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N°3/2014 Juillet-Septembre Revue de réflexion biblique EN L’ATT ENDANT La croix

La croix - Servir

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N°3/2014 Juillet-SeptembreRevue de réflexion biblique

E N L ’ A T T E N D A N T

La croix

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Page 2: La croix - Servir

Thème du prochain numéro (4-2014)

« Le mariage,CDI ou

CDD ?»

PHOTOSCouverture, Pages 2, 5 : © Istockphotos. Pages 18, 25, 30 : © 123RFPages 11, 14 : © Dreamstime. Pages 17, 23 : © Fotolia

L’œuvre de la croix 2Jacques NUSSBAUMER »

La croix, lieu de l’expiation 5Reynald KOZYCKI

Valeur du sang de Christ 11Jean-Yves LE GUEHENNEC

La croix : victoire sur les puissances 13François-Jean MARTIN

Être crucifié avec Christ 17Thierry SEEWALD

C’était écrit … 20Marie Christine FAVE

Le supplice de la croix 22Gavin SUTHERLAND

Grain à moudre : Qu’il se charge de sa croix… 24Robert SOUZA

Bibliographie thématique 26

Évangéliser aujourd’hui : Centralité et Scandale de la Croix 28

L’art et sa relation avec la foi chrétienne 30Alfred KUEN

Paru en librairie 33

Echos du Congrès 2014 I

Evangélisation à La Roche-sur-Yon III

ASMAFComment participer à la mission en restant en France ? VVide-grenier à La Roche-sur-Yon VII

Dossier : « La croix »

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Dernièrement, pour un triste rendez-vousen haut du cimetière du Père-Lachaise,bien connu à Paris, nous remontions les

allées bordées de monuments plus ou moinssomptueux, à la mémoire de personnes célèbres– pour beaucoup –, et nous étions environnés decroix se détachant sur le ciel.

La croix est le thème de ce numéro. Il vousparaîtra peut-être bien connu tant il est récurrentdans de nombreuses prédications et le sujet fré-quent d’études bibliques.

Evidemment, nous n’ignorons pas que lacroix est au cœur de la Parole de Dieu, et la tra-verse de la Genèse à l’Apocalypse.

Après sa résurrection et avant d’être enlevé auciel, Jésus dit aux disciples d’aller annoncer laBonne Nouvelle à tous les hommes. L’apôtrePaul a accompli cette mission, expliquant auxCorinthiens que Christ l’a envoyé pour procla-mer la Bonne Nouvelle et cela sans recourir auxarguments de la sagesse humaine afin de ne

pas vider de son sens la mort du Christ sur lacroix (1 Co 1.17, version Semeur).

Scandale pour les Juifs, absurdité pour lesGrecs de cette époque comme pour nos contem-porains, la prédication de la mort du Christ pournous sur une croix est une folie… mais pour nousqui sommes sauvés, elle est la puissance mêmede Dieu (1 Co 1.18).

C’est pourquoi, à notre tour, dans notre rôlede disciple, l’annonce de l’Évangile doit nousramener sans cesse à la croix pour en méditerle sens et nous fonder sur les textes.

Alors, à travers ces articles, édifions-nous,ancrons notre foi sur cette croixet surtout sur Celui qui a choiside donner sa vie pour nous sau-ver et triompher ainsi de la mort.

FRANÇOISE LOMBET

La Croix : sagesse, folie… Puissance de Dieu !

« Servir en L’attendant »Revue éditée par les Communautés etAssemblées Evangéliques de France

DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONMarcel Reutenauer

REDACTION « Servir en L’attendant »2 rue des Magasins, 67000 STRASBOURGTél : 03.88.22.58.01/03.88.36.09.40E-mail : [email protected]

Comité de rédactionMarie Christine Fave Jonathan HanleyReynald Kozycki Françoise LombetMarcel Reutenauer Thierry SeewaldRobert Souza

ADMINISTRATION, ABONNEMENTSEditions CAEF3 bis, rue Casimir Périer - 38000 GRENOBLETél. 04 76 42 85 56 et fax : 09 57 03 39 76E-mail : [email protected]

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SIEGE SOCIALLa Clairière - 69640 MONTMELAS-ST-SORLIN

Maquette : J. Maré / Impression : IMEAFC.P.P.A.P. n° 0113G79186Dépôt légal 3e trimestre 2014

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L’œuvre de la croix est au cœurde l’Évangile que nous pro-clamons1. Reconnaissons le

paradoxe : nous sommes convain-cus que nous annonçons une bonnenouvelle… qui repose sur… un sup-plice épouvantable. La croix souventaffichée sur le fronton de nos églisesnous est devenue tellement familièreque nous ne réalisons souvent plusqu’elle représente d’abord une tor-ture. Le pouvoir romain la destinaitaux malfrats et aux agitateurs poli-tiques. Notre salut repose sur un récitde torture et nous affirmons mêmeque le Fils de Dieu, devant lequel tousles souverains auraient dû s’incliner,a accepté pour notre salut d’être misau nombre de ces malfrats, esclavesrebelles et autres moins-que-rienqui n’étaient pas dignes d’une mortplus « noble »…

Il faut pourtant préciser très viteque « la croix » dont parle le Nouveau

Testament ne peut être séparée dela vie d’obéissance et de justice deJésus avant sa crucifixion, ni de sarésurrection des morts trois joursaprès. Il est nécessaire de tenircompte de l’obéissance comme dela résurrection corporelle de Jésuspour rendre compte du sens de lacroix et de sa valeur pour notre salut.Autrement dit, l’expression « la croix »est une sorte de « slogan », unrésumé de l’Évangile, qu’il faut tou-jours concevoir dans le contexted’ensemble de l’incarnation de Jésuset de sa mission.

Pour évaluer ce qui s’est passé àla croix, l’Écriture utilise plusieursimages différentes, qui fonctionnentcomme des « décodeurs » permet-tant de comprendre le sens de la mortde Jésus dans ses différentes dimen-sions. Ces images sont bien plus que

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JACQUES

NUSSBAUMER 1 1 Co 1.23 ; 2.2

Quelques éléments surl’œuvre de la croix

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des illustrations et constituent des grillesde lectures de l’événement qui sontautant d’explications complémentaires surla manière dont Dieu nous a sauvés dupéché par Jésus-Christ. Elles sont toutesnécessaires et forment ensemble commeune mosaïque qui nous conduit à lareconnaissance et à l’émerveillementdevant ce qui est l’expression de l’amourle plus grand qui soit concevable2. Nousreprendrons ici les images les plus impor-tantes.

La croix : un sacrificeOn mentionnera en premier lieu un

aspect que l’on pourrait, à tort, qualifierde « religieux », et qui renvoie à la dimen-sion sacrificielle de la croix. Traitéeailleurs, on signalera ici simplement quela notion de sacrifice est particulièrementappropriée pour souligner l’aspect fon-damentalement relationnel de l’œuvre dela croix. Le sacrifice volontaire de Jésusnous donne accès au pardon de Dieu(face à l’offense), à la réconciliationavec Dieu (face à la séparation), etnous purifie de tout péché, nous per-mettant de nous présenter librementdevant lui3.

La croix : un acte dejustice

L’apôtre Paul insiste sur le fait que noussommes justifiés (« déclarés justes ») parla foi en Jésus-Christ4. Nous ne devenonspas justes, mais lorsque nous plaçonsnotre confiance en Christ, ce qu’Il a réa-lisé, et qui était parfaitement conformeà la justice, est alors mis à notre compte,nous est imputé5. Cela signifie que noussommes vus par Dieu – le Père – nonau travers de nos vertus personnelles,minées par le péché, mais en tant qu’ap-

partenant à Christ et au bénéfice de cequ’il a réalisé à la croix. Paul affirme queChrist a été fait justice pour nous6.L’œuvre de la croix répond donc à unenécessité de justice, une réalité souventcontestée aujourd’hui au nom d’unevision un peu mièvre de l’amour de Dieu.Toute la Bible montre que le péché, cetterévolte de l’homme contre son Créateuret ce refus de le glorifier, implique uneculpabilité. Le péché rend chaquehomme7 totalement inapte à être « juste »devant Dieu et à se tenir en sa présence.L’homme « mérite » la juste colère de Dieu– pas une rage incontrôlable –, quinous exclut définitivement de sa sainteet lumineuse présence. Or, sur la croix,Jésus est notre représentant, il prend laplace de l’homme pécheur et assume lajuste rétribution que mérite son péché.Nous observons ici que c’est en raisonde sa pleine humanité – sans péché8 ! –que Jésus pouvait légitimement repré-senter les hommes pécheurs. Cela nousrappelle aussi que si Jésus a étécondamné par un tribunal humain lorsd’un procès inique, il a été à un autreniveau châtié par Dieu en tant quereprésentant des hommes pécheurs9, ceque les Évangiles évoquent par lesténèbres lors de la crucifixion10. La croix,c’est le châtiment de l’humanité péche-resse que porte Celui qui a accepté dela représenter.

2 Cf. Jn 15.13 ; Rm 5.6-8.3 Par exemple pour le pardon : 1 Jn 2.12 ; voir Hé 9-10 ; réconci-liation : Rm 5.10-11 ; purification : 1 Jn 1.7 ; les notions de propi-tiation et d’expiation rendent compte de ce qui est opéré à la croixpour obtenir ces grâces.4 C’est un thème fondamental de Romains et Galates.5 Rm 4 ; Rm 5.17-18 6 1 Co 1.307 Rm 3.108 Hé 4.159 Et non en tant que Fils bien-aimé !10 Mc 15.33 et parallèles. Cf. Ex 53.10-12.

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La croix : un rachatL’œuvre de la croix est aussi un

« rachat », une image tirée du vocabu-laire commercial abondamment utilisédans le Nouveau Testament. Nos trans-gressions constituent pour Dieu commeune dette que nous sommes bien inca-pables d’acquitter. Christ, par la croix,annule cette dette pour nous11. Un usagebiblique plus courant de la métaphorecommerciale souligne que l’homme s’estrendu « esclave » d’un maître implacable,le péché. Pour être affranchi (= libéré)de cet esclavage, il doit être racheté, déli-vré par un autre maître. Dieu opère cettedélivrance, ce rachat12, par la croix. Il nefaudrait pourtant pas le comprendrecomme un paiement fait au diable, quiest un usurpateur sans droit légitime ! Lacroix correspond au prix payé au sensdu « coût », du prix consenti par le Dieutrinitaire pour sauver l’homme perdu. Àla croix, le Fils paie le prix nécessaire pourque nous soyons libérés et que nous nesoyons plus « esclaves », mais fils13. Ici,c’est la divinité de Jésus qui prend touteson importance, à deux titres. Toutd’abord, ce « prix payé » pour le rachatn’est pas acquitté par un tiers étrangerà la relation entre Dieu et les hommes.Parfaitement homme, et donc légitimepour représenter l’humanité, Jésus estaussi parfaitement Dieu. Par la mort deChrist à la croix, c’est Dieu lui-même quiassume, en la personne de son Filsvolontaire, le prix de notre rachat.Ensuite, la filiation éternelle de Jésus nouspermet, à sa suite, d’entrer dans la filia-tion adoptive au Père, c’est-à-dire dansle cercle des relations trinitaires14. Cetteimage du rachat montre que notre salutn’est pas le produit d’un acte léger etcondescendant, mais provient d’un atta-

chement « viscéral » de Dieu à sa créa-ture déchue. Il s’engage de tout son Êtreau point de « donner de lui-même »15

pour la libérer du péché.

