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GAZETTE n o 278 du 28 FÉVRIER AU 3 AVRIL 2018 - Entrée : 7€ - Abonnement : 50 € les 10 places - Étud. : 4 € La Forme de l'Eau (THE SHAPE OF WATER) Réalisé par Guillermo del TORO USA 2017 2h03 VOSTF avec Michael Shannon, Sally Hawkins, Richard Jenkins, Michael Stuhlbarg, Oc- tavia Spencer… Scénario de Guillermo del Toro et Vanessa Taylor PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org

La Forme de l'Eauson Labyrinthe de Pan. Le dispositif est d’ailleurs similaire : introduire dans un contexte historique tendu (l’Espagne au début du franquisme dans Le Labyrinthe,

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GAZETTE no 278 du 28 FÉVRIER AU 3 AVRIL 2018 - Entrée : 7€ - Abonnement : 50 € les 10 places - Étud. : 4 €

La Forme de l'Eau(THE SHAPE OF WATER)Réalisé par Guillermo del TORO

USA 2017 2h03 VOSTFavec Michael Shannon, Sally Hawkins, Richard Jenkins, Michael Stuhlbarg, Oc-

tavia Spencer…Scénario de Guillermo del Toroet Vanessa Taylor

PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org

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C’est l’une des grandes claques de ce dé-but d’année, une leçon de cinéma autant qu’un éblouissant exercice de style, une histoire digne des plus grands mythes autant qu’une critique cinglante de l’Amé-rique d’hier... à moins que ce ne soit celle d’aujourd’hui. Même si la naïveté du pos-tulat de base pourra freiner les cyniques, la beauté de ce nouveau conte gothique de Guillermo del Toro atteint une univer-salité et une résonance politique qui sont la marque des chefs-d’œuvre du genre. Brillant, drôle, enivrant, c’est sans doute le film le plus abouti du réalisateur, celui qui réussit l’alliance parfaite entre maîtri-se du style et poésie de la narration. Quel bonheur !Femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental ultra-secret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus iso-lée du reste du monde qu’elle est muette. Sa vie est rythmée par ses horaires de travail, monotones, le tic tac de sa pen-dule, monocorde, le trajet en bus pour se rendre au labo, immuable, et ses petites habitudes de célibataire, plus ou moins avouables… Une existence qui n’est ni triste ni gaie, qui est juste la sienne et qu’embellit une foisonnante vie intérieure peuplée de rêves d’eau, de pas de dan-ses et de séances de cinéma. Mais il va suffire d’un regard, un seul… Le motif romantique par excellence, le déclic d’une fraction de seconde qui va tout faire basculer, et l’amour va arriver, chambou-lant tout sur son passage, traînant dans son sillage son cortège de malheurs car c’est bien connu : il n’y a pas d’amours heureuses, à plus forte raison quand ceux qui s’aiment sont séparés par un peu plus qu’une simple lettre dans un code géné-tique. Le partenaire de coup de foudre, « l’actif » comme ses geôliers l’appellent, est une étrange créature mi-homme mi… non, ne rien dire, vous laisser découvrir.Où est l’humain ? Qui est le monstre ? Guillermo del Toro interroge une fois en-core cette thématique chère à son uni-vers, dans la droite ligne d’un Tim Burton (on pense tout particulièrement à Edward aux mains d’argent), et avant lui de quel-

ques réalisateurs d’œuvres emblématique du genre : Cooper et Schoedsack et leur King Kong, le Jean Cocteau de La Belle et la bête, Jack Arnold et son Étrange créa-ture du lac noir.Del Toro retrouve ici la quintessence de son cinéma, qu’il avait atteinte dans son Labyrinthe de Pan. Le dispositif est d’ailleurs similaire : introduire dans un contexte historique tendu (l’Espagne au début du franquisme dans Le Labyrinthe, les Etats-Unis du début des années 60, en pleine guerre froide, dans Shape of water) un élément fantastique qui va exacerber les pires comme les meilleures attitudes humaines..Mais là où son film parvient à créer l’émo-tion à l’état pur, c’est assurément dans l’alchimie que la mise en scène parvient à faire naître entre ses deux personna-ges principaux. La prestation des acteurs n’y est évidemment pas pour rien : face à Doug Jones, qui a déjà interprété pres-que toutes les créatures du bestiaire de del Toro, Sally Hawkins fait preuve d’un charme magnétique irrésistible et parvient à exprimer, sans un mot, une candeur et une sensibilité qui la rendent boulever-santeEn plus de ces deux êtres marginaux qui apprendront à communiquer à la seule force de leur amour, del Toro imagine un colocataire gay et fantasque, un scien-tifique russe pris entre deux feux, ainsi qu’une collègue afro-américaine et un directeur de cinéma fauché mais pas-sionné. Autant dire que l’Amérique, telle qu’elle apparaît ici, est composée de mi-norités, toutes désocialisées à leur façon. Et dans le rôle de l’agent du pouvoir, in-carnation de la classe dominante blan-che, machiste, bassement raciste et prête à tout pour que surtout rien ne change, Michael Shannon est comme à son habi-tude : grandiose.Une histoire d’amour brute comme un diamant dont les images, l’ambiance et l’éclat vous hanteront longtemps…

JUSQU'AU 3/04

TARIFS :Tous les jours à toutes

les séancesNormal : 7 euros

Abonné : 5 euros ( par 10 pla-ces, sans date de validité et non

nominatif)Enfant -16 ans : 4 euros Lycéens - Étudiant : 4 euros

PASS CAMPUS : 3,50 EUROSSans-emploi : 4 euros

Sur présentation d’un justificatifTOUT LE PROGRAMME SUR :

www.cinemas-utopia.org/saintouen

STELLA café ****************

Les horaires du Stella café : tous les jours de 15h00 à 21h00

service jusqu’à 23h les vendredis et samedis

fermeture hebdomadaire

le mardi

à chaque changement de gazette

LES VINS DU MOMENTde LA CAVE A RITON

Un nouveau blanc , un nouveau rouge

gouleyants choisis par Stéphane parmi les petits pro-ducteurs comme on les aime

nouveau au Stella Café

La Forme de l'Eau

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DU 28/02 AU 20/03

Écrit et réalisé par Greta GERWIGUSA 2017 1h33 VOSTFavec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tra-cy Letts, Lucas Hedges, Timothée Chala-met, Beanie Feldstein...

Actrice, danseuse, scénariste, Greta Gerwig dévoile progressivement ses multiples talents et réalise un formida-ble premier film qui va casser la ba-raque. Les critiques américaines sont enthousiastes, les récompenses pleu-vent, les premiers spectateurs outre-Atlantique sont emballés, le bouche à oreille est en marche… On vous attend ! Quand votre mère vous gonfle, ressasse toujours les mêmes rengaines, quoi faire d’autre que de sauter de la voiture en marche pour ne plus l’entendre ? C’est en tout cas ce que fait Christine ! Un brin radicale, la drôlesse (Saoirse Ro-nan, sincère, espiègle, bouleversante) et pourtant si touchante. À 17 ans, elle a l’âge de toutes les rêveries, de toutes les angoisses aussi. La peur de n’être rien, de ne rien devenir. Elle a aussi l’âge d’enquiquiner son monde, de vouloir le fuir, d’en avoir honte. Surtout ne pas se laisser emprisonner dans ses com-portements petit-bourgeois, dans ses murs étroits, ceux de Sacramento que Christine rêve de quitter tout comme une bête à bon Dieu abandonne derrière elle sa chrysalide. Lady Bird (ladybird =

coccinelle en anglais), c’est d’ailleurs le surnom qu’elle se donne, faisant table rase du passé et de son nom de bap-tême pour se sentir prête à s’envoler loin de son enfance corsetée par la religion. Alors que sa daronne la verrait bien continuer ses études dans la lénifiante filière catholique qu’elle lui a imposée, Lady Bird, elle, rêve de grande ville, de grande université foisonnante, faisant fi des menaces qui planent, les ailes du récent 11 septembre notamment, qui viennent d’engloutir leur part du rêve américain : nous sommes en 2002. Les angoisses de cette société désemparée qui tentent de la clouer au sol, l’adoles-cente en fleur ne veut pas les entendre, se raccrochant sans faillir à cette belle insouciance qu’on lui demande d’abdi-quer. Cheveux rouges, langue bien pen-due, faute de savoir briller dans l’univers trop propret de son bahut, elle est bien partie pour faire tourner en bourrique les bonnes sœurs, les curés, les saintes ni-touches qui ont la beauté facile de celles qui ont été langées dans la soie. Avec sa grande amie Julie, elles ne ratent jamais une occasion de se goinfrer d’hosties comme d’autres boulottent des chips, tout en se racontant leurs caresses inti-mes. Cette année charnière du baccalau-réat, traversée de questions existentielles qui filent les chocottes, est aussi celle de l’expérimentation. Se marrer, mater les garçons, rêver de baisers et de grands

soirs décoiffants : ce sont des petits riens qui peuplent une vie, la rendent plus ac-ceptable, la remplissent d’un bonheur qu’on ne sait pas toujours reconnaître. Petit à petit, on réalise que les choses que Lady Bird affirme détester sont peut-être celles auxquelles elle tient le plus et qu’el-le a peur de perdre. À commencer par la relation avec sa flippante maman Marion. Il est clair que ces deux-là s’aiment d’un amour presque fusionnel, sinon elles ne s’engueuleraient pas autant ! Tandis que mère et fille s’affrontent inlassablement pour se réconcilier la minute suivante, Larry, qui porte la double casquette de père et époux, observe leurs scènes avec le regard bienveillant d’un sage un peu usé face à ces tensions qui le dépassent. Il est à l’image de cette société en perte de repères, laminée par le chômage et un brin dépressive, même si elle ne veut pas le montrer. Larry est ce confident à l’humour apaisant, cet allié secret dont Lady Bird a tant besoin pour s’évader… C’est un film d’une bien belle intensité dans sa capacité à retranscrire, sans pa-thos, la complexité des rapports familiaux et le passage à l’âge adulte. Rien n’est lourdement appuyé dans la construction du récit. La réalisatrice, à l’instar de son héroïne, fait ces pas de côté malicieux qui surprennent, rendent le moindre instant unique, essentiel. Elle donne de l’étoffe à chaque personnage, le rend attachant, crédible avec toute la panoplie de ses contradictions. Tout est légèreté, com-position enjouée, duveteuse, qui volète sur le temps qui passe. À peine a-t-on pensé qu’on traversait un moment char-nière qu’il a déjà filé. L’étape est franchie sans qu’on ait vu le gué qu’on imaginait infranchissable.

LADY BIRD

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DU 7 AU 13/03

Réalisé par Hubert CHARUELFrance 2017 1h30avec Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Bouli Lanners, Isabelle Candelier, Marc Barbé... Scénario de Claude Le Pape et Hubert Charuel.

Repéré dans la sélection de la Semai-ne de la Critique lors du dernier Fes-tival de Cannes, Petit paysan est un premier film d’une trempe exception-nelle, à la singularité captivante, aussi documenté qu’inventif, une chroni-que de la vie paysanne ordinaire tour-née comme un film noir, bouleversante d’authenticité et haletante d’un bout à l’autre. Tout bonnement formidable !

Pierre, la trentaine, élève ses vaches laitières dans la ferme de ses parents, en Champagne-Ardenne. L’exploitation n’est pas bien grande – trente vaches, ni plus ni moins – mais l’est suffisamment pour que la vie de Pierre y soit entière-ment consacrée. Son emploi du temps est ainsi réglé au millilitre près : pris par choix dans l’ivresse de la routine, ascé-tique au possible, Pierre ne se permet aucun débordement. Tout pourrait continuer paisiblement sauf

DU 3 AU 24/03

Réalisé par Albert DUPONTEL France 2017 1h55avec Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Nahuel Perez Biscayart, Niels Arestrup, Mélanie Thierry, Emilie Dequenne, Jo-nathan Louis... et la formidable Héloïse Balster (jeune citoyenne de Pontoise)

Scénario d’Albert Dupontel et Pierre Lemaitre, d’après son roman, Prix Goncourt 2013

Le roman de Pierre Lemaître, un des Prix Goncourt les plus populaires et les plus appréciés de ces dix dernières années, ample récit foisonnant de personnages inoubliables, de situations fortes, de rebondissements captivants, représen-tait un sacré défi d'adaptation au grand écran. Et on se dit en voyant le film qu'Al-bert Dupontel était bel et bien l'homme de la situation : il saute aux yeux que son univers, peuplé de marginaux de tous poils qui peinent à trouver leur place dans une société qui les rejette, embras-se complètement l’œuvre de Lemaître. Et puis il y a son côté corsaire du cinéma, son appétit démesuré, sa folie déjan-tée que rien ne semble pouvoir effrayer, et sûrement pas un prix littéraire, aussi prestigieux soit-il.

Quoi qu’il en soit, Dupontel signe un grand beau film à la fois épique et burles-que, lyrique et caustique, politiquement incorrect et poétique en diable qui réu-nit toutes les qualités que l’on aime chez lui, avec une maîtrise qui impressionne. À propos de l'éternelle question de la fi-

délité à l'œuvre littéraire, on dira que Du-pontel a pris quelques libertés quant à la lettre – ajoutant quelques épisodes pure-ment cinématographiques – mais a tout à fait respecté l'esprit du roman, dont on retrouve à l'écran toute la verve et la puissance (il ne vous aura d'ailleurs pas échappé que Pierre Lemaître lui-même co-signe le scénario).

Novembre 1918. A quelques jours de l’armistice, Edouard Péricourt sauve Al-bert Maillard d’une mort certaine. Rien en commun entre ces deux hommes si ce n’est la guerre et le lieutenant Pradelle qui, en donnant l’ordre d’un assaut ab-surde, brise leurs vies en même temps qu’il lie leurs destins. Sur les ruines du carnage de la première guerre mondiale, chacun va tâcher de survivre : Pradelle, plus cynique que jamais, symbole du grand capitalisme, s’apprête à faire for-tune sur le dos des morts tandis qu’Al-bert et Edouard, condamnés à vivre, vont tenter de monter une arnaque monumen-tale, comme une revanche sur tous ces salauds planqués qui les ont envoyés au casse-pipe.

Au revoir là-haut, c’est l’histoire d’une tragédie racontée comme une farce, c’est un cœur tendre enrobé dans le mauvais esprit d’un voyou, c’est la puis-sance d’un regard généreux qui englobe aussi dans cette sublime histoire d’ami-tié une charge contre les puissants, les salauds, les politiques véreux ou va-t-en guerre… et c’est le film le plus abouti et le plus romanesque d’un vrai cinéaste.

Séances scolaires au 0130377552

AU REVOIR LÀ-HAUT

CÉSARS 2018

PETIT PAYSAN

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DU 3 AU 21/03

Réalisé par Robin CAMPILLO

France 2017 2h20avec Adèle Haenel, Nahuel Perez Bis-cayart, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, Felix Maritaud, Mehdi Touré, Aloïse Sau-vage, Simon Bourgade...

Scénario de Robin Campillo et Philippe Mangeot

Festival de Cannes 2017 : Grand Prix et Prix de

la Critique internationale

Le film démarre dans un petit amphi-théâtre plein comme un œuf, lors d'une vivifiante réunion d'Act Up Paris. On y discute stratégie, on décide des actions, l'imagination est au pouvoir. Ils s'ap-pellent Pierre, Paul, Jacques, Nathan, Sophie, Éva, Hélène, Muriel… En dé-pit de leurs différences, de leurs egos, de leurs grandes gueules, ils sont tous animés par cette magnifique ambition : rendre visibles les invisibles, ceux qui meurent dans un silence gouvernemen-tal irresponsable, voire coupable, parce que complice des laboratoires pharma-ceutiques qui privilégient leurs intérêts financiers au détriment de l'intérêt gé-néral ! Sempiternel leitmotiv qui rend l'épopée de ces activistes atemporelle si bien que, des années plus tard, elles ré-

sonne toujours aussi puissante, brûlante d'actualité, d'urgence. Ensemble ils vont construire une forme de lutte joyeuse, impertinente qui n'a pour tous moyens que la solidarité, le courage, l'intelligence collectifs.Face à l'injustice, à l'indifférence, au mé-pris, ils ne vont baisser ni les yeux, ni les bras ! Ils vont s'acharner, développer une forme d'expertise pour aller se confron-ter aux élus, aux médecins, faire acti-ver la mis en place des traitements. Ils étaient à l'avant-garde de leur temps, ils le seront aussi en matière de VIH. Vivre intensément ! Lutter férocement ! Bien loin du « pour vivre heureux, vivons ca-chés » cher à notre époque, ils vont crier à la face du monde ce qu'il ne veut pas entendre. S'ils provoquent, montrent leur nombril ou leur cul, c'est pour secouer le cocotier d'une société muselée par les tabous.Robin Campillo nous fait rentrer magni-fiquement dans l'intimité d'un combat qui fut aussi le sien (et n'oublions surtout pas son co-scénariste Philippe Mangeot qui fit aussi partie de l'aventure). À la Grande Histoire d'une génération, il mêle des histoires individuelles émouvantes mais sans pathos, il raconte la peur, la grandeur et la noblesse d'âme de ses compagnons de colère, parfois perdus en route. Ce n'est pas pour rien qu'il a su galvaniser une pléiade d'acteurs qui interprètent ces engagés de la première heure de façon juste et formidable !

que l’irruption d’une mystérieuse ma-ladie en provenance de Belgique, qui touche et décime des troupeaux entiers de bovidés, ne va pas tarder à venir faire tache. Et voilà que notre petit pay-san se retrouve un soir au chevet de sa vache Topaze dont les symptômes ne font aucun doute : elle est atteinte de la « fièvre hémorragique ». Que faire ? Accepter l’abattage de son cheptel, principe de précaution oblige ? Perdre ainsi toutes ses vaches ? Fermer les yeux sur l’effondrement de son propre monde ? Pierre ne peut s’y résoudre. Déterminé, il se met en quête de toutes sortes d’atermoiements, espérant que le temps jouera en sa faveur et que la pandémie s’évanouira d'elle même… Sa sœur Pascale, véto consciencieuse (jouée par la craquante autant qu’im-peccable Sara Giraudeau), se retrouve embarquée malgré elle dans cet engre-nage infernal...Ainsi parti pour être un film semi-docu-mentaire sur la condition agricole, Petit paysan bascule très vite dans le thriller psychologique…

Pour vous dire le soin apporté à la pré-paration du film, Swann Arlaud a effec-tué un stage auprès d’un agriculteur pour préparer son rôle, lequel agricul-teur a dit n’avoir jamais eu affaire à un aussi bon apprenti et ne voulait plus le laisser partir… C’est dire à quel point il est époustouflant dans son rôle d’éle-veur habité par son métier. Ajoutez à cela le fait que le réalisateur Hubert Charuel, plus que prometteur, est lui-même fils d’agriculteurs (ses parents et son grand-père jouent d’ailleurs dans le film) et vous voilà en présence d’un Pe-tit paysan qui, en plus d’être une pépite de mise en scène, maîtrise parfaitement son sujet. À voir d’urgence !

120 BATTEMENTS PAR MINUTE

CÉSARS 2018

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La séance du vendredi 16 mars à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône organisée en partenariat avec l'association de Jumelage Eragny-Nioko sera précédée à partir de

19h30 d'une dégustation burkinabée ( brochette + beignets salés et sucrés + boissons gingembre ou bissap au choix ) et suivie d'une rencontre avec des membres de l'AJEN et des amis burkinabés ainsi

qu'avec la distributrice Mélanie Simon-Franza et la productrice Estelle Robin You.Formule repas + film 10 euros réservation obligatoire aux caisses d'Utopia Saint-Ouen du 28/02 au 13/03

Possibilité de voir le film seul aux tarifs habituels

EN HOMMAGE À IDRISSA OUÉDRAOGO (1954 - 2018)

3 séances supplémentaires du 17 au 20/03

Film documentaire de Theresa TRAORE DAHLBERG

Burkina Faso / Suède 2017 1h20avec Bintou Konate, Chantale Nissougou, Mouniratou Sedogo, Catherine Nea,DinaTapsoba, Marthe Ouedraogo, Rose Kientega, Adissa Balboné &Nathalie Yanogho...Musique de Christoffer Roth, Seydou Richard Traore & Jenny Wilson

Ah la la comment un tel film fait du bien ! Quand le cinéma évoque l’Afrique, c’est presque systématiquement au rayon ca-tastrophes, pandémies, famines généra-lisées, guerres endémiques, migrations meurtrières, corruption à tous les étages, dictatures sanglantes, surexploitation par les multinationales occidentales... A contrario Ouaga girls, sans tomber en rien dans l’angélisme, évoque une Afri-que riche de sa jeunesse, une Afrique qui s’éveille à la démocratie et à l’espoir après des décennies de gouvernements

autoritaires, une Afrique à la fois noncha-lante et énergique.Dès la première séquence, qui rappelle aussi bien les films fabuleux du regretté Djibril Diop Mambetty (Touki Bouki entre autres chefs d’oeuvre), qui savait mieux que quiconque filmer la rue sénégalaise, que les clips de l’afro beat, cette musi-que fusion irrésistible lancée par le nigé-rian Fela Kuti dans les années 70, on est emporté par la beauté et l’énergie des images. On est au petit matin dans les rues de Ouagadougou, capitale du Bur-kina FASO, et des jeunes filles en bleu de travail cheminent à vélo dans la ville déjà en effervescence. Des jeunes filles modernes, une main sur le guidon, une sur leur smartphone, qui finissent tou-tes par se diriger vers le même endroit : le CFIAM (Centre Féminin d’Initiation et d’Apprentissage aux Métiers) où l’on dé-couvre que ces demoiselles sont toutes des apprenties mécaniciennes ou carros-sières. Autant dire que ces nanas-là sont des combattantes, car s’il n’est déjà pas facile sous nos latitudes de s’imposer en tant que fille dans le monde de l’automo-

bile, dans la société encore assez tradi-tionnelle burkinabé elles font carrément figure d’exceptions et de curiosités. On va donc suivre le temps d’une année scolaire ces jeunes filles entre espoirs, coups de blues et faux pas. Car pour les Ouaga girls, ce n’est pas toujours la vie en rose. L’une a vu sa mère émi-grer et elle s’en languit sans nouvelles, sachant juste qu’elle est quelque part au Togo. Une autre, comme beaucoup de jeunes filles dans un pays où l’usage du préservatif n’est pas assez généralisé, n’a pas écouté les conseils de moralité assez drôlatiques des professeurs et se retrouve enceinte, compromettant peut être la suite de ses études. Mais ici on peut venir en cours avec son bébé sur les genoux, les professeurs s’en chargent même parfois.Ouaga girls brosse ainsi le portrait de jeunes femmes pas fondamentalement différentes de celles de nos quartiers populaires, qui aiment et ont des espoirs romantiques, font face aux sexisme, font la fête, espèrent en l’avenir. Mais il bros-se aussi le portrait d’un pays en pleine ébullition politique puisque, tourné entre 2015 et 2016, il voit en direct la dicta-ture de Blaise Compaoré tomber face à la colère de la jeunesse, montrant ainsi un visage conscient et démocratique de l’Afrique que l’on oubliait parfois de voir dans un réflexe condescendant.

OUAGA GIRLS

L'AJEN c'est quoi ?

L'AJEN né il y a main-tenant 35 ans d'une rencontre entre un ha-bitant d'Éragny et un de Nioko II au Burkina Faso ce jumelage fa-vorise et organise des échanges culturels et des actions coopéra-tives entre les deux villes

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DU 28/02 AU 20/03Réalisé par Jean LIBON et Yves HINANTdocumentaire Belgique 2017 1h39

Amphore du peuple du Fifigrot 2017

Après avoir défrayé la chronique et agité les petits écrans pendant 25 ans, voilà que la formule Strip-tease part à l’atta-que des grands pour nous offrir un film décapant et hilarant ! S’il s’agissait d’un scénario écrit d’avance, servi sur un pla-teau par des acteurs, on pourrait rire à gorge déployée, confortablement, sans se poser trop de questions. Mais là, cer-tes on se bidonne, mais souvent le rire se fait grinçant, jaune. On est rendu une fois de plus à ce point fascinant où la réalité détrône la fiction d’un coup sec. Le réalisateur Jean Libon, fondateur de Strip-tease en octante cinq, et son complice Yves Hinant ne dérogent pas aux règles du dogme érigées à l’épo-que : aucun écrit préalable, aucun com-mentaire, aucun effet additionnel, pas d’enfant à l’écran, les accords écrits de toutes les personnes filmées… Et le choix d’un personnage fort, qui capte immédiatement l’attention et qui, pour l’exercice du long métrage, tienne la route sur la durée : ce sera l’inénarrable juge Anne Gruwez, dont les aficionados de la série se souviendront peut-être

puisqu’elle fut le sujet d’un des épisodes. Il faut bien le dire, la drôlesse ne cadre pas vraiment avec l’idée qu’on se fait d’un représentant de la loi, ni avec les images qu’on nous en sert traditionnel-lement. Dans les séries judiciaires, les magistrats arborent rarement des airs mutins, des boucles d’oreilles de baba cool et ne débarquent pas sur les scè-nes de crime munis d’une improbable ombrelle rose fuchsia ! Pourtant c’est tout Anne Gruwez ! Et on va la suivre à la trace. On devient progressivement l’ombre de son ombrelle, emboîtant son pas aussi sûrement que le ferait un fi-dèle cabot. Au volant de sa bonne vieille deux chevaux entretenue avec amour, on découvre Bruxelles, ses secrets des-sous et leur propreté douteuse. Les zo-nes glauques, les bas fonds de l’âme humaine, la juge fanfaronne semble les avoir tous explorés, refusant une fois pour toutes de se laisser impressionner. Avec elle on navigue entre les constats des médecins légistes, le tribunal, les commissariats… et surtout, surtout… les audiences dans la presque intimité de son bureau ! Et c’est bien là que tout se joue et se surjoue ! Les entretiens avec les petites frappes, les drogués, les prostituées, les miséreux, les pervers, les pauvres gens… Plongée verticale dans un monde tout aussi drôle que miteux. Elle aborde chaque récit entre deux gour-

mandises, quelques gâteaux trop cré-meux pour être honnêtes, des stocks de bonbons et de réparties impayables ! On ressent son empathie, ses étonnements, ses égarements. Et surtout on en rit. De ce rire qui protège, qui chasse les peurs, les larmes, l’horreur mais qui est aussi un rire qui fait mal et dont on a honte, parfois. On s’offusque autant avec Anne Gruwez que contre elle. On vacille constamment entre des sentiments opposés. Si ses at-titudes, ses regards sont pleins de com-passion, son franc-parler décontenance. Le sordide de certaines situations, de certaines réactions fait froid dans le dos… On pourrait vite se sentir voyeur indis-cret, irrespectueux de cette humanité peu glorieuse, parfois risible, dont le por-trait est brossé. Rire impunément de ce pauvre monde, ce serait oublier qu’on en fait partie. Qu’est-ce qui nous rend si différents de ces sympathiques ou anti-pathiques malfrats ? Est-on si éloignés d’eux, du mal qui les ronge ? Qu’est-ce qui nous en sépare si ce n’est une bar-rière sociale illusoire, des chances mal réparties dès la naissance ? Autant dire qu’on ressort avec de la matière à pen-ser de cette chronique extrêmement savoureuse et glaçante. Le miroir tendu réfléchit une image sans concession, loin de l’idyllique paraître. Un effeuillage dro-latique dont on ne sort pas indemne, qui gratte où ça fait mal.

NI JUGE NI SOUMISE

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DU 7 AU 20/03

Réalisé par Dario ALBERTINIItalie 2017 1h37 VOSTFavec Andrea Lattanzi, Francesca Anto-nelli, Giulia Gorietti, Raffaella Rea, Re-nato Scarpa...Scénario de Dario Albertini et Simone Ranucci.

