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Préface BRANCHE I La Destruction Avertissement 13 BRANCHE UN DESTRUCTION récit 1 La lampe 19 1 Ce matin du 11 juin 1985, 19. - 2 Je voudrais, en somme, 20. - 3 Hier au soir, avant de me coucher, 21. - 4 Si j'ai décrit les deux versions, 24. - 5 Sur le bureau, dans la lumière de la lampe, 26. 6Dès que je me lève, 29. 7 Assis à ce bureau, ouvrant le cahier, 31. 8 Insensiblement, d'aube en aube, 32. 9 Parallèlement à la branche matinale, 34. 10 En avançant dans la prose je rencontre, 36. - 11 Dans l'état actuel de mon entreprise, encore balbutiante, 38. - 12 Chaque jour, une fois achevée une bande de prose, 42. - 13 Je reprends, par les doigts, à la machine, 44. 14 Les pages non écrites pèsent, 47. 2 La chaîne 51 15 Dans mon souvenir, le Projet, 51. - /<? Aujourd'hui, sans doute, où je raconte ceci, 53. - 17L'après-midi, je sortais avec Laurence, 55. - 18 Le vers d'Arte Mayor, 57. 19 Or, il se trouve, tout à fait fortuitement, 60. 20 Le Cancionero de Baena (les volumes I et II seulement), 63. 21 L'après-midi du lendemain, 65. - 22 II y avait en même temps que moi dans le musée, 68. 23 J'essaie, non sans mal, de conserver une ligne à ma prose, 72. 3 Prae 75 24J'étais venu, il y a quatre ans, 75--25 Description définie, 77. - 26]e m'en emparais le matin dès six heures, 80. - 27 Le Grand Bahut qui me faisait face, 82. 28 Les gelées ne gèlent que froides, 84. 29 La cuiller, enfoncée dans le pot d'azerole, 86. —30]'ai commencé le plus indirectement possible, 88. —31]e n'ai pas la curiosité généalogique, 90. - 32 J'écris, à l'imitation d'un roman, 92. - 33 La méditation, 94. - 34 Ainsi, le soleil descendant, le grenadier frottant la vitre, 96. -35Je rangeai le magnétophone dans la commode, 98. -36"L'explo- ration de maprae-mémoire est définitivement arrêtée, 100. 37Je suis sorti dans 2OII

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Préface

BRANCHE I

La Destruction

Avertissement 13

BRANCHE UN

DESTRUCTION

récit

1 La lampe 191 Ce matin du 11 juin 1985, 19. - 2 Je voudrais, en somme, 20. - 3 Hier ausoir, avant de me coucher, 21. - 4 Si j'ai décrit les deux versions, 24. - 5 Sur lebureau, dans la lumière de la lampe, 26. — 6Dès que je me lève, 29. — 7 Assisà ce bureau, ouvrant le cahier, 31. — 8 Insensiblement, d'aube en aube, 32.— 9 Parallèlement à la branche matinale, 34. — 10 En avançant dans la prose jerencontre, 36. - 11 Dans l'état actuel de mon entreprise, encore balbutiante, 38.- 12 Chaque jour, une fois achevée une bande de prose, 42. - 13 Je reprends,par les doigts, à la machine, 44. — 14 Les pages non écrites pèsent, 47.

2 La chaîne 5115 Dans mon souvenir, le Projet, 51. - /<? Aujourd'hui, sans doute, où jeraconte ceci, 53. - 17L'après-midi, je sortais avec Laurence, 55. - 18 Le versd'Arte Mayor, 57. — 19 Or, il se trouve, tout à fait fortuitement, 60. — 20 LeCancionero de Baena (les volumes I et II seulement), 63. — 21 L'après-mididu lendemain, 65. - 22 II y avait en même temps que moi dans le musée, 68.— 23 J'essaie, non sans mal, de conserver une ligne à ma prose, 72.

3 Prae 7524J'étais venu, il y a quatre ans, 75--25 Description définie, 77. - 26]e m'enemparais le matin dès six heures, 80. - 27 Le Grand Bahut qui me faisait face,82. — 28 Les gelées ne gèlent que froides, 84. — 29 La cuiller, enfoncée dans lepot d'azerole, 86. —30]'ai commencé le plus indirectement possible, 88. —31]en'ai pas la curiosité généalogique, 90. - 32 J'écris, à l'imitation d'un roman, 92.- 33 La méditation, 94. - 34 Ainsi, le soleil descendant, le grenadier frottant lavitre, 96. -35Je rangeai le magnétophone dans la commode, 98. -36"L'explo-ration de maprae-mémoire est définitivement arrêtée, 100. — 37Je suis sorti dans

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LA DESTRUCTION

lanuit, 102. — 38 Au loin passent des voitures, 103. —39 Pendant les repas, 104.- 40 Les melons décevaient, 106. — 41 Je suis reparti avec mes livres, 109.

Portrait de l'artiste absent 11142 Je suis de taille plutôt grande, 111. — 43 Je n'ai pas profité longtemps de mataille maximale, 113. — 44 Mon nez est long, 115. — 45 Le seul moment oùje me vois, 117. - 46 Avec l'opération rythmique du rasage, 1X3.-47 Hori-zontal Man, 122. - 48 Compteur, 125. - 49 Liseur, 127. - 50 Mon portraitpourrait finir là, 130.

Rêve, décision, Projet 13251 Ce chapitre est un peu difficile, 132. - 52 Rêve, 134. - 53 La premièreassertion, 135. - 54Supposition du Projet, 137. - 55 Les assertions, qui autrefoisétaient seules, 139. — 5(5Triple temps, obscur, 141. — 57Or, pendant ces années,143. - 58 Effacement du rêve, 144. - 59 S'il y a trois choses claires, elles sontquatre, 146. - 60 Clair, 148. - 61 Au début, 149.-62 Rêve, 151.-63 Flammes,154. — 64 Parfois, en ces années, 155- — 65 Comment, d'une image émergéedu sommeil, 157. — 66 Je croyais mettre au jour ce que le rêve disait, 159.- 67 La première chose est dite, 161. - 68 Maintenant, à sept heures, quand,la lampe éteinte, 162. - 69 Quand ce qui se passe a eu lieu, 164. - 70 Projetde poésie, 165. — 71 Un projet de mathématique, 167. — 72 L'illumination duProjet, un instant, 169. — 73 Axiomes du Projet, 171. — 74 Chute de l'énigme,172. - 75 Roman, 174. - 76 Axiomes du Grand Incendie de Londres, 176.- 77 Du heurt des contraintes, 178. - 78 Les branches silencieuses des chemins,179. - 79 Dualité, 179. - 80 Le silence de la mathématique jusqu'au fond dela langue virgule, 181. — 81 Je suis, aujourd'hui, dans un autre silence, 182.- 82 Qu'est-ce qui est clair, aujourd'hui?, 183. - 83 'Le grand incendie delondres', 185. - 84 Récit dans les dix styles, 190. - 85 Énigme et mystère,192. — 86 Entrelacement. Élucidation, 194. — 87 Stratégie du montrer, 196.- 88 Finir. Partir, 199. - S5> Jour, 200.

Notbing doing in London 20390 Écrit en 1984, 203. - 91 Londres n'est pas qu'un lieu irréel, 205.- 92 British Library, 206. - 93 Books, 209. - i>4Trajectoires, 1W.-95 Threeminutes to opening timel, 213. - 96 Parks, 215. - 97 The bench of désolation,216.-98 Rêve sans Projet, 218.

INSERTIONS

incises

(du chapitre 1) 22799 (avertissement) Distinct du Projet quoique s'y insérant..., 227. - 100 (§ 1)La clarté insidieuse qui se déverse lentement du ciel invisible dans la rue, 228.- 101 (§2) Chaque fragment de mémoire que j'extirperai du temps... aus-sitôt s'évaporera..., 230.- 102 (§4) Cette prose, où je dis de ce que je raconte :c'est ainsi, 232. - 103 (§ 6) Quatre biscuits vietnamiens « Madame Sang», 233.- 104 (§ 8) En admettant que j'aie le temps de l'écrire du tout, 236.

(du chapitre 2) 239105 (§ 16) Un «projet» en bonne et due forme... que j'ai même publié, 239.- 106(§ 17) Les citoyens de Manhattan... ont réinventé le sereno, 241.-107(§20) Un seizième de feuille de format français ancien, 21 x 27, 243. - 108(§ 21) II était nécessaire que son terrain d'application soit «dans la poésie»,244. — 109 (§23) La forêt encore impénétrée des choses en mémoire, et quiattendent, 246.

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LA DESTRUCTION

(du chapitre 3) 248110 ($25J Tournant le dos au reste de la pièce, 248. — 111 (§32) Ces paragraphesséparés les uns des autres par des blancs, une numérotation et un titre, 250.- 112 (§ 40) Des mûres à la crème liquide par une soirée de février, 251.

(du chapitre 4) 254113 (§ 42) Le gigantisme dinosaurien qui menace, elle en est certaine, l'humanité,254. - 114 (§ 42) La vue de ces lignes irréelles traversant l'écran deux mètrestrente ou quarante au-dessus du sol, 256. — 115 (§ 46) Je ne me confronte pas àla bicyclette, 257. — 116 (§ 46) J'atteins par la marche à quelque chose commeune possession du temps, 258. - 117 (§ 46) La contemplation oisive et rêveuse,260. - 118 (§46) Une revendication passéiste, 261. - 119 (§47)]e dis la mer,pas l'océan, 263. - 120 (§47) Les bateaux innombrables en Méditerranée, 265.- 121 (§ 47) Une brasse calme, longue, pas rapide, je bouge d'à peu près ma lon-gueur, 266. - 122 (§ 47) Je peux crawler, quelques mètres, ou dos-crawler, maissans plaisir, 268. - 123 (§ 48) Je n'ai pas cherché à faire de l'Arithmétique unterrain de recherches, me réfugiant dans l'algèbre, 270. - 124 (§ 48) Je n'aimepas tous les nombres, il y en a même que je déteste franchement, 271. — 125(§ 48) Je passe une grande partie de mon temps à compter, 273. — 126 (§ 49)Je lis chaque jour, je lis le jour, je lis la nuit, 275. - 127 (§ 49) Homo lisens, 276.- 128 (§ 49) Je lis vite, 278. - 129 (§ 50) Une cinquième passion, comme enarrière des quatre autres, comme signe, figure de leur parenté : la passion de lasolitude, 279. - 130 (§ 50) Je ne suis pas misanthrope, 280. - 131 (§ 50) 'Legrand incendie de londres' devient indispensable à ma survie de solitaire, 282.

(du chapitre 5) 284132 (§ 51) Mon idée de la prose a beaucoup été influencée par... le célèbretraité de Bourbaki, 284. — 133 (§ 51) C'est ainsi que je désignerai désormaisles fragments unitaires numérotés, 286. — 134 (§ 52) 1961, et quelque choseque je dirai peut-être ; et peut-être pas, 287. — 135 (§ 53) Je reste fidèle àmon idée ancienne et première de la prose, 289. — 136 (§ 53) Quelque chosequi serait un projet (un futur), un projet d'existence, 290. - 137 (§ 53) Toutsouvenir écrit s'évanouit. Il ne reste que sa trace devenue noire, 292. - 138(§ 55) La Nature qui s'oppose au logicien de Hintikka, 294. — 139 (§ 55) L'en-chevêtrement des trois termes indéfinis est remplacé par l'entrelacement desmêmes termes définis, 295. — 140 (§56) Une austérité parfois érémitique, 297.- 141 (§58) II est difficile, formé par la mathématique, de se résigner, tel Merlin,à parler obscurément, 298. - 142 (§ 60) Le savoir du rêve était comme eau etsavon dans le lavoir bleuissant, 300. - 143 (§ 61) Le passage du W au M de laVie mode d'emploi, 301. - 144 (§ 61) Je serais un traducteur, doublement, 302.- 145 (§ 62) Le Projet est alors l'éloge inverse de l'ombre (dans la métaphore dupalindrome), 304. - 146(§ 62)Toujours, traduisant, 305.- 147 (§ 63) La pré-paration du titre, 307. - 148 (§ 64) Ce qu'il est se conformant à sa définition,308. - 149 (§ 66) L'image d'un Ur-roman, 310.

(du chapitre 6) 311150 (§91) Dans la sublimité de la 'drabness, 311 . - / 5 / (§91) Les voix anglaisesfont une averse douce sur mes oreilles, 312. - 152 (§91) Une poignée de piècesanglaises, 314. - 153 (§92) La haute forme arrondie de la salle de lecture, 315.- 154 (§ 93) Ce que je désigne sous le nom générique de « prose des Anglaises »,316. - 155 (§ 93) Clergymen ofthe Church of England, 318. - 156 (§ 94)Ma passion de Londres, 319. — 157 (§ 94) Je monte au deuxième étage d'un11, 320. - 158 (§ 96) Kew Gardens, 321. - 159 (§ 96) Pooh et Piglet, 323.- 160 (§97) Deux anecdotes éminemment trollopiennes, 324. - 161 (§97) Laprose victorienne finissante, 325. -162 (§98) La bibliothèque, 326. - 163 (§98)La chute du Grand Incendie de Londres en Londres. Et peut-être rien, 327.

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LA BOUCLE

bifurcations

I Ermite ornemental 331164 (§ 26) Je ne bougeais pas de la table avant l'heure de la mise du couvert,midi, 331. - 165 Sans cesse, je m'imagine dans l'immobilité, 333. -166Toutest là, en ce nombre même, 335- — 767Revenir, 336. — 168 Un lieu érémitique,338. - 169 Une bibliothèque est toujours en expansion, 340. -770 Ermite orne-mental, 342. - 77/ À moins, 343. - 172 Impasse, 345.

II A Boston romance 347173 (§ 19) La rêverie erotique de ma passion sentimentale, 347. - /74Tarde etlente, 349. — 775 Change in Connecticut, 350. — 176Un déjeuner avec Jakobson,352. - 177 Un déjeuner avec Jakobson (suite), 354. - 178 «Ronsasvals», 355.- 179 Joy ofCooking, 357. - 180 Neige, 359. - 181 La tentation de l'exil,360.

III Quinze minutes la nuit 362182 (§ 37) ]e me suis assis sur la dalle de pierre plate, dans la nuit tiède, 362. -183 La dalle de pierre plate sur laquelle je m'assieds, 364. - 184 Quinze minutesla nuit au rythme de la respiration, 365. - 185 Une nuit sans lune, des étoiles,366. - /<S6"Les cyprès ne bougeaient pas, 368. - 7 S7 L'allée de cyprès n'est pasmontrée directement, 369. - 188 La buse, 370. - 189 Le noir même, 371. - 7.90La grande chaleur, 373. - 191 Beauté du noir, 374. - 192 Ofblack itself, 375.

IV Nuit 377193 (§ 88) Nuit, tu viendrais, 377.

V The Great Fire ofLondon 379194 (§98) Une fin, 379. - 195 Je ne répondrai pas ici, 380. - 196 Du. feu,381.

Jacques Roubaud en six stationsPar Raymond BellourLe Magazine littéraire, avril 1989 383

Roubaud. L'appel de Londres.Par Jean-Didier WagneurLibération spécial livres, 22 mars 1990. 389

BRANCHE 2

La Boucle

RÉCIT

Chapitre 1 : Fleur inverse 397

1 Pendant la nuit, sur les vitres, 397gel — ongle — buée — voir — neige — hiver, autour — cube — armées — lumière.

2014

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LA BOUCLE

2 Comme le monde du sceptique 401passé - certitude - monde - enfance - autobiographie - récit, branche - image— description, destruction, photographie - Protée.

3 Ma fréquentation de cette image 404répétition identique — rêve — canso — gel — aube — fleur inverse, trobar, manière— voie de la double négation — néant nocturne — Projet, Avant-Projet.

4 Le bleu-noir de la nuit 408Défense passive — camouflage — aveugles — images-souvenirs — mémoire, futurantérieur « beauté du noir » — lampe, nuit — parcours multiple de mémoire, ongle.

5 Les parcours de mémoire sont réversibles 411ersatz-nuit - Arts de la Mémoire, conte - mimer - double sens - déductions dela mémoire — palindrome — ombre — double, successivement dans les deux sens— ruisseaux rouges.

6 À l'air froid, le nuage né du souffle, 415« buanderie » — locomotives — pianiste — calviniste — philosophe — chant de guerre— passion ferroviaire — paresseux — sommeil.

7 Dans cette poignée d'images d'enfance 418enfance, rareté — virtù machiavellienne — contemplation, image — « hors-là » —vitesse - rhétorique hermogénienne - Tristram Shandy - territoires fracturés -snapshots immobiles.

8 Chaque fois que je sors, au présent, de la chambre du gel, 421neige, blanc pur — lumière — lumière neige — nuit impossible, monde — gel —soleil blanc — blanc — blanc sur blanc — corneilles.

9 Ce souvenir est sans tristesse, 424oiseaux de prose médiévale, — neige — «sérénité», mémoire — inscape — alba —neige et lumière - clarté - flèche - Mémoire.

Chapitre 2 : Le Figuier 427

10 À la Noël de 1942 mon père m'emmena à Toulon, chez son oncleRoubaud 427pintades — mûriers — Denis — orphelin — Augustave — généalogie — navire —« raille » — bugnols.

11 Je ne connaissais pas la mer 430mer — platitude incandescente — idée de mer, Marrr — anchois — la sardine et lepoulpe - «lutte de classe culinaire» - hygiène - gratin dauphinois - conversion.

12 II n'avait pas, en tout cas, converti sa propre famille 434crabes - études - Laure - impasse des Mûriers - mer - École normale supé-rieure — accent — contradiction — rugby, critique beckettienne.

13 Sur l'arrière de la maison, le figuier 437figuier; disjoindre — corps vivant — impetus ligneux — rakki tai — figuier, entre-lacement, rêve, enchevêtrement, image-foyer, «oranjeaunie», nœuds, décision,« style du rakki tai» - sucre - figuier - cristal - figue pennèque.

14 Un jour des années cinquante, au repas du soir, 440

onomastique — « monstration » — voir — « l'esprit de clocher de soi-même » — sou-venir — doigt — démon-pieuvre — miel — phobie.

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LA BOUCLE

15 La chute du mur de Berlin m'a précipité dans ce chapitre 444chute — nuages — charbon — mort — mur, mètre étalon — mitrailleuses — erreurarchaïsante, «feuille» de prose — futur antérieur.

16 Le jour de Noël nous avons traversé le port sur le petit bateau despromenades 447vaisseaux fantômes — fureur silencieuse — condamnation — décision — « kunisme »— patriotisme — clivage — camp — liberté.

17 Pour un enfant, le cercle familial est un système planétaire d'avant larévolution copernicienne 450système planétaire — premier cercle — mort — jeu de quilles — libre examen— mitrailleuse — perturbations — Occupation, Guerre froide — rugby, old boys— dédain - refus.

18 Parmi quelques rares papiers surnages des désordres et des désastres 453tache aveugle - dissymétrie - curiosité - héritage - récifs - passé - poubelles -portrait - figuier, avant-vie.

Chapitre 3 : Rue d'Assas 457

19 Le jardin était fermé de murs 457jardin, labyrinthe - voies - lévitation - chapitre, insertion, incise, bifurcations,là — centre — banc — centre aveugle — Règles, jeu, S'avancer-en-rampant — voir,dire, hors-jeu — guetteur — être (ne pas être) vu — cachette.

20 Si je me place, mentalement, en situation de souvenir volontaire . . 460guetteur — image, méditation des cinq sens — bois — image première — abstraction— images pures, élucidation - hésitations - conditions de travail - répétitionobligée, conditions initiales, voir.

