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DeuxièmeJournée–I

Lechâteaudel’âme

Si, au commencement, nous nous sommes placés devant laBontéduDieudesmiséricordes,Thérèsenousinvitemaintenantà prendre la route afin d’entrer pleinement dans ce mystèred’amouretdeluilaisserportertoussesfruitsdegrâceennous.Pourcelaellenousproposeunchemintoutàfaitparticulier.Cechemin, c’est celui du recueillement, de l’entrée en notre âme,ennotre intériorité.Notre sainteestbien làune femmedesontemps,témoindel’humanismeduSiècled’orespagnol,héritièredelaDevotiomodernadesPays-Bas.Elleaaussiétédonnéeàl’Église au seuil des temps modernes comme Docteur duvéritable humanisme chrétien : celui qui voit l’homme avec leregard de Dieu, ce regard de miséricorde infinie qui révèlel’hommeà lui-même et qui resplendit dans la sainteHumanitéduChrist.C’estcequerappelleraquatresièclesaprèslaréformedu Carmel thérésien le Concile Vatican II : « En réalité, lemystèrede l’hommenes’éclairevraimentquedans lemystèreduVerbeIncarné.»(GaudiumetSpes22)SainteThérèse nous invite donc à une juste connaissancede

nous-mêmes.Nonpasd’abordsouslaformed’uneintrospectionde type psychologique. C’est un véritable exercice spirituelqu’ellenouspropose,unregardthéologiquesurlemystèrequenous sommes. Pour cela, elle nous reconduit au jardin de laGenèseetellenousrappellecegested’amourdelacréation:«Dieu dit : “Faisons l’hommeà notre image, commenotreressemblance, etqu’ilsdominent sur lespoissonsde lamer,lesoiseauxduciel, lesbestiaux, toutes lesbêtessauvageset

toutes les bestioles qui rampent sur la terre.” Dieu créal’hommeàsonimage,àl’imagedeDieuillecréa,hommeetfemmeillescréa.»(Gn1,26-27)Noussommescréésàl’imagedeDieu.Nousportonsennous-

mêmes cette effigie de l’Amour infini. Nous sommesmystérieusement proportionnés à cet Amour, « capables deDieu » disaient les Pères de l’Église. Tout l’enseignement deThérèsepartdecetteconvictiondefoiqui,chezelle,estaussilefruitd’uneexpérience.Parlagrâcedesoninspirationetdesongénie poétique, notre sainte a mis cette vérité en image, uneimagequiserviradesupportàsonultimesynthèse,leLivredesDemeures.Cetteimageestcelled’unchâteautoutdecristal.CechâteauquiestnotreâmeestlademeuredeDieu.Dieun’estpasloindenous.Ildemeureauplusprofonddenotrecœur.C’estlà,d’abord, qu’il nous donne la vie, qu’il nous porte dansl’existence. Au fondement de tout notre chemin, il nous fautdonc reconnaîtrecette relationdecréation.Nous sommesdanslamaindeDieu.EttoutcommeDieuestpartoutprésentdanssacréation, il est aussi ennousceluiquinousdonne« la vie, lemouvement et l’être » (Ac 17,28) Il n’y a pas un moment denotre existence, pas une pensée, une parole, un acte qui nesoient portés par cette puissance créatrice de Dieu toujoursvivante,activeennous.Dieunousestplusprochequetousnosamis,quetouteréalitéextérieure.Ilestmême,selonlatraditionaugustinienne, plus proche de nous que nous ne le sommes ànous-mêmes.Cette présence n’est pas une vague énergie, une puissance

anonyme. C’est une présence personnelle. C’est celle de laTrinité créatrice. En vertu de notre baptême, cette présence ennousserévèleetsedéploienousrendantcapablesdecommunieràsesopérationsdeconnaissanceetd’amour:présencedegrâce.

