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n° 1 Décembre 2005 0,50 E Bulletin du Club Parrainage du collège Paul Bert d’Auxerre Le club parrainage entre déjà dans sa quatrième année... Ouidah Yvette

La Main Tendue n°1

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Journal du Club Parrainage du Collège Paul Bert d'Auxerre

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Décembre 2005 0,50 E

Bulletin du Club Parrainage du collège Paul Bert d’Auxerre

Le club parrainage entre déjà dans sa quatrième année...

Ouidah

Yvette

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Cette rentrée 2005 a été un peu particulière pour le Club Parrainage de notre collège. En effet, les fondateurs du projet, qui depuis trois ans étaient à l’initiative de toutes les actions, sont désormais partis vers d’autres horizons. Nous leur souhaitons tous au passage de pleinement réussir dans la voie qu’ils ont choisie. La relève est certes assurée, puisqu’il y a, cette année dans le club, vingt-deux élèves de la sixième à la troisième, dont une bonne moitié de nou-veaux arrivants, mais nous ne voulons pas pour autant cou-per le lien avec les « anciens ». C’est pour cette raison, et afin d’informer tous ceux qui s’intéressent à notre action, que nous avons décidé de créer un petit bulletin. Nous avons prévu d’éditer au moins un numéro, voire deux par an, dans lesquels nous expliquerons à nos lecteurs ce que nous faisons au sein du club, dans lesquels nous don-nerons des nouvel les d’Yvette, nous ferons des re-portages sur le Bénin, sa culture, sa géographie, son histoire… Ce bulletin sera bien entendu également en-voyé à Yvette, afin qu’elle puisse être au courant des ac-tions que nous mettons en place pour elle.

M. Dollé,

professeur coordonnateur

P 2: Editorial

P 2 et 3: La vie du Club

P 4: L’évènement: le concert de Chantal Eden.

P 5: Des nouvelles d’Yvette

P 6 et 7: Reportage sur le Bénin

P 8: Une légende du Bénin Une recette africaine. Bonne lecture...

Il ETAIT UNE FOIS LE CLUB PARRAINAGE

Depuis 2002, le Club Parrainage du collège Paul Bert œuvre dans le but d’aider des enfants africains à trouver le chemin de l’école. Mais savez-vous comment cette grande aventure a commencé ?

A l’origine, un projet dans le cadre du cours d’éducation civique

Tout a commencé lorsqu’il a été proposé à trois classes de cinquième, en octobre 2002, de réaliser un projet de parrai-nage d’une classe africaine, dans le cadre de leur cours d’éducation civique. Le choix d’accompagner des enfants sur le chemin de l’école, où ils apprendront à lire, à écrire, à compter et à s’exprimer, n’a pas été fortuit. Il s’agissait de faire prendre conscience à tous les élèves qu’aller à l’école est une chance, celle de pouvoir construire l’avenir que l’on souhaite, une chance, hélas que tout le monde n’a pas sur notre planète... L’adhésion unanime et en-thousiaste des élèves a été telle, qu’il a même fallu cal-mer leur impatience, en leur expliquant, qu’une telle action ne pouvait être menée qu’avec une grande rigueur et un réel engagement de leur part sur le long terme. Nous avons alors choisi de travailler avec l’association

« Aide et Action », qui œuvre depuis plus de vingt ans, dans le but de promouvoir l’éduca-tion, le développement, la for-mation et la solidarité dans les pays du Sud. Parrainer est un acte fort qui consiste non seulement en un versement annuel de 250 E, mais aussi en un échange de courriers, entre les élèves d’Afrique et ceux d’Auxerre. Cela a permis de découvrir une autre culture et de mieux comprendre la situation des enfants, dans les pays en voie de développement. Afin de donner une réelle va-

leur à leur action, les élèves ont choisi d’autofinancer leur projet. Pour cela, des cartes de vœux sur le thème de la liberté ont été réalisées, par deux classes de quatrième qui les ont rejoints. Elles ont en-suite été vendues par des vo-lontaires, avant les vacances de Noël 2002. C’est ainsi que 122 jeunes du collège Paul Bert d’Auxerre sont devenus les parrains de la classe de CM2 de l’école de Kandia, au Sénégal.

