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La fréquence du subjonctif dans les subordonnées complétives introduites par ≪ que ≫ étudiée dans des textes français contemporains

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This article was downloaded by: [Carnegie Mellon University]On: 10 November 2014, At: 04:43Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH,UK

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La fréquence du subjonctif dansles subordonnées complétivesintroduites par ≪ que ≫étudiée dans des textes françaiscontemporainsLars BörjesonPublished online: 21 Jul 2008.

To cite this article: Lars Börjeson (1966) La fréquence du subjonctif dans lessubordonnées complétives introduites par ≪ que ≫ étudiée dans des textes françaiscontemporains, Studia Neophilologica, 38:1, 3-64, DOI: 10.1080/00393276608587350

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La fréquence du subjonctif dans les subordonnéescomplétives introduites par « que » étudiée

dans des textes français contemporains

Le 19 janvier 1963 disparaissait Lars Börjeson. Ses familiers connais-sent la valeur de son mémoire sur la fréquence du subjonctif, tiré à unpetit nombre d'exemplaires et que le sort ne lui a pas permis d'élargiren thèse. La publication de cette étude s'imposait autant pour la perspica-cité prudente des explications qu'il apporte que pour l'originalité et larigueur des statistiques; ses amis suédois ont demandé mon concoursparce que j'avais conseillé Lars Börjeson pendant son séjour à Paris etqu'il m'avait alors honoré de sa confiance. Je me suis fait un devoir dene pas trahir ce sentiment dans les nombreuses modifications qu'il mefallait apporter à son œuvre pour en réduire le volume; ce résumé neparaîtra d'ailleurs qu'avec la garantie des maîtres qui ont été les confi-dents de ses doutes et de ses conjectures.

Je crois avoir assez conversé et correspondu avec Lars Börjeson pourêtre un interprète loyal de sa pensée dans les passages que je dois rac-courcir. S'il m'arrive de donner mon opinion personnelle sur les problèmesque nous avons agités ensemble, je ne manquerai pas de l'indiquer. Leplus souvent que je pourrai, je lui laisserai la parole : des guillemets,suivis de ses initiales, signaleront ces citations textuelles.

HENRI BONNARD

Observations préliminaires (pp. 4-24)

Après la Table des matières, L. B. indique qu'une bibliographie desnombreux ouvrages sur le subjonctif se lit dans la thèse de G. Moignet :

Au nom de tous les amis de Lars Börjeson, je tiens à remercier M. HenriBonnard de ce qu'il a bien voulu accepter de condenser et de préparer pourl'impression le mémoire de notre compagnon disparu. C'est un grand privilèged'avoir pu compter sur une collaboration de cette qualité.

Lars Börjeson continue à vivre dans nos cœurs meurtris. C'est malgré toutune certaine consolation de penser que son travail dorénavant pourra être ap-précié et utilisé par tous ceux qui aiment la langue française comme l'a fait LarsBörjeson.

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Essai sur le mode subjonctif en latin postclassique et en ancien français (Les

Presses Universitaires de France, Paris 1959).Il y ajoute deux études plus récentes :Marcel Cohen, Le subjonctif en français contemporain. Tableau docu-

mentaire (Centre de documentation universitaire, Paris i960).Joseph Hanse, La valeur modale du subjonctif (Palais des Académies,

Bruxelles, i960).« L'ouvrage de M. Cohen sert, avec de nombreux exemples, à il-

lustrer les emplois du subjonctif. Ces exemples sont à considérer, ditcelui-ci, comme un échantillon d'une vaste documentation dans le do-maine de l'emploi du subjonctif. Le dépouillement qui date depuis ledébut du siècle a surtout été fait dans les journaux et dans les lettres.(...) La conclusion principale que tire M. Cohen de son étude est que« le subjonctif est encore plein de vitalité dans le parlé et non pas seule-ment dans l'écrit, mais de manière différente et ce à toutes les per-sonnes » (188). Tous ses nombreux exemples de l'emploi du subjonctifservent, il est vrai, à démontrer la vérité d'une telle déclaration, en toutcas pour ce qui est des formes du subjonctif. La question devient plusdifficile dès qu'on se demande si ce qui vaut pour les formes vaut égale-ment pour les valeurs du subjonctif. Le subjonctif vit-il en tant que va-leur modale? » (L. B. 4-5).

Au contraire, « l'étude de M. Hanse est une discussion théorique quivise à préciser la valeur modale du subjonctif à partir de l'étude critiquede quelques-unes des thèses les plus importantes consacrées à ce sujet ».On sait que le subjonctif a parfois été expliqué par la « tension des res-sorts de l'âme », opinion que M. Grevisse avait prise à son compte dansLe Bon Usage (avant la 8e édition). Celui-ci disait en effet au § 999 :

Après les verbes d'opinion et de perception, on met : a) l'indicatif toutesles fois que l'on considère la réalité du fait exprimé, sans tension spécialedes ressorts de l'âme relativement au fait subordonné ... b) le subjonctiflorsque le verbe subordonné exprime un fait simplement envisagé dansl'esprit, avec une certaine tension des ressorts de l'âme.

J. Hanse réfute ainsi cette doctrine :

Ce serait une absurdité de dire qu'il n'y a aucune tension, aucune énergiepsychique dans : J'affirme que vous avez menti ou dans la plainte d'unamoureux : Je suis sûr que vous ne m'aimez plus! On voit combien il est ar-bitraire de prétendre que l'indicatif exprime l'action d'une façon objectivecomme un concept de l'esprit où le cœur n'intervient pas. (6-7)

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L. B. s'accorde avec Hanse pour rejeter Γ « énergie psychique » commefacteur du subjonctif. De son côté, il va étudier les différents facteurs dumode dans un exposé dont nous modifierons le.plan par économie :

1. Facteur réalité

De l'explication de M. Grevisse, J. Hanse retient la nuance de « réa-lité » exprimée par l'indicatif :

L'opposition, sentie par chacun, entre ces deux modes, paraît résider deprime abord dans la façon de situer ou non l'action sur le plan de la réalité,selon qu'on l'affirme ou non comme une réalité » (Hanse 9).

L'accord des deux linguistes belges sur ce point ne convainc pas L. B. :« Dans une phrase comme nul doute qu'il l'a entendu, l'indicatif serait unindice que le fait est jugé réel, tandis que dans nul doute qu'il ne l'aitentendu, le subjonctif traduirait moins de certitude quant au fait en-visagé. La façon de concevoir le fait ne serait donc pas la même dans lesdeux cas. Il se peut effectivement que pour un Français, conscient despossibilités de sa langue d'exprimer des nuances subtiles, le choix —conscient ou inconscient — entre le subjonctif et le non-subjonctif sefasse selon un principe tel que celui émis par MM. Grevisse et Hanse,savoir réalité contre non-réalité, se reflétant dans l'indicatif et dans lesubjonctif respectivement. Mais aller de là jusqu'à vouloir expliquertous les cas de subjonctif selon ce principe, c'est, il me semble, donnertrop d'importance à ces formes » (L. B. 9).

L. B. aligne p. 19 des exemples où le facteur réalité joue manifestement:

Ne révèle à personne que nous sommes passés par la cuisine. (FI 29-30/10i960: 13)1Personne d'autre ne sait que Gérard Philippe a été opéré. (EL 30/9 i960:81)Dans son quartier bourgeois on ne sait pas que le voisin ... α une autre etfunèbre profession. (PM 6/8 i960: 15)... au cas où Vous ne sauriez pas encore que l'Algérie, c'est la France. (EX13/10 i960: 5)Lorsqu'on vit chez eux on ne peut pas croire qu'ils sont mariés depuis15 ans ... (EL 26/8 i960: 60)

1 Pour ces abréviations, voir plus loin : « Textes utilisés. »

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C'est également le cas pour le seul exemple avec l'indicatif relevé aprèsrien n'indique :

. . . où rien n'indique, aujourd'hui, qu'un coup d'Etat à (sic) failli renverserle président Diem. (FI 15/11 i960: 8)

En revanche, voici les cinq subjonctifs relevés après la même expression :

Mais rien n'indique qu'il ait ¿téprévu. (EX 8/9 i960: 11)... et rien n'indique que, d'ici quelques mois, il change ses manières etsoit prêt à négocier .. . (FI 18/10 i960: 3)Rien n'indique que Sassen ait joué un rôle quelconque ... (EX 1/12 i960: 19)Rien n'indique que M. Macmillan soit appelé à participer à la petite con-férence ... (FI 13/10 i960: 3)Rien ... n'indique que le Conseil... ait entendu . . . (FI 23/8 i960: 3)

En fait, dans bien des cas, d'autres facteurs peuvent être à considérer;parfois un seul joue, parfois plusieurs.

2. Facteur style

Foulet, dans sa Petite syntaxe de l'ancien français, fait à propos dusubjonctif en français moderne la remarque suivante (§ 296) :

.. . dans la majorité des cas, semble-t-il, il n'est pas question d'une diffé-rence de sens, même ténue : il ne s'agit que d'un simple procédé de style.

P. Imbs exprime la même opinion {Le subjonctif en français moderne,

45):

... l'emploi de l'indicatif ou du subjonctif est fonction de nuances souventdélicates, qui ne peuvent être déterminées que dans le contexte de chaquephrase. La détermination de ces nuances relève plutôt de l'analyse sty-listique (en italique chez l'auteur) que de l'analyse grammaticale.

« II y a donc selon eux, écrit L. des cas où le subjonctif est unmoyen de style, rien de plus. Ainsi, que croyez-vous} soit suivi du sub-jonctif et vous croyez} du non-subjonctif serait lié au fait que la premièreexpression est d'une langue plus châtiée que la seconde. Il serait doncnaturel que le subjonctif, plus « soigné » que le non-subjonctif, se com-bine avec croyez-vous} et que vous croyez} soit suivi du non-subjonctif.Reprenons nos phrases de tout à l'heure, nul doute+subjonctif et nuldoute+non-subjonctif. Il se peut que nul doute dans le premier cas foitconçu comme expression plutôt littéraire et, par conséquent, combinéavec le subjonctif, dans l'autre pas. Donc, aucune opposition de sens

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entre nul doute qu'il ne l'ait entendu et nul doute qu'il l'a entendu, simple-ment procédés de style » (L. B. 9-10).

Une note, p. 10, mérite d'être copiée : « M. Dubois, à l'Ecole desHautes Etudes à Paris, m'a confié qu'après avoir écrit une lettre, il ymet, en la relisant, quelques subjonctifs là où cela se peut. » II s'agitévidemment d'une boutade, mais significative.

3. Facteur « saurez »

L. B. use pour désigner les temps des différents modes de la termino-logie commode et précise imaginée par Damourette et Pichón : « tiroirssaurez, saviez, sauriez, sachiez, etc. ».

On sait que le sachiez, appelé improprement « subjonctif présent », estapte à exprimer aussi bien un fait futur :

II doute sérieusement que « The Misfits ».. . obtienne le visa d'approbation.. .(EX 28/7 1960:28)... il est possible que M. Michel Debré réponde au discours que le bâton-nier prononcera au début de la cérémonie. (FI 9/12 i960: 14)... il est possible que le Tour d'Espagne cycliste ne soit pas organisé en1961. (FI 8/8 i960: 7)

Mais « le besoin d'exprimer le futur ... peut rompre la neutralisationprésent-futur du subjonctif » (Cohen 95) et le sens futural est explicitépar l'emploi de saurez ou de allez savoir. On rencontre de tels indicatifsaprès des expressions qui exigent normalement le subjonctif :

II semble donc possible que le Saint-Père, lorsqu'il ouvrira à Saint-Pierre lasolennelle réunion du concile œcuménique, verra réuni autour de lui uncollège composé de cardinaux . . . (FI 24/11 i960: 11)II est possible que cette démarche officielle ... forcera l'Amérique à choi-sir ... (FI 6/12 i960: s)II est possible que les Tunisiens vont chercher à rallier les Africains à leurthèse... (FI 23/8 1960:7)Mais il est possible que Paul Roux va mettre un frein à son activité . . .(FI 28/9 i960:15)

A plus forte raison, il est légitime de penser que le facteur saurez ajoué en faveur de l'indicatif dans les cas où les deux modes sont normale-ment en concurrence :

Pensez-vous que les mutins entreprendront une action offensive . . . ? (FI9-10/7 1960:3). . . mais croyez-vous que ses successeurs seront moins intransigeants quelui? (EX 22/9 i960:14)

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Croyez-vous que nous serons heureux ...? (EL 9/9 i960: 21)Je ne pense pas que ce sera nécessaire. (FI 22/8 i960: 3). . . mais il n'est pas certain que les records seront battus. (FI 30-31/7 i960:5). . . en disant qu'il n'est nullement certain, qu'il adoptera la ligne politique . . .(PM s/11 i960: 99)Croyez-vous qu'ils vont descendre de Gaulle? (EX 8/12 i960: 7)

Rien cependant n'autorise à récuser tout autre facteur dès que le sensfutural est enjeu. Dans l'exemple suivant, il semble que le facteur réalitésoit déterminant :

Je ne crois pas que le fascisme pourra l'emporter. (EX 6/10 i960: 6)

C'est le seul pourra relevé par L. B. après les expressions je ne crois pas,nous ne croyons pas, je ne pense pas, nous ne pensons pas. Par contre, 20

puisse ont été trouvés après ces mêmes expressions; exemples :

Je ne crois pas que l'Europe puisse se faire à partir d'une zone de libre-échange. (FI 25/11 i960: 7)Je ne pense pas que des troubles puissent désormais s'y dérouler. (FI 28/10i960: 3)

« Donc, ce n'est peut-être pas en premier lieu au facteur temps qu'ilfaut recourir pour expliquer le pourra de tout à l'heure. Dans la phrase dePierre Mendès-France, la forme de non-subjonctif reflète, je pense,l'assurance de celui-ci que le fascisme ne l'emportera pas » (L. B. 13).

Que l'on compare maintenant ces deux phrases :

II n'est pas sûr qu'elle y parviendra. (EL 22/7 1960: 67)... mais il n'est pas sûr qu'elle y réussisse. (FI 28/12 i960: 13)

Le sens futural n'est pas douteux, dans l'une comme dans l'autre; ladifférence de mode n'est peut-être qu'une nuance de style, le non-subjonctif étant plus naturel, plus « langue parlée ».

Un problème se pose, soulevé par une note de M. Arne Klum, p. 241de sa thèse Verbe et adverbe (Almqvist & Wiksell, Uppsala 1961) à proposde cette phrase de Giraudoux :

Qu'il existe déjà, je n'en suis pas sûr, en effet. Mais qiûil existera ce soir,c'est fort possible. (Intermezzo II, 1)

M. Klum la commente ainsi :

Pourquoi utiliser — contre la norme — le futur de l'indicatif lorsque,comme ici, la postériorité se trouve expHcitée par ce soir? A notre sens, la

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réponse est à chercher dans l'opposition entre ce qui existe déjà et ce quiexistera ce soir. Giraudoux a dû vouloir accentuer la différence temporelled'une façon particulièrement nette. Pour ce faire, le subjonctif lui a cer-tainement paru trop terne, trop peu expressif.

Il y a dans ce commentaire plus qu'une explication pertinente de cetemploi, il y a la suggestion que « l'addition de l'adverbe ce soir devraitparler en faveur du présent du subjonctif », comme dans cet exempleque M. Klum rapproche :

Que dans quelques années on assiste à un regroupement des puissances, ilest facile de l'admettre. (L'Express 20/8 1959)

La langue évite-t-elle ordinairement la redondance du saurez avec lesindications contextuelles de postériorité?

