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1 L A FAO ET L ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Pour renforcer la capacité adaptative des systèmes agricoles afin d assurer la sécurité alimentaire Cadre et enjeux Le changement climatique pose de nombreuses menaces pour l'agriculture et affecte les quatre dimensions de la sécurité alimentaire : disponibilité d’aliments, accès aux aliments, stabilité de l’approvisionnement alimentaire et capacité de consommer des aliments sains et nourrissants. Madagascar est actuellement classé parmi les 3 pays au monde le plus frappés par le changement climatique dans les 30 années à venir 1 .Selon les résultats de l’enquête des ménages (EPM) de Janvier 2011, dans les régions affectées par la sécheresse ou les cyclones pendant la campagne agricole 2009/2010, plus de 80% des ménages enquêtés ont connu une baisse drastique de leurs revenus et sont ainsi affectés par l’insécurité alimentaire en 2010. Près des trois quart des ménages déclarent qu’ils ne se sont pas encore remis du choc lié au climat et à l’environnement, et parmi eux, 72% pensent ne pas pouvoir se relever même après un an, voire jamais » 2 . Dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques, et de par son mandat, la FAO Madagascar, à travers son Unité de Coordination des opérations Agricoles d’Urgences et de Réhabilitation (CAUR), concentre ses actions sur la gestion des risques de catastrophes notamment liés au climat et aux chocs affectant les populations les plus vulnérables, dans le but 1 Selon the new Climate Change Vulnerability Index (CCVI) released by the firm Maplecroft, 2010 2 Enquête Périodique s des ménages, 2010 de renforcer la capacité des systèmes agricoles face aux effets des intempéries et du changement climatique. La CAUR/FAO et l’adaptation au changement climatique L’objectif ultime de l’unité CAUR/FAO par rapport à l’adaptation est de renforcer la résilience des populations pauvres et vulnérables dans les zones à risques face à l’insécurité alimentaire subséquente aux effets de ce phénomène. La gestion/réduction des risques de catastrophe est un des points d’entrée clé pour renforcer les capacités adaptatives des communautés rurales vulnérables. Zones d’intervention Côtes Est de Madagascar (sujets aux cyclones et inondations) : zones littorales Est du Nord Est (région SAVA) jusqu’au Sud Est (Régions Vatovavy Fitovinany et Atsimo Atsinanana) : 17 districts Grand Sud de Madagascar (Sécheresses) : Régions Androy et Anosy : 07 districts Evolution, réalisation/ résultats, impacts 2007 : Mise en place à Madagascar de l’unité de Coordination des Opérations Agricoles d’Urgence et de Réhabilitation (FAOCAUR) 2009 : appui de la FAO/CAUR à la mise en place de la plate forme nationale de coordination ou Task Force Nationale sur l’Agriculture de Conservation pour étendre la diffusion des techniques de l’agriculture de conservation à Madagascar. Face aux inondations et cyclones Au début, les actions de la FAO/CAUR ont été concentrées sur la réponse post catastrophe, par l’utilisation et promotion de semences

La Fao Et l’Adaptation Au Cc

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LA FAO ET L’ADAPTATION AU cc

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LA  FAO  ET  L’ADAPTATION  AU  CHANGEMENT  CLIMATIQUE 

Pour  renforcer  la  capacité  adaptative  des systèmes  agricoles  afin  d  assurer  la  sécurité alimentaire  

Cadre et enjeux 

Le  changement  climatique  pose  de nombreuses  menaces  pour  l'agriculture  et affecte  les  quatre  dimensions  de  la  sécurité alimentaire  :  disponibilité  d’aliments,  accès aux aliments, stabilité de l’approvisionnement alimentaire  et  capacité  de  consommer  des aliments sains et nourrissants. 

Madagascar est actuellement classé parmi  les 3  pays    au  monde  le  plus  frappés  par  le changement  climatique dans  les 30  années  à venir1.Selon  les  résultats  de  l’enquête  des ménages  (EPM)  de  Janvier  2011,  dans    les régions  affectées  par  la  sécheresse  ou  les cyclones  pendant  la  campagne  agricole 2009/2010,  plus  de  80%  des  ménages enquêtés  ont  connu  une  baisse  drastique  de leurs  revenus  et  sont  ainsi  affectés  par l’insécurité alimentaire en 2010. Près des trois quart des ménages déclarent qu’ils ne se sont pas  encore  remis  du  choc  lié  au  climat  et  à l’environnement,  et  parmi  eux,  72%  pensent ne pas pouvoir se relever même après un an, voire jamais »2. 

