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Milliardaire et séducteur – Gay romance – volume 1 …ekladata.com/PLAWb7LTvx1IhVVnwic7E6loW54/Milliarda... · 1. L'accident La pluie ne cesse d’augmenter en intensité, compliquant

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TeddyOliver

MILLIARDAIREETSÉDUCTEUR

Volume1

1.L'accident

Lapluienecessed’augmenteren intensité,compliquant laconduitede lapetitevoituresurcetterouteétroiteettortueuse,denuit.L’essuie-glaceuniquepeineàbalayerl’aversequisedéversesurlepare-brise.Ilécopel’eauplutôtqu’iln’essuielavitre.Jetentebiendedéchiffrerlarouteàtraverslefaisceau blanc des phares qui éclairent tant bien que mal le goudron inondé et les fossés quidébordent.Jesuisdéfinitivementettotalementperdu.

Mais pourquoi, POURQUOI, ai-je pris cette route ? Pourquoi ai-je écouté Lola et ses idées deraccourcis?

Lemoteurcommenceàpétarader,faisantvibrerlavoituredetoutessestôles,puiss'arrêtenet.Jemerangeprécipitammentsurlebas-côté,touteslumièreséteintes.

Maiscen’estpaspossible!Jesuisenpanneaumilieudenullepartetenpleinetempête!Jesuismaudit,voila,c’estça,jesuismaudit!

Jetournedeuxoutroisfoislaclefdecontact,maisrienneseproduit.Lespharessontéteints,plusdewarningsnideradio.Là, jesaisquejesuisdanslepétrin.Autantsedécideràaffronter lapluiepourallerouvrirlecapot…Commesimesmaigresconnaissancesenmécaniqueallaientm’aideràmesortirdecemauvaispas!

Jesuispenchésurlemoteur,tentantdedéchiffrerl’embrouillaminimécanique,quandunvéhiculestoppe à ma hauteur. C’est une grosse voiture de luxe. La vitre du côté passager descend, leconducteursepencheenavantpourm’interpeller.

–Besoind’aide?–Jenesaispascequisepasse,plusriennemarche.–Jevaisjeteruncoupd’œil.

C’estpeut-êtremonjourdechance,aprèstout?

Lagrossevoituresegareunpeuplusloin.Leconducteurendescend,iltentedes’abritersousunevesteen la tenantau-dessussa têteetarriveencourant. Ilsepenchesur lemoteur,couvertparsonvêtement posé sur la tête comme une grande capuche. Une bouffée de parfum masculin arrivefugacementàmesnarines,unesenteurenvoûtante.

–Jedoisavoirunelampedepochedanslecoffredemavoiture,dit-il.

Sur ces mots, mon sauveteur repart en courant vers son véhicule pour fouiller dans lecompartimentàbagages.Unmoteursefaitentendreauloin,malmenéparunconducteuragressif.Lapluiemecingleledosetjecommenceàavoirfroid.Monattentionestdétournéeparleretourdemondépanneur, une lampe torche à lamain. Jeme redresse alors, surpris par le bruit d’unmoteur quisemblemaintenanttoutproche,pourvoirdeuxgrospharesquinousfoncentdessusàtouteallure.J’ai

justeletempsdetirerenarrièremondépanneuretdel’entraîneravecmoidanslefossépleind’eau.L’autrevoitureheurtemonvéhiculeenpanne,puis,dansungrandcrissementdefreins,s’immobilise.Noussurgissonshorsdel’eauglacée,justeàtempspourvoirl’autofollefaireunemanœuvreetfileràtouteallure.

Sousl’effetduchoc,mavoiturecommenceàroulertouteseuleetsuitlapentedelaroute.Nousramponsdanslabouepournousextirperdufosséetpartiràlapoursuitedelafuyardequiprenddeplusenplusdevitesse.Danslevirage,ellecontinuetoutdroitetbasculedanslefossé.Jel’aperçoisensuitepoursuivresacoursefolleàtraversunjardinqu’elledévaste,pourfinirpartomberdansungrosruisseau.Aubordducoursd’eaubouillonnant.Nousnousarrêtonsnet.Jesuistellementatterrépar ce spectacle quemon seul réflexe est deme tenir la tête à deuxmains, abasourdi.Maismoncompagnond'infortune, aussi essoufflé quemoi, s’assoit dans la boue et commence àmontrer lessignesd’unehilaritéirrépressible.Ilglousseetfaitéclaterunriresonore.

–Jenevoispascequ’ilyadesidrôle.–Excusez-moi,dit-ilententantderéprimersonrirequirepartdeplusbelle.–Vousvousrendezcomptedelasituation?–Jesuisdésolé.

L'hommesetapesurlesgenoux,agitédesoubresautsprovoquésparsacrisederire.Jen’aijamaisvécuunechoseaussidingue…Jem'accroupisengémissant.Pourl’instant,jenesensplusl’eauquime dégouline sur le dos, je ne vois que la montagne d’ennuis qui se profilent à l’horizon. Moncompagnondegalèresecalmeetmepressedoucementl’épaule.

–Venez,laissonstoutceci.Ilferajourdemain,etnousneferonsriendeplusàcetteheure.Jevousamènechezmoipourvoussécher.Jecroisquevousavezgrandbesoinderéconfort.

–Maismavoiture…–Ellen’irapasplusloin.Vousêtestransidefroid,iln’estpasraisonnablederesterici.–Etlepropriétairedujardin?Jevaisluidirequoi?–Vousverrezçademain.S’ilvousplaît…venezmaintenant.

Lamortdansl’âme,jesuisl’inconnuenretraversantlejardin.Leretourverslavoitureestrendupénible par l’herbe détrempée qui est aussi glissante que de la glace. Nous chutons à plusieursreprises. Je constate, désolé, les dégâts commis par ma voiture. Je n’ose pas me lamenter devantl’inconnu.Lesexplicationsquejevaisdonneràl’assuranceneserontsûrementpassimples.

Maculésdeboue,nousparvenonsenfinauvéhiculede l’inconnuquiattendsagementsur lebas-côté. C’est une voiture de très grand luxe et, contrairement à son propriétaire, j’hésite à m’yengouffrer.Leconducteur,lui,netergiversepas,malgrésonétatpitoyable,ets’assoitsurlefauteuilencuirblanc.

–Hébien!Qu’attendez-vouspourmonter?–Jenesaispas,jesuisbientropsalepour…–Montez,jevousdis!

J’obéiscommeunpetitgarçonprisenfaute.Jemelaissetombersurlecuirdumoelleuxfauteuil.

Lavoituredémarreaussitôtetfoncesurlaroutedétrempée.Je cherche àdeviner lamarquede la voiture, lorsque je constate que je suis en trainde créer uneflaquesurlamoquette,autourdemespieds.Jelâcheungémissementdedésespoir.

–Jesuisentraindem’endetterpourlesvingtprochainesannées!–Pourquoidites-vouscela?–Maisregardezcequejefaisàvotrevoiture!Lamiennevientdedévasterunepropriétéet,là,je

suisentrainderendrelavôtreimmonde.–Cen’estrienquedel’eau,çavasécher.–Jesuisquandmêmedansunemisèrenoire.–Non,dansuneBentleybleue.–OhmonDieu!

Jesuisfoutu.

L’annoncedelamarquedelavoitureaugmenteencoremondésespoird’étudiantfauché.Commentpourrais-jeremboursertouscesdégâtsavecmesmaigresrevenus?Malgrélechauffagepuissantdelavoiture,jefrissonnedefroidetdefatigue.

La Bentley s’arrête devant une grande grille dont l’ouverture se déclenche à l’approche duvéhicule. La voiture pénètre dans une allée bordée de grands arbres et stoppe devant l’imposantescalierenpierred'unevastedemeureRenaissance.Monhôtem’entraîneencourantdanslebâtimentetnousnousretrouvonsdansunimmensehalld’entrée.Ungigantesquelustreàpampilleséclairelapièce.Je vois enfinmon sauveteur en pleine lumière. Il est plus jeune que je ne le pensais, il doit avoirenviron 30 ans, peut-êtremême un peumoins. Il est grand et athlétique, ses cheveux sont noirs etbouclés.Sestraitssontréguliers,sesyeuxd’unbleud'azuretsonsourirefrancilluminentsonvisage.Sesvêtements,maculésdetachesdeboueetdétrempés,moulentlamusculatured’ungrandsportif,aucorpstoniqueetferme.

