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1 I I existe peu de filières industrielles comme le cinéma ou la télévision employant des hautes technologies tout en étant aussi étroitement liées au processus créatif. Chaque nouvelle manière de tourner, de postproduire des films, téléfilms, documentaires, magazines ou émissions de télévision est souvent à l’origine le fait d’une innovation technique provenant des fabricants et prestataires techniques de notre filière. Dans ce mouvement perpétuel d’adaptation aux mutations technologiques et d’innovation, la Ficam participe activement à la mise en place de recommandations techniques qui sont ensuite adoptés au quotidien par l’ensemble des acteurs du secteur. Partie 04 LA FICAM AU COEUR DES MUTATIONS TECHNOLOGIQUES Photo d’un prototype de caméscope mis au point par Panasonic et destiné à la prise de vues en relief

La Ficam au coeur des mutations technologiques

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Description du travail de la commission technique de la ficam

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i i existe peu de filières industrielles comme le cinéma ou la télévision employant des hautes technologies tout en étant aussi étroitement liées au processus créatif. Chaque

nouvelle manière de tourner, de postproduire des films, téléfilms, documentaires, magazines ou émissions de télévision est souvent à l’origine le fait d’une innovation technique provenant des fabricants et prestataires techniques de notre filière. Dans ce mouvement perpétuel d’adaptation aux mutations technologiques et d’innovation, la Ficam participe activement à la mise en place de recommandations techniques qui sont ensuite adoptés au quotidien par l’ensemble des acteurs du secteur.

Partie 04

La Ficam au coeur des mutations

technoLogiques

Photo d’un prototype de caméscope mis au point par Panasonic et destiné à la prise de vues en relief

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TVHD et dématérialisation

des supportsEn 2009, la diffusion de la télévision en Haute Définition a fait un bon important avec la diffu-sion en HD sur le réseau numérique terrestre des principales chaînes historiques. Ces derniè-res demandent maintenant systématiquement la livraison des programmes de fiction sous la forme de Prêts à Diffuser (PAD) Haute Défini-tion. La part des tournages en vidéo HD des fictions françaises (y compris les programmes d’Access prime-time) a progressé pour attein-dre plus de 60 % en 2007 et plus de 70 % en 2008.Cette évolution techno-logique majeure a obligé les postproducteurs et les diffuseurs TV à remettre à plat leurs outils et leur mé-thode de mesure en matiè-re de PAD HD, afin de his-ser leur niveau d’exigence pour parvenir à fournir des images et des sons d’une qualité plus élevée.Cela suppose pour bon nombre de techniciens vidéo et autres responsables qualité au sein des sociétés de postproduction d’acquérir de nou-velles connaissances au-delà de leur base de savoir sur les signaux audio et vidéo, analogi-ques et numériques en définition standard.Ils doivent être capable désormais d’avoir des notions de compression de la vidéo en MPEG-2, MPEG-4, AVC,... d’avoir une maîtrise des consé-quences liées aux différents types de conver-sions de standards TVSD vers TVHD et du Film vers la TVHD et de connaître les performances des écrans plats (LCD et Plasma). De même, l’audio multicanal 5.1 nécessite de se mettre à niveau sur des principes d’encapsulation du si-gnal comme le Dolby E avec sa cohorte de «me-tadata» associées au son.Dans ce contexte, la Ficam qui participe acti-vement et régulièrement depuis quatre ans à l’élaboration de recommandations concernant la Haute Définition et le son multicanal a un rôle central dans la régulation technique du

secteur.

Des outils de tournage sans cassette Le tournage HD en mode « Data » consiste à s’affranchir du support « cassette » pour aller vers de l’enregistrement sur carte mémoire ou disque dur, à l’instar de ce qui s’est produit dans l’enregistrement du son qui ne se fait quasiment plus sur support cassette.Par ailleurs, la dématérialisation des program-mes audiovisuels est en marche depuis que le couple performance/coût des ordinateurs et du réseau Web est devenu accessible au plus

grand nombre. C’est un lieu commun que de dire que la photographie et l’industrie de la musique font déjà partie de l’his-toire de cette dématéria-lisation mais aujourd’hui ce phénomène est égale-ment en marche pour la diffusion des films de ci-néma ou des programmes de télévision.Tous ces changements ont

