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Portrait Frédéric Jousset, cofondateur de Webhelp Un fils modèle, qui a su allier esprit d’entreprise et goût des arts économie N once Paolini restera à la tête de TF1 jusqu’en avril 2016. Le PDG du grou- pe audiovisuel, qui aura 65 ans en avril 2014, pourra rester en place après cette échéance. Le conseil d’administration a décidé, mardi 19 février, de repousser de 65 à 67 ans l’âge limite du directeur général. Cette décision doit encore être approuvée par l’assemblée des actionnaires, en avril. Le groupe a présenté, mardi, ses résultats pour 2012 avec un chiffre d’affaires stable de 2,62 milliards d’euros et un bénéfice net (part du groupe) de 136 millions d’euros, en baisse de 25,6 %. Le chiffre d’affai- res publicitaire de la chaîne TF1 est en recul de 6,7 % par rapport à 2011, à 1,4 milliard d’euros. Cette baisse était attendue par les analystes, dans un contexte particulière- ment difficile. Parallèlement, le chiffre d’affaires des autres activi- tés progresse de 9,2 %, à 1,2 mil- liard. « Les activités de diversifica- tion ont servi de stabilisateur », constate Jean-Baptiste Sergeant, analyste chez Gilbert Dupont. De fait, la politique de diversifi- cation menée par M. Paolini a por- té ses fruits. Depuis son arrivée à TF1, en 2007, le groupe a acquis les chaînes TMC, NT1 et récemment obtenu une fréquence TNT pour HD1. Il s’est développé sur Inter- net, notamment en misant sur la vidéo en ligne, et a acquis le jour- nal gratuit Metro en juillet 2011. En intégrant ces activités, le chif- fre d’affaires publicitaire du grou- pe résiste mieux que celui de la chaîne TF1, puisqu’il ne baisse que de 2,5 %, à 1,7 milliard. Le groupe a également bénéficié du succès du film Intouchables, dont sa filiale TF1 vidéo a commercialisé les DVD. « Alliance stratégique » TF1 a cédé, fin 2012, 20 % de sa chaîne Eurosport au géant améri- cain Discovery pour 170 millions d’euros ; une « alliance stratégi- que », selon TF1, qui permettra à la chaîne sportive de profiter du réseau très dense de Discovery, dis- tribué dans 217 pays. L’accord pré- voit la possibilité pour Discovery d’acquérir jusqu’à 51 % du capital d’ici à 2015. M. Paolini s’est félicité des bons résultats d’audience au second semestre 2012. « Nous avons eu une première période compliquée pendant l’élection présidentielle, mais les émissions politiques ne sont pas notre spécialité, a-t-il com- menté. Dès septembre et jusqu’à aujourd’hui, nous avons reconquis le terrain perdu. » En janvier, l’audience de TF1 a augmenté de 1 %, tandis que celle de M6 a baissé de 1,1 %. Le PDG de TF1 se félicite aussi du succès du journal de 20 heures pré- senté par Gilles Bouleau. « L’écart avec France 2 se situe en moyenne autour de 2 millions de téléspecta- teurs, avec des pointes à 3 millions. Là encore, la période chaude du pre- mier semestre 2012, quand il n’y avait que 600 000 téléspectateurs d’écart en moyenne, est derrière nous. » Le groupe TF1 prévoit cepen- dant une baisse de 3 % de son chif- fre d’affaires en 2013, alors que les analystes tablaient sur un recul de 1%. « La visibilité n’a jamais été aus- si faible sur le marché publicitai- re», constate Andrea Beneventi, de la société de gestion Cheuvreux. En conséquence, le groupe audiovisuel détenu par Bouygues a décidé d’« accélérer la phase II de son plan d’optimisation ». Autre- ment dit, le coût de la grille, qui s’élevait à 935,5 millions d’euros en 2012, sera ramené à 900 mil- lions d’euros en 2013. p Xavier Ternisien 2009 2010 2011 2012 2009 2010 2011 2012 44,8 45,5 45,3 43,5 7,89 5 5,5 5,7 5,8 France Reste du monde Espagne Pologne 49,2 % 34% 9% 7,8 % % 11,5 12,1 12,7 13,4 Le marché français génère près de la moitié des revenus de l’opérateur historique SOURCES : SOCIÉTÉ ; BLOOMBERG CHIFFRE D’AFFAIRES CONSOLIDÉ DE FRANCE TÉLÉCOM, en milliards d’euros INVESTISSEMENTS DE FRANCE TÉLÉCOM, en milliards d’euros, RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES 2012 COURS DE L’ACTION FRANCE TÉLÉCOM À LA BOURSE DE PARIS, en euros En pourcentage du chiffre d’affaires, hors coût des licences 5 0 5 40 45 10 15 20 25 1 er avril 2007 2009 2011 20 févr. 2013 Erwan, futur dernier fonctionnaire de l’opérateur L a crise qui sévit en Europe et la pression exercée par l’arri- vée sur le marché français du téléphone mobile de Free ont pesé sur les comptes de France Télécom- Orange en 2012. L’opérateur a indi- qué, mercredi 20 février, que son chiffre d’affaires a reculé de 2,7 %, à 43,5 milliards d’euros (base compa- rable) et que son bénéfice net part du groupe a été divisé par près de cinq, à 820 millions d’euros. L’opé- rateur de télécommunications dépend pour près de la moitié de ses revenus du marché hexagonal, et pour les deux tiers de l’Europe. En France, l’arrivée des offres « low cost » de Free Mobile, début 2012, l’ont obligé, comme les autres opérateurs « historiques », à sacrifier ses prix pour éviter l’hé- morragie : les ventes de l’ex-mono- pole ont reculé de 5 %. En Belgique et surtout en Polo- gne, troisième filiale par ordre d’importance, France Telecom a aussi souffert. « L’environnement y est au moins aussi concurrentiel que dans l’Hexagone », a souligné Gervais Pellissier, directeur finan- cier, mercredi. Continuer à investir France Télécom limite la casse – étonnamment, vu la crise écono- mique qui y sévit – grâce à sa filiale espagnole, qui tire parti du fort développement des offres d’accès à Internet « triple play » (Internet, téléphone, télévision). En zone Afrique-Moyen-Orient, France Télécom a gagné 7 millions de clients en 2012. Son chiffre d’af- faires y a progressé de 5 %, grâce notamment à la filiale ivoirienne. Pour 2013, les perspectives n’ont rien d’enthousiasmantes. « La situation en Europe restera dif- ficile et, en France, la guerre des prix dans le mobile va continuer au-delà de ce que nous pensions »,a reconnu M. Pellissier. De fait, dans l’Hexagone, l’opérateur va devoir continuer à investir fortement pour construire ses « réseaux du futur » : la fibre optique, pour l’ac- cès à l’Internet à très haut débit depuis une ligne fixe, et la « 4G », pour le très haut débit sur les mobi- les. En 2012, France Telecom a dépensé plus de 300 millions d’eu- ros dans ces deux technologies. C’est, selon tous les experts du secteur, le seul moyen de fidéliser ses clients. Cela ne permettra pas forcément de gagner davantage d’argent. Il n’est pas sûr, en effet, que les prix puissent être revus à la hausse : SFR, le deuxième opéra- teur du marché français, a affolé ses pairs, il y a quelques semaines, en proposant ses nouvelles offres « 4G » au même prix que la « 3G ». Il y a bien des perspectives de croissance en Afrique, zone la plus dynamique au monde pour les télécoms. Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, en a fait l’une de ses priorités. L’opérateur y est solidement implanté, sur- tout en Afrique noire. Mais ce sont des marchés difficiles : concurren- tiels et instables politiquement. Et l’heure n’est pas vraiment aux grosses acquisitions. M. Pellis- sier, l’a rappelé mercredi. C’est en partie pour cette raison qu’en Afri- que, France Télécom développe une activité d’opérateur mobile virtuel (sans réseau). Il vient de se lancer de cette manière en Afrique du Sud et au Togo. L’heure est plutôt aux écono- mies : le groupe veut accélérer le partage d’infrastructures dans ses différentes filiales pour limiter ses investissements. En Pologne, il va supprimer 1 700 postes en 2013. En France, la direction compte sur les départs à la retraite massifs de fonctionnaires dans les années qui viennent. Et sur son plan « senior », qui vient d’être signé