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Bulletin de l’Aéro-Club de Genève - Association régionale genevoise de l’AéCS www.aeroclub-geneve.com LA FEUILLE VOLANTE CES EXPATS CES EXPATS DE SWISS A TAIWAN Numéro 97 15 août 2006

La Feuille Volante

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Bulletin de l'Aéroclub de Genève - Association régionale genevoise de l'AéCS

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Page 1: La Feuille Volante

Bulletin de l ’Aéro-Club de Genève - Association régionale genevoise de l ’AéCSwww.aeroclub-geneve.com

L A

F EU I L LEVOLANTE

CES EXPATS CES EXPATS

DE SWISS A TAIWAN

Numéro 97 15 août 2006

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Notre aéro-Bistro!Avant d'aborder ce

sujet particulier, il estnécessaire de rappeler rapi-dement le fonctionnementde notre Association régio-nale genevoise de l'AéCS.Cette dernière est compo-sée d'un Bureau, dont lePrésident actuel estMonsieur Michel Favre, etdes présidents des groupes

suivants :Groupe de vol à moteur et pilotes de montagne, Groupe de vol à voile,Groupe des aéromodélistes,Groupe des aérostiers,Groupe de parachutisme.

Nos buts sont clairs : développer nos activités etdéfendre l'ensemble des disciplines aéronautiquesauprès des autorités politiques et administratives, ainsiqu'auprès des instances dirigeantes des milieux aéro-nautiques locaux.

Afin de resserrer les liens entre les différentsGroupes, notre Association régionale édite la FeuilleVolante qui est envoyée à tous les membres, auxmembres de soutien, ainsi qu'aux autorités. L'édition dece journal a un coût, de même que différentes presta-tions dont bénéficient l'ensemble des membres. C'est làque l'Aéro-Bistro doit jouer son rôle en contribuant à ali-menter nos ressources.

Rappelons que nous avons signé, en 1999, uncontrat de droit administratif avec la Direction del'Aéroport (propriétaire des locaux) qui nous permetd'exploiter notre Aéro-Bistro sept jours sur sept de 10 à20h, et ceci onze mois par année. L'Association genevoi-se sous-traite l'exploitation à un gérant qui doit assurerun service de restauration selon un cahier des charges etmensuellement nous verser une redevance.

Actuellement, force est de constater que l'essen-

tiel de la clientèle est externe à notre Association. Lesweek-ends de beau temps rencontrent un grand succès.Mais ce n'est pas suffisant … Nous souhaitons quel'Aéro-Bistro soit aussi un lieu de rencontre pour lesmembres des Groupes et bientôt, pour ceux qui le sou-haitent, un endroit où déposer les plans de vol et consul-ter la météo, grâce à un service WiFi gratuit, tout en sedésaltérant.

La désaffection de l'Aéro-Bistro par les pilotesnous a incité à vous questionner sur les raisons de cedésamour (voir questionnaire dans la Feuille Volante du15 mai). A ce jour, nous n'avons reçu que 12 réponses,parfois teintées au vitriol, sur plusieurs centaines demembres inscrits. Merci à ces 12 personnes qui ont prisle temps de nous adresser leur remarques et vont nouspermettre de progresser.

Mais comment interpréter le silence des plusnombreux ? La vie associative est-elle sur le déclin ?Rappelons que l'ensemble des membres des Comitéssont bénévoles et consacrent beaucoup de temps àdéfendre nos hobbies commun. Vos encouragements lesaideraient grandement !

Michel Rieben

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Pp.4-7 les expats, de Swiss à Taiwan, Jean-Christian Marti

p.8 Feuille Volante et Aéro-club: petitsrappels, Jean-René Bollier

Pp.9-14 Michel Martin, odyssée au sommetdu Jura, Jean-Claude Cailliez

S O M M A I R E

Photo de couverture (Marlyse Marti): dans le simu-lateur du Boeing 747-400.

EDITORIALAA PPRROOPPOOSS DDEE NNOOTTRREE

AERO-BISTRO...