Nous connaître vraiment nous-mêmes, c’est donc d’abordreconnaître ce mystère que nous portons ou plutôt qui nousporte!Nousconnaîtrenous-mêmes,c’estconnaître,reconnaîtrelaprésenceduDieuTrinitéennous.C’estchercherà toujoursmieuxconnaîtreetaimerCeluiquiestnotreorigineetnotrefin.Telestnotrechemindeviechrétienne,pèlerinageintérieurversnotre source et pleine révélation de notre dignité d’enfant deDieucrééàsonimageetpoursaressemblance.Avant-goûtdecequi feranotrebonheuréternel :«Bien-aimés, dèsmaintenant,nous sommes enfants deDieu, et ce que nous serons n’a pasencore été manifesté. Nous savons que lors de cettemanifestation nous lui serons semblables, parce que nous leverronstelqu’ilest.»(1Jn3,2)Ce chemin ici-bas sera comme un désenveloppement, une

révélationprogressivedecemystèrecachédanslefonddenotreâme. Ainsi, ce que nous appelons la vie mystique, mot quiévoque trop souventdesphénomènesextraordinaires, est avanttoutl’expérience,lamiseenlumièredecemystère.ToutelaviedeThérèseestun témoignagepuissant, réalistedecequ’est laviechrétienneensaracinelaplusprofonde:unecommunionauDieud’amouretunetransformationencetAmour.Nous avons parlé d’un chemin parce qu’en nous cette

révélation est progressive. Elle devra se faire par étapessuccessives au gré des initiatives d’amour deDieu et de notrelibre réponse. Thérèse nous explique en effet que ce châteaurecèledetrèsnombreusesdemeures.Cesdemeuresévoquéesparle Christ dans son discours d’adieu en saint Jean, «Dans lamaison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. » (Jn14,2), sont autant de degrés d’amour, autant de degrés deproximitéavecleSeigneur.Tout lecheminduprogrèsspirituelconsisteraenuneattentionàcetteprésenceduBien-Aimédivin

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Sijefaisdéjàoraison,suis-jeattentifàentrertoujoursplusdanscedialogued’amitiéaulieudemeperdreparfoisdansdevaines rêveries ou des monologues stériles ? Je peuxdemander la grâce de la persévérance, de la patience et dudésirdenechercherquelagloiredeDieu.ParoledeDieu:Jerelislepsaume5.

TroisièmeJournée–II

L’oraisonthérésienne

« L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerced’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ceDieudontonsesaitaimé.»(V8,5)LacélèbredéfinitionquesainteThérèse nous donne de l’oraison nous situe d’emblée dans unclimat de grande liberté. Un entretien d’amitié ne sauraits’embarrasser de complications techniques, de méthodespointilleuses ou devenir un exercice rébarbatif. Non, il suffitd’aimer. Aimer en retour un Dieu qui nous aime infiniment.Aimerenétantappuyéssurlafoidenotrebaptêmeetsoulevéspar l’espérance de jouir un jour de la pleine communion avecnotreCréateuretSauveur.Exercicedefoi,d’espéranceetdecharité,l’oraisonestl’œuvre

propre du baptisé vivant pleinement sa vocation. Cependantnous savons que le péché et le poids desmauvaises habitudesont souvent rendudifficile ce qui est le plus simple et le plus«naturel»pourl’enfantdeDieuquenoussommes.Nousavonsdonc besoin demaîtres, de pédagogues qui nous apprennent àreprendre le bon chemin, à ne pas nous décourager devant lesdifficultés,ànepastomberdanslespiègesdel’ennemi,àporterun fruit qui demeure. Comme les Apôtres avaient un jourdemandéauChrist:«Seigneur,apprends-nousàprier,commeJeanl’aapprisàsesdisciples»(Lc11,1),nousnoustournonsdoncverslaSantaMadrepourqu’ellenousenseignesamanièrede prier. Elle ne nous éloignera pas du Christ mais nousconduiraaucontrairetoutprèsduMaître.EllenousprésenteeneffetJésuscommeleMaîtrede laprière,Luiquinousa laissé«sa»prière,leNotrePèreetquiparsonEspritcontinuedela