Andrea Lattanzi, retenez son nom ! Pour sa première apparition à l’écran, il le crève grâce à une interprétation magis-trale et saisissante ! Manuel, ce fils à la présence poignante, c’est lui. Il est de tous les plans dans cette œuvre qui est la digne héritière du cinéma néoréaliste italien, sans gras superflu, sans effets de manche, juste de bout en bout. Pour le réalisateur, Dario Albertini, qui a fait ses armes dans la photographie puis dans le documentaire, la fiction n’est que le parfait prolongement de ces deux modes d’expression, le fruit d’une observation et d’une réflexion au long cours. Elle lui permet de piocher loin dans le cœur de ses protagonistes, de raconter ce que des images prises sur le vif ne peuvent montrer sans violer l’intimité de ceux que l’on filme. Immersion totale dans un centre éducatif qui fut le sujet d’un pré-cédent documentaire : La Republica dei ragazzi, littéralement « La République des garçons ». Un lieu à part, presque hors du temps, imprégné d’une ambiance toute particulière. Ici les jeunes vivent en autarcie, dans une discipline rigoureuse mais juste, acceptée comme telle. Ici ils construisent ensemble un embryon de

démocratie, cooptant des règles de sa-voir vivre, de respect mutuel. Ces « sans famille », ces petits gars en passe de mal tourner, trop tôt écorchés par la vie, recréent une micro société telle que la grande aurait dû être. Ici l’entraide n’est pas un vain mot. Ici les éducateurs, reli-gieux ou pas, accompagnent le chemi-nement de chacun, essayant de l’empê-cher de trébucher. Un compagnonnage tout aussi riche qu’étouffant. Un refuge dont tous rêvent de s’évader, en même temps qu’ils redoutent de le quitter. Une cage protectrice qu’il leur faudra aban-donner sans espoir de retour une fois leur majorité atteinte, comme le prévoit la loi. Manuel a dix huit ans. L’âge où il n’a d’autre choix, donc, que de s’élancer seul, loin de ceux qui l’ont épaulé. Il y a quelque chose de minéral, d’abrupt, de pur dans sa silhouette, dans son regard. Parfois on perçoit une lueur de douceur qui peine à émerger, une fragilité que l’on devine sous ses grands airs. Dans le fond, ses rares coups de gueule, si impressionnants soient-ils, ne sont pas plus que des poussées de peur. Aucun de ses éducateurs n’est dupe et tous espèrent l’avoir suffisamment armé pour affronter l’extérieur, qu’une fois au de-hors, il choisira la bonne voie. Ils guet-tent l’envol de ce drôle d’oiseau qui s’apprête à quitter le nid, essayant de lui prodiguer les ultimes conseils et surtout la confiance nécessaire. On suit pas à pas ses dernières enjambées du dortoir à la cantine, en passant par le terrain de sport, les ateliers, l’office religieux,

l’intimité d’un tête-à-tête dans lesquels les mots maladroits peinent à percer le secret des âmes. Puis vient le saut vers l’inconnu, cette nouvelle tranche de vie, cet avenir incertain. On frémit pour Ma-nuel, redoutant à notre tour les embû-ches, conscients que rien ne sera facile. Les premières goulées d’air hors les murs coulent dans la gorge de Manuel tel un vent de liberté enivrant. Il déguste chaque nouvelle sensation goulûment, friand de toutes les rencontres qui s’of-frent à lui. Mais étonnamment, à l’âge où la plupart s’émancipent de leur famille, la fuyant comme une tanière oppressante, voilà que notre damoiseau s’accroche à l’idée de la reconstruire, décidant de tout mettre en œuvre pour sortir sa mère de taule. Pourtant ce qu’il doit construire pour lui-même semble déjà suffisam-ment pesant sans en plus devenir le ga-rant d’une génitrice qui l’a si peu élevé. Mais à ceux qui tentent de l’en dissuader, Manuel oppose une détermination stupé-fiante à son âge. Tout se déroule comme s’il ne pouvait abandonner les vestiges de son enfance dévastée, comme s’il lui fallait retrouver des racines fantasmées où s’ancrer pour enfin oser avancer. Redevenir fils afin de devenir homme… Que dire d’autre ? C’est un film boulever-sant qui prend aux tripes. Non seulement porté par des acteurs fabuleux, il l’est aussi par de « vrais gens » qui jouent leur propre rôle, comme Frankino, ce drôle à la dégaine impensable, flanqué de sa pe-tite fourgonnette plus têtue qu’une mule quand il s’agit de démarrer… Un récit tendu par un fil pourtant ténu, prêt à se rompre à chaque instant, certainement un de nos plus beaux coups de cœur de ce début d’année.

IL FIGLIO, MANUEL

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JUSQU'AU 1ER/04

Écrit et réalisé par Paul Thomas ANDERSONUSA 2017 2h10 VOSTFavec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville, Camilla Rutherford, Brian Gleeson...

Impossible de parler de Phantom thread (littéralement « fil fantôme ») sans évo-quer le travail remarquable du cos-tumier Mark Bridges. Ses costumes étoffent admirablement le récit, ajou-tent la réalité charnelle de la matière, l’évidence du détail au panache des acteurs, à la richesse de l’intrigue, à la classe de la mise en scène magistrale orchestrée par Paul Thomas Anderson. Tant Daniel Day-Lewis en couturier gé-nial et torturé que Lesley Manville dans le rôle de sa sœur implacable et dé-vouée et que Vicky Krieps dans celui de l’amoureuse éperdue et follement déter-minée portent subtilement le scénario et font de ce film une œuvre singulière, de haute volée. Un film classique de prime abord, qui s’installe lentement, se dé-guste à petites gorgées, pour se révéler finalement plus vénéneux qu’il n’y paraît. Tout se passe en Angleterre, dans le Lon-dres des fifties. Jeunes ou vieilles, laides

ou belles, les femmes de la haute bour-geoisie, celles de la noblesse, celles qui en ont les moyens s’arrachent à prix d’or les robes composées sur mesure par le très convoité Reynolds Woodcock, créa-teur monomaniaque parvenu au firma-ment de son art. Dès potron-minet, les petites mains minutieuses de son atelier sont à pied d’œuvre, aux aguets, à l’affût des moindres volontés de leur patron in-transigeant. C’est toute une mécanique bien huilée qui se remet en marche cha-que matin. Une maisonnée qui ne respire que par cet homme insatiable, éternel insatisfait. Ici pas un fil ne dépasse, ni un poil de son nez, ni un cheveu de sa maîtresse du moment. Sa vie est bro-dée à l’instar de ses robes, ne laissant aucune place à l’imperfection. Même le temps semble dompté par des rituels quotidiens incontournables. Tout est maîtrise. Tout ne doit être qu’excellence. Derrière le couturier se protège un homme dont la passion le nourrit autant qu’elle le consume. Dès qu’il revient dans l’intimité de son antre, cet être porté aux nues par le microcosme mondain se transforme en tyran aussi irascible que fragile, hanté par des démons invisibles, qui fait régu-lièrement le vide autour de lui, qui sème les amourettes déjà mortes avant même d’avoir pu exister. Seule sa sœur Cyril résiste stoïquement à tout, pardonnant tout, anticipant chacun des mots, chacu-

ne des attentes de son frère. Ils forment une sorte de couple fusionnel, à l’ate-lier comme à la ville, qui laisse bien peu d’espace à une autre, aussi remarquable, aussi forte, aussi amoureuse soit-elle. D’ailleurs l’histoire débute par une ruptu-re aussi inélégante que lapidaire : l’écon-duite partira sans un mot d’explication, Cyril faisant le sale boulot à la place de son frangin qu’elle envoie aussi sec se ressourcer à la campagne en attendant que la tempête soit passée. C’est là que Reynolds croise le regard d’Alma. Jeune serveuse maladroite, demoiselle un peu gauche mais d’une candeur radieuse qui détonne avec les manigances des dames engoncées de la capitale. Coup de foudre réciproque, complicité immé-diate. Voilà la fille de peu propulsée dans un monde qui lui est inconnu, entre fines dentelles, pures soieries, soirées mon-daines… Vite elle y prend goût tandis que Reynolds se remet d’arrache-pied à son œuvre. Alma devient sa muse, sa plus belle source d’inspiration. Mais tan-dis que Reynolds l’habille et la couvre de compliments, l’éternelle Cyril guette les signes de la descente aux enfers, s’ap-prêtant à éjecter sans ménagement cette nouvelle intruse dont son frère se lassera vite, fatalement… Mais rien ne se passe-ra exactement comme on s’y attendrait… Subrepticement le récit se tend comme un arc prêt à décocher ses flèches im-pitoyables. On finit comme Cyril par es-sayer de tout comprendre à quart de mot. Tout se passe dans les regards, dans les silences, dans d’infimes détails criants. On se prend à aimer profondément ces personnages, à percevoir les fils ténus qui tissent progressivement une toile aussi somptueuse que dangereuse.

PHANTOM THREAD

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DU 14/03 AU 3/04

Écrit et réalisé par Sophie FILLIERESFrance 2017 1h36avec Sandrine Kiberlain, Agathe Bonit-zer, Melvil Poupaud, Lucie Desclozaux, Brigitte Roüan, Aurélie Dupont…

C’est un enchantement, que dis-je un enchantement, c’est un tour de magie, un ravissement, un conte, une fable, une promenade aussi ludique que charmante quelque part au Royaume des belles et des… belles. Sophie Fillières a un vrai talent pour nous embarquer dans des histoires a priori assez banales d’où va surgir, tel le lapin blanc du chapeau noir, une excentricité, un grain de folie, un truc complètement barré que ses hé-roïnes vont affronter avec ce détonnant mélange de douce naïveté et de sérieux, source de situations souvent extrême-ment comiques. Elle embrasse ici tout de go un thème fantastique et nous embarque sans équi-pement ni précautions particulières dans une sorte de monde parallèle où tout de-vient possible parce que tout prend cœur et corps à travers des personnages pour lesquels elle déploie une précieuse et in-finie tendresse. Il faut dire qu’elle a choisi pour les interpréter des filles formidables

qu’elle connaît bien : Sandrine Kiberlain, dont on ne doute plus une seule secon-de de l’incroyable potentiel comique et qui interpréta son premier rôle dans son premier court-métrage Des filles et des chiens, et Agathe Bonitzer, qu’elle a déjà dirigée dans Un chat un chat et qui n’est autre que sa fille.Point de bête, donc, dans cette histoi-re-ci, mais bien deux belles pour le prix d’une, ou plutôt une belle pour le prix de deux… je m’explique.Au cours d’une soirée, Margaux, 20 ans, fait la connaissance improbable de Mar-gaux, 45 ans.Margaux.20 est pétillante, belle comme un cœur qui reste à prendre et profite de sa jeunesse, de son insouciance et de la vie, tout en cultivant une douce mélanco-lie qui la rend un peu étrangère aux yeux de ses pairs, comme si elle était déjà re-venue de bien des questionnements exis-tentiels de la jeunesse, à moins qu’elle ne soit en plein dedans, l’air de rien.Margaux.45 est pétillante, belle comme un astre qui reste à prendre et trimballe sa nonchalance, sa vitalité et son man-teau rouge tout en cultivant une douce folie juvénile qui la rend un peu étrangère aux yeux de ses pairs, comme si elle n’était pas encore revenue de bien des questionnement existentielles de la jeu-

nesse, à moins qu’elle ne soit encore en plein dedans, l’air de rien.Face au miroir où la blonde et la rousse se croisent, déployant sans le savoir les mê-mes gestes et même intonations de voix, il faut bien se rendre à l’évidence : ces deux-là ne sont qu’une seule et même personne, rapprochées par 25 ans qui ne font plus qu’une microseconde.Acquis ce présupposé qui n’a besoin ni d’explications rationnelle ou paranorma-le, ni de précisions, ni même de preuves – manquerait plus que ça ! –, nous allons suivre les deux Margaux sur le chemin de leur vie, entre un passé composé de fu-turs antérieurs et de presque parfait pour ce qui est du choix des chemins à suivre et des amoureux à conquérir.Et comme dans tout conte qui se res-pecte, aussi improbable soit-il, il y aura un prince, altier, beau gosse, charmeur et délicat qui pourra sans aucun problème conquérir le cœur de Margaux.25 autant que (re)découvrir celui de Margaux.45…. la réciproque étant également vraie !C’est frais, très drôle, délicat comme un poème de Prévert dont Sophie Filière em-prunte, sans le savoir (?), le phrasé sim-ple et touchant, s’exprimant avec fougue comme le flot d’une rivière qui coulerait, comme par enchantement, dans un déli-cieux contre-courant…

LA BELLE ET LA BELLE

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LUIS BUNUEL, un souffle de liberté : rétrospective en 7 films

LE JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBREDU 7/03 AU 1ER/04

Réalisé par Luis BUÑUELFrance 1964 1h41avec Jeanne Moreau, Michel Piccoli, Françoise Lugagne, Georges Géret, Da-niel Ivernel...Scénario de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière, d’après le roman d’Octave Mirbeau.

À voir ou revoir de toute urgence, ne se-rait-ce que pour l'éternelle et inoubliable Jeanne Moreau, impériale mante reli-gieuse, sensuelle et glaciale, implacable et calculatrice dans sa révolte contre ceux qui l'asservissent. Et aussi pour tous les autres : Piccoli, Géret, Ivernel... Et enfin pour Buñuel bien sûr, grand maître de cette cérémonie destructrice, Buñuel qui a choisi pour ce film le clas-sicisme le plus pur, la simplicité la plus aiguisée pour atteindre encore mieux sa cible : la société bourgeoise dans toute son ignominie… Engagée comme femme de chambre chez les Monteil, Célestine observe les petits travers de chacun : la fringale sexuelle de Monsieur, le refoule-ment aigri de Madame, le fétichisme gâ-teux du beau-père… On apprend le viol et l'assassinat d'une fillette, Claire, dans les bois tout proches. Célestine soup-çonne aussitôt Joseph, l'intendant, pour qui elle éprouve une étrange fascination, un être brutal et venimeux qui lui a pro-posé de l'épouser...

BELLE DE JOURDU8/03 AU 2/04

Réalisé par Luis BUÑUELFrance 1967 1h40avec Catherine Deneuve, Jean Sorel, Michel Piccoli, Geneviève Page, Pierre Clémenti...

Scénario de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière, d’après le roman de Joseph Kessel

Séverine et Pierre se promènent amou-reusement dans la forêt, à bord d’une calèche que conduisent deux cochers. Pierre fait arrêter la calèche, force sa femme à en descendre, la bâillonne, dé-chire sa robe et la fait fouetter par les cochers avant de la livrer à leurs désirs, allumés par l’exercice...Le plan suivant, qui nous montre Séve-rine perdue dans ses pensées, révèle que cette séquence était imaginaire. Ainsi nous apprenons que cette jolie bour-geoise candide, épouse très réservée d’un séduisant chirurgien parisien, est en proie à de torrides fantasmes, fortement teintés de masochisme.Poussée par des pulsions secrètes, Sé-verine deviendra la troisième pensionnai-re de la maison close dirigée par Mada-me Anaïs. Comme elle ne « travaille » que de 14 à 17h, elle y est baptisée « Belle de jour ». Et elle semble trouver son équili-bre en se sentant maître de son destin et maîtresse soumise aux vices des autres. Mais cette recherche des frontières de ses tabous et propres interdits, aura un prix… Buñuel filme l’itinéraire trouble de Séve-

rine avec un détachement, une élégan-ce, un refus du scabreux qui amènent à son comble notre fascination. Pas de jugement moral, bien sûr. La description scrupuleuse d’une quête vouée à l’échec et de ses épreuves.Comme toujours chez Buñuel, l’humour tient sa place, et dynamite plusieurs séquences. Mais c’est la fascination et l’ambiguïté qui dominent, ainsi que le souffle glacé d’un érotisme subtil et mor-tifère.

LA VOIE LACTÉEDU 9/03 AU 3/04

Réalisé par Luis BUÑUELFrance 1969 1h41avec Paul Frankeur, Laurent Terzieff, Edith Scob, Bernard Verley...Scénario de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière.

Dans cette merveille d’audace surréaliste et de drôlerie, deux vagabonds, Pierre et Jean, se rendent à Saint-Jacques de Compostelle pour se faire un peu d’ar-gent. Chemin faisant, ils rencontrent des fous, des illuminés et toute sorte d’adep-tes des diverses hérésies du catholicis-me. Six mystères ou dogmes principaux sont illustrés : l’Eucharistie, la nature du Christ, la Trinité, l’origine du Mal, la Grâce et la Liberté, les mystères de la Vierge. Que les allergiques à la religion ne pren-nent surtout pas leurs jambes à leur cou ! Avec Buñuel, on est loin du caté-chisme, et sa vision des grands mythes du catholicisme est joyeuse, iconoclaste, foncièrement irrespectueuse. Ce qui ne l’empêche pas de dire des choses fon-damentales sur la foi, sur le doute, sur l’effroi de tout être humain devant sa destinée. Et le film est d’une si lumineuse clarté, baignée d’un délicieux humour, que le spectateur le moins prévenu des choses de la Bible y pénètre avec félicité et même avec délectation, pour peu qu'il ait l'âme un peu aventureuse.

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TRISTANADU 10 AU 28/03

Réalisé par Luis BUÑUELFrance/Espagne 1969 1h35avec Catherine Deneuve, Fernando Rey, Franco Nero...Scénario de Luis Buñuel et Julio Ale-jandro.

En 1929, à Tolède, une jeune orpheline, Tristana, est recueillie par Don Lope Gar-rido, un bourgeois sexagénaire et athée. Don Lope impose à Tristana son code moral personnel, mais il n'est guère fi-dèle à ses principes dès qu'il s'agit des plaisirs charnels… Il vend une partie des objets qu'il possède pour acheter des ro-bes à la jeune fille, puis il fait d'elle sa maîtresse… Au bout de deux ans, bien qu'elle soit jalousement surveillée par le vieil homme, Tristana fait la connais-sance d'un jeune peintre, Horacio, avec lequel elle s'enfuit. Quelques années plus tard, elle revient à Tolède, malade. Don Lope la reprend…Avec douceur, à pas feutrés, Bunuel peaufine avec Tristana son entreprise de démolition d'un certain ordre bourgeois, en même temps qu'il filme une histoire d'amour extraordinaire. Chaque person-nage garde sa part de mystère, d'énig-me. Catherine Deneuve est magnifique : belle et vénéneuse, lucide et perverse, mélange de feu et de glace qui fait froid dans le dos...

LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIEDU 11 AU 29/03

Réalisé par Luis BUNUELFrance 1972 1h45avec Fernando Rey, Paul Frankeur, Del-phine Seyrig, Bulle Ogier, Jean-Pierre Cassel, Stéphane Audran...Scénario de Luis Bunuel et Jean-Claude Carrière.

Jetons un laconique résumé de ce film qui est proprement inrésumable... L’am-bassadeur de Miranda, un état d’Améri-que du Sud, se livre à un trafic de drogue avec un groupe de bourgeois français, ses amis. Mais chaque fois qu’ils veulent se rencontrer pour dîner, une circonstan-ce imprévue vient contrecarrer leur pro-jet. Dans cette quête d’un repas plantu-reux, la réalité et les rêves de chacun des convives se mêlent, jusqu’à la dérision la plus totale.Fin de partie d’une classe à l’agonie. Em-pire décadent, royaume pourri. La crise de la bourgesoisie, plus généralement de la classe possédante, la voici portée à son paroxysme, dans un feu d’artifice ra-vageur. Quelle violence ! Quelle beauté ! Quelle férocité dans l’humour! Et, consé-quemment, quelle jubilation de tous les instants !Ceux que Bunuel fustige ici avec une in-

solence grandiose sont ceux-là mêmes qu’il a brocardés dans nombre de ses films. Ils exercent le même pouvoir, as-servissent pareillement les plus faibles, sont flanqués des mêmes chiens de garde, en uniforme ou en soutane. Qu’ils fassent fortune dans le trafic de drogue, qu’ils soient protégés par un ministre de l’intérieur, autant de signes supplémen-taires de la décomposition de leur mon-de. Fable aux limites du fantastique, épo-pée burlesque, apocalypse par l’humour noir, Le Charme discret... est bien l’un des chefs d’œuvre du cinéma subversif.

LE FANTOME DE LA LIBERTÉDU 12 AU 30/03

Réalisé par Luis BUÑUELFrance 1974 1h44avec Michel Piccoli, Jean-Claude Brialy, Monica Vitti, Julien Bertheau, Michael Lonsdale...Scénario de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière.

Une chose est sûre, c’est que l’esprit de liberté de Luis Buñuel n’est pas un fan-tôme. Diable non ! Et il le prouve à l’envi avec ce film libéré de toute contrainte de construction ou de logique, où il joue en virtuose avec la satire sociale, la provo-cation et la célébration du coq-à-l’âne comme méthode infaillible de narration. Mauvaise pioche pour les cartésiens purs et durs, régal assuré pour les esprits farceurs, ludiques et irrévérencieux…

Pas d’histoire linéaire donc, une suite d’épisodes sans autre lien que la fan-taisie et les associations d’idées. A titre d’exemple et dans le désordre le plus complet : un couple de bourgeois trou-ve « répugnantes » des photos des plus grands monuments de Paris, qu’ils regar-dent, scandalisés et émoustillés, comme d’autres reluquent des photos cochon-nes ; une infirmière fait une halte forcée dan une curieuse auberge où elle rencon-trera des moines bien aimables qui jouent

au poker ; un chapelier nîmois adepte de la fessée érotique ; ou encore cette re-cherche fiévreuse d’une fillette disparue, kidnappée, mais qui est constamment présente à l’écran… Comme diraient les culs-bénits, Buñuel ne respecte rien. Et c’est tant mieux !

CET OBSCUR OBJET DU DÉSIRDU 13 AU 31/03

Réalisé par Luis BUÑUELFrance 1977 1h42avec Fernando Rey, Carole Bouquet, An-gela Molina, Julien Bertheau...Scénario de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière.

Le dernier film réalisé par Luis Buñuel (1900-1983). Un adieu en fanfare, une œuvre réalisée en toute liberté, en tout enthousiasme, en toute jubilation, par un jeune homme de 76 ans ! Pas de doute, Don Luis n’a pas raté sa sortie !Très librement inspiré de La Femme et le pantin, de Pierre Louys, Cet obscur objet… est une fable irrésistible sur la frustration permanente, sur l’inassouvis-sement perpétuel du désir…

Sur un quai de gare, Mathieu Fabert cause un petit scandale : il verse posé-ment le contenu d’un seau d’eau sur la tête d’une jeune femme au visage tumé-fié. Intrigués, les voyageurs de son com-partiment lui demandent de raconter son histoire. Mathieu commence donc le récit de ses amours avec Conchita Perez, sa jeune domestique, une femme insaisissa-ble qui a tout fait pour attiser sa flamme tout en se refusant constamment à lui… Une histoire de désir et de frustration sans fin, sur fonds d’attentats terroristes commis par le G.A.R.E.J (Groupe Armé Révolutionnaire de l’Enfant Jésus… Quel farceur, ce Buñuel !).

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La Justice se raconte "Autour des longues peines"

Mardi 20 Mars à 20h30 à Utopia Saint-Ouen : Séance unique en avant-premièresuivie d’une rencontre avec Stephane MERCURIO, la réalisatrice du film, Madame BOTSCHI juge

d’application des peines du TGI de Pontoise, Anaïs BENGUIGUI, éducatrice spécialisée au CHRS Hermitage pour ESPERER 95 qui accompagne des longues peines et Etienne NOEL,

avocat pénaliste spécialisé sur les dossiers des détenus longues peines.En présence de Madame Joly-Coz, Présidente du TGI de Pontoise, d’Eric Bourlion, Bâtonnier du Val d'oise et des

membres de l'association ESPERER 95.

Film documentaire de Stéphane MERCURIOFrance 2017 1h33avec des anciens détenus de longues peines et Didier Ruiz, autour du spectacle Une longue peine...

Dédé le Lyonnais, Alain le Marseillais, Louis Perego, Éric, Annette… Quatre hommes, une femme, si loin de nous, si proches… Enfants d’une même humanité trop tôt sevrée du lait de la tendresse hu-maine. Stéphane Mercurio, subtile docu-mentariste, porte une fois encore à l’écran la parole des oubliés de la République, des sans-voix, trop rare et pourtant essentielle. Dès la première minute elle est là qui nous happe comme une évidence universelle, intemporelle. Ces gens à l’écran ne jouent pas à être d’hypothétiques héros, ils jouent leur propre vie.Comment ne pas être touchés par André qui, dans un souffle ému face aux 73 bou-gies d’un modeste gâteau, susurre que c’est là son plus bel anniversaire ? Sans que cela soit évoqué, ne se demande-t-

on pas de quoi fu-rent faits les soixante douze précédents ? C’est au spectateur de l’imaginer car rien ici ne sera étalé qui tirerait des larmes

indécentes et faciles. Chaque parole res-te fière et digne. Mais au-delà des mots, c’est dans une palpitante aventure collec-tive qu’on est entraîné, vers la reconquête d’un courage collectif, celui de dire, de se dire sans pathos, sans misérabilisme, de raconter l’irracontable. « Car une longue peine, comment ça se raconte ? C’est étrange ce mot qui signifie punition et chagrin en même temps. » Ainsi s’exprime Didier Ruiz lorsqu’il entreprend la mise en scène de ce spectacle monté avec des anciens détenus ayant purgé 14, 18, 35, 40 ans de prison… Des années plus lon-gues que certaines vies. J’entends d’ici ceux qui ont le verbe facile s’esclaffer que nos prisons ont désormais un confort di-gne du club Med avec les chaînes câblées (payantes !), les téléphones, les petits tra-fics en tous genres. À les entendre il ne manquerait guère plus que les vahinés et les cocotiers pour s’y épanouir pleinement ! Ah, si ceux-là pouvaient venir en priorité voir Après l’ombre ! Difficile de proférer de telles inepties après ce formidable do-

cumentaire. Il nous invite à une véritable révolution intérieure qui ne peut que tour-nebouler salutairement nos esprits, nos convictions.Progressivement, sous la jovialité, les si-lences, dans les coulisses des répétitions, la construction théâtrale qui prend forme, on discerne les blessures indicibles, tou-jours béantes, impossibles à cautériser, même après le retour à une vie dite norma-le. C’est cet « Au revoir » qu’on a pas pu dire à ceux que l’on aimait, ce sentiment d’avoir abandonné ceux que l’on chéris-sait. Et curieusement, au fil des témoigna-ges poignants, parfois crus, naît une for-me de poésie digne qui incite au respect. On ressent presque dans sa propre chair combien il est difficile de se reconstruire après tant d’années d’isolement, combien le terme de réinsertion peut apparaitre comme un cynique miroir aux alouettes. On mesure le parcours des longues peines et ces hommes nous semblent d’autant plus beaux quand ils parviennent à enfin se tendre la main, qu’on voit poindre dans leur regards une confiance d’abord fragile puis plus assurée. On se prend à rêver : et si une toute petite pièce, un simple do-cumentaire, pouvaient devenir de vrais leviers puissants, capables d’élever les pi-liers d’un monde plus juste, pour peu que tous on ait la curiosité d’aller les voir…

APRÈS L'OMBRE

La justice se raconte La justice est mal connue. Complexe et parfois in-quiétante, elle mérite d’être expliquée et ren-due au débat citoyen.Le tribunal de grande ins-tance, l’ordre des avocats et l’association Espérer 95 se sont associés au ciné-ma Utopia, depuis 2016, pour proposer la diffusion de films qui abordent les questions de justice dans toute leur diversité, suivie de débats avec des pro-fessionnels.Les échanges qui suivent la projection, ont voca-tion à mieux faire connai-tre aux spectateurs les réalités quotidiennes des hommes et des femmes qui concourent à l’œu-vre de justice dans le Val d’Oise.Septembre 2017

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DU 14 AU 27/03Réalisé par Nabil AYOUCHMaroc 2017 1h59 VOSTFavec Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Dounia Binebine, Amine Ennaji, Abdeli-lah Rachid...Scénario de Nabil Ayouch et Maryam Touzani.