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Taipei (République deChine), 22 heures: mon épouseet moi descendons d’un bus qui nousa amenés de l’aéroport Chiang KaiShek au centre ville. Il fait chaud ettrès humide. La circulation est denseet bruyante. Je déplie un plan som-maire de Taipei, trouvé à l’aéroport,pour essayer de repérer notre hôtel.Pas facile. Une jeune Chinoise s’ap-proche pour nous aider, mais elle neparle et ne comprend que le chinois.J’arrête un taxi et montre au chauf-feur le nom et l’adresse de l’hôtel.Malheureusement l’adresse est rédi-gée dans notre alphabet et le chauf-feur n’y comprend rien. En déses-poir de cause, nous nous décidons àrallier l’hôtel à pied et au pifomètre,chargés de nos valises et de nos sacsde voyage. Tiens, il commence àpleuvoir !

Nous venons de mettre le doigtsur la difficulté majeure éprouvéepar les étrangers à Taiwan: la com-munication.

Que sommes-nous venus fairedans ce pays qui, compte-tenu de sasaison des pluies et des typhons, deses secousses sismiques hebdoma-daires et de sa surpopulation, ne

représente pas une étape touristiqueévidente ? Nous sommes venusrendre visite à notre fils qui est pilo-te de ligne et qui, après six ans pas-sés chez Crossair puis chez Swiss,s’est expatrié à Taiwan où il travaillepour China Airlines.

Taiwan : pourquoi et com-ment ?

Après de nombreuses et dras-tiques restructurations ayant entraî-né des licenciements en avalanche,SWISS, notre ex-compagnie natio-nale désormais en mains alle-mandes, continue à réduire la voilu-re : suppression de la flotte desEmbraer 145 (avions les plusrécents) pour ne garder que les«vieux» Jumbolino. Conséquencepour les pilotes issus de l’ex-

Crossair: ils sont trop nombreux etaucun plan de carrière ne leur estproposé, comme par exemple uneformation sur Airbus. Au contraireles incitations à un départ volontairemoyennant quelques mois de salairesont fréquentes.

China Airlines, qui cherche unnombre important de pilotes, a donccontacté Swiss et une premièresélection a eu lieu en Suisse, consis-

TAIWAN EN CHIFFRES

Nom du pays : Republic of ChinaIle située à environ 200km à l’est de

la Chine PopulaireCapitale : Taipei (agglomération 6

millions d’habitants)Surface : 32000 km carrésPopulation : 23 millionsLangue : Mandarin(langue officiel-

le), TaiwanaisR e l i g i o n s : B o u d d h i s m e ,

C o n f u c i a n i s m e , T a o ï s m e ,Christianisme(4%)

Climat tropical (l’île est traverséepar le tropique du Cancer)

Saison des pluies de juin à aoûtDangers : Tremblements de terre

fréquents et typhons, serpents.Plus haut sommet : Yu Shan

3952m

CHINA AIRLINES ENCHIFFRES

Compagnie fondée en 195960 destinations dans le monde

dont:E u r o p e : F r a n k f u r t ,

Amsterdam, Rome, VienneUSA: Anchorage, Los

Angeles, Honolulu, San Francisco,Houston, New York

Canada: VancouverAsie : Bangkok, Hong Kong,

New Delhi, Singapore, Manille,Hanoi, Jakarta

Australie: Sydney, Brisbane

Flotte: 15 Boeing 747-400 passa-gers

18 Boeing 747-400 cargo7 Airbus A340-30010 Airbus A330-3003 Airbus A300-600R12 Boeing 737-800

Employés: 9’911Nombreuses participations majori-

taires dont Mandarin Airlines (com-pagnie régionale)

Principal concurrent : EVA Air

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LES EXPATSDE SWISS

A TAIWAN

Taipei

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Les pilotes suisses à la fête du dragon.

F i d u c i a i r e E d m o n d F a v r e S A11 Rue de Candolle - 1205 Genève

Tél. : 022/819.0.800 - Fax : 022/819.0.801E-mail : [email protected]

Michel FavreMembre de la Chambre Fiduciaire

Expert-comptableConsei l ler Fiscal

Comptabilité - Révision - Fiscalité - Expertises - Constitution, gestion et administration de sociétésDomiciliation - Liquidateur de sociétés - Exécuteur testamentaire

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tant principalement enun entretien, une ses-sion de simulateur et untest d'anglais. Les candi-dats retenus sont alorspartis 3 jours à Taipeipour passer la visitemédicale de l’adminis-tration aéronautique tai-wanaise. Visite trèsminutieuse sur 2 jours etqui est obligatoire tousles six mois !

