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SURVEILLANCE DE TROIS MALADIES TRANSMISES PAR LES TIQUES Réseau ALSA(CE)TIQUE 2014-2015 Surveillance de trois maladies transmises par les tiques du genre Ixodes ricinus : borréliose de Lyme, encéphalite à tiques et anaplasmose granulocytaire humaine Brochure médicale

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SURVEILLANCE DE TROISMALADIES TRANSMISESPAR LES TIQUES

Réseau ALSA(CE)TIQUE2014-2015

Surveillance de trois maladies transmises par les tiques du genre Ixodes ricinus : borréliose de Lyme, encéphalite à tiques et anaplasmose granulocytaire humaine

Brochure médicale

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Sommaire

1. Les maladies surveillées 41.1. Borréliose de lyme 4

1.2. encéphalite à tiques (tick Borne encephalitis-tBe) 10

1.3. Anaplasmose granulocytaire humaine 12

2. Prévention 13

3. Conduite à tenir en cas de piqûre de tique dure 14

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Ce document a pour but de fournir une information sur trois maladies transmises par les tiques du genre Ixodes ricinus surveillées en Alsace (2014-2015) et n’a pas valeur de recommandations.

Les trois maladies transmises par les tiques retenues dans le cadre de cette étude (borréliose de Lyme, encéphalite à tiques et anaplasmose granulocytaire humaine) l’ont été car leur présence est confirmée en Alsace et leur diagnostic est actuellement possible et relativement simple. Cette étude fait l’objet d’une autorisation Cnil n°913178.

Vous trouverez dans cette plaquette des informations sur les aspects cliniques, diagnostiques et thérapeutiques, les moyens de prévention de ces pathologies, ainsi que les principaux éléments de l’éthologie des tiques.

Ce document a été réalisé par la Cire Lorraine-Alsace, à partir d’une bibliographie indiquée en fin de document.

Ce document a été relu par les membres du comité de pilotage et en particulier par le service des maladies infectieuses du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Strasbourg, ainsi que par le Centre national de référence (CNR) des Borrelia et le CNR des Arbovirus, chacun pour la partie les concernant.

Comité de pilotage :

Dr Christmann et Dr Hansmann – maladies infectieuses CHRU Strasbourg ; Pr Jaulhac et Dr de Martino – CNR des Borrelia CHRU de Strasbourg ; Dr Wendling – laboratoire de virologie – CHRU Strasbourg ; Dr Le Parc-Goffart – CNR des Arbovirus – Institut de recherche biologique des armées de Marseille ; Dr Kieffer – Centre hospitalier (CH) de Mulhouse ; Dr Martinot – CH de Colmar ; Dr George – médecin généraliste de la Meuse ; Dr Vaillant et Dr Couturier – Département maladies infectieuses (DMI), Institut de veille sanitaire (InVS) ; Dr El Mrini et Dr Reitzer – Agence régionale de santé (ARS) d’Alsace ; M. Le Strat – biostatisticien – InVS ; Mlle Raguet, Mlle Schapman, Mme Meffre – épidémiologistes - Cire Lorraine-Alsace.

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1. LES MALADIES SURVEILLÉES

1.1. BORRÉLIOSE DE LYME

• Clinique

la maladie de lyme ou borréliose de lyme est une maladie bactérienne due à un spirochète du genre Borrelia. Après inoculation de Borrelia au niveau de la peau suite à la piqûre de tique, la pathologie évolue en 3 phases :

- la phase précoce localisée : elle est marquée par l’érythème migrant cutané (eM), macule ou papule érythémateuse annulaire avec souvent un éclaircissement central, centrée sur le point de la piqûre, d’évolution centrifuge de grande taille (diamètre supérieur ou égal à 5 cm) (cf. figure A). l’eM n’est pas prurigineux et il peut être associé à une adénopathie et/ou des manifestations générales (arthromyalgies fugaces ou céphalées). il débute dans un délai variable de quelques jours à plusieurs semaines après l’inoculation et en l’absence de traitement, persiste en moyenne 3 à 4 semaines. les localisations de l’eM sont en général au niveau des membres inférieurs mais peuvent aussi apparaître au niveau du tronc, des membres supérieurs ou du cuir chevelu.