Alorsquejedétaillecethommesisexyquivientdemesauver,unautrehommed’unesoixantained’années,encostumegrisfoncé,arrivepresqueencourantpournousaccueillir.

–Monsieur,maisques’est-ilpassé?Vousêtesdansunétatépouvantable!Et l’amidemonsieuraussi.

–Albert,jevousraconteraitoutçademain.Pourlemoment,pouvez-vousnouspréparerquelquechose de chaud ? Un grog serait une bonne idée. Nous allons monter nous changer, auriez-lagentillessederécupérerleshabitsde…jeréalisequenousnenoussommespasprésentés!

–Nathan,dis-jeintimidé.–Elliott.EnchantéNathan.

Lapoigneestfermemaissansexcès,d’unedoucechaleur.

–EnchantéégalementElliott,etmercivraimentpourtout.–Venez,montons.

Lamaisonsembleimmense.Elliottm’entraînedansl’escalier,puisàtraversdelongscouloirsauxnombreusesportesetdécorésdetableauxcontemporains.Elliottouvreladernière.C’estunbureauaumobiliersobreettrèsmodernequicontrasteavecleparquetrecouvertdetapisépaisetanciens,auxcouleurs chaudes. Je suis toujours Elliott qui traverse la pièce et ouvre la porte d'une chambremeubléed’unimmenselitetd’unécrangéantsuspenduenfacedelui.Enfin,nousarrivonsdansungranddressingremplidecostumes,vêtementsetchaussures.

–Nousdevonsfaireàpeuprèslamêmetaille,affirmeElliottenattrapantunjeanetunchandailsurlesétagères.

Alorsquej’allaisleremercier,unevoixfémininesefaitentendre:

–Elliott,monchéri,oùes-tu?–Jesuislà,Juliette,dansledressing.

Noussommesrejointsparunefemmedanslacinquantaine,minceeténergique,lescheveuxcourtsetroux,àl’alluresportiveetdécontractée.

–Albertvientdemedécriretonarrivée,tuaseuunaccident?–Pasdutout.C’estNathanquil’aeu.–JeprésumequeNathanestcejeunehomme…–Oui,bonsoirmadame.–Appelez-moiJuliettecommetoutlemondeici…maisçan’apasl’aird’allertrèsbien.Elliott,ce

garçon est en état de choc et toi tu le fais courir dans toute lamaison…Venez avecmoi, je vaism’occuperdevous.

–Non,çava,jevousassure.–MonpauvreNathan,vousn’êtespasde taillepour luttercontreunedécisionpriseparJuliette,

s'amuseElliott.

Juliettes’emparedesvêtementsetprendd’autoritémamainpourm’entraînerderrièreelle.Jelasuisdocilement,tropfatiguépourrésister.Juliettem’emmènedansunechambrevoisineetfiledansla salle de bains contiguë pour faire couler un bain. Elle pose un peignoir blanc au bord de labaignoire.

–Voilàmonpetit.Avez-vousbesoind’aide?JepeuxdemanderàAlbertdemonter.–Non,mercimadame…–Juliette!Sivousmeditesencoreunefoismadame,jevousnoiedanslabaignoire.–OuiJuliette.–Ensuite, couchez-vous.Àvotreminededéterré, jevoisbienquevousavezbesoindedormir.

Elliottmeraconteravosaventures.–Merci,Juliette.– Bien ! Y a-t-il quelqu’un à prévenir de votre accident ? Une petite amie ou votre mère par

exemple.–Non,mamèreestloinetçaneferaitquel’inquiéter.Jesuisungrandgarçon.–Vousditestousça,mais…elles’interromptuninstant,songeuse.Bref,bonnenuitNathan.

Ellemelaisseseul.Jemetraîneverslasalledebainoùj’aipresqueunchocenmevoyantdanslegrandmiroirquioccupetoutunpandemur.Lescheveuxenbataille,décorésdefeuillesmortes,letee-shirtdéchiré,jesuiscouvertdeboueetdetaches.Jeréalisequemontéléphoneportablesetrouvedanslapochedemonblouson.Malgréunbainforcé,l’appareilfonctionneencore.Jemeprendsenphotodanslagrandeglaceetl’envoieenSMSàmesdeuxamis,SimonetLola.Jemerendscomptequemoncorpsmefaitmal,conséquencedeschocspendantlacoursepoursuite.Unefoisdéshabillé,je me laisse glisser dans l’eau chaude et me détends. Je tente d’organiser mes pensées encoreconfuses.

Commentvais-jemesortirdecettemontagned’ennuis?…IlestbizarrecetElliott,jenesaispas…Cette salledebainestgéniale…C’estquipar rapportà lui, Juliette?QuandmêmeuneBentley…C’estpeut-êtreuntrafiquantouunhéritier,oubien…

Letéléphonebourdonnesurleborddelabaignoire.UnSMSdeLola:

«Qu'est-cequisepasse?»

Jecomposesonnuméro.Monamiedécrochedesuite.

–Tuvasbien?–J’aieuunaccidentenrentrant.–Quoi?Bon,tuesenétatdeparler,c’estdéjàça.Tuesentier?–Oui,maisjenepeuxpasendireautantdelavoiture.–Maisqu’est-cequetuasfait?–Moi rien, enfin si… Je suis tombé en panne, puis il y a eu l’accident,mais pas à cause de la

Bentley,etmavoitureaterminédansunravinaumilieuderosiers…–Maisoùes-tu?–Jenesaispasaujuste,chezElliott.–Elliott?QuiestElliott?–Jenesaispas.–Maisqu'est-cequeturacontes?J’appellelapolice.–Non,non,çava,jet’assure.Elliott,c’estlepropriétairedelaBentley.Jesuisdansunedessalles

debainsdesamaison.Immensed’ailleurslabaraque,tuverraisça!–Tuessûrqueçava?Tum’inquiètes,Nathan.–Promis,toutvabien,netefaispasdesoucipourmoi.–Bon…jet’appelledemainmatin.–Merci!BonnenuitLola.

Jereposeletéléphoneetgoûtelesilence,immobile,meforçantàrespirercalmement.Unefeuillemorteflotteàlasurface,sûrementlaisséeparmescheveuxdanslebain.Onfrappeàlaportedelachambre.C’estElliottquis’annonceetentresansattendrelaréponse.

–Toutvabien,Nathan?–Oui,j’arrive,uninstants’ilvousplaît.–Prenezvotretemps,j’aimontéungrog,jevousattends.

Jesorsdubain,presqueàregret.J’enfilelepeignoiretregagnelachambreoùmeshabitssalesontdisparu.Elliott est assis sur le canapé quimeuble un coin de la vaste pièce. Pieds nus, il porte unkimono d’un bleu profond qui fait ressortir ses yeux. Je le vois au naturel pour la première foisdepuisnotre rencontre. Je suis frappépar sabeautéet sonassurance tranquille,mélangedevirilitésimpleetdedécontraction.Elliottmetendunverreetlèvelesienpourporteruntoastettrinquerànotre rencontremouvementée.Laboissonest forte etbrûlante.Unechaleur confortablem’envahit,maisrapidementl’alcoolmemonteàlatêteetjesenssoudaincommedescoupssousmoncrâne.J’ailatêtequitourneetuneimmensefatiguemetombebrutalementsurlesépaules.Elliotts’enaperçoitetm’aideàm’extrairedemonfauteuil.Doucement,ilm'entraîneverslelit,sansquejerésiste.Ildéfaitlaceinturedupeignoiretmel’ôte;lepeignoirglisseparterre.Docileetnu,jem’allonge.Elliottmerecouvreaveclesdraps.Ladernièrechosedontjemesouviensavantdesombrerdansunsommeilprofondestl’étrangegested’Elliott,unefurtivecaressesurmajouedureversdesonindex.

2.Unretourremarqué

Lebourdonnementduportablemetiredusommeil.Àmoitiésortiducoma,jevoislevisagedemoncopainSimonquis’affichesurl’écran.

–Nathan?Tuesréveillé?–Maintenantoui.–Ah !Monsieur est chafouincematin…Lolam’a tout racontéhier soir.Commentvas-tu faire

pourrentrer?Veux-tuqu’onviennetechercheravecLola?–Jenesaispasencore.Jenesaismêmepasoùjesuis,alorssavoirsitudoisvenirmechercher…–Etsituétaistombéchezuntueurpsychopathe?–Iln’enapasl’air.–Ilsn’enontjamaisl’air,c’estçaleurforce!–Vousdevriezarrêterderegarderdesnavetsàlatélé,Lolaettoi.–Ok!Ok!Bon,turentresquand?–Jenesaispas.Sij’aibesoindevous,jevousappelle,promis.–D’accord,àplustard!