évidemment leurs lots d’inconvénients car ils bouleversent, entre autres, la nature des em-plois associés, les habitudes de travail et le pi-ratage reste un risque majeur sur lequel il faut absolument agir. Toutefois, il faut croire que les avantages du tournage en Data existent puisque cela progresse de jour en jour. Quels sont-ils ?Face à la baisse des financements des pro-grammes TV, le tournage en HD « Data » offre dès maintenant, des gains de productivité qui vont aller en s’améliorant.• L’étape de digitalisation des rushes est rac-courcie puisqu’on peut directement transférer le contenu de la carte de tournage sur la station de montage en HD, en y incluant toutes les « méta-datas » qui vont avec.• Ce temps de transfert diminue régulièrement au fur et à mesure des progrès de nos ordina-teurs. Il peut dans certain cas, être plus rapide que le temps réel contrairement au transfert des cassettes qui nécessite le même temps que la durée du rush.

• Le montage peut se faire directement en HD sans passer par une étape de prémontage en SD car les progrès obtenus par la compression HD permettent de faire passer de l’image HD dans des débits, autrefois nécessaire à de la SD.• Ces progrès technologiques de la compres-sion sont plus faciles à mettre en place sur des outils informatiques et donc moins coûteux que des magnétoscopes embarqués car ils sont à la base des développements informatiques.• L’industrie informatique est bien plus im-portante que l’industrie audiovisuelle et donc les économies d’échelles sur certains équipe-

ments, comme la mémoire ou les disques durs, sont bien plus grandes.Naturellement, ces changements dans les mo-des de production nécessitent quelques précau-tions car l’illusion de pouvoir faire tout soi-mê-me, entretenue par le marketing de l’industrie audiovisuel grand public, peut faire commettre quelques erreurs fatales.Ainsi, puisque les rushes produits avec une ca-méra Data sont enregistrés sur une carte ou un disque qui, par définition, est réinscriptible, il ne faut surtout pas négliger de « sécuriser » ses rushes sur un support informatique fiable. L’in-

Lorsque le 16 mm fut lancé en 1923, l’objectif de son fabricant était de proposer un matériel plus léger et plus économique que le

traditionnel 35 mm pour séduire un public d’ama-teur. Sous la pression budgétaire mais également pour sa légèreté, il est devenu petit à petit le format de reportage pour les « news » en télévision puis avec le Super 16, celui de la fiction TV et même avec les progrès des optiques et des émulsions, de certains longs métrages.Avec une logique similaire, les gros producteurs d’images que sont les rédactions des chaînes de TV ont compris les premiers que le tournage en « Data » permettait de raccourcir les délais et donc les coûts de certaines étapes de production. Il est vrai que les caméras Data légère pour les « news » ont été les premières sur le marché. Nous avons maintenant, également une offre de caméra Data de très bonne qualité pour la fiction en HD ou même le long mé-trage en 2K qui s’étoffe régulièrement.D’ailleurs, pour les caméras les plus sophistiquées, lorsque la quantité d’information à enregistrer par seconde est trop importante pour tenir sur une cas-sette HD, la seule solution est aujourd’hui l’enre-gistrement en mode « Data » sur un support infor-matique. C’est un des autres avantages de ce mode

« Data » qui dans ce cas, tente de tirer l’image vers plus de qualité « technique ». Evidemment, une image reste avant tout le fruit du travail d’un chef opérateur, d’un réalisateur et de son équipe.Cette nouvelle façon de produire des images est en marche. Elle apporte des gains de productivité indéniables que nous avons évoqués plus haut. La plupart des postproducteurs sont déjà habitués à traiter ces « workflow » en Data, notamment depuis que le long métrage est majoritairement postpro-duit en numérique. La plupart des fabricants de caméras y viennent, pour ne pas dire tous. Il nous reste à en prendre possession avec professionna-lisme dans nos productions.

Pascal Buron, Directeur de TSF Dataet président Délégué de la Ficam en charge de la commission technique

Prendre Possession du tournage « data »

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dustrie informatique a mis en place depuis 2000 un support extrêmement répandu pour cela, il s’agit du système LTO avec plus de 2 millions de lecteurs et plus de 70 millions de cartou-ches dans le monde. Ce support progresse en capacité chaque année et le standard actuel dit « LTO4 » permet de stocker 800 Go de données.Si ces rushes constituent vraiment du patrimoi-ne, il faut impérativement mettre en place une stratégie de gestion/stockage de ces rushes auprès d’une entreprise qui propose ce service spécialisé. Même, si cela a parfois été négligé avec le support film ou pire encore avec le sup-port cassette, souvent entreposé sur une sim-ple bibliothèque, cette stratégie de stockage a toujours été nécessaire pour conserver son pa-trimoine audiovisuel.

