La Méditerranée, un défi pour l’Europe

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La Méditerranée, un défi pour l’Europe Fr. Michel Van Aerde op Directeur d’Espaces

Conférence donnée à Pozzalo (Sicile) en juillet 08

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INTRODUCTION

Une histoire commune

L’empire romain à son apogée Je suis désolé, nul n’est parfait et je suis français d’une part et je ne parle pas l’italien d’autre part. Mais ce faisant, je me souviens avoir écouté à la radio le général De Gaulle, dans son discours d’Alger, dire avec son ton de voix inimitable : « Je vous ai compris » et le fameux « tous français, de Dunkerque à Tamanrasset ». Avec cette phrase choc : « La Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris » ! Tout cela est d’un passé maintenant très lointain. Je vous remercie de m’avoir invité à donner cette conférence, ce qui m’a obligé à étudier très sérieusement ce sujet difficile mais très important. Par souci de sérieux, j’ai approfondi les réalités socio-économiques. « Le spirituel couche dans le lit du temporel » disait Charles Péguy et notre foi en l’incarnation doit

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nous conduire à étudier la réalité comme elle est, pour ne pas former des théories inadaptées. La Méditerranée a deux rives, nord et sud, séparées par le détroit de Gibraltar d’une part et par le Bosphore d’autre part. Mais ces deux rives se trouvent aussi, du fait de la migration, dans tous les quartiers des villes de l’Union Européenne, dans tous les villages ruraux aussi. Et ces deux rives sont aujourd’hui très différentes, au plan culturel et religieux, mais aussi aux plans géographiques et naturels. La Méditerranée sépare clairement deux continents géographiques, les schémas suivant le manifestent clairement pour les ressources en eau. Deux continents socio-économiques aussi, les chiffres de la démographie et de l’économie le montrent aussi :

A. Besoins en eau

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Vincent Dollé CIHEAM/IAM de Montpellier – Conseil Économique et Social. Languedoc Roussillon. 11 Mars 2008 22

Pays mPays mééditerranditerranééens ens àà ressources en eau ressources en eau naturellesnaturelles

moyennesmoyennes par habitant en 2025 (par habitant en 2025 (dd’’apraprèèss les projections les projections EauEauddéémographiques moyennesmographiques moyennes/ONU)/ONU)


Des précipitations mal réparties dans l’espace et le temps

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France, Turquie et Italie concentrent 2/3 des ressources sur un cinquième du territoire

Suggestions :

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De nouveaux référentiels techniques des innovations pour gérer la « crise », des efforts de recherche et de transfert de technologie… quelques exemples…

ÉÉlevagelevage

• Filières fourragères, fourrages d’hiver peu utilisa teurs d’eau• Industrie laitière, qualité du lait

IrrigationIrrigation

• Irrigations de compléments

• Valorisation des eaux usées

• Répartition agriculture/tourisme

CCéérrééalesales

• Matériel végétal spécifique résistance à la sécheres se• Stockage et conservation, panification des céréales

Fruits et lFruits et l éégumesgumes

• Protection phytosanitaire intégrée• Organisation des filières interprofessions• Traçabilité des produits, cahiers des charges, quali té

SystSyst èèmes de productions, mes de productions, éécosystcosyst èèmesmes

- Désalinisation de l’eau de mer L’Algérie s’apprête à réaliser deux grandes implantations de dessalement avant 2009. La première, parmi les plus importantes du monde, sera en mesure de fournir 500 000 mètres cubes d’eau potable par jour à la région d’Oran. La seconde à 100km d’Alger, à Oued Sebt, en produira 100 000 par jour. Israël prévoit d’ici à 2010 une production de 350 millions de mètres cubes, soit la moitié de la consommation domestique du pays. Le problème est le coût en énergie. Les unités les plus performantes produisent à un coût de 0,49€ le mètre cube, c'est-à-dire 5 à 10 fois le prix normal. Certaines techniques, en utilisant des membranes perfectionnées permettront peut être bientôt d’en réduire la consommation de 70%.