L. B. pense que non. Certes, il a relevé des exemples de subjonctifcomme celui de M. Klum; on en a lu plus haut, en voici encore un :

... il est possible que j'aie besoin de vous, à Kuala Lumpur, demain ouaprès-demain. (FI 18/8 i960: 4)

Mais « ce serait surtout le cas après des expressions qui se construisentnormalement avec le subjonctif »; beaucoup d'exemples montrent que« la construction avec saurez » dans .un contexte futural « est peut-être àconsidérer comme naturelle bien qu'inutile » (L. B. 14) :

Mais que la guerre durera longtemps encore, cela paraît évident. (Gazette deLausanne 29/12 1941)Mais je ne crois pas que l'indifférence actuelle persistera longtemps. (EX6/10 i960: 30)Et il semble que l'on doute de plus en plus, à l'étranger, que les Etats-Unis conserveront longtemps cette avance. (EX 3/11 i960: 15)Rien ne nous garantit que son prochain terrain de manoeuvre ne sera pas laFrance ... (FI 15/7 i960: 1)... mais je nie qu'un Morin, par exemple, ou les types qui sont à sestrousses le laisseront filer s'ils l'attrapent. (EX 10/8 1961: s)

4. Facteur « saviez »

« Le sussiez tendant à disparaître, bien qu'il soit prématuré de ledéclarer mort, quoi de plus naturel que l'apparition du saviez, mêmedans des constructions où il serait grammaticalement « incorrect »,comme par exemple ici :

Mes souvenirs ne sont plus très précis, mais il ne semble pas qu'il étaitquestion de l'occupation de Paris. (FI 10/11 i960: 23)

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11 n'est pas vrai que ... les forces ... ne pouvaient pas gagner. (EX 6/10i960: 30)

II est possible que, dans certains cas, il faille attribuer l'emploi d'unsaviez au lieu du sussiez ou de l'ayez su à des raisons aspectuelles, ce donttémoignerait l'exemple suivant :

... il semble que le conducteur ne connaissait pas la route et qu'il ait étésurpris . . . (FI 8/9 i960: 2)

Les deux formes indiquent le passé. La différence de caractère des deuxverbes connaître et surprendre dans ce contexte se traduit peut-être parla différence de formes. Il est possible que connaissait l'ait emporté surun éventuel connût i> (L. B. 17).

L. B. admet que, dans de nombreux exemples, le facteur réalité aitpu jouer :

Maigret n'avouait pas qu'il n'avait pas le courage de le lire. (FI 28/10i960: 4)II ne remarqua même pas que toutes les têtes se retournaient sur leur pas-sage. (FI 1-2/10 i960: 4)Mais je ne savais pas que vous étiez à New-York. (FI 7/11 i960: 4)Je ne savais pas qu'ils chantaient. (FI 27/9 i960: 23)Personne ne sut que cette voiture ... amenait aux Belges leur future reine.(PM 1/10 i960: 62)Je ne pouvais tout de même pas dire que j'avais besoin de ma soirée .. .(FI 10-11/12 i960: 4)

Principalement après penser ou croire qui « se construisent le plus sou-vent, quand il y a négation, avec le subjonctif » :

II n'aurait jamais pensé que les rousses jouissaient d'une aussi stupéfiantevitalité. (FI 13/7 i960: 4)Je ne pouvais croire que tout était fini. (FI 31/12 i960 — I / I 1961)Je n'aurai (sic) jamais cru qu'il était si tard ... (FI 5-6/11 i960: 4)Quiconque avait connu James Jarett auparavant n'eût pu croire quec'était le même homme ... (FI 30/9 i960: 4)

Mais il y a des cas où le non-subjonctif est utilisé alors qu'il y a mani-festement doute quant au fait envisagé :

... des sous-vêtements féminins, dont on ne peut affirmer qu'ils apparte-naient à la victime. (FI 13-14/8 i960: 2)... on ne peut encore affirmer que Lagaillarde se trouvait à bord. (FI7/12 i960: 6)

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5. Facteur « sauriez »

Dans sa valeur de « futur du passé », le sauriez concurrence le sussiezcomme le saurez concurrence le sachiez, mais d'autant mieux que lesussiez — on l'a dit plus haut — est moribond; voici quelques exemplesde ce sauriez :

... rien n'annonçait qu'il serait un jour le maître du monde. (FI 2/11i960: 1)Mais il ne pensait pas que l'amour de sa petite-fille pour les airs feraitd'elle la première femme de l'espace. (MC nov. i960: 37)Je ne pensais pas, Madame, que nous serions obligés de nous revoir en-core. (EL 1/7 i960: 76)Je n'aurais jamais pensé que « Jamais le dimanche » aurait un pareil succès.(EX 21/7 i960: 32)On n'était pas tellement sûr ... que Fidel Castro trouverait où coucher.(FI 20/9 i960: 6)

Dans sa valeur modale propre, le sauriez dépend d'un verbe au pré-sent, après lequel la règle de concordance demanderait, au subjonctif,le présent; mais le sachiez n'a aucunement la valeur d'irréel ou d'éven-tuel qu'a le sauriez.

Les grammairiens connaissent un emploi ancien du sussiez au sensirréel-éventuel, usuel au XIe siècle, conservé à l'époque classique pourmarquer l'irréel par opposition au sachiez dans les cas où la syntaxeimpose le subjonctif. H. Sten (Les temps du verbe fini (indicatif) en fran-çais moderne, Copenhague 1952, p. 87) signale cet imparfait du sub-jonctif qui « cache un conditionnel », mentionne les nombreux exemplesde ce phénomènes relevés par Damourette et Pichón (V 626 ss.), maisobserve que la plupart sont tirés de textes non contemporains. Il leuremprunte cependant un exemple moderne de Ch. Bally :

II n'est pas douteux que l'indo-européen esti ne confirmât cette théoriesi l'étymologie en était connue. (L.G.L.F. 79)

et en produit un lui-même :

il n'y en a pas un seul qui ne fût encore très correct dans la langue d'au-jourd'hui. (Foulet, Petite syntaxe, p. 22a)

Ces deux exemples sont tirés d'oeuvres de grammairiens : « est-ce purecoïncidence? » demande L. qui ajoute pour sa part : « Dans mes ma-tériaux, je n'ai aucun sussiez dont je puisse dire avec assurance qu'il

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« cache un conditionnel » (ceci ne vaut évidemment pas pour l'eussiezsu) » (p. 15).

Le sauriez à valeur modale règne donc sans concurrent— soit que le fait subordonné soit envisagé « dans son éventualité »

(L. B. remarque que tous ces exemples contiennent l'article indéfini) :

II n'est pas certain que les troupes de l'O.N.U. seraient à même de faireface efficacement à une Vraie révolution. (FI 2/8 i960: 3)Croyez-vous que l'Union soviétique pourrait voter contre une propositiondu genre de celle-là (EX 21/7 i960: 4)Pensez-vous qu'un « oui » massif serait interprété par l'Armée ... commeune volonté ...? (EX 29/12 i960: 8)Je ne pense pas que Kennedy ... accepterait un marché pareil. (TP 3.21961)... rien ne prouve qu'un cessez-le-feu pourrait être suivi intégralement parles rebelles. (PM 2/7 i960: 53)

— soit qu'il réponde à une subordonnée hypothétique :

Et si j'acceptais, dit-elle, dans quelle classe croyez-vous qu'il me range-rait? (MC août i960: 100)Seulement, il n'est pas certain que Gide, s'il vivait encore, les reconnaîtrait.(PM 3/12 i960: 97)A supposer que les Allemands de l'Est, par exemple, décident de s'emparerde Berlin, il ne se tient pas du tout assuré que les Américains ne les lais-seraient pas faire. (PM 13/8 i960: 60)

6. Facteur opposition

J'appelle ainsi un facteur que L. B. a invoqué plusieurs fois dans sonmémoire. L'exemple le plus net est celui qu'il emprunte (p. 37) à W.van der Molen (Le subjonctif, Sa valeur psychologique et son emploi dansla langue parlée, Amsterdam 1923, p. 93) :

Oui, mais je ne crois pas que c'est ça, c'est la fatigue plutôt.

Le négatif étant suivi (ailleurs précédé) du positif, l'indicatif exigé parcelui-ci est étendu à celui-là.

Ce facteur a pu jouer, pense L. dans ces deux exemples relevés endehors du corpus de ses statistiques (p. 19) :

On s'aperçoit aussi que Victor Hugo, qu'on prend facilement pour l'in-carnation du XIXe siècle, n'était en fait pas de son siècle. Cela ne veut pasdire qu'il était du nôtre ... (EX 30/11 1961: 32)Bon. « Climats » était de l'anticinéma. On ne pouvait en faire pire. Maisil n'est pas évident que l'on pouvait faire bien. (EX 19/4 1962: 21)

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Deux exemples relevés dans son enquête sont « particulièrement in-structifs étant donné la très forte proportion de subjonctifs après lesexpressions/e ne crois pas, je ne pense pas » (p. 23) :

Cela dit, moi, de Gaulle, je ne crois pas que les Russes veulent Vraiment laguerre. Je crois qu'ils veulent seulement profiter de nos faiblesses ... (PM13/8 i960: 59)Je ne pense pas que l'origine de la demande dont nous parlions tout àl'heure, c'est les difficultés que la France peut connaître à l'O.N.U., maisl'angoisse que les états membres de la Communauté peuvent connaîtredans le choix qu'ils auront à faire ... (Tribune de Paris 16/11 i960)

7. Facteur attraction modale

Je me permets de transporter ici, pour lui donner place dans l'inven-taire des facteurs possibles, une notion que L. B. relègue dans les pages106-108 de son mémoire, apparemment parce qu'il n'en a pas vérifié lapertinence.

Le § 443 de la grammaire de Wartburg-Zumthor traite de l'attractionmodale. On y lit :

A tous les cas d'emploi du subjonctif signalés ci-dessus, il faut ajouterceux qui proviennent de l'attraction modale : lorsqu'une complétive ouune relative se trouve placée à la suite et dans la dépendance d'un Verbe ausubjonctif, et que celui-ci projette la moindre nuance d'éventualité oud'incertitude sur l'ensemble de la phrase, la subordonnée peut se mettreelle-même à ce mode : quoique ce soit toi qui aies fait l'erreur, je l'ai men-tionnée dans mon rapport; — crois-tu que j'admette qu'il se soit trompé? Mais(si l'on ne tient pas à marquer une telle nuance) : quoique ce soit toi quias fait l'erreur ...

L. B. n'a relevé systématiquement ces constructions que dans la se-conde moitié de son enquête (à partir du 1/10 i960). Pour 72 cas denon-subjonctif, il n'a observé que 4 subjonctifs; les voici :

1. Il est tout de même impensable que des compatriotes aient pu écrireque le lieutenant Charlounier .. . ait étranglé Audin. (FI 19/12: s)2. Je ne crois pas qu'on puisse dire que la France ail adopté ... une attitudenégative. (FI 6/10: 4)3. ... sans qu'on ait l'impression qu'il puisse lui faire entendre raison.(EX 3/11:9)4. ... quoique certains estiment qu'une telle entreprise soit d'avance vouée àl'échec. (FI 22-23/10: 8)

« Dans le premier exemple, on comprend que impensable, à travers aitpu écrire exerce une certaine influence sur le mode de la proposition

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sous-subordonnée. Ait adopté du deuxième exemple paraît tout à faitindiqué vu queje ne crois pas qu'on puisse dire que, pour le sens, correspondà on ne peut pas dire que, laquelle expression se construit le plus souventavec le subjonctif. De même pour l'exemple suivant, relevé après en-quête :

Non pas que je veuille dire que l'hôtellerie de luxe soit condamnée . ¿FIS/8: 5)

Au contraire, dans mes exemples du type le moins qu'on puisse dire, c'estque . . . le subjonctif n'est pas de mise (une dizaine d'exemples relevéshors enquête).

(...) Il se peut que l'emploi du subjonctif dans le quatrième exemple,après quoique certains estiment que, soit mis en rapport avec certains »(L. B. 107-108).

L. B. ne croit donc guère à l'influence du mode du verbe principalsur le verbe subordonné; pourtant, il consigne un exemple relevé horsenquête :

De Gaulle défie l'O.N.U. bien qu'il sache que les Nations Unies puissentexaminer le problème algérien. (FI 7/9: 6)

Exemple bien isolé en face de 22 autres, où le verbe savoir au subjonc-tif est suivi d'une proposition au non-subjonctif.

8. Facteur prédicat psychologique

J'ai laissé pour la fin un facteur dont L. B. n'a trouvé l'idée chezaucun de ses prédécesseurs, et dont la théorie termine les « observationspréliminaires » (pp. 20-24).

« II arrive fréquemment qu'il y a dans une phrase quelque chose surquoi se porte plus particulièrement l'attention. N'importe quelle partiede la phrase peut prendre cette fonction, article, adjectif, pronom, verbe,adverbe, voire une proposition entière. Le terme « prédicat psycholo-gique » a été employé pour ce phénomène (voir p. ex. Bally, Linguistiquegénérale et linguistique française : 73). La fonction d'une telle partie dephrase peut se traduire sur le plan de l'expression par l'emploi d'unaccent. Il y a des cas de ce genre où le reste de la phrase sert en quelquesorte de tremplin à cette partie qui est ainsi mise en vedette. Prenons

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quelques exemples (les parties de phrases considérées sous cet aspectsont soulignées) :

1. Vous ne me ferez quand même pas croire qu'on vous a fait venir àNew-York pour dire à Lumumba : * Bonjour, monsieur ...» (FI 15/8 i960: 3)2. Il ne faudrait toutefois pas conclure que toutes les bicyclettes sont àce prix ... (FI 12/10 i960: 16)3. Parce que je ne crois pas que l'Histoire est une divinité à laquelle il fautobéir, mais un enchaînement de causes et d'effets ... (FI 22/7 i960: 1)

Ces trois phrases ont autre chose en commun. On note que le verbede la subordonnée est un non-subjonctif, bien que, à en juger par l'ex-pression qui précède cette proposition, on puisse s'attendre à l'emploidu subjonctif. Fait de pure coïncidence? Je ne le crois pas. De nombreuxexemples analogues me font croire qu'il y a un rapport dans une phraseentre le fait qu'une partie de la phrase est « mise en vedette » et l'emploidu non-subjonctif. Il est légitime de considérer le savez comme plusextensif que le sachiez et partant moins marqué que ce dernier. C'estpeut-être pour cette « raison » que le savez, forme non marquée, se mettrès bien dans une phrase où ce qu'il y a de marqué, c'est justement lapartie « mise en vedette », le « prédicat psychologique » de la phrase »(L. B. 21).

L. B. donne ensuite d'autres exemples, que je grouperai par typesselon l'ordre des exemples donnés plus haut :

i° Le prédicat psychologique est un terme autre que le verbe subordonné :

Pensez-vous que l'enfant a été emmené loin de Paris? (FI 16-17/4 i960: 2)Vous personnellement, croyez-Vous que la paix en Algérie peut arriver :avant la fin de l'année, dans six mois, dans un an ...? (EX 6/10 i960: 7)Je n'affirmerai pas que Racine a quitté le théâtre pour devenir historio-graphe. (EX s/10 1961: 34)Plus personne à Bône, civil ou militaire, ne peut dire à haute voix qu'il estcontre 1O.A.S. (EX 25/1 1962: 44)La lecture du dernier vers en tétramètre ferait tellement ressortir « unpas » qu'il semblerait que le poète a voulu insister sur ce fait que l'archern'a pas fait deux (en italiques) pas, ce qui fausserait le sens. (M. Grammont,Petit traité de versification française, Paris 1908, p. 65)Nul n'a le droit de dire que cette France-là ... s'est exprimée au procès duréseau Jeanson ... (FI 2/11 i960: 7)Est-il vrai que vous vous lavez les cheveux au bouillon! (PM 19/3 i960)Cet homme, qui démasque tous les visages, cache le sien; ô innocence!croit-il que nous avons ses yeux pour le déchiffrer? (EX 19/4 1962: 26)

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Rien ne permet d'affirmer que l'explosion s'est produite au moment où l'ontournait le commutateur ... (FI 27/io i960: 10)

C'est le seul exemple de savez que L. B. ait relevé après cette expres-sion, contre 4 exemples de sachiez :

... rien ne permet d'affirmer que le député d'Alger soit passé en Espagne.(FI 6/12 i960: 6)... rien ne permet d'affirmer que l'inculpé ait reconnu avoir enlevé le char-geur ... (FI 1/11 i960: 2)... mais rien ne nous permet encore d'affirmer qu'il ait joué un rôle dansl'enlèvement du petit Eric Peugeot. (FI 27/7 i960: 2)Bien que rien ne permette d'affirmer que Lagaillarde ait franchi clandestine-ment les Pyrénées ... (FI 7/12 i960: 6)

L. B. estime que la négation de la subordonnée peut jouer le rôle deprédicat, comme dans les deux phrases suivantes :

Quand je dis que la poésie de Voltaire est plus raisonneuse que sensible,cela ne signifie pas que Voltaire n'est jamais touché. (Henriot, Le XVIIIe

siècle : 173)II serait d'ailleurs malveillant de prétendre qu'aucun effort n'a été accompli.(EX 17/5 1962: 12)

Le verbe « principal » de la phrase peut aussi être le terme « mis envedette » :

. . . elle ne pense même pas qu'elle a faim ... (MC oct i960: 227)Je ne pense pas que j'ai deux jambes. Je les ai. (EX 23/2 1961: 34)

Le facteur opposition a pu jouer dans cette dernière phrase.