murmurerennous.Pourbiennousdisposeràrécitercetteprièreavecfruit,sainte

Thérèse préconise une réforme de toute notre vie qui nousdisposera à laisser le Fils prier en nous le Père dans l’Esprit.Ellesecontenteensuitedenousdonnerdebrefsconseilspleinsdesagesse :nousmettreensolitude,ensilence,nousdisposerparla«considération»àvivrecetteheureuserencontre.Ensuiteil s’agit tout simplement de nous mettre en présence duSeigneur. Une image, la méditation de quelques versets del’Évangilepourrontsuffire.Puis,parunmouvementtoutsimplelasaintenousinviteàentrerennous-mêmeset lààregarder leBonJésusdanslesmystèresdesasainteHumanitéaveclesyeuxd’unefoiaimante.Nousméditeronsainsi lesmystèresdusalutrendusprésentsparlafoiennotreâme,nonpaspouralimenterundiscours intérieurmaispour laisser l’amours’éveiller.Nouspourrons bien sûr parler aussi au Seigneur avec nos mots, leprierpourlesgrandesintentionsdel’Égliseetsurtoutl’écouterdans le silence et une attention amoureuse. Progressivement,nousvivronsunepâque,nouspasseronsdel’extérieur,d’unevieagitée, superficielle pour entrer dans la profondeur de notrecœur, là où Dieu nous attend. L’exercice, au commencement,demande certes un effort et les distractions ne manquerontjamais de nous rappeler notre pauvreté et notre inconstance.Toutefois, avec le temps, l’effort s’effacera devant la bonnehabitude,lajusteattitudeetnouscomprendronsqu’unegrandeaventurecommence…Encommentant dans leChemindeperfection les différentes

demandesduPater,sainteThérèsenousapprendeneffetquecetentretiend’amitiéestuncheminquipeuàpeu,ouparfois trèsvite si Dieu le veut, nous transforme. Car puisqu’elle estdialogue, la prière intérieure d’oraison ne saurait jamais se

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«Quandarrivent lesaffaires, lespersécutions, lesépreuves,quand on ne peut goûter les douceurs d’une quiétude siparfaiteouqu’onestdanslessécheresses,c’estuntrèsbonamiqueleChrist.Nousleconsidéronshommecommenous,nouslevoyonsdanslesabaissementsetlasouffrance:ilnoussertdecompagnie ; et quand on a contracté l’habitude de leconsidérerainsi,ilesttrèsfaciledeletrouverprèsdesoi.[…]DieusecomplaîtbeaucoupàvoiruneâmeprendrehumblementsondivinFilspourMédiateuret luiporter tantd’amourque,mêmes’ilveutl’éleveràunetrèshautecontemplation,elles’enreconnaisseindigne.»(V22,10-11)Pratique : Quelle est mon attitude devant la sainte

Humanité du Christ, devant le Saint-Sacrement ? Suis-jeattentifdansmaméditationauxmystèresdelavieduChrist,parexempleenm’aidantdesmystèresdurosairequipeuventêtreuneexcellenteintroductionàlaprièresilencieuse?Je choisis au début de mon temps d’oraison de me placer

simplement en esprit de foi devant le Christ en l’un de sesmystères.ParoledeDieu:Jecontemple leChristdans lemystèrede

sonabaissementenméditant«l’hymneauxPhilippiens»(Ph2,6-11) chantée par l’Église aux premières Vêpres dudimanche,lesamedisoir.

CinquièmeJournée–I

L’appelàlacontemplation

« Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout,s’écria:“Siquelqu’unasoif,qu’ilvienneàmoi,etqu’ilboive,celuiquicroitenmoi!”selonlemotdel’Écriture:Desonseincoulerontdesfleuvesd’eauvive.»(Jn7,37-38)Cemomentdel’évangile de saint Jean est particulièrement saisissant. Noussommes devant le Christ, debout. Jésus, qui est toute larévélation du Père des miséricordes, se donne à contemplercomme la fontaine d’eau vive. Cette eau, c’est la vie de Dieucommuniquéesansmesure.C’estellequedéjànousentendonssourdreau tréfondsdenotrecœurdepuis lepremier instantdecette neuvaine. Sainte Thérèse, avec toute la traditionthéologique et spirituelle, donne un nom technique à cetteeffusiondelaviedeDieuennous:lacontemplation.Pourelle,la contemplation est toujours un don absolument gratuit,immérité. Elle nous dit que c’est une réalité « surnaturelle »,c’est-à-direquin’estpasàlamesure,àlaportéedenosmoyens,denosindustriesnaturelles.Lacontemplationn’estpasauboutdenosefforts,denosexercicesdepiété,denotrebonnevolonté.ElleseratoujoursuncadeauvenutoutdroitducœurdeDieu.Cettepromessedel’eauvive,déjàannoncéedansl’Évangilede

la Samaritaine, est au centre de tout l’enseignement de sainteThérèse.Elle-mêmeestassoifféedecettesourceetelleenaétésurabondammentcomblée.Quandelleécrit, c’estd’abordpourrendre témoignagedecette faveurdeDieuetplus encorepournousinciteràladésireretànousydisposer.Ilyacependanticiun point d’équilibre très délicat qu’il s’agit de toujours avoirdans le cœur et l’esprit. Dieu veut se donner à tous et sans