Assisdanslelit,jemerepasselefilmdelasoiréed’hier,enrésumécommedanslessériestélé.Jepasselamaindansmescheveuxcommepourgommerdemonespritl’imagedemavoiturefichue.Albert, lemajordome, frappe à la porte et fait son apparition, portant ungrandplateaugarni d’unpetitdéjeunerqu’ildéposesurlatablebasse.Ilsemetàchantonner,ramasselepeignoirtoujoursparterre,ouvrelesrideaux.Ilm’agaceunpeu,maisjem’efforcedefairebonnefigure.C'estlamoindredeschoses.

–Monsieurafaitensortequevotrevoituresoitrécupéréedanslamatinéeetdéposéeaugarageduvillage.Lemécanicienesttrèssérieux,soyezsanscraintes.

–Vousêtesaucourantpourlejardin?–Laissezfairemonsieur.Ilvaarrangerça.–Maispourquoifait-iltoutçapourunparfaitinconnu?

Albert se retourne pour répondre, restant un très court instant la bouche ouverte, et se raviseaussitôt.Ilsecontentedesourireenquittantlapièce.Labonneodeurducaféchaudmetiredulit.Jemelèveetenfilelepeignoir.JesuisentraindeboiremoncaféquandElliottfaitsonapparitiondansl’encadrementdelaporte.IlporteunjeanetunpullcolVbleuquifaitressortirsonbronzageetsesyeux.

–Albertvientdemedirequevousétiezréveillé.Biendormi?–Oui,grâceaugrogsûrement,dis-jetimidement.–J’aidûvouscouchercommeunenfanthiersoir.–J’aiunpeuhonte…–Pourquoi?C’étaitcharmant!Vousavezsombrédesuitedanslecoma.Unvraisommeildebébé.

Elliottseposedanslefauteuil,faceàmoi.

–J’ail’impressiond’êtreunecalamitévivante.Jenevouscausequedessoucis!–J’aiconnudessoiréespluscalmes,effectivement,maisbeaucoupmoinsamusantes.–Etvousfaitesçasouvent?–Couriraprèsdesvoituresfollesouhébergerunjeunehommeauborddelapneumonie?C’est

nondanslesdeuxcas.Satisfait?

Ilsourit,gentimentamusé.

–Mercibeaucoup.–Bon,habillez-vous,nousallonsvoirvotrevoiture.Lemécanonousdirasielleestrécupérable.

Je me lève et quitte le peignoir pour enfiler le jean et le léger chandail prêtés par Elliott. Cederniernemeregardepasdirectementmedévêtir,maisneperdpasunemietteduspectacledansunmiroir qui lui renvoie mon image. Quand je croise son regard dans la grande glace, le sourireindéfinissablequiornesonvisagemefaitrougirjusqu’auxoreilles,terriblementembarrassé.Elliotts’aperçoit du trouble qu’il provoque chez moi. Il change d'expression et affiche une attitudebienveillantequimerassure.

–Hiersoir,j’étaisvraimentperdu.Enpanneettotalementpaumé,lacatastrophetotale!–Ehbien,tantmieuxsij’aipumerendreutile.Maisn’oubliezpasquevousm’avezévitéd’être

coupéendeuxparlechauffard.Jevoussuisdonctoutaussiredevable.–Matchnulalors?–Onpeutdireçacommeça.Voilàceque jevouspropose, jevousconduischez legaragisteet

ensuite jevousdéposechezvous. J’aiunnouvelenginquinedemandequ’àêtreétrennécematin,qu’endites-vous?

–Jenevoudraispasm’imposer…mais…d’accord!–Voussavezquec’estpéniblecettemanied’avoirpeurdedérangerenpermanence?Si jevous

invite,c’estqueçamefaitplaisiretquej’enaienvie,dit-il.

Ilm’entraîneaudehorsdesonimmensedemeureendirectiond’unegrandegrangeaménagée.

–Venezquejevousmontremondernierjouet.–Vousn’êtespasunpeugrandpouravoirencoredesjouets?

C’estunefortevoixfémininequimerépond:

–LeshommesnegrandissentjamaistoutàfaitcomplètementetElliottpasplusquelesautres.

C’estJuliettequinousrejointàgrandesenjambéesénergiques.

–Bonjourlesgarçons.

Ellenousfaitlabisel’unetl’autre,sansfaçons.

– Tu vas luimontrer ta collection ?Vous allez voir çaNathan, une véritable passion de grand

enfant…Bref,déjeunerez-vousici?–Non,jeramèneNathanchezlui.

Elliott pose un baiser amusé sur le front de Juliette en soupirant comme un enfant excédé. Ilactionneunetélécommande,etlesdeuxlourdsvantauxdelaportes’écartentlentement.Derrièreeux,desnéonssemettentàclignoter,puiséclairentl’intérieur.Jedécouvreunedizainedevoitures,toutesplus rutilantes les unesque les autres.L’uned’elles est garéedevant les autres, un cabriolet rougefoncé,àlacapotebeigedépliée.Sesroueschroméesàrayonsluisentdoucement.Elliottesttoutàlacontemplationdecettevoiturequ’ilflattedelamaincommeunanimalfamilier.Ilseglissederrièrelevolant.Lemoteurtoussequandillefaitdémarrer,gronde,puisronronnecommeungroschat.

–Alorsqu’enpensez-vous?–Elleestmagnifique,mêmesijen’aiaucuneidéedecequec’est.–UneAstonMartinDB2/4de1954.

Je fais mine de m’intéresser à cette voiture, mais j’essaie surtout d’imaginer combien d’autoscommelamiennejepourraisacquérirpourleprixdecebolide.

–Montez.Onyva.

Lavoitures’engagesurlegravierquicrissesouslespneus,puisempruntel’alléepourejoindrelaroute.Unefoissurlegoudron,Elliottaccélèreprogressivementl’allure.Ducoindel’œil,j’observeleconducteurquiaoubliésonpassager,toutàlaconduitedesonengin.Leventfaitvolersescheveuxbrunsquiflottentaugrédesremousd’air.Lecabrioletroulevitemaintenant,frôlantlesbas-côtés;lespneuscrissentdanslesviragespristropvite.Jemecramponneàlaportière,unpeueffrayéparlavitesse.Elliottstoppedevantunpetitgaragedecampagneoùmavoitureestgarée,dansunpiteuxétat.La carrosserie est très abimée, surtout la porte du coffre qui a encore des morceaux de rosierscoincésautourdel’ouverture.

– Ne vous faites pas trop d’illusions, m’sieur, y’a rien de récupérable là-d’sus, m’informe legaragiste.

–Elleestfichue?–Àmonavis,complètement.–Vousêtesbienassuré?–Auminimum.–Pasdechance.

Je sens l’amicalepressionde lamaind’Elliott surmonépaule.Moncerveau tented’analyser lasituationpourtirerdesconclusionsquejenetrouveguèreréjouissantes.

–Commentallez-vousfaire?–Jenesaispas.Maisbon,iln’yapasmortd’hommecommeondit.–Allez!Envoiture,jevousemmèneàlafac.

L’AstonMartinreprendsonchemin,empruntantdesroutesqu’Elliottparcourttambourbattant.Lavitesseetleventfinissentparmegriser.J’enoubliepresquemesennuis.Latêteenarrière,jeregarde

lesoleil luireenéclairsblancset jaunes,entre lesfeuillesdesarbres.Jesens lamachinevibrer,secabreraugrédesmanœuvresduconducteur.Jeleregardelutteraveclegrandvolantenbois,changerde vitesse d’une poigne ferme, chacun de ses gestes sollicitant samusculature. Cette voiture rendElliottencoreplusviril.Jemesurprendsàletrouverbeauentraindemeneràtouteallurecevéhiculesi spécial.Normalement, jedevraisavoirpeur,mais l’assurancedupiloteme rassure. Jeme laisseporterentouteconfiance,mêmelorsquelespneusmanifestentleurdésaccordd’êtreainsiunpeutropmalmenéssurlegoudronouqu’undépassementsefaitdefaçontropsportive.Jemerendscomptedel’instant rareque jevis.Unmomentuniqueque jeneconnaîtraispeut-êtreplus jamais.Lebruitdumoteuretduvents’estompebizarrement.Elliottmelanceuncoupd’œiletmesurprendentraindel’observer.Ilmesourit,illuminéparleséclatsfugacesdusoleil.Uninstantdemavieensuspens.