20 Le prédicat psychologique est un mot exprimant la totalité :

II ne faut pas croire que tous les types qui sont à la P.M. para sont desfascistes ou des gens de droite. (EX 1/2 1962: 14)... croyez-vous qu'ils sont tous journalistes? (PM 17/9 i960: 71)Ne nous imaginons pas que France IV ... s'est installé sur les ondes avecl'agrément de tous ... (FI 6/12 i960: 18)Mais tout de même, on ne pourra pas dire qu'après la mort de Reverdy,l'éclipsé a été totale. (EX 25/1 i960: 31)Ce qui ne signifie nullement qu'il y réussit toujours. (EX 29/9 i960: 32)

Que l'on compare cet exemple avec les trois sachiez précédés de la mêmeexpression :

Cela ne signifie nullement qu'il soit satisfait d'une telle perspective ... (FI23/11 i960: 13)

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Ce qui ne signifie nullement que des réformes ne soient pas nécessaires.(FI 39/9 i960: 19)Mais cela ne signifie nullement que l'on se compfoise dans un univers rétréci...(FI 4/10 i960: 4)

« Dans l'exemple avec le savez, ce serait donc la présence de toujoursqui est à mettre en rapport avec le savez. Voici un exemple avec toujoursoù le sachiez est utilisé :

On ne dit pas que Voltaire lui-même ait toujours raison. Mais la raisonétant, il est une fatalité. (Henriot, Le XVIIIe siècle : 221)

Cependant, il n'est pas certain que toujours, dans ce dernier exemple,soit prédicat » (L. B. 22).

30 Le prédicat psychologique est dans une « opposition » :

L. B. place ici les deux derniers exemples que nous avons classés sousle titre « facteur opposition »; l'opposition lui « semble » n'être qu'un casparticulier du facteur prédicat.

« Une telle opposition entre deux parties de phrase se rencontre égale-ment dans un exemple relevé chez M. Moignet (60) :

« II ne dit pas que tu mens, il dit que tu te trompes. »

M. Moignet commente cette phrase :

Nul ne peut contester qu'elle n'appartienne de façon vivante au françaiscontemporain, même si nous sentons qu'il serait plus fin et plus correct dedire «. . . que tu mentes ».

Serait-il vraiment « plus fin » de dire mentes} Le trompes suivant ne peutêtre qu'un savez. Par conséquent, en disant mens au lieu de mentes, lelocuteur exprime mieux l'opposition entre les deux parties de sa phrase.D'ailleurs, toute la dernière partie de l'énoncé, il dit que tu te trompespeut être considérée comme un prédicat » (L. B. 23).

Ce chapitre se termine sur une suggestion plus importante encoreque cette théorie originale du facteur prédicat : « II est certain que, pourtous les exemples que j'ai donnés avec le savez, on peut dire qu'il s'agitd'un fait réel et qu'il est tout à fait logique que le non-subjonctif soitemployé.

Revenons à quelques-uns de mes exemples :

Je n'affirmerai pas que Racine a quitté le théâtre pour devenir historio-graphe. (EX s/10 1961: 34)2 — 662843 Studia Neophilologica

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C'est un fait que Racine a quitté le théâtre, d'où l'emploi du non-sub-jonctif.

Pensez-vous que l'enfant a été emmené loin de Paris? (FI 16-17/4 i960:

II s'agit du kidnapping du petit Eric Peugeot. Il avait été emmené,c'était un fait, mais était-il à Paris ou loin de Paris?

.. . croyez-vous qu'ils sont tous journalistes? (PM 17/9 1960: 7)

C'est un fait qu'il y a des journalistes présents. La question est de savoirs'ils le sont tous.

Donc, les critères distributionnels utilisés pour « comprendre » l'em-ploi du savez des phrases appartenant à la catégorie décrite se complètentpar des critères sémantiques :

. . . nous trouvons extrêmement probable qu'une différence distribution-nelle correspond en principe à une différence sémantique et vice versa.(Klum, 35) » (L.

Entrée en matière (pp. 25-35)

Sujet« Mon propos a été d'étudier un certain nombre de textes pour en

tirer des observations concernant la fréquence du subjonctif et du non-subjonctif dans des propositions subordonnées complétives introduitespar que. A l'intérieur de cette étude, j'ai accordé une attention parti-culière au mode employé dans une subordonnée précédée par une pro-position principale de construction négative, interrogative ou hypo-thétique » (L. B. 25).

Par « non-subjonctif », il faut entendre ce que Damourette et Pichón

1 On doit regretter qu'il n'ait pas été donné à L. B. de développer ces vues :il pose ici succinctement la corrélation entre les facteurs réalité et prédicat psy-chologique. Me ferai-je son interprète en disant que le choix du mode est lié à laportée de la restriction (négation, doute ou interrogation)? Si la restriction portesur le verbe subordonné, prédicat grammatical, la réalité du fait en est affectée,d'où le subjonctif : « Pensez-vous que l'enfant ait été maltraité} » Si elle porte surun prédicat psychologique, la réalité du fait peut ne pas en être affectée : « Pensez-vous que l'enfant a été emmené loin de Paris? » Dans certains cas, c'est le verbeprincipal que l'on peut tenir pour un « prédicat psychologique » : ainsi s'ex-plique la différence entre « Je ne pense pas que tu sois malade » (=A mon avis,tu n'es pas malade) et « Je ne pense pas que tu es malade » (Tu es malade, mais jen'y pense pas). Les nombreux flottements tiennent à la force de cohésion dunœud verbal, et aux facteurs inventoriés ci-dessus. (H. B.)

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FRÉQUENCE DU SUBJ. DANS LES COMPLÉTIVES INTR. PAR que V)

appellent le savez, le saviez, le sûtes, l'avez su, l'aviez su, l'eûtes su, lesaurez, l'aurez su, le sauriez, l'auriez su.

Corpus dépouillé

Voici le tableau des textes utilisés (les titres sont précédés des ini-tiales qui les désignent dans les statistiques) :

FI: Le Figaro 1.7-31.12 i960 157 numérosEX: L'Express 1.7-31.12 i960 26EL: Elle 1.7-31.12 1960 27MC: Marie-Claire 1.7-31.12 i960 6PM: Paris-Match 1.1-31.12 i960 54AN: Pièces de théâtre de Jean Anouilh 25TP: Tribune de Paris 16.11 1960-16.2 1961 57 émissions

(19 heures d'en-registrement)

Les périodiques retenus connaissent tous un tirage important, chacundans son genre : quotidien du matin (FI), hebdomadaire politico-litté-raire (EX), magazine féminin hebdomadaire (EL), magazine fémininmensuel (MC) ou hebdomadaire populaire illustré (PM).

L'œuvre d'un écrivain a été choisie pour fournir un ensemble plushomogène que les journaux et revues; Jean Anouilh était intéressant par« la fréquence considérable de certains types de phrases relevés » (L. B.26). Les pièces dépouillées, énumérées p. 114, sont : L'Alouette, Antigone,Ardèle ou la Marguerite, Le Bal des Voleurs, Becket ou l'Honneur de Dieu,Cécile ou l'Ecole des Pères, Colombe, Eurydice, l'Hermine, L'Humulus leMuet, L'Hurluberlu ou le Réactionnaire amoureux, L'Invitation au châ-teau, Jézabel, Leocadia, Médée, Ornifle ou le Courant d'air, La PetiteMolière, Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes, Le Rendez-vous de Senlis, LaRépétition ou l'Amour puni, Roméo et Jeannette, La Sauvage, La Valse desToréadors, Le Voyageur sans bagage, Y avait un prisonnier.

La Tribune de Paris est une émission de la R.T.F. diffusée 5 fois parsemaine sur « France I ». Il s'agit le plus souvent d'un débat de 20 mi-nutes sur des questions de politique, économie, littérature, sport, etc.Toutes les émissions-débats ont été enregistrées au magnétophonedurant trois mois consécutifs.

Méthode1. Méthode intermittente exhaustive

Dans certains numéros seulement des publications (EX, PM, EL : 1sur 5; FI : 1 sur 17) ont été relevées toutes les propositions subordonnéesdu type étudié, que la principale soit marquée de négation, d'interroga-

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tion, de condition (Je ne crois pas, etc.) ou qu'elle ne le soit pas {je crois,etc.). Ainsi se trouvent recensés les cas où, après une principale affir-mative, le mode est invariablement le subjonctif (après il faut, je veux ...)ou le non-subjonctif (après j'ai remarqué, je sais . . .); mais après certainsverbes, même à la construction affirmative, l'usage est flottant : « c'estnotamment le cas des verbes de négation implicite, à savoir ignorer, dé-mentir, nier, etc. et des expressions impersonnelles telles que il semble,il me semble, il paraît, il arrive, etc. » (L. B. 27).

La fréquence de l'échantillonnage a été déterminée, pour chaquepublication, par le souci d'obtenir un nombre d'exemples suffisant pourétablir une tendance dans le choix du mode; pour Marie-Claire, revuemensuelle, tous les numéros ont dû être examinés.

Les expressions relevées à la suite du dépouillement des numéroséchantillonnés ont été désignés dans les tableaux par la lettre e, parexemple : affirmer e.

2. Méthode continue élective

Dans tous les numéros ont été relevés seulement certains types dephrases, ceux qui comportent une principale de construction négative,interrogative ou hypothétique, ou de sémantème implicitement négatif(verbes ignorer, douter, nier, démentir, etc.) ou présentant quelque intérêtparticulier comme certaines expressions impersonnelles (il se peut, il estexact...).

3. Méthode continue élective suivie de méthode intermittente exhaustive

C'est le cas de constructions qui, jusqu'à une certaine date, ont étérelevées dans tous les numéros, mais ensuite seulement dans les numéroséchantillonnés, ayant paru à l'expérience moins intéressantes à étudier.Ex. :

ne pas vouloir (1.7-30.9) relevé dans tous les numéros des publica-tions étudiées pendant la période indiquée

ne pas vouloir (1.10-31.12) e relevé dans les numéros échantillonnéspendant la période indiquée

4. Méthode intermittente exhaustive suivie de méthode continue électiveCas inverse du précédent :

il semble (1.7-31.10) eil semble (1.11-31.12)

En ce qui concerne les pièces de Jean Anouilh et les enregistrements de

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la Tribune de Paris, les exemples relevés se rapportent uniquement auxpropositions subordonnées précédées par les verbes croire, dire, penser,savoir dans des propositions principales de construction négative, inter-rogative ou hypothétique.

TableauxL. B. indique pp. 30-35 comment il a disposé les tableaux numériques

des emplois. De ces tableaux, il ne donnera qu'une partie (« feuilleschoisies ») en appendice (pp. 114-150). Nous allons reproduire ci-aprèsle début de quelques-uns, en expliquant les abréviations dont il use,pour montrer la précision du dépouillement, mais à son exemple nousnous contenterons d'examiner ensuite les cas particuliers qui font l'in-térêt de cette étude.

Le premier chef de classement est la construction affirmative, néga-tive, interrogative ou hypothétique de la proposition principale. Untableau, p. 34, donne la répartition numérique de ces constructions :

AFFIRMATIVE

NÉGATIVE1. ne combiné avec

pas (ou ne seul)nulrienaucunpersonnejamaisnullement (nulle part)plusguèrepointni

2. peu, sans, etc.

INTERROGATIVE1. interr. directe

ordre inverséordre progressifest-ce quedoublemot int. (qui, quand...)

. int. nég.2. interr. indirecte

sicomment

HYPOTHÉTIQUE .si

FI2959

11926S58444336161 2

754

248

34394

332

148182

3 12

266579b

EX1202

3 0 21 01 2

H1717

531

261

1261639

6347

5

721987

PM589

1 7 9

593

1 972

61

161

8732

626

'9

2

471074

EL8 1 1

1583453

1 0

3

1

31

842 0

1

42828

31

541252

MC1311

9 91

22

31 0

2

1

25

48811

2 0

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II

4 0

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« Le nombre total des subordonnées précédées de propositions prin-cipales est de i i 694. En ajoutant à ce chiffre le nombre des subordon-nées qui viennent en tête de la phrase, type que tu l'aies dit, c'est certain —29 cas relevés — on obtient le chiffre 11 723. C'est là le nombre de toutesles subordonnées relevées dans les publications. Les propositions re-levées dans le théâtre de Jean Anouilh sont au nombre de 499. Pour laTribune de Paris le chiffre correspondant est de 78. L'ensemble desmatériaux se compose donc de 12 300 propositions subordonnées com-plétives introduites par que » (L. B. 35).

A l'intérieur de ces quatre parties, l'ordre alphabétique conditionneavant tout le classement des noyaux sémantiques (verbe, nom, adjectif)de la proposition principale.

En tête des colonnes, les lettres s, η, χ indiquent le mode de la sub-ordonnée : s : subjonctif; η : non-subjonctif; χ : l'un ou l'autre (formesambiguës comme tu parles).

Nous avons vu plus haut que la lettre e suit dans les tableaux les ex-pressions qui ont été relevées dans les numéros échantillonnés seule-ment. « Certaines expressions sont suivies de la lettre a, par exempleêtre étonnant a : ce sont des phrases du type ce qui est étonnant, c'est qu'ilne m'a {m'ait) pas vu; étant donné la tendance à employer le non-sub-jonctif dans des phrases construites ainsi, il a fallu les séparer des phrasesconstruites autrement, par exemple il est étonnant qu'il ne m'ait pas vu,phrases où le subjonctif est la norme » (L. B. 114).

Notre lecteur est maintenant à même de lire les exemples que nousallons tirer des feuilles choisies (pp. 116, 131, 135, 137).

Voici d'abord les cas de subordonnées introduites par une principalede construction autre que négative, interrogative ou hypothétique :

FI EX PM EL MCs η χ s η χ s n x s n x s η χ

être absurde e 1 —accepter e 1 1 1tenir pour acquis e 1admettre e 5 4 — 3 2 1 1 3 1 — 1 — 3 6 —être admis e — 2 — — 1 — 1être admis a e — 1 —admirer 1 1arriver à l'affirmation

affirmer e 1 4 5 6 — 17 — — 6 1 — 2 — — 8 —être agacé e 1 —agréable a e — 1 —aimer e 1 — 1 1 — 1 4 — 4

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FI EX PM EL MCs η χ s n x s η χ s n x s n x

ajouter e — 26 2 — 9 2 — 3 1 — ι — 1 3 —s'ajouter e — 1 2s'ajouter le fait e — 1 —aller

va sans dire (1.7-30.0) — 8 2 1 — 1 —il va de soi e — 1 — — 1 — — 1 — — 1 —

annoncer e — 30 4 — 8 2 — 5 — 1 3 — — 3 1s'apercevoir e — 5 — — 19 1 — 4 — — 4 1 — 16 1apparaître (1.7-31.8)

e — 6 — — 2 —apparaître (1.9-31.12) — 5 1 9 — 7 1 — 3 — — 4 1 — 1 —apprécier e 1apprendre e 1 34 1 — 14 1 — io — — 13 — — 19 —approuver e 1argument ae — 1 —tirer argument du fait

arriver e 1 4 — 2 — ι 4 6 3 4donner l'assurance e — 1 — •obtenir l'assurance e — 1 —assurer e : 10 — — 3 3 — 7 1 — 3 1 — 10 3

etc. (ce tableau, occupant les pages 116 à 129, passe en revue 533 ex-pressions).

Voici des cas de propositions subordonnées introduites par une prin-cipale de construction négative, avec la négation ne ... rien :

FI EX PM EL MCs n x s n x s n x s n x s a x

rien ne permet d'af-firmer 4 3 —

annoncer — 1 —changer au fait — 1 —dire — 3 — — 2 — — 1 — — 1 —rien ne permet de dire 2 1 —rien ne peut permettre

de dire 1rien n'autorise â dire 1 '•dissimuler le fait — 1 —rien n'empêche

(1.7-30.9) 1rien n'empêche

(1.10-31.12) e 1 — 1

etc. (le tableau recense 22 expressions).Des cas de propositions subordonnées introduites par une principale

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de construction interrogative avec comment (Comment expliquer quetant de monde soit venu?) :

FI EX PM EL MCs n x s η χ s η χ s n x s n x

accepter (1.7-30.9) 1admettre 2 1pouvoir s'apercevoir — 1 —apprendre — 1 —assurer 1comprendre 1 1 1 — 1 ; — 1 —concevoir 1 — 2 1croire 1 2 — — 2 — 1 2 1 2dire — 4 — — 1 — — 1 — 1

etc. (le tableau recense 26 expressions).Des cas de propositions subordonnées introduites par une principale

de construction hypothétique avec si (Si l'on ajoute que Jean ne veut pas,on comprendra ...) :

FI EX PM EL MCs n x s n x s n x s n x s n x

vouloir bien accorder — 1 — —admettre 1 6 2 — 1 — — 2 — — 1 —vouloir bien admettre — 2 2 <— 1 —être admis — 2 — — — 1 —advenir 1affirmer — 1 — ·—entendre affirmer 1nég + permettre d'af-

firmer — 1 —ajouter — 10 — — 1 —

etc. (ce tableau, occupant les pages 137 à 141, recense 181 expressions).Il suffit d'observer ces courts extraits pour comprendre — comme le

dit L. B. p. 35 — que le petit nombre des phrases ne permet le plussouvent aucune conclusion solide sur l'emploi des modes. Certains casseulement s'y trouvent représentés avec une fréquence plus importante :l'étude de ces cas, le recours aux exemples commentés avec perspicacité,font tout le prix du mémoire de L. B.