Rôle de la commission

techniqueLa Ficam revendique de partici-per à tous les débats et groupes de travail qui appréhendent ou tentent de réguler les mutations technologiques. La Fédération or-ganise notamment chaque mois une commission technique qui réu-nit l’ensemble des directeurs tech-niques des sociétés membres de la Ficam, des chaînes de télévision na-tionales, les fabricants de solutions matérielles et logicielles du secteur ainsi que les experts de la Commission Supérieure Technique (CST).En quatre ans, la commission technique prési-dée par Pascal Buron a déjà initié de nombreux chantiers, qui ont abouti à la signature de plu-sieurs recommandations concernant : • les spécifications techniques adoptées par la profession en matière de Prêt à Diffuser Haute Définition (récemment révisée),• les spécifications sur les niveaux de dynami-ques sonores à adopter suite au passage des chaînes de télévision à la diffusion du son multi canal,• les spécifications communes en matière de Prêts à Diffuser dématérialisés, c’est à dire

l’échange de PAD en mode fichier et non plus sous forme de cassettes que ce soit en défini-tion Standard ou en Haute Définition,• les recommandations concernant le traite-ment du Super 16 dans les workflow HD ac-tuels,• la mise en place d’une bande test sur cassette HD-CAM permettant d’analyser avec précision les différents critères d’acceptation des PAD Haute Définition

Révision des

recommandations PAD HDLes derniers travaux à l’initiative de la Fimm/Ficam portant sur les PAD SD dataient de 1998. Ce document obsolète nécessitait une véritable mise à jour. Entre temps, le HD Forum avait pu-

blié fin 2005, une recommandation PAD HD V1 dont plusieurs points devaient être revus en tenant compte de l’expérience passée.Les travaux, débutés il y a plus de

deux ans, ont abouti à la signature en 2008 d’un document par les dif-fuseurs (au sein du HD Forum), la CST, et les directeurs techniques

de la Ficam. Pour rédiger ce do-cument baptisé « Recommandation technique CST RT- 017-TV-2008 v1.0 »,

les diffuseurs (TF1, France Télévision, Arte, C+ et M6) ont particulièrement œuvré avec les di-recteurs techniques des sociétés adhérentes de la Ficam, en étroite collaboration avec la CST. Ce document spécifie techniquement la nature des signaux audio et vidéo couchés sur les supports magnétiques des Prêt à Diffuser HD et SD.Face aux évolutions technologiques récentes, ce document a subi une révision de certaines des spécifications qui y était énoncées. Il s’agit no-tamment d’éclaircir le texte actuel jugé inappli-cable sur l’ensemble des appareils de mesure ou de légalisation. Cette mise à jour concerne aussi le renseignement des métadonnées asso-ciées aux signaux sonores.

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Qualité, Innovation, Ambition et SolidaritéFace à des productions internationales qui privilé-gient la qualité et l’innovation technique, on peut se poser des questions quant à l’avenir cinémato-graphique et audiovisuel en France. Que vont de-venir nos savoir-faire techniques et nos industries dans un tel contexte, si nous ne favorisons pas l’ambition et la créativité ? Vont-ils s’expatrier, se délocaliser ?Le guide Focus 2010 arrive dans un moment par-ticulièrement délicat pour notre profession. Les projets de production sont de plus en plus difficiles à monter et les financements de moins en moins importants. Les industries techniques vivent une période de turbulence sur fond de batailles de tarifs qui mènent au dumping et à la concentration. Cette situation touche beaucoup de nos adhérents, tech-niciens du film et de l’audiovisuel et la CST constate que le moins-disant financier en production signifie presque toujours le moins-disant technique : une qualité d’image et de son minimum est de plus en plus difficile à réaliser. Il est traumatisant pour un artiste technicien de ne pas pouvoir offrir le meilleur de lui même, faute de moyens nécessaires.La qualité et l’ambition des œuvres sont un enjeu essentiel. Les industries techniques, les techniciens et leurs savoir-faire représentent le pilier de toute politique de développement du cinéma français. L’implication du service public et les politiques de régulation mises en place tout au long de notre his-toire ont permis de développer une production na-tionale forte et originale, d’être présents en Europe et dans le monde. La CST assume fièrement un rôle majeur pour conserver les meilleures solutions tech-