- la phase précoce disséminée : elle peut se manifester par une neuroborréliose le plus fréquemment de type méningoradiculite (se caractérisant le plus souvent par une paralysie faciale chez l’enfant), méningite et rarement encéphalite ou myélite. cette phase peut aussi être révélée par une mono- ou une oligo-arthrite subaiguë touchant souvent le genou (arthrite de lyme) ; des érythèmes migrants multiples ou un lymphocytome cutané bénin qui est le plus souvent localisé au niveau du lobe de l’oreille, de l’aréole mammaire ou des organes génitaux (figure B).

- la phase tardive : les manifestations surviennent plusieurs mois après la piqûre. il peut s’agir d’arthrites chroniques, d’une acrodermatite chronique atrophiante (placard discrètement inflammatoire avec infiltration cutanée localisée aux extrémités ou en regard des surfaces articulaires, unilatéral, d’évolution atrophique) ou de manifestations neurologiques (encéphalomyélites chroniques, ayant des tableaux cliniques polymorphes ; ainsi que des polyneuropathies sensitives axonales).

Symptômes non spécifiques pouvant survenir à toutes les phases : dans le cadre d’un syndrome algique général, des arthralgies peuvent survenir à n’importe quelle phase de la maladie et accompagner une autre manifestation évocatrice de la maladie. Isolées, elles ne doivent pas être considérées comme un signe de borréliose de Lyme.

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A : Erythème migrant B : Erythèmes migrants multiples

C : Lymphocytome cutané bénin

Dermatophytose circinée

Inflammation autour d’une morsure de tique

DIAgnOStIC DIffÉREntIEL

Dermatose bulleuse d’origine médicamenteuse

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• Diagnostic biologique

les recommandations pour le diagnostic de la borréliose de lyme sont présentées dans le tableau 1.

a si diamètre de la lésion <5 cm, un antécédent récent de piqûre de tique, un délai d’apparition (après la piqûre) d’au moins 2 jours et une éruption de diamètre croissant au niveau du site de la piqûre sont des informations obligatoires pour retenir le diagnostic.b les prélèvements initiaux et de suivi doivent être testés en parallèle pour éviter les variations entre les tests.c dans les cas précoces, la synthèse intrathécale d’anticorps spécifiques peut être encore absente au moment du prélèvement initial.

tableau 1 : Recommandations pour le diagnostic de la borréliose de Lyme [1]

Définition de cas cliniqueDiagnostic biologique :

indispensableEvidence biologique/clinique :

appui au diagnostic

Erythème migrant (EM)

erythème annulaire (≥5 cm de diamètre)a, avec ou sans centre clair, d’évolution centrifuge, avec rehaussement périphérique

Aucun Mise en évidence de Borrelia burgdorferi sensu lato (Bb sl) par culture et/ou PcR sur biopsie cutanée

Lymphocytome borrélien

Nodule indolore érythémateux ou bleu violacé, habituellement sur le lobe ou l’hélix de l’oreille, ou le mamelon ou le scrotum ; plus fréquent chez l’enfant (particulièrement sur l’oreille)

Séroconversion ou sérologie positiveb

confirmation histologique pour les cas douteux

confirmation histologique

Mise en évidence de Bb sl par culture et/ou PcR sur biopsie cutanée

eM récent ou concomitant

Acrodermatite chronique atrophiante (ACA)

lésions érythémateuses ou bleu violacées d’évolution longue, habituellement sur les faces d’extension des extrémités. infiltrat œdémateux « pâteux ». les lésions deviennent éventuellement atrophiques. induration cutanée possible et nodules fibromateux en regard des grosses articulations

Sérologie igG spécifique avec des taux élevés

confirmation histologique

Mise en évidence de Bb sl par culture et/ou PcR sur biopsie cutanée

neuroborréliose de Lyme

chez l’adulte principalement méningoradiculite, méningite ; rarement encéphalite, myélite ; très rarement vascularite cérébrale

chez l’enfant principalement méningite et paralysie faciale

Pléiocytose avec lymphocytose du lcR et/ou synthèse intrathécale d’anticorps spécifiques anti B slc

Mise en évidence de Bb sl par culture et/ou PcR sur lcR

Synthèse intrathécale des igM, et/ou igG et/ou igA totales

Anticorps spécifiques anti Bb dans le sérum

eM récent ou concomitant

Arthrite de Lyme Arthrite d’une ou de quelques grosses articulations ; possibilité de récurrences

les autres causes doivent être exclues

Sérologie igG spécifique

Analyse du liquide ou du tissu synovial :

