La Feuille Verte - décembre 2014

8/10/2019 La Feuille Verte - dcembre 2014

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SIVENS : PLUS JAMAIS A !

Mort de Rmi Fraisse au cours dune manifestationcontre le Grand Projet Inutile et Impos (GPII) quest le bar-rage de Sivens, tags sur la Maison Verte Dole : ces deux v-nements nont, certes, aucune commune mesure - un drameirrparable et une action efface avec un peu dhuile decoude. Associons-nous, avant daller plus loin, la douleur dela famille de Rmi, celle de ses amis et redisons que cestbien de cette jeunesse cologiste, militante, pacifiste, decette jeunesse qui rve dun autre monde que notre pays,notre monde ont besoin. Sil sagit de renchanter la France,lEurope, ce ne sera certainement pas seulement coup dechiffres, de mesures conomiques, de rduction des dficitsque nous y arriverons, mais aussi, surtout en proposant uneautre vision de notre avenir, un autre modle social, plus hu-main, plus respectueux de notre environnement.

Nous sommes une priode charnire pour lhumanit.Des choix que nous ferons dpendra lavenir de notre pla-nte. Ces changements seront dstabilisants pour nombredentre nous. En ce sens, tout inacceptable quelle est, la co-lre de quelques agriculteurs qui sacharnent sur la MaisonVerte peut sinsrer dans un modle de comportement com-prhensible, quoiquun peu archaque. Ce qui sest pass Sivens est beaucoup plus grave. Ce ne sont pas quelques agri-culteurs qui sont en cause, cest tout le systme tatique quia draill, depuis la conception du projet et les tudes quilont valid jusqu la gestion de cette tragique journe du24 octobre et de la priode qui a suivi. On pourrait attendrede la puissance publique, dun gouvernement de gauche (1),une toute autre raction face cette problmatique. Sinon,ce type de rponse trs violente qui a t apporte Sivensne risque-t-il pas de servir de modle ?

Dans notre rgion, les GPII sont lgion : certains sontraliss (les canons neige de Mtabief, La Planche-des-Belles-Filles), dautres en cours dtude, voire dabandon(esprons -le), comme lagrandissement de l'aroport deTavaux, le Center Parcs dans le Jura, lexploitation des gaz deschiste et les multiples contournements routiers. Nous de-vons rappeler la raison les dcideurs publics et privs et leurdire que la voix de la population doit tre entendue. Cest deplus de dialogue, de plus de dmocratie que nous avons be-soin, pour que ce ne soient pas le dni de la ralit et la co-

lre qui prennent le dessus.

(1) On pourra lire le n 1325 du journal Politis, du 30octobre, qui sinterroge : Cest quoi, tre de gauche ?

DCEMBRE 2014 / n202 / 1,70

Corinne Tissier

et Bernard Lachambre

Cosecrtaires EELV


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Une initiative de la Confdration paysanne

CONFRENCE SUR LES SOLS MALTRAITSUne salle pleine craquer - 400 personnes - lors

d'une runion Valdahon, le 7 novembre dernier, pour

parler de la dgradation des sols et de ses consquencesdramatiques pour la biodiversit et la qualit des pro-duits. Les confrenciers, Lydia et Claude Bourguignon,sont d'anciens chercheurs de l'INRA (1). Las d'une orienta-tion trop productiviste de la recherche agronomique, il y a25 ans, ils fondent le LAMS (2) pour vivre leur passion : lefonctionnement et la protection des sols agricoles et viti-coles.

Portrait d'une dgradation

Lydia Bourguignon rappelle que la vie se dve-loppe sur trois milieux : l'air, l'eau et le sol. Si la pollution

de l'eau et celle de l'air font l'objet d'une rglementation,un gros lobbying est organis par l'industrie des engrais etdes pesticides contre la protection des sols. Et il y a peude monde pour s'lever contre cette maltraitance ; excep-tions : Corinne Lepage et Michle Rivasi.

En 6 000 ans d'agriculture, 2 milliards d'hectaresde sols ont t dtruits dans le monde, dont 1 milliard aucours du seul vingtime sicle. Les raisons sont multiples :dfrichage dans des zones forte rosion, irrigation quientrane la salinisation, utilisation d'engins agricoles trop

lourds, suppression des haies, appauvrissement en ma-tire organique, gnralisation de l'usage des pesticideset des engrais, etc. Il y a dj actuellement 1 milliardd'hommes sous-aliments et 2 milliards en tat de ca-rence. La perte de terres agricoles pourrait donc devenirrapidement dramatique.

Rsumons le propos : les apports d'engrais chi-miques brlent la matire organique, le compactage

des sols par les engins trop lourds diminue la porosit,empche l'aration indispensable et la rtention d'eau,la perte de matire organique et l'usage des pesticidesentranent la disparition de la faune et des micro-organismes ; la dgradation des sols va favoriser le lessi-vage des nitrates qui se retrouvent dans les rivires etprovoquer l'rosion : on estime la perte de matire 5 tonnes par hectare et par an. Au bout de ce proces-

sus, quelques centaines d'annes plus tard, c'est latransformation de rgions entires en dsert, commec'est dj le cas dans certains endroits des tats-Unis.

Qualit des sols et gastronomie

Dans un sol vivant, il y a 2 3 tonnes de microbes l'hectare, sans compter une multitude de petits ani-maux et les vers de terre qui, en creusant des galeries, jouent un rle essentiel dans l'aration des sols et leurbrassage. La gnralisation de l'usage des pesticidesdtruit les vers de terre, les insectes, les acariens et lesmicrobes, entranant des consquences trs graves surles sols, mais aussi sur la qualit des plantes cultives.

Chacun a pu faire l'exprience de tomates ou

d'autres lgumes, cultivs sous serre et hors sol, quin'ont aucun got. En fait, ce sont les oligo-lmentsprsents dans le sol qui donnent le parfum, le got deterroir qu'on connat bien pour les vins. Ce n'est pos-sible que pour les cultures de plein champ, sur des solsnaturels, vivants et riches. L aussi, ce sont les micro-organismes des sols qui rendent les oligo-lments assi-milables.

