10
Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012 LA LETTRE DU CiFAD CENTRE INTERMINISTERIEL DE FORMATION ANTI DROGUE Lédito du directeur Le 30 septembre 2012, le CiFAD aura 20 ans ! Le CiFAD a été inaugurée le 30 septembre 1992 pour « combattre le fléau du trafic de stupéfiants dans les départements des Antilles-Guyane et dans la Caraïbe, avec le souci de former les hommes et de les conduire à une coopération internationale active dans ce domaine ». Vingt années d’existence, c’est l’occasion de souligner combien l’idée de création de ce centre interministériel était visionnaire. Son statut de groupement d’intérêt public lui confère une réelle autonomie et une grande souplesse de gestion. Sa composition interministérielle en fait un lieu de neutralité, d’échange d’expériences et de bonnes pratiques, de partage de réseaux et d’information dans le domaine du narcotrafic. Pendant vingt ans, le CiFAD s’est investi pour créer du lien, pour former des agents à la lutte contre le narcotrafic, en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane, ainsi que dans tous les Etats de l’arc caribéen et d’Amérique latine. Acteur reconnu dans cette zone aux dimensions continentales, le CiFAD a acquis une réelle expérience dont les administrations partenaires de ce groupement d’intérêt public tirent régulièrement profit. Vingt ans, c’est aussi l’occasion pour le CIFAD de répondre de manière plus efficiente aux raisons historiques de sa création en 1992 et aux orientations gouvernementales rappelées lors du G8 à Evian par le Président de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), notamment s’agissant du partage du renseignement et du renforcement des capacités policières, douanières et judiciaires des pays de production et de transit de la cocaïne. Ainsi, dès 2012, le CIFAD orientera son action de formation en priorité vers les Etats de l’arc caribéen et des façades caribéenne et atlantique d’Amérique du Sud, point de départ ou zone de rebond supposés des flux de cocaïne vers la France et l’Europe, ou ayant une influence directe supposée sur le trafic et la consommation de cocaïne en Martinique, Guadeloupe et Guyane. S’il continuera d’intervenir au profit des trois pays producteurs de cocaïne (Pérou, Colombie, Bolivie), le CiFAD orientera son action prioritairement au profit des Etats suivants : la République Dominicaine, la Dominique, Sainte Lucie, Grenade, Saint Vincent ; Trinidad et Tobago, le Venezuela, le Surinam, le Brésil, l’Uruguay, l’Argentine. Cette action sera conduite en étroite collaboration avec les représentations françaises, en particulier avec le magistrat de liaison, les attachés de sécurité intérieure et les attachés douaniers présents dans la zone, ainsi qu’avec les administrations concernées de Martinique, Guadeloupe, Guyane, Saint Martin et Saint Barthélemy. Le CIFAD renforcera la qualité de ses formations, par le recours à des experts extérieurs, et amplifiera son action en cherchant à former des formateurs et cadres susceptibles de retransmettre les messages reçus. A la fois anniversaire et occasion d’une renaissance, cette année est donc charnière pour le CiFAD. Au début de cette année 2012 si importante pour nous, mon équipe se joint à moi pour vous présenter nos meilleurs vœux. Thomas Deprecq, directeur du CiFAD Sommaire L’édito du directeur L’équipe du CiFAD Bilan des formations de juillet à décembre 2011 Catalogue des formations du CiFAD Les routes de la cocaïne

LA LETTRE DU CiFAD - drogues

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

LA LETTRE DU CiFAD

CENTRE INTERMINISTERIEL DE FORMATION ANTI DROGUE

L’édito du directeur Le 30 septembre 2012, le CiFAD aura 20 ans !

