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La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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Josane

Charpentier

LA

FRANCE

DES

LIEUX

ET

DES

DEMEURES

ALCHIMIqUES

présenté

par Eugène

Canseliet

É

ÉDITIONS

HEIiZ

1 14, Champs-Elysées,

Paris

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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OUVRAGES

CITES

Fulcanelli

: Mystère

des

Cathédrales

(Pauvert,

r964);

les

Demeures

philoso'

ohales

(Pauvert.

rq6q).

E.'Canseliet

,

brul*

iosis

alchimiques

(Éld.

Schemit,

1945);

Préface

des

Douze

Clefs

de

ta

Phitîsobhir,

de'Basile

valentin

(Éd.

de

Minuit,

r956)l

Alchimie

(P"rr.tt,

rgOi);

Mutus Liber

(Pauvert,

r967);

l'Akhimte.expli-

quée sur

ses textes

ctàsiques

(Pauvert,

ry7ù

Trois

anciens

traités

d'alchi-

rzie

(Pauvert,

rg75).

Michel

Maier : Atatante

fugitiue

(É.d.

Médicis,

r97o).

I.

Van Lennep

: Art ei

A'[chimie

(Éd.

Meddens,

1966).

ïh.

Audoin

:'Bourges,

Cité

première

$ulliard,

tgTz).

S.

Batfroi

: Atchimiiues

métamorphoses"du

Mercure

uniaersel

(Éd.

de

la Mais-

nie,

r977).

J.

j.

M"iÉÉ : Le PLafond.

Alchimique

de

l'Hôtel Lallemant

à

Bourges

(Éd.

du

Baucens,

rg76).

Revue

Attantii,1".q.r.t

d'Arès,

rédacteur

en

chef,

30'

rue

de la

Marseil-

laise

(Vincennes).

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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LA

FRANCE

DES LIEUX

ET

DEMEURES

ALCHIMIQUES

Ce

guide

pratique

comporte des

pages spéciales

qui

ont

pour

but de

faciliter

et

enrichir

vos

découvertes.

Pages 6

et

7,

une carte de France

indique

toutes les

localités mentionnées.

Pages 8

et

g,

une table

alphabétique

de

ces

localités

permet de

retrouver

rapidement

les renseignements

recherchés.

Enfin,

page

157,

un

lexique

fournit

la signifrcation

alchimique

des sym-

boles

et

figures

les

plus importants

et les

plus

couramment

rencontrés.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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Amierro

Saint-Wandrille

.ol-æn

Cdrÿ

ouen

oBanrjs

oReims

Saint€arnfursr-Laye

t

Notre'Damedel'ftir

Marly-leRoi

fr,-*

.

Dtnmartin-strr-Tigeaux

oGuimiliau

La

Ferté-Macé

'\

-

-

  Chartres

\l

o

Troyes\

^

Colmaro

Ouimper

o

oLa Ferté'Bernard

VitrÉ

o

Le

Mans

l

Ploërmel

oLe

Plessis-Bourré

o

Beaune

 '--. .

o

Villesalem

Paray-le'Monial

o

Melle

Montmorillon

VichY.

o

èharlieu

l

Dampierre-sur-Boutonne

Thiers

Montferrand.

.

)lron

Le

Puy

oRocamadour

o

Figeac

.

oCahors

Saint-

lde-Comminles

oLimoux

 .

oArreau

i

Avignon

o

Manosque

Arles

lAix.çn-provence

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TABLE ALPHASÉïquE

DES

VILLES

AIX.EN-PROVENCE

(Bouches-du-Rhône)

AMIENS

(Somme)

ARLES

(Bouches-du-Rhône)

ARREAU

(Hautes-

Pÿ'rénées)

AVIGNON

(Vaucluse)

BEAUNE

(Côte-d'Or)

BEAUVAIS

(Oise)

BÉDARRIDES

(Vaucluse)

SAINT.BERTRAND.

DE-COMMINGES

(Haute-Garonne)

BOURGES

(Cher)

SAINT.BRISSON-

SUR.LOIRE

(Loiret)

CAHORS

(Lot)

CHARLIEU

(Loire)

CHARTRES

(Eure-et-Loire)

COLMAR

(Haut-Rhin)

COUCY

(Aisne)

COULONGES-SUR.

L'AUTIZE

(Deux-Sèwes)

DAMMARTIN-SUR.TIGEAUX

près de MORTCERF

(Seine-et-Marne)

DAMPIERRE-SUR-

BOUTONNE

(Charente-Maritime)

LA

FERTÉ-BERNARD

(Sarthe)

LA

FERTÉ-MACÉ

(Orne)

FIGEAC

(Lot)

FONTENAY-LE-COMTE

(Vendée)

SAINT-GERMAIN.

EN-LAYE

(Yvelines)

GUIMILIAU

(Finistère)

38

r39

39

l09

r46

t5

l04

r47

74

l lo

29

137

84

54

95

r36

42

r29

105

96

148

95

89

r55

84

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TABLE

ALPHABÉTIqUE

DES VILLES

(

Pyrénées-Atlantiques)

CELLE-BRUÈRE

(Cher)

(Aisne)

MANS

(Sarthe)

(Vienne)

PLESSIS-BOURRÉ

(Maine-et-Loire)

PUY

(Haute-Loire)

(Aude)

(Hautes-

Pyrénées)

(Rhône)

(Alpes-de-

Haute-Provence)

(Yvelines)

(Bouches-du-Rhône)

(Deux-Sèwes)

(Puy-de-Dôme)

(Vienne)

(Loire-Atlantique)

(Alpes-Maritimes)

PARAY-LE-MONIAL

(Saône-et-

Loire)

PARIS

PLOËRMEL

(Morbihan)

POITIERS

(Vienne)

to7

3o

t23

r50

97

9l

38

I

lo

ltl

120

15

r04

r52

3r

r55

4r

r37

qUIMPER

(Finistère)

8+

REIMS

.

(Marne)

ro2

ROCAMADOUR

(Lot)

96

ROMORANTIN

(Loir-et-Cher)

88

ROUEN

(Seine-Maritime)

1Bo

THIERS

(Puy-de-Dôme)

ro6

TOURS

(Indre-et-Loire)

85

TOUSSON

près

de

VULAINES-SUR-

SEINE

(Seine-et-Marne)

rg6

TROYES

(Aube)

Z7

VICHY

(Allier)

go

VIENNE

(Isère)

86

VILLESALEM

(Vienne)

rS4

VITRÉ

(Ille-et-Vilaine)

85

SAINT-WANDRILLE

r05

r52

9r

31

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PROPOS

LIMINAIRE

Important

et

de

conséquence,

tel apparaît le patient travail de

Madame

Chârpentier,

lequel

ainsi se

présente de

valeur et

d'utilité à

la

fois

évi-

dentes

et

tout à fait indispensables.

Les anciens monuments n'ont

pas

que

la

vertu

d'entretenir

et

d'aviver

I'attirance

sentimentale et

roman-

tique

des humains

qui sont

amoureux

admirateurs

du

passé,

qui en

regrettent la douceur, la quiétude et

le charme.

Les

édifices

d'antan,

de

fonction

civile

ou

religieuse, depuis la colonne,

la

croix ou

la fontaine, semblablement

modestes,.jusqu'au

logis

cossu,

l'église

somptueuse

ou

I'opulent

château;

les

vieux édifices., petits

ou

grands, possèdent

leur

langage qui est

celui du

symbole,

c'est-à-dire

de

I'image,

assurément

plus

fidèle que la lettre.

Qu'elle

soit peinte

ou

bien

sculptée,

il ne

suffit

pas

d'admirer, dans sa beauté d'exécution, Ia scène

qui, bien que

muette

en

apparence,

selon

Michaelis Maierus,

en

son

Atalante

rttyant

fugiens,

et non

pas

fugitiae

fugitiva

(la

remarque

est

importante) oui, I'enseigne ou

I'emblème

parlent

clairement aux yeux

et à

I'intelligence

-

oculis

&

intellectui

clare

loquitur.

Évidemment,

l'influx

magique

n'est

pas

sans intervenir,

qui

est

celui des

ondes,

et

que

les

constructiôns

du

temps

jadis

retiennent

en

leurs

maté-

riaux de

propice

noblesse.

Qu'on

dorme donc tranquille,

puisque,

par

le

bienfait

du

dangereux

béton

armé,

les

maisons hantées ne sont plus à

craindre

dans

l'ère

de

I'atome,

que

de

très cyniques

farceurs

promettent

au

bonheur

des

humains du

prochain

millénaire.

En

tout cas,

il

importe

de

tirer,

de recueillir et

de

savoir

utiliser ces

radiations,

afin qu'elles

deviennent

truchement

de quête et

de

compréhension.

Il

n'est

pas

dou-

teux

que

Josane

Charpentier

a

fréquemment bénéficié

de ces secrètes

confidences

qui

se

montrent, peu

ou

prou

et

de

loin en loin, sur la

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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Là se

situe

la vertu supérieure

du

tourisme, lorsqu'il

est

véritable,

noble

et

enrichissant,

de

laquelle

Louis

Charpentier

t

avait

saisi

exactement

tout

l'avantage,

en

glorifiant,

dans

sa

splendeur et

son

mystère,

la volu-

mineuse cathédrale

chartraine.

A

ce

niveau, toute visite

dont

le

but

est

de s'instruire et de connaître devient un

bénéfique, réel et

pieux

pèle-

rinage,

tout

au

long des

édifiantes

images de la philosophie hermétique,

qui

sont aussi

celles

de

l'alchimie portée

au

plan

expérimental

du labo-

ratolre.

Au

demeurant,

qui donc, ayant un

bon petit

bagage d'ordinaire

instruc-

tion,

po.urrait

n'avoir

jamais

.senti

que

toutes

ces

images

appartinssent

à un univers au sein

duquel

elles

se trouvent

reliées

ensemble

par

un

fil

également discret et sûr?

N'est-il

pas

troublant

ce

caractère

d'universa-

lité, si l'on

compare seulement

les

emblèmes

-

emblemata

-

qui sont

sculptés

aux Notre-Dame

de Paris, d'Amiens,

de

Lyon,

de Bourges

et

de

Chartres?

*-o

Le langage iconographique

est

aussi

celui

que parlent

les oiseaux,

qui

est

I'expression de la

cabale

phonétique

et, non

moins

exactement, qua-

lifrée

auditiae

par

Nicolas Flamel,

au

I,iare

des Figures

HierogLiphiques,

fournissant en particulier quelques détails

relatifs

à

son

voyage à Saint-

Jacques-de-Compostelle.

Ce

langage fut employé par

Rabelais,

Fran-

cesco

Colonna,

de Cyrano

Bergerac,

Jonathan

Swift,

puis

mis

en

lumière

par

Grasset

d'Orcet et,

en dernier

lieu, quasiment

vulfarisé, par I'Adepte

Fulcanelli qui

en

fournit

brièvement

la

définition,

daus

son livre des

Demeures

philosophales

:

<< Le

langage des oiseaux

est

un

idiome

phonétique basé

uniquement sur

I'assonance.

On n'y tient

donc aucun compte de

l'orthographe dont

la

rigueur même

sert

de

frein

aux

esprits curieux

et

rend inacceptable

toute

spéculation réalisée en dehors

des

règles de

la

grammaire.

»

En alchimie, c'est-à-dire dans I'art

qui

est

excellemment philosophique,

la

liwesque spéculation garde

son

grand

rôle que le

Lixre

muet

-

Mutus

Liber

-

signale,

non

sans

esprit,

lui qui, dépourvu

de

paroles,

prononce

néanmoins

I'impératif

conseil

fréquemment

répété :

LEGE,

LEGE, LEGE,

RELEGE,

ORA,

LABORA ET

INVENIES

Lis,

Lis,

Lis,

Relis, Prie,

travaille et

tu

trouveras

r.

Auteur

des

Mystàres

de la

cathédrale de

Chattres

(R.

l,affont).

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PROPOS LIMINAIRE

pratique,

en effet, ne saurait

être

sans

l'étude

et

la

méditation, pour

la

que toute

opération ne peut être

tentée, avec

un

peu de chance,

ne s'en

soit fait, à priori,

I'idée nette et satisfaisante.

décoration des édiflces

fut longtemps la

dépositaire

jalouse

la

pensée

philosophico-religieuse. Celle-ci,

quoi

qu'en eût

décidé

Guénon,

anima tout

le

Moyen Age chrétien

durant ses deux

périodes dont

les

architectures

romane

et gothique

conservèrent

caractères encyclopédiques

et

retrouvés

en compagnie

de

Josane

les

églises

cathédrales,

abbatiales, collégiales

et

paroissiales,

relevassent

de

l'évêché,

de

I'abbaye,

du

chapitre

ou

bien

de la

fleurirent,

avec plus ou

moins de richesse,

les

fragments

des liwes

l'antique

Hermès, dont on considère toujours,

assurément

à tort,

aient

été

perdus. Tout au contraire, c'est dans

I'Occident

catho-

que se

retrouve

toute

I'initiation

que les

croisés

et

les

templiers

auprès

des

Arabes,

et

que ceux-ci

avaient reçue

des

Grecs

d'Alexandrie.

c'est

également

que

fut

trouvé

Ie

chef

d'accusation qui pesa

contre

I'Ordre

du

Temple,

dans

le

procès

inique.

Car

les

n'étaient

pas

constamment

aux prises avec

les

peuples musul-

du Proche-Orient,

dont

ils

estimaient

hautement l'élite

courtoise

savante.

ce

z5

mars rgSo

Eugène

Canseliet

"

F.c.H.

Page 13: La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PARIS

PARIS

CATHÉDRALE

C'est

par Notre-Dame de Paris, l'église

philosophale

par

excellence,

que

nous

commençons

notre quête des

monuments alchimiques, car elle

est

bien « l'abrégé

le

plus satisfaisant de la science hermétique

»,

ainsi que

l'a

écrit Victor

Hugo.

Au

xne siècle,

c'était

dans

la

cathédrale

que

chaque semaine,

le

samedi,

se

rencontraient

les

alchimistes.

Le grand

portail

Devant Nôtre-Dame, au grand portail,

dit

porche

central ou duJ.ge-

ment, au-dessous du

Christ

debout;

juste

au milieu et

à

hauteur

9..:

y.q*,

on

remarque

une petite statue : une femme assise représente

I'Alchimie.

«

Sa

tête touche aux

ondes

du ciel »; elle tient de la main

gauche

le

sceptre

de

I'art royal,

tandis

que

de

la droite

elle maintient,

debout

sur

son

avant-bras,

deux liwes; « I'un estÿrmé

qui

symbolise le

sujet gros-

sier, et

I'autre

est

ouaert

qui

figure

la

même

matière

passive

après

qu'elle

a subi la pénétration de

l'esprit

I

».

Elle

tient

devant elle une

échelle à

neuf degrés

-

scala

philosophorum

-

dont les

alchimistes

doivent patiemment

gravir

les

échelons

tout

au

long

des neufs opérations qui

les

conduiront à

la réalisation

de

I'CEuwe.

Sur

les faces

latérales

des

contreforts

qui

limitent le grand

portail,

à

hauteur

de

l'ceil,

deux petits bas-reliefs sont

encastrés chacun dans une

olive.

Sur

celui

de gauche, nous

voyons

un homme arrêté devant une source :

I'alchimiste

contemple

Ia

Fontaine

mystérieuse qui

jaillit

avec impétuosité

du

vieux

chêne

creux.

Ce chêne

creux représente, pour

les

alchimistes,

leur

fourneau,

I'Atha-

nor.

On

remarque un

oiseau

perché sur

I'arbre

:

il frgure

la

nature

vola-

tile

du

composant.

En

face

de ce

motif,

le

contrefort

opposé

montre la

cuisson du

compost

philosophal

:

Un

chevalier

en armure, qui paraît

être

sur la

terrasse

d'une forteresse

-r.

Voir

Fulcanelli

:

Mystère

des cathédrales. E. Canseliet

:

elchirie

expliquée sur

ses textes,

p.37.

Page 15: La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

http://slidepdf.com/reader/full/la-france-des-lieux-et-des-demeures-alchimiques 15/160

16

(on

remarque

des

créneaux derrière

lui), menace

de

son

javelot

une

forme

imprécise

qu'il

est

difficile d'identifier

-

« mais il se pourrait

qu'elle

eût été une

masse rocheuse »,

estime

le maître

Canseliet.

Derrière

notre

combattant,

on

distingue

un athanor

§ous

leqirel

brûle

une

flamme.

Les

frises,

qui s'étendent de chaque côté

du

porche,

sur.

deux

rangs

superposés, comportent chacune douze

sujets

ayant

trait au

travail

alchimique.

En

allant de

I'extérieur

vers

I'intérieur, et en

commençant par

le rang

supéfieur de gauche,

nous

voyons, sur

le premier

bas-relief,

l'image

du

corbeau,

symbole de

la

couleur

noire;

alors que

la

femme

qui

tient le

disque symbolise la Putréfaction.

Le second

bas-relief

présente un

caducée,

symbole

de

Mercure.

Le médaillon

suivant

représente

une

femme

dont

les

longs

cheveux sont

semblables

à

des

flammes. Elle

presse

sur

sa

poitrine le

disque de

la

Salamandre

«

qui vit

du

feu

et

se

nourrit du

feu », ainsi

que l'écrit

Fulcanelli.

C'est

la Calcination.

Paris,

cathédrale

Noue

-Damerl

Portail

du

Jugement)

Le quatrième sujet

:

un personnage expose

I'image du Bélier,

symbole

du

principe

métallique mâle.

La femme

qui

vient ensuite

montre I'oriflamme

aux

trois

pennons, qui

symbolise

les

trois

Couleurs de

l'CEuare

: le

noir,

le blanc et le

rouge;

elle

personnifi

e

l'

Iîv olution.

Le

sixième

médaillon représente la Philosophie.

Le disque que présente

la

femme porte une croix grecque

:

l'expression

des quatre

éléments.

En

haut du disque,

à

gauche, on distingue encore le soleil, mais à

droite,

la

lune

a été

marteléè

:

ce

sont

les

dèux

principes métalliques, soufre et

mercure.

Examinons maintenant le côté

droit

du

porche :

Sur

le premier bas-relief de cette série,

une femme tient

un disque

sur

Page 16: La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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lequel

on

distingue nerrement

I'Athanor,

mais

coupé

dans le sens

de

la

Iongueur,

et

qui

monrre

ainsi

I'intérieur

de l'apparèil,

et

la

partie

desti-

née

à

supporter le

résultat

de l'cEuwe.

D'ailleürs,

cette

femme

tient

une

pierre

de.la

ma-in-

droite

qu'elle

semble présenrer

comme

le

sujet du

labeur

philosophal.

Sur

le

médaillon suivant,

une-femme

présente

un disque

sur lequel,

avec

un

pêu

d'attention,

on peur

distinguèr

un

griffon.

Cét

animal

mytholo-

gique

a

la

tête,

la

poitrine

et-les pàttes de

iievant

d'un

aigle,

tanâis q.re

le

reste

du

corps

est

celui

d'un

lion.

C'esr

I'union

des

àeux

princiies

opposes

:

c est

la

premtere

conlonctlon.

Puis,

une femme rious

désigne les

matériaux

nécessaires

à la fabrication

du

vaisseau

hermétique

:

èlle tient

à

la

main

un morceau

de bois; le

chêne sculpté

sur le

disque

qu'elle maintient

contre elle

indique,

sans

l'essence

de

ce bois.

Passons

au dixième sujet

:

une

fe^mme

tient un

écu

sur

lequel

est

sculpté

fabuleux,

tenant

à

la

fois

du coq et

du

renard

:

c'est

le

sfrn-

du

Soufre

rouge

et incombustible.

le

motif

suivant, un

taureau

est

sculpté sur

un

disque.

Cet animal

consacré

au

Soleil,

représente

le Soufre, principe

màle.

le

dernier personnagè

est un

chevalier r.êo.ru.it

de

son

armure. Il

son

épée d'une

main,

iandis

que,

de

I'autre,

il

maintient

un

écusson

lequel on

voit

distincteme

nt

urt

liln.

Nous

ne

pouvons

savoir

aujour-

si

cet animal

était

vert ou rouge;

mais

il

esi

certain

que

le

liôn

est

de

l'or,

tant

alchimique què

narurel.

Paris, cathédrale

Notre-Dame

(portail

du

Jugement)

k

signe de

I'Or

à présent le

rang inferieur

du

soubassement

:

des

douze médaillons

ont

trop souffert

des intempéries

pour

qu'il

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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l8

soit

possible

de les

déchiffier

:

ce

sont

le

cinquième

médaillon

du

côté

gauche,

et

le orzième,

à droite.

Âuprès'du contrefort,

le

premier

sujet nous

présente

un

cavalier

désar-

Coriné

qui

s'accroche

à

sa-monture

:-le

cheval est

un

symbole

de

rapidité

ét

de

lé'gèreté;

il

figure

la

partie

volatile

qui

se.

dégage

du

corps

*ÉPl-

lique

giossier, refrésenté-

par

le cavalie].

C'est

la

Dissolution

philo-

sophique.

médaillon

suivant,

un

personnage

qui

semble

courir

nous présente

un

miroir,

tandis

que, de

l'âutre

main,.il

élève

la corne

d'abondance.

Près

de

lui, o., r.ma.que

l'Arbre

de

Vie. Le

rébus

se

déchifte

ainsi

;

le

miroir

figure

le

mèrcure

grâce

auquel

le

Sage

découvre

les-

secrets

de la

Nature,

lYArbre

de

Vie

en"ma.qt,e-la

vertu,

et

la

corne

d'abondance,

le

résultat.

Le

troisième

sujet nous

montre un

personnage

découwant-une

balance.

C'est

I'indicâtion que

tout

doii

être

pesé avec

soin

dans

l'CEuwe

alchimique.

Puis,

c'eit

un

vieillard

qui

s'appuie

sur

un bloc

de

pierre;

sa

main

gauche

est

glissée

dans une

sorte de

manchon.

Ce

vieillard

représente

Saturne,

em6lème

de

la décomposition

qui

engendre

la couleur

noire'

Le

sixième

médaillon

èst

un

rappel du premier

:

un

per§onnage

-

qui

peut

être l'Alchimiste

-

mainslôintes,

àdmire

un sujet

feminin

reflété

âans un miroir,

miroir dans

lequel

«

on

voit

toute

la nature à

décou-

vert ».

A

droite

du

porche,

le médaillon

nous

montre

un

personnage

qui

va

franchir, ébloui,

le seuil

du

Palais

royal.

A ses

pieds

*

placés

en équerre

-

est

tombé

le

voile

de

la porte,

qu'il

vient

d'arracher.

Ce personnage

était

jadis

peint

en

vert, tandis

que

I'intérieur

du

Palais

était

qourpre.

Il

s'âgit

Ià, selon

l'expression

poétique

de

Philalèthe,

de

« l'Entrée au

Palais

Jermé

du

Roy

t>.

Puis,

ênsuite,

nous voyons

deux enfants

qui

se

battent;

I'un

d'eux

a

laissé

tomber

un pot,

l'autre

une

pierre.

Ce

sont les

deux

principes

opposés,

qui

s'affrôntent,

le fixe

et lè

volatil,

ainsi

que

nous

I'indique

le

sexe

difiérent

des

jeunes

gens.

Le bas-relief suivânt

présénte

une reine

assise

qui, d'un

coup

de

pied,

renverse un

jeune

homme agenouillé

devant

elle.

Cette

scène

représente

la

dissolution du

suiet

vulgàire,

pour

obtenir

le mercure

commun

des

Philosophes.

Enfrn, lè

dernier médaillon

montre

un guerrier

dont

l'épée

est

à

terre;

il

regarde

un

bélier

au

pied

d'un

arbre-quj

porte

trois

énormes

fruits,

on

aperçoit,

dans cet

arbre,

la

silhouette

d'un oiseau.

Deui interprétations

peuvent

être

envisagées;

la

première

:

Jason

conquiert

lâ Toison

d'Ôr,

et

I'arbre

est

celui

duJardin

des

Hespérides,

deui

thèmes

chers

aux

alchimistes.

La

seconde

interprétation

:

il

se

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PARIS

que

le

Bélier

indique

Ia

saison favorable

pour

commencer

alchimique,

l'oiseau préciserait

alors

la

nature volatile

du

tandis

que

l'arbre

serait

l'arbre

solaire duquel

il faut

extraire

selon

le

Cosmopolite.

nord ou de

la

Vierge

sur la façade

de

la

cathédrale,

le

portail

de

gauche

est

appelé

Portail

de

la

Vierge ».

centre du rympan, on

remarque une

scène

de

la

vie

du

Christ

:Jésus

Lazare;

sur

le sarcophage,

sept

cercles

sont sculptés

:

ils ont

de Fulcanelli

qui

les

considère

comme

«

les

symboles

septs

métaux planétaires

».

En

regardant

attentivement,

on

remarque

cercle

central

est

décoré

d'une

façon

particulière,

et

les

six

auties

répètent deux

à

deux. D'après Fulcanelli,

le

cercle

cenrral symboli-

le

Soleil,

les

deux

cercles

qui

l'entourent

représenteraient

Mars

puis

Jupiter

et Mercure, et

les cercles

des

extrémités indique-

Saturne et

la

Lune.

l'extrême

gauche, le

soubassement

de

ce

portail

présente également

curieux

motifs

:

voici un chien et deux

colombes, que

les

alchimistes

le Chien

de

Corascène

etles Colombes

de

Diane.

Puis,

un

agneau;

lrn

homme-qui

se

retourne,

hiéroglyphe de

I'opération

qui

consiste

à

le

fixe

et à fixer

le

volatil.

dans

cette

partie

du

porche que

se

trouvait

autrefois

le

corbeau

dont parla

Victor

Hugo, et

qui

est un des symboles les

plus

de

l'élaboration

physique.

outre, une

légende

subsista

longtemps

:

on racontait que

Guillaume

Paris

avait

caché la pierre

philosophale

dans l'un

des

piliers de la

et

le

regard du corbeau, disait-on, indiquait

la place

êxacte de la

main

gauçhe

de

ce même portail,

on voit

les

douze

signes du

Zodiaque,

en deux parties

:

En la première partie

du

côté

droit,

sont

les signes

du

Verseur d'eau

des

Poissons,

qui

sont hors d'æuwe,

ce qu'il faut

remarquer

et

»

Puis

en

æuwe

sont le

Bélier,

le Taureau

et

les

Jumeaux,

au-dessus

de

I'autre. »

Et

au-dessous

desJumeaux

es-t

le

signe

du

Lion,

quoique

ce

ne

soit pas

rang,

car

il

appartient

à

l'É,crevisse

(le

Cancer)... »

Au

bas,

un

peu

au-dessus

du

Verseau

et viS-à-vis

des

Poissons,

I'on

un

Dragon

volant,

qui semble regarder

seulement

et

fixement

:

et

Gemini, c'est-à-dire

les

trois

signes

du

Printemps,

qui

le Taureau

et

les

Jumeaux.

»

Ce Dragon

volant

qui représente l'esprit

universel,

et qui

regarde

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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fixement

les

trois

figures, semble

nous dire que

ces trois

mois

sont les

seuls

dans

le

cours desquels

I'on peut

recueillir fructueusement

cette

matière

céleste,

que

I'on

appelle

lumière

de vie... »

...«

En

la

seco-nde

partie de ce

Portail,

au

côté

gauche

et tout en haut, est

le

signe de I'licrevisse, à

la,

place

du

Lion...

»

«.Sur

la même ligne

que I'Ecrevisse, sont Ia Vierge, la Balance

et le Scor-

pron,

[ous quatre

en

æuwe.

«

Et

ensuite

le

Sagittaire et

le

Capricorne, qui sont

hors d'ceuvre

2.

»

On

remarque

aussi, sous ce porche,

à

gauche,

un

petit

bas-relief

très

curieux :

un

enfant

tombe d'une

jarre,

que tient

un

ange

qui

fait le

geste

de frapper

cet

enfant. Sans doute,

s'agit-il

là du « Massacre des IÀno-

cents

», allégorie

chère à

Nicolas Flamel,

et,

nous

dit

Canseliet

:

« qui

cache un

point secret de la pratique

3

».

Au

Portail

sud,

ou

de sainte Anne

A

droite du portail

central,

le Portail de

sainte Anne

ne nous

offre

qu'un

seul motif, mais

d'un grand intérêt;

car c'est au

pilier central

de

ce porche

qu'était accotée la statue

de

saint Marcela.

Cette statue

exprime

la

voie

sèche, Ia voie la plus

rapide

pour

réaliser

l'CEuwe

alchimique,

et

il

en

donne I'indication

:

« Vois, dit

Grillot de

Givry, sculpté sur le

portail

droit de Notre-Dame

de

Paris, l'évêque

juché

sur

I'aludel où se

sublime, enchaîné dans les

limbes, le

mercure philosophal.

Il t'enseigne d'où provient le feu

sacré;

ét

le

Chapitre

laissant,

par

une

tradition

séculaire, cette

porte

fermée

toute l'année,

t'indique que

c'est

ici la

uoie non vulgaire,

inconnue

à

la

foule,

et réservée

au petit

nombre des élus

de

la

Saplence

5.

»

Cependant, ce pilier

a été

refait,

et

le

socle original

de

la statue

se

trouve

actuellement'dans la

tour nord

de

la

cathédrale.

Statue

de saint Marcel

-

tour nord

Cette statue

-

qui

fut

un temps

au

musée de

Cluny

-

représente, dit-on,

saint

Marcel,

«

lequel

met sa

Crosse

dans la

gueule du

Dragon

qui

est

sous

ses pieds, et

qui

semble

sortir

d'un

bain

ondoyant

dans

lesquelles

z. Esprit

Gobineau de

Montluisant :

« Explication

des

énigmes

et

figures qui sont

au

grand

portail de Notre-Dame

de Paris

»,

in

Claude d'Ygé

:-Noutelle

Assemblie

des

Philo-

soplws

chymiques

(Dervy-Liwes).

3.

E.

Canseliet :

Alchimie,

p.

r44.

4.

En

1636,

De Laborde

s'était déjà penché sur l'énigme que présente ceue statue; puis

Gobineau

de

Montluisant

s'y

intéressa;

en

r

843, Cambriel

étudia

ce

problème;

et,

enûn,

au

début de

ce

siècle,

Fulcanelli

en donna une explication magistrale.

5.

A

Saint-Pierre de Rome, la même porte, nommée

Porte

saiite

ou

jubilaire

est

dorée

et

murée;

le

pape

I'ouwe à

coups de marteau

tous

les

vingt-cinq

ans,

Coit

quatre

fois

par

sL\cle.

N.

b.

-

Les

tours sont

fermées

le mardi.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PARTS

paraît

la tête

d'un

Roi

à triple

couronne, qui

semble

se noyer

les

ondes,

puis

en

sortir

derechefc

».

le

socle,

on remarque,

sur le côté droit, «

deux

besants

en relief,

et

circulaires;

ce

sont

les

matières

ou

natures

métalliques,

-

sujet

dissolvant,

-

avec lesquelles

on doit

commencer

l'CEuwe

7

».

le

côté gauche,

les

besants sont devenus des

fleurs

décoratives,

assez

mais encore visibles;

on remarque

que

leur

calice

est rempli de

autre

staàe

de

l'CEuvre

roi,

dont

la

tête seule

est

visible,

émerge des flammes,

c'est

le «

Roi

de

gloire

»,

c'est

le

Sel des

Philosophes,

purifié par le feu.

On

ne

plus

maintenant

qu'un

bandeau ceignant

la

tête

du

roi, mais

de

Montluisant

est

formel

:

ce

roi

portait

autrefois une

triple

Dragon entoure

de

sa

queue

la

tête

du

roi,

et

il

étreint de ses patres

sur

lequel le

saint

pose

ses

pieds.

le

de la

statue

: nous

y

remarquons

des cannelures légère-

creuses.

A

gauche,

elles

sont

accompagnées

d'une fleur

à

quatre

: les quatre

éléments. Au-dessous,

deux

cannelures

:

les-deux

nécessaires

.au

labeur alchimique.

Enfin, de

chaque

côté de

les

cinq

cannelures symbolisent les

cinq

principei de

la

quin-

ssmce.

notre

examen, nous pouvons voir,

à la

suite

de Fulcanelli,

sculptées

sur le

Dragon

:

une suit la

ligne

des

vertèbres; une-

.

sur

chaque

aile;

et

enfiri deux

autres

qui"entourent

sa

queuetf''

ces

bandes,

il y

a

des

cercles

pleins; c'est là

l'indication

que

le

Dra-

personnifiant

le

soufre,

est capable

de

transmuer

-

èn

grande

-

Ies

métaux

en

or.

(L'or

est

toujours frguré

par

un

cercle,

ou sans point

central.)

vitraux

vitraux

de

la

rose

centrale reproduisent

en général les

motifs

des

du

porche central,

mais

peints

de magnifiques

et

éclatantes

ce

n'est pas un

simple cavalier,

comme

le

premier médaillon,

que

présente

le

vitrail, mais

un

roi

à la couronne

d'or,

portant

veste

et

bas

rouges;

les

deux

enfants batailleurs

sont

l'un

en vert,

en gris

violet;

la

reine repoussant

du

pied

son

valet,

porte

une

blanche,

elle

est

vêtue

d'une

chemise verte et d'un

manteau

voit

également, sur

ces

vitraux, des

scènes

qu'on ne

trouve

pas

sur

la

Gobineau

de

Montluisant:

op.

cit.,

p.

rr8.

Fulcanelli

: Mlstère

des

cathédiales,

p. r45.

Aujourd'hui,

le dragon

est

cassé.

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Paris, Cathédrale

Notre-Dame (Portail

du Jugement)

Obéissarce

à

la Cabab

dans

la

pralique

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PARIS

façade de

la

cathédrale,

soit

parce qu'elles

n'y

ont

jamais

été sculptées,

soit

qu'elles en

sont disparues

:

ainsi, un

homme, peut-être

un

collecteur

d'impôts,

extrait

d'un sac

des pièces

d'or qu'il

pose

sur

une table

rouge;

une femme au corsage

vert

et portant

une blouse

écarlate,

se

coiffe

devant

un miroir. Et

si

les

Gémeaux sont

représentés,

l'un

est

rouge,

et

I'autre

vert.

L'alchimiste

de

Notre-Dame

Suivant

Ie

conseil

de

Fulcanelli,

Ie

visiteur

pourra monter

au sommet de

la seconde galerie;

il

y apercevra, parmi

les

chimères, un

grand

vieillard

de

pierre appuyé

sur

la balustrade.

«

Coiflé

du

bonnet phrygien,

attribut

de

I'Adeptat

»,

toute son attitude semble

être le

fruit

d'une grande atten-

tron.

Le

corbeau

Pour

terminer cette visite alchimique de Notre-Dame de Paris,

toujours

dans les galeries hautes, on remarque, parmi les chimères, «

un curieux

corbeau revêtu

d'un long voile qui

le

couvre à

demi

e

».

SAINTE-CHAPELLE

Cette

«

merveilleuse châsse de

pierre

»

du

xrrro siècle, « présentait aussi

un

ensemble

alchimique

fort

remarquable », écrit

Fulcanelli.

Les verrières

sud

sont encore

intactes,

et montrent que

l'alchimie

a

largement

contribué à

leur

élaboration

:

«

Notre

pierre a

encore

deux

vertus

très

surprenantes; la première

à

l'égard

du verre,

à

qui

elle

donne

intérieurement toutes les

couleurs, comme aux vitres

de

la

Sainte-

'

Chapelle,

à

Paris...10.

»

Il

est

impossible

ici

de décrire

tous

les

vitraux;

ce

serait un travail consi-

dérable auquel

il

faudrait

consacrer

plusieurs

volumes,

car,

de

I'aveu

même de

Fulcanelli, on

ne peut trouver nulle part «

une

collection plus

considérable sur

les

formules

de

l'ésotérisme

alchimique ». Et le Maître

se

borne à

citer

comme

exemple, le sujet de « la

cinquième

baie, premier

meneau »,

qui

a trait au

Massacre des

Innocents.

sarNT-MERRY

Le

petit

Satan aux

seins

de femme,

qui

trône

entre deux anges en

haut

du

portail

central,

ne doit pas

empêcher

le Philosophe

d'entrer

à

l'église.

r

Il.n'est, probablement, que l'æuwe

facétieuse

de

quelque

compagnon,

tailleur

de

pierre,

commis à

la

restauration

de r84z

»,

écrit

Canseliet.

A

I'intérieur,

«

de

part et d'autre

de la nef,

au-dessus

des

arcatures

9-

Fulcanelli

: Demeures

philosophales,

p.

rz9

(note).

ro. « Clefdu

Grand

CEuvre, ou

Lettres

du

Sancelrien

tourrangeau

»

(Paris,

1777).

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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24

ouwant

sur

les

bas-côtés,

court une

frise...

»,

qui

présente

un grand

intérêt

symbolique.

On

y

voit

«

des animaux étranges

ou monstrueux »,

et,

«

apparaissent

aussi,

étendus sur

le

dos, faisant

effort pour

observer le

visiteur,

quatre

curieux

personnages,

au

plein

sens

de

l'épithète,

chacun

portant,

contre

soi, I'objet

qu'il

désigne

ou

qu'il

montre en symbole. C'est, à gauche,

un

moine dans sa longue robe, avec un

bàton recourbé en

canne à

la

partie

supérieure,

de

grande

dimension,

et que,

de

ses deux

mains,

il

serre

fortement contre

lui

11

».

Il est possible que ce

moine soit

saint

Merry

lui-même,

bien

qu'il

soit

imberbe;

car,

« reste

à

savoir exactement

si

saint

Merry était

barbu

comme on

peut le

constater,

à

l'extérieur,

sur la

triple

entrée

septentrio-

nale

l'abbé

vénérable,

qui

est

figuré debout, au-dessus

du porche de

gauche,

à

l'intersection des

deux

arcs, supporte

gravement,

de

sa

senestre, une

église

en miniature

lr

».

Le bâton

que

tient

si

étroitement

le moine,

c'est

l'arbre

sac,

hiéroglyphe

de

I'inertie

métallique.

A droite,

sur

le côté opposé de

la

nef,

juste

au-dessous

de

la

voussure

en

ogive, l'homme

qu'on

distingue

«

rappellerait

saint

Pierre,

parce

qu'il

garde les deux clefs...

12

»

«

Alchimiquement,

la

clef

d'or

et

celle d'argent ouvrent

le

cabinet

secret

dela Dame

Nature,là où s'embrassent, dans

leurs

amours

philosophales,

le

Roi

et

la

Reine

de

I'CEuvre,

c'est-à-dire

le

Soleil

et

la

Lune

des

sages.

»

Au

côté droit

du grand

autel,

on

retrouve

les

clefs

«

sur

le

blason de

saint

Merry,

dirigeant

leurs pannetons vers

le

bas... », ce

qui

signifie

qu'elles

«

s'appliquent

particulièrement

au

domaine

de

l'esprit

».

En examinant la

chaire

de bois, nous

remarquons

« encore

les

deux clefs

infaillibles,

croisées

sous le

trigène

et, comme

lui,

dégagées

du

haut

dossier de

la

chaire...

»

«

Deux

palmiers,

porteurs de

cocos

dans

leurs

touffes

énormes, sou-

tiennent

le

dais spr

lequel

un

ange

dressé

présente

un

phylactère

sans

inscription

12.

»

Le

phylactère

indique toujours,

selon Fulcanelli, un sens caché

qu'il

importe

de

découvrir;

quant

au

palmier,

il

tient

une place

importante

dans le symbolisme hermétique.

« En'face,

sur

le côté

droit

du

vaisseau et surmontant

le

banc d'æuvre,

ce

pontife mitré,

pouvant fort

bien

être

Aaron lui-même, puisqu'il

est

muni

de

la verge

fleurie...

». Et « ce verdissement du bois

sec

est la même

allégorie

que

le

jaillissement

de

l'eau, hors

du

rocher

stérile, sous le

bâton

qui

le frappe

».

r 1.

et r2. E. Canseliet

:

Atlantis, no

zz3,

« Hétérodoxe

propos

sur l'église Saint-Merry ».

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PARIS

C'est à

la

fin

du x" siècle que

la

première église Saint-Merry

fut

cons-

truite,

rémplacée

au xvre siècle par celle que nous connaissons aujour-

d'hui.

Le fondateur de

la

première

église

fut

enseveli profondément, sous les

dalles

du

chæur.

Au

centre

de celui-ci,

un

losange

de marbre

blanc

porte

cette

inscription

:

HIC IACET VIR BONAE MEMORIAE

ODO

FALCONARIUS

HUIUS ECCLESIAE FUNDATOR

ORA

PRO

EO

Ici repose

un

homme

de bonne

mémoire,

Eudes

le Fauconnier

fondateur de

cette église.

Prie

pour

lui.

Le

corps d'Eudes le Fauconnier avait

été

découvert

au

cours

de

la

démo-

lition,

«

portant encore

ses bottines

de

cuir

doré

».

DE

CLUNY

Tapisseries

de

la

Dame

à la

licorne

Ce

sont

six

tapisseries de

Zc

Dame à la licorne, que présente le musée de

Cluny, au premier

étage.

Bien que les

sujets de

ces tapisseries

soient tous

difiérents,

on

voit

sur

chacune d'elles, un

lion

à

la

droite

de

la Dame,

et

la

licorne

à

sa

gauche.

Or,

en symbolique alchimique, le

lion

est

I'emblème

du

Soufre, tandis

que la licorne représente le

Mercure.

De plus, la légende veut que l'animal fabuleux ne

puisse être apprivoisé

que

par une Vierge,

symbole

de

la

matière première.

Sur

la

tapisserie

dite du

sens

de la uue

,le

miroir

que lui présente la Dame,

et dans

lequel

se

mire

la

licorne,

est bien « le miroir dans lequel on

voit

toute la Nature à découvert ».

Et

au

sujet

de

la

tapisserie

« qui se

rapporte

au

sens du toucher, selon

I'expression

courante

»,

Canseliet écrit

:

« Délicieusement

moulée

dans

sa

robe

verte

,

parée

de

gemmes

et

de

bijoux

somptueux,

comme

le doit

être

une reine, I'unique.Dame

élue

qui concentre

et

accapare toutes

les pensées

du sage,

maintient,

par

surcroît, la

lance

de

joute

dressée, sa

bannière flottante,

de gueules

avec

bandes

d'azur,

meublée des

trois croissants

chers

à Diane de

Poitiers.

Cabalistiquement,

il

importe d'entendre,

la lune

de

poids

tiers,

pour

la

raison

que le sujet étant d'excellente

qualité

et

convenablement

préparé,

la fraction mercurielle,

eui

en est

recueillie

à

la

fin de

la

première

opé-

ration,

pèse,

à

peu de

chose près,

trois

fois moins

que

la

totalité

engagée

au

début.

«

Le

lion rouge,

portant,

en bandoulière,

l'écu

aux trois

lunules

en

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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26

position

ascendante,

est

emblématique

de

l'esprit

lumineux,

c'est-à-dire

du

soufre

igné ou

sperme

minéral, qui

illuminera,

en

l'embrasant et la

fecondant,

la

matière mercurielle, suffisamment mondée

pour le rece-

voir,

à

la

suite

des

trois

réitérations

de

la

même

épreuve

par le

sel

et

le

feu

13.

»

Plaque

tumulaire

de

Nicolas

Flamel

Dan-s

l'escalier qui

conduit

à

la

salle où

sont

exposées

ces

tapisseries, six

plaques

tumulaires sont accrochées au

mur; en montant,

la

cinquième

est

celle

du grand

alchimiste

Nicolas Flamel.

Dans le

bas

de

la

composition, gît

un

cadawe

en

putréfaction,

tandis

qu'en

haut de

la

plaque une

étoile

à

neuf

branches

semble briller

au-dessus d'une scéne ieligieuse.

Ce

sont

bien là

deux

symboles alchi-

miques :

la

Putréfaction

et

I'Etoile.

Cette

plaque comporte, en

outre,

une

inscription :

De terre

suis

aenu

et

en terre

retoume.

MUSÉE

DU

LOUVRE

Salle

des

antiquités

égyptiennes

«

L'hiéroglyphe

de

Saturne,

envisagé

comme

dissolvant, est

très

ancien.

Sur

un

sarcophage

du

Louwe

ayant

contenu la momie

d'un

prêtre

hiérogrammate

de Thèbes, nommé Poéris,

on

peut

observer

au

côté

gauche

le

dieu

Sôou, soutenant le ciel

par

le

secours

du dieu

Chnouphis

(l'âme du

monde), tandis

qu'à

leurs pieds

est

le

dieu

Sèr

(Saturne), cou-

ché,

et dont

les

chairs sont de

couleur

aertera.

>>

LA FONTAINE

DU VERTBOIS

On

peut

voir

encore

aujourd'hui, cette

fontaine

qui

fut construite

en

r6g8

par les bénédictins

de

Saint-Martin-des-Champs. Cette abbaye du

xrf

siècle

-

ou tout au moins ce qui en

reste

-

abrite

actuellement le

Conservatoire

des

arts et

métiers

et

son

musée

15.

Cette fontaine publique qui se trouvait alors

dans la rue Saint-Martin,

a

été restaurée,

et

replacée

au coin

de

la rue du

Vertbois

et

de

la

rue

Saint-Martin,

près

la tour,

vestige de

l'enceinte

fortifiée du

prieuré.

Le

bas-relief

qu'on

voit au-dessus de

la

fontaine,

représente

un

vais-

seau qu'accompagne,

dans

les

flots,

un magnifique dauphin.

Une

aoile

levée

attire

l'attention

sur

une énorme pierre; les

câbles

qui

l'attachent

au navire forment une

croïx,

signe graphique du

creuset.

Aucun

doute

r3.

E. Canseli

et:

Alchimie,

p.50.

t4.

Fulcanelli

:

Mystàre

des catludrales,

p.

1sg-lBo.

r5.

zg2,

rue Saint-Martin.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PARIS

n'est possible : « C'est

en

lui, en ce uaisseaal

que

s'opère la

concentration

de I'eau mercurielle

16.

»

En outre,

deux

avirons

s'entrecroisant avec

un

caducée

et

surmontés

d'un

casque

ailé,

sont

sculptés sur

la

corniche, au-dessous du bas-relief.

Le

casque ailé et

le

caducée

sont les

emblèmes

de Mercure,

tandis

que

le

vaisseau

sur

les

flots indique

que

la

pierre

devait être obtenue

par

la

voie

humide.

Dans

la

cour

du

Conservatoire

des

arts

et métiers le

fronton

de

la

fon-

taine actuelle

est

une

copie

peu exacte

du fronton

original :

c'est une

coquille

soutenue

par

des ailes, symbole de

Mercure.

VIERGE

NOIRE

DE

L'OBSERVATOIRE

Canseliet s'étonne

que

Claude

Perrault,

le

frère

de

I'auteur

des contes,

eut «

l'idée

singulière,

-

assurément

digne de frapper

l'attention

de

nos

frères

en Hermès

à

quelque

degré

qu'ils

se

trouvent,

-

qui

le

mut

à

loger,

au

bas

de l'escalier des

caves

de l'Observatoire

de

Paris, cette délicieuse

Vierge noire...

r?

».

Elle

y fut

placée

par

ses soins

en

167r, et

«

des vers.gravés

à

ses

pieds

I'invoquent

sous

le

nom

de Nostre-Dame

de

Dessoubs

Tene

»>.

Et

Fulcanelli

commente

: «

Cette Vierge

parisienne

peu

connue,

qui

personnifie

dans

la

capitale

le mystérietx

sujet

d'Hermès, paraît être

une

réplique

de celle de

Chartres,la benoiste

Dame souterrainert. »t

MArsoNs ALCHrMrquEs

Rue

Le

Regrattier, dans

I'Ile

Saint-Louis

On

peut

voir,

dans

une

niche, à

I'angle

du quai

Bourbon et

de

la

rue

Le

Regrattier, «

le

vestige très

réduit

d'une

statue

féminine

». On

ne

distingue plus,

en

effet, que le bas de sa

robe.

Vers

le

milieu du

xvtte siècle, il

existait

encore une enseigne

montrant

« une

femme

qui n'a point

de tête, tenant

un

verre à

la

main,

avec

ces

paroles,

au-dessous

:

«

tout

en

est bon

».

