Embed Size (px)
Citation preview
LADISCIPLINELESRÈGLESDUJEUDUMILLIARDAIRE
Livre1
LaurieVaughn
C’étaituneénormeerreur.
CefutlapremièrepenséedeRoseLémandalorsqu’elles’asseyaitdanslasalledeconférenceglacée,attendantquelaréunioncommence.
Ilyavaitàpeuprèstrenteintérimairesquiregardaientl’avantdelapièce,oùArthurDespointes,PDG,setenaitdanssoncostumenoir,sesyeuxscannantlegroupecommesiillesévaluaitdéjà.
C’étaitunhommeàquirienn’étaitjamaisdénié,etquiavaittoutcequ’ilvoulait.Ilétait,pourlediresimplement,incroyablementbeau,maispasdansunsenssuperficiel.
Ilétaitcomplexe,Rosedécidaimmédiatement.
Sesyeuxétaitintense,etilavaitunmagnétismeanimaletuneprésencecommeaucunequ’elleavaitpurencontrerjusque-là.
Grand,auxépauleslarges,sescheveuxbrunsparfaitementcoiffés,tombantsursonfrontd’unefaçoncontrôlée,commesielleavaitétédessinéeparuningénieur.Sonmentonétaitcarré,sespommetteshautes.
Lecostumenoirdel’hommeétaitimpeccable,aucunplioupeluche,mêmesouslalumièredesnéonsquidonnaientàtoutlemondel’airdébrailléencomparaison.
Roses’étaittrompéeetavaitprisuneplacedevant,enpleindanslalignedetir.Sesyeuxbleusétaientmagnifiquesetaussiglacialsquelatoundrad’Alaska.
«Commelaplupartd’entrevouslesavent,commença-t-ilfinalementJesuislefondateuretPDGdeBiomatrixPharma.»Ilsouritdefaçonfroide,sanssentiments.«Vousvousdemandezpeut-êtrepourquoijesuislàalorsqued’autrespourraientparleràmaplace.Ilyauneraisontrèssimplepourlaquellejesuisiciplutôtqu’entraindetraiterdesaffairespluspressantes.»
ArthurDespointess’arrêta,s’étantaperçuqu’undesesboutonsdemanchettesétaitunpeudéfait.Ill’ajustad’uncoupdedoigtparfaitementmanucuré,avantderegarderànouveaulegroupe.«Jesuisiciparcequejesuisimpliquédanschaquedétaildecetteentreprise.Iln’yarien–etj’aiditrien-detropinsignifiantpouréchapperàmonattention.»
Disantcela,lesyeuxduPDGsefixèrentsurRose,avecunetelleintensitéqu’ellefaillisursauter?
Pourquoimefixe-t-il?
Rosevoulaitdéglutir,maiselleétaiteffrayéedubruitquienrésulterait.Sagorgeétaitsècheetlesilenceétaitdeplomb.
Finalement,leregardd’ArthurDespointeslalaissa,alorsqu’ilsetournaitetmarchaitgracieusementjusqu’àlatableousetrouvaientlesrafraichissementsetseversaunverred’eau.Ilpritunepetite
gorgéependantquetousleregardaitpoursavoircequehommesimagnétiquediraitensuite.
Aladifférenced’autresquandilsparlaientdevantdesgroupes,ArthurDespointesnesemblaitpassesoucierdesiillesamusaitoulesengageait.Iln’essayaitpasdelesfairerire,etilsefichaitdelesfaireattendre.
Autourd’elle,ellepouvaitsentirlatranspirationetledésespoirdesescollèguessousleparfumetl’odeurdenouveauxcostumes.Elletranspiraitdanslapiècefroidecommen’importelequeld’entreeux,larafraichissantencoreplus.
Pourquoijenesuispasassisederrière?
S’assoirdevantétaitunevieillehabitudequ’elleavaitpriseàl’école.Delamaternelleàsadernièreannéedefac,Roseavaitétél’étudiantecalmequis’asseyaitaupremierrang,notaittoutetobtenaitdebonnesnotes.
Maisc’étaitdifférent.
C’étaitunevraiesociété–unedesplusgrandeetplusprestigieuseentreprisepharmaceutiqueàParis-etsimplementd’assoirdevantetespérerquele«prof»l’apprécien’étaitplusassez.
Arthurfinitsaboissonetplaçaleverred’eausurlatablederafraichissements,retournantaucentredelascène,leurfaisantfaceànouveau.Ellesentitànouveausonregardpendantuninstant.
Iladesyeuxdeloup,pensaRose.Est-cec’estmonimaginationouestcequ’ilmeregardeplusquen’importequi?Définitivementtonimagination,sedit-elle.ArthurDespointesseraitincapabledereconnaitreetseraitsûrementplusintéresséparn’importequid’autrequeparuneintérimairevenufaireuntravailinintéressantdanslesbureauxdesasociétémultimillionnaire.
«Nousallonsvousattribuerdesbureauxà8h35précisément»ditArthur,lasortantdesabrèverêverie.«Ensuite,vouscommencerezàentrerlesdonnéesquivousontétéattribuéespournousaideràfinirleprojet.Leprogrammevousindiqueraautomatiquementvotretravailetenregistreravotrerapiditéetvotrejustesse.Amidi,noussaurontàquellevitessevoustravaillezetquelestvotretauxd’erreur.Ceuxquitomberontdanslesdixdernierspourcentdansl’unedesdeuxcatégoriesseravirés»Lavoixd’Arthurétaitimpardonnable.«Lemondedesaffairesestunendroitcrueletimpitoyable,etnousnegâcheronspasdetempsavecceuxquinepeuventpassuivre.Ceuxquin’yarriventpaspourrontpartir.»
Unjeunehommequin’avaitpasplusdevingt-deuxouvingt-troisansétaitassisàladroited’Rose.Illuijetaunlongregardethaussalessourcilscommesiiltrouvaitlesmenacesetl’airthéâtralduPSGridicules.
Rosesouritenretour,soulagéedetrouverenfinquelqu’unquin’étaitpasintimidéparlePDG.
Maisensuite,ellelevalesyeuxetvitArthurDespointesquilaregardaitànouveau.Sonregardpassait
entreelleestlejeunehommeàcôté.
Lerictusdedésapprobationd’Arthurétaitévidentetmalgrécela,sonexpressionavaitàpeinechangé.
Ils’approchad’oùilsétaientassisetlecœurd’Roses’accéléra.Ils’arrêtadevantlejeunehommeetleregarda.«Commentvousappelezvous?»demandaArthur.
«Moi?»demandalejeunehomme,savoixsedélitant,soudainementmoinsconfiantcommeunlapinprisdanslespharesd’unevoiture.
«C’estcommeçaqueçamarche,»ditArthur.«Quandquelqu’undemandevotrenom,ilsveulentgénéralementvotrenom»Ilhaussaunsourcilalorsquelegrouperiaitnerveusementdesablague.
«JesuisLucas»finitpardirelejeunehomme.Ilbougeaitdanssachaise,ets’assitplusdroit.
«Lucas,jevousaivusourireàcequejedisaisilyaunmoment»luiditArthur.«S’ilvousplait,partagezavecnouscequiétaitsidrôle.C’esttoujoursbiend’avoirquelqu’unaveclesensdel’humouraubureau.»
Lucasbégayanerveusement.«Jene-Jeveuxdire…euh,rienn’étaitdrôle.»
«Certainespersonnesontlamauvaisehabitudedesourirequandilssontnerveux»ditArthur,attendantqu’ilrépondeàsonaffirmation.
«Jecroisquec’estcequis’estpassé.DitLucas,n’ayantapparemmentpasd’autreexcuse.«Justeunpeunerveux.»
Arthurlefixa.«Vouspouvezêtrenerveux,maisl’irrespectestquelquechosequejenetolèreraipas.Jamais,Ilcontinuaàfixerlejeunehomme,etcelui-ciregardaitlesol,clairementdéfaitdepuisquelePDGs’étaitadresséàlui.
-Jesuisdésolé»marmottaLucas.