Mise en évidence de Bb sl par PcR et/ou culture dans le liquide synovial et/ou le tissu synovial

Manifestations cardiaques (rares)

troubles de conduction auriculo-ventriculaire (BAV i-iii), troubles du rythme, parfois myocardite ou péricardite

les autres causes doivent être exclues

Sérologie avec anticorps spécifiques

Mise en évidence de Bb sl par culture et/ou PcR sur biopsie myocardique

eM récent ou concomitant et/ou manifestations neurologiques

Manifestations ophtalmologiques (rares)

conjonctivite, uvéite, œdème papillaire, épisclérite, kératite

Sérologie avec anticorps spécifiques

Manifestations récentes ou concomitantes d’une borréliose de lyme. Mise en évidence de Bb sl par culture et/ou PcR dans le vitré

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• Phase précoce localisée

Le diagnostic d’érythème migrant repose uniquement sur la clinique. Le diagnostic biologique, notamment la sérologie, n’a pas sa place lors de cette phase.

• Hors phase précoce localisée - 1re intention : la sérologie

Pour les phases précoces disséminées et tardives, les examens biologiques sont nécessaires et permettent de confirmer le diagnostic si la suspicion de borréliose de lyme est forte.

Une sérologie positive est définie comme une sérologie IgM et/ou Igg positive par ELISA et confirmée par Western Blot.

en effet, la mise en évidence de ces anticorps repose sur l’association de 2 techniques :

- l’enzyme-linked immunosorbent assay (ELISA) : méthode quantitative, automatisable et la lecture de son résultat ne dépend pas de l’opérateur ;

- le Western Blot (WB) : méthode qualitative utilisée en seconde intention en cas de résultat positif ou douteux par la méthode précédente, face à une symptomatologie évocatrice.

les igM spécifiques apparaissent entre 3 et 4 semaines après la piqûre de tique ; leur taux sérique présente un pic entre les 6e et 8e semaines puis diminue en 4 à 6 mois. les igG spécifiques apparaissent entre 6 et 8 semaines, parfois plus tardivement ; puis, leur taux sérique diminue très lentement ou persiste au fil des années. Ainsi, au cours des 4 à 5 semaines suivant une piqûre de tique, la sérologie est inutile mais prend toute sa valeur au bout de 6 semaines, face à un tableau clinique évocateur.

Evolution au cours du temps des taux sériques d’immunoglobulinesanti-Borrelia selon la forme clinique de la maladie

EM

seuil

IgM IgG

Ig sériques

4 3 2 1 0 5 6 mois années

Acrodermatite chronique atrophiante

Arthrite de Lyme

Lymphocytome cutané bénin

Neuroborréliose

Évolution au cours du temps des taux sériques d’immunoglobulines anti-Borrelia selon la forme clinique de la maladie

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une sérologie positive ne permet pas de différencier une infection active d’une cicatrice sérologique. elle peut rester positive après un traitement antibiotique surtout s’il est institué tardivement. en l’absence de manifestations cliniques évocatrices, elle ne constitue donc pas en soi une indication de traitement mais reflète simplement un contact antérieur avec des Borrelia.

en cas de symptomatologie neurologique dans la phase disséminée, la sérologie sanguine est fréquemment positive (sauf pour les neuroborrélioses aiguës où la sérologie peut être négative) et elle doit être couplée à la recherche d’anticorps dans le lcR (liquide céphalo-rachidien) pour la détermination d’un index (synthèse intrathécale d’igG spécifiques).

• Hors phase précoce localisée – autres méthodes : le diagnostic direct

Pour les phases précoces disséminées et tardives, les méthodes suivantes peuvent être utilisées mais relèvent du domaine de la recherche :

- Culture : la culture de Borrelia, à partir de biopsies cutanées ou synoviales surtout et plus rarement de lcR, est très lente (plusieurs semaines) et de très faible rendement (de 0 à 10 %) sauf au stade d’eM. les prélèvements sanguins ne sont pas recommandés pour la culture.

- PCR : par amplification génique, l’ADN spécifique de Borrelia burgdorferi peut être recherché dans un échantillon biologique (biopsie cutanée ou synoviale, lcR). il existe des kits commerciaux mais cet acte n’est actuellement pas inscrit à la nomenclature des actes de biologie médicale.