Il

est

probable

qu'il

s'agit

bien

du reliquat

de

cette statue, car si

on

regarde

attentivement,

on

peut

voir

encore, au-dessous et à

droite

du

socle

en cul-de-lampe, une

inscription

gravée dans

la

pierre

:

RUE.DE.LA.FEMME.SANS.TESTE.

Le maître

Canseliet esdme

que

« la Femme-sans-tête

»

qui portait

un

vase

ou une

coupe

à

la

main,

représentait

le

dissolaont uniaersel .'

l'épouse est blanchie,

et

se

trouve

alors

décapitée

re.

16. Fulcanelli

:

Demeures

philosophales,

t. II, p.

g5

et

suiv.

r7.

E.

Canseliet :

Introduction

aux

Douze Clefs de

laphilosophie,

de

Basile

Valentin, p.

6o.

r8.

Fulcanelli

: M2stàre

des

cathédrales,

p.

7E.

r9.

E. Canseliet

:

Alchimie,

p.

6o et

suiv.

Page 27: La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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?8

Rue

de

l2Arbre sec

Ce

nom

qui a figuré

longtemps sur une enseigne, était

un

souvenir

de

Palestine, et désignait au passant une

auberge «

qui

dès

r3oo,

avait

servir de gîte

à

des pèlerins

de Terre sainte ».

L'arbre

sec,

c'est

l'ffiroglyphe

qui

exprime

l'inertie

des

métaux

traités

industriellement.

Boulevard Pereire

Un

immeuble

de six

étages,

construit

en

pierre de taille, a attiré

l'atten-

tion

de Fulcanelli

dès sa

jeunesse.

Cet immeuble, situé

47,

boulevard

Pereire, dans

le

dix-septième

arron-

dissement, fait I'angle du boulevard et

de

la

rue

Monbel.

Au-dessus de

Ia porte

d'entrée,

un bas-relief nous

montre deux

adolescents

enlacés

:

un

jeune

homme

et

une

jeune

frlle

qui

écartent un

voile.

« Leurs bustes

émergent

d'un

amoncellement

de

fleurs,.de feuilles

et

de

fruits2o.

»

Ce

tableau n'évoque-t-il pas

le

chaste

inceste d'Apollon et

de

Diane,

de

Gabricus et

de Beya?

Afin qu'il

n'y

ait

aucune

équivoque

quant à

la symbolique alchimique

du

sufet, on

peut

voir,

de

chaque

côté

de

la

porte de

l'immeuble,

un

drago'n;'.", à..r*

animaux

-yihiq.r.t

dévorént,

semble-t-il,

l'un

des

feuilles de vigne,

et

I'autre

une grappe.

Tou.jours suf

ce

même immeuble,

mais un peu

plus

à

gauche, un bas-

relief

présente

un dragon ailé

-

le fixe

et

le volatil:

qui

étreint

une

branche

de chêne de

ses

serres énormes, et en

tient une extrémité

dans

sa

gueule.

Sur la

rue de Monbel, un dragon s'enroule

autour d'une

vigne.

Rue

de la

Ferronnerie

On

sait

que Nicolas

Flamel fit construire deux

arcades au cimetière

des

Saints-Innocents.

La seconde était décorée

de signes

hiéroglyphiques

alchimiques, et,

sur la première,

il

avait

fait peindre

un

homme

étendant

le bras

vers cette seconde arcade et

qui tenait un phalistère

portant cette

inscription :

«

.fe

vois merveille dont

moult

je

m'esbahis.

»

A

ce

Jujet,

Canieliet écrit

que,

du

côté

des

numéros pairs,

«

la rue de la

Ferronnerie... a

conservé,

du

cimetière

des

Saints-Innocents,

les arches

des

ossuaires,

maintenant occupées et

supportant,

depuis

le

xvtI"

siècle,

des

immeubles

d'habitation

fréquemment

remaniés

2r

».

Et le

maître

ajoute

: «

Près du

trottoir, en face, et

juste

à

la

hauteur

d'une

étroite porte-en

plein cintre de cette

voie

très

ancienne,

qui

porte

actuel-

zo.

Fulcanelli :

Mystère

des

cathédrales,

p.

rr7.

rr. Canseliet

:

Tiois anciens Traités

d'alchimra,

pl. VII.

N.B.

-

Ajoutons

qu'il

ne reste

plus

rien

des anciennes

sculptures alchimiques

de

Nicolas

Flamel.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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AISNE

lement

le numéro rr, Henri le

quatrième,

en 1610, fut assassiné

par

François

Ravaillac.

»

NICOLAS

FLAMEL

Sise

au

5l,

rue

de

Montmorency,

on peut

voir

la

maison

qu'avait

acquise

Nicolas

Flamel

vers

r4ro, pour

y

accueillir et

y

héberger

les

étudiants

pauvres

qui

venaient

étudier à

Paris.

C'est

maintenant

un

restaurant,

l'on

conserve

Ie

culte

du

grand

alchimiste.

Au musée

Carnavalet,

sur une gravure

représentant

cette

maison,

on

aperçoit

des

arbres et un

jardin

qui

l'entouraient;

elle

se nommait

alors

Ie «

Grapd

Pignon

».

Un

Parisien

qui

y

naquit

au début du siècle,

se

sou-

vient

fort

bien

que,

derrière

la

maison, il

y

avait encore

une fontaine

dans une

cour.

Des caves

voûtées, très

basses

de

plafond

subsistent,

et

il

y

a

certainement,

dit-on,

au-dessous,

un

deuxième étage

de

caves

qui pourrait

être

dégagé.

Qgant

à

la

maison même

vivait

Nicolas Flamel,

elle

se

trouvait

à

l'àngle

de

la rue

des

Écrivains et

de

la rue

des

Marivaux,

sans

doute

au

lieu

occupé actuellement

par

le

jardin

qui

contourne

la tour

Saint-

Jacques.

Et

ce

quartier Saint-Jacques-de-la-Boucherie

-

qui attirait au Moyen

Age

les

alchimistes

du monde

entier

-

semble

toujours

hanté,

ainsi que

l'a

écrit

André Breton, par

«

l'ombre

inapaisable

de Nicolas

Flamel

».

AISNE

COUCY

DE

COUCY

Au tympan

de

la

porte du donjon, au

château

de

Coucy,

on

peut

voir,

écrit

Fulcanelli,

le

combat du

Chevalier

et du

lion.

Le

lion aolant est

un

hiéroglyphe du

mercure

philosophal.

Le

chevalier doit

ôter

la

vie

au

lion

en

le perçant de son

épée

: il

s'agit

donc

de la

frxation du

mercure,

qui permettra sa

mutation partielle

en

soufre fixe.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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3o

AISNE

LAON

Écrrsn

NoIRE-DAME

Comme

à

Notre-Dame de Paris,l'Alchimie

a sa statue à Laon;

et voici ce

qu'écrit

le

maître

Canseliet

à ce

propos

I

:

<« A l'église

Notre-Dame

de

Laon, on

voit toujours l'altière

souveraine,

à gauche

de

la

grande

rose, sur

la

fenêtre

ménagée au fond

d'une très

laige

baie

qui

est

creusée

dans

la

muraille épaisse.

L'admirable

archi-

volte

est

composée de

trois

cordons

sculptés

dont

les

sujets

sont

dégagés

en

ronde boise. Tous sont du

xItI'

siècle

et

fort bien

consewés,

vu

la

hauteur

qui les

fit échapper à

la

frénésie révolutionnaire. Voilà

qui fait

aussi

que des

jumelles

sont

nécessaires, pour

reconnaître, venant

la

première

médiane, I'alchimie

qui

prend

ainsi

la

tête des arts

libéraux

représentés.

»

ALLIER

VICHY

Écrrsn SAINT-BLAISE

A

I'église Saint-Blaise

se

trouve

une

Vierge

Noire

qui

date

du

xtv"

siècle.

Elle est sans

doute une représentation d'une

plus antique statue, car

un

prêtre, Antoine

Gravier,

écrivait au xvlle

siècle

qu'on I'y vénérait «

de

toute ancienneté ».

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE

/

ALPES.MARITIMES

ALPES-

DE.HAUTE-PROVENCE

MANOSQUE

sAINT-SAUvEUR

La

Vierge noire de Manosque

est la plus

ancienne

de France.

Elle

est

nommée

« Notre-Dame

du Romigier »,

c'est-à-dire

du roncier,

parce

que

la

légende

veut

qu'on

I'ait

trouvée, au

vrc

siècle, dans

un

buisson

d'épines.

Elle

est vêtue d'une

stola, fixée par la

ceinture

et d'un

pallium

agrafe

sur

la poitrine-au-dessus

du sein.

Sa

tête

est

couverte

d'un

voile, ét porte,

comme celle de l'Enfant,

une

couronne mérovingienne.

/i\

rNr

.Nfrù

-Éé4

ALPES.MARITIMES

NICE

MONASTÈRE DE

CIMIEZ

A

Nice, les

amateurs de la Science ne

doivent pas

manquer de

monter

au

monastère franciscain

de

Cimiez. De curieux médaillons sont

peints

dans la

chapelle et dans

la

sacristie;

ils

présentent,

sans doute

aucun,

des rébus

alchimiques.

La

sacristie

Au

-plafond-

de

la

sacristie

est peinte une

Immaculée

Conception

qui

souligne,

s'il

en,étair besoin, la signification

alchimique des

médaillons;

car elle

est à

la fois I'image

de la Pierre

Philosophale,

pure

er sans

rache,

et de 14 Matière

première, Mère

et pourranr

Viergé. Indéfiniment

et

éternellement

vierge.

Au-dessus

de

la

porte, et en

face,

entre les deux

fenêtres,

deux

mots

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32

écrits en

capitales

frappent

le

visiteur;

ils

rappellent

la

stricte

règle

imposée

à tout

alchimiste

:

MODESTIA

et

SILENCIO

(Humilité

et

Silence).

Ces médaillons, au nombre de

dix, représentent

(en

allant

de

la

gauche

vers

la droite)

:

r.

Un

dragon

se dresse

devant

le

soleil.

Cette

devise

accompagne

la

composition

:

HAUD INFICIT ALTA.

« Il

n'atteint pas

les

choses

pures.

»

Le soleil

est

l'hiéroglyphe

de

I'or,

et

le Dragon

personnifle le dissolvant

alchimique.

A

propos

de

ce

médaillon,

le maître

Canseliet

a

écrit

: « Le

monstre hermétique

qui

infeste

tout par

son

venin,

s'avère

impuissant

contre le métal

précieux

r.

»

z. Une

perle

dans

une

coquille, avec

cette

devise

:

CONCEPTA

SERENO.

«

Conçue dans

le

calme.

»

On

remarque

que

la perle

repose

dans

une coquille Saint-Jacques,

hié-

roglyphe

du

mercure

alchimique,

et

non dans

une

huître.

Le mercure

qui

est

le principal

agent

de

l'CEuvre,

contient

en

puissance

la

Pierre

Philosophale représentée

généralement

soit par

la

rose hermétique, soit

par

une perle.

Séverin

Batfroi note

que

I'adjectif

latin

serenus

« se rapporte généralement

à l'état

du

ciel,

et

non

à celui des

eaux...2

».

S.

Un

lis

croît

sur

un

tas de

fumier.

La devise

:

EX

FAETIDO

PURUS.

«'Il

sort

pur

du

fétide.

»

Le lis,

c'est l'CEuwe menée

à

bien.

Il

jaillit,

pur

et

res

Matière

première,

vile,

noire

et

d'une odeur

nauséa

nous l'enseignent les Maîtres.

4.

Un

porte qui

semble être obstinément

fermée

: NON

APERIETUR.

« Elle ne

sera pas

ouverte

», signale

la

devise.

On

ne

peut

s'empêcher de songer

au

« Palais fermé

du

Roi

»,

cher

à

Philalèthe.

Mais

Canseliet

explique que : « Dans les litanies

de

I'Immaculée Concep-

tion,

l'É,glise donne

à

la-Vierge les

épithètes

de Porte

close

d'llzéchiel, de

Porte de

I'Orient

et

de

Porte

du

Ciel.

»>

«

Cette

porte...

prend

une signification analogue

dans

I'art hermétique.

»

Car,

«

notre sujet,

réceptacle

de I'eau

secrète

sans

laquelle

il

serait

impossible

d'entreprendre

aucune opération,

est

véritablement

la

Porte

de

I'CEuare

-

porte toujours

close

-

et

la propre

mère du

souverain

de

notre

Grand Ouwage

3

».

5.

Le

croissant

de

la lune

au-dessus

d'une

tour

:

TAMEN NITET

LUNA.

« Puisque précisément

la

lune brille.

»

r.

E.

Canseliet

: in Les

Douze Clefs de

la

philosoÿhie

de Basile

Valentin,

p.

zr8.

q.

§éverin

Batfroi :

Alchimiques Métamorphoses,

p.

r+4.

B.

E.

Canseliet

: in lzs

Douze

Clefs,

op. cit.,

p.

146.

plendissant, de la

bonde,

ainsi

que

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ALPES-MARTTIMES

lune, hiéroglyphe de Mercure,

et qui enfantera

le

Soleil;

resplendit

de

I'athanor.

Le

soleil brille

au-dessus

d'un

village qu'il éclaire :

SOI-US

NON

« Seul,

non pour un

seul.

»

c'est

l'or;

et au

sujet de

ce

médaillon, Eugène

Canseliet

com-

:

« Ainsi,

quoique

seul,

notre soleil

ne

brille

pas

plur

un

sazl,

puisqu'il

au cceur

de tous les

métaux

et de

tous

les minéraux desquels

illumine

les

cavernes

ténébreusesa.

»

deux derniers

médaillons,

placés

en

face de

la

porte

d'entrée,

respectivement

l'CEuwe

au

blanc, et I'CEuvre au rouge.

Un

miroir

est

pendu

à

un arbre

desséché

: FLATUS IRRITUS ODIT.

Un

vain

souffie le ternit. »

Cosmopolite

nous parle

d'un

miroir

que

lui

montra Neptune au

des

Hespérides,

et

dans lequel

il

vit

toute

la

Nature

à

décou-

s.

))

sec

est

l'hiéroglyphe

du métal desséché

et

sans

vie

que le traite-

industriel

a

rendu impropre au labeur alchimique, tandis

que

vert

qui

se trouve

près'du miroir

représente le métal vivant

et

Une

rose épanouie occupe tout

le

centre

du

médaillon. La devise :

INNOXIA

FLORET. « Ainsi

elle

fleurit

sans

nuire. »

est,

explique

E.

Canseliet,

«

l'emblème

de la Pierre Philosophale,

Rosa

hermetica6.

»>

Et,

écrit-il

dans

un

autre

ouwage,

cette

fleur,

cette

rose

que

l'alchimiste cueille au soir de son

grand

elle

fleurit

sans

nuirel

t».

Des

arbies en

fleur,

et

une main qui tient entre

le

pouce et

l'index

bracelet orné d'une énorme

pierre

précieuse, avec

cette

devise :

MACULA CARENS.

« Exempte

de toute souillure. »

mots

qui pourraient être

attribués

à

la

Vierge

de

I'Immaculée

qui orne

le plafond, désignent

la pierre immaculée,

sans

et

sans

souillure aucune,

que

présente Ia

main;

elle est

I'image

de

Pierre

Philosophale

telle

que l'artiste

peut la réaliser lorsqu'il

a

le

Grand

CEuwe.

Le soleil

levant resplendit

au-dessus

d'une mer calme. La devise

:

PROCUL

UMBRAE.

« Loin

d'ici les

ténèbres.

»

qui

semble s'élever

de

I'onde

évoque

le principe alchimique

:

volatile

j.xum.

<(

Fais

volatil

le

frxe.

»

Id.,

p.

233.

Id. :

Prélace à la deuxième

édition

des Demeures

philosophales,

p.

18.

E.

Canseliet

:

Deux

Logis alchimiques,

p.

r4?.

Id.,

in

las

Douze

Ckfs,

op. cit.,

p.

zr8.

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34

L'Oratoire

De la

sacristie,

une porte

donne passage à

un

oratoire

également

décoré

de

motifs

alchimiques,

et

comportant chacun

un

phylactère

sur

lequel

est écrite

une

devise

en

italien,

sauf

deux

d'entre

elles

qui

sont en

latin.

En commençant

à

gauche

de

la

porte, et

en

allant

vers

la

droite,

on

voit :

r. Surmontant I'autel,

une plante tout en

fleur

au premier

plan,

et

un

arbre

mort

dans

le coin à

droite, avec

cette devise

:

FERT GAUDIA

CORDI.

«

Il

apporte

la

joie

au cæur.

»

Nous

rappelons que I'arbre

mort

symbolise

le

métal

desséché et privé

de

sa

vitalité. Cependant,

des feuilles

ont poussé à nouveau

sur

ce

tronc

d'arbre

(le

chêne creux)

;

et un

arbre tout

feuillu

s'aperçoit

dans

le

fond

à gauche du tableau.

Quant

à

la

plante,

magnifiquement

fleurie,

c'est

une plante de printemps.

C'est

donc

la

Nature, toujours

renaissante;

ainsi se

trouve expliquée la

devise.

z.

Deux médaillons

sont

en

face

de

la porte; celui de gauche présente

une

bague suspendue à

un fiI,

et

dont

la pierre est

verte.

Une banderole

se déroule avec cette

inscription

en

italien

:

NE LA

TERRA

NE IL

CIELO VIST

HA

PIU BELLA.

«

Ni

la

terre,

ni

le ciel

n'en ont vu de

plus belle. »

E. Canseliet

y

voit

le

spiritus

mundi dissous dans

le

cristal des philo-

sophes.

Et

avec lui,

noui

y verrons « cette même

émeraude

qui

se

déta-

chà

du

front de Lucifer, au moment de

sa

chute, et

dans laquelle

le

Graal

fut

taillé.

C'est

la

gemme

hermétique

qui

orna l'anneau de

Peau

d'Ane...

t

».

3.

Le

médaillon de

droite

présente

un

serpent

qui

ne dévore pas sa

queue, tel le serpent

Ouroboros,

mais

forme

néanmoins

un

cercle.

La

devise

: ALTRO

SCHERMO

NON TROVO,

CHE

MI

SCAMPI.

«

Je

ne trouve

pas

d'autre défense

qui me sauve.

»

Le serpent

est

un

symbole

de

mercure.

Pour se « sauver )),

pour se

préserver,

il

forme un cercle,

image de l'éternité, mais aussi

hiéroglyphe

de

I'or.

4.

Au-dessus

des

fenêtres, le

médaillon

semble

avoir

été

intentionnelle-

ment

martelé.

On

distingue cependant une

main

tenant

une lance, et

surmontée d'une banderole;

on

aperçoit,

dans le

fond,

un

arbre.

La présence

de la

lance

dans

la composition fait

supposer que

l'artiste

a

voulu

représenter

la

fixation.

5.

Un tombeau sur

lequel

est

inscrit

le

millésime

r686

(date

à

laquelle

sont attribuées les

freiques) est

surmonté

d'une colonne; au-dessus

s'élève une flamme. La devisè explique

ce triste surjet

: MI PIU

CARO

8.

E.

Canseliet

: Deuxième

préface

des Demeures

philosophales,

p.

39.

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ALPES.MARITIMES

MORIR

CHE

IL

VMR

SENZA. « Il

m'est

plus

cher

de

mourir

que

viwe

sans

elle.

»

le

Philosophe, mieux vaut la

mort

que

de

viwe

sans

la

lumière

de

Science;

la

Science

par

excellence :

l'Alchimie.

C'est

un

curieux

animal

que présente

ce médaillon : un

singe

roux

à

partir

de

la taille,

a

les

patte=s

et

la

queue

d'un

chien blanc. Il

se

face

au

soleil

qui brille devant des

montagnes

enneigées.

La

:

ALTRA

VISTA

NON FIA

CHE

MI

CONSOLI.

«

Il

n'est

pas

vue

qui

me

console.

»

aime à se

comparer au

singe

car

il

est

comme

lui un

imita-

il

est

le

singe de

la

crêation,

l'imitateur

de

la

Nature.

c'est

bien

lui

qui

s'exclame

en

regardant

Ie

soleil, élément de

feu,

et symbole du

soufre

:

« Il

n'est

d'autre

vue

qui

me

console »

au chien

blanc,

c'est

la chienne

d'Arménie,

emblème

du

Mercure

joint

au

Soleil, deviendront

les

parents de

la

Pierre.

les

coins

de

l'oratoire,

des

peintures présentent

des

amours tenant

banderoles,

avec des

devises

qui peuvent

aussi bien

exprimer

I'amour

que se

rapporter

à

I'Art d'alchimie

:

TIBI

LAUS

HONOR

NOMINIS : «

A toi

la

louange,

I'honneur

du

»

BEATITUDINIS :

« Royaume de

la

béatitude.

»

OMNES MUSEI

AGNOSCITE

: «

Connaissez

tout

par

I'Art.

»

EJUS

POSCITE

:

«

Réclamez

son

amour.

»

MUSEI

ARDENTER

:

«

Passionnément

pour

I'Art.

»

INARDE

SCITE

: «

En le cherchant,

embrassez-vous.

»

IESU

FLOS

MATRIS

VIRGINIS

:

«

Jésus,

fleur

de

la Vierge

mère.

»

NOSTRAE

DULCE

DINIS

:

«

Amour

de

notre

douceur.

»

ne

visite pas le

premier

étage où se

trouvent

les

cellules

des

moines.

les

médaillons

qui

étaient peints au

xvrre

siècle au-dessus

de

porte

des

cellules

sont

entièrement

effacés

par

le

badigeon

qui

blan-

ces couloirs.

il

existe

encore un médaillon

qu'a

pu

voir Eugène

Canseliet

visita le

couvent franciscain en compagnie de Fulcanelli.

Il

y

a

plus

d'un

demi-siècle de

cela,

mais l'ouvrage

que

Séverin

Batfroi

de

publier sur

ce

monastère

e

nous

informe

que

cette peinture

toujours, un

peu

effacée,

bien

qu'on

ne

puisse

la

voir.

a

donc vu

cette

petite peinture

qui représente «

une

colombe

sonrameau

chargé

d'oliaes

»,

avec cette

devise : ET

SIBI

ETALIIS.

«

Et

elle-même

et

pour

les

autres.

»

S.

Batfroi

:

Alchimiques

Métamorphoses.

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36

LE

D'après le

Maître,

cette

image se rapporte à

la sublimation, et

il

ajoute

:

«

symbolisme

de la

colombe

a

trait

au second

ceuvre dont les

voyages

du

blanc volatile

ouwent

I'entrée

r0.

»

Eugène

Canseliet

parle

également

dans

un

autre ouwage,

de « I'une

des

peintures

alchimiques

du

couvent

franciscain

»,

montrant

deux

étoiles, et accompagnée

de la légende

latine

exprimant

la

vertu

salva-

trice

inhérente

au

rayonnement nocturne

et

stellaire

:

CUM

LUCE

SALUTEM.« Avec

la lumière

le

salutrl.

»

PALAIS LASCARIS

Dans

le

vieux Nice,

le

Palais Lascaris,

devenu

un

musée,

possède

de

très

belles

fresques du

xvII'siècle

à thème

mythologique.

Mais un esprit

averti

peut y

voir

maints détails

se

rapportant au Grand

CEuvre

alchi-

mrque.

En haut

du

grand

escalier,

on

entre

à

droite,

dans le Salon

des

Cheaaliers

de Malte.

Un

trumeau représente

Mercure se

regardant dans

le

Miroir de

l'Art.

Le dieu

est

dans une barque,

et

tient une

lance.

Si

on prête quelque

attention, on

s'aperçoit que

c'est un

Mercure feminin,

avec

une poitrine

apparente; de

p[us,

il

ne porte pas

le casque ailé, mais

le

bonnet

phry-

gien,

coiffure

réservée

à

I'Adepte.

La

Chapelle

réseraée aux

Cheaaliers

de

Malte possède

un

plafond

peint

:

c'est

Pâllas, avec

une

épée

et

un

bouclier sur

lequel

est

figuré,

non

Ia

Gorgone,

mais

un soleil rayonnant.

De

sa

main

gauche,

la

déesse

sou-

tient

Saturne

qui

lui

tend

un

anneau

:

le serpent

Ouroboros;

tandis

que

de sa main droite Saturne tient le sablier,

son attribut normal.

Un

amour

porte

sa

faux,

au-dessus de

lui.

Dans la

chambre

qui

fait

suite,

au

plafond

est

peint

l'enlèvement

de

Ganymède

par l'Aigle;

quatre médaillons

représentent

les

quatre

sai-

sons.

Au-dessus de

la

glace, on

voit

des

instruments

de

musique surmontés

d'une

coquille

: I'Art

de

Musique

et

la Mérelle, emblème

du Mercure.

A

gauche

de

I'escalier, le

plafond

du

premier salon représente

Mercure

qui

conduit

un

char

tiré par

des

colombes

ou

des

oies

: c'est

l'enlèvement

de

Psyché.

Au

fond d'une

enfilade de

pièces, on se trouve dans une chambre

qui

contient un

lit.

Face

à

la porte, un

médaillon représente

un

enfant

qui

tire une

pierre

attachée à

une

corde, comme

jouent

les

enfants,

mais

sur

cette

Pierre

il

y

a

une clé. Dans

le

fond

de la

composition,

on

aperçoit

un

château

qui

semble

bien

être

un

athanor.

ro.

E. Canseliet

:

L'Alchirnie expliquée suî

ses textes,

p.

:48

et suiv.

tt.

Id.,

Deuxième préface

ats

Mlstère

des

cathidrales,

p.

zr.

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ALPES-MARITIMES

/

AUBE

Au-dessus de

la

porte,

un

médaillon présente des enfants

jouant

avec

trois dés

:

ludus

puerorum.

Revenons

en

arrière dans la

première pièce,

et partons maintenant

de

l'autre

côté, c'est-à-dire

vers la gauche. Nous

entrons dans un salon :

Des médaillons

peints présentent divers sujets :

I'Art

de Musique,

Ie

Miroir

de

I'Art;

deux

adolescents

sont

couronnés

de

fleurs

:

peut-être

Gabricus et

Beya...

Sur

un

des

médaillons, un homme

et

une

femme,

jeunes,

s'accoudent

sur

un balcon; la

femme

tient

une

clé

dans sa

main

droite,

tandis

que

I'homme

présente

une

coupe

sur laquelle on voit un

bouton de rose. Ces

deux personnages

ont les yeux fixés sur

la

fleur non éclose,

afin de bien

montrer son importance.

On

peut voir là

l'illustration

d'un

passage de l'Atalnnta

Fugiens

de Michel

Maïer.

Il écrit

:

«

La

clé est

en effet une

chose très

vile...,

elle

est

la

racine de

Rhodes

sans

laquelle

le germe ne

peut pousser,

le

bourgeon se gonfler, la rose

fleurir

et

déployer

ses

mille

pétales

12.

»

AUBE

TROYES

DE

LA MADELEINE

A

la

Chapelle

de

la

Vierge, une

verrière polychrome en quatre

compar-

timents, dont

le

thème est consacré

à

la

Création du

Monde.

«

Chacune

de

ces

fenêtres

présente

l'artiste, canoniquement appliqué

à

sa

vaste entreprise, en bel imaige

de Dieu, coiffé du trirègne

qui rappelle

son

triple

privilège

spirituel,

physique

et

temporel

-

en même temps que

la

trilogie scientifique

: Astrologie,

Magie

et

Alchimie

-

et

vêtu d'une

robe

aiolette,

sous une

chape oamoisie,

rehaussée d'or

et

de pierreries. »

«

La

quatrième scène montre

le

développement

de

la

coction

finale

dans

le

Grand

CEuvre, et, très clairement,

l'ordre des

régimes,

c'est-à-dire la

succession des

planètes...

r

»

rz. Michel Maïer

:

Atalanta

Fugiens.

Emblème XXVII,

p.

?19.

r.

Canseliet

:

Alchimie.

p.

2oo.

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38

AUDE

LIMOUX

CHAPELLE

NOTRE-DAME

Près

de Limoux,

on

peut

visiter

une

chapelle

dressée sur

une

colline,

parmi

les

vignes.

Au milieu du

chæur

se

trouve

un

PUITS;

son

eau est

considérée

comme

miraculeuse, car elle

a

la

réputation

de

guérir

toutes

les

maladies,

ainsi

que

I'indique cette inscription

:

«

Omnis

qui

bibit hanc

aquam,

si

j.dem

addit,

sàlae

erit.

»

Soit

:

« Quiconque

boit

cette

eau,

s'il

y

ajoute

la

foi,

aura la

santé. »

Allusion sans

doute,

à

la

Médecine uniaerselle

qui

ne

peut être efficace

que

pour ceux.qui

ont

la

foi, comme.il

est

nécessaire

que

l'artiste qui

la

compose

possède

cette

foi

capable

de

soulever

les montagnes.

BOUCHES-DU-RHÔNN

I

AIX-EN-PROVENCE

CATHÉDRALE

SAINT-SAUVEUR

Un

rétable

de

r47o,

en

ronde

bosse,

représente

la

Tarasque.

On voit

la Vierge

et

I'Enfant

Jésus

devant

sainte

Anne,

saint

Maurice,

sainte

Marthe

et

la

Tarasque.

« Marthe, triomphant du monstre

local, renouvelle

le symbole

du

chevalier cuirassé,

terrassant

le dragon. Le nom de

la

sainte

rappelle,

phonétiquement, celui du dieu

Mars

(génitif

Mailis) qui, en

alchimie,

s'identiÊe

avec

le fer

r.

»

r. E. Canseliet : Alchitnie,

p. r45

(illustration)

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BOUCHES-DU.RHÔNE

ARLES

Cette belle église

du

xrt' siècle présente

au

tympan de son porche

roman,

le

Christ

en

Majesté

dans l'Amande mystique.

Il

porte

une couronne,

symbole

de souveraineté, mais aussi de

spiritualité.

Il

est

entouré de l'homme

ailé et

des

trois animaux,

emblèmes des quatre

évangélistes.

Ainsi qu'on

le voit sur la façade

d'autres églises,

Ie

Christ,

assis, tient

Ie

liure

ferm4

tandis que de

la main droite,

il

bénit.

Chacun

des

sujets

qui l'entourent porte

également

un

liare

ÿrml.

C'est

là une manifestation

ésotérique

assez

rare

qui

indique

que

les Evangiles

ont un sens

secret er

caché

qu'il

faut

savoir

pénétrer.

C'est

le

symbole de

ce

qui

ne peut être

révélé,

et

que nul ne peur

et ne

doit

connaître

s'il

n'en possède

la

clé. Et, c'est

en alchimie

le

symbole

de

Ia substance

minérale

brute, c'est-à-dire de la Matière première

de

l'CEuvre

telle

qu'elle

sort de la

mine.

Au-dessous, dans

les entrecolonnemen_ts, les

douze apôtres entourent

saint

Trophime

coifié

de

la

mitre

de

I'Evêque

: ils

portent

tous

aussi le

hvre

fermé.

Ce magnifique

portail

qu'on

a

pu

appeler

« le dernier

soupir de

I'art

grec

»,

est entièrement couvert

de sculptures.

Un bas-relief

présente une

scène

de

massacre : des soldats

entièrement

vêtus d'une

cotte

de mailles

tuent

non des

enfants, mais des adultes,

hommes

et

femmes : cette

scène

symbolise une opération

alchimique,

la

fixation.

Au retour nord

du portail,

au-dessous

de saint Michel pesant

les âmes,

on voit un homme

coifié

du

bonnet

phrygien

:

c'était, dans la

Grèce

ancienne,

la coiffure

des

initiés.

Au-dessous

encore,

un homme sans

tête

(sans

doute une

déprédation),

tient à

bout de bras

deux

enfants par

les

pieds.

Bien

qu'on

n'ait

pas

coutume de voir ainsi représenté le

Massacre des Innocents, ce

bas-relief

est

semblable

au petit

cartouche qu'on

pouvait

voir

dans

les

Figures

Hiérog\phiques de

Nicolas

Flamel,

au cimetière des Saints-Innocents,

à

Paris

r.

r .

Ce

cartouche a

été

reproduit

dans les I'rois

Traités anciens

de

philosophie

naturelle,

publiés

en 16rz par Pierre Arnauld de la

Chevallerie.

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40

Arles,

É,glise Saint-Trophime

(Portail)

Le liure

Jermé

et les clés

pour

I'ouuir

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BOUCHES.DU.RHÔNE

Au

bas

du

même

piédroit,

un personnage dans I'attitude

d'un nageur,

semble s'accrocher à un

lion

: c'est

le principe

aqueux

et mercuriel qui

s'unit au

soufre, principe igné,

symbolisé

par le lion.

Au retour sud du portail, une

femme

nue,

couronnée,

tient

dans

ses

bras

deux enfants

la

tête

en

bas, tandis qu'elle presse

ses

seins de

ses

deux

mains.

Devant

elle,

un petit

Bacchus

est

assis

sur

un

chien

dont I'arrière-

train

se termine

en

queue de sirène, et sur lequel

la

femme

pose

les

pieds.

C'est

la vierge blanche qui se

dégage

de

la

matière

première noire repré-

sentée par le

chien

de

Corascàne

,

qu'il

faut

savoir séparer du

compost

au

début des opérations. Elle presse

ses

seins

pour

en

faire

jaillir

le

Lait

de

vierge,

un des noms

donnés au

Mercure.

Devant

elle,

Ie

jeune

Bacchus représente

la

partie interne

puréfine

qui se

dégage.

C'est

le

symbolisme

de

la

grappe.

Des

chapiteaux

et

des

soubassements

sont

également décorés

de

sym-

boles

alchimiques. Pour n'en citer que

quelques-uns : un

lion

terrasse

une femme nue

qu'il

tient

entre ses pattes; une

femme allaite

deux

ser-

pents; une néréide tient

un

poisson

d'une main,

et

de

l'autre

relève

sa

queue...

Rappelons que

le

/ion symbo-lise Ie principe

môle

et

igné, le

soufre;

et

la

femme,le

mercure, principe

feminin, aqueux et froid.

La

Siràne

est

I'emblème

des

deux

natures

contraires, unies

et pacifiées.

Quant

aux

serpents

allaités par

la femme,

on peut

les

assimiler

au cra-

paud

à

propos duquel Michel Maïer

écrit

:

«

Place

un crapaud

sur le sein

de la femme,

pour

qu'elle

l'allaite

et meure, et que le crapaud

soit

gros

de ce

lait.

»

MARSEILLE

sArNT-vrcroR

Dans les

cryptes de

l'église

Saint-Victor, à Marseille,

on

peut

voir

une

célèbre et

très ancienne

Vierge

noire,

Elle

porte

une

couronne à triple

fleuron

et

tient

un

sceptre de la

main

droite.

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42

CHARENTE-MARITIME

DAMPIERRE.

SUR- BOUTONNE

Le château de

Dampierre-sur-Boutonne,

du

plus

pur

style Renaissance,

offre un vif

intérêt grâce à I'abondance

des symboles alchimiques

qu'il

présente dans sa

décoration intérieure.

Mais le

philosophe à qui

l'on

doit

ces

compositions

est

resté, et restera

waisemblablemènt

toujours inconnu.

Il est permis de penser,

à la suite

de

Fulcanelli, qu'il appartenait à

I'ordre mystérieux

des Rose-Croix.

La

grande

cheminée

Au premier étage,

dans une

salle

spacieuse, on

remarque une grande

cheminée

dorée et recouverte

de peintures. Malheureusement,

un

badi-

geon

rougeâtre

a effacé

la plupart des

motifs qui

la

décoraient. Seuls

les

deux

côté1

restent

visibles

et

présentent

le

même

motif;

dans le

haut,

apparaît un avant-bras dont

la main

tient une

balance et

une

épée

levée,

sur

laquelle s'enroule un phylactère

portant cette

inscription : DAT

JUSTUS

FRENA

SUPERBIS.

« Le Sage

met

un

frein à

l'orgueil.

»

Un

molosse

et

un

dragon

sont reliés

par

deux

chaînes

d'or

au

sommet

de

la

balance;

tous

deux

ont leur

regard

dirigé

vers

la

main,

comme

pour

en désigner

I'importance. Des rouleaux

de pièces

d'or

sont

posés

iur les plateaux de

la

balance;

sur l'un de ces

rouleaux, on

lit la lettre L

surmontée d'une couronne;

sur un autre,

une main tient

une

petite

balance,

tandis qu'au-dessous de cette

main on voit un

dragon mena-

çant.

La

balance

représente l'équilibre naturel.

Le molosse

et

le dragon sont

les deux principes matériels,

retenus

ensemble

par

I'or des Sages. La

main

est celle de

l'alchimiste qui tient

l'épée, hiéroglyphe du

feu.

Quant

aux rouleaux

de

pièces

d'or,

ils

indiquent

le

but

à

atteintre. La lettre L

surmontée d'une couronne est

le signe conventionnel pour

désigner

I'or

alchimique.

Deux médaillons sont

peints

au-dessus

de ces deux grands motifs;

l'un

d'eux montre une figurine

:

elle

représente la Nature

que I'alchimiste

doit

toujours

prendre

pour

modèle;

l'autre

médaillon,

une

croix

de

Malte

dont

les

angles

sont décorés de fleurs de

lys

;

c'est

I'indication

que

l'Adepte inconnu de Dampierre

appartenait

bien à

l'ordre

des Rose-

N.B.

-

On

ne

visite

pas

le mercredi.

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CHARENTE-MARITIME

En effet, leli héraldique

correspond à

la

rose hermétiquc,

et les deux

jointes

à

la croix

ont

la

même

signification

autres

cheminées

manteau de

la

cheminée située dans

une petite

pièce présente

une

peinte

:

ce

sont six

vers au-dessus d'un motif

composé

de

D

entrelacés

et

de la

lettre

H,

ornés

de

figures humaines

vues

de

I'une d'un vieillard, l'autre d'un

homme

jeune.

six

vers évoquent l'existence heureuse

et calme que menait sans

le

Philosophe dans ce

logis

:

DOULCE.

EST.LA.VIE.A. LA.BIEN.

SUIVRE.

EMMY.SOYET. PRINTANS.SOYET.

HWERS.

S

OUBS.

BLANC

H

E. N EI G E. O

U.

RAM EAUX.VERTS.

qUAND.VRAYS.AM

r

S.

N

OUS. LA.

FO

NT.VTVRE.

AINS. LEUR. PLACE.A.TOUS.

EST.

I

CI.

coMME.AUX.VTEULS.AUXJEUNES.AUSST.

cheminée

plus grande,

dont

les décorations

sont

peintes

en

rouge

et or, on

lit cette maxime

:

SE.COGNESTRE.ESTRE.ET.

une

règle bien

connue :

pour

acquérir la

Sagesse,

il faut avant

se

bien

connaître soi-même,

et

ne pas chercher les honneurs.

plafond

orné de symboles

galerie haute possède

un plafond

curieusement sculpté.

Il

est

formé

93

caissons

disposés

sur trois rangs

:

6 r se

rapportent

à

la science her-

et

sont répartis

en

sept

séries;

24

monogrammes

en

marquent

séparation;

4

caissons, exécutés

postérieurement, ne

portent

que

des

géométriques,

et

enfrn

les

quatre

derniers

n'en possèdent

est

séparée

de

la

suivante par trois

caissons, disposés

en

transversale, et ornés

alternativement du monogïamme

de

Henri II

D

et

un H),

et

des

trois

croissants

de

Diane de

Poitiers.

chacun

des

6r

caissons

qui

ont

une

explication

alchi-

:

:

r. Deux

arbres de

même dimension, mais I'un est

couvert

de

et I'autre

est

desséché.

porte

ces

mots

:

Sor

non

omnibus

aeque.

« Le

sort

n'est

égal pour

tous.

»

sec

représente le

métal

mort, desséché par la

fonte;

l'autre

continue

d'évoluer

et de

se

développer.

e. Une

pluie

abondante tombe sur

une

tour

de

forteresse.

La

:

Auro

Clausa

Patent. «

L'or ouvre

les

portes

fermées.

»

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44

Cette

image

évoque la

fable

deJupiter se changeant

en

pluie d'or pour

séduire Danaé.

L'eau « dorée »,

capable

de pénétrer les corps, tombe sur

l'Athanor

(la tour)

afin

de

pénétrer

la

matière

première

qui

s'y

trouve.

Caisson

J.

Quatre

fleurs épanouies

dont

les

ciges

sont menacées

par

le

tranchant

d'une

épée. Ce

motif

porte

la

devise :

Nutri

etiam Responsa

Feruntur. « Développe aussi les

oracles annoncés. »

Ces

« oracles

», au nombre

de

quatre,

correspondent

aux

quatre

«

fleurs

»

ou

couleurs qui se manifestent durant le labeur

alchimique

:

le noir, le

blanc, Ie

jaune

et

le rouge.

Ces « fleurs

» doivent

être

tranchées

à

la fin

de

leur

floraison,

ce

qu'indique

le sabre; mais pas trop tôt, ainsi que le

conseille la devise.

Caisson

4. Une

tour

en

ruine dont

la

porte

est

arrachée;

on

distingue une

entrave et trois pierres dans

la

partie

supérieure.

On aperçoit

deux

autres

entraves

près

de la tour.

La

devise :

Nu(n)c scio aere .' « Maintenant,

je

sais waiment.

»

La tour est I'Athanor

dans lequel

chacune

des pierres

a

subi

la

coction.

Les

entraves

sont

les

difficultés à

surmonter.

Caisson

5.

La pierre

cubique

des

compagnons flotte

sur

les

eaux.

Le sujet

est accompagné

de la

parole

de

Jésus

à

Pierre, que

rapporte saint Mat-

thieu

:

Modice

Fidei

Qtare

Dubitasti. « Pourquoi doutei-tu, homme

de

peu

de

foi?

»

La

pierre flottante

est

ici l'hiéroglyphe

du

Mercure des Sages.

Caisson 6.

Un

à

jouer

est posé sur une petite table,

A

l'avant-plan,

trois

fleurs.

En haut de la

composition,

la

banderole ne porte que

cet

adverbe latin

: Utcumque. «

En quelque manière.

»

Ici

encore, le dé

à

jouer

désigne

la

pierre

cubique, la Pierre; et

les trois

fleurs

représentent les

trois phases

végétatives

de I'CEuvre.

DEUXIÈME

ST,ruN :

Caisson

r.

Des

nuages

empêchent

une

fleur

champêtre

de

recevoir

la

Iumière

du

soleil; au-dessus

de

la

composition

brille

une

étoile.

La

devise :

Reaertere et Reuertar. « Retourne,

et

je

reviendrai.

»

Durant le

labeur

alchimique, des nuées dérobent

aux

regards,

soit la

fleur,

soit l'étoile,

alternativement,

ce

qui

explique

la devise.

Caisson

2. Au

centre de

ce caisson,

une pomme,

et

cette

légende :

Digna

Merces

Labore. « Travail

dignement

récompensé.

»

Ce fruit

symbolise la

pierre philosophale,

but du

Grand

CEuwe.

Caisson3.

Le serpent Ouroboros

se dresse sur le

chapiteau d'une colonne

qui

se

tient

à l'envers,

c'est-à-dire

que

c'est

le

hauide

cette

colonne

qui

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CHARENTE-MARITIME

epose

sur

le

sol.

La

devise

:

Nosce te lpsum.

«

Connais-toi toi-même.

»

Or, dans

les manuscrits

anciens,

on peut

lire

: «

Vous

qui

voulez

connaître

la

pierre, connaissez-vous bien

et vous

la

connaîtrez. »

Quant à

la

colonne

renversée, c'est

une

disposition

qui

donne

à

I'en-

semble

I'apparence

d'une

clef.

Et

clef

et

colorune

de l'(Euvre

sont,

entre

autres,

des

noms

donnés

au

Mercure

par

les

Alchimistes.

Caisson,

4.

Une

chandelle

rayonne.

La

devise

:

Sic Luceat

Lux

Vestra.

<<

Que

otre

lumière

brille

ainsi.

»

La

flamme

indique l'esprit

métallique,

qui est la

partie intérieure

la plus

claire du

corps

alchimique.

Caisson

5.

Le

dessin

du motif a disparu;

seule

Ia banderole

est

restée

visible, avec

cette

inscription

en espagnol,

à

laquelle

manquent

les

deux

dernières

lettres

;

Non

son tales nos

Amor(es).

«

Ce

ne sont

pas

nos

amours. »

Fulcanelli

ne

fait

aucun commentaire sur ce

sujet

incomplet.

Caisson

6.

Il

en

est

de même

pour

ce

caisson

qui

présente

une

cage

à

oiseau

dans

laquelle

on

distingue

à

peine

un

petit

quadrupède

qui

semble

y

être

enfermé.

On

lit

difficilement

deux

mots

de

Ia

devise

:

Liberta

aer.

Mais

la

phrase

avait été

conservée

:

Ampasa

Liberta

Vera Capi

lrutus.

«

Yoilà

où mène I'abus de la liberté. »

L'animal exprimait

sans

doute

un

symbole

qui

rendait claire

la

devise.

Caisson

7.

Une

lanterne

renversée sur le sol est

éteinte.

Au-dessus,

la

devise

:

Sic

perit

Inco(n)stans. «

Ainsi périt

l'inconstant.

»

Deux interprétations

de

ce

motif

peuvent

être

données;

soit :

le

philo-

sophe

qui

ne

possède

pas une foi

assez

vive, cherche dans

les

ténèbres

cette clarté

qu'on ne peut

trouver

qu'en soi-même. L'autre

interpré-

tation fait allusion au

feu

de roue. dont

I'arrêt

entraîne

la perte

du

travail

déjà

accompli,

car

il

est

nécessaire

que

le

feu

entretenu au

laboratoire

brûle toujours

très régulièrement.

Caisson

8.

Deux vases,

l'un

d'une forme

élégante,

l'autre

un

vulgaire pot

de terre, sont

représentés

côte à

côte,

avec

cette

parole

de

saint Paul :

.ALIUD.VAS.HONOREM.ALIUD.IN,CONTUMELIAM.

«

Un

vais-

seau

pour un

usage

glorieux, un autre pour un emploi ordinaire. »

Le pot

de

terre est le

ua.re

de

la

nature,

fait

d'argile

rouge,

l'autre

est le

aase

de l'art,

qui

est

composé

d'or

pur;

ce sont Ià

les

deux

aaisseaux du

philosophe.

Ces deux vases

représentent

également

les deux

voies distinctes que

doit

choisir l'Adepte

pour

réaliser

le

Grand

CEuvre

: la voie longue et

coû-

teuse,

qui

est

le plus

souvent

employée;

I'autre voie,

rapide

et

qui

ne

coûte

presque

rien,

mais

difficile

à connaître.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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46

Caisson

g.

Un

serpent

est

coupé en deux.

Au-dessus,

cette

devise

:

.DUM.SPIRO.SPERABO.

«

Tant

que

je

respire,

j'espère.

»

Les

deux tronçons du serpent,

emblème

du mercure, indiquent les deux

parties du métal dissous, que I'on fixera plus

tard

l'une par l'autre.

TROISIÈME ST,ruT :

Caisson r.

Une

meule de

rémouleur toute

prête

à être

mise en

action

est

accompagnée de

ces

mots : .DISCIPULUS.POTIOR.MAGISTRO.

«

L'élève est-il supérieur

au

maître? »

La meule est I'un des

emblèmes

alchimiques exprimant

le

double pouvoir

du dissolvant naturel

:il

broie

et

aiguise;

le

maître

est

le soufre actif;

et le

disciple

est

le

premier mercure qu'on appelle

parfois

fidèle

et

loyal

seraiteur.

Caisson

z.

Une tête de Méduse,

avec

sa

chevelure de

serpents;la

devise

:

.CUSTOS.RERUM.PRUDENTIA.

«

La

prudence

est

la gardienne

des

choses.

»

Le mot

prudentia

signifie non seulement

la

prudence,

mais

aussi

la

Sagesse.

Quant

à la

tête de Méduse,

rappelons qu'elle

exerce

un pouvoir

pétirfrant

sur celui qui

la

regarde.

Caisson.r.

Un

avant-bras

se consume

sur un

autel.

La devise

:

.FELIX.