De Kandia (au Sénégal) à Ouidah (au Bénin)

L’opération des cartes de vœux a remporté un tel succès (plus de 630 jeux de 10 cartes vendus) que les bénéfices ont dépassé largement toutes les prévisions. Les élèves, qui ont manifestement parfaitement compris le sens du mot soli-darité, ont immédiatement décidé d’utiliser cet argent pour faire une seconde opéra-tion parrainage, mais cette fois, d’une manière un peu différente... En effet, par l’intermédiaire d’« Aide et Action », il est également possible de parrai-2

Une des cartes de vœux

L’exposition de juin 2003

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Les actions déjà engagées cette année

La première mission que s’est fixé le club est d’acheminer les colis contenant les diction-naires, jusqu’à la capitale du Bénin, afin que le responsable local d’« Aide et Action » puisse ensuite les prendre en charge. Mais un certain nom-bre de problèmes restent à solutionner. Tout d’abord, il nous a fallu trouver un trans-porteur fiable. Il semblerait que ce soit désormais chose faite. En effet, un professeur du collège de Joigny, lui-même béninois, a proposé de nous garder une place dans le conteneur qu’il doit expédier avec son association, en juin prochain. Certes, cela fait en-

core de longs mois à attendre, mais si l’on veut que les dic-tionnaires arrivent à bon port, il faut prendre un maximum de précautions. Nous avons par ailleurs obtenu de Mon-sieur l’ambassadeur du Bénin en France, une lettre garantis-sant un passage en douane gratuit et sans encombre. Il ne reste donc plus qu’à organiser la réception. Les élèves ont d’ores et déjà préparé un premier courrier pour Yvette et ses camarades, qui doit partir dans les jours à venir: il contient, des lettres, un calendrier 2006, des repor-tages sur les fêtes en France (Noël, carnaval, anniversaire), ainsi que des décorations de Noël et des pralines pour no-tre petite protégée et tous ses camarades.

insiste sur le fait que les pré-sents doivent être destinés à l’ensemble du groupe. Le seul problème dans tout cela, c’est le temps d’acheminement des courriers, véritablement très long. Chaque année, des ac-tions au niveau du collège sont entreprises, afin de récol-ter des fonds, destinés à ren-flouer les caisses.

Les actions de l’an passé Comme l’année précédente, les élèves ont profité des réunions parents professeurs pour présenter leur travail à travers une petite exposition et donner envie, à ceux qui le désirent, de participer à leur action, en achetant boissons et gâteaux (confectionnés par

leurs soins). Cette opération a été couronnée de succès, puis-que les bénéfices ont dépassé les 250 euros. Pour avoir les moyens de leurs ambitions, les élèves ont ensuite organisé un concert de solidarité, qui a eu lieu à la Salle Vaulabelle, le mercredi 4 mai 2005. Les bénéfices de ce concert ont été partagés entre, d’une part, l’artiste, Chantal Eden, et son équipe (pour les frais engagés) et, d’autre part, le club parrai-nage. Ce fut une soirée gé-niale !!! (voir article en p. 4). Le Conseil Général a par ail-leurs offert 50 dictionnaires de langue française, qu’il ne reste plus qu’à faire achemi-ner jusqu’au Bénin, et des dizaines de stylos, déjà parve-nus à destination.