Dans  le  cadre  de  l’adaptation  aux changements  climatiques,  et  de  par  son mandat,  la    FAO Madagascar,  à  travers  son Unité  de  Coordination  des  opérations Agricoles  d’Urgences  et    de  Réhabilitation  (CAUR),  concentre  ses  actions  sur  la  gestion des  risques  de  catastrophes  notamment  liés au  climat  et  aux  chocs  affectant  les populations  les  plus  vulnérables,  dans  le  but 

                                                            1  Selon    the   new  Climate  Change  Vulnerability  Index  (CCVI) released by the firm  Maplecroft, 2010 2 Enquête Périodique s des ménages, 2010  

de  renforcer  la  capacité  des  systèmes agricoles  face  aux    effets  des  intempéries  et du changement climatique. 

La CAUR/FAO et l’adaptation au changement climatique 

L’objectif  ultime  de  l’unité  CAUR/FAO  par rapport  à  l’adaptation  est  de  renforcer  la résilience  des  populations  pauvres  et vulnérables  dans  les  zones  à  risques  face  à l’insécurité  alimentaire  subséquente    aux effets de ce phénomène. La gestion/réduction des  risques de  catastrophe est un des points d’entrée  clé  pour  renforcer  les  capacités adaptatives  des  communautés  rurales vulnérables. 

Zones d’intervention 

• Côtes  Est  de  Madagascar   (sujets  aux cyclones et inondations) : zones littorales Est  du  Nord  Est  (région  SAVA)  jusqu’au Sud  Est  (Régions  Vatovavy  Fitovinany  et Atsimo Atsinanana) : 17 districts 

• Grand Sud de Madagascar (Sécheresses) : Régions Androy et Anosy : 07 districts 

Evolution, réalisation/ résultats, impacts 

2007 : Mise en place à Madagascar de  l’unité de  Coordination  des  Opérations  Agricoles d’Urgence et de Réhabilitation (FAO‐CAUR) 

2009 :  appui  de  la  FAO/CAUR  à  la  mise  en place  de  la  plate  forme  nationale  de coordination  ou  Task  Force  Nationale  sur l’Agriculture de Conservation pour étendre  la diffusion  des  techniques  de  l’agriculture  de conservation à Madagascar.  

Face  aux  inondations  et  cyclones  

Au début,  les actions de  la FAO/CAUR ont été concentrées  sur  la  réponse post  catastrophe, par  l’utilisation  et  promotion  de  semences 

2  

améliorées  à  cycle  court  et  tolérantes  aux inondations.  En  parallèle,  des  diversifications de  culture  ont  été  promues  pour  réduire  les risques  de  perte  de  récolte,  afin  d’assurer l’accès  alimentaire  et  de  diversifier  les revenus.  Ces  diversifications  de  culture  sont accompagnées  d’appuis/encadrements techniques  sur  des  techniques  améliorées  et résilientes. 

Par  la  suite,  les  multiplications  de  ces semences dans ces zones et en milieu paysan ont été menées pour assurer leur disponibilité locale  aux  moments  critiques,  avec  des technologies  de  multiplication  bien normalisées  en  vue  de  certification  des récoltes  obtenues.  Les  paysans  en  contact direct  ou  indirect  avec  les  projets  dans  ces zones  sont  maintenant  bien  conscients  de l’avantage procuré par ces semences : 

• tolérance à plus de 10 jours d’inondation,  

• possibilité de calage de calendrier cultural à cycle court,  

• et deux récoltes en une année pour le riz. 

De  2010  jusqu’à  maintenant :  « Sécurité alimentaire  avec  l’approche  RRC :  SA/RRC » dans  les  côtes  Est  de  Madagascar » : Combinaison stratégique : 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des chiffres : 

• Au  moins  50 000  ménages/an, bénéficiaires de  semences  améliorées  et d’encadrements en  techniques culturales améliorées  adaptées,  pour  leur  relance agricoles assurant ainsi    leur disponibilité et  accès  alimentaires,  malgré  les catastrophes climatiques ; 

• 444  tonnes  semence de  riz à  cycle court et  tolérantes  aux  inondations,  produites par les paysans, en deux ans ; 

• SA /RRC :  22 000 ménages  touchés,  plus 183  tonnes  de  semences  améliorées  de riz  à  cycle  court  produites,  dont  100 tonnes  de    stock    de  contingence  pour l’année  2012,  374  tonnes  de maïs,  275 tonnes  de  haricot  et  532tonnes d’ignames récoltés. 

Ces résultats ont permis de confirmer : 

• L’existence  des  variétés  améliorées  à cycle  court,  adaptées  aux  variabilités climatiques et adoptées par les paysans ; 

• L’efficacité  d’adaptation  des  calendriers culturaux  par  rapport  aux  variabilités climatiques  en  utilisant  des    techniques culturales  améliorées adaptées. 