avec les syndicats et incitera finan- cièrement les plus anciens à partir avant l’âge légal. Dans ce contexte, le parcours boursier de France Télécom a peu de chances de s’améliorer. L’action de l’opérateur a signé la plus mau- vaise performance du CAC40 en 2012, et se traite à moins de 8 euros. Les analystes ne se font pas d’illusion : leur « consensus » voit l’action aux alentours de 9,4 euros dans douze mois. Dans une note du 31 janvier, les analystes de JP Morgan craignent même que le dividende, qui est déjà passé de 1,40 euro à 0,80 euro par titre, baisse à 0,50 euro dans les prochaines années. Pour l’instant, le niveau de l’ac- tion ne semble pas handicaper l’opérateur. Endetté à plus de 30 milliards d’euros, ses échéan- ces de remboursement sont éta- lées dans le temps. Il dispose de 16 milliards de liquidités et emprunte à pas cher sur les mar- chés (à 2,5 %, lors d’une émission obligataire, en septembre 2012). Par contre, cela fait mal aux cais- ses de l’Etat, qui possède environ 27 % du capital, dont 13,7 % via le Fonds stratégique d’investisse- ment (FSI). Compte tenu de la chu- te de la valorisation de l’opérateur, la Caisse des dépôts, actionnaire du FSI, va devoir passer une forte dépréciation dans ses comptes. « Les politiques doivent prendre leurs responsabilités. Ils ont voulu une quatrième licence de télépho- nie mobile en France ? On ne récolte que ce qu’on a semé », assène un banquier d’affaires, très introduit dans le milieu français des télé- coms. Mercredi, à l’ouverture de la Bourse, l’action France Télécom était en légère hausse. p Cécile Ducourtieux L esprit d’entreprise, je le tiens de mon père. Mon goût pour l’art, de ma mère. » L’esprit paternel est respecté : cofondateur, en juin 2000, avec Olivier Duha, de Webhelp,une sociétéà l’origine spé- cialisée dans des solutions de recherche sur Internet, bientôt élar- gie à la création de centres d’appels téléphoniques, Frédéric Jousset a annoncé, avec son associé, mardi 19 février, avoir racheté la filiale anglaise de HEROtsc, qui œuvre dans le même secteur d’activité. Conséquence, la surface de la société augmente de près de moi- tié : de 24 centres d’appels répartis en Europe (Belgique, France, Rou- manie) et en Afrique du Nord (Algé- rie et Maroc), dégageant un chiffre d’affaires de 220 millions d’euros et employant 10 500 salariés, Web- help passe à 33 centres d’appels et 16 500 employés. De quoi confirmer le choix de l’hebdomadaire américain Busi- ness Week qui, en 2009, leur avait décerné le prix de « la plus grande création d’emplois en Europe » et la pertinence du prix Fast 50, qui les avait récompensés, la même année, pour une performance peu commune : en cinq ans, l’entrepri- se avaiten effet connu une croissan- ce de 675 %… Côté maternel, M. Jousset, grand garçon de 42 ans adepte de l’alpinis- me et de quelques sports extrêmes, est un bon fils aussi. Sa mère, Marie- Laure Jousset, a dirigé, à partir de 1988, le département du design au Mnam-CCI, le Musée national d’art moderne au Centre Pompidou. On lui doit de grandes expositions consacrées à Ettore Sottsass, Ray- mond Loewy ou Philippe Starck. « Image de marque » « J’ai beaucoup appris de son pragmatisme, dit-il. Comme son budget était maigre, elle contactait les entreprises, leur demandait si elles aimeraient que la machine à écrire qu’elles fabriquaient, par exemple, soit exposée à Beaubourg. Une grande partie de la collection a été faite ainsi. » Est-ce en souvenir de cette diset- te que la société Webhelp a contri- bué, en 2008 – à hauteur de 1,5 mil- lion d’euros sur 17 millions –, à l’achat de La Fuite en Egypte, de Nicolas Poussin (1594-1665), par le Musée de Lyon ? Et versé un autre million, sur cinq ans, au Musée du Louvre pour initier des conférences dans les pri- sons, créer un site Internet destiné aux enfants ou