Notre arrivée sur le campus ne passe pas inaperçue avec le grondement sourd du moteur ducabriolet qui fait retourner les têtes. La voiture stoppe devant l’entrée de mon immeuble. J’endescendsettendslamainpoursaluermonchauffeurquilaprend,unsourireamuséauxlèvres.

–Jesensquevousallezencoremedire«Merci»ouuntrucdugenre,jemetrompe?–Non…–Paul,monsecrétaire,setiendraaucourantpourvotrevoiture;ilvousappellera.–Etvous?–Moi?Jedoisyaller.Bonnechancepourlasuite.

L’AstonMartindémarreentrombe,laissantmaquestionsansréponse.J’entendsunevoixfémininedansmondos.Lola.

–Ben,disdonc,Nathan,t’aspaschoisileplusmochenileplusfauchévisiblementpourteservirdechauffeur.

–Qu’est-cequeturacontes,Lola?–Tu l’as trouvé dans les pages hommes deVogue ? Lemec le plusmignon d’archi qui se fait

ramenerparuntypecanon…Forcément,çaparleàlacélibatairequejesuisencemoment.

Ellem’agaceavecsoncôtéchasseresse,parfois!

Je tourne les talons, entre dans le bâtiment, monte quatre à quatre les escaliers pour enfinm’engouffrer dans l’appartement. Simon, mon colocataire, est là, vêtu d’un caleçon aux fleurséclatantescontrastantavecsapeaumétissée,degrosseschaussettesetd’unbonnetdelaine.Ilsetientdeboutdevantlefrigo,dévorantàmêmelepotsacrèmeglacée.

–Ah!Tevoilà!Tut’assois,tunebougesplus,jetefaisuncafé,j’appelleLolaettunousracontestesdernières24heures!

–J’adoreêtreaccueillichaleureusementchezmoiparmonmeilleurami.

Quelquesinstantsplustard,Lolafaitsonentrée.Ellem’inspected’unœilscrutateur.

–Tudisparais quasiment un jour, tu reviens sans ta voiture, habillé façonmannequin et escortéd’untypebeauàtomberquiconduitunesupervoiture;doncsoittunousdiscequis’estpassé,soitjetetorturejusqu’àobtentiond’aveuxcomplets.

3.Perdu

Jenesaispastropparoùcommencermonrécit.Ilmefautunmomentpourrassemblertouteslespièces du puzzle. Bizarrement, certaines ne m’apparaissent que maintenant. Lola trépigne presqued’impatience,tortillantnerveusementunemèchedesesbouclesblondesautourdesonindex.

–J’aicroiséAurélie,quit'aaussivuarriver.Jetepréviens,dansdeuxheurestoutlecampusestaucourantdetonarrivée!Bon,c’estquicetype?

–Queltype?,demandeSimondepuissonfauteuiloùils’estenroulédansunplaid.

Je commence à leur raconter cette nuit pas banale, essayant de n’omettre aucun détail. Je gardeseulementpourmoil’épisoded’Elliottmemettantaulit.Etsesregardsdanslemiroiraussi…

À la fin du récit, Simon, ébahi, déclare que cette histoire est folle. Lola a cessé de tortiller samèchedecheveux,laissantsongesteensuspens,lesyeuxécarquillés.Tousdeuxmeregardentavecunmélanged’incrédulitéetdestupéfaction.

–Donc,sijerésume,tuasbousillétavoiture,unjardinetuneRollsdanslamêmesoirée.–NonSimon,uneBentley.–C’estpareil.–Etencorequelessièges.–DessiègesdeBentley,çavachercherdanslescombien?–Sûrementplusquetunepourrasjamaispayer!,intervientLola.–Voussavezpourquoivousêtesmesamis?Parcequevoussavezmeremonterlemoral.Mercide

votreaide!–Soisréaliste,Nathan!–Lepire,c’estquejeneconnaismêmepassonnom!Justesonprénom.–C’esttouteladifférenceentrelesgarçonsetlesfilles,meschéris.Moi,àlaplacedeNathan,je

sauraisdéjàtoutdesafamille,sadatedenaissanceetlenomdesabanque!–Nathanestmoinsvénalquetoi,Lola.– Tiens, jeme dévoue pour aller chercher des pizzas, vu que l’un n’est toujours pas habillé et

l’autrepasremisdesesémotions.Allezhop!Paricilamonnaie!

L’argentrécolté,Lolasort.Nousrestonssilencieux.Simonesttoujoursenveloppédanssonplaid.Jemesensscrutéparleregardbrundemonami.

–Qu’est-cequ’ilya,Simon?–Tuvaslerevoir?–Qui?Elliott?–Oui.–Pourquoitumedemandesça?–Commeça.Jenesaispas.

Pourquoicettequestion?Maismoiaussi,j'aimeraisbienlesavoir…

Simonserelèveetquittelapièce,melaissantseulavecmespensées.L’imaged’Elliottconduisantlecabrioletsouslesoleilmerevientsanscesseentête.Toutestgravédansmamémoire.Lepullquejeportedégageuneboufféeduparfumd’Elliott.J’aimel’idéed’avoircetteodeursurmoi.Lola rentre avec les pizzas, m’arrachant à ma rêverie. Mes aventures reviennent au centre de laconversation.Lolaest trèsexcitéeàl’idéequejepuissecroiserlarouted’unhommeapparemmentpuissant.Labouchepleine,ellemequestionnesansarrêt.

–Cegarsestvisiblementtrès,trèsriche.–Oui,peut-êtremêmeplusqu’onnesel’imagine,renchéritSimon.–Sansdoute.–Tuauraistortdetefairedusoucipoursabagnole,iln’estsûrementpasàunfauteuilprès.–C’est unequestiondeprincipe, je n’ai pas été élevépour laisser desdettes…Mesparentsme

tueraients’ilssavaientquejefaisunechosepareille.

Lola se lève soudainement pourprendre l’ordinateurportabledeSimon, qui proteste contre lestracesdedoigtsgrassesquelajeunefillevalaissersurl’appareil.

–Simon, lanceGoogleEarth s'il teplaît.Nathan, te souviens-tuàpeuprèsde l’endroitoù tuestombéenpanne?EtdoncoùsesituelamaisondetonElliott?

–Cen’estpas«mon»Elliott,maisoui,jecroismesouvenir.

MonElliott?

–Bien,alorsmontre-nous.

Rapidement,lelogiciellocaliselarésidenced’Elliott.Vudehaut,ondevinequec’estbienplusunchâteauqu’unesimplemaison.Lescontoursde lapropriétésontbiendéfinissur laphoto ;elleestimmenseavecunparcboisé,plusieursbâtimentsdontlefameuxgarage,deuxtennis,unepiscineavecunpoolhouseattenant.

–C’estàpeinepluspetitqueDisneyland,s’exclameSimonenrefermantl’écran.–Nathan,tuesunami?,demandeLola,unvéritableami?–Oui,enfin,fautvoir,toutdépenddecequetuvasmedemander,parcequejesensquetuvasme

demanderquelquechose!––IlfautquetumeprésentesàElliott!Ilseraitcriminelpourmonavenirdelaisserpasserunmec

pareilsanstentermachance,dit-elleenriant.–MaisLola,jenesaispass’ilestcélibataire!Jenesaismêmepass’ilesthétéro!–Tiensparexemple!Maispourquoidis-tuça?Qu’est-cequitefaitcroirequ’iln’estpaspourune

bellefillecommemoi?

Maisqu’est-cequejeraconte?Maispourquoijedisuntrucpareil?Ohbonsang!

Jedoismedépêcher,avectoutescesaventuresj’enoublieraispresquelescours.Àpeineai-jemisunpieddansl’amphiquemonportablesemetàvibrer.Numéroinconnu.