Roseréalisaqu’ilyavaitquelquechosequin’allaitpasdanslerictusdeLucas.Enfait,ilétaitaussiintimidéqu’ellel’étaitparlasituation.
EtArthurDespointesvenaitdeprouvertrèsviteettrèsfacilementqu’iln’étaitpaslàpourêtregentilouêtreappréciéparceuxquitravaillaientpourlui.
Ils’étaittantrapprochéd’ellequ’ellepouvaitsentirsonodeurmasculinedeCologne.Elleétaitimpressionnéedecombienilexsudaitlepouvoir.
Lemomentgênantsefinitrapidement,lorsquequelqu’unfrappaàlaporteetuneélégantemaissévèreblondeentradanslapièce.Alorsqu’elleentrait,Arthurluifitunhochementdelatêteetsetournaverslegroupe.«Jesuisheureuxdevousprésentervotremanager,EmmanuelleSignet.Ellevas’occuperdevousàpartirdemaintenantetvousluiposerezdesquestionssivousenavez.»
-Merci,MonsieurDespointes»dit-elle,souriantetbattantdescils.
Roseladétestaaussitôt.Pourquoilablondeétait-ellepresquetropfamilièreaveclePDG?
Jedétestelesfemmescommeelle.Ellen’estqu’unelèchebotteetc’esténervant.
MaisRoseréalisaquepeut-êtrelaraisonpourlaquelleellen’aimaitpaslamanagerétaitpeut-êtrelajalousieetriend’autre.Elleétaitjalousequelablondeleconnaisseetsoitconfortableaveclui.
«Etmaintenant,jevaisdevoirpartir»annonçaArthur.Rosesentitsoncœurtomberdanssapoitrine.Elleavaitpeurdel’homme,maisquelquechoseenluiétaitsicaptivantqu’ellenevoulaitpasqu’ilparte.
-C’estbon,jevaiscommencer»réponditEmmanuelleSignet.
Ilsedirigeaverslaportepuiss’arrêtacommesiilavaitoubliéundernierdétail.
-Emmanuelle,Ilyauneréunionàdixheures.Pensezàm’apportermoncaféàdixheuresetquart.»
Lafemmeblondehochaànouveaulatête.-Biensûr,répondit-elle.
Puisquelquechosedecomplétementsurprenantsepassa.LePSGsetournaànouveauversRose,sesyeuxsurseselles,sansylaisseraucundoute.
ArthurpointadirectementversRoseetditàEmmanuelleSignet.
-Etjeveuxquecettefillem’apportemoncafécematin.dit-il.Qu’ellemel’amène.»
Roseétaitstupéfaiteetgriséeaprèsqu’ArthurDespointesaitquittélapièce.
Sesmotsrésonnaientdanssonespritencoreetencore,etellenepouvaits’empêcherdepenseràlui.
Etlafaçondontilsemblaitsesouvenird’elle,detouteslespersonnesdanslapièce.Ellenepouvaits’empêcherdepenserqu’ArthurDespointesorganisaitquelquechosepourelle.
QuandRoses’enfutauxtoilettespendantlabrèvepausede10minutes,elletrouvatroisautresintérimairesentraindechuchoteretglousseràproposdequelquechose.
Maisdèsqu’elleentradanslapiècelestroisjeunesfemmesseturentcomplétementetlessouriressurleursvisagesdisparurent.
J’aiétémarquée,pensaRose.Commesij’avaisunemaladie,quelquechosedecontagieux.
Lesfillessedépêchèrentdequittaitlapièceetellefutviteseule.
Jedevraisdémissionner,pensa-t-ellealorsqu’ellesedépêchaitetselavaitlesmains,l’odeurfortedelajaveletdesproduitsdenettoyageluiagressantlenez.
Lasalledebainétaitsiproprequ’onauraitpumangerparterre.ToutàBiomatrixPharmaceutiquesétaitcommeça,probablementàcausedelui.
Ils’assuraitquetoutsoitimpeccable,probablementensebaladantunpeupartoutavecungantblancpourvérifiers’ilyavaitdelapoussière.
ArthurDespointes.
Simplementpenseràsonnométaitcommeréciteruneincantationmagique–dangereux.PourquoiArthurDespointesavait-ilchoisiRosedetouslesgensdanslasallepourluiapporterducafé?
Ellenevoulaitpaslefaire.
Elleavaitdéjàtellementpeurdelui.Biensûr,ilétaitsuperbe,enfaitilétaitincroyablementsexyetpuissant-cequiétaittoutleproblème.Rosen’étaitconfortableautourdesgenscommeArthurDespointes…confiants,assurés,performants,intelligentetriche.
Elleétaitintrovertie,préférantlacompagniedeslivresàcelledesgens.
Jepeuxtoujoursfaireautrechosepourgagnerdel’argent.
Elleseregardadanslemiroirdestoilettes,fixantsapeaupâle,sestachesderousseurqu’elledétestait,etsescheveuxfrisésimpossibleàcoiffer.
Iln’yavaitrienquin’allaitpasperse,maiselleavaittoujourseul’impressionquecomparéeauxautres,quelquechoseclochait.
EtveniràBiomatrixPharmaceutique,prouvaitqu’elleavaitraisond’avoirdetelsdoutes.
Ellen’avaitclairementrienàfaireici.Sachemiseetsajupequ’elleavaitachetéesunesemaineplustôtétaitunesousmarqueetn’avaitaucunechancederivaliseraveclatenued’EmmanuelleSignet.
Lemaquillaged’Rosen’étaitpasparfait,sesvêtementsn’étaientpasparfaits.
Etilétaitclaircommedel’eauderochequ’ArthurDespointesexigeaitlaperfectiondechaqueemployédanssonentreprise.
Rosen’avaitrienàfaitici.Elleauraitdûêtrecachéedansunedeceslibrairiesenville,enregistrantlesachatsdesclientsourenouvelantleslivres.Unjobsimpleouellepourraitdisparaitcommeellel’avaittoujoursfait,êtreconfortabledansl’arrière-planetnepasavoiraffaireavecdesgenscommeArthurDespointes.
«Remettoi,Rose»,sechuchota-t-elle.Ellepritunelongueetprofondeinspiration.
Jen’aijamaisrienlâchédemavieetjenevaispascommencermaintenant.Jenevaispaslaisserdeprétentieuxguindém’effrayer.
Ellesentitsondosseraidiretellerelevalatêtealorsqu’elleprenaitladécisionderesteraumoinspourlajournée.
Jeluiapporteraisonstupidecafé.Commentçapourraitêtredifficiled’apporteruncaféàquelqu’un,detoutefaçon?
Elleavaitenviederireàcombienelleétaitridiculeàlaisserl’atmosphèredeslieuxl’atteindre-ellen’avaitpasbesoind’avoirpeurparcequec’étaitlecasdetoutlemondeici.
Sortantdestoilettes,ellesesentaitpluslégère,unpetitsourireauxlèvres.
Ilsfurentfinalementamenésdansl’ailedubâtimentouilstravailleraientpourleresteduprojet-ou
jusqu’àcequ’ilssoientvirés,cequiselonEmmanuellepouvaitarrivern’importequand.
Roses’assitdanssonpetitespacedetravail,avecunétrangesentimentdefierté.
C’étaitunvraijobdebureau.
Ellen’avaitbosséjusqu’iciquedansunsupermarché,pasloindechezellequandelleétaitadopuisàlafac,elleavaitfaitdututoratetbosséànouveaudansunsupermarchépourunepetitepériode.
C’étaittoutcequ’elleavaitjamaisfait,alorsêtreiciétaitunnouvelenvironnement,etelles’acclimataitenfinàl’idéequ’ellepourraitlefaire.
Ellecommençaitàentrerdesdonnées,sesdoigtsexpertssurlepapierenlisantlespapiersquiavaitbesoind’êtreentrésdanslesystème.
Encoutantlesgrognementsetchuchotementvenantdesautresbureaux,Roseavaitl’impressionquecertainsnetrouvaitpasletravailaussifacilequ’elle.