La croix : une victoireEnfin, on trouve l’image, paradoxale,

de la victoire. Paul, dans 1 Co évoquedéjà l’idée d’une faiblesse de Dieu vic-torieuse de la force humaine16. Dansl’épître aux Colossiens17, Paul affirme quela croix est le lieu d’une victoire par ledépouillement des puissances spirituellesqui tiennent l’humanité captive. L’imageutilisée est celle du retour des arméesromaines victorieuses qui défilaient encortège triomphal avec les « prises deguerre », les esclaves constitués parmi lespopulations vaincues. Dans un contexteoù le quotidien était hanté et régi partoutes sortes d’êtres spirituels, découvrirque la mort (et la résurrection !) de Christles dépouillait de tout pouvoir était vrai-ment une bonne nouvelle !

Ce passage de Col 2,14-15 est inté-ressant, et permet de conclure en rap-pelant que ces images, ces « langages »de la croix s’imbriquent et se complètent.Ce texte associe et combine les imagesd’une annulation de dette, de l’efface-ment de la condamnation et d’une vic-toire militaire. Les images, commer-c ia les , ju r id iques e t guer r iè ress’interpénètrent pour nous permettre devoir derrière le supplice de Christ… lalumière de la vie...

J.N.

LA CROIX

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11 C’est ainsi que l’on peut comprendre Col 2.14.12 Ou rédemption13 Ga 4.7 ; cf. Jn 8.34-38.14 Jn 17.21-2415 Par Christqui « se donne lui-même », cf Ga 1.4 ; 1 Tm 2.6 ; Tt 2.14 ;cf. Jn 3.1616 1 Co 1.25b17 Col 2.15

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En traitant ce sujet, nous sommes conscientsque le message de la croix demeure unefolie pour la sagesse humaine, mais il se

comprend par l’éclairage de l’Esprit dans uneattitude d’écoute et d’adoration.

La croix évoque le sacrifice,l’acte juridique aboutissant àla justification, la libérationau prix d’une rançon, lavictoire sur les forces dumal... Nous nousconcentrerons davantagesur le premier point en lienavec le second dans lecontexte plus général de laréconciliation entre Dieu etl’homme.

REYNALD KOZYCKI

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LA CROIX

La croix, lieu de l’expiation

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Mort pour nos péchés« selon les Écritures »

Au cœur de l’Évangile et du messagede la croix se trouve la mort de Christpour nos péchés, selon les Écritures (1Co 15.3). Cette vérité forme comme unfil rouge dans la Bible, commençant parla promesse que la descendance d’Èvemeurtrira la tête du serpent et se fera meur-trir le talon (Gn 3.15 TOB), le sacrificed’Abel, puis l’ensemble des rituels autourdes sacrifices, du tabernacle…, lespsaumes du juste souffrant (22, 69,88…), les chants du Serviteur en Ésaïe(surtout 53)… La Loi et les prophètes nese lassent pas de répéter la gravité du pé-ché, la malédiction qui en découle, la né-cessité de l’expiation par le « sang », lapromesse de la rédemption.

Besoin d’expiationCréé à l’image de Dieu, l’être humain

comprend aisément qu’il est nécessairede punir la faute. Il n’existe pas desociété organisée sans un code pénal.Toute infraction à la loi humaineengendre une « peine ». Mais la com-préhension de ce qui est juste au sensabsolu est faussée par la présence diffusedu péché, tant à l’intérieur de l’hommeque dans les structures sociales et poli-tiques. Dieu, le juge suprême, a prononcéson verdict sur la condition humaine : Sa

colère se révèle du ciel contre touteimpiété et toute injustice… Ils sont doncinexcusables (Rm 1.18-20) ; afin quetoute bouche soit fermée, et que tout lemonde soit reconnu coupable devantDieu (3.19) ; Le salaire du péché, c’estla mort (6.23).

Notre mépris de Dieu, expriméconsciemment ou non dans chaquepéché, engendre la colère de Dieu, unesorte de « sainte révulsion ». La naturemême de Dieu s’oppose à toute ombredu mal, sa sainteté est totalement incom-patible avec le péché : Tes yeux sont troppurs pour voir le mal (Ha 1.13). Laconséquence est donc la mort : L’âme quipèche, c’est celle qui mourra (Éz 18.4) ;cette règle était déjà exprimée à Adamdans le cas de désobéissance (Gn .17).Les rituels des sacrifices de l’AncienneAlliance exprimaient puissamment cettevérité. Par exemple, l’adorateur poserasa main sur la tête de l’holocauste, quisera agréé de l’Éternel, pour lui servird’expiation (Lv 1.4). Cette imposition desmains exprimait une sorte de transfert dela faute à l’animal dans le but d’expierle péché par le sang ou la mort. L’animalest « substitué à l’homme ». Le rachat despremiers-nés par le sacrifice de l’agneaupascal sous-entendait aussi ce genre de« substitution » (Ex 13.15).

Le sacrifice dans le NTLe NT reprend abondamment le

vocabulaire sacrificiel. Jean-Baptistes’écrie : Voici l’agneau de Dieu qui ôtele péché du monde (Jn 1.29). Jésus aexpliqué à ses disciples : Le Fils del’homme est venu… pour donner sa viecomme la rançon de plusieurs (Mc

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10.45) ; Le bonberger donne savie pour ses brebis(Jn 10.11). Lors dudernier repas pas-cal, il prend dupain et partage lacoupe : Ceci estmon corps, qui estdonné pour vous ;f a i t e s c e c i e nmémoire de moi…cette coupe est lanouvelle allianceen mon sang, quiest répandu pourvous (Lc 22.18-19).Jésus annonce samort comme unsacrifice inaugurantl a N o u v e l l eAlliance1.

Aux Romains,après avoir démontré la culpabilité detoute l’humanité, Paul expose la puis-sance du salut en Jésus-Christ. Il utiliseau moins trois catégories de langage : levocabulaire juridique par la justifica-tion, le vocabulaire de l’esclavage avecla libération ou la rédemption, et le voca-bulaire sacrificiel par l’expiation et lesang : Tous, en effet, ont péché et sontprivés de la gloire de Dieu ; et c’est gra-tuitement qu’ils sont justifiés par sagrâce, au moyen de la rédemption quiest en Jésus-Christ. C’est lui que Dieus’est proposé de constituer en expiation,au moyen de la foi, par son sang, pourmontrer sa justice… (Rm 3.23-26). Lanécessité du sang pour accomplir l’ex-piation établit un lien direct avec les sacri-fices. Ce mot aussi traduit par propitia-tion fait référence au couvercle du coffre

de l’Alliance, là où le sang était répanduau jour des Expiations2. Ce propitiatoireest le lieu, par excellence, de l’expiationde nos fautes, là où Christ a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois(1 P 2.24).

1 Le lien entre Alliance et sacrifice apparait très nettement en Hé 9.Après avoir parcouru le sens de la cène, John Stott résume son pro-pos : « Voilà donc la signification que Jésus donnait à sa mort : elleest le sacrifice exigé et accepté par Dieu pour ratifier la nouvelle allianceavec sa promesse de pardon. » (La croix de Jésus-Christ, Édition Grâceet Vérité, 1988, p.58)2 En Rm 3.25, traduire hilasterion par « propitiatoire » pourrait prê-ter à confusion à cause de son usage dans les religions anciennes oùl’on payait des pots-de-vin pour détourner la colère capricieuse desdieux. Il est vrai néanmoins que, dans le contexte de Romains, la justecolère de Dieu (1.18) a été « apaisée » grâce au sacrifice du Christ.En hébreu, le mot expiation kipper signifie « effacer, ôter le péché »avec l’idée du pardon.

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LA CRUCIFIXION, PAR JEAN FRANCOIS PORTAELS (1886) ST. JACQUES CHURCH, COUDENBERGRENATA SEDMAKOVA / SHUTTERSTOCK.COM

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La coupe de la colère deDieu

Par les images sacrificielles del’Ancienne Alliance, nous comprenonsque le prix fort était nécessaire pour expierles fautes : Sans effusion de sang, il n’ya pas de pardon (Hé 9.22).

À Gethsémané, Jésus est saisi d’an-goisse à la vue de la coupe qui l’attend.Ce n’est probablement pas la mort phy-sique qui lui fait peur, mais la coupe dontparlent les Écritures : Il y a dans la mainde l’Éternel une coupe, où fermente unvin plein de mélange (Ps 75.8) ;Jérusalem qui as bu de la main de l’É-ternel la coupe de sa colère, qui as bu,sucé jusqu’à la lie la coupe d’étourdis-sement ! (És 51.17).

Cette coupe contient l’indignationconsumante de Dieu, sa colère contre lepéché du monde, contre mon proprepéché. Elle est prête à être déversée pourle jugement final, mais, chose incroyable,Jésus a bu cette coupe horrible : Ne boi-rai-je pas la coupe que le Père m’a don-née à boire ? (Jn 18.11) ; Ainsi, par lagrâce de Dieu, c’est pour tout hommequ’il a goûté la mort (probablement lejugement ou la damnation qui résulte dupéché).

La « substitution pénale »Parmi les nombreuses références au

sacrifice de Jésus, relevons trois décla-rations :

• Il a été transpercé à cause de noscrimes, écrasé à cause de nosfautes. Le châtiment qui nous rendla paix est sur lui, et dans ses bles-sures nous trouvons la guérison

(Es 53.5 Jér) ; • Celui qui n’a point connu le péché,

il l’a fait devenir péché pour nous(2 Co 5.21) ;

• Le Christ nous a rachetés de lamalédiction de la loi en devenantmalédiction pour nous (Ga 3.13).

Le résumé qui me parait le pluscohérent serait : À la croix, Jésus aporté nos péchés en se « substi-tuant » à notre place ; il a subi la« peine », le jugement, la colère, lamalédiction que nous méritions.

On a souvent parlé de « substitutionpénale » pour décrire cet acte d’expia-tion. Paul Wells résume cet enseigne-ment fondamental de la théologie évan-gélique : Christ jugé à notre place,effectuant la réconciliation par un acte desubstitution sacrificielle, pénale et expia-toire – semble être, pour ses détracteurs,la grande faiblesse de la théologie évan-gélique ; cette interprétation est, aucontraire, sa force et sa gloire…3

Contestations Dans les cercles de théologie libérale,

cet enseignement frôle le blasphème.Aveuglés sur la cohérence biblique, ilsminimisent la réalité de la colère de Dieu,ne voient qu’une facette de son amour,d’où le refus de considérer la mort duChrist comme « sacrificielle ». Ils carica-turent la substitution pénale en une

LA CROIX

3 Paul Wells, « Expiation », Grand Dictionnaire de la Bible, Excelsis2004. Henri Blocher insiste particulièrement sur « l’expiation pénalesubstitutive » : « Dès que l’expiation se comprend comme pénale, ilfaut ajouter qu’elle est substitutive… si le péché est expié par la puni-tion effective du péché commis, Jésus le Juste ne peut avoir expié qu’àla place du coupable », Henri Blocher, La doctrine du péché et de larédemption, Vaux-sur-Seine 1983, II, p 101.

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« maltraitance d’enfant à l’échellecosmique » par Dieu le Père !

Depuis quelque temps,même des théologiens évan-géliques commencent aussi àcontester ces enseignements.Certains refusent simplementde faire une fixation sur la« substitution pénale », enl’insérant, à juste titre, dansun enseignement plus glo-bal de la réconciliation,d’autres la rejettentouvertement4.

ScandaleLe scandale de la

croix n’a pas fini dechoquer la sagesse ou la reli-giosité humaine. Le mes-sage de la croix nous placedevant la violence inouïe dupéché, la révulsion et lacolère d’un Dieu trois fois saint face ànotre rébellion, mais aussi son amour totalpar lequel, en Christ, il vient opérer laréconciliation avec lui-même, au prixd’une mystérieuse substitution. Pas éton-nant que ce message soit folie pour ceuxqui vont à leur perte, mais pour nous quisommes sur la voie du salut, il est puis-sance de Dieu (1 Co 1.18).