–MonsieurBelin?–Oui.–IciPaulLescar,lesecrétairedeM.Newton.Jeviensversvouspourvousinformerdesdécisions

deM.Newton,ainsiqu’ilmel’aréclamé.–Elliott,vousvoulezdire?–Oui,M.ElliottNewton.–Quellesdécisions?–M.Newtonm’ademandédenégocierunarrangementauprèsdupropriétairedu jardin ;notre

assuranceprendraenchargelesdégâtsquevousavezcausés.–C’esthorsdequestion!–M.Newtonpensesûrementnécessairedevousrendreceservice.–Pourquoifait-ilça?–Ilnem’appartientpasd’estimerl’opportunitédesdécisionsdeM.Newton.–Ilnem’apastenuaucourantnonplus.–Vous devriez plutôt apprécier la chance qui vous est offerte et vous estimer heureux d’avoir

croiséM.Newton.Jepensequ’ilad’excellentesraisonsd’agirainsi,nepensez-vouspas?–Quellesraisons?–M.Newton vous expliquera tout ceci demain. Il vous attend au restaurant «ChezGratien » à

12h30.Ilcomptesurvous.–Bien.J’yserai.–Bonnejournée,M.Belin,ravid’avoirpudiscuteravecvous.

Unpeuestomaquéparcetteconversation,jecherchedesyeuxLolaouSimonpourmeconfieràeuxetsavoircequ’ilspensentdecettenouvelle,maisilssontdéjàinstallésdansl’amphi.Jechoisisunsiègeenhaut,aufondetleurenvoieunSMSàchacun,résumanttrèsbrièvementlaconversationavec Paul Lescar. Je les vois recevoir le message sur leur tablette et se concerter. Lola se met àpianoter.Saréponsearrivesurmonappareil.Elleaussiesttotalementincrédule.

L’appeldePaulLescaroccupemonespritetm’empêchedemeconcentrersurlecours.Letondecet homme était froid, et je suis persuadé qu'il recelait une certaine animosité, empreinte dereproches.Jedoisprévenirmesparentsetlefaireenprenanttouteslesprécautionsnécessairespournepaslesaffoler.Jesorsetm’installesurunbanc.Mentalement,jetâchedetrouverlesmotsjustes.Message sur le portable de mon père. Je fais un récit succinct de mes aventures pour ne pasl’inquiéterinutilement.

Deretourdansl’amphithéâtre,lasallesevidedesesétudiants.Simonmerejoint,toujoursaffublédesonbonnetdelaine.Ils'installesurlachaiseàcôtédemoi.

–Tuasl’aird’unzombie,Nathan.–Jesuisunpeusecoué,c’esttout.–Onvasortircesoirpourtechangerlesidées,qu’enpenses-tu?Ilparaîtqu’ilyaunnouveaubar

envilleavecundjsupercool.–Bonneidée.

Plus tard, seuldans l’appartement, je tentede travaillerà lamaquettedemonprojetd’études. Je

n’arrivepas àmeconcentrer. Jepenseplus àElliott qu’au reste.L’attentionqu’il aportée surmoilorsque je m’habillais occupe mes pensées. Je suis troublé. Ce n’était pas un simple coup d’œil,comme j’en ai si souvent perçu entre coéquipiers au rugby. Non, c’était plus intense. Pourquoim’examinait-il avec autant d’attention ? Jeme secoue pour chasser tout un tas d’idées que je jugeidiotes,maisaufuretàmesurequeletempspasse,jesensunregardimaginairecourirlelongdemacolonnevertébrale.Jemeretournepourvérifierquejesuisbienseuldanslapiècetantlesouvenirduphysiqued’Elliottestprégnant.

Jesuisentraindedevenirfou,j’aideshallucinations!Maisqu’est-cequ’ilm’arrive?

Jedécided’allermepasserlevisagesouslerobinet,danslasalledebain.Lafraîcheurdel’eaumeravivelesidées.Appuyécontrelelavabo,jefixemonimageauvisagedégoulinantdanslemiroir.Jem’inspecteavecattention,l’arcdessourcils,lesyeuxgrisbleu,lestachesderousseurquiessaimentsurmonnezdroit,leslèvrescharnuesd’unrosemat.Jebalayemescheveuxblondsenarrièrepourdégagermonfront.Jepoursuismoninspectionenfaisant jouermamusculatureà traversmontee-shirt.Jefaisgonflermesbiceps,meredressepourfaireressortirmespectoraux.Jenem’étaisjamaislivréàuneinspectionaussinarcissique.

Est-ceque je suisbeau?C’estcequedisent lesautres,mais jen’yavais jamaisprêtévraimentattentionjusque-là…

J’ensuislàdemespenséesquandSimonentredansl’appartement.Ilmeramèneàlaréalitéenmedemandantsijesuisprêtpourallerfairelafêtecesoir.

Trois heures plus tard, nous sirotons unmojito en terrasse de ce nouveau bar. La conversationtraîne gentiment sur les études et les filles, l’avenir professionnel et quelques ragots sur lescamaradesdecours.Pourunefois,Simonadélaissésonbonnetdelainepourlaissers’épanouirsonexubérantecoiffureafro.

–MaisElliott,tuasuneidéedequiilest?–Franchement,non.–Ettun’aspasenviedesavoir?–Pourquoifaire?Jesauraisansdoutedemain…–Tuvasalleràsonrendez-vous?–Oui,j'aiunedetteenverslui.–Jenesaispasmoi, ilmesemblequesi jecroisaisuntypepareil, jevoudraissavoirqui ilest,

d’oùilsort,tout,quoi!–Etcelameserviraitàquoi?–Probablementàrien,justeàsatisfairemacuriosité.–Tacuriosité,paslamienne!,dis-jeeninsistantbiensurlespronomspossessifs.

Unpeutroppeut-être…

Nous rentronsàpied,marchant tranquillementdans les ruesdésertes.Simon revientà lachargesurElliott.Ilnecomprendpasmonmanquedecuriosité.Jeneluirépondspas.

Plus tard, je tourne et retourne dans mon lit, le sommeil tardant à venir. Encore une fois, lesouvenird’Elliottmerevientàl’esprit.J’ail’impressionqu’ilestlà,derrièremoi,entraindedéfairelepeignoir.Etj’enéprouveuncertainplaisir…

4.Lerendez-vous

Le lendemain, je quitte précipitamment mon job à mi-temps au magasin de sport pour être àl’heureaurendez-vousavecElliott.Machef,MmeLubrun,melanceunregardnoir.Tantpis,jeferaideseffortspourrattraperçaplustard!J’arriveaurestaurant,quiestd’unbienplusgrandstandingque jene lepensais. Jen’osepasentreret jepréfèreattendreElliottdevant. Il arrivedansungrosRangeRovernoirqu’ilconfieauvoiturier.Toutsourire,ilm’entraîneàl’intérieurdurestaurant.Lemaîtred’hôtelnousindiquequ’ilvanousinstallerà la tablehabituelled’Elliott.Noustraversonslasalle,etjesenslesregardsenvieuxdesfemmesseposersurElliott.Etquelqueshommesaussi.Notretableestunpeuàl’écartdesautresclients,dansuncoindiscret.

–Jesuiscontentquevousayezaccepté l’invitation.J’aipris la libertédecommanderà l’avancepourgagnerunpeudetemps.

–Celamefaitplaisirdevousrevoir,vraiment.

Nouséchangeonsencorequelquespolitessesbanales.

–Et àpart avoirdes accidents ridicules, que faites-vousdans lavie ?Le tond’Elliott est léger,amusé.

–Jesuisétudiantenarchitecture.Dernièreannéedelicence.Etvous?Est-cequejepeuxvousledemander?Jenesaisrien,oupresque,devous.

–VousconnaissezlelogicielNew-Fun?–Biensûr!Toutlemondel’utilisedenosjours.Ilestuniversel.–Celogiciel,c’estmoi.–Commentça?–Jel’aiimaginé,réalisé,commercialiséilyapresque10ansmaintenant.

ElliottNewton…Sonnomfaitenfintiltdansmatête!Évidemment!Commentai-jepunepasfairelelien?Jesuisenfaced’unhommepresqueaussipuissantqueBillGatesouMarkZuckerberg.Undecestycoonsàlaréussitefinancièreinsolente.Jesuistotalementsidéré,j’enrestebouchebée.Elliottritfranchementdemonairébahi.

–Ah,celafaitceteffetàchaquefoisquej’annoncemonjob!Jecroisquejeferaismieuxdemedéclarercroque-mortousimpleinformaticien.

–Mettez-vous àmaplace ! Je n’étais pas préparé à rencontrer quelqu’un d’aussi important quevous.