Cas étudiés (pp. 36-111)

«Je crois (pense) pas que » (pp. 36-40)

Le choix du mode après le verbe croire a été étudié par L. B. avecune précision inégalée; aussi reproduirons-nous en annexe (pp. 58-60)

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les quatre pages de tableaux qu'il nous livre lui-même in extenso(pp. 143-146).

Dans son commentaire, L. B. fait d'abord état d'une distinctionfondée sur la personne du verbe principal. Ce facteur, qui n'a pas étémentionné dans les « Observations préliminaires », peut être pertinent :« II est certain que Pierre ne croit pas que Jean est venu est aussi « correct »que Pierre ne croit pas que Jean soit venu. Dans le premier cas on setrouve devant un fait r je sais bien et mon interlocuteur sait égalementque Jean est venu. Pourtant, Pierre ne le croit pas. Tandis que, dans lesecond cas, on partage l'incertitude de Pierre. Ce serait, avec les termesde Damourette et Pichón, la non-participation ou la participation dulocuteur à l'opinion du protagoniste. La situation est évidemment dif-férente à la première personne. C'est là mon incertitude ou non-croyancepersonnelle que j'exprime en me servant de la première personne : je necrois pas que Jean soit venu » (L. B. 36).

On s'attendrait donc à rencontrer plus de non-subjonctifs après leverbe croire à la 3e personne qu'à la première; malheureusement, dansles publications dépouillées par L. il (ou on) ne croit pas est relevéseulement 6 fois (suivi de 3 sachiez et de 3 saurez), contre 78 exemplesde je ne crois pas : ces chiffres ne permettent pas une étude même som-maire de l'influence du facteur « personne grammaticale ».

En revanche, ces nombreux exemples de je ne crois pas constituentune collection originale où la répartition des tiroirs verbaux peut êtresignificative :

54 sachiez 1 sussiez 4 savez 1 saviez 12 saurez 6 sauriez.

L. ajoute sa collection d'exemples de la Tribune de Paris :

13 sachiez 1 savez r saviez

et en rapproche sa collection d'emplois après je ne pense pas que :

51 sachiez 2 sussiez 1 savez 6 saurez 4 sauriez

II remarque que les grammaires, le plus souvent, illustrent l'emploidu non-subjonctif par des exemples avec le saviez, le saurez ou le sauriez(où le facteur temps a pu jouer), très rarement avec le savez (exemplesde Cohen et Hanse; un seul exemple authentique de savez, dans Vander Molen).

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Trois considérations sont à retenir de l'examen des exemples :

i° Le facteur saurez est celui qui entraîne le plus souvent l'indicatif.Le subjonctif, qui convient parfaitement aux cas où l'action est présente :

Je ne crois pas que Fidel Castro soit communiste (FI 6/9: 4).

ou de date incertaine :

Cela dit, je ne crois pas du tout qu'il suffise de proclamer cette destruction(FI 25/8: 3).

ne se rencontre pas une fois avec un « sens futur très net » (L. B. 38).

2° Les emplois du savez s'expliquent presque tous par le facteur op-position, le sixième mentionné plus haut dans les « Observations préli-minaires » (pp. 12-13). A l'exemple de Van der Molen, à ceux deParis-Match et de la Tribune de Paris qui y ont été cités, ajoutons-endeux :

Parce que je ne crois pas que l'Histoire est une divinité à laquelle il fautobéir, mais un enchaînement de causes et d'effets .. . (FI 22/7: 1).Certes, je ne croîs pas qu'elle vous a conseillé de trahir votre pays. En re-vanche, elle eût dû se rendre compte que son goût du luxe vous obligeaità des dépenses inconsidérées (FI 8/8: 4).

Chacun des textes cités ici et là se compose de deux parties, l'uneexprimant ce queje ne crois pas, l'autre ce queje crois (mais, en revanche,je crois . . . ) . L. B. attribue l'indicatif de la première partie à la valeurpredicative de la seconde : c'est le facteur « prédicat psychologique »auquel nous avons vu qu'il ramène le facteur opposition (p. 17). Lesdeux facteurs se confondent en effet si l'on admet que l'idée positivede la seconde partie domine par anticipation l'idée négative de la pre-mière.

Dans un autre exemple du Figaro, il est clair que l'idée négative estdominée, avant même l'énoncé de la subordonnée, par l'idée positivede la proposition insérée aussitôt après/e ne crois pas :

Je ne crois pas que, comme certains le pensent, la formation du chef d'entre-prise et du cadre supérieur qui peut devenir chef d'entreprise doit êtredifférente de ce que j'appellerai l'ingénieur courant (FI 21/12: 5).

30 Une oscillation de la pensée entre le positif et le négatif expliquel'emploi du savez après je ne crois pas dans la langue parlée, emploi que

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L. B. estime assez fréquent, « même chez les gens qui parlent un françaischâtié ». « C'est ainsi, écrit-il, que, au cours d'une conférence à l'Ecoledes Hautes Etudes à Paris, j'ai entendu M. Wagner, qui était en trainde parcourir une liste de noms, s'adresser de la façon suivante à l'un desauditeurs :

« Mitterand ... non ...je ne crois pas que vous êtes là. »

Je ne pense pas qu'il faille trop pousser une éventuelle explication dece savez. Dans la langue parlée,/? ne crois pas, je ne pense pas s'emploientfréquemment en tant qu'expressions toutes faites pour renforcer ouatténuer la négation non : Non, je n'pense pas, non, je crois pas. C'estpeut-être avec ce caractère d'expression toute faite qu'on retrouve jene crois pas, je ne pense pas suivi d'une subordonnée » (L. B. 40).

La Tribune de Paris en fournit un exemple « qui n'est pas d'un fran-çais très élégant » :

Je ne crois pas qu'on n'peut pas poser d'une part qu'il y a aujourd'hui desfamilles avec tout ce que signifie la cellule familiale et l'esprit d'uniondans un couple qui risquerait d'être abîmé par le contrôle des naissances.(TP 6/12).

L'auteur de ce charabia avait lancé « je ne crois pas » comme un débutde phrase commode et d'allure indépendante, avant de savoir exacte-ment ce qu'il voulait dire; à ce moment, il a vu clair dans sa pensée, et,regrettant de ne pas avoir dit « je crois », il a détruit par une nouvellenégation (on ne peut pas poser ...) la valeur négative du jugement ex-primé par je ne crois pas; au total, le sens est : « Je crois qu'on peutposer . . . etc. »

Ne pas dire que (pp. 41-46)

L. B. groupe ici trois expressions avec le verbe dire dans une con-struction négative. Voici les résultats globaux :

subjonctif non-subjonctif

je ne dis pason ne peut (pas) direne dites pas

725

1 0

713

Après je ne dis pas, le subjonctif est presque aussi fréquent que lenon-subjonctif; il est intéressant d'examiner les 17 exemples relevés :

1. Je ne dis pas que Dominique Arban soit coupable ... ni même JacquesSallebert après tout. Je crains plutôt qu'ils n'aient cherché à jouer loyale-ment dans les règles d'un nouveau jeu (FI 15-16/10: 19).

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2. Je ne dis pas qu'il soit très sympathique, mais il parait tenace et in·telligent (Fi 22/12:4).

3. Je ne dis pas que les objections soient irréfutables. Il est loisible deconcevoir une délégation du commandement telle que le pouvoir civilgarderait ses prérogatives sans que l'efficacité psychopolitique de la forcede dissuasion soit sérieusement compromise. Mais, à supposer qu'unetelle force atlantique pût être organisée, elle ne répondrait nullement auxaspirations du président de la République (FI 12-13/11: 16).

4. . . . je ne dis pas que Votre travail soit inutile, mais votre rapport ditlui-même qu'il ne touche ni au crédit, ni à la fiscalité, ni à l'énergie, parceque tous trois échappent à votre compétence (FI 22-23/10: 4).

S· On est trop porté à penser que tout se fait facilement, comme le latind'une certaine école, « le latin sans larmes ». Je ne dis pas qu'il faille pleureret, pour ma part, j'espère n'avoir jamais fait pleurer personne dans monenseignement (FI 23/9: 5).

6. « Or, déclara en propres termes le secrétaire d'Etat, je ne dis pas quenous soyons hostiles à toute forme d'institutions européennes, www nousdevons examiner soigneusement ce que sont ces institutions . . . (FI 6—7/8:1).

7. Alors, je ne dis pas, Messieurs, que cela va ... soit de nature à provo-quer quelques difficultés non seulement au sein du gouvernement, maiséventuellement lors du vote du référendum (TP 2/12).

8. C'est gentil. Mais tu sais, nous ne sommes pas tellement gênés . . .—Je ne dis pas que nous sommes gênés. Je dis que nous pourrions l'être.

(MC oct: 38)9. . . . je ne dis pas que ce sont les plus sympathiques ou les plus plai-

santes, mais ce sont les plus extraordinaires. (EX 20/10: 35)10. Je ne dispos que c'est peu, mais que chacun de ces six cents hommes

avait torturé, pillé et assassiné et qu'ils avaient été formellement reconnuspar des témoins et un tribunal militaire. (EX 11/8: 23)

11—12. Le P. de Labarthe de l'Epingle du jeu n'offre aucun trait desjeunes jésuites que j'ai fréquentés. Je ne dis pas qu'il est faux, je ne dis pasqu'il est invraisemblable, l'auteur l'a peut-être peint d'après nature. Cequeje puis dire seulement, c'est que je reste effaré d'avoir rencontré dans unroman qui se donne comme vécu un jésuite de ce genre. (FI 9/11: 18)

13. Je ne dis pas que étais indispensable, mais je crois que me fairesauter c'était tout de même dangereux. (FI 19/12: 5)

14. Je ne dis pas qu'ils étaient tous armés : je dis simplement que j'enai vu en armes et que certains d'entre eux ont bousculé des paras. (FI9/12: 8)

15. Je ne dis pas qu'ils agissaient toujours bien. Mats ils vibraient . . .( E X 3 / n : i 2 )

16. Je ne dis pas que nous gagnerons toutes les épreuves, a déclaréHaines, mais je dis que nous avons une chance de l'emporter dans toutes,même en brasse. (FI 11/8:11)

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17. Je ne dis pas, Farthington, que l'Ecosse ne serait pas un pays agréable,s'il n'y avait pas ces maudits Ecossais! (FI 27/4: 4)

Les textes de 8 à 17 présentent le non-subjonctif. Dans les phrases13 à 17, les facteurs saviez, saurez, sauriez ont pu jouer : il reste 5 cas desavez à expliquer. Le facteur opposition ou « prédicat psychologique »a-t-il joué ici comme dans les exemples de je ne crois pas que étudiésprécédemment (p. 27, 20)? C'est fort possible, mais il nous faut alorsexpliquer pourquoi il n'a pas joué partout, car ces 17 textes opposent àl'énoncé négatif (je ne dis pas ...) un énoncé positif, introduit presquetoujours pas mais. Voici la réponse de L. B. à ce problème : « Examinonsles 7 phrases avec le subjonctif. Cinq de ces phrases ont la même struc-ture que celles déjà discutées avec le non-subjonctif, à savoir je ne dispas+subordonnée+mais (1-4,6). Je constate pourtant que les formesdu subjonctif sont pour 4 des 5 cas soit (soient). De par sa fréquence,soit ne serait pas beaucoup plus marqué que la forme correspondantedu non-subjonctif, est. Donc, aucune raison de ne pas employer soit.Quant au dernier de ces 5 cas (numéro 6), il se peut, vu le contexte,que soyons soit plus « diplomatique » qu'un sommes trop tranchant »

(L.B.44)1.Sept non-subjonctifs ont été relevés après l'expression on ne peut

(pas) dire :

1. ... on ne peut dire à l'avance que le match est joué. (FI 1/11: 8)2. On ne peut en même temps dire que le gâteau est empoisonné et en

réclamer une part ... (FI 29/9: 8)3. Et de Fidel on ne peut dire honnêtement qu'il est communiste. (PM

8/10: 41)4. On ne peut pas dire que cette formule de course meurt en beauté.

(FI 3-4/9:4)5. . . . dont on ne peut pas dire que son « Rivage des Syrtes » avait été

écrit pour être un best-seller. (EX 17/11: 32)6. On ne peut pas dire qu'un buveur est né alcoolique, mais il le devient

peut-être avec une certaine prédisposition de son terrain . . . (TP 23/11)

1 Si l'on refuse de voir dans la fréquence d'emploi d'une forme, comme soit,un signe de neutralisation, on peut proposer une autre explication à la différencede mode. Dans une phrase comme « Je ne dis pas que votre travail soit inutile »,la négation porte sur la subordonnée (votre travail n'est pas inutile, je le recon-nais) : c'est bien soit le « prédicat psychologique »; mais dans « Je ne dis pas quenous sommes gênés », elle porte sur la principale (ce n'est pas là ce que je dis, jedis autre chose) : le verbe principal est le prédicat psychologique. Le subjonctiffait porter le jugement d'irréalité sur le verbe subordonné, l'indicatif sur leverbe dire. (H. B.)

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7. . . . on ne peut pas dire qu'une race est plus douée qu'une autre (et jecrois même qu'on n'peut pas dire qu'il y ait tellement d'êtres humainsplus doués que les autres). (TP 17/11)

« Dans les six premiers exemples, il est possible d'attribuer le non-

subjonctif à la présence d'un « prédicat » (partie soulignée). A noter

dans l'exemple № 6 l'opposition entre est né et le devient. Le septième

exemple est constitué par deux on ne peut pas dire dont le premier est

suivi du non-subjonctif et l'autre du subjonctif. Le non-subjonctif s'ex-

pliquerait psychologiquement par le fait que, pour le sujet parlant, c'est

une vérité absolue qu'une race ne peut pas être plus douée qu'une

autre . . . Quant à la seconde partie de sa déclaration, le sujet parlant

n'est pas aussi convaincu » (L. B. pp. 44-45).

Voici quelques exemples du subjonctif, plus fréquent :

. . . on ne peut pas dire que l'équilibre soit parfait. (FI 17/10: 21)On ne peut pas dire qu'il s'agisse d'un problème national. . . (FI 24-25/9: 8)Sous cette réserve, on ne peut pas dire qu'il ait fermé la porte pour l'avenir.(EX 29/9: 4)On ne peut pas dire pourtant que ce soit une rareté . . . (EL 29/7: 58)On ne peut pas dire qu'il soit brillant. (TP 6/12)

Dans toutes ces phrases, il est clair que la prédication négative porte

sur le verbe subordonné (l'équilibre n'est pas parfai t . . . etc.).

Avec cela ne veut pas dire, ce qui ne veut pas dire, le subjonctif et lenon-subjonctif s'équilibrent sur 20 exemples; citons-en seulement deux :

Cela ne veut pas dire que je sois une pessimiste dans la vie courante, bienau contraire. (FI 15/11: 23)Mais cela ne veut pas dire que Kroutchev veut la guerre. (FI 14/7: 5)

L. B. ayant mentionné cette double possibilité sans commentaire,permettons-nous de suggérer qu'ici encore le choix du mode est lié àune différence de portée de la négation. Dans la première phrase, lapersonne qui écrit veut nous apprendre qu'elle n'est pas pessimiste (cedont elle est sûre), dans la seconde est niée seulement la valeur logiquede la déduction qu'on pourrait tirer d'un fait précédemment énoncé :celui qui écrit ne se prononce pas catégoriquement sur les intentionsde Kroutchev (dont il n'est pas sûr).