21 La difficulté principale pour le guetteur 464des yeux derrière la tête - puits - appréhension - vision, « piction » - points vifs,points marqués, Théorie du Rythme - poids ludique, métrique - topologie -vidéo-inverse - «lumière noire».

22 À genoux devant le banc vert , les genoux nus 467

fusains, moment générique - jeu - mouvement temporel - pulumussiers - noyer— jeu de l'immobilité — fixité sectaire — statue — ermites ornementaux, contem-plation.

23 «Jamais l'aube à grands cris bleuissant les lavoirs » 470effecteurs de mémoire, fiction théorique, « hermogénienne » — lavoir, jeu de l'im-mobilité — lumière — savon — allée — bateaux de papier — toit — vue — « maelstrôm »,ciel.

24 des fleurs, des fruits, des feuilles et des branches 473légumes - faim - dahlia, diérèse - Jardin potager - plan du lieu, description,narration topologique, mystères — lapins — fusain — civets — fusains.

25 La semi-fraternité des enfants et des animaux familiers incite à uneinterprétation fictive de la fascination qu'exercent certaines légendescomme celle de saint Nicolas 477enfants, animaux familiers — jambon — appentis — Gagnoune — cochonne — cride mort - côte de porc-purée - Celtes - demi-cochon.

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LA BOUCLE

26 « Mon grand père avait l'habitude de dire : 481passion ferroviaire — « instants », palmiers — cordes — Indicateurs de chemin de fer— géographie — Chaix de jardin — Théorie du Rythme — cordes — téléphone.

27 Dans ce jardin, je n'étais pas seul 484solipsisme - canards - cane - Bacadette - Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi, Ven-dredi, Samedi et Dimanche — indices physiognomoniques — canard-bonsaï— rames — imperméables.

28 Le temps ayant passé, l'inévitable en vint à ne plus pouvoir être évité 487Jeudi - barque - Pétain - œufs - cachette - jeu - placard à outils - La Lettrevolée - Bacadette.

29 Je sors du jardin dans la rue, vers l'Aude 489soleil - lumière - radio - ombre - puits - au-delà du miroir - fusains - image— pourquoi ?

Chapitre 4 : Parc Sauvage 493

30 Devant la maison, tout près, s'étendait le Parc Sauvage 493Parc sauvage - « adjectif propre » - « nom sur-propre » - chuchotement de roues— «olivettes» — ifs — une particularité de ponctuation — If aux Fourmis — réver-bérations.

31 Je ne sais pas de quel arbre, de quels arbres, vers le fond du parc. . . 496Oranjeaunie — goût d'orange — imagination-souvenir — affinité — Orange— « esprit » orangé — résine — Parc sauvage, Oranjeaunie, Projet, Le Grand Incendiede Londres, fourmis, centre absent - Oranjeaunie, branche, chapitre.

32 Ma vision passe sans explication ni transition aucune 500Vieux Bassin — grands figuiers — figue pennèque, pennéquisation — lézards vert-violent - triangle onomastique - Rikki-Tikki-Tavvi - La Vigne, article propre,langue, poésie - raisins, jeux.

33 Je suis resté, dans cette description, entièrement en dehors 503dehors, description — souvenir — fleur, gel, arborescence — jardin, Parc sauvage— mouvement - noms, S'avancer-en-rampant - destruction - position scep-tique - sens, couleurs-propres.

34 De la Rue d'Assas (Carcassonne) à Sainte-Lucie 505Rue d'Assas, Sainte-Lucie - vélo - visions - argile rouge, rouge propre, rougemême - yeux bleus - La Mer, « écume bleue » - abbaye de Fontfroide - contem-plations — glycine.

35 Sainte-Lucie appartenait à Camille Boer 508prénom — « non-intervention » — anarchistes — croyance — bonté — huîtres — Baca-dette - Cingle - bourrache - miel - blonde.

Chapitre 5 : Place Davila 512

36 La forme d'une ville 512prédication hystérique automobile — pommes de terre, Dieux — Noms, anamnèse— Garenne, alexandrin — Angleterre — conte — Voie de la Double Négation— ombre, ténèbre, oubli - moment de prose.

2 O I 7

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LA BOUCLE

37 La place Davila était la station centrale d'un trajet mille fois frayé . 515ondes mnémoniques, Mnémosyne - puits - formes, tonneau - conjointure -forme - ruisseau - Allemands - cousins - pieds.

38 Cet au-delà était un séjour de dieux sans ombres, 518Dieux, mort — gel — chute — mort — silence, Affiche rouge — Primo Levi — visions— travail — Rambo.

39 Saint-Jean mil neuf cent trente-neuf 521Saint-Jean — image — mémoire — guerre — Angleterre — faim — poésie — crois-sance — lait — identité.

40 Comme une alimentation convenable en laitages était impossible, . 525modèle Scandinave - sport - taille - athlétisme - Owens - championnes - courir— saut, quatre pattes - décathlon.

41 Sur le mur de la salle de classe 528soleil pâle - kagero - héroïsme - séquence des images-souvenirs, mémoire,branche, futur antérieur — un coup à la porte — code — rencontre — anglophile— Garenne.

Chapitre 6 : Hôtel Lutetia 532

42 « Le soleil se lève à l'ouest, le dimanche » 532message - route - tunnel - hôtel - camion - liberté - maquis - résistance -joie.

43 Deux documents : 535carnet — lettre — brouillard — pont — bureau de tabac — Ardèche — café — auto —vitesse.

44 Je remarque avec une certaine satisfaction, dans cette lettre, 539orthographe — nombres — day-book — effecteurs de mémoire, tanks, platanes— sources - identité - chauffeur - nominaux, tiroir à mémoire externe - identité.

45 Lyon extraordinairement belle en septembre 44 543ponts — beauté — liberté — westerns, Pacific Express — locomotive — traboules— cinéma — Graal, chaise longue.

46 Questionnaire : 545questionnaire - justes - fierté - morale - principes - vérité - témoin - sauveteur— faux papiers.

47 Nommé, au titre du Mouvement de libération nationale 550manteau de sénateur — jardin — marrons d'Inde — rue — métro — Fantomas —appartement — paradis perdu — froid.

48 La vérité de cette loi de l'âme 554désenchantement, bifurcation - loi de l'âme - amoureux - lit - passion senti-mentale — Tino Rossi — dégueulando — miaou — spleen.

49 L'an se rajeunissait 556sonnet - encore, encor - coupe - bonbons - poésie - méthode - copies - « PetitsTravaux» - latin.

50 Une, deux, trois ou quatre fois l'an je pose ma valise 560closing time - demi-cercle de nuit - campagne de Russie - neige - jaune, sang— grand pin — 1er mai — Buchenwald — voir.

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LA BOUCLE

INSERTIONS

incises

(du chapitre 1) 569

51 un réseau végétal tout en nervures, une végétation de surface, unepoignée de fougères plates... La carte, le réseau sensible des lignesde la main ne s'y imprimait pas 569Le Grand Incendie de Londres, branche, projet — insertion, incise, bifurcation- insertion réversible - additions, additions minimales - notes - branches.

52 des phrases comme « je pensais que. . . », « je croyais que. . . » (si ellesse présentent comme immédiates), me repoussent 571enfant, fiction - mémoires - pensée - roman historique - langue - anachro-nisme.

53 un très jeune enfant dont un adulte, par jeu, prétend revêtir parerreur le manteau au lieu du sien 573«moi» - intérieur, extérieur - frontières - corps - «monta-place» - coïnci-dence.

54 les objets qui font partie de mon corps, comme ce manteau, commemon « double » totémique en peluche 575faisant-fonction-de-moi - théorie du gniengnien - famille Lusson - téléphone— expérience de non-pensée — GnienGnien, gniengnien.

55 Je donnerai le nom générique de gniengnien 577nom générique - Keture - courant de l'identité, conjointure - éros - protection— hominisation.

56 Pendant un long moment, j'ai caressé l'idée d'une étude 579trois fonctions - moment de l'inspiration - poésie orale - andalouisant Sprech-gesang- hallucination sans hallucinogènes - vocation scientifique.

57 Juliette, comme tout inventeur de gniengnien, 581GTg - inspiration - sourire blond, mère - honte - fin du gniengnien- organe.

58 La Voie de la Double Négation qui a ses variantes philosophiques,théologiques et même logiques 582De Li non Aliud- « pas-autre » - définition de la définition - Dieu-même - Dieudes preuves, Dieu des définitions — Dieu non-non

59 De cette floraison « hirsute », à l'évocation vibratoire du vers 584peignés, hirsutes — vélocité — trobar clus — Pyrénées — myrtilles — éros mélanco-lique.

60 Le futur, qui est futur antérieur sans cesse 586déduction du temps - instant - solution - paradoxe de Goodman - trajectoireimaginaire - oblique.

61 « La couleur des yeux de la femme de Goodman » 587grue - yeux bruns - yeux verts, yeux bleus, vreux - bbrun - Hume - bruns.

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LA BOUCLE

62 Le paradoxe de Goodman est un paradoxe de sceptique 588à la Merlin — wreux — s'ouvrir — éclair goodmanien — quaddition — Tweedle-dum & Tweeldledee.

63 Longtemps, toutes les années paralysées du premier deuil, 590déduction fictive - scepticisme - wittgensteinisme - retour au big tapuscrit,futur antérieur — présent — tel instant passé.

64 Les recettes des Arts de la Mémoire que le Moyen Âge, puis la Renais-sance, inventèrent 591petit commerce crépusculaire - science venue du froid - Graal de la mémoire— stations, images visuelles — bouffettes de Mens — chaise longue inrenversable.

65 La course inverse du train vers Castelnaudary 593coques-barques — battages — nourritures — philosophie — professeurs de philo-sophie - hommage.

66 Le récit du souvenir aurait un besoin inépuisable des ressources d'unerhétorique hermogénienne (la vitesse est un concept central du traitéhellénistique dû à cet auteur) 595idée de vitesse - vie brève - fleuve - Lente, Lente - dipodie trochaïque - « main-tenant».

67 quelque chose comme le paradoxe d'Olbers 597lumière infinie — observatoire — principe cosmologique — Ciel — Hubble — oubli.

(du chapitre 2) 601

68 Je vois aussi des mûriers, aux fruits rouges exploses sur le sol, commede vin, de sang 601« gras » — descriptions, images, recomposition déductive, enfance — moment,double, élucidation, projet, assertions, images, entrelacement — pictions — intri-cation à distance, juxtaposition — branches, images-mémoire.

69 Je les ai toutes écrites en même temps que la chaîne de déductionfictive qui «commença» mon Projet: à l'automne de 1980, il y aneuf ans 603maximes, points d'accrochage — double — clarté, netteté — description — photo-graphie - oubli.

70 ce sont des images dites des « pictions » 604pseudo-Wittgenstein - pictions, images - image, piction - image, piction, jeude pictions — piction, image — piction.

71 une lignée républicaine avec une certaine propension aux positionsminoritaires 605Généalogie morale - vision politique - Lumières - Projet - Projet de Mathé-matique et Projet de Poésie — capable.

72 ils déterminent décisivement notre éthos 610éthos — aletheia — véridicité — preuves techniques — complication — tel j'étais.

73 Je sais que je l'avais déjà vue, quatre ans plus tôt, mais je l'avaisoubliée 612sable - cousins - villa, lumière - circonstance d'image - échelle - aloès.

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74 Mon père a réussi presque entièrement la conversion de ma mère,sans toutefois obtenir une adhésion vraiment franche à la mouleet à la sardine 613cuisinière provençale — beurre — « limaçons » — Marseille, Toulon — effecteur demémoire — César Pellenc, anchoye.

75 (il y eut, phénomène exceptionnel pour l'époque, trois demoisellesrue d'Ulm cette année-là) 615concours — Trois Glorieuses — ancienne élève — Romilly — Clémence — menou,menou, menou.

76 Les récits parentaux de 1'« avant-guerre » comportaient la descrip-tion réclamée et répétée des nourritures qui avaient disparu del'horizon de la France urbaine, dès l'hiver 40 616intrépidité - conte, ice-creams - Franklin D. - orange - orange même - oran-jeaunie, absente de tous paniers.

77 À quai, s'allongeait un train de péniches, chargées jusqu'au bord decharbon : de la lignite brun 618aussi — anthracite — voir — neige, charbon — flocons, boulets — seau noir.

78 maîtriser la séquence d'images d'enfance que j'avais entrepris d'éluci-der (toujours sous la vision de la grande « feuille » de prose quinoircit ligne à ligne) 618piction mouvante — grand blanc mural — feuille mentale — séparation — premierEntre-deux-branches - conjoindre, moments de prose.

79 la vue de la semi-ruine est-berlinoise m'a restitué toute la violencedes visions de la guerre 620Papritzerstrasse - Dresde - oublié - familier - neige - bière de neige - pépiementironique.

80 mon père n'a jamais été « disciple » de personne 622Raymond Queneau - sorpasso - Projet - contre-maîtrise - armées - disciples.

81 des absences énumérées, comme autant de pierres tombales, par desnoms 623tombe — survivance par éclipses — morts singuliers — visibilité — figuier, tomettes— boucle, fleur inverse.

(du chapitre 3) 626

82 un parcours de mémoire, mais parcours labyrinthique 626hésitation - image, métaphore, mémoire, moteur, récit, allégorie, projet - élu-cider, éros mélancolique, rêve, fiction rhétorique — rêve, destruction, loi ducroissant au beurre — guetteur mélancolique, S'avancer-en-rampant — page can-torienne, Tristram Shandy.

83 J'ouvre les portes de chaque pièce, une à une, j'entre : j'ai été là. . . . 628récit, bifurcation, grande feuille de mémoire - entre-deux-branches - avenirformel - amplifications - Never again - torpeur.

84 Cela (cette nouvelle aventure) devrait apparaître (mais beaucoupplus tard dans le livre), ainsi : 630prologue épistémo-critique - anticipation - hypothèse stratégique - absolumentcontinuer — entrelacement, hypothèse programmatique — entre-deux-branches.

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LA BOUCLE

85 j'ai été obligé d'attendre assez longtemps pour entreprendre cette«présentation» qui servira de «prologue» (ou «proème») 633moments — axiomes, masse critique — prologue — passé, présent — devenir deprose, consignes - entre-deux-branches 1-2 & 2-1.

86 Selon cette conception, les positions relatives des deux lignes de tempsprincipales de la prose sont renversées 635lignes de temps, narration — double temps — abstraction — autobiographie depersonne - raison numérologique - épilogue.

87 En repoussant la visibilité hypothétique de cette partie vers un futurobligatoirement très lointain 637degré de liberté — ordre privé — dix styles, pseudo-déduction palindromique- double photographique - révélations non biographiques - extravagance for-melle.

88 selon la hiérarchie d'une méditation des cinq sens 639méditation ignatienne - Aldana - descente aux enfers, gouffre de la pluralité— méditation des cinq sens, méditation de la mémoire — voir — toucher.

89 Ces dispositions ne me seraient pas apparues comme convenables parfantaisie, elles étaient nécessaires. Elles faisaient partie des condi-tions initiales de la mémoire, depuis son origine 642expérience de pensée - disposition topologique - expérience, rosbif de saumon— Ophélie, positions de chat — pendule ronde — perplexité.

90 Et j'ai demandé alors à Charlotte 643jeu - famille des positions - double négation - bestiaire moralisé - théorie deslieux centraux — autoportrait.

91 Je me serais, je crois, très bien converti à un alignement du mouve-ment des aiguilles sur celui d'un vecteur tournant dans le sens « posi-tif» 645horloges ptolémaïques - cadrans ellipses - étonnement naïf- 12 ? - midi aulavoir — temps bidimensionnel.

92 Brigitte Bardot, cet ex-symbole erotique de cinématographe pour lesmâles de ma génération, devenue protectrice gaga-gâteau des bébés-phoques 645hasard objectif- inc 3b - télégraphiquement - MPIRIZIT MPARDO - chap. 3a- geste de découragement.

93 je peux quasiment suivre à l'œil (intérieur) la maturation d'unetomate sous ses feuilles, 647placer — poids gourmand, mange-tout — haricots — fils — topinambours, ruta-bagas — févettes, charançons.

94 Le jardin était planté de la plus grande variété possible d'espècesvégétales comestibles compatibles avec le climat 649carences - carte des vitamines - scorbut - huile de foie de morue - citrons :rosés — chuintement.

95 L'eau aussitôt avalée par un sol avide au pied des plants de tomates, 651vérité solaire, abricotier - solitude - escargots - étoiles - fenouils - volupté,pluie.

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LA BOUCLE

96 Les clapiers, demeures des tranquilles et sympathiques lapins 653La Nuit des lapins monstres - Watership Down - lapin Casse-grain - anthropo-morphisme - Pooh, le Roi des Chiens - «garennes».

97 Un jeune et mince cochon vint donc s'établir en secret dans l'appentis 655eldorado du jambon - gorets - champions - L'Impératrice de Blandings - non-doingpig- un pépin de pomme reinette.

98 Les petits palmiers du jardin avaient pour feuillage des palmes, lon-gues feuilles au bout d'une tige solide et souple (propriété qui nousintéressera également) 657flèches - gravité des très hautes branches - Quentin Durward - 200 flèches— pseudo-tankas - palissades atlantides.

99 Nous passions près d'elle à toute allure sur nos bicyclettes ou tricycles 659tricycle - négatifs - pictions - vieilles paroles en des temps nouveaux - sen-timent du passé - cicatrice elliptique.

100 Hors-jeu, face au banc, au centre d'une très grande multiplicité desouvenirs réels, 660hors-jeu - statue - ermite ornemental - S'avancer-en rampant - défaite— exclusion radicale.

(du chapitre 4) 662

101 fruits de l'if à la couleur rouge sombre ; sur l'arbre luisants avec éclatsombre, grave 662enfant dans l'arbre — pomme — Perceval — branches — chandelles — ifs.

102 Images qui sont intenses, mais fixes ; mais quasiment isolées 663mouvement perpétuel, effecteur de mémoire - prolifération - Merlin - If auxFourmis — question — bougies rouges, fourmis noires, arbre.

103 Je ne suis pas entré dans la maison. Je ne la vois que dans un contextehivernal, de froid relatif, je ne m'en souviens que dans un autremonde 664piano - sobriété - matinée froide, solitude - Chopin - refuge - intrépidité.

104 L'immense salle à manger était le plus souvent déserte quand j'ypénétrais, tôt le matin 666livres - feu, fauteuil - Quichotte - Poe - objets-livres - Trois Hommes dans unbateau.

105 Les années 40-45 furent des années bénies pour le vélo 667Vietto — rustines, chevrons — saturation mécanique, muret — bornes — goudron— sauterelles.

(du chapitre 5) 670

106 À la fin de l'âge mythique j'ai donné à mes dieux une langue, lePéruviaque 670langue des dieux — bouillaque — « pétoule » — Op-tida — pulumusse — Nombrenuptial naturel.

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LA BOUCLE

107 C'est ce que j'appellerais le confort autobiographique. Il resurgit sansaucun contrôle chez le romancier 672personnages — espace — stratégies de récit — Arts de la Mémoire — espace sage —poésie.

108 Dans les villes, à Carcassonne en particulier, on eut très faim 673Roi des Eaux, fanes de carotte — sonneries — cartes rouges, vertes, bleues — marchés- périorités — anciennes faims.

109 Je me consacrai à ma vocation poétique avec plus de constance, deconcentration et de conviction qu'à l'étude 674poésie — solitude — présence-absence — Anglais — hums — Timothy Tim, yeuxbleus.

