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Bulletin de l’Aéro-Club de Genève - Association régionale genevoise de l’AéCS www.aeroclub-geneve.com LA FEUILLE VOLANTE MON PREMIER VOL MON PREMIER VOL SOLO Numéro 98 15 novembre 2006

La Feuille Volante

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Bulletin de l'Aéroclub de Genève - Association régionale genevoise de l'AéCS

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Bulletin de l ’Aéro-Club de Genève - Association régionale genevoise de l ’AéCSwww.aeroclub-geneve.com

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F EU I L LEVOLANTE

MON PREMIER VOLMON PREMIER VOL

SOLONuméro 98 15 novembre 2006

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Noël: les tra-ditions se per-draient-elles?

Depuis destemps si reculés queseuls les plusanciens d'entrenous s'en souvien-dront peut-être,l 'Aéro-Club deGenève - devenuplus tard la Section- a, chaque année, àla période des fêtes

de fin d'année, organisé une célébration deNoël destinée aux jeunes enfants de sesmembres. Ces dernières années ce mini évène-ment se déroulait dans notre "buvette de club",l'Aéro-bistro. Il était organisé à tour de rôlepar les différents groupes constituant notreAéro-Club.

Malgré une très symbolique participa-tion financière demandée aux parents, lesenfants de nos membres se sont faits de plusen plus rares au cours des années. Les effortsde communication, notamment dans l'éditionde novembre de notre Feuille Volante, n'ontpas été en mesure de modifier cette tendance.

Cette année, probablement suite à ceconstat, il ne s'est trouvé aucun groupe suffi-samment motivé pour prendre en charge larecherche d'un Père Noël, son arrivée (de pré-férence avec des moyens aéronautiques), lapréparation des cadeaux remis aux enfants

ainsi que la mise en place des nécessairesinfrastructures.

Dans ces conditions, le Conseil de notreAssociation Régionale a décidé de renoncer, entout cas pour cette année, à l'organisation dela Fête de Noël. Mais il est très volontiersouvert à toute remarque, critique ou proposi-tion venant des membres sur ce sujet. Parconséquent, il ne considère pas cette décisioncomme irrévocable, pour l'avenir.

En attendant Noël 2007 qui, espérons-le,verra une toute nouvelle mobilisation,joyeuses Fêtes de fin d'année à tous!

Jean-René BollierTrésorier de l'Association Régionale

[email protected]

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pp.4-7 Mon premier vol solo, par René Zahnd

pp.8-11 La RAF et la Suisse, par Bernard Brabant

pp.12-14 Anniversaire pour lemoteur à explosion,

par Jean-Claude Cailliezp.14 Newsletter du Comité central

S O M M A I R E

Photo de couverture: René Zahnd.

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EDITORIALO TEMPORA, O MORES!

TRADITIONS,OÙ ÊTES-VOUS?

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Le 17 août 2006,

le moment tant attendu arrive, lemoniteur me dit : «René, es-tu prêtpour repartir seul ?»

C’est l’immense joie, avec, enmême temps, comme une petite bouledans l’estomac car je serai seul à bordpour la première fois.

La place arrière est préparée pourle vol solo, ceintures attachées, capotet fenêtre fermés. Quant à moi, jem’installe à l’avant, seul dans mon belASK21.

La check-list absorbe toute monattention, je suis le seul et unique res-ponsable. Moment crucial, après lecontact radio avec le remorqueur pourlui préciser que je souhaite un 600mètres place et que la corde de remor-quage soit bien accrochée, je fais lesigne conventionnel à la personne enbout d’aile pour qu’elle observe si toutest libre, puis c’est le signe pour leverl’aile et enfin, grand moment, poucelevé «prêt à décoller».

A 17h25 LT, corde tendue, leremorqueur démarre, je rentre lesaérofreins et pousse le levier à fond.Le bruit du verrouillage se faitentendre. Chose étrange, alors que jesuis dans un planeur biplace, j’ai l’im-pression d’avoir embarqué avec moitous les moniteurs qui se sont escri-més à m’apprendre la technique etl’art du vol à voile. Ils feront tout le volavec moi !