B. La situation démographique montre aussi des cont rastes frappants. Au plan démographique, la Méditerranée se caractérise par des déséquilibres démographiques grandissants. Au Nord, les populations ont une croissance stabilisée, elles sont plutôt vieillissantes, alors qu'au Sud et à l'Est de la Méditerranée la croissance reste forte et l'immense majorité de la population est jeune. A l'horizon 2025, un net retournement démographique va s'opérer entre le Nord et le Sud. En effet, les pays du Nord du bassin ne compteront plus que le tiers de l'ensemble des populations de la Méditerranée, alors que les pays du Sud et de l'Est rassembleront prés des deux tiers de toute la population du bassin méditerranéen.

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Ainsi, le facteur humain est-il au cœur des relations euro-méditerranéennes. D'un côté se posent des problèmes de migration et de contrôle des flux de population. D'un autre côté se posent d'immenses problèmes d'éducation et de formation, sans compter les besoins d'emploi pour une population jeune dont la vitalité est débordante.


Le Territoire

le littoral méditerranéen pourra-t-il longtemps sup porter les prévisions de densification de population ?

0

100

200

300

400

500

600

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Évolution de la densité de population dans les régio ns côtières (NUTS 3) méditerranéennes en 1970 - 2000 - 2025 (ha/k m2)

B. La situation économique manifeste des évolutions préoccupantes

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International Centre for Advanced Mediterranean Agronomic Studies

Contexte Contexte ééconomique et social : Dconomique et social : D ééveloppement ruralveloppement rural

Pauvreté

Accès à l’eau

Accès à la santé

Accès à l’éducation

Inégalité des

genres

Proportion de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (moins de 1$ par jour))

1,6

22

12

10

22,5

14,7

30,3

8,3

34,5

27,2

18,2

23,3

0

5

10

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20

25

30

35

40

Algérie Egypte Jordanie Turquie Maroc Tunisie

Source: World Bank 2005

En

%

urbain

rural

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L’effondrement de la balance commerciale agricole au Sud

Evolution de la ba lance commerciale agricole au Sud de la Méditerranée

Algér ie

Egypte

Libye

-3000

-2500

-2000

-1500

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-500

0

500

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1962 1970 1980 1991 2003

en m

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$

Tunis ieMarocAlgérieEgypteLibanIs raë lJordanieSyrieLibye


� UE = 40 % des importations et 45 % des exportations mondiales

� PSEM = 4 % des importations et 2% des exportations mondiales

Des échanges faibles et asymétriques :

� Pour les PSEM, l’UE est le principal partenaire (51% des exportations, 33 % des imports)

� Pour l’UE , les PSEM ne représentent que 10% des échanges

Des échanges faibles et asymétriques

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Le commerce Le commerce agricoleagricole euroeuro--mmééditerranditerranééen en est asymest asyméétriquetrique

L’UE commerce avec les PPM pour 2% de ses importations et exportations agricoles

L’UE polarise 51% des exportations et couvre 33% des importations agricoles des PPM

En 2004, la balance commerciale agricole des PPM avec l’UE25 est positive (+ 0,6 milliards $)….Mais ce résultat est lié au poids de la Turquie, qui assure à elle seule la moitié des exportations

agricoles des PPM vers l’UE25 mais aussi vers le Monde.

Source: COMTRADE

Destination des exportations agricoles des pays partenaires méditerranéens en 2004

(en milliards $)

UE6,5

51,2%

USA0,6

4,7%

RDM4,6

36,2%

PPM1

7,9%

Origine des importations agricoles des pays partenaires méditerranéens en 2004

(en milliards $)

USA3

16,6%

UE5,9

32,6%

PPM1

5,5%

RDM8,2

45,3%

Les écarts de niveau de vie entre l'Union Européenne et les pays tiers méditerranéens sont considérables. Ils sont dans un rapport de 1 à 20 et les PIB1 agrégés de l'ensemble des pays méditerranéens ne représentent que 5% de celui de l'Union Européenne, ce qui est un écart énorme compte tenu de la proximité géographique entre ces pays. L'Euro-Méditerranée fait donc voisiner deux ensembles économiques aux réalités disproportionnées, séparés par une fracture de richesse qui ne va pas en s'amenuisant.