niques de production et faire évoluer les pratiques professionnelles. Elle doit travailler main dans la main avec les industries techniques et la Ficam et il est impératif de développer nos collaborations.Dans l’actuelle période tumultueuse qui favorise le repli sur soi, il n’est pas facile de faire valoir la cause collective d’une profession. Pourtant, nous avons la conviction que la défense de l’intérêt col-lectif des industries techniques et des techniciens ne peut que profiter à tous. A contrario, la pratique du dumping, l’exacerbation de la concurrence à outrance, l’absence de toute concertation déva-lorisent notre travail et nos compétences et n’ont que des retombées négatives pour tous. Qualité, Innovation, Ambition et Solidarité doivent l’empor-ter dans notre profession. Pas seulement comme un étendard mais parce qu’une politique « low cost » menace non seulement les hommes mais détruit le tissu industriel, laissant la place à l’ignorance tech-nique des financiers. Le guide Focus présente les industries techniques et, comme la CST, il en défend l’excellence. Le cinéma et l’audiovisuel ont besoin d’un environnement technique et créatif solidaire à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui. La CST est l’or-ganisme neutre, indépendant, qualifié pour servir d’arbitre et de conseiller, en particulier pour tous les membres de la Ficam. Il y a un avenir au cinéma et à l’audiovisuel français. A nous, CST-Ficam, de le construire ensemble.

comité d’administration de la commission supérieure et technique

de l’image et du son (cst)

Dialog level et Loudness clefs de voûte des PAD audioPour accompagner la TVHD, c’est majoritaire-ment le procédé Dolby Digital que l’on retrouve pour la diffusion du son. Cette technologie exige qu’un certain nombre de metadata (informa-tions décrivant la nature du programme) soient renseignées avec soin et encodées lors du mixa-ge dans le flux Dolby E. Ces metadata serviront

ensuite chez le téléspectateur à retranscrire le mixage et éventuellement à actionner le proces-seur DSP présent dans chaque décodeur Dolby. Si ces metadata ne sont pas bien renseignées ou irréalistes, les limiteurs et compresseurs au sein des chaînes de télévision qui fonctionnent de manière automatisée risquent de nettement détériorer le son 5.1 avant sa diffusion chez le téléspectateur. C’est pourquoi définir correc-

Point de vue

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tement sous la forme d’une recommandation le Dialog Level destiné au PAD SD et HD représente un défi incontournable auquel ce sont attachés depuis plus d’un an, les membres de la Ficam au sein de la commission technique.Un groupe de travail s’est notamment attaché à définir une méthode de mesure du « Dialog level » qui, d’un programme à un autre, s’il n’est pas ho-mogène, peut avoir une répercussion importante sur le niveau de restitution sonore chez les par-ticuliers. Après avoir étudié un certain nombre de méthodes, l’une d’elle consiste à sélectionner judicieusement quelques passages pertinents sur lesquels porte la mesure du «Dialog level». Ces valeurs doivent être cohérentes avec une alternative automatique portant sur le « Dialog Intelligence ». L’objectif de cette nouvelle recommandation audio sur le « Dialog Level » est aussi de faire évoluer la stéréo dans le même sens que le son multi canal 5.1 en adoptant des mesures de la dynamique audio du type « Loudness » qui tien-nent compte de la densité sonore d’un son. Les codecs modernes utilisés en diffusion (AC3, E-AC3, HE-AAC et Dolby Pulse) se réfèrent tous à un niveau de « Loudness » pour équilibrer auto-matiquement chez le téléspectateur le niveau d’écoute ressenti. Rappelons que le « Loudness » tient compte de la perception humaine d’un programme audio, avec deux variables principales : la courbe de perception auditive de l’oreille et du temps d’ex-position au programme audio, la perception humaine étant plus affectée par un son fort si celui-ci dure. La mesure précise et universelle du « Loudness » doit permettre d’anticiper la perception sonore d’un programme auprès des téléspectateurs.Dans le sillage de nombreux pays, le Conseil Su-périeur de l’Audiovisuel a d’ailleurs exprimé sa volonté auprès des diffuseurs TV de réguler le niveau général des chaînes, celui des émissions mais aussi celui des publicités et des bandes an-nonces généralement trop puissantes par rap-port au reste des programmes. Fixer la mesure de « Loudness » et la normaliser à l’échelle na-tionale (Ficam), puis internationale (ITU) est donc indispensable pour utiliser correctement ces co-decs, permettre l’homogénéité des offres TV de

