, au mieux, qu’un droit desurveillance sur l’entreprise et non un droit de propriété. Les enjeux sontflous et difficiles à traduire en normes de comportement.

La théorie des parties prenantes depuis une vingtaine d’années a bénéficié d’unengouement certain.Elle a proliféré en se partageant en trois courants principaux :descriptif, instrumental et normatif91. Les tenants de cette nouvelle vision ontenrichi notre compréhension des contraintes pesant sur le management ; enrevanche ils ont été beaucoup plus discrets sur la mise en évidence de relationsde cause à effet mesurables et réfutables. En l’absence d’une synthèse intégrantles faits et les valeurs et hiérarchisant les enjeux, la théorie des parties prenantes

86. S. Mercier et S. Guinn1Milliot, « La théorie des parties prenantes : un cadre conceptuel fécond pour la responsabilité sociale del’entreprise ? » Communication à la 5ème Université de printemps de l’Audit Social, Corte, 2003.87. Ce vocabulaire a été popularisé par R.E.Freeman, « Strategic Management. A Stakeholder Approach. » Pitman, 1984, d’autrespréfèrent parler de « porteurs d’enjeux ».88. Ils sont parfois baptisés « parties prenantes primaires ».89. On peut remarquer que la théorie des ressources en management stratégique est née vers la même époque pour expliquerpourquoi certaines entreprises créent plus de valeur que les autres. (B. Wernerfelt, « A Resource1based View of the Firm. » StrategicManagement Journal, 1984).90. P. Chaskiel, « Syndicalisme et risques industriels. Avant et après la catastrophe de l’usine AZF de Toulouse (septembre 2001) »Sociologie du Travail vol.49 N°2 avril – juin 2007 pages 1801194.91. J.P. Gond et S. Mercier, « La théorie des parties prenantes » Contribution à « L’Encyclopédie des ressources humaines »(coordonnée par J. Allouche), Vuibert, 2èmeédition, 2006.

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peut difficilement se substituer au modèle de la gouvernance actionnariale.

Les outils traditionnels (EVune orientation univoque. Ils étaient tous destinés à mettre les dirigeants auservice des actionnaires. Lpas moins légitimes appelle uneprogrès sont lents dans cette direction. D’une part le regain de la réglementationpublique, aux Etats1Unis avec la loiSarbanes1Oxley (2001) ou enlois sur les nouvelles régulations économiques (2001) et sur la sécurité fi(2003), demeure ciblé sur la protection des actionnairesdesmilieux économiques s’organise principalement autour de codes de conduite,de chartes. Leur application repose sur un engagement volontaire desils n’ont pas la puissance contraignante desmarchés fipour le moment le rôle d’outils de défense ou deà l’abri des campagnes de dénigrement, des listes noires établies par les ONGou les associations de consommateurs. Réputation, loyauté, confila base du capital social. Celui1ci, ensemble de relations sociales favorisant lacoopération et la cohésion, estgénérer de la valeur partenariale

La traduction de cette affimanagériales est diffiLeur construction est ardue. Elle soulèvemal résolus pour le moment. Par exemple, comment intégrer toutes lesparties prenantes en un calcul unique ? Comment synthétiser les troisdimensions de la performance par une mesure simple ? Plus diffiencore, comment harmoniser les préférences intertemporelles desporteurs d’enjeux ?

Lamesure de la valeur partenariale est un préalable à son accession ay statut defonction 1 objectif prépondérante. Pour le surmonter une proposition intéressantea été faite par Gérard Charreaux et Philippe Desbrièresd’une firme à un seul client et à un seul fournisseursuivante « Sur l�ensemble de la chaîne de valeurs, la valeur créée est égaleà la différence entre le prixpour le fournisseurcette conception dans une perspective instrumentale. Elle exige l’identifide grandeurs étrangères à toute documentation comptable ou statistique : lesprix et les coûts d’opportunité pour l’ensemble des parties prenantesgénéral, c’est1à1dire les valorisations des transactions les conduisant à sede l’échange. L’hétérogénéité des partenaires marchands (clients, fournisseurs,

92. Un des arguments mobilisés pour défendre la RSE est qu’elle peut parfaitement accroître la valeur actionnariale.93. J.Ballet, « Stakeholders et capital social » Revue Française de gestion N° 156, mai1juin 2005.94.G. Charreaux et P. Desbrières, «Gouvernance des entreprises : valeur partenariale contre valeur actionnariale »1 Stratégie, .Volume 1 N°2, Juin 1998.