continue à fonctionner aujour-d’hui. Cette année, il y a plus d’une vingtaine de membres, de la sixième à la troisième et les réunions ont lieu le jeudi, entre 12 h 45 et 13 h 25. Dans ce club, toutes les déci-sions importantes (actions, gestion des fonds…) sont pri-ses par les élèves, le seul adulte présent, M. Dollé, n’ayant qu’un rôle de coor-donnateur. En plus des 250 E annuels qui sont donnés à l’association « Aide et Ac-tion », pour financer les étu-des d’Yvette, des courriers sont régulièrement envoyés avec, dans les paquets, des surprises, comme des petits cadeaux, des dessins, du petit matériel scolaire… Afin qu’Yvette ne soit pas considé-rée comme une privilégiée dans son village, elle est en quelque sorte l’ambassadrice de toute sa classe, qui compte plus de soixante-dix élèves ! Pour cela, « Aide et Action »

ner un seul enfant, mais c’est là un engagement sur un mi-nimum de trois ans. Cela n’a pas arrêté nos jeunes parrains, qui ont constitué un dossier pour permettre à une petite fille du Bénin d’aller à l’école. Leur choix n’a pas été le fruit du hasard car, d’une part, les filles sont les plus touchées par l’analphabé-tisme, et d’autre part, le Bénin est un des pays les plus pau-vres de la planète. C’est ainsi qu’en mars 2003, les élèves parrains de la classe de CM2 de Kandia sont éga-lement devenus parrains de la petite Yvette, béninoise alors âgée de 8 ans.

Le club parrainage Le parrainage avec le Sénégal s’est achevé en juin 2003. Mais une quinzaine d’élèves volontaires a repris le flam-beau, dès la rentrée de sep-tembre suivant, dans le cadre d’un « club parrainage », qui

Le Club Parrainage en 2004

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Lors d’une des réunions parents professeurs

Le Club Parrainage en 2005

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té aux répétitions, nous nous sommes un peu entraînés, puis nous avons mangé tous ensemble. Chantal est une personne très gentille et très simple. On sent qu’elle a le cœur sur la main. Le concert a commencé vers 20 heures et a duré plus de deux heures. Nous avons eu franchement le tract lorsqu’il a fallu monter sur scène devant tout le monde, mais ça a été génial ! Pour la première chanson, on a été un peu timide, mais pour la seconde, on a vraiment donné de la voix. Les chan-sons étaient très belles et les textes très forts. Chantal avant chaque morceau a expliqué pourquoi elle avait composé cette chanson. C’était parfois un peu triste, comme lors-qu’elle a expliqué qu’une des chansons était dédiée à un ami disparu, ou lorsqu’elle a présenté celle qui parle des deux jeunes africains retrou-vés morts dans la soute du train d’atterrissage d’un avion, à Bruxelles, il y a quel-ques années. A la fin du concert, l’ambiance était vrai-ment très électrique: nous étions tous montés sur nos sièges et on frappait dans nos mains le plus fort possible. Nous n’oublierons jamais cette soirée et nous remer-cions tous ceux qui nous ont fait confiance et qui sont ve-nus assister au concert pour Yvette. Les bénéfices ont été partagés entre l’équipe de Chantal Eden et le Club parrainage, ce qui va nous permettre d’aller encore plus loin de notre ac-tion.

Marine Dondon

donnés à des personnes en difficultés faisant partie d’une chorale. La solidarité sous toutes ses formes, en quelque sorte… Chantal Eden a fait un cadeau très particulier à une des membres de notre club, qui co-animait une émission à Radyonne. Elle a en effet of-fert une interview exclusive à Anaïs. Nous avons tous écou-té l’émission ce soir là et c’était vraiment très bien. Finalement, le grand jour est enfin arrivé. Cela a été vrai-ment magique, car nous avons passé tout l’après midi du 4 mai dernier, avec Chantal et son équipe. Nous avons assis-

nes de magasins de l’Auxer-rois… Chantal Eden nous a même proposé de chanter sur scène avec elle sur trois chan-sons. Au départ, cela nous a fait un peu peur, mais Colette Dizier est venue pour nous faire répéter avec deux jeunes musiciennes et après ce sont M. Dollé et M. Demurger qui ont pris le relais. Nous avons vendu en tout plus de deux cents places adultes. Certaines personnes nous ont même pris des tickets, alors qu’elles ne pouvaient pas venir, simple-ment parce qu’elles trouvaient notre action intéressante. Ces tickets ont ensuite été offerts aux Restos du Cœur, qui les a