110 Nous participions avec componction à la cérémonie trimestrielle dela mesure 676mesure - paradoxe du mètre étalon - débat - jeu de langage - doubles- lumière.

111 Mon père avait pour nous, je ne dirais pas des ambitions olympiques,du moins l'espoir de nous voir réussir honorablement dans les disci-plines de l'athlétisme 678compétence numérique — entorse — natation — virages — boxe française.

112 Voilà ce qui arriverait à leurs filles si elles continuaient à prétendre fairede la course à pied 680une seconde, une minute - années-lumière - pourquoi ? - barrières symboliques- Valmy - rattrapage.

113 Un accord plus profond avec son corps, avec soi-même 681athlète dans ma tête - fracture - voir - racines d'iris - ciseau - sol dur rayé decraie.

114 Les nouvelles lointaines de la guerre 683nouvelles lointaines de la guerre — WaterMusic— quatre vents — peinture bleu-nuitdu silence — péniches à fond plat — ici, Londres!

(du chapitre 6) 685

115 Mais dès le lendemain du 6 juin il était sur les routes (à vélo) 685royaliste - vin - débarquement - train - Le Silence de la mer - vide

116 Je ne suis pas mécontent de voir la certitude interne de ma constancenumérologique, elle aussi, confirmée 686bornes muettes - ponctuations des paysages - mirages - partage des routes- demi-panachés - miles.

117 Les villes n'ont pas, de manière naturelle, de bornes signalétiques. . 688zéro — distance à soi — règle des numéros impairs — exception — gauche, droite,théorie 2-3 — automobilisation — numéros rouges, numéros bleus.

118 Dans les villes comme sur les routes mon ennemie intime est l'auto-mobile 690ennemie intime — hymne des automobilistes — look right— stinkingfreeway, ber-mudas, boogie-board — piéton — jeu des plaques minéralogiques.

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LA BOUCLE

119 Je possède quelque part le « cadre » chronologique de ces images, 694ascenseurs chronologiques — escargots — format américain — scansion, théâtrede la mémoire - affranchissements, dates palindromiques - penny noir.

120 il m'emmenait brusquement vers un autre, dont il avait (signe depréméditation ?) noté aussi les horaires 696mouvement perpétuel, effecteur de mémoire - prolifération - Merlin - If auxfourmis — question — bougies rouges, fourmis noires, arbre.

121 Cela parut à mon père insupportable et impardonnable 698débat — De Gaulle — MLN — Haute Cour — tueur — chrétien.

122 Fragments d'un Traité des Disputes (De Querelis) de 1946 699disputes — torts — sortes — demi-étrangers — ns — conséquences.

123 Plan général : 26 janvier 702plan général - principale partie - événements - 6e cause - certaines conclusions- licence, mégarde.

124 Je dois marquer ici, bien sûr, un trait récurrent et fatal de mon auto-portrait, 704lucidité — entrevue — ail— nombres — moraliste — jardin.

125 Ces baisers ne cessaient d'enflammer mon imagination 705incise inflexive - baisers - régions - rires - dégourdir - jupe.

126 Le tome X de l'édition chronologique monumentale « Laumonier »,où il figure, au second livre des Meslanges. à la date de 1559 707variante — guillotine esthétique — faille — raffinement « cusain » — e muet— nostalgie.

127 « Elle était déchaussée » 709roseaux verts - versification - ironie - alexandrin niais - prosodie - autrefois.

128 Les Sempourgogniques 710dédocies - Garenne - Péruvie - caprafèles - aventures - mer.

129 Les incidents de la deuxième section ne sont guère mémorables . . . 713constructions syntaxiques — moustaches — chèvre — César — qualités —humeur.

130 Leningrad, Stalingrad, Orel, Koursk, Velikie-Louki, Briansk 715Lieux de mémoire — Briansk — Velikie-Louki — intelligence — commandant- aigle.

131 J'avais admiré les manifestants antipétainistes de 1942 717enfantillages — organisation — geste — Barbes — déportation — rugby.

bifurcations

Bifurcation A : Le Monstre de Strasbourg 721

132 Je vois ce titre immense, Le Monstre de Strasbourg, sur un fond cinéma-tographique de toits à cheminées, 721cigognes - soir - récit, bifurquer - gothique - message personnel - aura— mystère, conte, énigme — nuage — forme.

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LA BOUCLE

133 J'ouvre la porte au fond de la chambre 724porte, lumière — escalier — puits, bifurcation — résistance à l'identification — incise,spirale, boucle — tourbillon — jeu — autre jeu, flèche — discontinu-continu.

134 Ici, il s'offre trois voies 726trou trofonien - bureau (pièce) - bureau (objet) - déménageurs - vieillesse digne— arche — copies — notes — Ecosse.

135 Deuxième pôle magnétique du bureau (lieu): l'oreiller à la tête dudivan 728oreiller — aphorisme — mouches — géographies — armées — araignées — cordes— bol — «cosy».

136 II me semble avoir acquis là trois passions : la passion des nombres,celle de la poésie ; celle des livres 731nombres, poésie, livres, ennui - solitude - nombres entiers - mathématique— opérations orales internes — calculateur — jeux de nombres, branches — indi-vidus-nombres - mouches.

137 Je n'ai pas mis ici la poésie en première passion, mais après celle desnombres, 733poésie, mémoire - composition - mirage - récitation - premier poème - compterjuste - poème du levain - poème du sainfoin, sonnet à la française - opus 2, lettres.

138 Je vois un livre : un atlas 736atlas - fleuve - mer - lettres, images - oisiveté - romans - librairie - Mohicans— maelstrôm.

139 La salle à manger du rez-de-chaussée était tranquille et sombre. . . . 739hémisphère gauche, bifurcation — poêle — anthracite — flamme, nuit — mica— Londres - guerre - Stalingrad - Water Music.

140 Par la fenêtre, assis sur le tabouret du piano, je vois les pinsdominicaux agités d'un vent léger 740piano — mer — main droite — phonographe — aiguille — moments musicaux— maintenant — chansons — June.

141 Dans cette pièce peuplée de voix, de voix musicales surtout, je peuxentrer infailliblement 743passepied — clavecin — Wanda Landowska — vérification — contre-exemple— mélodie — timbre — effecteur essentiel de mémoire — clavecin.

142 La position de la cuisine, dernière des six pièces, est aisément déduc-tible du reste de la description 745cuisine - vue - effecteur de mémoire - ouïe - échelle des sens - simultanéité -hésitation, incises — baignoire — fenêtre.

143 Je me laisse cette fois ouvrir la porte donnant sur le balcon 747balcon — vue réversible — retour inverse — été — dormeur, énigme — salle de bains— cabinets, livres — Rocambole — lettre.

144 Rocambole, on s'en souvient sans doute, se fait passer pour unvicomte, 749vicomte - Concepcion - psychologie féminine - loi de l'âme - lumière, figuier— bagne - Wanda - Sir William - gel.

145 car l'eau refroidissante dans la nuit sibérienne va bientôt geler . . . . 751Titanic - fourrures - manuels - aveugle - peur - infamies - figuier - banc -bifurcation.

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LA BOUCLE

Bifurcation B : Avant-vie 753

146 Je marque une frontière dans la durée, je la pense comme le débutde ma vie : 753sable — mémoire, avant-mémoire, avant-vie — regard photographique — dossiergris — photographies d'enfance — losange bleu sombre — encre noire — pochette- édredon protéiforme.

147 Mes grands-parents s'installèrent à Caluire quand mon grand-pèrefut nommé inspecteur primaire 756le 21 bis- vin jaune - souvenirs externes, mémoire personnelle générique - invi-sible - souvenirs internes, langage cuit, dans-la-langue - monde-image, hors-monde — impressions — fenêtre — fenêtre.

148 Je prends une autre photographie, dont le « sujet » est moi-même : 758allée légumière — extrapolation palindromique — ponctuation des années — géo-métrie sans grâce - oisiveté des pictions - téléexistence - philosophie - mou-vement pendulaire — Tulle.

149 Les images de mon avant-vie sont en nombre infime 760avant-mémoire — premier des premiers souvenirs — perfection topologique- ressuscitation - fenêtres, maintenant - entrelacer - fenêtres - Tulle - signe-mémoire.

150 Je regarde de l'herbe dans le jardin du 21 rue de l'Orangerie (du 21cette fois), 762le 21 - Thé sur l'herbe - chaise longue, grand-mère - blond - expression - douzepersonnages — oubli — goudron — fourmis, bêtes du diable.

Bifurcation C : Des nuages 764

151 Au rez-de-chaussée de la maison, une fenêtre regardait vers l'exté-rieur 764pluie - nuages - insipide - vert - image-mémoire, bourrache - champ mnémo-nique — oubli — côté de l'«école» — temps des jeux

152 Dans la cour nous jouions à des jeux de la guerre 766jeux de la guerre - Churchill - traîtres - non-collaboration - distribution demauvais prix — Ecole annexe — Certificat d'études — calcul mental — instituteurà l'ancienne

153 Pendant ces années bénies, 768désordre des écritures — indulgence — équation diff... — porte-plume — goutted'encre - violet - honte - mouchoirs - sang.

154 Tout autre était l'encre, le sang des mûres de ronce, 771sureau - calligraphie - pluie - préau - jeu de barres - geste zénonien - bogues- moment roux - hérisson.

155 Guetteur à la fenêtre de l'Enclos du Luxembourg, je vois la villecomme une amplification du jardin, 773guetteur — irisation narcotique — sentiers — café — panaché — tonnelle — calvitie- clairière d'eau — coton des peupliers.

156 Par la rue d'Assas, aussi, on rejoint l'Aude, 775goudron - sentier - épis d'herbe - flèches, bardanes-cucurbitacés - impetusartésien - bombardes - muscaris - corneilles

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LA BOUCLE

157 II y a onze ans, j'ai achevé un livre de poèmes par un «chant»,emprunté aux Indiens chippewas, 778chants pour écorce — chant des nuages — hors-temps, hors-là, ici-maintenant— permanence d'un changement - mémoire - généralité du ciel - indirectionformelle — nuages — barques, inscape.

158 Entre Villegly et Sallèles, dans le Minervois, un peu au nord, nord-ouest de Carcassonne, 780Cèze - Tuilerie - gare - Sallèles - garrigue - cers - nuages - nuheures - contem-plation.

159 Nous vivions à Carcassonne, comme j'ai dit 782Marie - Antoine - Saint-Jean - Corrèze - Mozart - moustaches - Villegly— remise — ombres renversées.

160 Avec l'oncle, avec Marie, avec Dick l'épagneul, avec des paniersd'osier aux fonds couverts de feuilles de vigne, 784épagneul — vélo — jardin, Clamous — poissons — loutre — pêche à la main — but— tactique — jeu.

161 Je les encourageais un moment dans l'illusion de la sécurité 787moment machiavellien — ouïes — cabot — truite — couleuvres d'eau — leçon— mystère — Règle d'or du pêcheur à la main — classe.

162 L'heure était celle de midi, un jour d'été, 790sublimé — vignes — Carrière blanche — cheval — cerises — chien, agafarots — midi— lune — permanence.

163 Aujourd'hui, je ne m'éloigne plus que très rarement de la vallée dubarrage 792barrage — été — désert — eau, lumière, nuages — vent — eau profonde — argiles— toboggan — souvenir.

164 Ce soir-là, j'avais été m'asseoir sous les pins, face à Sallèles 794pin - nuages, conducteurs de mémoire - soir - pente - vent - équivalents— forme - ombres - ciel presque noir.

Bifurcation D : Montée de la Boucle 797

165 La gare Perrache tendait un piège aux voyageurs 797gare — électrons — sortie Nord, sortie Sud — grand-père — instructions — lettre- arguties - écriture - lunettes.

166 Et cependant 799aventure — Croix-Rousse — terminus — soleil — pente — Rhône — parapet — extrêmebonheur végétal — résonante.

167 Peu de temps avant sa mort ma grand-mère, 802récit — souvenirs — Erckmann-Chatrian — jeune fille — instituteur — Marseille- École normale - neutralité - village.

168 Suivons donc la jeune fille sur la route 803route — diligence — conducteur — oliviers — chemin pierreux — clés — logement- le poète Signoret - heurtoir - enterrement - mort-né.

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LA BOUCLE

169 Notre déception fut sévère 805déception - laïcité - raconter - chansons - «performances» - rapport d'ins-pection — mammifère — Amérique — chaise longue, mûriers, oreillers.

170 II y a eu de très nombreux instituteurs dans ma famille 807friandise pour sociologues - terre - propriétaire - Devaux, née Bœuf- cuisine— féminisme — responsabilité — aînés — école maternelle.

171 Mon arrière-grand-père Robert Molino fut chef de gare à Poliéna. . 809noix - registres - peigne - institutrices - blessure - malédiction - miracle— angoisse - deuil.

172 la dissymétrie frappante entre les réactions de mes grands-parentsdevant les maladies 812dissymétrie — révélation — études — ambition — programme — réticences — égalité— rue d'Ulm — renoncement.

173 De leur maison de Caluire (qui n'était encore que le 21 bis de la ruede l'Orangerie, 814circonscription — privé — illisibilité — ordre monastique laïque — missives — plumes— modèles pré-oulipiens — livre d'écriture — honneur.

174 La maison du 21 , où j'arrivai enfin après ma longue errance 817maison du 21 - berceau - métriques - jeu de paume - odeur de pénombre— petite enfance — ligne du mur — hauteur — avant-vie.

175 Si familière odeur de pénombre qu'elle se mêle de cire. 819cire — déclivité — cachette — horloge — bouilloire — lunettes — malin génie— démon distracteur — scène.

176 Elles auraient dû tenir compte (par anticipation), pour leur recherche,du fameux argument chomskyen 821phrase — four — nez — La Lettre volée — pantoufles — conversations sur le temps— porche — mathématicien — démon.

177 Mon grand-père estimait la température de sa cave idéale 823cave - poêle - beurre - catalogue - faisselles - couteau - pêches - noyaux— calmes propositions du monde.

178 L'heure de ma grand-mère était au contraire, aussi éloignée quepossible de l'aube, celle du thé 826A Little Tea, a Little Chat— chant de l'Odyssée distraite — deux lettres — mer deChine — grille-pain — brouillard paresseux — beurre — véranda — carreaux.

179 Très tôt, dans les mois qui suivirent l'effervescence de la Libération 828jardin — arbres — idée — orangerie — association — PPPCAFV — allemand —escargots - Grab.

180 Je vois dans le jardin, au cœur de son immensité luxueuse 831jardin, images, pictions — à côté — grand-matriarcat — tableau — immersion —statues photographiques - collie - chapeau, mûriers - tricot à boutons.

181 En m'immergeant dans le jardin, en me tournant depuis les mûriers,vers la maison, 833mûriers - soie - mûres rouges - pont de la Boucle - propriétaire - locataire -convictions - résidences - jardin.

2O29

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LA BOUCLE

Bifurcation E : Enfance de la prose 836

182 Tout au long de l'écriture de cette branche et jusqu'à aujourd'hui. 836branche, bifurcation, moment, images-mémoire, assertions, déduction fictive,axiomes, rêve, Projet, roman — correspondances — excentricité — images-sou-venirs - boucles - avant-projet, enfance de la prose, mémoire - dimensions— Arts de la Mémoire — voyant — langue — espace mnémonique, jardin.

Bifurcation F : Boulevard Trupheme 840

183 Saint-Félix le dix huit décembreLa partie droite de la maison est à la promriétaireMadame 840promriétaire - suspension - flamme bleue - chambre - étude du soir - réverbère— farine de châtaigne — bains de mer — corniche.

184 Peu de temps avant de renoncer définitivement à sa machine à écrire 842premier souvenir — boucles de la mémoire — descriptions — rouleau — restitution— conjonction tapuscrite - frappe - signes - aveugle.

185 Campagne Jolie, feuille I. Précédée de : Mon premier souvenir octobremil neuf cent dix 844village natal - tremblement - bougie - tunnel - espace de verdure - traverse— poupées - toits - œil-de-bœuf.

186 Feuille II 846grenier - salle de bains - cheminée - chaises cannées - rougeole - jeux - grandedredon rouge — dents laquées — tian.

187 Feuille III 848fraises — balançoire — calèche — bandeaux plats — douce — horloge — grenadiers— mistral — jardiniers.

188 Campagne Jolie (deuxième version), feuille III bis 850pinède — poiriers de la Saint-Jean — magnolias — Traverse de la Mère de Dieu— oliviers — pré — mer — vert, bleu — réchaud à pétrole.

189 Le Canet II - Bd Trupheme 853flocons de suie — école communale — maison — allumeur de réverbères — rideaurouge - orange - balancelles - nager - marronniers.

190 Nous prenons des leçons de piano à domicile 856piano à domicile - voyage - volets croisés - bajoues - tristesse - Mistralets— lycée — guerre — télégramme.

191 Pâques mil neuf cent seizeDépart pour Digne 858soulier xrtho orthop dique — chlore — Bléone — jardin — notaire — rivière desEaux haudes — le bureau de monsieur 1..inspecteur notre père — cheminée — roc-king-chair.

192 C'est un endroit enchanteur 861siège - véranda - poêle - mallon - tilleul - réduit - tiges blêmes - lessive -châtaignes.

193 Ici le gardin est entièrement clos de murs 864toits de luiles romaines — trapèze — saule — groseillers — platane — charges de bois— catalpas — marronier — minuscules clochettes, Digne.

2030

Page 21: La Destruction - GBV

LA BOUCLE

194 à gauche de la clématite le mur du fond 867

clématite — gravité — rires — chelidoines — buissons aux boules blanches — buan-derie - pervenches - ancolies, mauves - tilleul.

195 Comment ai-je pu oubliet les bambous 869

bambous - hasard - treize desserts - fichu - nuage - froid - liberté - ciel- neige.

196 Le dix-neuf avril de cette année (1992) 872

dix-neuf avril — après-midi — radio — instant — pages — enfance — échange— dossier — nuit.

Index des principaux termes figurant dans la Table descriptivel

Angleterre 36, 39, anglophilie 41, "Londres 139, ici Londres 114.arbre 102, 120, 179, enfant dans 1' - 101.autobiographie 2, — de personne 86, autoportrait 90.bifurcation 19, 48, 51, 83, 133, 139, 145, 182, bifurquer 132.blanc 8, pur 8, - sur blanc 8, grand - mural 98, Carrière - 162, buisson aux boules - 194.boucle 81, 133, 182, pont de Ta- 181.branche 2, 31,41, 51,68, 101, 136, 182, gravité des très hautes-98, entre-deux-: 78, 83, 84, 85.chapitre 19,31.conjointure 37, 55, conjoindre 78.conte 5, 36, 76, 132, ra - r 169.contemplation 7, 22, 34, 158.démon 176, - pieuvre 14, - distracteur 175, *rakki tai 13.description 2, 24, 33, 68, 69, 184.destruction 2, 33, 82.double 5, 68, 69, — temps 86, — photographique 87, — négation 3, 36, 90, — sens 5, "raffinement cusain

126, Dieu non non 58.élucidation 20, 68.enfance 2, 68, 196, photographies d' - 146, petite - 174, - de la prose 182, 'gniengnien: 54, théorie

du - 54, fin du - 57, "GnienGnien 54, "G.T.g. 57, "menou, menou, menou 75, *avant-vie 174.énigme 132, 143.entrelacer, entrelacement 13, 68, 84, 149.escargots 95, 119, 179, "limaçons 74.faim 24, 39, anciennes - s 108.figue, figuier 32, pennèque 13, 32.flèche 9, 98, 133, 156.fleur 3, 33, inverse 81.forme 37, 132, 164, avenir formel 83, extravagance formelle 87, *édredon protéiforme 146, indirection

formelle 157.fourmis 31, 102, 120, 150, 150, If aux- 102.gel 1,3, 8,33, 38, 144.guerre 39, 139, 190, chant de - 6, - Froide 17, nouvelles lointaines de la - 114, jeux de la - 152,

'armées 1, 80, 135, 'Churchill 152, "télégramme 190, "débarquement 115, Briansk, Velikie Louki130, Buchenwald 50.

image 2, 7, 70, 82, 138, 180, - foyer 13, première 20, pure 20, circonstance d' - 73, - souvenirs 4, 41,182, - mémoire 39, 68,151, 182.

incise 19, 133, 142, inflexive 51.inscape9, 157.insertion 19, 51, - réversible 51.jardin 19, 33, 47, 124, 160, 179, 180, 181, 182, 191, - potager 26, chaix de - 26, - iers 187.jeu 19, 28, 160, hors- 19, 100, "S'avancer-en-rampant 19, 33, 82, — de l'immobilité 22, — de nombres

136, - de pictions 70, - de barres 154, - de paumes 174, - des plaques minéralogiques 118, - dela guerre 152.

livre (s) 104, 136, 143, objet- 104, - d'écriture 173.locomotive 6, 45, "passion ferroviaire 6, 26, "train 115.