Le planeur décolle et je reste prèsdu sol, derrière le remorqueur quiprend son envol lui aussi. Je dois res-ter détendu alors je me souviens d’unmoniteur qui m’avait demandé dechanter pour me relaxer « René,chante moi quelque chose » et nousnous étions mis à chanter pendanttoute la suite du remorquage. Nechantant pas particulièrement juste,je commence alors à siffler (lamusique du film «La grande éva-sion») ; cela va durer pendant tout leremorquage.

Chose étrange également, je m’an-nonce à haute voix durant tout le volmes contrôles : vitesse de remorquage110Km, vario entre 2 et 3mètres/seconde et surtout «altitudede sécurité atteinte», contrôles que jen’ai pas toujours annoncés aux moni-teurs. Je reste aligné derrière leremorqueur «reste à la bonne hau-teur, tu dois viser le remorqueur»,puis premiers virages du remorqueur,j’entends à nouveau les «vise l’extré-mité de l’aile extérieur, ne glisse pas àl’intérieur du virage» et enfin, l’altitu-de est atteinte et c’est le décrochagede la corde «attention, il faut tirerdeux fois la boule jaune», contrôle del’attitude de vol, réglage du trim etexamen visuel des environs «la têtesur des roulements à bille» pour biens’assurer qu’il n’y a pas d’autres aéro-nefs à proximité et regard sur le Flarmpour confirmation. C’est à ce momentque je me suis rendu compte quej’étais réellement en solo, personne à

l’arrière pour me dire de faire un 360,de voler en ligne droite directionYverdon, je vais pouvoir aller où je lesouhaite (enfin, dans des limites rai-sonnables!). Autre chose surprenanteégalement, le paysage que j’ai vu tantde fois est aujourd’hui extraordinaire,jamais les montagnes n’ont été aussibelles, le lac est splendide, j’observeun bateau de la CGN puis le train quirevient de Bière ; tout cela est absolu-ment magnifique.

Mais attention, je suis seul à bord,je dois surveiller mon altitude et maposition car je me suis fixé d’arriveren zone de destruction à une altitudede 1’100 mètres minimum. Petite tapesur la vitre de l’altimètre pour confir-mation de l’altitude et c’est le retourvers Montricher pour rejoindre ensui-te la zone de destruction en pouvantdéjà observer la piste d’atterrissage.Je pense au moniteur qui doit m’at-tendre radio en main près du seuil depiste; en ce moment, je préfère nette-ment être à ma place qu’à la sienne !Réglage du trim en tenant compte duvent de face sur la piste 03, «moitié duvent plus la rafale entière», puisentrée dans la zone pour mes pre-mières spirales en volant «le fil aumilieu». Je dois absolument «conser-ver la vitesse que je me suis fixée»donc surveillance de l’indicateur devitesse et, bien évidemment, de l’alti-mètre et du vario. J’observe égale-ment le terrain avec les contrôlesrequis. Je suis maintenant certain quemon moniteur m’observe alors je lui

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SOLO

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dois de faire une approche et un atter-rissage «comme dans les livres». C’estdécidé, à la sortie de cette spirale, jepars en vent arrière. Fin de la spirale,annonce à la radio «1699, vent arrière

03, train fixe» alors que mes yeuxobservent la piste et l’approche entre-coupée de rapides contrôles des ins-truments (vitesse et vario),puis c’estle moment de tourner en base, la piste

et l’approche sont toujours libres.Enfin, ultime virage pour la finale,sortie des aérofreins, «vitesse, plan,point d’aboutissement» et maintiende ces paramètres avec les aérofreins

et le manche. La piste approche«vitesse, plan, point d’aboutis-sement» et surveillance de ladistance verticale qui me sépareencore du sol pour savoir quandcommencer l’arrondi et portermon regard sur la fin de lapiste. Les mots «attention, pastrop timide l’arrondi» attei-gnent mon cerveau, sortis d’onne sait où, puis le planeuratteint le sol et c’est le momentdu «manche au ventre» et dedégager la piste en n’oubliantpas de «garder les ailes hori-zontales ».