Le 5 Novembre 2004, nous avons été contacté par Colette Dizier, collaboratrice et musi-cienne de la chanteuse fran-çaise Chantal Eden. Cette der-nière avait découvert notre club parrainage sur le site académique « Envie d’Agir » et avait été très touchée par notre action, menée envers le Bénin. Elle nous a alors pro-posé d’organiser un concert, en l’honneur d’Yvette. C’est avec beaucoup d’enthou-siasme que nous avons accep-té cette proposition. Chantal Eden est une artiste formida-ble, auteur compositeur et interprète. Originaire de Fran-che-Comté, elle a déjà cinq albums à son actif et est très connue en Belgique et au Ca-nada. Elle commence à l’être également dans notre pays. Elle écrit de très beaux textes engagés sur la Solidarité, les Droits de l’Homme, la Na-ture, la Liberté, … Chantal Eden est aussi la marraine de l’association O.P.D.E France qui aide les enfants d’Afrique des grand lacs. L’organisation d’un concert n’est pas chose facile. Il nous a tout d’abord fallu trouver un lieu et une date. Monsieur Ferez, maire d’Auxerre nous a gracieusement offert la salle Vaulabelle et nous l’en remer-cions. Nous avons opté pour le mercredi 4 mai, veille de l’ascension, afin que nous puissions profiter pleinement de la soirée, sans craindre d’être trop fatigués pour re-prendre les cours le lende-main. Nous nous sommes occupés de toute la préparation: vente des tickets, publicité dans la presse locale et sur les vitri-

LE CONCERT DE CHANTAL EDEN: UN MOMENT MAGIQU E

Le 4 mai dernier, Chantal Eden a fait un concert de solidarité en l’honneur d’Yvette. Nous avons passé une soirée mémorable. Les mélodies étaient très belles et les textes en-gagés nous ont fait réfléchir aux problèmes de notre société. Cette action va nous permet-tre de renforcer notre engagement auprès de l’école de notre petite filleule. Chantal Eden

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Chantal et nous sur scène

Chantal Eden, Jérôme et Anaïs, à Radyonne

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DES PROGRES ENCOURAGEANTS

Yvette fait de plus en plus de progrès et nous sommes tous et toutes très fiers d’elle...

pour progresser, ce qui lui permettra un jour de faire le métier qu’elle veut. Et qui sait, peut-être exercera t-elle un métier qui contribuera au développement de son pays… Nous avons beaucoup d’es-poirs pour elle.

Les élèves du club parrainage

attendons chaque courrier avec beaucoup d’impatience, mais hélas, les échanges avec le Bénin sont très lents. Il nous faut souvent attendre entre trois et cinq mois pour avoir des nouvelles. Nous espérons tous qu’Yvette continuera à faire des efforts,

manophones. Maintenant, Yvette sait lire et écrire suffi-samment bien pour nous en-voyer des petites lettres que nous avons beaucoup de plai-sir à lire… Dans la dernière, elle nous parlait de la saison des pluies qui venait de com-mencer dans sa région. Nous

Yvette a désormais 11 ans. Elle vit avec sa famille, dans le sud du Bénin, à Agbanou, un quartier de la ville de Ouidah. Son père se pré-nomme Pascal et est peintre en bâtiment. Louise, sa mère, s’occupe des tâches ménagè-res. Yvette a deux sœurs de même mère. Sa langue tradi-tionnelle est le Fon et elle est de religion animiste. Désormais scolarisée en CE2, c’est une petite fille pleine de vie, qui adore s’amuser avec les autres enfants de son quar-tier. Elle aime particulière-ment jouer à cache-cache et pratiquer le « bountou » (jeu de claquettes). Elle aime bien également imiter sa maman, en faisant la cuisine ou en al-lant au marché. Dans son quartier, Yvette aide ses pa-rents dans les petits travaux domestiques : elle va puiser de l’eau et va aussi chercher du petit bois dans la brousse pour la cuisine familiale. L’école primaire publique d’Agbanou scolarise environ huit cents élèves, dont près de la moitié de filles, encadrés par douze enseignants. Cela fait une moyenne de soixante-sept élèves par classe ! Grâce à l’argent que notre collège envoie, les conditions d’ap-prentissage de toute la classe d’Yvette vont peu à peu pou-voir être améliorées… Yvette a fait de gros progrès ces derniers temps et nous sommes très fiers d’elle. Dans son tout premier courrier, elle n’avait pu nous envoyer qu’une petit dessin avec un mot. Il faut dire que le fran-çais n’est pas sa langue ma-ternelle. Il est donc aussi dif-ficile pour elle de l’apprendre que pour nous de devenir de parfais anglophones ou ger- 5