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elle a pris son essor avec le changement de millénaire. Le Livre vert de laCommission des Communautés Européennes de 2001 en donne une définition

Intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiquesdes entreprises à leurs activités commerciales et leurs relation avec toutes leurs

de satisfaire pleinementaux obligations juridiques applicables et investir dans le capital humain et

La création de valeur partenariale implique une conception élargie de l’entreprise.ltés : l’élaboration d’un fondement

théorique rigoureux et la construction d’instruments de gestion efficaces.

Le principal soubassement analytique de la réponse moderne est la’expression désigne « Un individu ou

un groupe d�individus qui peut affecter ou être affecté par la réalisationrtains sont liés contractuellement à

l’entreprise (les salariés, les clients, les fournisseurs…)88, d’autres nele sont pas (les ONG, les voisins…). Ils concourent à son succès etelle a envers eux des obligations. La performance globale repose surla convergence de leurs contributions et de leurs attentes89. Le plus

fèrent voire s’opposent (par exemple ceuxdes syndicats de salariés et des associations de riverains autour du

louse devenue malencontreusement célèbre. Les tensions entre les engagements pris envers

les parties prenantes supposent un mode de gouvernance approprié.Il implique un élargissement considérable de la relation d’agence,mais la plupart des parties intéressées n’ont, au mieux, qu’un droit desurveillance sur l’entreprise et non un droit de propriété. Les enjeux sont

ciles à traduire en normes de comportement.

La théorie des parties prenantes depuis une vingtaine d’années a bénéficié d’unengouement certain.Elle a proliféré en se partageant en trois courants principaux :

. Les tenants de cette nouvelle vision ontenrichi notre compréhension des contraintes pesant sur le management ; enrevanche ils ont été beaucoup plus discrets sur la mise en évidence de relations

fet mesurables et réfutables. En l’absence d’une synthèse intégrantles faits et les valeurs et hiérarchisant les enjeux, la théorie des parties prenantes

86. S. Mercier et S. Guinn1Milliot, « La théorie des parties prenantes : un cadre conceptuel fécond pour la responsabilité sociale de

takeholder Approach. » Pitman, 1984, d’autres

89. On peut remarquer que la théorie des ressources en management stratégique est née vers la même époque pour expliqueresource1based View of the Firm. » Strategic

AZF de Toulouse (septembre 2001) »

ncyclopédie des ressources humaines »

peut difficilement se substituer au modèle de la gouvernance actionnariale.

Les outils traditionnels (EVA, juste valeur, stocks options, OPA et OPE…) avaientune orientation univoque. Ils étaient tous destinés à mettre les dirigeants auservice des actionnaires. L’apparition d’autres partenaires dont les droits ne sontpas moins légitimes appelle une mutation des règles de la gouvernance. Lesprogrès sont lents dans cette direction. D’une part le regain de la réglementationpublique, aux Etats1Unis avec la loiSarbanes1Oxley (2001) ou en France avec leslois sur les nouvelles régulations économiques (2001) et sur la sécurité financière(2003), demeure ciblé sur la protection des actionnaires92. D’autre part la réactiondesmilieux économiques s’organise principalement autour de codes de conduite,de chartes. Leur application repose sur un engagement volontaire desmanagers,ils n’ont pas la puissance contraignante desmarchés financiers. Ils jouent surtoutpour le moment le rôle d’outils de défense ou de protection pour mettre la firmeà l’abri des campagnes de dénigrement, des listes noires établies par les ONGou les associations de consommateurs. Réputation, loyauté, confiance sont àla base du capital social. Celui1ci, ensemble de relations sociales favorisant lacoopération et la cohésion, est généralement considéré comme susceptible degénérer de la valeur partenariale93.

