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Biarritz Mars 2008
La lithiase urinaire :
de la préhistoire au 21ème siècle
Paul Jungers, Michel Daudon
Hôpital Necker
Biarritz Mars 2008
Parmi les maladies suivantes, lesquelles sont d’originehéréditaire monogénique ?
1. Cystinurie
2. Hyperoxalurie entérique
3. Hyperoxalurie primaire
4. Hypercalciurie idiopathique
5. Maladie de Dent
6. Syndrome de Lesch-Nyhan
7. Syndrome de Gougerot-Sjögren
8. Sarcoïdose
QCM sur l’évolution de la lithiase:
Biarritz Mars 2008
Evolution de la lithiase urinaire
1. Evolution historique et géographique
2. Evolution de l’identification des calculs
3. Evolution du traitement des calculs
4. Evolution des concepts physiopathologiques et du
traitement médical
5. Evolution de la connaissance du mécanisme des
différents types de lithiase
Question : La biologie moléculaire a-t-elle une place dansl’étude de la lithiase rénale ?
Biarritz Mars 2008
1. Evolution historique de la lithiase
Biarritz Mars 2008
La lithiase de la préhistoire à nos jours
BC
2000
1000
1000
2000
3000
4000
5000
AD
Henri IV – Montaigne 1578Michel-Ange 1550
Septime Sévère 200
Khéops -2650
Prayssac -2200
Ramsès II -1250
Napoléon III 1870
Arizona -4000
El Amrah -4400
Chirugiens-barbiers
Eaux thermales
Chimistes
Pline l’Ancien - Dioscoride
Hippocrate
Cystoscopie, chirurgie réglée
Ayurvedas
Biarritz Mars 2008
Epoque et pays
Europe du XIXème siècle
Pays non industrialisés
(zones rurales, état actuel)
Pays industrialisés
(fin XXème siècle)
Type de lithiase
Lithiase vésicale
Enfant (1 à 10 ans)
Rapport M/F > 10
Calculs: phosphates, urates
Lithiase rénale
Adulte (4è-6è décennies)
Rapport M/F ~ 2/1
Calculs : oxalate de calcium
Evolution historique et géographique de lacomposition et de la localisation des calculs
Biarritz Mars 2008
Evolution de la typologie deslithiasiques en Europe
Jusqu’au 19ème siècle : lithiase des riches et lithiase des pauvresLithiase des riches : lithiase urique (gravelle, reins et vessie))
- Hommes adultes et âgés, goutteux- Rois et noblesse : venaison (privilège de la chasse)- Classes fortunées : suralimentation (viandes, abats)
Lithiase des pauvres : lithiase d’urate d’ammonium (calculs vésicaux))- Jeunes garçons- Carences nutritionnelles (déficit phosphoré ) + infection urinaire
(infections intestinales, déshydratation)
A partir du 20ème siècle (fin de la 2ème guerre mondiale) : lithiase rénalepour tous
- Raréfaction de la lithiase vésicale de l’enfant- Expansion de la lithiase rénale oxalocalcique dans toutes les
classes sociales- Réduction de la prépondérance masculine (augmentation de
l’incidence de la lithiase proportionnellement plus élevée chez lesfemmes)
Biarritz Mars 2008
L’expansion de la lithiase oxalocalcique,rançon de la société d’abondance
Parallélisme entre lithiase OxCa et :
Consommation de protéines carnées
Elévation générale du niveau de vie
Occidentalisation du mode de vie et d’alimentation
Etudes cas-témoins :
- Témoins non appariés : apports protéiques plus élevés chezles lithiasiques
- Témoins appariés : habitudes alimentaires identiques, maissusceptibilité anormale des lithiasiques aux effets lithogènes del’alimentation.
Conclusion : importance majeure des facteurs nutritionnels, lesfacteurs génétiques ne pouvant s’être modifiée en 50 ans, maisinfluence de facteurs de susceptibilité majorant l’effet desfacteurs nutritionnels.
Biarritz Mars 2008
2. Evolution du traitement des calculs
Biarritz Mars 2008
Les traitements héroïques :la lithotomie vésicale
De l’Antiquité au 17ème siècle : chirurgiens-barbiersitinérants opérant de nuit (interdictiond’Hippocrate aux médecins de pratiquer lachirurgie urinaire)
Voie périnéale : mortalité > 30% (frère Jacques)
Milieu du 18ème siècle : voie sus-pubienne,mortalité réduite
Paris, rue St Honoré : frère Cosme (« sonde àflèche »)
Londres :William Cheselden : extraction ducalcul en 1 minute.