Le planeur est arrêté enbord de piste, j’ouvre le capot,détache les ceintures et sorteuphorique de mon ASK21. Ilest maintenant 17h37 LT.

La voiture de pisteapproche, la corde est accro-chée et le planeur peut êtreramené en bout de piste. J’ai

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René ZAHND, trésorier du GGVVM.

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Atterrissage de l'ASK21

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droit à tous les sourires de mes amisélèves, les pilotes de planeur et remor-queur et surtout à celui du moniteurqui a pris, j’en suis conscient, la res-ponsabilité de me lâcher seul pour cevol mémorable de 12 minutes.

Autre joie également, ce jour là: lemoniteur qui m’avait fait faire monpremier vol Fascination était présentpour, lui aussi, me féliciter. Je lui airappelé ce fait mais aussi qu’il avaitdû écourter ce premier vol car, fasciné

par les instruments, je m’étais soudai-nement senti pas très bien. J’ai toute-fois évité l’usage du cornet...

Remerciements

Volontairement, je n’ai pas men-tionné de noms dans ce texte. Cettejoie ressentie est le fruit du travail detous les moniteurs. Je pense quebeaucoup se reconnaîtront dans lestextes entre guillemets. Je n’oubliepas les remorqueurs qui ont supportéavec calme mes premiers remor-

quages pendant lesquels, je dois bienl’avouer, j’étais rarement positionnéderrière l’avion.

Je les remercie sincèrement dem’avoir enseigné la technique et lapratique du vol à voile, ce qui m’aconduit à faire mon premier vol solo,et maintenant je me rends comptequ’en fait, tout commence.

René Zahnd

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Prochaine étape, le B4 DSC02937

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Dans la nuit du 11/12 juin1940, Genève est survolée -etattaquée- par des bimoteurs bri-tanniques Whitley de la RoyalAir Force. En fait, 36 de ces grosappareils sont en route depuisles îles anglo-normandes deJersey et Guernesey. Leur desti-nation: Turin et ses industriesparticipant à l'effort de guerrede l'Axe italo-germanique anti-Alliés.

Deux obstacles majeurs s'oppo-sent cependant au raid: la météo et les

Alpes. La météo, tous les lecteurs deces lignes savent combien elle peutintervenir pour mettre à mal les plusprécis des plans de vol. Quant auxAlpes, elles dressent leurs arêtes etmassifs comme autant de barrièresque doivent négocier des équipagesparfois inexpérimentés, opérant denuit bien loin de leurs bases.

Tous n'y parviennent pas, rebutésdans leur navigation par la mauvaisevisibilité, par les orages magnétiquesperturbateurs des simples boussoles àcardan qui constituent à peu près la

seuleaide à la navigationdisponible en ces premiers mois deguerre. Ainsi, navigation perturbée,météo et fatigue découragentquelques équipages néophytes. Il leurreste alors l'alternative de s'enprendre à des objectifs d'opportunitédécouverts un peu au hasard d'unenavigation à l'estime.

Dans ce contexte, ce doit être leFlying Officer Bisset qui a orbité troisquarts d'heure durant sur le bout dulac Léman avant que sa charge debombes ne touche Carouge, tuantdeux personnes -Julia Escher etFernand Chollet- et en blessant 14autres.

C'est ce genre d'événements queconnut la Suisse neutre au sein d'uneEurope à feu et à sang, et qu'un récentouvrage s'attache à disséquer. Écritpar un collègue-pilote de l'Aéro-Clubgenevois, "Infringing Neutrality, TheRAF in Switzerland 1940-1945" vientd'être publié en Grande-Bretagne (a).L'auteur, qui connut de près l'époqueen question, s'attache à reconstruiretoutes les missions d'aviateurs enguerre qui trouvèrent leur dénoue-ment sur le territoire de laConfédération.