RK

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1La mort du Christ en croix manifeste le châ-timent normal du péché. Mais Jésus-Christ n’a

pas mérité ce châtiment. Le prophète Ésaïe adéclaré par avance pourquoi il fut ainsi châtié :C’est pour nos péchés qu’il a été percé, c’est pournos fautes qu’il a été brisé. Le châtiment qui nousdonne la paix est retombé sur lui et c’est par sesblessures que nous sommes guéris (53.5).

4 En particulier des auteurs comme James Dunn, StephenTravis, Nigel Wright, Clark Pinnock, Robert Brow, SteveChalke… ont contesté les bases bibliques de la substitutionpénale. Pour plus d’informations nous renvoyons auxouvrages cités ci-dessus, notamment à John Stott, La croixde Jésus-Christ, Éditions Grâce et Vérité, 1988.

Quel est le lienentre la croixdu Christ et notrejustification ?

Question 1 : Pourquoi, à votre avis, le verdict de Dieu

sur le péché de l’homme est-il si sévère en

Rm 3.12-19 ?Question 2 : Comment les sacrifices de l’Ancienne

Alliance pouvaient-il expier les fautes en Lv 1.4 ?

Question 3 : En relisant És 53.4-5, qu’est-ce que Jésus a

accompli pour nous ?Question 4 : Selon 2 Co 5.17-21, à quel prix la réconci-

liation et la vie nouvelle sont-elles accordées en

Christ ?

Lire l’article précédent et les textes suivants : Rm 3.12-

19 ; És 53.4-5 ; 2 Co 5.17-21.

Idées pour un groupe d’étude

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2Celui qui accepte cette substitutionadmet qu’il aurait mérité ce châtiment.

Il reconnaît donc le droit de Dieu. « Ceque Dieu réclame du pécheur pour qu’illui pardonne, ce n’est pas de lui payersa dette, c’est de la reconnaître… Vis-à-vis d’un être qui acquiesce au droit depunition que Dieu a sur lui, la justicedésarme, et la charité peut déployer sesrichesses de pardon. Ce résultat estobtenu par la manifestation de la justicequi a eu lieu sur la croix : là, la consciencehumaine a acquiescé au droit de Dieu…elle y acquiesce de nouveau dans chaquecroyant qui, au pied de la croix, s’ap-proprie cette grande et solennelle mani-festation. On comprend ainsi pourquoila réparation offerte par le Christ et la foipar laquelle nous nous l’approprions setrouvent être les deux conditions étroi-tement unies de notre réconciliation »(F. Godet, Études bibliques, NT, p. 167-168). « Son droit une fois reconnu parJésus et par celui qui croit en lui, Dieupeut s’en désister et légitimement décla-rer juste le pécheur lui-même » (Id.). Ildemeure juste tout en justifiant le pécheur.

3« Alors que nous étions ses ennemis,Dieu nous a réconciliés avec lui par

la mort de son Fils ; à plus forte raison,maintenant que nous sommes réconci-liés, serons-nous sauvés par sa vie »(Rm 5.10). Par quelle vie ? Sa vie ennous. Jésus a dit : Je me sanctifie moi-même pour eux (Jn 17.19). Il a été faitpour nous… sanctification (en Christ, eneffet, se trouvent pour nous l’acquitte-ment, la purification et la libération dupéché) (1 Co 1.30).

Celui qui a accepté que le Christ soitmort pour ses péchés ne peut pas conti-

nuer à vivre consciemment dans lepéché. « Adhérer à la mort du Christ pourle péché, c’est mourir au péché, c’est-à-dire rompre radicalement avec lui » (F.Godet p. 180). C’est le sens de cetteparole mystérieuse de Jésus, « boire sonsang » : assimiler la mort de Jésus pourle péché et au péché, « manger sachair » : s’approprier sa vie consacrée àDieu. Ainsi nous sommes transformés enson image dans une gloire dont l’éclatne cesse de grandir. C’est là l’œuvre duSeigneur, c’est-à-dire de l’Esprit(2 Co 3.16). Le croyant mène une viesainte grâce à la vie du Christ en lui. Notresanctification est aussi un fruit de la croix.Ainsi « la justification par la foi est uni-quement la porte d’entrée par laquellenous sommes introduits dans l’état desalut, tandis que la justification finale, quirepose sur la constatation de la saintetéréalisée, est la porte de sortie par laquellenous parvenons du salut à la gloire » (F.Godet p. 177). « Le Christ substitué ànous devant Dieu comme notre justice ;le Christ substitué à nous en nous-mêmes comme notre sanctification :voilà la plénitude du salut chrétien » (Id.p. 192).

R.K.

LA CROIX

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Le sens riche du sang

Dans la langue de Molière, lesexpressions liées au sang sont riches.Mais le sens que lui donne la Parolede Dieu l’est encore plus !

Souvent en parallèleavec la mort de Christ

Dans le Nouveau Testament, lesang versé symbolise une mise àmort. D’ailleurs, concernant Jésus,c’est souvent en parallèle avec samort que le sang de Christ est men-tionné (Rm 5.9s ; Hé 9.14s). Mais lesang du Christ est fréquemment asso-cié à notre rédemption1. Pierre nemanque pas de le rappeler à ses lec-teurs (1 P 1.18-19) :

Vous savez, en effet, à quel prix vousavez été délivrés de la manière devivre insensée que vos ancêtresvous avaient transmise. Ce ne futpas au moyen de choses péris-sables, comme l’argent ou l’or ; non,vous avez été délivrés par le sang

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JEAN-YVES

LE GUEHENNEC

Valeur du sang de Christ

1 Du latin redimere, « racheter ». Ce rachat renvoie àl’œuvre de salut accomplie par Christ.

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précieux du Christ, sacrifié comme unagneau sans défaut et sans tache.

Effets et bénédictionsmultiples du sang versépar Christ

Ce sang versé par le Christ constituela preuve extérieure qu’il a livré sa vieen sacrifice pour nos péchés2. Toutefois,avec ce sang versé – et sa vie offerte –,il serait trop restrictif de n’apprécier uni-quement que la suppression de notre cul-pabilité légale devant Dieu. En effet, sic’est bien l’effet principal, les bénédic-tions ne s’arrêtent pas là pour autant.

En effet, par le sang de Christ, noussommes réconciliés et avons la paixavec Dieu (Col 1.20). Cela nous rendjustes (Rm 5.9s). Considérons ce privi-lège : le libre accès à Dieu nous est assuréet nous offre une communion avec lui(Hé 10.19). Non seulement nous sommesdélivrés des péchés (Ap 1.5), mais nousavons été libérés de la manière futile devivre, transmise par nos pères (1 P 1.18s).C’est pourquoi nos consciences sontpurifiées (Hé 9.12, 14 ; 13.12) et nouscontinuons progressivement d’être puri-fiés (1 Jn 1.7 ; cf. Ap 1.5). Finalement– autre bénédiction dont nous sommesbénéficiaires –, il nous rend capables deremporter la victoire sur l’Accusateur desfrères (Ap 12.10s).

Moyen d’expiation et depropitiation

Aux chrétiens de Rome, Paul nelaisse aucun doute sur l’origine salva-trice du sang de Christ (Rm 3.23-25) :

Tous, en effet, ont péché et sont pri-vés de la gloire de Dieu ; et c’est gra-tuitement qu’ils sont justifiés par sagrâce, au moyen de la rédemption quiest en Jésus-Christ. C’est lui queDieu s’est proposé de constituer enexpiation, au moyen de la foi, par sonsang, pour montrer sa justice ; parcequ’il avait laissé impunis les péchéscommis auparavant.

Bref, le sang de Christ apparaît commeun moyen d’expiation (le verbe hébreutraduit par « expier » ou « faire expiation »signifie « couvrir » ; l’expiation est l’ac-tion de couvrir, d’effacer une faute ou dessouillures3) ou de propitiation (du latinpropitiare, rendre favorable ; apaise-ment de la colère de Dieu, qui le rendfavorable4). Le sang de Christ accomplitvéritablement ce que le sang des victimessacrificielles de l’Ancienne Alliance n’ef-fectuait que rituellement (Hé 9.12-14)5.

Le sang de Christ nesauve pas tant que samort substitutive

Enfin, à proprement parler, ce n’est pasle sang en tant que tel qui a une fonc-tion salvatrice6 : lui-même ne sauvepas ! En revanche, ce qui nous sauve,c’est la mort de Jésus-Christ, sa viedonnée comme sacrifice substitutif. Maisle sang versé symbolise son amourmanifesté à l’extrême (Jn 13.1).

J-Y.LG.

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2 Wayne GRUDEM, Théologie systématique, Excelsis, chapitre 27 surl’expiation.3 Alain NISUS, Pour une foi réfléchie, Théologie pour tous, p.847.4 Ibid.5 Le grand dictionnaire de la Bible, Excelsis, Collection OR, article« sang ».6 Cf Alain NISUS, p.488 ou Ibid p.1512.

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Le contexte des versets 14 et 15 deColossiens chapitre 2

L’Église de Colosses fut fondée par Épaphras, compagnonde Paul (1.7). Il a dû informer Paul (Ph 1.23), du trouble quejetaient, parmi les chrétiens, de faux docteurs. Leur ensei-gnement syncrétiste mélangeait des tendances judaïsantes,ascétiques et mystiques (2.11, 16, 18, 23). Il dépréciait le corps(2.9) et se complaisait dans une philosophie (sagesse) touthumaine (v.4, 8) pour laquelle la relation avec Dieu passaitpar divers intermédiaires spirituels (v.10, 15) et par l’accèsà des connaissances cachées, des secrets réservés à certainsinitiés. Il faisait retomber les chrétiens dans le légalisme etdans une religion de salut par les œuvres. Paul rédige cettelettre pour rappeler les fondements de la Bonne Nouvelle :la personne et l’œuvre du Christ (1.12-23 ; 2.6-19) ; c’estdans l’union avec lui que se trouve la « plénitude » que cesenseignants promettaient aux Colossiens. Cette erreur ôtaità Jésus-Christ sa place unique de seul intermédiaire entreDieu et les hommes, de seul Sauveur.

FRANÇOIS-JEAN

MARTIN

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La croix : victoire sur les puissances

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Les versets 14 et 15 dudeuxième chapitre

L’acte du verset 14Le mot acte (cheirographon)1, si rare

dans les textes classiques, apparaît fré-quemment dans les papyrus liés à la viedes affaires et du commerce, en particulierpour la reconnaissance de dettes. Ainsi,un papyrus égyptien, contemporain dePaul, signale que pour une commandede vin, l’acquéreur a signé la facture desa main, ce qui était une manière,quand on ne payait pas immédiate-ment, d’en reconnaître le montant : « Jereconnais devoir à M. X la sommede... » On a la même formule lors d’unemprunt ou d’actes notariés. Le cheiro-graphon désigne donc l’immense hypo-

thèque qui pèse sur l’humanité. Depuisl’intrusion du péché dans le monde, tousles hommes sont débiteurs devant leurdivin créancier, qui est en droit d’attendreréparation. Mais étant donné qu’ils sontinsolvables, le Christ a payé pour eux,en mourant sur la croix : en conséquence,Dieu a pardonné nos péchés et il a effacéla reconnaissance de dette qu’il aurait pufaire valoir contre nous.

Qui sont les Puissances et lesAutorités ?

Paul parle dans la lettre aux Colossiens(1.16 ; 2.10, 15) et dans la lettre auxÉphésiens (1.21) de toute une série

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1 Le mot cheirographon (chirographe) est un hapax (seul emploi) dansle NT, et il est peu connu du grec classique. Chirographe signifie lit-téralement : écrit de la main.