Le CiFAD a été inaugurée le 30 septembre 1992 pour « combattre le fléau du trafic de stupéfiants dans les départements des Antilles-Guyane et dans la Caraïbe, avec le souci de former les hommes et de les conduire à une coopération internationale active dans ce domaine ». Vingt années d’existence, c’est l’occasion de souligner combien l’idée de création de ce centre interministériel était visionnaire. Son statut de groupement d’intérêt public lui confère une réelle autonomie et une grande souplesse de gestion. Sa composition interministérielle en fait un lieu de neutralité, d’échange d’expériences et de bonnes pratiques, de partage de réseaux et d’information dans le domaine du narcotrafic. Pendant vingt ans, le CiFAD s’est investi pour créer du lien, pour former des agents à la lutte contre le narcotrafic, en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane, ainsi que dans tous les Etats de l’arc caribéen et d’Amérique latine. Acteur reconnu dans cette zone aux dimensions continentales, le CiFAD a acquis une réelle expérience dont les administrations partenaires de ce groupement d’intérêt public tirent régulièrement profit. Vingt ans, c’est aussi l’occasion pour le CIFAD de répondre de manière plus efficiente aux raisons historiques de sa création en 1992 et aux orientations gouvernementales rappelées lors du G8 à Evian par le Président de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), notamment s’agissant du partage du renseignement et du renforcement des capacités policières, douanières et judiciaires des pays de production et de transit de la cocaïne. Ainsi, dès 2012, le CIFAD orientera son action de formation en priorité vers les Etats de l’arc caribéen et des façades caribéenne et atlantique d’Amérique du Sud, point de départ ou zone de rebond supposés des flux de cocaïne vers la France et l’Europe, ou ayant une influence directe supposée sur le trafic et la consommation de cocaïne en Martinique, Guadeloupe et Guyane. S’il continuera d’intervenir au profit des trois pays producteurs de cocaïne (Pérou, Colombie, Bolivie), le CiFAD orientera son action prioritairement au profit des Etats suivants : – la République Dominicaine, la Dominique, Sainte Lucie, Grenade, Saint Vincent ; – Trinidad et Tobago, le Venezuela, le Surinam, le Brésil, l’Uruguay, l’Argentine. Cette action sera conduite en étroite collaboration avec les représentations françaises, en particulier avec le magistrat de liaison, les attachés de sécurité intérieure et les attachés douaniers présents dans la zone, ainsi qu’avec les administrations concernées de Martinique, Guadeloupe, Guyane, Saint Martin et Saint Barthélemy. Le CIFAD renforcera la qualité de ses formations, par le recours à des experts extérieurs, et amplifiera son action en cherchant à former des formateurs et cadres susceptibles de retransmettre les messages reçus. A la fois anniversaire et occasion d’une renaissance, cette année est donc charnière pour le CiFAD. Au début de cette année 2012 si importante pour nous, mon équipe se joint à moi pour vous présenter nos meilleurs vœux.

Thomas Deprecq, directeur du CiFAD

Sommaire

L’édito du directeur

L’équipe du CiFAD

Bilan des formations de juillet à décembre 2011

Catalogue des formations du CiFAD

Les routes de la cocaïne

Page 2: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

L’équipe du CIFAD

La lettre du CIFAD est l’occasion de vous présenter l’ensemble de l’équipe du centre. Celle-ci a du faire face au challenge d’un renouvellement particulièrement important de son personnel en 2011. Ont été nommés comme directeur du CiFAD, le lieutenant-colonel de gendarmerie Thomas Deprecq, et comme adjoint, l’inspecteur régional de 3ème classe des douanes Patrick Massonnié. Cinq nouveaux formateurs ont été affectés entre le mois de mars et le mois d’octobre : le brigadier-chef de police David Gradel, le commandant de police Georges Corde, le capitaine de police Stéphanie Silla-Pellicer, le contrôleur des douanes Robin Bernard, le contrôleur principal des douanes Philippe Sorin. Les majors de gendarmerie André Alcaraz et Christian Bordenave ont assuré le tuilage lors de la relève. Un poste de formateur douanier reste à pourvoir. Monsieur Stéphane Kellenberger, substitut général auprès de la Cour d’Appel de Fort de France, occupe la fonction de conseiller « justice ». Le poste de conseiller « santé » est aujourd’hui vacant. Monsieur Armand Breleur, agent comptable du trésor public, est en charge de la gestion des comptes du CiFAD. L’équipe administrative comprend : - le gendarme-adjoint Patricia Landally, assistante de direction ; - un adjoint administratif de 1ère classe de la police nationale, Samuel David ; - un adjoint administratif de 2ème classe de la Douane, Sylvie Sully.

