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La FranceDonnées sociales
Licence 1 Questions ContemporainesSociologie et philosophie
6. Les rapports de genre
Cours du 12 novembre 2009
Introduction
« On ne naît pas femme, on le devient » (Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 1949).
Des socialisations sexuées dans toutes les sociétés humaines : attentes différences, rôles sociaux polarisés, goûts et stéréotypes de genre.
Différences et inégalités ; nature et culture. Les classifications sociales sont elles-mêmes
sexuées (F.Héritier).
Plan du cours
1. Socialisation, éducation, activité : la marche vers l’égalité ?
2. La permanence des inégalités et ses causes
3. Politiques publiques et égalité de genre
Bibliographie
Margaret Maruani, Travail et emploi des femmes, Paris, La Découverte, 2000.
C.Baudelot, R.Establet, Allez les filles !, Paris, Seuil, 1992.
F.Héritier, Masculin / Féminin, t.I, Paris, Odile Jacob, 1996.
La montée irrésistible de la scolarisation féminine
Maîtrise du français et des mathématiques par sexe Proportion d’élèves en fin d’école et de collège qui maîtrisent les compétences de base Unité : %
Filles Garçons
Elèves de CM2
- français 89,0 83,7
- mathématiques 88,1 91,1
Elèves de troisième
- français 85,5 74,5
- mathématiques 89,4 89,4
89% des garçons et des filles maîtrisent les mathématiques de base à la fin du collège en 2007.
Source : Ministère de l'Education nationale, Élèves de CM2 et de troisième scolarisés en France métropolitaine et dans les DOM en mars 2007.
La montée irrésistible de la scolarisation féminine
Taux de réussite au baccalauréat par sexe Unité : %
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2007
Filles 64,9 68,2 73,9 76,8 81,6 81,9 84,6
Garçons 62,5 65,6 72,1 72,7 77,2 77,7 82,1
Total 63,9 67,2 73,1 74,9 79,5 79,9 83,4
Ecart 2,4 2,6 1,8 4,1 4,4 4,2 2,5
L'écart de réussite entre les garçons et les filles se réduit à 2,5 points de pourcentage en 2007.
Source : Ministère de l'Education nationale - Repères et références statistiques - édition 2008
La montée irrésistible de la scolarisation féminine
Part des diplômes décernés à des femmes
Nb total de diplômés % femmes
Baccalauréat général 281 733 58,5
Baccalauréat technologique 137 605 50,5
Baccalauréat professionnel 104 975 43,2
Tous baccalauréats 524 313 53,3
Licence 168 045 60,4
Master 93 278 55,6
Doctorat 10 045 41,6
Les femmes représentent plus de 55% des 93 000 diplômés de master en 2006.
Source : Ministère de l'Education nationale - Repères et références statistiques - édition 2008
Des choix d’orientation toujours sexués
Part des filles dans les principales filières en terminale au lycée Unité : %
Proportion de filles
S (scientifique) 44
L (littéraire) 84
ES (économique et sociale) 65
STI (sciences et techniques industrielles) 10
STG (sciences et techniques de la gestion) 67
Source : Ministère de l'Education nationale. Année des données : 2007
Des choix d’orientation toujours sexués
Proportion de filles par discipline universitaire
Effectif total Part de filles
en %
Lettres, pluri-lettres, langues, sciences humaines, sociales 420 149 70,9
Médecine, odontologie, pharmacie 190 866 61 ,9
Droit, sciences politiques 179 125 64,6
Sciences économiques, gestion 136 474 51,2
AES 38 029 59,8
Sciences fondamentales et applications, pluri-sciences 180 990 29,8
Sciences de la nature et de la vie 69 742 58,9
STAPS (sport) 32 152 32,3
IUT 116 223 39,4
TOTAL 1 363 750 56,9
Source : Ministère de l'Education nationale, Année universitaire 2007-2008
Des choix d’orientation toujours sexués
Proportion de filles dans les classes préparatoires et dans les grandes écoles
Effectif total Part de filles
en %
Classes prépa (CPGE) 78 072 43
- scientifiques 48 361 30
- économiques 18 323 55
- littéraires 11 388 75
Ecoles d'ingénieurs 104 218 27
Ecoles de commerce 87 666 48
Normale sup (ENS) 3 680 39
ENA (promotion 2008) 81 40
Polytechnique (2008) 399 14
Source : Ministère de l'Education nationale, Ena, Ecole polytechnique - Année scolaire 2007-2008
Une dynamique favorable à l’égalité entre hommes et femmes
La scolarisation comme point d’appui vers l’égalité.