La dernière lettre d’Yvette

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La géographie du pays Le Bénin est un petit pays d’Afrique, situé entre le Togo à l’ouest et le Nigéria à l’est. Sa superficie est de 114 763 km² et sa population s’élève à environ 6 800 000 habitants. C’est une république, dont le président est élu pour cinq ans (comme chez nous). Le Bénin appartient à la zone intertropicale. Son climat est chaud et humide. La tempéra-ture tourne toute l’année au-tour des 25°. Il y a quatre sai-sons pluviométriques: une grande saison des pluies, d’avril à juillet, une petite sai-son sèche, en août et septem-bre, une petite saison plu-vieuse, en octobre et novem-bre et une grande saison sè-che, de décembre à mars. Son relief est assez mono-tone ; il n’ y a des montagnes que dans le nord du pays et elles ne dépassent guère les 800 mètres d’altitude, dans la chaîne de l’Atacora. Deux types de végétation existent au Bénin: au sud, on

rencontre une mosaïque de cultures et de jachères avec ça et là des îlots de forêt, des savanes arborées et arbusti-ves.; au nord, domine la sa-vane arborée (baobabs, kapo-kiers, karités, nérés…). Au nord toujours, des forêts abri-tent les grandes réserves natu-relles du pays.

La population La population du Bénin est très diversifiée. On compte pas moins d’une vingtaine de peuples différents: au sud, les Aja, Waci, Gen, Xuéda, Xwla, Ayizo, Toli, Fon, Yo-ruba et Gun. Yvette appartient à l’ethnie Fon. Au centre, on trouve les Maxi et les Yoruba, tandis qu’au nord, on ren-contre les Batombu, Debdi, Mokolé, Fulbe, Cenka, Hau-sa, Bemtammaribe, Waaba, Bebelbe, Natemba, Yowa et Lekpa. Ces groupes ethniques parlent une quinzaine de dia-lectes différents. Le Fon fait office de langue véhiculaire et le français est la langue offi-

LE BENIN: LE PAYS D’YVETTE

Yvette habite un petit pays d’Afrique: le Bénin. Mais que savez-vous de cette lointaine contrée ? Savez-vous par exemple que le culte vaudou, qui s’est répandu ensuite jusqu’aux Antilles, est né là-bas ? Savez-vous que la côte du Bénin était autrefois une des principales sources d’approvisionnement du commerce triangulaire ?

Village traditionnel du Bénin 6 Une route du Bénin

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cielle du Bénin. La langue maternelle d’Yvette est le Fon, et le fait d’apprendre le français lui sera d’une grande utilité dans sa vie d’adulte, car toutes les formalités admi-nistratives se font dans Cette langue. La religion dominante au Bé-nin est l’animisme (à 65 %), c’est-à-dire la religion tradi-tionnelle. C’est une religion polythéiste dont les divinités principales sont Mahou et Lissa; c’est le couple fonda-teur qui aurait créé le ciel et la Terre. Vient ensuite Hevieso: représenté par un bélier, il incarne la divinité des phéno-mènes a tmosphér iques (foudre…). On trouve encore Sakpata et Dan, considéré comme le symbole de la fé-condité. Le culte de Dangbe (Dan: serpent, Gbe: bon) est particulièrement célébré à Ouidah, ville où habite Yvette. C’est au Bénin que serait né le culte Vaudou, en-core très répandu dans le pays. Le Bénin a une population