mesure et pourtant tous ne reçoivent pas le don de lacontemplation.Certes,ilyaceuxquilerefusentparlepéché,latiédeur.Maisilyaaussilesbonsetfidèlesserviteurs,ouvriersdelapremièreheure,etquipourtantsemblentpeinerenvainsurle chemin de la vie spirituelle. On dirait que jusqu’à leurdernière heure, ils devront se contenter de tirer péniblementl’eau du puits par laméditation à l’oraison et par la fidélité àleursdevoirsd’étatdansleurviedetouslesjours.Rienquelamonotonie du quotidien ! Dieu serait-il un Roi capricieux,aimantàcultiver l’arbitrairepourhumiliersescréatureset leurfaire sentir sa toute-puissance absolue, donnant à profusion àcertains tout en laissant les autres dans la disette ? Noussommesicidevantunmystèrequinousdépassedutoutautoutet il serait bien imprudent de demander à Dieu de rendre descomptes. Notre relation à Dieu est une relation d’amour quiobéit à une sagesse supérieure. La solution ne peut être queverticale en nous faisant poser l’acte de confiance dans le faitqueleSeigneurveuttoujourslemeilleurpourchacundenous.Ilne saurait être question alors de nous comparer, de nousjalouser.Aucontraire il faut se réjouir ensembledudon fait àcertainscarcedon–c’estausenspropreuncharisme–estpourtous. Il est accordépour lebiende toute l’Église.ToutcequeThérèseavécuestànousetpournoussinousnousmettonsàsonécole!Ilnousfautdonctoujoursdésirercedon,toutfairepournous

disposeràlerecevoirdansunehumilitéradicale.Nonpaspourjouir des délices intérieures et autres extases mais seulementpouraccueillirledondeDieu,luidonnerlajoiedesedonner,lecontenter et devenir ainsi ses serviteurs. Tout faire pour nousrendre disponibles au don de Dieu, cela veut dire toutsimplement : tout donner et nous donner tout entiers au bon

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Parole deDieu :Le psaume 1, en écho deDt 30,19 (« Jeprendsaujourd’huiàtémoincontrevouslecieletlaterre:jeteproposelavieoulamort,labénédictionoulamalédiction.Choisis donc la vie… ») me remet devant l’enjeu de monexistence.

SixièmeJournée–II

L’apostolatdescontemplatifs

«Àlavuedes foulesJésuseneutpitié,carcesgensétaientlasetprostréscommedesbrebisquin’ontpasdeberger.Alorsil dit à ses disciples : “La moisson est abondante, mais lesouvriers peu nombreux ; priez donc leMaître de la moissond’envoyerdesouvriersàsamoisson.»(Mt9,36-38)Àpartirdela « vision de l’enfer », l’expérience intime de sainte ThérèserejointdirectementleregarddecompassiondeJésuspendantsavie publique. Toute la vie de notre sainte est une réponse àl’apostrophe que le Christ lance à ses disciples. L’enjeu dusalut, la conversiondes pécheurs, l’évangélisation des nations,laréévangélisationdesvieillesterresdelachrétienténesontpasdes défis à notre mesure. Seul l’Esprit saint peut toucher lescœurs, seuls les saints que Dieu suscite à chaque époquepeuvent apporter la joie de l’Évangile que le pape Françoisappellesurnotremondefatigué.CommesaintJean-PaulIInousl’aindiquédansNovoMillennioIneunte,l’urgencepastoraleestde rappeler l’appel universel à la sainteté et pour cela deproposer notamment un christianisme qui soit une véritableécoledeprière(NMI30.32).Enson tempsdéjà,Thérèseavaitenvisagésamissioncomme

unemiseenœuvred’unvéritableapostolatdelaprière.Cequiétait inaccessible aux manœuvres politiques, aux démarchesinstitutionnellesdes royaumeschrétiensoumêmeparfoisde lahiérarchie ecclésiastique était en fait suspendu à la puissanced’amourducœurdeDieutellequ’ellesemanifestedanslaviedessaints.Pourcetteraison, lacarmélitenecesserad’exhortersessœursetsesamisà intercédersans relâchepour lesgrands