En ce qui concerne l'expression ne dites pas, aucun subjonctif n'a étérelevé. Un exemple suffira pour en trouver l'explication :

Ne dites pas que les concierges sont des Cerbères. (FI 21/10: 13)

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II est évident que la négation porte ici sur le verbe principal, la prédica-tion étant une défense, et non sur le verbe subordonné.

Je ne savais pas (pp. 47-48)

Grevisse (§ 999) donne un exemple de ne pas savoir avec le subjonctif :

« Oh, je ne savais pas qu'on souffrît à ce point! » (Hugo)

et un autre avec l'indicatif:

« Nous ne savions pas que la ville était si distante. »

Voici les chiffres de L. B. concernant le verbe savoir dans les quatreconstructions distinguées :

subjonctif non-subjonctifaffirmative — 298

c. négativec. interrogative

hypothétique

1—

I

499723

Parmi les non-subjonctifs, dont la majorité est écrasante, cueillonsdeux exemples :

Je ne savais pas que la Sicile était si démunie ... (PM 16/9: 58)Si le pauvre homme avait su que j'étais au courant, son amour-propre eûtterriblement souffert ... (FI 30/11: 4)

Et voici les deux subjonctifs :

Je ne savais pas d'ailleurs qu'il y en ait eu dans l'aviation. (EX 3/11: 2)Je serais extrêmement effrayée si je savais qu'il y eût quelque réel danger àêtre attaquée comme ces pauvres gens. (EL 12/8: 32)

L. B. note le caractère littéraire de ce dernier texte. Ne pourrait-onvoir dans cet il y eût un exemple du sussiez « cachant un conditionnel »dont L. B. disait p. 15 n'avoir jamais rencontré un exemple sûr?

On ignorait (pp. 49-50)

« Le subjonctif est presque aussi peu fréquent dans la subordonnéeprécédée par ignorer qu'après celle précédée par une forme de ne passavoir. Le nombre de subjonctifs légèrement plus élevé après ignorers'expliquerait peut-être par le caractère plus littéraire du verbe ignorer.Quant au mode utilisé après ne pas ignorer, selon Damourette et Pichón(§ 1878), c'est l'indicatif qui est employé à l'exclusion du subjonctif »(L.

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Voici les chiffres, dans les publications :

subjonctif non-subjonctifaffirmative 6 76négative 1 51

c. interrogative — 7

Parmi les exemples, relevons trois indicatifs :

Elles ignoraient... que le Volley-ball est un jeu de patience. (FI 25/10: 21)... on n'ignore pas qu'elle est pourtant à l'abri des coups du sort. (FI28/9: 15)Ignorait-on ... que Charles Nicolas ... continuait à exercer ses fonctions ...?(FI s/8: 9)

L. B. illustre de deux exemples le subjonctif en construction affirma-tive :

L'inculpé a répété ... qu'il ignorait que la voiture dans laquelle il avaitpris place recelât des objets qui allaient lui procurer tant d'ennuis. (FI11/7:2)

ignorais que deux fils de Gauguin vécussent encore à Copenhague. (EX29/9:31)

Quant au seul subjonctif trouvé après ne pas ignorer, il se peut —pense L. B. — qu'il soit du genre « conditionnel » :

L'avant-centre rémois n'ignore pas que son forfait, alors qu'il participe àdes rencontres de championnat, eût été parfois mal interprété. (FI 27/10:17)

II ne faut pas oublier (p. 51)

Certains grammairiens (Soltmann, Wartburg-Zumthor, Grevisse)classent oublier parmi les verbes après lesquels on peut avoir un sub-jonctif. Pourtant, L. sur 151 emplois d'oublier en construction af-firmative, négative et interrogative, n'a relevé aucun subjonctif.

Nous doutons fort (pp. 52-55)

Voici la répartition du mode des subordonnées précédées par quel-ques verbes implicitement négatifs qui, le plus souvent, sont traitésensemble :

subjonctif non-subjonctifdouter 38 1contester 1 1nier 8 —démentir 16 2

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Dans l'emploi du verbe douter, le subjonctif règne à titre presqueabsolu; exemples :

II doute sérieusement que « The Misfits » . . . obtienne le visa d'approba-tion ... (EX 28/7: 28)Leur lenteur d'exécution et surtout leur manque d'imagination pouvaientfaire douter que ces footballeurs de l'époque 1900 fussent en mesure demarquer un but. (FI 11/7': 13)

Le seul non-subjonctif est un saurez :

Et il semble que l'on doute de plus en plus, à l'étranger, que les Etats-Unis conserveront longtemps cette avance. (EX 3/11: 15)

Pour contester, L. B. se borne à citer les deux exemples relevés :

... et dont on conteste qu'elle soit humaine. (EL 22/7: 51)

... M. Marmillan (sic) conteste que le gouvernement soviétique a délibéré-ment rompu les négociations de Genève ... (FI 1/7: 4)

Pour nier également, très peu d'exemples relevés; tous sont au sub-jonctif :

... niant qu'il y ait des tortures ... (EX 1/9: 3)

... et niant qu'un conflit nucléaire pût ensevelir le communisme ... (PM2: 59)

« II ne faut pas en conclure, observe L. que le non-subjonctif nesaurait exister après nier. Ce verbe a un sens beaucoup plus absolu etnet, si l'on veut, que douter. » II en donne pour preuve deux exemplesrelevés après enquête :

Seulement c'est le cancer. Tout l'organisme s'insurge pour nier qu'il estle "cancer. Toute la gauche aimerait bien que M. Guy Mollet ne fût pasM. Guy Mollet. (EX 26/10 1961: 52)... mais je nie qu'un Morin, par exemple, ou les types qui sont à sestrousses, le laisseront filer s'ils l'attrapent. (EX 10/8 1961: 5)

Ici, aussi bien que pour l'exemple de saurez après douter mentionnéplus haut, « on a l'impression que le subjonctif {laissent) aurait très bienfait l'affaire, étant donné que la proposition conditionnelle, s'ils Vattra-pent, suffit à donner le sens futural au propos » (L. B. 53).

Démentir, finalement, verbe relevé uniquement dans le Figaro, estpresque toujours suivi du subjonctif :

. . . il α démenti qu'il ait pris son petit déjeuner ... avec l'ambassadeur so-viétique ... (FI 1/8: 7)3 —662843 Studia NcophUologica

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Le représentant permanent des Etats-Unis ... a démenti que l'appareilaméricain ait survolé le territoire soviétique. (FI 15/7: 4)

Les deux cas de non-subjonctif sont des sauriez :

M. Mesmer a démenti ensuite que l'effectif des cadres serait diminué.(FI 15-16/10: 6)Le premier ministre a démenti, d'une part, que le roi ferait une déclarationà la radio et d'autre part qu'il avait entrepris des négociations. (FI 31/12-1/1 1961: 3)

« Dans le dernier exemple il y a deux propositions subordonnées co-ordonnées. Il est évident que avait de la seconde proposition subor-donnée est un cas d'attraction dû & ferait de la première » (L. B. 54).

L'influence d'une négation sur ces verbes a surtout attiré l'attentiondes grammairiens, qui ont essayé d'expliquer cet emploi « illogique »du subjonctif. L. B. donne ses chiffres pour douter et nier construitsavec ne ... pas :

subjonctif non-subjonctif

douter 14 11nier 4 1

C'est avant tout le saurez et le sauriez qui représentent le non-sub-jonctif; voici quelques exemples de chaque mode :

subjonctif

Pour parler clairement, Mme Berlioux ne doute pas un seul instant quela nouvelle championne de France puisse bientôt réussir 1 Ί 1 " . (FI 25/7:11)II ne doutait pas que ce fût une photographie d'Isabelle ... (FI 18/10: 4)Je ne nie pas que l'Epingle du jeu soit un livre véridique. (FI 9/11: 18)

non-subjonctif

Je ne doute pas qu'il se battrait. (FI 20/7: 4)Nous ne douterons pas que ces mesures seront sévèrement critiquées . . .(FI 14/12: 8)On ne nie pas ... que les producteurs . . . ont moins profité que d'autres . . .(FI 11/8:7)

Pensez-vous? (pp. 56-59)

Quelle influence a sur le mode de la subordonnée la construction inter-rogative de la principaleP.il faut, pour l'étudier, distinguer différentsaspects de l'interrogation : pensez-vous, est-ce que vous pensez, ne pensez-vous pas, pourquoi pensez-vous, etc. Tout en limitant son étude aux

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verbes croire et penser, L. B. n'a pas recueilli assez d'exemples pourétudier l'interrogation dite partielle {quand croyez-vous que, pourquoipenses-tu que, etc.) : il se limite donc à l'interrogation totale, expriméesoit par l'inversion, soit par est-ce que, à moins qu'elle ne soit implicite(ordre progressif).

Publicationsinversionordre progressifest-ce que

Théâtre d'Anouilhinversionordre progressifest-ce que

Tribune de Parisinversionordre progressifest-ce que

croiresubj.

37I

8——

I——

non-s.

5628

2

44140

1

3

pensersubj.

2 11

3

———

non-s.

301 2

831

21

3

II ressort de ce tableau que le subjonctif n'est fréquent que si l'ordreinverse exprime l'interrogation — et ce sont des saurez et des sauriez quiconstituent la majorité des non-subjonctifs. Pas de subjonctif après uneinterrogative avec est-ce que, très peu après l'ordre progressif.

Voici quelques exemples après inversion :

Croit-on ... que les citoyens soient mieux traités? (FI 5/9: 12)Croyez-vous que le général de Gaulle puisse amener la paix en Algérie ...?(EX 13/10: 12)Croyez-vous que les femmes d'Asie soient différentes en amour de cellesd'Europe? (MC août : 77)Mais croit-on que la surveillance maritime française s'en tient aux limitesdes eaux territoriales? (EX 22/12: 10)Croyez-vous que la paix en Algérie peut arriver? (EX 17/11: 9)... croyez-vous que M. Debré (et quelques autres) auraient rétabli aussitôtla législation républicaine ...? (EX 28/7: 4)

Après interrogation implicite, le subjonctif est tout à fait exception-nel; nous en avons vu la raison à propos du « facteur style » (p. 6). Voiciles deux seuls exemples de subjonctif relevés par L. B. :

Ils croient donc que la Terre puisse être creuse et que nous marchionscomme des mouches? (FI 19/10: 18)Vous pensez donc qu'un journaliste puisse impunément donner une in-formation erronée par imprudence et que cela ne mérite aucune sanction?(FI 12/8: s)

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En note p. 57, L. B. se demande : « Donc aurait-il une certaine in-fluence sur le mode de la subordonnée? Lerch aurait certainement quali-fié les deux subordonnées de « sujet psychologique » et aurait mis l'em-ploi du subjonctif en rapport avec ce fait. Voici un autre exemple de cetype, cité par Sandfeld p. 138 : Vous croyez donc qu'il n'y ait qu'à Parisoù l'on soit dévergondé? » Essayons de répondre à sa question : l'emploide donc semble impliquer l'attente d'une réponse négative (=croyez-vous par hasard que ...?) et le subjonctif concourt à la même impressionen écartant la réalité du fait énoncé.

Voici maintenant les chiffres quand la négation se combine à l'inter-rogation (ne croyez-vous pas, vous ne croyez pas, est-ce que vous ne croyezpas):

croire pensersubj. non-s. subj. non-s.

Publications:nég. + inversion 2 20 5 14nég. + ordre progressif — 6 1 11nég. + est-ce que — — — 1

Le théâtre d'Anouilh et la Tribune de Paris n'ont pas d'exemple de sub-jonctif.

Que le subjonctif soit peu fréquent après la combinaison interrogation-négation n'a rien d'étonnant : ce type d'interrogation est connu pourappeler une réponse positive (si), il est normal qu'il soit suivi du non-subjonctif comme l'affirmation.

Voici quatre exemples après inversion :

Ne pensez-vous pas que la fin soit trop pessimiste? (PM 5/11: 92)... et ne pensez-vous pas que l'épuration dans l'armée ... ne suffise pas àéliminer tout risque de ce côté? (EX 14/7: 2). . . pourtant ne pensez-vous pas que nous sommes moins embarrassants queles voitures ...? (FI 16/9: 23)... ne pensez-vous pas que cette plaisanterie a assez duré! (EL 28/10: 129)

Le seul exemple de subjonctif après l'interrogation négative à ordreprogressif présente un caractère tout à fait spécial :

Miss, je ne pense pas que le moment soit particulièrement choisi pour plai-santer? (FI 22/7: 4)

Si vous pensez (pp. 60-Ó3)

Voici les chiffres concernant la répartition du subjonctif et du non-subjonctif dans les subordonnées précédées par croire, dire, penser,

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savoir construits avec (ces chiffres totalisent les publications, le théâtred'Anouilh et la Tribune de Paris) :

subjonctif non-subjonctif

croire — 32dire — 31penser — 19savoir ι 25

Le seul subjonctif est trouvé dans Elle :

Je serais extrêmement effrayée, si je savais qu'il y eût quelque réel dangerà être attaquée comme ces pauvres gens. (EL 12/8: 32; roman feuilleton)

Une distinction doit être faite à la base si l'on veut comprendre l'em-ploi du mode après toute principale hypothétique :

i° Le temps du verbe principal exprime l'irréalité de l'action (si jesavais, si j'avais su) : en ce cas la nuance d'irréel tend normalement às'étendre sur la proposition subordonnée, où elle sera exprimée dans lefrançais le plus correct par l'imparfait du subjonctif, comme dans laphrase ¿'Elle.

Quoique L. B. n'ait pas reconnu la survivance d'un sussiez irréel(Observations préliminaires, 5), il note la fréquence plus grande du sub-jonctif après des principales à l'imparfait irréel comme si j'étais sûr, s'ilétait sûr :

Si nous étions certains qu'il ne fût pas freiné, ... nous croirions volontiersà ses chances ... (FI 15-16/10: 20)

La langue courante, qui a perdu l'imparfait du subjonctif, le remplacevolontiers par le présent :

Si l'on pouvait penser que le cessez-le-feu puisse intervenir au cours desmois à venir ... (TP 18/11)Encore l'on était sûr que tout cet arge'nt sera dépensé utilement et ré-ponde à de réels besoins. (FI 17/11: 15)

Henri Frei, dans sa Grammaire des fautes (58), cite un emploi sem-blable, tiré d'une lettre d'une femme du peuple :

« Voici le froid, la neige et si je savais qu'il soit prisonnier je pourraispeut-être lui envoyé (sic) un petit colis. »

Frei voyant là un « des cas — plus nombreux que l'on pense — oùl'indicatif exigé par la grammaire correcte cède la place au subjonc-tif... », L. B. non convaincu a consulté deux professeurs de lycée pari-

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siens; l'un a répondu qu'il corrigerait un tel subjonctif chez ses élèves(1.5.1961); l'autre (c'était moi-même) l'a jugé correct, seul capabled'exprimer — à défaut d'un sussiez — le doute de cette femme.

Un autre substitut du sussiez est le saviez a valeur d'irréel (si je croyaisqu'il était prisonnier); peut-être a-t-on cet emploi dans un exemple deElle (mais le contexte est insuffisant) :

... s'il savait que je me promenais avec les vêtements de sa femme. (EL14/10: 126)

Un dernier substitut possible est le conditionnel présent, à proposduquel L. B. relève ces lignes de Damourette et Pichón :

« Les gens de bonne compagnie emploient-ils aussi ce tour? Peu fréquem-ment. Nous avons recueilli néanmoins l'exemple suivant : Si j'étais sûreque cela m'engraisserait, bien sûr! ».

Il emprunte à H. Sten (90) ce commentaire : « Cette phrase est-elle . . .aussi surprenante que p. ex. : II faudrait que j'en aurais une autre »?En réalité, dans cette dernière phrase, il n'y a pas d'hypothèse.

2° L'action principale est donnée pour réelle, généralement à l'indi-catif présent.

« Très souvent on se trouve devant des exemples de construction hypo-thétique ou le sens hypothétique est nul ou presque. C'est le cas des ex-pressions telles que si l'on songe, si l'on pense. Ce sont plus ou moins depures locutions correspondant à « étant donné que ». On voit mal commentle subjonctif pourrait s'introduire dans un exemple tel que celui-ci :

Si l'on pense que depuis 1901, cinquante-cinq écrivains ... seulement ontobtenu cette suprême distinction internationale . . . (EX 3/11: 29)

.. . Il y a un autre type de cas où le subjonctif n'apparaît pas non plus.Ce sont les cas du type si vous croyez que dans les phrases de caractèreaffectif :

Si vous croyez que j 'ai besoin de votre permission! (FI 3/8:4)Si vous croyez que c'est facile! (L'invitation au château : 106)

Comparer à ce sujet Sandfeld (368) » (L. B. 62-63).