–Confidencepourconfidence, ilestrarequejediseàunquasi-inconnuquijesuis,maisjesaisquejepeuxvousfaireconfianceNathan,jelesens.

Unserveuramèneunplat,interrompantlaconversation.LesommelierfaitgoûterunvinitalienàElliott.Ilentamesonassietteavecentrain,puisreprendladiscussion.

–Vousavezdesfrèresetsœurs?Parlez-moidevotrefamille.

–Mesparentssontdesgenssimplesquionttravaillétouteleurviepourassurerl’essentielàleursenfants.J’aiungrandfrère,ilestinspecteurdepolice.

–Vosparentssontvivants?–Dieumerci,oui.Etvous?Lesvôtres?–Julietteestlaseulefamillequimereste.Elles’occupedemoidepuismes4ans.

Jesensquec’estunsujetdélicatpourlui,jen’insistepas.

–Buvonsànotrerencontremouvementée.

Illèvesonverre.Jel’imiteettrempemeslèvresdanslevinitalien.Jenesuispashabituéàboirelemidi,etj’aiencoredesséquelleslaisséesparlesmojitosd’hiersoir.Letéléphoned’Elliottnecessede bourdonner. Desmessages arrivent les uns après les autres jusqu’à ce qu’il ne puisse plus lesignorer.Ils’excuseetselèvepourallertéléphoneràl’écart.Jel’observedeloin.Levisaged’Elliottserenferme,sesmâchoiressontcrispées,lesréponsesfusentrapidesetbrèves.Ilraccrocheetrevientverslatable.

–Jesuisdésolé,c’esttrèsgrossierdemapartdevousavoirlaisséainsi!–Demauvaisesnouvelles?–Lesaffairessontparfoisdifficiles,maislà,ellessontplutôtbonnesenfait.–Lemondedesaffairesm’estparfaitementinconnu;jen’ycomprendsrien.Jecroisêtreencore

plusignaredanscedomainequ’enmécanique.–Vousn’yconnaissezvraimentrienalors?,semoque-t-ilgentiment.

Le déjeuner se poursuit, laissant un peu de temps à Elliott pour m’expliquer sa trajectoired’informaticiendegénie et d’hommed’affaires aviséqui abâti unvéritable empire en régulant laquasi-totalitédescommunicationsentrelesdifférentsréseauxsociaux.Jesuisparfaitementadmiratifdesaréussiteincontestable,évidemment,maissurtoutdelasimplicitéaveclaquelleill’évoque.Jeluiracontemavied’étudiant,montravailaumagasin,lessoiréesavecmesdeuxmeilleursamis,LolaetSimon.

–Nathan,jedoispartir.Vousmeraccompagnezàmavoiture?

Nousquittonslerestaurantpourrejoindresongros4x4,quelevoiturierlaisse,moteurenmarche,surlestationnementdevantl’entréedurestaurant.

–Nousavonsbeaucoupparléetj’aioubliél’essentiel,jenevousaipasremerciédem’avoirévitédefinirécraséparlechauffard.Jevoussuistrèsreconnaissant.

Jem’attendaisàtout,saufàunetelleconfession.Ilouvrelaportièredesavoiture,etjeluitendslamain pour lui dire «Au revoir ».Mais au lieu de répondre àmon salut, ilm’attire d’une poigneénergiqueversluiet,desonbrasgauchepasséautourdemesreins,ilmeplaquecontresoncorps.Jenevoisplusquel’éclairbleudesesyeux.Ilsouritenprenantmonvisageàdeuxmainspourl’amenercontre le sien, siprèsquenosbouches se frôlent et se touchent,nos langues semêlent.Moncœurs’emballe. Je ferme les yeux et me laisse transporter par le désir qui éclate dans ma poitrine. Ilrelâchesonétreinteaussibrusquementqu’ill'acommencée.Ilmelaisselesoufflecourtetlégèrement

chancelant.

–Samedisoir,jedonneuneréception,jet’yattendsà20heures.Viensavectesamissituveux.Jecomptesurtoi.

Elliottm'aembrasséettutoyé?Ohlavache…

Lesoirmême,jeretrouvemesdeuxamisentraindesiroterunebièremexicainesurlevieuxcanapé.

–Vousavezquelquechosedeprévusamediprochain?–Pourquoi?–OnestinvitéschezElliott.–Touslestrois?–Oui.Samedi soir, 20heures.Si ça vous ennuie, nevenezpas,maismoi je dois absolument y

aller!Cemidi,jen’aipaspuréglercettehistoiredevoiture.Jevoulaisluienparler,maisjen’aipaspu.Monpèreserafurieuxsijeneréparepaslesdégâts,croyez-moi!

–O.K.,onvat’accompagner;onnevoudraitpasêtrelacaused’undramefamilial,semoqueLola.–Aufait,tuensaisplussurlui?,demandeSimon.Tuconnaissonnom?–ElliottNewton.–ElliottNewton?,s’écrientenchœurmesamis.LeElliottNewton?CeluideNew-Fun?–Oui.–Alorslà,Nathan,chapeau!

Mes amis me regardent incrédules. Qu’est-ce qu’ils diraient s’ils savaient qu’Elliott m’aembrassé!Àpeineai-je repenséàcebaiserque leurprésencedevient irréelleetquemoncœurseremetàbattrelachamade.

Maisqu’est-cequim’arrive…

5.Unesoiréeparfaite

LaTwingodeSimontournesurlespetitesroutes,àlarecherchedelademeured’Elliott.Installéeàl’arrière,Lolaannonceenrâlantqu’ellen’enpeutplusderesterassisedansunevoiture.Jereconnaisenfin la grille quimarque le début de la grande allée. Elle est ouverte et, entre chaque arbre, unetorcheestallumée.Simonmarque l’arrêtdevantcedécorsurprenant,mais l’appeldepharesd’unegrosse berline intimidante derrière nous nous pousse à avancer. La cour gravillonnée devant lemanoir est également entourée de flambeaux brûlant pour l’illuminer. Des véhicules de luxe sontstationnés.Unvoiturierattend leurarrivéepour lesgarerpendantque leursoccupants,en tenuedesoirée,grimpentlegrandescalier.Danslehalld’entrée,l’immenselustreencristalbrilled’éclatsquisereflètentsurlesmursenpetitsmorceauxdelumières.Lamusiqued’unorchestrenousarriveauxoreillesalorsquenoussommesencoreassisdanslaTwingo,prudemmentparquéeauborddelacourgravillonnée.

–Tuauraispunousdirequec’étaitunesoiréesichic,s’agaceLola.–Jen’ensavaisrien!– De toutes les façons, ce n’est pas pour la couleur de nos baskets qu’Elliott nous a invités,

temporiseSimon.–Tuasraison,onyva.

Nousentreprenonsl’ascensiondel’escalierensuivantuncoupleensmokingetrobelongue.Ungenredecerbèreencostumenousarrêteàl’entrée.Sanscartond’invitation,ilnousrefusel’entrée.

–Pouvez-vousdireàM.Newtonquejesuisici?,dis-jetimidement.–S’ilvousplaît,veuillezpartir.Sansinvitation,jenepeuxrienfairepourvous.

Une voix féminine se fait entendre dans le dos du cerbère, lui intimant l’ordre de nous laisserpasser. Le colosse obtempère comme à regrets. C’est Juliette qui vient d’intervenir. Elle toisel’hommesansciller,puissetourneversmoiavecungrandsourire.Elleporteunerobedusoird’unviolet profond, aux lignes sobres, sans un bijou, et, néanmoins, elle a une allure folle. Elle nousaccueilleavecchaleur.Parl’enfiladedesportes,jepeuxapercevoirunpeudelaréceptionencours.Surune table,unbuffetcoloréestoffertavec,poséeensoncentre,uneénormesculpturedeglacereprésentantunPégasebondissant.Desserveursenvesteblanchetournentparmilesinvitésavecdesplateaux de coupes de champagne rosé ou blanc. Des rires de femmes et des voix d’hommessurviennentparvagues. JeprésenteSimonetLolaàJuliette,quisedéclare raviede les rencontrer.Ellenousentraîneverslapièceprincipaleoùellenousfaitservirduchampagne.Lolaalesyeuxquibrillentd’excitation.Simon,commetoujours,sembleàsonaise,presquedétaché.Moiparcontre,jeme sens totalement déplacé avecmon jean bonmarché etma chemise toute simple dans ce décorluxueux,aumilieudesinvitésàl’éléganceparfoistapageuse.