C. Disproportions stratégiques Les fractures qui s'annoncent en Méditerranée sont à la fois économiques, démographiques, stratégiques et culturelles. En Méditerranée, les déséquilibres démographiques rendent le statu-quo non seulement improbable mais impossible. La fracture est devant nous. Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et la fin du communisme, on entend de plus en plus souvent parler de "menace du Sud". Cette représentation stratégique est même devenue dominante dans les média occidentaux. On peut pourtant légitimement s'interroger: qui menace qui? Qui dispose de la capacité de projection de forces militaires, comme l'illustre la guerre du Golf? Qui dispose de l'arme nucléaire, de la maîtrise des satellites et du pouvoir sur l'information, des capacités financières et de la puissance économique, de l'arme alimentaire et de la puissance technologique? Certes le terrorisme existe, mais il

1 PIB = Produit Intérieur Brut

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est l’arme du faible contre le fort, et il est inversement proportionnel à la force de frappe du Nord sur le Sud.

D. Autres difficultés Il n’est pas nécessaire d’insister sur les problèmes de gouvernance des PSEM2, la démocratie, l’état de droit, les possibilités de développement. Ces inégalités ont provoqué des migrations importantes, conduiront-elles à des affrontements ? Nous ne parlerons pas du conflit Iraélo-palestinien, traité dans d’autres exposés. Mais il est clair que dans l’inconscient collectif, la crainte d’affrontements engendre des réactions racistes, des craintes de terrorisme Les titres répertoriés par le journal algérien El Moujhahidine révèlent un pessimisme certain à propos du Mare Nostrum, après la guerre des Balkans et du fait de la dégradation du conflit Israélo-palestinien : « Méditerranée: le Nord contre el Sud 1, Enjeux Méditerranéens 2, Le différend méditerranéen 3,La Méditerranée inquiète 4,La Méditerranée en question: Conflits et interdépendances 5,Méditerranée: intégration ou éclatement 6, Mort de la Méditerranée 7. » On peut donc imaginer différents scénarios :

I. Différents scénarios :

A. Une Méditerranée sans convictions : On assisterait à une sorte de dérive des continents. La région serait en voie de dissolution, conséquence d’une politique individualiste, de laisser-faire et de résignation… Ne manqueraient pas les déclarations généreuses des Etats mais elles seraient sans convictions. Ces Etats omniprésents resteraient impuissants faute de s’appuyer sur des acteurs collectifs capables de créer des synergies.

- Des accords bilatéraux entre pays se créent formant des corridors agricoles de libre échange contrastés entre le nord et le sud : pour l’UE il s’agit d’un « boulevard céréalier », carné et laitier, tandis que pour les PSEM ne se forment que d’étroites ruelles, semées d’embûches technico-juridiques, pour quelques produits seulement (fruits, légumes, marchés de niche…) .

- La concurrence mondiale se développe avec une asymétrie renforcée entre le Nord et le Sud. Le plus souvent une minorité d’exploitants contrôle la filière des produits.

2 PSEM Pays du sud et de l’est de la Méditerranée

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B. Une méditerranée crisogène et sous tension


Quels scénarios?