En admettant (pp. 64-65)

« Sémantiquement, les expressions si+admettre et en admettantsemblent très proches l'une de l'autre. Il est curieux de noter que si l'onemploie le subjonctif après en admettant (9 subjonctifs contre 2 non-

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subjonctifs dans les publications dépouillées), on opte pour le non-sub-jonctif après si+admettre (i subjonctif contre 16 non-subjonctifs). »

L. B. explique cette différence en rapprochant d'une part si+admettredes autres principales hypothétiques, généralement suivies du subjonc-tif (cf. supra), d'autre part en admettant de en supposant, qui est suivi dusubjonctif. En fait, un Français sent que si l'on admet introduit ordinaire-ment l'énoncé d'un fait reconnu, tandis que en admettant introduit uneconcession que l'on tend à écarter.

Voici quelques exemples du premier tour :

Donc, si l'on admet... que Nielsen n'a pu se fracturer le crâne en tombant,cela implique ... (FI 17/10: 10)Si l'on admet généralement que les cadres noirs n'étaient pas suffisammentpréparés ... (EX 25/8: 3)

Mais :

Si l'on admet que la « bombe populaire » puisse devenir demain une réalité,on conçoit... (FI 14/10: 3)

Quelques exemples du second tour :

Même en admettant que les troupes belges soient immédiatement rapatriées... il resterait... (EX 11/8: 7)Je vais faire mon portrait ... en admettant qu'ils aient daigné m'accorderun regard. (EL 2/9: 77)

Mais :

En admettant que le quatrième en achèvement de forage aura une pro-duction égale à la moyenne des autres, on disposera donc à El Agreb de1600 m* par jour, soit 480 000 tonnes par an ... (FI 2/12: 8)On y parviendra ...en admettant qu'un certain délai d' « adjustement » estnécessaire pour que l'enfant s'habitue aux limites de son budget. (EX

Les hypothèses énoncées dans ces deux derniers exemples sont donnéescomme tout à fait vraisemblables.

Je suppose (pp. 66-69)

On explique l'emploi du subjonctif ou du non-subjonctif après sup-poser en distinguant deux sens de ce verbe (Grevisse, Soltmann) : établirl'hypothèse (+subj.), mettre en fait.(+non-subjonctif). Grevisse cite :

Je suppose ( =j'établis l'hypothèse) que les hommes soient éternels sur laterre. (La Br. XI, 32)

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Je suppose ( = je mets en fait) qu'un moine est toujours charitable. (La F.,F., VII, 3)

Les exemples de L. B. ne contredisent pas cette explication, mais ilse trouve que le premier sens se rencontre presque exclusivement avecles formes sans sujet explicité : supposons, supposez, en supposant, àsupposer, alors que le second n'apparaît (sauf une exception) qu'avec unsujet explicité : je suppose, on suppose, etc. Il groupe donc ainsi ses.exemples :

subjonctif non-subjonctifsupposer (sujet explicité) 6 114supposer (sujet non explicité) 42 1

Voici quelques exemples :

. . . je suppose qu'une jeune femme pondérée comme vous paraissez l'êtrene croit pas au don de double vue . . . (EL 2/9: 79)Je suppose qu'il s'agissait d'une excellente plaisanterie. (FI 26/8: 1)... on. suppose que le vieillard ... α provoqué lui-même l'incendie ... (FI17/8: 2)

Mais :

Supposons qu'une dame aille trouver un astrologue ... (PM 13/8: 53)... en supposant qu'il ait été favorisé ... (FI 4/8: 7)... à supposer même qu'il y ait accord général... (PM 6/8: 48)

L'étude des exceptions après je suppose est pour L. B. l'occasion d'unecurieuse remarque : « Ce qui caractérise ces exemples, c'est que le sujetsignifie quelque chose de neutre, que ce soit ce qui (suppose), cela (sup-pose) ou bien la solution (suppose), etc. :

Cela suppose . . . que le site soit plaisant... (FI 20-21/8: 1)... ce qui suppose qu'elle réponde « oui » au référendum du 8 janvier. (FI10-11/12: 5)

. . . cette compression des frais ... supposerait cependant que la totalité desfruits acheminés soit finalement vendue. (EX 11/9: 8)La réalisation ... supposait qu'on pût parvenir à accepter .. . (FI 14/12: 1)

Côté non-subjonctif, il n'y a que deux exemples avec un tel sujetdéfini « neutre » :

. . . une telle évacuation supposait que la sécurité de la population belgeserait garantie par d'autres moyens. (FI 11/8: 3)A ce prix de revient, incompréhensible et parfaitement théorique puisqu'»7suppose que la totalité des pêches sont finalement vendues, viennent s'ajou-ter les marges (brutes) suivantes ... (EX 11/9: 8)

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La difficulté de faire de la tendance constatée une règle ressort parti-culièrement d'une comparaison entre ce dernier exemple et le troisièmeau subjonctif; ils sont relevés du même contexte » (L. B. 67-68).

En fait le sens de supposer qui entraîne l'indicatif implique plus oumoins un sujet pensant, ce qui explique pourquoi il se rencontre peuavec un sujet neutre, sauf si l'auxiliaire laisser indique que l'action n'estpas faite, mais seulement permise par le sujet, comme dans les troisexemples de ce qui laisse supposer (+indicatif) relevés par L. B. (p. 68,note).

Voici l'exemple unique d'indicatif après en supposant tiré des publi-cations (le sens est : en pensant) :

Mais notre correspondant nous fait injure en supposant que nous y avonsmis de la mauvaise foi. (PM 10/: 14)

Deux autres exemples ont été relevés hors enquête :

Racontez-vous trois ou quatre des plus grands romans, en supposant quec'est arrivé. Vraiment arrivé. (Gaétan Picon, Malraux par lui-même, p. 50)... supposant que les lacets peuvent cuire. (Témoin oral, Upsal 22/3/1962— français parlé)

Ce qui explique (pp. 70-71)

L. B. rapproche les constructions d'expliquer de celles de supposerparce qu'il trouve dans les faits de grandes analogies.

Ce verbe, dans les publications dépouillées, est suivi de 6 subjonctifspour 27 non-subjonctifs. La différence de construction semble bienrépondre à une différence de sens.

Construit avec le non-subjonctif, expliquer a le sens de déclarer, dire;le sujet est un être vivant :

Cet officier ... lui avait expliqué qu'il ne,voulait pas Venir au camp ...(FI 17/11:5)... et des petits chiens m'ont expliqué qu'il n'y avait pas de greniers ... (MCnov : 102). . . en lui expliquant qu'elle avait été autrefois la maîtresse ... (MC déc :210)

Construit avec le subjonctif, il signifie faire comprendre les raisons(d'un fait); le sujet est quelque chose de « neutre »; que a le sens depourquoi (+ indicatif) :

C'est cette situation d'ensemble qui explique que les « réformes de struc-ture » soient devenues ... un cri de guerre ... (EX 29/12: 11)

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Des horaires de travail ... expliquent certes que l'entraînement puisse êtreassez sérieux ... (FI 28/10: 15)Ce qui pourrait expliquer qu'il ait forfait à l'honneur en faisant ... (FI7/12·· 1)

On comprend (pp. 72-74)

Pour ce verbe comme pour supposer et expliquer, la différence deconstruction semble répondre à une différence de sens : avec le non-subjonctif, comprendre signifie saisir par l'esprit, deviner, avec le subjonc-tif, il signifie trouver naturel, découvrir les raisons (d'un fait). Grevisse(§ 999, Rem. 4) illustre cette distinction des exemples suivants :

Vous comprenez que cela doit m'inquiéter.Je comprends qu'il ait refusé cette offre.

L. B. n'a pas classé ses exemples selon ce chef; il observe seulementque dans l'ensemble, le non-subjonctif est plus fréquent que le subjonc-tif:

J'ai bien compris qu'elle ne l'avait pas fait. {MC nov : 219)II comprenait que je l'avais pris à partie ... (EL 18/11: 17)... des amis lui firent comprendre qu'un intellectuel devait s'intéresser aufootball. (MC oct : 10)

Parmi les exemples avec comprendre se dégage le groupe on comprend :une dizaine d'exemples, tous suivis du subjonctif :

On comprend, dès lors, que la réaction ... ne se soit pas fait attendre.(FI 7/12:4)On comprend qu'un tel homme ait pensé à l'espace ... (FI 27/12: s)Avec les cahots de la route, on comprend que les disques intercalaires desvertèbres lombaires puissent lâcher .. . (EL 18/11: 131)

Même tendance après on conçoit :

On conçoit que M. « H » veuille attendre ... (FI 3/8: 9)... on conçoit que la température doive être prise ... (MC oct : 113)

Le mode s'explique par le fait que ces verbes, dans ces phrases, res-sortissent au second sens plutôt qu'au premier. Mais le premier sensn'est pas exclu, et l'on trouve alors le non-subjonctif :

On comprend facilement, en les lisant, que le télégraphe est contrôlé par lesinsurgés. (FI 9/9: 15, exemple hors enquête)

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Deux exemples avec concevoir sont plus douteux1 :

On conçoit qu'au contact de ce caractère le mien commença à se tremper.(MC sep : 136)On conçoit que deux chaînes parallèles ne peuvent s'approcher. (EX 29/12:12)

II espère (p. 74)

Grevisse (§ 999) et M. Cohen laissent croire à la possibilité de ren-

contrer un subjonctif après espérer. L. sur 61 exemples, n'en a trouvé

aucun.Il faut croire (p. 75)

R. Le Bidois (Réflexions sur le subjonctif, Le Monde, octobre i960)

donne un exemple de subjonctif après il faut croire parmi les cas de

« subjonctifs surélégants ». Après cette date, L. B. a relevé cette expres-

sion, mais n'a trouvé que 8 exemples, tous suivis du non-subjonctif.

Cela ne signifie pas (pp. 76-77)

Le tableau suivant indique le mode relevé après ne pas signifier (celane signifie pas, ce qui ne signifie pas) :

subjonctif non-subjonctif

sachiez sussiez savez saviez saurez sauriez

20 3 s 2 6 2

Le subjonctif est donc très fréquent :

Cela ne signifie pas que les idées fausses soient moins répandues. (MC déc : 92)Elles ne signifient pas qu'il faille prendre pour argent comptant les rumeursviennoises. (FI 5-6/11: 3). ·. mais cela ne signifiait pas que l'Amérique fût en passe d'être rejointe . . ..(PM 27/8: 46)Selon une formule savoureuse, la communauté belgo-congolaise en pré-paration ne signifiait pas que les deux races dussent se mélanger. (EX11/8:6)

Certains non-subjonctifs appartiennent au saviez, au saurez ou ausauriez :

. . . l'entrée des « casques bleus » ne signifie pas que M. Lumumba prendrale pouvoir au Katanga . . . (FI 11/8: 3). . . le président... ajouta que cela ne signifiait pas que tout avion . . . seraitabattu, mais qu'il le serait s'il franchissait la frontière soviétique. (FI9/9·· 4)

1 On suppose chez les rédacteurs de ces périodiques assez d'instruction pourne pouvoir confondre commençât avec commença, ni puissent avec peuvent (H.

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44 LARS BÖRJESON

Comment justifier le savez? Voici les 5 exemples :

1. Ce qui ne signifie pas que vous devez (en italiques) les acheter. (EX10/11:27)

2. . . . cela ne signifie pas que l'on danse mieux de ce côté-ci ... mais quel'on croit (en italiques) savoir danser naturellement. (EX 8/12: 28)3. Ce qui ne signifie pas qu'il a suivi ce dernier jusque dans sa conversion ...(EX 1/12: 10)

4. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, que les hommes politiques ne sontpas à l'affût... (FI 31/10: 6)5. Ces projets ne signifient pas que Calais ne reçoit pas de touristes. (FI30-31/7: 5)

« Ce qui est commun aux croit et devez de mes premiers exemples,c'est qu'ils figurent en lettres italiques. L'auteur de ces phrases a voulules accentuer, et il est possible que ce fait soit en rapport avec l'emploidu non-subjonctif. Dans le troisième exemple donné, ce qu'il y a d'in-téressant, ce n'est pas tellement « il a suivi ce dernier », mais « il a suivice dernier jusque dans sa conversion ». Cette dernière partie de la phraseserait donc à considérer comme prédicat » (L. B. 77).

Ayant ainsi invoqué le facteur « prédicat psychologique » pour ex-pliquer l'exemple 3, L. B. demande si la négation qui affecte le verbesubordonné dans l'exemple 5 (ne reçoit pas) ne pourrait pas aussi êtretenue pour un prédicat1.

Nul doute (pp. 78-79)

Les chiffres suivants concernent les publications dépouillées :

subjonctif non-subjonctifnul doute 22 13il ne fait aucun doute 1 19»7 n'est pas douteux 1 22il est hors de doute — 14il ne fait pas de doute 1 9il n'y a pas de doute — 8

Le subjonctif après il ne fait aucun doute est un subjonctif « condition-nel».

La fréquence du subjonctif après nul doute tient, apparemment, aufacteur style : cette expression est plus littéraire que les suivantes. L. B.

1 On peut se demander si, dans les phrases 4 et s, la négation affectant la sub-ordonnée ne détruit pas l'effet de celle qui affecte la principale, produisant unsens affirmatif comme dans l'exemple cité sous je ne crois pas (3°, supra p. 27)(H.

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appuie cette explication du fait que le subjonctif après nul doute estsouvent précédé de ne (négation expressive de caractère littéraire aussi) :

Nul doute que le sang anglais de la mère n'ait triomphé du sang écossais dupère. (FI 20/7: 4)Nul doute que les Danois ne soient en finale de redoutables rivaux ... (FI8/9= 13)

Mais dans 10 exemples, tous du Figaro, dont 9, il est vrai, proviennent dumême journaliste, le verbe au subjonctif n'est pas précédé de ne :

Nul doute également que leur sympathique gardien Abbas ait été l'imagemême du monarque de réussite. (FI 29/8: 4)Nul doute d'ailleurs que Verriest soit adopté par les joueurs ... (FI 29-30/10: 17)

L. B. donne deux exemples d'indicatif :

Nul doute que l'Amérique est la terre des prodiges! (FI 20-21/8: 12)Nul doute qu'elle entendra cet appel. (PM 12/3: 60)

Voici les deux constructions de il n'est pas douteux (la seconde beau-coup plus commune) :

II n'est pas douteux que des recherches analogues puissent être faites ...(FI 18/11:20)II n'est pas douteux qu'un harcèlement sporadique de la ville est attendu ...(FI 6/9: 3)

Selon Grevisse (§ 997, Rem. 1), il est hors de doute n'est jamais suividu subjonctif. Effectivement, L. B. n'a rencontré que l'indicatif :

... car il est hors de doute qu'à l'heure actuelle l'aviation navale de l'Unionsoviétique est la plus puissante du monde ... (FI 3/10: 18)

« M. Gougenheim, lors d'une conférence faite à la Société de Lin-guistique de Paris, mars 1961, a pourtant signalé l'exemple suivant :

II est hors de doute que le théâtre Ubre ait existé.

Il doit s'agir, en tout cas, d'un emploi rare. Voici un exemple pareilrelevé après enquête :

II semblait hors de doute que la victime eût tiré elle-même. (EX 7/12 1961:30)

II est probable que, dans le dernier exemple, le subjonctif peut être misen rapport avec semblait de la proposition principale » (L. B. 80).

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Est-ce à dire (pp. 81-83)

Les chiffres suivants totalisent les exemples des publications, duthéâtre d'Anouilh et de la Tribune de Paris; ils concernent le verbe direen construction interrogative :

subjonctif non-subjonctif

direinversionordre progressifmot interrogatif

aller direordre progressif

être besoin de direinversion

devoir direinversion

être à direinversion

être trop direinversion

faire diremot interrogatif

falloir direinversion

etc.

— 171 (conditionnel) 27

— 31

— 1

— S

— 1

10 7

I

2

I

Six autres expressions sont étudiées, pour lesquelles il n'a été relevéque des non-subjonctifs. Ainsi, avec peut-on dire, L. B. n'a relevé quedes indicatifs :

Peut-on dire qu'il y α un mode? (EX 3/11: 23)

Mais il pense que cela tient au petit nombre de ses exemples, car il aentendu des subjonctifs après ladite expression à la radio et à la télé-vision.