La traduction de cette affirmation de principe dans les pratiquesmanagériales est difficilement envisageable sans outils nouveaux.Leur construction est ardue. Elle soulève des problèmes techniquesmal résolus pour le moment. Par exemple, comment intégrer toutes lesparties prenantes en un calcul unique ? Comment synthétiser les troisdimensions de la performance par une mesure simple ? Plus difficileencore, comment harmoniser les préférences intertemporelles desporteurs d’enjeux ?

Lamesure de la valeur partenariale est un préalable à son accession ay statut defonction 1 objectif prépondérante. Pour le surmonter une proposition intéressantea été faite par Gérard Charreaux et Philippe Desbrières94. Dans le cas simplifiéd’une firme à un seul client et à un seul fournisseur, ils retiennent la définitionsuivante « Sur l�ensemble de la chaîne de valeurs, la valeur créée est égaleà la différence entre le prix d�opportunité pour le client et le coût d�opportunitépour le fournisseur ». On entrevoit immédiatement la difficulté d’intégration decette conception dans une perspective instrumentale. Elle exige l’identificationde grandeurs étrangères à toute documentation comptable ou statistique : lesprix et les coûts d’opportunité pour l’ensemble des parties prenantes dans le casgénéral, c’est1à1dire les valorisations des transactions les conduisant à se retirerde l’échange. L’hétérogénéité des partenaires marchands (clients, fournisseurs,

92. Un des arguments mobilisés pour défendre la RSE est qu’elle peut parfaitement accroître la valeur actionnariale.93. J.Ballet, « Stakeholders et capital social » Revue Française de gestion N° 156, mai1juin 2005.94.G. Charreaux et P. Desbrières, «Gouvernance des entreprises : valeur partenariale contre valeur actionnariale » Finance – Contrôle1 Stratégie, .Volume 1 N°2, Juin 1998.

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mais aussi salariés ou prêteurs…) complique sérieusement l’investigation,sans évoquer les groupes n’ayant aucun lien avec un marché (les riverains parexemple) dont il faut construire l’intérêt collectif.

On peut rappeler en passant que, dans notre pays, les comptes de surplus, il ya une quarantaine d’années, avaient été imaginés pour tenter de répondre à despréoccupations voisines95. Ils avaient un double mérite. Leur construction d’unepart ne nécessitait que des données d’accès facile : les comptes de résultats etles indices de prix. Leur présentation d’autre part, un document unique, permettaitde confronter le résultat du jeu contre la « nature » pour maximiser l’avantagecommun à toutes les parties prenantes (le surplus de productivité globale) etsa répartition entre elles, conséquence du jeu entre les acteurs, création etaffectation étant inséparables96. Peut1être serait1il opportun de les revisiter.

Lacréationdevaleurpartenariale,à l’heureactuelle,estplusunecontrainte limitantlesobjectifséconomiques qu’une finalitéenglobante, composantedominantede lapolitique générale. La substitution des parties prenantes aux partenaires sociauxrévèle clairement les racines doctrinales de la nouvelle construction. Elle a prisnaissance dans la pensée communautariste américaine pour laquelle l’identitédes intérêts est obtenue de façon naturelle par les forces du marché, mises enmouvement par des « marchands pieux » (A. de Tocqueville). La spontanéitédu consensus est moins facilement admise par les Européens pour lesquels lebien commun demeure une construction politique issue de la confrontation et dudébat. Résultat de l’action de la « main invisible » ou de la contrainte publique,la maximisation de la valeur sociétale de l’entreprise n’est pas encore devenuele principe directeur de la gouvernance. Les défaillances de la nouvelle fonctionobjectif apparaissent clairement lorsqu’on observe les modes de gestion infligésà une partie prenante essentielle : les ressources humaines.

