Un squat, dans une usine désaffectée, peuplé de per-sonnages étranges et fascinants : la Tribu. Il y a Aude, la squeegie, Emma, une prostituée muette, Proust, ex-prof alcoolo, Raoul, un nain exhibitionniste… et Ozzy, le fragile Ozzy, qu’Aude, sa sœur, protège bec et ongles alors même que tout leur univers paraît devoir basculer et s’écrouler irrémédiablement.

Un livre qui nous fait naviguer sur des océans troubles et brumeux où une chose peut en cacher une autre, où le vrai et le fantasme se confondent, un livre qui nous entraîne dans un voyage bouleversant de l’autre côté du miroir.

Denis Thériault, tel un funambule, maintient son récit entre réalité et imaginaire avec un art totalement maîtrisé. Une écriture sensible et magnifique.

Denis Thériault, romancier et scé-nariste, est diplômé en psychologie.

Il a contribué à l’écriture de scéna-rios pour le cinéma québécois, et produit plus d’une centaine de textes pour la télévision. Il a été quatre fois finaliste aux prix Gémeaux.

Son premier roman, L’iguane (XYZ, 2001), a remporté plusieurs prix littéraires (France-Québec 2001 – Anne-Hébert 2002 – Odys-sée 2002), et s’est distingué en gagnant le Combat des livres 2007 de Radio-Canada. Son deuxième roman, Le facteur émotif (XYZ, 2005), a remporté le Prix littéraire Canada-Japon 2006. Ses romans sont publiés au Canada anglais, en Allemagne, en Chine et en France.

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Ozzy dévisagea Aude, jaugeant ses intentions. Puis il décida de se confier :

– Elle s’appelle Ophélie. Je la connais depuis quelques semaines.

– Je ne comprends pas. Tu disais que tu la voyais dans le soleil.

– C’est vrai. C’est dans le soleil que je l’ai vue, la première fois, confirma Ozzy.

Et il raconta comment c’était arrivé, un matin d’août, pendant qu’il crayonnait un trottoir du Quartier latin. Ses jambes fuse-lées : c’était ce qui avait magnétisé l’attention d’Ozzy alors qu’elle sortait du café Nelligan, en face, et s’arrêtait pour voir ce qu’il dessinait. Levant les yeux, il avait été ébloui par le soleil qui semblait perché sur l’épaule de la jeune femme, puis par sa beauté à elle, non moins éclatante.

– La fille du soleil, murmura Ozzy, c’est comme ça qu’elle m’est apparue.

La fille qui n’existait pas

Denis Thériault

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Ce livre, publié dans la collection ROMANICHELS dirigée par Josée Bonneville, a été placé

sous la supervision éditoriale d’André Vanasse.

La fille qui n’existait pas

du même auteur

L’iguane, Montréal, XYZ éditeur, coll. « Romanichels poche », 2003.

– Prix France-Québec Jean-Hamelin 2001– Prix Anne-Hébert 2002– Prix Odyssée 2002– Gagnant du Combat des livres de Radio-Canada,

2007Le facteur émotif, Montréal, XYZ éditeur, coll. « Roma ni-chels », 2005 ; Montréal, XYZ éditeur, coll. « Roma ni chels poche », 2005.

– Prix Canada-Japon 2006

Denis Thériault

La fille qui n’existait pasroman

éditeur

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Thériault, Denis, 1959-

La fille qui n’existait pas

(Romanichels)

ISBN 978-2-89261-703-0

I. Titre. II. Collection : Romanichels.

PS8589.H426F54 2012 C843’.6 C2012-941087-XPS9589.H426F54 2012

Les Éditions XYZ bénéficient du soutien financier des institutions suivantes pour leurs activités d’édition :– Conseil des Arts du Canada ;– Gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ;– Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) ;– Gouvernement du Québec par l’entremise du programme de crédit d’impôt pour

l’édition de livres.

L’écriture de ce roman a été rendue possible grâce à l’obtention d’une bourse du Conseil des arts et lettres du Québec.

Conception typographique et montage : Édiscript enr.Graphisme de la couverture : Zirval DesignIllustration de la couverture : iStockphoto.comPhotographie de l’auteur : Martine Doyon

Copyright © 2012, Denis ThériaultCopyright © 2012, Les Éditions XYZ inc.

ISBN version imprimée : 978-2-89261-703-0ISBN version numérique (PDF) : 978-2-89261-704-7ISBN version numérique (ePub) : 978-2-89261-716-0

Dépôt légal : 3e trimestre 2012Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives Canada

Diffusion/distribution au Canada : Diffusion/distribution en Europe :Distribution HMH Librairie du Québec/DNM1815, avenue De Lorimier 30, rue Gay-LussacMontréal (Québec) H2K 3W6 75005 Paris, FRANCEwww.distributionhmh.com www.librairieduquebec.fr

www.editionsxyz.com

Pour Louis, où qu’il soit.