Patrick Massonnié, directeur adjoint du CiFAD

Page 3: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

Formations et séminaires Actions de formations du 1er juillet au 31 décembre 2011

Entre le premier juillet et le 31 décembre 2011, le CIFAD a organisé ou financé 17 stages de formation :

- six stages de formation à l’analyse criminelle, au Suriname, en Colombie, au Venezuela, au Mexique, à Cuba et au Pérou ;

- deux stages de fouilles des navires en Colombie et au Venezuela ; - trois stages de formation au ciblage de conteneurs, au Surinam, en République Dominicaine, en

Colombie ; - un stage de formation au ciblage aérien, en Argentine, en partenariat avec la Comisión

Interamericana para el Control del Abuso de Drogas (CICAD) ; - un stage de formation aux techniques d’enquête en matière de stupéfiant en République

Dominicaine ; - un stage de formation à la surveillance et aux filatures à Trinidad et Tobaggo ; - un stage de formation sur les enquêtes financières à Saint Martin, en particulier sur le blanchiment

d’argent et la confiscation des avoirs criminels ; - un stage de formation sur la lutte en haute mer contre les trafics de stupéfiants en Martinique ; - une journée de formation sur les produits stupéfiants et la géostratégie de la drogue au profit de

fonctionnaires et militaires de la douane, de la police et de la gendarmerie. Par ailleurs, le CiFAD a apporté son appui à l’Ecole Nationale de la Magistrature et à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) pour l’organisation à Fort de France du 29 novembre au 2 décembre d’un colloque international sur le trafic international de stupéfiants dans la zone caraïbes auquel ont participé des magistrats, policiers, douaniers, et marins, français et étrangers (Colombie, Venezuela, Brésil, Pérou, Bolivie, Etats-Unis, Haïti, République Dominicaine, Espagne, Pays-Bas). Le CiFAD est également intervenu à plusieurs reprises comme expert :

- lors de la Conférence de coopération régionale le 4 et le 5 novembre 2011 à Fort de France (Martinique) pour une présentation actualisée des flux de la cocaïne ;

- lors du colloque sur la toxicomanie et les trafics de stupéfiants sur le plateau amazonien le 6 et le 7 novembre 2011 à Cayenne, organisé par la gendarmerie de Guyane et la MILDT, au sein des tables rondes consacrées à la prévention en matière de stupéfiants ;

- pour l’encadrement du stage de formation à la surveillance et à la filature organisé par le Centre Régional de Formation de la Police Nationale en Martinique au profit de policiers et d’un gendarme. Le CiFAD a été invité par la Fundación Internacional y para Iberoamérica de Administración y Políticas Públicas (FIIAPP) à Rio de Janeiro le 21 août 2011 pour assister à la signature du protocole d’accord relatif à la mise en place d’une plateforme d’échange de renseignement pour la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée au sein de la communauté de Polices d’Amérique dans le cadre du projet AMERIPOL financé par l’Union européenne. A cette occasion, le directeur du CiFAD a participé aux travaux entourant cette rencontre avec les chefs des polices des Etats partenaires du projet et en particulier l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l’Equateur, le Pérou, le Panama, Trinidad et Tobago. Le CiFAD a également été reçu au Joint interagency task force south (JIATF/S) à Key West (Floride), partenaire incontournable dans la lutte contre le trafic de cocaïne dans la zone. Enfin, le CiFAD a eu l’honneur de recevoir Général Rosado Mateo, président de la Dirección Nacional de Control de Drogas (DNCD) de la République Dominicaine, accompagné de l’officier de liaison de la direction de la coopération internationale Pierre Sourbes, en poste à l’ambassade de France à Saint Domingue. Certains de ces évènements vous sont présentés dans les pages suivantes.

Page 4: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

Analyse criminelle opérationnelle dans le domaine des stupéfiants

SURINAME : du 5 au 9 septembre 2011, le CIFAD a organisé avec Georges MARCEAU attaché de sécurité à l’ambassade de France à PARAMARIBO (SURINAME) une formation intitulée « l’analyse opérationnelle dans l’enquête judiciaire en matière de stupéfiants ». 5 policiers du GUYANA ont également suivi ce stage destiné à l’étude et l’exploitation des factures détaillées (FADETTE) des téléphones mobiles. Après la découverte des fonctions avancées du logiciel EXCEL, les stagiaires ont pu mettre à profit ces acquis dans des exercices sur le thème d’une affaire criminelle