Dans cette dgradation du got, sont en cause ga-lement la diminution drastique du nombre de varits

de plantes cultives (lgumes, crales et fruits) sous lapression de l'industrialisation de l'agriculture et desmarchands de graines. Et les varits modernes con-tiennent beaucoup moins de vitamines et d'oligo-lments que les varits anciennes.


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Comment rparer les sols abms ?

En 1900, les sols des terres cultives contenaientencore 4 % de matires organiques ; aujourd'hui, il n'encontiennent plus que 2 %. Dans une fort, par exemple,c'est la litire qui est transforme en excrments, puis enhumus, par la micro-faune - collemboles (3), acariens, clo-portes, mille-pattes, etc. - et par les vers de terre. L'argile,

elle, se forme partir de l'rosion des roches sous-jacenteset c'est le mlange humus-argile qui va donner au sol unestructure favorable la circulation de l'air et la rtentionde l'eau et des sels minraux.

La bonne nouvelle, c'est qu'on peut rparer lessols, et on comprendra donc facilement que la pice ma-tresse d'une restauration des sols agricoles est l'enrichisse-ment en matire organique. On peut le faire de diffrentesmanires : apports de fumier, culture de plantes interm-diaires qui servent d'engrais verts, utilisation de mulch (4),

de BRF (5). Et Claude Bourguignon nous met en gardecontre le dveloppement de la mthanisation, qui va poserun nouveau problme puisque, dans ce processus, le car-bone est transform en gaz et non en humus et que lesrsidus ou digestats pandus sur les terres agricoles ne con-tiennent plus de matires organiques.

D'autres techniques permettent d'aider la rpara-tion des sols : utiliser des tracteurs plus petits ou des che-vaux pour limiter les phnomnes de tassement, ne pas

laisser les sols nu, surtout en t, parce qu'une temp-rature suprieure 40C provoque la mort des microbes,faire des semis directs en pratiquant un simple griffagedes sols ou des labours faible profondeur, etc.

En dfinitive, il faut arrter de considrer le solcomme un simple support physique des plantes cultiveset un vulgaire substrat pour engrais chimiques. Le sol est

un milieu vivant, qui doit tre riche en micro-faune, enchampignons microscopiques et en matire organique,ce que l'agriculture productiviste et industrielle est inca-pable de respecter. Petit clin d'il au barrage de Sivens :

un sol dgrad ne joue plus son rle d'ponge, d'o lafuite en avant de l'irrigation.

C'est rconfortant de voir qu' Valdahon, 400 per-sonnes ont montr un grand intrt pour une autre agri-culture, plus cologique et plus respectueuse des qui-libres naturels et de la biodiversit.

Grard Mamet

(1) Institut National de la Recherche Agronomique.

(2) Laboratoire d'Analyse Microbiologique des Sols :www.lams-21.com/

(3) Classe de petits arthropodes, souvent sauteurs.

(4) Dchets organiques, compost, paillis dont onrecouvre le sol.

(5) Bois Ramal Fragment : rsidus de branches(rameaux) frachement broyes. Le BRF favorise le main-tien de l'humidit et la formation d'humus.

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Europe Ecologie Les Verts de Francheomt

(14, rue de la Rpublique, 25000 Besanon)

Directeur de publication :Grard Roy

omit de lecture : Michel Boutanquoi, Grard Mamet,

Grard Roy, Suzy Antoine, Franoise Touzot

CPPAP:0518 P 11003

Maquette :Corinne SalviMise en page :Suzy Antoine


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Contre le drglement climatique

Pour sauver le climat, il est minuit moinscinq , affirmait rcemment le prsident du GIEC, leGroupe dexperts intergouvernemental sur lvolution du

climat. Plus personne, hlas, ne peut douter de la gravitdu drglement en cours : Cyclones, tornades, inonda-tions, temptes et scheresses Entre 1980 et 2011, les

catastrophes climatiques ont cot la vie quelque30 000 personnes et occasionn plus de mille milliards dedollars de dgts sur le continent nord-amricain , indi-quait une tude du rassureur allemand Munich Re pu-blie en octobre 2012. En trente ans, le nombre de catas-trophes climatiques a presque quintupl en Amrique duNord alors quil a t multipli par 4 en Asie, par 2,5 en

Afrique et quil a doubl en Europe.

Notre maison brle !

Ce que nous vivons aujourdhui est bien peu de

choses par rapport ce que subiront nos enfants si nousne sommes pas capables de relever trs vite le dfi cli-matique. Le franchissement possible du seuil des + 2C(hausse de temprature moyenne du globe terrestre

partir de laquelle limpact sur les cosystmes est de

grande ampleur) ntait dcrit qu lhorizon 2100 il y a

quelques annes peine. Mais un communiqu publien juin 2013 par le CNRS informe que ce seuil pourraittre franchi entre 2035 et 2045 pour le scnario le plussvre, qui est, hlas, celui qui suit la courbe actuelle denos missions de gaz effet de serre. Nous voyons, qua-siment en direct, la situation saggraver de manire ter-

rible et les chances se rapprocher dangereusement.

Rien na chang depuis le clbre constat : Notre maison brle mais nous regardons ailleurs (1).Pire, depuis lchec du sommet de Copenhague en 2009

et lclatement de la crise financire, lurgence clima-tique semble avoir disparu de lagenda des dcideurs.

Le projet Alternatiba

Le projet Alternatiba est n dans ce con-

texte. Il veut contribuer relancer une mobilisationcitoyenne, au niveau europen, dans la perspectivedun sommet dcisif pour les ngociations interna-

tionales sur le climat qui se tiendra fin 2015 Paris(COP21).