INFORTUNIUM.

« Heureux

malheur

»

Ce bas-relief

exprime

à la fois l'idée du

sacrifice

et

du

renoncement

exigés

par la

Science, et

le

tour

de

main

nécessaire

à

l'accomplissement

du

Grand-CEuwe,

par la voie

sèche

:

celle

du

feu.

Caisson

4.

Ur,.e banderole entoure le tronc d'un arbre

couvert

de

feuilles

et

de

fruits;

elle

porte

cette

inscription

: .MELIUS.SPE.LICEBAT.

« On

pouvait

espérer mieux.

»

Il s'agit ici

du premier soufre, qui

est

l'or des sages, lruit

pas

encore

mûr

de

I'arbor

scientie.

Caisson

5.

Deux pèlerins,

chacun tenant ostensiblement un chapelet, se

rencontrent.

On

aperçoit,

dans

le

lointain, un

athanor.

Les deux

vieil-

lards

portent une longue

barbe,

l'un

est

chauve

et s'appuie

sur

un bâton,

tandis qu'un

capuchon

couwe

la

tête

de

celui

de

droite.

C'est

ce

dernier

qui

s'écrie

:

.TROP.TART.COGNEU.TROPT.TOST.LAISSE.

«

Trop

tard

connu, trop

tôt

laissé.

»

Car

il

connaît enfin,

au

terme de sa vie,

le

rôle du

mercure,

le

fidèle

servi-

teur,

qui

est

ici figuré

par le vieillard de gauche

:

en effet,

si

on regarde

attentivement, on remarque

que le

chapelet

de

ce

vieillard forme

avec

son bâton, le

signe du

caducée,

hiéroglyphe du Mercure.

Caisson

6.

On

voit

trois

arbres; celui

du milieu

est

couvert de

feuilles,

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CHARENTE-MARITIME

alors

que

les

deux

autres

sont

désespérément secs. La devise

:

.SI.IN.

VIRIDI.IN.ARIDO.qUID.

« S'il

en est

ainsi

dans les

choses

verdoyantes,

qu'en sera-t-il dans

les

choses

sèches? »

Or, «

notre pierre

naît

de

la destruction de deux corps

1

».

L'un

est

métallique, I'aurre minéral.

Caisson

7.

Un

labyrinthe porte

pour devise :

.FATA.VIAM.INVENIENT.

«

Les destins trouveront bien

leur

voie.

»

Ce

labyrinthe,

qui

ne possède

qu'une

seule entrée,

indique uniquement

la

voie

la plus

longue,

la

plus

aisée,

mais

la

plus compliquée;

et

l'al-

chirniste

risque de

s'égarer,

ainsi

que

dans un

labyrinthe,

dans les

dif-

ferentes

phases de son

travail,

à

moins

qu'il

ne

se

soit

muni du

fil

d'Ariane.

Caisson

8.

Le

relief

de

la

sculpture

est

effacé.

Il

ne

reste

plus que

deux

fleurs

dans

le

bas,

et

l'inscription

:

.MICHI.CELUM.

«

A

moi

le

ciel »

Il est évident

que

la

connaissance

des

astres

est

nécessaire à

l'alchimiste

s'il

veut mener

son

CEuwe à

bien.

Caisson

9.

lJn

sirnple

croissant

lunaire

est accompagné

de

cette

devise :

.DONEC.TOTUM.IMPLEAT.ORBEM.

«

Jusqu'à

ce

qu'il

emplisse

toute

la

terre.

»

La

lune,

hiéroglyphe

de

I'argent,

indique

le

but

del'CEuare au blanc,

et,

disent

les textes anciens,

la

lune

est

alors

dans son

premier quartier;

telle nous la

voyons ici.

quArRrÈMr,

sz,atz

:

Caisson

r.

Un

rocher

battu par

les flots. Deux chérubins

souffient

pour

apaiser

la

tempête

-

ou pour

I'activer?

La devise

:

.IN.PERICULIS.CONSTANTIA.

« La constance

dans les

périls.

»

La

constance

est

une

vertu philosophique

que tout

alchimiste

doit

pos-

séder,

surtout au début

du

travail alchimique,

car

les

principes oppoÉsqui se

heurtent,

déchaînent

une

véritable tempête dans

I'Athanor.

Caisson:.

L'humidité

a

grandement détérioré

ce

bas-relief;

cependant,

on

sait

que le

motif présentait

des épis de

blé, et

cette

devise

: .MIHI.

MORI.

LUCRUM.

«

La

mort est un

gain

pour

moi.

»

C'est

une

allusion

à

la

décomposition et à

la

putréfaction de

la matière

première

(l'CEuwe

au

Noir); et

par analogie,

la décomposition du grain

de

blé

dans

la terre,

avant de

germer et

de

croître.

r. Limojon

de

Saint-Didier : Ic

Triomphe

Hermétique.

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48

Caisson

J.

Un

avant-bras,

portant

une

blessure

apparente,

sort

d'un

nuage.

La

main

tient un rameau d'olivier.

La devise

:

.PRUDENTI.LINI-

TUR.DOLOR.

« La

douleur du

Sage

doit être

apaisée.

»

Le rameau d'olivier

est le symbole de la paix

dans

laquelle

doit

viwe

l'alchimiste

au

laboratoire;

et

ce sera

la

pierre philosophale

qui

lui

per-

mettra

de

supprimer la

cause

d'un grand

nombre

de

maladies,

donc

ces

maladies mêmes,

et les

souffrances

qu'elles engendrent.

Caisson

4.

Voici

le

serpent Ouroboros,

le

serpent

qui

dévore

sa

queue,

avec

cette devise

: .AMICITIA.

«

L'amitié.

»

Fulcanelli

considère

que

l'Ouroboros

« est,

avec

le

sceau

de

Salomon,

le

signe

distinctif

du

Grand

CEuvre

».

Quant

à

la

devise,

elle

signifie la

sym-

pathie

des éléments

dont

l'union

est

nécessaire

à

l'élaboration de la

Pierre

philosophale.

Caisson

5. La sculpture

est

tellement

détériorée

qu'on

ne

distingue

plus

que

quelques

lettres

: ...CO.PIA...

Caisson

6. Une

grande

étoile

à

six

rayons resplendit au-d<'ssus des

vagues.

Dans

le haut

de

la

composition,

une banderole porte

une

devise

latine

dont

le

premier

mot est

en

espagnol

:

.LUZ.IN.TENEBRIS.

LUCET.

« La lumière

brille

dans les

ténèbres.

»

C'est

là l'indication

d'une

eau

étoilée

qui n'est autre

que

le mercure

pré-

paré,

que

les philosophes

nomment

également

astre,

à cause de

son

aspect

brillant.

Caisson

Z.

Une

femme

plante

des

noyaux au pied

d'un

arbre chargé

de

fruits,

et autour duquel

s'enroule un

phylacière

portant

cette

inscrip-

tion

:

.TU.NE.CEDES.MALIS.

«

Ne

cèdepasaux

erreurs.

»

Les

Anciens désignaient

parfois

l'alchimie sous

le

nom

d'agriculture

céleste. La devise

s'explique, de même que le travail de la femme,

car

planter

sous un

arbre vigoureux

est

bien une erreur

et

un labeur inu-

tile.

Caisson

8.

Une

banderole

entoure

un

bouclier

rond,

avec

la

devise

his-

torique

de

la

mère

spartiate

:

.AUT.HUNC.AUT.SUPER.HUNC,

«

Ou

avec

lui,

ou sur

lui.

»

Vaincre

ou

mourir,

tel

est

le

sens de

l'inscription.

Ce

conseil

s'adresse

à

I'alchimiste

qui

se dispose

à

entreprendre

la première manipulation;

cette

opération comporte un réel

danger,

d'où

la

nécessité

du

bouclier.

Car

c'eSt

ici qu'il

faudra triompher du

dragon,

afin

de poursuiwe

l'CEuwe.

Caisson

9.

Une

plante,

qui semble

être

un coquelicot,

porte

quatre

fleurs.

Le

soleil brille

au-dessus

d'elle.

Malheureusement, la

devise

est

complètement

effacée.

Aussi,

on

ne

peut

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CHARENTE-MARITIME

que renvoyer

le touriste

à

I'explication

du

sujet analogue

(deuxième

série,

caisson

r).

crNqurÈMa

sÉnrc

:

Caisson

r.

Un

faune cornu

est

accroupi; il porte

des ailes,

et ses

mains

et

ses pieds

ressemblent à

des serres

d'oiseaux de proie. L'inscription

qui

I'entoure

comporte

deux

vers en

espagnol

:

. MAS.

PENADO.MAS.

PERDIDO.

.Y.MENOS.AREPANTIDO.

« Plus

tu m'as

nui,

plus

tu

m'as perdu, et moins

je

m'en

suis

repenti.

»

Ce

faune

est l'hiéroglyphe de

la

Matière première telle

qu'on

I'extrait

de's

mines.

L'axiome

espagnol

est

clair

pour

les

Philosophes

:

plus

les

réitérations

sont nombreuses,

et

plus

on brise

et

on

dissocie la

Matière

première, plus

la

quintessence

augmente la

pureté et

la

force

du résultat.

Caisson

z.

Une

couronne de feuilles et de fruits

est

liée par

des

rubans

dont les

noeuds

serrent

également quatre

petits

rameaux

de laurier.

Elle

est

encadrée

par la devise :

.NEMO.ACCIPIT.qUI.NON.LEGITIME.

CERTAVERIT.

«

Nul

ne I'obtiendra s'il n'accomplit

les

lois

du

combat.

»

C'est

ici

«

la

couronne fructifere

des

sages

», que l'alchimiste n'obtient

que rarement, malgré

les sacrifices

et

le

travail qu'il s'impose. Les fruits

représentent

les

biens terrestres que

pourra

acquérir

le

philosophe

si

ses

efforts sont couronnés

de

succês.

Caisson;.

Une

pièce

d'artillerie

du

xvf

siècle est représentée

au

moment

d'entrer

en action. Elle

est

entourée de

la

devise :

.SI.NON.PERCUS-

SERO.TERREBO.

«

Si

je

n'atteins

personne, du

moins

j'épouvanterai.

»

Dans

ce

bas-relief,

il

faut

voir

uniquement

le

sens

figuré,

car

«

de

même

que

le

canon

mal réglé

inquiète

par

son tapage, si les profanes sont

incapables

de

comprendre ces compositions, ils

seront

cependant

éton-

nés

de leur singularité ».

Caisson

4.

Narcisse

cherche

à

voir

sa

propre

image

se

refléter

dans

l'eau

d'un

bassin. Au-dessous,

le

phylactère

explique

:

UT.PER.QUAS.

PERIIT.VIVERE.POSSIT.AqUAS.

«

Afin qu'il puisse

revivre

grâce à

ses

eaux qui

lui ont donné la mort. »

Narcisse

est

le symbole du

métal

dissous

qui semble

demeurer

dans

un

état d'inertie.

Il se mire

dans

l'eau

-

mercurielle

-

du

bassin

qui,

espère-t-il, lui rendra sa vitalité.

Caisson

5.

L'arche

de Noé flotte sur les eaux, tandis qu'auprès

d'elle

une

barque

paraît bien

près

du

naufrage. Au-dessus

de

I'arche,

ladevise

:.VERITAS.VINCIT.

« La vérité victorieuse.

»

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5o

Comme I'arche de Noé a flotté

sur les

eaux

déchaînées,

la

masse fondue

est venue

à

la

surface

dans

Ie matras.

Caisson

6. Une

femrne en proie au

désespoir est assise

sur unq tombe

sur

laquelle

on

lit

ce

mot

:

TAIACIS, La

banderole

qui

entoure

la

pierre tombale

porte

cette inscription

:

.VICTAJACET.VIRTUS'

«

La

vertu gît

vaincue.

»

Cette

icène

est I'hiéroglyphe

de la

mortification.

Fulcanelli

explique

que le

mot Taiacis

est en

iéalité

une

phrase

latine

écrite

à l'envers

: sic

ai

at,

ainsi dumoins...

(pourra-t-il

renaître).

Caisson

7.

lJne

colombe

qui

vole

tient

un rameau

d'olivier

dans

son

bec.

Le

phylactère porte

l'insèription

: .SI.TE.FATA.VOCANT.

« Si

les des-

tins t'y appellent.

»

On

lii

dans

la

Genèse,

qu'après le Déluge, Noé envoya

une

colombe,

et

celle-ci

revint

en

apporlani

une branche verte

d'olivier.

C'est

donc

là,

pour l'alchimiste,

signe

que ses travaux

sont

dans

la bonne voie.

Caisson

8.

Deux bras, dont

les

m4ins

se

joignent,

sortent

des

nuages.

Au-dessous,

la

banderole

porte cette

devise

:

.ACCIPE.DAqUE.

.FIDEM.

«

Reçois ma

parole

et

donne-moi

la

tienne.

»

Les bras forment

un'triangle

dont

le

sommet

est dirigé

vers le bas,

hiéroglyphe de I'eau.

On

remarque

que ces bras ne

peuvent

appartenir

à la

même persoRne;

ils

indiquent

l'union nécessaire puisque

« toute génération

ne-se peut

accompiir

sans

le

secours

de deux

facteurs,

d'espèce

semblable,

mais

de

sexe difiérent

».

Caisson

9.

Deux colombes sans tête

qui

se

font vis-à-vis

sous une ban-

derole,

présentent

I'adage latin : .CONCORDIA.NUTRIT.AMOREM.

« La

concorde

nourrit

I'amour.

»

Ce

sont là

les

Colombes

de Diane,

allégorie

du

mercure

des sages. Dom

Pernety écrit

«

qu'elles

sont les

seules

qui soient capables

d'adoucir

la

férocité

du

dragon2 ».

SIXIÈvTE

SÉ,ruA

:

Caisson

r.

Une

main d'homme lance contre

un

rocher

sept boules qui

rebondissent. La

devise :

.CONCUSSUS.SURGO.

«

Heurté,

je

rebon-

dis.

»

C'est

I'image

de I'action suivie de

la réaction dans

l'CEuvre

alchi-

mique. Cette àction

ne

doit

pas

être

réitérée

plus

de sept

fois;

c'est

pourquoi ces boules

sont

au

nombre

de

sept.

e.

Dom Pernety : « Dictionnaire mytho-hermétique

»,

in

Art

et

Alchimie,

deJ. Van

Len-

neP,

p.

r90.

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CHARENTE-MARITIME

Caisson z. Un

arbre

mort,

aux branches et aux

racines

coupées.

Ce

bas-

relief ne porte

pas de

devise,

mais seulement deux

signes

gr"avés

sur un

cartouche

:

I'un

désigne en notation alchimique le Soufre, le second

le

Feu.

L'arbre

mort,

c'est l'arbre

sec,

hiéroglyphe

des

métaux

qui

ont

perdu

leur

activité

à

la

suite des opérations métallurgiques.

Ils dewont

être revi-

vifiés,

ce

qui

est

possible,

car

ils ont toujours

au

fond d'eux-mêmes,

une

partie

vivante

que

les philosophes

nomme

ît

Feu

or

Soufre

.

Caisson

7.

Une

pyramide

hexagonale

porte,

accrochés

à

ses

parois,

divers

emblèmes de

chevalerie et

d'hermétisme

:

casque, brassard, bouclier,

gantelets, couronne et guirlandes.

Sa

devise

est

tirée d'un

vers

de

Vir-

gile : .SIC.ITUR.AD.ASTRA. «

C'est

ainsi qu'on

s'immortalise. »

Cette

pyramide

est

l'Athanor, le

fourneau indispensable

à

l'élaboration

de

I'CEuvre.

Une

porte

en

bas donne

accès

au foyer;

au-dessus,

deux

plaques

se

font

vis-à-vis sur

les

côtés;

elles

obturent des

fenêtres

vitrées

qui per-

mettent de

surveiller

les phases

du travail.

Une

petite

plaque, fixée

près

du sommet, permet

l'évacuation

des gaz issus

de

la

combustion.

Ainsi, grâce

au

feu intérieur

de

l'Athanor, la

matière

s'élève

graduelle-

ment

jusqu'à

la

perfection.

Et

l'alchimiste

conquiert,

avec

la

Connais-

sance,

le haut titre de

chevalier; ce

que signifient

les

mots de Virgile

:

sic itur

ad

astra.

Caisson

4.Un

simple

pot

de

terre, fendu,

avec

son couvercle,

remplit

la

surface

du caisson,

avec la

devise :

.INTUS.SOLA.FIENT.MANIFESTA.

RUINA. «

A

l'intérieur,

on l'achève par sa seule ruine

manifeste.

»

C'est

la voie

sèche,

pour laquelle

on emploie

seulement

un

creuset très

ordinaire.

L'alchimiste ne

peut

suivre

les

phases

de

l'opération,

seule

la

rupture

du vase en une ou plusieurs

fentes

longitudinales, indique la

réussite

du

travail;

telle

est

l'explication de la

devise.

Caisson

5.

Une

main, dont le

bras est

bardé

de

fer,

brandit

une

épée

et

la

spatule.

La

devise

est

;

.PERCUTIAM.ET.SANABO.

«

Je

blesserai

et

Je

guerlrar.

»

L'épée

qui blesse,

la spatule qui

appliquera

le

baume guérisseur

sont,

en réalité, un seul et

même

principe

doué

d'un

double pouvoir.

Caisson

6. Un

lierre

s'enroule autour du tronc d'un

arbre mort,

dont

toutes les branches

ont

été coupées.

Derrière,

une

banderole

porte

ces

mots : .INIMICA.AMICITIA. « L'amitié

ennemie.

»

La Matière première,

sujet minéral, est

flgurée

par le lierre,

plante

vivace, d'odeur

forte

et nauséabonde, tandis

que

le

métal

est

représenté

parl'arbreinerte

qui

est

à

la

fois

scié

et

étreint.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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52

Caisson

z.lJn

centaure

est

à

demi caché

par

une banderole

portant les

sigles

du

Sénat et du

peuple romain.

Le

tout

décore un

étendard dont

la

hampe

est

fichée en

terre. Sur

la

banderole,

on

lit

ces

lettres : .S.P.QR.

«

Senatus

Populusque

Romanus

», qui accompagnent

les

aigles

romaines

et fôrment aujourd'hui,

avec

la

croix,

les armes

de

Rome.

On indique

donc

clairement

une

terre

romaine. et on pense, par

analogie,

au sujet

que les philosophes

nomment

terre

romaine et aitriol romain.

Caisson

8.

Un

jeune

gladiateur,

presque un enfant, pourfend à

grands

coups d'épée,

une ruche

emplie

de

gâteaux

de miel,

les

abeilles s'en-

fuient

apeurées.

Deux

mots composent

la

devise :

.MELITUS.GLA-

DIUS. «

Le glaive

miellé.

»

On peut volr

là le

symbole

du

premier

travail alchimique;

c'est_la

matière première qu'il faut

frapper

«

avec

l'épée magique du

feu

secret

».

Caisson

9.

Le soleil

dirige ses

rayons vers un

nid

de

farlouse

posé dans

l'herbe, et

contenant

un æuf.

La devise

explique : .NEC.TE.NEC.SINE.

TE.

«

Non

pour

toi,

mais rien

sans

toi.

»

C'est

uné

allusior

au

soleil,

père

de

la

pierre,

ou soufre.

Ce

père

de

la

pierre est donc

indépendant d'elle, puisque

la pierre provient

de lui,

donc les mots

:

nec

ti

(nort

pas

toi), s'expliquent aisément;

et comme

il

est impossible

de rien

obtenir sans

I'apport du soufre

'.

nec

sine

te

(mais

rien

sans toi).

SEPTTÈME SNruZ :

Caisson

r.

Le

bas-relief

représente les

«

Tables de

la Loi

», sur

lesquelles

on

lit

cette

phrase

en

français :

.EN.RIEN.GIST.TOUT.

Il

est

ici

question

de

la matière

première,

brute

et vile,

de

couleur

noire

et d'odeur

infecte, qui

n'est RIEN,

mais qui contient, en

puissance,

la

Pierre philosophale qui est

TOUT.

y Caisson

z. La

lettre'H,

surmontée d'une couronne.

Le phylactère

qui

Ja

I'entoure

offie

une inscription effacée,

mais dont on a conïeivé

le textè :

f

)IN.TE.OMNIS.DOMINATA.RECUMBIT.

«

En

toi

repose

toure

puis-

I

sance. »

I

ll

ne s'agit

pas

ici d'un

hommage

au

roi

de

France,

Henri IL

En

grec,

la

lettre

H

est

I'initiale

du

mot

Hélios

:

le soleil, Ie dispensateur

de

lumière,

l'esprit.

Quant

à la

couronne,

c'est

celle

qui récompense

le s élus.

CaissonJ.

Un

dauphin est enroulé autour

d'une ancre

marine. La devise

qui l'accompagne

donne une

explication ésotérique

: .SIC.TRISTIS.

AURA.RESEDIT. « Ainsi s'apaise cette

tempête. »

Le

dauphin

représente le

mercure, par analogie au

principe humide

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CHARENTE-MARITIME

et

froid de I'CEuwe. L'ancre

est

le soufre, dont

le

rôle

est

de

fixer

le

mer-

cure, comme I'ancre fixe les bateaux.

En outre,

I'opération

qui

consiste

à fixer

le

mercure offre une grande

ressemblance

avec

les tempêtes.

Caisson

4.

Un dragon

veille

à

I'entrée

duJardin

des

Hespérides, près d'un

arbre aux

fruits

d'or.

La devise

: .AB.INSOMNLNON.CUSTODITA.

DRACONE. « En dehors du dragon

qui

veille, les choses

ne sont

pas

gardées.

»

Le dragon est l'hiéroglyphe de

la matière

première

brute;

il doit

être

vaincu, afin

de

pouvoir

cueillir,

en

fin

de

travail,

les fruits d'or.

Caisson

r.

Un cygne vogue

sur une eau

calme; il

a

le

col

traversé d'une

flèche,

et

se

plaint

: .PROPRIIS.PEREO.PENNIS. «

Je

meurs par

mes

propres plumes.

»

Ce

cygne

représente

le mercure

dont

il

possède

deux qualités

:

la

blancheur

et

la

volatilité. Et comme

le

mercure doit être vaincu

par

le

soufre qui

le

fixe,

le

cygne

est

vaincu

et

fixé

par

la

flèche.

Quant

à

la

devise

:

l'oiseau

a

fourni

la

plume servant à empenner la

flèche.

Caisson 6.

Deux

cornes d'abondance

s'entrecroisent; au

milieu, le

cadu-

cée

de Mercure

surmonté

du

casque

ailé.

Ce

motif

est encadré

par

la

devise : .VIRTUTI.FORTUNA.COMES. «

La

fortune accompagne la

vertu.

»

Il

s'agit

ici

de

la

vertu

secrète

du

mercure

philosophiqua,

frguré

par

le

caducée.

Les

cornes d'abondance

représentent les

richesses qui peuvent

être acquises

grâce

à la

possession

du

mercure;

leur croisement en X

exprime

sa

qualité spirituelle.

On

remarque

que les deux

serpents

du

caducée

ont

une

tête

canine,

I'une

de

chien,

l'autre

de chienne.

Ce sont les deux

principes,

sem-

blables et opposés.

La qualité

du double mercltre

est

indiquée

clairement

par les deux

ailes

qui

se

trouvent sur le

casque,

et

également

sur

les

talonnières, en

bas

du motif.

Caisson

7.

Cupidon

brandit son

arc

d'une

main,

et

de

I'autre

une

flèche. Il

chevauche une chimère

sur

un

champ

de

nuages. La devise :

.AETERNUS.HIC.DOMINUS. « Ici

lemaître

éternel.

»

Cupidon,

symbole

de

l'amour,

est

le

maître de

I'CEuwe,

car

c'est

lui

seul

qui

a

le

pouvoir de réaliser

I'accord

entre

les principes

opposés

:

mâle

et

femelle.

De

I'union du

soufre

et

du

mercure

naîtra le

mercure

philosophique.

Caisson

8.

Voici

une

hermine

à

l'intérieur d'un

petit

enclos.

Sa

devise

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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54

est

celle d'Anne de

Bretagne :

.MORI.POTIUS.qUAM.FEDARI.

« Plu-

tôt

Ia

mort

que

la

souillure. »

L'hermine,

pure

et

blanche, est I'image du

mercu.re

philosophique.

La palissade

tressée qui

sert

d'enclos à

l'hermine, représente

d'assez

près

le

réseau

de lignes

entrecroisées

qui

se

dessine

sur le mercure animé

et

I'en-

veloppe.

La devise est

toute

spirituelle

:

jamais

l'esprit

ne

pourra

travailler uti-

lement

à

l'CEuwe

alchimique, si

ses pensées

ne sont

pas

absolument

pures.

Caissoru

9.

Quatre

cornes

d'où

s'échappent des

flammes, avec

la

devise

:

.FRUSTRA. «

Vainement. »

Ces quatre

cornes

représentent les quatre feux de la coction

alchimique.

La

devise

s'explique

:

c'est

aainement

que I'artiste

æuvrera

s'il

prend

le

mot.feuàla lettre,

au

lieu

d'en

rechercher

l'esprit.

HUITIÈME

SÉA/T

:

Un

seul

caisson est consacré

à

l'étude

alchimique

dans cette dernière

série.

Il

représente des

roches

qui

se dressent au-dessus

des

flots.

La

devise

:

.DONEC.ERUNT.IGNES. « Tant que dureront

les

feux.

»

Les

rochers

représententla

terre;

les

flots,

l'eau; et Ie

ciel,

I'alr.

Quant

au

quatrième

élément : le

feu,

il

ne

figure ici

que

dans

la

devise,

mais

il

existe

dans

les

trois

autres éléments

: il

est

l'esprit,

l'âme et

la

lumière

des

choses.

le

feu,

I'homme

sera en

t),

 

Tant

que durera

écrit Fulcanelli.

rapport

direct avec Dieu

CHER

LA

BOURGES

CATHÉDRALE

Le

grand

portail

Le tympan

de la porte

centrale de

la

cathédrale

Saint-É,tienne

repré-

sente,

à

droite, I'Enfer. Le feu

est

activé

par des «

souffieurs

».

Les

dam-

nés

sont précipités dans une

chaudière.

On

remarque

que le

diable

de

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

l'extrême

droite

porte un

masque sur

la

fesse;

à gauche

du

chaudron,

plusieurs démons

portent

également

un masque, soit sur une fesse,

soit

sur

les

parties sexuelles.

Dans

le

chaudron, on aperçoit un moine dont

la langue

est

mordue par

un

crapaud;

tandis

qu'un

autre

batracien suce

le

sein

d'une

fille;

Eve

est tentée par

un

serpent

à tête

de

chien

:

« C'est

le

symbole

du

soufre

uni au

mercure

dans la substance

chaotique originelle

1.

» Le

long

du

chaudron

monte

un

serpent.

«

Un contrefort

de

la

façade 

Un contrefort

de

la

façade, situé

au nord du

grand

portail,

entre

le

portail

Saint-Guillaume et celui

de

la

Vierge )), nous

offre

une énigme

ortail

Saint-Guillaume et celui

de

la

Vierge

alchimique

:

« L'un des

chapiteaux

des arcatures qui allègent

Ie

contrefort

présente,

parmi

d'autres

motifs, une scène curieuse,

répétée

de part et d'autre de

l'ornement central.

On

y

voit

un

jeune

enfant,

penché

sur un

griffon

ailé

qu'il

paraît

caresser

ou

saisir

2.

» Près de

lui,

un

autre enfant

tient

un

singe qui essaie

d'attraper un oiseau perché sur un arbre. «

On

retrouve

ici la recommandation de conjurer

la

volatilité

du

mercure »; et on sait

que l'Alchimiste

se

compare

au

singe qui tente

de

copier

la Nature.

Le

portail

sud

Au portail

sud,

Ie

Christ est dans

I'amande,

entouré classiquement des

quatre

symboles

: I'ange, le lion, le taureau ailé et

l'aigle.

A

gauche

du

porche,

parmi

les

autres apôtres,

saint

Jean

tient un liwe

ouaert:il

a les pieds posés en équerre

(signe

de

I'Initié).

« Dans

un

écoinçon,

se blottit un

Fou,

dont l'oreille

s'orne,

à sa

pointe,

de

I'inévitable grelot.

Lui font cortège,

dans les

autres espaces

laissés

libres entre les arcatures

:

un

aigle,

un

dragon

(emblème

de la matière

première),

et

un

loup

(symbole

de I'antimoine)

3.

»

D'énormes vantaux

de

chêne

ferment

le

portail; ils

ont été

offerts par

Jacques

Cæur;

c'est

pourquoi, sans

doute

des cæurs ailés

sont

sculptés

surlebattantdegauche,avec

la

lettre

I, en alternance.

Les

sculptures

du

battant de

droite

présentent des

R et

des

D

entre-

lacés.

Le

portail

nord

I,e

portail

nord,

fermé

comme

le portail

sud,

par

d'épaisses

portes

de

chêne sculpté présente, sur

ces

portes,

des

motifs

de trèfles

à trois feuilles

(ou

des fleurs

de

lys),

alternant

avec des

R,

et

formant

un

jeu

de

fond

sur

tout le vantail.

r.

Fulcanelli

:

Demeures

philosophales,

t. I, p.

zro.

z.

Ph.

Audoin

:

Bourges, Cité

première,

p.

2Z-24.

3.

Ibid.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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56

-,€

ourses.

Cathédrale

Saint-É,tienne

(Portail

Sud)

It

liure

fermé

présenté

par le Chist

en

majesté

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

doute

est-ce

une

allusion aux trois

réitérations

du labeur

alchi-

tympan, on

distingue

avec

peine, tant

la

sculpture

a

souffert des

la Vierge tenant I'Enfant.

sacristie

qui

a également donné

à

la

cathédrale Saint-Étienne

l'imposant

édifice

voûté

servant encore

de sacristie ».

Dans la

cathédrale,

écrit Canseliet,

du côté gauche ou septentrional,

onzième travée,

l'élégante

porte

de

la

sacristie

(uestibulum),

offre,

l'écu

de

Jacques

Cæur,

qu'on revoit bientôt sur

les

croisées

d'ogives

et sur

les parties de vitres conservées

aux

On

reconnaît aux

mêmes

endroits

les

armoiries de

sa

femme

de

Léodepard

et

les sigles

mystérieux

R.G.

si

fréquemment

rele-

à

la

manière

d'une

signature,

dans l'iconographie

chère

au

puis-

Argentier.

»

....Ces

deux majuscules pourraient bien

cacher

le

conseil permanent

maître

au

disciple

devant le

choix

difficile de la matière

première

:

G;

prends

Ga.

»t

deux

panneaux

de la baie vitrée

éclairant

la

chapelle funér'aire qu'il

destinait,

«

nous

montrent la

scène

de

l'Annonciation,

Marie,

à

un

grand

livre

ouvert, tandis

que

Gabriel, à gauche, a mis

genou sur

le

sol, De

part

et

d'autre,

dans

les cadres

latéraux,

sont

personnages

:

Saint

Jacques,

la

coquille

au chapeau,

s'appuie de

la

dextre sur

son

et

porte,

de

la main gauche, un

livre

ouvert

qu'il

semble lire.

est barbu et

perpétuerait

cependant

les traits

de

Jacques

Cæur

5.

»

I'autre

côté

se

tient

sainte

Catherine.

Il

est surprenant que, parmi

un

nombre

de

saintes,

le

Grand

Argentier

I'ait

justement

choisie

placer

«

dans le

lieu

de son tombeau

»;

car c'est

« le

jour

de

et martyre

»,

que

mourut

Jacques

Cceur,

neuf'années

que

le

vitrail fut

mis

en

place.

tour nord

cul-de-lampe

situé

dans

Ia première galerie de

la

tour nord, dite

de Beurre, est

intéressant

au

point

de

vue

alchimique : «

Un

fou

à

lire

à

un singe :

emblème

pittoresque de

I'entreprise

folle

-

aussi

des

principes du

Grand

CEuvre

6.

» L'alchimiste,

ce

singe de

Nature,

apprend

ce

que

seul

le

Me{cure

des Philosophes

peut lui

E.

Canseliet

:

Atlantis,

no

r88,

p.

r5-16.

E.

Canseliet

:

Atlantis, no

r88,

p.

r7.

Ph.

Audoin

:

Bourges,

Cité

première,

p.

24.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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58

enseign€r; c'est

seulement

grâce

à son aide

qu'il pourra commencer et

poursuivre son

CEuvre.

La

crypte

Dans

la

crypte,

on

pourra

voir

le

tombeau

du

duc

Jean

de Berry;

le

monument

ayant

été démantelé à

la

Révolution,

il

ne

reste plus que

le

grsant.

Mais

ce

qui étonne, c'est qu'aux pieds

de la statue funéraire

du duc,

au

lieu

d'un chien, c'est

un petit

ours

qui est couché. Or,

on sait que

l'ours

est

I'hiéroglyphe

de

l'étoile

polaire,

de la

constellation

de

la

« petite

Ourse

»

:

l'Étoile

sur

laquelle

tous

les navigateurs

ont

les

yeux

fixés,

celle

qui

les

guide à travers

les

mers. Et

les

alchimistes

se comparent

parfois à

des

navigateurs, et

ils parlent du travail alchimique

comme

d'un

voyage hasardeux

se

rencontrent parfois

des tempêtes.

Écusr

NorRE-DAME

Les

bénitiers

En

entrant par

le

portail

occidental, on voit, tout

de

suite à

gauche,

«

un

très beau bénitier du xvn siècle, dit, à

cette époque

et

plus expressément,

benoistier.

En

effet,

la

vasque

circulaire

peu profonde, élevée

sur un pied

cylindrique à base carrée,

nous montre, courant en frise, alternativement

et séparés par une

coquille

: vn

cæltr,

une

étoile

et une rose. Cette

fleur,

odoriferante

et belle, symbolise

la

Pierre Philosophale accomplie,

c'est-

à-dire le but unique et transcendant

que cultivait

Jacques

Cæur...7

».

Un

peu plus

en avant,

«

on découwe,

vis-à-vis de la porte sud,

un second

bénitier,

de

marbre blanc cette

fois, et

semé de fleurs de

lys

jusque

sur

la

colonnette en

balustre

à

piédouche

triangulaire, qui

le

supporte

le

long,

du

pilier

». Sur

la

doucine

bordant la coupe, « on

lit,

gravés

sur

une

Ceule ligne

et

en minces caractères,

ces deux vers

de

l'ceuvre

com-

mencée par

Guillaume

de Lorris : Tout se

passe

et rian

ne dure ne

ferme

choze

tant

soit

dure,

r5o7.

D'après Canseliet,

c'est

«

une

allusion

discrète

au

pouvoir

de

pérenne

conservation

de

la Médecine unitterselle, plus

connue

sous

le

nom de

Pierre

philosophale...t

».

Écrrsn sAINT-prERRE-LE-GUTLLARD

Dans

cette église,

on

peut voir,

du côté nord, une chapelle édifiée

au

xv'siècle.

7.

E.

Canselietl. Atlantis,

no r8E, p. r4.

8.

E. Canseliet Atlantis,

no

r88,

p.

14.

N.B.

-

Le nom

étrange

de

Guillard

accolé à Saint- Pierre, signifie

en vieux

lrançais

gail-

lard

:

<<

le grand

».

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

A

la

retombée des croisées, les culs-de-lampe présentent

des

anges

tenant

des

écus;

sur

I'un

d'eux, frgure la

coquille

Saint-Jacques,

sur

un

autre,

un

arbre

et

un grelot.

PALAIS

JACqUES CGUR

C'est

en

1443 que

Jacques

Cæur,

le

fastueux

Grand

Argentier du

roi

Charles VII,

fit

commencer

la

construction

de son palais.

La façade

N'entrons

pas

trop

vite dans cette luxueuse demeure.

Avant

même d'en

avoir

franchi

la porte d'entrée, on remarque, sous

les fenêtres,

des flrises

formées

de

coquilles

Saint-Jacques

et de coeurs

alternés.

Le rébus

est

simple

:

la

coquille évoque

saint

Jacques,

le

saint patrony-

mique

de

I'Argentiel,

et le cæur,

son

nom

de

famille.

Mais la

coquille, c'est

aussi

la Mérelle

de Compostelle

qui,

dans

la

sym-

bolique

alchimique, désigne

le

Mercure, tandis que Ie

Cæur représenre

le

Soufre.

Le

tympan de

la porte

d'entrée

-

toujours

à

l'extérieur

-

montre

un

ange

portant

dans

sa main

gauche

un

pot

s'épanouit

une

plante,

et

désignant

de sa

main

droite

un

phylactère,

il

s'avance

entre

deux arbres

qui semblent

être

un

figuier

gauche), et

un

dattier. Sous

ses

pieds, l'écu

deJacques

Cceur

: les

trois

cæurs et

les

trois mérelles. De

côté er d'aurre

de l'écu, des plantes

indiquent

un lieu

champêtre.

L'ange

semble annoncer

quelque

chose,

bien

que la Vierge soit

absente

de la

composition;

mais

peut-être simplement

accueille-t-il

le visiteur

en

lui

indiquant, par le

truchement

du

phylactère,

qu'il

y

a

un

sens caché

dans

tout

ce

que

contient

la

demeure.

De

chaque côté de

la

porte,

deux

culs-de-lampe

:

à

gauche,

un homme

tient un liwe

ourtert,

et,

au-dessous de

lui, un

aütre personnage

tient

un

phylactère.

A

droite

de

la

porte

d'entrée, une porte

cochère présente,

en

culs-

de-lampe, deux

femmes

qui tiennent

chacune

un

phylactère.

Aucun doute n'est

possible

:

nous

entrons

dans

la demeure

d'un

alchi-

miste.

La

cour d'honneur

Tout

de

suite

en

entrant,

à

droite

de la

porte d'entrée, derrière la

porte

cochère que nous avions

vue sur

la façade, on

distingue des

petits pet-

sonnages

en

culs-de-lampe;

I'un

d'eux

est un

ange,

agenôuillé,

qui

tient

un

phylactère,

indiquant

une fois

de

plus que, dans

le

palais, la

N.B.

-

Le palais

Jacques-Cæur

est

fermé le mardi.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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6o

plupart

des décorations seront

à

double

sens;

et

un

autre petit

bas-

ielièf

: un homme

à

chaperon,

tenant

un liwe

ouaert de

sa main

gauche,

et portant

la

main droite à sa

tête.

(En

symbolique

alchimique, la tête

est le siège de l'Esprit.)

Dans cette

même

cour,

le

tympan d'une porte

présente

trois

arbres

exo-

tiques : palmier, figuier, et dattier,

au

milieu

de plantes.

Un encadre-

ment

entoure ce

motif.

«

Le

palmier

et

le

dattier,

arbres

de

la

même

famille,

étaient désignés

chez les Anciens,

par

un

mot

grec

qui

signifie

Phoenix

en

latin; ils

figurent

les

deux Magistères et

leur résultat...

»

Quant

au figuier

qui

se

trouve

au

centre, entre ces deux arbres,

«

il

indique

la

substance minérale

d'où

les

philosophes

tirent

les éléments

de

la

renaissance

miraculeuse du

Phénixe >>.

Sur

la

bordure

d'encadrement de ce

bas-relief,

on

découvre des lettres

isolées

et

dispersées parmi les motifs

qui,

mises

bout

à

bout,

composent

une

des

maximes favorites

de

Jacques

Cæur

:

DIRE.FAIRE.TAIRE.DE.

MAJOTE.R.G.

Or,

Ia

joie

de I'alchimiste réside dans son

travail

qu'il garde secret

et

«

qui

lui

rend

sensible

et familière

cette

meraeille

de

la

nature

»t.

Quant

aux

lettres

R.G.,

nous

avons

vu que

Canseliet

les interprète

comme

«

Recipe

G. t.

A

droite,

le

tympan d'une porte aveugle présente

également

trois

arbres,

ceux-ci

croissant

parmi

des chardons.

Mais

ces arbres

ont

une

particu-

larité

:

ce

sont

des orangers

ou

des pommiers

très

feuillus et

portant

ostensiblement de très gros

fruits.

On

peut

y

voir

une

allusion

au

«

Jar-

din

des

Hespérides

»,

un

des

thèmes

chers

aux

philosophes.

Lès

trois

tympans

Toujours

dans la

cour d'honneur, à

gauche

en entrant, trois

portes

s'ouvrent

sur

un

escalier

qui

conduit

à

Ia

chapelle.

Ces

trois

portes

qui

sont

côte à côte,

sont

surmontées, chacune,

d'un

tympan

dont

le

sujet

pourrait

être pris

pour

une scène

de l'office religieux,

mais

qui

évoque

plutôt un

rituel

hermétique

du

Grand CEulre, si

on

regarde attentive-

ment

ces

trois

motifs.

Sur

le

bas-relief de

gauche,

I'opérateur porte,

de

la main

gauche, un

livre

fermé,

emblème

de la

matière vierge.

La

cloche,

mise

en

branle,

annoncera l'æuf des Pâques

joyeuses,

l'æuf

philosophal.

Tandis

que le

troisième

personnage, à gauche,

qui

semble

très malade, vient

mendier

le remède

à

ses maux :

la

pierre.

Trois

hommes

sont

représentés

sur

le

tympan

central,

prêts

à partir

après

l'office

religieux.

A droite du

bas-relief,

un

personnage recouvre

I'autel

d'un

voile,

tel

un

bedeau

qui

range

tout,

une fois

la

messe dite.

9.

Fulcanelli

: Derneures

philosophales,

t. II, p.

173.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

Mais cet autel

ressemble plus

à

la pierre cubique

qu'à un autel véritable,

et

pour que

nous

ne nous y

trompions

pas,

on

remarque,

sculpté au

centre

du

cube,

un

matras

contenant

cæur

et une coquille,

surmontés

d'une

croix;

ainsi

nous sont indiqués

le

creuset

(la

croix), le

mercure

(la

coquille);

et

le soufre

(le

cæur). Donc,

plutôt

que

I'autel,

il

est

permis

de

penser

que ce cube représente

le fourneau par

lequel

vient

d'être

opéré

le travail

alchimique

: I'union

du

soufre et

du

mercure.

Au

centre de

la composition,

un

homme

de condition

ajuste sur sa tête

son chaperon,

tout

èn élevant

les

yeux au

ciel, en

action

de grâces

sans

doute;

il

tient

à

la

main une bourse

qui

semble

lui

être

précieuse. Il

est

précédé par

un

homme

de

mise modeste,

un

serviteur,

qui

marche

à

tâtons,

les

yeux

fermés

sur

le secret;

il tient

à

la

main

un rosaire.

Enfin,

sur le troisième tympan,

trois

dames de

qualité sont guidées par

un enfant.

Ont-elles

assisté

à

I'office alchimique? Ou bien,

ce

bas-relief

ne serait-il pas une allusion au trauail

des

femmes,

au

jeu

des enfants? Cette

troisième h^ypothèse paraît être

la

bonne, car, en

hâut

et

à

âroite

de

la

composition,

un ange présente

un

croissant de

lune,

comme

la

coquille

hiéroglyphe du mercure.

La

salle des

festins

ou

grande salle

La visite

du palais commence,

en

général,

par

la salle des

festins.

Le

manteau

de

la

grande

cheminée

est

orné

de

lys et

de

roses,

ce

qui,

dans

la symbolique alchimique,

signifie la

réalisation

du

Grand

CEuvre.

Des petits

singes cabriolent

parmi

ces

fleurs.

A

droite

de

la

cheminée,

s'ouvre une

porte,

sur le tympan de

laquelle

« I'alchimiste

Jacques

Cæur

fit sculpter des cerfs-volants...

»,

ce

qui

évoque « le cerf

inquiet

et

fugitif

» : le mercure philosophal

r0.

Ce sont,

plus exactement,

un

cerf et

une biche

gauche)

:

les

deux principes de

même

espèce

et de sexe opposé.

Il semble

bien

que le

cerf

représente

la

chose animée

nécessaire

au Grand

CEuwe; c'est

le

seraus

fugitivzs,

le

serviteur

fugitif,

le

symbole

du

mer-

cure.

Ajoutons

que, telle

la

cheminée, le

tympan

de

cette

porte

est

décoré

de

fleurs

de lys.

Dans cette grande salle,

un

bas-relief

en cul-de-lampe

représente

«

un

fou sculpté, facilement reconnaissable à

son capuce à oreilles,

qui

a

la

grande singularité de montrer

avec

l'index, sa

bouche

fermée

d'un

cadenas

».

Ce

personnage

frgure

l'artiste,

I'alchimiste qui

« s'est

fait

fou

pour

devenir sagerr

»>.

ro.

Canseliet

:

Deux

Logis alchimiques,

p.

ro8

et

rog.

rr.

Id.,

Alchimie,

p.r4r.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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6:

Cette image «

expressive et

amusante »

illustre une devise du puissant

Argentier :

« En

close bouche

N'entre

mouche. »

«

Conseil

impérieux

de

discrétion,

propre

à

la

pluralité

des

vieux

auteurs

12.

»

La

chambre de

I'argent

Cette

pièce

se trouve

juste

au-dessous

de la

Chambre

du Trésor.

Le tympan de la

cheminée

s'orne d'un ange à

phylactère, ou

plutôt,

d'après Philippe Audoin, d'une

jeune

femme qu'il surnomme

« La

Fiancée

», et qu'il

estime

« riche d'implications symboliques

13

».

« Il s'agit

bien d'une

femme, écrit-il, et non d'un ange,

comme

l'in-

diquent

les

commentateurs distraits;

il

suffit

pour

s'en assurer

de

l'envisa-'

ger de profil : le renflé du

corsage,

les torsades de cheveux

qui s'échappent

d'un diadème orfevri de roses, ne laissent aucun

doute

-

pas plus d'ail-

leurs que

la

haute ceinture qui comprime

la

taille

et

fait valoir,

selon la

mode du temps, la saillie du ventre et des

hanches. Les bras

largement

écartés, elle déploie

un phylactère plus qu'à demi brisé,

qui portait

la

devise du maître de logis :

A uaillans

(ici

un cæur) riens

impossible. Les

ailes, dont le plumage

est ciselé

avec une extrême

finesse, s'étalent de

part

et

d'autre

des épaules...

«

On

ne

rmit

pas les

pieds de

la dame

:

elle

est

issante

d'un

petit

jardin,

clos d'une palissade de vannerie que surmontent

diverses fleurs parmi

lesquelles

on

peut reconnaître des

églantines

et des pâquerettes

à demi

closes.

....« La figure feminine serait ainsi désignée comme

une allégorie

alchi-

mlque.

... «

C'est

une vierge verte, une vierge

noire, une parturiente souterraine

qui

connaît l'É,ros dans sa fureur et aux

yeux de qui les

labours, dès

qu'on y

a

jeté

la

semence, cessent

d'être innocents : Notre-Dame

de

l'Alchimie

ra.

»

Or,

les

alchimistes considèrent généralement

la corbeille

tressée

-

d'où

s'élève cet ange-femme

-

comme

la représentation de

la matière pre-

mière. Ainsi,

la

matière volatile,

le Mercure, source unique

du Grand

CEuwe,

s'élève,

triomphante,

de la Matière travaillée.

La

Chambre du

Trésor

D'après Fulcanelli,

la

pièce la plus intéressante

du PalaisJacques Cæur,

rq.

E. Canseliet

:

Deux Logis alchimiques,

p.

57.

rg. Ph, Audoin :

Bourges, Cité

première, p. 146.

r4.

Ph.

Audoin

:

Bourges, Cité

premiàre,

p.

r53.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

est

la

chambre dite

du Trésor,

mais

qu'on

peut

imaginer

consacrée

à

des

travaux alchimiques.

TRISTAN

ET

YSEULT

Un

cul-de-lampe

représente,

dit-on,

Ia rencontre

de

Tristan

et

Yseult,

tandis que la

tête

du

roi

Marc

s'aperçoit

dans le feuillage

d'un

chêne

il

se

dissimule. L'arbre

semble sortir d'une

curieuse

pierre

cubique,

sur

laquelle

les yeux.des

deux amants sont

Êxés

comme

pour

attirer i'atten-

tion

sur

elle.

Nous retrouvons

ici

le

symbole du Lion

Vert,

d'où le nom

de Léonois

ou Léonnais, porté

par

Tristan

15.