besoinsdel’Églisedesontemps.Cetteintercessionestpenséeselon une véritable stratégie de « reconquête ». Thérèses’intéresse aux « capitaines », à savoir les religieux, lesthéologiens,lespasteursdesontemps.Ilimportehautementquetousceux-cisoientexcellents,autrementdit saintspourguiderle peuple, répondre aux attaques des ennemis de l’Église,fortifiercelle-ciparunedoctrinesûreetunevieexemplaire.Ainsi, la vie spirituelle de sainte Thérèse est tout sauf

déconnectéede l’actualitéde son temps.C’est aucontraire leséchosdesdramesde sonépoquequivontdonnerà savie et àson œuvre leur physionomie propre. Elle est à sa mesure uneréponsedel’EspritSaintauxappelsdel’humanitéenquêtedesalut.Enceci,elleestparticulièrementexemplairepournousence début de troisièmemillénaire. Ce n’est pas un hasard si lepape Paul VI l’a déclarée Docteur de l’Église. Si la synthèsedoctrinale de la Sainte offre un parfait équilibre dans laprésentation de la vie mystique chrétienne, ses réalisationshistoriques(laréformeduCarmel, lafondationdesmonastèresdesœursetdefrères)sontellesaussisourced’inspirationpournous aujourd’hui. Elles nous montrent l’importance de laréformepermanente,duretouraucharismefondateurd’unordrereligieux, comme l’a indiqué le concile Vatican II. Elles nousrappellentsurtoutlaprimautédelagrâce,delaprièresurtouteslesinitiativeshumaines,fussent-ellesparmilesplusgénéreuses.UneseuleconditionnousestposéeparThérèse:brûlerd’amourpourceChristquinousaaimésjusqu’àlivrersaviepournousetcommunieràcetamoursauveurendevenantànotretourdes«esclavesde l’amour» toutentiersdévouésaubienéterneldenosfrèresetsœurs.Bref,notreconversion,notreprogrèsdanslaviedefoi,d’espéranceetdecharitésonttoutsaufdesquestionsprivées,intimes.Noussommesmembresd’uncorps,l’Égliseet

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l’heuredubaptême.Lepassageparlamort,lesilence,laviecachéeenChristnous

rappellequelepleindéploiementennousdelaviedelagrâcen’estpasauboutdenosefforts.Cetaccomplissementdemeureunpurdon.Notrepartestdenousdisposeràcedépouillementde l’homme ancien et à cette transformation en un hommenouveauavecunegénéreusedétermination.Ensuite, la légèretédupapillondesainteThérèsenous rappelle l’invitationànousrendredisponiblesà toutes lesmotionsdeDieu,ànechercherd’autrereposqueLui.Cereposn’estpasencoreànotreportée,car l’âme devra encore passer par bien des purifications, desépreuves. Entrer de plain-pied dans la vie divine suppose eneffet que notre humanité soit vraiment proportionnée, adaptéeaux mœurs divines, c’est-à-dire concrètement à la perpétuelledilatationde l’amour,audondesoisansréserve.Lessixièmesdemeures développeront au travers d’une multitude dedescriptions les effets de la grâce envahissant une pauvrehumanité jusque-là rabougrie par le péché. En ces heures detransition l’amour est douloureuse extase, sortie de soi,volettement insatiable du papillon d’un jour qui attend d’êtreintroduitdanslastabilitédelaseptièmedemeure.Gardons confiance, patience à travers les aléas de notre vie.

Dieuestà l’œuvreetcequebiensouventnousnecomprenonspasn’estquel’ombredesalumièrequienvahitprogressivementnotre vie, notre histoire. Avançons sur le chemin qu’est leChrist:«Désormaisjeconsidèretoutcommedésavantageux,àcausedelasupérioritédelaconnaissanceduChristJésusmonSeigneur. À cause de lui j’ai accepté de tout perdre, jeconsidère tout comme déchets, afin de gagner le Christ etd’être trouvé en lui, n’ayant plus ma justice à moi, celle quivient de laLoi,mais la justicepar la foi auChrist, celle qui

vientdeDieuets’appuiesur la foi ; leconnaître, lui,avec lapuissance de sa résurrection et la communion à sessouffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin deparvenir si possible à ressusciter d’entre les morts. […]Oubliantlecheminparcouru,jevaisdroitdel’avant,tendudetoutmonêtre,et jecoursvers lebut,envueduprixqueDieunousappelleàrecevoirlà-haut,dansleChristJésus.» (Ph3,8-11.13-14)