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d’êtres célestes et de pouvoirs terrestresqui doivent tous leur existence au Fils.Il parle de trônes, de seigneuries, deprinces, d’autorités et de puissances. Lestermes montrent que leur objectif est lepouvoir, le règne, la domination. Il s’agitde personnages préposés au gouverne-ment des peuples et de l’histoire. Paulemploie à leur sujet un terme généralpour les désigner en Colossiens (2.8, 20),celui de principes élémentaires, en grec« stoïcheia ». Les différents sens de ce motcouvrent un spectre assez vaste. Il désignedes objets formant une série comme :

• l’alphabet, d’où : les notions élé-mentaires, « c’est l’ABC de... » ; oules principes de base, les rudiments(Hé 5.12 : les vérités élémentaires) ;

• les substances physiques élémen-taires (2 P 3.10, 12) : les quatre élé-ments, terre, feu, eau, air ;

• les constellations du zodiaque :dans la pensée religieuse et philo-sophique grecque, les différentes par-ties de l’univers étaient placées sousle contrôle de puissances spirituelles(on divinisait les corps célestes et uneconstellation était appelée « immor-tel stoïchéion »2) ;

• les puissances spirituelles hostiles :dans Colossiens 2.8, stoïcheia est misen opposition avec le Christ, il s’agitdonc de forces spirituelles, et leshérétiques prônaient l’ascétisme(2.20-23) qui, précisément, étaitun exercice préparatoire destiné àles vaincre et à favoriser l’état detranse dans lequel se produisaientles visions (2.18).

Les « souverainetés, dominations,principautés, puissances » étaient, dansl’enseignement des faux docteurs, desêtres spirituels médiateurs entre Dieu etles hommes. L’apôtre Paul dit que le Christest supérieur à toutes ces puissances. Ilest leur maître. Ceux qui sont unis à luin’ont donc plus besoin de se préoccu-per d’elles (Ép 6.12). Le Christ est le seulintermédiaire.

Le triomphe du verset 15Paul fait allusion à la cérémonie

romaine du triomphe. Le général victo-rieux auquel cet honneur avait étédécerné, parcourait les rues de Rome surun char derrière lequel marchaient,enchaînés, exposés aux quolibets de lafoule, les chefs des nations et des arméesvaincues. La croix, où les puissancesdémoniaques croyaient faire périr Jésus,est devenue, pour lui, l’instrument dutriomphe : elle rend leur défaite mani-feste3. À la fin du v.13, Paul dit que Dieunous a pardonné toutes nos offenses etil a effacé l’acte qui nous était contraire.Ceux qui voulaient se servir de la Loicomme d’un moyen d’être justes devantDieu ont vite fait l’expérience qu’elletémoignait contre eux, qu’elle lescondamnait. Paul illustre son abolitionpar deux images : elle est effacée et ellea été clouée à la croix. Paul veut dire queJésus-Christ a pris les divers actes d’ac-cusation qui témoignaient de notre detteinsolvable envers Dieu et les a cloués àla croix à la face des puissances accu-satrices qui les brandissaient au-dessusdes hommes et des femmes qu’ils

2 Diogène Laërce, en parlant des 12 stoïchéia, fait allusion aux signesdu zodiaque.3 Voir 2 Co 2.14, M 12.29 ; Lc 10.18, Rm 16.20

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tenaient en leur pouvoir. Tout commel’acte d’accusation de Jésus était clouéà la croix, l’acte qui énumérait nosmanquements à la Loi de Dieu l’a étéen même temps. Mais par la croix,Jésus n’a pas seulement libéré les siensde la culpabilité du péché, il a aussi briséle pouvoir du péché sur eux. Il a vaincules puissances qui se servaient de l’acted’accusation comme moyen de pressionpour s’assujettir les hommes. Il a désarmétoute autorité, tout pouvoir, les donnantpubliquement en spectacle. Jésus, à lacroix, a désarmé les principautés et lespouvoirs, les privant de leur force. Parla victoire de la croix, Jésus a tournél’arme de ses assaillants contre eux-mêmes : c’est leur faiblesse, et non lasienne, qui fut exposée publiquement.

Les principautés et les pouvoirs sontmenés derrière le char triomphal du Christconquérant. Paul montre qu’il est absurdede rendre hommage à ces forces quiétaient censées contrôler l’accès auprèsde Dieu. Un seul ouvre accès auprès duPère : le Christ qui a triomphé de toutesces forces. Quel qu’ait été leur pouvoirautrefois, ce sont à présent de pauvreséléments impuissants (Ga 4.9). La batailledécisive et la victoire ont eu lieu à la croixet au tombeau vide.

ConclusionJésus-Christ, plénitude de Dieu et plei-

nement homme (v.9), est le secret de Dieudans lequel se trouve cachée toute lasagesse divine (v.2-3), celui auquel lespuissances sont soumises (v.10). C’est enlui, que les croyants ont toute richesse :la mort à leur culpabilité [leur circonci-sion (v.11)], la vie [la résurrection (v.12)],

la libération du régime de la Loi del’Ancien Testament [la fin de l’acte accu-sateur (v.14)], la victoire sur les Puissances(v.15).

Le Christ est seul suffisant, il nous alibérés par son œuvre sur la croix, denotre dette insolvable face aux exi-gences de la Loi. Notre dette a été ainsieffacée. Nous sommes libérés de touteobligation, tout rite, car le secret cachédès l’origine des temps, est à présentaccessible à tous et non réservé à des ini-tiés. Paul y voit le plein épanouissementde l’homme avec toutes ses facultés, cetteperfection est accessible à tout hommeen Christ. Jésus est pleinement suffisantet il n’y a pas d’autres intermédiaires entreDieu et nous.

F-J.M.

LA CROIX

« Gardons les yeux fixés sur

Jésus, qui nous a ouvert le

chemin de la foi et qui la

porte à la perfection. Parce

qu’il avait en vue la joie qui

lui était réservée, il a enduré

la mort sur la croix, en

méprisant la honte attachée

à un tel supplice, et

désormais il siège à la droite

du trône de Dieu. »

Hébreux 12.2

SUITE DES ARTICLES PAGE 17

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On trouve des formulations proches. Parexemple : ceux qui appartiennent à Christont crucifié la chair (Ga 5.24) et (par Christ)

le monde est crucifié pour moi et je le suis pour lemonde (Ga 6.14). D’autres expressions peuvent êtrerapprochées de la nôtre : « être mort au péché »,« avoir été enseveli avec Christ par notre baptême »,« notre vieil homme est mort », « s’être dépouillé duvieil homme » par exemple, dont plusieurs appa-raissent en Romains 6. Ces expressions formulentles différents aspects d’une même vérité : par la foi,nous sommes morts avec le Christ, et de cette unionavec lui découlent certaines conséquences dans notrevie.

Lorsque nous parlons de la crucifixion de Christ,nous parlons de l’œuvre objective de Jésus-Christpour notre salut, ce qu’il a accompli sur la croix. La« crucifixion avec Christ » fait partie de la face sub-jective du salut, ce que la mort et la résurrection deChrist accomplissent dans la vie d’une personne lors-qu’elle est unie à lui par la foi à travers l’œuvre del’Esprit.

L’expression « crucifié

avec Christ » apparaît

deux fois dans les épîtres

de Paul, en Romains 6.6

et Galates 2.20. Elle fait

partie d’un ensemble

d’expressions que Paul

utilise pour parler d’une

mort du croyant en

relation avec celle de

Christ. Quels sont son

sens et sa portée ?

THIERRY SEEWALD

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Être crucifié avec Christ

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Il y a deux manières principales decomprendre notre expression : juridiqueou ontologique (existentielle). La premièrecompréhension est présentée dans lesnotes de la Bible du Semeur1, notam-ment dans les commentaires concernantGalates 2.19-21 : Christ mon représen-tant juridique a été condamné à maplace, je suis donc acquitté. Christ estmort crucifié, juridiquement je peux meconsidérer crucifié, mort. Juridiquement,je ne suis plus rien en mon nom propre,mais j’ai acquis une nouvelle identité« par » et « en » Christ2.

On trouve la compréhension ontolo-gique dans les ouvrages de NeilANDERSON et de manière plutôt extrêmedans ceux de Watchman NEE, parexemple. Pour eux, ces versets parlentde l’être même du croyant qui a changé.Le vieil homme, c’est-à-dire le centre dela personnalité qui est spirituellementmort, le « moi » qui s’oppose à Dieu,meurt réellement à la conversion. Et demanière réelle, il est une nouvelle créa-ture, spirituellement vivante, avec une

nouvelle nature, parce que Christ, parl’Esprit, a fait sa demeure en lui.

La limite d’une compréhension uni-quement juridique qui ne voit pas dechangement existentiel dans ces passagesest qu’elle oblige à interpréter comme desréalités que le chrétien doit mettre enœuvre dans sa vie des affirmations quiapparaissent au passé dans le textebiblique. Ainsi, dans les commentairesde la Bible du Semeur concernantGalates 2.20 : ce n’est plus moi qui vis,c’est le Christ qui vit en moi etGalates 5.24, ceux qui appartiennent auChrist ont crucifié la chair, il est dit : « ilest appelé à le vivre concrètement,maintenant », « nous avons été appelésà rompre volontairement… avec lespassions et désirs de l’homme char-nel ».

Le théologien John STOTT3, qui a lui-même une compréhension plutôt juri-dique, calviniste, du salut, formule de fortbelle manière, une compréhension justeet équilibrée de l’expression dans soncommentaire sur Galates 2.19-20 : « Lajustification n’est nullement une fictionlégale, par laquelle le statut de l’hommechange, alors que son cœur demeureinchangé. Selon le verset17, noussommes “déclarés justes dans l’unionavec Christ”. En d’autres termes, notrejustification a lieu quand nous sommesunis au Christ par la foi. Or, quiconqueest uni au Christ n’est plus la même per-sonne. Au contraire, il est changé. Ce n’est

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1 Bible d’Étude Semeur 2000, copyright Société Biblique Internationale.2 Bien que la formulation soit de notre fait, la répétition insistante destermes « juridique » ou « juridiquement » provient des notes de la Bibledu Semeur.3 John STOTT, Appelé à la Liberté, le message de l’Épître aux Galates,Éditions Emmaüs, 1996.

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pas seulement son statut devant Dieu quiest changé. C’est lui-même qui estchangé – de façon radicale et perma-nente ».

Par cette crucifixion avec Christ, noussommes associés à Christ, qui a porté nospéchés sur la croix, et nos fautes sont par-données. Par la mort de notre vieilhomme avec lui, nous sommes morts aupéché, il n’a plus de pouvoir sur nous(Rm 6.7). Nous mourons aussi par rap-port à la loi, ce qui, pour Paul, nous libèreaussi du pouvoir du péché sur nous. Etnotre chair crucifiée n’a, elle non plus,plus de pouvoir sur nous.

De même que lorsque Christ est mortpuis ressuscité, il est resté une même per-sonne, cette mort avec Christ n’est pasla fin de notre personne, mais la fin denotre ancienne manière de vivre, héri-tée de nos pères (1 P 1.18), héritéed’Adam. Lorsque nous sommes bapti-sés dans la mort de Christ (Rm 6.3), nousmourons à notre humanité ancienne, des-cendante d’Adam.