encore contribuer au financement de chantiers archéologiques au Soudan ? Un autre million encore pour encoura- ger des actions en faveur du public « empêché », personnes âgées ou handicapées ? Ou alors, ainsi qu’il le déclarait au Monde (12 janvier 2013), parce que, « de tout temps, être protecteur des arts est une façon d’améliorer son image de marque… ». A titre personnel, Frédéric Jous- set collectionne plutôt l’art contem- porain, de Richard Prince à Damien Hirst en passant par Anish Kapoor ou Adel Abdessemed.C’est une dou- ble passion qui le conduit à être à la fois membre de la commissiond’ac- quisition du Musée du Louvre et, depuis l’année 2011, président du conseil d’administration de la mai- son d’en face, l’Ecole nationale supé- rieure des beaux-arts. p Harry Bellet TF1 pâtit de la chute du marché publicitaire Le groupe va accélérer le plan de réduction du coût de sa grille Les bénéfices de France Télécom divisés par près de cinq L’opérateur de télécommunications estime que 2013 sera difficile, citant la situation de l’économie et la poursuite de la guerre des prix C’EST UN CHANGEMENT sociolo- gique profond qui s’amorce chez France Télécom. En 2020, l’opéra- teur de télécommunications, encore à 27 % propriété de l’Etat, ne comptera quasiment plus de fonctionnaires en France. Cette population, héritage du statut d’ex-monopole et qui repré- sente 60 % des effectifs de l’activi- té hexagonale (100 000 person- nes), va fondre rapidement avec le départ en retraite des grosses cohortes recrutées entre 1975 et 1980, au plus fort du déploiement du réseau fixe de téléphone. Seuls quelques agents publics resteront au sein du groupe. Ceux embauchés au milieu des années 1990, au moment du changement de statut de France Télécom. Erwan Le Bellec fera partie de ceux-là. A 41 ans, basé à Rennes, il est l’un des tout derniers fonction- naires – et l’un des plus jeunes – à avoir été recruté. « Evalués de la même façon » « J’ai passé le concours en 1997, dernière année où il y avait encore des recrutements avec ce statut, rappelle-t-il. On était 1 000, il y avait cinq places de technico-com- mercial. Quand je suis arrivé, le jour de l’épreuve, je ne savais même pas que c’était pour un pos- te de fonctionnaire ! » Le Breton, qui a eu la chance d’être recruté dans sa région nata- le et de ne pas en bouger jusqu’à aujourd’hui, présente un profil un peu atypique. En tout cas pas celui du fonctionnaire auquel on pourrait s’attendre, attaché aux valeurs de service public. « A l’épo- que, on parlait de l’arrivée de la concurrence, c’est un peu cela qui me motivait », explique-t-il. Il a alors 25 ans et un BTS en poche. C’est son premier vrai emploi. Un joli début de carrière s’ensuit : commercial pour les PME dans la branche Entreprises. « On commençait tout juste à par- ler d’Internet, ça n’intéressait pas beaucoup les clients. » Il passe ensuite aux grosses PME régionales. Aujourd’hui, il est responsable des achats et gère une petite équipe. Il négocie l’ac- quisition en gros de matériel de vidéoconférence, pour les reven- dre ensuite aux entreprises. La crise des suicides, en 2009 ? Erwan Le Bellec assure n’avoir pas été touché : « je n’avais pas de collè- gue en souffrance, mais je peux comprendre le malaise de ceux qui, plus âgés, ont dû changer de métier, vivre une mutation, une fermeture de site. » Lui, a sans doute aussi été pré- servé parce qu’il travaille sur un segment (les entreprises) moins concurrentiel que l’activité grand public. En interne, il assure que son statut ne lui a jamais posé pro- blème : « Nous sommes évalués de la même façon que les contrats de droit privé. C’est vrai que c’est confortable, avec la sécurité de l’em- ploi. Mais on le perdra peut-être un jour. Enfin, pas tout de suite : on est encore trop nombreux. » p C. Du. 16 0123 Jeudi 21 février 2013