Soudainement,sontéléphonesonna,insistantetbruyantdanslesilencerelatifdesbureaux.
Rosenesavaitpasquoifaire.Peuimportequiappelait,ildevaitdetromper.Ellen’étaitqu’uneintérimaire.Iln’yavaitaucuneraisonquequelqu’unl’appellesurletéléphonedel’entreprise.
Puisellepensaquepeut-êtreétait-celemanagerquil’appelaitetréponditdefaçonhésitante.
«Euhh…Allo?
-RoseLémand,ditlavoixprofonde.C’étaituneaffirmation-Oui,c’estmoi,réponditRose.Etàquisuis-jeentraindeparler?-ArthurDespointes,répondit-il.Jesuisprêtpourmoncafé
Sonespritsefigeapendantquelquessecondes,puisellerevintenfinàlaréalité.
-Ok,dit-elleOùdois-je-le…»
Ilavaitdéjàraccrochéetelleparlaitdanslevide.
Elleseleva,paniquée,sachantqu’elledevaittrouversonmanager,Emmanuelle,pourl’aider.Regardantlesbureaux,ellefinitpartrouverlablondedansuncoindelapièce.
«Emmanuelle!»appela-t-elle,levantsonbrasau-dessusdesatête.
EmmanuelleSignets’approcha,sesyeuxderequinsbrillantd’undégoutquin’étaitdirigéverspersonneenparticulieralorsqu’elles’approchait.«Quelleestleproblème?»
«ArthurDespointesvientdem’appelerpourledirequ’ilveutquejeluiapportesoncaféimmédiatement.
Lablondericana.
-Siprévenantdevousappeler,dit-elle,pleinedesarcasme.-Jenesaispasquoifaire.-Biensûrquevousnesavezpas,»ditEmmanuelle,alorsqu’ellesortaitdelapièce.Elleappela
Rosepourqu’ellelasuiveetcontinuaàmarchersansralentir.
Roseluicourutaprès.
Alorsqu’Emmanuellemarchait,elleparlaitd’unevoixrapide.«Apporterlecaféestimportant,»dit-elle,alorsqu’iltraversaituncorridorquilesmèneraitDieu-saitoù.
Emmanuellecontinuaitdeparler«MonsieurDespointesesttrèsparticulieràproposdesoncafé,quandetoùildoitluiêtreapporté-ainsiquequidoitluiapporter.Biensûrilestparticulieràproposdetout-maissanourritureetsesboissonsdoiventêtreapportéesaveclaplusgrandeattention.Ceuxquisontchoisispourapportersesrepasontuaccèsàluipourlequelcertainspourraienttuer-mêmeceuxàlatêtedeladirectionnevoitjamaisbeaucoupmonsieurDespointes.
-Jenecomprendspaspourquoiilvoulaitquecesoitdemoi,couinaRosealorsqu’elleessayantdesuivresasupérieureauxlonguesjambes.
Emmanuellehausselesépaulespresqueimperceptiblement.
-Sesvoiessontimpénétrables,dit-elle.
Rosefronçalessourcils.
-Jepensaisqu’ondisaitçadeDieu.-Iln’yauraaucunedifférencepourvousentrelesdeux.»
Ilsprirentuncouloiràgaucheetarrivèrentdevantuneportefermée.Emmanuelleprislebadgeàsataillequiétaitraccordéparunélastiqueetletintdevantlesenseuràcôtédelaporte.
Lalumièrerougedevintverteetonentenditunclic.«NousauronsbesoindemontervotrehabilitationdesécuritésimonsieurDespointesdécidequelacaféestvotremission.Maiscen’estpasencorecertain.»Ajouta-t-ellemystérieusement.
Ensuiteilsarrivèrentdevantunpetitplacard.OnétaitloindelapiècesecrèteàlaquelleIvs’étaitattendue.
Qu’estcequisepasseici?Réfléchit-elle.Toutcedontilssesoucientàl’airtellementridicule.
Unplacarddehautesécuritéétaitbienlachoselaplusstupidequ’elleavaitjamaisvu.
«Regardez-moifaire,Rose,luiditlafemmeblonde,alorsqu’ellecommençaitàfairelecafédansunelargemachineeninoxquiavaitl’airparticulièrementintimidante.
-Jen’aijamaisutiliséunemachineàcafécommecelle-ci,ditRose.-Regardezcequejefaisetapprenez,réponditEmmanuelle,levantlesyeuxauciel.
Ellesortitunrécipientdecafémoulud’unplacardetprisplusieurscuillersqu’ellemisdansuncompartimentsurlehautdelamachine.
-Jen’expliqueraipasànouveau,alorsfaitesbienattention.»
Roses’avançaunpeuplus,rêvantd’avoirdequoinoter.
Maisçan’auraitserviàrien,lesmainsd’Emmanuelleétaitbeaucouptroprapides,d’unetâcheàl’autre,commesiellel’avaitdéjàfaitdesmilliersdefois.
Roseétaittropeffrayéededireàsasuperviseusequ’elleétaitcomplétementperdue.
Bientôt,lebruitdupercolateursefitentendre,etEmmasepenchaitmaintenant,entraind’ouvriruntiroirduquelelletiraunpetitplateaud’argent,etdeuxcuillersdetaillesdifférentes.Puisuneserviette.Puis,Emmanuelleallajusqu’auréfrigérateur,etsortidulaitetversaleliquidedansunpetitrécipient.
«MonsieurDespointesaimeparfoissoncafénoir,etparfoisilpréfèreunpeudelaitoudecrème.Pendantquelquestemps,nousavonsessayédeverserlelaitquandilensouhaitaitmaisnousn’étionsjamaiscapablesdeverserlaportioncorrecte.Celal’énervaitetilretiralatâchedenosfonctions.
Vusontoninquiétant,RosepouvaitentendrecombiencettepetiteerreurétaittoujoursunpointsensiblepourEmmanuelleSignet.
-C’estbeaucoupdedifficultépourducafé,ditRose,regrettantpresqueimmédiatementsoncommentaire.
Emmanuellesetournaverselle,sesyeuxpleinderage.
-Avecuneattitudecommeça,jesuissûrequevosjoursicisontcomptés.Doncvousn’aurezpasàvousennuyeràapporterlecaféànouveau.Ellesetournaànouveauverssatâche.
-Je–jesuisdésolée.-Jen’aipasenvied’entendreça.»
Bientôt,lecaféétaitprêt,etEmmanuelleplaçaunmugblancsouslamachine,pressaunboutonetlemugseremplitautomatiquement.Puis,Emmanuellemitlatassesurleplateau.
Ellefitungesteversleplateau.Toutavaitétéplacéparfaitement,incluantunpaquetdesucre,unpaquetdeSteviaetunpaquetdeSplenda.
«Est-cequ’ilprenddusucreparfoisdanssoncafé?DemandaRose.
-Pasencore.Maisilaindiquéquec’étaitpossible,alorsnousluienapportonsquoiqu’ilensoit,aucasoù.Jesuissûrequec’estunedifficultécommevousl’avezditvous-même
-Non,biensûrquejenepensepasque-
Emmanuellelapointadudoigt.
-Jesaisexactementcequevouspensez.Çasevoitsurvotrevisage.Laissez-moivousexpliquer,»continua-t-elle,lerougeauxjoues.Noussommesuneentreprisemultimillionnaire.Notrenouveaumédicamentsauvedesvies.Etnousenavonsd’autresàvenirquisauverontencoreplusdevies.Legénieuniquequ’ilafallupourcréercesmédicaments,cesinnovations,ladécouvertescientifique,exigel’attentionaupluspetitdétail.C’estlegenred’attentionqu’aArthur,dit-elle.
J’aidûtoucherunpointsensible.
-Jecomprends,réponditRose,baissantlesyeux.J’avaistortdefairececommentaire.
Emmanuellesecalmalorsqu’ellevitsonrepenti.-Vousnecomprenezpasencore.Maissivousavez,beaucoup,beaucoupdechance,vous
resterezassezlongtempspourcomprendreunpeuplusquevousnelefaitemaintenant.