2.2. Une mise en�uvre laborieuse : l�exemple des ressourceshumaines

L’affectation du capital humain ne joue pas un moindre rôle dans la performanceglobale que celle du capital financier. Un des rôles majeurs de toute entreprisedans la sociétédemeure celuid’employeur.Malheureusement les formesactuellesd’organisation, en particulier la firme virtuelle, n’ont pas pour objectif principalla préservation du lien social. La tendance à aligner la fluidité des travailleurssur celles des ressources financières a entraîné l’apparition d’une concurrencepour l’emploi exacerbée97 et a conduit à une dislocation de la relation d’emploi.Double tendance peu favorable au développement d’une gestion socialement

95. Documents du CERC, N°55/56, 3ième et 4ième trimestres 1980 ,«Productivité globale et comptes de surplus. »96. Leur développement a été freiné en raison d’une certaine complexité technique (le raisonnement se déroule en volumes, c’est1à1dire des valeurs à prix constants ; il est perturbé en période d’inflation rapide et il peine à intégrer les prestations n’ayant pas de prixexplicites, comme les services collectifs), et d’une incontestable difficulté pour intégrer les préoccupations stratégiques (les comptesenregistrent les variations d’une année à la suivante, ils se situent dans le court terme.)97. L’offre de travail est quasiment illimitée dans les pays émergents tels que la Chine ou l’Inde.

responsable des ressources humaines.

D’une part, la poursuite de la flcontemporain, implique une recomposition incessante de laemployée. Elle engendre une sélection permanented’exclusion. Il en résulte une lutte pour les places de plus en plus vive qui afait disparaître la plupart des solidarités collectives. Un risque croissant assumédans l’isolement érode le sentiment d’obligations réciproquesles engagements mutuels. «d�indifférence à l�égard d�autrui, à la négligence des devoirs de solidarité, brefà la décomposition du liencoopérations nécessaires à la création de valeur par l’organisation. La bonneperformance économique de nombreuses entreprises familiales s’expliqueraitainsi par une gestion des ressources humaines plus soucieuse de la stabilitédes effectifs et du développement du capital humain par une formation tout aulong de la vie.

D’autre part, la norme de l’emploi salarié 1 construite entre 1950 et 1970 enEurope99 1 a subi un profond changement alors même que sediscours sur la responsabilité sociale de l’entreprise au cours desdécennies. Les salariés ont vu s’efqui faisaient l’essence de leurmultipliées, donnant son essor à la précarité. La variabilité de la rémunérationreporte sur les employés une partie de l’aléa économique.s’organiser un nouveau partage des risques. Il est la conséquence de la fiex ante du rendement des actions, la fameuse exigenceL’ajustement est reporté sur les autres parties prenantes, au premier rang surles salariés, principaux attributaires de la valeur ajoutée. Le marchédevenu leur DRH.

Le changement de fonction1objectif nécessite unedes mentalités. Quelques signes commencent à la rendre perceptible. Sur denombreux sujets : les dépenses de formation, la prévention des accidents, lalutte contre les discriminations, leselles1mêmes contiennent quelques promessesapproche socialement responsable de la création de valeur laisse augurer unrenouveau de l’humanisme. Lmanagériale peut être un levier pour faire émerger des modes alternatifs de

98. P. Louart, « Risque et responsabilité » Contribution à l’ouvrage collectif dirigé par J. IGALENS, «d’Organisation, 2004.99. Relation durable, employeur unique, travail à plein temps dans les limites imposées par la loi.100. R. Coulon, « Responsabilité sociale de l’entreprise et pratiques de gestion des ressources humaines » Revue de l’OrganisatResponsable N°1, juin 2006.101. La norme IAS 19 sur les avantages du personnel oblige les entreprises à provisionner la totalité des engagements de retraiteset autres avantages à long terme octroyés au titre des services rendus par les salariés.sensible des engagements sociaux des entreprises,stratégie des ressources humaines. Le calcul des engagementsla politique de rémunération, donc sans considérer les salariés comme des parties prenantes durables.

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mais aussi salariés ou prêteurs…) complique sérieusement l’investigation,sans évoquer les groupes n’ayant aucun lien avec un marché (les riverains par

On peut rappeler en passant que, dans notre pays, les comptes de surplus, il ya une quarantaine d’années, avaient été imaginés pour tenter de répondre à des

. Ils avaient un double mérite. Leur construction d’unepart ne nécessitait que des données d’accès facile : les comptes de résultats etles indices de prix. Leur présentation d’autre part, un document unique, permettaitde confronter le résultat du jeu contre la « nature » pour maximiser l’avantagecommun à toutes les parties prenantes (le surplus de productivité globale) etsa répartition entre elles, conséquence du jeu entre les acteurs, création et

. Peut1être serait1il opportun de les revisiter.