1. Les numéros renvoient aux paragraphes.

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Page 22: La Destruction - GBV

LA BOUCLE

lumière 1, 8, 21, 23, 29, 73, 110, 133, 144, 163, neige et - 9, - infinie 67, Lumières 71, années -112.

maintenant 66, 140, 149, ici - 157, "instants 26.méditation - des cinq sens 20, 88, - ignatienne 88, - de la mémoire 88.mémoire 4, 5, 9, 41, 82, 137, 146, 157, 182, Arts de la - 5, 107, 182, effecteur de - 23, 74, 102,

120, 137, 142, parcours multiple de la — 4, déductions de la — 5, tiroir à — 44, — (s) 52, graai de la- 64, grande feuille de - 83, méditation de la - 88, théâtre de la - 119, lieux de - 130, - person-nelle générique 145, signe - 149, conducteur de - 164, boucles de - 184, "Mnémosyne 37, "espacemnémonique 182.

mer 11, 12,34, 128, 138, 140, 188, idée d e - 1 1 , silence de l a - 115, bains de-183, *-Marrr'll.Merlin 102, 120, à la -62.mesure 110, "mètre étalon 15, "paradoxe du mètre étalon 110, "métrique: 21, 174, *e muet 126,"alexandrin

niais 127, "sonnet à la française 137.moment 68, 85, 140, 182, - de prose 36, 78, - de l'inspiration 56, - roux 154, - machiavellien 161, -

musicaux 140, "instant: 26, 60, 196, tel - passé 63.monde 2, 8, 103, image- 147, hors- 147, calmes propositions du - 177.mort 15, 17, 38, cri de-25,-singuliers 81, -né 168.mystère 24, 132, 161.neige 1, 8, 9, 50, 77, 88, 113, 195, bière de - 79, "flocons 77.noir, noire 4, lumière — 21, seau — 77, fourmis — 102, 120, penny — 119, baig- 142, encre — 146, ciel

presque — 164.nom 33, 36, - générique 55, - sur-propre 30, "nominaux 44, "adjectif propre 30, "article propre 32.nombres 44, 136, — nuptial naturel 106, — entiers 136, individus- 136, raison numérologique 86, "règle

des numéros impairs 117, "compétence numérique 111.nuage 15, 132, 151, 157, 158, 163, 164, 195, chant des - 157, "équivalents 164.nuit 4, 139, 196, ersatz- 5, impossible - 8, demi-cercle de - 50, - des lapins monstres 96, bleue- du

silence 114.ombre(s) 5, 29, 36, 164, renversées 159, pénombre 174.Oranjeaunie 13, 31, 76, "orange 31, 76, "orange même 76, "esprit orangé 31, "orangerie 179, * oranhe

189.oubli 36, 67, 69, 150, 151, oublié-familier 79.palindrome 5, "successivement dans les deux sens 5, dates palindromiques 119, pseudo-déduction -

87, "retour inverse 143, extrapolation — 148.passé 2, 18, tel instant du - 63, - présent 85, sentiment du - 99.photographie 2, 69, - d'enfance 146, statues photographiques 180, regard - 146.piction 21, 68, 70, 99, 180, - mouvante 78, oisiveté des - 99.poésie 32, 34, 39, 107, 109, 136, - orale 56, projet de - 71, "andalouisant Sprechgesang.Projet3, 31,51,68, 71, 80,82, 181, avant-: 3, 181.puits 21, 29, 37, 133, "impetus artésien 156.récit 2, 82, 83, 132, 167, stratégies de - 107, -ation 137.rêve 3, 82, 182.rugby 12, 17, 131.Rythme, théorie du - 21, 26, "théorie 2-3: 117.soleil 29, 166, - blanc 8, - pâle 41.solitude 95, 103, 109, 136, "ermite ornemental 22, 100.souvenir 2, images - 182, premier - 184.temps, déduction du - 60, lignes de - 86, double - 86, - bidimensionnel 91, vieilles paroles en des -

nouveaux 99, — des jeux 151, hors-, 157, conversations avec le — 157, "horloges ptolémaïques 91,"nuheures 158, "pendule ronde 89.

vitesse 7, 43, idée de - 66, vélocité 59.voir 1 14, 19, 20, 50, 77, 88, 113, "vue 23, "vision 21, "yeux derrière la tête 21, "guetteur 20, 155,

"voyant 182.

Jacques Roubaud, les cercles de la mémoirePropos recueillis par Aliette ArmelLe Magazine littéraire, juin 1993 875

Jacques Roubaud en bouclePar Jean-Marie GleizeArt-press, n" 180, mai 1993 886

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MATHEMATIQUE :

BRANCHE 3

Mathématique :

II y a quatre chapitres, composant la partie récit du livre. À certains « points »du texte, dans les trois premiers chapitres, sont des incises, espèces de longuesparenthèses plus ou moins développées. Les incises de chaque chapitre suiventle chapitre considéré. On peut les omettre en première lecture. II y a enfin deuxbifurcations, qui représentent des voies narratives alternatives, qui auraient puêtre empruntées par le récit. Chaque chapitre, chaque ensemble d'incises, chaquebifurcation est découpée en moments numérotés, dont le contenu est évoquédans la table descriptive qui suit, permettant au lecteur de s'orienter. (Il ne seraitpeut-être pas inutile de commencer là la lecture.)

Chapitre 1 (récit) : Incipit Vita Nova 895

1 II y avait trois issues 895La première en haut, à gauche, — J'arrivais tôt — L'amphi se remplissait — Entrele début et la fin du cours — Le jour, au dehors, — Je me tournais — C'est direque j'écoutais distraitement - Mais «Choquet» - Les mathématiciens, dans lareprésentation ordinaire.

2 II y a quelques années nous avions, mon ami Pierre Lusson et moi-même, 897Au département de mathématiques de l'université Paris-X (Nanterre) - Encouragépar ce premier succès - Car, devant la Mathématique - Ainsi, face à la brusquemétamorphose — Le désarroi des redoublants — Certains, tel le danseur de Sonia— Vu depuis la porte - En ce temps-là le professeur - Je regarde depuis le hautde l'amphithéâtre.

3 Derrière cette porte se trouvait un espace protégé, 900Un sanctuaire professoral — Le cérémonial d'entrée — Beaucoup plus tard — Enmai ou juin — La matinée avançait — Sur cette allée s'ouvrait la troisième issue— Par cette troisième issue s'écoulait, abasourdi - On ne s'interdisait pas les mur-mures - Je partageais cette stupéfaction.

4 Ce livre ne justifiera sans cloute que faiblement la provocation de sontitre 902Je dois le dire avant d'aller plus loin - Celui qui, ici, dit «je» - II est vrai que letitre de cet ouvrage — Axiome de Gertrude Stein — Un livre est l'autobiographiede son titre. — J'ouvre ma fenêtre à Pair nocturne — Avant de l'effacer je la chargede sens - Le mathématicien que j'ai été - J'ai cessé de me sentir coupable.

5 Ce qui provoquait la stupeur inquiète des étudiants de CDI 905L'irruption, sur la scène des savoirs reconnus — Dans les années qui suivirent— Dessin, sa simplicité emblématique — Fig. 1 & Fig. 1, avec légende — Nousregardions, nous ne comprenions pas - Les raisonnements qui s ensuivaient -C'est à quoi il importait de s'habituer — L'importance sociologique du moment— Je me trouvais là parmi eux.

6 Le m o m e n t que je marque , symbo l iquemen t , au ma t in d ' h i v e r , . . . . 907

Une difficulté et un désarroi extrêmes—Je n'ai pas été un mathématicien « naturel »— La comparaison avec les athlètes — Une conception portée à son paroxysme

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MATHEMATIQUE :

en France — Je n'y serais jamais parvenu — Saisi comme d'une illumination — Lavoie qui m'importait le plus, la poésie —Je serai mathématicien! — Cette idéem'éclaira tout un été.

J'ai souligné une analogie 909En vertu d'une décision — Je ne voulais pas composer des mathématiques — Jene savais pas ce que cela signifiait - Je voulais seulement comprendre - J'es-pérais des bénéfices indirects - II y avait une autre différence - L'abord scolairede la poésie — Vision exaltante et raisonnable — ça allait.

Mais pas l ong temps 911

La nouveauté n'avais pas perdu de son charme — Quand je dis « convenablement »- Des difficultés avec la physique - Alarmant et inattendu - Pourquoi persé-vérer? — En proie à l'insatisfaction — Je ne comprenais pas ce que j'étais venuessayer de comprendre — Une large dose de « même » — La deuxième année futun désastre.

Le temps de ce mois de mai change peu à peu, 913Les premières heures du jour restent froides -Très vite, avec le soleil, il fait chaud- Le jardin des Tuileries est en « réfection » - Un accès de transparence - Despanneaux, que je n'ai encore vu personne lire — Le soleil, aidé d'un peu de vent- Immergé dans la fraîcheur — J'avais trouvé ce mot, mathématique — Pourtant,c'était vraiment une vie nouvelle qui allait m'être donnée.

Incises du chapitre 1 916

10 (§ 1) échapper à la vigilance de l'administrateur de l'institut 916Secrètement au service de la bourgeoisie - Assumait avec enthousiasme ces deuxrôles — Avait affaire à forte partie — Une énorme partie de son temps à guetternos transgressions — Au moment le plus chaud de la lutte — Certainement pourlui de dures années.

11 (§2) Du passé (mathématique) on avait fait, apparemment, table rase 917Le bourbakisme semblait ruiner l'édifice — Une autre théorie de la « table rase »— Le choix révolutionnaire en mathématiques — Un autre parallélisme s'im-posait — En poésie aussi, le monde ancien avait été mis à bas — Une contra-diction évidente.

12 ( § 3 ) « alpha po in t alpha po in t a lpha alpha po in t po in t po in t » . . . . 918

Forme incompréhensible d'un objet assez simple - Fig. 2 - Dessiner les arbresracine en l'air — Grouper les groupements eux-mêmes — L'écriture « polonaise »est plus économique — Géométrie des arborescences.

13 ( § 3 ) une autre por te , t ou t en bas, à gauche cet te fois d u tableau . . . 921Un samedi matin de ce même mois — J'étais venu jusque là en vain — J'ai fait letour lentement par la rue Pierre-et-Marie-Curie — Contradictions survenues dansmes souvenirs — L'engagement de véridicité — Je suis revenu en semaine.

14 (§ 4 ) un livre est l ' autobiographie de son t i t re 921

Si je lis sur une couverture — II ne s'agira pas de la vie de la mathématique dansla mienne - Une biographie de ce que je désigne par Projet - Un embedding-Dépendance et «boitement» - Rapports.

15 ( § 4 ) ces images entrelacées se sont présentées en réponse à une déci-sion narrative 923

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MATHEMATIQUE :

Nécessairement en mouvement la mémoire — Chaque tentative volontaire desusciter le passé — Dans cette branche comme dans les deux précédentes — Lastratégie de fonctionnement du jeu de mémoire — La démarche, dans cettebranche, est inverse - J'émonde volontiers les végétations excessives au regardde mon intention.

16 (§ 5) les rectangles, carrés et diagonales que trace Socrate dans leMénon 924(Entrent monsieur Ménon, Socrate et le Petit) - Dis-moi, petit - ? - J'admire toncourage et je plains ta jeunesse — Hum ! — Une célèbre erreur de Lebègue — Lesavoir ensembliste était en nous.

17 (§5) pour une bonne partie d'entre eux, il se produisit une véritableconversion 926Différentes générations — Les apôtres de la nouvelle religion mathématique —Mathématicien collectif- Une difficulté bien plus grave - Les suiveurs immé-diats ; la quatrième génération - En poésie, l'héritage surréaliste.

18 (§6) je m'étais dit alors : je serai mathématicien ! 928J'ai retenu cela ainsi - Les articulations de ce conte particulier - Autonomieabsolue de l'activité poétique - Pourquoi m'en tenir à une seule langue ? - Soupeau choux - Une grammaire du polonais.

19 (suite du § 18) Or les études de langue, à l'époque, n'effleuraient lalinguistique que dans sa section « historique » 929On s'initiait, non sans douleurs, au vieil anglais - Enfant tardif du mystérieuxindo-européen — Un univers enchanteur se montra à mes yeux — Ivresse duhittite — II peut sembler curieux — Mais raison raisonnable.

20 (§ 7) il n'y avait à découvrir (et à découvrir vite) que le chemin.Je caricature à peine) 930Enclaves intellectuellement surchauffées — L'idée antérieure demeurait, à peinetravestie - Chevaliers, tournois et duels au sens «Alexandre Dumas» du mot -Voilà qui aurait réjoui l'inventeur du zéro - Une idée connexe - Accorder unesupériorité à la géométrie sur l'algèbre.

21 (suite du § 20) C'est sous l'éclairage précédent que je me permettraid'interpréter cette autre formule 931Substituer les idées au calculs. - Le calcul a un pouvoir thérapeutique - « À quoiça sert ? » - Répugnant que le processus de démonstration puisse être rendu cal-culatoire — Défense contre les obscurs paradoxes — En quelques phrases dédai-gneuses mais sereines.

22 (§ 7 & § 8) la discipline, la rigueur, la sévérité du calcul semblaientpouvoir servir d'isolant intellectuel, et même de protection (pour unêtre doué de raison calculatoire) 933Le calcul algébrique m'avait toujours plu — Un raisonnement par l'absurde pour-suivi sur plus de quatre cent pages ! — Les déductions léchées du Traité — Les suc-cessions calculatoires donnaient de la certitude - Être dans le certain, collectif,universel, partageable — Le don de divination géométrique.

23 (suite du § 22) Je cherchais le calcul 934Me protéger, mais de quoi ? - Une transposition : de la poésie vers la mathéma-tique — Or cette liberté formelle — J'avais conclu de cette gêne — Mon état dedésolation, presque de honte — Pourtant, sans le savoir, je tenais là le remède.

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MATHEMATIQUE :

24 (§ 9) Tout immergé dans la fraîcheur, face au ruissellement d'étin-celles du bassin, 935Je sors mon petit carnet noir à rayures obliques —Je sors ensuite de la poche droitede mon pantalon - Une «prose orale», encomiastique - Nous sommes donc lesamedi 23 mai 1992 — Mais, me direz-vous — Elle ouvre la porte avec sa clé.

25 (suite 1 du § 24) Marcel, l'autre jour, au téléphone, m'a dit : 936« Et si on lui offrait quelque chose d'oulipien ?» - « C'est ce que j'ai pensé », ditMarcel — Hier matin donc, aux Tuileries — Lamentablement — Au bout d'unedemi-heure — Que faire?

26 (suite 2 du § 24) Que faire ?, comme disait Lénine en son temps . . . . 937

Non seulement c'était peu — Le seul fragment convenable — Considérez cesbribes — banjo, jejune — Ob — Nul n'est censé ignorer Galois.

Chapitre 2 (récit) : Le coup d'État du Général Bourbaki 940

27 La machine à fabriquer les souvenirs, ma mémoire, 940Une voix interrompt un cours - Ce que dit la voix commence par « mais » -Implicite dans ce « mais » initial — Choquet s'interrompt — Paradoxalementsatisfait — II se retourne vers le tableau — L'image se déplace vers le bas — Leurvisage importe peu — Le bref dialogue qui se produit.

28 Au moment où j'écris ces lignes (en mai 1992), 942La «biographie» du monstre polycéphale est encore à faire — Un pseudonymecollectif — Une plaisanterie de normaliens — Les « jeunes gens » de 1930 — Eaumathématique sous des ponts de même farine - En 1954, leur nom n'avait pasfranchi - L'instant prend une dimension solennelle - La révélation essentielle— Cet ouvrage monumental.

29 C'est comme traité que j'ai envisagé Bourbaki, beaucoup plus, audébut, que comme groupe 944Ma réaction a été lente -J 'ai une longue expérience de la procrastination. - Ladécouverte de l'existence de Bourbaki - Au long de cet hiver engourdissant -Aucun des lycéens — Je n'y connaissais personne — Trois de ces étudiants — J'in-terroge, au regard interne du souvenir — Ce ne sera qu'un pardon posthume.

30 Si on acceptait la révélation de l'existence d'un nouveau prophète dela mathématique, 947

Trois lignes stratégiques — Ligne de l'obéissance pure — Termes nouveaux,incongrus - Respecter le pacte scolaire traditionnel - II ne fut pas possible del'en faire dévier d'un pouce - Je ne sais comment elle avait franchi les scepti-cismes — « C'est pas pour moi, pauvre négresse !» — II n'y avait pas que du renon-cement — Combinatoire des mouvements du ciel.

31 Pour Philippe Courrège au contraire la croyance, 949Une véritable conversion - II fut immédiatement offusqué - Le bouillonnementinterne de ces réflexions — Une conversion radicale — Modèle du « croyant » enBourbaki — Je n'ai pas l'audace romanesque — Démarche abstractive, restrictive- Ce ne serait pas possible dans un cas - Réaction de chimie intellectuelle.

32 pour Philippe Courrège 951Avec papiers, crayons, — En adoptant la rigueur bourbachique — Le «jansénisme»de la démarche - La mathématique n'était pas une concaténation de paroles -Avec précipitation, presque avec colère — Ecrivant, gommant, récrivant — « Parti

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MATHEMATIQUE :

de rien, virgule... » - Pouvoir de conviction et de découverte - Menuisier despropositions.

33 II n'avait, disait-il, aucune intuition ou imagination mathématique 953II refusait à l'intuition la moindre valeur - « Spectacle lamentable d'une fonctioncontinue sans dérivée» — Un jeu qui se jouait avec des signes — Modalité dela composante éthique — L'incorrection était le seul véritable crime — Portraitdéduit d'un unique axiome — II est clair, en outre — Porter le « fer axiomatique»— La question des Probabilités.

34 En nommant mon troisième modèle pictionnel modèle de l'anticipa-tion pure. 955La position lussonienne — Simplification outrageuse — Ne s'intéresser qu'à cequi va venir après - Autrement dit - Les années ont passé - Comme dans toutedémarche intuitive rapide — Les séquences déductives internes — Si, par extra-ordinaire — II aurait voulu que cela se passe plus lentement.