Maintenant,prenezleplateausoigneusement,trèssoigneusement.N’enfaitespastomberunegoutte.Marchezdoucementetsuivez-moi.»
Ellesquittèrentleplacardetrevinrentdanslebureauqu’ellesavaientquitté.
Rosemarchaitdoucement,faisanttoutpourêtresûrequeleplateaun’étaitpasentraindeglisseretgardantlesyeuxfixésurlaouellemarchait.
Plusquetout,ellenevoulaitpasseplanter.
Ellesentitlatranspirationpartoutsursoncorpsalorsquesoncorpss’échauffaitsouslestress.
Simplementmarchersemblaitdifficileetellesesentaitcommesiseschaussuresétaientauxmauvaispieds.
«Okay,noussommesarrivées.»ChuchotaEmmanuelleavecrévérence.
Ellepointalalargueetopaqueporteenverre.Puis,sansunmot,elleportasonbadgejusqu’ausenseuretilclignota.IlyeuunclicetEmmanuelleouvraitlaporte,laissantRoseentrer.Regardantdanslalargesalledeconférence,unsoudainpicdeterreurlasubmergea.
Lasalleétaitgrande,avecdesmursblancetgris,quelquespeinturesd’artmodernesurlesmurs,etunegrandetablenoire,entouréedechaisesdecuirnoir.
Assissurleschaisesétaientungrouped’hommesetdefemmeshabillésdansdestenuesdebonnefacture.Ilsavaientl’airdesesjuges,juryetbourreauxalorsqu’ilsseretournaientpourlafixer.
Auboutdelatable,enfaced’elle,étaitArthurDespointes.
Lui.
Ilétaitassisla,sesyeuxdanslessienscommesiill’avaitattenduelleseule.«Entrez,»dit-il,levantlamainetluifaisantsigned’approcherd’ungesterapideetefficace.
Lasalledeconférenceétaitencoreplusfroidequelasalleoùellel’avaitvuplustôt,sic’étaitpossible.Ellepouvaitsentirl’airfroidsursesépaulesetsatêtevenudeblocd’airconditionnéau-dessusd’elle.
Touslesyeuxétaientsurellealorsqu’ellemarchaitsurlamoquette,sespiedscollantausol,commedansdelaglue.Oudelaboue.
Oui,jemarchedanslaboue.
Elleessayadeseconcentrersurlefaitd’allerjusqu’àluietdéposerleplateausursonbureaumaissesyeuxmagnétiqueslamettaitdansuntelétatdetensionqu’ellenepouvaitmêmepasregarderverslui.
Sessensétaientcomplétementenalerte.Ellepouvaitsentirlebois,l’huile,levernis,l’odeurducuir.
Elleentendaitlebruitdel’airpasserdanslesystèmedeventilationetlelégerbruitdepapierdequelqu’unquicherchaitdansundossier.
Etenfin,elleétaitprèsd’ArthurDespointes,alorsqu’elleapprochaitdesonbureauetsepenchait
pourpouvoirplacerleplateaudevantlui.
Illuifitunpetitsourire,lescoinsdesessuperbeslèvresrosesselevanttoutjustealorsqu’ill’observait.Cesourireétaitsicaptivantqu’elleoubliauninstantcequ’elleétaitentraindefaire.
Elleseconcentrasurseslèvres.
Commentseseraitd’avoirceslèvressurlessiennes?Surtoncou?
Surtesseins?
«Attention,»luidit-ilpourlaprévenirmaisilétaitdéjàtroptard.
Ellepenchaleplateauunpeutropetlemugglissaduplateau.Celaneprisqu’unesecondemaisletempss’arrêta.Elleregardaithorrifiée,leliquidenoircoulerdumug,surleplateau,surlebureau,puisdirectementsurlescuissesd’ArthurDespointes.
Unetâchesombres’étalaitsursonpantalonnoir.
Lâchantleplateausurlebureauavecfracas,elles’écria«Ohmondieu!Jesuisdésolée!
Sonexpressionnechangeapas,aucuneexpression,mêmededouleurnevinttroublersonvisagealorsmêmequelecafébrûlantéclaboussaitsescuisses.
-Toutvabien,luidit-ild’unevoixcalmeetcomplétementàl’aise.-Laissez-moivousdonnerquelquechose…desserviettes…Ellecommençaitàhyperventiler,
mortifiéequ’elleétait.
Arthursouritànouveau,unpeuplusfranchement.
-Presquetoutesttombésurlebureauoulesol,ilmentit.Çam’aàpeinetouché.
Elleavaitvuquebeaucoupavaitatterrisursesjambes,maisapparemment,ilétaitentraind’essayerdefairecommesicen’étaitpassigrave.
-Jevaisallervouschercherunautrecafé,dit-elle,d’unevoixdésespérée.
Jevaismefairevirer.JeviensjustedebrûlerlesjambesduPDG.Ilvapeut-êtreavoirbesoind’unegreffedepeau.
L’espritdeRosetourbaitàtoutevitessealorsqu’elleessayaitderemonterletempsetannulercequ’ellevenaitmaladroitementdefaire.
-Toutvabien,luiassure-t-il.S’ilvousplait,utilisezlesserviettespournettoyerlaflaquesurlatableetprenezleplateauavecvousquandvouspartirez.
-Biensûr.Désolée.Vraimentdésolée.»Elleavaitenviedesortirencourant.Defuiretdeneplusjamaisrevenir.
Maisquelquechoselamaintenaitenplace.Ellepritlaservietteduplateauetessuyaautantdecaféqu’ellepouvait.Trèsrapidement,laservietteétaitpleineetilrestaitduliquidesurlebureau.
«Devons-nouscommencer,MonsieurDespointes?demandaundesjeuneshommesautourdubureau.
-Notretempsestlimité,approuvaunhommeplusvieux,«nousdevrionsdéjàavoircommencé?
Rosesesentitrougirquandelleréalisaqu’ellen’avaitpasseulementrenverséducafésurlePDGmaispireencore,elleavaitaussiinterrompuunmeetingimportant.
-Nousavonstoutnotretemps,réponditArthur.Illuifitunautresourirequiauraitdûlafairesesentirmieuxmaisquiaugmentaencored’uncransonanxiété.
-Cecidit,riennenousempêchedecommencerlaréunion,reprisl’hommeleplusvieux.
Arthurfixal’hommed’unregardferme.
-Nouscommenceronsquandj’auraisdécidéquenouscommencerons,Jim.Amoinsquequelquechosedontjenemesoispasaperçuviennedechangerdanslescinqdernièresminutes.
-Non,rienn’achangé.»ditl’homme,doucement.
Lapiècesefitencoreplussilencieuse,sic’étaitpossible.
Soncœurbattaitetelleavaitl’impressionqu’elleallaits’évanouir,maiselleavaitfaittoutcequ’ellepouvaitfairepournettoyer.Sonregardnecessaitdereveniràlatâchesombresurlepantalond’Arthur.
Soncaféchaudsursesjambesetiln’avaitmêmepasbattuuncil.Cegenredeself-controlétaitbizarre.
Presqueinhumain.
Laplupartdesgensauraitcriédedouleuretseraitsûrementsortipourchangerdepantalon.
Leliquideétaitbrûlant.
Allezsavoircomment,ilsemblaitcomplétementoketpasdutoutperturbé.Cequin’avaitaucunsensquandonsavaitcombienlaperfectionétaitimportantepourlui.
Roseattrapaleplateauetbaissalatête.«Jesuisvraimentdésolée,chuchota-t-elle,alorsqu’ellesepréparaitàpartir.
Ilfitunautresourireénigmatique.
-Jepenseàvotrenom.Rose,unefleurépineuse,dit-il.Jesupposequelesgensdoiventapprendreàvousapprécier,continua-t-il,unsourireauxlèvresluimontrantqu’illataquinait.