Fin du 19ème siècle : invention de la lampe àincandescence (Edison 1886) Cystoscopielithrotritie intravésicale (Civiale, Felix Guyon,1900).
Biarritz Mars 2008
Traitements « doux » :eaux thermales et plantes médicinales
Cures thermales : bains et cures de diurèse pour la gravelle
- Jusqu’au 18ème siècle : pas d’indication fondée sur la nature des
calculs (Montaigne : tour d’Europe des eaux thermales en 1580-81).
- A partir du 19ème siècle : eaux alcalines pour la lithiase urique
(Napoléon III, cures annuelles à Vichy).
Plantes médicinales : de tout temps
- Antiquité grecque et romaine (Pline l’Ancien, Dioscoride, 2ème
siècle)
- Moyen-Age : plantes diurétiques, antispasmodiques,
« antilithiques ».
Biarritz Mars 2008
Les étapes de l’imagerie et de la chirurgie
Imagerie
-Rayons X (Röntgen 1895)Radiographie (Guyon 1896)
-UIV:Rowntree 1923 (iodure de sodium)Uroselectan
-Echographie
-Tomodensitométrie (scanner, scanner spiralé)
Chirurgie réglée
-Asepsie (Pasteur, Lister), anesthésie générale
lombotomie, urétérotomie, cystotomie,
Mais : incision, longue durée d’hospitalisation,convalescence prolongée.
Biarritz Mars 2008
La révolution urologique de 1980
Suppression des calculs sans incision dans > 95% des cas
Lithotritie extracorporelle (LEC) : [Chaussy 1981]
Néphrolithotomie percutanée (NLPC)
Urétéroscopie
Avantages : absence de cicatrice, courte hospitalisation.
Inconvénient : risque de relâchement du traitement préventif
médical
Traitement de la colique néphrétique :
Physiopathologie : rôle des PGE2 intérêt des AINS
Biarritz Mars 2008
3. Évolution de l’identification des calculs
Biarritz Mars 2008
Progrès de l’identification de lanature des calculs
Composition chimique : 18ème siècle1776 : Scheeleacide lithique = acide urique (Fourcroy 1799)1797 : Wollastonoxalate de chaux et phosphate de chaux1797 : Fourcroy, Vauquelin Phosphate triple = PAM (struvite)1810 : Wollastonoxyde cystique = cystine (Berzelius 1833).
Structure cristalline : 19ème siècle
Phosphates de calcium : 1788 : Werner carbapatite
1856 :Shepard brushite
Oxalate de calcium : 1852 : Miller OxCa monohydraté(whewellite)
1922 : Nakano OxCa dihydraté(weddellite).
Conclusion: un même composé chimique peut se présenter sousdifférentes formes cristallines, correspondant à des causes et desconditions de cristallisation différentes.
Biarritz Mars 2008
Progrès des méthodes d’analyse des calculs
Analyse chimique encore pratiquée en France jusqu’en 2005Faiblesses : faux positifs, faux négatifs, erreurs (AcUr et 2,8-DHA)
Impossible pour les très petits calculsDestruction du calcul
Méthodes physiques : identification et quantification des espècesmoléculairesDiffraction des rayons X (1931), mais seulement corps cristallinsSprectrophotométrie infrarouge, ou SIR (1955) :
Corps cristallins ou nonGrande sensibilité (matériel d’étude < 2 microgrammes)Rapidité, simplicité, faible coût
Analyse morpho-constitutionnelle (Michel Daudon 1978)1ère étape : examen optique de la morphologie du calcul (surface,
section)
2éme étape : SIR sur noyau, couches moyennes et superficielles, etsur poudre globale proportion des différents constituantstypologie en 6 types et 21 sous-types.
