8/14/2019 La fameuse rencontre de l'araigne Dsesprance et du bourdon Spleen

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La fameuse rencontre de l'araigne Lopoldine Dsesprance et dubourdon Onsime Spleen

La dsesprance est une araigne qui tisse sa toile silencieusement en nous.

Le spleen un bourdon qui nous envahit de son murmure lugubre.

Mais laissons ces remarques qui sentent un peu trop leur philosophie

et tentons d'illustrer par notre conte que le mieux est l'ennemi du bien.

Ce matin l,l'araigne Lopoldine Dsesprance

prit le Bourdon Onsime Spleendans sa toile.

Il correspondait tout fait l' insecte disgracieux au costume d'Arlequindont elle avait lu la description

dans le trait Zoologico-politicusdu clbre botaniste von Lordboyaurus:

Un corps obse de gupe,des yeux globuleux, une voix zonzonnante, une odeur mphitique.

de courtes pattes malingres, plus semblables des pattes de mouche qu' devraies pattes,(un comble de laideur pour notre aranide aux membres interminables),

Quel tre peu apptissant ! Que venait-il faire sur sa toile ?Il allait l'endommager !

Sa prsence ne pouvait que provoquer la fuite de tout autre proie.Elle l'interpella:

- Vous auriez pu faire attention! Vous ne pouvez par regarder o vous mettezvos pattes ?

- Veuillez m'excuser!- Pourquoi devrais-je vous excuser?

- C'est seulement par mgarde que je me suis aventur sur votre toile...

- C'est bien trop facile!On agit sans rflchir,

on provoque des dgts:On avance que l'on regrette, que l'on ne l' a pas fait exprs!

Et l'on crot tre sorti d'affaire!- c'est--dire que...

- Il n'y a pas de c'est--dire qui tienne ! Il est trop tard pour vous! Il fallait ypenser avant !

- Chre araigne, comprenez mon dsarroi...

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- Jamais de la vie! Ce qui est fait est fait!Votre dernire heure est arrive.

Mais rassurez-vous, je ne vous dvorerai pas,vous tes bien peu apptissant !

- C'est--dire...- Quoi encore ?

- Vous ne m'avez gure rassur.- Je croyais cependant...

- Je vous remercie de votre dcision,de ne pas me dvorer mais nanmoins vous songez ... comment dire...

- Vous m'impatientez: ne tournez pas autour du pot !- Comment dire..., me...me...tuer, pardon, excusez-moi... m'liminer...

- En effet, j'ai besoin d'tre seule sur ma toile.- N'y-a-t-il pas un autre moyen de vous retrouver seule ?

- Je n'en vois pas d'autre que de vous administrer une piqurequi me dbarrassera de votre prsence importune,

ensuite je secouerai ma toile et votre cadavre ira finir sur le parquet de cettedemeure.

- Je crains beaucoup les piqures...- Allons allons ce n'est pas si terrible que cela !

- Cependant l'on m'a affirm que votre piqure est trs douloureuse...

- Mais pas du tout! Mdisance ! Ma piqure est parfaitement indolore!Quel est le malotru qui vous a tenu ce mensonge ?- Plusieurs personnes...

- Je ne vous demande pas des noms,

j'ai horreur des dnonciationset je vous sais capable pour sauver votre vie de dnoncer des innocents.

- Ce sont mesdames Monique Yprenelle, Hyacinte Jozaciste,...Jennifer Gomez...Adlade...

- Qu'est-ce que je viens de vous dire ?

Vous voyez, petit tre mprisable,vous commencez numrer des patronymes au hasard pour sauver votre

misrable vie...- C'est que je suis au dsespoir !

- Rien de sensationnel cela monsieur le bourdon Spleen!

- Je ne suis qu'un simple bourdon, parmi beaucoup d'autres sortes.- Ah, bon, voil qu'il y a maintenant toutes sortes de bourdon Spleen sur cette

terre!- Sinon, pouvez-vous m'expliquer pourquoi tellement d'tres sont dsesprs?

- En effet, je n'y avais pas song...

- Dsesprs, et nous vivons pourtant dans le meilleur des mondes possibles !- Le meilleur des mondes ! Vous plaisantez!

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Le monde le plus injuste possible, o rgne la loi du plus cruel, du plus fort!- Fadaises de fabulistes !

- Je vous prie de ne pas mdire des fabulistes,ils en savent beaucoup plus que nous tous sur la nature de ce monde!

- Mais les philosophes...

- Laissez moi rire! Les philosophes, ces songe-creux!

Lopoldine Dsesprance se rapprocha du malheureux Onsime Spleen,emptr dans les fils de la toile tisse ingnieusement par notre arachnode-

dsesprance.Il songea que sa fin arrivait,

ce qui le plongea dans la plus profonde dpression,

c'est--dire en lui-mme.Il chercha une chappatoire:

- Si vous me laissez la vie sauve, je vous jure que vous ne le regretterez pas.- Balivernes! Billeveses! Que puis-je esprer d'un tre tel que vous,

qui semiez partout votre intolrable mlancolie,qui assombrissait la vie d'une multitude de personnes...

- Je ne fais pas exprs...- Encore! Vous tes insupportable avec votre je-ne-fais-pas-exprs.

- Mais je n'y peux rien, si la paille de notre oeil devient poutre chezquiconque !

- Mmmmoouui, fit Lopoldine peu encline accepter les raisons d' Onsine

Spleen.- Je n'y peux rien si le moindre grain de sable bloque la mcanique la plussophistique!

- Vvvmmoui, fit Lopoldine dubitative.

- Je n'y peux rien si pcher en eaux troubles provoque les disputes les plusacharnes!

- Vvmmoui, lcha Lopoldine toujours dubitative.- Je n'y peux rien s'il est impossible de raser les moustaches d'un tigre !

- Moui..., fit Lopoldine moins dubitative.

- Je n'y peux rien si le malheur des uns fait le bonheur des autres !Lopoldine esquissa une moue qui sembla Onsime Spleen encourageante.

- Je n'y peux rien si en semant le vent, l'on rcolte la tempte!- A ce qu'il semble!

- Je n'y peux rien si la calomnie est la cerise sur le gteau que l'on savoure toute heure!

- Apparemment.- Je n'y peux rien si l'enfer est pav de bonnes intentions!

- Evidemment.

- Je n'y peux rien si la montagne accouche d'une souris en faisant beaucoupde bruit pour si peu!

- Cela va de soi!

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- Je n'y peux rien si en fuyant la fume on tombe dans le feu!- Et comment!

- Je n'y peux rien si en criant au loup on finit par se jeter l'eau!- Tel sera pris qui croyait prendre !

- Je n' y peux rien si si si...

- Si quoi ? On reste coi monsieur Spleen, fit Lopoldine Dsesprance tout coup narquoise.

Un peu court d'arguments notre bourdon affol s'cria se croyant tirerd'affaires :

- Si...si la raison du plus fort est toujours la meilleure!Il comprit mais un peu tard que la peur est mauvaise conseillre,

Que son insousiance l'avait conduit une impasse et qu' trop vouloir bienfaire,

il venait de fournir notre araigne le blanc-seing pour recevoir la piqurequi le fit passer en un soupir de vie trpas.

Ainsi trop souvent sommes-nous victimede notre volont d'emporter la conviction d' autrui.