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Phase précoce localisée Phase précoce disséminée et phase tardive

erythème migrant de diamètre ≥5cm

contexte évocateur de la borréliose de lyme

Sérologie eliSA (sang)

Résultat négatif Résultat positif ou douteux

Sérologie Western Blot (sang)

Si suspicion de neuroborréliose précoce

Sérologie lcR index de synthèse intrathécale

Si signes cliniques de neuroborréliose

traitement antibiotiquetraitement antibiotique

Signes cliniques typiques ou compatibles

Données épidémiologiques

Pas de sérologie

Résultat positif

Résultat positif

traitement antibiotique

Stratégie diagnostique et thérapeutique

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• traitement

le traitement repose sur l’antibiothérapie associée à un traitement symptomatique. le traitement antibiotique préconisé en 1re intention est [2] :

Chez l’adulte :

- pour la phase précoce localisée : Doxycycline (200 mg/j) ou Amoxicilline (3 à 4 g/j) pendant 14 jours (la Doxycycline est contre-indiquée pour la femme enceinte) ;

- pour la phase précoce disséminée : ceftriaxone 2g/jour pendant 21 jours ;

- pour la phase tardive : ceftriaxone 2g/j pendant 28 jours.

Chez les enfants de moins de 8 ans :

- pour la phase précoce localisée : Amoxicilline (50mg/kg/j) pendant 14 à 21 jours ou céfuroxime axetil (30mg/kg/j) pendant 14 à 21 jours ;

- pour la phase précoce disséminée : ceftriaxone 75 à 100 mg/kg/j (max : 2g/j) pendant 21 jours ;

- pour la phase tardive : ceftriaxone 75 à 100 mg/kg/j (max : 2g/j) pendant 28 jours.

1.2. EnCÉPHALItE À tIQUES (tICK BORnE EnCEPHALItIS-tBE)

elle est due à un flavivirus appartenant au complexe antigénique tick Borne encephalitis (tBe). il existe trois sous-types du virus tBe : européen transmis par I. ricinus (seul sous-type présent en France), sibérien et extrême-oriental transmis par I. persulcatus. le sous-type européen est endémique dans les pays d’europe du Nord, du centre et de l’est. l’Homme peut, mais c’est rare, être contaminé par le virus tBe en consommant des produits laitiers crus infectés [3] (brebis, chèvre).

• Clinique [3;4]

l’incubation, habituellement de 1 à 2 semaines, peut varier de 4 à 28 jours. Dans le cas de contamination alimentaire, l’incubation est de 3 ou 4 jours. l’encéphalite à tiques est le plus souvent asymptomatique (70-98 %). Dans sa forme symptomatique, elle évolue en 2 phases :

- une première phase, caractérisée par un syndrome pseudo-grippal de 2 à 7 jours (fièvre, céphalées, myalgies) puis après une période asymptomatique de quelques jours ;

- une deuxième phase, inconstante, qui se traduit par une reprise de la fièvre associée à des manifestations neuro-méningées. On distingue plusieurs formes :

• forme méningée pure : à la fièvre sont associés des signes méningés : vomissements, céphalées, raideur de nuque. la ponction lombaire confirme la présence d’une méningite à liquide clair, lymphocytaire (pléiocytose), parfois à polynucléaires neutrophiles au début de l’infection, normoglycorachique.

• Méningoencéphalite : à la fièvre et au syndrome méningé sont associés des signes neurologiques. les patients peuvent présenter une confusion, une somnolence, des troubles de la conscience pouvant rarement aller jusqu’au coma, les signes de

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localisation neurologiques sont inconstants. Des troubles de la marche, des troubles de l’équilibre, des tremblements des extrémités sont assez souvent décrits. Des atteintes des paires crâniennes sont rapportées : paralysie faciale, atteinte oculomotrice, atteinte vestibulo-cochléaire.

• La méningoencéphalomyélite : il s’agit d’une forme rare mais grave. l’atteinte des nerfs crâniens et des motoneurones se traduit par une paralysie flasque. D’intenses lombalgies et des douleurs des membres peuvent précéder l’atteinte neurologique. le pronostic est sombre s’il existe une atteinte du tronc cérébral.

• Les radiculites : au tableau infectieux est associé une atteinte polyradiculaire sensitivo-motrice.

Des séquelles neurologiques (fatigabilité, troubles de la concentration…) sont trouvées dans 10 à 45 % des cas et ne sont pas évolutives.