9

Chapitre 1

Aude aimait regarder la mer. Rien ne satisfaisait mieux ses sens. Rien ne l’exaltait tant que le spectacle grandiose de la mer, même si ce n’était qu’en image, dans le métro, sur un écran publicitaire HD vantant les attraits exotiques d’une lointaine destination-soleil. La mer, la vraie, Aude ne l’avait jamais vue, elle qui venait du septentrion, de la taïga, mais elle se jurait d’y aller un jour, avec Ozzy. En attendant, elle se contentait d’en rêver sur le quai du métro, plantée devant cette vidéo polychrome. La mer comblait son regard. Tout le reste, les badauds environ-nants, les murs carrelés, la voûte grisâtre, était repoussé aux confins de son champ de vision, et Aude croyait se trouver sur la plage, hantée par les chuchotis du vent et les clameurs des mouettes, sondant des yeux les bleus confon-dus de l’horizon tandis que les vagues ourlaient le rivage de baisers fugaces et y déversaient une infinité de gemmes. L’imagination d’Aude s’emballait, et voilà que l’océan débordait l’écran, qu’il déferlait dans la station et l’inon-dait dans un bouillonnement de bulles, la transformait en un aquarium glauque où, curieusement, on pouvait encore respirer. Les murs se couvraient d’anémones ; des bouquets d’algues jaillissaient du dallage et déployaient leurs chevelures ondoyantes ; d’angéliques processions de méduses défilaient, et des myriades de poissons bigarrés

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batifolaient autour des crustacés bipèdes qui patientaient sur les quais engloutis. Un chant mélancolique résonnait, provenant du bout le plus obscur du tunnel, et une forme géante en émergeait lentement, celle, majestueuse, d’un rorqual. La baleine s’aventurait dans cette caverne sous-marine. Placide, étonnamment gracieuse, elle planait, sur-volant les rails. Cherchant peut-être une semblable, elle dévisagea Aude de son gros œil curieux, bienveillant. Puis interrogatif tout à coup, craintif, car un grondement sourd se faisait entendre dans le tunnel, un vrombissement qui s’amplifiait rapidement…

L’irruption du métro rompit brusquement le charme, pulvérisant la baleine, l’océan et tout ce qui venait avec. La rame freina, s’immobilisa. La porte d’un wagon bâilla devant Aude. Puis se referma. Le métro repartit sans elle. La mer avait sagement réintégré l’écran mural. Des mots s’imprimèrent sur la plage, surgissant du sable : « Cuba – du soleil tous les jours », promettait la pub. Aude tressaillit, se rendit compte qu’elle ignorait comment elle était arrivée là. Elle ne gardait aucun souvenir du périple qui l’avait menée jusque dans cette station de métro, au tréfonds de la ville, mais ne s’en soucia guère. Elle avait l’habitude de tels trous de mémoire ; c’était la forme qu’empruntait sa folie personnelle. Aude était depuis toujours sujette à une amnésie intermittente. Son existence était hachurée de passages à vide. Pas de quoi en faire un drame. Elle ran-gea simplement ce nouveau bout de temps échappé dans un tiroir de sa collection de moments perdus, petit musée mental dont il ressurgirait à l’improviste un jour futur, désormais dénué de sens. Empruntant ensuite un escalier mécanique, elle gagna la surface de cette grande cité de craie où l’on se tuait à vivre, où nul songe aquatique ne pouvait prévaloir.

Dans la même collection

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Un squat, dans une usine désaffectée, peuplé de per-sonnages étranges et fascinants : la Tribu. Il y a Aude, la squeegie, Emma, une prostituée muette, Proust, ex-prof alcoolo, Raoul, un nain exhibitionniste… et Ozzy, le fragile Ozzy, qu’Aude, sa sœur, protège bec et ongles alors même que tout leur univers paraît devoir basculer et s’écrouler irrémédiablement.

Un livre qui nous fait naviguer sur des océans troubles et brumeux où une chose peut en cacher une autre, où le vrai et le fantasme se confondent, un livre qui nous entraîne dans un voyage bouleversant de l’autre côté du miroir.

Denis Thériault, tel un funambule, maintient son récit entre réalité et imaginaire avec un art totalement maîtrisé. Une écriture sensible et magnifique.

Denis Thériault, romancier et scé-nariste, est diplômé en psychologie.

Il a contribué à l’écriture de scéna-rios pour le cinéma québécois, et produit plus d’une centaine de textes pour la télévision. Il a été quatre fois finaliste aux prix Gémeaux.

Son premier roman, L’iguane (XYZ, 2001), a remporté plusieurs prix littéraires (France-Québec 2001 – Anne-Hébert 2002 – Odys-sée 2002), et s’est distingué en gagnant le Combat des livres 2007 de Radio-Canada. Son deuxième roman, Le facteur émotif (XYZ, 2005), a remporté le Prix littéraire Canada-Japon 2006. Ses romans sont publiés au Canada anglais, en Allemagne, en Chine et en France.

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Ozzy dévisagea Aude, jaugeant ses intentions. Puis il décida de se confier :

– Elle s’appelle Ophélie. Je la connais depuis quelques semaines.

– Je ne comprends pas. Tu disais que tu la voyais dans le soleil.

– C’est vrai. C’est dans le soleil que je l’ai vue, la première fois, confirma Ozzy.

Et il raconta comment c’était arrivé, un matin d’août, pendant qu’il crayonnait un trottoir du Quartier latin. Ses jambes fuse-lées : c’était ce qui avait magnétisé l’attention d’Ozzy alors qu’elle sortait du café Nelligan, en face, et s’arrêtait pour voir ce qu’il dessinait. Levant les yeux, il avait été ébloui par le soleil qui semblait perché sur l’épaule de la jeune femme, puis par sa beauté à elle, non moins éclatante.

– La fille du soleil, murmura Ozzy, c’est comme ça qu’elle m’est apparue.

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