Face  à  la  sécheresse  

Les Régions Sud de Madagascar sont frappées durant  ces  vingt    dernières  années  par  une  

Semences  améliorées à cycle court et tolérantes+ 

Diversification de culture + 

Amélioration de la capacité  adaptative du système de culture (ex : technique culturale 

améliorée d’igname, agroforesterie) + 

Renforcement et amélioration du système  de stockage de semences et des récoltes 

U

3  

sécheresse  cyclique  sévère.  Cette  situation  a perturbé  le  système  de  production  de  la population, aboutissant à la persistance d’une insécurité  alimentaire  chronique :  Plus  de 720,000 personnes dans  les  régions Anosy et Androy ont été touchées en 2009‐2010. 

En   2007,  la FAO/CAUR   y a  initié des actions avec  les multiplications  en milieu  paysan  de semences  de  base  de  sorgho  à  cycle  court adaptées aux conditions climatiques du Sud.  Par la suite, la diversification de culture par la promotion  des  cultures  de  légumineuses hautement  productives  comme  le  niébé, arachide,  dolique,  haricot,  ainsi  que  des tubercules  tolérantes  à  la  sécheresse  (patate douce,  manioc…)pouvant  servir  de  base  à l’alimentation des ménages vulnérables a été diffusée avec des techniques culturales sèches (dry farming technics).  Des  cultures de qualité  améliorée du  konoké et  du  cajanus  y  ont  été  aussi  promues.  Ces cultures  ont  les  caractéristiques  suivantes : résistance  à  la  sécheresse,  brise  vent, adaptation  aux    sols  dégradés,  se  cultivant toute  l’année  et  répondant    aux  besoins alimentaires des populations. 

Ces  techniques  ont  été  adoptées  suivant  les ressources  et  les  possibilités  des  paysans. Exemples :  dotation  d’irrigation  à  petite échelle (pompe à pédale) pour  les paysans se trouvant  à  proximité  des  points  d’eau, apprentissage  de  techniques  hydroponiques en sac pour ceux ne disposant pas de parcelle, etc. 

Enfin, des champs écoles (farmer field school) ont  été  mis  en  place  pour  le  transfert  de connaissance vers les paysans cibles. 

Quelques chiffres : 

• Depuis  2009,  une  moyenne  de  40,000 ménages/an    bénéficiant  des  semences adaptées  à  la  sécheresse,  et  des encadrements  en    techniques  culturales 

sèches et adaptatives pouvant réhabiliter subséquemment    leur  capacité  de production  et  améliorer  l’accès alimentaire ; 

• Taux  de  réussite  de    75%  sur  les ménages‐cibles  de  l’approche  champ école  (farmers  field  schools) ;  soit  1,350 ménages  adoptant    dans  les  districts d’Ambovombe  et  Tsihombe  (Région d’Androy) ; 

• 15  tonnes  de  semences  de  qualité déclarée  (SQD/QDS) de  sorgho produites en 2011 ; 

 

 

Défis, perspectives 

L’approche  SA/RRC a été prouvée comme une meilleure  mesure  pour  l’adaptation  aux cyclones. Elle pourrait être aussi étendue à  la sécheresse. Le défi   qui se pose est réaliser  la mise  en  échelle  de  cette  approche  afin  de pouvoir  toucher  au  moins  les  ¼  des populations  vulnérables  et  à  risques3.  Ceci nécessite à  la  fois  l’intégration effective de  la dimension  Changement  climatique  et  la gestion/  réduction  des  risques  dans  les politiques/plans/programmes  sectoriels  de l’agriculture  (y  compris  élevage  et  pêche), ainsi que des financements plus substantiels. 

                                                            3 Dans le cadre de ce projet pilote, seulement 5% des paysans à risques ont été atteints 

Photo  1 : Un  paysan  producteur    fier  de  sa  récolte Bekily, 2011 

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Les  variétés  améliorées  et  à  cycle  court tolérantes  aux  cyclones/inondations  ou  à  la sécheresse  ont  donné  leurs  preuves  sur terrain.  Toutefois,  les  semences  de  base  y afférentes  sont  largement    insuffisantes. Jusqu’à  maintenant,  dans  le  cas  du  riz,  les producteurs de semences formels ne couvrent que  2%  de  besoins  nationaux  en  semences améliorées. 

Par  ailleurs,  la  variabilité  climatique  actuelle constitue  des  conditions  favorables  à l’apparition    et  à  l’invasion  des ravageurs/insectes   et des maladies fongiques des plantes. Des recherches et des mesures y afférentes  devront  être menées  en  parallèle pour  ne  pas  réduire  à  néant    les  efforts d’adaptation  effectués  pour  le  secteur agricole. 

 

 

 

Photo  2 :  Champs  de  sorgho  en  maturation, Ambovombe, 2011