Pour compléter le symbole,

à

gauche,

sur un

arbre,

est

perchée

une

chouette,

l'oiseau

d'Hermès.

LA

CHEMINEE

De chaque

côté

de

l'élégante

cheminée de

la

Chambre

du

Trésor,

on

remarque

deux

petits

personnages.

A

gauche,

et

en

haut du pied-droit, à Ia

rencontre

du manteau,

un

homme

qui

semble

«

imprégné

de

paresseuse

quiétude

», tient un

phy-

lactère

qui

présente

«.des..lettres qui

ne sont

ni

latines

ni grecques

», er

qui sont proprement illisibles.

De

I'autre

côté

de

la

cheminée,

un

jeune

et

imberbe

personnage

gratte

sa

mandore, sans

doute

«

afin de rappeler que la

source des

felicités

terrestres

reste

l'Art

de

Musiquer6

»t.

D'autres petits culs-de-lampe

ornent

la pièce

:

à

gauche de

la

cheminée,

on voit

un ange avec des

banderoles, et

à

droite, un

homme porte

avec

peine

une énorme

lanterne.

La chapellè

Entrons

dans

la

chapelle;

c'est

une grande

pièce

bien

éclairée, et

dont la

voûte

est ornée

d'anges à

phylactères,

peints

par

Jean

Fouquet.

On

remarque,

à

droite

et à

gauche

de

l'emplacement

de l'autel,

deux

réduits

exigus

ménagés

dans les murs.

« Singulièrement,

ces

deux logettes sont pourvues d'une petite cheminée

sur

laquelle

glisse, d'une étroite fenêtre,

la lumière

du

jour,

inclinée

et

parcimonieuse

17.

»

Plutôt

que de

les

considérer

comme

les

oratoires

de.facques

Cæur

et

de

son

épouse,

il

est

permis

de

penser

que I'Argentier,

travaillant

à deux

foyers,

«

unissait

ses

efforts

à

ceux du chapelain

collaborant

à

l'autel,

et

cela

dans

le double domaine

d'activité ésotérique, religieux

et

laïque..,

»

r5. Fulcanelli

:

Mlstàre des

cathédrales, p. r8o.

16.

Canseliet

:

Trois Anciens Traités

d'alchimie,

p.

lX.r7.

E.

Canseliet:

Alchimie,

p.

186

et

r87.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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64

En sortant

de

la

chapelle, on admire

le tympan

extérieur

de la porte

qui

« est vraiment extraordinaire », écrit

Canseliet

: « La Vierge

juvénile,

agenouillée sur un coussin, pose sa main gauche sur

le livre

qui

est

ouvert

et

que maintient un angelot. De

la

dextre,

elle

a

relevé son lourd

et

long

manteau, tandis

qu'elle

écoute,

attendrie, la salutation

de l'ange

qui tient

le phylactère montant

en

oblique : Aae Maria

gratia

plena.

t>

Or, ainsi que Fulcanelli l'a dit et redit

: «

Il

suffit de trouver

le

phylac-

tère sur

n'importe

quel sujet

pour

être assuré

que l'image contient

un

sens

caché...

»

Le

lis,

placé entre

la

Vierge et

l'ange, montre trois fleurs épanouies

:

« Symboles de la pureté,

ces

fleurs rappellent

les

trois

réitérations

qui...

purifient

le

mercure

par le feu

et

le sel. La Vierge qui était noire

est

devenue blanche.

»

« Emblème

de

I'esprit,

une

colombe

semble

unir,

dans son

vol,

le globe

avec

le

livre

ouvert et

descendre

sur celui-ci,

afin

de

signaler

que

la

matière

est

maintenant animée

et

que,

par

suite, elle

est

devenue la

terre

.feuillée

LE.

»t

L'HÔTEL LALLEMANT

La famille

Lallemant, comme son

nom I'indique,

est

originaire d'Alle-

magne; de Nuremberg, précisent

certains

généalogistes.

L'incendie de r487, qui ravagea

Bourges, n'épargna pas

la riche

maison

des

Lallemant;

ce

fut

Jean

Lallemant,

seigneur

de

Maragne, receveur

général

de Normandie,

qui

fit

reconstruire,

tout

de suite après

l'incen-

die, la demeure que

nous

connaissons

aujourd'hui.

On entre dans

l'hôtel

Lallemant par

la rue Bourbonneux. Sur le

tym-

pan de

la

porte d'entrée qui s'ouvre

sur Ie passage incliné qui mène

à

la

cour, deux chimères boivent au Graal,

un mâle

et

une femelle : les

deux principes

opposés.

En

commençant

la visite de I'hôtel,

lorsqu'on

monte

les

premières

marches,

avant

le passage

voûté,

un cul-de-lampe présente un clerc

brandissant un matras à long

col,

dont

le manche est

taillé

en siffiet, pour

bien indiquer

que I'ustensile

est creux,

et afin qu'il n'y ait aucune erreur

quant

à son

emploi

re.

C'est ainsi

que I'avertissement nous est

donné : nous

sommes bien

dans une demeure alchimique.

Les

cours

Dans

la

cour

de gauche

en

entrant,

dans

le

coin

sud-est,

en

cul-de-lampe,

se montre un fou coifié d'un casque ailé,

tel Mercure, mais orné de

r8.

Canseliet :

L'Alchimie expliquée sur ses textes,

p. r8g et rgo.

rg. Fulcanelli : Mlstère

des cathédrales,

p.

r83 et r84.

N.B.

-

L'hôtel Lallemant

est

fermé

le mercredi.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

roses

à

cinq

pétales. Il retient de la

main droite

un

animal

prêt à bon-

dir, et il tend un os de

la main

gauche, en tirant

la langue.

Au-dessous

de

lui,

un

petit

bas-relief

présente

un fou qui

tient également

quelque chose

qu'on

ne peut distinguer, et

tire

aussi

la

langue;

mais

il

ne

porte

pas de

casque.

Rappelons quelefou évoque

le

mercure,

«

unique

et

propre

matière

des

sages

», ainsi que

l'écrit

Fulcanelli.

TOURELLE NORD.OUEST

Dans

cette

même

cour,

s'élève, vis-à-vis

de

la

précédente,

une

autre

tourelle

seryant

de cage d'escalier.

Sa

porte est

surmontée

d'un fronton

triangulaire

portant, dans I'angle

supérieur, une sphère entourée de flammes. Dessous, un médaillon

ovale

présente

un

beau visage

aux

traits

réguliers,

coifié

d'un

casque

de

forme

curieuse

:

une

tête de

dauphin,

terminée

en

spirale,

à

la

façon

de

l'ammo-

nite

20.

Ce

médaillon

est cerclé

d'une légende

en

latin

:

PARISIUS

FILI

PRIAM

REX

TRECE

ILEN

MAGNAM.

La

cour d'honneur

En sortant du passage

voûté,

à

droite, sur

la façade

principale de

l'hôtel,

on

distingue,

à

Ia

retombée

des

linteaux

qui

surmontent

les quatre

fenêtres,

un véritable

bestiaire

alchimique.

«

On

peut

y

reconnaître,

de droite

à gauche et de haut

en

bas : un taureau;

une

sirène

au

miroir;

les

vestiges

d'un

singe

ou d'un

homme;

un

Centaure, issant d'une

coquille

d'escargot,

brandissant une

arme

disparue et se

couvrant

d'un

bouclier

à

face humaine; les

vestiges

d'un

cerf

ailé; un aigle; un

lion;

une

sorte

de basilic ou

griffon

dont

la

tête a disparu, mais dont on

reconnaît

les

pattes antérieures de rapace,

les

ailes,

et

l'arrière-train

de

lion

2r.

»

La

loggia

:

salnt Christophe

A

gauche de la façade principale, dans

la cour d'honneur,

on voit

une

loggia,

dans

laquelle

est enclavé un

bas-relief

de

pierre peinte.

Il

repré-

sente

saint

Christophe

22

déposant

I'Enfant

Jésus

sur

un

rocher, juste

après

qu'il

lui

eut

fait

traverser

[e

torrent,

ainsi que le

veut

la

légende.

Au

second

plan,

on

aperçoit

un

ermite

qui porte

une

lanterne

et vient

ro.

Une

tête

de

guerrier est

sculptée

sur

la

façade

de

I'Hôtel

de

ville de

Paray-le-Monial,

portant

le

même

casque, mais se

termine

en épousant

la forme

de

la

nuque.

zr.

Ph.

Audoin :

Bourges,

Cité

première,

p.

185.

r:

.

Saint

Christophe,

dont le nom

primitif Offerus

signifre

pour tous

«

celui

qui porte

le

Christ

»;

mais

pour

les

hermétistes,

Christophe est mis pour «

Crysophe

» :

celui qui

porte

l'or.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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66

à

leur

rencontre.

Or,

I'ermite,

c'est aussi

l'Hermire, le disciple d'Her-

mès.

Le

géant a encore les pieds dans I'eau;

il

est vêtu d'une sorte de tunique

très lâche,

retenue

par une large

ceinture

présentant des

lignes entreroi-

s/es

semblables à

celles

que

présente

la

surface

du

dissolvant

alchimique

lorsqu'il a

été

canoniquement

préparé. Tous les

alchimistes

reconnaissent

ce Signe

qui indique,

extérieurement, la substance mercurielle

23.

Ajoutons qu'on

peut compter

neuf

pierres sur ce bas-relief.

La salle à

manger

De la loggia, on

pénètre directement dans

la salle

à

manger.

Au

plafond,

c'est

à

une

tête

de lion

qtt'est suspendu

le lustre.

(Le

lion,

hiéroglyphe

du soufre.)

Une

poutre

montre

des

bucranes

peints : la putréfaction.

Les lattes du plancher sont disposées

de

façon

à

former

une gigantesque

toile

d'araignée.

L'araignée mystique, explique Fulcanelli

2a,

c'est

Ariane,

dont

le

fil

est

nécessaire

à

qui

veut

entreprendre

l'CEuvre

alchimique

qu'il

ne pourra mener

à

bien si le

fil

conducteur ne

lui

évite

deseperdredans les méandres

aventureux

du travail.

En outre,

le

plancher

est

divisé

en

huit parties, par

des

lignes transver-

sales partant du

centre, comme

le

serait

une galette

:

la galette des Rois,

hiéroglyphe de

la matière

première,

dans

laquelle

se

trouve

le

baigneur.

La

chapelle

En

montant

à la

chapelle,

dans le

tournant

de

I'escalier,

on aperçoit

en

levant la tête,

un personnage étrange, coifié

d'un

casque

à ailes, et les

jambes

en

équerre.

Il

tient

dans

ses mains

une sorte

d'énorme

poisson

couvert de grosses

écailles; à

l'une

de ses extrémités est accroché

un

gre-

lot qui, vu

sous un certain angle, prend

la

forme

d'une

tête de mort.

Quelques

marches

plus

haut,

juste

avant d'entrer dans

la

chapelle, on

voit également, sous les marches

de

I'escalier

en levant

la

tête,

quatre

petits

personnages

: deux semblent être des moines

ou

des clercs,

l'un

d'eux tient un livre

ouaert

(hiéroglyphe

de

la matière

qui

a été

travaillée);

l'autre moine,

le visage

enfoui

dans un

capuchon,

est

en

prière. Vis-à-vis,

un personnage

porte un

bonnet

carré,

tel

un

docteur,

et

tient un livre

fermé(la

matière

encore vierge,

telle qu'elle sort de la mine); tandis que

le quatrième

personnage,

qui

a

I'apparence d'un

chevalier,

présente

un phylactêre,

et porte un rosaire

à

sa ceinture.

Entrons

maintenant

dans la chapelle, en songeant

à

la pensée de

Fulca-

Fulcanelli

:

M'tstère des catludrales,

p.

186 et

suiv

Fulcanelli :

tri,tstère des

cathédrales,

p.69.

3.

24.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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6E

début

du Grand CEuwe ». Pour cela, il

faut

ouvrir «

avec

l'aide

du

feu,

le

Grand Livre de

la

Nature

».

5.

Une colombe

auréolée,

entourée de

rayons

et de

flammes.

C'est

le

signe

de I'Esprit,

de

l'illumination nécessaire

à

l'accomplisse-

ment

de l'CEuvre

alchimique.

Travées l

I

Angelot

avec

livre

ou-

vert

4

II

Livre

dans les

flammes

7

III

Angelot

avec

croix te-

nant un dévidoir

lo

Ma lettre E

dans

un

brasier

l3

V

Angelot

avec

rosaire

r6

VI

Une

main sort

du

ro-

cher

r9

VII

Angelot

avec

guirlande

et grelot

VIII Pot de terre

éclaté

25

IX

Angelot

souffiant

des

flammes dans une

corne

s8

X

Gouttes

d'eau

tombant

d'un

vase

2

Rose

hermétique

5

Colombe

auréolée

8

Sphère dans

la

coupe

ll

Enfant quijette

des

co-

quilles

r4

Vase renversé

t7

Enfant

agenouillé et

serpent

20

Oiseau perché sur une

corne d'abondance

23

Angelot

avec

colombe

c6

Sphère

au-dessus

des

flammes

29

Un angelot

pos€

une

coquille

sur des

flam-

mes

PLAFOND DE LA

CHAPELLE

DE L,HÔTEL

LALLEMANT

3

Angelot

avec

rosaire

6

Corbeau entouré

de

flammes

I

Enfant sur un

cheval

de bois

t?

Coquille

avec

plusieurs

lettres

E

r5

Enfant

avec

bourdon

r8

Avant-bras

enflammé

2l

Fillette

urinant

dans

un sabot

24

Pot

de

terre

éclaté

27

Angelot portant

du

feu

3o

Carquois avec

flèches

et

'

arc

détendu

6.

Un corbeau entouré de

flammes

est

perahé

sur

un crâne qu'il bec-

quette.

Un

phylactère

l'entoure.

C'est

le

symbole de

la mort

et

de

la

putréfaction. Le

corbeau

est

I'hiéroglyphe

de

la

couleur

noire, la première des trois couleurs alchi-

mrques.

7.

Un enfant ailé,

qu'on peut supposer être du sexe

feminin

-

car

il

est vêtu d'une robe

comme

la

fillette

du

caisson

s

l

-

est

à

demi

age-

nouillé

devant

une

croix

grecque

et

il

fait

manæuvrer un dévidoir.

La croix grecque est l'hiéroglyphe du creuset. Ce motif

indique,

sché-

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

matisé,

le

traaail des

ÿmmes

qui surveillent

le

feu

de

I'athanor

tout

en

filant leur

quenouille.

8.

Une

sphère est

soumise

à

I'action du

feu

dans une coupe ouvragée;

elle

est

surmontée des

signes

3

R.

Ces

signes indiqüent la nécessité

des

trois

réitérations;

c'est

le

symbole

de l'extraction du

soufre

hors de

la matière

première

travaillée.

g,

Un

angelot

brandit

un

fouet et

fait caracoler

son

cheval

de bois.

C'est

le

ludus

puerorum,lejeu

des enfants.

ro. La lettre-E

est

posée

horizontalement

au

centre

d'un feu

violent.

C'est

la

dissolution

et

la

purification,

c'est-à-dire

I'élimination

des sco-

ries

par

le feu.

r r.

Un

angelot,

les pieds

posés dans

une coquille,

jette

devant lui des

petites

coquilles

qu'il

semble

tirer

d'une corbeille

tressée,

La

corbeille

tressée,

c'est

la

matière première.

La multiplication

des

coquilles rappelle

le travail

alchimique

par

la

voie

longue.

r

z.

Une large

coquille

dans

laquelle se trouve

un

scorpion ligaturé

par

un

phylactère

formant un

X.

Plusieurs

E

entourent

la

composition.

La lettre E

représente

la dissolution;

la

coquille est

l'hiéroglyphe

du

mercure.

Le scorpion

dans

la

coquille

figure

la frxation

du

mercure;

et

le

X

formé

par

le phylactère

est

le

symbole de

la

lumiàre manifestée,

dela

rose

hermétique

qui fleurit dans

le

creuset.

lS.

Un

enfant ailé tient

un

rosaire

qu'il

s'efforce

de

briser sur son

geRou.

Le rosaire

(ou

patenôtre) est l'hiéroglyphe

du

soufre, et briser ce rosaire,

c'est

la figuration de la sublimation du soufre.

14.

A

cause

d'un

lien

rompu,

un vase

décoré

se

trouve

renversé; une

partie

du lien

est

restée dans

la

gueule

d'un lion

dont

la tête

stylisée

ressemble

beaucoup

à

un soleil.

De

ce

vase

renversé

s'échappent

des

flammes.

Le

lion,

comme

le soleil, est

l'emblème

du

soufre.

Ce

motif

est

l'illustra-

tion

du

précepte

alchimique

: solve et coagula,

dissous

et

coagule.

r5.

Un

angelot

porte sur l'épaule

un

bourdon

de

pèlerin, et tient

de

I'autre

main, un

phylactère

qui

passe

autour du

bourdon.

Le

bourdon est

le symbole

du

pèlerin,

c'est-à-dire

du

mercure,

eu'on

appelle

parfois

«

le voyageur,

le pèlerin

».

Ajoutons

que

le pèlerin

de

Compostelle

est

celui

qui

porte

la

coquille.

r6.

Une

main droite,

sortant

d'un

rocher d'où s'échappent

des flammes,

brandit un

cylindre creux

d'où

sortent

des

feuilles

en

haut,

et des tiges

en

bas.

La main et le

cylindre

sont

entourés

d'un phylactère.

C'est

là le

cylindre

dans lequel le mercure s'est

refroidi

après

son pas-

sage

dans

le

feu.

L'opération

a

réussi, puisque

le feuillage

vient la cou-

ronner.

r7.

Un

enfant agenouillé,

au visage grave et

réfléchi,

a le

front

ceint

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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7o

d'un

bandeau. Il

tient un

livre

ouuert

qu'il

désigne.

A

ses pieds, un ser-

pent expire

en

se

piquant

la

tête

avec

sa queue.

Derrière

le

reptile,

un

amas de

pierres.

Un

phylactère

se

déploie

derrière

I'enfant.

Le

bandeau

qui

entoure

la

tête

de cet

enfant

est

le

signe de

I'Esprit;

il

est

orné

de roses

séparées

par

des

perles, or

pierre

précieuse

et

rose

mystique

sont des noms donnés,

entre autres, à

la

Pierre

philosophale. Ce ban-

deau

rappelle

que

la

voie

sèche

et

rapide

n'est

connue

que

par

intuition

ou

révélation

divine. Le

serpent

est

l'hiéroglyphe

du

mercure;

I'amas

de pierres

estle

morut-joie,le

petit monticule

de pierres que les combat-

tants

élevaient autrefois

en

signe

de victoire.

r8.

Un avant-bras

enflammé,

dont

la main saisit

de grosses châtaignes;

un

phylactère

accompagne

le

sujet.

A

propos des châtaignes,

Fulcanelli

écrit

que

«

ce

fruit

est une

figuration

assez exacte

de

la

Pierre philosophale, telle

qu'on l'obtient

par

la

voie

brève ».

Il

y

a sept châtaignes sur

ce

motif,

car

on

ne

doit

pas dépasser

sept

multiplications

ou

réitérations

26.

r9.

Un enfant ailé

porte

sur

son

épaule

une

guirlande

terminée par une

sonnette

ou

un grelot.

Près

de

lui,

on voit un

autre

grelot.

Le

grelot

est l'accessoire du

Fou,

c'est-à-d.ire

du

mercure.

go.

Un oiseau battant des ailes

sur

une corne d'abondance débordante

de

feuillage

et de

fruits qu'il

becquette.

L'oiseau

représente

le

mercure, et la

corne

d'abondance

est le synrbole de

la Pierre

philosophale

qui

prodigue

ses

richesses

à

qui

a

su

I'obtenir.

z

r.

Une

frllette, écartant

sa

robe

des

deux

mains, satisfait

un

besoin

naturel

dans

un

saàof.

L'urine

est

le nom que les Anciens

donnent parfois à

leur

mercure; le

sabot

représente

le

creuset.

ze.

Un pot

de terre suspendu est

incliné;

sa

large ouverture est

fermée

par un

parchemin

lié

autour comme

un

vulgaire

pot

de

confitures.

En

éclatant,

ce

pot a

livré

passage

à

des macles

de

difiérentes grosseurs.

Le seul signe

auquel on reconnaît la bonne

marche

du travail alchimique

par la voie sèche esc

l'éclatement

du

récipient

à

la fin

de

l'opération,

car l'opacité du

pot

de terre

rend

impossible la surveillance

de la muta-

tion.

23.

Un

angelot

tient

un

rosaire; une colombe vole près de

lui.

Après

le

Déluge,

la

colombe,

envoyée

par

Noé,

revint

en

apportant

un

rameau

d'olivier.

La

colombe

est donc

pour

I'alchimiste,

le

signe que

ses

travaux sont dans la

bonne

voie.

Elle

est

aussi

le

signe

de I'espérance,

et

la

signification de la

composition peut

être le

conseil

donné au

philo-

sophe

:

« Prie et espère,

»

Par

ailleurs,

les

colombes de

Diane

représentent le mercure

des Sages,

26.

Voir Fulcanelli : Demeures

philosoPhales,

t. II,

p. 1?r-r?2.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER

et

comme

le

rosaire

est

I'hiéroglyphe

du

soufre,

on

peut supposer

que

le

motif

signifie que

le mercure a

apporté

le

soufre

à

I'angelot.

?4.

Une

ruche commune,

en

paille,

est

entourée

de

ses

abeilles, et

sur-

montée

d'un

phylactère.

La ruche

est

le

symbole de

la

matière

première.

e5. En

souffiant

dans une

corne,

un angelot

attise

des

flammes,

et semble

se

hâter

de

transporter

ce

feu

indispensable.

26.

Une

sphère armillaire

surmontée

d'un

phylactère,

est

placée

au-

dessus des flammes.

La

sphère

armillaire

n'est pas sans

rappeler,

par

ses

bandes,

la matière

première.

Ici, c'est

le

symbole

de

I'extraction

du soufre par le

feu.

27.

Un

angelot

porte

une

vasque contenant

du feu.

On

sait que

le

feu

est

l'élémer,t

essentiel

de

toute

opération

alchimique,

ainsi que

I'indique

également

le

caisson

25.

28.

Un vase

renversé,

suspendu à

un phylactère,

laisse

échapper

des

gouttes

qui tombent dans

le

feu.

C'est

bien

l'eau

ignée

et le feu

aqueux,

symbole

cher aux

philo-

sophes.

Le motif

représente aussi

le

Sceau

de

Salomon,

formé par

les

deux triangles

symboliques

du

feu

et de

I'eau.

zg. Un angelot

dispose une

coquille

sur

des flammes.

C'est

le

symbole

de I'eau

mercurielle.

3o.

Un

carquois

garni

de

flèches est surmonté

d'un arc

dont la

corde

est

desséchée;

un

phylactère

est enroulé

autour de

cet

arc.

Un

X

est

formé par l'arc

et

sa

corde.

Nous

avons

vu

que

la

lettre

X

est

I'hiéroglyphe

de

la

lumière

maniÿstée. Les flèches

dans

le

carquois

indiquent

que

la fixation

doit être

faite, mais le

temps n'est

pas

encore

venu,

puisque

l'arc

n'est

pas

bandé.

LA

CREDENCE

Dans

cette même chapelle,

on

voit,

à

droite

de la fenêtre,

creusée dans

la

muraille,

une

petite

crédence

du

xvr'

siècle; elle

pose

une

énigme

que

seule

une explication alchimique peut

résoudre. En effet, sur

les

piliers

engagés

de

ce

petit

meuble,

dans

Ie

haut,

on

distingue

les

emblèmes

du

merüfie

philosophal

:

la

coquille

Saint-Jacques, surmonté

des

ailes et

du

trident

(attribut

de Neptune).

C'est

l'indication des

deux

principes

:

aqueux

et

volatil. Au

fronton, deux dauphins

symétriques

et trois gre-

nades

enflammées complètent

la

décoration de

cette

crédence.

Sur

le

fond

concave

de la niche,

les

lettres

groupées RERE

et RER

sont

repétées

trois

fois. La

signification

en

est

simple

:

il faut réitérer

trois

fois

la même technique, soit

la calcination,

ainsi que

I'indiquent

les

trois

grenades

ignées

du

fronton.

On remarque,

en

outre,

que

la niche

est

entourée

de roses

à

cinq

pétales

:

la

réalisation

du Grand

CEuvre.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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72

Les dauohins

Fulcanefii écrit qu'on peut

voir

des

dauphins

sur

plusieurs

motifs

déco-

ratifs

de I'hôtel

Lallemant;

par

exemple

à

la

fenêtre

médiane

de

la tou-

relle d'angle, au

chapiteau

d'un

des

piliers, et au faîte

de

la petite

cré-

dence

qui

se trouve

dans

la

chapelle.

Or,

le Dauphin

était

le fils aîné

des

rois de

France.

Et

le dauphin est

bien

un

poisson

rolal,

que

l'alchimiste

doit capturer au

filet

dans

les

r//s.

DANS

LES RUES

Comme

à

Prague, Bourges possède

depuis

des siècles

une

rue

de

I'Al-

chimie,

Celle-ci

avait

reçu,

«

à diflérentes

époques

et en

commençant

par

la

plus

éloignée, les noms d'Arquemre,

d'Alhemye

etd'Alchymie.

Il

est

fort

intéressant

d'apprendre

qu'elle

abritait, au

début

du xvtrr'

siècle,

«

la

maison de I'Escolle

autrefois

aussi

pendoit

pour enseignel'Ar-

quem)e

»

(Répertoire

Bidard, r7o6)

».

Tout

près,

se

trouve

«

la

rue Mausecret qu'il

faut

entendre

Monsecret,

selon

l'assonance

cabalistique,

plus

exactement

l'à-peu-près phonique

-

étonnamment utilisé par

le

savant Grasset

d'Orcet

-

et

non

pas sui-

vant

l'étymologie

qui

se montre ici

fallacieuse

2?

».

w

LA

CELLE-BRUÈRE

Non

loin

de

I'abbaye

de Noirlac,

à

La Celle-Bruère, sur

la

façade

de

l'église, deux pierres de

remploi expriment

exactement la

lutte des

deux

principes

de

méme

nature

qui

s'affrontent

et

s'opposent

:

I'actif

et

le

pas-

sif, le fixe et

le

volatil.

A gauche, ce

sont

deux

hommes

en

bliaud

qui

luttent;

une

inscription

se

lit en haut à

droite

du

bas-relief

: Froto

ardus.

Sur le

bas-relief de

droite, les tuniques

des

lutteurs,

ornées

de chevrons,

semblent

être brodées.

Les deux hommes sont barbus. Aux pieds de

celui de gauche, un pot

renversé

d'où s'écoule

un

liquide

1.

27.

E.

Canseliet

:

Alchimie,

p.

59-60.

N.B.

-

La

Celle-Bruère

est

à

7

km de

Châteauneuf-sur-Cher.

r.

Le

vase

renversé

d'où

s'échappe

un

liquide

se

retrouve sur

le

bas-reliefdes lutteurs,

sur la

cathédrale

de

Chartres.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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CHER / CÔTE.D'OR.

'Entre

les

pieds

de

l'homme

de droite, on distingue'ün petit

chien

que

cette lutte semble

exciter. Or,

le

chien

était consacré

à

Mercure,

et ce

dieu, rappelons-le, est le symbole du

nTercure

philosophal.

Il

est évident

qu'on

trouve ici un exemple frappant de la même

nature

des

deux

principes

:

sur

le

bas-relief

de

gauche,

les

lutteurs

sont

imberbes

et vêtus comme

des paysans.

A

droite,

au contraire,

ils portent

tous

deux

la barbe, paraissent plus

âgés'et

d'une

condition sociale supérieure.

La

lutte

est donc engagée d'égal

à égal,

cÔrn-D'oR

BEAUNE

HOSPICES DE BEAUNE

Nicolas

Rollin, chancelier du duc de

Bourgogne

Philippe le Bon, fonda

eî 1447 I'hôpital de Beaune.

Sa

devise forme le

jeu

de

fond

du carre-

lage

du

grand

dortoir,

de

la pharmacie et

de

la

chapelle.

On

la trouve

également peinte sur les murs.

Cette

devise :

Seule

*,

indique I'appartenance du

chancelier à

la

Science

alchimique,

car

il s'agit là

de

la véritable, de la

seule étoile, celle qui guida

les

Rois Mages, et qui guide aujourd'hui encore les Philosophes

et les

Sages. Cette devise entoure les

initiales

de Nicolas Rollin et de son épouse

Guigonne Salins :

N et G.

Tapisseries

Toujours

au

sujet de cette devise,

le maître E.

Canseliet

écrit

qu'à

I'Hôtel-

Dieu,

«

on

peut

la

relever,

aujourd'hui

encore, sur

des tapisseries

fla-

mandes

du xv"

siècle

qui y sont conservées. Elle s'y complète, non sans

gagner

en précision, de

la

colombe

perchée

sur une branche de

chêner

»t.

On remarque que, sur les

tapisseries,

la devise

SEULLE * est bien accom-

pagnée des lettres N

et G entrelacées,

mais

aussi de

l'écu

du chancelier

:

trois

clés renuerstîes et une

tour.

Sur

une des tapisseries,

la

Vierge se tient au milieu d'une coquille,

avec

cette devise :

Ut Claplamil. La Vierge

représente ici I'eau

mercurielle qui

s'élève

de la coquille qui I'a

contenue.

t.

E.

Canseliet

:

Deux

Logis

alchimiquas,

p.

86.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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74

Une

autre tapisserie représente une

Annonciation

:

I'ange

tient

un

phy-

lactère

et

s'approche

de

la

Vierge qui

présente

un

liwe ouvert, hiéro-

glyphe de la

matière

première

qui a été travaillée.

Au-dessus de

la porte

de

la

salle

Saint-Louis,

une

tapisserie

bleue

attire

l'attention

:

I'Agneau

a

la

gorge ouverte,

et

son

sang s'écoule dans

le

ciboire. Ce sujet

fait

irrésistiblement

penser

au

curieux

tableau

de

Brixen,

au

Tyrol,

dont nous

entretient

Fulcanelli dans

le

Mystàre des

cathédrales

.'

c'est

la fontaine

qui

donne

I'immortalité.

EURE.ET-LOIR

LA

CHARTRES

CATHÉDRALE

Avec

la

cathédrale

tout

entière,

« il

s'agit

bién d'alchimie »,'écrit Louis

Charpentier

qui

s'étend

longuement

sur « la

science cachée

incluse

dans

la

cathédrale,

la

transmutation humaine

»,

car

«

I'alchimie

et

I'architec-

ture

sacrée sont

inséparables

I

».

Le

Portail

Royal

Au

centre, dairs

I'Amande

mystique, le Christ bénit de la

main

droite,

tandis

qu'il

tient

un

livre

ÿrmé

de

la main

gauche.

Juste

au-dessous

du

tympan,

on

remarque

une

rangée

de

statues du

xII'

siècle

:

ce sont quatorze personnages

qui,

tous,

tiennent

un

phylac-

tère et présentent le liare

fermé.

A

leur

gauche,

on

voit

un grand

vieillard

qui porte

à

la

fois

une

couronne

et

une

auréole,

ce

qui indique

son carac-

tère hermétique. Debout

devant

un

fauteuil, il

tient

une cithare

de la

main

droite, et de

sa

main gauche, dissimulée

à

demi

sous

son manteau,

il

élève

une fiole

qui

ressemble

à un matras. Sous ses pieds,

on

distingue

deux monstres

à tête

humaine;

I'un

d'eux a

des

ailes

et

des

pattes

d'oi-

seau.

La

cithare

rappelle

que

I'alchimie

est parfois appelée

Art

de Musique, et

c'est

pourquoi

nous

trouvons souvent des musiciens dans

les

sculptures

de

I'art

médiéval.

r.

Louis Charpentier :

Mystères

d.e

lacathédrale

d,e

Chartres,

p.58,54

et

Ez

(Éd.

Laffont).

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EURE-ET-LOIR

fÊh-q-*:

Chartres, cathédrale

Notre-Dame

(Portail

Royal)

lts Géme aux

alchimiques

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76

Les deux monstres

« représentent les

corps

bruts

dont

la

décomposition

et

l'assemblage...

fournissent

cette substànce secrète que nous appelons

mercure

»,

écrit

Fulcanelli

2.

La baie

de gauche

du Portail

Royal

qui

montre au tympan

l'Ascension

du

Christ,

est

encadrée

de

voussures

dont

les

sujets représentent les

signes

du

Zodiaque et

les

travaux

des champs.

Sous

le

tympan, à

gauche, les

trois piemières

statues

foulent

aux

pieds

des

êtres

anormaux

qu'il

convient

d'étudier :

le

roi

hermaphrodite.

à

es

êtres

anormaux

qu'il

convient

d'étudier :

le

roi

hermaphrodite,

à

la

tête de

reine et

à

la

poitrine

absolument

plate,

écrase

un homme nu

a

tête de

reine et

à

la

poitrine absolument plate,

écrase

un homme nu

étreint

par des

serpents.

Le

souverain voisin

pèse

sur une

femme

qui

saisit

d'une main la

queue

d'un reptile,

et

caresse

de

l'autre la

tresse

de

ses cheveux,

réunissant

ainsi Ie

symbole du

mercure

(le

serpent),

et

de

l'esprit

(sa

chevelure).

Quant au troisième

personnage, une

reine

manifestement enceinte, elle

se tient

sur deux dragons, une

grenuche, un

crapaud,

un

chien

et un

basilic

à visage de singe.

A

droite de la baie,

une

femme dont le

visage

est

détérioré,

repose

ses

pieds

sur

deux

animaux

:

ils

figurent les deux

principes

semblables,

mais

de sexe opposé.

Le

portail

nord

Comme

le

Portail

Royal le

portail nord

ou

portail

de la Vierge, possède

trois

baies. C'est

le

portail des Initiés.

Sainte

Anne

se

tient

au centre du

portail;

elle

porte

la Vierge.

Tout

dans

son

maintien

et

sa physionomie exprime

la

vie

intérieure

qui

est celle de

l'Initiée

:

c'est

la mère de la Mère, la

Grande

Mère,

celle qui

a

la

Connais-

sance.

Cinq

personnages se

tiennent

de

chaque

côté de

ce

porche

:

A

gauche,

Moïse

porte

les Tables de

la

Loi,

qui

sont

curieusement sur-

montées

par

un

serpent

à tête de

dragon.

Puis,

Abraham

avec Isaac qu'il

va sacrifrer; c'est

un bélier

qui

forme

Ie socle de

la

statue.

Melchisédec,

lui,

porte

le vase

philosophal,

et

« du

Graal

présenté

par

le

roi

de

jus-

tice,

émerge

la

Pierre,

base

pérenne

de

l'Église

future,

et presque

équar-

rie

à ce niveau

3

».

De

l'autre

côté

du porche, un

personnage

tient un

disque

qui montre

la

Croix

grecque

(le

creuset),

au

centre

de

laquelle

on

voit

distinctement

la rose

(la

pierre

philosophale). Saint

Pierre,

reconnaissable

à

la

clé

qu'il

porte, tient

également une

règle.

Un

autre

personnage

a

dans

ses

bras

un

agneau,

et

ses

pieds reposent

sur

un

dragon

(la

matière brute).

Sur

la

aoûte sculptée

de

ce

porche, parmi

les

détails

de

la

Création

du

Monde,

on

remarque

un

groupe datant du

xrrre siècle,

et

représentant

z.

Fulcanelli

: Demeures

philosophales,

t.

l,

p.

z4z.

3.

E.

Canseliet

:

Atlantis, no

236.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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EURE-ET-LOIR

Adam

et

Ève,

ayant à

leurs pieds le démon

:

un monstre

à

tête

de

chien

et à

queue

de serpent, symbole

du

soufre

uni

au

mercure.

l"a

baie de

gauche-présente

la

Visitation :

la

Vierge

et

sainte Elisabeth

semblent

converser, tandis que

le

prophète Daniel déploie

un

phylac-

tère, ce

qui

indique

que

ces

personnages

ont

une signification

ésoté-

nque.

Chartres,

cathédrale

Notre-Dame

(Portail

Nord,

sous

la

voussure)

I-a

prise

du

saumon sur les indications

de

I'Ange

En

outre,

les socles

des statues représentent,

de

gauche à droite

: le

buisson

ardent,

qui

est le

feu

secret des

alchimistes; un homme

qui

verse

un liquide

dans

un

chaudron, c'est la

rubification;

et

le

troisième

sujet

représente un animal

écailleux

qu'on

devine être un

dragon,

bien

qu'il

soit

cassé

: c'est

la

matière

brute.

Un

homme

tient

une

équerre,

et, sur la

statue,

on

lit

I'inscription

:

Philosophus Magnus.

A

la

baie de

droite,

les

six

personnages

tiennenr

tous

un

phylactère,

donc

indication

d'un

sens

caché.

A droite

de

cette

baie,

un

personnage

tient un

globe

dans

sa

main

droite.

Quant

aux

socles,

ils

présentent

égà-

lement

un

intérêt

certain

:

un

palais,

qui

est

en réalité

un Athanor;

un

dragon

qui fait un

câlin

à

un

homme;

un personnage

avec

un monstre.

Tandis

qu'à

gauche

de la

baie,

les socles

présentent

:

un homme

mons-

trueux

se tient

le

pied;

un

homme

à

_visage

négroïde

porre

un

globe

et

saisit

un

serpent

pal

la

queue;

et

enfin

une

licàrrue

mâle.Tous

cès

sujets

sont

des

symboles

alchimiques.

Sainte

Modeste,

adossée à

un

pilier

à

droite

de

ce

même

porche,

tient

le

livre

ÿrmé.

Sous ses

pieds,

le

socle de

la

statue monrre

tiès

visiblement

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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78

le puits celtique

de

la

crypte, afin que les initiés sachent,

dès

l'entrée,

qu'ils

trouveront

quelque

lumière.

Toujours à ce même'portail, sur un des

piliers

à droite, on

voit «

deux

colonnettes sculptées en

relief,

et

portant,

l'une,

l'image

du

transport

de

l'Arche par un

couple

de

bæufs,

avec

la légende

: Arca

cedeis,'l'autre,

l'Arche qu'un homme recouwe d'un voile, ou saisit avec

un voile,

près

d'un

tas

de

cadavres

parmi lesquels

on

distingue

un

chevalier

en cotte

de mailles;

la légende

étant

:

Hic

amititur Archa

cederis

(amititur,

vraisem-

blablement pour

amittitur)a

»». La

traduction

:

« Ici on la

dépose,

par

l'Arche

tu

ceuweras.

»

Dans

I'Arche

errirour.rte

de Ia colonnette de

gauche,

on

aperçoit

le

compas

et

une

boule

ronde qui

peut représenter le Monde;

mais

le

compas

indique

suffisamment

quel devait être

le

contenu

de

l'Àrche

:

le monde

est

formé de poids

et

de

mesure.

Le

oortail

sud.

dit

Portail

des Chevaliers

Coàme

les

deux autres

portails

de

la

cathédrale,

ce

portail

comporte

trois baies.

Il

est consacré

au

Christ

Enseignant

que

l'on

voit

au

centre,

tenant le

livre

encore

fermé.

Ses

pieds sont posés

sur la

tête

de deux

monstres

:

à droite,

un dragon

ailé

dont

le

corps

se termine en queue

de

serpent; à gauche,

un

lion.

Nous

avons donc

là une fois de plus,

les

deux principes

: le

volatil

et le fixe.

De

chaque

côté

du

portail

central

se tiennent

cinq

personnages, qui

tous présentent

des

phylactères;

parmi ceux-ci

on

remarque saint Pierre,

avec Ia

clé et

la

règlé

:

la

clé

est nécessaire

pour bien comprendre

I'usage

de

la

règle et savoir

l'employer.

De

I'autre main,

il

tient

une rose : le

but

frnal.

Au

porche

d.e gauche.les chapiteaux

présentent

: «

la

Porte

ouverte

au

Palàis fermé du Roi

»,

selon la formule chère à

Basile

Valentin.

Le Palais

est dans

les flammes

:

le feu

nécessaire

à toute opération

alchimique.

Au-dessous

d'un

Pape,

le

socle

présente

I'athanor.

Deux

chevaliers

semblent adorer une

figure

étrange

:

s'agit-il

du

Baphomet?

A droite

de ce porche,

on voit un chien et

un

aigle

: le fixe et

le

volatil.

Et

un

supplice

de la

roue

: le

«

feu

de

roue

».

Au

porclu

de

droite, sous

une statue

représentant

un moine, on

remarque

un

chapiteau curieux

:

des

moines

entourent un

tonneau,

tandis qu'un

moine,

marchant

devant les

autres,

lit dans

un

livre

ouvert.

Les

oiliers du oortail

sud

Devânt le

por'tail,

se

dressent

quatre

piliers

tarrés, sur

lesquels

sont

4.

L.

Charpentier

:

Mystères

fu la

cathidrale

dc Chartres.

P.

9r-92.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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EURE.ET-LOIR

sculptés des

petits bas-reliefs; on en compte

six

par

rangée verticale

sur

chacun des

côtés,

donc.vingt-quatre

par

p.ilier; et.comme

il

y

a quatre

piliers,

ce

sont quaffe-vingt-seize

sujets

sculptés

qui

représentent

-

pour

la plupart

-

les

diverses

opérations

du

Grand

(Euvre.

Mais plusieurs

d'entre eux

sont

assez

détériorés

par

les intempéries.

Cependant,

on remarque

un

bas-relief

auquel

se

réfere

Fulcanelli,

dans

le

Mystàre

des

cathédrales,

et

qui rappelle le septième

médaillonde

la

façade

de Norre-Dame de

Paris,

ainsi qu'un

quatre-feuilles

de la façade

occiden-

tale de

la

cathédrale d'Amiens

:

un

personnage, près de

l'Athanor,

a

quitté ses vêtements et

n'a

gardé

que

sa

chemise;

ceci

n'a rien d'anormal

Iorsqu'on

sait

qu'en utilisant la

voie

sèche,

il

est

indispensable

d'entre-

tenir

une

température qui

avoisine

r

eooo.

Sur

le

premier

pilier,

à

gauche

en regardant le porche,

les

six

bas-reliefs

d'une

des rangées verticales représentent

la

décapitation de

saint

Jean-

Baptiste. Tout en

haut du

pilier, Salomé

porte

la

tête

du

saint

sur

un

plat,

selon

I'iconographie

classique.

Sur

une autre face de ce même pilier, un bourreau lève une épée

pour

décapiter un homme qui

sort

la

tête d'une^tour, waisemblablement

un athanor

:

c'est

Ia

décapitation

du Roi, «

ce chaos surprenant et

curieu-

sement

homogène, lequel

est

aussi

dénommé la tête

mwte

-

caput

mor-

tuum », et

qu'il

est

nécessaire

de

séparer

du

compost

5.

Sur le

deuxiàme

pilier,

la quatrième

figure,

en

partant

du

bas,

représente

une femme qui

tient

un

écusson

sur

lequel figure l'oriflamme

aux

trois

pennons, emblème des

trois

couleurs

de

l'CEuvre

:

le

noir,

le

blanc et

Ie rouge; elle

personnifre

l' Évolution.

Au-dessous, une

femme

tend

d'une main

un

voile, tandis

que de l'autre

elle tient un écusson

sur

lequel

est

sculpté un

corbeau,

symbole

de

la

couleur

noire. EIle

représente la Putréfadion.

'

En bas du pilier, c'est

une

femme

qui

surveille

l'athanor : «

le

travail

des femmes », disent

les

alchimistes.

Sur

une

autre

face,

un

écu

présenté

par

une

femme

assise,

montre

le

serpent, emblème de

Mercure.

Au-dessous, une

femme

également

tient

un écu

avec

un cæur flam-

boyant

(le

soufre)

et

une

colombe

(le

mercure philosophal).

Puis une femme

montre

un écu

sur

lequel

est

un

aigle.

Une

des rangées verticales

(celle

qui

donne

sur la

cathédrale),

présente

des

rois

couronnés

jouant

des

instruments

de

musique, tous difiérents :

c'est

I'Art

de Musique,

un

des

noms

donnés

à

I'CEuwe alchimique.

5.

E. Canselier : Abhimie

expliquée, p.

2oS,

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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8o

Sur

le

troisiàme

pilier,

la

rangée verticale

-

donnant également

sur

la.

cathédrale

-

montre la

même caractéristique

:

des

rois

jouent

des

instruments

de musique.

§ur une autre

rangée,

un des

petits

bas-reliefs

présente deux

jeunes

gens

qui

se

battent,

un pot

renversé

d'où

s'écoule

un liquide

est à

terre

:

c'est

la lutte des

deux

natures.

Au-dessus de

ce

motif,

une

femme présente des feuilles

sur

un écu.

Une

femme

tient

un

écu

sur

lequel

on

distingue

une biche;

tandis

qu'en

haut

du

pilier,

une femme présente

une

couronne.

Un

autre sujet

-

qu'on retrôuve

très souvent

dans

les

sculptures

hermé-

tiques : c'est

un

cavalier

désarçonné

qui se

cramponne

à la crinière de

son

cheval.

Le

coursier,

symbole

de rapidité et de légèreté,

indique

la

substance spirituelle; son cavalier,

c'est

le

corps métallique grossier;

cette allégorie

indique l'extraction

des

parties fixes

par

les

volatiles,

c'est-à-dire

la

Dissolution.

Enfin, sur

un écu

présenté par une femme,

un

aigle

est

sculpté

:

faire

aoler

I'aigle,

selon l'expression des alchimistes, c'est

faire sortir la lumière

et

la

porter à

la

surfacê, soit

la

sublimation.

Sur

une autre face du

pilier,

un bas-relief montre

une reine

assise; elle

renverse

d'un

coup

de pied un

serviteur agenouillé

qui

lui présente

une

coupe.

Ce motif figure

la

dissolution du vif-argent avant

d'en obtenir

le

mercure commun.

Au-dessous, un

cavalier casqué, et

en

armure,

tient un écu sur lequel on

distingue

un lion.

Le

Lion est

le

signe

de

I'or,

donc

de

puissance et

de

perfection,

ainsi

que

le

souligne

le

chevalier

couvert

du

haubert

de

mailles.

Sur

le quatrième

pilier,

un bas-relief

montre

une

femme qui tient

en

laisse

un

dragon

couronné. C'est certainement

la

légende

de

sainte Marthe;

mais

le

dragon

couronné

s'apparente

à celui

de la statue de saint Marcel,

au

porche

de

Notre-Dame

de

Paris.

A

gauche de ce

portail,

de chaque

côté

de

l'entrée

de

la

tour

sud, on

n'est

pas

sans

remarquer l'âne

qui aielle

et

la

truie qui

j.le.

La

truie

qui

file

est

malheureusement

assez

détériorée,

et

on

ne distingue

plus que la partie inferieure

de la truie.

Cette truie

qui

est

peut-être une

laie, et,

alors,

il

convient

de savoir que

ce

vocable

«

qui

signifiait

la

fiente

des

bëtes

noires,

rappelle

ici,

du point

de vue cabalistique, le

caput

mortuum des

alchimistes,

souvent pris par

eux

pour les feces

inutiles et sans valeur

du

mercure philosophal

6

».

6. E.

Canseliet

: Deux

Logis

alchimiques,

p. rrE,

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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EURE-ET.LOIR

L'Âne quiaielle est à

peu

près

intact. L'âne

qui

fut révéré à travers

toute

la

chrétienté,

parce qu'il portaitJésus durant

la

fuite en Egypte,

et éga-

lement lors

de son entrée

àJérusalem, est

donc

«

celui

qui porte I'or

»;

comme saint Christophe,

il

estle chrjsophore

par

excellence;

et c'est

pour

mieux affirmer

son symbole ésotérique

qu'on

le

représente

ainsi

;jouant

de

la vielle,

c'est

l'inâication qu'il

cônnàît

I'Art

de Musique, I'Alchimie.

Il

-n'i

gnore pas

l'

H armonie,

c' est-

à- dire

l'

Armoniaque

.