• Diagnostic biologique [4]

les recommandations pour le diagnostic de l’encéphalite à tiques sont présentées dans le tableau 2.

Le bilan sanguin reste habituellement normal ; on peut quelquefois remarquer au tout début de la maladie une polynucléose neutrophile (maximum 15 000/mm3). une neutropénie associée à une thrombopénie et à une élévation modérée des enzymes hépatiques a été décrite en début de maladie.

Le LCR peut être à polynucléaires neutrophiles (PNN) au début de la maladie comme pour beaucoup d’infections méningées virales.

tableau 2 : Recommandations pour le diagnostic de la tBE [3]

a interprétation des tests sérologiques en fonction du statut vaccinal et d’expositions antérieures à des infections à flavivirus.b confirmation des anticorps spécifiques anti-tBe par séroneutralisation recommandée.c lcR, sang ou tout autre liquide biologique ou tissu.

Critères cliniques toute personne présentant des signes cliniques d’inflammation du système nerveux central (méningite, méningoencéphalite, encéphalomyélite, encéphaloradiculite)

Critères biologiques Pour un cas probable

- détection des anticorps spécifiques anti-tBe igM dans un seul prélèvementa sanguin.

Pour un cas certain (confirmé)

- détection des anticorps spécifiques anti-tBe igM Et igG dans le séruma,b ;

- détection d’igM dans le lcR ;

- séroconversion ou augmentation significative des anticorps spécifiques anti-tBe dans 2 prélèvements consécutifsa,b ;

- détection virale dans un prélèvementc ;

- isolement du virus dans un prélèvementc.examens non réalisés en routine

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• traitement

il n’existe pas de traitement autre que symptomatique. les antipyrétiques sont habituellement utilisés associés à un repos.

un vaccin existe contre les infections à virus tBe mais il n’existe pas de recommandation pour les personnes résidant en France. il est recommandé pour les voyageurs séjournant en zone rurale ou forestière d’endémie en europe centrale, Orientale et Septentrionale, du printemps à l’automne [5;6].

1.3. AnAPLASMOSE gRAnULOCYtAIRE HUMAInE

l’agent causal, la bactérie Anaplasma phagocytophilum, appartient à la famille des Anaplasmataceae et à l’ordre des Rickettsiales. ce sont des parasites intra-cellulaires obligatoires.

la transmission de la bactérie a lieu lors d’une piqûre de tique.

• Clinique

les symptômes présents sont de la fièvre supérieure à 38 °c, des maux de tête et des myalgies et/ou des arthralgies. un rash cutané n’est présent que pour moins de 10 % des patients.

ce tableau clinique est associé à des anomalies biologiques comme une leucopénie, une thrombocytopénie et une cytolyse hépatique qui apparaissent précocement. une anémie modérée est parfois observée ainsi que des inclusions bactériennes caractéristiques (des morulae ou des corps élémentaires) dans le cytoplasme des neutrophiles. D’autres formes cliniques ont été décrites : pneumopathies atypiques, coagulopathie, rhabdomyolyse…

il s’agit dans la majorité des cas d’une infection peu sévère et de bon pronostic même en l’absence de traitement spécifique. cependant il existe des formes compliquées, avec des signes de sepsis sévère voire des infections opportunistes témoignant d’une atteinte secondaire des défenses immunitaires. l’évolution spontanée sans traitement est de 10 jours de fièvre chez l’enfant ; chez l’adulte, l’infection peut donner lieu à une fièvre pouvant aller de 3 à 11 semaines.

• Diagnostic biologique

compte tenu de la gravité potentielle et du manque de spécificité clinique de la maladie, le diagnostic d’anaplasmose doit être évoqué systématiquement devant tout syndrome pseudo-grippal estival survenant dans un contexte d’exposition aux piqûres de tiques. le traitement doit alors être le plus précoce possible, si besoin, sans attendre les résultats de la sérologie, après confirmation du bilan sanguin.

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le diagnostic d’un cas d’anaplasmose est posé devant toute personne présentant de la fièvre (t°c >38 °c) avec un bilan sanguin indiquant une cytolyse hépatique, une thrombopénie et/ou une leucopénie

Et au moins un des critères biologiques suivants :

- séroconversion ou augmentation significative (x4) des anticorps spécifiques anti-Anaplasma phagocytophilum dans deux prélèvements consécutifs ;

- détection par PCR dans un prélèvement ;

- présence de morulae sur le frottis sanguin (à lire par un praticien expérimenté).