35 « À mon âge, Galois était déjà mort » 958Le désenchantement — Le développement des théories, toujours anticipé — Pourun regard extérieur, Grothendieck — J'ai laissé faire surface — Je ne pouvais pasne pas savoir - Hors de ce morceau de monde expliqué par la mathématique ? -Je n'étais pas, je ne serais jamais - Devenir mathématicien par une pure décision— Commencer par les commencements.

Incises du chapitre 2 961

36 (§ 27) II ne prend pas non plus à témoin le reste de l'amphi, commele faisait en ce temps-là son collègue « Schwartz » 961Alors à l'apogée de son prestige — Une sorte de promotion idéale, trans-géné-rations - La prestigieuse médaille Fields - La malveillance de M. Nobel - Lesfoudres du magnat - Un trait de plume rageur.

37 (suite 1 du § 36) Les inventeurs des « médailles Fields » avaient pour-tant tenu à marquer leur orgueilleux refus 962Lauréats tous les quatre ans — Discrète allusion, par cette périodicité — Rêved'olympicité ? — Originalité ostentatoire — Prestige dans le « milieu » — Une vertuobtenue « par défaut ».

38 (suite 2 du § 36) Schwartz provoquait régulièrement la stupeur fré-missante de ses amphis 963Comportements didactiques iconoclastes - La Théorie des Distributions— On s'imaginait participer à un bouleversement — II proposait un énoncé dethéorème — Notre attention était inévitablement attirée — Le silence se faisaitdans l'amphi.

39 (suite 3 du § 36) La grande majorité des assistants votait toujourspour la mauvaise réponse 964« Le village qui vota que la terre était plate » - Ceux qui se décidant au hasard -Ils n'avaient pas écouté la question — C'était généralement mon cas — Pourquoirépondait-on toujours faux ? - Les ignorances crasses.

40 (suite 4 du § 36) Cela tenait à la conjonction de deux facteurs 965Les conditions de ces expériences — II était (ne mégotons pas) d'une foudroyanteintelligence - En second lieu, il avait soin - Dans ces pièges, des mathémati-ciens célèbres étaient tombés - II voulait nous apprendre à nous méfier - Jedécouvris peu après.

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MATHEMATIQUE :

41 (§ 38) Un autre tic lui projetait brusquement l'épaulevers le hautdans son veston et laissait l'impression qu'il était en train de faireremonter la bretelle tombée d'un soutien-gorge 966Ce rappel, que je viens de recueillir - Pierre, toujours à la pointe du progrès tech-nique — Quelque détail nouveau à un portrait-robot — Une crise de larmes d'Izumi- Caractéristique gestuelle oubliée - L'image retouchée avait toujours été là.

42 (§ 30) une source de sérieux conflits, auxquels chacun, dans ma « géné-ration » mathématique, se trouva plus ou moins directement mêlé 968Se préparer à « passer l'agrégation » - Seulement voilà - En quelques endroits(l'institut Henri-Poincaré... — Les «normaliens», dont l'agilité calculatoireavait été prouvée — Certains refusèrent de se présenter — Le mouvement, s'am-plifiant,...

43 (§ 30) chez « Plantin », le café situé au coin de la rue d'Ulm et de larue Lhomond 969Le verbe s'impose — Le père Plantin régnait sur son bistrot — Nous y courûmes,l'adoptâmes — Jovialité d'abord mise à rude épreuve — II retrouva le sourire —Longtemps plus tard nous revînmes.

44 (§ 30) sa réussite à l'agrégation, qui fit tant plaisir à son père, lui-même professeur de mathématiques (mais non agrégé) 971Elle fut reçue en 1960 - Une hospitalité culinairement doublement remarquable- M. Espiand était grand - II faisait asseoir près de lui Sylvia et sa fille - La véri-table consécration, l'agrégation — II y eut à cette occasion un grand Colombo.

45 (§ 30) elle aurait certainement excellé dans la combinatoire desmouvements du ciel, si elle avait pu s'autoriser à le vouloir 972Une calculatrice remarquable, rapide, fiable — Nos études étaient tant bien quemal achevées - Au hasard d'une rencontre - Une soudaine envie de pleurer - IIy avait plusieurs causes à son refus — Un lycée, à Digne.

46 (§ 32) II se voyait clairement lui-même en artisan, en fabricant, en« fabbro » des déductions, 973Adopter la posture d'un artisan dans le goût ancien — La mathématique est entiè-rement pénétrée par la doctrine de l'inspiration — Les idées ne sont pas le fruitdu labeur mais d'un don — II est difficile d'acquérir un droit, même faible, à lalégitimité - Or la démarche bourbakiste - Génial ou pas.

47 (§ 34) la description ici commençante des préliminaires à une aven-ture intellectuelle, la mienne 974Employons une métaphore — Un pôle lointain, d'accès difficile — Le but del'aventure — Projet accompagné de son ombre, un roman — Je n'ai pas écrit ceroman - Parti pour raconter ce voyage.

48 (§ 34) il effectuait aussitôt plusieurs sauts ultérieurs instantanés ;d'où son habitude de s'emparer des raisonnements des autres, à l'étatnaissant dans leurs phrases, et de les terminer avant eux 976Nous vivons au futur antérieur - Ce sens du présent a d'autres manières dese manifester — Je donnerai quatre exemples : Jean Queval, de l'Oulipô — GuyHarnois — Florence — Ma mère.

49 (§ 35) l'incapacité à se soumettre aux règles très strictes du labeurdémonstratif lui interdisait en fait d'atteindre à la gloire scientifique 978J'ai longtemps pensé qu'il était un mathématicien d'un autre âge - II existait,dans certaines conditions, des sessions de rattrapage - Séparer, une fois pourtoutes, le bon grain de l'ivraie — Aussi rigide et hiérarchisée — II avait admis inté-rieurement ce jugement - Tout cela est vraisemblable.

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MATHEMATIQUE :

Bifurcation A : Les Grands Courants du Président Le Lionnais 980

50 (§6) ce fut une idée soudaine, une idée exaltante, bouleversante, illu-minative 980L'idée d'atteindre à la compréhension du monde — Mon récit affirme sa véri-dicité - II faut retourner en arrière de quelques années - Je m'étendrai ailleurssur cette rencontre fortuite — À l'âge qui était le mien — C'était une année desemi-repos — J'avais hâte d'être à Paris — Un fort numéro des Cahiers du Sud —La notion de transfini.

51 les regards des élèves et des professeurs de mon lycée étaient tournésvers des lendemains glorieux 981Les yeux obstinément fixés vers la « ligne bleue des Vosges » — L'infini numé-rique, cet ombilic des limbes - Un aleph, premier de la famille cantorienne -Je n'ai pas compris grand-chose — On fera plus ample connaissance avec sonauteur — Description — Cir constances — Le camp de Dora — Un traité d'échecsdestiné à un gardien.

52 « Parmi les espoirs qui le soutenaient, continuait Ballard, 983Certains noms sur une feuille de papier d'emballage - Avoir écrit avec un crayonnazi sur un papier du Troisième Reich - « Couverture » pour des activités deRésistance — La Peinture à Dora — Expérience jouée sur le théâtre de la mémoire— Pourquoi ce préambule ? — Premier éclairage — Investigations.

53 Description des Grands Courants de la pensée mathématique :deuxième moment 984Début d'une série infinie — Résidu du projet initial — Toujours en proie à l'avenir— Allusions à une seconde série — En filigrane derrière ces allusions — Repousséà un futur toujours plus lointain - Sans parler de son gigantisme implicite -Hôtel de Hilbert.

54 Les familiers du président Le Lionnais ne manqueront pas de ressen-tir à cette lecture une impression de déjà-vu 986Dans la carrière de cet homme extraordinaire - Ce thème m'est familier - Uneimpression globale de bricolage - Disparate, voilà le mot - II avait prévu depublier ses Mémoires sous ce titre - Corollaire d'un «théorème» existentiel -Particularité décourageante — Un troisième puis un et cetera volume — Le oula disparate.

55 (troisième moment): de deux générations franco-françaises 987On examine le sommaire — Coexistence et heurt inharmonieux — Ils avaientsurvécu à l'hécatombe de la Première Guerre mondiale - J'ai été un petit peuleur élève - II y avait Hadamard, presque centenaire - On le regardait avec atten-drissement - Les deux morts de la déportation - La place d'honneur réservée àl'avant-garde — Henri Cartan, ciment pédagogique.

56 Les Gr.c. et Bourbaki 989Insolents, terroristes, et mal élevés - André Weil pour ne pas le nommer - Cesdisputes qui restèrent assez feutrées - L'architecture du volume - La partie« Épopée » — Deux bourbakistes dans cette section — Hommage à David Hilbert— Coup de chapeau au vieux Borel — Grande première.

57 Ce texte mériterait une étude particulière 990Massues philosophiques néandertaliennes — Les pièges métaphysiques les plusflagrants - L'ambition hausmannienne de Bourbaki - Comparaison proche deWittgenstein - Le « ton » inimitable du groupe - « Style du mystère » - Eric TempleBell — Combien était merveilleux le futur — La Conjecture de Goldbach.

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58 Ensuite et pour longtemps plongé dans les mathématiques « réelles »j'ai oublié les Gr.c 992Quand j'ai connu FLL — Le regard froid de la prose — FLL et Queneau admi-raient — L'œil avide du collectionneur — II tenait à savoir et savait — Algébristesjaponais - Conversation digressive - Achèvement imminent - Mais activitésplus urgentes.

59 Description des Grands Courants de la pensée mathématique : der-niers moments - André Weil et l'éthique mathématique 993Un texte assez étonnant — Lieu de la géométrie algébrique moderne — Morale dumathématicien à l'époque contemporaine — «Tandis que telle science aujourd'hui »- «Il est certes peu d'hommes» - L'exigence d'indépendance - «Qu'un autrehante les antichambres» — Un exemple typique du travail de la dénégation —« II n'est pas jusqu'en prison ».

60 La logique est l'hygiène du mathématicien 995Pourquoi s'en préoccuper ? - Une bonne dose de mépris - Point aveugle - Pro-phylaxie : catégories, ordinateurs - Deux sciences distinctes - Passion de l'intolé-rance — Catalogue Manufrance d'idées passe-partout — II n'y a de mathématicienque jeune — II n'y a pas de chercheur secondaire.

61 Ces thèses impliquent évidemment une conception élitiste du talent(une théorie du « don ») mais elles n'en résultent pas 996Marquer une distance — Elles ont leur bêtise propre — Dieudonné se mettantau « service » de Grothendieck — Quel âge avait l'inventeur du zéro ? — Pas deprogrès sans communauté mathématique - Approchant de la péroraison - « Si,comme Panurge» — L'honneur de l'esprit humain — Conquête de l'Himalayaen bikini.

62 Les Grands Courants me fascinent, aujourd'hui, comme esquisse d'ungenre littéraire 998Une place un peu à part - Contre-axiome de celui d'Irving Goffman - Coexis-tence de la trame et du dessin - Les Prix de beauté aux échecs - Notes en vrac— « La cydoïde, Belle Hélène de la géométrie » — Fragment dans une collectionde fragments — Jacques Peletier du Mans — Des raisons « obliques ».

63 À de tels moments on ne regrette pas sa lecture 1000Les occasions manquées - Une position esthétique tente de s'exprimer - Gravuresde mode de la mathématique — Dans sa maison de Boulogne — Projet encyclo-pédique individuel - Dans les limites d'un corps - Chat; être quasi vivant: sabibliothèque — Lors de l'un de nos voyages à Londres — Tête alourdie de livres,comme le cerf de ses bois.

Chapitre 3 (récit): Filtre des voisinages 1002

64 Commencer aux commencements, certes ; mais quels commencements ? 1002II me fallait l'illusion d'un commencement absolu — J'étais saisi par le vertige ducommencement — Le commencement mathématique — Le démon du commen-cement — « Le traité est destiné plus particulièrement » — J'ai su ces quatre pagespar cœur -Je me persuadai sans mal - Je m'emparerais d'abord de la premièrepartie — Une version flagrante du paradoxe des commencements.

65 II ne m'était, de toute évidence, pas possible de commencer d'unemanière aussi décevante, 1005Le sujet n'était plus entièrement neuf— Le pléonasme d'insistance — Cetteattitude intérieurement rigoureuse — Entre une activité passionnante et farou-chement gratuite d'un côté -J'étais arrivé au bout des vacillations concevables -

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MATHEMATIQUE :

Je passai un compromis avec moi-même — Assez proches de la pureté doctrinale— Et c'est ce que j'ai fini par faire — De nouveau, fin 1954.

66 Introduction aux « Paysages déductifs » 1007Eléments d'une science du lieu — Horizon, lecture, visibilité, contemplation —Le « souvenir mutuel » de deux détails - Un instant strictement futur conve-nable — Les paysages à mémoire dans un chapitre spécial — On n'a pas encoreréussi à se débarrasser du temps — Paysage lisible ou moralisé — Le choix de cesévidences - Celui de dramaturgie qui en est le synonyme.

67 Préservant la tonalité générale solennelle de l'original 1008Une contrainte oulipienne assez simple — L'invisibilité d'un des composants —L'intention du poème - La transposition devrait être poursuivie - Un « méta-aspect » - Une image de la totalité dans son inachèvement - Un chapitre ultérieurde la partie récit de cette branche — Absolument aucun souvenir — Je ne vois pascomment j'aurais pu choisir autrement.

68 Le moment de ce récit rencontre le moment de ce récit 1010À la manière d'une image photographique - Rencontre de l'onde Emile et dela tour Eiffel — Coprésence — Le moment du commencement de lire — Mise enrapport contingente —Je ne saurais choisir le sens de la relation —Je décrirai d'abordle premier - Brumeuses et humides Orcades - Tête pleine de pénombre.

69 II pleut une pluie de septembre dans la cour de la Sorbonne 1012Je franchis la porte — Un droit ancien et menacé — Mais, direz-vous, ne serait-ilpas plus sage ? — Le principe du bon voisin — Les coïncidences ne sont pasentièrement contingentes - Je suis souvent ressorti avec d'autres titres - Cetautomne sera le vingt-quatrième. — Quelque slaviste aux sourcils ombrageux —Une «concordance» des œuvres de Shakespeare.

70 L'image-mémoire intérieure de la salle de lecture dans la bibliothèquede la Sorbonne, 1015On s'enchante comme on peut - La salle était ouverte jusqu'à dix heures -J'allais là secrètement - Le sentiment d'étrangeté - Un lieu secret était indispen-sable — J'avais redoublé encore mon camouflage — Je sortais parmi les derniersde la bibliothèque — Sur le quai d'en face — Malgré tous mes efforts de per-suasion muette.

71 Je m'asseyais dans la salle de lecture du côté des fenêtres 1018Quand je venais un peu tôt — La première chose qui me frappe aujourd'hui —Pour atteindre aux premiers mots du texte - Slalom descendant de l'oeil - DÉFI-NITION — Toute la précision nécessaire — Je lisais, avec révérence — J'ai lu et relud'innombrables fois — Restait la poésie.

72 J'ai mis longtemps, très longtemps à admettre que je ne pourraisprogresser dans ma lecture 1020Refuser les curiosités de l'anticipation — Je recopiais page après page — À unedistance maximale de la poésie - Le mode d'emploi m'avait prévenu - Rienen mathématiques n'est incompréhensible - Une perspective particulière -Ne concerne que tangentiellement - L'influence bourbakiste détournée de safonction propre — Cet événement.

73 Le titre que j'ai donné à ce chapitre, Filtre des voisinages. 1022Notions très générales — La notion de filtre par Henri Cartan — Paraphrasantl'évêque Butler— Impossible de ne pas les voir — Lenteur générale d'écoulement— L'image s'amplifiait — Les plus parfaits de ces êtres singuliers — Image entiè-rement substituée à la première - Divins et singuliers, ultrafiltres.

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MATHEMATIQUE :

74 L'image du point géométrique avait changé dans l'espace intérieurde mon imagination-mémoire 1024

Sur une feuille de papier quasi parfaite — Instants disposés sur une grandedroite infinie - Du « continu » - L'espace dit Réel, dont le nom propre est R -Des axiomes de séparation — Espaces accessibles — Un voisinage de l'un qui necontient pas l'autre — Assis à ma place — C'est là que prudemment.

Incises du chapitre 3 1028

75 (§ 64) un paradoxe de la conviction, plus connu en logique commeparadoxe de Lewis Carroll 1028

Ce que la Tortue dit à Achille — Comment la Tortue combattit Achille —Scène n° 0, ou prologue - Acte I - Tea for two - Je suis le bouillant Achille.

76 (suite 1 du § 75) Acte II 1030

Je ne voudrais pas te décourager... - C'est moi le champion - C'est ce quenous verrons - Sophisme! sophisme - II s'étrangle de fureur- Cette laitue estdélicieuse.

77 (suite 2 du § 75) Acte III 1033

J'ai pitié de toi -Juste une petite formalité - (A) Si Achille est le champion dela vitesse, et la Tortue de la lenteur, Achille sera le vainqueur de la course. -J'ignorais que les Grecs avaient inventé le rugby — II y avait comme une ombrede tristesse dans sa voix — Scène n° 00.

78 (§ 74) Le « fascicule de Résultats » où ne se trouvaient que des défi-nitions et des propositions énoncées sans démonstration aucune. . . 1036

Le temple majestueux dédié à la déesse Mathématique - Le trou des fonda-tions -Jamais déplacer le point de vue axiomatique - En publiant, en 1939,à la veille de la guerre — Construction d'un porche métamathématique — Lepoint de vue « naïf».

79 (suite du § 78) Le lecteur devait patienter quinze ans 1037

Bien sûr, entre-temps, il y avait eu la guerre - On les attendait au tournant - Lamathématique formalisée déclarée indispensable — On retire de cette rédactionsans enthousiasme — Pour cause d'encombrement dû à des procédures terri-blement lentes - Un ton curieusement gêné.

80 (suite du § 79) Mais la question de la certitude ne se trouvait pasréglée pour autant 1038

La question de la certitude - La validité de l'emploi du langage courant -«Tu vois, toi aussi tu es inquiet» - Le chevalier Teutonique de la Mathéma-tique — Un indiscutable soulagement — C'est peu, diront certains ; mais voilàvingt-cinq siècles...

81 (77) s'il était vrai qu'un Japonais affirmait avoir quasiment démon-tré le Grand Théorème de Fermât, comme un de ses collègues l'avaitlu dans le Times 1039

Situation chronologique de ce moment — Pour attirer l'attention du lecteur- Le matin du 24 juin de la présente année - J'achetai le Guardian - xn + y"= zn - THE FINAL FRONTIER.

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MATHÉMATIQUE :

82 (suite du § 81) Un peu avant dix heures trente du matin la veille, 1041Andrew Wiles, de Princeton — Sa photographie homothétique dans un rapport(fractionnaire) de modestie — L'institut Isaac-Newton de Cambridge — Àmesure que les paroles de Wiles tombaient dans ces mathématiques oreilles —L'autobus 27 longeait la préfecture de police - Je me mis à téléphoner.

83 (§ 69) en passant de l'un à l'autre, du A vers le B, on traversait uneallée principalement peuplée de livres russes 1042Une bibliothèque est un territoire - Une cote est comme une rue -J'ai acquisune vision géographique — Le paysage change sans cesse — Les escaliers incom-modes que je grimpe jusqu'à eux — Ses vieux quartiers, ses trésors, ses monu-ments anciens.

84 (§ 70) je n'ai pas les mêmes lectures en des lieux d'espèces différentes 1043Une division du travail dans la lecture - Une interdiction immotivée -La nar-ration implique le temps — J'étais parvenu à une partition assez nette — Écriturede la prose sur écran — Pour la poésie j'ai besoin de la main.