essentiellement rurale (à 80 %), mais il y a des zones de très forte densité, comme la zone côtière où se trouvent les villes principales: Cotonou (750 000 hab.) et Porto-Novo (la capitale: 200 000 hab.). Les habitants vivent pour l’es-sentiel dans des cases, sauf dans les villes. La Bénin a une popula-tion jeune: la moitié des habitants a moins de 15 ans. Le taux de mortalité infantile est de 94 %O, ce qui est beau-coup. L’es-pérance de vie n’est que de 51 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes, ce qui est très peu comparé à un pays comme le nôtre. Quant au taux d’alphabétisation, il n’est que de 59 % ! Et seule-ment 22 % des enfants de 12

notamment des pays enclavés (sans façade maritime). Le pays manque toutefois cruel-lement d’infrastructures de transport: les routes sont trop peu nombreuses et très mal entretenues. L’artisanat oc-cupe également une place im-portante, et notamment l’arti-sanat d’art (statues..). Le Bénin a des ressources naturelles (pétrole, marbre, bois, or, fer, phosphate), mais ces richesses ne sont encore que très peu exploitées, ou alors par des compagnies étrangères.

Ouidah, la ville d’Yvette Yvette habite Agbanou, un des quartiers de la ville de Ouidah, sur la côte sud du Bénin. Ouidah est une petite ville au passé très lourd, puis-que c’était autrefois un des ports de départ pour le com-merce des esclaves. Il y a d’ailleurs là bas un monument qui rappelle cela : la porte sans retour… Un nom qui en dit long.

à 17 ans sont scolarisés., la plupart d’entre eux quittant l’école, après le cycle pri-maire.

L’économie Le Bénin est aujourd’hui un

des pays les plus pauvres d ’ A f r i q u e . Son écono-mie repose essent iel le-ment sur les cultures vi-v r i è r e s (sorgho, ma-nioc, hari-cots, riz, igname...) et commercia-les (coton, arachide, ka-

rité, kapok…). Le pays arrive à nourrir à peu près correc-tement sa population, ce qui n’est déjà pas si mal. Le com-merce joue un grand rôle dans l’économie du Bénin. Sur son territoire, transitent de nom-breux produits à destination

Le Temple des Pythons, à Ouidah Une rue de Ouidah

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Une agriculture surtout vivrière

L’hôpital de Ouidah La Porte sans retour

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Le Foutou d’ignames L’igname est une plante grimpante dont la ra-cine est très volumineuse et donne une excel-lente fécule. La cuisson est longue et varie avec la qualité du produit. Il faut compter environ 1 h 30. On peut les préparer comme des pommes de terre, en purée, frites,etc. Préparation: 45 minutes; Cuisson: 2 h 30. Ingrédients: ¤ 1,5 kg d’igname ¤ 500 g de viande ¤ 2 oignons ¤ 3 tomates fraiches ¤ 1 courgette ¤ 1 cuillerée de concentré de tomate ¤ du sel, du piment.

> Mettre l’igname à cuire à l’eau sans sel. > Faire cuire également la viande, mais dans de l’eau salée, avec les oignons. > Pendant ce temps, éplucher les légumes, les laver, les couper en morceaux. > Lorsque l’igname est cuite, verser son eau de cuisson sur la viande en cours de cuisson. > Ajouter les tomates, les courgettes, le concentré de tomate et le piment. > Laisser cuire le temps nécessaire. > Piler l’igname, malaxer la pâte bien pilée et encore tiède, afin de la rendre légère et lisse. > Façonner cette pâte en pain ovale de taille moyenne. > Déposer sur un plat et couvrir pour maintenir chaud. > Au moment de servir, couper le pain d’igname en tranches épaisses. Servir avec la sauce et la viande. Remarque: on peut remplacer l’igname par du manioc ou des bananes plantains peu mûres. Bon appétit...