Du 5 juin au 26 septembre 2015, un vlo 4 places parcourra 5 000 kilomtres pour le climatentre Bayonne et Paris. Symbole d'Alternatiba, cedrle de vlo traversera 180 territoires de 6 payseuropens, pour porter le message suivant : non

seulement les alternatives au drglement clima-tique existent, mais en plus, elles construisent unmonde meilleur !

Ce tour mobilisera des milliers de collectifslocaux et des dizaines de milliers de citoyens, quelques mois du sommet mondial sur le climat. Ils'agira de contribuer une phase de prmobilisationcitoyenne autour de la promotion des vraies alter-natives , pour contrer celle des fausses solutionsqui risque d'tre orchestre par diffrents lobbies.Or, la solution ne peut pas venir seulement d'enhaut, elle doit aussi tre enclenche depuis nos ter-

ritoires : c'est le sens de ce Tour Alternatiba.

ALTERNATIBA !


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Un peu de Charlie Hebdo ?

Alternatiba, c'est quoi exactement ?

Le dimanche 6 octobre 2013, Alternatiba, m-lange d'Utopia et d'Alternative, a t le nom d'un villagede transition vers le monde de demain install en pleincur de Bayonne, au Pays basque. Le premier village des

alternatives au changement climatique s'est ainsi tenuquelques jours aprs la publication du cinquime rapportdu GIEC. Organis par 500 bnvoles, Alternatiba a ras-sembl plus de 12 000 personnes. Il a ainsi montr qu'unemobilisation large, bien au-del des seuls convaincus,tait possible sur la question de l'urgence et de la justiceclimatique.

l'aide de confrences, expositions, stands, ate-liers et dmonstrations pratiques, mais galement de re-pas festifs, concerts, dambulations artistiques, chants etdanses, etc., Alternatiba montrait que non seulement lessolutions au drglement climatique existent, mais qu'en

plus, elles construisent une socit et une vie plus hu-maines, plus justes, plus solidaires, plus conviviales, bref,plus dsirables.

Une dynamique prometteuse

Depuis le 6 octobre 2013, une quinzaine devilles ou territoires ont spontanment vu clore desinitiatives Alternatiba : Paris/Ile-de-France, Nantes,Bordeaux, Marseille/Aix-en-Provence, Saint-Jean-de-Luz, Polynsie, Genve (Suisse), etc. Plus prs denous, lAlternatiba Tour fera escale Dijon le 14 juillet

2015. Il fera tape en Franche -Comt le 15 juillet

Dole, le 16 juillet Besanon. Nous pourrions enprofiter pour organiser un vnement afin de valori-ser nos actions sur la transition cologique. (2).

Suzy Antoine

(1) Jacques Chirac, Prsident de la Rpublique franaise, en ouverture du discours qu'il fit pour leIVe Sommet de la terre, le 2 septembre 2002,

Johannesburg (Afrique du Sud).

(2) Pour en savoir plus : www.alternatiba.eu


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Le groupe local ELV du Pays de Montbliardorganise des apros ou cafs colos avec un double ob- jectif : offrir aux militants la possibilit de creuser unsujet, mais aussi crer des occasions de rencontre avecdes personnes que nous ne ctoyons pas habituelle-ment. Nous invitons trs largement les habitants de lAire

Urbaine venir sinformer et dbattre sur des thma-

tiques prcises avec un ou des invits. Lundi17 novembre, cest autour de Pascal Minguet que nous

avons parl d innovation sociale et environnementale

du FabLab . Imprimantes 3D, FabLabs sont des sujets la mode et en phase dans un Pays de Montbliard quimise sur le numrique pour se diversifier. Autant de rai-sons pour organiser ce caf colo. Mais, au- del, cest lefonctionnement social des FabLabs et les nouvelles fa-ons de consommer qu'ils induisent qui nous ont intres-ss.

Ce nest donc pas de technique quil a t ques-

tion, mais dutilit sociale et environnementale des

FabLabs.

Qui est Pascal Minguet ?

Pascal Minguet estoriginaire de Montbliard ;aprs avoir tudi la micro-lectronique luniversit de

Dijon, il a travaill dans lessecteurs de la communica-tion, du marketing num-rique et des rseaux sociaux.Il est depuis quelques mois charg de mission Numrique et usages au Conseilrgional de Bourgogne. Il est conseiller municipal La-doix-Serrigny, prs de Beaune, aprs lavoir t Jouhe,commune du Grand Dole. Il est aussi lun des cofonda-

teurs du premier FabLab rural de France, Biarne, vil-lage de 350 habitants voisin de Jouhe. Cest pour cela

que nous lavons invit.

Un FabLab ?

Les FabLabs (contraction de langlais Fabrication

Laboratory, laboratoire de fabrication ) sont nsdune faon innovante de bricoler collectivement

avec les nouvelles technologies. L'ide mane de NeilGershenfeld, de l'Institut de Technologie du

Massachusettts, la fin des annes 1990. Au seindes FabLabs, on sentraide, on partage son savoir -faire pour mettre le numrique son service : rpa-rer un objet, programmer un logiciel, imprimer en3D un prototype, dtourner un produit de son usageinitial, etc. Par leur mode de fonctionnement colla-boratif et communautaire, les FabLabs permettentde renouer le lien social par lentraide et la collabo-

ration. Ils permettent par exemple de contrer lobso-

lescence programme des objets et saffranchissent

des distances : grce aux fichiers numriques, unobjet peut tre conu dans un FabLab, fabriqu dansun autre et amlior dans un troisime - y comprisdans un pays en voie de dveloppement.