-Avecdespremièresimpressionscommecelle-ci,jen’aipaslechoix,»murmura-t-elleavantdesortiràtoutevitesse;priantqu’ellenetrébuchepasencheminetseridiculiseencoreplus.
Aprèsqu’ellesoitsortie,ellefermalaporteetd’appuyacontre,fermantlesyeuxuninstant.
Lecouloirétaitvide.
Elletenaitsonplateauetn’avaitnullepartoùlemettre,etsonbadgenelalaisseraitpasentrerdansleplacardsupersecretsansEmmanuelleSignet.
Ladernièrechosequ’ellevoulaitétaitdedireàsonirritableetcritiquesuperviseusequ’ellevenaitde
renverserducafésurlePDGetavaitbesoinderemettresonplateaudansleplacard.
MaisEmmanuelleallaitdetoutefaçonapprendrecequis’étaitpasséd’ArthurDespointesetRoseseraitviréequoiqu’ilensoit.
C’estfini.
Jedevraisrécupérermesaffairesetpartirmaintenant.
Ellesoupira.Unesensationdeprofondregret,d’avoirmanquéquelquechosed’importants’immisçaenelle.
«Qu’est-cequecevousfaites?Lavoixduredit,vindicativement.
RoseseretournaetvitEmmanuelleSignetquivenaitd’arriveretlaregardaitavecsuspicion.
-J’ai-j’aibesoinderemettreleplateau.
Emmanuellefitlamoueetregardaleplateau.
-Pourquoi?Qu’estcequis’estpassé?Pourquoiest-iltrempé?Qu’avez-vousencorefait?-Lecafés’estrenversé.Ilm’aditderamenerleplateauquandjesuissortie.
L’expressiond’Emmanuellesedurcit.
-Vousavezrenverséducafé?Êtes-vouscomplétementincompétente?-C’étaitunaccident.-Ehbien,Emmanuellesecoualatêteetcommençaàmarcher.Jenesaispasàquoipensait
MonsieurDespointesquandilademandéquevousfassiezcettetâche.N’importequipeutvoirquevousn’avezpascequ’ilfaut.»
Roseeutenviederépondre.Ellevoulaitluidirequ’apporterlecaféauPDGn’étaitpasunetâchedifficileetquen’importequipouvaitlefaire.
Saufquejen’aipaspu,sesouvint-elle.
Jenesuismêmepascapabled’apporterunetassedecaféàArthurDespointesetjel’aiprouvéaujourd’hui.
Ellen’étaitrevenueàsonbureauquedepuisuneheurelorsquesontéléphonesonnadenouveau.
Terrifiée,ellenepouvaitsedécideràrépondre.ÇapouvaitêtreànouveauArthur.Qu’allait-ildire?Est-cequ’ilallaitréduiresasaieenpaiementpourlepressingpourlatâchesursonpantaloncouteux?
DécrochelefoututéléphoneRose.Cen’estqu’unhomme.Maintenantrépondetparlerluicommesiilétaitjusteunepersonnenormale.
Biensûr,iln’étaitpasn’importequi.Etsonhésitationluifutfatalecaraumomentoùelledécrochaitenfin,lapersonnequiappelaitraccrocha.
Roseattenditqueletéléphoneseremetteàsonner,maisilrestasilencieux.
Quelquesminutesplustard,EmmanuelleSignetétaitenvueetvenaitverssonbureau.Ilétaitclairquelesnouvellesqu’apportaitlablonde,quellequ’ellessoient,n’étaientpasbonnes.
Rosesoupira,mitsonsacsursonépauleetsepréparaàrendresonbadge.Justeàl’expressiond’Emmanuelle,ellepouvaitsavoirqu’elleallaitsefairevirer.
«Allez,levez-vous,»luiditEmmanuelle.
Elleseleva,sonestomacseretournant,maisaussiunpeusoulagée.Çaavaitétéunedurejournée,etceseraitbondepouvoirenfinmettrel’expériencederrièreelle.
Mêmesiellesequestionnaittoujoursàproposd’ArthurDespointesetdesonétrangesourire,etquequelquepart,elleregretteraitdenepaspouvoirl’avoirvupluslongtemps.Quelquechoseàproposdel’hommeétaitcaptivant,etcen’étaitpasjustesoncorpssuperbeousarichesse.
Alorsqu’ellepartait,ellevitLucas,sonbureauàquatrerangéesdusienlaregarderd’unairhésitant.
«Tupars?Ilst’ontviré?Demanda-t-il,inquietpresqueassezpourquecesoitcomique.
EllecommençaàhocherlatêtemaisEmmanuelleSignetintervintbruyamment.
-Non,ellen’estpasvirée.Maisvousleserezsivousnevousoccupezpasdevospropresaffairesetretourneztravailler.
LagrandeblondepartitalorsqueRosesedemandaitcequ’ilsepassait.
«Jepensaisquej’étaiscongédiée?ditRose
Emmanuelleritamèrement:
-Jenecomprendspas.Toutcequevousavezfait,c’estdevousasseoiretd’avoirl’aird’uneécerveléepourêtrerécompensée.Justequandjepensaisquelavienepouvaitpasêtreplusinjuste,j’aiànouveautort
-Récompensée?Quevoulez-vousdire?demandaRose.-MonsieurDespointesademandéquevoussoyezmenéeàlui.Ilveutvousvoir.Encore.La
voixd’Emmanuelle‘étaitpleinedejalousieetderessentiment.-Ilveutprobablementmecongédierenpersonne-Siseulementc’étaitlecas,rétorquaEmmanuelle,alorsl’universauraitenvieànouveaudu
sens»
Ellesmarchèrentversdesascenseursetentrèrentdansl’und’eux.Emmanuelletintsonbadgedevantunsenseuretappuyasurleboutonduonzièmeétage?
Roseessayaitd’imaginerlaraisonpourlaquelleArthurDespointesl’avaitdemandéeàsonbureau.Canepouvaitêtreriendebon,elleenétaitsûre.
Lamontéedel’ascenseurfutcomplétementsilencieusealorsquelasuperviseuseblondesetenaitprèsd’Roseetfulminait.Lamauvaiseénergied’Emmanuelleirradiaitdesoncorpscommeunnuagetoxique.
Pourquoimeméprise-t-elleautant?Qu’est-cequejeluiaifait?
Celaneservaitplusàriendes’inquiéterdeçamaintenant.EmmanuelleSignetn’étaitplussonsouci.
Lesportess’ouvrirentdansunegrandeentréeblancheavecdelamoquette.L’endroitétaitdifférentsdesétagesprécédents.
Emmanuellenesortitpasdel’ascenseur«Allez-y,dit-elle,amusez-vousbien.
-Ouest-cequejevaismaintenant?ditRoseensortantdel’ascenseuretensetournantverssasuperviseuse.
Lafemmeblondesecontentadeluifaireunsignedelamainsarcastique.
-Bonvent»,dit-elle,alorsquelesportesserefermaient.
Conasse.
Roseétaitencolère,elleenavaitmarred’êtretraitéecommeçapouraucunraison.Elleseretournaetexaminacequil’entourait.Lecouloirallaitdansdeuxdirections,versdesterritoiresinconnus.
Elledécidadejustechoisirunedirectionetyaller.Ellefiniraitbienpartrouverquelqueetluidemanderoùaller.
Marchantrapidement,elleessayaitdegardersonsouffleetrestercalmer.
Tunesaismêmepascequ’ilveut.Çapourraitêtrestupide.
Peut-êtrequ’ilvoudraquetupaillespourlepressing.
Cettepenséelafitsourire.Alorsqu’ellearrivaitauboutducouloir,ellearrivadevantuneporteavecunsenseur
Super,jen’aipasl’autorisation.
Elleessayatoutdemêmedepassersonbadgemaislaledrestarouge.
«Putain»jura-t-elleàvoixbasse.
Est-cequ’EmmanuelleSignetétaitentraindesemoquerd’elle?Est-cequec’étaituneblague?
Elleallaitseretourneretrevenirverslesascenseursquandunevoixsortiedel’interphoneprèsdelaporte.Lebruitétaitsisoudainqu’ellesursauta.