2. Le sc2. Le sc éénario de la rupturenario de la rupture

-- AccAcc éélléération des ration des ééchanges changes «« Nord/SudNord/Sud »» avec avec ouverture non maouverture non ma îîtristris éée des e des ééchangeschanges

-- Effondrement des agricultures du Sud et de lEffondrement des agricultures du Sud et de l ’’EstEst

-- Perte de compPerte de comp éétitivittitivit éé sur les marchsur les march éés ints int éérieursrieurs

-- Perte de compPerte de comp éétitivittitivit éé sur les marchsur les march éés exts ext éérieursrieurs

-- AccAcc èès limits limit éé àà la ressource en eau, des conflitsla ressource en eau, des conflits

-- Un marchUn march éé mmééditerranditerran ééen globalisen globalis éé, des zones , des zones utiles, prosputiles, prosp ééritrit é…é….. pauvret.. pauvret éé

-- Des migrations forcDes migrations forc éées, des flux migratoires non es, des flux migratoires non mamaîîtristris éés s

…….. D.. Dééssééquilibresquilibres ……. Ruptures. Ruptures …… les extrles extr éémismes mismes prospprosp èèrentrent ……. L. L’’euro meuro m ééditerranditerran éée disparae dispara îîtt……

Ce scénario pessimiste aboutit aux résultats suivant : - Dégradation de la situation sociale, du fait de l’insécurité alimentaire et de la pression démographique. Emeutes de la faim. - Conflit pour la répartition de l’eau, en particulier en Egypte. - L’UE, tournant le dos à la Méditerranée, opte pour le repli. Cette politique entraîne en spirale toute une série de dynamiques défavorables : - L’agriculture méditerranéenne perd sa singularité, seules les grandes exploitations survivent. La grande distribution impose son cadre normatif de plus en plus exigeant, marginalisant les petits producteurs. - L’articulation monde rural/monde urbain est définitivement cassée. L’arrière pays est oublié par les pouvoirs publics, condamné à la pauvreté, à l’enclavement. Les extrémismes politiques et religieux y prospèrent. - L’UE se crispe, diminue sa coopération. Face à la mondialisation et alors que les grands pôles régionaux s’organisent, l’Europe et la Méditerranée font le choix de s’ignorer, la région s’efface de la carte géo-économique du monde.

- Destruction des agricultures familiale, faible influence des associations de consommateurs,

- La production de biocarburants conduit à l’enchérissement des produits agricoles, à une surexploitation du sol.

- Urbanisation croissante, malnutrition, violences sociales - Croissance des migrations. - Dérèglement climatique - Pénurie d’eau douce

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C. Une Méditerranée éclatée mais réactive : coexis tence mais sans convergence C’est la situation symétrique à celle du premier scénario. Les tensions existent mais l’on tente de réagir pour s’adapter, par des stratégies choisies, aux multiples chocs produits par la mondialisation. On peut caractériser cette « politique » par les points suivants

- Recherche d’opportunités de coopération - La Méditerranée se construit à la carte, au gré des circonstances et selon

des logiques politiques fondées sur la primauté de l’intérêt bien compris. - L’espace méditerranéen est éclaté mais réactif, désordonné mais

occasionnellement structurant. Il est tout à la fois intéressant, subtil et insuffisant.

- Prolifération d’actions concrètes entre les acteurs étatiques ou autres, face à des défis menaçants (catastrophes naturelles, tensions sur les marchés agricoles, crise sanitaire…) ou à une opportunité singulière (opérations mutuellement profitables, soubresauts de la géopolitique).

- Ex : l’Algérie troque son gaz contre du blé ukrainien. - Présence renforcée d’acteurs extra-méditerranéens : les USA

entreprennent une nouvelle diplomatie, les ONG tentent d’aider, US Aid agit contre la faim, pour la formation, l’optimisation de l’eau. La Chine développe un plan d’aide pour construire de nouveaux marchés solvables. Les Pays du Golfe interviennent avec solidarité. Tout cela est positif mais insuffisant : il ne s’agit pas là de faire de la région un espace commun de solidarité et d’échanges.

Concrètement on aboutit aux résultats suivants : - Lutte contre les changements climatiques et leurs conséquences : en

particulier en Espagne et Maghreb contre la désertification - La France exporte des céréales et des produits laitiers, en ouvrant

réciproquement son marché aux fruits et aux légumes. - L’Egypte mise sur une relation privilégiée avec l’Italie - L’Allemagne et les Pays-Bas trouvent des moyens financiers et politiques

pour développer la coopération agricole et environnementale avec les PSEM, dans les domaines de l’eau, des cultures hors-sol, la mise en marché des productions. Partenariats techniques et matériels se développent pour lutter contre les incendies de l’été.