Récapitulons : que savons-nous vrai-ment du Maroc aujourd’hui ? D’accord, il a obtenu son indépendance en 1956… Et puis 150 000 tonnes de dattes y sont consommées tous les ans, personne n’ira dire le contraire… Il y a les cornes de gazelle, le Zaalouk et la Pastilla aus-si… Sans oublier les dunes de Mezouga et les cascades d’Ouzoud… Et la ville de Casablanca à laquelle on pense for-cément parfois, parce que c’est le titre du classique de Michael Curtiz, avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman… « Mais tout ça, c’est de la surface, une vague culture gé, ça ne nourrit pas son homme ». Aïe, nous avons affaire à un cas typique de curiosité et vous en de-mandez encore… Un seul remède : aller voir le nouveau film de Nabil Ayouch, foisonnant d’histoires et de paysa-ges. Vous en sortirez avec la sensation d’avoir exploré ce pays sublime, dans ses dimensions aussi bien sociales que politiques et culturelles. Attention quand même à ne pas vous fouler une cheville sur l’Atlas… Razzia suit cinq destinées qui se croisent sans se rencontrer vrai-ment, mais toutes reflètent la même soif de liberté, déchirées qu’elles sont entre le passé et le présent, par la perte de repères et les troubles identitaires. Tout commence dans les années 80 avec Abdallah, un instituteur aux yeux gorgés d’étoiles qui s’illuminent quand il regarde un oiseau ou lit des poèmes. Il

enseigne dans une petite école berbère perdue dans les montagnes, guidant pas à pas ses élèves sur la voie de l’émer-veillement doublé d’une raison sensible et tolérante… Jusqu’au jour où on lui interdit de continuer l’enseignement en berbère, parce que la seule langue dé-sormais officielle est l’arabe classique. Quelques décennies plus tard nous voilà en 2015 à Casa, ville moderne et lumineuse, au moment où les mani-festations des islamistes battent leur plein, en réaction à la réforme du code de l’héritage (qui instaure l’égalité hom-me-femme dans les successions). On y rencontre Salima, révolutionnaire de l’in-time qui s’oppose quotidiennement aux diktats de son mari, hostile à ce qu’elle fume, travaille, attire les regards, attise les convoitises… Hakim, jeune des mi-lieux populaires qui aimerait être chan-teur comme Freddie Mercury, son idole, inspirateur de son look fantasque et vi-lipendé dans les rues… Monsieur Joe, le Juif épicurien qui sédimente malgré lui des conflits enfouis… Et Inès, ado-lescente comme prisonnière dans son ghetto de riches, où l’impudeur régnante se passerait bien de moralité et d’hu-manisme. Au beau milieu de ce foison-nement culturel et social, chacun a des rêves d’ailleurs et vit dans une société

qui, elle, n’est pas du tout ailleurs. Cela crée chez eux des paradoxes insensés, un refus de ployer, de laisser l’obscu-rantisme hisser son drapeau noir, car ce serait admettre qu’on puisse accabler ad vitam aeternam les femmes, la cultu-re berbère, les gays, les atypiques et ceux qui ne manquent pas d’humour… Razzia est un film sans concessions qui n’arrangera pas la situation de Nabil Ayouch au Maroc, quand on se souvient du tollé que Much loved, son précédent film, y avait soulevé en 2015 : interdic-tion de diffusion, harcèlement de la part d’extrémistes islamistes, agression phy-sique de l’actrice principale qui avait dû se réfugier en France… Razzia est donc un film nécessaire, qui emporte et captive, et qui ne doit pas nous faire oublier que la situation euro-péenne n’est pas loin d’être à nouveau en proie à « la longue nuit » que Stefan Zweig dénonçait dans sa lettre d’adieu avant de mettre fin à ses jours, et que Nabil Ayouch, en filigrane, dénonce à son tour. Avec lucidité, force et bien-veillance, Razzia remet les choses à leur place et nous rappelle ainsi l’essentiel : nous sommes capables du pire, mais surtout du meilleur. Et c’est ici que ces cinq destinées rencontreront la vôtre.

RAZZIA

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DU 21 AU 27/03

Réalisé par Kantemir BALAGOV Russie 2017 1h58 VOSTFavec Darya Zhovner, Veniamin Kats, Olga Dragunova, Atrem Tsypin...Scénario de Kantemir Balagov et Anton Yarush

C’est un coup d’éclat, un premier film d’une force époustouflante, de ceux que le cinéma – jeune ou mature – peut offrir de meilleur. Son jeune réalisateur Kante-mir Balagov a retenu un fait divers sur-venu en 1998 (il n’avait alors que 7 ans) dans sa ville natale de Naltchik, capitale de Kabardino-Balkarie, une des sept ré-publiques autonomes caucasiennes de Russie. Le film relate l’histoire d’une fa-mille juive dont les enfants, Ilana l’élec-tron libre et son frère cadet David, vont chercher la voie de l’émancipation sur fond de tensions politiques et ethniques dans le Caucase post-soviétique. Brillant dans sa forme, entier dans ses moindres recoins, Tesnota bouleverse par la den-sité du portrait qu’il dresse d’une jeu-nesse empêtrée dans des problèmes qui la précèdent. On retiendra longtemps le personnage d’Ilana, jeune femme d’une trempe hors du commun, lointaine cou-sine de la Rosetta des frères Dardenne, déterminée à échapper à tous les car-cans. Ne cédant à aucun effet, résistant aux explications faciles, le film de Ba-lagov a l’intensité de son personnage,

porté par l’interprétation éblouissante de son actrice – premier rôle et véritable ré-vélation aussi – Darya Zhovner. Le film débute quelques instants avant le dîner de fiançailles du fils David. Vêtue de sa salopette de mécanicienne, Ilana rentre du garage auto de son père. Elle croise David sur le pas de la porte fami-liale. Le frère et la soeur s’offrent alors un temps suspendu sur le côté de la mai-son, partagent une cigarette, bavardent en cachette, puis s’enlacent dans une étrange étreinte. Ce soir, David va choisir Léa, une fille juive du village, mais rien n’effacera la complicité qu’Ilana et David ont scellé dans la promiscuité familiale. Dedans, les préparatifs vont bon train. Les intérieurs, tels que les filme Bagalov, ont une ambivalence annonciatrice : les couleurs saturées évoquent la chaleur d’un cocon tandis que l’exiguïté des lieux enserre les corps des personna-ges, contraints au contact permanent. Mais Ilana n’est pas d’un tempérament à se laisser encercler très longtemps. Une fois les festivités bien lancées, elle file en douce rejoindre son bien-aimé Na-zim, gaillard à l’imposante carrure. Et l’on comprend vite pourquoi celui-ci n’a pas été convié au repas. Nazim appartient à la généalogie des Kabardes, peuple tradi-tionnel caucasien à majorité musulmane. Dès lors, les amoureux sont contraints à la quasi clandestinité. Sans d’autre en-droit où aller, ils badinent à l’arrière de la

maison, puis s’amusent à feindre d’en-fermer Ilana dans le coffre de la voiture : fabuleuse scène où le désir de fuite des deux amants se charge progressivement d’une tension palpable.Et puis, dans la nuit, on apprend que les jeunes fiancés Léa et David ont été kidnappés. La région est une véritable poudrière identitaire au lendemain de la première guerre de Tchétchénie (une séquence crue et intense viendra nous le rappeler). Si bien qu’aucun parent ne compte s’adresser à la police pour ré-gler un problème à caractère antisémite. C’est donc vers la communauté juive qu’on se tourne pour rassembler l’argent de la rançon. Mais voilà, toute solution a un prix et ce que les parents de David sont résolus à admettre pour sauver leur fils, Ilana n’est pas prête à l’accepter...Avec intelligence, Tesnota écarte d’em-blée la piste du polar. Qu’importent les auteurs de ce rapt, Balagov colle à son héroïne, plonge pieds joints au cœur des communautés juive et kabarde, et explo-re jusqu’au bout la portée intime de cette tragédie. Ici les choix de chacun ne vont jamais sans renoncement et les affects cachent toujours quelque chose d’as-tringent. Film sec, tendu et sans artifice, Tesnota frappe par la profondeur des sentiments qu’il parvient à saisir : ceux d’une jeune femme déterminée à reven-diquer inlassablement sa liberté sans re-noncer à l’amour des siens.

TESNOTA, une vie à l'étroit

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Que reste-t-il du rêve américain ?DU 14 AU 27/03

Film documentaire de Claus DREXELFrance / USA 2017 1h22 VOSTF

Au moment même où nous écrivons ces lignes, un jeune Américain de Floride vient d’abattre au fusil d’assaut – acheté tout à fait légalement chez l’armurier du coin – 17 élèves et professeur du lycée dont il avait été exclu depuis peu... Et malgré l’interpellation d’élèves survivants, mal-gré les appels bouleversants des parents de jeunes victimes, le président Donald Trump s’est refusé à condamner le libre accès à de telles armes de guerre de-venues armes de massacres de masse ordinaires.Autant dire qu’America, le passionnant documentaire de Claus Drexel, tombe à pic. Cette plongée dans l’Amérique qui a fait élire le numéro 49 – pour reprendre le code de Paul Auster qui se refuse à pro-noncer son nom – nous donne des pistes pour essayer de comprendre, sans les stigmatiser, ces Américains déboussolés qui ont fait le choix du pire. Claus Drexel a posé ses valises et sa caméra à Seligman, Arizona, peu avant l’élection présidentielle. Un endroit em-blématique puisque situé à deux pas des paysages mythiques de Monument Val-ley et du Grand Canyon. Une toute petite ville située sur la route 66 reliant Chicago et Los Angeles, qui fut celle de l’exil des fermiers durant la Grande Dépression, et qui devint la favorite des voyageurs dans les années 70. Sauf que la route 66 a été déclassée en 1978 au profit d’une auto-

route qui contourne Seligman et la cité a irrémédiablement périclité, les commer-ces ont fermé, le revenu moyen des ha-bitants s’est effondré. Seligman est donc devenue un des sym-boles de cette Amérique des laissés pour comptes, de ceux qui se sont sentis oubliés, sur laquelle Trump a labouré son terreau électoral. Claus Drexel raconte qu’il a été convaincu de faire son film en découvrant une scène étonnante : deux cowboys au bord de la route dépeçaient un cerf suspendu à la verticale en siro-tant des bières. Une image cinématogra-phique s’il en est, comme il y en a des di-zaines dans America. Claus Drexel s’est fait connaître par son documentaire Au bord du monde, qui magnifiait la parole des SDF parisiens, filmés en miroir de la beauté architecturale de la ville dorée. Son film évoquait les tableaux ténébreux du Caravage, ou ceux dantesques de Bosch. Pour les habitants de Seligman, il a employé globalement le même dispo-sitif : leur parole frontale en plan fixe dans le décor qui leur est cher, confronté avec les paysages incroyables dans lesquels vivent ces déclassés de l’Amérique, qui

constituent une population finalement assez diverse (il y a même des indiens Hopis). C’est ainsi que le titre globalisant, qui identifie une bourgade de 500 habi-tants à la première puissance mondiale, prend toute sa légitimité.Des interviews de John et Lorie, deux serveurs qui ont dû beaucoup abuser de leur cave, de Corinne, une des rares sup-portrices de Bernie Sanders, de Mike, fossoyeur local, ou de Sandy, la vétéran de l’armée qui a fait toutes les guerres, du Vietnam à l’Afghanistan... on retire quelques précieux enseignements : les gens n’aimaient pas spécialement Trump mais ils détestaient tout ce qu’incarnait Clinton, les revirements en politique, l’accointance avec la finance, le mépris des urbains envers les ruraux. On saisit mieux, sans l’accepter, cet engouement obsessionnel – et constitutionnel – pour les armes de la part des habitants d’un gros village où il faut basiquement se protéger des serpents et autres bestioles dangereuses, et où les services publics sont tellement déficients qu’il faut atten-dre au moins une heure avant de voir la police intervenir en cas de problème...En fin de course, le peu d’enthousiasme pour la soirée électorale est significatif : les électeurs de Seligman sont heureux d’avoir dégagé Clinton, pas forcément d’avoir élu Trump.Il va sans dire qu’America résonne au-delà de son territoire d’observation : il est un outil de réflexion universel sur les ten-tations simplistes pour l’extrême-droite.

AMERICA

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Expo + repas + projection Séance exceptionnelle le JEUDI 15 MARS à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône Carte blanche à Hicham Berrada, artiste invité à l’abbaye de Maubuisson jusqu’au

24 juin 2018 dans le cadre de son exposition personnelle « 74 803 jours » précédée à partir de 18h30 d'une visite de l'exposition « 74 803 jours »

à l'abbaye de Maubuisson puis à 19h45 d'un repas japonais au cinéma Utopia Réservation obligatoire aux caisses d'Utopia Saint-Ouen du 28/02 au 12/03

formule repas + film : 13 euros / possibilité de voir le film seul aux tarifs habituels

Écrit et réalisé par David LYNCHUSA 2001 2h26 VOSTFavec Justin Theroux, Naomi Watts, Laura Elena Harring, Ann Miller, Dan Hedaya, Robert Forster...

PRIX DE LA MISE EN SCÈNE FESTIVAL DE CANNES 2001.

Bienvenue sur Mulholland Drive et ses lacets d’asphaltes où de rutilantes amé-ricaines tracent vers la cité des anges. Le trajet incontournable pour accéder au sommet d’Hollywood, paradis pour cer-tains, enfer pour d’autres. Le Mulholland Drive de Lynch, c’est la route du destin, qui y court à tout moment le risque de quitter sa trajectoire, comme un bolide devenu incontrôlable qui finit immanqua-blement dans le décor, ou mieux, encas-tré dans une limousine. Ça commence comme ça, par un choc violent sur le béton brûlant de l’avenue : une brune aussi belle que ténébreuse est éjectée d’une voiture. Elle court, elle semble fuir, terrorisée. On la traque... peut-être, sans doute... Déjà, on sent bien que c’est l’im-prévu, le hasard, l’étrange qui mènent la danse et déjà, on sent que Lynch va nous

mener bien loin des autoroutes balisées. Paniquée, Rita (c’est son nom, enfin, ce-lui qu’elle se donne...) se réfugie dans la première maison qu’elle trouve, celle où justement Betty vient d’arriver. Betty est une blondinette pimpante et pleine d’espoir, fraîchement débarquée à Hol-lyawood et bien décidée à y faire son trou. Point de départ donc : la rencon-tre de ces deux femmes que tout sem-ble séparer... du moins, dans ce monde ci... Une brune troublante qui a perdu la mémoire et dont le passé tient dans un à sac à main rempli de dollars et dans le mystère d’une clé ; une adorable blonde au sourire presque déjà formaté par l’in-dustrie du rêve, et qui n’a qu’une obses-sion : courir les castings pour se faire un nom. Deux quêtes d’identité : l’une vers le passé, l’autre vers le futur... D’entrée de jeu, la trame temporelle est passa-blement perturbée. Et ce n’est que le début... Tout se complique et s’obscur-cit quand les deux nanas pénètrent dans la grande ménagerie hollywoodienne... Là, il y a un jeune cinéaste qui se voit imposer pour le casting de son film une actrice, Camilla Rhodes. L’or-

dre (« this is the girl ! ») vient d’un « en haut » indéterminé, l’Olympe du fric et du pouvoir où quelques hommes puis-sants (que l’on croirait tout droit sortis d’un cauchemar de l’agent Dale Coo-per) mènent la danse, tirent les ficelles. Une fois encore, le maître Lynch va quitter l’itinéraire initial pour nous gui-der sur son chemin chaotique où l’on finira par se perdre avec jubilation. Il ouvre la brèche vers un monde obs-cur où d’inquiétants personnages ont déjà marqué leur emprise sur leurs fu-tures victimes, où les monstres ont déjà fait leur apparition dans les esprits avant même qu’ils ne s’impriment sur l’écran. Paradoxal, vertigineux, Mul-holland Drive fait naître des émotions très fortes et très contradictoires, du plaisir absolu à l’angoisse fulgurante, sollicitant épiderme et accoudoirs. Film sur le cinéma, sur sa folie, sur ses travers, sur son cauchemar, film sur l’image, l’imaginaire, l’imagerie liée à Hollywood, Mulholland drive confirme ce qu’on savait déjà : Lynch est un extra-ordinaire magicien, un explorateur hors pair de l’imaginaire. Il brouille tous nos repères sensitifs, toutes nos marques temporelles et nous, pauvres pantins, complètement paumés, on est aux an-ges, prêts pour repartir une deuxième, une troisième fois, sur l’asphalte chaoti-que de Mulholland Dr.

MULHOLLAND DRIVE

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JUSQU'AU 13/03

Écrit et réalisé par Xavier GIANNOLIFrance 2017 2h20avec Vincent Lindon, Galatéa Bellugi, Patrick d’Assumçao, Anatole Taubman, Elina Löwenshon...

Jacques (Vincent Lindon) est grand re-porter pour un journal du Sud-Ouest. Il a vécu des situations terribles sur des territoires en guerre qui l’ont laissé meur-tri. Alors qu’il se replie sur lui même, se barricade dans une solitude douloureu-se, il reçoit un mystérieux coup de télé-phone du Vatican : il doit venir sans délai à Rome où un prélat qui apprécie son travail souhaite lui confier une mission particulière qu’il n’est pas question de divulguer avant qu’une rencontre ait lieu. Dans une petite ville du Sud-Est, une jeune fille au visage d’ange prétend avoir vu la Vierge et la curie romaine s’inquiète de l’ampleur que prend le phénomène. Il y a de quoi surprendre Jacques qui s’étonne d’avoir été choisi, lui l’agnos-tique, le mécréant, pour faire partie du petit groupe de travail qui rassemble théologiens, psychiatre, historiens man-datés pour conduire une très sérieuse enquête canonique qui doit déterminer si l’affaire a des fondements sérieux.

La plongée de Jacques dans cet univers dont il ne soupçonnait pas l’existence commence par les archives secrètes du Vatican où s’empilent, soigneusement répertorieés, toutes les enquêtes sur tou-tes sortes de faits que la raison a du mal à admettre. On lui sort les documents de ceux qui ont fait l’objet d’une recon-naissance officielle : Fatima, Lourdes, d’autres encore (Notre Dame du Laus, lieu bien connu de pèlerinage, est à deux pas de l’endroit où se tourne le film…) Quand il arrive sur les lieux de la pré-tendue apparition, Jacques est reçu avec réticence car l’annonce d’une en-quête irrite, inquiète l’entourage de celle que beaucoup considèrent déjà com-me une sainte. Son statut d’incroyant ajoute à la méfiance générale, d’autant que Jacques manifeste son intention de mener sérieusement sa mission à terme, fouillant méthodiquement dans le passé des uns, des autres et parti-culièrement dans celui de l’élue : Anna dont l’étonnant regard accroche le sien. Elle n’est pas banale, cette fille qui a grandi de famille d’accueil en foyer et qui est désormais l’objet d’une notoriété et d’un culte qui la dépassent, sous la vigi-lance constante du prêtre qui a pris dès le début ses paroles au sérieux, à deux doigts de se rebeller contre sa hiérarchie. S’agit-il d’une supercherie, la jeune fille

est-elle manipulée ? Qu’y a-t-il a dans la tête de ce prêtre qui lui sert de garde rapprochée, orchestre cérémonies et ren-contres, assure l’intendance, canalise la foule, l’interpelle dans ses sermons : est-il sincère, est-il particulièrement tordu ? Anna est-elle aussi limpide qu’elle le pa-raît, quel crédit accorder à son histoire ? Le film n’a rien d’anecdotique et Xa-vier Giannoli creuse profond dans les questionnements qui se posent à cet homme pétri de rationalisme et qui se trouve confronté tout soudain à une rencontre perturbant ses incertitudes. Jacques n’a pas d’a-priori : la présence fascinante de cette belle fille fragile et déterminée, la foi qui habite ceux qu’il rencontre, les coïncidences troublante qui interviennent dans sa propre vie… Il lui apparaît vite que sa présence sur cette affaire ne doit rien au hasard. Quel-le explication donner à des choses qui dépassent l’entendement, comment in-terpréter l’inexplicable ? Faut-il croire au surnaturel ? Le film ouvre mille questions et ne prend pas parti. Les faits sont ce qu’ils sont, croit celui qui peut croire… Xavier Giannoli, qui ne laisse rien au ha-sard et construit des films solidement documentés, a un talent certain pour explorer la nature humaine dans sa com-plexité la plus intime, sans a priori, sans jugement de valeur, avec cette curiosité et cette empathie pour ses personnages qui nous avaient fait aimer ses films pré-cédents (Marguerite, A l’origine, Quand j’étais chanteur…) L’être humain est un grand mystère… Vincent Lindon et Ga-latea Bellugi en laissent entrevoir la su-perbe profondeur.

L'APPARITION

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À PARTIR DU 28/03

Ecrit et réalisé par Josef HADERAutriche / Allemagne 2017 1h43 VOSTF avec Josef Hader, Pia Hierzegger, Jörg Hartmann, Georg Friedrich, Denis Mo-schitto…

Il y a des jours où l’on ferait mieux de rester au lit. Sans voir personne pour ne pas avoir à parler. Sans parler à personne pour ne pas avoir à écouter les sempiter-nelles conversations inutiles. Sans bouger pour ne pas avoir à ressentir la vacuité des agitations du morne quoti-dien. Juste écouter de la musique, les yeux fermés, en goûter chaque note et s’élever au-dessus du commun des mor-tels, touchant du bout des doigt les or-teils de Dieu, le paradis, les anges et tous les saints. Ce matin-là, c’est clair, Georg aurait dû rester au lit en écoutant Haydn.Mais son boulot, il l’aime et le chérit, même s’il doit bien reconnaître que le temps a lui aussi fait son œuvre sur son prestige d’antan : la critique musicale n’a plus la place qu’elle avait jadis dans la presse quotidienne et ses papiers, bien que toujours concoctés avec tendresse et/ou vitriol (de plus en plus souvent au vitriol), n’ont plus la même force de frappe. Mais qu’importe : la musique (classique) sera toujours grandiose, sur-tout en orchestre symphonique, quand elle se livre dans les salles de concert feutrées où Georg a ses entrées et où il aime plus que tout trouver refuge. Or donc, ce matin-là il aurait dû rester au lit car le ciel va lui tomber sur la tête. Le ciel en l’occurence a la tronche de cake du rédacteur en chef du journal qui lui annonce, benoîtement assis derrière son grand bureau vraisemblablement conçu par un célèbre designer, que l’on doit se séparer de lui. Tu comprends, avec ton ancienneté… Tu comprends, avec tous ces jeunes gens talentueux qui arrivent sur le marché du travail et que l’on peut

payer trois fois moins que toi... Tu com-prends que l’on doit, à contre-cœur, te virer…Et comment croyez-vous que Georg prend la chose ? Oui : mal, très mal, forcément mal. Mais à sa façon : entre silence méprisant et résignation mature. En bon taiseux qu’il est, touché net dans sa fierté de cinquantenaire qui n’avait jusqu’alors rien à prouver au monde ni à personne, il va faire comme si de rien n’était et ne surtout rien dire à sa femme. Ah sa femme…. Comment vous dire… difficile de cerner la personnalité com-plexe de cette nana un peu distante qui exerce la fonction de coach et vient de décider, à quarante-cinq ans, qu’il se-rait temps de faire un môme, si possible avec Georg et si possible par les voies naturelles mises à leur disposition ; mais vu leur grand âge (rien de méchant, c’est juste un constat lucide), autant dire que l’affaire n’est pas faite. Georg va donc se retrouver avec la tête à

l’envers, façon shaker ou cocotte minute, un peu comme si dans son cerveau Pierre Henry avait croisé la route de Marilyn Manson (pas le genre de mu-sique qu’il apprécie !). En rage contre la terre entière et plus spécifiquement contre cette andouille de directeur, il décide alors d’emprunter le chemin le plus absurde, le plus immature et le plus périlleux qui soit, chemin qui le mènera quelque part entre le silence ouaté d’une forêt enneigée et le brouha-ha des manèges à sensation d’une fête foraine.Dire que c’est une franche comédie se-rait mentir. Mais dire que c’est un drame le serait tout autant. A mi chemin entre les deux, à l’image de ce personnage at-tachant et énervant qui navigue entre le fou rire de l’auto-dérision et les larmes du type qui envisage de se tirer une balle, c’est un drôle de film qui raconte une drôle d’époque où les individus sont in-terchangeables au gré du marché et où la pression sociale exerce son diktat, que ce soit pour affirmer les tendances musicales du moment, décider de l’âge auquel on devient has been, ou celui à partir duquel il est prudent de ne pas pro-créer.

LA TÊTE À L'ENVERS

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FESTIVAL

POEMECINECOURT METRAGE

MARS 201815.16.17

THEATRE PAUL-ELUARD

7

DU 21/03 AU 3/04

(THE POST)

Réalisé par Steven SPIELBERGUSA 2017 1h55 VOSTFavec Meryl Streep, Tom Hanks, Alison Brie, Bob Odenkirk, Sa-rah Paulson, Carrie Coon, Jesse Plemons, Matthew Rhys... Scénario de Liz Hannah et Josh Singer.

Dans la veine de son excellent Le Pont des espions, Steven Spielberg se consacre ici à ce qui est presque devenu un genre à part entière dans le grand cinéma américain classi-que : le film sur la presse, sur la grandeur et la nécessité du travail des journalistes qui, pour peu qu’ils soient indépen-dants et conscients de l’importance de cette indépendance, sont régulièrement amenés à jouer un rôle essentiel dans la bonne marche de la démocratie. Le titre original de Pentagon Papers est d’ailleurs le nom d’un journal : The Post, diminutif pour The Washington Post, celui-là même qui révéla, quel-ques années après les faits relatés dans Pentagon papers, le scandale du Watergate. Les « Pentagon papers » (Papiers du Pentagone), c’est l’équivalent seventies de Wikileaks et autres Panama ou Paradise Papers actuels, et le précurseur du Watergate qui allait exploser trois ans plus tard : un des scoops les plus fondamentaux du journalisme américain, la publication en 1971, d’abord par le New York Times et en-suite par le Washington Post, de documents classés « secret défense » – exfiltrés par Daniel Ellsberg, expert militaire et lanceur d’alerte avant la lettre, qualifié à l’époque d’« homme le plus dangereux d’Amérique » par le sinistre Henry Kis-singer – qui détaillaient les relations entre les Etats-Unis et le Vietnam de 1945 à 1967 et qui démontraient clairement que les hauts dirigeants américains, et plus spécifiquement les présidents Johnson et Nixon, savaient que la guerre du Vietnam, délibérément étendue et intensifiée, était un bour-bier tragiquement ingagnable et avaient sciemment menti au Congrès et au public sur l’avancement de cette guerre. La publication de ces documents entraîna une féroce réac-tion du gouvernement américain qui chercha par tous les moyens à museler les journalistes, ces « fils de putes » comme n’hésitait pas à les désigner Richard Nixon. Devant le refus d’obtempérer du New York Times et du Washing-ton Post, l’affaire remonta jusqu’à la Cour Suprême qui donna timidement raison aux artisans d’une presse libre. Autre aspect essentiel du film, il se trouve que le Washing-ton Post était à l’époque dirigé par Katharine Graham (Me-ryl Streep), la toute première femme à occuper le poste de directrice de la publication d’un grand journal américain. On imagine sans peine à quel point sa position était délicate et le niveau de courage dont elle a dû faire preuve pour faire face à la situation. Le duo explosif qu’elle forme avec Ben Bradlee, son rédacteur en chef (Tom Hanks, qui reprend donc le rôle joué par Jason Robards dans Les Hommes du président) est un des atouts du récit.

PENTAGON PAPERS

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JUSQU'AU 2/04(THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI)

Écrit et réalisé par par Martin McDONAGHUSA 2017 1h55 VOSTFavec Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, Peter Dinklage, John Hawkes...