A L'INTÉRIEUR

DE LA

CATHÉDRALE

Les

chaolteaux de

la

tour nord

En

entrànt

par

le Portail

Royal, on voit,

tout

de

suite

à

gauche,

les

sou-

bassements en

plein

cintre

de

la tour

nord.

Un

des

chapiteaux

est

parti-

culièrement remarquable

par

sa

signifrcation

alchimique

: une

femme

tient

trois branches

dans

sa

main

droite; ces

tiges sont terminées, non

par

des

fleurs,

mais par

des grenades

encore

fermées,

non éclatées, ce

qui

indique

qtt'elles

ne

sont

pas

p:aruenues

à

matunté.

Elles

représen-tent

les

trois ph.asel d11 Grand CEuvre;

et

le

Sagittaire

qui

s'apprête

à

décocher une flèche

indique que nous

sommes au premier

stade

de

I'CEuvre : la

séparation à

I'aide

du fer. Le garçon qui tient

un

oiseau

représente

la

partie volatile,

mais

il

étrangle

I'oie,

«

la loi ».

L'autre chapiteau

représente le

combat

du

chevalier contre

un lion

qui

terrasse

une biche

:

c'est

le

combat

classique

qui, ici, donne I'indication

qu'il

faut

séparer

le

lion,

c'est-à-dire

le

soufre

du

mercure,

symbolisé

par

la

biche.

Au

côté

du

chevalier,

se

tient

son cheval

(la

cabale),

prêt

à

être monté.

Au

chapiteau

du milieu, mais du côté de la nef, deux chimères

boivent

au Graal.

Le labyrinthe

C'est

dans

la

nef

de

la

cathédrale,

juste

dans l'axe du

chæur, que

se

trouve

le labyrinthe de Chartes.

Improprement

appelé

la

lieue

(p'our

le

lieu),

il

est

rond

et

formé

de

cercles

concentriques

qui

s'enclenchent

les

uns dans les autres avec une apparente

fantaisie, mais ils

aboutissent

tous au centre,

était

figuré autrefois le combat de

Thésée

contre

le

Minotaure.

On

voit

encore

les

clous qui retenaient

les

plaques

de

métal,

et en regardant attentivement, on

devine les

mouvements

du

combat.

Le

labyrinthe est

l'emblème

du travail alchimique, avec

ses

difficultés, et

l'obligation pour

l'Adepte

de

se

munir

du

j,l

d'Ariane

s'il

ne

veut

pas

se

perdre

dans

les méandres d'opérations longues

et compliquées.

Notre-Dame-du-Pilier

La

cathédrale

possède

deux

Vierges

noires.

Dans

une chapelle

du

déam-

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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8z

bulatoire,

du

côté

nord, se

trouve

Notre-Dame-du-Pilier qui

est l'objet

d'une

grande

dévotion.

Une

colonne

de pierre

lui

sert de

rupport,

d'ôù

son

nom.

La

Vierge

noire

représente laforce

primitiae,

c'est la

marière première,

telle

qu'on

l'extrait

des

mines,-avant

d'être

travaillée.

Les vitraux

On

remarque

les

splendides

vitraux,

qui

ne

sont

pas

faits

de

verre

de

cou-

leur

ordinaire,

mais

d'une

sorte de pierre

transparente, obtenue

par

gn

procédé

alchimique

que détenait l'àbbaye de

Saint-Denis

:

ils

gardènt

la lumière

et

la renvoient,

alors même que le soleil

est

disparu.

ee

sont

cesvitrauxquioffrent

le

célèbre

«

bleu

de

Chartres

».

Et le

maître

Canseliet

évoque «

la

secrète

et

transcendante

vertu

du verre,

qui

consiste,

pour lui,

à extraire, à dissoudre

et

à

retenir les soufres

ou,

mieux

encore,

les

teintures.

Nulles autres couleurs que

celles

qui

étaient

demandées

au

Grand

Qryl.,

n'insuffiaient l'âme

aux

virres des

églises

et des

châteaux,

et

ne les

illuminaient

avec

autant d'exquise

pureÈé?

».

Les

vitraux

des

baies

qui

surmontent les

trois

portes

du portail

Royal,

ainsi

que

la magnifique

rosace,

sont du

xrr" siècle

et comptent parmi'les

vitraux alchimiques.

Malheureusement,

le traitement

chimique

qu'on

leur

a

fait

subir

dernièrement

a

terni

le fameux

bleu qui

est devenu une

cou-

leur

pâle et

délavée.

Qgant

au vitrail

connu

dans

le monde

entier

sous

le nom

de

Notre-

Dame-de-la-Belle-Verrière,

également du

xrr. siècle,

il

reprend

le

thème de

la

Vierge

noire

de

la

Crypte.

On peut

remarquer

qu'il

se

trouve exactement

-

et on

ne peut

croire

e9€

c'est par hasard

-

à

la

hauteur du

point

crucial

du

chæuï :

le

point

tellurique

marqué

par

le

dolmen souterrain.

La

crypte

Tout

est mystère

dans

cette

crypte

qui servait

très

certainement de lieu

de

culte

à

dês

religions

aujourd'iui

«iisparues. Elle

demeure,

en rout

cas,

très représentative

de la

mine

d'où

s'extrait la

matière

première, figurée

par la

Vierge noire.

I,e

puits

sacré,

rectangulaire,

est

celtique. On le nomme

le

Puits des Forts,

c'est-à-dire

des «

Initiés

».

Son impôrtance

était,

sans

nul doute,

très

grande

dans les

siècles passés.

En outre, la

tradition

ésotérique

veut

que les

Puits

sacrés

symbolisent

la

Fontaine

de

Vie

qu'on

appelle

aussi Fontaine

d.eJouamce;

c'étaitdonc une

nouvelle

naissance

-

ou une

nouvelle

jeunèsse

-

qu'on

recherchait

dans

l'eau

de

ces

puits.

7.

E.

Canseliet :

Atlantis,

no

?87,

p.

14.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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EURE-ET-LOIR

Notre- Dame-de-

Dessous

-Terre

Dans

cette

crypte,

constituée par

une grotte naturelle, se trouve la mys-

térieuse

Vierge

noire de

la

cathédrale,

dénommée,

non

sans raison,

Notre- Dame-

de- Dessous

-Terre.

Cette

statue

qui

ne

date

que

du xvtrl'

siècle est,

paraît-il, la

réplique

exacte

d'une

statue de bois

qui

fut

brûlée

en l7gg.

Celle-ci

remplaçait

également

une statue de la déesse

Isis, disparue on ne sait

à quelle date,

et qui

avait

été vénérée

depuis une

époque

très

lointaine,

avantJésus-

Christ;

ce qui

fait

remonter

les pèlerinages

de

Chartres

avant notre

ère.

La

statue porte,

sur

son

soubassement, « la dédicace en latin

qui

complétait

la

statue

et

glorifiait

la Mère

par excellence,

nettement

révé-

latrice

du

caractère

hermétique,

non moins

absolu

que troublant,

de

la

Vierge en

son premier état et paraissant bien alors se confondre avec

l'Isis

la

théogônie égyptienne-:

VIRGINI

PARITURAE.

la

Vierge

sur le

point

d'enfanter)

E

».

MAISON DU

SAUMON

Dans le

Vieux Chartres,

sur une antique

maison

à colombages, est sculpté

un

saumon : c'est le Saumon du

Saaoir.

Sans

aucun doute,

est-ce

l'ancienne

demeure

d'un

alchimiste;

car

ce

n'est

pas par hasard

que

ce poisson à

chair rouge

a été choisi

pour

être le

symbole de

la

Connaissance

: le rouge

est

la

coloration

définitive

de la

Pierre.

Ainsi,

la

truite

-

qui

n'est pas sans rappeler phonétiquement

la

<<

truie

qui file

» du

portail

sud de

la

Cathédrale

-

est parfois

saumonée.

Et

ce saumon

sculpté illustre le

propos

de

Michel Maïer

:

«

Tu

n'auras plus alors que le travail des

femmes.

» Elles placent au

feu

leurs chaudrons. Czis

de même, « Mais

il

faùt

que

la truite en ses eaux se dissolve

e.

»

On aperçoit,

dans le haut de la maison,

des

petits sujets de

bois

sculpté,

qui

accusent

le

caractère ésotérique

du

Saumon

: un

pélican,

un

ser-

pent

ouroboros

mais

dont

la

queue passe au-dessus de

la

tête, un

joli

papillon, un

oiseau

qui

semble être une

hirondelle,

une

biche,

un

che-

val.

E. E.

Canseliet

: Atlantis,

no

e37,

p.

r4.

9.

Michel

Maïer

: Atalantefug;.tiaa,

Emblème

XXII.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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84

FINISTERE

GUIMILIAU

Écrrsr

Au-dessus

de

la

grande

coquille

servant de

bénitier, un

clerc de pierre

élève les deux fragments

d'un tronc mutilé

d'arbre sec

r.

L'arbre

sec

symbolise le métal

qui a

perdu

sa

vitalité

après

avoir.subi

un

traitement industriel.

qUIMPER

Écrrsr

NorRE-DAME-DE-LA-crrÉ

«

L'église de

Guéodet, nommée

encore Notre-Dame-de-la-Cité,

à

Quimper,

possède

aussi une Vierge noire

2.

»

HAUTE.GARONNE

SAINT-

B

ERTRAND.

D

E.

C

OMMINGE

S

Écusn

Les

stalles

Les

stalles

de

l'église

de

Saint-Bertrand-de-Comminges

présentent

le

serpent

tentateur

qui

« découvre

un

buste

mamelé,

pourvu

de bras

et

d'une

tête

de

femme

3

».

Ceci,

pour

bien indiquer le

Mercure

des

Sages,

principe

féminin.

r. Fulcanelli :

Derneures

philosophales,

t.

I,

p.

r87.

z.

Fulcanelli :

Mystàre des

cathédrales,

p.

78.

g.

Fulcanelli :

Derneures

philosophales.

t. I,

p.

:r7.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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ILLE.ET-VILAINE

/

INDRE.ET-LOIRE

ILLE-ET-VILAINE

DE MAISON,

RUE NOTRE.DAME

Au-dessus d'une

porte en accolade,

du

xrr'

siècle, Adam et

Ève sont

sculptés de

côté

et

d'autre du serpent qui dresse

une

tête

de femme devant

l'arbre

de Science

qu'il

entoure

fortement.

En hermétisme,

le serpent

est

l'hiéroglyphe

du

Mercure des Sages.

Le

soufre, principe actif,

est

symbolisé

par Adam, et

le mercure, principe

passif,

par

Ève.

Sur

les

arcs

de

la

porte,

un lion

à

droite, et

un chien

à

gauche, sont

représentés. Le

lion

est

I'hiéroglyphe du soufre, principe

fixe

et coagu-

lant.

Le

Chien

de Khorassan

(élément

mâle),

etla

chienne

d'Arménie

(élément

feminin)

sont

respectivement les emblèmes

du

soufre

et du

mercure.

VITRÉ

INDRE-ET-LOIRE

TOURS

SAINT-GATIEN

«

Notre

pierre,

écrit

un

anonyme,

a

encore

deux vertus très surpre-

nantes; la première à l'égard du verre, à

qui

elle

donne intérieurement

toutes

sortes

de

couleurs, comme

aux vitres de

la

Sainte-Chapelle,

à

Paris,

et à

celles

des églises Saint-Gatien

et

Saint-Martin

en

la

ville

de Tours

r.

»

r.

«

Clé

du

Grand-CEuvre,

ou lettres du Sancelrien

tourangeau

»,

Paris, r777.

Cité

par Fulcanelli, in

Derneure.ç

philo.sophale.s.

t. I, p. z6r.

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86

ISERE

VIENNE

PRIMATIALE

SAINT-MAURICE

Cette

magnifique

église

dont le début

de

la

construcrion

remonre

au

xtt'

siècle

-

les

chapiteaux

datent de

cette

époque

-

ne

fut

terminée

qu'au

xvr'siècle.

La façade ouest

date

du

xve siècle.

On y

remarque,

entre

autres,

deux

sculptures,

appelées « Les

Anges chanteurs »,

qui

tiennent

un

phylac-

tère

qui

passe

sur

le

bras de

l'ange de

droite.

Celui-ci

est

tout

à

fait

particulier,

car sa tête

et

sa

taille

iont

ceints de feuillages,

et,

de

plus,

tout

son corps

est recouvert

d'écailles;

il

semble

étudier

ce

qui

est

inscrit

sur le

phylactère

et que

l'autre

ange

lui

désigne.

Aucun doute

: le

phylactère

indique bien

que

ce

groupe

a

un

double

sens. L'ange

écailleux symbolise la matière

première

au

sortir

de

la

mine;

le

feuillage

est I'hiéroglyphe de la

nutrition

du corps alchimique,

etl'Art

de Musique,

ou

harmonie,

qui

lui

est enseigné

représente

le

Grand

CEuwe,

tout

le

travail

alchimique

qui

devra

être

fait

depuis

la

sortie

de

la

mine du

corps brut,

jusqu'à

sa

parfaite

transformation.

Les

chapiteaux

Presque

tous

ces

chapiteaux

du

xrr" siècle

méritent

d'être

étudiés du

point

de vue

alchimique,

car presque tous posent

une énigme

hermé-

tique.

CÔTE

NORD

En

commençant

par

le

pilier

le

plus près

de

l'autel,

on peut

voir

:

f

Pilier.

Un aigle

avec les

pattes de

taureau

:

c'est

l'union

du

volatil

et

du fixe.

Des

animaux fabuleux

se

trouvent également sur le

chapiteau,

à droite

et

à gauche de I'aigle.

4e

pilier.

Un

personnage

couronné,

tenant

un

sceptre, est

assis

sur un

trône

formé

par

des lions.

I,e

personnage

couronné

porte la couronne

des Sages,

symbole

de I'esprit;

c'est I'Adepte

qui

a obtenu le résultat tant cherché

et tant espéré.

D'ail-

leurs

la

confirmation

nous

en

est

donnée : Ia

partie supérieure du

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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ISÈRE

sceptre montre

une rose

philosophale,

formée de sept pétales. Les lions

représentent

l'on

philosophique.

5e

pilier.

David

joue

de la cybèle :

I'Art de

Musique

est

un

des

hiéroglyphes

du

labeur alchimique.

Un

autre bas-relief

qui

décore

ce

chapiteau,

est

appelé «

Les

Faux Pro-

phètes

»,

car

les personnages

présentent chacun

un phylactère,

sur

lequel

est apparente

I'inscription

:

Ante

Diem

Domini,

pseudo

Xti et

pseudo

Proplu

(ta)

apparebuntr.

Un

des personnages est

affublé

d'une

tête

de

cochon ou

de

truie, ou

de laie;

or,

la laie rappelle le

caput

mortuum

des

alchimistes.

6e

pilier.

Hercule

terrasse le lion

de

Némée

:

Hercule

représente le

« soufre

del'or

»,quisort

vainqueur

du principe

frxe

et

coagulant.

Toujours iur

le

même

pilier, des têtes

d'animaux

mangent

des

feuillages

:

la

nourriture

nécessaire

au

corps

alchimique.

Zc

Pilier.

Entrée

deJésus

àJérusalem

sur

son

âne.

Rappelons

en

passant

què, tel

saint Christophe,

l'âne

«

porte

l'or

)), et qu'il fut honoré

comme

tel

durant

tout

le Moyen Age.

côrÉ suo

Toujours

en

partant de l'autel :

z"

pilier.

Une

seule tête

humaine

pour

deux

têtes

d'animaux :

ce

sont

les

deux

principes

unis.

Cependant,

on

remarque

que ces animaux

forment,

à

leur

partie

supérieure, une

spirale

qui fait

une sorte

de

coiffure,

ou de

diadème,

à

la

tête humaine.

)e

pilier.

Une

végétation

stylisée

sort de la bouche de deux

anir.naux

:

ce

feuillage

représente

la

nourriture nécessaire pour

faire

croître

le

corps

alchimique.

On remarque que

la composition

décorative forme

des

cæurs,

hiéroglyphe du soufre,

et

sont surmontés de pommes de

pin.

4e

pilier.

Un

monstre

étrange

qui

figure, dit-on,

la

Luxure, porte

ce

nom.

Mais

les

philosophes

seraient

plutôt

tentés

d'y voir une

représentation

alchimique. Ce

personnage,

qui

porte deux cornes, retient

des

deux

mains

des

serpents accrochés

à

ses

seins. Les queues

de

ces

reptiles

s'en-

roulent

en

forme d'ammonite, comme on

le remarque

dans

certaines

compositions. Ses

pieds

se terminent

en

feuillage

\.

r. Avant

qu'arrive

leJour du Seigneur, des

faux

Christ

et

des

flaux

prophètes

apparaî-

tront.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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88

Ce

personnage laid

et

informe représente la

matière

première au

sortir

de la mine. Les

serpents, hiéroglyphes du mercure, s'en nourrissent et

croissent.

5"

pilier. Le

sacrifice

d'Isaac, sur

un

autel

qui

ressemble

à

un athanor

:

c'est

la fixation.

6e

pilier.

Comme

sur le

6'pilier

du

côté

nord, c'est une tête qui

mange

des feuillages,

mais ici

c'est

une tête

humaine.

C'est,

nous l'avons

vu, la

nourriture

nécessaire

au

corps alchimique.

Sur le chapiteau

du dernier

pilier

de ce même

côté, à I'extrême

gauche,

juste

avant

de sortii de

la primatiale par le portail ouest, on

remarque

une sirène.

La

sirène caractérise

I'union

du

soufre

(appelé

aussi

poissoru),

et

du

mercure commun

(appelé

aierge).

WP

LOIR-ET-CHER

LE

ROMORANTIN

CARROIR DORÉ

La maison

appelée

«

Carroir doré

»

est un

logis de bois du

xv'

siècle.

Il

comprend un

rez-de-chaussée

dont il

ne reste

plus

que

la

structure,

et

un

grenier

à

pignons ajouté postérieurement.

Bâtie

à

l'intersection de deux

rues,

cette

maison forme

un

pan coupé.

Il

ne

subsiste plus aujourd'hui que

les

corbeaux. Sur

I'un des

bas-reliefs,

à

droite,

on

peut voir le

combat

hermétique du

chevalier et

du lion.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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LOIRE

LOIRE

CHARLIEU

BÉNÉDICTINE

Cette abbaye du

xtI'

siècle

fut

construite

sur un

monastère datant

du

rx'siècle,

que les

moines

appelèrent

« Cher Lieu

»,

du latin

Carus Locus.

O, y

trouve de

nombreuses

et

fort

belles sculptures

énigmatiques.

Portail

nord

Au

tympan de

ce

portail

en

plein

cintre,

le

Christ

bénissant est

dans

l'Amande

mystique;

il

est

entouré

des animaux

évangéliques et

de

deux

anges

qui

soutiennent

l'amande. L'agneau

mystique, au sommet de

la

grande

voussure,

surmonte

le

tympan.

§ur

le

pied-droit,

à

gauche,

un bas-relief présente une

femme

qui allaite

un crapaud, et se

débat

contre

un

serpent qui

monte

le

long de

sa

cuisse

et cherche à

pénétrer son vagin.

Au-dessous,

un lion

couronné,

un oiseau, et

la

rose

hermétique à

six

pétales, ne laissent aucun doute

quant

au

caractère alchimique

du

petit

bas-relief.

«

Mets

le

crapaud

au

sein

de

la

femme,

écrit Michel

Maïer,

afin qu'il

s'allaite, que la

femme

en

meure, et

que

le

crapaud grossisse

de

son

lait

r.

»

Le

crapaud,

eui

a

dans sa

tête

une pierre

(la

crapaudine),

dit la

légende,

peut être assimilé

à

la

Matière

première

qui

contient

la

pierre en puis-

sance; le lait

de

vierge

estw

des noms

donnés

au mercure.

Le serpent est

l'hiéroglyphe

du

mercure, et

le

vagin,

n'est-il

pas

le

« vase de

nature

»,

symbole du matras.

Le

lion

est

le

principe igné

et

fixe,l'oiseau

le principe

volatil.

Et la rose

à six pétales

figure le Sceau

de-Salomon, et aussi la

Pierre philosophale.

Salle du Chaoitre

Dans la

Salle

àu Chapitre, devenu

parloir, un

musée

lapidaire

est

installé.

On y

voit une sirène bi-caudée

tenant ses deux queues

:

I'union

des

deux principes.

On trouve

également

un lion

couronné

prêt

à

dévorer un agneau, et

un

loup

qui

tire

Ia

queue d'une

chèvre.

r.

Michel Maïer :

Atalante

fugitiue,

Emblème

V.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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9o

Charlieu,

Abbaye

bénédiaine

(portail

Nord)

t

Mets

le

oapaud

au

sein de

laÿmme

»

(Michtl

Maier)

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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HAUTE- LOIRE

/

LOIRE-ATLANTIQUE

Le cloître

Au sortir

de

la

Salle du

Chapitre,

au-dessus

d'une pôrte en anse

de

panier,

une

femme

tient un

àigle

et

maintient ses ailes étendues

:

la

sublimation.

Salle du

Chartrier

Au premier étage,

dans la

Salle

du Chartrier,

dite

des Archives,

on

remarque

sur un

chapiteau

le

Soleil et

la

Lune.

HAUTE-LOIRE

LE

PUY

VIERGE NOIRE

La Vierge Noire de

Notre-Dame-du-Puy est une des

plus

célèbres

de

France. Elle porte

une

couronne, et

sa robe,

qui

descend

du

col

aux

pieds,

forme un triangle et

enferme ses membres

qui restent

invisibles.

L'étoffe

est

brodée

d'épis

et

de

vigne

:

allégorie

du

pain

et

du

vin.

La

tête de l'Enfant

Jésus

passe

au milieu de la robe;

il

est

également

couronnti.

æ

LOIRE.ATLANTI

NANTES

SAINT-PIERRE

Tornbeau de

François

II

Anne

de

Bretagne,

reine

de France,

fit

élever

un mausolée destiné à

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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92

contenir

les restes

de

ses parents,

le duc

François

II

de

Bretagne

et

Marguerite

de

Foix,

son épouse.

Ce tombeau

fut

achevé en

r5o7.

Ce

monument,

car c'en est

un,

est construit en

marbre

blanc et noir,

auquel s'ajoutent le porphyre

et

I'albâtre. Aux quatre

coins, on ne peut

qu'admirer

les

quatre

statues

de marbre blanc,

représentant les quatre

vertus

cardinales

: la

Justice,

la

Force,

la Tempérance

et

la

Prudence;

elles ont été tout

particulièrement

étudiées

par

Fulcanelli sur le plan

ésotérique

I.

LA

JUSTICE

Cette statue est accompagnée des attributs classiques

qu'on a

coutume de

voir

avec

la

Justice

: Ie

lion,

la

balance et

I'épée.

Elle

porte

sur

la tête une

couronne

ducale, ce qui

a

pu

laisser

croire

qu'Anne

de

Bretagne

elle-même avait servi de modèle

au

sculpteur.

Son

voile

a

glissé

le

long

du

corps,

il

est

seulement retenu

par

les

bras

pliés,

et elle apparaît ainsi

déaoilêe.

On

sait

que l'essence

même de

la

Justice

l'obligeait

à

n'avoir rien de

caché; ce

voile

signifie

donc

qu'il

y a

un sens

secret à

découwir

qui ne

peut qu'être ésotérique. Ce

voile,

un peplum, était dans I'Antiquité, un

tissu léger orné

de broderie dont on vêtait

la

déesse de

Ia

Sagesse :

Minerve.

Ce voile

qui

s'écarte, laisse

voir

qu'elle

porte

un

surcot

d'hermine bordé

de

roses

et

de

perles, rappel

de la Pierre

philosophale,

puisque

celle-ci

est

parfois

appelée

perle

précieuse

et

rlse

mystique

.

L'épée

qùê

tient'laJustice montre,

à

sôn

fommeau,

un soleil rayonnant;

c'est l'épée qui permet

de trancher

dans la

matière première et

de I'ou-

vrir, premier pas

vers le

succès final symbolisé par le soleil.

Le

liare

fertné

qu'elle

porte dans

sa

main gauche,

indique

la matière

brute,

telle

que

la

Nature la produit.

Qyant

à

la

balance, appliquée

contre le

livre,

elle représente les poids

et

les

proportions

nécessaires dans

tout labeur alchimique.

LA

FORCE

La tête couverte

d'un

casque

au mufle

de

lion, la

Force

porte un

corse-

let

d'armure

finement

ciselé.

Elle

tient de

la

main gauche une

tour,

tandis que

de

la droite, elle

en

arrache

un petit dragon

ailé,

tout

en

lui

tordant

le

cou.

Pour l'alchimiste,

ce

dragon

représente la matière première, volatile,

qu'on

appelle mercure

commun.

On peut donc considérer Ia

tour

comme

l'enveloppe, la

gangue ou la

r. Voir Fulcanelli :

Derneures

lthilosophales,

Les gardes du

corps

de

François

II, t.

II,

p.

rg4

et

suiv.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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LOIRE.ATLI\NTIQUE

minière

du

dragon,

voire son refuge,

d'où

il

faudra

l'extraire,

même en

employant

la

fôrce,

tel

qu'on

sépale

le mercure

de la matière brute.

Cette

interprétation se trouve en

quelque

sorte confirmée, car elle

porte

sur

ses

bràs

une

longue

écharpe

:

elle

s'est donc déaoilée,

et

comme

la

Justice, elle

laisse

supposer

uniens

caché,

qu'il

importe

de

découwir.

Nantes, Cathédrale Saint-Pierre

(Tombeau

de

François

II)

On

remarque

également

que

les

écailles,

sur

la

gorgerette de la cuirasse,

rappellent

celles

du dragon.

Et

des écailles

de poisson

sont disposées

en

demi-cercle

autour

de

la

taille.

Or,

le

poisson

est

[e symbole du soufre,

comme

le

dragon

est

un

emblème

meicuriel.

LA

TEMPERANCE

«

Coiffée en

matrone

avec le

gorgial

»,

la

Tempérance

est

reprêsentée

par une

personne

d'un

certain

âge.

Elle

tient

dans sa

main

gau€he

une

petite

pendule à poids, en usage au xvlc siècle, et

ne

comportant

qu'une

seule aiguille.

L'horloge

est

prise,

comme

le

sabliei, pour

I'hiéroglyphe du

Temps

:

c'est avec

Ie

temps,

donc

avec

I'âge

mûr, que

s'acquièrent Sagesse et

Vérité.

La

Tempérancç

tient,

de la main droite, une

bride

avec un mors;

il

faut

comprendre

par là qu'elle dirige le cheval, c'est-à-dire

la

cabale.

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94

De

telle sorte

que la

Tempéronce etla

Science cabalistique

2

s'identifienr sous

une

seule forme

symbolique

LA PRUDENCE

Les

Anciens

attribuaient

-

comme

à

Janus

-

une

tête

à

deux

visages à

la

Prudence;

c'est

ainsi

qu'elle nous est représentée

au

tombeau dé

Fran-

ç-ois

II.

Elle

offre aux regards

le

visage d'unejolie

jeune

femme,

alors que,

derrière,

sa

figure

est

celle

d'un vièillard

grave âvec

une

longue

baibe,

semblable

à

une

chevelure

ondoyant

jusqu'à

la taille.

Elle

est

vêtue

d'un long

manteau largement

ouvert devant. Elle

porte sur

la

tête un fichu

attaché bas

sur le coisage,

et

formanr

derrière

une sorte

de

bonnet sur la tête

du vieillard.

La

jupe

à gros plis

a un aspecr

mona-

cal.

Un

serpent,

ramassé

sur

lui-même,

expire à ses pieds.

Elle tient dans sa

main droite un

compas

ouvert,

et dans

sa

gauche,

un

miroir,

le

Miroir

de

la Sagesse,

qu'on remarque

être une lentille

convexe.

C'est

dans

ce

miroir

que

le

philosophe voit la

narure

à

découverr.

Er il

est convexe pour indiquer

que pour

lui

la

nature

est réduite

à

un petit

monde,

à un microcosme,

tout

en conservant les mêmes

proportions.

Si la

jeune

femme

a deux

visages, c'est

qu'il

est

généialement

recom-

mandé

d'unir

« un

vieillard

sain et vigoureux

avèc une

jeune

et belle

vierge

,.

D.e

ces

noces

clrymiques

doit naître

un enfanr philosophal

et

and,rogne;

c'est-à-dire

ayant à

la

fois les propriétés du

soufre

(le

viéillard),

et du

mercure

(la

jeune

femme vierge).

Qr" t

au serpent,

qui

est

habituellemenr

l'attribut

de

la prudence,

car

il

est

d'un

naturel

très

circonspect, il

est ici

représenté

moürant aux pieds

de la

Prudence. Et il

nous rappelle plutôt le

serpent

Ouroboros

qui

se

dévore

lui-même.

Le

compas indique qu'il

est absolument nécessaire

de garder les

justes

proportions

si I'on veut mener

à

bien le

labeur

alchimique.

r.

Il n'y a rien

de commun

entre la

Xabbale

hébraique qui

est

fondée

uniquement sur

la

Bible,

et

la cabale

hermétique

qui

s'applique

à toutes les sciences

ésotériques de

tous les

temps.

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LOIRET ILOT

LOIRET

SAINT.

BRISSON.

SUR-

LOIRE

sAINT-BRIcE

« Dans

les basiliques

byzantines,

le Christétait

parfoiTeprésenté

comme

les Sirènes,

"r.c

ürr.

qüeue de

poisson. On

le voii ainsi

figuré sur un

chapi-

teau de l'éslise

Saint-Brice'..

»

<<

Le

poissoiest I'hiéroglyphos

de

la pierre

des

Philosophes

daLs son

pre-

mier'état,

parce

que iâ'fie..e,

comme

Ie

poisson,

naît dans

I'eau et

vit

(-§'**

s§JJ'ry

\#;

LOT

CAHORS

MAISON

VERDIER

Rue des Boulevards,

à

la Maison

verdier,

on peut

voir

l'Arbre

rec

qui

sert

d'encadrement

à

deux

fenêtres.

On

le trouve

également,

encadrant

une petite

porte

dépendant

du collège

Pellegri-

-

Or,

l',arbreiec

est

l'hiéroglyphe

du

métal

desséché

et

meurtri

par les

pro-

cédés

industriels

: c'est

l'inertie

métallique.

r.

Fulcanelli

:

Mystàre

des calhédrales,

P'

r90.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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96

I

LOT

FIGEAC

Écrrsn sAINT-SAUvEUR

A l'église Saint-Sauveur, on peut

voir

un curieux

tableau

de

bois sculpté

:

«

ll.montre le

Christ

enfant

endormi

sur

la

croix

et entouré

des instru-

ments de

la

Passionr.

»

Six

des

attributs

du martyre

ont été,

à dessein,

réunis

en

X,

y

compris

la

croix sur

laquelle

dort l'Enfant.

«

On

y

voit donc la lance

de

Longin

assemblée au roseau

»

fut

fixée l'éponge imbibée de vinaigre; « puis

le

faisceau

de verges et

le

flagellum

entrecroisés; enfin

le

marteau

qui

ser-

vit

à

enfoncer

les

clous

de

la

crucifixion

et

les tenailles

utilisées

pour

les

arracher après

la

mort

du

Sauveur.

»

Avec la croix

inclinée,

nous

avons

ainsi

«

quatre

X

(khi)

grecs,

dont

la

valeur

numérale de

6oo, nous

fournit

-en

produit,

les

z

4oo

années du

monde ».

« ...

Ces

X marquent

de leur

empreinte

la seconde

période

cyclique,

à

la

fln

de laquelle

l'humanité

se

débat dans

les

ténèbres et

la

confusion... »

ROCAMADOUR

LA

VIERGE

NOIRE

DE

ROCAMADOUR

Notre-Dame-de-Rocamadour

est

une Vierge miraculeuse

qui

se

trouve

à

la

chapelle de

la

Vierge, construite au xve

siècle.

C'est

une statuette

de

bois

noir, qui porte une robe en

lamelles

d'ar-

gent.

De

nos

jours,

elle

est [e

but d'un pèlerinage

très

fréquenté,

dont on trouve

déjà

la

trace

en

r166.

On

lui attribuait, et on

lui

attribue

encore,

de

nombreux miracles.

r. Fulcanelli :

Demeures

philosophales,

t. II, p.

264.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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MAINE-ET-LOIRE

MAINE-ET.LOIRE

LE

PLESSIS-BOURRÉ

CHÂTEAU

Jean

Bourré,

seigneur du Plessis, secrétaire et

conseiller

du

roi

Louis

XI,

Grand

Argentier

de

France, fut

également

gouverneur du Dauphin.

Il

resta près

de

lui, avec les

mêmes charges,

lorsque

celui-ci monta

sur

le

trône sous le nom de

Charles

VIII.

L'escalier

«

Dans

la

cage

de l'escalier,

en

hauteur

et en

amortissement,

jaillit

à

mi-corps, un

homme

jeune

et

imberbe, aux cheveux

courts et

drus.

Tenant, de la

main droite, un vase à pied,

de la

gauche, une petite

cruche,

notre

aimable

échanson n'aurait rien qui surprît, si

une banderole

réu-

nissant

les

deux

récipients n'offrait

une

inscription

évidemment indé-

chiffrable.

C'est

un

jet

capricieux

de fort bizarre sténographie, d'allure

cursive,

qui,

dans sa

partie

terminale,

semblerait

s'éclaircir,

afin

de

liwer

ces

deux mots

:

«

A

boire

»

r.

On

ne

peut

s'empêcher

ici d'établir tout

rapprochement

avec

(

le

cry

horrible » de

Gargantua « entrant en

lumière

de ce monde ))

:

« A

boire,

à

boire,

à boire2

»

La Salle

des Gardes

Nous

examinerons très attentivement

le plafond de la

Salle

des

Gardes,

en

suivant

de très

près les

indications que

nous donne

E. Canseliet dans

ses Deux

Logts

alchimiques3.

Six grands panneaux de

quatre caissons chacun sont

répartis,

au

pla-

[ond,

de côté

et

d'autre

d'une ligne médiane; mais le Maître

explique que

«

huit

sont

à

personnages

et

se

complètent de

remarques

versifiées

».

Comme

lui,

nous n'étudierons que les seize

caissons

présentant

une

énigme alchimique

et

nous suivrons I'ordre qu'il

indique lui-même,

et

que

nous rappelons

ici au

qouriste

:

r.

E.

Canseliet

: Trois anciens Traités d'alchimie, p. 8.

z.

Rabelais

:

liv. I, chap. vu.

3.

Canseliet :

Deux

Logis

alchimiques,

p.

96

et

suiv.

Tous

les

passages

entre

guillemCts

de

ce

chapitre

sont extraits de

cet

ouvrage.

De

même,

nous

avons repris

les

noms que

Canseliet

a

attribués à ces seize

caissons.

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MAINE.ET.LOIRE

4,

LE

CERF

SOUMIS

Un

cerf est

étendu, calme

et immobile.

L'homonymie cabalistique

(en

latin,

cerf

i

cerüus,

qui

devient

phonéti-

quement

seraus)

permet

aux

philosophes

de

désigner

ainsi

leur

mer-

cure

(seraus

fugitivus),I'unique

matière

de

la

Pierre.

L'inertie

visible

de cet

animal,

sur

ce

caisson, permet

de rappeler

le

pré-

cepte

:

Facfixumvolatile,c'est-à-dire

:

«

Fais frxe le

volatil.

»

,,tr"î:;';;;iw,"*îffi,,,,

5.

LA

FONTAINE

INDÉCENTEUne jeune femmetrousse

ses

cotillons afin

de

satisfaire

un

besoin

natu-

rel.

Deux personnages nus

se tiennent

à

ses

côtés :

l'un

reçoit

le

liquide

dans

un

vase

comme s'il

était

précieux, I'autre

s'appuie sur le

rebord

d'un

bassin.

L'urine est

le

nom que

donnent

parfois les Anciens

à

leur

mercure.

L'homme qui s'appuie, et

qui

manifeste

nettement

sa

fatigue, indique

que la

femme a reçu

la

meilleure partie

du

métal

mâle.

6, LE COMBAT

DU

DRAGON ET DU LION

Un

dragon,

mi-partie

aigle

et

serpent, attaque

un

lion.

C'est

le

combat

classique des

deux natures

: le

lion

symbolise le fixe

ou le

mâle

(le

soufre);

le

dragon,

c'est

le volatil

ou la

femelle

(le

mer-

cure).

7,

LA

JEUNE

FILLE ET

LA

TORTUE

CAUDÉE

Une

tortue, dont

la

très

longue

queue

est

repliée

en boucle derrière

elle,

porte

une

jeune

fille

sur son dos. Cette dernière

tient

dans ses mains

une

guirlande de

fleurs qui

atteste

sa

pureté.

La

tortue,

qui

est

I'emblème

de Saturne,

représente la

matière première,

dont

la

qualité mercurielle

est

désignée

par

sa

longue

queue

en

forme

de

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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serpent; tandis que

la

jeune

frlle,

aux

longs

cheveux

flottants, indique la

qualité volatile du sujet.

8.

LA LAIE

MUSICIENNE

Une laie

fait

danser

ses

deux marcassins

en

jouant

de

la

cornemuse.

« Le

vocabl e

laie...rappelle

icile

caput

mortîrumdes

alchimistes...

»

La

scène évoque «

simultanémeit

l'art

de

musique,

l'harmonie,

et

le

jeu

des

enfants, exprimant

plus spécialement

tous

trois,

I'ultime

phase de

l'CEulre

».

g.

LA SIRÈNE OBSCURE

ET

ENCEINTE

Une

sirène qui tient

de la main

droite

un

miroir,

nous offre

de grandes

singularités

: elle

est

noire,

manifestement enceinte,

et

possède

une

queue immense

qu'elle tient

comme un

parasol

au-dessus

de

sa

tête.

C'est

la

Vierge noire,

la

Viergo

paritura,

la

Vierge

sur le

point

d'enfanter

des cryptes souterraines. Et

le

miroir

qu'elle

tient à

la

main est

celui-là

même dont parle

le

Cosmopolite :

«

Un

Miroir

dans lequel

j'ai

vu toute

la Nature à découvert.

»

TO. LE CHARIOT

À

VOTTT,

ET

SON

GUIDE FEMININ

«

Un chariot

roule poussé par

le

vent, ainsi que

le montre sa voile

gon-

flée.

» Il est

conduit

par une femme.

L'idée de navigation

se

trouve

associée

à

celle

d'un

voyage terrestre

:

ce

sont

les deux voies,

humide

et

sèche,

que peut prendre

le philo-

sophe

pour

mener

à

bien son travail

hermétique. La femme

indique

«

la

pureté

feminine incarnant les qualités

intérieures

sans

lesquelles I'al-

chimiste

ne

peut

rien...

».

rr. LE

PHENIX

«

Un

oiseau de grande taille,

parmi d'autres plus petits, assez

semblable

à un aigle,

se

dresse

les

ailes

étendues.

»

C'est

là le

Phénix,

I'oiseau légendaire

qui

renaît éternellement de

ses

cendres.

« Le Phénix, nous

dit

Martin

Ruland,

est

la

quintessence

du feu,

ou la très

célèbre

pierre philosophalea.

»

Tz, LES DEUX CHIENS

Deux chiens semblent

jouer

: une levrette

est

accroupie et,

devant

elle,

sedresseuntoutpetitchienqui

lui

fait

des

grâces.

Nous

avons

ici I'allégorie du

chien

de

Corascène

et

de

la

chienne

d'Arménie;

en même temps

que

la disproportion

qui

existe

entre

la

quantité

de

mercure

nécessaire

(la

lewette), et

celle

du soufre

(le

petit

chien).

Et

pour

4.

Martin Ruland

:

Lexicon Alchemiae.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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MAINE-ET-LOIRE

indiquer

que le

mercure

doit

être

fixé, la chienne se

trouve munie

d'un

collier.

4,

LE

CENTAURE

«

Un

centaure, les

cheveux

au vent,

brandit

une

massue

de

la

main

droite. »

« Avec la

massue

placée

dans

la main du

centaure,

l'adepte

du Plessis

a

voulu établir l'étroit

rapport

unissant

la

théorie

à

la

pratique,..

)),

car,

grâce à sa

massue,

I'homme-cheval

ouwira

Ia matière

à

l'issue

d'un

vio-

lent combat.

T4.

L'ANGLIIPÈDE

ET LA

FILEUSE

«

Un

homme,

dont

le torse se prolonge en

un

corps de

serpent,

étreint

avidement,

à

bras-le-corps,

une

jeune

femme nue, au ventre

distendu

par la grossesse »;

elle

retient

sa

longue quenouille

entre

ses

jambes

croi-

sées.

Un

petit

enfant

est

assis sur

la queue du

serpent

qu'il

dévore.

Ce

sujet

s'applique à

la

troisième et dernière

phase du

Grand CEuwe.

L'homme

à

queue

de

serpent

joue

le rôle du

feu, nécessaire au dévelop-

pement de

l'enfant

alchimique vorace. La femme indique nettement

pàr

sa

quenouille,

que

le travail de

laboratoire

équivaut désormais

à une

tâche

féminine,

tandis que

sa grossesse signifie que

le

nourrisson gour-

mand

«

a

été

remis dans le ventie de sa

màre

r,

ainsi

que

le

conseillent les

adeptes.

15,

L'ÉLEPHANT

ET

LE

SINGE

«

Un

singe, assis sur le dos d'un éléphant... tient une

corde

passée

autour

de

la

trompe de

sa

colossale

monture...

»

Dans

l'Antiquité,

l'éléphant

était

le symbole de

l'éternité

et

de

la

puis-

sance

souveraine. Telles

sont

les qualités que I'adepte

acquiert

lorsqu'il

a

enfin

obtenu la pierre philosophale.

Deux

coffres,

qu'on

voit

sur

le

dos

de

l'animal,

évoquent ces

fabuleux trésors

:

santé, richesses

et science

infuse.

t6.

LA

UCORNE

«

Une

licorne,

vive

et

puissante,

est

au

repos sur

ses

pattes repliées.

»

La

licorne,

emblème de

la

pureté, est «

la

lumière

naissante

du

rnercwe

»».

La

tradition

veut

qu'elle

ne puisse être

capturée

que

par

une vierge,

ce

qui

est en

accord

avec Ie processus

alchimique

du

Grand

CEuwe.

'l

L

I

 "

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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MARNE

REIMS

LA

CATHÉDRALE

Il

est

probable

que

la

cathédrale

de Reims

-

telles

les

cathédrales de

Paris,

d'Amiens et

de

Chartres

-

présentait

de

nombreuses sculptures

d'inspiration

alchimique; mais

elle

eut à subir tant de

bombardements

durant

la Grande Guerre, sans

compter

I'incendie de r9r4,

qu'il est

impossible

de faire une étude utile au point de

vue

qui nous intéresse.

Quant

à

son Labyrinthe,

qu'on

appelait

« dédale

»

ou

«

Chemin

de

Jérusalem

», il fut détruit

dès r779.

MUSÉE

SAINT-RÉMI

Avant

la guerre, on pouvait

voir, au

musée lapidaire, le

tympan de

la

porte

d'entrée d'une

ancienne maison

rémoise

du xrr'siêcle. Cette sculp-

ture se trouve

maintenant

au musée Saint-Rémi

1.

Sous

une

grande

arcade,

un maître

enseigne

son disciple

et

lui

désigne

du

doigt un passage sur le

livre

ouuert

que lui

tend

l'élève.

Au-dessous, deux autres

scènes

: à gauche, un

jeune

homme

terrasse

un

dragon dont

il

tient la. queue qui

se.

termine en feuilles.

A droite, det:.x

jouvenceaux

sont étroitement enlacés.

Fulcanelli

explique que « la

Science apparaît

ainsi comme

dominatrice

de la Force

et de

l'Amour,

opposant

la

supériorité de l'esprit

aux mani-

festations

physiques de

la puissance

et

du sentiment2 ».

MUSÉE

SAINT-DENIS

Un tableau fort curieux se

voyait autrefois à

l'église

Saint-Maurice, mais

il

est

actuellement transféré

au

musée Saint-Denis

3.

Ce

tableau

qui

date

du

début

du xvrr'siècle,

représente

la Vierge

debout

sur le

croissant

lunaire.

Sa tête

est

couronnée

de

huit étoiles.

Elle tient

dans

une main un matras,

assimilé

à l'ceuf

alchimique

puisqu'il

en

sort

deux

têtes

d'aigle et

un paon,

symbole des

couleurs de

I'CEuvre.

A

gauche

de la

Vierge se tiennent deux personnages

:

peut-être un

r.

« Ces

deux

æuvres

(le

tympan et

le

tableau

décrits

plus loin) ne

sont

pas

exposées

pour le moment

en raison des travaux qui

restreignent la

surface

des salles des musées

de Reims. »

(Extrait

d'une lettre du conservateur des musées de Reims).

r.

Fulcanelli :

Demeures

philosophales,

t. I, p. 69.

3.

Ce

tableau

est

la

seconde æuvre

citée par M. le

consewateur

des musées de

Reims.

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MARNE

adepte

et sa

sæur mystique. L'Adepte

est

vêtu de rouge; il

tient

le

cadu-

cée, le

livre

fermé, le

couteau igné, et une

baguette,

et

il montre,

bien en

vue,

l'anneau hermétique.

La femme, vêtue de

blanc, porte le miroir de

I'art

et une torche.

Derrière

eux, une

femme

sort

d'un

temple que

Ia

perspective

nous

montre

comme

plus lointain.

Elle tient

une

harpe

à

la main

:

I'Art

de

Musique,

tandis

que de l'autre main,

elle

présente

un

livre

ouuert

rnar-

qué du

chiffre

9.

C'est le symbole de la réalisation

du

travail hermé-

tique,

après

les

neuf mois nécessaires de gestation.

Sur la gauche

du

tableau,

un

violent orage, une tempête menace de

détruire

le vaisseau dont la barre est tenue par l'enfant philosophique

qui mène

calmement

le

vaisseau

au port,

malgré

la

tempête.

II

tient

le

globe terrestre sur

ses

genoux.

En

bas de la composition,

un

dragon

jetant

des flammes

est écrasé

par

le

croissant de

lune.

Nous

y voyons

I'allégorie

limpide du

soufre

et du

mercure.

Plus

bas

encore,

une

inscription

en

caractères grecs

signifie

:

«

J'ai

enfanté,

étant

vierge, un

enfant

n'ayant

pas

de

parents. » Inscription

qui

ne

laisse

aucun

doute

quant

à

la signification

alchimique de

ce tableau.

Cette

inscription

est

surmontée de deux

dates

mystérieuses

et,

cepen-

dant,

bien

en

vue

:

rc66

et

l

rB7

4.

NOTRE

-

DAME.

DE. L'ÉPINN

NOTRE-DAME

«

Il

existe encore

aujourd'hui,

à

l'intérieur

de

la basilique ogivale

Notre-

Dame-de-L'

Épine,

ùn

puits

miraculeux,

dit

Puits

de la

§aintà-Vierge

1...

»

4.

O.

Wirth

:

b

Symbolisme

hermétique daru ses rapports aaec I'Alchimie

et

la Franc-Ma4onrurie,

Paris, r93r,

cité

parJ.

Van Lennep :

Art et

Alchimia,

p. 165.

r.

Fulcanelli :

Mystère

des catluîdrales, p.

gg.

6§[v

É19

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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l04

MORBIHAN

PLOERMEL

Écrlsn

sAINT-ARMEL

A propos du dragon,

Fulcanelli écrit

:

«

On peut

le remàrquer au portail

nord de

l'église Saint-Armel, à

Ploêr-

mel, ôù plusieurs dragons accrochés aux

rampants des

gables, font

la

roue en se

mordant la queue

l.

»

-

ÉNif,4

§)=À

::E4;

OISE

BEAUVAIS

CATHÉDRALE

SAINT-ÉUTNITIN

Le

portail

sud

« Sùr la partie gauche du portail

sud, on peut voir

un

ensemble

en

ronde

bosse

et

de modeste dimension,

à quelques

mètres du

sol

: l'homme des

bois, armé,

se

tenant

debout sur un

lion, son arrne

levée.