L'expression est-ce à dire que est la seule avec laquelle le subjonctifsoit usuel, dominant légèrement l'indicatif; voici quelques exemples del'un et de l'autre mode :

Est-ce à dire que la lecture des journaux ne soit pas utile? (FI 15/9: 7)Est-ce à dire qu'il faille se montrer doucereux et flatteur? (FI 4/7: 10)Est-ce à dire que le monde soit devenu absurde? (FI 19/10: 18)Est-ce à dire que le souvenir de cette nuit est oublié? (FI 1/9: 14)Est-ce à dire que c'est un mauvais livre? (EX 15/12: 42)Est-ce à dire cependant que les conversations de Melun ont été inutiles?(FI 1/7: 6)

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L. B. note qu'à la différence des autres expressions avec dire, il s'agitici d'une expression exclusivement impersonnelle. On pourrait invo-quer aussi son caractère littéraire.

Comment se fait-il (p. 84)

R. Le Bidois (Défense de la langue française, Le Monde 22/2 1961)qualifie de « solécisme » l'emploi de l'indicatif après cette expression.Pourtant Clédat (Revue de phil. fr., t. 35: 104) justifie cet emploi : « ily a doute sur la manière (comment}), et affirmation du fait, d'où unehésitation sur ce mode. »

Sur 23 exemples relevés dans les publications, L. B. n'a trouvé qu'unnon-subjonctif :

Comment se fait-il que c'est seulement dans l'hémicycle de l'une et del'autre de nos Assemblées que ses plaidoyers — aux arguments pitoyables,du reste — soient faits? (FI 21/7: 6)

Mais il observe lui-même que la locution c'est ...que doit être tenuepour « figée » et que le verbe subordonné à la principale est bel et bien lesubjonctif soient.

En revanche, il cite un exemple de non-subjonctif entendu hors en-quête, qui lui paraît entièrement « justifié » :

Comment se fait-il que vous avez un si bon accent? (professeur françaiss'adressant à un étudiant allemand; Paris avril 1961)

/ / semble (pp. 85-87)

Les manuels de français destinés aux étrangers enseignent souventqu'il faut le subjonctif après il semble et l'indicatif après il me semble.Mais plusieurs grammairiens ont infirmé cette règle (Brunot, Solt-mann, Grevisse). Voici les chiffres des exe"mples relevés par L. B. dansles publications :

1.J-31.10 e Z.11-31.12sub. non-sub. sub. non-sub.

iï semble 42 10 142 56il me semble — 15 2 51

On remarque que le non-subjonctif n'est pas exceptionnel aprèsil semble; même après cette expression au sauriez on trouve le non-subjonctif :

. . . il semblerait qu'il s'agit d'un empoisonnement alimentaire. (FI 1/12: 2)

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Dans un exemple, le mode change d'une subordonnée à l'autre, par lejeu du facteur temps :

II semble bien, en effet, que les conservateurs voteront « oui » et que lesleaders des Indépendants n'aient accordé la liberté de vote à leurs élec-teurs que parce qu'ils étaient certains de n'être pas suivis. (EX 29/12: 6)

Voici les deux exemples de subjonctif après il me semble :

...il me semblait qu'il ne lui manquât que de se ronger les ongles, de cacherses mains et de porter des verres fumés. (FI 16/11: 22)... il me semble qu'exception faite de notre entourage familial, nous ayonsété les seuls ... à ne pas nous inquiéter ... (PM 19/11: 49)

Après il ne semble pas, c'est, selon Grevisse, le subjonctif qui est demise (éventuellement le conditionnel). En effet, sur 56 exemples despublications, L. B. n'a relevé qu'un cas de non-subjonctif, que « justi-fie » le facteur saviez :

Mes souvenirs ne sont plus très précis, mais il ne semble pas qu'il étaitquestion de l'occupation de Paris. (FI 10/11: 23)

Le facteur saurez joue dans un autre exemple, relevé avant l'enquête :

II ne semble pas que vous viendrez jamais à bout de votre chignon. (FI13/4: 4)

II paraît (pp. 88-89)Après il paraît et il apparaît, les chiffres de L. B. établissent une

dominance presque totale du non-subjonctif :

subjonctif non-subjonctifil paraît

1.7-31.10 e — 111.11-31.12 1 28

il apparaît1.7-31.8 e — 81.9-31.12 — 63

A la différence de il semble, le plus souvent suivi du subjonctif, ilparaît se construit plutôt avec le non-subjonctif. Voici l'exemple uniquede subjonctif relevé :

II paraît, en effet, qu'à moins d'un fait nouveau imprévisible, elle con-naisse un temps mort, du fait surtout de la perte de mémoire de Mme

Pennée ... (FI n / i i : 2)

« II est possible qu'il y ait un rapport entre l'emploi du subjonctif et àmoins d'un fait précédent » (L.

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Après il apparaît, L. B. a relevé hors enquête un exemple de subjonc-tif:

II apparaît que le F.L.N. ait du moins publiquement renoncé à s'entendreavec le général de Gaulle. (FI 23/8: 7)

II est possible, il est probable (pp. 90-95)

Les deux expressions il est possible, il est probable sont souvent traitéesensemble, et l'on enseigne qu'après la première il faut le subjonctif,après l'autre le non-subjonctif.

Voici les chiffres de L. B. pour la première :

subjonctif non-subjonctif

t7 est possible 90 4il est fort possible 11 —il est parfaitement possible 1 1il est tout à fait possible 2 —

C'est surtout le saurez (Valiez-savoir) qui représente le non-subjonc-tif:

II est possible que cette demande officielle forcera l'Amérique à choisir entrele gouvernement neutraliste de Vientiane et le « comité révolutionnaire ».(FI 6/12: s)II est possible que les Tunisiens vont chercher à rallier les Africains à leurthèse... (FI 32/8:7)Mais il est possible que Paul Roux va mettre un frein à son activité ...(FI 28/9: is)II est parfaitement possible que la solution correcte du problème de la paixne sera pas compromise par les peuples et qu'elle sera rejetée par des géné-rations à venir. (FI 26-27/11: 4)

Cependant le subjonctif, qui domine très largement, se rencontremême au sens futural :

... «7 est possible que le Tour d'Espagne cycliste ne soit pas organisé en1961. (FI 8/8: 7)... il est possible que j'aie besoin de vous, à Kuala Lumpur, demain ouaprès-demain. (FI 18/8: 4)

Tañase (163) cite un exemple de non-subjonctif trouvé dans un journaldu Midi (mars 1941) :

II est possible que quelques-uns des marins italiens ont été sauvés.4 — 662843 Studia NeophUologica

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L. B. a relevé un exemple assez semblable :

II est probable qu'il s'est laissé prendre au piège, mais «7 est possible égale-ment que, « pris de vitesse », il a estimé incorrect de réfléchir... (FI 2/12: 15)

La présence de il est probable au début de cette dernière phrase expliquepeut-être, mais ne justifie pas le non-subjonctif a estimé; la fréquencetrop basse du non-subjonctif autorise L. B. à parler de « fautes » pourles deux derniers exemples.

Voici maintenant ses chiffres pour il est probable :

subj onctif non-subjonctifil est probable 4 98il est hautement probable — 1il est fort probable — 9il est bien probable — 1il est plus probable — 1il est plus que probable 2 ι

Le non-subjonctif l'emporte de beaucoup; exemples :

II est probable que l'on verra au cours de la saison Danielle Darrieux ...(FI 3/8:10)... il est probable que nous n'avons fait guère plus que gratter la surface dusavoir ... (FI 24/8: 1)

Quelques subjonctifs ont été relevés :

...il est probable qu'un certain nombre de passagers ait été tué. (FI 27/9: 4)II est même probable qu'on ne soit pas plus avancé lors de la réunion duConseil de l'Alliance Atlantique à Paris en décembre ... (FI 24/11: 3)II est probable qu'un Conseil des ministres ait lieu mercredi à Paris aucours duquel une décision concernant des modifications « de détail »pourraient être étudiées (sic) ... (FI 13/12: 7)

Les deux derniers exemples sont intéressants parce qu'il s'agit d'unemploi futural où le non-subjonctif devrait s'imposer; noter aussi, dansle dernier, que, en accord avec ait, il y a pourraient et non pourront.

M. Cohen (95-96) donne six exemples de subjonctif dont trois ontun caractère particulier : il est probable y est accompagné d'un adverbede quantité comme sans doute, fort. L. B. a relevé à part les emploisanalogues, mais en a trouvé trop peu pour déceler une tendance; voicicependant deux exemples de subjonctif (contre un non-subjonctif) aprèsil est plus que probable :

II est plus que probable qu'au cours de ces différentes entrevues l'Algérieait fait et fasse l'objet d'une grande partie des conversations. (FI 16/8: 7)

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FREQUENCE DU SUBJ. DANS LES COMPLÉTIVES INTR. PAR que 5 I

II est cependant plus que probable que le principe ait déjà été arrêté au mo-ment où Heydrich obtenait le décret de Goering. (FI 11/10: 5)

L'explication de ce subjonctif est psychologique : « au fond il s'agiraitd'une incertitude qu'on essaye de cacher en mettant en relief il estprobable de la manière décrite » (L. B. 93). Voici deux autres exemplesrelevés hors enquête :

II est fort probable aussi qu'il ait été combiné aVec des noms d'animaux.(Lougnon, Les noms de lieu, p. 70)... »7 est fort probable que, d'un point de vue purement matériel, leurintérêt soit de le garder ... (EX 5/10 1961: 42)

Cependant, le non-subjonctif doit être conseillé après probable, proba-bilité renforcée ou non; deux exemples avec il est plus que probable re-levés après enquête sont au non-subjonctif.

/ / est exact (pp. 95-97) /

La possibilité d'employer le subjonctif après il est exact, il est vrai-semblable a attiré l'attention des grammairiens : Brunot (521), Galichet(100), Clédat (Revue de philologie française, tome 35, p. 92 : note).Pour Clédat, ces expressions, suivies du subjonctif, trahiraient uneincertitude que l'affirmation d'exactitude ou de vraisemblance ne faitque cacher.

L. B. rejette cette explication parce qu'on trouve aussi le subjonctifaprès il est vrai, il est évident; il préfère voir dans ces subjonctifs, à lasuite de Brunot et Galichet, une influence analogique d'expressionscomme il est juste, il est naturel.

Pour il est exact, lui-même, sur 25 exemples, n'a trouvé qu'un sub-jonctif (expliqué par l'influence de probablement) :

II est probablement exact, dit-on, que les « camps internationaux » . . .soient... des centres d'entraînement... (FI 24/8: 4)

Pour il est vraisemblable, sur 50 exemples, il a trouvé 5 subjonctifs,dont un à valeur de conditionnel; voici des exemples des deux modes :

II est vraisemblable que certaines unités sont restées loyales ... (FI 12/9: 7)II est vraisemblable que le bâtiment se livrait à la contrebande. (FI 9/9: 2)// est vraisemblable qu'un robinet du gaz ait été laissé ouvert par inadver-tance. (FI 5/12: 2)

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/ / arrive (pp. 98-99)

« Une conférence de M. Togeby (Paris, mars 1961) a attiré mon atten-tion sur un paragraphe de Grevisse. Celui-ci groupe il arrive, il advient,il se peut, il se trouve, il survient et dit que ces expressions sont suiviesaussi bien de l'indicatif que du subjonctif (§ 997, Rem. 3). Or, selonM. Togeby, il est inadmissible de faire un tel rapprochement de cesexpressions, vu le caractère différent de chacune d'elles, différence quise traduit dans l'emploi du mode dans leurs subordonnées respectives.C'est ainsi que il arrive, selon M. Togeby, serait suivi le plus souvent dusubjonctif, tandis que il arriva amènerait obligatoirement l'indicatifdans la subordonnée suivante. Toujours selon M. Togeby, après il setrouve le subjonctif ne serait plus de mise. Par contre, après il se peutil y a un emploi figé du subjonctif. Grevisse cite, il est vrai, un exempleavec le non-subjonctif après cette dernière expression :

Se peut-il que je t'ai livrée, sans le vouloir, à l'ineffable déchirement?

mais M. Togeby déclare qu'il doit s'agir d'une faute d'impression dansle texte où l'exemple a été relevé : il faudrait donc lire aie au lieu de ai.

Voici maintenant la répartition du subjonctif et du non-subjonctifdans les subordonnées précédées par les trois expressions il arrive (ilarriva, il arrivait, etc.), il se peut (il se pouvait, etc.), il se trouve (il s'esttrouvé, etc.) de construction « affirmative ». Je n'ai relevé aucun cas desdeux expressions il advient et il survient dans cette construction.

subjonctif non-subjonctif

il arrive e 14 3il se peut 43 1il se trouve e — 10

Comme on voit, ces chiffres appuient plutôt la position de M. Togeby.Le seul exemple de non-subjonctif relevé après il se peut doit certaine-ment être considéré comme une faute d'impression :

II se peut que j'ai déclaré à mon père que je venais de frapper Yolande.(FI 23/11:2)

Cela ne veut pas dire que je partage l'avis de M. Togeby en ce quiconcerne l'exemple cité par Grevisse : « Se peut-il que je t'ai livrée, sansle vouloir, à l'ineffable déchirement? », où ai est qualifié de faute d'im-pression. Puisqu'on trouve, bien que rarement et surtout dans d'an-ciennes périodes de la langue, des formes de non-subjonctif après est-il

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FRÉQUENCE DU SUBJ. DANS LES COMPLÉTIVES INTR. PAR que 53

possible (deux exemples cités par Grevisse § 997, Rem. 1), pourquoiserait-il tellement étrange de voir apparaître le non-subjonctif, mêmesous forme d'un savez, après se peut-iU

A en juger par les chiffres donnés ci-dessous concernant l'expressionil se peut, on serait tenté de croire que cette expression se construit« toujours » avec le subjonctif. Pourtant, comme on sait, il y a des casde l'emploi du saurez après il est possible, expression sémantiquementproche de il se peut. Aussi ne faut-il pas trop s'étonner si le saurez ap-paraît après cette dernière expression. Voici un exemple relevé aprèsenquête. C'est France-Soir qui impute au général de Gaulle la phrasesuivante (12/4 1961) :

Cet Etat, il se peut que les Algériens le voudront.

Les journaux autres que France-Soir (5 quotidiens), il est vrai, don-nent au lieu de la phrase citée :

Cet Etat sera ce que les Algériens voudront.

Si, pour Grevisse, le subjonctif après il se trouve appartient au bonusage, R. Le Bidois n'est pas du même avis. Dans un article intituléRéflexions sur le subjonctif paru dans la série « Défense de la langue fran-çaise » (Le Monde, oct. i960), il cite l'exemple suivant où le subjonctif estqualifié de « surélégant » :

Montherlant est mon auteur favori ... il se trouve d'ailleurs qu'il écrive —avec Colette — la plus belle prose d'aujourd'hui » (L.

Il est vrai (pp. 100-103)

Voici les chiffres de L. B. concernant le mode après les expressionsimpersonnelles contenant les adjectifs vrai, certain, sûr, évident :

subjonctif non-subjonctif

il est vrai — 47il est certain 1 28il est sûr — 30il est ¿vident — 22il n'est pas vrai 8 1il n'est pas certain 14 5il n'est pas sûr 15 3il n'est pas ¿vident 1 —

est-il vrai 4 14est-il certain — 1est-il sûr 1 —

s'il est vrai — 23

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Le subjonctif. ne domine qu'après les constructions négatives du typeil n'est pas vrai que :

II n'est pas vrai que l'on puisse avoir un bon manteau de vison pour ι ooo ooode francs. (EX 20/10: 16)II n'est pas certain que la fusée ait touché l'avion. (FI 11/8: 4)II n'est pourtant pas sûr que la psychoanalyse sache toujours ce qu'elleveut. (EX 29/12: 27)

Les non-subjonctifs relevés se répartissent entre le saviez, le saurezet le sauriez :

II n'est pas vrai que ... les forces . . . ne pouvaient pas gagner. (EX 6/10: 30)II n'est pas sûr qu'elle y parviendra. (EL 22/7: 67)II n'est pas certain que les troupes de l'O.N.U. seraient à même de faireface efficacement à une vraie révolution. (FI 3/8: 3)

II ne s'est donc trouvé aucun savez. L. B. en a relevé un toutefoisaprès l'expression c'est pas vrai, qui est d'une langue peu châtiée :

C'est pas vrai qu'on est malheureux. (EX 22/2 1962: 30; entrevue avecJean Gabin)

Après est-il vrai, le non-subjonctif reprend l'avantage; comparer :

Est-il vrai que M. Jones ait traité son butler de « vieille chemise empesée »?(MC nov : 46)Est-il vrai que le Confesseur intervienne dans la vie des ménages? (FI7/12: 77)Est-il vrai que la femme est marquée par le premier homme qu'elle con-naît? (MC oct : 185)Est-il vrai que la France n'a le choix qu'entre l'austérité collectiviste et ladécadence? (FI 1/12: 15)

La faveur du non-subjonctif est plus nette encore après s'il est vrai que :

S'il est vrai que les hommes sont fidèles au même type ... Rosselini est uncas rare . . . (EX 1/12:44)

Aucun subjonctif n'a été relevé dans les textes dépouillés; la raisonen est claire, on l'a vue plus haut dans l'étude de ri vous pensez : si dansces phrases n'apporte aucune restriction à la réalité du fait, il signifie« étant donné que », « une fois admis que ». Cela ne veut pas dire que lesubjonctif n'existe pas dans des textes hors enquête; L. B. en a relevé

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deux exemples dans l'Histoire de la Civilisation Française χνΐΐβ-χχβ

siècle par G. Duby et R. Mandrou (Paris 1958) :

Dans cette deuxième guerre mondiale, le sens du combat s'est imposé —quel que soit le choix fait — à tous : au moins à partir de 1940, s'il est vraique, pour certains, le doute ait existé en 1939, et que la paix immédiateait pu être réclamée par ceux qui ne voulaient pas « mourir pour Dantzig »(350)Et s'il est vrai que la radio ait pris une place dans le foyer paysan, c'estpar la facilité qu'elle procure à s'informer, sans l'effort que demande, pourceux qui en ont perdu l'habitude depuis l'école primaire, la lecture ... (350)

Le premier de ces deux subjonctifs semble justifié par le sens vrai-ment hypothétique de si; le second est moins fondé.