- Une certaine mise en commun de l’expérience se développe pour quelques niches commerciales comme par exemple l’huile d’olive (Espagne, Italie, Tunisie, Grèce, Syrie).

- Circuits de distribution tendent à devenir de plus en plus courts - Un tourisme vert se développe. - Les activités des femmes sont soutenues en particulier par le développent

d’un système de prêt adapté aux pauvres (microfinance).

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On assiste donc à une diplomatie de circonstance, suivant les urgences, qui permet des avancées au coup par coup via un bilatéralisme stratégique ou un regroupement thématique sur des dossiers précis. Il s’agit d’une coopération guidée par l’intérêt, qui produit parfois de bons résultats mais qui manque d’anticipation et ne vise pas une forme d’intégration. On aboutit ainsi à une Méditerranée « à plusieurs vitesses », où seuls comptent les espaces utiles mondialisés, les centres urbains et les sites touristiques. Cela est finalement peu structurant, ne fait qu’adoucir le scénario 2 qui viendra tôt ou tard s’imposer.

D. Scénario 4 Une Euro Méditerranée en confiance : un espace méditerranéen solidaire et intégré


Quels scénarios?

3. Le sc3. Le sc éénario des alliances et de la convergence, nario des alliances et de la convergence, construction dconstruction d ’’un nouvel espace euroun nouvel espace euro --mmééditerranditerran ééenen

-- LL’’Europe sEurope s ’’ intint ééresse resse àà la mla m ééditerranditerran éée du sud, e du sud, ouvertures douvertures d éémocratiques au sud et mocratiques au sud et àà ll ’’est, de nouvelles est, de nouvelles nnéégociations en 2010 gociations en 2010 ……

-- La question agricole et la sLa question agricole et la s éécuritcurit éé deviennent des deviennent des prpr ééoccupations centralesoccupations centrales

-- des instruments de contrôle sanitaire harmonisdes instruments de contrôle sanitaire harmonis ééss

-- des produits mdes produits m ééditerranditerran ééens de qualitens de qualit éé circulentcirculent

-- une diune di èète mte m ééditerranditerran ééenne produite avec des produits enne produite avec des produits issus des terroirs missus des terroirs m ééditerranditerran ééens ens ………….. Du .. Du developpement developpement local et territoriallocal et territorial

-- un espace euroun espace euro --mmééditerranditerran ééen de productions de en de productions de connaissances, de compconnaissances, de comp éétences, de capacittences, de capacit éés, progrs, progr èès et s et compcomp éétitivittitivit éé, , projet de dprojet de d ééveloppement mveloppement m ééditerranditerran ééen en durabledurable

Ce scénario suppose une mobilisation de tous les décideurs : opérateurs privés, producteurs, société civile, qui prennent conscience des risques réels d’une Euro-Méditerranée qui ne développerait pas ses coopérations.

- Dans un monde très instable, où la Méditerranée est perçue comme un axe majeur de crises, l’Europe, ayant achevé ses élargissements, se tourne vers les PSEM, tampons entre l’UE et l’Afrique.

- De leur côté, les PSEM perçoivent l’importance d’une coopération avec la rive nord qui crée beaucoup de richesses.

- De ce fait, la région affirme sa pertinence géopolitique et gagne en visibilité géo-économique.