Tout cela concerne l’« œuvre néga-tive » de l’Esprit en nous, la mort à notreancienne vie. Mais, heureusement, laBonne Nouvelle ne s’arrête pas au faitque nous sommes morts au péché, cru-cifiés avec Christ. De même que nousnous sommes dépouillés du vieil homme,nous avons aussi revêtu l’homme nou-veau (Col 3.9-10), ou « revêtu Christ »(Ga 3.27)4. Délivrés du pouvoir desténèbres, nous sommes dans le royaumedu Fils bien-aimé (Col 1.13). Morts avecChrist sur la croix, nous sommes res-suscités avec lui. Par ces morts (aupéché, à la loi…), nous ne sommes plusen Adam (descendants d’Adam), mais

nous devenons membres d’une huma-nité nouvelle dont Jésus est l’origine (noussommes en Christ). Il s’agit là de l’« œuvrepositive » de l’Esprit en nous, notre vienouvelle qui commence à notre conver-sion. Et à chacun des aspects négatifs quenous avons vus, liés à la crucifixion etla mort de Christ, correspond un aspectpositif lié à sa résurrection. Ainsi, libé-rés du péché, nous sommes esclaves dela justice, libérés de l’esclavage dupéché, nous sommes esclaves de Dieu– un esclavage choisi –, morts pour laloi, nous sommes vivants par l’Esprit etnous devons marcher par lui…5 Parl’Esprit nous pouvons et devons fairemourir tout ce qui relève du vieil hommeet de la chair (Rm 8.13).

Si, dans cet article, à travers l’ex-pression « crucifié avec Christ », nousnous sommes arrêtés à l’œuvre négative,celle-ci ne prend tout son sens que parl’œuvre positive, la vie nouvelle, éternelleet notre marche en nouveauté de vie, parl’Esprit. Car si Christ n’était pas ressus-cité, il n’y aurait pas de Bonne Nouvelle,la prédication de celle-ci serait vaine, ainsique notre foi ; nous serions encore dansnotre péché et nous serions les plus mal-heureux des hommes (cf. 1 Co 15.14-19). Mais Christ est bel et bien ressus-cité !

T.S.

4 Le passage parallèle d’Éphésiens 4.22-24, qui parle de devoir sedépouiller du vieil homme et revêtir l’homme nouveau commed’une démarche active que le chrétien doit mettre en œuvre dans savie, souligne que l’œuvre initiale commencée par l’Esprit lors de lajustification et la nouvelle naissance doit se poursuivre et s’approfondirpar la sanctification tout au long de la vie du croyant.5 Pour toutes les affirmations de ce texte sans références bibliques, voirnotamment Rm 6-7.

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L’Écriture accomplie

Dans le tableau ci-dessous, les faits mentionnés sont expli-citement perçus comme l’accomplissement de l’Écriture parl’évangéliste :

Ces textes prophétiques sont rédigés environ 1000 ans(David), 700 ans (Ésaïe) et 500 ans (Zacharie) avant les faits.

Matthieu cite un autre accomplissement : Alors s’accom-plit la parole du prophète Jérémie : Ils ont pris les trente piècesd’argent… (Mt 27.9) La mention du prophète Jérémie peutsurprendre puisqu’on lit une prophétie concernant les trentepièces d’argent dans Zacharie (Za 11.12 et 13). Les com-mentateurs proposent plusieurs explications, dont notamment

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Chris t est mor tpour nos péchés,selon les Écri-

tures ; il a été enseveli, ilest ressuscité le troisièmejour selon les Écritures1,affirme l’apôtre Paul enrépétant l’expression :selon les Écritures.

Jésus lui-même expli-quait à ses disciples : ilfallait que s’accomplissetout ce qui est écrit demoi dans la loi de Moïse,dans les prophètes etdans les Psaumes2. Lesévangiles de leur côtérelient certains évène-ments à des textes del’Ancien Testament endéclarant par exemple :afin que l’Écriture soitaccomplie.

LA CROIX

C’était écrit…Les prophéties accomplies à la croix

Évènements concernant Jésus àla croix

Textes de l’AncienTestament

« J’ai soif » (parole de Jésus)(Jn 19.28-29)

Ps 69.22 (David)

Ses vêtements sont partagés Sa tunique est tirée au sort (Jn 19.23-24 ; Mt 27.35)

Ps 22.19 (David)

Ses os ne sont pas brisés (Jn 19.33, 36)

Ps 34.21 (David), mêmesi le temps du verbe n’estpas le même. Les os del’agneau pascal ne de-vaient pas être brisés(Ex 12.46 ; Nb 9.12)

Son côté est percé (Jn 19.34, 37) Za 12.10

Il a été compté parmi les mal-faiteurs (Lc 22.37)

És 53.12

Le berger est frappé et les bre-bis du troupeau sont dispersées...Les disciples l’abandonnent etprennent la fuite. (Mt 26.31, 56)

Za 13.7

MARIE CHRISTINE FAVE

1 Extrait de 1 Co 15.3-42 Lc 24.44

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explique Henry Bryant3, mais plutôt lereflet de la réalité d’une séparation infini-ment douloureuse entre Dieu le Père et sonFils… » dans ces instants-là. Et on peut pen-ser que Jésus exprime cette souffrance encitant cette question.

Père, je remets mon esprit entre tesmains (Lc 23.46). Cette dernière parole deJésus sur la croix, dite « d’une voix forte »

exprime un acte volontaire et deconfiance envers Dieu le Père. Onretrouve cette déclaration dans leverset 6 du Psaume 31, mais sans lemot Père. Jésus s’adresse à Dieu avecle terme Père juste avant d’expirer etlorsqu’il demande : Père, pardonne-leur… (Lc 23.34) Cela sous-entendune proximité alors que, entre cesdeux phrases, Jésus s’était écrié : MonDieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tuabandonné ?

Dans ces heures si difficiles, Jésus citeles psaumes. C’est un exemple pournous… Faire le choix de nourrir nospensées de la Parole de Dieu quandon traverse un temps d’épreuve, dedésert : notre regard sur la situation

sera probablement transformé et notre êtreintérieur fortifié.

Tout est accompli

C’est le constat de Jésus avant de rendrel’esprit (Jn 19.30). On peut aussi traduire :C’est achevé. Il n’y a rien à rajouter. Jésusa achevé l’œuvre que Dieu lui a donné àfaire comme il l’affirme dans sa prière(Jn 17.4). Et Jean précise qu’avant deprendre le vinaigre, Jésus savait que déjàtout était achevé (Jn 19.28). Ce que l’Écritureavait annoncé était réalisé. MC.F.

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Ancien Testament Réalisation

« Ils ont percé mes mains etmes pieds. » (Ps 22.17)« il était transpercé à causede nos crimes… » (És 53.5)

Crucifixion

« Il a été maltraité… » (És 53.7)

Jésus est battu, crucifié. On crache sur lui…(Mc 15.15-20)

« semblable… à une brebismuette… Il n’a pas ouvertla bouche. » (És 53.7)

Jésus ne répond rien aux accusations…(Mt 27.12-14)

« Son sépulcre avec leriche » (És 53.9)

Le corps de Jésus estdéposé dans un tombeauneuf d’un homme riched’Arimathée nomméJoseph (Mt 27.57, 60)

Moqueries (Ps 22.8) Moqueries (Mt 27.39-41)

cette hypothèse : « Matthieu aurait pu penser àdeux passages de Jérémie, celui de 18.2 à 15et 19.1 à 15, en même temps qu’à celui deZacharie, ne mentionnant que le premier des deuxprophètes. »3

En lisant les récits de la crucifixion, onconstate la réalisation d’autres versets duPsaume 22 et du chapitre 53 d’Ésaïe, même sil’évangéliste ne fait pas référence à ces textes.

3 Henry BRYANT, Matthieu - Commentaire biblique, Édi-tions CLE

L’Écriture citée

Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre main-tenant, s’il l’aime (Mt 27.43). Dans leurs moque-ries, les religieux juifs reprennent probablementen partie le verset 9 du Psaume 22.

De son côté, Jésus cite le Psaume 22 : MonDieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?Cette question n’est pas comprise par ceux quil’entendent puisqu’ils pensent que Jésus appellele prophète Élie. Cependant, ce cri nous saisit ennous montrant la solitude de Christ au momentoù il subit le jugement de Dieu « à cause de noscrimes » (És 53.5). « Ce n’est pas l’expression d’undoute ou d’une défaillance de la part de Jésus,

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Une originelointaine, uneméthode précise

Il s’agit tout d’abord d’unetorture, d’une méthode d’exé-cution, empruntée aux Persesdurant l’Antiquité et prati-quée, développée, par lesRomains à partir du IIe siècleav. J.-C. et pendant plus decinq siècles. Ainsi, lors de larévolte de Spartacus, 6000esclaves furent crucifiés en 73-71 av. J.-C. L’historien juif Fla-vius Josèphe témoigne de 500supplices de la croix par jourlors des révoltes juives contreles Romains en 66 et 70 denotre ère. Les bourreauxavaient un entraînement sé-rieux, on l’a bien compris àla lecture effarante du nombreélevé de crucifixions pratiquéesdu temps des Romains ; la cru-cifixion était donc une actionbien codifiée, réalisée rapi-dement et efficacement. Letout ne prenait que quelquescourtes minutes pour uneéquipe bien entraînée. De plus,ce « savoir-faire » pouvaits’adapter en fonction de la si-tuation. On compte ainsi

trois méthodes principalesde crucifixion. La « crux sim-plex », « simple » poteau outronc d’arbre. Puis, la « cruximmissa », une croix complète.Enfin, la plus utilisée, la « cruxcommissa », une croix enforme de « T » composée dedeux parties. Une partie déjàplantée sur le lieu de l’exé-cution, le « stipes », et l’autrepartie emmenée directementpar le condamné, le « pati-bulum » (pesant entre 20 et40 kilos). Les condamnésétaient attachés par des cordesou des clous (pouvant allerjusqu’à 20 cm) aux mains etaux pieds.

Une mort lenteet atroce

Au final, le malheureux sup-plicié n’avait le choix qu’entredeux positions : il se laissaitaller en mettant le poids deson corps sur les clous plan-tés dans ses poignets et il s’as-phyxiait rapidement. Ou pourrespirer un peu, il appuyaitsur les clous de ses pieds etse relevait de quelques cen-timètres, ce qui lui permet-

Syrie, mars 2014.

Dans la ville de Raqqa

au nord du pays :

deux hommes sont

crucifiés. Ainsi, près

de 2000 ans après les

évènements

concernant Jésus, la

crucifixion (ou le

crucifiement) semble

encore d’« actualité ».

Cependant, d’où peut

venir ce supplice

affreux ? Quelles

fonctions remplissait

cette torture ? Quelles

dérives humaines

peut-on relever au

cours de l’Histoire ?

GAVIN

SUTHERLAND

Le supplice de la croix

LA CROIX

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tait de reprendre un peu son souffle, maisau prix d’un effort intense et épuisant ;et, bien sûr, tout cela accompagné sansinterruption de la douleur atroce, decrampes incessantes dans tous les muscles,de la douleur des coups reçus pendantla flagellation, de la soif intense…

Un exemple historiquerécurrent

Le crucifiement (haritsuke) a été pra-tiqué au Japon durant la période trou-blée des « provinces en guerre » (XVe-XVIe siècle) On a souvent évoqué uneinfluence consécutive à l’arrivée de chré-tiens, mais cette pratique de supplicierdes gens sur des cadres – plutôt que descroix – est plus ancienne et remonte auXIIe siècle. La symbolique chrétienne aété assimilée lorsqu’il s’agissait de sup-plicier des chrétiens au XVIe siècle. Lesupplicié était ligoté à deux barres hori-zontales sur une poutre verticale et, unefois la croix érigée, le corps était laissédurant trois jours. Au XVIe siècle, le cru-cifiement tête en bas était courant. Il aexisté une « variante » pour les chrétienscrucifiés : en bord de mer à maréebasse pour que la marée montante lessubmerge jusqu’à la tête, supplice quipouvait durer plusieurs jours. Le cruci-fiement était encore pratiqué au Japondans la deuxième partie du XIXe siècleet lors de la 2nde Guerre Mondiale sur desprisonniers britanniques.