La Guerre Des Prix Les Benefices de France Telecom Divisés Par Près de Cinq Le Monde 21 02 2013

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Page 1: La Guerre Des Prix Les Benefices de France Telecom Divisés Par Près de Cinq Le Monde 21 02 2013

Portrait Frédéric Jousset, cofondateurdeWebhelp

Unfilsmodèle,quiasuallierespritd’entrepriseetgoûtdesarts

économie

N once Paolini restera à latête de TF1 jusqu’enavril2016. Le PDG du grou-

pe audiovisuel, qui aura 65ans enavril2014, pourra rester en placeaprès cette échéance. Le conseild’administration a décidé, mardi19 février, de repousser de 65 à67ans l’âge limite du directeurgénéral. Cettedécisiondoit encoreêtre approuvée par l’assembléedes actionnaires, en avril.

Legroupeaprésenté,mardi, sesrésultatspour2012 avecunchiffred’affaires stable de 2,62milliardsd’euros etunbénéficenet (part dugroupe)de136millionsd’euros,enbaisse de 25,6%. Le chiffre d’affai-respublicitairede la chaîneTF1 estenreculde6,7%parrapportà2011,à 1,4milliard d’euros. Cette baisseétait attendue par les analystes,dans un contexte particulière-ment difficile. Parallèlement, lechiffre d’affaires des autres activi-tés progresse de 9,2%, à 1,2mil-liard. «Les activités de diversifica-tion ont servi de stabilisateur»,constate Jean-Baptiste Sergeant,analyste chezGilbertDupont.

De fait, la politiquede diversifi-cationmenée parM.Paolini a por-té ses fruits. Depuis son arrivée àTF1, en 2007, le groupe a acquis les

chaînes TMC, NT1 et récemmentobtenu une fréquence TNT pourHD1. Il s’est développé sur Inter-net, notamment en misant sur lavidéo en ligne, et a acquis le jour-nal gratuitMetro en juillet2011.

Enintégrantcesactivités,lechif-fre d’affaires publicitaire du grou-pe résiste mieux que celui de lachaîne TF1, puisqu’il ne baisse quede 2,5%, à 1,7milliard. Le groupe aégalement bénéficié du succès dufilm Intouchables, dont sa filialeTF1vidéoacommercialisélesDVD.

«Alliance stratégique»TF1 a cédé, fin 2012, 20% de sa

chaîne Eurosport au géant améri-cain Discovery pour 170millionsd’euros ; une «alliance stratégi-que», selon TF1, qui permettra à lachaîne sportive de profiter duréseautrèsdensedeDiscovery,dis-tribué dans 217pays. L’accord pré-voit la possibilité pour Discoveryd’acquérir jusqu’à 51% du capitald’ici à 2015.

M.Paolini s’est félicité des bonsrésultats d’audience au secondsemestre 2012. «Nous avons euune première période compliquéependant l’élection présidentielle,mais les émissions politiques nesontpasnotrespécialité,a-t-ilcom-

menté. Dès septembre et jusqu’àaujourd’hui, nous avons reconquisle terrain perdu. » En janvier,l’audience de TF1 a augmenté de1%, tandis que celle deM6abaisséde 1,1%.

LePDGdeTF1se féliciteaussidusuccèsdujournalde20heurespré-senté par Gilles Bouleau. «L’écartavec France2 se situe en moyenneautour de 2millions de téléspecta-teurs, avec des pointes à 3millions.Làencore, lapériodechaudedupre-mier semestre 2012, quand il n’yavait que 600000téléspectateursd’écart en moyenne, est derrièrenous.»

Le groupe TF1 prévoit cepen-dant une baisse de 3% de son chif-fre d’affaires en 2013, alors que lesanalystes tablaient sur un reculde1%.«Lavisibilitén’ajamaisétéaus-si faible sur le marché publicitai-re», constateAndreaBeneventi,dela sociétéde gestionCheuvreux.

En conséquence, le groupeaudiovisuel détenu par Bouyguesa décidé d’«accélérer la phaseII deson plan d’optimisation». Autre-ment dit, le coût de la grille, quis’élevait à 935,5millions d’eurosen 2012, sera ramené à 900mil-lionsd’euros en 2013.p

XavierTernisien

2009 2010 2011 2012

2009 2010 2011 2012

44,845,5 45,3

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France

Restedu monde

Espagne

Pologne

49,2%

34%

9%

7,8%

%

11,512,1

12,713,4

Le marché français génère près de la moitié des revenus de l’opérateur historique