Les pilotes positifs àtous ces tests ont alorssigné un contrat valable5 ans, dont 3 incom-pressibles sous peine

d’une pénalité financiè-re. Ils sont environ unetrentaine de Suisses arri-vés à Taipei en vaguessuccessives.

Quelles sont les moti-vations qui ont pu pous-ser ces pilotes à s’expa-trier si loin de la mèrepatrie (environ 14h devol) ?

La toute première est la forma-tion sur Boeing 747-400. Il fautreconnaître que, pour des pilotesd’Embraer ou de Saab 2000, c’est unjoli challenge. (Eux que certainspilotes de l’ex-Swissair appelaientles «Migros-Pilotes»).

Les conditions financières sontégalement bien meilleures que chezSwiss et la vie à Taipei bien moinscoûteuse que chez nous. Mais il fauty mettre un bémol : pas de caisse depension, pas d’AVS-AI (sauf contri-bution volontaire), assurances mala-dies et accidents minimales (assu-rance d’Etat). Pour des célibatairesces conditions sont très bonnes,mais pour ceux qui ont femme etenfants (et ils sont nombreux) le cal-cul est plus acrobatique, d’autantqu’il faut mettre les enfants dans desécoles privées très coûteuses.

Le présent et l’avenir

Actuellement, les pilotes sont enformation sur Boeing 747-400. Ilssont logés pendant 6 mois dans unhôtel 5 étoiles au centre de Taipei,non loin du centre d’entraînementde China Airlines.

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Course d'école China Airlines

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Les cours couvrent les systèmesde l’avion, les procédures de la com-pagnie et même des cours sur les dif-férences de culture entre l’Europe etla Chine. Il y bien sûr de nombreusessessions de simulateur. Toutes cesmatières donnent lieu à des examenstrès poussés.

Ensuite, après environ 4 mois,les pilotes passent sur l’avion en volpassagers ou cargo, avec un instruc-teur à gauche. Après environ sixmois et le flightcheck final ilsdeviennent pilotes à part entière.

L’ambiance entre Suisses est trèsbonne, nous avons pu le constater,mon épouse et moi, lors d’une cour-se d’école où nous étions conviés parla compagnie. Bien sûr chacun doitfaire un effort d’adaptation (langue,écriture, culture et habitudes ali-mentaires).

La plupart de ces pilotes cares-sent le désir d’être basés en dehorsde Taiwan comme, par exemple, àFrancfort ou à Los Angeles. De toutefaçon, si tout se passe bien, ils sorti-

ront de l’aventure avec un rating deBoeing 747-400 et quelques milliersd’heures sur le type. Un avenir quepersonne ne pouvait leur offrir enEurope.

A tous ces expats courageux etvolontaires, je ne puis que souhaiter«many happy landings».

Jean-Christian Marti

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arlyse Marti

Page 7: La Feuille Volante

La Feuille volante

La Feuille Volante, que vous êtes en train de lire, est éditée par l'Association4 Régionale de l'Aéro-Club de Genève(anciennement appelée "Section"). Quésaco?

Si vous recevez la FV, c'est que vous êtes membre de l'un ou de plusieurs des groupes qui constituent l'AssociationRégionale, ou membre sympathisant de celle-ci, ou encore que vous figurez sur une liste établie par le Conseil de laditeAssociation.

Soyons plus clairs : · sauf cas particulier, si vous êtes membre d'un des groupes, vous l'êtes en principe également de l'Association

Régionale et par conséquent de l'Aéro-club central. Dans ce cas vous recevez, en plus du courrier de votre groupe, laFeuille Volante et l'Aéro-Revue. Si ce n'est pas le cas, contactez le comité de votre groupe (ou son secrétaire) pour signa-ler le problème. Vous pouvez aussi contacter le trésorier de l'Association ([email protected]).

· en outre, l'Association Régionale a un certain nombre de membres, dits “sympathisants”, qui ne sont membresd'aucun des groupes. Ils reçoivent la Feuille Volante ainsi que l'Aéro-Revue.

L'Aéro-Club de Genève

Tableau des structures de l'Aéro-club de Genève (effectifs inscrits au 15 juillet 2006).