Mildred Hayes est une femme en colère. Et ça ne date pas d’aujourd’hui, ni même d’hier. On comprend vite que ça fait un sacré bout de temps que Mildred est énervée. Son ban-dana serré sur le front, son air renfrogné et buté, elle ne les arbore pas depuis que sa fille est morte assassinée, non, on a l’impression que depuis toujours elle affiche cette allure de combattante. Depuis que son amoureux lui a mis des trem-pes, depuis qu’elle est femme et qu’il a fallu survivre. Mais il semble bien qu’aujourd’hui Mildred en a assez de subir, et que le temps de l’action est venu. Alors quand elle avise les trois panneaux publicitaires laissés à l’abandon sur la rou-te qui mène à sa maison juste à la sortie d’Ebbing, dans le Missouri, elle se dit que, ma foi, ils pourraient bien servir à quelque chose, au lieu de simplement défigurer le paysage. Mildred décide illico de les louer et d’y afficher ce qu’elle a sur le cœur. À la vue de tous. Depuis des mois l’enquête sur la mort de sa fille n’avance pas d’un pouce : alors elle fait imprimer trois phrases vengeresses, une par panneau, visant nommément le chef de la police. Cet acte, qui pourrait passer pour une mauvaise farce ou une provocation inacceptable, question de point de vue, va bouleverser la vie de la paisible localité.

McDonagh nous embarque dans une bourgade du Midwest, où il sera donc question de vengeance pour mieux en ques-tionner le principe, mais aussi de rédemption, de pardon, d’agression de dentiste... et d’un certains nombre de coups tordus et de rebondissements inattendus, mais tout ça on vous laisse le plaisir de le découvrir. Le scénario est un vrai travail d’orfèvre, qui va vous surprendre et vous tenir en halei-ne de bout en bout. Tous les personnages qui peuplent cette histoire sont écrits avec un soin égal et les comédiens choisis pour les incarner sont tous formidables. À commencer bien sûr par la fabuleuse, l’immense, la bouleversante Frances Mc-Dormand, qui joue cette mère ravagée par le chagrin d’avoir vu sa fille enlevée puis assassinée, rongée par la culpabilité d’avoir sans doute raté quelque chose et conduit sa fille vers son funeste destin. Si le nom des Coen va inévitablement surgir dans les com-mentaires, c’est sûrement parce qu’on n’avait pas vu pareil film noir depuis Fargo, déjà porté par la prestation définitive de Frances McDormand.Martin McDonagh, retenez son nom, n’est pas un inconnu dans nos salles : vous vous souvenez surement de Bons bai-sers de Bruges avec Colin Farrell et Brendan Gleeson, que vous aviez largement plébiscité. Alors précipitez-vous sur ce qui est déjà le meilleur film de ce début d’année.

3 BILLBOARDS

DU 22/03 AU 3/04

Réalisé par Coralie FargeatFrance 2017 1h48Avec Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe, Guillaume Bouchère

Prix de la Mise en Scène au Festival de Sitgès

Généralement, le genre du «rape & revenge» ( pour par-ler frontalement « viol et ven-geance » un genre de cinéma qui fleurit dans les années 70 dans le cinéma anglo-saxon ou italien ) ne bénéficie pas d’autant de publicité dans les médias et sa présence dans le cinéma français relève de l’exception.

Comme tout «rape & reven-ge» qui se respecte, le prin-cipal intérêt du film ne réside pas dans son scénario, très basique. Nous y découvrons la jeune Jen, maîtresse de Richard, patron d’entreprise quadragénaire et beau gos-se, qui passe un week-end en compagnie de ses deux associés dans une villa per-due dans le désert. Au pro-gramme : piscine, alcool et partie de chasse. Sauf que Jen devient la cible de tous les fantasmes, qu’elle se fait violer par l’un des associés et qu’en tentant de s’enfuir, elle est laissée pour morte au pied d’une falaise. Gravement blessée, elle se relève pour-tant, bien décidée à se ven-ger de ses tortionnaires. Une chasse à l’homme commence et ça va pas mal saigner.Dès le départ, Revenge sur-prend par son ton volontiers second degré, pop et coloré qui le place d’emblée comme un objet pulp en phase avec son époque. Construit autour d’une intrigue volontairement maigre, le film intègre tous

les codes d’un monde abruti par la surcommunication, la quête de reconnaissance et la course à la réussite et à la performance. Plus que de vrais personnages, le film nous présente des archéty-pes du monde moderne qu’il va prendre un malin plaisir à pervertir et à détruire pendant tout le reste de son histoire.Ce qui étonne aussi, c’est l’excellente facture technique de l’ensemble, une mise en scène posée et étudiée, qui sait s’affranchir de sa propre charte lorsque le récit l’exige et qui prouve que sa réalisa-trice Coralie Fargeat, en plus de savoir manifestement te-nir une caméra, a réellement pensé son découpage, soigné ses cadrages et y a infusé du sens. Comme tout vrai objet de série B, Revenge propose son vrai discours par sa mise en scène.Si bien entendu, Revenge se pose aujourd’hui en porte-étendard d’un discours fé-ministe revanchard, très en phase avec les derniers scan-dales, limiter le film à cet as-pect serait une énorme erreur puisqu’au fond, il ne parle pas que de cela. Plus que de la revanche d’une femme objéti-sée, violée et humiliée sur une société phallocrate, Reven-ge se pose avant tout comme une charge ultra-violente sur notre société libérale, sur les raisons qui font que ce gen-re d’horreur est possible. Et comme toute bonne oeuvre subversive, le film ne dévoile son vrai visage que dans les détails, au détour de certains plans, d’attitudes de ses per-sonnages ou de morceaux de dialogue bien sentis. Coralie Fargeat nous offre un premier film percutant, passionnant, jouissif et explosif, une très belle promesse pour une car-rière que l’on suivra de très près.

D’après Christophe Foltzer dans Ecran Large

REVENGE

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JUSQU'AU 6/03

Réalisé par Vahid JALILVANDIran 2017 1h44 VOSTFavec Amir Agha’ee, Navid Mohammad-zadeh, Hediyeh Tehrani, Zakiyeh Behba-hani, Alireza Ostadi...Scénario d’Ali Zarnegar et Vahid Jalilvand

Festival de Venise 2017, section « Orizzonti » : Prix du Meilleur réalisateur et du Meilleur acteur pour

Navid Mohammadzadeh

Lorsqu’on apprend à le connaître, film après film, réalisateur après réalisateur, il est toujours étonnant de constater à quel point, dans ce pays que l’on présente comme fermé, frappé par la censure, gangréné par l’obscurantisme religieux, le cinéma iranien est riche et passionnant (on en a eu une nouvelle preuve tout ré-cemment avec le magnifique Un homme intègre). On se dit même que c’est peut-être le cinéma au monde qui produit les plus grandes œuvres morales, voire mé-taphysiques et par là-même universel-les, affrontant des questions auxquelles chaque être humain est confronté tôt ou tard, où qu’il vive sur le globe. Dans Cas de conscience, du nouveau venu Vahid Jalilvand, il est question de responsabi-lité, de culpabilité, de courage face à un

fait grave, un accident apparemment bé-nin qui tourne au drame.Le docteur Ariman est un médecin hospi-talier respecté. Un soir, il rentre tard chez lui en voiture quand, serré de trop près par un conducteur sans gêne, il fait un écart et renverse un scooter transportant toute une famille, un couple et ses deux enfants. Tout le monde semble indemne, même si le jeune Amir, 8 ans, se plaint d’une légère commotion à la tête. Le mé-decin se propose de l’amener à l’hôpi-tal dans sa voiture mais le père refuse. Il semble pressé, fermé, peu enclin à quel-que formalité que ce soit. Après maintes tergiversations, il accepte un petit dé-dommagement en espèces, promettant de faire lui-même un crochet jusqu’à l’hôpital tout proche par sécurité. Mais le Docteur Ariman voit le scooter passer devant la clinique sans s’arrêter...Deux jours après, en prenant son ser-vice à l’institut médico-légal, le docteur aperçoit la famille dans la salle d’attente, sans Amir. Il apprend que l’enfant est dé-cédé dans la nuit. Ariman ne se montre pas, ne va pas voir les parents, ne prend pas le risque de raconter l’accident à ses collègues, pas même à l’expérimen-tée et compréhensive Sayeh, dont il est très proche : c’est elle qui va procéder à l’autopsie. L’examen révèle que la cause du décès est une intoxication alimentaire provoquée par de la viande de poulet ava-

riée que le père désargenté avait achetée à un employé ripou d’un abattoir. Mais Ariman ne parvient pas à se satisfaire de ce diagnostic qui pourtant le dédouane : et si sa collègue, abusée par les symptô-mes dominants de l’intoxication, n’avait pas cherché suffisamment pour pouvoir déceler une lésion cervicale qui aurait précipité la mort du garçon ? Le doute et la culpabilité vont ronger le médecin, d’autant que le malheureux père est du coup tenu responsable par sa femme du décès de leur fils et qu’un engrenage ter-rible va se refermer sur lui.

Dramaturgie haletante, interprétation re-marquable, Cas de conscience est un thriller moral ancré dans un contexte so-cial très réaliste : la misère de la famille du malheureux enfant est décrite sans fard, de même que le système D qui rè-gne en maître et qui nourrit la corruption. On notera le rôle essentiel des femmes : ce sont la collègue du docteur et la mère de l’enfant qui réveillent l’âme et le cou-rage des hommes. Et surtout le réalisa-teur montre à quel point on se grandit à la confrontation des autres, y compris ceux que l’on aurait tendance à sous-estimer. Le docteur Ariman, face à sa lâcheté et ses remords, retrouve un sens à la vie en soutenant celui à qui il craint d’avoir volé le fils, et le face-à-face entre les deux personnages est bouleversant.

CAS DE CONSCIENCE

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DU 7 AU 20/03

Réalisé par Craig GILLESPIEUSA 2017 2h01 VOSTFavec Margot Robbie, Allison Janney, Se-bastian Stan, Paul Walter Hauser, Julian-ne Nicholson...Scénario de Steven Rogers.

Qui se souvient de Tonya Harding ? Bientôt vous ne serez pas près de l’oublier ! Grâ-ce à ce film épatant qui raconte son his-toire si particulière et va vous transporter dans un véritable tourbillon de vie ébou-riffant. L’histoire d’une petite fille qui avait tout pour devenir, qui est même devenue l’espace d’un instant, envers et contre tout, la meilleure patineuse artistique du monde avant de tomber dans la disgrâce et dans l’oubli. Il faut dire que soudoyer une bande de crétins pour aller briser la jambe de sa rivale (Nancy Kerrigan) avant les jeux olympiques de 1994, ce n’était pas très fair play. Mais est-ce bien la vé-rité ? Où est-elle ? Existe-t-il une vérité univoque ? N’est-elle pas plus complexe que les médias l’ont décrété à l’époque ? Remontée dans le temps qui commence façon faux documentaire. Face caméra : interview de la mère Harding. Interview de l’ex-mari Jeff Gillooly. Interview du garde du corps Shawn Eckhardt. Interview de Tonya… Toutes aussi drôles, intrigantes, contradictoires, chacun essayant de re-

dorer son blason. Quatre versions dif-férentes des mêmes faits… Auxquelles viendront s’additionner une cinquième, une sixième… puis celle du FBI, puis une énième interprétation : la vôtre en tant que spectatrice ou spectateur. Toutes aussi crédibles que discutables. C’est une des trouvailles de ce film pêchu : ne jamais rétrécir les pistes de l’enquête. Il nous trimballe simultanément dans chaque ré-cit, juxtapose les témoignages bruts, les anecdotes et laisse chacun se forger son intime conviction. On se pique vite au jeu : Tonya Harding est un sacré personnage ! 1974, Tonya glisse sur une patinoire sous l’œil glaçant et les sarcasmes cruels de sa mère Lavona, qui la bouscule sans ménagement malgré ses quatre ans. Longtemps Tonya n’aura d’autre choix que de subir, d’intégrer que sous les ru-doiements se cache l’amour maternel, qu’ils en sont le témoignage. Lavona se comporte avec tous en véritable peau de vache intrépide, vulgaire. Et c’est évidemment ce qu’elle fait ce jour-là avec la prof de patinage classieuse à la-quelle elle essaie de refourguer la petite. D’abord Diane Rawling refuse : Tonya est trop jeune, mal fagotée, le cours est complet… Mais Lavona ne cède pas et fait patiner sa fille devant ce beau mon-de, cette classe sociale qui n’est pas la leur. Est-ce la technique de la fillette qui fait fléchir la volonté de Diane ? Ou un

élan de commisération envers ce bout de chou pour lequel le patinage sera « le seul moyen de se sortir du ruisseau » ? Commence alors un parcours plein de suspens et de revers de médailles en-tre le coach et l’enfant indomptable qui devra apprendre à se policer, à sacrifier tout ce qui n’a pas trait à sa passion. Un véritable combat à coups de patins, pendant des années, pour faire par-tie de l’équipe nationale, se sortir de sa condition, mais surtout gagner l’estime d’elle-même, refuser la voix de sa mère dans sa tête qui lui serine qu’elle n’est « qu’une bonne à rien qui patine comme une grosse gouine ». Ni les pirouettes, ni les sauts, ni les révérences ne suffiront à la faire taire, cette voix. Il lui faudra at-teindre l’excellence, réussir ce qu’aucune patineuse n’a jamais réussi. Mais Tonya aura beau devenir la meilleure, quelque chose au dessus d’elle planera toujours, comme une sorte de plafond de verre. Moi, Tonya est une véritable tragédie contemporaine, d’une énergie folle, qui égratigne plus sûrement le rêve améri-cain qu’une lame la glace. Son rythme trépidant, aussi agité que la vie de son héroïne, tient en haleine de bout en bout. L’ambiance des entraînements et des compétitions – les scènes de patinage sont époustouflantes – est reconstituée avec une précision bluffante. Les scènes de la vie quotidienne de Tonya, ses rela-tions houleuses avec un mari immature et violent, sont tout aussi riches et crédi-bles, tous les acteurs sont formidables. L’analyse est fine et lève le voile sur les dessous peu glorieux d’un sport de haut niveau et d’une société qui exigent des athlètes non seulement d’être les meilleu-res mais en plus de représenter l’éternel féminin désirable, docile et bien élevé…

MOI, TONYA

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JUSQU'AU 4/03

Réalisé par Anthony CORDIERFrance 2017 1h45avec Marina Foïs, Felix Moati, Laetitia Dosch, Guillaume Gouix, Christa Theret, Johan Heldenbergh, Elodie Bouchez...Scénario d’Anthony Cordier, avec la collaboration de Julie Peyr et Nathalie Najem

« Le tigre est dans l’espace ce que la sexualité est dans le temps ». Georges Bataille

Voici une douce et tendre comédie senti-mentale décalée, à l’univers étonnant, et dont l’intrigue qui confine au conte, diva-gue là où on ne l’attend pas. Ça commen-ce par une rencontre inattendue : nous sommes quelque part dans le Limousin, au petit matin ; au-dessus d’un pont qui surplombe une voie ferrée, un étrange groupe semble se préparer... à on ne sait quoi. Ils sont rejoints par Laura, une jeune femme attirée par les croissants et le café chaud préparés pour l’occasion. Puis tout le monde descend vers les rails et s’y en-chaîne ! On ne saura pas vraiment quelles sont les motivations de ces gens, peut-être sont-ils des activistes qui tentent d’entraver l’avancée d’un de ces convois de déchets nucléaires qui traversent la France en toute discrétion... Et puis arrive une micheline hors du temps, avec quel-ques passagers à son bord. Parmi eux Gaspard, qui voit Laura à deux doigts de tourner de l’oeil et qui descend du train pour la détacher. La voilà, cette rencon-tre improbable qui va être déterminante. Gaspard a décidé de retourner dans le cocon familial à l’occasion du remariage de son père et, craignant un peu ces re-trouvailles, il propose à Laura – qui n’est pas à un acte incongru près – de se faire passer pour sa petite amie contre quel-ques billets. Mais l’étrangeté de la situa-tion ne va pas s’arrêter là : toute la famille s’occupe en fait d’un immense zoo sur

le déclin, en passe peut-être de devoir être vendu, au milieu duquel est érigé un grand manoir victorien. On apprend que le mariage est remis en question du fait de l’infidélité patente du père fantasque, et par-dessus le marché Gaspard semble avoir une affection très ambiguë pour sa jeune sœur Coline, qui se prend pour un ours et erre dans la campagne revêtue d’une fourrure !Anthony Cordier a été inspiré par l’histoire incroyable mais vraie de Claude Caillé, fondateur du zoo de la Palmyre, person-nage fantasque et autodidacte qui fit vivre sa famille en totale symbiose avec les ani-maux de son zoo. Le charme indéniable de Gaspard va au mariage tient autant à l’atmosphère étrange générée par le zoo, qui introduit une ambiance de conte en-fantin et volontiers décalé, qu’à la singu-larité des personnages incarnés par des acteurs particulièrement bien choisis : poésie surréaliste très belge de Johan Heldenberg, découvert en France dans Alabama Monroe, pour incarner ce père à la fois adorable et irresponsable qui court les filles et prend des bains de poissons suceurs dans son sous-sol ; beauté trou-blante de Christa Theret, en adulescente qui refuse de quitter le monde de l’uto-pie enfantine du zoo familial et joue sur le trouble qu’elle génère chez son frère ; géniale folie douce de Laetitia Dosch pour jouer Laura, cette jeune femme libre qui se débat avec ses contradictions comme dans le récent et excellent Jeune femme.Au-delà de son originalité et de son hu-mour poétique, Gaspard va au mariage évoque des thèmes profonds et essen-tiels : l’amour et l’interdépendance des membres d’une famille dysfonctionnelle, le rapport troublant de l’homme à l’ani-mal fait de tendresse et de mort... Avec ce conte drolatique à la lisière parfois du fantastique, le méconnu Anthony Cordier (déjà auteur de deux films intrigants : Dou-che froide en 2005 et Happy few en 2010) prouve la singularité de sa patte.

GASPARD VA AU MARIAGE

Mle maudit

3 SÉANCES LES 24, 25 ET 30/03Réalisé par Fritz LangAllemagne 1931 1h50 VOSTFAvec Peter Lorre, Ellen Widmann, Otto Wernicke, Gustaf Gründgens...

Version restaurée.

« Toujours, je dois aller par les rues, et toujours je sens qu'il y a quelqu'un derrière moi. Et c'est moi-même ! […] quelquefois c'est pour moi comme si je courais moi-même derrière moi ! Je veux me fuir moi-même mais je n'y ar-rive pas ! Je ne peux pas m'échapper ! […] quand je fais ça, je ne sais plus rien… Ensuite je me retrouve devant une affiche et je lis ce que j'ai fait, et je lis. J'ai fait cela ? »

Une voix d'enfant égrène une comp-tine sur l'écran encore noir. Une ombre menaçante se penche sur une petite fille à la sortie de l'école. Une rengaine sifflée, obsédante, le visage du meur-trier à travers une vitrine, une course-poursuite haletante entre la pègre et la police pour retrouver M, un procès hallucinant : chaque image, chaque plan, chaque scène de ce premier film parlant de Fritz Lang est inoubliable. Maîtrisant d'emblée tous les éléments sonores, choisissant un réalisme social qu'il habille encore de quelques allu-sions expressionnistes, le cinéaste ne raconte pas simplement l'histoire d'un sadique dont les meurtres mettent en émoi une ville entière, mais réalise une métaphore impressionnante sur l'Alle-magne en crise du début des années 30. Au chômage, à la montée du na-zisme répondent la soupe populaire, la cohorte de mendiants au service d'une pègre organisée, sans scrupules et ef-ficace, et l'impuissance du pouvoir en place. La nuit s'étend sur la ville en même temps que la traque se resserre. La mise en scène, d'une intelligence admirable, servie par un Peter Lorre torturé, fascinant et pathétique, colle au plus près des attitudes, des émo-tions, pour laisser le spectateur pante-lant… face à lui-même. « Lang est le cinéma », disait Godard. Aucun doute là-dessus.

(Gérard Camy, Télérama)

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5 salles à Saint-Ouen l’Aumône: 5 lignes en blanc dans la grille1 salle à Pontoise:

1 ligne colorée dans la grilleATTENTION : l’heure indiquée est celle du

début du film. (D)= dernière projection

TOUS LES FILMS:

3 Billboards, les panneaux de la vengeance

Jusqu'au 2/04120 battements par minute

Du 3 au 21/03America

Du 14 au 27/03L'amour et la révolution

Séance unique + rencontre le 22/03L'apparition

Jusqu'au 13/03Après l'ombre

Avt-1ère + débat le 20/03Au revoir là-hautDu 3 au 24/03

La belle et la belleDu 14/03 au 3/04

Les bonnes manièresDu 21/03 au 3/04

Call me by your nameDu 28/02 au 27/03Cas de conscience

Jusqu'au 6/03Des figues en avril

Avt-1ère petit déj + rencontre le 25/03La fête est finie

Du 28/02 au 20/03La forme de l'eauJusqu'au 3/04

Gaspard va au mariageJusqu'au 4/03Il figlio, ManuelDu 7 au 20/03

Jusqu'à la gardeJusqu'au 6/03

Lady birdDu 28/02 au 20/03Lignes de vignes

Séance unique + rencontre le 3/04Mektoub my love (canto uno)

À partir du 21/03M, le maudit

3 séances les 24, 25 et 30/03Moi, Tonya

Du 7 au 20/03Mulholland Drive

Séance unique + expo + repasLe 15/03

Ni juge ni soumiseDu 28/02 au 20/03

Ouaga irlsDu 16 (soirée rencontre) au 20/03

L'ordre des chosesDu 28/03 au 3/04

Petit paysanDu 7 au 13/03

Phantom threadJusqu'au 1er/04Pentagon papersDu 21/03 au 3/04

La PrièreDu 21/03 au 3/04

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LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -16 ANS C’EST 4 EUROS

14h15 16h45 18h30 20h50 Call me by your na… CRO MAN La FORME de l'EAU LADY BIRD

14h30 16h30 18h30 20h40 LADY BIRD 3 BILLBOARDS Cas de conscience GASPARD VA AU… 14h30 17h00 18h10 20h45 Call me by your na… CONTES SUR MOI! L'APPARITION LA FÊTE EST FINIE 14h15 15h50 16h45 18h40 20h30 AGATHA… Rita & Cro… Jusqu'à la garde LADY BIRD Call me by your na… 14h20 16h40 18h30 20h30 La FORME de l'EAU LA FÊTE EST FINIE Ni juge ni soumise Phantom thread 14h15 16h20 18h10 20h40 Mary et la fleur de… CRO MAN Call me by your na… La FORME de l'EAU

14h30 16h20 18h20 20h45 CRO MAN Le voyage de Ricky La FORME de l'EAU LADY BIRD

14h20 16h10 18h45 20h40 LA FÊTE EST FINIE L'APPARITION Jusqu'à la garde Cas de conscience 14h10 16h30 19h00 20h50 La FORME de l'EAU Call me by your na… LA FÊTE EST FINIE Ni juge ni soumise 14h15 16h15 18h10 20h30 Mary et la fleur de… LADY BIRD La FORME de l'EAU Call me by your na… 14h10 15h50 16h45 18h20 20h45 voyage de Ricky Rita & Cro… AGATHA… Phantom thread LADY BIRD 14h15 16h00 17h00 18h45 20h45 CRO MAN Contes sur moi! CRO MAN GASPARD VA AU… La FORME de l'EAU

14h30 16h30 18h40 20h40 22h30GASPARD VA AU… LA FÊTE EST FINIE Cas de conscience LA FÊTE EST FINIE Cas de conscience14h30 17h00 18h40 20h40 22h40Call me by your na… CONTES SUR MOI! Jusqu'à la garde Ni juge ni soumise La FORME de l'EAU14h15 15h50 16h45 18h30 20h45 22h30AGATHA… Rita & Cro… voyage de Ricky 3 BILLBOARDS LADY BIRD Phantom thread14h20 16h40 18h30 21h00 La FORME de l'EAU LADY BIRD Call me by your na… L'APPARITION 14h15 16h00 18h10 20h30 22h45CRO MAN Mary et la fleur de… La FORME de l'EAU La FORME de l'EAU LADY BIRD

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14h10 16h00 16h50 18h40 20h30 22h45LADY BIRD Rita & Cro… jusqu'à la garde LA FÊTE EST FINIE Phantom thread Cas de conscience14h15 16h45 18h50 21h00 22h45Call me by your na… Cas de conscience GASPARD VA AU… LADY BIRD LA FÊTE EST FINIE14h10 15h45 16h40 18h20 21h00 Agatha Contes sur moi voyage de Ricky L'APPARITION 120 battements par minute 14h20 16h45 18h45 21h00 La FORME de l'EAU Ni juge ni soumise 3 BILLBOARDS Call me by your name 14h15 16h20 18h10 20h30 22h40Mary et la fleur de… CRO MAN La FORME de l'EAU AU REVOIR LÀ-H… LADY BIRD

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16h10 18h20 20h30 Cas de conscience 3 BILLBOARDS L'APPARITION 16h10 18h30 (D) 20h40 LA FÊTE EST FINIE Cas de conscience Phantom thread 14h00 16h00 18h40 20h30 LADY BIRD 120 battements p… LADY BIRD Call me by your na… 14h00 18h20 20h40 La FORME de l'EAU La FORME de l'EAU La FORME de l'EAU 16h00 18h30 20h40 Call me by your na… Ni juge ni soumise AU REVOIR LÀ-H…

18h40 20h40 (D) LA FÊTE EST FINIE Jusqu'à la garde

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LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -16 ANS C’EST 4 EUROS

14h30 16h50 18h45 20h45 AU REVOIR LÀ-H… LADY BIRD Ni juge ni soumise La FORME de l'EAU

14h30 17h00 18h10 20h45 Call me by your na… CONTES SUR MOI! L'APPARITION LA FÊTE EST FINIE 14h30 16h30 18h30 Luis Bunuel 20h30 IL FIGLIO MANUEL LA FÊTE EST FINIE Le journal d'une fe… IL FIGLIO MANUEL 14h20 16h20 18h15 20h30 Mary et la fleur de… LADY BIRD MOI, TONYA 3 BILLBOARDS 14h15 16h30 18h20 20h45 AU REVOIR LÀ-H… PETIT PAYSAN Phantom thread Ni juge ni soumise 14h15 16h00 18h20 20h40 CRO MAN La FORME de l'EAU La FORME de l'EAU LADY BIRD

18h15 20h45 Call me by your na… La FORME de l'EAU

16h10 Luis Bunuel 18h30 20h30 BELLE DE JOUR Ni juge ni soumise Call me by your na… 16h10 18h40 20h40 Call me by your na… IL FIGLIO MANUEL MOI, TONYA 14h00 16h00 18h30 20h40 LADY BIRD Phantom thread PETIT PAYSAN La FORME de l'EAU 14h00 16h00 18h40 20h30 IL FIGLIO MANUEL L'APPARITION LA FÊTE EST FINIE 120 battements p… 16h00 18h20 20h30 soirée débat La FORME de l'EAU LADY BIRD UN HOMME EST MORT

16h10 18h20 20h40 22h30 IL FIGLIO MANUEL MOI, TONYA IL FIGLIO MANUEL MOI, TONYA14h00 16h00 18h40 Luis Bunuel 20h40 22h30Ni juge ni soumise 120 battements p… LA VOIE LACTÉE LA FÊTE EST FINIE Call me by your name 18h20 21h00 L'APPARITION Phantom thread 14h00 16h00 18h30 21h00 22h40LA FÊTE EST FINIE 3 BILLBOARDS Call me by your na… PETIT PAYSAN La FORME de l'EAU 18h15 20h30 22h45 AU REVOIR LÀ-H… La FORME de l'EAU LADY BIRD

18h20 20h45 La FORME de l'EAU LADY BIRD

14h20 16h40 Luis Bunuel 18h30 20h30 22h40MOI, TONYA TRISTANA IL FIGLIO MANUEL MOI, TONYA IL FIGLIO MANUEL14h40 16h30 19h00 21h00 LA FÊTE EST FINIE Call me by your na… LA FÊTE EST FINIE L'APPARITION 14h30 16h20 18h30 20h30 22h40CRO MAN Mary et la fleur de… Ni juge ni soumise AU REVOIR LÀ-H… La FORME de l'EAU14h20 16h20 18h15 21h00 22h45LADY BIRD PETIT PAYSAN 120 battements p… LADY BIRD Ni juge ni soumise14h30 16h50 18h00 20h30 22h45La FORME de l'EAU CONTES SUR MOI! La FORME de l'EAU La FORME de l'EAU 3 BILLBOARDS