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Ce Bucker “Jungman” à l’immatriculation évocatrice fit partie du parcaéronautique suisse d’après-guerre

LA R.A.F. ET LA SUISSE1940-1945

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Le “P-38” à cocarde tricolore dérouté sur Cointrin en 1945

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Ce Mosquito de la RAF fut pendant la guerre brièvement immatriculé HB-IMO au service de Swissair

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Il analyse par exemple les circons-tances qui aboutirent à l'écrasement,contre la falaise surplombant LeBouveret, du quadrimoteur Lancasterdu Pilot Officer Horace Badge, enroute lui aussi vers l'Italie le 12/13juillet 1943. Quatorze jeunes aviateursanglo-saxons perdirent la vie enSuisse cette nuit-là: au Bouveret et àThyon/Sion.

Détaillant ces deux drames, l'au-teur les rapproche d'accidents simi-laires survenus après-guerre, auxmêmes endroits, à des avions légersdont un de notre Club. Sur un registreplus direct, il met à mal le mythe d'ar-tilleurs suisses laxistes envers lesappareils alliés enfreignant la neutra-lité helvétique. En effet, le bombar-dier du Bouveret fut bel et bien touchépar un des 400 coups tirés cette nuit-là par la flab(DCA) suisse installée aunord de Genève, au col duMarchairuz.

Les exemples similaires abondent.

Tels les tirs de flab légère qui endom-magèrent consécutivement deuxMosquitos de la RAF voici tout juste62 ans. Volant de St-Dizier versVienne le 30 septembre 1944, leursnavigateurs commirent sciemmentl'erreur de survoler le sud du lac deConstance plutôt que la Bavière méri-dionale. Ayant chacun "perdu" unmoteur, ces deux chasseurs-bombar-diers de la RAF durent effectuer unatterrissage forcé à Dübendorf. Unecertaine casse en résulta, heureuse-ment sans trop de conséquences phy-siques pour les quatre aviateurs cou-pables de lèse-Helvétie.

Genève-Cointrin connut aussi unemodeste activité due à des avions àcocarde bleu-blanc-rouge. Ainsi, enmai 1945, un bimoteur bi-fuselage P-38 Lightning de reconnaissance (b)choisit-il de se dérouter sur Genèveplutôt que de tenter le diable par mau-vais temps en essayant de retrouver sabase de Colmar. Grâce au sens pra-tique du "chef de place" d'alors,Charles Bratschi, l'affaire se termina

dans l'euphorie générale. Les choco-lats suisses dont fut lesté l'appareilcontribuèrent toutefois à compliquerl'existence des douaniers lausannoislorsque l'avion dut à nouveau sedérouter -sur la Blécherette cette fois-pour re-cause météo

Au fil de ses 250 pages,"Infringing Neutrality" offre aux férusd'histoire et d'aviation un déliced'anecdotes aussi véridiques qu'in-édites pour la plupart. Les 19 cha-pitres du livre, illustrés d'une origina-le iconographie, expliquent pourquoila RAF eut maille à partir avec laSuisse. Ils traitent des ballons incen-diaires anglais échoués dans le pays,du Mosquito-photographe arrivé àBerne, du Wellington explosé àBirmestorf/ Birrfeld.

Dès 1944 la plupart des machinesRAF en Suisse furent de gros multi-moteurs Lancaster. Tel celui deEinsiedeln/Sihlsee qui éclata au-des-sus du lac gelé, de Saignelégier, venusur le dos dans les Franches

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Une bombe britannique destinée à l’Italie tomba sur l’hôtel Beau-Séjour à Genève le 11/12 juin 1940, tuant le soldatFerdinand Chollet

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Montagnes, ou encore de Golaten, quise posa tout seul à quelques mètresd'une ferme.