SOURCES : SOCIÉTÉ ; BLOOMBERG

CHIFFRE D’AFFAIRES CONSOLIDÉ DE FRANCE TÉLÉCOM,en milliards d’euros

INVESTISSEMENTS DE FRANCE TÉLÉCOM,en milliards d’euros,

RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRES 2012

COURS DE L’ACTION FRANCE TÉLÉCOM À LABOURSE DE PARIS,en euros

En pourcentage du chiffre d’affaires, hors coût des licences

50

5

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15

20

25

1er avril 2007 2009 2011 20 févr. 2013

Erwan,futurdernierfonctionnairedel’opérateur

L a crise qui sévit en Europe etla pression exercée par l’arri-vée sur lemarché françaisdu

téléphonemobilede FreeontpesésurlescomptesdeFranceTélécom-Orangeen2012.L’opérateura indi-qué, mercredi 20février, que sonchiffred’affairesareculéde2,7%,à43,5milliardsd’euros(basecompa-rable) et que son bénéfice net partdu groupe a été divisé par près decinq, à 820millionsd’euros. L’opé-rateur de télécommunicationsdépend pour près de la moitié desesrevenusdumarchéhexagonal,et pour les deux tiers de l’Europe.

En France, l’arrivée des offres«low cost» de Free Mobile, début2012, l’ont obligé, comme lesautres opérateurs «historiques»,à sacrifier sesprixpouréviter l’hé-morragie: lesventesdel’ex-mono-pole ont reculéde 5%.

En Belgique et surtout en Polo-gne, troisième filiale par ordred’importance, France Telecom aaussi souffert. «L’environnementy est au moins aussi concurrentielque dans l’Hexagone», a soulignéGervais Pellissier, directeur finan-cier,mercredi.

Continuer à investirFranceTélécomlimite la casse–

étonnamment, vu la crise écono-miquequiysévit–grâceàsa filialeespagnole, qui tire parti du fortdéveloppement des offres d’accèsà Internet «triple play» (Internet,téléphone, télévision).

EnzoneAfrique-Moyen-Orient,France Télécoma gagné 7millionsde clients en 2012. Son chiffre d’af-faires y a progressé de 5%, grâcenotammentà la filiale ivoirienne.

Pour 2013, les perspectivesn’ont rien d’enthousiasmantes.«LasituationenEuroperesteradif-ficile et, en France, la guerre desprix dans le mobile va continuerau-delàdecequenouspensions», areconnuM.Pellissier. De fait, dansl’Hexagone, l’opérateur va devoircontinuer à investir fortementpour construire ses « réseaux du

futur»: la fibre optique, pour l’ac-cès à l’Internet à très haut débitdepuis une ligne fixe, et la «4G»,pourletrèshautdébitsurlesmobi-les. En 2012, France Telecom adépenséplusde300millionsd’eu-ros dans cesdeux technologies.

C’est, selon tous les experts dusecteur, le seulmoyen de fidéliserses clients. Cela ne permettra pas

forcément de gagner davantaged’argent. Il n’est pas sûr, en effet,quelesprixpuissentêtrerevusàlahausse: SFR, le deuxième opéra-teur du marché français, a affoléses pairs, il y a quelques semaines,en proposant ses nouvelles offres«4G»aumêmeprix que la «3G».

Il y a bien des perspectives decroissanceenAfrique, zone laplus

dynamique au monde pour lestélécoms. Stéphane Richard, lePDG de France Télécom, en a faitl’une de ses priorités. L’opérateury est solidement implanté, sur-tout enAfriquenoire.Mais ce sontdesmarchés difficiles: concurren-tiels et instables politiquement.

Et l’heure n’est pas vraimentauxgrossesacquisitions.M.Pellis-

sier, l’a rappelé mercredi. C’est enpartiepourcetteraisonqu’enAfri-que, France Télécom développeune activité d’opérateur mobilevirtuel (sans réseau). Il vient de selancerde cettemanière enAfriqueduSudet auTogo.

L’heure est plutôt aux écono-mies : le groupe veut accélérer lepartage d’infrastructures dans sesdifférentesfilialespour limitersesinvestissements. En Pologne, il vasupprimer1700postesen2013.EnFrance, la direction compte sur lesdéparts à la retraite massifs defonctionnairesdanslesannéesquiviennent. Et sur son plan«senior», qui vient d’être signéaveclessyndicatset inciterafinan-cièrement les plus anciensàpartiravant l’âge légal.