La montée du taux d’activité des femmes et l’expansion du salariat féminin : une évolution plus ambiguë, un « laboratoire du changement social » (A.Trémoulinas)
Maîtrise de la sexualité, de la procréation et autonomie personnelle.
Erosion du modèle de domination patriarcal.
2. La permanence des inégalités et ses causes
La disymétrie des « rapports sociaux de genre » et la domination masculine : un « invariant » (Héritier, Bourdieu) ?
La division sexuelle du travail, une structure très stable : production / reproduction.
Changement social et permanence des inégalités : 1/ L’espace domestique. 2/ Le marché du travail.
Les inégalités de genredans l’espace domestique
Durée moyenne des activités au cours d'une journée (du lundi au dimanche) Unité : heures par jour
Hommes Femmes
Temps personnel * 11h23 11h36
Temps libre 4h21 3h25
Temps contraint 8h16 8h59
dont :
Travail professionnel 5h56 4h51
Soins aux enfants et aux adultes 0h19 0h42
Temps domestique 2h01 3h26
dont :
Cuisine 0h22 1h12
Ménage 0h11 0h51
Linge 0h03 0h31
Comptes et démarches 0h04 0h04
Courses 0h22 0h33
Bricolage et jardinage 0h45 0h08
Entretien et divers 0h14 0h07
Total 24h00 24h00
* soins personnels, repas et sommeil
Source : Insee - Enquête emploi du temps. Année des données : 1999, couples dont les deux conjoints sont salariés
Les inégalités de genre dans l’espace domestique
Comparaison de la fréquence des loisirs des pères et des mères après une naissance dans le foyer. Unité : %
Plus Autant Moins Plus du tout
Pères
Sorties aux spectacle, cinéma, match, exposition 1 19 52 28
Pratique d'un sport, d'une activité physique 2 37 37 24
Pratique d'une activité artistique (musique, danse, théâtre…)
3 47 32 18
Participation à une association 3 58 22 17
Pratique d'une activité manuelle (mécanique, bricolage…)
7 59 31 3
Mères
Sorties aux spectacle, cinéma, match, exposition 1 9 52 38
Pratique d'un sport, d'une activité physique 3 11 31 54
Pratique d'une activité artistique (musique, danse, théâtre…)
5 18 39 38
Participation à une association 3 43 26 29
Pratique d'une activité manuelle (mécanique, bricolage…)
4 39 44 13
Source : Drees - Enquête - Congés autour de la naissance. Année des données : 2004, 2 000 pères et mères d'enfants nés en novembre et décembre 2003, ayant droit au congé de paternité ou maternité, interrogés entre avril et juin 2004
Des inégalités persistantes
Pas de bouleversement des rôles dans la sphère domestique: reproduction et cohésion de la famille / production et temps libre.
Des inégalités qui varient selon la position du ménage dans l’espace social, selon le statut d’emploi des conjoints, etc. (Enquêtes emploi du temps).
Les inégalités sur le marché du travail
Evolution du taux de chômage selon le sexe
Hommes en %
Femmes en %
Ecart
1990 6,2 10,2 4
1995 8,5 11,9 3,4
2000 7,2 10,1 2,9
2005 8,0 9,8 1,8
2006 8,1 9,6 1,5
2007 7,4 8,5 1,1
2008, 1er trimestre 7,0 8,0 1
2008, 2ème trimestre 7,1 8,2 1,1
2008, 3ème trimestre 7,2 8,4 1,2
2008, 4ème trimestre 7,7 8,8 1,1
2009, 1er trimestre 8,4 9,4 1
2009, 2ème trimestre 9,2 9,9 0,7
Note : taux de chômage au sens du BIT moyens dans l'année, données corrigées de la rupture de série en 2002.
Source : Insee, séries longues sur le marché du travail
Les inégalités sur le marché du travail
Proportion de jeunes embauchés à temps partiel pour leur premier emploi
Hommes en %
Femmes en %
Non qualifiés 12 38
CAP ou BEP non diplômés, 2de ou 1re 8 24
CAP ou BEP 7 32
Bac non diplômés 8 32
Bac professionnel ou technologique 9 27
Bac+1 ou Bac+2 non diplômés 14 28
Bac+2 7 13
2e cycles 15 21
3e cycles ou écoles 7 14
Ensemble 9 23
Source : Céreq (enquête génération 2001)., Jeunes sortis du système scolaire en 2001 et ayant occupé au moins un emploi au cours de leurs trois premières années de vie active.