NB: certains membres appartiennent à plusieurs groupes simultanément, d'autres à l'Association Régionale uniquement, ceci explique que le totaldes effectifs des groupes n'est pas égal à celui de l'Association Régionale.

Jean-René Bollier

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LA FEUILLE VOLANTE, L’AEROCLUB

QUELLES STRUCTURES?

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Pendant quatre jours, acci-denté au sommet du Jura...

Pour passer son brevet “C” depilote en planeur, le GenevoisMichel Martin fait un derniervol. L’avion de club le lâche au-dessus de la Faucille. Les ventssont porteurs et le planeur réus-sit plusieurs longueurs au-des-sus du Jura français. Voulantrentrer sur Cointrin, malmenépar une bourrasque, le planeurs’écrase contre un sapin à1.400m d’altitude, en cette find’octobre. Blessé, le pilote débu-te une douloureuse et longueattente qui durera quatre jours!Qu’on se rassure, Michel Martinfera du planeur jusqu’à 64 ans,mais avec une jambe de bois.

Un superbe vol plané en vuede passer son brevet de pilote

Mercredi matin 27 octobre,Michel Martin, 25 ans, a réservé leplaneur Grunau Baby du Club de vol àvoile genevois, l’un des 4 à dispositionavec les 2 Zöglings et le Spyr-III. Ildoit refaire un dernier long vol, à alti-tude fixe et d’une durée minimale decinq minutes, au-dessus du Jura fran-çais voisin, pour passer son brevet“C”. La veille, le baromètre embarquén’ayant pas bien fonctionné, il estdonc obligé de recommencer. Lamétéo est superbe et il y a un vent defoehn. A 10h30, partant de l’aérodro-me de Cointrin, Ernest J. Sudan(1912-1976), dit “Nesti”, pilote lebiplan de Havilland Moth de 105 cv del’Aéro-club et remorque le planeurno.166 vers le col de la Faucille, à2.000m d’altitude. Secrétaire del’Aéro-club, Sudan sera notamment

un trop bref directeur de Cointrin(1972-76). Entre l’avion et le planeur,un câble métallique tressé de 3-4mm.L’hélice de l’avion génère quelquesremous que Martin doit savoir gérer.

Quant au Grunau Baby, il date de1934; construit en bois léger recouvertde toile, c’est un monoplace à ailehaute, et son pilote, coiffé d’un bonnetde cuir et de lunettes de vol, a la tête àl’extérieur. Il porte sur le flanc et sousles ailes une publicité pour le magasin“Au Grand Passage”. En juillet, avecce planeur (finesse 18), les premiersvols remorqués du club ont remplacécette année-là les envols au treuil rivéau sol de Cointrin. Le pilote peut ainsimieux choisir le lieu et l’altitude dedépart de son vol, aidé et guidé parl’avion remorqueur. Aucun moniteurà bord ne peut aider le pilote, auquel

il faut une certaine formation et ducourage pour se livrer ainsi aux élé-ments sans moteur, ni radio, niaucune assistance. Mais, voilà, c’estle “must” du vol à voile d’avant-guerre !

Au-dessus du col de la Faucille,Michel Martin se décroche du câbleà 10h45 et débute quelques viragespour trouver des vents ascension-nels intéressants, ou thermiques.Plus il sera haut et plus durera sonexcursion. Il longe ensuite la crêtedu Jura en direction sud-ouest,passe tous les sommets, Colomby,Crêt de la Neige, Reculet jusqu’auCrêt d’Eau, passe la région du Fortl’Ecluse et va tourner au-dessus deBellegarde. Il s’en revient vers leReculet, remonte jusqu’au Pailly ,proche de la Faucille, puis repart ànouveau vers le Crêt d’Eau. C’estun superbe vol ! De Cointrin, àmidi, avec des jumelles, on peut le

voir évoluer sur le Jura lorsqu’il estdans les parages. Michel Martin a déjàplané sur quelque 100km quand il sedécide à rentrer à Cointrin pour lerepas de midi avec les copains. Virantbas autour du Grand Crêt d’Eau(alt.1.549m), le pilote est subitementet fortement secoué par une bour-rasque abattante et c’est le drame.Michel Martin évite un 1er arbre, perdde la vitesse en faisant une ressource,touche de l’aile un autre sapin qu’il n’apu éviter. Toujours sanglé, il chutevers le sol de 20-30m sur desbranches qui, heureusement, amortis-sent sa chute et lui sauvent la vie. Leplaneur s’est d’abord stabilisé surl’arbre, l’aile gauche raccourcie demoitié, le cockpit éventré. Plus tard ilglissera vers le sol, le nez en avant,finalement caché par les branchages.