s’appuyant sur la confrontation des flux téléphoniques. CUBA Du 21 au 25 novembre 2011, le CIFAD a organisé un stage intitulé « Analyse Opérationnelle dans L’Enquête Judiciaire » à LA HAVANE à CUBA. Ce stage, réalisé au Centre de formation du Ministère de l’Intérieur avec Fabien BARTHEZ, attaché de sécurité intérieur en poste à LA HAVANE, a permis de former 18 fonctionnaires de la police judiciaire. Cette formation était axée sur les multiples possibilités des tableurs informatiques et notamment les applications particulièrement utiles pour l’analyse opérationnelle dans le cadre des enquêtes judiciaires. Les échanges entre les formateurs et les stagiaires ont été particulièrement fructueux notamment sur les différentes techniques d’analyse criminelle. COLOMBIE Du 3 au 7 octobre 2011, un stage de formation, axé sur l’analyse opérationnelle en matière de téléphonie, était organisé à Santa-Marta (Colombie) par le CIFAD en partenariat avec la CICAD. Deux formateurs du CIFAD se rendaient sur place et dispensaient cette formation à 18 stagiaires issus de services de police de différents pays d’Amérique latine (Bolivie, Equateur, Pérou, Panama et Colombie). L’ensemble des participants manifestait un vif intérêt pour ces méthodes spécifiques d’investigations. Devant l’intérêt manifesté pour cette technique d’enquête, le représentant de la CICAD envisageait de l’inclure dans la scolarité de l’école régionale de la communauté andine d’intelligence antidrogue (ERCAIAD). Lors de ce stage, les formateurs du CiFAD ont été accueillis par la Direction Anti-narcotique de la Police Nationale Colombienne(DIRAN) qui leur a présenté sur le terrain un laboratoire clandestin de fabrication de la cocaïne.

André Alcaraz, Georges Corde et Christian Bordenave, formateurs du CiFAD

Trafic de stupéfiants par voie maritime Deux formateurs du CiFAD se sont déplacés du 14 au 17 novembre 2011 en République Dominicaine pour former 17 stagiaires au ciblage de conteneurs maritimes lors d’un stage organisé conjointement avec l’attaché de Sécurité Intérieure et l’Assistant Technique pour la Police Judiciaire en poste à Saint Domingue. Cette formation s’est très bien déroulée en particulier grâce à une excellente sélection des stagiaires. Elle a permis de créer des liens opérationnels et de renforcer les capacités de ciblage maritime, essentielles à la lutte contre le narcotrafic dans cette zone de rebond.

Robin Bernard, formateur du CiFAD

Labo camouflé en forêt Chaîne de production Poste d’alerte et protection Produits finis

Page 5: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

Ciblage aérien Un stage de formation au ciblage aérien s’est déroulé en Argentine à Buenos Aires du 29 novembre au 2 décembre 2011 en étroite collaboration avec le colonel de gendarmerie Christian Devy, attaché de sécurité intérieure, en partenariat avec la CICAD et avec l’appui logistique de la police de sécurité aéroportuaire (PSA) d’Argentine. Ce stage régional a permis de former des policiers de la PSA ainsi que des douaniers de

Bolivie, du Chili, du Paraguay et d’Uruguay. Pour permettre de répondre plus parfaitement aux attentes, le CiFAD a eu recours à un expert français douanier du ciblage aérien de passager, en poste à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle.

Philippe Sorin, formateur du CiFAD

Techniques d’enquête en matière de stupéfiants Partenaire privilégié de la République Dominicaine, le CiFAD y est intervenu en mai 2011 pour dispenser une formation « Ciblage des passagers aériens ». A cette occasion, un module sur les « techniques de l’audition policière » avait été dispensé à la demande de l’expert technique international (ETI) de la direction de la coopération internationale (DCI) en poste à Saint-Domingue. L’intérêt manifesté par les agents de la DNCD pour ce volet de la formation, a donné lieu à la création d’une formation complète sur ce thème.