Lacréationdevaleurpartenariale,à l’heureactuelle,estplusunecontrainte limitantlitéenglobante, composantedominantede la

politique générale. La substitution des parties prenantes aux partenaires sociauxrévèle clairement les racines doctrinales de la nouvelle construction. Elle a prisnaissance dans la pensée communautariste américaine pour laquelle l’identitédes intérêts est obtenue de façon naturelle par les forces du marché, mises en

queville). La spontanéitédu consensus est moins facilement admise par les Européens pour lesquels lebien commun demeure une construction politique issue de la confrontation et dudébat. Résultat de l’action de la « main invisible » ou de la contrainte publique,la maximisation de la valeur sociétale de l’entreprise n’est pas encore devenuele principe directeur de la gouvernance. Les défaillances de la nouvelle fonctionobjectif apparaissent clairement lorsqu’on observe les modes de gestion infligés

2.2. Une mise en�uvre laborieuse : l�exemple des ressources

ectation du capital humain ne joue pas un moindre rôle dans la performanceUn des rôles majeurs de toute entreprise.Malheureusement les formesactuelles

e virtuelle, n’ont pas pour objectif principaldité des travailleurs

ncières a entraîné l’apparition d’une concurrenceonduit à une dislocation de la relation d’emploi.

Double tendance peu favorable au développement d’une gestion socialement

95. Documents du CERC, N°55/56, 3ième et 4ième trimestres 1980 ,«Productivité globale et comptes de surplus. »96. Leur développement a été freiné en raison d’une certaine complexité technique (le raisonnement se déroule en volumes, c’est1à1

d’inflation rapide et il peine à intégrer les prestations n’ayant pas de prixficulté pour intégrer les préoccupations stratégiques (les comptes

responsable des ressources humaines.

D’une part, la poursuite de la flexibilité, caractéristique du managementcontemporain, implique une recomposition incessante de la populationemployée. Elle engendre une sélection permanente et un important risqued’exclusion. Il en résulte une lutte pour les places de plus en plus vive qui afait disparaître la plupart des solidarités collectives. Un risque croissant assumédans l’isolement érode le sentiment d’obligations réciproques et rend précairesles engagements mutuels. « Les excès de l�individualisme mènent à une sorted�indifférence à l�égard d�autrui, à la négligence des devoirs de solidarité, brefà la décomposition du lien social » (Pierre Louart)98. L’insécurité menace lescoopérations nécessaires à la création de valeur par l’organisation. La bonneperformance économique de nombreuses entreprises familiales s’expliqueraitainsi par une gestion des ressources humaines plus soucieuse de la stabilitédes effectifs et du développement du capital humain par une formation tout aulong de la vie.

D’autre part, la norme de l’emploi salarié 1 construite entre 1950 et 1970 enEurope99 1 a subi un profond changement alors même que se développait lediscours sur la responsabilité sociale de l’entreprise au cours des deux dernièresdécennies. Les salariés ont vu s’effriter progressivement toutes les garantiesqui faisaient l’essence de leur statut. Les formes particulières d’emploi se sontmultipliées, donnant son essor à la précarité. La variabilité de la rémunérationreporte sur les employés une partie de l’aléa économique. Ainsi voyons1nouss’organiser un nouveau partage des risques. Il est la conséquence de la fixationex ante du rendement des actions, la fameuse exigence des 15% annuels.L’ajustement est reporté sur les autres parties prenantes, au premier rang surles salariés, principaux attributaires de la valeur ajoutée. Le marché financier estdevenu leur DRH.