«Quandlalumièreseraverte,vouspourrezentrer»lavoixditautraversdel’interphone.
Lavoixétaitfamilièremalgréladistorsionautraversdel’intercom.
C’estlui.C’estArthur.
Soncœursemitimmédiatementàbattreàtoutevitesse,commeunchevalaffolédanssapoitrine.
Unesecondeplustard,lalumièrerougetournaauversetleclicfamiliersefaisaitentendre.Elleattrapalepoignetetouvritlaporte.
Elleclignainstinctivementdesyeuxenentrantdansunbureausilargequ’ildéfiaittoutedescription.
L’endroitétaitassezgrandpouryvivreetc’estpeut-êtrecequ’ilyfaisait.
Delamoquetterecouvraitlesol.Delargescanapésétaientplacésàplusieursendroits,ainsiquedeschaisesencuir,etunaquariumprenaientdusolauplafondcontreunmurtoutaufonddelapièce.Ynageaientdespoissonscolorésautourducorail.
Degrandesfenêtresfaisaitletourdubureau,donnantunevuespectaculairesurParis.
ArthurDespointesétaitassisderrièreunbureaunoirmassive,surunepetiteplateformelégèrementsurélevée.Lebureauétaitdumêmeonyxqueceluidelasalledeconférence.
LePDGétaitentraind’étudiersurunénormeordinateurcomprenantdeuxécrans.Sonregardétaitconcentréetellesesentitsoulagéequ’ilnelaregardaitpas.
«RoseLémand,annonça-t-il,toujoursregardantsesécrans.
-Vousvouliezmevoir?dit-elle,etsavoixsemblaitsifragilequ’elleseraclalagorge.-Oui,répondit-il,setournantfinalementpourlaregarder.Venezplusprès.
Illuifitungestedelamainpourl’attirer.
-Dois-jem’asseoir?Ellesedirigeaitversunedeschaisesencuirnoir-Sivousvoulez.dit-il,unlégersourirejouantsurseslèvres?
Ceslèvres.Sirose,silisses.Sidifférentesdesesyeuxfroidscommel’acier.
-Est-cequej’aifaitquelquechosequ’ilnefallaitpas?demanda-t-elle,regrettantimmédiatementsaquestion.
-C’estcequenousallonsdiscuterici.Savoix,sonexpressionnetrahissaientaucuneémotion.-Oh,répondit-elledoucement.Elleavaitmalauventreetsaboucheétaitsèche.-Nousdevonsparlerdecequiestarrivéplustôt,quandvousavezapportémoncafé,dit-ilen
lafixant.
Ellebaissalesyeux,embarrasséealorsqu’ellesentaitsesjouesrougir.
-Jesuistellementdésolée.J’essayaistellementdenepaslerenverserquec’estcequis’estpassé,biensûr.L’effetPygmalion.
-Rose,regardez-moi,»dit-il,savoixdure.
Ellefitinstantanémentcequ’ildisait,leregardantetvoyantqu’ilétaitmécontent.Ilselevadesachaise,soncostumeaussiimpeccablequ’ilavaitpul’être.Ilfitletourdubureauetmarchaverselle.
Rosesentaitsonsoufflecourtalorsqu’ilapprochait.
Commesiilpouvaitsentirsapeau,ils’arrêtaetbaissalesyeuxverselle.«Est-cequevoussavezpourquoivousavezrenversécecafé?dit-il
-Jevousl’aidit,c’étaituneerreur-Non.Iln’yapasd’erreurs,luidit-ilenlevantlamain.
Ellesesentaitrebelleàlanotion.-Jenevoulaispasrenverserdecafésurvous,sic’estcequevousimpliquez.-Jen’impliquerien,dit-il.
C’estpourçaqu’ilm’afaitvenir,réalisa-t-elle.Ilveutmecrierdessuspouravoirrenversélecafésurlui,mefairemesentircommeuneidiote.Laréalisationl’énervatoutenluifaisantpeur.
Jen’aipasàsubirça,sedit-elle.Etjeneleferaispastrèslongtemps.
-Jemesuisdéjàexcusée,quepuis-jefaired’autre?-Lesexcusesnem’intéressentpas.Ellessontinutiles.»
Ildescenditdelaplateforme,vintverselleets’assitdanslachaiseenfaced’elle.
Sesgenouxétaientpratiquemententraindetoucherlessiensalorsqu’ilsetournaitverselle.Ilétaitencoreplusbeauqu’ellenel’avaitréalisé.Sapeauétaitlisse,légèrementbronzée,etsansaucundéfaut.Sesyeuxétaientdeuxdiamantsbleus,froidsetsuperbes.
EllepouvaitsentirsoneaudeCologne,etsousleparfumsonodeurmasculinequilafitfrissonnerintérieurement.
Illafaisaitsesentirmalàl’aise,effrayée?Maisilluifaisaitaussisentirautrechose,quelquechosed’indéfinissable.
Qu’est-cequec’était?
Parquelmotpouvait-ellelerésumer?
Désir.
Elleréalisaitcelaalorsqu’elleinhalaitsonparfumetremarquasesonglesparfaitmanucurés,auboutdeseslongsdoigts.Maissesmainsn’étaientpasfragiles,malgrélefaitqu’ilprenaitclairementsoindesesongles.
Aucontraire,toutàproposd’Arthuravaitl’airfortetinvulnérable.Soncorpsétaitmusclé,commesiilavaitétéfaitpourremplirlecostumecouteuxqu’ilportait,plutôtquel’inverse.«Sivousnevoulezpasd’excuses,quevoulez-vous,demanda-t-elle,surpriseelle-mêmedesafranchise.
Pourlapremièrefois,sonexpressionchangea.Sonsouriredisparutetilinspiraviolement.-Jeveuxvousapprendre.Répondit-il.-M’apprendrequoi?-Ladiscipline.»
Samainouvritl’undesboutonsdesoncostume.Discipline.L’instantoùilavaitditlemot,Roseavaitsentisestétonssedurcirenréponseetelleeutpeurquepeut-être,Arthurlesache.Ilétaitassissiprès.Etlalumièredelapiècetransperçaitsonchemisier.Ellevoulaitvérifier,désireused’avoirungiletpoursecouvrir.C’étaithumiliantd’êtreexcitéedecettefaçon,etqu’ilsachepeut-êtrequesestétonsavaitdurcirendaitcelaunmilliondefoispire.Ellepritunegrandeinspirationetessayadesecalmer.«Jenecomprendspascequevousvoulezdire.
-Est-cequevousvoudriezsavoir?-Jesuppose.-Voussupposez?
Ileutl’airécœuréetselevacommepoursedistancierd’elle.-Vousnedevriezpasavoiràsupposer.C’estunequestionsimple,Rose.-Oui,jeveuxsavoir.Jen’aisimplementaucuneidéedequoivousparlez.
Savoixavaitprisuntondésagréableetfrustré.Illafixa,sespommetteshautes,sonexpressiongravédanssestraits.
-Vousallezapprendreàmefaireplaisir.Etunefoisquevousaurezréussi,leschosesquevousappelezdeserreursarrêterontd’arriver.
Ellechangeadeposition,fronçantlessourcils.
-Toutlemondefaitdeserreurs.Insista-t-elle.-Jen’enfaispas.Etpeut-êtrequetunedevraispasnonplus.-Maispourquoi?Pourquoivoulez-vousm’apprendre…cequevousvoulezm’apprendre.Je
nesuisqu’uneintérimaire.»
Ellelevalesmainsauciel.
Illuitournaledosetmarchaverslafenêtre,lavuedelavillederrièrelui.Contrecefond,ilauraitpuêtreunephotodansunmagazine.Vogueoupeut-êtreleNewYorker.
Siseulementj’avaisunappareilphoto,ceseraitunephotographiegéniale.«Jesaisrepérerlestalents,dit-ilaprèsunlongsilence.Ilsetournaverselle.Quandj’aicommencémonbusiness,toutlemondepensaitquej’étaisfou.J’aiembauchédesgensqu’onconsidéraitcommedemauvaischoix.Toutlemondeàlaboursedisaitquej’échoueraisdansl’année.