Deux formateurs du CIFAD se sont donc déplacés du 20 au 26 septembre 2011 pour cette nouvelle formation baptisée « Techniques d’enquête en matière de stupéfiants : l’audition et la perquisition ». Enseignement théorique et cas concrets ont alterné, avec la participation active des agents de la DNCD et de policiers dominicains. 23 officiers et agents ont ainsi été formés. A la demande des autorités de la République Dominicaine, l’expert technique international a sollicité la

reconduction de cette formation pour 2012. David Gradel et Stéphanie Silla-Pellicer, formateurs du CiFAD

Stage blanchiment et confiscation des avoirs criminels en matière de trafics de stupéfiants à Saint Martin

La formation s’est déroulée du 5 au 8 décembre 2011 au profit de 19 stagiaires de la police, de la gendarmerie nationale et de la douane. Ont été présentés différents modules dont une géostratégie du trafic de stupéfiants dans la zone Caraïbe, des généralités sur le blanchiment de capitaux avec un focus particulier sur le blanchiment en matière de trafic de stupéfiants, la non justification de ressources, la saisie et la confiscation des avoirs criminels, la présentation de la plate-forme d’identification des avoirs criminels (PIAC), de l’agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC) et des juridictions interrégionales spécialisées (JIRS). L’intervention de monsieur Stéphane KELLENBERGER, magistrat à la Cour d’Appel de Fort-de-France et conseiller du CiFAD, a été particulièrement appréciée. Ce stage sera proposé aux administrations de la Martinique et de la Guyane. Il sera adapté pour être dispensé en Bolivie, au Pérou et au Brésil en 2012.

Georges Corde, formateur au CiFAD

Lutte en haute mer 972 Les 16 et 17 novembre 2011, le CIFAD a organisé dans ses locaux une formation à la lutte en haute mer au profit des militaires des bâtiments de la Marine Nationale « DUMONT D’URVILLE », « VENTOSE » et « GERMINAL » et des douaniers. Cette formation interministérielle a été étroitement préparée par le CiFAD avec le bureau de l’action de l’Etat en mer en Martinique et l’ensemble des services impliqués dans la lutte contre le trafic de stupéfiants : juridiction interrégionale spécialisée de Fort de France, antenne Caraïbe de l’OCRTIS, douanes, marine nationale, gendarmerie nationale. La géostratégie des flux non canalisés a été présentée par Patrick ROUSSEL, officier de liaison français en poste au sein du Joint interagency task force south, à QUEY WEST en FLORIDE (USA).

André Alcaraz, formateur au CiFAD

Page 6: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

Catalogue des formations du CiFAD au 1er janvier 2012

INTITULE CONTENU

Analyse criminelle (anaops)

- Présentation générale de l'analyse criminelle - Présentation de la téléphonie - Présentation d'un tableur (Excel) - Fonctions avancées d'analyses - Standardisation des facturations détaillées émanant d'opérateurs différents - Croisement des données - Mise en pratique des acquis sur un cas concret

Blanchiment (France)

- Présentation générale du blanchiment de capitaux (historique et définition) - Le blanchiment en matière de trafic de stupéfiants et la non justification de ressources. - Spécificités et finalités de l'enquête financière. - La saisie des avoirs criminels - Présentation de la JIRS, de la loi Warsmann, de TRACFIN et de l' OCRGDF.

Blanchiment (étranger)

- Présentation générale du blanchiment de capitaux (historique et définition) - Le blanchiment en matière de trafic de stupéfiants et la non justification de ressources. - Spécificités et finalités de l'enquête financière. - La saisie des avoirs criminels (modalités et finalités) - Travaux dirigés sur cas concrets . (rédaction d'un P.V. type )

Ciblage aérien

- Ciblage des passagers - Ciblage du fret - Présentation théorique : le contrôle de l'aviation générale - La notion de ciblage aérien: outils, modalités pratiques du ciblage. - Le contrôle documentaire: les documents de bord. - Le contrôle physique des aéronefs. - Mise pratique in situ (aéroport)