JecherchedesyeuxElliott.Juliettem’informequ’ilestennégociationavecunpartenairedanssonbureau,etnousabandonnepourremplirsonofficedemaîtressedemaison.Notrearrivéen’estpaspassée inaperçue, et la féminine fraîcheur de Lola attire les regards. Très vite, elle entame une

conversation avec un grand gaillard roux, bâti comme une armoire. Elle sembleminuscule à sescôtés.J’aiperdudevueSimonqui,luiaussi,adûfaireunerencontre.Décidément,mesamissontplusà l’aise quemoi en société ! J’erre aumilieudegenspour qui je suis totalement transparent.Unecoupe à la main, je me faufile dans les pièces envahies d’invités en écoutant des conversationsennuyeuses.J’échouedansuncoindelaterrasse,derrièreunorangerenpot.

Soudain,unepoignefermemeprendparlebrasetm’entraînepourmeplaquercontrelemur.Jeme retrouve adossé contre la paroi, Elliott debout face àmoi, prenant appui avec ses deuxmainsposéessurlemur,dechaquecôtédematête.Sesyeuxbleussontrivéssurlesmiensetexprimentunmélange de sentiments : impatience, curiosité et autre chose d’indéfinissable. Le parfum d’Elliotm’enveloppe.Ilporteunsmokingnoir,unechemiselégèrementbrillante,noireelleaussi,etunefinecravate en ton sur ton. Ses cheveux sont savamment domestiqués, ses joues rasées de frais. Il estimpitoyablementbeau.J’enailecœurquicogne,lesoufflecourt.Ildétachesesmainsdumurpourme saisir la tête derrière la nuque et m’attirer à lui. Il m’embrasse presque avec férocité, d’uneétreintevirile,surprenante. Ilenvahitmabouchemefaisantquasimentsuffoquersousun telassaut.Sans cesser son baiser, ilm’immobilise contre lui. Je suis troublé qu’ilm’embrasse quasiment enpublic.Jemesensgauche.

–Jecroyaisquetuétaisreparti.–Passanst’avoirvu.

Il m’enlace à nouveau et s’empare encore de ma bouche. Cette fois, je me laisse faire et mesurprendsà répondreavec lamêmefougueàsonbaiser.Jebaisse lagarde, j’accueilleElliottavecenvie.Jemedétends,goûtechaqueinstantdecetteétreinte.Jesensl’envieexploserdansmonplexussolaire.

–Jedoisfaireuneapparitionàlaréceptionpoursaluermesinvités.–Jepeuxt’attendreici?Jenesuispastrèsàl’aiseaumilieudecesgens.–Jeveuxquetumeprésentestesamis.

Nous partons nous mêler aux invités. Elliott s’arrête de nombreuses fois pour saluer despersonnes. Nous traversons lentement tous les salons tant Elliott doit saluer de gens à qui ilm’introduit simplementparmonprénom.Nousmultiplions lescoupesdechampagne,et je suisunpeuivrequandlesinvitéscommencentenfinàpartir.Juliettenousrejoint.

–Elliott, j’ai pris l’initiativede fairepréparerdequoihéberger les amisdeNathan et quelquesautresquinesontpasenétatderepartir.

–Avez-vousvuSimon?–Oui, il est dans une chambre.Quant à Lola, son chevalier servant l’a aidée àmonter dans la

sienne.Ilestcharmantcegrandécossais,netrouvez-vouspas?–Oui,sansdoute.

Elliott me tire par le bras vers l’escalier. Il abandonne Juliette à la corvée des au-revoir. Ilm’entraînedanssachambreenmetirantparlamain.Ilverrouillelaportederrièrenous.

– Elliott, j’étais venu ici avec l’intention de te proposer de rembourser les dégâts faits à la

Bentley…–Nathan,jem’enfousdecettevoiture,particulièrementàcemoment.–Oui,mais…–Tais-toi.Laisse-moiteregarder.

Ilposesamainsurmajoue.Ilm’attireversluipourposerseslèvressurlesmiennes.Sonparfumm’enveloppedenouveauetsemélangeàlasaveurduchampagneprésentedanssabouche.Salanguetrouvelamienne,etlebaiserquiacommencédoucementdevientfébrile,fou,forcené.Sansséparernosbouches,ilcommenceàdéfairelesboutonsdemachemisequ’ilfinitparm’arracher.Jemebatsavec son nœud de cravate, mais, dans mamaladresse, je ne fais que le resserrer. Il me repoussegentimentpourjeterunregardsurmontorsedénudé.

–J’aienviedetoidepuisquejet’aivusurleborddelaroute.

Ils’approchedemoietposesabouchesurmoncou,puislafaitglissersurmonépauleavantderejoindrelecreuxentremespectoraux.Illèchelapeaulissesurlesmusclesdemapoitrinejusqu’àtrouveruntétonqu’ilmordilleetaspire,puispasseàl’autrepours’enoccuperdelamêmefaçon.Seslèvres continuent leurdescentevers lebas, embrassantmonventre et s’attardant surmonnombril.Puis elles s’arrêtent sur le haut du pantalon. Il est agenouillé devantmoi et relève la tête pourmeregarderdroitdanslesyeuxpendantqu’ildéfaitlaboucledelaceintureetfaitcoulisserlafermetureéclairdelabraguette.Ilfaitdescendrelentementmonpantalonsurmesjambespourm’aideràm’endébarrasser. Il semet debout à nouveau pour retrouverma bouche qu’il dévore. Samain vient seposersurmonsexequitendletissudemonboxeràmesurequemonérectiongonfle.

–Mêmeça,çaal’airparfaitcheztoi.–Elliott…je…enfin,je…jen’aijamais…avecunhomme…–Jem’endoutais.C’estencoreplusexcitant.–Jenesaispastrop…Jeneveuxpasparaîtrenul…–Net’enfais,jevaist’apprendre.

Ilm'ordonnedequittermonboxer.Jem’exécute,dévoilantmonsexedressé.Ils’assoitsurlelitetme demande de tourner sur moi-même pour me contempler sous toutes les coutures. Je suistotalementbouleversé.Riendecequ’ilsepassen’estsousmoncontrôle.

–Viens,approche.

Ils’emparedemonsexequ’ilmassedoucementd’unemain,puisfaitroulermesboursesentresesdoigts.Ilmeforceàdécalotterpourlibérermonglanddesonétuidepeauetl’amèneàlui.Ilposeseslèvresdoucementsurleboutdemonsexe,ill'embrasseetleprendlentementdanssabouchepourlefairedisparaîtrepresqueenentier.Ilvaetvientdeplusenplusfortetrapidement,m’engloutissantdeplusenplusloinàchaquefois.Quandils’interrompt,jesuisauborddel’explosion.Jen’aijamaisétéexcitéàcepoint.Ilmerelâcheetmecoucheentraversdulit,jambespendantes.Ilsepenchesurmoi,appuyésursesbraslégèrementfléchisetsespoingsfermés.Sacravateretombesurmontorse.Ilsourit.

–Tuasfaillijouir,hein?Celaauraitétédommagequetoutçasetermineaussivite,mesusurre-t-

il.

À genoux entremes jambes, il repart à l’assaut demon sexe, toujours aussi dur. Il joue avec,l’engloutit,lelèche,lemasseentesesdoigtsagiles.Jenevoisquelesommetdesoncrânequimonteetdescendselonsesmouvements. Il arrêteun instantpour scrutermes réactions. Il enlèveenfin saveste,qu’ilenvoievolersurunfauteuil,suiviedesacravate.Ils’agenouilleànouveauetglissesesmains sous mes cuisses qu’il relève, d’un geste rapide, sur ma poitrine. Il les maintient ainsi enprenantappuisurleplidesgenoux,découvrantmonintimitésurlaquelleilvientposersabouche.Salanguecommenceàmecaresserettentedeforcerlepassage,puisànouveausefaitdouceavantderecommencer son exploration.La sensation est telle que je ressens des frissons tout au longde lacolonne vertébrale. Jemaintiensmoi-mêmemes jambes relevées pour lui permettre d’utiliser sesmainsafind’écarterencoreplusmesfesses.J’entendsquelqu’ungémirnonloin.Jeréalisequejesuisceluiquiexprimesonplaisir.Elliottserelève,leslèvresluisantes.Ilmetdeuxdoigtsdansmabouche,meforçantàlessucer.Unefoisassezhumides,illesprésentedevantmonorifice.Lentement,ilenfaitentrer un, puis, délicatement, il fait suivre le second. Je n’ai pasmal, juste une sensation de gênephysique. Il sourit comme un enfant qui prépare unmauvais coup quand, soudain, une incroyabledéchargedeplaisirmevrillelecorps.Un,puisdeux,puistroiséclairséclatentdansmoncerveau.Jecrie. Jeveuxqu’il arrête tant cette sensation inconnue est forte et presque effrayante.Non, je veuxqu’ilcontinue.Jesaisquejehurlepresque,maisjenepeuxpasm’enempêcher.Jeperdspied.Toutchavire.