Textesàméditer« L’âme représentée par ce ver commence à vivre quand, à

l’aidede lachaleurduSaint-Esprit,ellecommenceàprofiterdusecoursgénéralqueDieunousaccordeàtous,etàuserdesremèdes qu’il a confiés à l’Église, comme la confessionfréquente,lalecturedesbonslivres,lessermons;cesontlà,eneffet, autant de remèdes pour l’âme qui est morte par sesnégligences ou ses fautes, et qui se trouve encore dansl’occasiondepécher.Aveceuxelle reprendpeuàpeu lavie ;ellesesoutientparlesmoyensquejeviensdedireetlesbonnesméditations.[…]Or, quand ce ver a grandi, il commence à filer la soie et à

construire la demeure où il doit mourir. Je voudrais vousmontrer maintenant que cette demeure pour l’âme c’est leChrist.J’ailu,cemesemble,ouentendudirequelquepartquenotrevieestcachéedansleChristouenDieu,cequiest toutun,ouqueleChristestnotrevie[Col3,3-4].[…]Parlà,vousvoyez,mesfilles,cequenouspouvonsréaliseraveclesecoursdeDieu,afinqueSaMajestédeviennenotredemeure, commeelle l’est dans cette oraison d’union, et comment d’ailleursnous préparons nous-mêmes cette demeure. […]Ce que nouspouvons c’est retrancher de nous-mêmes et donner de nous-

mêmescommefont lespetitsversàsoie.NousauronsàpeineaccomplitoutcequidépenddenousqueDieuprendracepetittravailquin’estrien,l’uniraàsagrandeuretluidonneratantdeprixqu’ilenseralui-mêmelarécompense.Etainsi,commec’est lui qui a fait presque tous les frais, il unit nos petitstravaux aux grands travaux qu’il a endurés, afin qu’ilsdeviennentunemêmechoseaveceux.»(5D2,3-5)« Considéronsmaintenant ce que devient ce ver mystique ;

car c’est pour en arriver là que j’ai dit tout ce qui précède.Lorsqu’ilestélevéàcetteoraisond’union,ilestbienmortaumonde et il se transforme en un petit papillon blanc. ÔpuissancedeDieu!quipourraexprimerl’étatdel’âmeaprèscetteuniondurantlaquelleelleaétéabîméedanslagrandeurdeDieuetsiétroitementunieàluipendantquelquesinstants?[…] Je vous le dis en toute vérité, cette âme ne se reconnaîtplus.Ilyalamêmedifférenceentresonpasséetsonétatactuelqu’entreceveràsoiedifformeetlepetitpapillonblanc.Ellenesaitcommentelleapumériterunbiend’unsihautprix,jeveuxdire : elle ne sait d’où il a pu lui venir ; ce qu’elle sait trèsbien,c’estqu’ellenel’apointmérité.SondésirdeglorifierleSeigneur est de telle sorte qu’elle voudrait se consumer etendurer mille fois la mort par amour pour lui. Et alors elleappelle de tous ses vœux les plus rudes travaux, sans qu’ellepuisse faire autre chose. Son souhait le plus ardent est de selivrer à la pénitence, de rechercher la solitude. Elle voudraitque Dieu fût connu de tous les hommes. De là lui vient unepeine extrême à la vue des offenses commises contre SaMajesté.»(5D2,7)« Après avoir goûté un si profond repos en Dieu, ce petit

papillon ne trouve rien sur la terre qui puisse le contenter,surtoutquandleSeigneurluiadonnésouventàboireduvinde

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Sommaire

PremièreJournée–IChanterlesmiséricordesdeDieuPremièreJournée–IILeLivredesmerveillesdeDieuDeuxièmeJournée–ILechâteaudel’âmeDeuxièmeJournée–IILaconsidérationTroisièmeJournée–ISurlechemindel’oraisonTroisièmeJournée–IIL’oraisonthérésienneQuatrièmeJournée–IRegarderJésusQuatrièmeJournée–IILaSainteHumanitédeJésusCinquièmeJournée–IL’appelàlacontemplationCinquièmeJournée–IILedondelacontemplationSixièmeJournée–ILacompassionpourlesâmesSixièmeJournée–IIL’apostolatdescontemplatifsSeptièmeJournée–I

LechemindesvertusSeptièmeJournée–IIL’obéissancequiunifielavieHuitièmeJournée–IL’amourtransformantHuitièmeJournée–IIL’épreuvedel’amourNeuvièmeJournée–ILefestindesnocesNeuvièmeJournée–IIFilledel’ÉglisePourallerplusloin…

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