Ciblage et contrôle des conteneurs

Objectifs : - Donner les moyens aux stagiaires de mener une réflexion sur la sélection des conteneurs -Pouvoir de manière autonome élaborer des critères de ciblage les plus pertinent possibles en fonction des spécificités de leur zone, mener des opérations ciblées -Avoir une connaissance suffisante du conteneur et des modes de fraude liés pour organiser au mieux les contrôles en toute sécurité Contenu : - Présentation générale de l’environnement portuaire. - Le transport conteneurisé : problématique économique, la « boîte », les intervenants logistiques, la réglementation internationale - Les principaux modes opératoires de contrebande par conteneur - Problématique du ciblage, les supports documentaires, les outils (internet...), notion d'analyse de risque, de critères de sélection - Le contrôle physique du conteneur - Exercice de ciblage sur manifeste (documentation réelle) - Visite zone de réparation des conteneurs (si existante et si possible) - Inspection d’un conteneur vide (Dry et Reefer) - Contrôle des conteneurs sélectionnés avec les moyens à disposition

Ciblage terrestre - Moyens cachés sur véhicules légers, poids lourds, conteneurs. - Mise en pratique in situ

Fouille des navires de plaisance

- Présentation théorique - Mise en pratique sur navire de plaisance - Mise en pratique sur navire de commerce

Fouille des navires de commerce

- Présentation théorique - Mise en pratique sur navire de plaisance - Mise en pratique sur navire de commerce

Géostratégie des drogues

- Présentation des drogues - Présentation des zones de production - Présentation des processus de fabrication - Présentation des flux

Page 7: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

Gsm-ip

- La structure des réseaux GSM. - Terminologie en matière de réseau cellulaire. - Le relevé des relais de chaque opérateur en téléphonie à un point précis (Lieu commission infraction) ou sur un parcours de façon dynamique avec géolocalisation par GPS. - Analyse de carte SIM. - Identification d’un modèle de téléphone portable à partir de son IMEI. - L’adressage IP sur Internet. - Identification des adresses IP. - Détermination depuis quel ordinateur un mail a été envoyé, lorsqu’il s’agit d’un e-mail, frauduleux, anonyme.

Lutte en haute mer (LHM)

- Géostratégie du narcotrafic par voie maritime non canalisée- Les différents acteurs de la LHM : Douanes ,OCTRIS , Marine Nationale, JIATF, Gendarmerie.- Le droit de la mer et les Conventions internationales- Les différents pouvoirs à la mer- Les premières mesures : montée à bord, contrôle documentaire, visite/fouille - La découverte de produits stupéfiants ; Les mesures à prendre; préservation des preuves- Les moyens cachés - Exercices pratiques

Précurseur chimique

- Présentation et classification des produits chimiques classés comme précurseurs de drogue - Législation européenne et internationale, législation commerciale, obligations pour les sociétés - Contrôles douaniers : renseignement, ciblage, contrôle physique - Laboratoires clandestins - Drogues synthétiques

Surveillance, observation et

filature

- Technique de surveillance en milieu urbain et rural - Méthodologie - Préparation d'un dossier objectif - Approche d'un objectif - Filature pédestre/véhicule

Techniques d'enquête :

audition, perquisition,

- Courte introduction sur le droit français de la garde à vue - Méthodologie de l'audition - Méthodologie de la perquisition - La prise d'empreinte digitale et la prise de photo - Modèle de procès-verbal - Cas concrets

Police technique et scientifique

(PTS)

-La préservation des indices -Où trouver les traces ? - La prise d'empreinte digitale et la prise de photo -Les traces papillaires

Prévention - Présentation des drogues et de leurs effets - Législation

Autres En fonction de la demande : formations sur les faux documents, sur la gestion des sources ; sensibilisation des équipages de navire ou d’aéronef au trafic de stupéfiants, etc.

Page 8: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

Les routes de la cocaïne Extraits d’interventions du CiFAD en 2011

La recherche de nouveaux marchés par les producteurs de cocaïne a conduit au renforcement du trafic à destination de l’Europe. Ainsi, en raison de sa position géographique et de ses liens étroits avec le continent Européen, la zone Antilles-Guyane est susceptible de demeurer une zone de rebond mais aussi de voir son marché de cocaïne s’élargir. Pour les Etats concernés de l’arc caribéen, l’augmentation du trafic vers l’Europe augmente le risque du développement de l’insécurité, de la corruption et de la criminalité, et entraine des conséquences néfastes sur la santé publique et sur l’économie, en particulier le tourisme. La coopération internationale dans la zone, notamment pour renforcer les capacités des Etats situés sur la route de la cocaïne vers l’Europe, est indispensable pour lutter plus efficacement contre le trafic de cocaïne.