Après une principale affirmative, c'est tout naturellement le non-subjonctif qui règne à titre absolu; voici le seul subjonctif relevé :

Encore faudrait-il être certain que cette autorité pétainiste ne soit pas faitede marchandage ... (EX 29/12: 5)

« Cet emploi s'explique facilement par l'attraction de faudrait » (L. Il ne faut pas en conclure que le subjonctif ne saurait exister dans cesconstructions; M. Cohen en donne des exemples après il est certain, ilest vrai, il est évident; L. B. a relevé celui-ci après enquête :

Pour peu qu'on ait eu une certaine expérience algérienne, il est bien vraiqu'à un certain moment il y ait eu des Arabes partout dans tous les bords,pour toutes les causes. (EX 2/11 61: 30)

II est peu probable (pp. 104-105)

Sous ce titre, L. B. classe plusieurs tournures qui, sans contenir lanégation ne . . . pas, ne . . . plus, etc. apportent une idée restrictive; cesont des adverbes, peu, mal, à peine, etc., ou des adjectifs, difficile de(dire), erroné de (prétendre), etc., ou des verbes, éviter de (dire), cesser de(croire), etc. A cause du petit nombre des exemples, il n'a pu étudierque trois tours :

i° imaginer malDix exemples de subjonctif pour un non-subjonctif, qui est un sauriez :

On imagine mal... que des hommes aient pu en venir à bout. (FI 27/7: 10)Voilà quelques mois on imaginait mal que les Australiens n'affirmeraientpas à Rome la suprématie exprimée à Melbourne. (FI ÏO/8: 9)

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2° il est peu probable25 subjonctifs pour 4 non-subjonctifs, qui sont un sauriez et trois

saurez :

II est toutefois peu probable que les transferts puissent avoir lieu avant le Ier

octobre. (FI 22/8: 2)Mais il est peu probable que le conclave du Kremlin durerait depuis le7 novembre, si Monsieur Lion était resté l'homme de Moscou. (PM3/12: 58)II est peu probable en tout cas que les élus musulmans prendront la parole.(FI 16/12: 6)

30 satis+infinitifSi l'on écarte attendre, s'inquiéter, etc. qui, précédés de sans ou non,

auraient amené le subjonctif, il reste un seul cas de subjonctif :

Sans pouvoir conclure qu'elle soit le centre du sommeil, on sait que . . .(MC déc : 97)

sur 66 cas relevés, tels que :

. . . sans se douter que l'enveloppe . . . avait été interceptée . . . (FI 21/12: 10)

« II est certain que ces exemples contribuent à l'illustration de larègle classique qui veut que le subjonctif soit le mode de l'irréel et l'in-dicatif le mode du réel » (L.

Que tu l'aies dit, c'est certain (pp. 109-111)

Dans tous les exemples étudiés jusqu'ici, la proposition introduite parque faisait suite à la principale; mais il arrive que l'ordre soit renversé,par exemple :

Qu'il y ait eu beaucoup d'imbéciles et de charlatans, c'est probable . . .(PM 13/8: s i )

Grevisse en parle (§ 1002). Il dit que « le plus souvent » le verbe semet au subjonctif, mais il donne 7 exemples avec le non-subjonctif qui,joints à une dizaine d'autres mis à la disposition de L. inclinent celui-ci à penser que « cette construction n'est peut-être pas si anormalequ'on pourrait le croire ». Pourtant, sur les 29 exemples relevés aux moisde juillet, août et septembre, il n'a trouvé que des subjonctifs :

Qu'elle ne soit pas une vraie tragédienne, je le pense. (FI 6/7: 18)Qu'il y ait sur la terre des cimetières faits par Dieu, cela ne nous regardepas. (PM 6/8:19)Que Montand soit à Hollywood ne veut rien dire. (EL 12/8: 27)

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Le contenu de la proposition principale suivante ne semble pas exercerd'influence sur le mode :

Que l'Amérique puisse fournir les équipements nécessaires, c'est certain.Qu'elle puisse changer Diem, c'est possible. (EX 26/10 1961: 20)

Hors enquête, il a relevé personnellement un exemple de non-sub-jonctif, sous la plume de Jean Cau, Prix Goncourt 1961 et reporter del'Express, qui était allé interviewer de jeunes sympathisants O.A.S.au lycée Saint-Louis :

Que ces garçons ne voyaient pas avec plaisir « l'Empire » dispersé auxquatre Vents de l'Histoire, bien sûr. Que sur chaque table de toutes lessalles d'études soit gravé sur une plaque le nom d'un ancien tué en Indo-chine ou en Algérie, bien sûr encore. {EX 25/1 1962: 9-10)

A remarquer le subjonctif dans la suite de l'énoncé.

Annexes

I. Bibliographie (pp. 112-113)

(Ouvrages traitant du subjonctif et mentionnés dans cette étude)

Ch. Bally, Linguistique générale et linguistique française, 2e édition, Berne,1944.

— Le Langage et la vie, 3 e éd. Genève, 1952.F. Brunot, La Pensée et la Langue, 3e éd. 2e tirage, Paris, 1953.L. Cledat, En marge des grammaires, Revue de philologie française, tome 35.M. Cohen, Le Subjonctif en français contemporain, Paris, i960.J. Damourette et E. Pichón, Des mots à la pensée. Essai de grammaire de la

langue française, Paris, 1936.P. Falk, konjunktivarter ifranskan, Moderna Spràk, 1944.L. Foulet, Petite syntaxe de Vancien français, 3 e éd., Paris, 1930.H. Frei, La Grammaire des fautes, Paris, 1929.G. Galichet, Essai ¿le grammaire psychologique, Paris, 1947.G. Gougenheim, Système grammatical de la langue française, Paris, 1939.M. Grevisse, Le bon Usage, Grammaire française avec des remarques sur la

langue française d'aujourd'hui, 7e éd., Gembloux (Belgique) et Paris,1959·

J. Hanse, La Valeur modale du subjonctif, Bruxelles, i960.E. Lerch, Hauptprobleme der französischen Sprache, Braunschweig, Berlin,

1931·P. Martinon, Comment on parle en français, Paris, 1927.G. Moignet, Essai sur le mode subjonctif en latin postclassique et en ancien

français, Paris, 1959.

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5 8 LARS BÖRJESON

W. van der Molen, Le Subjonctif. Sa valeur psychologique et son emploi dansla langue parlée, Amsterdam, 1923.

K. Sandfeld, Syntaxe du français contemporain, II : Les propositions sub-ordonnées, Paris, 1936.

A. Sauvageot, Les Procédés expressifs du français contemporain, Paris, 1957.H. Soltmann, Syntax der Modi im modernen Französisch, Halle, 1914.H. Sten, Les Temps du verbe fini (indicatif) en français moderne, Copenhague,

1952.E. Tañase, Essai sur la valeur et les emplois du subjonctif en français, Mont-

pellier, 1943.R.-L. Wagner, Grammaire et philologie, Paris, 1953.W. von Wartburg et P. Zumthor, Précis de syntaxe du français contemporain,

2e éd., Berne, 1958.

II. Tableaux du verbe croire (publications) (pp. 143-146)

sachiez sussiez savez saviez saurez sauriezConstruction négativeje ne crois pas 54 1 4 1 12 6il ne croit pas 2 3on ne croit pas 1nous ne croyons pas 10 1 1ils ne croient pas 2 ι χbien q.ns ne croyions pas χje ne croyais pas 2il ne croyait pas 2 1on ne croyait pas Iils ne croyaient pas 2 Ije ne crus pas (une seconde) χje n'aurais pas cru 1ne crois pas 3ne croyons pas 1ne croyez pas 9 1 5qu'on ne croie pas Xne pas croire χ ιn'allez pas croire 2 2que l'on n'aille pas croire 1je n'arrivais pas à croire χ ζil ne faut pas croire 5 4il ne faudrait pas croire χ ζ χje ne puis (pas) croire ' 6je ne peux (pas) croire 2 1il ne peut (pas) croire 1 1ns ne pouvons (pas) croire ι χje ne pouvais pas croire 2il ne pouvait croire 1 1il ne put croire χil n'a pu croire 1ils n'avaient pas pu croire χquiconque n'eût pu croire 1on ne fera pas croire à qn χvous ne ns ferez pas croire 1il ne faut pas laisser croire χ

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sachiez sussiez savez saviez saurez saunezje ne saurais laisser croire 1il ne doit pas prêter à croire 1il ne semble pas croire 1je ne veux pas croire 1on ne veut pas croireil ne veut pas croire au fait 1il ne voulait croire 1il ne voulut pas croire 1ils s'obstinent à ne pas

vouloir croireje ne crois plus 1»7 ne croyait plus 1on ne croyait plusje n'ai jamais cru 1je n'aurai (sic) jamais cruje n'aurais jamais cru 2 2jamais on n'aurait cruvous n'auriez jamais cru 1personne ne croit 3personne ne crutpersonne ne croiraiton ne fera croire à personne 1personne ne peut croire 1personne ne voulut jamais cr.personne n'avait voulu

croireaucun ne parvient à croire 1»7 n'y a aucune raison de cr. 1elle n'a donné aucune raison

de croire 1nul n'a jamais cru 1nul ne voudrait croire 1on ne croit guère

Construction interrogativedirecte

crots-tucroit-ilcroit-on 1croyez-vous 36croyait-ellecrurent-ilscroiriez-vousessayez-vous de me faire

croireétiez-vous si étourdie que de

croirefaut-il croirepouvons-nous croiretu croison croitvous croyezils croient 1je croyaistu as cru

21 2

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I

I

SI

7

2II

I

I

2I

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1

3

3

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1 2I

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6 o LARS BÖRJESON

sachiez sussiez savez saviez saurez sauriez

vous avez cru ιon aurait pu croire ιil y a de fortes raisons ¿le

croire ιM. X croit-il ιMM. X croient-ils ιM. X a-t-il cru ιMM. X ont-ils cru ιM. X commit-il l'erreur

de croire ιest-ce que tu crois ιest-ce que vous croyez ιquel âge croyez-vous ιqui croyez-vous Iqui croirait Iqui avez-vous cru 2qui vous avez cru ιqui eût cru ιà qui fera-t-on croire ιà quiferait-on croire ιqui peut croirequi pourrait croire ιque croyez-vous ιqu'est-ce qui a pu laisser cr. ιqu'est-ce que vous croyez ιcomment croire 1 2 2comment M. X arrivera-

t-U jamais à croirecomment faire croire 1comment pourrait-on croire 1pourquoi M. X fait-il croire 1pourquoi fait-il semblant

de croire 1pourquoi voulez-vous croire 1ne croyez-vous pas 1 1 5 2 11ne croit-il pas 1M. X ne croit-il pas non

plus 1tu ne crois pas 1vous ne croyez pas 3 1 1

Construction interrogativeindirecte

si ...Une croit pas 1s'il ne croyait 1

Construction hypothétiqueavec si

s'il croit 2 2si vous croyez 4 2 1s'ils croient 2s'il a cru 1 1s'il avait cru 1si Fart ...fut de laisser

croire 1

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I I I . Liste de l'ensemble des expressions commentées

Ce tableau contient, dans l'ordre alphabétique, toutes les expressions

qui ont été étudiées.

admettresi admettreen admettant

apparaîtreil apparaît

arriveril arrive

certainil est certainil n'est pas certainest-il certain

contestercroire

je ne crois pascroyez-vousvous croyez (int.)est-ce que vous croyezne croyez-vous pasvous ne croyez pas (int.)si croirefalloir croire

démentirdire

je ne dis pasne dites pason ne peut pas direest-ce à diresi dire

doutenul douteil est hors de douteil n'y a pas de douteil ne fait pas de douteil ne fait aucun doute

douterdouterne pas douter

douteuxil n'est pas douteux

espérerévident

il est évidentil n'est pas évident

exactil est exact

expliquerse faire

comment se fait-ilignorer

ignorerne pas ignorerignorez-vous

Voir cas étudiés

en admettant (p. 38)

il paraît (p. 48)

il arrive (p. 52)

il est vrai (p. 53)

nous doutons fort (p. 32)

je ne crois pas (p. 24)pensez-vous (p. 32)

si vous pensez (p. 36)il faut croire (p. 43)nous doutons fort (p. 32)

ne pas dire que (p. 27)

est-ce à dire (p. 46)si vous pensez (p. 36)

nul doute (p. 44)

nous doutons fort (p. 32)

nul doute (p. 44)il espère (p. 43)

il est vrai (p. 53)

il est exact (p. 51)

ce qui explique (p. 41)

comment se fait-il (p. 47)

on ignorait (p. 31)

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62 LAHS BÖRJESON

imaginerimaginer mal

niernierne pas nier

oublieroublierne pas oublieroubliez-vous

paraîtreil paraît

penserje ne pense paspensez-vousvous pensez (int.)est-ce que vous pensezne pensez-vous pasvous ne pensez pas (int.)est-ce que vous ne pensez passi penser

possibleil est possible

se pouvoiril se peut

probableil est probable

savoirsavoirne pas savoirsavez-voussi savoir

sembleril sembleil semble à qnil ne semble pas

signifierne pas signifier

supposersupposer (sujet explicité)supposer (sujet non explicité)

sûril est sûril n'est pas sûrest-il sûr

se trouveril se trouve

vraiil est vraiil n'est pas vraiest-il vrais'il est vrai

vraisemblableil est vraisemblable

il est peu probable (p. 55)

nous doutons fort (p. 32)

il ne faut pas oublier (p. 32)

il paraît (p. 48)

je ne crois pas (p. 24)pensez-vous (p. 32)

si vous pensez (p. 36)

il est possible (p. 49)

il arrive (p. 52)

il est possible (p. 49)

je ne savais pas (p. 31)

il semble (p. 47)

cela ne signifie pas (p. 43)

je suppose (p. 39)

il est vrai (p. 53)

il arrive (p. 52)

il est vrai (p. 53)

il est exact (p. 51)

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Table des matières

Observations préliminaires 31. Facteur réalité 52. Facteur style 63. Facteur « saurez » 74. Facteur « saviez » 95. Facteur « sauriez » 116. Facteur opposition 127. Facteur attraction modale 138. Facteur prédicat psychologique 14

Entrée en matière

Sujet . . . 18Corpus dépouillé 19Méthode 19Tableaux 21

Cas étudiés

Je ne crois (pense) pas que 24ne pas dire que 27je ne savais pas 31on ignorait 31il ne faut pas oublier 32nous doutons fort 32pensez-vous? 34si vous pensez 36en admettant 38je suppose 39ce qui explique 41on comprend 42il espère 43il faut croire 43cela ne signifie pas 43nul doute 44est-ce à dire 46comment se fait-il 47

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6 4 LARS BÖRJESON

il semble . 47il paraît 48il est possible, il est probable 49il est exact 51il arrive 52il est Vrai 53il est peu probable 55que tu l'aies dit, c'est certain 56

Annexes

Bibliographie 57Tableaux du verbe croire 58Liste de l'ensemble des expressions commentées 61

LARS BÖRJESON †

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