-Maisvousn’avezpaséchoué,chuchota-t-elle.
-Non.»
Sesyeuxseconnectèrentauxsiensetpourlapremièrefoisellevitquelquechosederrièrelafroideurdesonregard.
Qu’est-cequec’était?Qu’est-cequ’ellesentaitderrièresesyeux?Quelqu’undevulnérable,quelqu’unquiavaitdesémotionscommeelle.
Maisaussitôtquelesentimentnaquit,ildisparutaussitôtcommeuneluneobscurcitlesnuages.Sesyeuxétaientànouveaufroids.
Rosecroisalesbrasetseléchalalèvre.«Qu’estcequiarrivemaintenant?-Maintenant,nouscommençonsàtravaillertouslesdeux,savoixsoudainementplusformelle.
Qu’est-cequevousenpensez?-Ok,jesuppose,ellenes’enaperçutquetroptard
Sesyeuxserétrécirentetseslèvresseserrèrent.-Voussupposez.Dit-il.Ilsecoualatêteetsoupira:Revenonsàcematin,quandvousm’avez
apportémoncafé.Pourquoil’avez-vousrenversé?-Jenesaispas.-C’estunmensonge,Rose,Nementezpas.-Jenemenspas,rétorqua-t-elle-Vousnepensezpasquevousmentezparcequevousêtesentraindevousmentiràvous-même.
Ilcroisalesbrasetlafixa.Maintenantdites-moipourquoivousl’avezrenversé.Ellesentitlasueurcommenceràcouler.Lapiècefroides’échauffaitmaintenant,commesiquelqu’unavaittouchéauthermostat.
-J’étaisnerveuse,j’étaistellementconcentréeàessayerdefairelemieuxpossible…
Ellepensaitrevoirlesourirequ’elleavaitvulematinetquil’avaitdistraite.Cesourirequ’ill’avaitfaitrenversersonplateau.Maisellenepouvaitpasluiadmettreça.
-J’étaisdistraite,dit-ellegardantsaréponsevague,j’étaistellementdansmatêtequej’aiperducequej’étaisentraindefaire.
Arthuropinacommesiilapprouvaitsaréponse.
-Pourquoiétiez-voussinerveuse?-Vousêtestrèsintimidant,dit-elleenleregardantdanslesyeux.-Etpourquoidonc?demanda-t-il,l’airsincèrementsurpris.
Elleritdevantl’évidencedelaréponse
-Vouspossédezcetteentrepriseetjenesuisqu’uneintérimaire.-Etcelavousrendnerveuse?-Ouiparcequevouspouvezmecongédier.J’aibesoindel’argent.
Arthurhochadelatêtepresqueimperceptiblement.
-Vousêtesterrifiéeparlesconséquences,Rose.Jevaisvousapprendreàfaireaveclesconséquences.
Rosesentitsonestomacsetendredevantsesmotsinsistantetlaforcedesapersonnalité.Elleavaitdumalàrespirer.Soudainement,ellevoulaitpartir.Sortirdecettepièce.Quittersonintenseexamen.
-Jecroisquejevaisdevoirpartir,dit-ellevoulantcourir.Voulants’échapper.Ellesecoualatête.Jenesaispassij’ensuiscapable.-VousvoulezlefaireRose,c’estévident.»
Sonregardglissasursesseinspuissesjambes.Elleavaitl’impressionqu’ilétaitentraindeladéshabillerduregardetellecroisalesjambesettirasursajupepourcachersescuisses.Jen’aimepaslafaçondontilmeregarde,pensa-t-elle.
Maisalors,pourquoisestétonsétaient-ilsidressés.Pourquoisentait-ellecetteétrangesensationdanssonventreetmêmeplusbas?
Entresesjambes?Ellesesentaitpleinedesueur.«Est-cequevousêtesentraind’être…inapproprié,MonsieurDespointes?
-Etsijedisaisoui?
Ilsouritcommeellenel’avaitjamaisvusourire.Ilaimeça.Iladoreça.
-Jediraisque…elleseraclalagorgeetparlaplusfort:Jediraisquevousnedevriezpastireravantagedevotretitrepourmettrequelqu’undansmapositioninconfortable.
-SIvousvoulezqueças’arrête,vousn’avezqu’àledire.»
Ilretournas’assoiràsonbureaunoir.Elledéglutitbruyamment.
Biensûrquejeveuxqueças’arrête.
Lesmotssortirentpresque,maisellen’étaitpassûrequec’étaitcequ’ellevoulaitvraiment.Est-cequ’ArthurDespointesmefaitducharme?Est-cequ’ilmeveutsexuellement?Ouest-cequec’estjusteunjeuperversouilfaittournerlatêted’uneintérimaireetd’enamuseensuiteavecdescollègues?Ellenesavaitplus.Arthuravaitréussiàlaconfondreentièrementenl’espacedequelquesminutes.Ellesoupiraetsecoualatête.«J’ail’impressionquevousêtesentraindejoueravecmoi.
-Unjour,voussupplierezquejejoueavecvous.»
Lemomentousesmotsquittaientsabouche,Rosesentitsonentrejambed’humidifier.Ellen’arrivaitpasàcroirequesoncommentairesoitaussiouvertementsexuel.Etlepireétaitdesavoirqu’ildisaitvrai.
Uneimages’imposadanssonespritd’Arthur,complétementnu,soncorpsmusculeuxsurelle,trempédesueur,seshanchescontrelessienne,laprenant,l’emplissant.C’étaitcommeunevisiondufuturetellefutsouffléeparlarapiditédesoncorpsàyréagir.Cen’estpasentraind’arriver.
LefondateurdeBiomatrixPharmaceutique,lePDG,legéniemultimillionnairequipouvaitavoirn’importequ’ellefemmejusteenclaquantdesdoigtsnepouvaitpaslavouloirelle.Elledevaitsetromper.
Exceptéqu’ellen’avaitpasl’impressiond’êtreconfusedutout.ArthurDespointesétaitbientropclair,etellenesavaitsimplementpasquoifaire.«Etsijedisaisoui?Etsij’acceptais…quevousm’appreniez?dit-elle
-Ditesouietvousverrez.-Oui.»
Laréponsevintsirapidementàseslèvresqu’ellenes’aperçutmêmepasdel’avoirdit.C’étaitcommesiquelqu’uncontrôlaitsoncorps,commesiellen’étaitqu’unemarionnette.Arthursouritànouveau,etellevitlafaimdanssesyeux.«Levez-vous,Rose.»
Tremblante,elleseleva.Soncorpsétaitrecouvertd’unefinecouchedesueur.Alorsqu’elleseregardait,elleremarquaquesestétonspointaientetqu’ilsétaienttrèsvisiblesautraversdesachemise.
Etelleétaitsimouilléequ’ellen’auraitpasétéétonnéesiilpouvaitsentirsonsexedepuisl’autrecôtédelasalle.Çanevapas.C’estdelafolie.
Etpourtant,ellen’allaitpasdénierqu’ellevoulaitcethomme,peut-êtremêmeplusqu’ilnepourraitjamaisluidonner.Soncœurbattaitlachamade.Ilneditrienpendantunmomentetellecommençaàsesentirbête,justedebout.«Est-cequejedoispartir?Est-cequec’estlafindumeeting?
-Non,dit-il.Cen’estqueledébut.Venez.
Elleselevaetsedirigeaverslebureau,montantsurlaplateformesurélevée,remerciantlecieldenepasavoirtrébuchéànouveau.
-Jesuislà.Dit-elle,souriant,sesjouesrougesd’embarras.-Oui.Approuva-t-il,etseyeuxglissèrentsursonvisageetsoncorps.Ellesesentait
complétementdésarméeetnue.-Nousallonscommencernosleçons.Leçonnuméro1,dit-il,Jeveuxquevousmerécitiez
l’alphabetenmoinsd’uneminute,sanserreur.