Biarritz Mars 2008
Ic => HOP
IVa2 => ATD
II+IV => HPT 1
IVd (Br) => HPT 1
IIId => diarrhées
occultes
Compositionspécifique
Composition usuelle,morphologie particulière
PAM
Acide urique
Cystine
2,8-DHAd
Xanthine
Médicaments
Ww : [Ox]
faible diurèse
Wd : [Ca]
hypercalciurie
Apport de l’analyse morphoconstitutionnelleau diagnostic étiologique
Lithiase calciquecommune
Compositionspécifique
Biarritz Mars 2008
4. Evolution des conceptsphysiopathologiques
et du traitement médical
Biarritz Mars 2008
Lithiase urique
Facteurs lithogènes classiques :
- Notion de pH-dépendance : pH < 5,5
- Hyperuricurie, hyperuricémie
Facteurs favorisants classiques :
- Diathèse urique, goutte, hyperuricémie (facteurs héréditaires)
- Sexe masculin, âge avancé
- Apport excessif de purines et de protéines carnées
Notion récente : rôle de l’insulino-résistance au niveau rénal :
Fréquence élevée de la lithiase urique dans obésité, syndrome
métabolique, diabète de type 2 et chez les sujets âgés
(insulino-résistance par déficit mitochondrial lié à l’âge).
Biarritz Mars 2008
Lithiase oxalocalciqueet hypercalciurie idiopathique
1953 : notion d’HCI (Albright)
1958: définition (Hodgkinson-Pyrah): >= 4 mg/kg/jour (>= 0,1mmol/kg/jour)
1975 : classification de Pak [NEJM 1975] :
HCI absorptive, rénale ou résorptive
Test de Pak distinction entre HCI rénale et HPTnormocalcémique
Mais : cercle vicieux entre hyperabsorption intestinale et défautde réabsorption rénale.
1985 : hérédité autosomique dominante de type polygénique :
études chez des jumeaux ( part héritée de la calciurie = 56%)
études de pedigrees familiaux (Bonnardeaux, Montréal)
modèles murins (Bushinsky)
NB : modulation de l’effet des facteurs nutritionnels par les facteursgénétiques
Biarritz Mars 2008
Influence de l’alimentation sur lalithogenèse
Habitudes alimentaires Effets
Apports élevés en calcium calciurie
Apports élevés en oxalate oxalurie
Apports élevés en protéines carnées citraturie, pH
calciurie,uricurie
Apports élevés en purines uricurie
Apports élevés en graisses oxalurie
Apports élevés en sucres raffinés calciurie
Apports élevés en sel calciurie
Faible apport de fibres calciurie,oxalurie
Biarritz Mars 2008
Interaction entre facteurs héréditaires etfacteurs d’environnement dans la lithiase
oxalocalcique primitive
Facteurs génétiques Facteurs nutritionnels
Hypercalciurie
Hyperoxalurie
La lithiase calcique résulte de l’interaction entre des facteursgénétiques non modifiables et des facteurs d’environnementmodifiables, les variations génétiques modulant la sensibilitéindividuelle aux facteurs nutritionnels.
Les hypercalciuriques sont plus sensibles à l’effethypercalciuriant de l’apport en produits laitiers, en protéinescarnées et en sel que les sujets normocalciuriques.
+
Biarritz Mars 2008
Facteurs lithogènes effectifs dans lalithiase calcique primitive
Facteurs majeurs d’après les critères théoriques :Faible diurèse HyperoxalurieHypercalciurie Hypocitraturie
Facteurs significatifs d’après les études cliniques (facteurs indépendants) :
Curhan [KI 2001] incidence après 40 ans : Vol < 2L/j, Uca > 150 mg/LDaudon [KI 2005] : récidive : Vol < 2L/j, Uca > 3,8 mmol/L
Définition des objectifs du traitement = zones de moindre risque
Diurèse > 2L/ 24h
Calciurie < 3,8 mmol/LOxalurie < 0,3 mmol/LUrée urinaire (~5,5 mmol/kg/jour) = Apport protéique 1 g/kg/jourNatriurèse < 150 mmol/jour = apport de sel < 9 g/jour
Biarritz Mars 2008
Dangers des régimes pauvres en calciumchez les hypercalciuriques
Idée reçue : hypercalciurie = régime pauvre en calcium
Mais idée fausse car :
1. Inefficacité : majoration de l’incidence si apport calcique < 600 mg/j =>
Preuve épidémiologique [Curhan NEJM 1993]
Mécanisme : majoration de l’absorption de l’oxalate