Un dynamisme associatif rural

L'association Net-Iki est ne en 2008 sur lafracture numrique, rsultat de labsence dinternet

haut dbit dans les villages de Biarne et Jouhe. Le

collectif initial, fort de 120 foyers des deux villages,sest vite transform en association loi de 1901. D-

but 2009, c'est l'arrive de la premire liaison wifidu Jura Jouhe. Cette association intervillages Net-Iki organise chaque semaine des ateliers pour d-couvrir, utiliser et matriser Internet et le num-rique. Les ateliers se droulent le jeudi de 19 h 30 21 h 30, sont anims par des bnvoles et couvrent,selon les sujets, les niveaux dbutants, utilisateurset experts dInternet. Depuis 2011, Net -IKi est instal-le dans une ancienne salle de classe de Biarne,dote dordinateurs rcuprs auprs dune grande

entreprise locale. Outre les ateliers, qui abordentdes thmes varis - utiliser Internet, faire ses d-marches en ligne, faire connatre son association ou

Un Caf colo Montbliard

INNOVATION SOCIALEET ENVIRONNEMENTALE DU FABLAB


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La socit kurde est traverse de contradictions.Dans My sweet pepper land, ceux qui veulent sortir le paysdu Moyen-Age, construire un tat moderne et promouvoirl'galit homme-femme sont confronts la socit tradi-tionnelle trs conservatrice, aux seigneurs de guerre, auxfodaux et aux trafiquants de tout poil. On y retrouve l'ob-session de la virginit et le code d'honneur qui s'opposent

au travail de la femme et son mancipation. Ds lors, oncomprend qu'il puisse y avoir une forme de convergence,voire de complicit entre les conservateurs kurdes ou turcset les reprsentants de l'tat islamique Daech.

travers ses images et ses dialogues, mine derien, le cinma d'Hiner Saleem nous fait entrevoir lesdeux visions du monde qui s'affrontent en ce momentdans la rgion : la vision machiste, obscurantiste et r-trograde des fodaux et la vision moderne, ouverte etlibre, o l'galit homme-femme serait le fondementd'une vraie dmocratie.

Grard Mamet

(1) Yilmaz Gney est un ralisateur et metteuren scne turc d'origine kurde (1937-1984). Parmi ses films les plus connus :Le troupeau (1978) et Yol (1982).

Bande dessine

RIEN QUE DU BON !Qu'est-ce qu'une bonne bande dessine ? D'abord

un dessin, puis une histoire, laquelle le dessin participesans l'illustrer.

Patrick Prugne sait parfaitement mler un dessintravaill, rehauss d'une coloration pastel, qui se suffit sou-vent lui-mme, et une histoire qui s'crit par petitestouches et vite ainsi les pages bavardes.

Son dernieropus, Poulbots (1),d'une rare splendeur,conte l'histoire d'unpetit bourgeois quirencontre ces gaminsdes rues dont Fran-cisque Poulbot s'tait

fait un peu le porte-parole. En plus, ilnous laisse devinerson art et son talenten nous offrant lafin de l'ouvrage cro-quis et esquisses quidvoilent le travail de cration.

On lira et admirera de la mme manire ses deuxprcdentes livraisons, Frenchman et Pauwnee, une his-toire en deux tomes de Franais partis pour la Louisiane etqui se confrontent un monde inconnu, rude, violent etmystrieux (2).

Question dessins, Loisel et Tripp font trs forten mariant leurs

crayons (3) pour unesaga, Magasin gn-ral, dont le neuvimeet dernier tome vientde sortir (4). On yretrouve les person-nages d'un petit vil-lage qubcois desannes 1920, qui vitun chambardementsans prcdentquand se met souffler le vent de la modernit citadinesur une campagne dont la vie est rythme par les sai-sons - ou comment danser le charleston sans que lesanciens ne s'offusquent, comment devenir mre sansconnatre le pre.

Le plaisir des yeux s'accompagne d'un plaisir dela lecture : dans la tte rsonnent l'accent et la richessedes expressions qubcoises. Tabernacle !

Michel Boutanquoi

(1) ditions Margot (2) ditions Daniel Maghen (3) Ce n'est pas qu'une image :

les deux dessinateurs (et scnaristes) allient leurs styles pour en crer un nouveau.(4) ditions Casterman


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Pionnier de lco-

toxicologie, science quitudie les cons-quences, sur les com-munauts dtre vivants

et les cosystmes, delintroduction de subs-

tances chimiques, sou-vent toxiques, dans lemilieu, Franois Ra-made, professeur m-rite dcologie et de

zoologie luniversitde Paris-Sud, nous offreson 24e livre, Un mondesans famine ? Vers une agriculture durable. (1) Cet ouvragetraite des rapports que lhomme entretient avec la nature

travers sa dmographie et son agriculture. Parmi les mul-tiples questions abordes, on en citera quelques-unes. Parexemple :

Laccroissement de la population humaine exerce une

puissante action destructrice sur les milieux et les espces,

mais la transition dmographique est bien entame : ira-t-elle assez vite ?

La production alimentaire suit-elle la croissance d-mographique ? Si la rponse est ngative, les causes ensont-elles sociologiques, conomiques, comportementales,cologiques ?

En agriculture, quelle surface est actuellement culti-ve ? De quelle surface cultivable peut-on encore esprerdisposer ?

Les agrocarburants sont-ils une solution nergtique

ou bien une imposture nergtique et cologique ?

En 2100, on change nos maisons pour un tipien Laponie ?

Leau, quelle abondance ! Mais quid de leau

douce, dont seulement 9 000 km3 sont disponibles, soitune quantit limite ?

Les rendements de lagriculture intensive ne

sont-ils pas un trompe- lil, alors que plus on introduitdnergie dans la production, plus le rendement baisse ?

Biodiversit : le sixime pisode dextinction

majeur connat un rythme ingal. Que restera-t-il pournos enfants ?

Sommes-nous donc prisonniers de lexplosion

dmographique, de la pauvret et des modalits delagriculture conventionnelle ? Non, car lOccident, ds leXVIIIe sicle, a commenc stabiliser sa population. LaChine et lIran en ont fait autant au XXe sicle. Les mo-

dles agricoles alternatifs et efficaces existent.