C'est

du Soufre

qu'il

s'agit

ici,

et

le lion sur lequel notre

Sage est assis,

nous démontre

par

sa docilité,

la spécificité et

la fixité de

la

matière

ignée à ce moment

de

I'CEuvre2. »

La

statue

de

sainte

Wilgeforte

On

ne

sera

pas sans remarquer

la

statue

de sainte Wilgeforte,

qui offre

une particularité assez

rare

: elle est

bisexuée; et avec

un ventre proé-

minent de femme enceinte, elle

présente

une

gorge aussi

plate que celle

d'un homme.

«

...pour

nous,

Wilgeforte estla

uiergefort,

et

(que)

son simulacre

andro-

g'yne ne

laisse pas de

justifier

son nom

3

»...

r. Fulcanelli :

Derruures

philosophales,

t. II, p.

88.

c. Séverin Batfroi : Atlantis,

no

z8r.

3.

E.

Canseliet

:

Deux

Logis

alchimiqudr,

p.

r4o-r41.

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ORNE

/

PUY-DE-DÔME

Alchimiquement,

c'est

de I'union

des deux

natures,

de forme

semblable,

mais

de

propriétés

contraires, que provient cette double nature, matière

mixte,

que les

sages

ont

nommée

qndrogne

ou hermaphrodite.

§

ORNE

LA

FERTÉ-MACE

«

Sur

la façade de l'église de La Ferté-Macé, au-dessus

du tympan de

la

porte

de

la

tour

Saint-Denis, on remarque,

parmi

de

petits

motifs,

dispo-

sés en

mosaïque

et remplissant

le

gable,

un

fort

curieux

symbole

évo-

quant,

dans

sa

précision, le

récipient

de terre,

s'effectuent

les

diverses

phases du

Grand

CEuwe...

On

ne

saurait

douter qu'une

volonté moderne

n'ait

fixé l'évident hermétisme de cette

croix,

simplement dessinée

de

deux traits

parallèles,

lesquels se courbent et

se

réunissent, à I'extrémité

supérieure,

pour former le

schéma

d'une

cornue

ou

retorte.

Sous les

branches horizontales sont ménagées

deux

ouvertures,

qui

semblent

avoir

laissé

passage

aux lettres

grecques

A

et

f,),

le

commtncement

etlafin.

Deux autres ornements,

figurant

une

chouette

et une.fleur de lys,

accom-

pagnent,

à

la même hauteur,

le

signe

cruciforme

du

creuset

et

s'associent

avec lui dans

la

trilogie

scientifique du labeur philosophal : la

sagesse,

la

matière

etle

aaisseaur.

'tt

PUY-DE-D

MONTFERRAND

D'ADAM

ET

ÈVE

Un

bas-relief de

grande

dimension décore

un

mur de

cette

maison.

Cette

r.

E. Canselietl. Deux

Logis

alchirru4ues,

p.

68 et

69.

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r06

sculpture du

xvr'

siècle représente

Adam

et

Ève encadrant

le

serpent à

tête

humaine,

enroulé autour

de

l'arbre

de vie.

Le

sol est fait

de

pierres,

et

l'arbre entoure

de

ses

racines

un

monticule

semblable

à

celui

sur lequel

se

tient

l'Homme

des

Bois,

à

Thiers.

Rappelons

qu'on

élevait

autrefois,

en signe de

uictoire,

un petit monticule

de

pierres

: le

mont-joie, ou mont

de

joie.

THIERS

MAISON DE

L'HOMME

DES

BOIS

Cette

maison,

dite

de l'Homme

des

Bois,

est

réduite aujourd'hui

à

un

seul

étage.

D'après

les

sculptures

de

sa

façade,

elle semble

avoir

servi de

logis

à

un

alchimiste

inconnu.

Qyatre

baies, formées

d'arcs en

accolade,

s'ouvrent

sur la

façade.

On

remarque

entre

ces baies,

des colonnettes engagées

dont

les

chapiteaux

montrent

«

des

masques grotesques

»; ils

supportent

cinq

frgurines,

symboles

de

I'CEuvre

hermétique,

et

sur

lesquels

nous

revenons plus

loin.

L'Homme

des Bois

Sculpté

depuis plus de

cinq

cents

ans, ce

bas-relief en bois

représente

un

homme

de

grande

taille,

hirsute, vêtu

de

peaux de bêtes cousues trans-

versalement.

Tête

nue, il

sourit

d'un

air

énigmatique et

Brave;

il

s'appuie

sur un

long

bâton

dont l'extrémité

supérieure est sculptée en

forme

de

visage de

vieille

femme

coifiée

d'un

capuchon.

Il

a

les pieds

nus,

et

se

tient

debout sur

un

amas

de pierres.

Si

l'

Homme des

Bois

est couvert de

poils,

c'est

pour bien indiquer

que, tel

le

singe,

l'alchimiste

doit

copier

la

nature.

Et

pour

souligner

Ie

caractère

ésotérique

de

cet

homme

de nature,

il

est

représenté

appuyé

sur

un

bâton :

l'

arbre

sac

(le

métal

inerte

et ayant

perdu

la

vie),

et

surmonté

de

la

Màre

folle.

La

Màre.folle,la nérotte. représénte

la

science

hermétique;

et, comme

le

fou

de

cour,

elle

est

également l'emblème

du

mercure,

unique

matière

des

Sages,

r,

Voir

Fulcanelli

:

Demeures

philosophales,

t.

II,

p. 3or

et

suiv.

æ

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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prry-Dn-Dôil,rE

/

pyRÉNÉns-lumvneuEs

L'amas de

pierres

sur lequel se

tient

l'Homme des

Bois, estle mont-joie

;

c'était autrefois

un simple monticule

de pierres

élevé en

signe

de

vic-

toire :

un

mont

de

joie.

Il

faut

sans

doute

voir

le

message

de

la victoire

matérielle

de

I'Adepte

dans

l'æuwe

alchimique.

Les

figurines

Tout à

fait

à droite

de

la

façade,

on voit

une

petite

niche

moderne qui

abrite une

statuette de

la

Vierge.

Dans

l'encoignure

de cette

niche, on distingue un homme

à

barbe

longue

qui tient

dans

sa main gauche

un

livre

fermé,

et

de

la

main

droite

il

bran-

dit un

épieu

ou une

lance.

Le

liare

ferm4

est

le symbole

de

la matière première

au

sortir

de

la

mine;

la lance

qui doit

transpercer le

dragon,

ouwira la matière

passive et

I'obligera

à

liwer

son

secret.

Le

second personnage

en

partant

de

la

droite,

soulève

un

pan

de

son

man-

teauafinqu'on puisse

apercevoir

Ie

liure

fermé

qu'il

porte.

Le troisième

est

un

chevalier

à

l'attitude

énergique;

il

tient ferme

son

estoc

avec

lequel il

doit

tuer

le

lion terrestre et aolant,

appelé

aussi

grifon,

l'hiéroglyphe du

mercure

philosophal.

La

figurine

qui

suit

est trop

mutilée pour

que nous

puissions

donner un

renseignement

utile.

A gauche de

l'Homme

des Bois,

se tient le

cinquième personnage

:

le

Pèle-

rin de

Compostelle,

facile

à

idendfrer

grâce

à

la

coquille qu'il

porte

à

son chapeau.

Il

tient

ostensiblement à

la main

Ie

Liare

ouvert,la

matière

travaillée

qu'il

peut

maintenant

mettre

en action

afin

d'æuvrer

utile-

ment.

ssÿ,

\#;

PYRENEES-ATLAN

HENDAYE

cYcLIquE

D'HENDAYE

Cette croix

est située

près

du

transept méridional

de

l'église

d'Hendaye,

elle

fut

transportée

en

r842.

Son

origine

est

inconnue,

cependant cette

croix

ne doit

pas être

anté-

rieure

à

la fin du xvlt'siècle, ou au début du xvrrru.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r08

Sa

forme

est

celle

d'une

croix

grecque;

sur

le

bras transversal,

on

relève

cette

inscription

:

OCRUXAVES

PESUNICA

La

phrase

se rétablit

facilement

:

O

crux

aae

spes

unica

(je

te salue,

Ô

croix,

espérance unique).

Mais Fulcanelli

en

juge

autrement;

il

estime

que

l'inscription

de

cette

croix

prophétise

la frn

de

notre

civilisation,

selon

la

loi

des cycles. Et il

explique

:

«

La lettre

S qui

emprunte

la

forme

sinueuse du serpent,

correspond

au

hhi

(X)

de la langue

grecque

et

en

prend

la

signification

ésotérique.

C'est

la

trace

Hélicoïdale du soleil

parvenu au zénith

de

sa

courbe

à

tra-

vers

l'espace,

lors

de la

catastrophe cyclique.

C'est

une image

théorique

de la

bête

de

I'Apocalypsr,

du dragon qui vomit,

aux

jours

du.Jugement, le

feu

et le soufre

sur

la

création macrocosmique.

Grâce

à

la

valeur symbo-

lique

de

la lettre

S, déplacée

à dessein,

nous

comprenons que

I'inscrip-

tion doit

se

traduire en

langage secret,

c'est-à-dire

dans

la

langue

des

dieux

ou

celle

des

oiseaux,

et

qu'il

faut

en

découvrir le

sens

à

I'ai-de

des

règles

de

la

Diplomatique

r.

»>

Et

il

ajoute

:

«

Nous

lirons donc,

enfrançais,langue des

diplomates,

le

latin

tel

qu'il

est

écrit,

puis,

employant

les voyelles

permutantes,

nous obtiendrons

l'assonance

de mots nouveaux

composant

une

autre

phrase

dont

nous

rétablirons

I'orthogr:aphe

et I'ordrè

des

vocables,

âinsi

que

le sens

littéraire.

Ainsi,

nous recevons

ce

singulier

avertissement

:

Il

est

écrit

que

la

aie

se

réfuge

en

un

seul espace,

et

nous

apprenons

qu'il

existe une

contiée

la mort

n'atteindra

point

l'homme,

à

l'époque

terrible

du

double

cataclysme.

))

Sur la

face antérieure de la

croix,

on

remarque

l'inscription

INRI,

gravée

sur

son

bras transversal,

inscription qui

est

généralement

traduite

par

:

Iesus Nazarenus Rex

ludaeorum, mais dont la signifrcation

ésotérique secrète

est autre, si

l'on

voit

dans

la

croix,

l'hiéroglyphe

du creuset

:

Igne

Natura

Renoxatur Integra.

(La

Nature

entière

se

renouvelle par le feu.) «

Car c'est

à I'aide du feu

et

dans

le feu

même

que

notre

hémisphère

sera

bientôt

éprouvé

»,

ajoute

Fulcanelli.

Le

piédestal

On remarque

que chacun des

côtés

du

piédestal

porte

un

symbole

dif-

férent

:

l'un

le

soleil,

un

autre

la

lune,

le

troisième

côté

une

grande

étoile,

et

enfin

le

dernier

une figure géométrique formée d'un-cercle

divisé

en

quatre parties

par

deux

diamètres

perpendiculaires.

Chacun

de

ces

quatre

secteurs

porte la lettre

A.

Ce

sont

là, «

associés, les

emblèmes

majeurs de

la

rédemption

(croix)

et du

monde

(cercle).

r.

Fulcanelli

:

Mystàre

des

cathéùales,

p.

214

et

suiv.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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PYRÉNÉES-ATLANTIqUES

/

HATJTES

-PYRÉNÉES

«

A

l'époque

médiévale,

ces

quatre

phases

de

la

grande

période

cyclique,

dont

lântiquité

exprimait

la

rotation

continue

à

l'aide d'un

cercle

divisé

par

deux

diamètres

perpendiculaires,

sont

généralement

représentées

par

les

quatre

évangélistes

ou

par

leur lettre

symbolique

qui

était

l'alpha

grec,

et,

plus

souvent

encore,

par

les

quatre

animaux

évangéliques entou-

rant

le

Christ...

»

HAUTES-PYR

w

ARREAU

CHRISME DE

L'ÉGLISE

Aux

abords

des

Pyrénées, sur le chemin de

Compostelle,

les

manquent

pas

qui

présentent

des

Chrismes magnifiques.

Voici

ce

qu'écrit,

à

propos du Chrisme

de l'église d'Arreau,

Canseliet

:

«

L'étoile

du

miracle,

ou bien

encore

leÿu

de rolte, sont,

l'un

et

l'autre,

schématisés, par les

rayons

équidistants,

issus du

moyeu central,

dans

le

parfait

symbole

qui

fut pris

en

insigne

du

chemin de

Saint-Jacqzes, si

ce

n'est

désigné,

par

les

compagnons

bâtisseurs,

comme

le

pendule

à Salomon.

«

De

la

règle

de

lumière,

nous

connaissons

le

beau spécimen

d'Arreau,

miraculeusement

conservé

au tympan

de I'ancienne

basilique,

dédiée

à

saint

Exupère.

Ainsi,

distingue-t-on

très

bien

le

monogramme

reprodui-

sant le

surnom

grec

du

Fils : XPIETOE

(oint),

dont on

retrouve

les

deux

voyelles

et les

quatre consonnes;

le sigma n'étant pas répété. A

savoir

: le X,

le

P,

le

E

et

le

T

duquel

la barre horizontale forme I'I

et

souligne

la partie

supérieure

du

P

(rhô).

L'O, de son orbe

plus

grand

circonscrit le tout,

c'est-à-dire

le Roi du Monde...

»

«

On

devra

remarquer,

à la

périphérie

de

l'exergue chargé

d'hexa-

Brammes

encerclés,

et de

chaque

côté de l'étoile à

huit

branches,

les

sept

petits triangles dont quatre sont normalement

appuyés

sur leur

base,

tandis

que les trois

autres

se montrent renversés sur leur

sommet. A

la

gauche

de ces

derniers,

et

comme

eux

équilatéraux, deux

triangles

supplémentaires

cherchent

à

s'approcher

pour former

le

carré

et

réaliser

le

miracle,

réputé impossible,

de

l'inséparable

alliance entre le feu

et

I'eau1...

»

r.

E.

Canseliet

: Atlontis,

no

zz5,

p. r4.

églises

ne

le

maître

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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LUZ

Écrrsr

DEs TEMPLTERS

Au

tympan

de

l'église

des

Templiers,

«

Jésus

y

est exposé assis,

la

main

gauche

appuyée

sur

un liwe,

la

droite

levée

dans

le

geste

de

bénédiction,

et séparé

des

quatre

animaux

qui

lui

font

cortège

par

l'ellipse dite

Amande

mystique

r.

»

qui lui font habituellement

cortège

sont toujours

ordre

immuable,

«

ainsi

qu'on

peut le remarquer

Chartres

(portail

royal) et du Mans

(porche

occi-

HAUT.RHIN

Les

quatre

animaux

représentés dans

un

aux

cathédrales

de

dental)...

»

COLMAR

MUSÉE

La

vierge

à

la licorne

«

Au

musée

de Colmar, sur le

panneau

peint par Martin

Schôngauer,

peut-on

voir

la toute

jeune

fille,

future

mère

du Sauveur,

caressani de+a

dextre

à peine

fermée,

le long pal

en torsade de la licorne

farouche,

qu'elle

seule

peut

attirer,

apaisei et

retenir

2.

»

La licorne,

dont le

nom signifie la c lumière

naissante du mercure

»,

se

laisse

caresser

doucement

pai

la

Vierge assise.

<1

U_ne

peau

de

mouton

étalée

et

un

seau

à

anse, rempli

jusqu'au

bord

de

fruits

ronds,

figurent

clairement

le prix de

I'entrepriie,

âont la licorne

fabuleuse

marquè

l'étape

décisive3. »

r.

Fulcanelli

:

Mystàre

des

cathidrales:

p.

2t7.

r. E.

Canseliet :

Alchimie

,

p.

49.

3.

E.

Canseliet

:

Deux Lo§s

alchimiques,

p.

r4S.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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HAUT.RHIN

/

RHÔNE

Afin

que

nous n'ignorions

pas qu'il

s'agit bien de

la Toison d'Or et dqs

pommes

d'or du

Jardin

des Hespérides,

douzième

et

dernier travail

d'Hercule,

deux

banderoles,

en

lettres

gothiques,

complètent

ce

tableau;

on

peut

y lire

les

mots : <<

Vellus

Gedeonus, Toison

de

Gédéon », et

<<

Urna aurea,

vrne

d'or

».

RHÔNE

LYON

CATHEDRALE

SAINT-JEAN

La construction

de

la

cathédrale Saint-Jean

fut

commencée au xrtt siècle.

Sa

àçade, élevée seulement à la frn du xrv' siècle,

s'orne

de

z8o

petits

quadrilobes,

répartis

dans l'ébrasement de chacun de

ses

trois

portails.

Avec les petits bas-reliefs

qui

ornent

le

bas

des

rangées

verticales

et

les

décorations du sommet de ces

colonnes,

ce sont près

de

g5o

motifs qui

décorent

cette

façade.

Chacun

d'eux

représente

soit

une

allusion

à

un

récit

de

l'Ancien

ou

du

Nouveau Testament, soit

un

rébus

alchimique.

Au portail

central

A

dioite,

tout

près de la porte,

c'est

la

Création

du Monde : Dieu

créa

le

Ciel et

la Terre. Le soleil et

la

lune

sont

entourés

d'un

cercle

nébuleux.

Dans le

bas,

ce sont

des

plantes et

des

arbres

qui sont en formation, et,

seul animal existant

déjà,

un

serpent se

dresse,

Les Anciens ont comparé

le

mercure

commun des philosophes, le pre-

mier

corps

obtenu,

au chaos de

la

Création,

tout

est

en

puissance,

alors

que

rien

n'est encore créé.

Quant

au

serpent, c'est «

le

type du

Mercuie dans son

premier état »; mais il est aussi

le

symbole

ésoté-

rique de la

Révélation.

Puis, Adam

et Eve après le péché; Adam,

déjà

honteux de

sa

nudité

la

couwe de

feuilles de vigne. Classiquement,

le

pommier se trouve entre

eux; cependant,

ce

n'est

pas

le

serpent

grri se tient au bas

de

I'arbre,

mais un oiseau qui paraît être une

perdrix.

L'oiseau d'Hermès est

un

des

noms du

mercure philosophique. Et la

langue

des oiseaux est bien

la

langue en

usage au

Paradis Terrestre,

auquel

accèdent les

philosophes

qui

ont trouvé

la

Pierre.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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On

voit,

sur une

des rangées

verticales,

les

animaux entrant

dans I'Arche

de

Noé; tandis que

le

quadrilobe

juste

au-dessous présente

la

naissance

de

Jésus,

de

I'Enfant-Roi;

et sur

un autre

quadrilobe,

sa

Mère veille

sur

lui,

le très

précieux

:

c'est le travail

desJemmes.

On

remarque la «

création d'Ëve

».

Ève est

le

symbole du mercure, élé-

ment

passif

et

feminin

et le plus

important

dans

la

pratique

de

l'CEuvre.

Plus

loin

de la porte, sur

la

7'rangée

verticale,

c'est la tête de

saintJean

Baptiste

qu'on apporte sur

un

plat

au

banquet donné

par Hérode.

« Il faut

couper

la

tête

ilu

corbeau

»,

disent

les

écrits alchimiques

:

c'est

la

séparation

du pur

et de

l'impur.

Au-dessus,

un

sujet charmant : près

de

I'Enfant

endormi

dans son ber-

ceau et

qu'on

voit tout

emmailloté,

la

Vierge

file

sa

quenouille,

et

saint

Joseph

agite

un

chasse-mouches.

On

voit par là

combien I'Enfant

est

précieux;

il ne

faut

pas

le

quitter,

le

surveiller constamment

et

I'entourer

de

tendres

soins; comme

l'artiste

en

use avec l'CEuwe

alchimique dans son élaboration.

Sur la

dernière rangée

verticale,

deux

moines se

tiennent

devant une

porte

fermée :

la

matière

à

l'état

brut,

non

encore travaillée.

A

gauche, toujours

au

portail

central,

on

remarque que les quadrilobes

de

la

z'

rangée

horizontale

(en

partant

du

bas) sont plus

travaillés, plus

finement

sculptés

que

les

autres;

ils

semblent

avoir

été

cuwés par le

même

sculpteur

d'une habileté

particulière,

et

représentent

des

épisodes

de

l'histoire

biblique

de

Noé.

Sur

la dernière compositipn

de

cette

rangée

horizontale, on

voit

Noé au

milieu

de

ses

vignes.

lt

cané magique

Outre

I'art

consommé de I'artiste,

il

convient

de souligner

l'ésotérisme

de

la

vigne

qui

tient

une

place

si importante

dans les

É,critures;

le vin,

frls

de

la

vigne,

produit

le tartre

indispensable

au

travail

alchimique.

Ainsi,

sur

le

rc'pilier

en partant

de

la porte, un gracieux bas-relief pré-

sente des femmes

qui

vendangent.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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RHÔNE

Sur

ce

même

pilier, on

voit

deux adolescents

se battre

:

ce

sont les

deux

principes de même nature et

cependant

contraires, qui s'affrontent.

Ici, un athanor d'où

s'élèvent

des flammes.

§ur

la

5"

rangée

verticale, une Annonciation

: la

Vierge

tient

le

livre

ouaert dans

lequel

un

Ange

lui

désigne

un

passage.

On

sait

que le

liare

ouaert est

l'emblème

de

la matière

première

fecondée

et

travaillée

en

vue

de

la préparation

du

Grand

G,uwe.

'*"1";;Î::'î::,:î'Ë',);;i::î::oo

Portail

de gauche

A

gauche,

en partant

de

la

porte

:

Un homme

est

monté sur un

lion qu'il

semble

dompter,

il lui

rrret la

main

dans

la

gueule.

Le

lion

est

le symbole

du soufre. On trouve,

dans

les

«

Figures

Hiérogly-

phiques » de Nicolas Flamel, la réplique de

cette

frgure

: il

s'agit du

lion

rouge,

dont il

faut

extraire un élément,

le

tirer de l'intérieur vers

l'extérieur.

Au-dessus,

une tête

de

lion stylisée, presque

humaine,

tire

la

langue.

Or,

un

langage spécial,

qu'on

appelle

langue uniuerselle

ou

langue

des

oiseaux,

donne aux

initiés la

clé

d'une

double

science

:

la

cabale hermétique.

Sur

la

rangée suivante,

un homme lutte contre un

sanglier.

Pour

qu'il

n'y

ait aucun doute sur

le

sujet représenté, il

y

a

des

feuilles

de

chêne

au-dessus de l'animal, tandis

qu'au-dessus

de

l'homme, il

y a

des

branches d'olivier.

La massue d'Hercule

était

faite

d'oliaier

sauaage;

c'est

donc

le

troisième

des

Travaux

d'Hercule

que présente le

quadrilobe

:

il prit vivant

le

san-

glier d'Érymanthe. Il fatit

même

que

le sujet

minéral

soit aiaant,

sinon

il

serait

nécessaire

dele

réincruder.'

Au-dessus,

un homme qui porte un

capuchon,

un

moine sans doute,

a

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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114

des

ailes,

et

le reste

du

corps est

celui

d'un

lézard

:

les

deux

principes,

volatil

et

fixe,

sont dirigés

par

l'esprit.

Au-dessus

encore,

une

forge.

Sujet

compagnonnique, mais aussi

,ra-

aail

duÿu.

Là,

un

oiseau

de mer, une

mouette,

tient

un

petit

poisson

dans

son

bec.

C'est

le

poisson

qui

nage

dans

la mer philosophique

et

qui

est

pêché

par

l'oiseau

d'Hermès. Ce sont, dans les diverses

opérations

alchimiques,

ce

qu'on

appelle

les sublimations

ou

aigles.

A

côté,

un

cavalier se

bat

contre

un

dragon.

C'est

«

le

combat

que

le

chevalier ot

soufre secret

livte

au

soufre

arsenical

du

vieux

dragonl

>'t.

Là,

une

femme se

proâle

derrière

la

tête

d'un

fou,

symbole

du

mer-

cure.

Puis,

un

animal

fabuleux

dont le

corps ailé

se

termine

par

une

queue

de

lézard.

C'est

l'union

des

deux

natures, la combinaison

qui

doit

procurer

le

dissolvant

secret.

Plus

loin,

la

6e

rangée

verticale,

c'est

un homme

sur un

cheval

: il

a

enfourché

la cabale, et

pour

ne laisser

aucun

doute

sur

le

sens ésotérique

du

sujet, les

coins du

quadrilobe

sont

ornés de feuilles

de chêne,

symbôle

du

minéral noir

et

brut du

début de

l'ceuwe.

Et

juste

au-dessus,

une

tête de

cheval;

de sa

bouche s'échappent des

feuilles

de

chênes garnies de glands.

C'est

encore

la

caaale,la cabale

(le

v

étant

souvent

prononcé

comme

un

b,

comme

un

Espagne);

elle nous

indique

que

le

mot

chêne

doit

être

compris

dans

un

sens

difiérent.

Chuinté,

ce

mot

correspond

au

grec

Khén,

et

désigne l'oie

:

la

loi; et

en

vieux français

oiT

signifie entendre,

comprendre.

Plus

haut,

une

femme,

dont le

corps

forme

une

magnifique queue de

coq,

qui

se

tient

sur

des

pattes de

lion.

Le

coq est

un

des symboles

du

mercure, et

le

lion

représente

le

soufre,

A

droite,

toujours

au

portail de

gauche

:

Près

de

la

porte,

des

feuilles

d'acanthe

formant

une

magnifique

spirale

sont

envahies d'escargots

dont

les

cornes

sont

très apparentes.

L'escargot

représente la

lenteur.

Et

qu'y

a-t-il

de plus lent que

le travail

de l'alchimiste?

Tout au moins la

voie

humide, que semblerait indiquer

la

présence des

limaçons.

Ajoutons

qu'en

Orient,

«

I'escargot est I'emblème de celui

qui

possède

la

Connaissance... Il se feconde lui-même;

ses

cornes

sont

le

symbole

de

son

pouvoir...2

»

r.

Fulcanelli

: Demeures

philosophales,

t. I, p. 192.

r. Lucien

Carny

:

Atlantis,

no

zz1,

p.

356.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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RHôNE

Tout

à

fait

dans

le

bas de la rangée, les

deux petits

bas-reliefs

carrés

montrent

des

chimàres.

C'est

là un

hiéroglyphe mercuriel.

Puis,

sur

la

z'rangée

verticale,

un sujet

très

amusant

:

un

homme

porte

une

cape

courte

et

un

bonnet de philosophe, mais son

corps

est

celui

d'un poisson,

telle une

sirène.

C'est

le

sujet mercuriel que

le Philosophe

juge,

à bon

droit, rrès

pré-

creux.

Au-dessus

de cette

composition,

c'est

encore

un homme

vêtu

d'une

cape,

mais

cette

fois

son

corps

est celui

d'un

cheval.

Le cheval : la

cabale.

Et

ce

centaure

est

drapé

dans son

manteau

de

phi-

losophe

pour

bien

montrer

à

quel point

cette cabale

lui

est

nétes-

sarre.

Plus

loin,

c'est

un

oiseau

de

proie

dont

les

serres

s'enfoncent

dans

le

corps

d'un

lapin, tandis

qu'il lui

dévore le

crâne.

Ce

bas-relief

est

«

une

variante

de l'allégorie

classique dr

combat

des

deux

natures...3

tt

Au-dessus,

deux

jeunes

gens

se

battent

et

essaient de

s'arracher

quelque

chose

:

un

vêtement ou un

tissu.

Autre variante de

ce combat

que

se

livrent

toujours

les

deux

natures,

de même

espèce

et contraires.

Portail de

droite

A

droite,

en

partant

de

la porte

:

Un

cavalier

qui porte

une

cotte

de mailles,

terrasse un

dragon et lui

enfonce son

épée

dans

la

gueule.

C'est

ici la

première opération

de

l'CEuwe,

la

lance

ou

l'épée

sont

néces-

saires

car Ie

dragon

doit

être tué. A cette

condition seulement le labeur

pourra être

commencé. La cotte de

mailles

ou

le

bouclier sont, l'un

ou

l'autre,

nécessaires.

Au-dessus,

deux

visages

se

regardent

:

celui

d'un

homme

et

celui d'une

femme;

ils

sont entourés de

feuilles.

Ce

sont

les

deux principes

de

nature

et de tendances

contraires,

mais

qui

sont ici

apaisés,

ne

s'affrontent

nullement,

mais semblent

se complé-

ter.

Unefemme,arméed'un

bouclier, tient

la

Tarasque

en

laisse.

Sainte

Marthe, dont le

nom

vient

de Mars

(mars,

marris)

a

donc

apaisé

le monstre

dont

le

vocable,

en

grec,

signifie

trouble, agitation.

L'opéra-

tion alchimique

est

donc

ici

parfaitement évoquée.

Un

homme

se bat contre

un

lion ou un

dragon, le bas-relief

n'est

pas

très distinct.

Il

porte un

glaive à

la main

et

s'apprête

à

décapiter

l'ani-

3.

E. Canseliet:

Deux Logis alchimiquas

(éd.

Schemit)

p.

rrr.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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1r6

mal.

Autour, des feuilles

de

vigne

indiquent la

signification

ésotérique

du sujet.

La

tête

doit

être coupée

:

c'est

la

séparation

du pur

et

de

l'impur,

de

la

lumière

et des ténèbres.

Au-dessus,

on

remarque une

composition

très

décorative

:

«

Ce

carré

magique,

écrit M. Michalon,

quatre lapins

allongés

sur

chacun

des

côtés,

une oreille dressée, I'autre

couchée

le

long

de

l'échine, n'ont

en

tout

que

quatre oreilles, alors

qu'ils

en

ont bien

deux

chacun

a

»

Le

lapin, ou lièwe,

à

la

course

rapide est un

symbole

mercuriel,

mais

à

l'état

brut.

Au-dessus,

une fleur d'où partent quatre feuilles

se plaçant dans les

angles du quadrilobe :

c'est

la

rose

philosophale.

Deux

adolescents

se

battent à

coups

de

pied

et

à coups

de

poing.

Une

femme

accroupie

près

d'eux

les regarde et

leur

tend une

pierre.

C'est

le

même

sujet

qui

se

retrouve

encore

: les

deux principes

de

nature

et de

tendances

contraires

s'affrontent pour obtenir

la

pierre.

Plus

bas,

un ours

et

un

singe

,o.rt to,i, deux

enchainàs.

«

L'ourse

est donc la aierge minérale, le mercure des

sages,

réel

artisan du

Grand

CEuwe,

grâce

auquel

l'alchimiste

suiwa

aveuglément

la

Nature

et,

positivement

attaché à

sa

création,

l'imitera,

tel

un

singe,

dans

ses

acti-

vités

5.

»

A la

rangée

suivante,

une femme

est accroupie,

ou

assise,

sur un

siège

très bas;

elle

tient ses

mains

à

la

taille,

et

ses

coudes se trouvent

levés

plus

haut que

sa

tête.

On

peut imaginer

qu'elle

satisfait

un

besoin

naturel.

Or,

il

ne

faut pas

oublier

que

l'urine

est

le

«

vocable

par lequel les

Anciens désignent

par-

fois leur

mercure

6

».

Au-dessus,

un

animal

fabuleux,

ailé, avec une queue de

reptile,

se

dresse

contre un homme qui

brandit

une

arme.

C'est

le même

sujet que nous avons vu déjà

plusieurs fois.

Plus

haut,

un singe lit

dans

un

liare

ouaert.

On sait que

les

alchimistes

se sont

eux-mêmes comparés

au

singe,

en

ceci qu'i/s imitent

la

Nature,

Le

livre

ouvert, c'est

la matière

première qui

a été travaillée.

A la

4"

rangée

verticale, un quadrilobe

présente

une tête d'homme,

chevelue

et barbue;

des

branches

de

vigne

garnies de

feuilles

et de raisin

s'échappent

de sa bouche

et se

placent,

décorativement,

dans

les

coins

de

la

composition.

Au-dessus,

c'est un lion

avec

une magnifique

crinière,

mais

avec

des

pattes

d'aigle.

4.

Antoine Michalon :

La catlwdrale de L1on,

(éd.

SAEP, Colmar).

5.

E.

Canseliet

:

Deux

Logis alchimiques,

p.

ro3.

6. Ibid,

p.

rro.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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RHÔNE

lion, hiéroglyphe

du soufre,

a

des pattes

d'aigle qui

lui

ajoutent

une

volatile

:

c'est donc Ià

le fixe

et le

volatil

unis dans un

même

centaure, avec la

tête

d'un

moine

et

son

capuchon.

Ses

pattes

de

sont

en

réalité

des

mains, de

l'une

d'elles

il

brandit

un

ser-

serpent, symbole

mercuriel et

indispensable

au

Grand CEuwe,

est

indiqué

par la

cabale

hermétique.

haut, un chevalier,

reconnaissable

à

son

chapeau à plumes, embroche

très simplement vêtu

:

la fixation.

la rangée proche,

au-dessus d'un

quadrilobe

que

remplit un

aigle,

femme

est

assise

sur un animal au

long

cou

surmonté

par

une

tête

petite.

Elle

tient d'une main un

glaive,

et

de

I'autre une

roue.

sait que

le

glaive

doit

trancher la

tête

du

dragon, c'est-à-dire

sépa-

le

pur

de

I'impur.

Quant

àla

roue, elle

est

le symbole du

temps

que

doit

passer

à entretenir

le

feu

égal et constant,

nécessité

par

coction.

un évêque

donne

le fouet

à

un

animal

bizarre

et

plutôt

Dans

le

coin, à gauche,

un

Ange

regarde.

deux

chimères se

font face.

Encore un symbole

mer-

la

6€

rangée

verticale

: ici,

un pélican s'ouvre

le

ventre

ses

trois

petits

qu'on

voit

distinctement

dans

leur

tout

ce

qu'il peut de

lui-même,

et

il

en

meurt;

c'est la

opératoire du

Grand

CEuwe qu'on

appelle

les

sublimüiorlr,

et

que

dénommait les

aigles,

deux personnages

devisent

en se

promenant

parmi

des

vigne est une plante dont la signification

ésotérique

est

évidente :

La

Pierre, selon Hermès,

est

la vigne

des Sages

»,

ainsi que

l'écrivit

de Saint-Didier.

en bas de

cette

rangée, les

deux petits

bas-reliefs

carrés présentent,

gauche,

un lapin

dont

le

corps est terminé en spirale comme

un

escar-

de

la

lenteur

du

labeur alchimique, tandis que le lapin

-

ou

-

est généralement

assimilé à

la

matière

brute

du

Grand

petit bas-relief

de

droite

montre un lézard;

ainsi

que tout

reptile,

est

le type

de Mercure

en

son

premier

état.

haut,

c'est

la

lutte

de deux

personnages : une femme,

dont la

jupe

relevée, oppose

un bouclier

à

un

homme

armé.

sous une

forme

difiérente,

la

lutte

des

deux principes contraires.

à ce

même

portail de droite

:

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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1r8

Un centaure tient

sa

queue

de cheval, et brandit quelque chose qu'on dis-

tingue mal, mais

qui pourrait

être une

massue.

«

Or, nul, mieux ni

plus savamment que l'homme-cheval,

-l'homme

cabale,

-

ne

saurait « manipuler » la massue qu'Hercule, suivant la

tra-

dition

mythologique,

consacra

au dieu

Mercure

7.

»

Deux

chevaliers

luttent...

Sainte Marthe

terrasse

le

dragon

qu'elle essaie nettement d'ama-

douer.

Jacques

de Voragine, dans

sa ligende dorée, écrit

que

Marthe

«

affronta

le monstre

et, I'aspergeant

d'eau bénite,

lui

présenta la croix.

Le

dragon

devintalors doux

comme un agneau et

se laissa

attacher...8

».

Un garçon nu,

et dont

le

sexe est

apparent,

brandit une arquebuse

qu'il

dirige vers un

animal

fabuleux,

qui n'est, d'ailleurs, pas tellement

menaçant.

Quelle

que

soit

l'arme

employée,

glaive,

lance ou flèche, le dragon doit

être percé

et

tué.

Une tête sur

laquelle

sont

appliquées des

feuilles

qui s'étalent sur

les

bords

du quadrilobe.

Ce masque indique

qu'un secret

est caché,

dissimulé

dans

la Nature;

cependant,

la bouche

entrouverte donne à penser que

ce

secret pourra

être révélé

à certains initiés,

à ceux quien

sont

dignes.

Au-dessus, une

scène de métier, de

compagnonnage :

un personnage

coupe du

bois avec une hache,

tandis

qu'un

autre semble

lui

donner

des conseils.

Plus

haut,

deux moines lisent

w liare ouaert.

Un

quadrilobe

présente un

athanor au-dessus duquel s'élève

la tête

cou-

ronnée

d'un roi.

C'est « le Roi

couronné de gloire qui prend naissance dans Ie feu »;

c'est

le

«

Sel des Philosophes ».

Au-dessus,

un homme

lutte

contre un

oiseau

étrange.

Un

homme

est étendu à terre,

et un

personnage

s'apprête à

le

transper-

cer d'un

pieu

: c'estlaf.xation.

Nous sommes

à la

4e

rangée

en partant de

la

porte : sur

le quadrilobe

du

bas,

un

adolescent

a

enfourché

un

bélier

qui

court

très

vite,

ainsi

qu'on

le devine

au manteau

du

jeune

homme qui flotte au vent de la

course,

Il faut

voir là la

légende

de Phrixos

s'enfuyant en

Colchide

sur

le

bélier

à la Toison

d'or,

et

I'on

songe

aux paroles dela Table d'Émeraude.'«

Le

vent l'a porté

dans

son ventre. »

Un aigle qui

a

une

queue de serpent,

enlève un adolescent.

E.

Canseliet :

Deux l.ogis alchimiques,

p.

r37

Id.,

Alchimie.

p.

r53.

.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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RHÔNE

L'aigle

représente les deux principes

:

le fixe

et

le

volatil. Mais

c'est

aussi

l'enlèvement de Ganymède

par

Jupiter

qui,

à cause de sa

grande

beauté, en fit l'échanson des dieux.

Au-dessus, deux

personnages,

assis de chaque côté

d'une

table,

jouent

aux

dés.

Le dé à

jouer

est

un petit

cube

: c'est la figure de

la pierre

cubique et

taillée,

la

pierre philosophale.

Tout en

haut,

une petite tête de mammifère apparaît

au

milieu de

feuil-

lages.

Un

serpent

rampe

vers

elle.

C'est

le

Mercure

qu'il faut

extraire

de

la

masse végétative,

et

le serpent

va

s'en charger.

La

5e

rangée : un quadrilobe présente une sirène

qui

tient

une cithare

un peu éloignée

d'elle. Au-dessous de l'instrument de

musique, s'épa-

noult

une rose.

Or,l'

Art

de musique

est

l'ultime

phase de

I'CEuvre,

etla

rlse

est

le

symbole

de

la

Pierre

philosophale.

Le

labeur alchimique

a

donc

été

mené à

bien

et a obtenu sa

récompense.

La rangée

suivante

montre une composition que

nous

croyons

unique

dans la symbolique

:

une sirène

joue

de

la viole, alors que, près d'elle,

une autre sirène

tient

dans ses

bras un

bébé-sirène

qui lui presse le

sein.

C'est

le

commencement

et

la derniêre phase de I'CEuwe

alchimique

:

l'enfant

cherche

à

extraire

le

Lait

de aierge, cher à

Philalèthe

: le

Mer-

cure,

tandis

que

l'autre

sirène se réfère à

I'Art

de musique.

CHAPELLE

DES

BOURBONS

A l'intérieur de

la

cathédrale,

la

chapelle

des Bourbons retient parti-

culièrement l'attention des amateurs

de spagyrie. A

droite,

en

entrant,

une magnifique galerie de chardons,

ajourée et légère,

attire

dès

I'abord

le regard.

On

lit les lettres

de

MARIE formées par

I'entrelacement

des

branches.

Le chardon, que

les

alchimistes assimilent à

la

chàtaigne encore enve-

loppée de

sa

gangue, est, à cause

de ses

aspérités

épineuses, une

figura-

tion

de

la

pierre philosophale

lorsqu'on

a choisi

la

voie

sèche,

Ia voie

la

plus

rapide.

Au-dessous de cette galerie, une

porte

en anse

de panier

offre

un fron-

ton décoré de

choux

frisés

et

d'escargots.

La

porte

de

la

sacristie, en anse

de panier également, et dont le fronton

a

été complètement cassé durant

les

guerres de religion,

est

surmontée

d'une guirlande de chardons, dans

laquelle

on voit

apparaître

une

main

:

le

symbole compagnonnique.

Sur

la galerie, on

remarque

deux

cerJs ailés

qui

ne s'affrontent

pas, mais

courent I'un

après

l'autre.

Un

phylactère sur lequel on lit le mot «

espé-

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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rance »

entoure un

cerf

et

indique

le

double sens du

bas-relief,

ainsi que

du mot

upérarue.

On

sait

que

le

cerf ailé,

le

«

cerf

volant

»,

est

le

symbole

du Mercure.

A

gauche,

en entrant

dans

la

chapelle, une

moulure étroite,

tout

en

hauteur,

présente

une

frise

de feuilles

et

de

grappes de vigne. Parmi

les

feuilles

on

voit

une

main tenant

une

épée

qui

ràppelle

què

pour

réussir

I'CEuwe

alchimique,

il

faut

d'abord

trancher,

ouvrir.

Et

la

devise

des

Bourbons, inscrite

sur un phylactêre

: «

Ni

espoir,

ni

peur

»,

peut

être

comprise

dans

son

sens

alchimique.

NE.ET-LOIRE

PARAY.LE.MONIAL

LA

BASILIQUE

Nous ne

voulons

pas nous

attarder

sur la

magnifique

basilique

romane,

construite par

les mêmes

moines architectes, bénédictins,

qui

édifièrent

Cluny :

les guides détaillés ne

manquent

pas.

Cependant,

quelques

chapiteaux

présentent un

certain intérêt

hermé-

tlque

:

Au

porche,

des

lions

dévorent

des

serpents;

ce

sont

les

deux

principes

alchimiques

:

le

lion,

dans la

symbolique

alchimique,

représente le

soleil

et

le

soufre,

le

serpent : le

mercure.

Al'absidiole

sud,

on

peut

voir

une

sirène

bicaudée;

tandis

que sur

un

autre chapiteau,

des oiseaux

qui

s'opposent,

se

retournent pour

s'abreu-

ver

au

même GraàI.

Sur

un

chapiteau

du

déambulatoire,

des

lions,

debout, s'affrontent

de toutes leurs pattes.

Quant

au

portail nord, d'inspiration

orientale,

il est

entouré de soixante

roses

(philosophales

?).

L'HÔTEL

DE VILLE

Paray-le-Monial

possède

une

véritable

demeure

alchimique qui

est

devenue,

depuis

r858,

l'hôtel

de

ville.

Cette

maison

n'appartint

pas

à un

noble, mais

fut

construite,

dit-on,

par

PierreJayet,

fabricant

de

tissus,

entre

r5?5

et r5e8.

Mais

cette date

est très

controversée,

et

certains

pensent

et

écrivent que cet

hôtel fut

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SAÔNE-ET.LOIRE

construit

en

145o,

et

acheté

par

le marchand

huguenot, durant

les

guerres

de

religion

en

152S, et il attendit

que

les

transformations

soient

terminées

pour

en

prendre

possession

en

r5z8

r.

Quoi

quil

en

soit, cette

demeure date

de

la

fin du

xrr'siècle

ou du début

du

xvrl

et n'en

restê pas

moins une

des

plus

belles

maisons que nous

a

léguées

la

Renaissancè,

et

elle compte

parmi les

demeures

philosophales

les

plus

parlantes.

L'intérieur est

à

peu près vide

des

sculptures

qui

devaient

exister

à

l'ori-

gine. En outre,

les

appartements

de

I'hôtel

de ville

étant

habités,

il

est

Impossible de

les

vôir, et

nous devons

nous

contenter

d'étudier

la

façade.

La

façade

Ce

qui

frappe,

à

première vue,

sur

cette

façade,

c'est

l'abondance

de

mérelles

ou

coquilles

Saint-Jacques

qui y

sont

sculptées.

Devons-nous y

voir

l'indicatiôn

que le premier

propriétaire a fait

le pèlerinage de

Compostelle?

Ou bien,

coquille

-

qui

est

l'hiéroglyphe

du

mercure

philosophal

-

est-elle

mise

en

honneur comme

principe

du

Grand

CEuvreP

De

nombreux

petits personnages alternent

avec

les

mérelles.

On a pensé

qu'ils

«

représentaient

des

Compagnons,

compte

tenu de

leurs

couleurs

portées

en

sautoir

»,

mais ils sont

nus,

ce qui

oblige à

rejeter cette

idée

2.

Ce

pourrait

être

des

chérubins

dont

Ia

Renaissance fut

prodigue dans son

architecture,

et

qui

n'étaient

que

pour

présenter

des

attributs.

Mais

ces

chérubinr

ont

le

corps

assez

grossièrement

sculpté, ce

qui

n'est_géné-

ralement pas

le

cas

: lés

épaulei

sont

très larges,

les

jambes

sontfortes;

ils sont

loin

d'être

gracieux.

Aussi,

un

auteur,

Jean

Lépine-Authelain,

a-t-il

déduit

que ce

sont

des

«

Gnomes

ou

Esprits des Montagnes, gar-

dant le Feu

sacré

et

les

biens enfouis

dans le sein de

la Terre

3

».

Juste

au-dessus

de

la

porte

d'entrée,

on voit une magnifique

coquille qui

iurmonte

un

bas-relief

qui

pose une énigme

alchimique

:

il

présente

un

petit

personnage

féminin

à

la

poitrine

bien marquée,

et

dont

le

visage est

ènca«Iré de

deux

palmes;

ses dèux

bras minces,

levés,

semblent

supporter

la coquille;

ses

jambes

se

terminent en

deux

rinceaux

qui,

eux-mêmes,

forment à chaque extrémité

du

bas-relief

un

curieux

personnage; à

gauche,

on

aper(oit

une

sorte d'oiseau

à

tête

humaine,

tandis

qu'à droite

ôn distingue-mal

un

personnage

enfoui

dans

une sorte de capuchon,

et

qui

semble

porter

quèlque

chose

tout

en

marchant;

s'agit-il

d'une

Mère

folle

ott

marotte

(hiéroglyphe

du Mercure)?

r.

C'est

la version

que

proposeJacques

d'Arès dansl.

Atlantis,

no

r48,

p. 25.

z.

lacques

d'Arès

:

Atlantis. no

248.

s.

j."ri

Lépine-Authelain

i rarayà

bauns les dgas.

(Ouvrage

épuisé

et

introuvable,

cité

par

J.

d'Arès

dans

Atlantis. no

e48.)

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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A

gauche

de

ce

motif,

dans I'encadrement

d'une

fausse fenêtre,

on voit

deux

personnages

qui

semblent

accueillir

les

visiteurs;

ils

figurent,

dit-

on,

Messire

Lambert,

comte

de

Châlon,

et

son épouse

Adélaïde.

De

sa

main

gauche,

le seigneur semble

indiquer

quelque

chose

sur son épaule

droite,

ce

qui

a

peut-être une

signification

maçonnique

ou

compagnon-

nique;

son

épouse

présente

une fleur

qu'elle

tient

à

la

main.

Sur I'écu

d'un

Gnome

qui se

tient

à l'extrémité

gauche

de la

frise,

on dis-

tingue

nettement

le

signe

gravé

sur

l'écu.

Entre

le premier

et

le

second étage,

au

centre,

on peut

voir

une

figure

énigmatique

:

au

milieu

d'une

couronne quadripartite,

c'est

une

tête et

un

buste de

femme qui tient

une

fleur

à

la

main. S'agit-il

de

I'alchimie,

ainsi que

le

suggère

Jacques

d'Arèsa? C'est fort possible, car

juste

au-dessus,

est

sculpté

un

Graal où

s'abreuvent

deux

oiseaux.

Sur

la

même

frise

que

ce

sujet,

et à

droite, on

voit

une

tête

à

trois

faces,

encadrée de

deux

animaux;

ils

sont

un

peu détériorés

par

les

intempé-

ries,

mais

on

distingue

un

lion

à

gauche et

un

animal

ailé

à droite

:

les

deux principes

de

l'CEuvre.

Plus

à

droite,

un fin

visage

feminin,

encadré

d'ailes,

représente

Mer-

cure.