Elliottcessesoudainsonjeuetquittelelitpoursedéshabiller.Ilôtesesvêtementsrapidementetleslaissetombersurleparquet.Appuyésurmescoudes,jeprofiteduspectacle;jelevoisnupourlapremière fois. Il a le corps secd’unnageur, avecdesmusclesqui roulent sous sapeaumate etdebelles épaules solides et larges. Sa pilosité noire couvre son torse, puis descend pour s’entortillerautour du nombril et s’élargir en couronnant son sexe à l’épiderme plus foncé. Il sourit en medemandantdem’installerdanslebonsensdulit.Jem’allonge,latêteconfortablementposéesurunepile d’oreillersmoelleux.À genoux, il s’avance sur le lit et s’installe au-dessus demoi, avançantjusqu’àprésentersonsexefaceàmonvisage.Jedétaillesonmembre.Leprépucedessineunefleurrosefoncéauxcontourscapricieux.Latigeestlargementveinée,épaisseetlongue.

–Tusaiscommentfairemaintenant.

Jeprendssonsexedansmaboucheenl’aspirant.Jeposesesboursescurieusementfraîchesdanslecreuxdemamain;ellessontfermesetlourdes.Sonsexedurcitentremeslèvresquileparcourent.Jetentedel’enfonceraussiloinquepossibledansmagorge,mefixantcommeobjectifdenichermonnezdanssatoisonnoireetdrue.Songlandenfleetsegorgedesang.Jelerelâchepourl’admirer.Ilest devenu gros comme un abricot, d’un rose luisant. Il semble animé d’une vie propre, bougeantdoucementaurythmedesbattementsdesoncœur.Elliottmecaressela têteetm’inciteànouveauàreprendre mon travail sur son sexe. Alors je m’évertue à le sucer avec autant d’application quepossible,m’efforçant d’enfoncer le plus possible cette tigedure et inflexible ;Elliott commence àpousserdesrâles.Ilsepencheenarrièreensetriturantlestétons.Jesenssesboursesdevenirdurescommedubois.Soudain,ilseretiredemabouche.

–L’élèveveut-ildépasserlemaître?

Il se dégage etme fait basculer sur le ventre. Ses deuxmains écartentmes fesses, et sa languereprendsontravailsurmonintimité.Ànouveau,cefrissondeplaisirvibreaulongdemonéchine.Elliottarrêtepourvenirs’allongersurmoi.Sonsexedurpalpite,caléentremesfesses.

–Tuesprêt.As-tuenviedeça?–Oui.Jecrois.–Ilfautquetuleveuilles,sinon,çanevautpaslapeine.–Oui,vas-y.Jet’attends.

Il se penche vers la table de nuit dont il ouvre le tiroir et se saisit de préservatifs et de gellubrifiant.Ilenduitmonorificedeceproduit,meprocurantunesensationdefraîcheur.Jeleregardedérouler rapidement la capote sur son sexe toujours dressé, puis l’enduire de gel également. Ilprésentesonglandcontremonanuset,lentement,pousseenavant.Ilmeconseillederespirerfort,denepasrésistermaisplutôtdevouloirl’expulser.Meschairss’écartentdifficilement.Ilfaitunepause.Jeserre lesdentscar jeneveuxpas luimontrermadouleur.Jeveuxqu’ilsoit fierdemoid’avoirréussiàprendrecesexeimposant.Ilreprendsaprogressionet,soudain,moncorpslâcheetacceptecette intrusion.Elliott enfonce son sexed’un coup jusqu’à la garde.Ladouleur cède la place à unplaisirquiaugmenteàmesurequ’Elliottaccélèrelacadencedesescoupsdereins.Jesenssonsexeglisserenmoi.Jesuispleinementconscientd’êtreunhommefaisantl’amouravecunautrehomme.Cesentimentaugmenteencoremondésiretleplaisirqu’Elliottmedonne.Jetendsmesfessespourqu’ilpuisseallerplusloinenmoi.L’idéedelerecevoirauplusprofonddemonêtrem’exciteau-delàdecequejepensaispossible.

Ilm’ordonnegentimentdememettreàgenoux,m’aidantàmereleversansseretirerdemoi.Soncorpstrempédesueurparl’effortvientsecollercontremondos.Jemetournepourl’embrasseravecfièvre. Ses mains glissent le long de mon torse pour trouver mes tétons rendus sensibles par lefrottementcontreledrap.Illestravaille,cequiprovoquedepetitesdéchargesélectriquesdansmespectoraux.Jemecambrepour l’inciteràrecommencersesmouvementsdebassin.Chaquecoupdereinsl’expédieunpeuplusloinenmoi,enmesoulevantlittéralementdulit.Ilmepossèdetotalement.Jemesuisoffertentièrementàsonsexe.Plusriennecomptequelasensationd’Elliottmepénétrant.L’idéemêmede savoir qu’Elliott est enmoime fait délirer deplaisir. Soudain, des flashs éclatentdansma tête.Moncerveau,qui résistaitet tentaitdegarder lecontrôle,cèdeàson tour. Ilest reliédirectement àmonorifice.Leplaisir arrivepardécharges,parvagues au rythmedesmouvementsd’Elliott.Jesensquejevaisjouirsansmêmetoucheràmonsexe.Elliottaccélèrepourmerejoindre.Alors qu'Elliott éclate et se vide en moi, j’expulse ma semence sur un oreiller. Nos râles dejouissancesefontcris.

Jeretombeépuisé,incapabledefaireungeste,essoufflé.Elliotts’allongeàmescôtés,cherchantàapaisersarespiration.Ilmeprenddanssesbras,m’entouredesavirilité.Nouséchangeonsunlongbaiserquimedévoilelegoûtdemonintimitérestéesurseslèvres.Jeposemamainsursapoitrine,caressant son pelage que je trouve étonnamment doux. Son cœur reprend un rythme normal, àl’unissondumien.Jesuisapaisé,aupointdesombrertrèsvitedansunsommeilprofond.

J’aiunamant.

Lelendemain,jemeréveilledanslegrandlit,sansElliottquiadisparu.Jel’appelle,maisiln’est

plusdanslachambre.Jemelèvepourexplorerlasalledebainsetledressing,videseuxaussi.Surmaveste,unmotetunpetitpaquetrectangulairesontdéposés.

« Nathan, je n’ai pas voulu te réveiller ce matin. D’ailleurs, l’aurais-je pu tant tu dormaisprofondément?Tuasunsommeild’enfant.JedevaispartircematinpourTokyo.Jerentremercredi.Jet’appelledèsmonretour.Cepaquet,c'estpourmefairepardonnerdepartirainsi.Jet’embrasse.E.-N.P.-S.:J’aiaimécettenuit.»

J’ouvre le paquet, c’est unemontremagnifique, auxmultiples cadrans, avecunbracelet en cuird’autruche noir. Je la passe àmon poignet. L’objet fait presque trop luxueux surmoi. Je tente del’appeler,mais jene tombequesursamessagerie.Jemesens incroyablementseul.Jemerhabille,gardantl’odeurdenotrenuitsurmoi,etjedescends.JecroiseJuliettequim’embrasseavecchaleur,un regard complicedans lesyeux.Ellem’invite à rejoindremes amisquim’attendent autourd’unpetitdéjeuner,surlaterrasse.Simonestsouriant:

–Jecroisqu’ondeschosesàsedire.–Oui,ditLola,unesoiréecommeça,nousallonsenreparlerlongtemps.–Onyva?

Nous partons dans la Twingo, tous vaguement absents. Mon téléphone vibre pour signalerl’arrivéed’unSMS.C’estElliott.Jel’ouvreetjeliscesimplemessagequimefaitsouriredeplaisir:

«Mercredi!»

Àsuivre,nemanquezpasl’épisodesuivant.