85 (§ 70) Les rayons violets de ses yeux, l'alpha et l'oméga de mon désir,qu'elle dispensait si généreusement à tant d'objets indifférents dumonde 1045Dire que je ne désirais d'elle qu'un retour inverse du regard — Je me voyais luiparlant - Nous serions sortis assez vite du métro - Détails adventices - Pointluxurieux d'arrivée - En somme, ma récompense.

86 (§ 85) La précision de son inintérêt prouvait en fait son intérêt ; c'estde ce raisonnement que naissaient mes imaginations 1046Une évidence m'échappa entièrement alors —J'avais choisi de me tenir sur le quai— La troublante jeune fille aux yeux d'iode — Son refus de m'offrir ne serait-cequ'une seconde - Sa stratégie d'évitement - C'est peut-être mieux ainsi.

87 (§ 71) J'ai lu et relu d'innombrables fois ces définitions, sans riencomprendre, littéralement sans rien comprendre 1047Souvenir marqué de cette incompréhension - Moi ancien à cette place vivi-dement présente - Je vois ces pages - Différences nombreuses, évidentes -Argumentant avec moi-même - Par conséquent, me dis-je.

88 (§ 72) la mathématique est paraphrasable (c'est peut-être ce qu'il ya de plus et de plus indéfiniment paraphrasable), en cela située à unedistance maximale de la poésie 1049Ce qui est paraphrasable dans la mathématique — Réduire sans cesse l'écart —Opérations de reformulation - Part d'imprévisibilité - La poésie toujours future- Distance maximale à la poésie.

89 (§ 72) Jamais, par la suite, je ne rencontrai plus de difficultés insur-montables dans la lecture d'un fascicule du Traité, exercices compris 1050Y compris les exercices affectés du redoutable «drapeau» - L'hommage à JeanDieudonné - La salle Dussane de l'ENS - Et Schwartz raconta, racontait -Pendant la guerre,... — Le meilleur moment de cette soirée.

90 (§ 73) je vois aussitôt quelque chose comme une icône d'espacetopologique, une sorte de grande prairie de « points », chacun placéau-dessous d'une tasse-filtre 1052

L'écran au visage plat — Les « points » y sont des grains purs de café — Pourquoide l'herbe, alors ? - Une licorne vient boire dans les tasses - Aussi noire que lecafé-tchernozem, la terre — Mais que faire?

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91 (§ 73) Les plus parfaits de ces êtres singuliers étaient ceux qui« convergeaient vers une limite » 1053

Tels étaient les filtres de voisinages - Plusieurs tasses distinctes - Le plus éloignédu cas ordinaire — Une orientation de plus en plus carrollienne — Le mondeonirique ainsi construit - Après toute cette gymnastique.

92 (§ 74) Tout cela était beau, étrange, éblouissant ; m'éblouissait ; etpourtant ne me satisfaisait pas 1054

Chose bien mesquine - Espace imbibé de temps - Frontière, infiniment mince,notre peau - Penser en ces termes le champ de la mémoire - Dimensions tem-porelles de l'avant et de l'après - Je suis habité d'un Zenon personnel.

93 (§ 74) C'est ce qui se passe dans la mémoire, dans la difficile sépa-ration des souvenirs 1055

Réfléchissant à la topologie du temps intérieur — Une étrange réversibilité —Un endroit toujours en fait imprécis du temps — Mais si, au contraire — II y atoujours empiétement - Accès minimal à une relecture du passé.

Bifurcation B : Marginis exiguitas 1057

94 (§ 82) Après ces coups de téléphone, je me sentis un peu plus calme. 1057

« Cubum in duos cubos... » — Que cette marge est trop étroite pour contenir- On se demande à qui Fermât destine cette remarque - Le plus insolent desthéorèmes — La même étroitesse marginale — « Que les Anciens n'ont pas toutsu » — Chacun pense aujourd'hui connaître l'idée de Fermât — Or si la méthodede descente infinie - Un « saut quantique » de difficulté.

95 J'ai connu un mathématicien qui n'était pas de cet avis 1059

Une zone minkowskienne vraisemblable du monde extérieur - Que Fermâtavait très bien pu posséder une démonstration «élémentaire» - II sortit sonstylo et se mit à écrire sur sa serviette — Son allure était extrêmement distinctive— Il parlait avec accent — Sa distraction était fabuleuse — II arrivait toujoursen retard au séminaire — La porte s'étant ouverte, Krasner entra — Son intérêtpour le théorème.

96 La conviction profonde que Fermât n'a pas pu posséder une démons-tration de son théorème 1062

Bifurcation décisive - Commentant sa théorie, Kummer, - Analogue de lacomposition chimique - Le fluor - Et Kummer poursuivant - « Les nombresque nous avons désignés comme réactifs... » - On lui attribue une remarquedésobligeante — Les idéaux — Premiers nombres de Bernouilli.

97 Ayant partagé téléphoniquement mon émotion avec tous ceux quej'avais réussi à joindre 1064

« Ah ! si François Le Lionnais avait vu ça !» - J'avais une raison supplémentaire -Je pris une décision provisoire — Disparition de cette « terra incognita » — On setrouverait privé d'un sujet de conversation de tout repos — En me téléphonantle lendemain matin, Jean Bénabou - L'Anglais Mordell - Une fois assimiléepar les spécialistes — Doit-on trouver ce fait naturel, sublime ?

98 Cependant je pris une décision provisoire 1067

Essayer de comprendre - Vain, à mon âge - L'articulation des idées - Renais-sance de l'idée de «descente infinie» —Au moment d'écrire ceci —Je me rends

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bien compte — Mais, retraité des mathématiques — Pourquoi ne pas renouer ?— Mais je sais que je n'irai pas au bout.

Chapitre 4 : Point zéro 1069

99 Août commence et il fait chaud 1069

Août, mois des surenchères climatiques. - Mon unique pièce adopte instanta-nément la température externe - Je n'ai jamais aimé Paris - De temps à autre,je m'imagine vivant ailleurs — Mais je reste là, je m'obstine — Qui ne fait paspartie de mon histoire — II n'échappera pas au lecteur attentif— J'ai le plusgrand mal à mettre ne serait-ce qu'un doigt de pied mental — Que va-t-il sepasser ensuite?

100 Le «foyer» des «deuxième classe» de la «base» était un hangarmétallique en tôle ondulée, 1075

Posé à même le sable — II y avait deux espèces de liquides — On y voyaitrarement un «sous-off» — Les «bleus», avides de l'éphémère fraîcheur — Les« anciens - II se buvait, selon mes calculs - Toujours foule dans le foyer - Son«transistor» collé à l'oreille — Je m'asseyais chaque soir dans le sable.

101 Le sable était partout. On voyait du sable, on respirait du sable. 1078

On mangeait sable, buvait sable. - En évaluant, grain par grain, - Réticentà me quitter - Trois espèces d'humains sur la base - Allongé sur mon lit decamp — Existence idyllique — Des ruraux du Morbihan, — Contemplant à l'ar-rivée - Qu'est-ce qu'ils faisaient là?

102 La chaleur, très tôt dans la journée, était intense 1083

Chaud - II plut - Je ne souffrais pas de la chaleur - Venu je ne sais d'où -PLBTs — De la mentalité primitive — Un artefact linguistique — Devaient-ilsêtre considérés comme des êtres encore inférieurs aux deuxième classe? - Gyro-vagues.

103 Une fois installé dans le bureau, j'avais devant moi une journéeentière confortable, 1085

Corvée de calcul, corvée de bridge — Distributeurs d'eau — Grothendiéck —Égéas - Imbibé de bourbakisme - La locomotive Dieudonné - Le point devue des Schémas — Bouleversement radical — Voie nouvelle, voie maudite.

104 La France avait décidé d'« avoir la bombe » 1089

II fallait expérimenter — Une « fenêtre de lancement » fut établie — Seulementvoilà, selon la direction des vents — La nature physi co-chimique du nuage —Un détachement de notre glorieuse armée - Un rituel immuable - Les vents semirent contre nous - Aucune sympathie pour l'arme atomique - Curieux.

105 Outre les calculs plutôt rudimentaires qui servaient à notre tâchede prévision des retombées, 1093

Le point de vue des militaires américains - Chaque série de données, chaquegraphique — Certaines séquences d'images — Je me souviens d'un passage dumanuel - Un de ces petits matins-là - Le colonel ne fit aucun commentaire- Le grand jour - La Tentation du Point Zéro - Une scène mémorable.

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Les lecteurs parvenus au terme du présent volume pourront, s'ils le désirent,compléter leur information dans les deux branches déjà parues de l'ouvrage :'Le grand incendie de londres' (La destruction), récit, avec incises et bifurcations, Paris,Éditions du Seuil, 1989;

La Boucle, Paris, Éditions du Seuil, 1993.Une quatrième branche esr prévue, qui commencera comme suit :

1 Un des premiers jours de décembre 1994, je marchais dans Paris

Un des tout premiers jours de décembre 1994, je marchais dans Paris. Le ciel était gris, bas,l'air humide, tiède.Pour marcher dans Paris j'ai un K-Way bleu, et une casquette, bleue également. Le K-Wayest un cadeau qu'on m'a fait. Il est léger, bleu, imperméable, précieux.J'ai acheté la casquette à New York, au J.J. Hat Center, au carrefour de Broadway and 42ndStreet. C'est une casquette « made in Scotland » et le vendeur m'a assuré que c'est la mêmeexactement que porte Sean Connery dans le film Les Incorruptibles. Il n'est pas étonnantque j'en sois satisfait. J'ai autour des pieds une paire d'ersatz de «pataugas», en toile noire,ou beige, ou verte, c'est selon. Ils sont trop grands, mes pieds y flottent, leur durée de vieest médiocre (ils se désarticulent, se déchirent, de préférence juste au-dessus du talon (et surles côtés), se délitent, se décomposent, ne sont pas imperméables, etc.), mais j'évite grâce àeux un frottement excessif sur le flanc gauche du petit doigt de mon pied gauche (un cor,un cor, toujours renouvelé!).

Dans les jardins du Palais-Royal les feuilles mortes ocre, ocre rouille, rousses, déjà noires parfois,se collaient à mes semelles, faisaient «sou-ich», «soui-ch», «souissh», à chaque pas.

Marcher dans Paris, sans but véritable, sans obligation, est occasion de poésie. La poésie, selonmon expérience, naît de la marche, principalement (je me considère comme poète, princi-palement). Un certain ébranlement rythmique, résultant de l'alternance fatale de l'arsis etde la thesis (si on ne marche pas à cloche-pied, exercice auquel j'ai renoncé depuis un tropgrand nombre d'années) le flip-flop du lever-tomber du pied droit puis du pied gauche, etréciproquement (est-il ïambique ou trochaïque? cela dépend du point de vue), se transmetau cerveau, où il suscite l'éveil des images, des images de mémoire, les images-mémoire quisont la matière première de la poésie.

Ensuite, parfois, viennent les autres images nécessaires qui sont des images-langue, où lapoésie, si elle le peut, pénétrera. De la véracité de cette explication psycho-physiologique,je ne me porterais pas garant. Disons que j'imagine que cela pourrait se passer ainsi, et suisprêt à défendre cette hypothèse, au moins dans les conversations.Ce jour-là, j'étais sorti de la Bibliothèque nationale, j'avais descendu les marches du passagequi s'ouvre mystérieusement à gauche dans la rue de Richelieu, traversé la rue de Montpensier,pénétré dans les jardins à la droite du Grand-Véfour (restaurant à la fois vénérable et presti-gieux où je n'ai jamais dîné (il y a bien longtemps, en pleine guerre d'Algérie, j'avais parié avecmon ami Pierre Lusson qu'il n'y aurait pas de guerre civile en France à cette occasion dans lescinq années à suivre. Il affirmait que si. L'enjeu du pari était un dîner en ce restaurant. J'aigagné mon pari (comme on peut le vérifier dans les livres d'histoire), mais il ne s'est jamaisacquitté de cette dette de jeu ! Honte à lui !)).

Les jardins étaient mouillés, silencieux de toutes les feuilles mortes tombées. J'entendais messemelles faire «sou-ich», «sou-ich», «souissh», pas après pas.

J'ai passé entre les sommets ou périscopes d'icebergs réglisse-menthe des dites « colonnesde Buren», évitant de glisser entre leurs excroissances, sur les grilles humides, visqueuses,savonnées de feuilles beiges écrasées. Et je suis sorti sans surprise place Colette, sur le flancdroit du Théâtre français. Ce parcours m'est bien connu.

2046

Page 37: La Destruction - GBV

MATHÉMATIQUE :

Un parcours familier, souvent mesuré par la marche, entré dans les habitudes du corps, estamical à la mémoire de poésie. Il suscite en elle la reconnaissance.

Il est vrai aussi qu'une rue jamais vue, ou peut-être simplement oubliée, et retrouvée, inat-tendue, crée un autre sentiment, la surprise, également favorable à la capture des mots. Maisdifféremment. (Henry James a dit cela excellemment. Il l'applique, lui, cette distinction àla prose de roman.) (Une distinction qui peut se superposer, sans coïncider exactement, àcelle que fait Virginia Woolf, entre deux espèces de moments, les «moments ofbeing» et les«moments ofnon-being». (Les moments de poésie sont tous des moments ofbeing; mais ilspeuvent avoir pour source la reconnaissance autant que la surprise, le sentiment d'être autantque celui de n'être pas (ou de n'être plus).))

De nombreuses fois pendant l'été, le début d'automne, je suis ainsi parti à la rencontre desrues, de leurs visages mornes, ou avenants, ou fantastiques, de leurs messages, des fissuresdans leurs trottoirs, des plaques minéralogiques qui les encombrent, des destins d'autobus(qu'ils portent sur le front). J'ai un carnet dans la poche droite de ma veste (anglaise) où jenote, parfois, certains de ces messages des rues de Paris; parfois linguistiquement étranges:sur une vitrine maintenant désabusée, désaffectée et sale, boulevard Saint-Martin, en face duBAR-YTON, on lit cette incitation à des achats qui furent sans doute vestimentaires :

Quattro Mens.

J'ai de l'amitié pour les autobus, pas pour les automobiles. Une année un peu antérieure,j'avais exorcisé le spectre de leur envahissement sans cesse plus visible dans la ville en notant,quand cela arrivait, la progression de leurs identificateurs, comme les « bird-watchers » des îlesBritanniques consignent les apparitions des espèces d'oiseaux. J'avais accumulé ainsi, dans uncarnet, des « sightings » de plaques de voitures. Ensuite, cela fit un poème.

Portrait minéralogique de Paris 1992

Février29/04

05/05

06/05

07/05

13/05

16/05

17/0504/06

06/06

même jour

15/06

04/07

12/07

16/07

17/07

19/07

20/07

rue Soufflot-

— rue Clément-Marot

rue de Parme

Opéra

rue de Douai

rue de Clichy

Trinité

Franklin-Roosevelt

rue Marx-Dormoy

Saint-Lazare

rue du Havre

rue de Clichy•>

?

Trinité

Bd Saint-Martin

Beaubourg

Place de l'Europe

903 JTJ 7548 JWW 75

253 JWX 75

848 JWY 75

485 JWZ 75

311JXJ75688 JXJ 75

336 JXK 75

182JXM75

479 JXY 75

362 JXZ 75

730 JYF 75

407 JYX 75

653 JZC 75

219JZF75

851JZG75

754 JZM 75

571 JZP 75

867JZR75

2047

Page 38: La Destruction - GBV

IMPERATIF CATEGORIQUE

10/08 Champs-Elysées 939 JZR 75

11/08 Gare de Lyon 146 JZW 75

13/08 Pont-Royal 263 KAF 75

09/08 rue Lepic 4165 WK 75

(une bien vieille bagnole, la dernière, avec son immatriculation du pléistocène, au mieux, àdeux lettres! (je ne suis pas convaincu qu'elle était encore en état de bouger)).

Et cetera.

Maître RoubaudPar Jean-Baptiste HarangLibération spécial livres, 9 janvier 1997 1097

« Roubaud le mathématicien »Par Aliette ArmelLe Magazine littéraire, mars 1997 1104

BRANCHE 3 - DEUXIEME PARTIE

Impératif catégorique

A — Premier tiers de branche 1107

§ 1 À droite de mon bureau il y avait une fenêtre, une des cinq grandes fenêtressur la rue 1107

§ 2 Le grimper de rideau n'était pas la seule raison de l'impopularité rapidementcroissante de Séraphin 1109

§ 3 Je me lève de ma chaise et je vais à la fenêtre. Je regarde dans la rue 1110§ 4 Du trottoir en face, on voit bien la plaque de Gauguin, entre les deuxième et

troisième fenêtres 1112§ 5 Introduction à la deuxième partie de la branche 3 du 'grand incendie de

londres' 1114

§ 6 J'abandonne ainsi, sans aucun scrupule, une 'semi-branche' de prose 1116

§ 7 Dès que la décision est prise que je viens de raconter 1117§ 8 Vous constatez que j'ai déjà décrit les mêmes lieux, et d'une manière beaucoup

plus succincte 1119§ 9 En continuant à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette au-delà de la bras-

serie Saint-Georges on rencontrait 1121§ 10 Le 'cochon de lait' (lechôn) m'autorise à revenir pour quelques lignes à

l'appartement du 56 1122§ 11 Pour aller aux Buttes-Chaumont, du côté où se trouve la rue Jean-Ménans,

la station de métro la plus proche est Bolivar 1124

2048

Page 39: La Destruction - GBV

IMPERATIF CATEGORIQUE

§ 12 Je suis 'entré dans la carrière'... universitaire à l'automne de 1958, commeassistant délégué de mathématiques auprès de la faculté des sciences de l'uni-versité de Rennes 1127

§ 13 Mon séjour à Rennes, je le compte en années universitaires 1128§ 14 Chaque semaine universitairement ouvrable, je prenais le train à la gare Mont-

parnasse 1131§ 15 En octobre 1958, et jusqu'en 64 ou 65 encore, à sept heures du soir en semaine,

Rennes était ville morte 1133§ 16 Je faisais quoi, en dehors des cours et séances d'exercices consacrées aux étu-

diants 1134

§17 Interlude 1135§ 18 On ne peut plus naturellement, quand le premier fascicule des Ë-G-A, les 'égéas',

Éléments de géométrie algébrique 1138§ 19 Je faisais là mes 'classes'. J'avais refusé la PMS, la préparation militaire supé-

rieure qui m'aurait permis d'être officier 1140§ 20 Presque chacun avait un 'poste', un poste de radio. C'était l'époque des

'transistors' 1141§ 21 Les 'classes' finirent. Mes compagnons d'infortune s'en allèrent faire les artil-

leurs je ne sais plus où. Pas moi 1143§ 22 Qu'arriva-t-il ensuite ? Que m'arriverait-il ensuite ? me disais-je. Ma foi, je

m'en inquiétais pas mal 1145

§ 23 La circonstance, dieu imprévisible, a joué là une partie serrée 1147§ 24 Le matin du jour où je rencontrai le colonel et fus envoyé par lui auprès de

M. Hillion 1149§ 25 La destinée de la '5e compagnie', qui n'a aucun rapport avec les films de Robert

Lamoureux, était 1151§ 26 Je me livrerai à cet exercice dans l'entre-deux-branches 3-6. où la relecture est

naturelle selon la définition des entre-deux-branches 1152§ 27 Alors, je l'avoue, cyniquement, avec tranquillité et en toute illégalité je sortais

du camp 1154§ 28 Le camp militaire accaparait une assez grande étendue de la forêt de

Paimpont 1156

§ 29 Je rêvassais 1158§ 30 Le premier signe de ma chute, de ma réduction explicite à l'état militaire dans

le non-grade 1160§ 31 Mon odyssée reprit le lendemain et se poursuivit avec une impressionnante

lenteur 1161

B - Deuxième tiers de branche 1164

§ 32 J'en ai connu, disciples qui ne se savaient pas disciples du 'soldat Brû' . . . . 1164

§ 33 S. était mon voisin de sable. Il avait un métier dans le civil, dont il ne disait

rien ou si peu que je l'ai oublié 1165

§ 34 Je n'ai rien dit de la chaleur. La chaleur incessante. L'uniforme lourd du bidasse.