Après l'intermède du Mosquito

mystérieusement disparu au large deRomanshorn le 6/7 avril 1944, laSuisse accueillit encore troisLancaster la même nuit du 27/28avril. Il y eut ainsi celui de l'Alp

Grappelen abattu par la chasse de nuitallemande opérant en cieux"neutres"… Et celui de Hamikon, luiaussi revendiqué par la flab… Et celuidevenu célèbre par la grâce du fer-railleur Martin "Bomber" Schaffnerqui l'extirpa des profondeurs lacustresau large de Steckborn.

Deux chapitres politico-financiersterminent l'ouvrage. L'un est dédiéaux bombardements du pays, tousaccidentels contrairement à certaineslégendes. Vient enfin la sacro-saintequestion des compensations qui valu-rent à la Suisse d'engranger quelque50 millions de francs de l'époque pourservices rendus à la RAF, y compris 32millions venus en payement despertes dues aux bombardements.

Le sort des appareils internés plusou moins intacts et, last but not least,celui des 36 aviateurs britanniquestués en Suisse et inhumés à Vevey,sont abordés dans ce livre qui vaut defigurer chez quiconque en Suisseporte intérêt au front vertical d'uneSeconde Guerre Mondiale qui souventempiéta sur la neutralité du pays.

Bernard Brabant

(a) “Infringing Neutrality-The RAF inSwitzerland 1940-1945” , par Roger ANTHOI-NE aux Editions Tempus, 49,-FCH, disponibleau Secrétariat de l’Aéro-Club et distribué enSuisse par la Librairie de l’Aviation, 14 rueLissignol à Genève. Cette maison a par ailleursédité un premier volume: “Aviateurs-Piétonsvers la Suisse” qui relate les aventures d’ avia-teurs alliés abattus en Europe occupée, échap-pant à la capture et atteignant la Suisse neutreen vue de regagner l’Angleterre.

(b) Le modèle même que pilotait Antoine de St-Exupéry pour sa fatale mission sur Grenoble le21 juillet 1944; les deux P-38 appartenaientd’ailleurs à la même unité de photo-reconnais-sance.

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Lors d’un raid de la RAF sur l’Italie le 16/17 décembre 1940, des projectilesbritanniques détruisirent ces habitations de Bâle-Binningen

F i d u c i a i r e E d m o n d F a v r e S A11 Rue de Candolle - 1205 Genève

Tél. : 022/819.0.800 - Fax : 022/819.0.801E-mail : [email protected]

Michel FavreMembre de la Chambre Fiduciaire

Expert-comptableConsei l ler Fiscal

Comptabilité - Révision - Fiscalité - Expertises - Constitution, gestion et administration de sociétésDomiciliation - Liquidateur de sociétés - Exécuteur testamentaire

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Anniversaire : 100 ans du 1er

vol public avec un moteur àexplosion en Europe.

Il y a 100 ans, en automne1906, le Brésilien de Paris

Alberto Santos-Dumont réaliseet pilote les “premiers” vols motori-sés d’un appareil plus lourd que l’airen public et en Europe. Evénementd’importance - 1e record de vol enre-

gistré par la FAI,démonstrationspubliques quiremportent plu-sieurs Prix - cetterévolution sonnele glas des ballonset dirigeables etannonce lesdébuts de l’éton-nante ère del’aviation. DeuxGenevois, parmid’autres, contri-buèrent indirec-tement à cete x p l o i t : l e sfrères Dufaux.Plus tard, SantosDumont passe-ra égalementq u e l q u e sannées enSuisse roman-de…

Un original,un dandy, unefigure du ToutParis, un génieet un mécène

Fils d’un trèsriche planteur decafé franco-brési-

lien, Alberto Santos-Dumont(1873-1932) découvre à Paris le monde desballons et des dirigeables. Il pratiquel’aérostation puis à son tour crée,innove; peu de choses lui résistent ence domaine. Il prend alors pour devi-se “Air et Liberté”. Ses ambitions etses moyens le mettent rapidement à lapointe des hommes de l’air entre 1895et 1905, en parallèle au développe-ment des premiers moteurs à explo-sion.