Le changement de fonction1objectif nécessite une transformation profondedes mentalités. Quelques signes commencent à la rendre perceptible. Sur denombreux sujets : les dépenses de formation, la prévention des accidents, lalutte contre les discriminations, les pratiques évoluent100. Les normes IFRSelles1mêmes contiennent quelques promesses101. La marche hésitante vers uneapproche socialement responsable de la création de valeur laisse augurer unrenouveau de l’humanisme. L’élargissement du référentiel de la responsabilitémanagériale peut être un levier pour faire émerger des modes alternatifs de

98. P. Louart, « Risque et responsabilité » Contribution à l’ouvrage collectif dirigé par J. IGALENS, « Tous responsables », Editionsd’Organisation, 2004.99. Relation durable, employeur unique, travail à plein temps dans les limites imposées par la loi.100. R. Coulon, « Responsabilité sociale de l’entreprise et pratiques de gestion des ressources humaines » Revue de l’OrganisationResponsable N°1, juin 2006.101. La norme IAS 19 sur les avantages du personnel oblige les entreprises à provisionner la totalité des engagements de retraiteset autres avantages à long terme octroyés au titre des services rendus par les salariés. A court terme elle a conduit à une diminutionsensible des engagements sociaux des entreprises, mais à plus longue échéance elle devrait favoriser le développement de lastratégie des ressources humaines. Le calcul des engagements ne peut se faire sans une analyse démographique du personnel et dela politique de rémunération, donc sans considérer les salariés comme des parties prenantes durables.

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fonctionnement de l’économie et de la société. Cette attente collective seraévoquée pour conclure.

Conclusion : La création de valeur partenariale, moteur d�une entreprisesocialement responsable

L’entreprise contemporaine a découvert qu’elle existait par delà le marché. Ellene peut plus se contenter de se conformer aux lois en vigueur. Lamise enœuvredu principe de responsabilité implique de sa part un comportement positif à based’initiatives et de restrictions librement consenties. Elle est engagée dans une «réciprocité sociétale » (G. Leseul)102 exigeant le rétablissement de la confianceentre toutes les parties prenantes. La loyauté crée de la valeur ajoutée.

La RSE suppose un changement de regard sur le management, le passage dela rationalité à la légitimité. Elle conçoit l’entreprise comme une communautésoucieuse de contribuer au bien1être collectif, de donner du sens à l’activitéde ses collaborateurs, de rendre humainement supportables des contrainteséconomiques implacables. Elle est souvent présentée comme la déclinaison auniveau microéconomique du concept de développement durable103. Elle renvoieà une éthique de l’utilité collective.

Les mécanismes marchands ne donneront pas naissance spontanément aupluralisme partenarial. L’action normative des pouvoirs publics est ici nécessaire.Elle seule peut ouvrir un nouvel espace de citoyenneté permettant l’émergenced’un modèle d’entreprise équitable, source d’un comportementmanagérial fondésur la recherche d’un ordre juste, respectueux des droits de l’homme et del’environnement. Il exige pour s’épanouir une nouvelle charte de gouvernance.Elledevrait faireuneplus largeplaceà ladémocratie en vivifiant les contrepouvoirsdans l’organisation. Les salariés, en particulier, pourraient se voir accorder unplus grand rôle dans les organes délibérants et décisionnaires. Ils sont souventdans une situation plus favorable que les actionnaires pour exercer au moindrecoût la fonction de surveillance des dirigeants.

Tout dispositif institutionnel favorisant l’apprentissage de jeux coopératifs parles parties prenantes ne peut avoir que des effets bénéfiques sur la solidaritéet favoriser le dynamisme de l’économie et sa croissance104. La réforme ducadre juridique, néanmoins, ne suffira jamais pour faire accéder la créationde valeur partenariale au rang de finalité dominante de la politique généralede l’entreprise. Une telle mutation implique également une révolution dans lescomportements des acteurs : l’abandon de l’éthique de la performance au profit

102. G. Leseul, « Le bilan.sociétal » Entreprise éthique (Cercle éthique des Affaires) N°10 avril 1999 « Comment évaluer lesperformances éthiques des entreprises ? »103. Développement visant à satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futuresde répondre aux leurs, selon la définition du rapport de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement (CMED) del’ONU (1987) dont la Présidente était Gro1Harlem Brundtland104. Y. Alagan et P. Cahuc, « La société de défiance. Comment le modèle social français s’auto détruit ? » ENS Editions Rue d’Ulm,collection du CEPREMAP, 2007.

de la performance éthique. Un nouveau contrat social pourragarantissant l’élargissement du cercle des bénéfi