18h30 21h00 Phantom thread Call me by your na…

16h10 18h30 20h40 Luis Bunuel Ni juge ni soumise LA FÊTE EST FINIE Cet obscur objet d… 16h00 18h30 20h45 Phantom thread MOI, TONYA LADY BIRD 14h00 18h20 20h30 La FORME de l'EAU 3 BILLBOARDS Call me by your na… 14h00 16h00 18h40 (D) 20h30 IL FIGLIO MANUEL Call me by your na… PETIT PAYSAN 120 battements p… 16h10 18h20 20h40 LADY BIRD La FORME de l'EAU La FORME de l'EAU

18h30 20h30 (D) IL FIGLIO MANUEL L'APPARITION

14h30 16h45 18h40 20h30 Luis Bunuel MOI, TONYA IL FIGLIO MANUEL LA FÊTE EST FINIE Le charme discret… 14h30 16h20 18h20 20h40 LA FÊTE EST FINIE Mary et la fleur de… MOI, TONYA IL FIGLIO MANUEL 14h15 16h00 18h30 20h50 PETIT PAYSAN Call me by your na… Phantom thread 3 BILLBOARDS 14h20 17h00 (D) 18h00 20h40 L'APPARITION CONTES SUR MOI! 120 battements p… Call me by your na… 14h20 16h10 18h30 20h50 CRO MAN La FORME de l'EAU La FORME de l'EAU LADY BIRD

16h00 18h30 Luis Bunuel 20h40 MOI, TONYA Le fantôme de la li… IL FIGLIO MANUEL 16h10 18h15 20h45 LA FÊTE EST FINIE Call me by your na… LA FÊTE EST FINIE 14h00 18h15 20h30 Call me by your na… AU REVOIR LÀ-H… Phantom thread 14h00 16h10 18h10 20h45 LADY BIRD PETIT PAYSAN L'APPARITION Ni juge ni soumise 16h00 18h30 20h30 La FORME de l'EAU LADY BIRD La FORME de l'EAU

RazziaDu 14 au 27/03

Le retour du hérosDu 14/03 au 3/04

RevengeDu 22/03 au 3/04

Tesnota, une vie à l'étroitDu 21 au 27/03

La tête à l'enversÀ partir du 28/03

The RiderDu 28/03 au 10/04

ToscaOpéra le 22/03

Un homme est mortSéance unique + rencontre le 8/03

Un jour ça iraDu 29/03 ( soirée débat ) au 3/04

Vent du nordÀ partir du 28/03

RÉTROSPECTIVE LUIS BUNUELDU 7/03 AU 3/04

•Le journal d'une femme de chambre•Belle de jour

•La voie lactée•Tristana

•Le charme discret de la bourgeoisie•Le fantôme de la liberté

•Cet obscur objet du désir

FESTIVAL IMAGE PAR IMAGEDu 10 février au 4 mars

Les 4 saisons de LéonÉpisodes 3&4 le 4/03 + rencontre

+ La caravane ensorceléeKirikou et la sorcièrele 24/02 + rencontre

Robinson et compagnieCiné-goûter + rencontre le 27/02

Un homme est mortSéance unique + rencontre le 8/03

LE COIN DES ENFANTS

Agatha, ma voisine détectiveJusqu'au 4/03

Belle et Sébastien 3Du 21/03 au 2/04Contes sur moi !Jusqu'au 11/03

Croc BlancAvt-1ère petit déj le 25/03 et à

partir du 28/03Cro Man

Jusqu'au 18/03L'étrange forêt de Bert et Joséphine

Du 14/03 au 2/04Mary et la fleur de la sorcière

Jusqu'au 24/03Rita et CrocodileJusqu'au 4/03

Le voyage de RickyJusqu'au 4/03

TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen

Page 29: La Forme de l'Eauson Labyrinthe de Pan. Le dispositif est d’ailleurs similaire : introduire dans un contexte historique tendu (l’Espagne au début du franquisme dans Le Labyrinthe,

14h30 16h20 18h40 20h40 Le retour du héros La FORME de l'EAU La belle et la belle AMERICA

16h10 18h30 20h20 22h40 AMERICA LA FÊTE EST FINIE Phantom thread IL FIGLIO MANUEL 16h00 18h40 20h40 Luis Bunuel 22h30 Call me by your na… IL FIGLIO MANUEL TRISTANA RAZZIA14h00 16h00 18h20 21h00 22h45La belle et la belle Ni juge ni soumise 120 battements p… LADY BIRD 3 BILLBOARDS14h00 18h30 20h50 22h30MOI, TONYA La FORME de l'EAU AMERICA La FORME de l'EAU 16h10 18h20 20h30 soirée débat Le retour du héros La belle et la belle OUAGA GIRLS

18h20 20h45 RAZZIA Le retour du héros

14h15 16h30 18h15 Luis Bunuel 20h20 22h45RAZZIA LA FÊTE EST FINIE Le charme discret… Call me by your na… IL FIGLIO MANUEL14h20 16h00 18h30 20h20 22h30OUAGA GIRLS Phantom thread AMERICA RAZZIA MOI, TONYA14h15 16h30 18h30 20h30 22h45MOI, TONYA La belle et la belle Ni juge ni soumise La FORME de l'EAU Ni juge ni soumise14h20 16h20 18h15 20h30 22h40Mary et la fleur de… IL FIGLIO MANUEL 3 BILLBOARDS AU REVOIR LÀ-H… AMERICA14h15 16h00 17h00 18h45 20h45 22h30Le retour du héros L'étrange forêt de… CRO MAN Lady BIRD Le retour du héros LADY BIRD

18h15 21h00 120 battements p… La belle et la belle

14h15 16h10 17h10 18h50 20h40 IL FIGLIO MANUEL L'étrange forêt d… AMERICA Lady BIRD RAZZIA 14h15 16h30 19h00 20h50 Luis Bunuel RAZZIA Phantom thread LA FÊTE EST FINIE Le fantôme de la li… 14h20 (D) 16h10 18h50 20h45 CRO MAN 120 battements p… Ni juge ni soumise MOI, TONYA 14h10 16h40 18h40 20h50 Call me by your na… Mary et la fleur de… 3 BILLBOARDS OUAGA GIRLS 14h20 16h40 18h40 20h30 AU REVOIR LÀ-H… La belle et la belle Le retour du héros La FORME de l'EAU

16h10 Luis Bunuel 18h15 20h45 Cet obscur objet d… Call me by your na… LA FÊTE EST FINIE 16h00 18h30 20h30 RAZZIA IL FIGLIO MANUEL RAZZIA 14h00 16h00 18h30 20h30 La belle et la belle LADY BIRD La belle et la belle MOI, TONYA 14h00 18h40 20h40 Phantom thread Ni juge ni soumise AMERICA 16h10 18h40 20h40 La FORME de l'EAU Le retour du héros LADY BIRD

18h30 20h45 (D) RAZZIA IL FIGLIO MANUEL 16h10 Luis Bunuel 18h45 (D) 20h30 Le journal d'une fe… OUAGA GIRLS Phantom thread 14h00 16h00 18h40 (D) 20h40 Le retour du héros Call me by your na… LADY BIRD La belle et la belle 14h00 16h00 18h40 (D) 20h40 IL FIGLIO MANUEL AMERICA LA FÊTE EST FINIE La FORME de l'EAU 16h10 18h30 20h30 soirée débat La belle et la belle AMERICA APRÈS L'OMBRE

18h20 (D) 20h40 (D) MOI, TONYA Ni juge ni soumise

14h40 16h30 18h30 Luis Bunuel 20h40 AMERICA IL FIGLIO MANUEL BELLE DE JOUR IL FIGLIO MANUEL 14h30 16h50 18h15 20h45 RAZZIA L'étrange forêt de… Call me by your na… AMERICA 14h30 16h20 18h20 20h30 Le retour du héros Mary et la fleur de… LADY BIRD MOI, TONYA 14h20 16h15 18h30 20h30 La belle et la belle AU REVOIR LÀ-H… Ni juge ni soumise RAZZIA 14h20 16h15 18h15 20h40 CRO MAN LA FÊTE EST FINIE La FORME de l'EAU Le retour du héros

18h15 20h45 Phantom thread La belle et la belle

16h10 18h40 20h45 LADY BIRD IL FIGLIO MANUEL LA FÊTE EST FINIE 16h00 Luis Bunuel 18h20 20h40 LA VOIE LACTÉE RAZZIA Ni juge ni soumise 14h00 18h20 20h40 RAZZIA MOI, TONYA La FORME de l'EAU 14h00 16h00 18h30 20h30 AMERICA La belle et la belle La belle et la belle Call me by your na… 16h10 18h30 20h30 séance unique Le retour du héros AMERICA MULHOLLAND DRIVE

LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -16 ANS C’EST 4 EUROS

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14h40 17h15 20h30 Phantom thread Mektoub my love les bonnes manières

16h10 Luis Bunuel 18h10 20h20 22h45 Le charme discret… 3 BILLBOARDS Call me by your na… REVENGE 16h00 18h15 20h30 22h40 RAZZIA TESNOTA RAZZIA AMERICA14h00 19h20 21h00 22h40Mektoub my love AMERICA Le retour du héros La FORME de l'EAU14h00 16h00 18h30 21h00 La belle et la belle Phantom thread les bonnes manières Mektoub my love 16h10 18h10 20h30 22h30 LA PRIÈRE La FORME de l'EAU LA PRIÈRE les bonnes manières

18h30 20h45 Pentagon papers La belle et la belle

14h15 16h30 Luis Bunuel 18h30 20h40 22h40TESNOTA Le fantôme de la li… M LE MAUDIT LA PRIÈRE TESNOTA14h10 (D) 16h10 18h40 20h20 22h45Mary et la fleur de… les bonnes manières AMERICA les bonnes manières AMERICA14h10 17h15 18h15 20h30 22h45Mektoub my love L'étrange forêt de… Pentagon papers La FORME de l'EAU REVENGE14h20 16h15 18h20 (D) 20h40 22h30La belle et la belle LA PRIÈRE AU REVOIR LÀ-H… La belle et la belle RAZZIA14h15 16h30 18h30 21h00 22h40RAZZIA Belle & Sébastien 3 Phantom thread Le retour du héros 3 BILLBOARDS

18h20 21h00 Call me by your na… Mektoub my love

14h15 16h20 18h50 Luis Bunuel 20h50 LA PRIÈRE les bonnes manières Cet obscur objet d… M LE MAUDIT11h00 p'tit déj. 14h20 16h00 18h30 20h45CROC-BLANC AMERICA Call me by your na… RAZZIA TESNOTA(avant-1ère) 14h15 17h20 18h20 20h30 Mektoub my love L'étrange forêt de… La belle et la belle REVENGE11h00 p'tit déj. 14h20 16h15 18h30 20h40Des figues en avril La belle et la belle Pentagon papers LA PRIÈRE 3 BILLBOARDS(avant-1ère) 14h30 16h30 18h20 20h40 Belle & Sébastien 3 Le retour du héros La FORME de l'EAU AMERICA

16h00 18h15 20h45 Luis Bunuel RAZZIA les bonnes manières Le journal d'une fe… 16h10 18h20 20h30 REVENGE Pentagon papers TESNOTA 14h00 17h45 20h50 Mektoub my love Mektoub my love AMERICA 14h00 16h00 18h30 20h30 Le retour du héros Call me by your na… La belle et la belle RAZZIA 16h10 18h20 20h40 LA PRIÈRE La FORME de l'EAU LA PRIÈRE

16h00 18h40 20h45 les bonnes manières LA PRIÈRE REVENGE 16h10 18h30 Luis Bunuel 20h30 TESNOTA BELLE DE JOUR les bonnes manières 14h00 16h00 19h10 (D) 20h50 LA PRIÈRE Mektoub my love AMERICA La belle et la belle 14h00 16h10 18h20 (D) 20h40 (D) Pentagon papers La belle et la belle RAZZIA Call me by your na… 18h30 20h20 Le retour du héros Mektoub my love

18h20 (D) 20h40 TESNOTA La FORME de l'EAU

14h20 16h30 18h30 20h45 LA PRIÈRE La belle et la belle TESNOTA AMERICA 14h20 16h50 18h30 20h45 Luis Bunuel les bonnes manières AMERICA RAZZIA LA VOIE LACTÉE 14h15 17h20 18h20 20h50 Mektoub my love L'étrange forêt de… Call me by your na… La belle et la belle 14h15 (D) 18h20 20h30 120 battements p… Pentagon papers les bonnes manières 14h30 16h30 18h40 20h30 Belle & Sébastien 3 Mary et la fleur de… Le retour du héros Mektoub my love

18h20 20h40 La FORME de l'EAU LA PRIÈRE

16h10 18h40 Luis Bunuel 20h40 Call me by your na… TRISTANA TESNOTA 16h00 18h15 20h45 RAZZIA les bonnes manières REVENGE 14h00 16h00 19h10 20h50 LA PRIÈRE Mektoub my love AMERICA La FORME de l'EAU 14h00 18h20 20h30 les bonnes manières LA PRIÈRE Mektoub my love 16h10 18h20 20h30 soirée débat Le retour du héros La belle et la belle L'AMOUR ET LA RÉVOLUTION

20h00 Opéra TOSCA

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Bienvenue aux titulaires du Pass-Campus!

Le Cinéma Utopia propose la place à 3,50 € aux étu-diants titulaires du Pass

Campus.

De quoi s’agit-il ?Pour 5€ par an, ce dispositif permet d’ob-tenir des tarifs préférentiels dans les lieux culturels, sportifs et de loisirs de Cergy-Pontoise, ex : piscine à 1€, -25 % sur des activités de l’île de loisirs…Inscription au Centre Information Jeunes-se du Val d’Oise, à Cergy

Plus d’informations: Centre Information Jeunesse 95

1 place des arts - 95000 Cergy 01 34 41 67 67 - cij.valsoise.fr

facebook.com/cij95/ twitter.com/cijvaldoise

SEMAINE DE LA JEUNESSE

À SAINT-OUEN L’AUMÔNE :

DU 21 AU 24 MARS(pour les jeunes de Saint-Ouen)

avec OLA (Office Local d’Anima-

tion). Des places de cinéma à

1,50 EUROS

Renseignez-vous au 01 34 64 05 16

pour les points de prévente des billets.

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14h40 16h30 18h30 20h45 CROC-BLANC Le retour du héros LA PRIÈRE La FORME de l'EAU

16h10 L. Bunuel (D) 18h30 20h30 22h40 Le fantôme de la li… THE RIDER L'ordre des choses THE RIDER 16h10 18h15 (D) 20h20 22h45 UN JOUR CA IRA M LE MAUDIT les bonnes manières VENT DU NORD14h00 18h20 20h40 22h30La tête à l'envers La FORME de l'EAU La belle et la belle La FORME de l'EAU14h00 16h00 18h30 20h40 22h45LA PRIÈRE les bonnes manières Pentagon papers LA PRIÈRE REVENGE 16h00 19h10 21h00 22h40 Mektoub my love VENT DU NORD Le retour du héros 3 BILLBOARDS

18h30 20h40 La tête à l'envers Mektoub my love

14h15 16h45 L. Bunuel (D) 18h45 20h50 22h30Phantom thread Cet obscur objet d… La tête à l'envers VENT DU NORD les bonnes manières14h20 16h20 18h30 20h40 22h45THE RIDER L'ordre des choses THE RIDER 3 BILLBOARDS UN JOUR CA IRA14h30 16h10 17h50 21h00 CROC-BLANC CROC-BLANC Mektoub my love Mektoub my love 14h20 16h30 18h20 20h30 22h40LA PRIÈRE VENT DU NORD LA PRIÈRE Pentagon papers La tête à l'envers14h40 16h40 18h30 20h30 22h45Belle & Sébastien 3 Le retour du héros La belle et la belle La FORME de l'EAU REVENGE

18h20 21h00 les bonnes manières Le retour du héros

14h20 16h30 L. Bunuel (D) 18h30 20h45 THE RIDER Le journal d'une fe… L'ordre des choses La tête à l'envers 14h20 16h20 (D) 18h45 20h45 La tête à l'envers Phantom thread THE RIDER les bonnes manières 14h15 16h20 18h40 20h30 LA PRIÈRE La FORME de l'EAU VENT DU NORD La belle et la belle 14h30 16h15 17h20 20h30 VENT DU NORD L'étrange forêt de… Mektoub my love Mektoub my love 14h30 16h30 18h20 20h40 Belle & Sébastien 3 CROC-BLANC Pentagon papers Le retour du héros

14h15 16h20 18h50 20h50 L. Bunuel (D) LA PRIÈRE les bonnes manières THE RIDER BELLE DE JOUR 14h15 17h20 (D) 18h30 20h40 Mektoub my love L'étrange forêt de… La tête à l'envers L'ordre des choses 14h30 16h20 (D) 18h15 20h30 Le retour du héros Belle & Sébastien 3 Pentagon papers les bonnes manières 14h30 (D) 16h40 18h40 20h30 3 BILLBOARDS La belle et la belle VENT DU NORD La FORME de l'EAU 14h20 16h00 17h40 20h45 CROC-BLANC CROC-BLANC Mektoub my love REVENGE

16h10 L. Bunuel (D) 18h30 (D) 20h40 LA VOIE LACTÉE REVENGE VENT DU NORD 18h40 20h40 (D) THE RIDER LA PRIÈRE 14h00 16h00 (D) 18h15 (D) 20h45 (D) VENT DU NORD Pentagon papers les bonnes manières La FORME de l'EAU 14h00 16h00 18h30 20h30 La tête à l'envers LA PRIÈRE La tête à l'envers Mektoub my love 16h10 (D) 18h20 (D) 20h30 soirée débat Le retour du héros UN JOUR CA IRA LIGNES DE VIGNES

18h30 (D) 20h45 (D) L'ordre des choses La belle et la belle

14h15 17h20 18h30 20h40 Mektoub my love L'étrange forêt de… L'ordre des choses THE RIDER 14h30 16h30 18h30 L. Bunuel (D) 20h30 La tête à l'envers THE RIDER TRISTANA La tête à l'envers 14h20 16h10 18h40 20h30 VENT DU NORD les bonnes manières Le retour du héros les bonnes manières 14h30 16h30 18h40 20h45 Belle & Sébastien 3 LA PRIÈRE REVENGE VENT DU NORD 14h20 16h00 17h40 20h45 CROC-BLANC CROC-BLANC Mektoub my love LA PRIÈRE

18h40 20h40 La belle et la belle Pentagon papers

16h00 18h30 L. Bunuel (D) 20h40 La tête à l'envers Le charme discret… La tête à l'envers 16h00 18h40 20h45 L'ordre des choses THE RIDER REVENGE 14h00 18h20 20h30 Mektoub my love LA PRIÈRE Mektoub my love 14h00 16h10 18h15 20h45 THE RIDER VENT DU NORD les bonnes manières La FORME de l'EAU 16h10 18h30 20h30 soirée débat La belle et la belle VENT DU NORD UN JOUR CA IRA

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«couleurs de plume»

Ecrire pour le plaisir au moyen de jeux d’écriture et de contraintes

littérairesLibérer son imagination et sa créa-

tivité en jouant avec les mots

les jeudis 8-15-29 mars 2018de 9h30 à 11h30

à la Maison des Associations,Salle Prune, place du Petit Martroy

à Pontoise

Le samedi10 mars

de 14h30 à 16h30au Stella café d’Utopia

à Saint-Ouen-l’Aumône15 euros l’atelier

Chaque séance est indépendante.contact :

[email protected]

Page 32: La Forme de l'Eauson Labyrinthe de Pan. Le dispositif est d’ailleurs similaire : introduire dans un contexte historique tendu (l’Espagne au début du franquisme dans Le Labyrinthe,

rITA ET CrOCODILEJUSQU'AU 4/03Réalisé par Siri MELCHIORfilm d'animation Danemark 2015 40mn VF

À PARTIR DE 2/3 ANS TARIF UNIQUE 3,50 EUROS

Rita, une petite fille de 4 ans au caractère bien trempé, a un meilleur ami qui n'est pas du tout un meilleur ami ordinaire puisque c'est Crocodile, qui vit dans une baignoire et qui ne pense qu'à manger comme tout crocodile qui se respecte. Mais ça ne l'empêche pas d'être très gentil ! Ensemble ils vont découvrir le monde environnant et c'est très marrant et très tendre à la fois. Bref très chouette (bien qu'il n'y ait aucun hibou dans le film).

Au zoo : Aujourd’hui Rita veut aller au zoo. Cro-codile va vouloir se mélanger avec ses congénères. Comment faire pour le re-connaître ?À la belle étoile : Rita et Crocodile partent camper à la montagne. À la nuit tombée, les ombres, les bruits, les craquements leur flanquent un peu la trouille…À la pêche :Rita veut apprendre à pêcher à Croco-dile. Mais une fois au lac, c’est Crocodile qui attrape tous les poissons !Les Myrtilles : C’est la saison des myrtilles. Crocodile en mange plus qu’il n’en cueille alors Rita doit le surveiller…Le Hérisson : Rita voudrait bien un animal de compa-gnie et il y a un hérisson dans le jardin de sa grand-mère. Un hérisson peut-il deve-nir son compagnon ? La Luge : La neige tombe : Rita est tout excitée et sort faire de la luge avec Crocodile. Son copain Boris les défie à la course mais il gagne tout le temps, c'est râlant !Au ski :Crocodile n’a jamais fait de ski, alors Rita qui est la « meilleure skieuse du monde » lui apprend. Mais très vite l'élève sur-passe le maître… La Nuit : Qui vit dans la Lune, dans les étoiles ? Peut-être qu’il existe un Crocodile de l’espace et une Rita de l’espace ?

LE VOYAGE DE rICKY

JUSQU'AU 4/03

Film d'animation réalisé par Toby GENKEL et Reza MEMARI

2017 Allemagne, Belgique, Norvège 1h24 VF

Pour toute la famille à partir de 5 ans

Ricky est un petit moineau orphelin, recueilli à peine sorti de son œuf par une famille (enfin surtout une maman) cigogne. Elevé avec amour par cette noble petite tribu, il est donc convaincu qu'il est cigogne : il vit comme une cigogne, dort comme une cigogne, mange comme une cigogne et se la pète un peu comme une cigogne. Mais quand sa famille adoptive se prépare pour la grande migration d'automne vers l'Afrique, il faut bien faire face à cette terrible réalité : aucun moineau n'est de taille pour affronter un tel voyage ! La famille va donc partit sans Ricky. Mais si Ricky est un poids plume, il est est surtout très très têtu et va donc décider de s'envoler seul pour l'Afrique afin de retrouver sa famille et prouver à tous qu'il est, lui aussi, une vraie cigogne. En chemin, il rencontre Olga, une chouette pygmée excentrique un peu zinzin et Oleg, son compagnon imaginaire qui est donc invisible à l'écran. Ils vont aussi délivrer de sa cage Kiki la perruche narcissique chanteuse de karaoké qui fera partie de l'aventure et quelques pigeons voyageurs ultra connectés.

Par le réalisateur de Oups ! J'ai raté l'arche, Le voyage de Ricky est un film d'animation sympatoche à voir en famille, plutôt malin, jamais cucul et pas trop agité, voilà de quoi passer quelques après-midis pluvieux de février.

Contes sur moi !

JUSQU'AU 11/03

Programme de 4 courts métrages d'animationDurée totale : 40 minutes

POUR LES PETITS À PARTIR DE 4 ANSTarif Unique : 3,50 euros

GHIRAFA Russie, 2014 - Réalisé par Anna Krits-kaya – Durée : 7.45 – Dessin sur papier - Sans Parole Dans un zoo, un petit âne harassé de porter les enfants, tombe amoureux de la girafe. Quand l’orage gronde, il dé-cide de voler au secours de l’animal au long cou.

LA PETITE FILLE ET LE RENARD USA 2011 - Ecrit et réalisé par Tyler J. Kupferer - Durée : 5.31 – 2D Computer L’hiver est froid et la nourriture rare ! Afin d’assurer la survie de sa famille, une fillette traque un renard qui s’atta-que à leur bétail. Un jour, c’est le face à face entre le renard et la fillette !

ESKIMAL MEXIQUE 2011, Réalisé par Homero Ramírez - Durée : 8.50 – Marionnettes en volume Eskimal et Morsa, inséparables, sont chargés de protéger le Grand Glacier. Lorsqu’ils sont confrontés à une ca-tastrophe imminente provoquée par le monde industriel, leur courage est mis à l’épreuve !

BLACK or WHITE Iran 2017, Réalisé par Mohammad-Ali Soleymanzadeh - Durée : 12.45 – Ani-mation numérique Dans le monde sans couleur d’un petit zèbre, un papillon multicolore fait une apparition soudaine. Ebloui, le poulain zèbre suit le chemin en kaléidoscope du papillon à la découverte d’un mon-de plus rayonnant.

BONUS après Générique POLYCHROME Un court métrage musical en Stop mo-tion pour clôturer ce programme ! IRAN 2017 – Réalisé par : Negareh Ha-limi – Durée : 2.14 !

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AGATHA, ma voisine détective

L'ÉTrANGE FOrÊT

DE BErT ET JOSÉPHINE

JUSQU'AU 4/03

Écrit et réalisé par Karla von BENGTSONfilm d’animation Danemark 2017 1h17 VF

Pour les enfants à partir de 6 ans.

Un vrai film policier pour les enfants, dont l’irrésistible héroïne est une dé-tective de 10 ans qui s’appelle – ça ne s’invente pas – Agatha Christine ! Agatha vient d’emménager dans une nouvelle ville, où elle a bien l’intention de continuer son activité d’enquê-trice qui la passionne. Alors qu’elle affiche sa carte de détective privée dans l’épicerie à côté de chez elle, elle repère un jeune garçon au com-portement bizarre. Il s’avère que c’est son voisin d’en face, Vincent… Par ailleurs l’épicier lui déclare être régu-lièrement victime de vols et accepte l’aide d’Agatha qui va immédiatement mettre en œuvre les moyens d’investi-gation nécessaires à l’identification et à l’arrestation de l’auteur – mais peut-être sont-ils plusieurs – des larcins. Notre enquêtrice est toujours intriguée par ce Vincent qu’elle croise tous les jours : à l’aide d’une échelle, elle se glisse dans sa chambre… et ne décou-vre pas grand chose si ce n’est qu’il a volontairement raté les inscriptions au prochain concours de skate alors que de toute évidence c’est sa passion à lui – il est toujours perché sur sa planche ! Pourquoi a-t-il agi ainsi ? Agatha se perd en conjectures… Soudain du bruit dans la maison ! La détective se cache au fond d’un placard… et c’est dans cette position difficile à justifier qu’elle se fait surprendre par Vincent et son père qui la ramènent chez elle, toute honteuse. La mère d’Agatha est bien incapable de justifier le comportement de sa fille, elle a l’impression qu’elle a du mal à se faire à sa nouvelle ville et demande à Vincent de lui donner des cours de skate, ça pourrait l’aider à s’intégrer. Autant dire que la situation prend par surprise notre Agatha qui va se trou-ver entraînée dans une enquête aux rebondissements imprévisibles… Un chouette film, à la fois réaliste et plein de fantaisie, qui retrace le chemi-nement d’une jeune fille attachante, cherchant à trouver sa place dans son monde sans rien renier de ce qu’elle est profondément.

DU 14/03 AU 2/04

De Filip Pošivac et Bára ValeckaRépublique Tchèque - 2018 - 45mn - vf

Pour les enfants à partir de 5 ans. Tarif Unique : 3,50 euros

Dans une forêt merveilleuse où les champignons illuminent les chemins et ont le rythme dans le chapeau, deux enfants-lutins, Bert qui a peur du noir et Joséphine qui n'a peur de rien, partagent leur quotidien avec des créatures fan-tastiques et quatre sœurs pommes de pin chanteuses. L'une d'en-tre elles ne sait malheureusement pas chanter... Qu'importe ! Elle a un don tout aussi important : celui d'animer Radio Forêt et de relier tous ces êtres les uns aux autres. Diffusée partout, elle est la voix qui nous raconte la vie de ce pe-tit monde farfelu où la nature, la magie et la poésie opèrent dès les premiers instants ! Même si la fo-rêt fourmille d'étranges esprits et que le Feu Follet sent mauvais des cheveux bleus, même si Grigou l'écureuil fait trop de réserves pour l'hiver, et que Tip Taupe – vieux et maladroit – fait des gâteaux pas très bons... Tous les talents sont dans la nature, et on y apprend plein de bons filons !