• traitement

la plupart des patients répondent bien au traitement par doxycycline pendant 5 à 14 jours. Pour les patients présentant des contre-indications à ce médicament (allergie, enfants de moins de 8 ans ou femme enceinte), la rifampicine peut être utilisée [7].Peu de chose sont connues à l’heure actuelle sur l’immunité. Bien que l’infection puisse conférer une immunité à long terme, des réinfections ont été confirmées en laboratoire. il n’existe pas de vaccin.

2. PRÉVEntIOn

la prévention des maladies transmises par les tiques doit être ciblée en premier lieu sur les personnes à risque (professionnels des forêts, randonneurs, jardiniers…).

• facteurs de risque

ces maladies ont une recrudescence saisonnière parallèle à l’activité de leur vecteur. les trois quarts des cas environ, surviennent de mai à octobre. il existe deux pics d’incidence, le premier en été est associé à l’activité des nymphes, alors que le second en automne est imputable à l’activité des femelles adultes.

• Moyens de prévention

Prévention individuelle dans la nature :la recherche d’un hôte par les tiques étant passive, la meilleure prévention reste encore d’adopter une conduite d’évitement, surtout lors des pics d’activité des tiques. Si la sortie ne peut être différée, il convient de se munir de vêtements couvrants (serrés au cou, aux poignets et aux chevilles) et clairs (afin de repérer rapidement les tiques), de chaussures fermées, et de gants de couleur claire si l’on doit travailler manuellement. les tiques ne tombent pas des arbres, mais les cheveux ne devant pas flotter au vent, il est préférable de se munir d’un chapeau. un répulsif peut être utilisé sur les vêtements ou sur la peau (sauf chez la femme enceinte et le petit enfant, à voir selon la molécule [7]). il faut marcher de préférence au milieu des chemins et éviter le contact des branches basses.les tiques qui n’auront pas pu être évitées seront repérées lors d’auto-inspection, ou d’inspections réciproques si l’on est plusieurs. les examens doivent être suffisamment fréquents et minutieux pour permettre de retirer les tiques rapidement, avant qu’elles

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ne puissent piquer. les tiques fixées sur les vêtements peuvent être à l’origine de piqûres ultérieures. il est donc conseillé d’inspecter également les vêtements, et de les laver après fréquentation de milieux à risque.

Prévention individuelle domestique :la prévention individuelle passe aussi par l’entretien régulier des jardins, qui doivent être débarrassés de leurs feuilles mortes, surtout dans les haies et les bosquets. Dans certains cas, un traitement préventif par acaricide peut être envisagé ; par exemple lorsque le jardin est suffisamment petit, et fréquenté par un patient immunodéprimé.les chiens et chats doivent être traités préventivement, voire porter un collier anti-tiques.

Prévention spécifique de l’encéphalite à tiques :la relative rareté de l’affection ne justifie pas d’envisager de vaccination systématique en France. le vaccin doit par contre être proposé aux voyageurs des zones à haut risque, surtout lors de séjours dans la nature en europe centrale (notamment en Autriche) et en europe Orientale [5;6].

3. COnDUItE À tEnIR En CAS DE PIQÛRE DE tIQUE DURE

il a été bien établi que le taux de transfert des agents pathogènes est d’autant plus important que le temps de fixation de la tique est long. Pour la borréliose de lyme, il est admis que la tique infestée contamine généralement après une fixation d’au moins 24 heures ; le taux de transfert atteint 100 % pour une durée de fixation de plus de 72 heures [4]. le temps de fixation de la tique peut être estimé assez précisément en fonction de son degré de réplétion (cf. image ci-dessous).

Si les mesures préventives n’ont pas permis d’éviter la piqûre, lorsque la tique est repérée, celle-ci doit être retirée au plus vite.