Toujours

sur

cette

même frise,

en

continuant

de regarder vers la

droite,

on

trouve

une tête

d'homme

aux

traits

accusés,

dont

la

coiffure

-

ou

le

casque

-

est

curieusement

formé

d'une

tête de

dauphin,

mais possédant

des

oreilles

de

bélier

5.

Cette coiffure

se

termine, sur

la

nuque,

par

un

corps

de

dauphin

de

proportions

très

réduites,

qui

suit la

forme

de

la nuque.

Au

second étage,

à

droite

de

la

fenêtre

centrale,

un homme tient un

aigle. Peut-être

est-ce

Ganymède enlevé

par un

aigle

?

Quoi

qu'il en

soit,

les

plumes

sont

I'emblème

de

la

volatilité,

et

dani

la

symbolique

alchimique,

les

aigles

représentent les sublimations

réitérées,

jusqu'à

sept

fôis

selon

certains

auteurs.

La

porte

d'entrée

Les

sculptures de

la

porte

d'entrée en

bois méritent

également

d'être

examinées,

car

«

la

porte

nous

révèle

d'emblée

les

moyens

et les

buts du

Grand

CEuwe

».

Le

troisième

panneau surtout

est

significatif; il nous montre

Ie

cceur

au-dessus

du

feu,

et

semblant

émerger

d'ailes

: c'est

bien

le

soufre issu

du Mercure

philosophal,

grâce au

feu

de

l'Athanor.

AvecJacques

d'Arès,_«

on remarquera,.en outre, qu'en

dehors

du troi-

sième

panneau

représentant le

cceur,

les

trois

autres

motifs

ont

pour

4.

Jacques

d'Arès

:

Atlantis, no

146.

S.

Cette tête casquée rappelle

celle

du

Palais Lallemant

à

Bourges. Mais

on

remarque

que

celle de Bourges

se

termine

en

spirale, comme

un

colimaçon.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SAÔNE-ET-LOIRE

/

§ARTHE

support un élément, non point

décoratif,

mais symbolique

en

forme de

cceur6

».

SARTHE

LE MANS

CATHÉDRALE SAINT-JULIEN

La cathédrale

s'élève

au

point

le

plus élevé de la colline, là

où se

trou-

vait

certainement

le

haut

lieu

préhistorique; la

preuve

en est qu'un

menhir

est

accoté

à I'angle sud-ouest.

Or,

les

menhirs,

comme

les

dol-

mens, étaient

toujours placés

à

I'endroit

où les

courants telluriques sont

les plus forts.

Malgré

les intempéries

subies au

cours des millénaires,

ce

menhir

de

grès rose montre encore nettement

la

trace d'une draperie sculptée

et

formant

de gracieuses ondulations,

comme un vêtement

antique. Il

semble

bien que

cette

sculpture

ait

été faite

de

main d'homme

et ne

soit

pas

I'æuwe

de

la

nature.

Ce

menhir anthropomorphe avait-il

une tête?

Ce

n'est pas sûr.

Car,

dans la

très

lointaine Antiquité,

il

y eut

des dieux qui,

tels

les

dieux-

termes

romains, ne portaient pas de tête

-

ou

alors,

elle

était très peu

distincte du

corps,

comme à Filitosa

(en

Corse).

Mais ici la

sculpture du

vêtement se révèle

très supérieure.

Si

ce

menhir n'a rien d'alchimique

-

et nous nous

excusons

d'en

avoir

parlé

aussi

longuement

-

un dolmen se dressait devant le porche

nord

de

la

cathédrale

jusqu'en

r

7 7

8. On

l'appelaitla

pierre

au lait.

Et «

la pierre,

comme

l'enfant,

doit

être

nourrié

de

lait

virginal

»,

selon

Michel Maïer; et saint

Bernard

professait

qu'il

fallait

«

tirer

le

lait de la

pierre

».

Au

grand Portail, sur le

côté sud

de la cathédrale, le

Christ en gloire

est

entouré

des

quatre symboles évangéliques. Les

chapiteaux sont décorés

d'oiseaux-serpents.

Au-dessus, sur

le

mur,

sous une

ancienne

ouverture

romane,

un

bas-

6.

Jacques

d'Arès

:

Atlantis,

no

r4E,

p.

27.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r24

relief

présente Hercule terrassant

le lion

de Némée

dont

la

queue

est

terminée

en

queue

de poisson,

ce

qui

indique les deux

principes

-

igné

et

aqueux

-

nécessaires

à l'CEuwe.

Le héros

met

sa

main

dans

la

gueule de

l'animal.

On

trouve dans

les

Figures Hiéroglyphiques

de Nicolas Flamel, la réplique

de cette

figure

:

il

s'agit du

lion rouge,

dont

il

faut

extraire

un

élément,

le tirer

l'inté-

rieur

vers l'extérieur.

A l'intérieur

de

la

cathédrale,

sur

le mur

du

côté

nord,

en

face

de la

5e

travée,

en entrant

par la

porte ouest, on

voit,

à hauteur

des

yeux, une

tête d'homme

qui.montre

de

l'index

sa bouche fermée : c'est le silence

que

doit

garder

l'alchimiste

sur

ses

travaux.

LE

VIEUX

MANS

se

groupait

autour

de

la

cathédrale, principalement

du

côté

sud.

En

tout

cas,

c'est

que

se

trouvent

aujourd'hui

la

plupart

des maisons

qui sont

parvenues

jusqu'à

nous,

et

dont

quelquès-unes

étaient

habitées

par

des

alchimistes.

I,a

maison

du grabatoire,

qu'on

peut

voir

en

face du

portail

occidental

de la

cathédrale, ancienne maison

du

Gouverneur

du

Maine,

devenue

hôpital

des

chanoines

infirmes

(d'où

son

nom).

« Ici,

fe

symbolisme

est surtout

représenté

par

des

macles énormes

au-dessus de

la

porte principale, dans la

cour,

plus petites dans les enca-

drements

des

fenêtres

elles

s'agrémentent

d'uné

étoile

1.

»

r..es

macles,

qui

sont

le plus

souvent remplacées

par

des châtaignes

ou

des glands

de chêne,

sont

le

symbole

d'une petite

masse,

plus

ou moins

revêtue

d'une gangue rugueuse,

résultat d'une

opération alchimique.

Au-dessus

de

la porte

d'entrée de

la

maison,

on

aperçoit

un

écu sur

lequel.se

trouvent

cinq fleurs de lys

alternant avec trois

clés

:

la

clé

qui

ouvre

la porte

secrète,

c'est-à-dire

qu'elle «

relie, en une

étroite

parenté,

les opérations

manuelles aux efforts de l'esprit

2

».

La maison

du

pèlerin, se trouve

juste

à

droite

de la

maison

du

Graba-

toire,

au

numéio

3

de

la

place. Àu-dessus de

la porte,

une

fleur

de

lys

très

stylisée.

De chaque

côté

de la fenêtre, des

fruits

et

des

fleurs

repré-

sentent

I'abondance que procure

la

Pierre. Sur le faîte,

au-dessus

de la

fenêtre,

deux

lions

se tiennent de

chaque

côté,

et sous

le

toit,

juste

sur

le

pignon,

il

semble

qu'on

voie

un

croissant

de

lune.

\e

Souÿe est symbolisé

par

les lions, alors

que

la

lune

est

l'hiéroglyphe

du

Mercure .

r.

Fernand

Gueriff

: «

Le vieux Mans et ses maisons

alchimiques »; article

auquel

nous

empruntons

quelques

détails

(in

Atlantis,

no

196.)

r.

E.

Canseliet

:

Alchimie,

p.

22?.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SARTHE

En

tournant

le coin,

au-dessus

de

la

fenêtre,

un

soleil

resplendissant,

dont

la

barbe

est

faite

d'une

feuille

de

aigne,

a

la

bouche

très ouverte,

béante.

Il

appuie son menton

à

l'intersection

de deux

cornes

d'abon-

dance très minces, mais qui

laissent

cependant

voir

des

fruits

à

leur

extrémité;

deux

grappes

de

raisin

s'en

détachent ostensiblement

et

pendent

de chaque côté

d'une

frise de

coquilles

Saint-Jaques,

juste

au-dessus de

la

fenêtre.

La feuille de

vigne

et

les grappes

de raisin symbolisent le

vin

dont

le

tartre est indispensable au labeur alchimique, les coquilles

Saint-

Jacques

: le

Mercure.

Maison

de

la

tourelle

Sur

la

tourelle

même,

sous

la

fenêtre,

un

bas-relief

présente

la

lune

en

croissant,

entourée de

neuf

étoiles

;

le mercure

et les

neuf métaux.

Tout

en

haut,

une

tête

d'angelotiurmonte

une

croix

avec

une

double

branche

horizontale,

la

plus longue

se

trouvant

dans

le haut.

Elle

est entourée

de liens

et

surrnontée d'un phylactère, ce qui indique

le

sens

caché

du

motif.

A gauche, au-dessus

de

la fenêtre du rez-de-chaussée, un

bas-relief

présente deux chimères qui viennent

de

se désaltérer;

des

rinceaux

trempent

dans

le

vase,

ils

donnent

naissance

à trois fleurs

:

les

trois

réitérations.

Sur

la

gauche,

un vase duquel sortent des

chardons,

et

sous

lequel

un

personnage

est

assis,

écartant

largement

les

jambes,

s'ouvrant

ainsi que

doit s'ouvrir

la matière

première

sous

le glaive

du

chevalier.

A

droite

de. la

porte. d'entrée,

au-dessus

de

la

fenêtre

du rez-de-chaussée,

on

peut voir, parmi

les

motifs Renaissance,

deux

chimùes

s'abreuvant

au

Graal. Deux dragons s'étalent

majestueusement au-dessus

:

ils

symbo-

lisent la matière première

encore

à l'état brut; tandis

que

les

chimères

représentent

le

mercure

philosophal

issu

de l'alliance du

soufre

et du

mercure.

Maison

des deux

amis

Dans

la

rue

Bérangère,

à

droite,

aux numéros

18

et

zo,

une

maison

double,

à encorbellement, construite,

dit-on,

au

xvf

siècle

par

deux

amis alchimistes,

présente

deux

petits

personnages

en

chaperon

qui,

autrefois se

tenaient

par

la

main,

mais

qui

se

détournent

à

demi

I'un

de

I'autre,

comme

si chacun d'eux avaient des préoccupations particu-

lières.

A I'extrême

droite, un

personnage

désigne

son

chapeau

ou sa

tête,

siège

de

l'espit.

Sous

le piédestal, on remarque

deux

feuilles

de

chéne,

une

sous

chacun de

ses

pieds,

qui expriment

le

sens

hermétique

du

person-

nage.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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126

De

l'autre

côté de

la rue, trois

maisons contiguês

sont

particulièrement

intéressantes

:

La

maison de

l'Arbre

sec présente

une longue poutre

sculptée s'éten-

dant

au-dessus

du

rez-de-chaussée

:

des

hommes en

pourpoint et

des

femmes

nues

s'intercalent

et

s'ébattent

autour

d'un

phylactère,

signe

évident,

selon

Fulcanelli,

de

la

double signification du

sujet

traité.

Elle

est terminée à gauche

par

une

coquille

d'escargot, symbole

de la

lenteur

du labeur

alchimique3.

Sur

la

porte,

des

cæurs

et

des

fleurs sont

sculptés.

Et

au-dessus

de la

poutre,

un étroit

pan de

bois

au

milieu

des fenêtres

-

et au-dessus

-

présente l'arbre

sec,

symbole

du

métal

qui

a

perdu

sa

vitalité

par

suite

du traitement

industriel

:

L'Arbre

est

surrnonté

d'une

tête

d'homme

barbu.

Maison

de

I'Annonciation

Au numéro

7

de

la rue,

au-dessus de

la fenêtre

du

premier

étage,

on

dis-

tingue

des

sculptures

qui

présentent une Annondation. A

droite,

se

tient

la Vierge, et

à

gauche

l'Ange

Gabriel;

sous leurs

pieds,

des têtes

d'ange-

lots

décorent

les

coins supérieurs de

la

fenêtre.

Entre eux,

une tige de

lys

avec

trois fleurs :

les

trois

réitérations.

A

I'extrême

gauche, une femme

tient

un

lixre ouaert,

emblème

de

la

matière

première

travaillée.

Maison

dite

de

la reine

Bérangère

A

côté,

au numéro

g,

cette maison

construite

plus

de deux

siècles

après

la

mort

de

la reine Bérangère, le

fut

sur

l'emplacement

même

de

sa mai-

son,

paraît-il.

Au-dessus

de

la

fenêtre

du rez-de-chaussée,

on

voit

un long bandeau

sculpté

et orné de quatre

personnages

tenant

un

phylactère,

indiquant

donc que

ces personnages ont

une double signification,

ainsi que

le

petit

rectangle,

à

gauche de

la

fenêtre,

et

qui

présente

un

semis

de

pois-

sons,

d'étoiles

et

de petites

croix. La croix

est

I'hiéroglyphe du

creuset;

l'étlile

se voit

au

fond

du creuset,

lorsque

l'æuwe

alchimique

est en

bonne voie,

et le

petit poisson

estle

remrre,

le poisson

philosophique.

Un

autre

rectangle

se

trouvait

à

droite

de

la fenêtre,

mais

il est

mainte-

nant

complètement

effacé.

Des

choux

frisés

décorent

la porte

en accolade.

« Sous

ces

maisons de

la

Grande-Rue,

il

existe souvent

plusieurs

étages de

caaes spacieuses,

superposées

à une

grande profondeui,

qui pouv"aient

servir

de

laboratoires

secrets

a.

»

3.

Certains

disent

que la

poutre

est

rapportée;

nous

n€

le

croyons

pas,

tant

à cause

du

phylactère

que de l'escargot.

4.

Fernand

Gueriff :

« Le vieux Mans

et

ses

maisons alchimiques

».

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SARTHE

La maison du

pilier

rouge se

trouve

un peu plus loin, au

coin de

la

petite

place de Hallal.

Ce

pilier pofte

un crâne et un crucifix

sculptés.

Ce

fut, dit-on, la maison

du

bourreau.

Rien n'est moins sûr. Car ces

sculptures seraient plutôt

le

symbole

du

caput mortuum,

pensent les

passionnés

de

la

Science.

La

maison

à droite,

au numéro

45

de la

Grande-Rue,

et qui n'a

pas

de

désignation

spéciale,

offre

deux

fenêtres

ornées

de têtes

defous, pour la

plus

petite; lagrande

présente un vieillard à gauche, et

à

droite une

jeune

fille qui fait la

révérence et porte un arbre.rf,c

sur son épaule.

Le

fou,

rappelons-le, est

le

symbole

du Mercure;

l'arbre

sec,

celui du

méial ayant

perdu sa

vitalité,

et

qu'il

faudra

réincruder.

Quant

à

nos

deux

personnages, il est généralement

recommandé

d'unir «

un

vieillard sain

et vigoureux avec

une

jeune

et belle vierge

)), nous disent

les maîtres.

Le

poteau cornier

ou

de

l'écrevisse

se

trouve au

numéro

63

de la rue.

C'est

un

pilier

dont

le

chapiteau

s'orne

d'un

signe,

l'hiéroglyphe

de

l'al-

chimiste

i< qui

imite la Nature

»; il tient une épée; au-dessus, un Bapho-

nut dont

les

bras

étendent des ailes de chauve-souris,

sous l'une des-

quelles il s'abrite.

Peut-être

cet

alchimiste

était-il

aussi franc-maçon,

ce

qui

n'est

pas incompatible.

Il est

normal que le singe ait une épée

en main, car il

lui

faudra

«

pour-

fendre

le

dragon

/ avant de commencer

le

labeur alchimique.

oujours

sul

ce

pilier,

mais sur

le côté droit du

chapiteau,

une chouette,

I'oiseau d'Hermès,

porte

de

petites cornes,

l'emblème de

la

Connais-

sance. Et au-dessous,

une écrevisse

accrochée

à

une sorte de potence ou

d'hameçon

(?).

Quelques

maisons

plus loin, la MAISON AUX CLEFS

présente

devant

sa porte

un pilier sur lequel sont

sculptées des

clefs,

ainsi

que nous

en

avons

déjà vues, alternées avec

les fleurs de

lys

sur

l'écu

de

la

maison du

Grabatoire.

Maison

d'Adam

et

Ève

Cette

demeure philosophale

présente,

au premier

étage,

un

bas-relief

du

xvrc siècle

:

Àdam lêve Ie

bras

pour cueillir la

pomme, et Ève atdre

la

branche

vers

lui. Ils

tiennent tous

deux des

phylactères,

ce qui

indique

que

cette scène

a une

signification

cachée.

Et pour nous enlever toute

hésitation

sur le

sens

hermétique

du bas-

relief,

on

distingue

à droite le soleil, et à

gauche la lune, hiéroglyphes du

soufre

et

du mercure.

Adam, dont le

nom latin

Adamus

signifrc

fait

de

terre rouge, étant le pre-

mier homme,

a

été doué, à l'origine,

des

deux

natures : mâle

et

femelle;

Voir

Fulcanelli :

Demeures

philosophales,

t.

I,

p.

z16

et

suiv.

Page 127: La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r28

telle

que se présente

la

matière

première

sortant de

la

mine.

Mais

ici,

nous

sommes en

présence

du

second

Adam

qui-représente

le

principe

mâle

et

actif, le

soufre;

tandis

que

son épouse, Ëve, symbolise

le

prin-

cipe

féminin

et passif.

En

achevant

d'examiner

le

bas-relief,

on

remarque,

à droite,

Bacchus

enfant

tenant

un

thryse de

la

main

droite,

tandis que

sa

main

gauche

cache

l'ouverture d'un pot.

Il

se

tient

debout

sur

le

couvercle

d'un

ton-

neau

décoré

de

guirlandes.

Or,

Bacchus est l'emblème

du

mercure des

Sages.

L'ENLÈVEMENT DE DEJANIRE

Au

second étage de

cette

maison,

un

bas-relief de

pierre

présente

deux

coqs, emblèmes

du

mercure,

qui

se

tiennent

de

chaque

côté

d'un

vase

débordant

de

fleurs et

de

fruits.

Le

coq

étant

un

des

symboles

du

mer-

cure, les fleurs

et

les

fruits

représentent

les

éléments

qui

vont

le

nourrir

et

le vivifier.

A

chacune des

extrémités du bas-relief,

on

voit

deux

personnages assis :

celui de gauche

souffie

dans

un

cor,

et I'autre

joue

d'une

sorte

de gui-

tare.

C'est

l'Art

de Musique, vocable sous

lequel

on

désigne

parfois

l'Al-

chimie.

Au-dessus des

coqs,

on voit

un grand

panneau sculpté,

malheureuse-

ment

très détérioré,

qui

présente

I'enlèvement de

Déjanire

par le

cen-

taure

Nessos.

Rappelons

brièvement

la fable

mythologique :

Le

centaure Nessos, ayant offert de transporter Déjanire,

l'épouse

d'Her-

cule,

sur la rive

opposée

du fleuve,

tenta

d'enlever

la

jeune

femme;

mais

Hercule

le

tua d'une flèche empoisonnée. En

mourant,

Nessos

remit

à

Déjanire une

tunique trempée de son sang et

lui

affirma que si

son

mari

venait

à

la

délaisser, elle

n'aurait

qu'à

lui

faire revêtir

cette

tunique

pour

retrouver

son

amour.

Par

la

suite, Hercule

s'éprit

de

Iole;

aussi Déjanire

lui

envoya-t-elle

la

fatale

tunique;

mais

dès

qu'il

I'eut

revêtue,

il

ressentit

de

telles souf-

frances

qu'il

se

jeta

dans

les

flammes

d'un

bûcher.

Et

Déjanire

se

tua de

désespoir.

Ce

récit

correspond

aux

dernières opérations

du

Grand

CEuwe

:

Nessos, en grec,

signifie «

vêtement

de

pourpre

»,

et

la

tunique

du cen-

taure

-

qui brûle

les

corps

-

représente le

produit

achevé et parfait.

Hercule figure le soufre

de

l'or

qui

ne

peut être vaincu

que par

l'action

du

vêtement

rouge

ou

sang de

la

pierre,

auquel

il

est uni.

Sur la face

des deux piliers

engagés,

encadrant cette scène

mythologique,

figurent

d'un

côté

une tête de

lion

pourvue

d'ailes, et

à

droite

une tête

de chien

ou

de

chienne.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SARTI{E

Le

lion,

hiéroglyphe du principe fixe : le soufre,

porte

des

ailes afin de

montrer

qu'il a acquis

une

qualité

volatile.

Le

chien,

ou

plutôt la

chienne

d'Arménie, est

le

symbole du mercure.

LA

TERTE.BERNARD

DU

xTI.

SIÈCLE

A

La Ferté-Bernard,

on

voit

encore une

maison

de bois construite

au

xv'siècle. C'était une demeure sans prétention, sans doute le modeste

logis d'un

alchimiste.

Au premier

étage, sur la façade,

des

personnages sont

sculptés; de droite

à gauche : le fou

et

le pèlerin, qui

sont tous

deux hiéroglyphes

du mer-

cure des

Sages,

la

Sirène,

qui

tient

son peigne d'une main, et de l'autre

son miroir;

et

enfin un

personnage

qui

porte un

rameau

de

bois mort,

image

du métal qui

est

sans

vie.

La

sirène

est

l'emblème

des

deux

natures

contraires

qui

ne s'affrontent

plus, mais

sont

unies

et pacifiées.

Le

miroir

est

celui dans

lequel

« on voit

toute

la Nature

à décorrvert »,

selon le

Cosmopolite;

Ie

peigne,

comme

la

couronne,

proche

de Ia tête, est le symbole de I'esprit.

Au

second étage, sur les corbeaux de

la

corniche,

de chaque côté

de

I'Adepte

en

prière,

on

distingue

deux

gnomes

grimaçants

qui

se

jettent

des

pierres.

C'est

l'illustration

du

combat

hermétique

que

se livrent

les

corps métal-

Iiques

mis

en contact. Nous

retrouvons ici la lutte

à

laquelle

se livrent

deux

jeunes

Bens

au porche de

Notre-Dame

de Paris

ou

sur la façade

de

Notre-Dame-la-Grande, à

Poitiers.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r30

LA

SEINE-MARITIME

ROUEN

CATHÉDRALE

Terminée à la fin du xnÉ siècle,

cette

belle cathédrale, comme

beaucoup

d'églises,

connaît

le mélange

de plusieurs

styles.

C'est

à

la fin

de sa cons-

truction qu'ont été sculptés les bas-reliefs

qui ornent les piédroits de ses

portails

du nord et du sud.

Portail

sud

Ce

portail,

dit de

la

Calende, parce

qu'on y

affichait

autrefois

le

calen-

drier liturgique, présente des

quadrilobes dont les

sujets

ont été surtout

tirés de

I'Ancien Testament.

Portail nord

Après

avoir traversé une cour,

dite

Cour

des Libraires,

on

se trouve

devant le portail

de ce

nom,

car

il donne

accès à

la Bibliothèque. A

gauche

et

à droite du portail, les piédroits

-

comme au portail sud

-

sont

complètement

couverts

de

quadrilobes,

qu'il

faut

considérer

comme

montrant presque

tous des rébus alchimiques. Et dans

les quatre

coins

de ces motifs, on distingue des petits animaux étranges,

tout

un bes-

tiaire fantastique.

On sait que

le portail nord

est

souvent appelé « portail

des Initiés »,

et

que presqu€ toujours

il

justifie

son nom.

A

gauche,

un des sujets présente un Philosophe qui

tient

un

matras

de

la

main

droite, tandis que, de la

main

gauche

il le désigne, sans doute pour

indiquer I'importance qu'il faut

attribuer

à cet objet. Le corps de

I'artiste

est

celui

d'un oiseau

avec

plumes et ailes, mais avec des

pieds

et une

queue de

lion.

Dans

ce

quadrilobe nous

voyons

donc tout à la fois I'alchimiste, ainsi

que les

corps

fixe

et

volatil, de même que

le

rnatras nécessaire à

l'élabo-

ration du travail alchimique.

Au-dessous,

un

homme

barbu portant

un

capuchon, tourne

la

tête vers

l'arrière, tandis qu'il

tient

des deux mains un bâton sur

lequel il

appuie

son pied.

C'est

bien le

fidèle

seraiteur, le mercure, qui tient en

main le

bourdon

grâce auquel

il

continuera sa quête

philosophale. Il regarde vers l'ar-

rière,

afin

de ne

pas perdre

de vue

l'expérience

déjà acquise.

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SEINE.MARITIME

Un

autre

quadrilobe présente un.sanglier,-ou

peut-être.une

laie, qui

appuie

-

pensivement,

semble-t-il,

-

sa

tête sur

sa

main; une

main

humaine,

alors

que

les pattes

et la

queue

sont

bien

celles

d'un

pachy-

derme,

Rouen,

Cathédrale Notre-Dame

(Portail

Nord

dit «

des

Librairies

»)

It

matras ou

euf

philosophique

par

aoie

sèche

La laie,

vocable

« qui

signifiait

la

fiente

des

bêtes

noires,

rappelle ici,

du

point

de

vue

cabalistique, le

caput

mortuurn des

alchimistes, souvent

pris

par

eux pour

les

feces

inutilès

et

sans

valeur

du

mercure

phildso-

phal

I

».

Là,

c'est

une femme affublée

des pattes et de

la

queue

d'un

lion

: res-

pectivement

le

mercure et le

soufre. Elle soulève d'une main

une

draperie

qui la

couvre, donc

elle dévoile

ce

qui

est

caché;

et

de l'autre

main

elle

tient ostensiblement

une

fleur; c'estlajeur métallique

et

minérale

grâce

à

laqurelle

le

travail

va

pouvoir

commencer.

Un

autre

motif

présente un homme

à

tête

de

bouc qui

arbore

de

magni-

fiques

cornes, et qui tient une

cloche dans

chaque

main,

èloches

qu'il

semble agiter

avec ardeur.

Les cloches sont mises

en

branle,

qui annoncent,

selon

Ie maître

E. Can-

seliet

«

sur leur

volée,

l'æuJ des

Pâques

joyeuses

».

Et

les

cornes

qui

tant

attirent

notre

attention

sont celles

de

la

Sagesse,

de

la

Connais-

sance.

Un

homme

a

une tête

de

chien

et

une queue

de

cheval. Le cheval indique

la

cabale,

et

la tête

de chien symbolise

le

chien de Corascêne.

Au-dessus,

un bélier

a des

ailes, mais une queue

et des

patres

de lion

:

les

deux principes, le fixe

et

le

volatil.

Une

femme

qui

a de larges

ailes et un

corps

de

lion,

joue

d'un

instru-

ment

de musique qui semble

être un

luth.

r.

E.

Canseliet:

Deux

Logts alchimiquas, p.

rr8.

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r3?

La femme

qui

est

l'emblèine

du Mercure

joue

du

luth : l'Art

de

musique.

et représente

avec

ses

ailes

et

son corps de

lion,

le volatil et

le

frxe.

Sur le pilier près de la porte,

un fou

qui

tient sa

marotte,

et possède un

corps de

cheval,

souffie

dans une

corne.

La

marotte

du

fou,

c'est

la

mérelle

,

la

coquille

Saint-Jacques,

le

sym-

bole du

Mercure;

le

cheval,

la

cabale;et

enfin

clrner, c'est

inciter,

éueiller

(l'esprit),

donc

faire

comprendre

le sens caché des

choses.

Au-dessus, une femme

dont

le

buste

est

tout enveloppé de draperies,

montre une

queue

et des

pattes

de dragon :

la

matière première

à

l'état

brut.

Puis

un

homme

à

tête

d'âne est à demi agenouillé. L'âne, c'est

le

chryso-

phore,

qui

a

portéJésus

et qui a donc

porté

l'or.

Une

femme,

un genou

en

ferre,

se

peigne en

se

regardant dans un

miroir.

Miroir

où,

selon

Cosmopolite, on

voit

«

toute la Nature

à découvert

».

Le

peigne, c'est

la mérelle, la

coquille

Saint-Jacques,

symbole

du

Mer-

cure.

À

onorct

Une

femme

assise

abrite son enfant sous un pan de sa

cape

qu'elle

étend

au-dessus de lui.

C'est

le

traaail desÿmmes; la mère doit soigner

et veiller

sur l'enfant très

precleux.

Un

fou

qui tient un matras

va

être

tué par

un homme qui

brandit un

énorme

couteau.

Ainsi

la

Matière

première

,

impure

et

brute, doit

être

décapitée ou ouverte,

afin que le pur soit

séparé de l'impur,

avant

d'être

employé dans

le

matras.

Des

jeunes

gens inversés

:

l'un

a

la

tête

droite, l'autre

Ia

tête

en

bas.

Serait-ce

pour

illustrer les

paroles

d'Hermès :

« Ce qui est en bas est

semblable

à ce

qui

esten

haut...

»

Un

centaure, portant

une

coiffure

de

plumes,

souffie dans une sorte de

flûte, en même

temps

qu'il

frappe sur un gong.

Ses

pieds sont

ceux

d'un

homme.

Les

ailes

dont

il

est

coifié

semblent être

celles

d'un

coq,

oiseau consacré

à

Mercure.

Le

cheval

représente

la cabale, et le moins qu'on puisse dire

est qu'il

cherche à

se

faire entendre... ou comprendre.

Au-dessous, un

.fou

portant le bonnet

à

deux pointes des bouffons,

a

pattes

et

queue

de lion, et

également

des ailes.

Le

fou,

c'est la mérelle, le mercure; les

ailes

et

le

lion

symbolisent

les

deux natures

:

le volatil

et

le fixe.

Un

sagittaire,

mais qui

a une queue de

reptile,

tire

une flèche.

On

ne

voit pas la victime

qu'il vise; mais

nul

doute que

ce

ne

soit

la

matière brute.

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Un

sanglier,

ou une laie, nous

est

présenté.

Il

a

des mains humaines et

.joue

de

la

vielle

: l'Art

de musique.

Une

femme

porte sur ses

épaules

un angelot et

un

singe.

Le

singe représente

I'alchimiste

:

celui

qui

imite

la

Nature. L'angelot,

c'est

l'homoncule.

Un

homme

recouvert

d'une peau

de

lion

lutte

avec

un lion bien

réel.

Ce

sont

les deux principes pareils et

cependant

contraires

qui s'af-

frontent.

Une

femme,

avec

un

corps

de

coq,

tient un

écu

et un molras.

Le coq est

I'oiseau de

Mercure. Le

matras

indique bien

le

sens

hermé-

tique du

motif.

Une

tête de

chien

barbu a

des

ailes

et

des

pattes

d'oiseau,

mais

un corps

et une queue

de reptile

:

les

deux

principes

encore,

le fixe et Ie vola-

ril.

Une

sirène, tenant

un

miroir,

se

peigne. C'est

le même sujet que nous

avons

vu

à

gauche

du portail.

Ajoutons toutefois que

la sirène

repré-

sente

les deux natures unies

et

pacifiées.

Au-dessous, un

dragon ailé, qui

a

une tête humaine enveloppée de dra-

perie,

tient

sa

queue

dont

l'extrémité

est

terminée

par une

tête

de

petit

animal.

SEINE-MARITIME

Rouen,

Cathédrale

Nore-Dame

(Portail

Nord

dit

«

des

Libraires

»)

'L'aehimiste

combat

le Dragon

ÿar

b

Jer

Ce sera lui, ce

petit

animal,

qu'il

faudra

extraire, chasser

lorsque

le

moment

sera

venu, et c'est

sans

doute

ce

que

le dragon

essaie

de faire

:

le

pousser hors.

Une

sorte

de centaure

accroupi,

dont

les

jambes

sont celles

d'un

homme,

porte

une

coiffure semblable

à celle

du

dieu Mercure; il tient

d'une

main un bouclier et agite

de

I'autre

main une petite

cloche.

Ce

centaure représente à

la fois la

cabale

et le

mercure.

Il

porte

un

bou-

clier

car il

va

commencer le

labeur

et

il ne sait où cela va

Ie

mener, et la

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r34

petite cloche qu'il agite est un

signe

joyeux

de vie et

de

résurrec-

tion.

Un

homme lutte

contre un singe. Des

feuilles

de

chêne,

dans

le'coin

à

gauche

du quadrilobe,

indiquent

le

sens

hermétique

du

sujet.

Le

singe,

c'est I'alchimiste

qui

imite

la

Nature. L'homme

a

un

capu-

chon

: bouffon ou moine,

il

est

difficile de

le

savoir. Fou,

il serait

le

symbole

du

Mercure;

moine,

il

représenterait l'Église

qui n'était pas

tou-

iours d'accord

avec les

hommes

de Science.

"Enfin,

un

quadrilobe

montre Adam et

Ève,

se

tenant de chaque côté

de

I'Arbre

de

la

Connaissance.

Sans entrer

dans

les

détails,

rappelons

qu'ils

sont tous deux,

respective-

ment, le

symbole dts soufre et

dt

mercure.

HÔTEL DE

BoURGTHERoULDE

L'hôtel de Bourgtheroulde est maintenant occupé

par une banque,

mais

il

n'est

pas

interdit

d'entrer

dans

la belle

cour

d'honneur,

ornée

de

sculptures

du xvI' siècle.

En

face

de la porte d'entrée, entre les

deux

fenêtres du premier

étage,

on voit

la

Saiamandre, emblème de

François

I€r,

et symbole alcÉi-

mique.

D'après Savinien de

Cyrano

Bergerac,

<< la

Salamandre

sulfureuse,

qui

se

plaît

au milieu des

flammes,

symbolise

l'air

et

le

feu dont

le soufre

pos-

sède la sécheresse et

l'ardeur

ignée2 ».

A

droite

de

la

Salamandre,

un

autre bas-relief

nous

montre

t

la

renais-

sance miraculeuse du Phénix

r

au milieu

des

flammes.

Jaillissant

du

feu

après

sa

mort, et

renaissant

magnifiquement, et plein de vie, de

ses

cendres mêmes,

il

est

«

la

quintessence

duÿu, ou

la

tràs

célèbre

pierre

philoso-

phique

a,

ainsi

que l'écrivit Martin

Ruland

3.

Si,

tout

de

suite en

entrant,

on se dirige

vers

le

mur

de

gauche,

on

voit,

décorant le mur,

des

bas-reliefs de

la

Renaissance,

représentant des

angelots

assis sur

des

dauphins

et

des

chevaux ailés, tous symboles her-

métiques.

Parmi ces

bas-reliefs,

sur

la gauche

du mur,

eri

bas, on

dis-

tingue

un

homme

debout,

dont tout

le

corps

est

couvert

d'écailles,

et

portant un harpon

de

la main

droite,

tandis que de

la

main gauche il

semble tenir le produit

de

sa

pêche

:

un

croissant

de

lune.

Le

symbole

est

clair

: le

corps couvert

d'écailles représente

la

matière

première, noire et

écailleuse,

et

le croissant de lune, le

mercure.

e.

Fulcanelli :

Demeures

philosophales,

t.

II,

p. ror.

g. In

E.

Canseliet

:

Deux

Logis

dchimi.ques,

p.

r3o.

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r36

SEINE-ET-MARNE

DAMMARTIN

-

SUR.TI GEAUX

L'OBÉLISqUE

Érigé dans

la forêt

de

Crécy,

I'obélisque

de Dammartin-sur-Tigeaux

occupe

le

centre

d'un

carrefour

où convergent

trois

routes

qui

le tra-

versent.

Ce qui

donne

à

ce

carrefour

l'aspect

presque

régulier d'une

étoile

à

six

pointes.

Or,

cette

étoile, ou

Sceau de Salomon, est

formée

des deux

triangles

de

l'eau

et duJeu,

se

joignant

par

les

sommets

:

c'est le symbole

du

travail

alchimiquè.

C'est

pourquoi,

d'après

Fulcanelli, I'obélisque montre notre

planète

en

proie

«

aux

forces réunies

de

I'eau

et

du

feu

», lorsque

viendra

la frn

de

notre

civilisation.

Cela

lui

semble

d'autant plus évident que

«

sur le

côté

méridional, on

remarque

l'image d'un

vieux

chêne

»,

qui

nous

confirme

que

« les

temps

sont proches, parce qu'il

en est

le

présage

figuré

I

».

TOUSSON

A

Tousson près de

Malesherbes, «

une

vieille

maison

du

xvIIte

siècle,

d'assez

grand

air,

porte sur

sa

façade, gravée

en caractères

de

l'époque,

I'inscription

suivante,

dont

nous

respectons la

disposition

et

I'ortho-

graphe

:

Par

un

Laboureur

je

fus construite.

Sans

intérêt et

d'un

don

zellé,

il

m'a

nommée

PIERRE BELLE.

r

762

>>.

r.

Voir

Fulcanelli

:

Demeures

philosophales,

r.

ll,

p.

277.

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DEUX-SÈVRES

(L'Alchimie

portait

encore le nom d'Agriculture

céleste, et

ses

adeptes

celui

de l,aboureurs

r.)

DEUX-SÈVnnS

C

OULONGE

S.

SUR. L'AUTIZE

CHÂTEAU

La

construction du

château

de

Coulonges-sur-l'Autize avait demandé

vingt-six ans, de r54z

à

r568.

Son

propriétaire,

Louis

d'Estissac, avait

voulu

consacrer

sa

demeure

à

la

gloire

de I'Alchimie,

et

pour ce faire,

il

n'avait

rien négligé. Malheureu-

sement, il ne reste

rien

de

ces

décorations réunies

avec

tant d'amour :

tout

a

été

vendu

et

dispersé; les

pièces

sont

vides

et

les

murs

dénudés.

Cependant, une grande partie des

æuvres

d'art

servirent à

la

réfection

et

à

I'embellissement

du château

de

Terre-Neuve,

à Fontenay-le-Comte

(Vendée),

et c'est là

qu'on peut les

admirer.

MELLE

sArNT-HTLATRE

Portail

nord : Le «

CAVALIER

»

Au-dessus

du porche nord de l'église, sous une

arcade en

plein

cintre,

un

cavalier semble cheminer

calmement,

mais inexorablement.

Son

maintien

est grave et noble.

Certains

voient dans

cette

sculpture l'entrée deJésus

àJérusalem.

Cepen-

dant, les licritures sont formelles :

Notre-Seigneur

cËevauchait un âne,

r. Fulcanelli : M2stère

des calhédrales,

p. rr7-lr8

(note).

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r38

et, sur le portail

de

Melle,

aucun doute n'est possible

:

le

cavalier

mysté-

rieux

monte

un

cheval.

Fulcanelli

voit

dans

ce bas-relief

une

illustration

de l'Apocalypse,

ce qui

est beaucoup

plus probant.

Après le

septième

coup de trompette,

sept plaies

s'abattront sur

l'uni-

ve_rs,

après

lesquelles

le

Christ

reviendra

enJusticier, sur un cheval blanc,

afin de moissonner

impitoyablement

l'humânité

pervertie,

flgurée

ici par

I'homme

à terre que le

cheval s'apprête à piétiner.

Sans doute

est-ce à ce Cavalier que

songeait E. Canseliet lorsqu'il

écri-

vait :

«

D'où

viendra,

sur

son

grand

cheval blanc,

I'inflexible

cavalier de

justice,

quand les

points

cardinaux auront été

changés

r?

»

A droite

de

ce

même

porche, on remarque

une statué, malheureusement

assez abîmée par les

intempéries :

elle représente une femme

qui

allaite

deux

serpents

suspendus

à

ses

seins,

tandis

qu'elle tient

dans

ses

mains

une

chose

impossible

à

identifier,

mais qu'el1e semble

offrir.

Les

chapiteaux

A

I'intérieur

de l'église, les

chapiteaux des piliers

présentent

un

grand

intérêt,

et

il

serait

bon de

les

regarder

attentivement.

On

y

voit

les

deux

dragons

ailés

à

queue

de serpent, mais

à

tête

de

cheval.

Melle,

É,glise

Saint-Hilaire

(Chapiteaux)

Dragons

ailés

à

queues

d.e serpent

Une chasse

au sanglier

attire particulièrement

I'attention par Ia

perfec-

tion

de

la

sculpture,

mais

il

s'agit

d'une laie

accompagnée de ses petits,

qug

le

chasseur va

percer de

son épieu. Or, « le

voèable

laie...

rappelle

ici le

caput mortuum

des

alchimistes2...

»

r.

E.

Canseliet :

L'Alchitnie expliquée

sur

ses

textes,

p.

?Sr.

z. E. Canseliet :

Deux Logis alchimiquas,

p. rr8.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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DEUX-SÈVRES

/

SOMME

Portail

sud

Toujours

à

l'intérieur de

l'église, le portail

sud présente les vingt-quatre

vieillards de

I'Apocalypse.

Ce

qui

n'est

pas

sans

rappeler le

Cavalier du

portail

nord.

SOMME

AMIENS

CATHÉDRALE

:

NOTRE-DAME

D'AMIENS

«

Tel

un sphinx

de

pierre, à I'exemple

de

sa

sceur aînée de

Paris,

la

cathé-

drale picarde,

un

peu plus lourde dans son accroupissement,

regagne

pourtant

en

majesté la hauteur d'escalier

accédant au parvis.

De

ce côté

ouest,

la

façade ouvre

ses

trois

portes dites

:

au centre,

du

Sauveur;

à

droite, Mère-Dieu;à

gauche Saint-Firmin.

»

Porche

du

Sauveur'

C'est

au

milieu

de

ce

portail,

«

plus grande que nature

»,

qu'apparaît

la

statue

de

Jésus,

dite du

Beau

Dieu

d'Amiens.

Un

de ses

pieds

est

posé

sur un lion, et

l'autre sur un

dragon

ailé,

les

deux principes : le

fixe

et

le

volatil. Mais

aussi, « il surplombe, de tout son

être colossal,

un roi

cou-

ronné, le sceptre à

la

main, sculpté

en

haut-relief

et

de

petite

taille,

dans

une niche étroite

qui, sur

la

face externe du pied-droit, s'ouwe flanquée

de

deux

colonnes à chapiteau sous

un

arc trilobé

I

».

Le Sauveur

«

porte dans

la

main gauche, à

la

hauteur de son

sein

»,

Ie

livre

ÿrmé,

ce

qui

indique que

la

matière est encore vierge

: «

C'est

lui

seul

qui

ouwe,

canoniquement,

le livre

emblématique

du

sujet

miné-

ral.

»

Aux

deux antagonistes,

le

lion

et le

dragon,

succèdent

<<

le

basilic

et

l'

aspic

que réunit un

pied

de

aigne,

tous trois séparément

dégagés en

haut-

rçlief,

sur chacune

des

trois faces visibles du piédestal ». Au centre, le

cep

qui

se

ramifie pour

devenir

un

pied

de

vigne luxuriant,

rappelle que

« les

anciens

auteurs

regardaient la vigne comme

le

symbole de la

pierre

phi-

losophale

2

».

r. E.

Canseliet

:

Atlnntis,

no

lr8.

z.

Ibidcn.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r40

-Quant

au basilic, moitié

coq, moitié dragon,

qui unit

en

lui le

soufre

et

le

mercure,

il

symbolise

« l'homoncule

des sages...

»

Au grand

portail

de Notre-Dame

de Paris,

les

personnages

tiennent

des

disques,

mais

les

motifs qui

ornent

ce

portail

du

Sauveui

présentent

des

écus. Et c'est

deux

par

deux

qu'il

conviént d'examiner

les

quatre-feuilles

:

celui du haut

et

celui

qui

est

en

dessous

s'expliquent l'un

par

l'autre.

Le

second

médaillon,

à

gauche

en allant du parvis

veri l'entrée

de

l'égli5s, représente

un homme

assis tenant un livre

ouaert;

il

a

les pieds

posés

sur

ce qui semble

être

des

ossements,

et

il

est

entouré d'animaux

qui

se

chevauchent.

Tandis

que

le

médaillon

au-dessous

présente

un

homme

couronné

qui

se

tient

assis

derrière une

table; un

adolescent

s'avance

vers lui;

on voit un

athanor sur la droite

du motif.

Le livre

ouaert,

c'est la matière

traaaillée;les

ossements

représentent la

putréfuction.'

un

premier résultat

a

donc

été

obtenu.

I,e

sujet

suivant

est un de ceux qu'on

rencontre

seulement à Amiens,

c'est le

symbole

duÿu

de

roue:

le

philosophe, assis, surveille

l'action lente

et continue

du

feu,

tout

en

paraissant

méditer,

On remarque

que la

roue

est

double; Fulcanelli I'interprète

comme

«

le

signe

des

deux

révolutions

qui

doivent

agir successivement

sur

le

composé pour lui

assurer un

premier degré de

perfection3 ».

Au-dessous,

un

homme

auréolé

se

tieni devant

un

château

fort

qui

comporte

de nombreuses

tours : c'est I'image

des diverses

opérations

qu'il

est

nécessaire

d'effectuer

durant le long

travail

du

Grand

Guvre.

A droite

du feu

de

roue,

une

femme

assise

piésente

un

corbeau

sculpté

sur

son,écu;

derrière

elle,

on aperçoit l'athanor.

Le

corbeau

symbolise la

couleur noire

et la

putréfactiàn.

Ce médaillon

est

juste

au-dessus de

celui

qui

montre

un

cavalier qui,

désar-çonné

pu, tà

monture,

est projeté

".r'l'"i.n.

Ce

sujet

indique^

li

d-issolution,

?'est-à-dire

« l'affusiôn

àu

mercure

sur

le

côrps

fixe^».

Le

cheval,

léger

et rapide, représente

le

mercure,

tandis que lè

cavalier

est

le.

corps métallique

grossier qui

est

rejeté

d'abord

pai le

volatil

avant

d'être

absorbé lentement.

La femme

qui

suit

et

qui

désigne une

chevelure,

ou un

écheveau, sur son

écu,

évoque la

matière

première.

Un

personnage

qui

semble

perplexe,

et

mord

dans

un fruit tout

en mar-

chant,

occupe le

médaillon

du

dessous.

Il incarne I'adiuvant

de I'CEuvre

alchimique

qui dévore

le sujet

philosophique et l'absôrbe.

Le

motif

suivant

présente,

sculpté sur

l'écu, un

oiseau

dans son

nid.

C'est

le nid

de farlouse

qu'on

peut

voir sur un

des

caissons

de Dampierre-

3.

Fulcanelli :.

Mystère

des

cathédrales,

p. r5g.

4.

Nous retrouvons

le

«

cavalier

désarçonné

» au

porche

central de

Notre-Dame

de

Paris,

et au

portail

sud de

Chartres.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SOMME

sur-Boutonne. En

grec, son

nom

désigne,

écrit Fulcanelli,

«

la partie

la

plus parfaite, la plus distinguée

d'une

chose

».

Au-dèssous,

un

personnage

couronné

est embrassé,

et peut-être congra-

tulé

par quelqu'un

qui

s'avance vers

lui.

Un

lion eit

sculpté

sur l'écu suivant; la femme

qui

présente

l'écu

tend,

de

I'autre main,

un

morceau de draperie à

l'homme

agenouillé.

Le

lion,

c'est

le

principe

igné, mâle

et

actif;

le chevalier

qui

s'agenouille

reçoit

les

couleurs

de

sa dame avant

le

combat

philosophique.

Dessous,

le quatre-feuilles

rappelle le

motif

d'un

vitrail de

la

rose

cen-

trale

de Notre-Dame

de Paris :

I'artisan

comptant

les

pièces d'or

qu'il

extrait

d'un

sac.

Ici,

une

femme cornpte

ses écus

-

ou

les range

-

car

on

aperçoit

des

sacs

pleins

dahs

le

coffre

qu'elle maintient

ouvert.

Piis,"

sur un

écu

dott.

,rn

oriflamme

à

àeux pennons,

les

deux couleurs

de

l'CEuwe achevé

:

le

blanc

et le

rouge.

La

femme

qui

le

présente

cherche, en

vain, à saisir une couronne

qui passe presque à

portée de

sa

main : la

couronne

des

Sages,

destinée aux élus

qui

ont

réalisé

le

Grand

CEuwe.

Le motif

inferieur

complète ce

sujet

:

un

homme, le

pied

sur une pierre,

tombe

en

arrière. C'est

le philosophe

qui

a échoué,

tout

près du

but,

dans

sa

quête de la

Pierre.