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Michel Martin (1913-1999)

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MICHEL MARTIN,

ODYSSEE AU SOMMETDU JURA

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Dans le 1er impact, c’est la jambegauche de Martin, à l’avant du cock-pit, qui reçoit le choc: double fractureouverte. Sa tête a cogné le rebord ducockpit: nez cassé ! S’extrayant diffici-lement du planeur dans l’arbre, ilchute au sol de 3-4m et s’évanouit.

La solidarité aérienne etmontagnarde des deux nations

à la recherche du pilote

A Cointrin cela fait un momentque l’on ne voit plus le Grunau Babydans le ciel. On ignore s’il vole tou-jours ou s’il a dû se poser quelquepart. Dans l’après-midi, sans nou-velles, on doit aviser les gendarmeriesfrançaise et suisse. Les communessont interrogées. Personne n’a rienvu, aucun témoignage! A Cointrin,Marcel Devaud, président de l’aéro-club, et le capitaine Weber, patron deCointrin, rassemblent les informa-tions disponibles et font le lien avecles autorités binationales. La nuitvenue, il n’y a toujours aucune tracede Michel Martin! Jeudi matin, lesrecherches reprennent. A 14h30 desavions partent de Lyon-Bron,d’Ambérieu et survolent le Jura quioccupe la moitié est du départementde l’Ain. Trois avions de Cointrin,

dont celui de son copain de vol à voileHenri Golaz (voir LFV no.96, mai2006), patrouillent ainsi toute la jour-née sur les crêtes proches, explorantencore le Jura suisse jusqu’à la Dôle.Une dizaine de pilotes se relaient. Descolonnes de montagnards partent desvallées françaises ou suisses, chacuneexplorant le massif de sa commune.Le jeudi matin, les membres du vol àvoile s’ajoutent aux recherchespédestres. Ils se retrouvent à laFaucille à 11h mais sans aucune tracedu planeur !

Le vendredi, dès 6h du matin, lesrecherches reprennent activement auJura et surtout dans la région de laFaucille. Une colonne de secours de70 sauveteurs, venus de Genève et deGex, quitte Gex sous les ordres del’adjudant de gendarmerie Jolivet. DeMijoux et de Lelex, d’autres colonnespartent au matin pour explorer lesenvirons. Des associations de skieurs,des automobilistes, cyclistes s’ajou-tent aux recherches. Des avions explo-rent toujours les sommets, dont celuide Golaz. Pendant deux jours tous cesmoyens ratissent la montagne sur lesdeux versants et ailleurs. Pas un seulindice n’est décelé ! Le massif estgrand et les rabattants peuvent avoir

précipité le planeur dans la vallée dela Valserine. Les configurations desterrains, les ravins escarpés, les forêtstouffues rendent les recherches trèsdifficiles. Un planeur piqué dans uneforêt reste aussi difficile à repérer.Après ces journées sans résultat, lemoral est en baisse et les espoirss’amenuisent. Le pilote est-il encorevivant ? Faut-il encore le chercher ?

Michel Martin survit pourtant,sérieusement blessé, passant les nuitsfroides, seul, incapable de se déplacerbien loin et surtout sans eau. Il s’estfait un garrot à la jambe et mange desfeuilles, des escargots, des limaces, cequ’il trouve. Il a entendu et reconnu lebruit de l’avion de Golaz, qui a survo-lé un moment la zone sans le voir :“Henri me cherche, il va me trouver !”L’espoir tient à cette forte amitiédatant de l’Ecole de mécanique. Iltente de faire des signaux… Encoreune nuit à survivre coûte que coûtemalgré la fièvre et un état comateux….Dans le noir il distingue des lumièresdans la vallée et tente de s’en rappro-cher, se traînant malhabilement sur ledos. Au mieux, il veut atteindre unezone plus dégagée où l’on retrouverason corps… Il s’évanouit. Samedimatin à la première heure, une colon-

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Dans les hauts de Sergy, volontaires de l’Aéroclub et gendarmes françaisarpentent le Jura à la recherche du planeur.