bouquets internationaux et faciliter l’échange et la vérification PAD des programmes.à noter, que dans cette recommandation sur le « Dialog level » et le « Loudness » des Prêts à Diffuser Haute Définition, les acteurs de la fi-lière se sont accordés sur une mesure médiane de « Loudness » que le mixeur peut vérifier en temps réel avec un outil de mesure adapté.

Monitoring Haute DéfinitionAu sein de la commission technique de la Ficam, un groupe de travail est chargé d’élaborer une bande test permettant de qualifier les disposi-tifs de restitution image et son utilisés par les prestataires et les diffuseurs pour contrôler et donc valider les PAD HD (image et son). En effet, l’arrivée concomittante de la HD et des écrans plats a fait complètement exploser les stan-dards de moniteur étalon sur lesquels tous les intervenants s’accordaient pour vérifier l’image d’un PAD. Certains défauts visibles ne sont plus désormais imputables au PAD lui-même, mais parfois au moniteur plat. Cette bande test vi-déo, en cours de fabrication par la CST, servira donc à contrôler le fonctionnement et les ré-glages d’une salle de vérification PAD, ceci afin de créer un référent permettant de déterminer précisément l’origine d’un problème - PAD ou Salle de vérification – lors de la vérification d’un PAD. D’ores et déjà, les travaux de ce groupe de travail commun à la Ficam et la CST ont abouti à l’élaboration d’un document qui liste, de façon ex-haustive, tous les éléments dont les techniciens ont besoin pour la vérification des programmes.

La dématérialisation

des programmes en marche Les diffuseurs TV ont bien compris désormais l’enjeu technique et économique du passage de l’ensemble de la chaîne de fabrication des images et des sons à un workflow entièrement fichiers. Une forte économie est possible à la clef pour le diffuseur grâce à la disparition progressive de la cassette tout au long de la fabrication des pro-grammes. La diminution du bilan carbone des chaînes est aussi un des objectifs de cette déma-térialisation pour les grandes chaînes nationales.

tF1 amorce le mouvementvers la dématérialisation des médias

Quel intérêt représente pour TF1 le passage à des échanges de médias dématérialisés ? Quelles sont les principaux obstacles techniques ou humains que vous rencontrez ?

TF1 cherche, à travers ses choix tech-nologiques, à conserver une certaine avance dans la maîtrise des outils de demain. Pour continuer d’être leader dans le domaine de l’innovation, nous avons décidé de franchir le pas de la dé-matérialisation, sans toutefois précipiter les choses dans un contexte économique difficile. L’intérêt économique désormais reconnu et avéré de la dématérialisa-tion, qui repose sur la disparition de la cassette et des machines tournantes renforce l’intuition générale que l’avenir est au tout fichier. En effet, la disparition de la cassette est devenu un des axes principaux d’amélioration des chaines de télévision.Depuis plusieurs années, TF1 a suivi cette intuition, en interne d’abord, puis avec ses filiales. Aujourd’hui, l’ensemble des chaines thématiques du groupe réceptionne la publicité dématérialisée depuis la maison mère de Boulogne-Billancourt qui se charge de la numérisation des «cassettes» et du contrôle qualité. Cette expérience a permis de mesurer l’intérêt de la dématérialisation non seulement sur un plan purement économique mais aussi sur le plan de la flexibilité de l’exploitation. L’heure est donc à la généralisation de cette pratique au-delà

des frontières du groupe, en offrant pro-gressivement la possibilité aux fournis-seurs de contenus Audiovisuels de livrer à TF1 dans un mode fichier. à l’heure actuelle, les principales difficultés aux-quelles nous avons à faire face avec le HD-FORUM sont liées à la nécessité de trouver un format de transport unique interopérable et directement exploitable par les outils de diffusion actuels des éditeurs. Cette contrainte est sur le point d’être levée à l’issue de la campagne de tests menée cet été avec un échan-tillon significatif d’acteurs industriels du marché français. L‘étape suivante consiste à définir un format de méta-données standardisé par l’ensemble des éditeurs et utilisable pour tous les types de contenus, de la publicité à la fiction. Une fois cette étape franchie, il s’agira d’établir des connexions rapides avec nos fournisseurs, permettant le monitoring et la supervision centralisée des échanges à l’aide d’une interface unique. Pour ce faire, dans un premier temps nous devons uniformiser les worflows de transfert, alors que les pro-cédures sont aujourd’hui très diverses, surtout lorsqu’il s’agit du marché de la publicité. Des travaux dans ce sens sont en cours avec le HD FORUM, la Ficam et la CST.