1. Données générales sur la production et la consommation de cocaïne

En 2011, les experts estiment que le volume global de cocaïne produite et celui de la demande au niveau mondial se situeraient au même niveau qu’en 2008 et 2009. La production de cocaïne est évaluée entre 1100 tonnes et 1500 tonnes selon les sources.

La consommation de cocaïne concernerait entre 14 et 21 millions de personnes. Le nombre de consommateur est en diminution en Amérique du Nord (7 millions), mais en hausse en Amérique du sud, en Europe (4 millions) et en Afrique de l’Ouest, en raison du développement de nouvelles routes d’acheminement.

Environ 14,5 millions d'adultes européens (4,3 %) en ont consommé au moins une fois et 4 millions (1,2%) régulièrement, au cours des douze derniers mois.

La cocaïne est la deuxième drogue illicite la plus consommée en Europe.

Le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie représentent les deux tiers de la consommation de cocaïne en Europe (origines de la population européenne consommatrice de cocaïne : UK : 23% ; Espagne : 21% ; Italie : 19% ; Allemagne : 9% ; France :5% ; autres pays 18%)

En France, 1 million de personnes consommeraient au moins une fois par an. Il y aurait 400 000 usagers réguliers.

D’un point de vue économique, le marché européen (33 milliards de dollars) de la cocaïne est presque équivalent au marché USA (37 milliards de dollars). C’est cependant un marché encore à conquérir alors que le marché nord-américain est saturé. Pour autant, s’agissant du marché européen de la cocaïne, l'Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) estime que « certains indices positifs suggèrent que la consommation de cocaïne pourrait avoir atteint un sommet ».

Le prix a tendance à baisser. Le prix de vente moyen au détail varie de 50 et 80 euros le gramme en Europe en 2011.

Le niveau de pureté de la cocaïne lors des saisies à l’arrivée en Europe est à la baisse : 75% en 1999 ; 72% en 2006 ; 65% en 2009.

S’agissant des saisies, on peut constater en 2009 une augmentation générale des saisies en Amérique du Sud (environ 75 tonnes en 1999, un peu moins de 300 tonnes en 2009, action essentiellement Colombienne : 275 T) et une chute des saisies en Europe (120 tonnes en 2006, 25,4 tonnes en 2009).

Page 9: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

2. Les routes de la cocaïne 21- une source unique, des routes évolutives.

Une source unique Les diverses tentatives signalées de culture de coca hors d’Amérique Latine n’ont pas été concluantes et, dès lors, les flux de cocaïne devraient conserver cette source quasi unique d’approvisionnement. (98% de la fabrication mondiale). Des trois pays producteurs que sont le Pérou, la Bolivie et la Colombie, seul ce dernier semble avoir enregistré une baisse des surfaces dévolues à la culture de la feuille de coca.

Des routes évolutives Les trafiquants de cocaïne font preuve de grandes capacités d’adaptation et de réactivité face aux dispositifs mis en place pour intercepter les flux. Au fur et à mesure de l’évolution des dispositifs répressifs, la géographie et les vecteurs d’acheminement utilisés se modifient. Les efforts de surveillance accrus en Colombie, les opérations d’interdiction maritimes américaines et européennes sur l’arc antillais, la création des plateformes de renseignement et d'interception au Portugal et en Afrique de l'Ouest, ont provoqué la reconfiguration du flux de cocaïne vers de nouvelles zones de transit. Le Venezuela est devenu le principal pays d’évacuation de la cocaïne colombienne et la première plate-forme du trafic transatlantique. D’autres zones d’Amérique centrale (Honduras, Mexique), des Caraïbes (République Dominicaine, Trinité et Tobago) et d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine) ont vu se développer de nouvelles routes du trafic de la cocaïne.

22- Les routes vers l’Amérique du Nord et vers l’Europe

La cocaïne destinée au marché nord-américain transite essentiellement via l’Amérique centrale. Celle destinée à l’Europe occidentale, aux Balkans et à l’Europe du Nord, transite soit directement depuis l’Amérique du Sud ou l’arc caribéen, soit par l’Afrique de l’Ouest, soit par le cône sud de l’Amérique du Sud.