Son changement d’orientationaéronautique s’opère en mai 1905,lorsque les frères Henri et ArmandDufaux font, près de Paris, les mul-tiples démonstrations retentissantesde leur “hélicoptère”, 1er engin à quit-ter verticalement la terre à l’aide d’unmoteur à explosion et emportant unefaible charge. Ces démonstrationsdans la halle à ballons de Saint-Cloudproduisent un grand effet sur Santos-Dumont qui imagine dès lors que lamotorisation permettra bientôt d’em-porter un homme dans le ciel. Il déci-de aussitôt d’abandonner le conceptdu ballon dirigeable - il en a construit14, - et s’oriente vers le plus lourd quel’air. Cet autodidacte tente deconstruire en grand un hélicoptère,mais cela est encore trop tôt. Il a parailleurs peu connaissance des travauxdes frères Wright aux USA qui, eux,oeuvrent en cachette et cherchent sur-tout à gagner beaucoup d’argent.Santos-Dumont, lui, réalise souventses démonstrations en public et, lors-qu’un procédé fonctionne, il s’interdit

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Alberto Santos-Dumont (1873-1932) par Georges Goursat dit Sem.

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de le breveter; toute sa vie, il offriraainsi au monde le fruit de son travailrisqué mais novateur.

L’Aéro-club de France offre unPrix de 150.000 francs a qui réussiraun vol de plus de 100m avec un pluslourd que l’air. Ernest Archdeaconajoute 300.000F pour les premiers25m ! Le “Petit Santos” construit alorsun objet encore jamais vu en Europe,un avion “canard” : ailerons à l’avant,ailes biplan à l’arrière suivies d’unmoteur Antoinette de 24 puis de 50cv.Devant les ailes et le moteur, le pilotesera debout dans un panier d’osier detype aérostier. Baptisé “14Bis”, l’appa-reil est d’abord testé durant l’été au-dessous d’un dirigeable puis se dépla-çant sur un câble tendu entre 2 arbres.Le 13 septembre 1906 il effectue unbond de 7m, à 70cm de haut, équipéd’un moteur de 24cv. Le 23 octobre,dans le parc de Bagatelle et en public(Bois de Boulogne), à sa 2ème tenta-tive l’appareil décolle franchementsur 60m, à 2-3m de hauteur, et sepose sans casse au bout d’une lignedroite. C’est alors le 1er vol publicd’un plus lourd que l’air en Europe !Les spécialistes sont stupéfaits, ils ontmême oublié de mesurer la distanceparcourue ! Santos-Dumont remportela Coupe Archdeacon. Le 12

novembre, au même endroit, 4 tenta-tives sont répétées. L’une s’effectue à41km/h et la dernière se traduit parun vol de 220m et de 21 secondes,dument mesurée par les officiels de laFAI et 1er vol d’un avion enregistrépar cet organisme. Santos partagerases gains avec la population parisien-ne…

Premier avion au monde deconfiguration classique : LaDemoiselle

C’est bien le début d’une nouvelleère qui s’ouvre. Si aujourd’huid’autres pionniers de l’aviation de la

période 1900-1906 sont sortis del’ombre entre-temps, les autoritésfrançaises d’alors n’en ont pasconnaissance et déclarent de bonnefoi ces vols comme les premiers à pou-voir bénéficier des deux Prix mis auconcours. Ce sont au minimum lesvols les plus observés, les plus étudiéset les plus renouvelables constatésjusque-là ! On cite en conséquenceque le bijoutier Cartier invente dèslors la 1ère montre bracelet pourSantos-Dumont, car un aviateur doitpouvoir lire l’heure sans lâcher sescommandes. La FAI, créée en 1905,inaugure une nouvelle activité : enre-gistrer dorénavant les records dumonde aéronautiques et astronau-tiques.