Véritable coup de cœur, ce pro-gramme découpé en sept chapi-tres qui commencent tous par des petits poèmes ou des vire-langues pour s'échauffer, allie avec brio ani-mation en volume, papier découpé, et marionnettes ! Le travail sur la musique, les bruitages,et les voix est étonnant et les couleurs totale-ment rayonnantes ! Alors 1, 2, 1, 2, 3, 4 ! Branchez vous sur Radio Fo-rêt et embarquez sans hésiter pour une balade enchantée !

CrOmAN

JUSQU'AU 18/03

Film d'animation réalisé par Nick Parkavec la voix de Pierre NineyGB – 2018 – 1h29 - VF

Pour tous de 6 à …. 96 ans !!

Au commencement, tout n’était que cha-os, grommellements et désolation. Et puis l’homme découvrit… le foot.Où ailleurs qu’en Angleterre, au sein du fa-cétieux studio Aardman, pouvait naître une telle idée de comédie d’animation, aux origi-nes de la passion pour le ballon rond ? De-puis des décennies, cette bande de joyeux artistes bricoleurs nous régale d’aventures hilarantes, dont les héros ahuris, doux din-gues et rêveurs en mousse et pâte à mode-ler, ont toujours fait notre bonheur, de courts en longs métrages, de Wallace et Gromit à Shaun le mouton, en passant par la volaille rebelle de Chicken Run.Ce nouveau film nous plonge dans une val-lée verdoyante, mais entourée de terres hos-tiles, au sein d’une tribu gentiment attardée à l’âge de pierre, spécialisée dans la chasse au lapin (presque) consentant et les joies de l’humour absurde — l’un des membres est un gros caillou… Hélas, rien ne va plus dans cet éden poilu le jour où débarquent des voi-sins plus évolués (ils sont passés à l’âge du bronze, et leur chef a l’accent français, c’est dire…) et très mal intentionnés.Pour sauver leur honneur et leur liberté, les « Cro-mignons » vont devoir affronter l’ennemi sur le terrain sportif, dans une sorte d’ar-chéo-championnat. Toujours aussi pimpant, coloré, riche et soigné, des fabuleux décors de la cité de bronze aux bouilles impayables des personnages, humains ou pas, le style Aardman est là, y compris dans la profusion d’idées comiques — des insectes rampants font office de chaussures à crampons pour le foot… L’âge de la pâte à modeler n’est pas près de s’achever.

Guillemette Odicino dans Télérama

Nous disposons d'une copie en version originale sous-titrée à destination des professeurs d'anglais désireux d'organi-ser des séances scolaires. Réservation : 0130377552

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JUSQU'AU 24/03

Film d'animation de Hiromasa YONE-BAYASHIJapon 2017 1h42 Version FrançaiseScénario de Hiromasa Yonebayashi et Riko Sakaguchi, d’après le roman The Little Broomstick de l’écrivaine britan-nique Mary Stewart

POUR TOUS À PARTIR DE 6 ANS

Ce joli film d’animation bigarré est la tou-te première production du jeune studio Ponoc dont les membres sont loin d’être des débutants. La plupart ont fait leurs classes chez Hayao Miyazaki et Isao Ta-kahata, au sein du célèbre Studio Ghibli. Autant dire que les dessins sont soignés dans les moindres détails, que l’anima-tion est précise et fluide, que le film dé-borde de féérie et de poésie.

Tout démarre par un bel été tel qu’il n’en existe plus en ville. La campagne luxu-riante appelle à la flânerie, les ruisseaux à la baignade, les champs aux gambades. Sous un soleil bienveillant, la petite Mary débarque à Manoir Rouge. La veille bâtis-se l’accueille à bras ouverts, tout comme sa propriétaire, grand-tante Charlotte. La gamine paraît aussi intimidée qu’anxieu-se : une nouvelle vie s’ouvre devant elle,

une mini révolution qu’elle n’a pas choi-sie. Bientôt ses parents arriveront, bientôt elle découvrira sa nouvelle école, se fera des amis. En attendant, la voilà coincée entre Charlotte, une vieille servante et le vieux jardinier Zebedee. Rien de bien excitant. Mary s’en accommode, tâchant d’agir avec bon cœur et bonne humeur, bien déterminée à se rendre utile. Mais quelle maladroite ! Les objets lui jouent constamment des tours, une vraie miss catastrophe derrière laquelle chacun jon-gle pour réanimer les fleurs étranglées, rattraper au vol tasses et bols, quand ce n’est pas la fillette elle-même qui manque de se casser la figure… Sans la gronder, tante Charlotte préfère l’envoyer se bala-der au grand air afin qu’elle ne traîne plus dans les pattes de ceux qui travaillent.

Voilà donc notre citadine déracinée en train d’errer, de tourner en rond un peu dépitée. Certes, les fleurs pulpeuses qui ornent le jardin sont belles, mais elles manquent tout autant de conversation que les résidents de ce patelin paumé… Pour tout dire Mary commence à s’en-nuyer ferme et se met à l’affût des plus infimes distractions. Tiens, quel est ce drôle de chat noir qui semble l’appeler, l’inciter à le suivre ? Vers quoi la conduit-il ? Qu’importe s’il pénètre dans la som-bre forêt que sa tante lui a conseillé d’éviter : la curiosité de Mary l’emporte

sur ses chocottes, elle suit le matou. Mais où est-il passé ? Ah le revoilà ! Elle se frotte les yeux : serait-il devenu gris ? Quelques pas plus tard le voilà à nouveau noir ! Quel étrange animal qui semble se jouer d’elle, l’entraînant tou-jours plus profond dans les bois ! Et c’est là qu’elle découvre une grappe de fleurs étonnantes, diaprées d’un bleu hypnoti-que et lumineux. Mary en cueille une, re-brousse chemin et ressort du bois sans encombre, du moins cette fois-là. Zedebee, impressionné, n’en revient pas : Mary tient entre ses doigts la ra-rissime « vol de nuit », la « fleur de la sorcière » qui ne fleurit que tous les sept ans. Mais une fleur, si précieuse soit-el-le, ne suffit pas à combler la vacuité de journées désœuvrées. Pas plus que les moqueries de ce chenapan de Peter, un garçon du village, n’aident Mary à s’ac-climater. Et c’est pour le plaisir de le trai-ter de poule mouillée qu’elle s’enfonce à nouveau, malgré ses mises en garde affolées, dans l’inquiétante forêt englou-tie sous un épais brouillard. Cette fois le chat la conduit vers un balai magique qui va devenir le fidèle destrier de Mary…

Ce n’est que le début de trépidantes aventures qui vont lui permettre de dé-couvrir qui elle est et ne vont plus lui laisser le loisir de s’ennuyer une seule seconde.

mArY ET LA FLEUr DE LA SOrCIÈrE

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BELLE ET SEBASTIEN 3

ET À PARTIR DU 28/03

Film d’animation d’Alexandre ESPIGARES

France 2018 1h20avec les voix de Virginie Efira, Raphaël Personnaz, Dominique Pinon...Scénario de Dominique Monféry, Philippe Lioret et Serge Frydman, d’après le roman de Jack LondonMusique de Bruno Coulais

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 6 / 7 ANS

Adapté à de nombreuses reprises pour le cinéma, ce court mais intense roman de Jack London fait partie de ces clas-siques de la littérature, souvent étudiés au collège, qui brassent quelques thèmes chers au roman d’aventure : la vie dans les grands espaces majestu-eux mais pleins de dangers, la cruauté et la cupidité des hommes, l’instinct de survie, les rapports de domination, la lutte pour un territoire, la relation forte avec les animaux.Si cette nouvelle adaptation s’adresse en priorité à un public jeune (mais pas trop quand même), elle a volontaire-ment gardé en tête l’esprit du roman, sans chercher à en adoucir les contours ni en gommer la dureté du récit. Le choix, intelligent, de laisser Croc-Blanc à sa place, c’est à dire celle d’un animal sauvage qui donc ne parle ou ne pense pas tout haut, était une sage décision

et donne au film une belle dimension, forcément moins naïve mais plus réal-iste.Croc-Blanc est un fier et courageux chien-loup. Après avoir grandi dans les espaces enneigés et hostiles du Grand Nord, luttant pour sa survie au milieu de meutes hostiles, il est recueilli par Castor Gris et sa tribu. Ces Indiens vi-vent en harmonie avec la nature mais doivent composer avec les hommes blancs, toujours plus avides de terres, de domination et d’argent.Suite à un cruel concours de circon-stances, Castor-Gris va devoir céder, à contrecœur, l’animal à un homme cruel, aussi hideux que malveillant, qui va faire de lui une machine à tuer. C’est que les combats de chiens sont une activité lucrative dans ces contrées reculées où il y a peu de divertissement. Dressé pour attaquer, Croc-Blanc va devenir un redoutable guerrier. Mais sa destiné va croiser la route d’un homme bon et juste qui va le recueillir et tenter de lui faire oublier les coups de bâtons infli-gés par son ancien maître pour qu’il ap-prenne l’attaque. Commence alors une nouvelle histoire plus tendre pour celui qui n’oubliera jamais, au plus profond de sa mémoire de bête sauvage, l’appel des grands espaces ni la mémoire de son territoire natal.

Séances scolaires possibles pour les collégiens qui étudient le livre au programme : contactez-nous au 01 30 37 75 52

CROC-BLANCDU 21/03 AU 2/04

Réalisé par Clovis CornillacFrance 2017 1h30Avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Clovis Cornillac, Thierry Neuvic, margot Chatelier...Scénario de Juliette Sales et Fabien Suarez d'après l'oeuvre de Cécile Aubry

Pour tous à partir de 7/8 ans

Clovis Cornillac le dit et le répète : désor-mais, pour lui, la réalisation passe avant tout. Comme une révélation venue un peu sur le tard mais qui a bouleversé sa vie d’artiste. Et ce plaisir- là se retrouve lar-gement partagé de l’autre côté de l’écran. Son premier long, la comédie romantique Un peu, beaucoup, aveuglément, bour-rée de charme, avait connu un joli succès construit sur un solide bouche à oreille. Le voici aux commandes de l’ultime de la tri-logie Belle et Sébastien. Un choix qui peut surprendre. D’abord parce que le deuxiè-me volet poussif avait largement démoné-tisé cette saga. Ensuite parce qu’avec son appétit de réalisation, on ne l’attendait pas forcément accepter de mettre en scène une suite. Il confie d’ailleurs qu’il a hésité. Mais au final, il ne s’est pas fourvoyé et si-gne un film d’aventures familial populaire de bonne tenue. On y retrouve le jeune Sébastien confronté à l’ancien maître de sa chienne Belle, décidé à tout mettre en œuvre pour la récupérer. Et on y savoure surtout l’amour de Cornillac pour les co-médiens et son talent à les diriger tant par la place importante qu’il accorde ici aux seconds rôles que dans la sensation que chacun de ceux présents depuis le début de la trilogie (Tchéky Karyo en tête) trouve ici un nouveau souffle. Cornillac s’amuse (y compris comme acteur dans un mé-chant aux petits oignons) et son enthou-siasme est communicatif. Et si son Belle et Sébastien ne révolutionne pas le genre, il constitue – et de loin - le meilleur épi-sode de la trilogie. Celui le plus fidèle au célèbre feuilleton de Cécile Aubry. De la nostalgie joyeuse et jamais rance.

Thierry Cheze pour Première

PETIT-DÉJ' DÉCOUVERTE DIMANCHE 25 MARS EN AVT-1ÈRE à Utopia Saint-Ouen L'Aumône rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15 )

LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud, le thé et le jus d'orange Tarif unique : 3,50 euros

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Samedi 24 février à 14h15 à utopia St-Ouen

présentation de la séance par le grand michel Ocelot

pour fêter les 20 ans de Kirikou et présenter son nouveau film,

DILILI À PArISavec les premières images jamais montrées en public !

KIrIKOU et la sorcière

Film d'animation écrit et réalisé par Michel OCELOTBelgique/France 1998 1h10Musique originale de Youssou N'Dour

À VOIR EN FAMILLE, POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 5 ANS

Il était une fois un dessin animé beau comme un tableau du douanier Rousseau, un conte africain qui se dirait au son des tam-tams. Kirikou et la sorcière est sans aucun doute une des plus belles histoires du moment à montrer à des bambins. Comment ne pas craquer devant Kirikou, bébé tout nu et tout malin aux fesses rebondies, minuscule héros qui n' en a pas fini de nous surprendre par sa sagesse et sa curiosité... Il était une fois en Afrique, en plein coeur d'un tout petit village, dans une hutte... Une petite voix se fait entendre dans le ven-tre d'une femme enceinte... Impatient de rencontrer le monde, un bébé naît, tout seul, et déclare à sa mère: « Je m'appelle Kirikou ». Le bambin sait à peine marcher que, déjà, il cavale à la découverte de cet univers qui est désormais le sien : son village. Mais voilà, les villageois ont bien des tracas : Karaba la sorcière a jeté un sort sur la petite communauté et la vie est devenue un enfer ; la source est asséchée, les hommes ont disparu mystérieusement et les femmes sont dépossédées de leurs bijoux... Il n'en faut pas plus à Kirikou pour se mettre en action : il va chercher tous les pourquoi à ces malheurs et s'en aller découvrir le sombre secret de la méchanceté de Karaba afin de délivrer son village. Riquiqui conquérant au coeur d'or, ingénieux et futé, notre héros part pour l'univers maléfique de la sorcière...

IMAGE PAR IMAGE : 18ème FESTIVAL D’ANIMATION DU VAL D’OISE : du 10 FÉVRIER AU 4 MARS 2018

SÉANCE CINÉ-GOÛTER LE MARDI 27 FÉVRIER À 14H15 À UTOPIA ST-OUEN

SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR JACQUES COLOMBAT

Film d'animation de Jacques COLOMBATFrance 1990 1h10 D'après Robinson Crusoé, de Daniel Defoe

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 5/6 ANS

Ce très beau dessin animé, plein de trouvailles et de poésie, est sorti il y a presque trente ans dans une indifférence à peine polie. C'était une dure époque pour le film d'anima-tion français, qui n'arrivait pas à exister face à l'ogre Disney. Aujourd'hui les temps ont changé, un certain Kirikou n'y est pas pour rien, et Robinson et Compagnie mérite de tenter de nouveau sa chance. Le film brille toujours autant par sa fantaisie, ses couleurs délicates, ses dessins très person-nels et expressifs.Précisons pour les parents indécis que Jacques Colombat a longtemps travaillé avec Paul Grimault, réalisateur de l'inou-bliable Le Roi et l'oiseau, c'est la meilleure des écoles et une sacrée référence ! Lorsque nous faisons connaissance avec Robinson, il est encore enfant et vit en Angleterre. Dès cette époque, il est fasciné par les gros bateaux qui remontent la Tamise et pas-sent devant la maison familiale. Déjà il ne rêve que de navi-guer. Sa découverte des faubourgs de Londres et de toutes les vilaines choses qui s'y passent ne le font pas changer d'avis, au contraire. Foi de Robinson, il sera marin, solitaire, loin de la folie des hommes. Les années ont passé, Robin-son embarque à bord d'un fier navire. Ses désirs sont com-blés. Malheureusement, son voeu de solitude sera exaucé au-delà du raisonnable : il fait naufrage dès son premier voyage et se retrouve sur une île déserte. Seul survivant, il récupère quelques accessoires de la civilisation échoués avec lui sur la plage et s'installe dans une grotte. Et il se met immédiatement à la construction d'une embarcation de fortune pour rejoindre la civilisation. Hélas, la tâche est bien au-dessus de ses forces. Alors, bon gré mal gré, Robinson va se résoudre à rester sur son île. Il organise sa vie tant bien que mal, et il va affronter des aventures surprenantes, avec des compagnons pour le moins inattendus...

rOBINSON ET COmPAGNIE

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ÉPISODES 3&4DImANCHE 4 mArS À 14H15

À UTOPIA ST-OUEN

LA SÉANCE SERA SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR

PIERRE-LUC GRANJON & D'UN GOÛTER OFFERT AUX

ENFANTS PAR UTOPIA ET PATIBIORéalisé par Pierre-Luc GranjonFrance durée totale 52 min

POUR TOUS À PARTIR DE 3 ANStarif unique 3,50 euros

• L'ÉTÉ DE BONIFACEAu petit royaume d’Escampette, Boniface le conteur vit une histoire d’amour avec la reine Héloïse. Alors qu’il vient tout juste de demander celle-ci en mariage, voilà qu’arrive sa fille pour les vacances d’été : la princesse Mélie, accompagnée de ses meilleurs amis ! Et malgré les recommandations de la reine, ces derniers décident en toute naïveté de planter leur tente sur les rives du lac, au pied même du Mont sacré…

• L'AUTOMNE DE POUGNETous les livres du royaume se vident étrangement de leurs histoires. Aussitôt, le bon roi Balthazar s’ennuie à mourir, en-traînant avec lui son peuple tout entier dans une profonde dé-prime. « Ca, c’est encore de la faute de Boniface le conteur ! » lance Pougne le hérisson grognon. Mais comment peut-il en être si sûr ? Pougne et ses amis réussiront-ils à faire revenir les histoires au royaume de Léon ?

IMAGE PAR IMAGE : 18ème FESTIVAL D’ANIMATION DU VAL D’OISE : du 10 FÉVRIER AU 4 MARS 2018

LES 4 SAISONS DE LÉON

DImANCHE 4 mArS DE 9H30 À 12H30

ET DE 14H À 16H30DEVANT LE CINÉMA UTOPIA

DE ST-OUEN L'AUMÔNE

VENEZ DÉCOUVrIr LA CArAVANE ENSOrCELÉE

SÉANCES GrATUITES TOUTES LES 15 mIN ENVIrON

La caravane sillonnera les routes du Vexin et du val d'Oise du samedi 3 au mardi 6 mars et s'arrêtera dans

les villes pour offrir une séance de cinéma originale pour les enfants comme pour les plus grands.

En 2006, La Pellicule Ensorcelée crée une petite salle de projection ambulante : La Caravane ensorcelée, permettant de présenter des films courts dans les quartiers et les cam-pagnes, éloignés des centres villes et des salles de cinéma. Pouvant accueillir environ 12 adultes ou 15 enfants, sa gran-de souplesse d’installation permet de s’adapter aux projets des partenaires et aux publics en diffusant du cinéma d’art et d’essai dans les villages, les écoles, les centres aérés, les maisons de retraite, les festivals et de recevoir tous les pu-blics, de 2 ans à 102 ans.La Caravane ensorcelée n’a cessé d’élargir son champ d’ac-tions et de tournées. Chaque année, elle traverse environ 60 à 75 lieux dans toute la France et, un peu en Europe. Elle a d'ores et déjà accueilli plusieurs dizaines de milliers de spec-tateurs sur ses banquettes de velours rouge.La Caravane ensorcelée est un cinéma vagabond, un cocon douillet dédié au film court, qui s'adapte à chacune des in-vitations. Et qui n'attend que de nouvelles sollicitations pour, avec plaisir, continuer de se promener parmi les régions et les regards curieux.

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Avant-première exceptionnelle le JEUDI 8 MARS à 20h30 à Utopia St-Ouen suivie d'une rencontre avec le réalisateur Olivier Cossu , des compositeurs Pablo Pico et Yan

Volsy et de Moira Vautier, fille du grand réalisateur René Vautier, auteur du film disparu éponyme « Un homme est mort » tourné durant les grèves de Brest du printemps 1950.

Film d'animation réalisé par Olivier CossuFrance 2017 1h05

D’après la bande dessinée Un Homme est Mort de Kris et Etienne Davodeau, publiée chez Gallimard-Futuropolis

Brest, 1950. La ville est en pleine re-construction après les bombardements qui l'ont ravagée en quasi totalité. Les ouvriers sont en grève et revendiquent de meilleures conditions de travail. Ils ré-clament en vain des hausses de salaire. Comme toute la ville, P’tit Zef, Édouard, Désiré et Paulette, quatre amis ouvriers, participent à la grande manifestation or-ganisée par la CGT quand de violents affrontements surviennent. Les policiers se mettent à tirer sur la foule et une balle atteint Édouard en plein front. Un hom-me est mort dans la France qui se vou-

lait dans l'esprit du Conseil National de la Résistance non seulement celle de la réconciliation mais aussi celle d'un nou-veau modèle social, pour un France plus juste, plus égalitaire, mais qui butait déjà sur le réalisme économique du patronat. D'autres hommes seront gravement bles-sés, il y aura même un amputé. La CGT fait alors venir le cinéaste engagé René Vautier pour qu’il tourne un film sur la lutte des grévistes. René Vautier, bien qu'à peine 22 ans, est déjà un cinéaste reconnu pour avoir réalisé le premier film anticolonialiste de l'histoire française, Afrique 50, qui sera par la suite censuré pendant plus de 40 ans. Et c'est donc clandestinement qu'il débarque dans le port breton. P’tit Zef et Désiré sont chargés de l’accompagner dans la ville dévastée. Face à cet homme de l’image dont l’arme est une caméra,

P’tit Zef, lui, est rongé par la colère. De réunions publiques en piquets de grève, le cinéaste inlassablement va capter la colère et la mobilisation ouvrière. Le film Un Homme est mort sera projeté 150 fois, souvent en plein air, auprès des ouvriers dans une ambiance galvanisante. L'ironie de l'histoire est que ce film malheureu-sement n'existe plus et a à jamais dis-paru. Sa seule copie ayant été tellement montrée aux ouvriers, elle partira en lam-beaux, quand René Vautier tentera de la projeter à Paris à la Cinémathèque.

La BD de Kriss et Davodeau avait magni-fiquement redonné vie à ce film disparu et à cette lutte trop oubliée au-delà de la Penfeld. Ce film d'animation est un nou-vel hommage rendu au réalisateur de 20 ans dans les Aurès qui s'est éteint il y a trois ans dans la ville de Cancale qu'il aimait tant.

UN HOmmE EST mOrT

IMAGE PAR IMAGE : 18ème FESTIVAL D’ANIMATION DU VAL D’OISE : du 10 FÉVRIER AU 4 MARS 2018

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DU 14/03 AU 3/04

Réalisé par Laurent TIRARDFrance 2018 1h30avec Jean Dujardin, Mélanie Laurent, Noémie Merlant, Féodor Atkine, Evelyne Buyle...Scénario de Laurent Tirard et Grégoire Vigneron.

Jean Dujardin s’en va-t-en guerre, miron-ton, mironton, mirontaine… Ah qu’il est craquant, ah qu’il est fringant, le beau soldat sanglé dans son bel uniforme rouge de hussard qui caracole panache au vent sur son beau cheval blanc ! Les dames ont le palpitant qui s’affole et les messieurs ont le nez qui s’allonge. Mais le capitaine Neuville doit rejoindre Napoléon Bonaparte qui l’appelle sur les champs de bataille, ce qui lui permet d’échapper in extremis à des promesses de mariage un peu hâtives… La jeune Pauline en son grand château familial en est toute retournée, mais le bellâtre l’assure, pro-mis-juré, qu’il lui écrira chaque jour entre deux escarmouches, espérant bien es-quiver les boulets des canons ennemis… Son cheval se cabre, il fouette et file… La sœur aînée de Pauline, Elisabeth (dé-

licieuse Mélanie Laurent), qui n’a pas froid aux yeux du tout, ricane… mais lorsqu’elle voit sa sœur dépérir faute de recevoir par courrier spécial les mots d’amour de son « fiancé », son cœur persifleur se fend, elle n’y tient plus et griffonne chaque soir dans sa cham-brette (domino mino, domino minette) les épitres brûlantes et poétiques que le Don Juan de pacotille n’écrira jamais à sa cadette, agrémentant sa prose du récit d’exploits guerriers qui ont tôt fait de faire passer le gredin, aux yeux de toute la famille, pour le héros du siècle. Bien entendu la sœurette reprend des couleurs et écrit en retour et sur le même ton des lettres enflammées que l’aînée intercepte, Elisabeth ripostant dès le len-demain, etc. Ne pouvant indéfiniment se livrer à ces acrobaties épistolaires, la bel-le blonde finit par annoncer que le beau gosse est tombé au champ d’honneur… Pauline trouvera un cœur de rechange, et lui pondra deux beaux enfants… Là où les choses se gâtent sérieusement c’est le jour où, quelques trois ans plus tard… Elisabeth croise, au marché bio du coin, un voleur de pommes hirsute, poilu par-tout et mal fagoté, qu’elle reconnaît sur le

champ… Devant les féroces soldats en-nemis, le couard hussard a pris la poudre d’escampette, et revient au pays démuni et pas fier… Devant ses velléités de dé-bouler au château familial, Elisabeth lui avoue tout de ses manœuvres menson-gères, lui déconseille de ressusciter… Mais le présumé mort ne l’entend pas de cette oreille : on lui fournit un personnage de héros tout cuit à point et il n’en pro-fiterait pas un peu ? Et après tout, cette blondinette pétillante lui titille les sens assez pour qu’il rechausse son ancien uniforme, se brosse les dents, se taille les poils et fasse un come-back qui lais-se tout le monde sur le séant. Fort des exploits inventés par la sœurette dans ses lettres, il brode un peu, rajoute son grain de sel et tout le monde s’esbaudit, le cajole et le sert pour lui faire oublier les supposés tourments guerriers passés… Ouf ! Vous ne croyez tout de même pas que je vais tout vous raconter, mais cette petite comédie bondissante et joyeuse qui finira joliment comme il se doit… Joli vaudeville qui vaut bien quelques suc-cès populaires d’antan, entre Cartou-che et Les Mariés de l’an II, la patine en moins, mais ça viendra…

LE RETOUR DU HÉROS

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La séance du jeudi 29 mars à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône sera suivie d'un échange avec Manuel Alvarez du Réseau Education Sans Frontières 95, de Brigitte Chabert, directrice de l'Association du Côté des

Femmes, et de plusieurs femmes hébergées par l'association, avec le soutien de la CIMADE, de la Ligue des Droits de l'Homme 95 et de la FCPE 95,

United Cergy et Force Comm'une

3 SÉANCES SUPPLÉMENTAIRES LES 30 ET 31/03 ET 3/04Film documentaire de Stan et Edouard ZAMBEAUXFrance 2017 1h26avec Ange, Djibi, les adultes, les enfants, les travailleurs sociaux, l’association Aurore, les artistes bénévoles du centre d’hébergement d’urgence de l’Archipel...

« Je transporte ma vie en valise. Mais comme que c’est lourd de déménager, j’ai appris à vivre léger. C’est ça être un serial déménageur. »

Ange et Djibi ont 13 ans et habitent « au 115 », le numéro de téléphone pour tenter d’obtenir un logement d’urgence. Quand Stan et Edouard Zambeaux les ont ren-contrés, début 2016, les deux collégiens avaient trouvé un refuge pas comme les autres : le centre d’hébergement d’ur-gence de l’Archipel (aujourd’hui fermé), dans le très chic 8ème arrondissement de Paris, géré de manière exemplaire par l’association Aurore et les travailleurs sociaux. Ils ont posé leur caméra dans cet endroit magnifique où vivent 300

personnes dont 70 enfants : autant de souffrances additionnées, de vies ballo-tées au gré des voyages et des errances, au rythme des guerres, des maladie, des fanatismes en tous genres et dans toutes les langues.Un jour ça ira chronique les derniers mois de cette étonnante tour de Babel sociale, entre chaleur de la vie en communauté et tension liée à l’imminence de la fermeture, l’angoisse de ne pas trouver un toit pour ces familles, la peur d’être séparé et celle de perdre encore un peu plus ses repè-res. Avec une justesse de tous les plans et le plus grand respect pour les « mal-logés », cette immersion dans le quoti-dien des réfugiés est autant « un voyage dans le monde » de par les multiples na-tionalités représentées, comme le dit le lumineux Djibi, qu’une implacable claque contre cette société excluante avec la-quelle finalement nous composons, par habitude, par peur, par paresse ou par simple mépris de ces autres qui viennent de loin et qui ne sont pas nous.Avec une grande pudeur, sans taire la complexité des situations, sans afficher non plus un excessif angélisme, le film

éclaire de son regard bienveillant ces destinées, capte les larmes ravalées sur un sourire, montre aussi et surtout la di-gnité et le courage de ces jeunes, lucides sur leur situation mais prêts à se battre pour atteindre leurs rêves, aussi modes-tes soient-ils. Il raconte enfin le travail au quotidien de celles et ceux qui sont nés du bon côté de l’hémisphère et qui s’engagent aux côtés des réfugiés, petits et grands, pour ren-dre leur réalité un peu moins douloureuse à supporter ; ces femmes et ces hommes de bonne volonté qui permettent de re-mettre de l’humanité dans cette situation dénuée autant de sens que de fraternité. Ce sont bien sûr les travailleurs sociaux qui supervisent la vie dans le centre, les repas, les hébergements, mais aussi les journalistes ou artistes qui tentent de donner parole et voix à ces oubliés de la République.Ainsi Djibi, Ange, belle jeune fille au vi-sage encadré de tresses, et quelques autres participent aux ateliers créatifs du centre. Il en sort des textes merveilleu-sement intelligents, des chansons émou-vantes qui disent les racines et les rêves, des moments de partage qui leur font oublier les éternels repas en barquettes, la salle de bain commune et ces valises jamais vraiment rangées car on ne sait pas de quoi demain sera fait... mais un jour, c’est sûr, ça ira mieux.