Directeur de la publication: M. Philippon; Mise en page: M. Dollé; Rédaction des articles: les élèves du club parrainage (Mandy Bailly, Baptiste Bordelot, Séverin Brisset, Pierrick Deffein, Michel Direz, Alexis Djeghlal, Brice Dol-let, Amandine Flé, Maxime Fleury, Anaïs Fortin, Damien Gibki, Mélanie Gou-reaux, Justine Hermier, Rachel Hoarau, Christopher Lecomte, Laura Lemeux, Christopher Levé, Alexandra Matheu, Cassandra Regnier, Sara Rhabi, Amélie Ragot, Lara Saussey). Remerciements à Marine Dondon, pour son article.

Et le ciel recula

Il y a longtemps, bien longtemps, avant que nos an-cêtres ne viennent s’établir dans cette contrée, le Ciel et la Terre, non seule-

ment vivaient en bonne compagnie, mais résidaient à proximité l’un de l’autre. Ils pouvaient ainsi se concerter lors de décisions importantes à prendre, qui concernaient la survie de l’humanité aussi bien que des animaux, des plantes, des roches et minéraux dont le rayonnement apportait tant de bienfaits. Le Ciel pen-chait bien souvent son regard bienveillant vers les êtres vivants juste en dessous de lui. Il se courbait si fort qu’il lui arrivait de frôler la cime des manguiers et des fromagers. Parfois même, des vieux très grands de taille, comme ceux qui habitent les bords du fleuve, sentaient un frisson parcourir leur crâne aux cheveux soigneusement rasés. Ils savaient alors que le ciel leur témoignait une attention toute spéciale. Ils en retiraient un sen-timent encore plus aigu de leur importance et de leurs responsa-bilités. Un jour, une jeune femme, saisit une jarre de terre cuite et la plaça sur les trois pierres qui constituaient le foyer. Le bois avait déjà donné de hautes flammes. A présent, les braises rou-geoyaient en sifflant harmonieusement, comme pour donner le maximum de leur chaleur. La femme s’activait, maniant avec dextérité la longue spatule de bois qui servait à remuer le mé-lange d’eau et de farine fermentée, afin d’obtenir une pâte ho-mogène à la surface bien lisse. Elle réalisait toutes ces opéra-tions en silence, car la concentration était nécessaire à une pleine réussite de cet art, qui demeure délicat même s’il se ré-pétait quotidiennement. Après avoir fini de cuire la pâte de maïs qui constituait l’essentiel du repas familial, la jeune femme racla soigneusement le fond de la marmite pour la dé-barrasser des morceaux qui y restaient attachés. Elle y versa deux ou trois calebasses d’eau qu’elle prit d’un énorme réci-pient, de terre cuite également, placé près du puits pour conte-nir la réserve pour la journée. Malencontreusement, elle remua la marmite en tout sens, puis, d’un geste distrait, elle lança le contenu bien haut, de toutes ses forces. Malheur ! L’eau s’éleva si haut qu’elle s’en vint cogner la voûte céleste. Le Ciel, bien entendu, se mit en colère. Il gronda de plusieurs coups de ton-nerre sans qu’il fasse réellement de l’orage. Mais cela ne suffit point à l’apaiser. - Que ferais-je pour manifester mon mécontentement ? dit-il à nouveau, dans un roulement sourd. Tomber de toute ma puissance sur cette femme et l’écraser ? Cela ne convient pas à ma grandeur. Je ferais mieux tout sim-plement de me mettre désormais hors de la portée des humains. Depuis ce jour, le Ciel se retira loin, bien loin de la Terre. Il ne consentit plus jamais à descendre jusqu’à une distance de contact avec les humains. Quelques morceaux de pâte de maïs flottaient dans l’eau qui le toucha. Ils y restèrent collés et for-ment aujourd’hui les étoiles. C’est ainsi que par l’inadvertance d’une femme, la face du monde fut irrémédiablement changée.

Extrait du "Caméléon bavard" de Dominique Aguessy, éditions Lharmattan (Bénin) .

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