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Ce scénario se construit principalement autour de l’agriculture, dans toutes ses dimensions parallèlement à la construction européenne autour du charbon et de l’acier, et finalement de l’agriculture avec la PAC3. Cette PAC doit évoluer. Les prix agricoles sont à la hausse, c’est le moment pour l’élargir aux PSEM en développant en particulier la recherche commune (érosion des sols, utilisation de l’eau, maladies) en reliant les centres scientifiques. Il s’agit de créer une solidarité de fait qui rende le partenariat de plus en plus indispensable. L’effet se ressentirait sur l’environnement, les conflits autour de l’eau, la sécurité alimentaire, les équilibres socio-économiques. Mettre l’agriculture au cœur de la coopération euro-méditerranéenne, c’est, comme pour la construction européenne, trouver le ciment capable de faire tenir un projet géopolitique structurant. Il est nécessaire aussi de développer une politique bancaire, foncière, commerciale (normes internationales). Cela doit bénéficier aux producteurs, aux transporteurs, aux distributeurs et favoriser les investissements dans le stockage et la traçabilité. La stratégie adoptée repose sur la promotion de la culture alimentaire méditerranéenne par la création d’un label méditerranéen pour les produits typiques de la région : identité, qualité, sécurité (santé et environnement). Cela est marqué par la création d’une journée annuelle de l’alimentation méditerranéenne l’été avec collaboration de la FAO, de l’Unesco et de l’OMS. Un souci est porté à l’articulation du tourisme avec l’agriculture et à la relation nécessaire entre le littoral avec l’arrière pays. Il faut veiller à ce que l’abolition des barrières tarifaires ne s’accompagne pas d’une mise en place de barrières non tarifaires (normes sanitaires, phytosanitaires, environnementales). Il faut donc que les PSEM se dotent d’agences nationales de sécurité des aliments comme l’EFSA4, l’autorité européenne, qui a suivi les agences nationales des pays de l’Europe de l’Est au moment de leur adhésion.

Conclusion : - Il s’agit d’une urgence : les années actuelles sont décisives - Il ne s’agit pas d’un pari sur l’avenir, mais d’un impératif stratégique

3 Politique Agricole Commune PAC 4 EFSA Autorité européenne de sécurité des aliments.

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- L’agriculture en sa dimension plurielle (socle des identités, aménagement du territoire, préservation de l’environnement et de la biodiversité, santé publique et nutrition, facteur de croissance économique et structuration socio-structurelle), est un secteur déterminant pour l’identité et la réalisation d’un espace euro-méditerranéen pertinent.

- Il faut faire face aux grands enjeux commerciaux mondiaux en prenant appui sur les complémentarités

- Il est vital de créer des activités non agricoles en zones rurales - Pour sécuriser le paysage foncier, il faut créer des bases de données - Pour délimiter les zones constructibles et les terres cultivables, il faut

renforcer le caractère opérationnel des appareils juridiques. - Le secteur informel doit être rendu compatible avec les systèmes

économiques formels. En effet l’économie informelle régit la vie de travailleurs de plus en plus nombreux. Il s’agit d’établir des normes minimales et de viser à favoriser le passage d’un système à l’autre.

« Il faut imaginer l’exportation de notre capacité d’organisation des filières » V.D. « la France Agricole » 2 mai 2008. « Ce qui serait véritablement porteur d’avenir, serait d’envisager une véritable politique économique régionale, sans aller forcément jusqu’à l’intégration politique, de développer une réflexion qui dépasse le libre échange économique et qui vise véritablement à construire l’EuroMéditerranée… Il vaut mieux créer des emplois et des revenus durables au Sud (en particulier dans les zones rurales) que de relever la hauteur des barbelés entourant Ceuta. » Vincent Dollé Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier. (« vegetable.fr » n°242 février 2008

II. Un défi politique : le « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée » Il s’agit bien d’un défi politique, au grand sens du mot « politique » et, pour être concret, je vous présente un résumé de la toute récente communication de la Commission au Parlement Européen et au Conseil Bruxelles, le 20/05/08 COM(2008) 319/4 COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉE N ET AU CONSEIL