Une dérive possiblecontemporaine : ledolorisme

Ce supplice de la croix est donc bienancré dans notre monde et on peut assis-ter à des dérives concernant une théâ-tralisation du « chemin de croix ». On

parle de dolorisme, c’est-à-dire de com-plaisance à la douleur pour marcher surles traces du Christ et ainsi « améliorer »sa relation avec lui. Les Évangiles témoi-gnent de ces mots prononcés par Jésus :« se charger de ou porter sa croix »(Mt 16.24, Mc 8.34, Lc 14.27) Commesouvent malheureusement, l’hommeécarte un texte de son contexte pour enfaire un prétexte douteux. Selon Pierre-Yves BRANDT, docteur en psychologie dela religion : « Le dolorisme mérite d’êtreinterrogé […] Dans les Évangiles, lesalut n’est pas dans la souffrance subie,mais dans la relation qui s’instaure entreJésus et ceux qui le condamnent. Jésusindique la voie d’un profond retourne-ment des forces destructives vers lemoyen de communiquer à autrui ledésir qu’il vive au-delà de ce qu’il meten œuvre aujourd’hui. »

Pour conclureLes douleurs innombrableset innommables que le Sei-gneur Jésus-Christ a subies

à Golgotha doiventnous permettre degarder les yeux fixés

sur lui. Son amour incom-mensurable qui découle dece sacrifice, par ce supplicequi concernait les « pirescondamnés à mort », est lefondement de notre foi et denotre relation avec Dieu auquotidien. Comme nous lerappelle Hébreux 10, ce sa-crifice a été offert « une foispour toutes ».

G.S.

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Les évangiles ne nous laissent pas dans le doute : Jésus lui-même trouvait particuliè-rement pertinente cette métaphore qu’il aimait employer pour que les candidats-disciplessachent à quoi ils s’engageaient. Prendre ou se charger de sa croix doit rester pour nousune image exigeante et… dérangeante !

Qu’il se charge de sa croix…

ROBERT SOUZA

Une déformationpopulaire

Commençons par faire un sortà une forme dénaturée de cetteparole du Seigneur qui s’estrépandue dans notre culture.Lorsqu’on se réfère à des douleurs(physiques ou morales) subies endisant : « Je dois porter macroix… », on est loin de la pen-sée de Jésus. Le disciple estvolontaire pour se charger de sacroix. Le texte de Luc 14.27, quiemploie un verbe qu’on peuttraduire par porter sa croix, estimmédiatement suivi d’autresimages qui invitent le disciple àsuivre le Maître les yeux grandouverts (calculer la dépense avantde construire, réfléchir avant departir en guerre).

Une parole fortePour nous, qui vivons dans une

société qui ne connaît plus lapeine de mort, il y a un effort àfaire pour prendre conscience dela vraie force de la conditionque le Seigneur pose. Les pre-

miers disciples avaient souvent vupasser un homme portant labarre transversale d’une croixsur ses épaules. Ils savaient trèsbien où allaient ces hommes. Ilssavaient qu’ils ne les verraient pasrevenir. Lorsque Jésus leur parlede se charger de leur croix, ils sai-sissent sans peine qu’il les inviteà un changement radical d’orien-tation, de priorité, de préoccu-pation première… À un voyagesans retour. La croix est un ins-trument de mort.

Prêts au martyre ?Jésus invite-t-il ses futurs dis-

ciples à se préparer au martyre ?La question est légitime. Le Christmarche lui-même vers la croix.Dans les trois évangiles synop-tiques, l’invitation à prendre sacroix suit de près l’incident oùPierre confesse Jésus comme leChrist de Dieu, ce qui entraîne larévélation sans détour de la mortet de la résurrection nécessairesdu Fils de l’homme1.

Grain à moudre

1 Mt 16.13-24 ; Mc 8.27-34 ; Lc 9.18-23

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Suivre le Christ est-ce mar-cher inévitablement vers unemort violente ? En fait, commeon le verra, cela engaged’abord à adopter une nou-velle manière d’envisager lavie. Mais l’éventualité dedevoir mourir pour sa foi n’estpas exclue. Disons que c’estun cas limite, mais envisa-geable, du principe que Jésusveut enseigner.

Un principeessentiel

L’invitation à se charger desa croix n’est pas relayée parJean dans son évangile. On ytrouve pourtant comme unpassage parallèle, mais quiest introduit par une autreimage forte. Amen, amen, jevous le dis, si le grain de bléne tombe en terre et ne meurt,il demeure seul ; mais s’ilmeurt, il porte beaucoup defruit2. Jésus attire ainsi l’at-tention sur un principe, déjàprésent dans le règne végétal,mais qu’il révèle comme la clédu règne de Dieu : la viejaillit de la mort. Pour vivrepleinement, il faut donc lais-ser agir la mort. C’est aussi lesens de l’image de se chargerde sa croix.

Mourir, c’estrenoncer

Jésus met en apposition« qu’il se renie lui-même » et« qu’il se charge de sa croix ».Qu’implique pratiquement lefait de nous désavouer nous-mêmes ?

Reprenons Luc 14.26-33,qui nous fournitun éc la i rageintéressant. Ici,il y a d’abordun rapproche-ment entre por-ter sa croix et lefait de détesterpère, mère, etc.,e t m ê m e s apropre vie. Àcompléter parl’injonction à renoncer à tousses biens (v. 33). Des proposdifficiles à entendre, mais quiposent clairement la questionde ce qui mérite la premièreplace dans nos affections, nospréoccupations et nos enga-gements. Pour suivre Jésus,nous désavouons l’ordre depriorité que la culture, lafamil le ou notre propreégoïsme voudraient nousimposer dans nos choix.

Selon Jean, Jésus résumeainsi les conséquences pra-tiques du principe du grain deblé et de la vie qui jaillit de la

mort : Celui qui tient à sa viela perd, et celui qui déteste savie dans ce monde la garderapour la vie éternelle.

Luc rapporte une petitevariante : qu’il se chargeCHAQUE JOUR de sa croix… Àquoi le Seigneur m’invite-t-ilà mourir aujourd’hui ? Sur

quoi veut-il mettre le doigt endisant : ceci n’est pas digned’un disciple du Crucifié ?Les choses qu’il veut nousaider à désavouer sont nom-breuses et variées : de la peurà la pornographie en passantpar l’orgueil, l’amertume, lamédisance… Ne résistons pasà cette œuvre de la grâce quiveut nous aider à mourir pourvivre. Sur le chemin où nousmène Jésus, chaque « mort »acceptée ouvre la porte à plusde vie.

R.S.

2 Jn 12.24-26

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LA CROIX

La croix de Jésus-ChristJOHN STOTT, ÉDITIONS GRÂCE ET

VÉRITÉ, 471 PAGES, 24.00 ⇔

Présentation magis-trale du message dela croix, dont lesdifférents aspectssont analysés un àun à la lumière del’enseignement deJésus et de sesapôtres : les raisonsde la mort de Jésus,

son sens profond, ses résultatset son écho dans notre vie.

50 raisons pour quoiJésus doit mourirJOHN PIPER, ÉDITIONS

EUROPRESSE, 2004,120 PAGES, 12.00 ⇔

Qui a envoyéJésus à la croix ?Pourquoi fallait-il qu’il meure ?Pourquoi tant desouffrance ? Quelrapport avec moi ? Le mes-sage de la Bible annonce clai-rement que c’est Dieu qui amené Christ à Golgotha. Par-tant de cette affirmation ren-versante, l’auteur examine demanière originale les raisonspour lesquelles il était néces-saire et indispensable queJésus aille à la croix selon ledessein de son Père.Mais la réponse centrale à lamort de Christ n’en est pas les

causes (pourquoi), mais le des-sein (pour quoi). Non pas 50causes, mais 50 buts enréponse à la plus importantequestion à laquelle chacun denous est confronté : « Qu’est-ce que Dieu a accompli pourdes pécheurs comme nous enenvoyant son Fils à la mort ? »

La croix estun scandaleRéflexion surla mort et larésurrectionde Jésus-ChristDON CARSON, ÉDI-TIONS EUROPRESSE,

176 PAGES, 14,00 ⇔

Beaucoup de chrétiensacceptent le fait que la croixde Christ est un élément cen-tral de l’Évangile du salutaccompli en Christ. Mais il estmoins courant d’en saisirtoute la dimension scanda-leuse. Ce crucifié si particulier

n’aurait jamais dû l’être s’il n’yavait eu que les hommes enlice. Derrière la croix, se pro-jette l’ombre de son plusgrand acteur : Dieu lui-même. C’est pourquoielle est suivie par la cer-titude glorieuse de larésurrection.Dans ce livre, Don Car-son explique le sens fon-damental de ce sacrificeet comment ce triomphe

divin a des portées eschatolo-giques enrichissantes pouraujourd’hui.

Le mal et la croixHENRI BLOCHER,ÉDITIONS EXCELSIS,208 PAGES,14,00 ⇔

Si certainsdébats d’idéesparaissent àdes annéeslumière de lavie concrète, ce n’est pas lecas de la question du mal.Tous ne la posent-ils pasquand ils s’insurgent contre laviolence et la guerre, contre lamaladie et la mort ? La ques-tion n’épargne pas les chré-tiens. Lequel d’entre eux nes’est jamais demandé, devantla souffrance par exemple,pourquoi Dieu – le tout-puis-sant Dieu d’amour – a permisau péché d’avoir prise sur sescréatures ? Si ce livre ne pré-tend pas résoudre la questiondu mal, il apporte au débatune contribution chrétienneoriginale.

Pourquoi lacroix ?JOHN BLANCHARD,ÉDITIONS EUROPRESSE, 40PAGES, 2.90 ⇔

Pour des millions degens dans le monde,

Biblio graphie thématique

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la croix n’est plus qu’un bijouou un porte-bonheur, untatouage ou une sorte d’amu-lette. L’écart énorme quisépare l’événement originalet l’utilisation actuelle du sym-bole soulève des questionsfondamentales. Ces pagesétablissent avec une grandeclarté que la mort de Jésus surla croix renferme notre seuleespérance d’obtenir le pardondes péchés et la vie éternelle.

Le prix de la croix…dans le concret de ma

vieFoi auquotidienHENRY BLACKABY,ÉDITIONS MAISON

DE LA BIBLE, 200PAGES, 8.00 ⇔

La croix neconcerne pas uniquementChrist ; elle nous concerneaussi, vous et moi. Elle estmême incontournable etindiscutablement nécessaire sinous voulons marcher à lasuite du Seigneur en tant quedisciples. Il est donc importantque nous en comprenions clai-rement le sens dans notre vie.

De la croix à l’Évangilede la croix Dynamique deréconciliationPAUL WELLS, EXCELSIS, 295 PAGES,

18,00 ⇔

Notre sociétépostmoderneest tellementfocalisée sur lavalorisation del’individu quela significationd’un acte loin-

tain dans le temps comme lacroix de Jésus-Christ est deve-nue difficile à comprendre.Jésus est bien plus qu’unexemple d’amour ou une vic-time de la violence. QuandDieu reçoit et approuvel’œuvre de la croix, le résultaten est une humanité capablede relations nouvelles, de par-don et de renouveau à touségards. Cette réconciliationévoque la fin de toute oppo-sition, aliénation et mort.Désormais, entre Dieu et lesêtres humains comme entreles humains, une vie de res-tauration, de guérison, dereconnaissance et de joie estpossible. C’est ce que recher-chent nos contemporainsatteints par une lassitude exis-tentielle face aux réalitéscontrastées du quotidien etsouffrants de l’absence d’unedemeure au sens profond etriche du terme.