Franois Ramade laisse une fentre despoir

entrouverte. Il trace et dveloppe les lignes directrices

tournant le dos au mur vers lequel lhumanit est en

train de foncer. Il achve son ouvrage en insistant surlimprative ncessit de substituer une agriculture

cologique lagriculture contemporaine, gaspil-leuse de ressources naturelles et destructrice de les-

pace rural.

Vous voulez savoir pour agir ? Alors, lisez celivre.

Suzy Antoine(daprs Loiseau magazinen116 p 27)

(1) Collection UniverSciences, Dunod, 2014 24

lire encore

POUR NE PAS FONCER DANS LE MUR


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Un chanteur engag

MONTHUSEn cette anne o nous clbrons le centenaire

de la guerre de 1914, il serait bon de rappeler un chan-

teur qui a marqu le premier quart du 20e sicle :Monthus.

De son vrai nom Gaston Brunschwig, il nat Parisen 1872 et est l'an d'une famille de 22 enfants !

Il dbute dans la chanson ds 1884 et prend lenom de Monthus. Chanteur engag, ce gosse de la ruedfend ple-mle les ouvriers, les femmes, la paix ettous ceux qui souffrent .

C'est en 1907 qu'il va vraiment devenir clbre.Cette anne-l, le Midi viticole est en crise et se rvolte.

Le gouvernement dirig par GeorgesClemenceau envoie la troupe pourrtablir l'ordre. Mais le 20 juin, le17e rgiment d'infanterie se mutineet refuse de tirer sur les vignerons. cette occasion, Monthus crit lachanson Gloire au 17e, qui aura unretentissement mondial. On connattous :

Salut, salut vous, bravessoldats du 17e ,Salut, braves pioupious [...]Vous auriez en tirant sur nousassassin la Rpublique.

Ses chansons provoquentsouvent la raction des gouverne-ments en place et il sera l'objet denombreux procs, en particulierpour une chanson ddie auxfemmes et intitule La grve des

mres, qui montre sa volont dedfendre la paix : Puisque les hommes sont des sauvages,Femmes debout, femmes l'ouvrage ,Il faut sauver l'humanit.Refuse de peupler la terre, arrte la fcondit,Dclare la grve des mres.

Pour cette chanson, il sera condamn pour... inci-tation l'avortement !

Mais si Monthus soutenait les ouvriers, il n'hsi-

tait pas les mettre devant leurs responsabilits, en par-ticulier concernant la consommation d'alcool. Dans lachanson Morale la dbauche, il fait parler la femme del'ouvrier qui va chercher son mari l'estaminet et qui luidit :

Pisqu't'es en train, finis ton verreEt puis rentrons la maison.

Faut tr' srieux quand on est pre,Tu sais bien qu'c'est moi qui ai raison.

Arrive la guerre de 1914 et, comme beaucoup de mili-tants de la paix, il rejoindra l'Union sacre et composeraplusieurs chansons pour soutenir le moral des soldats. Deuxd'entre elles sont particulirement marquantes. Il modifie lachanson d'Eugne Pottier, L'Internationale :

C'est la guerre finale, battons-nous et demain,L'Internationale sera le genre humain.

Dans une autre, il s'adresse aux gens degauche : c'est La Lettre aux socialos : C'est pour notre indpendanceQue l'on marche sans dfaillanceComme si c'tait le grand soir.Que l'on soit syndicaliste, Anarcho, ou socialiste,Tout chacun fait son devoir.

Aprs la guerre, il participe nouveau la dfense de la paix et, en mmoire des

soldats morts au combat, il crit LaButte rouge en 1922 : Sur cette butte - on n'y f'sait pas lanoceComme Montmartre o l'champagnecoule flots,Mais les pauvr's gars qu'avaient laissdes gossesY f'saient entendre de terribles sanglots.C'qu'elle en a bu des larmes cette terre,Larmes d'ouvriers et larmes de paysans,Car les bandits qui sont cause desguerres

Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans !

Ensuite, Montheus fut quelque peu oubli. Il retrouvacependant un regain de reconnaissance en 1936 en cri-vant La Jeune Garde,qui sera le chant du Front populaire.

D'origine juive, il ne fut cependant pas dport pen-dant l'occupation mais porta l'toile jaune. En 1947, ilreut la Lgion d'honneur des mains de Paul Ramadier

Ministre de... la guerre !

Il est mort Paris en 1952.

Grard Pavageau


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Le rapprochement qui suit, entre deux situationsqui n'ont a priori aucun point commun, pourra paratreabusif et/ou artificiel. Si je me l'autorise nanmoins, c'estque toutes deux me semblent illustrer parfaitement lamme expression : on use souvent de deux poids, deuxmesures.

Des grenades et des ragondins

Les tragiques vnements lis au stupide projet debarrage de Sivens et les manifestations organises par laFNSEA apportent de ce prcepte une premire illustra-tion. Dans le Tarn, des manifestants pacifiques (1), qui

luttaient mains nues non seulement contre un ouvrageminemment contestable, mais aussi (et surtout ?) pourun monde un peu plus humain, se sont retrouvs face une escouade de pandores tirant qui mieux mieux dessalves de grenades offensives. Bilan : un mort,Rmi Fraisse rejoignant Vital Michalon au martyrologe deceux qui n'en dplaise certain (ir)responsable socia-liste perdent la vie en dfendant des ides d'avenir.