En été 1907, Santos-Dumont créele véritable avion qui préfigure desmillions d’appareils à venir: la“Demoiselle”. C’est un monoplanà aile haute (10m2) avec moteur àl’avant à hélice tractrice (16-20cv),équipé à l’arrière d’une dérive et d’ai-lerons, dont les ailes, à tordre volon-tairement, ne possèdent pas encore devolets. Non breveté, vendu à bas prix,cet ULM de 1907-08 donnera le tonaux avionneur$s de tout poil enEurope. C’est sur ce type d’appareil,en version 35cv, que des pionniers

romands ont fait rapi-dement leurs pre-mières armes: leGenevois EdmondAudemars et leVaudois ErnestFailloubaz, mais aussile Français RolandGarros (1910). Enseptembre 1909, mal-gré l’existence denombreux appareilsvariés et l’exploit de latraversée de laManche par Blériot, la“Demoiselle” àmoteur Darracq 30cv,avec 113 km/h,détient toujours lerecord du monde devitesse !

Au début 1909lorsque les premiersbrevets de pilotes sontcréés, Santos-Dumontreçoit à posteriori leno.10, seul brevet aumonde ou l’aviateur

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La “Demoiselle” du Genevois Henri Rohr a fait ses premiers vols, réussis, en 2006(GMR, Athenaz, 16 sept.06).

L’exploit de Santos-Dumont du 12novembre 1906 sur la couverture duPetit Journal.

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est en civil, à cheval et l’ani-mal figure en pied, encoreune illustration de l’origina-lité du personnage. Enfévrier 1910, c’est la 1ère

citation de la présence deSantos-Dumont en Suisse. Ilest à St-Moritz où le capitai-ne allemand Engelhardt etson élève font des essais d’unavion Wright décollantdepuis le lac gelé. On le sait,le choix technologique desWright ne donnera aucundébouché, périmé dès 1908,et avantageusement rempla-cé par les concepts des appa-reils européens initiés parSantos-Dumont. Hélas, cedernier ressent déjà lesdébuts d’une terrible mala-die alors méconnue, bapti-sée depuis «sclérose enplaques», et il quitte l’uni-vers aéronautique.

Quelques années de résiden-ce du côté de Glion (VD)

Entre les deux Guerres mondialesle génial inventeur vient se soigner enSuisse romande, à la clinique ValMont de Montreux-Glion. Il réside àla Villa Ribaupierre et y demeure de1927 à 1932. D’un caractère plutôtsecret, peu liant, son état est souventdépressif. Mais il rêve de construireici sa maison et achète un grand ter-rain de 3.052m2. Il n’en aura pas letemps et la mort l’emporte rapide-ment à Sao Paulo en 1932, à l’âge de60 ans, sans que l’on connaisse sesderniers instants. Les exécuteurs tes-tamentaires se Santos-Dumont vontoffrir le terrain à la commune deMontreux-Les Planches, qui déclinel’offre (1939), puis au village de Glion,qui l’accepte et le cède en 1945 à laSociété de Développement du villagede Glion. On souhaite alors en faireune place publique dotée d’une fon-taine ou d’un monument dédié àl’illustre aviateur.

Ce n’est qu’en 1952 que l’homma-

ge est réalisé, tardif, modeste, voiremême critiquable envers le donateuret pour ce magnifique emplacementsurplombant Vevey, la naissance dulac et la Riviera vaudoise. “L’oeuvred’art” se trouve à l’entrée du village,contre le mur latéral du terrain qui estdevenu une place de jeu, à l’angle de laroute de Caux et de celle de la gare.Une petite fontaine rurale, basse,existait déjà, datée de 1837. On a misun mur derrière elle et construit lanouvelle fontaine de l’autre côté dumur simplement raccordée à la pre-mière. Il est vrai que de chaque côtédu mur on ignore qu’il y a une fontai-ne juste à l’opposé, mais quel manquede goût ! Un aigle stylisé déployant sesailes surmonte les deux fontaines.Une modeste plaque sans fiorituresdit “En mémoire de l’aviateur Santos-Dumont”. Hommage au rabais pourun terrain vendu alors 6.000F (env.40.000F actuels).