Traverser les épreuves Méditation sur le chemin decroixÉTIENNE SÉGUIER,ÉDITIONS EMPREINTE,80 PAGES, 8.00 ⇔

Comment le faitde suivre leChrist dans samarche vers lamort contribue-t-il à nous engager dans unchemin de croissance person-nelle ? L’auteur nous proposede parcourir les quatorzeétapes entre la condamnationde Jésus et sa mise au tom-beau.

La croix, une puissanceoubliée...PHILIPPE DECORVET

– THIERRY JUVET,ÉDITIONS

EMMAÜS, 136PAGES, 13.70 ⇔

Dans une pre-mière partie,Philippe Decor-vet reprend les grandes véri-tés du NT sur la croix d’unemanière actuelle, simple,approfondie et émail léed’exemples concrets. Dansune deuxième partie, ThierryJuvet explique ces véritésd’une façon plus théologiqueet aussi psychologique, avecdes exemples de son ministèrepastoral spécialisé.

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Scandale que ce sym-bole de mort, de tortureet de malédiction soit

devenu un sujet de gloire pourdes millions de chrétiens.

Déjà à son époque, l’apôtrePaul écrivait : Je ne me glori-fierai de rien d’autre que de lacroix de notre Seigneur Jésus-Christ ; par qui le monde estcrucifié pour moi et moi pourle monde.

Pourquoi se glorifier de lacroix au point de la garder aucentre de notre proclamation ?

La croix révèlela profondeur denotre péché

Tout d’abord, la croix révèlela profondeur de notre pé-

ché. C’est lorsque nous re-gardons à la croix que nous pre-nons conscience de sa gravité.Nous voyons que notre péchéblesse tellement Dieu qu’il a dûenvoyer son Fils en porter lacondamnation. À cause denotre péché, un innocent a dûmourir à notre place.

Anselme au XIIe siècle adit : « Si Dieu ne punissait pasle péché ou n’exigeait pas unejuste réparation, il le pardon-nerait injustement. »

La croix de Jésus montre lagrandeur du péché, elle

crie au mondeentier : « Vous

êtes séparés de Dieu,vous avez besoin de ré-conciliation. »

La croix démontrel’amour de Dieu

Lorsque nous regardons àla croix, nous comprenons laprofondeur de notre péché,mais aussi l’immensité del’amour de Dieu. La croixnous montre le fossé qu’il y aentre nous et Dieu et le coûtde notre péché, mais elle nousmontre aussi que Dieu nousaime à un tel point qu’il aaccepté de quitter son état degloire pour s’incarner enhomme.

Il est venu sur cette terre, ila vécu parmi nous, il s’estabaissé à la souffrance hu-maine. Le créateur a pris notrecondition et il s’est livré lui-mêmeà la mort sur la croix pour payer

Centralité et Scandale de la Croix

Si un soldat romain du premier siècle parcourait nos villes du XXIe siècle, il serait sans douteextrêmement surpris de trouver des croix dans toutes nos rues. Sur les fontaines, sur lesclochers des églises, sur les colliers de nombreuses personnes, la croix est omniprésente.Pourtant, il y a deux mille ans, la croix était le scandale ultime, signe de la mort la plus atroce.Une mort tellement atroce qu’on ne pouvait y soumettre un citoyen romain. On la réservaituniquement pour les criminels étrangers ou les esclaves coupables de révolution.

ÉVANGÉLISER AUJOURD’HUI

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à notre place le prix de notrepéché.

La croix nous montre notrepéché, mais elle le fait d’unemanière à ne nous laisseraucun doute : nous pouvonsêtre acceptés.

La croix est le seulmoyen de salut

La Bible nous apprend queles hommes à cause de leurpéché sont sur un cheminlarge qui mène à la perdition.Jésus nous propose un cheminétroit qui conduit à la vie éter-nelle. Il dit : Moi, je suis laporte ; si quelqu’un entre parmoi, il sera sauvé.

Il est nécessaire de passerpar la croix pour être sauvé,c’est le seul chemin. La croix,c’est Jésus qui devient monpéché et qui subit la condam-nation à ma place pour que jepuisse être justifié et réconci-lié avec Dieu.

Sans la croix, il n’y a aucunsalut possible, car noussommes sous le coup de la jus-tice de Dieu. À la croix, sonamour et sa justice se ren-contrent. Sa justice est satisfaitenon en tombant sur nous,mais en tombant sur lui. C’est

cet acte d’amour qui nouspermet d’être sauvés.

La croix estla garantie d’unenouvelle vie dèsaujourd’hui et pourl’éternité

La croix est un scandale :celui d’un Dieu qui s’humilie,qui prend la place du pécheur,mais elle est aussi une victoire,car elle est indissociable de larésurrection qui la suit. Parceque le sacrifice de Jésus étaitparfait, parce qu’il était saintet sans défaut, il a été agréépar Dieu. Christ a vaincu lamort et avec elle le péché quientraînait la mort.

La résurrection du Christ estl’assurance de notre proprerésurrection et l’assurance quesi nous mettons notre foi en luinous pouvons avoir une nou-velle vie dès aujourd’hui.

Conclusion

Une vie sous la croix

La croix est un sujet degloire, car elle nous libère dela puissance du péché. Elle nousamène à détourner les regardsde nous-mêmes pour les cen-trer sur Christ.

Elle nous fait comprendreque nous ne sommes pasmeilleurs que les autres hommeset que nous devons les aimercomme Christ nous a aimés.

Elle nous amène aussi à croireque Dieu peut sauver n’importequi, car il nous a sauvés nous-mêmes.

La croix est le fondementde notre vie en Christ et le fon-dement de notre évangélisa-tion.

Proclamer la croix dansl’évangélisation

À l’exemple de l’apôtrePaul, nous devons partagerdans l’évangélisation le mes-sage de la croix de Christ. Lemessage de la croix est le seulespoir pour les perdus. Nousne proclamons pas un messagede bien-être, des promesses deprospérité ou encore une vieplus facile en devenant chré-tien. Nous proclamons la né-cessité de la croix commeunique moyen de salut pourl’homme. N’en ayons pashonte. L’Évangile est puissancede Dieu pour le salut de ceuxqui croient !

PHILIPPE MONNERY ET PAUL MONCLAIR

MEMBRES DE FRANCE ÉVANGÉLISATION

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L’essence de l’art« L’art est une représentationde la réalité à travers le res-senti de l’artiste d’unemanière qui parle aussi à

d’autres » (H. Egelkraut). Il ne veutpas être une imitation du modèle,mais une reconstruction de la réa-lité selon les sentiments et les repré-sentations de l’artiste. L’aspirationà quelque chose de plus beau, de

meilleur, témoigne du besoin del ’ h o m m e d ’ u n erédemption de lui-

même e t de sonmonde ainsi que del’aspiration à uneperfection qui som-meille en lui. L’artc o n s t r u i t s o npropre mondequi est rattachéau monde pré-sent , mais letranscende – en

bien comme enmal. […]

L’art a une fonctionpublique : les œuvres

d’art veulent orienter notrevision, nous apprendre àvoir, elles sont expression

et appel. L’artiste s’identifie avec sonœuvre et se fait prophète ou prédi-cateur. Sa force ne réside pas dansune claire logique argumentative,mais dans la suggestion, l’imaginaire,l’intuitif et le subconscient. D’oùson ambivalence – comme danstoute création, il fait appel à ce quiexiste en l’homme et se trouveinterprété et reçu dans ce cadre.

L’art dans la BibleLa création divine est appelée

« bonne », ce qui ne signifie pas seu-lement fonctionnelle, mais aussibelle. Dans le monde originel deDieu, le bon et le beau coïncidaient– ce qui n’est plus nécessairementle cas dans un monde déchiré parle péché. Non seulement une bellefemme peut devenir une tentatrice(Pr 6.25), mais le seul Bon, celui quiétait le plus proche de Dieu, n’avait« ni prestance ni beauté pour rete-nir notre attention » (Es 53.2).Malgré ce conflit, Israël possédait unart représentatif et musical très déve-loppé pour le culte (au tabernacleet au Temple) ainsi qu’un art litté-

Qu’est-ce que l’art ?Quelle est sa relationavec la foi chrétienne ?

1 Extrait de L’Encyclopédie des questions, 1200 ques-tions et réponses autour de la foi chrétienne,Editions Emmaüs, avec autorisationALFRED KUEN

1

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raire pour la description de larévé la t ion d iv ine dansl’Histoire et la création ainsique pour la louange de Dieu(livres historiques, psaumes).Les artistes sont remplis del’Esprit de Dieu qui leurconfère « de l’habileté, de l’in-telligence et de la compé-tence » (Ex 31.3). Cependant,la beauté ne fut jamais pourIsraël une entité autonome etabsolue, mais une émanationde l’action divine.

D a n s l e N o u v e a uTestament, Jésus se réjouitde la beauté de la création(Mt 6.28ss) ; le NT se sert dulangage poétique (Ph 2.5ss) etle culte de l’Église est marquépar la beauté (cf. les scènes cul-tuelles de l’Apocalypse). Toutce qui est pur, qui mérite res-pect et louange doit nourrir lespensées des chrétiens (Ph 4.8).« Tout est à vous » (1 Co 3.21-22) comprend aussi la beautéet l’art.

L’art et la foichrétienne

Pour Platon, ce qui est bonest beau, et le beau prépare lechemin vers le monde éternel.[…] Si l’art revendique unefonction de révélation ou derédemption, il s’oppose à lafoi.

Un autre danger de l’art estqu’il nous transpose dans unmonde irréel qui ignore lemal et la souffrance du monde

réel. Ce fut le cas de l’esthé-t isme des romant iques.Nietzsche prétendait que l’artréconciliait avec la vie entransfigurant et divinisant lasouffrance. Ainsi considéré,l’esthétisme paralyse et neu-tralise l’éthique – contrairementà la foi chrétienne qui prenden compte le monde tel qu’ilest, avec tout ce qui est ines-thétique, mauvais et doulou-reux, et appelle à lutter contreles forces du mal.

Cependant, l’homme crééà l’image de Dieu a part à sacréativité. Par la création artis-tique, il reconstitue son mondeet donne aux autres joie, res-sourcement et détente. Il faitdécouvrir la beauté et la gloirede Dieu et incite à la louangeet l’adoration. L’art peut ouvrirl’esprit à l’Évangile et l’orien-ter vers ce qui est noble, puret vrai. Il peut aussi nousouvrir les yeux sur la misèred’un monde sans Dieu et créerune aspiration à la rédemption– sans la procurer.

Dans ce sens, l’art a tou-jours eu sa place dans l’Église.La peinture a choisi des motifsbibliques, le luthéranisme afavorisé l’expression musicale,l’anglicanisme la littérature.Là où l’art domine le culte, onaboutit à une religion pan-théiste et mystique. Il ne fautpas que l’art prenne la placede la Parole qui, seule, peutcréer la conviction de péchéet conduire à Dieu. (D’aprèsH. Egelkraut.)

L’art : terrain derencontre

Puisque l’art est une valeurrefuge de l’homme moderne,il peut servir de terrain de ren-contre privilégié, non seule-ment entre les hommes désa-cralisés eux-mêmes, mais aussientre eux et les chrétiens.Jésus pratiquait déjà cetteapproche indirecte lorsqu’ilracontait ses paraboles. Lamusique est sans doute laforme la plus répandue et laplus accessible de l’art. Elle estdonc un moyen privilégié derencontre entre les hommes du21e siècle et les chrétiens, àcondition d’obéir aux lois quirégissent tout langage pourqu’il soit compréhensible.