Bibliographie sommaire

M. Aglietta et L. Berrebi (2007), « Désordres dans le capitalisme mondial. », Odile JacobEconomie.M. Albouy (2006) « Théorie, applications et limites de la mesure de la création de valeurRevue Française de Gestion N°160, Pages 139 1 157.J. Ballet, (2005) « Stakeholderspages 77 1 91.M. Bonnafous1Boucher etApproches d’une nouvelle théorie de la sociétéDécouverte.J. Caby et G. Hirigoyen (2005) « Création de valeur et gouvernance de l’entreprise. »Collection « Connaissance de la gestion », Economica 3ème édition.M.Capron et F.Quairel1Lanoizelée (2004) «Mythes et réalités de l’entrepriseActeurs. Enjeux. Stratégies » Editions La Découverte.M. Capron et F. Quairel1Lanoiselée (2007) « La responsabilité sociale de l’entrepriseCollection « Repères » N° 477, La Découverte.G. Charreaux etA. Desbrières (1998) «Gouvernance des entreprises : valeurcontre valeur actionnariale. » Finance Contrôle Stratégie volume 1 N° 2 pages 57 – 88.E. Dufourcq (2004) « Rapport sur la responsabilitél’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale.J.C. Dupuis et C. Le Bas (dir),nouveau comportement des entreprises ? » Collection «Economica.J.P. Gond et S. Mercier (2006)l’Encyclopédie des ressources humaines coordonnée– 925.G. Hirigoyen et J. Caby (1998) « Histoire de laXIVèmes Journées Nationales des IAE, tome 1, Presses133 1 174.J. Igalens (dir), (2004) «F. Le Roy etM.Marcheznay (2005) «en l’honneur du Professeur Roland Pérez, Editions EMS.S.Mercier etS.Guinn1Millot (2003) « La théoriefécond pour la responsabilité sociale de l’entreprise ? »Printemps de l’Audit Social, Corte.R. Perez (2003) « La gouvernance de l’entreprise. » Collection « Repères » N°358,Editions La Découverte.J. Peyrelevade (2005) « Le capitalismeSeuil.H. Rainelli1Lemontagner (2006) « La théorie fians ? » Gérer et Comprendre N° 84.J.J. Rose (dir), (2006) « Responsabilité sociale desocial. » Collection « Méthodes et Recherches », de BoeckE. Vatteville (2006) « Normes comptables et responsabilité sociale dede l’Organisation Responsable, R.O.R. N°1, pages 30 137.C. Walter (1996) « Une histoire du concept d’effiAnnales. Histoire, Sciences Sociales. 51ième année N° 4 pages 873 1 905.

La création de vaà la diversité partena

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fonctionnement de l’économie et de la société. Cette attente collective sera

Conclusion : La création de valeur partenariale, moteur d�une entreprise

ntreprise contemporaine a découvert qu’elle existait par delà le marché. Ellene peut plus se contenter de se conformer aux lois en vigueur. Lamise enœuvredu principe de responsabilité implique de sa part un comportement positif à based’initiatives et de restrictions librement consenties. Elle est engagée dans une «

igeant le rétablissement de la confianceentre toutes les parties prenantes. La loyauté crée de la valeur ajoutée.

La RSE suppose un changement de regard sur le management, le passage dela rationalité à la légitimité. Elle conçoit l’entreprise comme une communautésoucieuse de contribuer au bien1être collectif, de donner du sens à l’activitéde ses collaborateurs, de rendre humainement supportables des contrainteséconomiques implacables. Elle est souvent présentée comme la déclinaison auniveau microéconomique du concept de développement durable103. Elle renvoie

Les mécanismes marchands ne donneront pas naissance spontanément au’action normative des pouvoirs publics est ici nécessaire.