Dans ce contexte, le parcoursboursier de France Télécom a peudechancesdes’améliorer.L’actionde l’opérateur a signé la plusmau-vaise performance du CAC40 en2012, et se traite à moins de8euros. Les analystes ne se fontpas d’illusion: leur «consensus»voit l’action aux alentours de9,4eurosdansdouzemois.

Dans une note du 31 janvier, lesanalystes de JPMorgan craignentmême que le dividende, qui estdéjà passé de 1,40euro à 0,80europartitre,baisseà0,50eurodanslesprochainesannées.

Pour l’instant, le niveau de l’ac-tion ne semble pas handicaperl’opérateur. Endetté à plus de30milliards d’euros, ses échéan-ces de remboursement sont éta-lées dans le temps. Il dispose de16milliards de liquidités etemprunte à pas cher sur les mar-chés (à 2,5%, lors d’une émissionobligataire, en septembre2012).

Parcontre,celafaitmalauxcais-ses de l’Etat, qui possède environ27% du capital, dont 13,7% via leFonds stratégique d’investisse-ment (FSI). Compte tenude la chu-tede lavalorisationde l’opérateur,la Caisse des dépôts, actionnairedu FSI, va devoir passer une fortedépréciationdans ses comptes.

«Les politiques doivent prendreleurs responsabilités. Ils ont vouluune quatrième licence de télépho-niemobileenFrance?Onnerécolteque ce qu’on a semé», assène unbanquier d’affaires, très introduitdans le milieu français des télé-coms.Mercredi, à l’ouverturede laBourse, l’action France Télécométait en légèrehausse.p

CécileDucourtieux

L ’esprit d’entreprise, je le tiensde mon père. Mon goût pourl’art, de ma mère.» L’esprit

paternelest respecté: cofondateur,en juin2000,avecOlivierDuha,deWebhelp,unesociétéàl’originespé-cialisée dans des solutions derecherchesurInternet,bientôtélar-gieà la créationdecentresd’appelstéléphoniques, Frédéric Jousset aannoncé, avec son associé, mardi19février, avoir racheté la filialeanglaise de HEROtsc, qui œuvredans lemêmesecteurd’activité.

Conséquence, la surface de lasociété augmente de près de moi-tié : de 24centres d’appels répartisen Europe (Belgique, France, Rou-manie)etenAfriqueduNord(Algé-rie etMaroc), dégageant un chiffred’affairesde220millionsd’eurosetemployant 10500 salariés, Web-help passe à 33 centres d’appels et16500employés.

De quoi confirmer le choix del’hebdomadaire américain Busi-ness Week qui, en 2009, leur avaitdécerné le prix de « la plus grandecréationd’emplois en Europe» et lapertinence du prix Fast 50, qui lesavait récompensés, la même

année, pour une performance peucommune: en cinq ans, l’entrepri-seavaiteneffetconnuunecroissan-cede675%…

Côtématernel,M.Jousset, grandgarçonde42ansadeptedel’alpinis-meetdequelquessportsextrêmes,estunbonfilsaussi.Samère,Marie-Laure Jousset, adirigé, à partir de1988, le département du design auMnam-CCI, leMuséenational d’artmoderne au Centre Pompidou. Onlui doit de grandes expositionsconsacrées àEttore Sottsass, Ray-mondLoewyouPhilippeStarck.

«Image demarque»« J’ai beaucoup appris de son

pragmatisme, dit-il. Comme sonbudget étaitmaigre, elle contactaitles entreprises, leur demandait sielles aimeraient que la machineàécrire qu’elles fabriquaient, parexemple, soit exposéeàBeaubourg.Une grande partie de la collectionaété faiteainsi.»

Est-ceensouvenirdecettediset-te que la sociétéWebhelp a contri-bué, en 2008– àhauteurde 1,5mil-lion d’euros sur 17millions –,à l’achat de LaFuite en Egypte, de

Nicolas Poussin (1594-1665), par leMuséedeLyon?