Est-ce que votre participation aux travaux du HD Forum et de la com-mission technique de la Ficam vous aide dans la mise en place complexe de ces nouveaux workflow ?

Le partage de nos expériences et le contact avec les représentants techni-ques permettent à la fois de renforcer l’expertise et la compétence générale du marché français, et de fluidifier les rela-tions avec les fournisseurs. Un exemple concret est la maîtrise actuelle que nous avons développée autour du Dolby E et de la préparation des bandes PAD au travers des recommandations de 2008. Nous avons fait de réels gains de qualité et de productivité dans le domaine de la vérification des PAD, qui nous ont per-mis de passer paisiblement le cap de la HD. à ma connaissance, la France est le seul pays d’Europe à avoir réussi ce tour de force d’une normalisation commune, ce qui donne un poids non négligeable à notre voix auprès des instances de nor-malisation européennes. Nous espérons pouvoir tirer autant de profit de cette collaboration lors du passage au tout fichier.

Aujourd’hui, seuls les programmes courts de TF1 sont concernés par la disparition de la cassette. Quel est le calendrier de la suite de cette évo-lution vers la dématérialisation des médias ?

Le calendrier de déploiement des échan-ges de fichiers chez TF1 va avant tout dépendre de l’avancée des travaux de recommandation au sein de la com-mission technique de la Ficam et du HD FORUM.

Aujourd’hui, TF1 est la chaîne de télévision française la plus avancée en matière de dématérialisation des médias, puisqu’elle utilise des caméras enregistrant sur cartes mémoire et depuis peu expérimente l’échange de fichiers entre sa régie publicitaire et sa régie de diffusion. Pierre Pommeret, ingénieur chez TF1 chargé de ces questions qui participe activement à la commission technique de la Ficam et au HD Forum nous livre ici son témoignage.

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Toutefois, de manière assez pragmatique, les grands diffuseurs hertziens ont décidé dans un premier temps de mettre en place des échanges de fichiers concernant uniquement les program-mes courts comme les bandes annonces et sur-tout les publicités. TF1 a entamé dès l’automne 2009 cette migration vers des échanges dématé-rialisés, tandis que M6 doit lui emboiter le pas en 2010. TF1 a également ouvert récemment un gros chantier visant à faire disparaître les échanges de cassettes entre sa filiale TF1 Production et sa régie finale de diffusion.C’est pour répondre à cette évolution rapide des besoins d’échanges dématérialisés de program-mes de télévision qu’au cours du printemps 2009, la commission technique de la Ficam (en collaboration avec le HD Forum et la CST) a fait un gros effort pour faciliter la mise en place d’une recommandation commune au secteur concernant l’échange de «PAD fichier» entre les chaînes de télévision et les laboratoires ou postproducteurs. Deux groupes de travail se sont constitués au sein de la commission tech-nique, l’un mené par les diffuseurs et l’autre par les prestataires, avec comme objectif commun de parvenir à publier une recommandation fai-sant la synthèse des contraintes concernant les échanges de médias en mode fichiers.Voici les grandes lignes de ce document fina-lisé à la fin de l’année 2009. On y distingue trois profils d’encodage Mpeg2 des essences vidéo pour chaque définition (SD/HD) allant du Mpeg2 (4.2.0) à 15 Mbit/s avec un codec Long GOP en Définition standard au Mpeg2 (4.2.2) Long GOP aussi mais à 50 Mbit/s. La mise en place dans les workflow des chaînes de télévision du Mpeg2 (4.2.2) à 100 Mbit/s en compression Intra-images est aussi envisagée, mais dans un second temps. Les essences vidéo de ces fichiers PAD doivent être intégrées dans une capsule MXF Generic Container s’appuyant notamment sur la re-commandation SMPTE EG41 (MXF type OP1A). De même, les essences audio de ces fichiers PAD doivent correspondre à l’une de ces trois spécifications : BWF stéréo, BWF multicanal et DolbyE. à noter, que des tests à partir de nom-breux équipements du marché, sous l’égide du HD Forum ont également été mené à la fin de l’été 2009, afin de vérifier in situ le bienfondé

de ces recommandations et de les rectifier au besoin.