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ne de 30 sauveteurs explore la régiondu haut Reculet, jusqu’à Fort l’Ecluse.Marcel Devaud fait un énième volavec Charles Bratschi, survolant lescrêtes jusqu’à Bellegarde, sans riendécouvrir de ce côté-là. Tout le mondefait triste mine et pour les parentsMartin, c’est horrible ! Si le piloteavait pu faire de la fumée, on leretrouverait plus facilement, plusvite….

Un miracle s’opère là où onne l’attend pas

Vers 8h le dimanche, trois chas-seurs partis de Collonge-Fort-l’Ecluse, qui ignorent le drame, fontune pause casse-croûte du côté dugrand Crêt-d’Eau, à la Charbonnière,vers 1.000m d’altitude. Le chiend’Hubert Brèche, cafetier à Ecorans,renifle quelque chose qui incite sonmaître à s’approcher doucement d’un

potentiel gibier. Michel Martin, sortide sa torpeur par les chiens, enten-dant les hommes monter, se met àcrier sans grande force “A boire, àboire”. Les chasseurs découvrentalors le jeune homme pâle, hagard, levisage ensanglanté assis sur un troncd’arbre. C’est la fin de son calvairemais il doit encore tenir bon.Heureusement, il a du cran ! “Jesouffre beaucoup. A boire. Ça fait 3jours que j’essaie de me traîner pourtrouver du secours, j’en peux plus !”On lui met des attelles en sapin à lajambe et on étanche sa soif. Brècherepart vers la vallée, laissant ses amisgarder Martin. A 300m de là gît le pla-neur. Le pilote n’est pas allé loin en 4jours ! Brèche prévient la gendarme-rie de Collonges (chef de brigadeSevinge) qui téléphone à Cointrin. Unavion part alors pour survoler larégion, tractant une grande banderoleblanche, signal convenu pour arrêter

toutes les recherches. Les colonnesredescendent du Jura, soulagées.

A Collonges arrivent bientôt denombreuses voitures avec MmeMartin, mère du pilote et épouse duDr René Martin qui les rejoindra plustard. Placée sous les ordres du capitai-ne de gendarmerie Verneray, unecolonne de secours dotée d’un bran-card et de matériel de premiers soinss’ébranle, accompagnée de MmeMartin. Un trajet en voiture et un sen-tier de 1h30 de marche les amènentprès du pilote. Retrouvailles! Retour àCollonges où l’ambulance genevoiseest arrivée. Il était grand temps de soi-gner le blessé car les fractures ont eule temps de s’infecter et la déshydrata-tion le guette. Les premiers mots deMartin à Golaz sont étonnants: “Quelbeau vol !” Hospitalisé à la cliniqueMartin, opéré le samedi soir par sonpère et son oncle le Dr Martin du Pan,la réduction des fractures a pu êtreréalisée et le moral est au beau fixe.Hélas la pénicilline n’existe pas enco-re et les médecins seront impuissantsà enrayer une infection. Son pèredevra lui couper la jambe au-dessusdu genou !

Le planeur a énormément souf-fert, l’aile gauche est à refaire mais lacarlingue est finalement réparable. Lebarographe est intact. Les membresdu club de vol à voile vont monter plu-sieurs expéditions pour ramener lesrestes du Grunau qu’ils reconstrui-ront. Ils font un mémorable “gueule-ton” à Saint-Jean-de-Gonville, quipermet aux membres de reprendresourire et moral, de boire à la santé deMichel Martin et de retrouver le goûtdu planeur. En 1939, la famille Martinoffrira un nouveau planeur en rem-placement du Grunau Baby : unHutter-17 (no.222).

Mordu de vol à voile, ce n’estpas cela qui va l’arrêter !

Après de longs mois d’hôpital, unan plus tard, muni d’une jambe artifi-cielle et avec un nez retapé, MichelMartin reprend le “manche à balai”.Véritable sportif et pilote enthousias-te, il va voler régulièrement jusqu’en1977 où, suite à des problèmes de vue,le médecin ne l’autorise plus à renou-veler sa licence. Entre-temps, il auraconvaincu un futur célèbre pilote defaire du planeur: son oncle MarcDugerdil ! Garçon humble et réservé,

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A 30 km du lieu où on le cherche, le planeur est masqué par lesbranches des sapins.