L'eau pour les ablutions rare, froide sans rafraîchir 1167

§ 35 Je n'avais rien a priori contre l'idée d'une nuit 'à la belle étoile' 1169

2 0 4 9

Page 40: La Destruction - GBV

IMPERATIF CATEGORIQUE

§ 36 II me fallait rompre avec la routine désespérante dans laquelle je m'engluais 1171§ 37 S. m'avait bien recommandé de passer le moins de temps possible dans la tente

pendant les heures ouvrables 1173

§ 38 Le lendemain je quittai Colomb-Béchar en avion et en civière 1174

§ 39 J'oscillais entre la somnolence, l'angoisse et une sorte d'euphorie optimiste . . 1176

§ 40 Je sortis de l'hôpital, armé d'une permission de convalescence de deux mois 1178§ 41 En bas des Ramblas, le marché aux poissons, avec ses violets, 'bugnols', tels

des tubercules, ou des racines de gingembre, gorgés d'iode 1179

§ 42 Au retour du voyage, je m'étais remis à de la mathématique 1181

§ 43 Ma permission de convalescence, presque immédiatement, s'acheva 1183

§ 44 Interlude 2 1185

§ 4 5 Interlude 2, suite 1189

§ 46 La nuit avant mon anniversaire, entre le 4 et le 5 décembre 1961, j'ai fait unrêve, 1191

§ 47 Interlude 2 fsuite de la suite) 1193

§ 48 Interlude 2 (suite de la suite de la suite) 1195

§ 4 9 Interlude 2 (suite de la suite de la suite de la suite) 1197

§ 50 Interlude 2 (et fin) 1200

§ 5 1 Interlude 3 1201

§ 52 Dimanche, 21 novembre 2004, au début de l'après-midi, nous prenons lemétro place Clichy, ligne 2, direction Nation 1206

§ 53 Je revois la photographie légèrement souriante de Jean-René 1208§ 54 Au tournant de l'année, alors que 1961 disparaissait pour être remplacé par

l'année des accords d'Évian, 1210§ 55 Je reviens un momentprose sur la partie 'poésie' de mon programme de

décembre 61 1212§ 56 Le premier des survivants de ma longue et désastreuse histoire vers-libriste

date de septembre, composé en nageant, 1213§ 57 Le dernier de mes poèmes en vis est de novembre, après mon retour 1216§ 58 Le boulevard de Latour-Maubourg prend sa source dans la Seine, comme il

se doit, face au pont des Invalides 1218§ 59 L'appartement de Robert, boulevard de Latour-Maubourg, avait ainsi deux

fonctions nettement indépendantes 1220§ 60 Au fort d'Aubervilliers, j'avais appris de Bernard l'existence d'une mathéma-

tisation possible de la syntaxe des langues 1222§ 61 J'eus quelque temps une tentation 1224§ 62 La guerre d'Algérie prit fin officiellement avec les accords d'Évian du 18 mars

1962 1225

C - Troisième tiers de branche 1228

§ 63 L'origine de leurs ressources n'était pas toujours d'une clarté aveuglante pourles chercheurs, 1228

§ 64 II existait en ce temps-là un organisme, la DGRST, Délégation générale à larecherche scientifique et technique 1230

§ 65 Au mois de juillet de l'an 64 et pendant tout le second semestre de cetteannée-là, je fus envahi de mathématique, 1231

2 0 5 0

Page 41: La Destruction - GBV

IMPERATIF CATEGORIQUE

§ 66 De retour à Paris nous écrivîmes un rapport, qui doit dormir dans les archivesde la DGRST. Nous constations 1234

§ 67 Je ne me suis pas montré moins sévère, au moment de construire le 'livredont le titre est le signe d'appartenance en théorie des ensembles' 1237

§ 68 En même temps que je continue à raconter mon parcours mathématique,avec pour horizon, dans cette demi-branche 1239

§ 69 II est temps de faire entrer en scène le personnage principal de la pièce,madame CATÉGORIE 1241

§ 70 A la rentrée de 1963 fut nommé au département de mathématiques deRennes, mon université, un nouveau chargé d'enseignement 1242

§ 71 Les mathématiciens sont très avides de gloire 1244§ 72 Dans ce qui précède, quelque chose d'essentiel est absent, que vous n'avez pas

manqué, avec votre sagacité coutumière, de remarquer 1246§ 73 Rencontrer Jean Bénabou a eu pour moi des conséquences multiples, dont

plusieurs ont directement affaire avec l'évolution de mon projet, 1247§ 74 Se détournant résolument et définitivement de la conception ehresman-

nienne des catégories, ce qui n'arrangea pas leurs rapports 1249§ 75 J'ai eu le 'coup de foudre' pour madame CATÉGORIE 1251§ 76 La double réussite, partielle, que je viens d'évoquer, celle de ce que je décide

alors, en décembre, de nommer désormais PROJET DE POÉSIE, et celle,parallèle, 1252

§ 77 L'année universitaire 64-65 le professeur Chevalley consacre son séminaireà la question de la 'descente' 1254

§ 78 L'année universitaire 64-65, je le répète, le professeur Chevalley consacraitson séminaire à la question de la 'descente' 1256

§ 79 En 2001, dans une publication de l'Inalco, Forme &c Mesure, constituantdes mélanges qui m'étaient offerts à l'occasion de mon départ à la retraite,Jean Bénabou 1258

§ 80 La déesse Fortune ne se montra pas envers moi avare de ses bienfaits 1260§ 81 Or qu'arriva-t-il ? Que Benzécri fit un cours de linguistique. Je le suivis. Ses

idées étaient très neuves, très fortes 1261§ 82 Je ne m'intéresse guère qu'en amateur aux groupes formels 1263§ 83 La solution m'a été fournie de manière assez détournée par un résultat annexe

de la thèse de Jean Bénabou, 1265§ 84 Je ne pensais pas en avoir terminé avec mon travail 1266§ 85 Pendant la rédaction de ce qui n'était encore qu'une rédaction sans finalité

claire, je fis une série de six exposés 1268§ 86 Ma thèse se présente, dans sa première version, avant sa publication, par les

soins de mon 'patron', en juin 1968, oui, en juin 1968, 1270§ 87 La cérémoniale 'soutenance de thèse', et il faudrait dire 'soutenance de thèses',

'soutenance' au singulier, mais 'thèses' au pluriel, 1272§ 88 Froid et tempestueux fut cet hiver-là 1275

L'arpenteur éclairéPar Lucie ClairLe Matricule des anges, n° 90, février 2008 1277

Les mondes possibles de languesPropos recueillis par Lucie Clair 1284

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Page 42: La Destruction - GBV

POESIE

BRANCHE 4

Poésie :

PREMIÈRE PARTIE,PREMIÈRE SOUS-PARTIE

chapitre 1

La forme d'une ville

§ 1 Un des premiers jours de décembre 1994, je marchais dans Paris 1299§ 2 J'ai de l'amitié pour les autobus, pas pour les automobiles 1301§ 3 Je ne pouvais penser produire ainsi que des poèmes 1304§ 4 Le ruminement de la poésie en commencement, 1306§ 5 Le titre de mon livre de poèmes sera, serait le suivant: 1308§ 6 Je choisis parfois un but pour mes promenades 1310§ 7 Mais revenons à nos moutons, ou renards 1313§ 8 Mon souvenir paraissait avoir, là, d'excellentes justifications 1314§ 9 très souvent, le 'je me souviens de garap' en est un exemple, 1316§ 10 J'avais reçu, sur la place, face à la Comédie-Française 1321§ 11 Un livre de sonnets 1322§ 12 La poésie, autrefois, se passait toujours ainsi, 1325§ 13 Nul n'ignore que dans la poésie rimée, la rime, 1327§ 14 L'équerre 1332

An climatérique

§15 Capfin 1335§ 16 La manière dont je viens de commencer le présent chapitre, 1136§ 17 Vous pensez: voilà une ironie bien facile! 1337§ 18 Pour reprendre une métaphore, autrefois employée par Jean-Pierre Faye . . . 1338§ 19 Pendant la troisième semaine d'octobre 1339§ 20 Telle était la source de l'angoisse 1340§ 21 J'admire le sonnet de Gôngora immensément 1341§ 22 Le mot que j'avais trouvé n'était pas climatérique mais climatérico 1343§ 23 Je l'avais su par cœur autrefois 1344§ 24 j'avais aussi, en exhumant le mot 'climatérique', 1345§ 25 Avançant dans la séquence de livres de l'espèce de celui-ci, 1347§ 26 Dans ce moment de prose, parenthétique mais fondamental, l'Auteur impose

une théorie rudimentaire et frivole du temps, à des fins purement égoïstesde prosateur non romancier, sans aucune responsabilité philosophique, niautre 1348

§ 27 Parenthèse sur les saisons ; & suite des élucubrations géométriques de l'Auteursur le temps 1350

§ 28 Ainsi, le 5 décembre de chaque année, mon anniversaire, 1352

2052

Page 43: La Destruction - GBV

POESIE

Allée des Marronniers aux fleurs doubles

§ 29 L'autour du rêve se situe dans un mois de décembre, dans l'année 1961, à ladate qui est ma date d'anniversaire, le cinquième jour du mois 1354

§ 30 Un titre est le nom propre d'un livre 1355§ 31 du Projet je disais au moins ceci : 1357§ 32 II s'agit d'une croyance sans soubassement justifiable 1359§ 33 Je n'oublie pas que ce que j'ai annoncé dans la branche 1 et rappelé il y a peu

est, 1361§ 34 Dans la nuit, dans cette nuit étrange, la lumière du rêve, 1363§ 35 Dans la matinée je suis allé au cimetière de Pantin, 1366§ 36 donner une réponse pas trop invraisemblable à la question : qu'est-ce qui fait

qu'on peut se dire mathématicien? n'est pas impossible 1368§ 37 un des dix styles de poésie dont il dresse la liste 1370§ 38 Les demeures des morts portent des noms : 1373§ 39 La désignation des noms par les écrits, 1374§ 40 A l'abri des cyprès, des pins ont surgi et les vents qui attaquent la colline . . . 1376§ 41 La lecture acharnée du traité du mathématicien collectif Bourbaki avait

constitué l'essentiel de mon absorption dans la mathématique pendant aumoins sept années ; 1379

§ 42 D'une décision de rupture (suite) : commencer, c'est rompre ; pas pour fairetable rase de la poésie du passé (illusion avant-gardiste), mais pour un retouren arrière, jusqu'au nœud de l'erreur, pour prendre un autre chemin 1381

chapitre 4

Un livre ancien sous le bras

§ 43 Commencement de chapitre qui complète le précédent — Sévères axiomes decomportement en poésie (seconde suite, et presque fin) 1383

§44 que le Projet de Poésie soit un isolant contre les insinuations de la douleur.. . . 1385

§ 45 le doute: j'y ai succombé pour la première fois, après plus de deux ans. . . . 1387

§ 4 6 La poésie suscite, après coup, le sentiment très fort d'une préexistence, . . . 1390

§ 47 «Un des premiers jours de décembre 1994, je marchais dans Paris. » 1391

§ 48 Je préférais certes les petits bistrots de petites rues indistinctes 1394§ 49 En remontant encore (pour une fois 'remonter' veut bien dire s'élever, pas seu-

lement sur le plan de ville) on traverse une région jonchée de bars 1397

§ 50 (autres contraintes, suite) - La contrainte du passage par les passages . . . . 1400

§ 51 Le centre, l'œil, le moyeu de Paris-roue étant le 56 de la rue Notre-Dame-de-

Lorette 1402

§ 52 La rue La Bruyère a réclamé récemment à nouveau mon attention poétique. . . . 1404

§ 53 La découverte de la Bibliothèque nationale a été un des événements les plus

marquants de mon existence 1407

§ 54 Et quoi donc voulais-je faire dans cette bibliothèque? 1409

§ 55 La tête pleine de poésie, 1411

§ 56 Me stimulait aussi le sentiment de la précarité de ma possession de ces livres . . . 1412

2 0 5 3

Page 44: La Destruction - GBV

POESIE

PREMIÈRE PARTIE,

DEUXIÈME SOUS-PARTIE

La tabatière du Notaro

§ 57 Au chant 24 du Purgatoire Dante, se surpassant dans la mauvaise foi . . . . 1417

§ 58 Les paroles que lui prête Dante placent Bonagiunta Orbicciani dans une lignede poésie : 1420

§ 59 C'est au titre d'inventeur du sonnet que le Notaro figure allusivement dansle titre de ce chapitre 1422

§ 60 Je montre maintenant du doigt de la prose le responsable majeur de la pro-lifération de la forme-sonnet 1424

§ 61 En 1961, je n'ignorais pas totalement la forme-sonnet 1426

§ 62 Et la structure? la structure serait celle de la forme-sonnet 1428

§ 63 Je ne cacherai pas (le fait est un peu oublié mais il est aisément vérifiable)... 1431

§ 64 Le sonnet n'était pas pour moi un moyen de manifester politiquement d'une

manière quelconque un attachement quelconque 1433

§ 65 Je procéderais par étapes 1435

§ 66 J'ouvris donc un carnet, un 'carnet à sonnets' 1437§ 67 Dans le même temps j'ouvris un deuxième carnet destiné, lui, à la compo-

sition 1439

§ 68 Puis, page 3, vient la transcription des sonnets 1441

§ 69 J'avais plus de trente ans et j'avais écrit un poème 1443

§ 70 J'avais, en inaugurant ce carnet bleu 1446

chapitre 6

Forêt racine et labyrinthe

§ 71 D'une des deux fenêtres de ma chambre je voyais, de l'autre côté du cheminde terre étroit. 1449

§ 72 Le pourquoi de leur migration soudaine était la compulsion amoureuse . . 1451§73 J'ai, on le voit, une tendance accusée à l'anthropomorphisme généralisé ; . 1454§ 74 Le vol des lucanes, abstraction faite de leurs appendices encombrants . . . . 1456§ 75 J'avais un peu plus de quinze ans 1458§ 76 Dans ce lieu sordide entre un matin, vêtue de noir et le visage voilé d'une voi-

lette violette 1460§ 77 Un avantage non négligeable du déménagement de notre famille 1461§ 78 En 1940 en effet ma tante Renée et mon oncle Walter étaient partis pour

l'Amérique 1464§ 79 II était en fait extrêmement doux et confiant en la bonté de la nature

humaine 1466§ 80 Quand nous sortions du jardin dans la rue par exemple 1468§ 81 Nous avions mis au point à son intention un discours formulaïque affec-

tueux 1470§ 82 II aurait de beaucoup préféré dormir dans un lit 1472§ 83 Dans la forêt, le travail des petits vers dévoreurs me fascinait 1474

2 0 5 4

Page 45: La Destruction - GBV

POESIE

§ 84 J'absorbais et apprenais et me récitais et copiais explicitement sur des pages,involontairement dans les vers que j'écrivais 1476

chapitre 7

Concerto pour la main gauche

§ 85 À la suite de cette rencontre changea du tout au tout le rapport que j'éta-blissais entre la poésie et le lycée 1478

§ 86 Aragon avait rompu avec les surréalistes 1481§ 87 À l'étage de ma chambre, au deuxième, il y avait quatre pièces, 1483§ 88 Je me souviens d'être monté en courant au deuxième étage 1485§ 89 Ma sœur Denise et moi-même avions pris, dès notre plus jeune âge, des

leçons de piano 1487§ 90 Après la deuxième opération, très longue, je suis resté à l'hôpital plusieurs

jours 1489§ 91 Comme, dès le début, j'ai su que je ne pourrais dire ce que j'allais m'ef-

forcer de dire de manière rapide (sinon instantanée) 1491§ 92 Fracture 1494§ 93 J'ai entrepris mon Projet le 5 décembre 1961 1496§ 94 II m'est difficile de m'en tenir à la simple constatation 1498§ 95 J'ai passé trois jours à disséquer le mécanisme d'une certaine coïncidence

entre ma vie et ma narration 1500§ 96 Chaque unité générique de prose, transposition d'une page de vie, est donc

un moment 1502§ 97 Je pourrais marquer effectivement un moment vide par un blanc, je devrais

le marquer par un blanc 1503§ 98 la stratégie générale de la branche présente renforce encore la gravité du

phénomène 1505

Fifty two — Station Road — Lochgelly — Fife

§ 99 Je m'efforce à un recensement et à un désencombrement 1507§ 100 Nous prenons soin de n'invoquer les moments révolus qu'avec précaution 1511§ 101 j'ai voulu comme chaque matin ouvrir le dossier GRIL 1513§ 102 J'étais en proie à une angoisse totalement disproportionnée à l'événement. 1515§ 103 On était en plein milieu des vacances dites de Pâques dans l'académie de

Paris et il y avait peu de monde dans la salle de lecture 1517§ 104 « Mais ne pourriez vous les noter manuellement sur un bout de papier ?» 1519§ 105 Les toutes petites îles du passé que tente de fixer ma mémoire, tous les 'Papa

Westray' de mon souvenir 1521§ 106 mon père me fit observer que c'était à peu de chose près le même son que

celui du Y faubourien de Saint-Jean-du-Var 1524§ 107 Une visite au Science Muséum de Kensington 1526§ 108 J'eus le coup de foudre pour les jellies 1528§ 109 On délavait beaucoup les viandes et les légumes, mais cela ne sera une révé-

lation pour personne 1529§ 110 L'armée, deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, 1531§ 111 un instant le soleil brille au-dessus du Scott Monument 1533§ 112 Au beau milieu de la ville on vous offre, tout simplement, une colline, . . 1534

2055

Page 46: La Destruction - GBV

POESIE

DEUXIÈME PARTIE,

PREMIÈRE SOUS-PARTIE

chapitre 9

Grande illusion§ 113 M'étant libéré au chapitre 8 qui vient de s'achever, et de manière définitive,

de tout guide scolaire et familial sur la voie de la poésie 1541

§ 114 la réponse que je donne, maintenant, à l'interrogation ironique « et la poli-tique, alors ?» 1543

§ 115 Je ne fis qu'un bref séjour dans une classe préparatoire au concours de l'Écolenormale supérieure, section des Lettres 1545

§ 116 Je n'ai pas su, et ne saurai jamais, quelle fut ma troisième note de thème

latin 1547

§ 117 À l'automne de 1951 je m'inscrivis en licence d'anglais à la Sorbonne . . . . 1550

§ 118 Tout en pénétrant avec enthousiasme dans les dédales de la palatalisation

slave 1552

§ 119 Je choisis de parler à mes condisciples d'une scène de Shakespeare 1554

§ 120 Plus tard, alors que j'étais déjà engagé dans les mathématiques, 1556

§ 121 Aussitôt on se réunissait 1558

§ 122 C'est le matin de la nouvelle de la mort du camarade Staline. L'Humanité

est énorme, noire 1560

§ 123 Je n'en ai connu qu'un pendant ma courte vie de militant 1562

§ 124 D'où il résultait, de manière tout à fait évidente pour les auditeurs, 1564

§ 125 Je sus très vite que, pas plus que je n'accéderais à l'élite universitaire par laVoie académique royale, 1566