L'écu

présente

un

calice

surmonté

d'une

croix :

la

croix

est la représen-

tation

graphique

du

creuset.

Au-desious,

un

homme

assis,

lit;

devant

lui,

debout,

un

autre

person-

nage semble

l'écouter

attentivement

-

autant

qu'on

en puisse

dire,

car

la

sculpture

est

assez abîmée.

A

droite du

porche

central

:

Les Compaghons

qui

ont

construit

la

cathédrale,

ont

sculpté

dans la

pierre

difiérents corps de

métiers

:

forgerons, menuisiers et même un

èultivateur

en

train de

bêcher,

tandis

qu'un

personnage

auréolé

l'en-

seigne.

S'agit-il

de

l'agriculture

céleste?

Puis,

sur uÀ

quatre-feuilles,

un athanor

se profile à

droite de la

compo-

sition,

alors

queJésus, encadré

par

deux

anges, s'adresse

à

un

person-

nage

qui

tient

un

phylactère;

un

homme assis

en

déroule

également

un

sur le

motif

au-dessous,

tandis

qu'un

ange

se tient

devant lui.

On

peut

donc

en

conclure

que

ces

petits bas-reliefs

renferment

un

sens caché.

Un

alchimiste

sans

doute,

« l'homme

qui

s'est déchaussé

pour

marquer

que

le

secret

et

la

prudence doivent envelopper

les

travaux

du Grand

CEuwe »;

il désigne

le

sac

vide pour

indiquer que « l'aliment de

combustion

ne sera plus désormais

le

charbon

du

fourneau,

mais

I'huile

de

ld lampe, beaucoup

plus

docile

et

régulière

5

».

5.

E. Canseliet

:

Atlantis, no

lr8,

p.

A98.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r42

Au-dessus, une femme

tient un

écu

sur lequel

est

sculptée une couronne;

de l'autre main,

elle présente une pierre.

C'est

la réalisation de

I'CEuvre.

L'écu

suivant montre un cheval

agenouillé,

tandis que le

quatre-feuilles

au-dessous

présente

un «

jeune

laïc qui reçoit

dans

le

ravissement,

les

confidences

d'un

ecclésiastique

mitré.

»

«

Pour

nous, écrit

Canseliet, les deux images se

complètent

l'une par

I'autre; la

cauale,

la

cabale de la sorte soumise, évoque

I'instrument

majeur

de

l'initiation

sacerdotale, transmise par la

tradition à

la fois

orale et phonétique

6.

»

« Un homme

et

une

femme s'étreignent

sans

rage particulière,

lui,

lâchant

son

pot,

elle négligeant sa quenouille...7 »

Ce sont

les

deux

natures,

semblables et contraires, qui slaffrontent.

Au-dessus, deux bouquets

partent de la même

tige;

ils

complètent

le

quatre-feuilles

inferieur :

les

deux antagonistes sont de,même

nature,

bien

que

de

sexe

difiérent.

Une

reine

assise

renverse d'un

coup

de pied un

valet

qui lui présente une

coupe.

Ce

motif représente la

dissolution du vif-argent

vulgaire.

Et

Canseliet explique qu'à

cette coupe trop

luxueuse,

là reine préfère

le vase

de terre

ordinaire, celui de

la

voie

sèche,

ainsi que

l'indique

le

bélier

sculpté

sur

l'écu

du bas-relief

inférieur.

Une

femme

brandit

une épée dont elle menace

un

moine qui, devant

elle, tient un livrey'rmé.

C'est

la

matière première, encore

vierge,

qu'il

convient de dégager

de sa gangue, d'ouwir.

Au-dessus,

un taureau

:

principe

solaire

mâle

et fécondant.

Un chevalier armé de

pied en

cap,

est

«

couvert de

son

haubert

de

mailles

».

Il

tient

son

javelot

d'une main, tandis que

de l'autre,

il

pré-

sente un écusson

sur lequel

est sculpté w lion, symbole mâle et igné du

soufre.

Ce

quatre-feuilles

est

complété par celui qui

se

trouve au-dessous

: un

chevalier a

laissé

tomber

son épée; un oisèau perché dans

un

arbre,

et

un

lapin

le regardent

en paraissant se

moquèr de

lui. Le lapin

-

ou

lièvre

-

indique la nature rapide

et

fuyante du

composé,

et

I'oiseau

en

souligne

la

nature

volatile : Ie

mercure est

sorti

de

ia

gangue, et

l'épée

du

chevalier

est

maintenant inutile.

Contre

le pied-droit

de ce

porche,

dans

un quatre-feuilles

engagé,

on dis-

tingue I'allégorie du

coq

et

du

renard,

évoquée par Basile Valentin. Le

coq est perché

sur

une

branche

de chêne

que

le

renard

essaie

d'atteindre.

Le coq

et

le

renard

ne sont qu'un même

symbole

de deux états de la

Ce motif

traduit l'achèvement du

travail alchimique,

tandis qu'un motif analogue

à

Notre-Dame

de Paris symbolise le

début.

6. E.

Canseliet : Atlantis, no

zrE.

7.

Ibid.em.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SOMME

même

matière

: volatil

et

frxe.

Ajoutons

que

le

coq était

I'emblème

de

Mercure

chez

les Latins.

Au-dessous,

c'est

un renard

qui mange la

tête

d'une oie.

Le fixe

l'emporte

sur

le

volatil.

En

vis-à-vis,

à gauche

du

portail,

c'est

un

lion,

symbole

du

soufre,

mais

aussi

de

I'or;

et,

au-dessous,

une

Salamcotdre

:

la

Calcination.

Portail

de Saint-Firmin

A

gauche du

porche

central

ou du

Sauaeur,

les

bas-reliefs

du

porche

Saint-Firmin

représentent,

presque

tous,

les

signes du

zodiaque

et

les

scènes

champêtres

qui y

correspondent.

Amiens't"'nul:;kil:;':;2ff;"f

,i;chesaint-Firmin)

Cependant,

Fulcanelli

attire

I'attention

sur

deux petits

bas-reliefs qui se

trouvent

à gauche du

porche,

et sont

les

plus

éloignés de la

porte

t

:

C'est

«

une

citadelle

dont la

porte

massive

et verrouillée est

flanquée

de

tours

crénelées

»;

elle

est

hermétiquement

close

jusqu'à

ron

roübrrse-

ment. Sans doute

est-ce

le « Palais fermé

du

Roi »,

cher

à

Basile

Valentin.

Le

second

quatre-feuilles,

placé

juste

au-dessous,

présente des arbres

morts

qui

semblent

se

tordre

sous

un

ciel

l'on

peut

voir

tout

à

la fois

le soleil,

la

lune

et

quelques

étoiles.

Ces arbres sont

le

symbole

des

matières premières

métalliques que l'in-

dustrie

a rendues inertes, semblables

aux arbres

durant

I'hiver.

Sous

le

signe

du

Verseau,

un

Janus

est assis

derrière

une

table,

servi par

deux

valets;

à

droite,

il

a le

visage

d'un vieillard,

à

gauche,

celui

d'un

jeunehomme;

il porte le

bonnet

phrygien

des

initiés.

A droite

de ce

porche, un quatre-feuilles

montre

un

alchimiste assis,

qui,

calme

et

tranquille,

surveille

son

feu.

Il

a

enlevé

ses

souliers

pour indi-

8.

Fulcanelli

:

M2ilàre

dcs

cailudru"",

p.

166.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r44

quer qu'il

est

pour longtemps;

peut-être passera-t-il la

athanor.

Amiens,

Cathédrale Notre-Dame

(Porche

Saint-Firmin)

L'écoute attentiae

nuit devant son

arbre

sec;

c'est

l'hiéroglyphe

l'inertie des métaux, causée

Sur

un

autre

petit

bas-relief, est

sculpté

un

adopté par les

Philosophes pour

exprimer

par le feu industriel.

Portail

de

droite ou de la Mère-Dieu

La

plupart des

quatre-feuilles

du soubassement

présentenr des scènes de

l'Ancien Testament,

et

également

de

la

vie de la Vierge,

telle

Ia

fuite

en

Égypte.

Cependant,

un des médaillons

droite

en regardant la

cathédrale),

mérite une

attention particulière

: « un Adepte

contemple

le flot

de

la

rosée câleste

tombant sur une

masse »;

Fulcanelli

estihe que certe

masse n'est

autre

qu'un cryptogame qu'on

trouve

de

bon matin au

prin-

temps

:

le

Nostoc; il est le

« symbole de la Magnésie

minéralé des

Sages...e »

On

remarque

que

cette eau ne tombe pas

ailleurs

quq

sur

cette

masse,

ce

qui

confirme la vertu

attractive

contenue

dans

corps.

De

ce

même côté

du porche, un

motif

présente

l'écroulement d'une mai-

son;

des

personnages

tombent

en même

temps

que

des

blocs de

pierre

:

c'est la reproduction

exacte

de

la lame

XVI du Tarot

:

la Maison-

Dieu.

A gauche de

ce porche, un

petit motifld'angle

offre une scène

d'initiation

:

le

maître désigne

à

ses

distiples

l'étoile

trâditionnelle qui

serr de guide

aux

alchimistes.

A l'angle sud-ouest

de

la

cathédrale, on remarque des

médaillons; I'un

g.

Fulcanelli

: Mystère

d,es

cathédrales, p.

r

7o-

17 r.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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SOMME

d'eux montre

la

rose

philosophale, et,

au-dessous,

un

arbre abondam-

ment

garni

de fleurs

et de

feuilles.

Saint ChristopheSur le côté sud de la cathédrale,

toujours

à

l'extérieur, on

peut

voir

une

statue de saint

Christophe,

sculptée en

bas-reliei

et faisant corps avec

la muraille.

Saint

Christophe,

dont le nom primitif

était

Oferus,

signifie

pour

les

chrétiens, celui

qui

porte

le

Christ;

mais

les

hermétistes

y trouvent

un

autre

sens :

Christophe

viendrait de

Chrysophe,

c'est-à- dire

qui porte

l'0r,

ov, plus

littéralement

: «

la

sagesse,

la science de l'or

».

II

faudrait donc

voir

I'hiéroglyphe

du soufre

solaire

[ésus),

ou

de

I'or

naissant, porté

par

l'énergie

du mercure philosophal.

A

l'intérieur

de la cathédrale

Le

labvrinthe

Le

labÿrinthe de la

cathédrale existe

toujours, bien qu'il

ait subi

cer-

taines modifications

au

cours des siècles passés; de

forme

octogonale,

ilnemesurait

pas

moins

de

4z

mètres de circonférence.

Ses méandres étaient dessinés en

carreaux

bleus et blancs, et, au centre,

la pierre qui

existe encore de nos

jours,

était

incrustée d'un

soleil

d'or

coupé

par l'horizon.

C'était

le

lever

ou

le

coucher du soleil, selon

la

partie

éclairée. Par

la

suite,

on

remplaça

l'or

par du

cuiwe,

mais

ce

cuivre

disparut

également à

une

époque qu'on ne peut

fixer.

D'après

le

maître

Canseliet,

le labyrinthe

est

le

symbole des difficultés

que

I'alchimiste doit

surmonter

pour réaliser son CEuwe

:

c'est

« la

route, tant difficile à découvrir et à garder,

jusqu'à

la

chambre

centrale

rutile, au

sein

de I'obscurité cimmérienne,

la

gemme hermétique,

également

appelée le

soleil

des

philosophd.r

r0

».

Chapelle

Notre-Dame-du-Puy

Cette

chapelle,

située

à

l'angle

sud-est

de

la

croisée

du

transept,

conserve

le souvenir

d'une Confrérie hermétique

fondée

en

r388, et

qui

subsista

t7g2

: la

Confrérie

du

Puy-Notre-Dame.

Le

maître

de

la

confrérie était élu

chaque année,

le

jour

de la Chande-

leur, et devait offrir, au Noêl suivant, un

tableau

glorifiant

la

Vierge.

Ce

tableau

portait

les armoiries

et

la

devise du

donateur;

la plupart

de

ces

devises

se

rapportaient à I'CEuvre alchimique, ce

qui

laisse

à penser

que

les

membres

de

cette

confrérie étaient

des

philosophes

qui cher-

chaient

à

maintenir la

tradition

de

I'Art

royal.

Voici

quelques-unes

de

ces

devises

: «

Roche

dont croît

la

pierre

triom-

ro. E.

Canseliet

:

Atlantis, no

zr8,

p.

3gg.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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i+6

phante

»;

n Du

très

pur or

la

matière

excellente

»;

«

Cercle auvaisseau

du

vin

de Sapience

»;

«

Le feu

sacré qui

Ie

Saint-

Puits

conserve

)),

etc.

Les stalles

Dans

la

cathédrale,

il

y

a

reo

stalles,

sur

lesquelles

sont

sculptés

plus

de

4oo

sujets.

Ces

célèbres

stalles

qui datent du

début du xvl' siècle

sont

sculptées de

scènes empruntées

à

I'Ancien

et au

Nouveau

Testament.

Cependant,

cer-

taines d'entre elles

sont

des

représentations

des symboles

alchimiques,

tel un dragon à

tête

de cheval èt

au

corps

ailé,

qui dévore

sa

queue,

tel

I'Ouroboros.

Le Psautier

Le

Psautier,

très

connu

à

juste

titre,

comporte

de

nombreux motifs, qui

ne sont

autres

que

des

symboles alchimiques.

Les

oioues de la

nef

La

riel'de la

cathédrale

-

laquelle

est

dédiée à Notre-Dame,

ne I'ou-

blions

pâs

-,

est

surmontée sür

toute

la

longueur

de

sa

couverture,

d'un

rang

de

piques

dont

la

pointe se

dresse

vers

le

ciel.

Or,

Amiens

est

la

capitale

de la Picardie.

Par ailleurs,

ces

piques

repro-

duisent Ia

forme de Ia feuille du

peuplier, arbre d'Athénée;

et la

lance

est

demeurée, sous

une

forme

à

peine

déguisée,

l'attribut

de Pallas, la

,

reine

de

pique

de

nos

jeux

de

cartes

rl,

w

VAUCLUSE

AVIGNON

LE

PA'LAIS

DU

ROURE

Le

Palais

du

Roure, la plus belle

des

maisons

anciennes d'Avignon,

fut

autrefois

I'hôtel de Baroncelli, appartenant

à

une

noble famille

d'Ita-

lie.

rr.

Voir

dans Atalonte

Fugitiae, de

Michel Maier,

p.

E7,

note

4.

Page 146: La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r48

vENDÉn

FONTENAY.LE-COMTE

cHArreu DE

TERRE-NEUvE

C'est

au

château de

Terre-Neuve que

se

trouvent

maintenant

certains

des

chefs-d'æuvre, symboles

alchimiques

sculptés

dans

la pierre,

qui

ornaient

le

château de Coulonges-sur-l'Autize

(Deux-Sèvres),

construit

au

xvle siècle par

Louis

d'Estissac;

entre

autres,

le

beau

plafond

et la

cheminée

du

grand salon.

Cheminée

du

grand

salon

Cette cheminée monumentale, réédifiée

au

château

de

Terre-Neuve,

constitue

un

ensemble

hermétique

qu'il

convient d'examiner

attenti-

vement.

Sur

le

manteau de Ia

cheminée, quatre

cariatides,

deux hommes

et deux

femmes,

soutiennent

la

corniche que. souligne

la

sentence

latine

que

nous

étudierons plus

loin.

Le

premier

des

trois

e

premier

des

trois panneaux

que

séparent

les

quatre

bustes,

à

gauche,

présente

la

rose

hermétique

au centre, deux

coquilles

à

droite

et à

gauche

résente

la

rose

hermétique

au centre, deux

coquilles

à

droite

et à

gauche

de

la

rose,

et

deux

têtes

:

dans le bas

celle

d'un vieillard,

et cellè

d'un

enfant

dans

le

haut.

« Le

masque de

vieillard est

l'emblème

de

la

substance mercurielle

pri-

maire »,

écrit

Fulcanelli

1.

Les

coquilles

Saint-Jacques

évoquent

l'eau

mercurielle qu'elles

sont

censées

contenir, mais, étant

deux,

elles

précisent ici le rapport :

deux

parts de

dissolvant

contre une de

corps

fixe.

De I'opération

qui aurait

été

faite,

résulte

un

nouveau

corps,

volatil,

représenté

par

I'angelot

qui

domine

la

composition.

Remarquons

que

la

rose

centrale

se

trouve

placée

au centre d'une

croix

de saint André

formée par

des

bandelettes de

pierre :

la lerrre grecque

X

est

le

symbole de la

lumière manifestée.

Donc, ici,

c'est

la

rose

dansla

croix,

la

rose hermétique

qui fleurit

dans

le

creuset

lorsque

l'opération

est

terminée.

Sur

le

panneau

de

droite,

on remarque le masque

du

vieillard

retenant

dans

sa

bouche

deux

branches

de

feuillage.

Ces tiges

entourenr

un

médaillon

au

milieu

duquel

se

trouve uî

vase décoré d'écaille,r et

conrenant

r.

Voir

Fucanelli :

Demeures

phi,losophales,

r.

I,

p.

241

et

suiv.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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VENDÉE

fruits

et des épis. C'est

l'hiéroglyphe

de

la nutrition

et

de

la

croissance

corps alchimique.

vasCécailleux

symbolise

la

matière première au

sortir de

la mine.

premier

regard,

le

panneau

du

milieu

paraît

incompréhensible

:

monstres

-humains

soutiennent

une couronne

formée de fleurs

et

fruits

qui

entoure un

écusson.

Un

de

ces

deux

monstres

présente

un

faciès,

I'autre a un

joli

visage

régulier,

mais

le

buste velu

des

De

plus,

leurs membres

inférieurs

sont couverts

de

longs

ét

se

terminènt,

chez

l'un par

des pattes de

félin,

chez

l'autre

par

serres

de

rapace. Ils sont coifiés

de

casques étranges,

l'un écailleux,

strié

qui se

termine

en

forme de coquillage.

d'èux, un

masque

d'homme

grimaçant,

aux

yeux ronds, tient

sa

mâchoire ouv€rte, une cordelette

qui

supporte

l'écu

central;

au

milieu,

on

voit

un

bucrane.

deux gnomes

qui

se

font vis-à-vis

traduisent

les

deux

principes

métal-

nécessaires à I'CEuvre

:

soufre

et mercure.

de

droite,

au

casque

strié,

désigne

l'élément actif et

masculin.

Le

bec-de-lièwe

-

dont on

remarque

les

ailes

aux

épaules

-

est

pourvu

de

mamelles,

et coifié

d'un

icailleux

.'

c'est

le

principe

passif et

feminin.

bucrane

sculpté

au

bas

du panneau

représente

le

caput

mortuum,

inerte

stérile, symbole

de la décomposition.

à

la

tête

humaine

qui

tient

entre

ses

dents

la cordelette

de

l'écus-

énigmatique,

elle symLolise

le

mercure

double, qu'on

appelle

égale-

philosophique.

Et

l'écusson

peut donc être considéré

comme

du

mercurè philosophique

représenté

par

la

tête.

trois étoiles

qu'on

voit

sur

l'écu,

sont les caractéristiques

des

trois

I'CEuwè;

celle

du

bas

représente

le

premier

mercure,

alors le

ou

double,

est

indiqué par

les deux tr/ entre-

de la pointe.

ce

melcure

doit

être à

nouveau dissous

par

I'eau

première,

dési-

ici

par

le signe

I,

suivi

de

la lettre

M, qui

signifie

Esprit

de

la

Magnê-

un des

noms

du dissolvant.

caractère

qui

ressemble

au chiffie

4,

figure

le chemin,

la

voie

qu'il

suivre dans

le labeur

alchimique.

En effet, parvenu

en

haut

de

la

de ce caractère,

un

changement

de

direction

conduit à

la

étoile

: « Sceau de la

matière parfaite

et coagulée.

»

au

rameau accompagné de

la

troisième.

étoile,

il indique

q"q.l1

se multiplief

quantité

et

qualité,

grâce

à sa

técondité

de

ces

trois

panneaux, une

inscription

en

latin

occupe

toute

de

la

cheminée

:

NASCENDO

qUOTIDIE

MORIMUR.

:

En

naissant,

nou;

mou.rons chaque

jour.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r50

Cette

pensée

de

Sénèque

est

assez inattendue ici,

car elle

ne semble

pas

avoir

de

rapport

avec

le

symbolisme

alchimique exprimé par

les

autres

sculptures.

Mais

en

regardant

attentivement,

nous

voyons

que deux

des

trois

mots

qui

forment

la phrase

latine

sont

précédés

d'un

losange

0,

qui

était

chez

les

Grecs

l'indication

d'un

double sens.

En

employart

Nascendo au

gérondif, ce

mot

donne une

idée

de pro-

duction;

il

ne

signifierait

donc plus

en

naissant,

mais

plutôt

pour

produire,

pour

générer.

Et

on

peut

alors

traduire :

Pour

produire,

nolts

mlurlns

chaque

jour.

Les

parents

de

l'enfant

philosophal

doivent disparaître

afin

que,

s'étant

nourri

d'eux,

il puisse

croître.

Voyons maintenant la

corniche.

Elle est

divisée

en six

caissons

et ornés

de

motifs

répétés

deux

à

deux

qui

résument

les

principaux points

du

travail

alchimique.

A

chaque extrémité,

deux

boucliers

ont

leur

bord

supérieur étiré

en

forme

de

coquille.

Ils

représentent

une

tête

de

Médusé

d'où

jaillissent

deux

éclairs.

Ce

sont là les

symboles

des

deux matières

: l'une

ignée,

figu-

rée

par

le

masque

de Gorgone, I'autre froide

et

aqueuse

:

la

coquille.

Près

de

ces motifs,

en

allant

vers le

centre

de Ia

composition,

les

bucranes

représentent

le

caput mortuum,

la décomposition,

Ia

putréfaction.

On

remarque

que les cornes

des bucranes sont liées

par

des cordelettes,

nous

retrouvons

l'X

du

panneau de

gauche

:

première

manifestation

de

la lumière.

Sur l'un

des

boucliers

décoratifs

qui

sont

accolés

à

I'acanthe médiane,

deux

étoiles sont

gravées

au-dessus du

croissant

lunaire;

ce sont

les

images

du

mercure double

ou

Rebis. Tandis que

sur le bouclier

opposé,

on

distingue

deux

roses

:

c'est

le

but enfin atteinr,

«

le

signe-de

h par-

faite

connaisiance,

l'emblème

dela

Sagesse ».

bw_D

ffi

VIENNE

LENCLOlTRE

CHÂTEAU

DE

GRAND'COUR

Le

château

a été

construit par

un officier de Napoléon Icr.

Il

est

fort

possible que

cet

àfficier ou

un

de

ses

successeurs,

se

soit

inté-

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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VIENNE

à

l'Alchimie, et

même

qu'il ait eu un laboratoire. Mais il

n'en

rien

aujourd'hui, sauf quelques vitraux

d'inspiration

philoso-

dans

la grande Salle de

Réunion.

vitraux

premier

uitrail,

à droite, montre

deux

têtes

:

de

roi et reine,

mais

sur

seul

corps

qui

se

tient

debout

sur un

triangle.

e

personnage tient d'une main le serpent Ouroboros,

et de

I'autre

un

d'où sortent

des

fleurs

et

des

têtes

de serpent. A ses

bras

sont

pen-

us les

deux

triangles

du

feu et de

l'eau.

Sur sa

poitrine,

également un

riangle,

et

sur

sa

robe,

Ie

sceau de

Salomon.

ne

devise

entoure

Ia

composition

: SOLUS ILLO

q.

SCIT SACERE

LAPIDE

PHILOSOPHORUM

INTELLIGIT

VERBA EORVM

DE

LAPIDE. «

Seul

celui qui sait travailler

à

la

pierre des

philosophes,

omprend

leurs paroles

au sujet

de

la pierre. »

(relatives

à

la pierre).

z" aitrail. Le

roi

et

la

reine

forment un

personnage

hermaphrodite

: le

roi

tient

une épée, et

la

reine

une

couronne. Ce personnage a

les

pieds

sur

un

dragon sans queue, mais

à

deux

têtes,

qui

est

étendu sur

le

sol.

La

devise

:

ANNI

FORMA

DESCENDIT ASTRIS TANqUE PROME-

SERULA

AD

MORTALES.

« En cette année de

destinée

Promé-

hée

descendit

des astres

vers

les

mortels. »

f

aitrail.

Trois têtes

;

au-dessus

le soleil,

au-dessous deux

lunes. De

la

une

de

gauche

émerge un

homme qui

tient

une

branche de

lys,

et

sur

l'autre

un

lion.

La devise

: LAPIS PRIMO

SENEX

ALBUS

POSTEAJUVENIS RUBEUS

ET

PUER

SANGUINIS. «

La Pierre d'abord,

ensuite

le

blanc

vieillard,

e

jeune

rouge et

I'enfant

du

sang. »

4e

aitrail. Trois soleils en

triangle.

Dans

le

soleil du bas à gauche, un

cor-

eau

sur

un crâne

: Ia putréfaction;

à

droite trois

corbeaux

en

triangle.

La devise : HIC MAGISTERIS APEX

UT

A RADIO REMOVERATUR

MORTALIS

UMBRA.

«

Voilà

du

Maître

la couronne,

afin

que

par

son

rayonnement

s'éloigne I'ombre de

la

mort.

»

De I'autre

côté

de cette

salle,

deux

autres

vitraux

assez

étranges

:

Un

homme

est sur un

aigle, dans

un

soleil avec

la devise :

SIGNO

VINCES

IN HOC

VERE

FILIUS

DEI

ERAT

IPSE.

L'autre

vitrail

représente

le Golgotha;

au-dessus deJésus

est

écrit

INRI.

Cette

scène est

placée

dans

un

soleil

flamboyant

avec

une devise

écrite

n

hébreu.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r52

MONTMORILLON

LA

MAISON.DIEU

La

Maison-Dieu est

également connue

dans

la

ville

sous

le nom de

«

Petit

Séminaire

».

Elle est composée de

plusieurs

bâtiments

dont une

ancienne

chapelle

funéraire,

l'

Octogone

t.

Au-dessus du portail

de

cette

construction,

on voit

quatre

statues de

réemploi,

dont

I'une

représente une femme

allaitant

des serpents.

A

l'intérieur,

ces

statues présentent

une face

diflérente,

et celle

aux

ser-

pents

montre

une femme

allaitant

des

crapauds.

æ

POITIERS

NOTRE-DAME-LA-GRANDE

Sur

la façade

de

l'église Notre-Dame-la-Grande,

tout à

fait à

droite

(dans

l'angle

formé

par

le haut

du cintre et

la colonne),

on

remarque

deux

personnages,

ou

deux enfants qui

luttent.

On retrouve souvent

ce

sujet

:

c'est

la

lutte des

deux principes

semblables

qui

s'affrontent malgré leur

«

irrésistible affinité

».

Â

gauche des

motifisculptés,

juste

au-dessus

des

portails,

Adarrt

et Ève

se

tiennent

de

chaque

côté de

I'arbre autour duquel

s'enroule

le

ser-

pent.

É,Crrsr

sAINT-PoRCHAIRE

Quatre

colonnes surmontées de

chapiteaux

sculptés

encadrent

le

portail

de

cette

petite

église

romane peu

connue.

r.

Si

le temps

manque

pour

la

visite

entière

de la Maison-Dieu, on

peut aller directement

à

l'Octogone.

En

regàrdant

la

chapelle Saint-Laurent,

aller à

droite,

passer

sous

le

porche,

et

dans

le

fond

de

la

cour,

à gauche,

se

trouve

I'Octogone.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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VIENNE

A droite

du

porche,

un des

deux

chapiteaux

montre

Daniel dans la

fosse

aux

lions,

et

I'autre

:

deux

lions qui s'affrontent,

pattes

à

pattes,

avec

une

plante entre

eux.

Sur

les

chapiteaux

de

gauche,

l'un

d'eux

présente deux

oiseaux s'abreu-

vant au Graal

sous

une

tête

de

lion;

tandis que l'autre

présente

deux

lions

séparés

par trois

fleurs,

et

afrn

qu'il

ne

subsiste

aucun doute

quant

àl'animal, le mot LIONES

est gravé.

L'intérieur de

l'église

est

vide de toute sculpture;

seule

une pierre,

à

gauche de

l'autel,

montre

trois

clous

entourés

d'une couronne

d'épines.

Ce

petit

bas-relief

fait

penser

au

vitrail

alchimique

de l'ancienne

cha-

pelle

de

saint

Thomas

d'Aquin,

dans

l'église du

couvent des

Jacobins,

à

Paris.

Les «

trois pointes évoquant

les

trois opérations

dont

chacune

est scellée

par l'âtoile

magique...

|

>>

BARBU

A

l'angle

des

rues de

l'Ancienne-Comédie

et

du

Colonel-Denfert,

sur la

façade

d'une

très ancienne

maison, à

la hauteur

du

second étage, une

sculpture représente

un

«

rustique

» barbu et

d'aspect

primitif,

le

buste

nu,

«

tenant

de

sa main

droite un arbre

renversé,

c'est-à-dire

son

feuil-

lage

en

bas

et toutes

ses

racines

en

I'air

2

». L'arbre

est

couvert

de

feuilles

et

de

fruits,

oranges

ou

pommes.

« Tout

l'intérêt

de

cette

sculpture porte sur

son

étrangeté

même,

et

se

dégage

de

la position

anormale

du

végétal présenté...

Trace

originale

et

savante, laissée

par

quelque

modeste

initié

poitevin du xvr'

siècle,

du

moyen étonnant et

secret

d'assurer

la

nutrition

spirituelle de

l'arbre

de

uie

hermétique

3.

»

PORTE ALCHIMIQUE

En

descendant

de la

cathédrale,

rue

Barbatte,

on

voit

une

jolie

porte

Renaissance, mais

dont les

sculptures

sont

assez

détériorées. Cependant,

les

culs-de-lampe

montrent

encore

distinctement,

à

gauche

un lion

(le

fixe), à droite

un

oiseau

(le

volatil).

Au-dessus

du cintre,

dans

l'espace

formé par l'arc,

deux personnages semblent

se

disputer

un objet ou

une

pièce d'étoffe

-

comme

on peut

le

voir

sur difiérents

monuments

de

cette

époque.

r.

Canseliet

:

ALchimie,

p.269.

z.

Id.,

Alchimie

,

p.

75.

3.

Id., Deux

Lo§s

alchimiques,p.

44.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r54

VILLESALEM

L'ABBAYE

Entre

la

Trimouille

et

Montmorillon,

une petire

route conduit

à

l'abbaye

deVillesalem,

ancienne filiale

de

l'abbayê

de

Fontevrault.

Ayant

longtemps

servi de ferme,

cette abbaye

du xrr"

siècle

est

en pleine

restauration;

cependant, les

sculptures extérieures

ont

été miraculeu-

sement

préservées.

Le

portail

occidental

Un des

tympans

de

ce

portail,

maintenant

fermé,

présente deux

chimères

s'abreuvant

à la même

coupe,

au Graal,

tandis

que

le

rympan

de

gauche

montre

deux animaux

qui

s'opposent,

vraisemblablement

un

lion

(le

soufre), et

un

chien

(le

mercure).

Y rrre sarem,,ttbyff

:ff

i,à

:à*,

Au-dessus,

sur la

partie gauche,

on voit un

plein

tenant

une

corde. Cette décoration

originale

-

et

semble

être compagnonnique.

cintre orné de mains

sans

doute unique

-

Le

portail

nord

Ce

portail

qui

est généralement

le

«

Fortail

des

Initiés

», est appelé

ici

le

« Portail

des

Rois

», En

effet,

il

est

décoré,

en

plein cintre, d'une

frise

les

têtes

couronnées alternent

avec les basilics.

Le

chevet

Au-dessus

du petit

chapiteau qui

se

trouve à

la

fenêtre de droite,

on

voit

un bas-relief

:

un

oiseau

ou

une oie mange un serpent

(le

volatil absorbe

le

fixe).

Le bas-relief

de

l'autre

chapiteau

présentè

une tête

: deux

tiges

s'échappent

de

sa

bouche et se terminent èn feuilles.

N.B.

-

On

ne

visite pas le

mardi.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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VIENNE

/YVDIIIiÜ3

Dans une

des

deur

salles du

rez-de-chaussée

ont

été déposés les mor-

ceaux

de sculpture retrouvés

dans

les

décombres,

on remarque une

pierre sur

laquelle

sont

profondément

gravés une

sole,

et

une rose lur-

métique.

A

côté, une

aume

pierre pÉsente

un

vase

d'où

s'élève

un

rameau

orné

de

sept

feuilles.

YvELINES

MARLY.LE-ROI

Le talisman

Au

Musée

de

Marly-le-Roi, on

peut voir une médaille

en

plomb, qui,

«

de forme

ovale,

mesure

56

millimètres

sur

4

7,

avec

r millimètre

environ

d'épaisseur ».

«

I[

est

certain

que la

médaille s€

montre

d'intérêt

exceptionnel par

le

métal même dans

lequel

elle

fut

découpée,

ainsi que par son étoile

à cinq

branches

et ses

chiftes en

énigme,

aussi savammerlt

disposés

que

gra-

vés

de

prompte

manière.

Ainsi

le

grimoire

porte-t-il

le sommaire

chiffré

du

labeur

hermétique-.-

»

«

Partagé

en

neuf cases égales, Ie

quadrangle

reçoit

les

neuf

signes

numé-

riques qui totaliserrt r5,

invariablement,

pour

chacune

des

huit

rangées

horizontales, verticales ou

s€

rencontrant

en

oblique.

»

« Hiéroglyphe complet de

la

Connaissance

ésotérique,

cette sorte de

mérelle

en

exprime, de

façon inhabituelle et concise,

les trois

branches

positives, c'est-à-dire

l'Akhimic,

l'Astrologie et la Magier.

SAINT-

GERMAIN.

EN

-

LAYE

«

Un autel

du vu'siècle,

conservé

au musée de

Saint-Germain-en-Laye,

flgure

allégoriquement

le

parage

philosophal, sur

sa

bordure tabulaire,

par

six

ccirbeaux

et six colombes

allant en

file

indienne

et

placés

de

chaque côté du

monogramme

de

Jésus

2.

»

Cette

séparadon

se

fait

au début

du

travail

alchimique.

r.

E.

Canseliet

:

Ahlümie,

p.

ro5 et

suiv.

z.

Canseliet

:

Alchimie

,

p.67.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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LExrquE

Aigle

:.faire

uoler

les

aigles. est

une

phase opératoire

du

Grand

CEuvre, la « sublimation

».

Âne :

I

portéJésus

durant sa fuite

en

Eg'ypte, et également lors de

son entrée

à

.Jérusalem.

Il

est

donc,

comme saint

Christophe,

« celui qui porte

l'or ».

Arbre

sec

:

c'est

I'hiéroglyphe

des

métaux qui ont perdu leur

ac-

tivité à

la

suite

des

opérations

métallurgiques.

Athanor

:

fourneau

indispensable

à

I'élaboration

du

Grand

CEuvre.

Il

est souvent repré-

senté

par une

ou plusieurs

tours,

ou

un

petit

château.

Balance

:

représente

l'équilibre

naturel

et

les

proportions né-

cessaires

à

I'élaboration

de

l'CEuvre.

Bélier

: indique

le signe zodiacal

propice

pour

commencer

le

travail

alchimique.

Bucrane

:

ou

crâne de

bceuf;

hié-

roglyphe de la putréfaction.

Cavalier désarçonné

:

le

cheval

rapide

et

léger représente la

partie volatile qui se

dégage

du

corps

métallique

et grossier

représenté

par

le cavalier.

Centaure

: homme-cheval,

homme

cabale. On

le

voit

sou-

vent avec la massue

qu'Her-

cule,

selon

la tradition mytho-

logique, consacra

au

dieu

Mercure.

Cerf

: seruus

fugitiazs.

le serviteur

fugitif seldn la cabale. C'est le

cerf

inquiet

et fugitif, le mer-

cure

philosophal.

Chêne : ce mot, chuinté en fran-

çais,

correspond

au mot h.hen

en

grec,

et signifie

l'«

oie

»,

la

Ioi. Donc,

le

üeux chêne cor-

respond à la loi ancienne, tra-

ditionnelle.

Cheval

:

symbole du

mercure.

Autre sens

:

la

cavale, la

ca-

bale.

Chien de Corascène

: hiéroglyphe

de

la matière

noire

qu'il faut

séparer

du

compost

au

début

des opérations. Emblème

du

soufre.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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d'Arménie

: symbole

du

mercure.

Christophe

:

signifre «

celui

qui

porte le

Christ »; mais

pour

les

initiés, Christophe

est

mis

pour

Chrysoplu,

«

qui

porte

l'or

».

lé : « Ia

clé

de

I'CEuwe

»

est

un

des noms donnes

au mercure

par

les

alchimistes.

Elle «

relie

en une

étroite

parenté

les

opé-

rations

manuelles aux efforts

de

I'esprit

», a

écrit

Canseliet.

: hiéroglyphe

du

soufie.

emblème

de I'Esprit.

de

Diane

:

allégorie

du

mercure

des

Sages.

symbole

du

mercure.

Saint-Jacques :

hiéro-

glyphe

du

mercure.

: le

«

beau

corps

(noir)

»;

syrnbole

de la

couleur

noire, de l'(Euue

au noir;

re-

presente la putréfaction.

d'abondance

:

richesses

acquises

grâce

à

la

possession

de

la Pierre philosophale.

de

l'ceuvre

:

noir, blanc,

rouge.

: c'est

le

domicile

d'élection de I'Esprit.

:

symbole de

la

putréfac-

non

(caput

mortuum).

: « Mets le

crapaud

au

sein de la femme »,

écrit Michel

Maier.

Le crapaud

peut

être as-

similé à

la Matière

première

qui

se nourrit

dtt lait

de uierge.

Grecque : hiéroglyphe du

creuset.

: représente

le mercure,

dont

il

a la

blancheur

et la

vo-

latilité.

LEXTqUE

Dauphin

:

représente le mercure,

par

analogie

au principe

hu-

mide

et

froid

de

l'CEuvre.

Le

dauphin était

le fils

aîné

des

rois de

France,

et

le

dauphin

est

bien un

poisson

royal que

I'alchimiste doit

capturer

dans

ses r/fs.

Dé à

jouer

: désigne la pierre cu-

bique et

taillée,

la

Pierre.

Décapitation

: la

tête

morte, le

caput mortuum;

c'est

la sépara-

tion

du

pur

et.de

l'impur, de la

lumière et

des ténèbres.

Dragon

:

personnifre

la

Matière

première; il

doit être tué, dès le

début

de

l'CEuvre,

par une

lance

ou

une

épée;

donc

ou-

vert,

Éléphant

: symbole de l'éternité

_

et de la

puissance.

Epée

: pour tuer

le

Dragon,

c'est-

à-dire ouvrir

la

Matière

pre-

mière.

Escargot

: représente la lenteur

du

travail

alchimique

par

la

voie humide.

En

Orient,

c'est

l'emblème

de

la

Connaissance.

Étoile

:

elle conduisit les

Rois

mages

jusqu'à I'Enfant-Roi,

et

elle guide

les

Savants

et les

Phi-

losophes; dans le

creuset, elle

indique

à

l'alchimiste que

I'CEuwe est en

bonne

voie.

Fou

: symbole du

mercure.

Genou découvert

:

indique

I'Ini-

rié.

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r5E

Grelot : c'est

l'accessoire

du

Fou,

c'est-à-dire

du mercure.

Griffon

:

animal

mythologique

mi

-

aigle,

mi

-

lion

;

c'est

l'union

des

deux

principes,

frxe

et

volatil.

Labvrinthe

:

svmbole

du

tra-

,u1l de

l'cEtiwe

alchimique;

I'Adepte

doit

se munir

du

fil

d'Ariane

a{in

de

ne

pas

se

perdre dans

les

méandres

d'opérations

longues

et

compli

-

quées,

et

de

trouver

I'issue,

c'est-à-dire

le résultat.

Lait de

Vierge

: un

des

noms

donnés

au

mercure.

Lancc

:

doit

entrer

profondé-

ment dans

le

corps

du

Dragon,

et

le

tuer.

Licorne

: lumière

naissante

du

mercure.

La

tradition

veut

qu'elle ne

puisse

être

capturée

que par une

vlerge.

Lierre

:

plante

vivace,

d'odeur

forte et

nauséabonde

symbo-

lise

la

Matière première.

Lièvre :

évoque

la

matière

brute

du

Grand

CEuwe

«

écailleuse,

noire, dure

et sèche »;

et

aussi,

par sa rapidité,

le

mercure.

Livre fermé

:

symbole

de

la

subs-

tance

minérale

brute, de la Ma-

tière première, telle

qu'elle

sort

de

la

mine.

Livre

ouvert

:

hiéroglyphe

de

la

Matière première

qui a été

travaillée.

Lion

:

hiéroglyphe

du soufre,

principe mâle,

fixe,

igné

et

coagulant.

Lion

rouge

:

c'est

le

soufre

igné

qui

fecondera la matière

mer-

curielle; c'est

le

corps

à

dis-

soudre.

Lion

vert

:

le

dissolvant.

Lune

:

principe feminin,

passif,

froid; représente

le

mercure,

l'argent.

Lutte

de deux enfants

ou adoles-

cents

:

les deux

principes

de

même nature, et cependant

contraires,

s'affrontent : actif

et

passif,

fixe

et

volatil.

Lys

: la fleur

de

lyt

héral-

'dique

indique la réalisation

de

l'CEuvre alchimique;

c'est

I'em-

blème

de la

souveraineté de la

Science.

Matras :

(de

mater, matris) est un

vase

à long col dans

lequel

se

font

certaines

opérations

alchi-

mlques.

Mercure

:

principal

élément de

I'CEuwe;

on

I'extrait de

la

Ma-

tière

première.

Merotte :

ou

Marotte,

la

Mère

folle, représente

la

Science

her-

métique.

Elle

est

également

l'emblème du

mercure,

unique

matiêre

des Sages.

Meule

à

aiguiser

:

exprime

le

double

pouvoir

du

dissolvant

naturel : il broie et

aiguise.

Miroir

:

il

figure

le

mercure

grâce

auquel

le Sage découwe

les

se-

crets

de

la

Nature.

«

Dans ce

Miroir,

dit

le

Cosmopolite,

le

Philosophe

voit

toute

la

Nature

à découvert.

»

Musique

:

des

musiciens

ou

des

instruments

de

musique

repré-

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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LEXIQUE

senrent

l'Art de Musique,

un

des

noms donnés à

l'alchimie.

Oiseau

:

représente

le

principe

volatil.

Olivier

: symbole

de

la

paix. La

massue

d'Hercule

était faite

de

bois

d'olivier.

Ours

:

hiéroglyphe

de

l'étoile

polaire, de la

constellation

de

la

Petite

Ourse

;

étoile

sur la-

quelle

les

navigateurs

ont

les

yeux

fixés; et

les

alchimistes

se

comparent

parfois, dans leur

labeur

alchimique,

à

des

navi-

gateurs.

Ourse

:

vierge

minérale; mercure

des

Sages.

Pélican :

l'oiseau donne

tout

ce

qu'il

peut

de

lui-même

et

il

en

meurt;

c'est

la

phase

opéra-

toire

du

Grand CEuwe

qu'on

appelle

les

sublimatioru,

et

que

Philalèthe dénommait

les

aigles.

É,galement,

« le

Pélican esi

le

vase

circulatoire

désigné

par la

forme d'un

pélican

se perçânt

la

poitrine

de

son bec, et

nour-

rissant

ses

petits

I

».

Perle

: la

Pieme

philosophale

est

parfois

appelee

« perle

pré-

oeu§e D.

Phéni-

:

oiseau Egendaire

qui

renaît

éternelleoent

de s€s

cendres.

Cest

le

r

quinæsscnc

du

feu

r, h

Pkrrc

philoso-

phale.

Phylactère

:

indiy- mrlxrs

qrrc

le

sujet représenté

a

un

sens

ca-

ché, c'est-à-dire

ésotérique.

Puits

sacrés

ou

Celtiques

:

sym-

bolisent

la

«

Fontaine

de

Vie

».

Au

Moyen Âge,

la plupart

des

églises

gothiques

en possé-

daient un;

I'eau

passait

souvent

pour

avoir

des

vertus

curatives.

A

Chartres,

il était

appelé

le

« Puits

des

Forts »,

c'est-à-dire

des

Initiés.

Reine

:

principe feminin,

le

mer-

cure.

Reine repoussant

du pied

son ser-

viteur :

c'est

la

dissolution du

vif-argent

avant

d'en

obtenir

le

mercure

commun.

Roi

:

principe

mâle, igné,

le

soufre.

L'union du

Roi

et de la

Reine donnera

naissance

au

Petit

Roi

ou

Roitelet.

Rosaire :

est également

appelé

patenôtre

(Pafn

Noster);

il

est

le

symbole

du

soufre, parfois

nommé

«

le

père

de

la Pierre

».

Rose

hermffque

:

ernblème

de la

Pierre philàsophale,

but

du

Grand

CEuwe.

Ruche

:.

symbole

de

la

Matière

Premlere.

Serpent

:

Emblème

de

Mercure

(caducee);

symbole

du mercure

des

Sages.

Serpeot

ouroboros

:

c'es[

le

ser-

pent

qui

dévore

sa

queue;

le signe

distinctif

du

Grand

(Euvre;

I'hieroglyphe de

l'or;

r. Martin

Rubaod

-i

n-.-EG

:

b

dcru

l.otfu

^lchimiquc

(Éd.

Pauvert).

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8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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r60

image de

l'éternité;

se ratt*che

à I'axiome grec

i

un

le

tout.

Singe :

I'alchimiste

aime

à

se

comparer

au

singe; il

est

comme

lui

un

imitateur, il imite

la

Nature.

Sirène

: symbole des

deux

natures

contraires, unies

et

pacifiées.

Soleil

:

I'or,

le

soufre;

principe

mâle, igné, sec.

Tarasque :

en

grec taraxis,

signifie

rouble,

agitation.

C'est

le Dra-

gon.

Tempête

: c'est

l'allusion

aux

principes

opposés

qui,

se

heur-

tant

dans I'athanor,

y pro-

voquent

une véritable

tempête.

Vaisseau : c'est

la

matrice,

le

«

porteur de

la

Pierre

»,

le

«

Vase de

I'Art

»

dont

se

servent

les

alchimistes

pour

effectuer

certaines de

leurs

opérations.

Vieillard : Saturne;

emblème

de

la

décomposition;

engendre la

couleur noire.

Vierge : dès

le

début

du travail

alchimique, aussitôt

que

le

mercure

est

séparé,

il

est

puri-

fié

par

le

feu

et le sel.

«

La

Vierge

qui

était noire

est

deve-

nue

blanche

1.

»

Vierge noire

: Ia Matière

pre-

mière telle

qu'elle

sort de

la

mine,

avant

qu'elle

n'ait

été

travaillée

(ouverte

par la

lance

ou l'épée).

«

Je

suis

noire,

mais

je

suis belle

»,

dit

la Sulamite

dans

le

cantique

des cantiques.

Vigne :

le vin produit le

tartre,

élément

indispensable

dans

l'élaboration

de l'CEulre.

«

La Pierre,

selon Hermès,

eSt

la

vigne

des

Sages », crit

Limo-

jon

de Saint-Didier.

r.

E.

Canseliet

-

Alchimie

Expliquée

(Pauvert),'p.

r89.

ecHrvÉ

D'TMPRTMER

-

LE

r2

MAI

r98o

-

PAR

L,IMPRIMERIE

FLOCH

A

MAYENNT

(rneNcr)

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NuuÉno o'ÉortIoN

:

5o

oÉpôr

LÉc,c,L

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Page 160: La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

8/19/2019 La France Des Lieux Et Des Demeures Alchimiques

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Cet

ouvrage

est

un

gurde

pratique

pour

tous ceux

qui

soulnitent

apprendre

à

reconnaitre et comprendre

les

messages

alchimi-

ques

qua

-

partout

en

France

-

apparaiSsent

dans

I architecture

et

la décoration

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cathédrales,

châteaux,

demeures

arrcien-

nes.

etc.

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Charpentier

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.