Une semaine plus tard, ce sont des milliers d'agri-culteurs, excits par une FNSEA plus borne que jamais,

qui investissent plusieurs villes de France. Eux ont unecurieuse conception de l'avenir, fonde sur le toujours-plus : toujours plus de pesticides dans les champs,d'animaux dans ce qui a remplac les prs, d'antibio-tiques dans les animaux...(2). Comme l'accoutume, ilfaut qu'ils conspuent, qu'ils cassent, qu'ils salopent celabien sr pour manifester leur dsespoir . Et que je tebalance du fumier, et que je te dverse du purin et dulisier, et que je t'incendie des pneus (quand ce ne sontpas, comme quelques jours avant, des centres des impts

ou des locaux de la Mutualit agricole), et que je te ptedes vitres et te mure des portes, et que cette fois ah !pour a, en voil de la nouveaut ! -, je te projette desragondins peinturlurs ; au besoin, je roule mme dessusen tracteur (3). Et comme chacun sait que ce sont lescolos qui font rien qu' faire des misres au monde pay-san, on va taguer les locaux comme Toulouse et laMaison Verte, Dole de ces ayatollahs verts emp-cheurs de polluer en rond. Tout cela en l'absence quasitotale de raction des FVdO (Forces Vallsiennes dites de

l'Ordre) ; et l'heure o j'cris ces lignes, il sembleraitqu'aucune poursuite judiciaire n'ait t engage contreles casseurs (pardon : les syndicalistes paysans) et lestortionnaires d'animaux (euh ! non : simplement des gensqui dtruisent des nuisibles) (4). Mais j'ai peut-tre mal lu

la presse... Alors, deux poids, deux mesures ?...

Les Palestiniens et... les autres

L't dernier, en raction la guerre mene parIsral dans la bande de Gaza, les prises de position et lesmanifestations de soutien aux Palestiniens se sont suc-cd, en France et ailleurs, de la part de multiples asso-ciations, partis, collectifs. Rptons-le : c'tait normal,c'tait juste, c'tait ncessaire... mme si on pouvaits'interroger quant aux motivations profondes de cer-tains soutiens de la rsistance palestinienne (5).

Depuis la fin (videmment provisoire) de ce conflit,l'attention du monde s'est d'autant plus dtourne de laPalestine que d'autres sujets d'inquitude sont apparuset ont prolifr depuis. Au premier rang de ceux-ci, l'of-fensive et les succs de Daech, le prtendu tat isla-mique, dont le cancer s'tend peu peu sur des pansentiers du territoire syrien et irakien (sans parler desgroupes qui, en Libye, en gypte, en Algrie et ailleurs,lui font allgeance). Cette arme (car c'en est bien deve-nu une) de cingls, d'illumins, de fous furieux, de fana-tiques, tend, par le sabre et le canon, son empire - son califat - dpouill de tout ce qui n'est pas l'islam telqu'elle le conoit. Chrtiens, Yzidis, Kurdes, chiites etautres minorits sont ses proies de prdilection ; excu-tions et dplacements massifs, conversions forces, es-clavage et viols, dcapitations, crucifiements et gorge-ments, nettoyage ethnico-religieux grande chelle sontles mthodes, parmi d'autres, d'Abou Bakr al-Baghdadiet de sa bande de dgnrs. En quelques mois, ces bar-bus exalts ont caus des milliers de morts, chass desmilliers de gens de leurs terres, extirp des lieux qu'ilsoccupent des cultures millnaires.

De chez nous au Proche-Orient

DEUX POIDS, DEUX MESURES ?


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Dans ces conditions, on se serait (pas vous ?)attendu une mobilisation unanime, ou du moins celledes organisations habitues dfendre (je le dis sans

ironie) le faible contre le fort, la victime contre le sou-dard, le massacr contre le massacreur. Bref, on auraitpu penser que la solidarit manifeste aux Palestiniensvaudrait aussi pour les autres damns de la terre proche-orientaux.

Force est de constater (arrtez-moi si je metrompe) qu'il n'en a rien t ou si peu. J'ai eu beau(tenter de) suivre au plus prs l'actualit, plucher les journaux, chercher sur internet, rclamer mme auxcopains des infos qui m'auraient ventuellement chap-

p, bernique ! Soyons honnte : il y a bien eu, le 1er no-vembre, une journe mondiale de soutien la rsistancede la ville de Koban (dont le moins qu'on puisse dire estqu'elle n'a pas eu l'impact mdiatique des manifesta-tions de soutien la Palestine) ; j'ai vu passer un ou deuxcommuniqus d'ELV, qui a d'ailleurs particip desrassemblements de soutien aux Kurdes (et les Yzidis ?) ;l'glise catholique a appel soutenir les chrtiensd'Orient (et les autres ?) ; et je n'affirmerai pas qu' B-con-les-Bruyres ou La Trinit-Porhoet, on n'a pas vu

un groupuscule local se runir dans une arrire-cuisinepour pondre un tract bien senti distribuer dans les fa-milles... Mais o sont passes, tous ces derniers mois, lesfoules d'extrme gauche et cologistes (entre autres)spcialises dans la dnonciation des crimes d'Isral Gaza et ailleurs ? Pourquoi n'a-t-on pas entendu, contreles nouveaux talibans du Moyen-Orient, les mmes dis-cours enflamms que ceux qui, il y a peu, vouaient l'tathbreu aux gmonies ?

J'entends d'ici les objections, entre autres celle-

ci : les crimes de Daech sont d'une telle ampleur et d'unetelle nature qu'ils laissent littralement sans voix ; et detoute faon, les djihadistes se contrefichent de ce quepense d'eux l'opinion publique mondiale, ce qui n'est pasle cas d'Isral, tat dmocratique sensible, par

exemple, aux risques de boycott. Certes, mais outreque les manifestations anti-israliennes n'ont gure eud'influence sur la conduite de la guerre Gaza, l'effet sidrant de la barbarie islamiste n'a pas empch(Cf. plus haut) certains soutiens cibls ses vic-times, ni les protestations (justifies ou non, c'est uneautre question) contre la guerre finalement mene par

l'Occident.Alors, bien sr, la complexit de la question est

telle qu'on ne saurait se contenter d'y trouver une ex-plication unique et si simplificatrice qu'elle en seraitcaricaturale. On aura cependant du mal me con-vaincre (je l'ai dj dit il y a trois mois) que, parmi lesraisons expliquant la diffrence de traitement entre lesPalestiniens et les autres victimes de la barbarie, il n'y apas, tapis au fond de certaines (in)consciences, de d-testables relents d'antismitisme, un peu comme si le

tort des Kurdes, des Yzidis, des chrtiens d'Orientet de quelques autres, oublis par les dfenseurs pa-tents des peuples opprims, tait de n'tre pas massa-crs par des juifs...