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Martin ne tire aucune gloire ou vanitéde son aventure et on le retrouvemoniteur de planeur en 1942 et pré-sent aux camps de vol à voile deChaux-Ronde-sur-Bretaye, de Crans-Montana, des Rochers de Nayes, deLeysin, où il réussit avec le Spyr unvol de 4h30’ (1944). C’est la guerre età Cointrin les planeurs volent parfoisle week-end, tirés au treuil (pas d’es-sence pour les avions, juste pour letreuil!). Michel Martin utilise unemoto pour rapporter le câble au pro-chain planeur. Durant ce trajet, ilpose négligemment sa jambe de boissur le guidon !

En 1952 il réalise un record de dis-tance, sur S-18-III, de 120 km, à

Beynes près de Paris. En 1953, c’estun vol de 142 km où il dépasse lacélèbre barrière des 100km de distan-ce en ligne droite. Michel Martinachète un Piper de 65cv pour remor-quer les planeurs, mais, sous-motori-sé pour cette fonction exécutée à“plein gaz”, il aura bien vite desennuis de moteur. Pour de nombreuxautomobilistes, Martin est surtoutconnu par son garage, situé près del’Hôpital cantonal de Genève, qu’ilgère jusque dans les années 1960,rare membre de la famille à n’avoirpas voulu faire médecine.

Dans le très connu journal Spirou,[voir l’extrait en page suivante] de jeuneslecteurs ont pu découvrir l’odyssée de

Michel Martin en une bande dessinéeparue dans la célèbre “Belle histoirede l’oncle Paul” (1951-1982). C’est unesorte de première immortalisationpuisque notre accidenté du Juras’éteindra finalement plutôt âgé, à 86ans, en 1999. D’un autre côté, la tra-gique aventure de Michel Martin aprobablement attiré pour la premièrefois l’attention des Romands sur le volà voile, né localement peu de tempsauparavant, en 1930.

Jean-Claude Cailliez

Retrouvez ce texte et bien d’autresdans : Pionnair-GE.com

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Les membres du club redescendent le planeur démonté. On devine le mot“ssage” composant la publicité “Au Grand Passage”.

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Immortalisé dans le journal Spirou.

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L E S G R O U P E SL E S G R O U P E S L ’ A É R O - CC L U BL ’ A É R O - CC L U B

www.aeroclub-geneve.comCorrespondance

Aéro-Club de GenèveSection genevoise de l’AéCSCase Postale 94, 1215 Genève 15

PrésidentMichel Favre téléphone: (022) 819 08 00

SecrétaireSylvia [email protected]

LA FEUILLE VLA FEUILLE VOLANTEOLANTEBulletin de l’Aéro-CClub de Genève

(association régionale genevoise de l’Aéro-

Club de Suisse)

Paraît quatre fois par an, les 15 février, 15

mai, 15 août et 15 novembre

Rédaction, mise en page et publicités :

Juliane Bourgeois; tél. : 079 634 49 68

[email protected]

Ligne graphique : Céline Mahler

Impression :Imprimerie Appi

Tirage : 1000 exemplaires

ParachutismeChristine Simonle Malpas, F-74270 Chaumont; 033 450 44 78 93

Vol à moteurLaurent Deletraz 022 798 65 08 , CP60, 1217 Meyrin 2, [email protected]

AérostatiqueChristian [email protected]

Pilotes de Montagne www.aeroclub-geneve.com/gpm

Blaise Morand rue de la terrassière 28, 1205 Genève; [email protected]; 079 202 28 17

Aéromodélisme www.gamgeneve.ch Jean-Claude Roulin079 418 80 52; [email protected]

Vol à voile www.gliding.chPatrick Mégard079 203 33 25; adresse club: cp 114 1290 Versoix; [email protected]

www.geneve-ballon.ch

www.aero-club.ch

Les pilotes délaissent l'Aéro-bistro? Pas de panique, l’Aéro-bistro ne baisse pas les ailes.

Après le Wi-Fi, déjà un nouvel emménagement enligne de mire: le fly-in!

[email protected]