Le chrétien et l’artL’art est un moyen privilé-

gié qui permet au chrétiend’exprimer ce qu’il ressent etespère, ce qu’il aime et

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admire. Plus il connaît son Dieu, plus il se connaîtlui-même et plus il connaît l’homme qui vit à sescôtés et à qui il veut transmettre le message libé-rateur de Dieu. L’art moderne en particulier nousrévèle les peurs et les espoirs de nos contemporains,leurs fantasmes et les démons qui les habitent. Etpuisque les discours ne sont plus guère écoutés dansnotre monde, peut-être que par ces modes de com-munication non verbaux, nous parviendrons mieuxà percer le mur d’indifférence de nos concitoyenset à les rendre ainsi attentifs à ce que nous aime-rions leur dire.

Au cours de l’Histoire, les chrétiens ont adoptédeux points de vue radicalement opposés vis-à-visdes arts : certains y ont vu un moyen de s’appro-cher de Dieu, les œuvres d’art étant considéréescomme des objets religieux inspirant et nourrissantla prière (les icônes, par exemple, ou les statues dessaints). D’autres, de tendance iconoclaste, ontrejeté toute dimension religieuse de l’art – s’ils n’ontpas été jusqu’à détruire toute œuvre d’art.

Dans les premiers siècles, l’Est fut dominé parles iconoclastes, l’Ouest par ceux qui vénéraient lesIcônes. Par une ironie de l’Histoire, la tendance s’estinversée avec le temps, l’Est développant une théo-logie très élaborée des icônes.

L’Écriture valorise le don et les œuvres des artistes.Calvin, s’appuyant sur Ex 35, dit que toute œuvred’art, même accomplie par des non-croyants, estun don du Saint-Esprit (Institution chrétienne II,2.16). La perversion de l’art au profit de l’idolâ-trie dans les religions des environs d’Israël (et dansl’expérience du veau d’or) a inspiré au peuple deDieu de l’Ancienne Alliance une grande méfianceenvers tous les arts plastiques (peinture, sculpture).

Seules la littérature et la musique ont été culti-vées par le peuple élu. Sa poésie a produit de réelschefs-d’œuvre capables de rivaliser avec les plusgrandes productions littéraires mondiales.

La musique fut pratiquée en Israël depuis les pre-miers temps. Même la musique instrumentalecontribuait à la louange de Dieu (1 Ch 23-5 ;2 Ch 7.6 ; Ps 150.3-5).

Maladie, guérison etaccompagnementHENRY BRYANT, SYLVIA EVANS,ÉDITIONS CLÉ, 9.90 ⇔

Ce petit livre apporte, enquelques pages faciles à lire, undouble éclairage sur des ques-tions qui sont au cœur de la viehumaine. Dans une premièrepartie, Henry Bryant fait letour de « La maladie et la gué-

rison dans la Bible ».Avec clarté et simpli-cité, il examine l’ori-gine et les causes del a m a l a d i e , l e sexemples bibliquesde guérison, les pro-messes de Dieu, pourfinir par des conseilstrès pratiques en ré-

ponse à la question : Que faireface à la maladie ?Dans le deuxième volet, SylviaEvans aborde le sujet de l’ac-compagnement en nous li-vrant des conseils avisés, tirésd’une longue expérience dansle domaine. Les pages consa-crées à l’écoute sont remar-quables, avec, d’emblée, ceconstat essentiel : « c’est un tra-vail ».Un livre utile, à lire et à gar-der pour pouvoir y revenir.R.S.

Paruen librairie

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Page 35: La croix - Servir

Paruen librairie

Le mariage Un engagement complexe àvivre avec la sagesse de DieuTIMOTHY & KATHY KELLER, ÉDITIONS

CLE, 2014, 310 PAGES, 25.00 ⇔

Une phrase del’auteur résumele cœur du mes-sage de ce livre :« Ephésiens 5 nousdit que le ma-riage ne se réduitpas à faire l’amour,à être socialementstable ou à s’épa-

nouir. Il a été créé pour reflé-ter, sur le plan humain, notrerelation d’amour et notre unionultimes avec le Seigneur. Il s’agitd’un signe et d’un avant-goûtdu futur royaume de Dieu. »(p.197) Face aux concepts actuels– chez les croyants ou les scep-tiques – de ce qu’est le mariageet les critères d’un mariageréussi, cet ouvrage parait àpremière vue très conserva-teur. Mais le lecteur persévéranty découvrira au fur et à mesuredes principes bibliques et pra-tiques indispensables à un ma-riage solide et enthousiasmant.Le chapitre consacré à la ques-tion du célibat est égalementtrès intéressant. M.R.

Au cœur de la prièreYAN NEWBERRY,ÉDITIONS BIBLOS, 2014,224 PAGES, 15.00 ⇔

Ce livre (nouvelleédition) est la syn-thèse des nombreux

enseignements que l’auteurbien connu pour son ministèrea donnés depuis des années. Ils’enrichit d’extraits (avec au-torisation) du canevas d’étude« Esdras – Néhémie – Esther »de C.-L. de Benoît, publié parla Ligue pour la Lecture de laBible et maintenant épuisé.Après l’examen du contextehistorique et géographique dulivre de Néhémie, l’étude du textebiblique dégage les grandsprincipes de la prière par deschapitres émaillés de « Plagespédagogiques » invitant à la ré-flexion personnelle. L’ouvragese conclut par dix Annexes de2 à 3 pages chacune, répondantà diverses questions fréquentesen rapport avec la prière.A recommander à toute personnedésirant approfondir sa vie deprière ! M.R.

Faireconfianceau Seigneur 30 jours pourprogresserdans la foiISABELLE OLEKHNO-VITCH, ÉDITIONS

EXCELSIS, 2014, 142 PAGES, 13.00 ⇔

Comme le sous-titre l’indique,en s’appuyant sur l’étudede 4 textes bibliques du-rant 4 semaines, ce livre pro-pose 30 méditations quo-tidiennes de 3 à 4 pagessur le thème de la foi.La démarche peut être in-dividuelle ou en petitgroupe. M.R.

Gouttes de rosée Pour consolerCHOISIES ET CLASSÉES PAR LUCIEN

CLERC, CROIRE POCKET, 2013,110 PAGES, 6.00 ⇔

Le volume 2 de ce« Petit dictionnairede citations et ré-f l e x i o n s c h r é -tiennes » fait par-tie d’une collectiondestinée à rassem-bler un ensemblede citations correspondant à troisaxes : Encourager – Consoler –Édifier.Ce sont des perles pour soilorsque les circonstances de lavie sont lourdes à porter, maisaussi des perles à distribuerautour de soi. Ce ne sont pasdes versets bibliques, mais ellessont tirées de la réflexion et duvécu de nombreux auteurs.Certains sont célèbres commeHudson Taylor : « Il est plus im-portant de découvrir ce que Dieuveut me dire dans une pé-riode difficile que de sortirde cette période difficile » ;d’autres anonymes, commel’auteur de « Il est arrivéquelque chose à la mort lorsquele Christ l’a subie ». Ce petit

recueil présente l’avantage depouvoir être ouvert à tout mo-ment, et même être offert à toutepersonne en recherche de Ce-lui qui est notre consolateur.

Nelly PARLEBAS

La rédaction de « Servir » ne cautionne pas obligatoirement toutes les affirmationset positions présentées dans les ouvrages répertoriés. Certains ouvrages peuvent tou-tefois présenter un intérêt pour l’étude et nous faisons alors mention de nos réserves.

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Servir 3-2014 21/07/14 09:13 Page33

Page 36: La croix - Servir

Paruen librairie365 prières pourchaque jourSARAH RICHELLE, ÉDITIONS EMPREINTE,2013, 370 PAGES, 14.90 ⇔

L’auteure proposepour chaque jourune prière autourd’un aspect de la viespirituelle. Chacuned’elles porte un re-gard lucide sur notrecondition humaineet notre état de pé-

ché, en perspective avec la sain-teté et la bonté de Dieu. L’ac-cent est mis sur notre relationà Dieu et ses conséquencesdans notre quotidien.« Admettre sa faiblesse », « Larésurrection : Jésus est vivant ! »,« Au début d’une nouvelle an-née » sont quelques titres deprières de ce recueil, conçu à lamanière d’un calendrier per-pétuel. Suivant les fêtes chré-tiennes, adressées avec confianceau Père tout-puissant, ces prièressont ressourçantes, parfois bou-leversantes, mais toujours bien-faisantes.

Lucile REUTENAUER

Guérie de mon passé En marche vers l’avenirCORINNE CHARDIN, ALAIN

NISUS, CROIRE PUBLICATIONS,2013, 96 PAGES, 6.00 ⇔

Ce petit livre est construiten deux parties : toutd’abord, Corinne Char-din donne son témoi-gnage. Élevée tant bienque mal dans une famillerecomposée, cherchant sonidentité à travers des expé-riences destructrices, meurtriepar la vie et dépressive, elle dé-

couvre pourtant l’amour deDieu pour elle ainsi que la gué-rison physique et spirituelle.Dans un deuxième temps, AlainNisus répond à quelques ques-tions que la lecture a pu sou-lever : comment devenir chré-tien, la réalité de l’œuvre dudiable ou les liens entre la psy-chologie et la foi.Cet ouvrage délivre « un for-midable message d’espoir : il nousmontre qu’avec Dieu, rien n’estperdu ».

Lucile REUTENAUER

Dieu au centre ! Retrouver le sensdu culteJANIE BLOUGH, DOSSIER

DE CHRIST SEUL 3/2013,ÉDITIONS MENNONITES,88 PAGES, 8.00 ⇔

Le culte aujourd’huiest souvent structuréen « louange-prédi-cation ». On veut y passer unbon moment avec Dieu et s’yfaire du bien. Et si on passaità côté de l’essentiel ?Ce Dossier offre une perspec-tive plus large, avec une struc-ture en quatre parties : ras-semblement, écoute de la Parolede Dieu, réponse, envoi et bé-

nédiction. Dans ces par-ties, la diversité du vécudes cultes de l’Église pri-mitive peut s’exprimer,dans le cadre d’une rela-tion d’alliance entre Dieuet son peuple.Quant à la recherchede bien-être (spiri-tuel et individuel),

l’auteure la recadre gen-timent en invitant à mettreDieu au centre de noscultes, et en en souli-

gnant la dimension commu-nautaire.Trois matériaux des cultes sontdéveloppés : la Bible, la prièreet le chant, avec de nombreusespistes pratiques. Les propositionsvont dans le sens de la variétéet du renouvellement, pour,ensemble en Église, refléterl’unité dans la diversité et lais-ser monter la sève de l’Esprit deJésus.Au final, on comprend mieux« pourquoi le culte » et « pourquoi le culte ». Un élan neuf pourDieu, ensemble, pour être en-voyés en mission dans le monde,voilà ce que transmet l’auteure

qui termine une thèse dedoctorat sur le sujet.Commande et paiement :www.editions-menno-nites.fr ou Editions Men-nonites - 3 rte de GrandCharmont - 25200 Mont-béliard - Tél : 03 81 94 5914.

L’incroyable histoire deGeorges Muller SAMUEL HONG, LA MAISON DE LA

BIBLE, 2013, 157 PAGES, 13.00 ⇔

Ce livre destiné aux enfants(ou à ceux qui cherchent unelecture facile) retrace la vied’une personnalité bien connuedans nos Églises de Frères,presque un père fondateur. Lesous-titre « Quand Dieu ré-pond aux prières » donne le tonet l’orientation de cette bio-

graphie tout en cou-leur, illustrée par LeeWOO-JUNG. Bel en-couragement à semettre à genoux.

R.K.

Servir 3-2014 21/07/14 09:13 Page34