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• techniques de retrait

le retrait par traction comporte le risque de laisser les pièces buccales dans la peau, leur persistance risquant alors d’entraîner une réaction locale, voire un granulome à corps étranger (cependant, aucune transmission de pathogène n’est alors à craindre).De plus, plusieurs travaux ont démontré qu’il fallait éviter de comprimer le corps de la tique, afin que sa salive ne reflue pas vers la peau de l’hôte. l’emploi d’une pince à épiler présente donc quelques risques, si la tique est trop petite ou si l’opérateur n’est pas assez adroit pour la saisir par les pièces buccales et non par le corps.

il existe des crochets spécifiques, vendus en pharmacie, permettant le retrait de la tique par rotation (cf. image ci-contre de tire-tique).À défaut de matériel spécialisé, un simple fil permet de se débarrasser de la tique, en serrant un nœud sur la tique au plus près de la peau, et en la tirant dans l’axe pour ne pas la disloquer. l’emploi d’alcool ou de produit agressif est à déconseiller, il amènerait la tique à régurgiter et augmenterait les risques de contamination. il est important de désinfecter la peau après le retrait de la tique.

RÉfÉREnCES

[1] Stanek G, Fingerle V, Hunfeld K-P, Jaulhac B, Kaiser R, Krause A, et al. lyme borreliosis: clinical case definitions for diagnosis and management in europe. clin. Microbiol. infect. 2011 Jan ; 17(1):69–79.

[2] Pilly e. e. Pilly. Maladies infectieuses et tropicales. 21e ed. 2010.

[3] ecDc. ecDc tecHNicAl RePORt epidemiological situation of tick-borne encephalitis in the european union and european Free trade Association countries. Stockholm: ecDc; 2012 p. 59.

[4] Maladies liées à la morsure des tiques en France - Préface [internet]. [cited 2012 Oct 5]. Disponible sur : http://www.maladies-a-tiques.com

[5] le calendrier des vaccinations et les recommandations vaccinales 2013 selon l’avis du Haut conseil de la santé publique. BeH. 2013 avril ; n°14-15:129

[6] Recommandations sanitaires pour les voyageurs. BeH. 2013 juin 2013 ; n°22-23.

[7] Jin H, Wei F, liu q, qian J. epidemiology and control of human granulocytic anaplasmosis: a systematic review. Vector Borne Zoonotic Dis. 2012 Apr;12(4):269–74.

Surveillance des maladies transmises par les tiques en Franche-Comté 2010-2012 / p. 23

5. COnDuITE à TEnIR En CAS DE mORSuRE DE TIQuE DuRE

Il a été bien établi que le taux de transfert des agents pathogènes est d’autant plus important que le temps de fixation de la tique est long. Pour la maladie de Lyme, il est admis que la tique infestée contamine après une fixation d’au moins 24 heures ; le taux de transfert atteint 100 % pour une durée de fixation de plus de 72 heures. Le transfert des virus semble plus lent, avec une fixation

nécessaire d’au moins 48 à 72 heures. Des cas de contamination après 6 heures seulement de fixation sont relatés pour l’anaplasmose humaine, bien que 24 heures soient le délai communément admis. Le temps de fixation de la tique peut être estimé assez précisément en fonction de son degré de réplétion.

Si les mesures préventives n’ont pu éviter la morsure, lorsque la tique est repérée, celle-ci doit être retirée au plus vite.

Techniques de retrait

Le retrait par traction comporte le risque de laisser les pièces buccales dans la peau, leur persistance risquant alors d’entraîner une réaction locale, voire un granulome à corps étranger (cependant, aucune transmission de pathogène n’est alors à craindre). De plus, plusieurs travaux ont démontré qu’il fallait éviter de comprimer le corps de la tique, afin que sa salive ne reflue pas vers la peau de l’hôte. L’emploi d’une pince à épiler présente donc quelques risques, si la tique est trop petite ou si l’opérateur n’est pas assez adroit pour la saisir par les pièces buccales et non par le corps.

Le crochet Tire-Tic® évite ces écueils : il combine une préhension sans compression du corps de la tique, et un retrait par rotation. À défaut

de matériel spécialisé, un simple fil permet de se débarrasser de l’indésirable, en serrant un nœud sur la tique au plus près de la peau, et en la tirant dans l’axe pour ne pas la disloquer. L’emploi d’alcool ou de produit agressif est à déconseiller, il amènerait la tique à régurgiter et augmenterait les risques de contamination. Il est important de désinfecter la peau après le retrait de la tique.

Source : www.maladies-a-tiques.com

Source : www.maladies-a-tiques.com

Source : www.maladies-a-tiques.com

ISSN : 1956-6956ISBN-NET : 978-2-11-138352-4

Dépôt légal : octobre 2013