UN JOUR ÇA IRA

Le concept « Accroche ton Vêtement »

par Force Comm'une

Un concept venant du Canada, de Turquie : Chacun des parti-cipants vient avec 1 voire 2 vêtement(s) chaud(s) (man-teau, écharpe, gants ...) pas plus ni autre chose à desti-nation de personnes dans le besoin.Nous vous distribuerons des mots que nous vous laisse-rons le soin d'attacher sur le(s) vêtement(s) que vous aurez apporté(s), à l'aide d'un cordon que nous vous fourni-rons également. Pour ceux et celles qui le souhaitent, vous pouvez écrire votre mot à des-tination de la personne qui ré-cupèrera le vêtement. "Je ne suis pas perdue. s'il-vous-plaît, prenez cette écharpe pour avoir chaud ! " ou encore " Si vous avez be-soin de rester au chaud, pre-nez-la. C'est à vous " etc...

Force Comm’UNE est un col-lectif née sur Cergy depuis mi-octobre qui vise à mettre en place des actions de so-lidarité avec les personnes dans le besoin.

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Séance exceptionnelle le JEUDI 22 MARS à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône suivie d'une rencontre avec Yannis Youlountas, poète et cinéaste franco grec, militant

antifasciste actuellement poursuivi par un collectif d'extrême droite( qui avait pour objectif cet été d'entraver le rôle des bateaux de sauvetage des migrants en Méditerranée ),

et Maud Youlountas, photographe et monteuse du filmPrécédée à partir de 19h30 d'un apéritif grec en participation libre

( olives, tarama, tzatziki, ouzo et vin crétois )Soirée soutenue par Alternative Libertaire, le NPA et le collectif antifasciste 95

Non, rien n’est fini en GrèceFilm documentaire écrit et réalisé par Yannis YOULOUNTASFrance – Grèce 2018 1h17 VOSTF

« La seule façon de te sauver toi même, c’est de lutter pour sauver tous les au-tres. »

Nikos Kazantzakis

Après Ne vivons plus comme des es-claves et Je lutte donc je suis, le réalisa-teur franco-grec Yannis Youlountas revient avec un nouveau long métrage.Dix ans après les premières émeutes, les médias ne parlent plus de la crise

grecque. Tout laisse croire que la cure d’austérité a réussi et que le calme est revenu. Ce film prouve le contraire.À Thessalonique, des jeunes empêchent les ventes aux enchères de maisons saisies. En Crète, des paysans s’opposent à la construction d’un nouvel aéroport. À Athènes, un groupe mystérieux inquiète le pouvoir en multipliant les sabotages. Dans le quartier d’Exarcheia, menacé d’évacuation, le coeur de la résistance accueille les réfugiés dans l’autogestion.Un voyage en musique parmi celles et ceux qui rêvent d’amour et de révolu-tion.

« Le monde n’a jamais changé du fait

d’une majorité. En Grèce, nous assistons à une véritable gestation depuis neuf ans, bientôt dix. Nous sommes passés par toutes les étapes. La leçon de cette période exceptionnelle est sans doute qu’une seule façon d’agir ne suffit pas, que la diversité est notre richesse, que le respect mutuel parmi ceux qui luttent devrait nous accompagner partout et qu’on ne sait pas d’où viendra la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Mais une chose est certaine, c’est que pour sortir de l’impasse mortifère, changer profon-dément la société et sauver la vie, nous n’avons pas d’autre choix que l’amour et la révolution. »

Yannis Youlountas

L'AMOUR ET LA RÉVOLUTION

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DU 21/03 AU 3/04

Écrit et réalisé par Juliana ROJAS et Marco DUTRABrésil 2017 2h15 VOSTFavec Isabél Zuaa, Marjorie Estiano, Mi-guel Lobo, Cida Moreira, Andrea Mar-quee…

Couvert de prix, dont plusieurs du public, dans moult festivals

Rarement il y eut de « bonnes manières » si peu disciplinées ! Telles d’indompta-bles créatures aux crocs acérés, elles ne connaîtront pas de répit avant d’avoir la-céré les cases étriquées dans lesquelles quelques imprudents pourraient vouloir les enfermer hâtivement. Elles badinent avec les codes du cinéma, flirtant avec brio entre les genres, n’en épousant aucun, s’accouplant avec tous. Pro-gressivement elles jouent de nos nerfs, manipulent notre esprit, titillent délicieu-sement nos sens, jusqu’à l’envoûtement. Ces bonnes manières-là sont faites de chair et de sang, parcourues de frissons, de désirs et de peurs bleues. Celles qu’éveillent les histoires lors des veillées, après que les enfants sont couchés, à l’orée des nuits de pleine lune, quand le loup l’emporte sur le chien et que le feu de braise crépite dans l’âtre, rougeoie-ment hypnotique. L’histoire prend corps dans un Sao Paulo bien contemporain et pourtant fantas-magorique, dont les décors aux lumiè-res sublimées semblent tout droit sortis d’un recueil de contes. Entre les gratte-ciel futuristes et la forêt d’humbles bico-ques des bas quartiers, le temps semble

avoir arrêté d’égrener ses secondes. Ce sont deux mondes qui s’ignorent, qu’un plafond de verre invisible mais bien per-ceptible semble devoir séparer à tout jamais. Clara Macedo le porte dans son allure résignée, dans son sourire incer-tain, dans son regard vaincu, si typiques des êtres du bout de la chaîne. La voix impersonnelle qui l’apostrophe via l’in-terphone, l’œil de la caméra qui suit ses déplacements, l’injonction de passer par l’ascenseur de service, la blonde friquée qui la reçoit comme si elle n’était qu’un vulgaire cheveu tombé dans la plus déli-cate des soupes : tout cela n’est que son lot quotidien. Clara, aussi sombre qu’une nuit vaudou sous ses airs inquiets, pres-que inquiétants, ne bronche pas, prête, sans mot dire, à rebrousser chemin. Cel-le qui pourrait devenir sa future patronne, Ana, enceinte jusqu’aux yeux, jauge et questionne d’un regard condescendant cette femme noire aux cheveux ras, bien peu volubile. Décidément, elle n’a ni le profil, ni la gueule de l’emploi recherché : celui de nounou. Aucune expérience, aucune recommandation, aucune ré-férence, noyant résolument son passé dans l’ombre… Rien n’incite à l’embau-cher. Pourtant, contre toute attente, Ana choisit Clara, comme mue par une irré-sistible main invisible, et commence par renégocier son rôle : la nouvelle recrue devra non seulement s’apprêter à pou-ponner, mais entretenir l’appartement, cuisiner, se tenir à la disposition de la parturiente un brin capricieuse.Voilà donc Clara qui emménage à pas de velours dans l’univers acidulé de la bour-geoise Ana, dans son immense apparte-ment d’ange déchu, peuplé des mystè-

res et des vestiges d’instants de gloire révolus. Dans la chambre pastel du futur enfant, le petit cheval d’une boite à mu-sique donne le ton, lancinant, tandis que la langue brésilienne et sa saudade finis-sent par nous charmer irrésistiblement. Mais alors qu’on serait à peine étonné d’y trouver une pantoufle de vair, c’est un pistolet que Clara va trouver dans la chambre de sa maîtresse (qui le devien-dra à plus d’un sens)… La nuit venue, Clara se terre au fond de son petit lit de bonne, alors que lui parviennent les bruits toujours plus angoissants des nuits agi-tées de sa patronne qui déambule dans la maison, aux prises avec d’étranges crises de somnambulisme et une en-vie compulsive de mordre la vie et ses semblables à pleines dents, tandis que la lune s’élève dans le ciel, toujours plus présente, toujours plus ronde, comme le ventre d’Ana qui parait prêt à exploser. Dans l’intimité de l’attente, entre deux échographies, va s’installer une étrange symbiose entre les deux femmes que tout séparait. On est transporté par les sortilèges d’une œuvre somptueuse, surprenante, qui propulse un vent de fraîcheur dans la grande famille des films fantastiques, passionnants mais trop souvent prévisibles. Le film nous submerge dans son immense puissance poétique, sa beauté onirique, qui pioche dans tous registres. De la bande son à la photographie, en passant par la pein-ture, la bande dessinée, la sculpture, les deux réalisateurs ne se refusent rien pour donner corps à un songe qui devient su-bitement plus authentique et transgressif que la plate réalité.

LES BONNES MANIÈRES

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Séance unique le MARDI 3 AVRIL à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône en partenariat avec Les Paniers de Beauchamp

précédée à partir de 19h30 d'une dégustation de vin ( + deux tartines pâté et fromage bio / formule film +

dégustation à 10 euros / possibilité de voir le film seul )

suivie d'une rencontre avec le réalisateur Thierry Pouget et l'équipe du Salon du vin bio de Beauchamp.

Film documentaire de Thierry POUGETFrance 2017 1h35

« La Bourgogne est deve-nue ma région d’adoption. Depuis dix ans je découvre petit à petit sa beauté, sa nature, ses hommes... Il y a deux ans, au petit matin, j’ai été foudroyé par cette « grâ-ce ». Le givre avait blanchi entièrement la campagne, les vignes étaient comme des glaçons sucrés. Le so-leil, très bas, ne parvenait pas à réchauffer l’air gla-cial, et les brumes du matin restaient au ras du sol... Le ciel bleu intense était abso-lument limpide. De ma voi-ture, en sortant du village, je vis mes voisins dans les vignes. Ils travaillaient de si bonne heure, ou devrais-je dire de si « bonheur ». Ils se tenaient tous les deux côte à côte, debout, à contre-jour, leur bras me faisant de grands signes. Ils me sa-luaient de toute leur force. De leurs silhouettes éma-naient une puissance quasi surnaturelle. Le temps s’est comme arrêté. Un frisson me transperça... j’étais bou-leversé par cette scène. Comment ne pas filmer cet-te beauté, ce paysage hal-lucinant, comment ne pas filmer ce travail éprouvant, comment ne pas filmer ce

courage, cette force, cette gentillesse et cet amour qui se dégageaient d’eux, dans ce décor inouï. » Thierry Pouget est un grand photographe. Tel un peintre qui a capté les différentes saisons sur un même pay-sage, tel Monet ayant peint la cathédrale de Rouen à différentes saisons, il s'est attaché à filmer sa région viticole d'adoption, le Nord de la Bourgogne, célèbre pour son Chablis. Mais au-delà de la beauté plastique indéniable des images (no-tamment celles très belles des feux installés dans tou-tes les vignes pour tenter de contrer les effets du gel), il a surtout filmé une magni-fique aventure humaine. Celle d'un couple, Mira et Duarte, deux Portugais ve-nus chercher du travail dans les années 80 et qui ont fini par ne plus quitter cette région depuis. Un couple éternellement ensemble en-vers et contre tous les aléas climatiques pour assurer malgré les ans qui passent les tâches nécessaires entre deux vendanges. Jamais on avait filmé avec autant de précision et d'amour les dif-férents gestes de la vigne, la taille l'hiver, puis la pose des fils jusqu'aux vendanges ul-times. Et le résultat est tou-chant et magnifique.

LIGNES DE VIGNESLe Salon du Vin Bio de Beauchamp

Les Paniers de Beauchamp dont l'objectif toute l'an-née est à travers la vente de produits bio d'assurer la proximité entre produc-teurs et consom'acteurs, organisent leur 3ème sa-lon du vin bio. Samedi 7 avril de 10h30 à 19h00, - salle Anatole France, 18 avenue Anatole France à Beauchamp avec 12 vigne-rons de toute la France. Des brèves de terroir : mo-ments de discussion avec des vignerons pour décou-vrir les travaux de la vi-gne et du vin au fil des sai-sons.4 associations partenaires présentes : Ami-e-s de la Conf’, Terre de Liens, Générations Futures et Inf’OGM Une restauration bio : de 12h à 14h30, des ga-lettes bretonnes, des sala-des et des gâteaux et tout au long de la journée des gourmandises, du café et du thé.

3ème salon du vin bio de Beauchamp le Samedi 7 avril

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À PARTIR DU 28/03

Écrit et réalisé Chloé ZHAOUSA 2017 1h45 VOSTFavec Brady Jandreau, Mooney, Tim Jandreau, Lilly Jandreau, Leroy Pourier, Tanner Langdeau, James Calhoon Lane Scott, Caemron Wright

Grand Prix Festival du cinéma américain de

Deauville 2017

« Je crois qu’il est très important que le féminisme ne se borne pas à inculquer aux filles qu’elles doivent se montrer plus fortes. Il faut aussi apprendre aux garçons qu’ils ont le droit d’être vulnéra-bles. » Chloé Zhao

Nous avons découvert Chloé Zhao il y a deux ans avec le splendide Les Chan-sons que mes frères m’ont apprises, im-mersion dans la vie d’adolescents d’une réserve d’indiens Lakota. Au-delà du sujet passionnant et quasi inédit dans le cinéma américain, ce qui frappait et bouleversait était le dispositif cinéma-tographique imaginé par Chloé Zhao : plutôt que de faire un documentaire ou

une fiction, elle choisissait une voie in-termédiaire, construisant avec la com-munauté lakota le scénario d’une fiction où chacun rejouait son propre rôle, sa propre histoire même quand celle-ci était extrêmement douloureuse (une maison incendiée, le suicide d’un proche, etc.). Et le film prenait de ce fait une dimension impressionnante, dégageant une extra-ordinaire sensation d’authenticité tout en faisant preuve d’un romanesque digne des meilleurs westerns.Lors du tournage de ce premier film, Chloé Zhao avait rencontré Brady Jan-dreau, un jeune cowboy vivant dans la réserve, concurrent émérite de rodéo, dompteur incroyable d’étalons sauvages, un de ces hommes mythiques qui savent parler à l’oreille des chevaux. Un garçon fascinant en soi, une rencontre marquan-te, mais pas de quoi sans doute en faire un film... Et puis un jour Bradley a fait une mauvaise chute, son cheval a eu la mau-vaise idée de lui donner un coup de sa-bot qui lui a fracassé la boite crânienne, le laissant pour mort. Bradley a survécu mais il lui a été formellement interdit de remonter sur un cheval. Un conseil qu’il a été incapable de suivre, puisque pour lui, monter à cheval est aussi essentiel que respirer ! Cette fois Chloé Zhao tenait son film, un drame qui résume le mythe américain, celui d’un jeune homme qui préfère risquer sa vie plutôt que de ne pas suivre sa destinée. Dès la première séquence on découvre la cicatrice de Bradley qui partage son crâne en deux. Bradley, le champion de

rodéo adulé mais convalescent, qui s’est résolu à accepter un petit boulot de cais-sier au supermarché. Bradley qui passe des soirées avec ses potes apprentis cowboys, qui évidemment minimisent la gravité de sa blessure et espèrent le voir remonter en selle. Bradley qui revoit, nostalgique, les vidéos ses exploits alors que sa jeune sœur aimante, probable-ment atteinte d’un syndrome d’Asperger, lui colle sur tout le corps des autocol-lants. Mais Bradley qui est aussi lucide quand il rend visite à son meilleur ami, bloqué dans un centre de rééducation, paralysé et en partie mutique, qui lui ne se remettra jamais de sa chute et à qui il rappelle le bon vieux temps : scènes absolument bouleversantes.The Rider est un film magnifique, à la fois sur le mythe de l’homme américain, ses valeurs, son incapacité à accepter la fra-gilité, mais aussi à travers lui sur ces gens des états oubliés de l’Amérique profonde qui ont élu Trump pour retrouver par de mauvais moyens et de manière illusoire leur dignité perdue : Chloé Zhao, la jeune chinoise adoptée par l’Amérique, new-yorkaise progressiste, leur rend un très bel hommage, sans amertume. Sa mise en scène est somptueuse, aussi évoca-trice quand elle montre en plan large les magnifiques soleils couchants sur les Badlands où apparaissent les cavaliers à l'horizon que lorsqu’elle saisit en plans serrés les gestes méthodiques de la pré-paration des chevaux, les approches ten-dres de Bradley pour entrer en contact avec un mustang sauvage effrayé.

THE RIDER

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DU 28/03 AU 3/04

Réalisé Andrea SEGREItalie 2017 1h55mn VOSTFavec Paolo Pierobon, Giuseppe Battis-ton, Olivier Rabourdin, Valentina Car-nelutti...Scénario de Marco Pettenello et An-drea Segre.

Tout le monde ou presque a déjà entendu l’indémodable « Range ta chambre ! » et sait que l’ordre des choses n’est pas à prendre à la légère. Faute de quoi, les punitions fuseront : privation de dessert, interdiction de sortie et corvée de vais-selle… Mais lorsque l’ordre des choses sous-entend l’ordre du monde, il faut y repenser à deux fois : se contenter de mettre au coin les responsables du dé-sordre mondial, au-delà de l’aspect jubi-latoire et purgatif de la scène, témoigne-rait d’un esprit d’initiative quelque peu insuffisant… Surtout que ces gringos-là sont bien entourés et se débrouillent généralement pour que d’autres se chargent à leur place d’assumer une situation dont ils n’ont pas su assu-rer (volontairement ou non) la gestion. C’est le rôle dévolu à Rinaldi, superflic italien à la moustache fringante et à l’es-prit méthodique, envoyé par son gou-vernement en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain.

Lui qui aurait pu rester tranquillement chez lui avec sa ragazza et ses bambini, est appelé vers le destin suprême de din-don de la farce : celui d’un fonctionnaire qui aide son pays à se compromettre sur le plan éthique et moral, au risque de se compromettre lui-même. Il faut dire que 2012 semble déjà loin : c’était l’année où la Cour européenne des Droits de l’Homme avait épinglé l’Italie pour ses opérations de refoulement de migrants en provenance d’Afrique subsaharien-ne… Depuis, le pays de Dante a flairé une astuce qui lui permet de continuer ses petites manœuvres de rejet en toute impunité : aider les Libyens à former une nouvelle flotte de garde-côtes (à savoir : une milice constituée pour l’essentiel de trafiquants mal famés), réactiver en pa-rallèle le réseau de centres de détention qui existait déjà sous Kadhafi (et avait été indirectement financé par l’Europe) et hop ! Le tour est joué. Pendant que les miliciens libyens cuisinent les mal-heureux qui regardent de trop près l’ho-rizon, les politiciens italiens n’ont plus qu’à déguster leur tiramisu, douillette-ment installés sur le droit des migrants et les traités européens dont on se dit encore qu’ils sont de peu de portée. Tel est donc le topo, auquel ne s’atten-dait pas vraiment Rinaldi. Lui qui pen-sait accomplir une mission diplomatique comme une autre se heurte vite à la com-plexité des rapports tribaux libyens et à

la puissance des trafiquants qui exploi-tent la détresse des réfugiés. Si bien que, de passage dans un centre de rétention, son pragmatisme en prend un coup… Face aux conditions de détention chaoti-ques, au désespoir, aux fantômes – ceux de migrants morts sous la torture –, il n’a pas l’impression de voir autre chose qu’un camp de concentration moderne. Et son détachement de négociateur in-ternational est sérieusement bousculé lorsqu’une jeune détenue, Swada, le supplie de lui venir en aide. Tout ce qu’il avait banalisé jusque-là pour se préser-ver, principe de résilience oblige, n’est désormais plus qu’une flaque vaseuse dans laquelle il barbote, cherchant des réponses, des solutions, une porte de sortie à sa crise morale, à celle de l’Eu-rope. Mais peut-on réellement changer l’ordre des choses quand on est soi-même l’un des rouages du système ? Fruit d’un long travail d’enquête, le film d’Andrea Segre apporte un éclairage dense et une réflexion brillante sur l’une des réalités les plus sombres de l’Europe contemporaine et contribue à faire ce que celle-ci ne fait pas : prendre la dé-fense des laissés-pour-compte de l’autre rivage, coincés hors de l’espace et du temps, dans un présent incertain. Heu-reusement, l’espoir ne s’arrête pas aux frontières…

L'ORDRE DES CHOSES

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DU 28/02 AU 20/03

Réalisé par Marie GAREL-WEISSFrance 2017 1h33avec Zita Henrot, Clémence Boisnard, Michel Muller, Christine Citti, Marie De-narnaud, Pascal Rénéric...Scénario de Marie Garel-Weiss et Sal-vatore Lista.

On se souviendra longtemps des regards effrontés et perdus de Céleste et de Si-hem, interprétées par deux jeunes comé-diennes éclatantes de justesse et de fra-gilité… Pas facile de quitter la fête… de dire adieu aux vieux potes, d’en finir avec l’ambiance de joie, de plaisir et d’insou-ciance, de quitter des lieux dans lesquels on aimerait s’éterniser, encore un tout pe-tit peu, histoire de ne pas renouer avec la vraie vie, celle qui n’a rien d’un conte de fées, et encore moins d’un tour de gran-de roue. La fête, elle met des étoiles dans les yeux, elle est bruyante, elle scintille, elle en fait voir de toutes les couleurs, elle apporte la douceur et la légèreté, mais aussi la puissance et la force. Mais la fête, c’est aussi une fausse amie, elle est vi-cieuse et manipulatrice, elle enrobe avec

ses belles paroles, elle endort, elle étouf-fe, elle fait miroiter des jours meilleurs pour mieux enfoncer les têtes dans l’eau crasse de toutes ses désillusions. La fête : ce n’est pas celle que l’on connaît, les flonflons, les pistes de danse et les rires entre amis… La fête dont il est ici question, elle est de mauvaise réputa-tion, donne de mauvais conseils et avance en meute. Ses complices sont la dope, la défonce, la came, toutes ces substances illégales ou pas qu’une âme est capable d’infliger à son corps pour mieux suppor-ter la vie, pour planer, pour voir ailleurs, pour voir plus grand, plus haut, plus loin… La fin de cette fête, vous l’aurez alors com-pris, c’est bien l’histoire d’un début, d’une renaissance et surtout celle d’un doulou-reux mais indispensable retour à la vie. Céleste et Sihem arrivent le même jour dans un centre de désintoxication où leur histoire, meurtrie par bien des ex-périences avec la came, les a poussées comme dans un ultime instinct de survie. Elles ne se connaissent pas et n’ont pas grand chose en commun, ni leur âge, ni leur passé, ni leurs attaches, rien, hor-mis ce dénominateur commun toxique

qui les a passablement abîmées. Jour après jour, au fil des séances de groupes de parole, un lien fort va se tisser entre les deux filles, nourri par des fous rires et quelques éclats de rage et de colère vis-à-vis d’un encadrement strict et ri-gide… Et fatalement, elles vont se faire virer du centre. Livrées à elle-même, « clean » mais pour combien d’heures, de jours, de semaine, encore ? elles vont devoir affronter le monde réel, ses mirages, ses tentations et sa dureté. Le vrai combat commence alors, celui de l’abstinence. Chacune va devoir, enfin, être elle-même tout en restant maladive-ment accrochée à cet autre si différente et si semblable : amie de cœur, sœur de combat. Entre Sihem et Céleste, les pla-ces ne seront jamais clairement définies, tout sera en perpétuel mouvement. Cé-leste, que l’on pourrait croire la plus fra-gile des deux, va se révéler explosive et indomptable. A l’inverse, Sihem, sous ses airs de dure à cuire, va finalement révéler la nature brute de ses blessures intimes. Rien ne sera joué, rien se ne sera gagné d’avance et à travers ces deux jeunes femmes, portées par un élan vital fina-lement plus fort que l’instinct de mort, c’est un hommage magnifique à toutes celles et ceux qui se battent contre leurs démons intérieurs pour gagner un an, un mois, une semaine ou simplement un jour « sans ».

LA FÊTE EST FINIE

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JUSQU'AU 6/03

Écrit et réalisé par Xavier LEGRANDFrance 2017 1h33avec Léa Drucker, Denis Ménochet, Ma-thilde Auneveux, Thomas Gioria, Floren-ce Janas...

Festival de Venise 2017 : Lion d’argent de la meilleure mise en scène et Lion

du futur du meilleur premier film.

Un couple se sépare. Trop banale issue d’une histoire d’amour qui s’est perdue en chemin, laissant sur le bord de la rou-te les deux enfants dont il faut pourtant impérativement tenir compte, si possible sans faire trop de dégâts collatéraux. La famille Besson a éclaté en mille mor-ceaux et la tension est palpable en cette ultime audience devant la juge : Mada-me et Monsieur, chacun flanqué de son avocate, viennent exposer leur point de vue sur les modalités du divorce. L’enjeu est de taille puisque Madame demande la garde exclusive du fils cadet (la fille aînée, elle, a l’âge de choisir) alors que Monsieur réclame la garde alternée. On comprend vite, à l’électricité qui sature l’atmosphère, à la manière dont cha-cun détourne le regard pour ne surtout pas croiser celui de l’autre, au silence lourd et pesant qui semble s’être impo-sé après trop de cris et de paroles, que ce qui se joue dans ce bureau est vital. Dans ce long plan séquence d’une maî-trise impressionnante, on saisit toute la complexité de la situation, et aussi toute la dramaturgie de cette histoire qui com-

mence, du moins qui commence pour nous spectateur, car pour Miriam et Antoi-ne, elle dure déjà depuis trop longtemps. Chacune des parties va argumenter, de manière concise et presque chirurgicale, et bien malin le spectateur qui pourrait, dès cette scène d’exposition, dire qui a tort et qui a raison, qui est victime, qui est coupable, qui manipule qui, à supposer que le tableau soit aussi simple que cela. On va donc se disputer la garde de Ju-lien, le fils qui ne veut plus voir « l’autre », ce père massif et sans doute trop auto-ritaire, ce colosse au regard d’enfant qui vient quant à lui, tel un agneau fragile, assurer qu’il a changé, qu’il aime ses en-fants, qu’il a besoin de les voir grandir, de les serrer dans ses bras et qu’il a déjà fait beaucoup pour se rapprocher d’eux, comme quitter son travail pour venir s’installer près de l’endroit où leur mère a choisi de vivre. Quand Miriam prend à son tour la parole, c’est pour dire qu’elle ne veut que le bien de ses enfants, qu’el-le n’aspire qu’à vivre en paix, enfin, et si possible refaire sa vie. Mais on a l’impres-sion que ses yeux disent autre chose que ses paroles, qu’elle voudrait aussi posées que possible… Au fond de son regard on lit tout simplement la peur, l’angoisse et la détresse d’une femme, d’une mère. Et la juge va trancher. La garde sera al-ternée. C’est un bouleversement pour le jeune Julien qui n’a pas son mot à dire, tiraillé entre cette mère bienveillante et protectrice et ce père aimant mais mala-droit et parfois brutal qui veut, comme un bon élève, ne rien faire de travers. L’équi-

libre de ce nouveau mode de vie est pré-caire, le quotidien est tendu comme un arc et si chacun contient sa rancœur, son amertume, ses peurs, on sent bien que la moindre étincelle pourrait mettre le feu à tout l’édifice. Et on sent bien aussi que le feu intérieur de la jalousie, de la frustration, de l’humiliation sociale est toujours à deux doigts d’allumer la mè-che qui pourrait faire exploser Antoine… Pour un coup d’essai – puisque c’est un premier long métrage –, c’est réellement un coup de maître. Le récit de cette dé-chirante séparation, filmé sans pathos mais avec une tension qui vous prend aux tripes, est une plongée fascinante dans l’une des plus complexes machi-neries humaine et sociale : le couple, ou ce qu’il en reste. Grâce à une mise en scène d’une belle fluidité qui flirte sub-tilement avec le thriller, le film ne tombe jamais dans une approche trop psy ou manichéenne de ses personnages, cha-cun pouvant être approché sous toutes ses facettes (les deux comédiens sont époustouflants). Xavier Legrand ne juge jamais ses protagonistes mais tente au contraire de montrer qu’ils sont pris dans un engrenage affectif, mental, social, ju-ridique, qui les dépasse. L’écriture est de toute évidence inspirée de situations malheureusement bien réelles tant le film sonne juste dans sa restitution d’une réalité complexe et brutale. C’est beau, c’est fort, c’est incroyablement palpitant et c’est une sacrée découverte !