Les nouveaux enjeux

de l’archivage La commission technique a créé au printemps 2009 un nouveau groupe de travail consacré à l’archivage et à la restauration. Ce groupe s’est fixé comme premier objectif d’arriver à écrire par filière de production, un schéma d’enregis-trement informatique des projets de productions en version « non compilée », qui ait une chance, par sa simplicité, son faible coût, d’être appliquée. La définition de telles recommandations visera à pérenniser les rushes numériques tant au ni-veau de la production que de la postproduction. Nous souhaitons réunir les loueurs de caméras, les postproducteurs et les laboratoires spécialis-tes de l’archivage et de la restauration, en vue de définir une série de choix pratiques et techniques dans la gestion des rushes informatisés émanant des caméras numériques ou des stations de post-production, effets visuels, étalonnage...Mais, la question de la dématérialisation de l’ar-chivage doit aussi être régulée au niveau de la conservation des œuvres finies. Aujourd’hui, en effet, en matière d’archivage des films ou té-léfilms, les détenteurs de catalogues signent avec les laboratoires et les postproducteurs des contrats cadre pour l’archivage qui sont souvent défavorables aux prestataires. Il est donc indis-

La dématérialisation des médias progresse à tous les niveaux de la fabrication des images (ici une caméra

Panasonic P2 sur les JO de Pékin)

Bienvenue dans un monde de données associées à l’image et au son

comment expliquez-vous le succès de dolby chez les diffuseurs télé ?

Il s’explique d’abord par le succès du son multicanal et l’arrivée de l’image HD sur les programmes de télévision. Les diffuseurs n’ont pas hésité a transmettre le son en Dolby Digital 5.1 puis en Dolby Digital Plus 5.1. Le Dolby E est la solution la plus simple et la plus réaliste pour pouvoir enregistrer et diffuser le son 5.1 et les metadata associées, le tout synchrone avec l’image. Le succès s’est amplifié grâce aux nombreux constructeurs de solutions de montage, de serveurs, de mélangeurs vidéo, d’interfaces audio-vidéo qui ont intégré le codage et le décodage Dolby E dans leurs équipements. Le Dolby E est devenu un codage standard pour l’industrie broadcast.

l’utilisation des metadonnées a supposé une évolution des compétences de l’en-semble de la filière contrôle qualité, y compris chez les prestataires techniques (laboratoires et postproducteurs…). est-ce que votre participation active à la com-mission technique de la Ficam vous aide dans ce travail d’évangélisation ?

Le rôle de la Ficam est très important pour la vulgarisation au sens noble. Lors de la rédaction des premières recommandations PAD, la création des groupes de travail Loudness et Metadata a permis de réunir les spé-cialistes et ceux qui l’étaient moins, de confronter les attentes des chaînes de télévision, des constructeurs et des prestataires. Avec les profils de metadata qui se sont imposés, il en est ressorti des idées simples et compréhensibles par toute la profession. Le vocabulaire des metadata Dolby s’est diffusé permettant ainsi aux différents acteurs de communiquer et de se comprendre. Les résultats qui ressortent des travaux de la Ficam impressionnent toujours les chaînes et les prestataires étrangers qui sont surpris que les français se soient mis d’accord sur un standard audio de livraison pour les bandes et bientôt les fichiers.

ltrt a su élargir sa palette de compétence à l’ingénierie logicielle et aux solutions de diffusion vidéo, fort de cette vision très large du marché broadcast, comment voyez-vous l’évolution actuelle de la filière vers la dématérialisation des médias ?

La filière a déjà entamé un processus de reconversion. Les outils, les workflows, les métiers vont évoluer pour permettrent de traiter, coder et contrôler les fichiers produits à grande échelle. La qualité de l’habillage dynamique (coming next, interactivité) et les données associées aux programmes dématérialisés (titres, genre, musiciens, …) vont être des critères déterminant pour l’audience sur les nouveaux médias « On De-mand ». Un des plus grand challenge de ce monde dématérialisé va être d’associer la qualité avec la vitesse de traitement des médias et des informations associées. Les logiciels et les ordinateurs sont une partie de la réponse. Les experts de ces contenus si fluides vont devenir indispensables car seules leurs connaissances du média de diffusion permettront un résultat optimal à partir de sources dématérialisées.