Grard Roy

(1) Mme s'il serait ridicule et contre-productif denier la prsence de gens venus simplement pour en d-coudre, comme c'est devenu la rgle dans quasimenttoutes les manifs.

(2) En revanche, toujours moins de paysans... au

profit exclusif des plus gros d'entre eux.(3) Pour une fois, j'apprcie sa juste valeur le

commentaire de Jean-Vincent Plac propos de cespauvres types sadiques de la FNSEA : Les traiter deporcs serait diffamatoire vis--vis des animaux.

(4) Pourtant, des plaintes ont t dposes pardes associations.

(5) Cf. Tous les massacres ne se valent pas,La Feuille Verte n199, p.12-13.

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Dessin publiavec laimable

autorisation deCharlie Hebdo

Dessin publi avec laimable

autorisation de Charlie Hebdo


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1. Seuls les riches seront immortels

Une quipe de chercheurs de l'universit de Har-vard travaille sur le vieillissement des cellules. Il y a desavances dcisives : Plusieurs substances actuellementtestes en laboratoire ralentissent considrablement levieillissement et retardent la survenue du diabte, descancers et des maladies cardiaques . L'quipe a mmedcouvert un compos qui inverse le vieillissement descellules. Pour ceux qui pourront se payer les traitementsonreux, la bonne sant pourrait se poursuivre jusqu'100 ou 120 ans. ( Courrier international n 1151, 23 au29 octobre 2014, pp. 28-31-extraits du magazine Aeon,Londres)

Commentaire : Mais cela ne ferait qu'accrotrel'cart entre la longvit des nantis et celles des plus d-munis qui est dj de 12,2 ans aux Etats-Unis. SelonHealth Affairs, dans ce mme pays, en 18 ans, dans lesclasses modestes, l'esprance de vie a dj diminu de5 ans pour les femmes et de 3 ans pour les hommes. En

cause la pauvret, la malnutrition, le manque de soinsmdicaux. A terme, les riches pourraient vivre deux foisplus longtemps que les pauvres. Pouvons-nous accepterune telle drive de la socit o les carts de revenussont en train de se transformer en cart de dure de vieen bonne sant ?

2. L'entreprise scientifique doit tre respon-

sable devant l'humanit

STS , Sciences Technologies et Socit, est une

discipline rcente qui explore les liens entre pouvoir,savoir et technologie. A l'oppos des chercheurs quiprtendent que la technologie va permettre de vaincreles maladies, le vieillissement et mme le rchauffe-ment climatique, une chercheuse d'origine indienne,

Sheila Jasanoff, enseignante en STS, plaide pour destechnologies de l'humilit. Pour elle, il n'y a pas de solu-tions technologiques aux problmes de socit et il fautinventer des mthodes pour grer la partialit des con-naissances scientifiques et ne pas en oublier la dimen-sion thique. Et malheureusement, dans notre universoccidental, le march est l'ultime validateur de nostechnologies . (La Recherche n 492, octobre 2014,pp. 70-72)

Commentaire : dans les annes 60, la science etla technologie taient associes la force de destruc-tion de la bombe nuclaire, au dfoliant appel agentorange et aux mfaits des pesticides. Aujourd'hui, entrescience et socit, le jeu est sans doute plus subtil.Mais les socits produisent du savoir scientifique encohrence avec leur histoire politique, culturelle et ins-titutionnelle. Il s'agit donc de passer les sciences aucrible interdisciplinaire : sociologie, histoire et philoso-phie. Le but final tant que l'entreprise scientifique soit

responsable devant l'humanit. Ce qui est contreditdans des exemples comme Bhopal ou Fukushima.

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Science et cologie

IMMORTALIT DES RICHES, RESPONSABILITDES SCIENTIFIQUES,

MASSACRE INSECTICIDE ET PIDMIE D'EBOLALa science pour clairer les choix de l'cologie politique.

La rflexion politique pour dvelopper la critique de la science.


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De grands yeux d'enfant

DES PLANS SUR LA COMTE ?

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Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, l'astro-

physique, c'est du chinois. Je peine comprendre le BigBang, l'univers en expansion dans l'infini, les trous noirs(quand ce ne sont pas ceux de Hollande propos de sespromesses), les annes-lumire - sauf pour affirmer queValls est des annes-lumire d'une politique degauche.

Et pourtant je reste fascin parl' atchourissage de Philea, cette ide d'avoir pro-gramm un rendez-vous dix ans l'avance et d'y tre l'heure (1), ce projet, aussi fou qu'inutile du point de

vue de la rationalit social-librale, d'aller chercher plus de 500 millions de kilomtres des traces d'un passsi lointain, celui de nos origines, nous qui sommes rso-lument en train de saloper un hritage des milliers defois millnaire.

La joie ptillante des quipes qui ont travaill cette russite, ce bonheur europen incongru dans uneEurope junckerise, reprsentent un moment de grce,un instant un peu magique o, avec des yeux d'enfants,on s'chappe furtivement de la pesanteur terrestre.

D'aucuns sans doute interrogeront les sommesdpenses pour un rve sans retombes immdiatespour la vie quotidienne, sans intrt pour le monde dela finance et des actionnaires du Medef. Les mmes,peut-tre, n'ont gure vu d'inconvnients la gabegiefinancire du Brsil pour sa Coupe du monde, voireignorent l'exonration d'imposition accorde l'UEFA(2) des bnfices qu'elle compte raliser lors du cham-pionnat d'Europe, alors que les investissements(rnovation des stades, par exemple) sont assums par

de l'argent public.