Ellesourit,Jenesuispassibête,voulait-elleluidire.
Puis,commesiilsavaitcequ’ellepensait,ilparlaànouveau
-Vousleréciterezàl’envers.Nevoustrompezpas,c’estvotrepremierdevoirdit-il.Ceseraitvraimenttrèsmauvais.
Sonsourires’évanouit.
-Oh,àl’envers…marmonna-t-elle,levantlesyeuxauplafondetessayantdesesouvenirdel’alphabetlui-même.
-Commencezmaintenant»,luidit-il,vérifiantletempsqu’ellemettaitsursamontre.
Ellecommençaàréciteràl’envers,lentement,fermantlesyeuxetessayantdesecalmer.Canedevraitpasêtresidur,serépétait-elle.
Maisensuite,Arthurselevaetmarchaverselle,essayantclairementdeladistraire.Celamarchait.Instantanément,elleétaitdistraiteetilétaitbientôtprèsd’elle,l’examinantalorsqu’ellerécitaitl’alphabetàl’envers.
Iltournaitautourd’elle,alorsqu’ellecherchaitlaprochainelettre,etsondoigtglissalelongdesondos,lafaisantfrissonnerdefaçonincontrôlable.«Continuez.Nevousarrêtezpas,quoiqu’ilarrive.
-Ok.Dit-elle»
Elleétaitàlamoitiédel’alphabet.Retournantouelles’étaitarrête,Roseessayaitdeseconcentrer.
Iljouaitunjeuetelleétaitdéterminéeànepaslelaissergagnersifacilement.
Maisplusdeterminéeelleétaitetplusilessayaitdeladistraire.Maintenant,ellesentaitquelquechosesursanuque,peut-êtreseslèvresetellesetroubla.«C’étaitpresqueuneerreur,continuezetfaitesattention,»Murmura-t-ildanssonoreille.Soncorpsétaitbrulant,etellen’yarrivaitplus,perdantsaconfianceenelleetsonattentionsalorsquelemilliardairesexylataquinait.
Ilcontinuaitàtournerautourd’ellealorsqu’ellefinissaitsarécitationdel’alphabet.Elleallaitréussirmalgrésesessaisdeladistraire.
Maisalorsqu’ellearrivaitauxlettresfinales,Arthurfitl’incroyable,s’arrêtantdevantelle.Seslongsdoigtsattrapèrentlepremierboutondesachemiseetl’ouvrit,lehauts’ouvrantlégèrement.
Ilrépétalemouvementsurledeuxièmeboutonetsondécolletésevoyaitetleboutdesesdoigtstouchasapeaunue.
Acemoment-là,elleperditcomplétementsanotiondutempsetmélangealeFetleE.QuisetrompeentreleEetleF?pensa-t-ellefurieusecontreelle-même.
Ellevitqu’ArthurDespointesavaituneexpressionsauvagesurlevisage:«Vousavezratévotretâche.
-J’essaieraisànouveau-D’abordvousdevezpouvoirsupporterlaconséquencedevotreéchec.-Conséquence?Commeunepunition?-Assezdequestion,répondit-ilbrusquement,maintenant,mettezlesmainssurlebureau,Rose.
Etregardezdevantvous.»
Elleréalisaqu’ilvoulaittapersesmainsavecunerègleetellesursautaintérieurement.Maisellesepenchaetposasespaumessurlafroideetduresurfacedubureaucommeilluiavaitdit.
Arthurvintderrièreelle.Ellepouvaitsentirqu’ilétaittoutprès.Soncorpsn’avaitjamaisétéaussiprèsdusienavantcela,etellesesentitrépondreavecundésiraccrud’êtretouchéeparlui.Qu’est-cequ’ilfait?sedemanda-t-elle.
Soncœurbattaitsifortqu’elleétaitsûrequ’ilallaitexploser.«Al’avenir,vousm’appelezMonsieur,ouMonsieurDespointesàmoinsquejen’endécideautrement,Est-cequec’estclair?dit-iletsavoixétaitaustère,commecelled’unprofesseurdonnantuneleçonàunélèvequil’avaitmérité.
Ellesesentitconfuse.-Je…Jesuppose.
Soudainement,ellesentitlapaumedesamains’abattreviolemmentsursesfesses,frappantsonderrièreassezfortpourenvoyertoutsoncorpsenavant.
-VousnesupposezpasRose.Etvousdites«Oui,monsieur»ou«Oui,monsieurDespointes».C’estlabonneréponse.Compris?
Ellesetut,déglutit,avecdanssoncerveauunmélangedeconfusionetd’émotiondiverses.Sesfessesétaientdouloureusesducoupetellenepouvaitpascroirequecelavenaitd’arriver.
Ilvientdemedonnerunefessée.ArthurDespointesvientdemedonnerunefessée.
Sonoutrageétaitpresquecomiquemaiselleétaittoujoursdanslamêmeposition,lesmainsposéessurlebureau,lesfessesenl’aircommepourendemanderplus.
-Répondez-moimaintenant,dit-illavoiximpatiente-Oui,MonsieurDespointes,dit-elle,neréalisantqu’aprèscoupqu’elleavaitgémitsaréponse,
haletantedel’anxiété,delaconfusionetdudésir.-Bien»,luidit-elle.
Ellesentitunemainattrapataillefermementetl’autreglissersousl’élastiquedejupe,etlafaireremontervigoureusement,révélantsaculotte.«Arthur,qu’est-cequetufais?Seplaint-elle
-Jevousaiditcommentm’appeler,c’estencoreuneerreur.
Avecunemain,iltintlajupesurseshanchesetavecl’autre,retirasaculotte.Elleétaitculnul.
-MonsieurDespointes,essaya-t-ellededire,maislavoixluimanquait.
Qu’est-cequ’ilfaitmaintenant?Qu’est-cequ’ilfait?
-Tudoisrecevoiruneautreconséquence»,grogna-t-il.
Ellepouvaitlesentirsepositionnerderrièreelle,seshanchescontresesfesses.
Ilvameprendreenlevrette.
Lapenséeétaitaussieffrayantequ’excitante.Jen’aiencorejamaiscouchéavecunhomme.C’estinsensé.ArthurDespointesvamebaiser.Maculotteestdescendue.
Elleserelevasoudainement,enlevantsesmainsdubureauetremontaimmédiatementsaculotte.«Jenepeuxpas.Jenepeuxpasfaireça.
-RemetstesmainssurlebureauRose,nousn’avonspasfini.
Tremblante,elleluitenutête.-Jeneveuxpasfaireça,luidit-elle.
Etc’étaitunmensonge,ellevoulaitlefaire.EllevoulaitArthurplusqu’ellen’avaitjamaisvoulu
personnedanssavie.
Maiselleétaitaussiplusterrifiéeparluiqueparn’importequiouquoiqu’elleaitjamaisrencontré.-Tuaschoisi,»dit-il,unsourcilrelevécommesiilsuspectaitqu’ellen’étaitpashonnêteavec
lui.
Ellevoulaitimmédiatementsedédire,expliquaitqu’elleavaitjusteeupeurparcequ’ellenesavaitpasjusqu’oùilseraitallé.
Jeremettraismesmainssurlebureau.Jeferaitoutcequetumediras.
Elleétaitfixéeausol,nesachantplusquoidire.
Arthur,lui,remitdel’ordredanssoncostume.Puisilmarchajusqu’àlaporte,l’ouvrantetluifaisantungesteverslasortir.«C’estlafindenotreleçonensemble,dit-il.
Elleregardaitdroitdevantelle,sentantleregretetlapertebeaucoupplusprofondémentqueceàquoielles’attendait.Honteuse,ellenepouvaitmêmepasleregarderalorsqu’ellesortait.
-Jesuisdésolée,murmura-t-elle,sachantqu’ils’enfichait.
Maisalorsquelaporteserefermait,cequ’illuiditfutencoreplussurprenant.
-Vousavezprislabonnedécision,»dit-il,enrefermantlaporte,lalumièredusenseurretournantaurouge.
FINDULIVREUN