JUSQU'À LA GARDE

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DU 21/03 AU 3/04

Réalisé par Cédric KAHNFrance 2017 1h47avec Anthony Bajon, Damien Chapelle, Alex Brendemühl, Louise Grimberg, Han-na Schygulla...Scénario de Cédric Kahn, Fanny Bur-dino et Samuel Doux.

C’est un endroit magique où l’air est pur, l’espace si profond qu’on n’en perçoit pas les limites : le regard se perd vers des sommets enneigés qui se fondent avec l’horizon. On devine qu’il est rude de vi-vre là, mais l’esprit et les sens semblent se dilater au contact d’une immensité qui modifie la perception qu’on a des autres, de soi-même et laisse un goût d’éternité. Vit là une petite communauté, créée il y a déjà longtemps par une religieuse hors normes, pour permettre à des âmes per-dues de raccrocher avec l’humanité en trouvant refuge, réconfort et l’énergie né-cessaire pour sortir de leur dépendance à toutes sortes de substances. Ceux qui viennent là on fait le choix de s’extraire de l’agitation, des sollicitations multiples de la ville. Ils ont le corps meurtri, l’esprit en capilotade, au bord de l’asphyxie. Pour eux c’est souvent la dernière chance de renouer avec l’espoir d’un avenir possi-ble. Ici, on ne condamne pas, on ne juge pas, on ne vous fait pas la morale, on

vous accepte sans vous demander d’où vous sortez mais sans vous faire de câ-lins non plus : ils en ont bavé des ronds de chapeau, tous ceux qui composent cette communauté où isolement ne signi-fie pas solitude, où la pitié n’a pas de pla-ce mais ou la solidarité ne faiblit jamais. Ils viennent de tous horizons, de tous mi-lieux. Fils de bourgeois ou « fils de rien », ils sont croyants, athées ou agnosti-ques, mais tous sont à la même ensei-gne, pour tous les règles sont les mê-mes, elles sont strictes, reposent sur trois socles solides : le travail, la prière et l’amitié. Pour commencer, le sevrage sera brutal, total, sans concession : pas la moindre cigarette, le moindre verre, le moindre écart. Un plus ancien, qui est passé par là, vous sert d’ange gardien dans les moments insupportables, vous suit partout, prompt à appeler l’ensem-ble de la communauté à la rescousse pour faire front en cas de passage ris-qué. On parle, on prie, on rit, on crapa-hute vers les sommets, on entraîne son corps à l’effort répété… et on apprend à se regarder sans se mépriser ou se haïr. Si Thomas déboule un beau soir, c’est qu’il a été ramassé dans la rue, alors qu’il était au bord du néant, par un prêtre qui passait par là et l’a convaincu de jouer sa dernière carte en rejoignant le petit groupe. Quand le film commence, son

regard est lourd de détresse et d’emblée accroche celui du spectateur. La prière, la foi, la vie avec d’autres : cet univers lui est totalement étranger. Avant… il se se-rait moqué sans doute. Dans cet endroit paumé il devra couper tout contact avec le monde : ni musique, ni télé, ni internet, ni journaux, ni oisiveté. L’esprit est oc-cupé en permanence pour ne pas penser à la drogue, pour échapper à ce manque vertigineux qui l’aspire vers son abîme in-térieur. Tous bossent dur, chantent beau-coup, prient souvent, parlent à tour de rôle, se réjouissent du moindre progrès et s’il est beaucoup question des forces de l’esprit, de la foi et de Dieu, rien n’est imposé à personne : les chants dans la chapelle, les longues marches dans le brouillard… Thomas sort peu à peu de son isolement mental, commence à se soucier de ses compagnons, acquiert le réflexe de leur tendre la patte à son tour, doute parfois. Mais, quand lui prend l’envie de fuir, il rencontre Sybille dans le village voisin. Éclatante de santé, elle a des yeux magnifiques et si elle ne fait pas partie de la communauté, elle comprend, capable de trouver les mots pour convain-cre Thomas d’aller au bout de ce chemi-nement douloureux qu’il a amorcé… vers quelque chose de moins sombre qui pas-se par un retour sur soi, une rencontre… On pense à la chanson de Brel : « À l’égli-se où j’allais, on l’appelait le Bon Dieu… l’amoureux l’appelle l’amour, le mendiant la charité, le soleil l’appelle le jour et le brave homme, la bonté »… La Prière « est un film qui passe de la conviction au doute, de la mort à l’amour… il ne répond pas à la question de la foi mais l’interro-ge » dit Cédric Kahn.

LA PRIÈRE

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LE FOODTRUCKÀ déguster au Stella Café

Tous les vendredis et samedis

Les Burgers Bio et Frites maison de Crock N' Roule

Renseignements et calendrier

• CROCK'N'ROULE : 0677874194

JEUNESSE - ALICE (à partir de 6 ans)Une chorégraphie réjouissante qui se joue des codes du célèbre conte.

Mercredi 7 mars à 15h – TU : 8 €

THÉÂTRE - DARIUSClémentine Célarié et Pierre Cassignard réunis pour une pièce toute en sensibilité.

Samedi 10 mars à 21h TP : 32 € – TR : 27 €

THÉÂTRE - LES PETITES REINESAdaptée du livre de Clémentine Beauvais, Prix du Roman Jeunesse 2015, Prix NRP (Nouvelle Revue Pédagogique) et Prix Mil-lepages, Les Petites Reines est une satire jubilatoire de l’obsession de l’image.

Mardi 13 mars à 21hTP : 16 € - TR : 13 €

DANSE - IN THE MIDDLESur une chorégraphie de Marion Motin, In the Middle mélange les genres. Spectacle haut de gamme.

Vendredi 16 mars à 21hTP : 27 € - TR : 21 €

MUSIQUE DU MONDE / JAZZ DHAFER YOUSSEF

Chanteur et musicien novateur, Dhafer Youssef provoque l’enchantement. La maitrise de la performance vocale.

Vendredi 23 mars à 21h TP : 27 € - TR : 21 €

THÉÂTRE - LE CAS MARTIN PICHERencontre désopilante d’un psy et d’un patient sujet à l’ennui. Finesse d’écriture et jeu talentueux, un pur bonheur !

Jeudi 29 mars à 21h TP : 20 € - TR : 17 €

THÉÂTRE MUSICAL – 31Sur une brillante mise en scène de Virginie Lemoine, 31 évoque l’ami-tié, le temps qui passe et le saut à l’élastique... Drôle et émouvant.

Mardi 3 avril à 21h TP : 20 € - TR : 17 €

THÉÂTRE – EDMONDLe triomphe d’Alexis Michalik.

Samedi 7 avril à 21h TP : 32 € - TR : 27 €

FAMILIALLE TITRE EST DANS LE COFFRE Le spectacle tout public, qui allie mime, clown et comique de situation.

Jeudi 12 avril à 20h TP : 12 € - TR : 10 €

SAISON CULTURELLEEspace Saint- Exupéry - FRANCONVILLE

Réservations : 01 39 32 66 06www.ville-franconville.fr

32 bis, rue de la Station - FRANCONVILLE

2017-2018

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JEUDI 22 MARS à 20H au Royal Utopia de Pontoise : " Royal Opera House " : 5ème rendez-vous - SAISON 3

Projection en différé du spectacle présenté au Royal Opera House de Londres

Mélodrame en trois actes de Giacomo Puccini, sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d'après la pièce de Victorien Sardou.

Direction musicale : Dan Ettinger - Mise en scène : Jonathan Kent - Avec le Royal Opera Chorus sous la direction de William Spaulding - Orchestre du Royal Opera House, premier violon : Sergey Levitin

DURÉE TOTALE : 3H15 dont 2 entractes (avec possibilité de boire un verre au bar)

• Tarification spéciale : Tarif normal : 13 euros • Tarif réduit : 8 euros ( jeunes jusqu’à 16 ans, étudiants, demandeurs d’emploi ) • Les tickets Utopia ne sont pas acceptés

Distribution : Adrianne Pieczonka (Foria Tosca), Joseph Calleja (Mario Cavaradossi), Gerald Finley (le Baron Scarpia), Aled Hall (Spoletta)

L'histoire : La production de Jonathan Kent pour The Royal Opera capture les troubles politiques qui secouaient Rome en 1800. Scarpia, le chef de la police, et l'un des plus vils méchants du répertoire, traque et torture impitoyablement les ennemis de l'état.Une diva, héroïne d’opéra ? Voici la belle et sanguine Tosca, personnage le plus saisissant né de la plume de Puccini, qui s’inspire d’un personnage créé au théâtre par la grande Sa-rah Bernhardt. Avec Rome en toile de fond, l’opéra tisse une histoire d’amour et de politique des plus réalistes, sur laquelle plane, dès le lever de rideau, la figure du terrifiant chef de po-

lice Scarpia, dont le poison contamine peu à peu cet oppres-sant huis clos.Tosca, ce sont deux heures d’action et de passion coulées dans un lyrisme torrentiel et une orchestration luxueuse, sur un livret qui a l’efficacité d’un scénario de cinéma. Art, amour, religion, sadisme, complots… Tous les ingrédients du parfait mélodrame s’entremêlent et résonnent avec une force et une modernité intactes. Alternant entre une musique sombre et dé-moniaque, marquée par le drame et la passion, et les airs subli-mes des deux amants, Tosca est un incontournable de l'Opéra et l'une des pièces les plus jouées au monde.

PROCHAINS RDV :

jeudi 26/04 : CARMENjeudi 17/05 : MACBETH

TOSCA

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suivie d'une rencontre / dédicace ouverte tout spécialement à toutes les mamans et leurs enfants grands ou petits avec le réalisateur / journaliste / écrivain Nadir Dendoune ( dont les aventures au sommet de l'Everest ont inspiré le film à succès l'Ascension ) et sa maman Messaouda Dendoune,

à l'occasion de la sortie en poche du livre « Nos Rêves de Pauvres »

Film documentaire de Nadir DENDOUNEFrance 2017 57 minavec l’incroyable Messaouda Dendoune et les autres membres de la famille Den-doune, et la participation involontaire de l’émission « les Douze coups de midi » de Jean Luc Reichmann... Ça aurait pu être juste le film d’un mec un peu célèbre et au parcours atypique qui a eu envie de filmer sa mère... Et ça n’aurait pas eu vocation de sortir de son smartphone... Mais même si c’est un peu ça, c’est beaucoup beaucoup plus

que ça ! D’abord parce que Nadir Den-doune est inclassable, ingérable, et plein d’autres qualificatifs qui commencent en in. Grandi comme bien d’autres au sein d’une famille kabyle dans une cité de l’Ile Saint Denis, il aurait pu suivre le parcours classique des jeunes immigrés de deux-ième génération frappés par le détermin-isme social : galère et comme perspec-tive maximale un pavillon Bouygues et un boulot de contremaître. Mais voilà, Nadir est une mule et a eu la chance de faire la bonne rencontre. Un génial animateur de quartier, Salah, l’incite à monter un pro-

jet pour passer du bon temps à vélo en Australie, il y restera huit ans ! Puis de-venu journaliste, boosté par un pote qui organise des treks en Himalaya, Nadir, certes sportif mais novice en alpinisme, se lance comme défi de gravir l’Everest ! Il manque d’y rester, mais il y parvient. Il raconte son aventure dans Un tocard sur le toit du monde. Plusieurs années plus tard, une jeune productrice du 93 s’en empare pour en faire un film, L’Ascension, avec Ahmed Sylla qui incarne Nadir, énorme succès : 1,2 millions d’entrées. Malgré sa notoriété dans les quartiers, Nadir ne renie rien, ni son engagement obstiné pour la Palestine (il fait deux films dont un pour défendre le prisonnier franco-palestinien Salah Hamouri), ni son combat pour la reconnaissance de la gé-nération de ses parents, ces Maghrébins qui ont tant donné à la France qui leur a tellement peu rendu. Son livre Nos rêves de pauvres, où se révèle la conscience sociale d’un Ken Loach, l’humour et une once de poésie en prime, parle de son enfance dans cette France des laissés-pour-compte des années 80. Gros suc-cès encore, désormais édité en poche, parce que des générations de gens issus des quartiers populaires parfois gaulois s’y reconnaissent.Des figues en avril, qui dessine le por-trait drôle et bouleversant de sa mère Messaouda, est la continuation du livre et c’est pour cela qu’il est important. Au-delà de la personnalité attachante, malicieuse, déterminée et passionnée de la vieille dame de 82 ans, que l’on décou-vre dans le quotidien de son deux pièces cuisine de l’Ile Saint Denis, toujours habi-té par la présence invisible de l’absent, son mari Mohand obligé d’être placé en établissement et à qui elle rend visite chaque jour, le film déroule des thèmes fondamentaux : il y a l’exil intérieur des Chibanis, qui ne se sont jamais sentis to-talement là et qui ne sont plus vraiment bienvenus dans l’Algérie d’aujourd’hui, ni la France ni leur pays d’origine n’ayant su être à la hauteur de leurs efforts. Il y a cette double culture forcément, Mes-saouda restant bercée par les chanteurs kabyles emblématiques, comme Slimane Azem, tout en étant fière du devenir en France ou même ailleurs de ses enfants. Mais surtout Nadir Dendoune parle, en laissant de côté les questions identitaires débiles, du déclassement de ces classes populaires ghettoïsées dans les quartiers, toutes origines ethniques confondues. En cela, tout en faisant un film drôle et tendre sur sa mère, Nadir Dendoune fait œuvre politique essentielle, et on en res-sort galvanisé et bouleversé.

PETIT-DÉJEUNER DÉCOUVERTE DIMANCHE 25 MARS EN AVANT-1ÈREà Utopia Saint-Ouen ( rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15 )

LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud, le thé et le jus d'orange Tarif unique : 3,50 euros

DES FIGUES EN AVRIL

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À PARTIR DU 28/03

Réalisé par Walid MATTARBelgique 2017 1h29avec Philippe Rebbot, Corinne Masiero, Mohamed Amine Hamzaoui, Kacey Mot-tet Klein…Scénario de Leyla Bouzid, Claude Le Pape et Walid Mattar

Rien de nouveau sous les embruns du Nord. Quand les délocalisations pleu-vent sur l’avenir des hommes, leur hori-zon semble soudain tout bouché malgré la mer qui s’étend à perte de vue. Hervé Lepoutre, en grand dadais hébété, ne se rebelle même pas quand il apprend qu’il est viré et que l’usine qui l’embauche dans cette petite ville côtière en banlieue de Boulogne-sur-mer va fermer. Et lui qui attendait paisiblement sa retraite pour al-ler pêcher ! À quelques milliers de kilomètres de là, dans une autre petite ville côtière, en ban-lieue de Tunis, la même usine est relocali-sée, prometteuse d’une nouvelle prospé-rité. Pour le jeune chômeur Foued, c’est pain béni. Le voilà qui retrouve un emploi, adoptant les mêmes gestes mécaniques que ceux qui ont fait le quotidien d’Hervé durant des dizaines d’années, sur les mê-mes machines. Mais même dans ce pays de rêve truffé d’hôtels pour touristes fau-chés, l’avenir n’est pas moins bouché. La classe ouvrière est bien sûr la grosse din-de de la farce, perpétuellement perdante face à des actionnaires lâchement ano-nymes. On connait la chanson. Nul n’est dupe désormais, aucune reconnaissance à attendre, aucune fierté à retirer, aucun épanouissement à espérer d’un travail mécanique, purement alimentaire. Peu importe ce que l’on produit ici, l’emporte pièce qui découpe le cuir entaille chaque jour un peu plus l’espoir d’une vie qui aurait du sens.

Retour au bord de la Manche. Pour Her-vé, tout n’a plus l’air si sombre car il est porté par le rêve d’une mer grande et belle. Sans le dire à personne, même pas à sa grande gueule de compagne Véroni-que, il caresse l’espoir secret de devenir marin. Il a tôt fait d’investir sa prime (en cachette, le gros vilain !) dans un petit ba-teau, et décide de passer ses journées à sillonner les vagues, d’aller respirer ce parfum de liberté qui semble à portée de ses pognes.Véro sent bien qu’il y a anguille sous ro-che, mais elle est loin d’imaginer tout ce qu’il tait. Quand elle essaie de lui tirer les vers du nez, son benêt de mari prend des airs ahuris. « Les médias exagèrent ! » s’écrie-t-il. La fermeture prochaine de l’usine ? Les licenciements annoncés ? La grogne qui monte ? La grève qui menace ? Rien de tout ça en vue, ma capitaine ! Véro ne sait pas qu’il ne fait déjà plus partie de ce combat-là. Hervé s’embourbe progressivement dans une position de moins en moins tenable, de moins en moins crédible. Jusqu’à ce que

la vérité jaillisse, incompressible, grand moment de panique à bord, engueulades tragi-comiques, mais quand on s’aime vraiment, cela n’a qu’un temps. Une fois la tempête passée, voilà l’épouse fidèle qui se pique au jeu, tâchant de refourguer les bars, les loups et autres poissons peu règlementaires aux voisines du quar-tier…Pendant ce temps, de l’autre côté de la méditerranée, Foued perd peu à peu ses illusions. Il se met à rêver lui aussi de prendre le large, attiré comme tant d’autres miséreux par un Eldorado, un pays où les droits des hommes seraient respectés, où le travail coulerait à flot, un pays de rêve qu’on appellerait la Fran-ce… Vous l’aurez compris, c’est un chassé croisé non dénué d’ironie, entre deux continents, deux histoires parallèles qui témoignent avec dérision de l’état d’une classe ouvrière abandonnée par les di-rigeants. Le couple Lepoutre (épatants Philippe Rebbot et Corinne Masiero) est jubilatoire. La plus belle trouvaille du film est peut-être sa manière de nous faire passer d’un continent à l’autre par voies légales, illégales, navigables ou pas… Un vrai road-movie à niveau de container au cœur de la mondialisation, d’un capita-lisme débridé qui marche sur la tête !

VENT DU NORD

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DU 28/02 AU 27/03

Réalisé par Luca GUADAGNINOUSA/Italie 2017 2h12 VOSTFavec Arnie Hammer, Timothé Chalamet, Michael Stuhlbarg, Amira Casar, Esther Garrel...Scénario de James Ivory, d’après le roman d’André Aciman, titre français Plus tard ou jamais.

Un film en état de grâce. Solaire, d’une beauté radieuse, d’une sensualité eni-vrante. Écrit par le vétéran James Ivo-ry (oui, le réalisateur un peu oublié de Chambre avec vue, Retour à Howards End, Les Vestiges du jour…) d’après le roman d’André Aciman (par ailleurs émi-nent spécialiste de Proust, ce qui n’est pas anodin), Call me by your name trans-cende un sujet qui aurait pu rester banal – et un ancrage dans un milieu très bour-geois qui peut au départ irriter – pour faire naître une magnifique et assez boulever-sante histoire d’amour et pour incarner une véritable philosophie de la vie, basée sur l’esprit d’ouverture, la soif de dé-couverte, la bienveillance fondamentale vis-à-vis des êtres et des événements. Bercé par la langueur estivale de Crema, dans la campagne lombarde, Elio, brillant jeune homme de 17 ans, vif, joueur et vo-lontiers fantasque, passe ses vacances dans une sublime villa familiale aux côtés

de parents intellectuels, mère traductrice et père archéologue. Le père est améri-cain, la mère française, et l’Italie est leur terre culturelle d’élection, lumineuse, riche de son histoire et de sa douceur de vivre. Le décor ainsi posé, écrin paradisiaque bercé par les notes de piano de l’adoles-cent prodige, installe le récit dans un hors temps propice aux expériences initiati-ques sans contraintes apparentes. En ce début des années 1980, Elio profite d’un statut privilégié et d’une aisance naturel-le qui fournissent à sa curiosité d’excep-tionnelles conditions d’épanouissement. Loin d’endormir le propos, le postulat de départ l’affranchit de toute faiblesse narrative. En écartant les barrières fa-ciles et les clichés inhérents au sujet, le récit se concentre sur l’essentiel et permet à l’éveil sensuel, amoureux et sexuel du jeune homme de s’exprimer dans toute sa puissance. Si la décou-verte de l’homosexualité s’inscrit de fait au cœur du film, les craintes, la peur ou la culture du secret qui en découlent proviennent davantage de questionne-ments intimes que de règles sociales. Alors qu’Elio entretient avec Marzia une relation amicale aux frontières floues, sa rencontre avec Oliver, un étudiant un peu plus âgé que lui venu en stage auprès de l’éminent spécialiste en culture anti-que qu’est son père, va progressivement bouleverser son existence et le propul-ser dans une zone de turbulences aussi

exaltante que déstabilisante. En expéri-mentant la puissance de l’amour et du désir, le jeune homme plein d’assuran-ce découvre en lui une fragilité qu’il ne connaissait pas. Demeurant audacieux, parfois arrogant, mais devenu vulnéra-ble, il franchit comme tout adolescent le gué menant de l’enfance à l’âge adulte. La subtilité de l’approche de Luca Gua-dagnino se développe sur la durée. Après avoir installé ses personnages dans un confort enviable, il densifie le récit et transforme progressivement la romance en vibrante histoire d’amour. Tirant parti de la lumière naturelle, brûlante le jour et contrastée la nuit, profitant de la beauté italienne (nature luxuriante, sensualité de l’architecture, saveur des mets…), le ci-néaste dévoile les corps, filme les peaux et enveloppe le récit d’une sensualité prégnante. L’habillage bourgeois cède alors le pas à un flux bouillonnant qui évoque le sexe sans détours et capte les infimes manifestations du désir amou-reux jusqu’à son point d’incandescen-ce… Les comédiens sont tous formida-bles – et beaux à se damner pour ce qui est des deux principaux –, les ambiances musicales sont parfaitement choisies, la mise en scène d’une élégance fluide… la grâce vous dis-je.

( Larges emprunts au texte de P. Guiho, cultoropoing.com )

CALL ME BY YOUR NAME

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qui fait ses études à Paris mais qui surtout se cherche (il écrit aussi des scénarios de cinéma), est revenu voir sa famille qui tient un restaurant tunisien/asiatique. Ce ma-tin-là il chemine en vélo pour rendre une visite surprise à son amie Ophélie. Mais quand il arrive, des bruits provenant de la chambre ne laissent aucun doute, Ophélie est en train de faire l’amour : scène d’une intensité digne de celles que l’on pouvait voir dans La Vie d’Adèle. Amine attend que l’amant, son cousin Toni, s’en aille pour al-ler voir Ophélie. Laquelle est en principe promise à Clément – un marin du porte-avions Charles de Gaulle qu’on ne verra ja-mais – mais elle avoue à Amine entretenir depuis longtemps une relation avec Toni.Peu après Toni et Amine se rendent à la plage où ils draguent gentiment des va-cancières, Charlotte et Céline. Charlotte s’amourache très vite de Toni, qui se sert de ce genre d’amourettes comme para-vent à sa relation avec Ophélie, tandis que Céline va papillonner d’aventures en aven-tures, filles et garçons confondus.

Le film va suivre les circonvolutions festives et sensuelles de ce groupe de jeunes gens durant trois heures qu’on ne voit absolu-ment pas passer, tant Kechiche sait nous attraper pour nous entraîner dans cet oura-gan de tchatche et de corps déchaînés. Le tout dans une ambiance joyeusement mé-diterranéenne où tout le monde (et on s’en réjouit) se fout des différentes origines des uns et des autres. Mais tout cela pourrait être anecdotique voire répétitif si Kechiche

ne maîtrisait pas admirablement les cas-sures de rythmes. Alternent les séquences bluffantes d’énergie, quand toutes les gé-nérations confondues s’éclatent à la mer ou dansent dans les boîtes de nuit – scène d’anthologie avec un groupe de filles en transe, parmi lesquelles l’impressionnante Hafsia Herzi, dont on se souvient dans La Graine et le mulet du même Kechiche –, et des moments beaucoup plus sereins voire élégiaques : un des plus beaux nous mon-tre Amine, passionné de photographie, guetter la nuit l’accouchement d’agneaux dans la ferme des parents d’Ophélie. Après les débordements festifs, Kechi-che parvient à nous émouvoir aux larmes face à l’apparition simple et belle de la vie. Kechiche, à côté du tourbillon des corps, parvient à générer le mystère et la poésie à travers un couple atypique et platonique mais à la tension sexuelle omniprésente : la terrienne et voluptueuse Ophélie, pour qui semble avoir été créé le qualificatif de callipyge et dont Kechiche filme les for-mes avec gourmandise, et Amine, témoin beau et troublant des amours des autres sans jamais lui même consommer, confi-dent tendre et à l’écoute, intellectuel qui aime la nuit regarder des classiques du cinéma soviétique pendant que d’autres s’enivrent. Un personnage fascinant dont on peut se demander s’il n’est pas l’alter ego du réalisateur, lui même observateur derrière sa caméra de la furia des corps et des passions des âmes.

À PARTIR DU 21/03

MEKTOUB MY LOVE

COUP DE PROJECTEUR SUR LE FILM

« Mektoub My Love »Retrouvez la présentation de ce film dans le journal

d’informations localesLe mercredi 21 mars

à partir de 18h45 sur radio RGB 99.2 fm

Disponible en podcast sur radiorgb.net

TARIFS :Tous les jours à

toutes les séancesNormal : 7 euros

Abonné : 5 euros ( par 10 places, sans date de validité et non

nominatif)Enfant -16 ans : 4 euros

&Sur présentation d’un justificatif

Lycéens - Étudiant : 4 eurosPASS CAMPUS : 3,50 EUROS

Sans-emploi : 4 euros

TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen

CENTRES DE LOISIRS

Sachez-le : la salle de Saint-Ouen l’Aumône accueille vos groupes d'âge maternel ou

primaire, contactez-nous directement au

01 30 37 75 52.

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PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org

Réalisé par Abdellatif KECHICHEFrance / Italie 2017 2h50avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Alexia Chardard, Lou Luttiau, Hafsia Herzi, Mel Einda...Scénario d’Abdellatif Kechiche et Gha-lia Lacroix, d’après le roman de Fran-çois Bégaudeau

Au moment où l’on écrit ces lignes, les fri-mas de l’hiver glacent encore nos corps endormis, et voilà que déboule pour nos mirettes et nos sens cet incroyable tor-rent visuel de soleil et de sensualité, une ode à la vie, à l’amour sans entraves, aux corps libérés comme seul pouvait nous la proposer le controversé mais génial

Abdellatif Kechiche, palmé à Cannes en 2013 pour La Vie d’Adèle.On est au cœur de l’été 1994, dans le Sud, plus précisément à Sète, cité por-tuaire et populaire chère au réalisateur. En cet été caniculaire, tout le monde écoute Supertramp, et tout le monde ne pense qu’à danser ou aller à la plage. Amine,

MEKTOUB MY LOVE (Canto Uno)

GAZETTE no 278 du 28 FÉVRIER AU 3 AVRIL 2018 - Entrée : 7€ - Abonnement : 50 € les 10 places - Étud. : 4 €