Sans tomber dans la grandiloquence, peut-on

oublier que ce qui constitue une partie de notre huma-nit relve de l'envie de connatre, de comprendre, dese forger des explications du monde qui dfont cellesd'hier et seront demain lzardes, que cela se construisedans les catgories de la pense dite scientifique oucelle de la pense sauvage, dont Levi-Strauss a montrtoute la richesse ?

Cela dit, quelle que soit la liesse que suscitecette pope, cette fantastique chevauche, elle ne doitpas faire oublier combien le monde de la recherche se

trouve aujourd'hui sinistr, ni que l'ide mme de laconnaissance se voit pervertie par nos lites politiqueset patronales, du fait de leur volont d'une rentabilitimmdiate (3).

Bon voyage, Philea ! Et si jamais tu trouves surcette comte au nom ternuer de quoi alimenter nosrflexions sur la recomposition de la gauche, n'hsitepas, nous sommes preneurs. Bien le bonjour Rosetta.

Michel Boutanquoi

(1) Je vous le concde, l'ESA (Agence spatiale euro- penne), ce n'est pas la SNCF!(2) L'Europe des associations de footeux.

(3) Cf. Malaise dans l'universit, La Feuille Verten 200.


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Laitage. Le Japon confront une grave pnuriede beurre. Pour le Dernier Tango Tokyo, a va pas lefaire.

Joujou. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Int-rieur et nuclocrate forcen, dclare qu'il n'est pas unPlaymobil casqu . C'est vrai. Juste un consternantPinocchio.

Clebs. Des autorits musulmanes de Malaisie s'enprennent un habitant de Kuala Lumpur qui a invit sesconcitoyens toucher un chien . Charg de protger la puret de la foi , une de ces vnrables badernes adclar qu' on commen[ait] par toucher un chien etqu'on ne savait pas ensuite o on allait s'arrter. Il n'a pas

dit On finit par toucher une femme , mais il a d lepenser trs fort.

Pas candidate. Contrairement Hollande, il sem-blerait qu'Anne Hidalgo n'ait nulle envie des JO Paris en2024. Quelles que soient ses raisons profondes, trouver

un bon ct un(e) socialiste, c'est un plaisir devenurare !

Spcialiste (1). Quand il tait Premier ministre duLuxembourg, Jean-Claude Junker dfendait mordicus lesmagouilles financires du Grand-Duch ; et c'est lui qu'oncolle la tte de l'Europe ! J'attends le jour o on confie-ra la protection de l'enfance Marc Dutroux, l'agriculturebio la FNSEA et la culture Nabilla.

Spcialiste (2). Et l'environnement SgolneRoyal... Ah ! On me signale l'instant que c'est dj fait...

Ben tiens, justement... Treize loups ont tabattus (pardon : on dit prlevs ) en France depuis lafin du mois d'aot (et peut-tre plus quand vous lirez ceslignes). Avec l'autorisation d'une gche aussi dsespr-

ment stupide que la droite.

Gentil. Les mdias locaux expurgent de leurscomptes rendus du sommet international organis Pkinla scne touchante o Vladimir Poutine pose un chle surles paules de la premire dame chinoise. Ah ! Volodia(1), a t'apprendra apporter un peu de tendresse dans cemonde de brutes.

Crampons. Le gouvernement prvoit d'exonrerd 'impts tous les organisateurs d'vnements sportifs

internationaux. Ce que l'obscur ministre des sports justifieainsi : [Sinon], l'Euro [de foot] 2016 serait parti ailleurs. Alors que souhaite-t-on ? Voir la France disparatre du pay-sage sportif international ? Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

Sudois. Un fondateur nazi, une politique socialeopaque, un savoir-faire hors pair en matire d'optimisationfiscale : vous voulez toujours vous faire suer monter destagres Ikea ?

Rvlation. Jsus aurait pous Marie-Madeleine

et lui aurait fait des enfants ! L'vangile sauce people, a vapeut-tre enfin me plaire.

Creux. Aprs la mort de Rmi Fraisse, le prsidentdu Conseil gnral du Tarn, Thierry Carcenac, juge stupide et bte de mourir pour des ides. C'est sr quea ne risque pas d'arriver un socialiste : il faudrait pour aque le PS en ait, des ides.

Vroum. Le groupe allemand BMW (qui possdeaussi Rolls-Royce !) a vendu 510 000 voitures entre juillet

et septembre et devrait dpasser en 2014 le cap des deuxmillions, entre autres en profitant du boom des 4x4 ur-bains, sur lesquels se jettent tous les beaufs de la plante.a rassure de voir que c'est pas la crise pour tout le

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UN MOIS, MOIS, ET MOI

Tous ces dessinssont publis avec

laimable autorisa-

tion deCharlie Hebdo


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Progrs ? La Bosnie-Herzgovine lit sa premiredpute voile. Selon son degr d'optimisme, on retien-dra le mot dpute ou le mot voile .

Penseur. Pour le romancier et essayiste PascalBruckner, ce sont Mme Duflot, MM.Bov et Mamre etle parti Europe cologie-Les Verts qui sont dsormais l'ar-bitre des lgances en France. On ne sait pas qui estl'arbitre de la connerie, mais on sait qui mrite le premierprix.

Chanvre. Selon le supplment Science & Mde-cine du Monde, qui titre Le cannabis pte les cbles ducerveau , les fumeurs de joints rguliers prsententune baisse des connexions neuronales et de la matiregrise . Manifestement, au PS comme l'UMP, on forceun peu sur la fumette.

Baballe. De la corruption dans le foot ! Commetous mes collgues journalistes sportifs, je n'en revienspas ! Atterr, je suis...

Sans commentaire. Entendu ce matin(20 novembre) sur France Inter un fils de pub dclarer,des trmolos dans la voix : Nous, publicitaires, nousavons une conscience, nous avons une morale. Etvous voudriez qu'on commente ?

Grard Roy

(1) Diminutif de Vladimir.


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Documents

La Feuille Verte - décembre 2014