Elle seule peut ouvrir un nouvel espace de citoyenneté permettant l’émergenced’un modèle d’entreprise équitable, source d’un comportementmanagérial fondésur la recherche d’un ordre juste, respectueux des droits de l’homme et del’environnement. Il exige pour s’épanouir une nouvelle charte de gouvernance.

nt les contrepouvoirs, pourraient se voir accorder un

plus grand rôle dans les organes délibérants et décisionnaires. Ils sont souventdans une situation plus favorable que les actionnaires pour exercer au moindre

t dispositif institutionnel favorisant l’apprentissage de jeux coopératifs parues sur la solidarité

et favoriser le dynamisme de l’économie et sa croissance104. La réforme dumais pour faire accéder la création

lité dominante de la politique généralede l’entreprise. Une telle mutation implique également une révolution dans lescomportements des acteurs : l’abandon de l’éthique de la performance au profit

aires) N°10 avril 1999 « Comment évaluer les

103. Développement visant à satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futuresde répondre aux leurs, selon la définition du rapport de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement (CMED) de

social français s’auto détruit ? » ENS Editions Rue d’Ulm,

de la performance éthique. Un nouveau contrat social pourra alors émerger,garantissant l’élargissement du cercle des bénéficiaires de la création de valeur.

Bibliographie sommaire

M. Aglietta et L. Berrebi (2007), « Désordres dans le capitalisme mondial. », Odile JacobEconomie.M. Albouy (2006) « Théorie, applications et limites de la mesure de la création de valeur »Revue Française de Gestion N°160, Pages 139 1 157.J. Ballet, (2005) « Stakeholders et capital social. » Revue Française de Gestion N°156pages 77 1 91.M. Bonnafous1Boucher et Y. Pesqueux (dir), (2006) « Décider avec les parties prenantes.Approches d’une nouvelle théorie de la société civile. » Collection « Recherches », LaDécouverte.J. Caby et G. Hirigoyen (2005) « Création de valeur et gouvernance de l’entreprise. »Collection « Connaissance de la gestion », Economica 3ème édition.M.Capron et F.Quairel1Lanoizelée (2004) «Mythes et réalités de l’entreprise responsable.Acteurs. Enjeux. Stratégies » Editions La Découverte.M. Capron et F. Quairel1Lanoiselée (2007) « La responsabilité sociale de l’entreprise »Collection « Repères » N° 477, La Découverte.G. Charreaux etA. Desbrières (1998) «Gouvernance des entreprises : valeur partenarialecontre valeur actionnariale. » Finance Contrôle Stratégie volume 1 N° 2 pages 57 – 88.E. Dufourcq (2004) « Rapport sur la responsabilité sociale des entreprises. » Ministère del’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale.J.C. Dupuis et C. Le Bas (dir), (2005) « Le management responsable. Vers unnouveau comportement des entreprises ? » Collection « Connaissance de la Gestion »Economica.J.P. Gond et S. Mercier (2006) « La théorie des parties prenantes » Contribution àl’Encyclopédie des ressources humaines coordonnée par J Allouche, Vuibert, pages 917– 925.G. Hirigoyen et J. Caby (1998) « Histoire de la valeur en finance d’entreprise. » Actes desXIVèmes Journées Nationales des IAE, tome 1, Presses Académiques de l’Ouest Pages133 1 174.J. Igalens (dir), (2004) « Tous responsables » Editions d’Organisation.F. Le Roy etM.Marcheznay (2005) « La responsabilité sociale de l’entreprise. »Mélangesen l’honneur du Professeur Roland Pérez, Editions EMS.S.Mercier etS.Guinn1Millot (2003) « La théorie des parties prenantes : un cadre conceptuelfécond pour la responsabilité sociale de l’entreprise ? » Actes de la 5ème Université dePrintemps de l’Audit Social, Corte.R. Perez (2003) « La gouvernance de l’entreprise. » Collection « Repères » N°358,Editions La Découverte.J. Peyrelevade (2005) « Le capitalisme total » Collection « La république des idées »,Seuil.H. Rainelli1Lemontagner (2006) « La théorie financière classique : une parenthèse de 50ans ? » Gérer et Comprendre N° 84.J.J. Rose (dir), (2006) « Responsabilité sociale de l’entreprise. Pour un nouveau contratsocial. » Collection « Méthodes et Recherches », de BoeckE. Vatteville (2006) « Normes comptables et responsabilité sociale de l’entreprise » Revuede l’Organisation Responsable, R.O.R. N°1, pages 30 137.C. Walter (1996) « Une histoire du concept d’efficience sur les marchés financiers »Annales. Histoire, Sciences Sociales. 51ième année N° 4 pages 873 1 905.

La création de valeur : de l’exclusivité actionnarialeà la diversité partenariale ?

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