En mémoire d’un extraordi-naire pionnier du vol à moteur

La fortune et l’intelligence deSantos-Dumont lui ont permis

d’être entouré d’hommes de

valeur etinfluents, aptes àmettre en œuvreses conceptsrévolutionnaires:Lachambre (ballon,dirigeable), Voisin(aviation), Buchetet Levavasseur(moteurs), etc,.d’être aidé par desmécaniciens dequalité, rapides àexaucer les idéesdébordantes etnouvelles de leurpatron, tel AlbertChapin. Si l’hommeest un peu mécon-nu aujourd’hui,S a n t o s - D u m o n taura malgré toutcréé une vingtained’aéronefs diffé-rents qui apportè-

rent alors leur lot d’innovations (bal-lon, dirigeable, hélicoptère, aéropla-ne).

La 1ère Guerre mondiale, sourcede grands progrès technologiques,fera vite oublier les héros d’avant1914. Mais le Brésil saura donner plustard à l’aéroport de Rio de Janeiro lenom de ce pionnier et rebaptiser l’unede ses villes du nom de Santos-Dumont. Le portrait de ce dernier yillustra nombre de billets de 10.000cruzeiros ou de 100.000 reis. Quant àl’appareil original “14Bis”, il n’a pasété conservé, mais une réplique estaujourd’hui reconstruite, propulséepar un moteur moderne (Rotax), etdoit faire revivre le vol de 1906 pourcet anniversaire. En France, une belle“Demoiselle” de 1908, que son créa-teur utilisa, se voit au Musée de l’Airet de l’Espace au Bourget. Plusieursmonuments y rappellent aussi lamémoire de Santos-Dumont(Bagatelle, Neuilly, etc.). Il est évidentque ces 2 nations marquent digne-ment ce centenaire de diversesmanières. Quant à la petite Helvétie,elle le fait aussi, à sa façon.

Jean-Claude Cailliez(sept.2006)

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Le très modeste monument-fontaine de Glion (VD) honorant son ex-résident Santos-Dumont.

Page 13: La Feuille Volante

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L E S G R O U P E SL E S G R O U P E S L ’ A É R O - CC L U BL ’ A É R O - CC L U B

www.aeroclub-geneve.comCorrespondance

Aéro-Club de GenèveSection genevoise de l’AéCSCase Postale 94, 1215 Genève 15

PrésidentMichel Favre téléphone: (022) 819 08 00

SecrétaireSylvia [email protected]

LA FEUILLE VLA FEUILLE VOLANTEOLANTEBulletin de l’Aéro-CClub de Genève

(association régionale genevoise de l’Aéro-

Club de Suisse)

Paraît quatre fois par an, les 15 février, 15

mai, 15 août et 15 novembre

Rédaction, mise en page et publicités :

Juliane Bourgeois; tél. : 079 634 49 68

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Ligne graphique : Céline Mahler

Impression :Imprimerie Appi

Tirage : 1000 exemplaires

ParachutismeChristine Simonle Malpas, F-74270 Chaumont; 033 450 44 78 93

Vol à moteurLaurent Deletraz 022 798 65 08 , CP60, 1217 Meyrin 2, [email protected]

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Aéromodélisme www.gamgeneve.ch Jean-Claude Roulin079 418 80 52; [email protected]

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Depuis une année, le Président Central de l'Aéro-Club de Suisse a instauré la paru-tion, au gré des besoins, d'une "Newsletter" en format électronique. Ce document,disponible en trois langues, traite de tous les sujets actuels qui constituent le pain quotidi-en du Comité Central de l'Aéro-Club, sans distinction de discipline. Tous ceux dont l'adressee-mail est connue de l'Aéro-Club central reçoivent cette information. Tous les autres peu-vent communiquer leur adresse au secrétariat central en sélectionnant la page Internetsuivante: http://www.aeroclub.ch/french/ et en cliquant sur "Newsletter".

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