Thierry Jeandroz, Pdg de LTRT

La diffusion télévisuelle s’est largement informatisée et Dolby a su en tirer parti grâce à son codec Dolby E et les métadonnées qui y sont associées, placés désormais au cœur du workflow des chaînes de télévision. Très actif dans les travaux de la commission technique de la Ficam sur ces sujets, Thierry Jeandroz fait part de son expertise.

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pensable d’inclure dans les Conditions Généra-les de Vente en matière d’archivage des niveaux de responsabilité plus équilibrés. Il ne faudrait pas que le passage du marché à des systèmes de stockage informatiques soit l’occasion pour les producteurs ou ayant-droits de ne plus as-sumer leur part de responsabilité en cas de perte des données.Ce groupe de travail cherchera donc aussi à définir une chaîne complète de gestion des ar-chives, cohérente, tenant notamment compte de l’extraction et de l’utilisation de ces archives de nombreuses années plus tard. La question de la re-matérialisation des œuvres sur un film se pose également, puisque pour exemple aujourd’hui Outre-Atlantique, les majors hol-lywoodiennes ont choisi le retour sur film 35 mm comme support d’archivage à long terme même quand il n’existe au départ qu’un master numérique de l’œuvre. Ceci, afin d’avoir une ga-rantie d’archivage dans le temps à un coût plus avantageux au-delà de dix ans.

Veille sur les nouvelles

technologiesLa Ficam a également entamé une veille tech-nologique concernant le développement des images en relief à la télévision et au cinéma. En effet, si les diverses expérimentations 3D effec-tuées depuis les années 50 s’appuyaient sur des technologies analogiques difficiles à calibrer et à maintenir parfaitement en phase, les systè-mes numériques de restitution actuels laissent présager que les images 3D relief débouchent rapidement sur des applications commerciales viables.Le cinéma est le secteur où il est aujourd’hui le plus facile de diffuser des œuvres produites en 3D-relief, puisque les salles de cinéma nu-mérique sont nativement compatibles 3D. Les projecteurs numériques à base de puces DLP 2K de Texas Instruments peuvent afficher des images relief si l’on ajoute un module relief op-tique et électronique que l’on adapte sur la len-tille ou bien si l’on envoie un signal ayant une fréquence d’affichage doublée. Sony, grâce à sa technologie de projecteurs 4K et un accord avec le spécialiste du relief RealD arrive à diffuser

des images 3D relief, via un système optique qui se fixe devant le projecteur et Christie fera de même bientôt en 4K. On estime qu’environ 7500 salles de cinéma sont équipées en 3D fin 2009 dans le monde pour un total de 150 000 salles (numériques et 35 mm).En matière de télévision, les marques de té-léviseurs japonaises et coréennes proposent d’ores et déjà quelques références d’écrans TV 3D relief sur le marché américain, tandis qu’en Europe la commercialisation à grande échelle de tels écrans plats avec lunettes relief est en-visagée pour la fin 2010. Les premières sources d’images relief à la télévision seront sans doute issues d’un Blu-ray Dic, car la Blu-ray Associa-tion, le DVD Forum, la SMPTE collaborent ac-tuellement pour rédiger les prescriptions tech-niques d’un futur format «relief» qui devrait voir le jour l’année prochaine.Côté chaînes de télévision, à part la NHK au japon qui diffuse quelques heures de program-mes en relief chaque jour, seule la chaîne Sky au Royaume Uni a annoncé une date de lance-ment de la TV relief en 2010. En France, seul l’opérateur télécoms Orange a démarré des expérimentations d’envergure de TV relief il y a deux ans. Quatre jours de compétition ont été filmés en direct à Roland Garros en 2008 et 2009, puis projetés sur des TV 3D. La Ficam est bien entendu en veille permanente sur ce sujet, notamment au travers de ses contacts réguliers avec certains de ses adhérents comme AMP déjà investi dans cette nouvelle technologie ou via des échanges avec des industriels comme le fabricant de serveurs Doremi. à suivre....

La Ficam porte un regard attentif aux nouvelles technologies comme la TV et le cinéma en relief

La Ficam au coeur des mutations technoLogiques

PuB