La route directe : Amérique du Sud/Caraïbes - Europe Le Venezuela et le plateau des Guyanes (Guyana, Suriname et Guyane) sont les principaux points de départ de la cocaïne à destination de l’Europe. La cocaïne transite aussi de plus en plus par le Cône Sud1. Des saisies conséquentes ont été réalisées au cours des deux dernières années au Chili, en Argentine, en Uruguay, au Paraguay, au Brésil, et en Europe dans des conteneurs en provenance de ces pays. Provenance de la cocaïne saisie :

en Espagne entre 2008/2010 : Venezuela : 37%, Colombie : 27%, Equateur : 8%, République Dominicaine : 6%, Pérou : 6% ;

en France entre 2003/2008 : Venezuela 34% ; Caraïbe : 14% ; Brésil : 12% ; Colombie : 5%)

aux Pays Bas : importantes saisies par les gardes côtes des Antilles néerlandaises et d’Aruba

La route indirecte : Amérique du Sud/Caraïbes – Afrique de l’Ouest – Europe La route transitant par l’Afrique de l’Ouest s’est développée entre 2004 (15T) et 2007, atteignant 62 tonnes en 2007, pour redescendre à 21 tonnes en 2009. D’après l’OCRTIS, l'Afrique occidentale demeure une des principales zones de rebond du trafic de cocaïne en provenance d'Amérique du Sud et à destination de l'Europe (environ 80 tonnes de cocaïne par an y transiteraient). 23- La zone Antilles-Guyane, route et destination.

À côté de réseaux liés au grand banditisme dont les modes de fonctionnement sont relativement opaques, existent une multitude de

1 Zone d'Amérique du Sud la plus australe du continent, qui comprend l’Argentine, le Chili et l’Uruguay De manière étendue on

y ajoute certaines régions du Paraguay et les États méridionaux du Brésil

Page 10: LA LETTRE DU CiFAD - drogues

Lettre du centre interministériel de formation antidrogue - Janvier 2012

micro-réseaux ayant à leur tête des usagers/revendeurs ou de simples usagers et alimentant une clientèle relativement réduite. La zone Antilles-Guyane offre une grande disponibilité et accessibilité de la cocaïne en gros et semi-gros dans les pays limitrophes du territoire français. La cocaïne s’achète environ 6000 euros le kg en Martinique (en semi-gros), l’herbe 600 euros le kg. La cocaïne est revendue environ 40 euros le gramme en Martinique.

3. Les vecteurs maritime et aérien.

Le vecteur maritime Les narcotrafiquants utilisent massivement le vecteur maritime pour acheminer la cocaïne en Europe. Les vecteurs utilisés sont les conteneurs, au départ des ports de Colombie, du Costa Rica, de l'Équateur, du Pérou, du Panama et, plus récemment, du Brésil, de l'Argentine ou du Paraguay, les navires de plaisance, souvent en ligne directe au départ de la Caraïbe, et parfois les navires touristiques. Par contraste avec le trafic entre la Colombie et le Mexique, l’emploi de semi-submersibles et de submersibles reste méconnu. Pour autant, les saisies récentes dans ce domaine en Colombie sur la côte caraïbe, et les observations américaines, tendent à démontrer qu’il s’agit d’un vecteur recherché par les trafiquants et en voie de devenir.

Le vecteur aérien Le vecteur aérien est également très utilisé par les organisations criminelles, avec une diversification constatée des routes empruntées et des modes d’acheminement. Ainsi des passeurs voyagent sur des vols réguliers en provenance directe du continent sud américain, des Caraïbes ou du continent africain. Les narcotrafiquants utilisent également des avions privés. Enfin, la cocaïne peut être acheminée par le fret aérien, en général avec des complicités dans le milieu aéroportuaire. En 2009, 21% de la cocaïne aurait transité vers l’Europe par voie aérienne commerciale (chiffres ONUDC). Les vols commerciaux provenaient des destinations suivantes : Colombie : 36%, République Dominicaine : 11% ; Pérou :11% ; Brésil :7% ; Bolivie 5% ; Venezuela : 5% ; Argentine : 4%.

Centre interministériel de formation anti-drogue

Plateau Roy-Cluny BP 630. 97261 FORT DE FRANCE

: 05.96.70.73.80 - : 05.96.70.73.90 - Email : [email protected]