Les inégalités sur le marché du travailDécomposition des écarts de revenus entre hommes et femmes
Les femmes gagnent ... de moins que les hommes
Ecart tous temps de travail confondus
26,7 %
(dont effet du temps partiel)
(7,5%)
Ecart pour des temps complets
19,2%
(dont effet des heures supplémentaires et primes)
(5,8 %)
Ecart des salaires horaires
13,4 %
(dont effets de structure (*))
(3,7 %)
Ecart toutes choses égales par ailleurs
9,7 %
(*) Les facteurs explicatifs des écarts de salaires utilisés sont le niveau de diplôme, l'expérience professionnelle, la catégorie socioprofessionnelle, le type de contrat de travail, le temps partiel, le secteur d’activité et la taille de l’entreprise. Lecture : les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs de 26,7 % à ceux des hommes. Si l'on ne tient compte que des temps complets, en retirant l'effet du temps partiel (7,5 %), l'écart est de 19,2 %.
Source : Insee-Dares, ministère du travail. Année des données : 2006, salariés des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur concurrentiel
Le « plafond de verre » dans la fonction publique
Proportion de femmes dans la fonction publique en 2004 Unité : %
Tous emplois Emplois de direction
Fonction publique d'Etat - civils 50 11
Militaires 13 1
Fonction publique territoriale 61 16
Fonction publique hospitalière 76 18
Trois fonctions publiques 59 13
Secteur privé * 42 17
Champ : hors emplois aidés (CES, CEC, emplois jeunes). Emplois principaux. * pour le secteur privé, les emplois de direction comprennent les dirigeants salariés d'entreprises
Source : DGAFP, Insee, Drees
Les femmes sur le marché du travail: un « laboratoire du
changement social » ? La « tolérance sociale » au sous-emploi
féminin. Féminisation des professions et
dévalorisation dans l’espace social. Les compétences considérées comme
féminines sont mal évaluées et rétribuées socialement.
Il existe une discrimination salariale.
3. Politiques publiques et égalité de genre
Les réformes et l’accès à l’autonomie: droit de vote (1944), compte en banque (1965), libéralisation de la contraception (1967), avortement (1975). Rôle du mouvement féministe (manifeste des « 343 » en 1971).
La loi sur la parité (2000) et ses conséquences. Les politiques internationales et nationales de lutte
contre les discriminations au travail (lois Roudy, Génisson, etc.). Gender mainstreaming. Bilans d’égalité.
Les biais dans l’évaluation des performances économiques et du bien-être.
Les femmes dans le champ politique (source: ministère de
l’intérieur)Année Part de femmes
Députées 2007 18,5
Sénatrices 2008 22
Maires (> 3500 hab.)
2008 8,5
Conseillères générales
2004 13,1
Conseillères régionales
2004 47,6
Conseillères municipales
2008 48,5
Députés européennes
2009 43
La lutte contre les discriminations : le « testing »
Discriminations à l'embauche Convocations à un entretien d’embauche pour 100 au candidat de référence
Convocations Probabilités
Candidat de référence 100 ---
Visage disgracieux 71 1,4 fois moins de chances
Femme 63 1,6 fois moins de chances
Handicapé 54 1,8 fois moins de chances
Nom maghrébin 36 2,7 fois moins de chances
Agé (48-50 ans) 32 3 fois moins de chances
Note de lecture : Lorsque le candidat de référence a 100 entretiens d’embauche, celui avec un nom marocain en a 36, soit 3 fois moins.
Source : Observatoire des discriminations. Année des données : 2006, Test sur 1340 offres d'emploi, 6461 CV envoyés
Source : Baromètre ou indice des discriminations à l’embauche, Observatoire des discriminations, Université Paris 1.
Comment mesurer la richesse sans biais de genre ?
Le PIB est centré sur l’univers marchand et la sphère professionnelle.
Mesurer la contribution de la production domestique à la richesse.
Intégrer dans la mesure du bien-être des éléments qui sont exclus de la comptabilité nationale (cf. rapport Stiglitz).