§ 126 J'ai longuement hésité à me lancer dans la description condensée d'un examende ma conscience politique 1568

chapitre 10

« On doit toujours penser à Staline,même quand on fait l'amour ! »

§ 127 Ma première immersion militante, en fait, ne fut pas directement politique . . 1572§ 128 désireuse donc de mettre un terme à une correspondance débordante, Eisa

Triolet inventa 1574§ 129 Ils ne tardèrent pas à se rendre compte que le champ poétique, 1576§ 130 Avenue Gabriel, on recevait des visites 1579§ 131 En tant que mouvement poétique, le Groupe des leunes Poètes du CNE n'a

laissé aucune trace discernable à la surface de la vie littéraire française 1581§ 132 Je viens de dire que son influence poétique fut nulle. En fait, je peux au

moins en reconnaître une. Négative 1583§ 133 Je m'étais rendu à la première réunion, inaugurale, annoncée, avec pompe,

par Les Lettres françaises 1586§ 134 En attendant, il y avait une carte du Groupe, avec un numéro d'adhésion;

et une photographie 1587§ 135 Robert Desnos était mort au sortir de la déportation 1590§ 136 Pour être aragonien strictement, politiquement comme prosodiquement, . 1593§ 137 En 1954 Aragon écrivit une préface à Une tempête d'espoir, livre que Charles

Dobzynski avait d'abord publié sous un pseudonyme, Charles Marse, pendantson service militaire 1596

2 0 5 6

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POESIE

§ 138 «Je suis blanc je lâche des ballons/sur les toits de la ville des blancs» 1598

§ 139 Charles Dobzynski, à ses débuts, avait puisé son inspiration la plus évidentedans l'Apollinaire octosyllabique 'Mal-aimé', 1600

§ 140 Aux dernières phrases du dernier moment de ce chapitre viendra l'expli-cation de son titre 1602

chapitre 11

LamourLapoésieLamour

première partie — portrait photographique:la Jeune Fille à l'Oursin

§ 141 L'été de 1950 se tint à Nice un Festival international de la jeunesse 1608

§ 142 II y a eu une photographie de prise, parmi d'autres, que j'ai gardée long-temps 1610

§ 143 M. Tchen, père de mon amoureuse (elle le devint dès notre retour à Paris),était un ouvrier 1612

§ 144 «Les belles de ce temps sont aujourd'hui grand-mères», écrivait à peu près

Tzara dans un long poème de la fin de sa vie 1614

§ 145 Mais ce que je ne parviens pas à réhabiter avec conviction 1617

§ 146 Les pornographes hollywoodiens des années récentes ont parfois atteint leurbut par un simple déplacement de contexte 1618

seconde partie : Éros énergumène

§ 147 Au métro Anvers se trouve le lycée Jacques-Decour, anciennement nommécollège Rollin 1620

§ 148 Je regardais souvent un chat, un gros chat plébéien, pas beau, pas jeune, àla fourrure d'un blanc pas propre, 1623

§ 149 j'étais parfois, souvent, trop souvent tenté d'entrer à mon tour dans ce jeu, 1625

§ 150 J'ai connu une jeune Allemande des Sudètes 1627

§ 151 je m'étais mis à fréquenter assidûment la Bibliothèque nationale 1629

§ 152 elle s'appelait Agnès X., née Y. 1631

§ 153 J'ai dit à Agnès que j'avais envie d'elle. Elle a dit qu'elle voulait. Mais où ? . . 1633

§ 154 Ensuite nous avons voulu recommencer 1635

DEUXIEME PARTIE,DEUXIÈME SOUS-PARTIE

chapitre 12

La distorsion

§ 155 Publier une 'œuvre en sonnets' n'était pas, en 1967, une chose nouvelle . . 1641

§ 156 Étant poète, je suis inévitablement un amateur 1643

§ 157 Aucun des ensembles de sonnets que je lisais dans la poésie du vingtièmesiècle n'était un véritable Livre de Sonnets 1645

§ 158 En présentant des poèmes d'un format si désuet je ne pouvais être accusé desuivre une mode 1648

§ 159 Reste à dire le lieu où leur amour prit son commencement 1649

2-O57

Page 48: La Destruction - GBV

POESIE

§ 160 J'avançais soumis à mon tour à la fascination de la forme 1651§ 161 Merrill Moore est mort le 20 septembre 1957 1653§ 162 Parue peu après la mort de Moore la notice de Stanley Kunitz 1654§ 163 J'ai été sauvé de la sonettomania 1657§ 164 Loin sur l'horizon brillait, diamantinement, le Livre de Mallarmé 1659§ 165 Du principe de variation : détail 1661§ 166 Du champ des rimes 1663§ 167 Je repose la question 1666§ 168 Dans ces conditions, moi, qu'ai-je fait? 1669

chapitre 13

Livre dont le titre estle signe d'appartenance

§ 169 Chaque sonnet est semblable à une sphère 1672§ 170 L'inspiration qui m'a inspiré est on ne peut plus évidente 1674§ 171 sous le nom de sonnet court 1677§ 172 Moins d'une semaine plus tard, j'ai inauguré une nouvelle variété, tension

de l'idée de 'faire plus court' 1679§ 173 II existe au moins un exemple ancien de la troncature du sonnet, 1682§ 174 Le sonnet court étant en un certain sens moinslourd à manier que son frère

standard 1685§ 175 Les sonnets 'caudato' ont eu tendance, avec les siècles, à devenir de plus en

plus lourds 1687§ 176 J'étendais donc, mais avec une certaine prudence, le champ de la forme-

sonnet 1689§ 177 En ouvrant le livre de la version française des Sonnets de Shakespeare par

Pierre Jean Jouve une nouvelle fois au début de 1964 1691§ 178 indication de la méthode 1693§ 179 sonnets de sonnets 1695§180 Toute la démarche est, en dernière analyse, d'inspiration bourbakiste . . . . 1697§ 181 Pour effectuer toutes ces opérations de construction et de groupements, . . 1700§ 182 J'ai failli m'en tenir là 1702

chapitre 14

L'amiral Yamamoto a été mis à pied

§ 183 Ce n'est qu'à plus de soixante ans que, franchissant l'énorme distance géo-graphique et culturelle, je me suis trouvé, en mai de l'année dernière, auJapon 1705

§ 184 Le paquebot 1707§ 185 II se trouve que c'est à la même époque (1939-45) que j'ai été mis en pré-

sence du haïku 1709§ 186 Près de vingt ans après la guerre j'ai rencontré de nouveau le Japon dans un

contexte tout à fait différent du premier 1712§ 187 C'était un beau printemps que le printemps de 1965 1714§ 188 Le choix d'un modèle qui est une partie d'un jeu, quel qu'il soit, est une idée

enfantine 1716§ 189 Parmi les jeux, le go avait à mes yeux un avantage considérable 1719

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LA BIBLIOTHEQUE DE WARBURG

§ 190 Je venais de me plonger dans une construction nouvelle, l'architecture-go. 1721§ 191 J'ai achevé mon année climatérique sans catastrophes visibles 1723§ 192 Pendant presque une quinzaine, en décembre, alorsque j'aurais eu grand

besoin de son réconfort paradoxal, 1727§ 193 j'ai beaucoup beaucoup marché pendant les trois derniers mois de l'année

dernière (autour de la fracture constituée par la fin (heureuse ?) de mon annéeclimatérique), 1729

§ 194 Vint 1966 1731§ 195 En finir, m'adresser à quelque autorité éditoriale, sans doute. Mais il faut

pour cela présenter l'ensemble sous forme d'un livre ; il faut décider ce quesera mon livre 1732

§ 196 À qui allais-je envoyer cette concoction bizarre, cette confiture linguis-tique? 1735

«La chose la plus importante à dire d'un poème, c'est: apprenez-le»Propos recueillis pas Mâcha SéryLe Monde de l'éducation, n ° 288, janvier 2001 1737

Roubaud sur la branchePar Patrick KéchichianLe Monde des livres, 25 février 2000 1747

BRANCHE 5

La Bibliothèque de Warburg

CHAPITRE I

Mississippi Haibun

§ 1 Sans doute aucun, c'était un grand lit. C'était une grande chambre 1753§ 2 Soit. Mais pourquoi? pourquoi partir? pourquoi ainsi, pourquoi là? . . . . 1757§ 3 Sans trop avoir à y réfléchir, j'avais senti qu'il me fallait un but d'une

autre nature, pour occuper ma tête pendant les marches, 1762§ 4 Soudain j'arrivai à Grand Rapids (Minnesota) par un tout petit avion

d'une toute petite compagnie 1764§ 5 Souvenirs, souvenirs : À Quincey, dans l'Illinois, ville où Lincoln, 1768§ 6 Sous Keokuk, ayant quitté l'Iowa et pénétré dans le Missouri 1772§ 7 À Memphis, j'ai cessé pour un temps de marcher, afin de terminer mon

parcours dans le delta, 1775

INCISES DU CHAPITRE I

* II s'agissait d'une rencontre. Cette rencontre serait brève et secrète * 1778** -Suffit?** 1779

*** La gare de Memphis, immense, où on aurait pu faire tenir sans peinetoutes les gares parisiennes ensemble, était quasi déserte. Il n'y passait qu'ununique train de voyageurs par jour. Quelle tristesse! *** 1781

***bis La gare de Memphis, immense, où on aurait pu faire tenir sans peine toutesles gares parisiennes ensemble, était quasi déserte. Il n'y passait qu'un uniquetrain de voyageurs par jour. Quelle tristesse! ***bis (autre version) 1784

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LA BIBLIOTHEQUE DE WARBURG

CHAPITRE 2

Mnémosyne

§ 8 Après un long moment, une jeune fille à l'air revêche descendit deshauteurs de la bibliothèque, 1786

§ 9 II reste que rien n'aurait dû m'empêcher d'aller voir d'un peu plus prèsla fameuse bibliothèque de Warburg, 1788

§ 10 Je jetai en quelques bribes de cahier l'ébauche d'un Grand Incendie deLondres pythagorique 1790

§ 11 La fiction pythagorique, en étendant, potentiellement, aussi largementque je le voudrais, 1792

§ 12 De cette décision sont issues les règles de fonctionnement de la proseque j'ai suivies 1794

§ 13 La seconde voie, qui n'exclut pas la première, consiste à changerradicalement le mode de présentation des insertions, 1796

§ 14 Pour la composition de la version longue, j'ai décidé de me laisser allerparenthétiquement 1798

§15 Trois mois ont passé. Je recommence à sortir de chez moi, à marcher. . . . 1804

INCISES DU CHAPITRE 2

* n'ayant reçu aucune réponse de l'institut à ma lettre, respectueuse etdésespérée, de candidature à son achat * 1806

** dans ma chambre d'été au Crescent Hôtel, Cartwright Gardens,London ** 1808

*** (le premier de tous les 'Pythagore' serait considéré contemporainde l'apparition de Yhomo sapiens sapiens) *** 1810

**** je me mis à marcher sans y penser à travers les rues londoniennesen direction de Kensington Gardens **** 1811

***** Une des raisons majeures de l'échec de mon Projet, m'étais-je dit,est évidemment que je l'avais conçu comme un Tout ***** 1813

****** tout simplement, tout stupidement, un ersatz de Projet ****** 1818******* un besoin de variété m'a fait modifier le protocole pour la branche 4

******* 1819******** la version brève devenait ensuite, avec quelques modifications la première

couche, noire, du texte de la version longue ******** 1820

CHAPITRE 3

La baignoire

§ 16 «Moi, je suis un type dans le genre d'Archimède 1823§ 17 Je décidai de traiter mon espèce de slogan comme un axiome 1825§ 18 J'ai donné tous les éléments mais je vais m'expliquer quand même 1828§ 19 Un premier aspect du travail sur le LIVRE MANUSCRIT s'inscrivit dans

le simple prolongement de la perspective antérieure, 1830§ 20 Conçu fut ainsi en ce temps d'optimisme le LIVRE VÉRITABLE 1833§ 21 «À quoi bon?» me répétait sans cesse le démon du renoncement, un vieil

ami 1835§ 22 Généralisant d'une part l'idée qui m'avait conduit à la variante 'sonnet de

sonnets' 1838

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LA BIBLIOTHEQUE DE WARBURG

INCISES DU CHAPITRE 3

* C'était le moment de bien-être maximal du bain * 1841** Je n'exhumerais qu'un pot-pourri d'inventions ultérieures ** 1842

*** revêtu aussi du sigle nrf, présent encore sur la 'quatrième de couverture',sans autre indication; ce que je ne trouvai pas mal *** 1843

**** dans sa maison de retraite de vieux papiers et de vieux souvenirs **** . . 1845***** De la même baignoire dont j'étais sorti euphorique de ma découverte, je

sortis à nouveau ***** 1852****** Ou bien je vais au hasard dans les rues. Il m'accompagne ****** 1853

******* Le démon du renoncement sait très bien quand il lui faut renoncer, luiaussi ******* 1856

******** Entre la matinée prosaïque présente, matin formel de composition, etson prédécesseur dans l'ordre séquentiel des moments du chapitre qui lecontient s'est passée plus d'une nuit réelle ******** 1858

CHAPITRE 4

Le sentiment des choses

§ 23 une pierre, une pierre lourde, une pierre à demi enfouie épaisse, une pierreet un nuage, un nuage chose, choses-nuage 1860

§ 24 Pour accueillir en mots le 'sentiment des choses', duquel je vais dire ensuitedes choses, je me suis imaginé une image, 1861

§ 25 La procédure que j'ai choisie pour pénétrer puis avancer dans ce chapitrevise à créer un climat de prose, 1864

§ 26 La quête de l'étrangeté que j'avais prise pour règle de conduite poétique avaitun autre aspect encore, 1866

§ 27 Le salut m'est à nouveau venu de manière contingente 1867§28 j'étais devant cette forme de poésie dans l'ignorance; j'abordais un

territoire poétique totalement inconnu 1868§ 29 Je n'ai pas eu besoin de franchir en vrai les milliers de kilomètres de

Paris à Kyoto pour rejoindre le Japon de l'an mille 1872§ 30 Autant que la brièveté stupéfiante de la forme, l'assimilation du 'mono

no aware' nippon à mon 'sentiment de la nature' 1874§ 31 Le Shinkokinshû, SKKS ('nouveau kokinshu) est un cas unique dans

l'histoire de la poésie 1877§ 32 Mon livre de voleur, achevé, selon l'indication qui apparaît à la dernière

page de l'impression, 1881

INCISES DU CHAPITRE 4

* une kyrielle d'images suscitée par le fonctionnement rapide et automatiquedu souvenir, mais ralentie par la mise en langue notée * 1884

$ une moitié de pierre en surface. <— (scarface) escarre d'un éboulis (li) —>lourd miracle lithique $ 1887

$$ une moitié de pierre en surface. <— (scarface) escarre d'un éboulis (li) —>lourd miracle lithique $$ 1888

** Le texte romaji joue le rôle d'un accompagnement 'musical' visuel * * . . . . 1889*** le 'poète' du SKKS a sacrifié des centaines de poèmes estimables pour intro-

duire dans son œuvre des moments morts, comme des syllabes muettes*** 1893**** Je réserve le nom de cette composition, et la manière dont je prévois sa consti-

tution **** 1895

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LA BIBLIOTHEQUE DE WARBURG

***** suite de ****- Dans le GYS [Gyokuyoshû) comme dans le Fugashû (FGS),on constate, ***** 1896

****** suite de la suite de ****- Une nuit de première lune de 1488, le poète prêtreSogi et deux de ses disciples, Shohaku et Socho, ****** 1897

******* suite de la suite de la suite de ****,- et fin — Vous imaginerez aisément, moncher lecteur, si vous m'avez accompagné jusqu'ici, et plus encore si ******* 1899

CHAPITRE 5

Écrit sous la contrainte

Première partie: OULIPO. roman 1901

§ 33 L'image première qui invariablement se présente à mon souvenir quand je penseà ma rencontre avec l'Oulipo, est celle du visage de François Le Lionnais, 1901

§ 34 Vers une théorie du Moment Oulipien 1903

Deuxième partie : La conférence de Reus (1991) 1926

§ 35 (et incise *) «L'octubre del del propassat any 1991 el Centre de lectura deReus va tenir la satisfacci'o d'accolir en les sèves dependències l'exposici'oLiteratures submergides aix'i com també l'encontre de creadors Escriptura icombinatôria» 1926

§ 36 Si la production de Moments Oulipiens continue comme je l'espère, . . . . 1936

Troisième partie: OULIPO 2001 1938

§ 37 La réunion de juin 2001 de l'Ouvroir de Littérature Potentielle se tientdans Tassez immense assez récent nouvel appartement d'Isabelle et MarcelBénabou, rue de Rochechouart 1938

§ 38 Je ne vous révélerai rien du détail de la discussion 1941Incise facultative - De la minute palindromique 1941

** deuxième incise — Choix de dix-sept remarques préparatoires à la réunion 488de l'oulipo ** 1945

Quatrième partie: LE GRAND INCENDIE DE LONDRES ? 1947

§ 39 Je rappelle (pour ceux qui l'ont lu) et rapporte maintenant, au commen-cement de la dernière partie de mon chapitre, 1947

§ 40 (ou, si vous préferez incise ***) - PYTHAGORE, feuilleton. Premierépisode 1952

CHAPITRE 6

Pi(e) in the Sky(e)

§ 41 Je commence à composer ce chapitre, sixième et avant-dernier de la versionmixte* de la branche cinquième de ma séquence de livres placés sous le titregénéral de 'le grand incendie de londres', le lundi neuf juillet deux mille unà neuf heures sept, 1961

§ 42 Vous vous souvenez sans doute qu'ayant été prévenu par le directeur de lacollection 'Fiction & Cie', 1964

§ 43 J'en suis venu à trouver comment procéder par un raisonnement 1967§ 44 À la veille de l'été, le 20 juin, nous avons pris à Charles-de-Gaulle 1, un

avion de la compagnie British Airways en direction de Glasgow. 1971

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LA BIBLIOTHEQUE DE WARBURG

§ 45 Au-dehors, les quelques rares maisons de Dunvegan, au bord de l'eau,pendant le très peu de nuit 1974

§ 46 Contrairement à ce que pourrait laisser imaginer la photographie et le des-criptif de l'hôtel dans le guide touristique, on ne voit pas fa mer depuisl'Atholl 1976

§ 47 La petite route jaune (un exemple) qui, après Lonmore, Fairfield Cottage,quitte, juste après Herbost, à Roskhill la A863 1981

§ 48 Nous sommes en train de descendre la pente en direction du bois d'Orbost,que nous avons en ligne de mire 1986

INCISES DU CHAPITRE 6

* Au-dehors, les quelques rares maisons de Dunvegan * 1991** ce livre de poèmes intitulé Autobiographie chapitre dix.... d'autre part se

serait inséré dans une autre chaîne, celle des 'romans formels' ** 1992*** Revenons alors à nos moutons (à nos brebis) *** 1994

**** Nous avons supposé qu'il a besoin de se rassurer, et quoi de plus rassurantque de téter les tétines de sa mère **** 1995

CHAPITRE 7

TOUT: rien

§ 49 Lieu. Moment 1997§ 50 Projet de Mathématique, Projet de Poésie 1998§ 51 Le Grand Incendie de Londres 1998§ 52 TOUT, puis rien 1999

Le paradoxe de Jacques RoubaudPar Alain NicolasL'Humanité, 18avril2002 2001

Échec et mathsPar Fabrice GabrielLes Inrockuptibles, 3 avril 2002 2003

Postface 2007