2. Danger de déminéralisation osseuse (bilan calcique négatif)
apport calcique optimal = 800 à 1000 mg/jour
Régime standardisé :
Boissons suffisantes pour diurèse > 2 L/jour
Apport calcique de 800-1000 mg/j
Modération de l’apport en protéines carnées
Modération de l’apport en sel
Abstention des aliments riches en oxalate (chocolat)
Biarritz Mars 2008
5. L’avènement de la biologiemoléculaire
Biarritz Mars 2008
Redécouverte de l’importance desmaladies lithiasiques monogéniques
Lithiases communes Maladies
calcique lithiasiques
urique héréditaires
infectieuse monogéniques
Fréquentes (> 98%) Très rares (<2%)
Diagnostic facile Diagnostic difficile
Traitement aisé et Traitement astreignant et
constamment efficace incomplètement efficace
Fonction rénale peu menacée Risque d’IRT
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Maladies lithiasiques monogéniques
Erreurs innées Tubulopathies Cystinuriedu métabolisme complexes
HOP 1 et 2 ATD Défaut isoléLesch-Nyhan Dent, Lowe de la réabsorption2,8-DHA FHHNC tubulaire proximalexanthinurie Bartter de la cystine et des
ADH AA dibasiques
Lithiase bilatérale Calculs phosphatiques Lithiase cystiniqueInfiltration cristalline Néphrocalcinosedes reins Fibrose T-InterstitielleRisque d’IRT Risque d’ IRT F rénale peu altérée
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84%
2%8%
5%
1%
Cystinurie Hyperoxalurie primaireAcidose tubulaire distale 2,8-DHAAutres
40%
45%
5%
5%5%
Adultes Enfants
Fréquence des maladies lithiasiquesmonogéniques
Biarritz Mars 2008
Apports des techniques de biologie moléculaire
Génétique moléculaire :Diagnostic : identification des mutations et polymorphismes(diagnostic non-invasif de l’HOP)Conseil génétique et diagnostic préconceptionnel
Mécanisme moléculaire des maladies :
- Défauts enzymatiques (HOP, Hyperuricémies familiales, 2,8-DHA…)
- Anomalies cellulaires responsables de fibrose rénale (Dent,FHHNC)
- Anomalies des systèmes de transport (FHHNC, Bartter,rachitismes hypophosphorémiques, etc)
- Modèles animaux : rats hypercalciuriques, souristransgéniques
Nouvelles approches thérapeutiques
HOP : pyridoxine (Danpure), chaperons, pyridoxamine ;
Dent, FHHNC : agents antifibrosants ?
Biarritz Mars 2008
Conclusions (I) : Immenses progrès au
cours des 25 dernières années
Il y a eu plus de progrès au cours des 25 dernièresannées qu’au cours de tous les millénaires précédents :
•Révolution du traitement urologique
•Progrès des méthodes de diagnostic
•Progrès du traitement préventif
•Traitement bien défini et efficace dans plus de 95% descas
•Mais : traitement encore insuffisant dans l’HOP et lestubulopathies complexes
Biarritz Mars 2008
Conclusions (II) : Problèmes restant à
résoudre
1. Mécanisme moléculaire de l’HCI : siège de la fuite rénale ?traitement ?
2. Calculogenèse : rôle et signification des plaques de Randall
3. Mécanismes des néphrocalcinoses
4. Mécanisme moléculaire de la fibrose tubulo-interstitielle dansles tubulopathies complexes
5. Mécanisme des lithiases phosphatiques : facteursgénétiques ? facteurs infectieux ? impasse thérapeutiqueactuelle ;
6. Traitement médical de l’HOP 1
7. Autres problèmes…
Conclusion : il reste du travail pour les jeunes néphrologues !
Biarritz Mars 2008
QCM sur l’évolution de la lithiase:
Réponses correctes : 1-3-5-6
Parmi les maladies suivantes, lesquelles sont d’originehéréditaire monogénique ?
1. Cystinurie
2. Hyperoxalurie entérique
3. Hyperoxalurie primaire
4. Hypercalciurie idiopathique
5. Maladie de Dent
6. Syndrome de Lesch-Nyhan
7. Syndrome de Gougerot-Sjögren
8. Sarcoïdose
Biarritz Mars 2008
Réponse à la question initiale :
l’approche par les techniques de labiologie moléculaire est aujourd’hui
fondamentale.