Et versé un autre million, surcinqans, auMuséeduLouvrepourinitierdes conférencesdans lespri-sons, créer un site Internet destinéaux enfants ou encore contribuerau financement de chantiersarchéologiques au Soudan? Unautremillionencorepourencoura-ger des actions en faveurdupublic«empêché», personnes âgées ouhandicapées? Ou alors, ainsi qu’ille déclarait au Monde (12 janvier2013), parce que, «de tout temps,être protecteur des arts est unefaçon d’améliorer son image demarque…».

A titre personnel, Frédéric Jous-setcollectionneplutôtl’artcontem-porain,deRichardPrinceàDamienHirst en passant par Anish KapoorouAdelAbdessemed.C’estunedou-blepassionqui leconduitàêtreà lafoismembredelacommissiond’ac-quisition du Musée du Louvre et,depuis l’année 2011, président duconseild’administrationde lamai-sond’enface,l’Ecolenationalesupé-rieuredesbeaux-arts.p

HarryBellet

TF1pâtitdelachutedumarchépublicitaireLegroupevaaccélérer leplanderéductionducoûtdesagrille

LesbénéficesdeFranceTélécomdivisésparprèsdecinqL’opérateurdetélécommunications estimeque2013seradifficile, citant lasituationde l’économieet lapoursuitede laguerredesprix

C’ESTUNCHANGEMENTsociolo-giqueprofondqui s’amorce chezFranceTélécom. En 2020, l’opéra-teurde télécommunications,encore à 27%propriétéde l’Etat,ne comptera quasimentplus defonctionnairesen France.

Cettepopulation,héritagedustatutd’ex-monopoleet qui repré-sente60%des effectifs de l’activi-téhexagonale (100000person-nes), va fondre rapidement avecle départ en retraitedes grossescohortes recrutées entre1975 et1980, auplus fort dudéploiementdu réseau fixe de téléphone.

Seuls quelques agentspublics

resteront au seindugroupe. Ceuxembauchés aumilieudes années1990, aumomentdu changementde statut de France Télécom.ErwanLe Bellec fera partie deceux-là. A 41ans, basé à Rennes, ilest l’undes tout derniers fonction-naires – et l’undes plus jeunes – àavoir été recruté.

«Evalués de lamême façon»«J’ai passé le concours en 1997,

dernièreannée où il y avait encoredes recrutements avec ce statut,rappelle-t-il.Onétait 1000, il yavait cinqplaces de technico-com-mercial.Quand je suis arrivé, le

jour de l’épreuve, je ne savaismêmepas que c’était pourunpos-te de fonctionnaire!»

LeBreton, qui a eu la chanced’être recruté dans sa régionnata-le et denepas enbouger jusqu’àaujourd’hui, présenteunprofilunpeu atypique. En tout cas pascelui du fonctionnaireauquel onpourrait s’attendre, attaché auxvaleurs de service public. «A l’épo-que, onparlait de l’arrivée de laconcurrence, c’est unpeu cela quimemotivait», explique-t-il.

Il a alors 25ans et unBTS enpoche. C’est sonpremiervraiemploi.Un joli début de carrière

s’ensuit: commercial pour lesPMEdans la brancheEntreprises.«Oncommençait tout juste à par-ler d’Internet, çan’intéressait pasbeaucoup les clients.»

Il passe ensuite auxgrossesPME régionales.Aujourd’hui, ilest responsabledes achats et gèreunepetite équipe. Il négocie l’ac-quisitionen grosdematériel devidéoconférence,pour les reven-dre ensuite aux entreprises.

La crise des suicides, en 2009?ErwanLe Bellec assure n’avoir pasété touché: «je n’avaispas de collè-gue en souffrance,mais je peuxcomprendre lemalaise de ceux

qui, plus âgés, ont dû changer demétier, vivre unemutation, unefermeturede site.»

Lui, a sansdouteaussi étépré-servéparcequ’il travaille surunsegment (les entreprises)moinsconcurrentielque l’activité grandpublic. En interne, il assurequesonstatutne lui a jamaisposépro-blème: «Nous sommesévaluésdelamêmefaçonque les contratsdedroitprivé. C’est vrai quec’estconfortable,avec la sécuritéde l’em-ploi.Mais on leperdrapeut-êtreunjour. Enfin, pas toutde suite: onestencore tropnombreux.»p

C.Du.

16 0123Jeudi 21 février 2013