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A. Le « processus de Barcelone: Union pour la Médit erranée » résumé 1. Le partenariat euro-méditerranéen a permis d'aborder de nombreuses questions régionales stratégiques ayant trait à la sécurité, à la protection de l'environnement, à la gestion des ressources maritimes, aux relations économiques par l'échange de marchandises, de services et d'investissements, à l'approvisionnement en énergie (pays producteurs et pays de transit), aux transports, aux flux migratoires (origine et transit), à la convergence réglementaire, à la diversité culturelle et religieuse et à la compréhension mutuelle. 5. La région méditerranéenne est d'une importance stratégique vitale pour l'Union européenne, d'un point de vue tant politique qu'économique. Le processus de Barcelone constitue l'instrument central des relations euro-méditerranéennes depuis 1995. Ce partenariat englobe 39 gouvernements et plus de 700 millions d'habitants

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6. Le processus de Barcelone est l'unique enceinte dans laquelle l'ensemble des partenaires méditerranéens procèdent à des échanges de vues et s'engagent dans un dialogue constructif, et le dialogue politique est régulièrement mis à l'ordre du jour des réunions des ministres et des hauts fonctionnaires euro-méditerranéens. Il reflète un engagement ferme en faveur de la stabilité régionale et de la démocratie par l'intermédiaire de la coopération et de l'intégration régionales, et vise à tirer parti du consensus dans ce domaine pour poursuivre sur la voie des réformes politiques et socio-économiques et de la modernisation. La persistance du conflit au Moyen-Orient a cependant soumis le partenariat à rude épreuve. 7. Il faut renforcer la démocratie et le pluralisme politique, les droits de l'homme et les libertés. Cependant, l'objectif consistant à faire avancer les réformes et à s'engager de façon plus décisive dans le processus visant à renforcer la gouvernance et la démocratie participative a été tempéré par les événements mondiaux et régionaux. 8. Une caractéristique très positive de la décennie écoulée est le fait que les dialogues avec différents acteurs politiques et économiques – la société civile, notamment les organisations de femmes, et les médias – occupent une place désormais plus centrale dans le processus. 9. Il faut renforcer la coopération dans le domaine de l'éducation et de la formation 11. L'insuffisance de la croissance et la poursuite de l'expansion démographique ont eu pour effet d'élargir l'écart de prospérité existant entre l'UE et la plupart des pays méditerranéens et aucune véritable convergence économique n'a été observée. 12. Le manque apparent de prise de responsabilités de la part des partenaires méditerranéens est une source de préoccupations partagées. L'absence d'équilibre institutionnel entre l'UE, d'un côté, et les partenaires méditerranéens, de l'autre est préoccupante. Une autre lacune du processus de Barcelone réside dans sa faible visibilité et dans le sentiment qu'ont les citoyens que l'on ne fait pas grand-chose pour résoudre leurs problèmes quotidiens ni pour répondre à leurs véritables besoins.

B. Portée et principaux objectifs Coopération dans les domaines suivants : migration, intégration sociale, justice, sécurité

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17. Le «Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée» sera un partenariat multilatéral. En étant axé sur des projets régionaux et transnationaux, il devrait multiplier les possibilités d'intégration et de cohésion régionales. Il englobera tous les États membres de l'UE et la Commission européenne, ainsi que les autres membres et observateurs du processus de Barcelone (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Jordanie, Autorité palestinienne, Israël, Liban, Syrie, Turquie et Albanie), de même que les autres États riverains de la Méditerranée (Croatie, Bosnie-et-Herzégovine, Monténégro et Monaco).

C. Renforcement des relations 20. Sommets bisannuels des chefs de gouvernement

Le prochain est fixé à Paris le 13 juillet 2008 avec l’ordre du jour suivant : - aboutir à la décision formelle de créer le «Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée» - établir sa structure, son mode de fonctionnement et ses objectifs principaux. 21. réunions des ministres des affaires étrangères entre les sommets 23. L'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM)

D. Un meilleur partage des responsabilités coprésidence 25. L'un des présidents sera originaire de l'UE et l'autre d'un pays partenaire méditerranéen. 26. Dès l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la présidence du côté de l'Union européenne sera exercée par le président du Conseil européen et le président de la Commission (au niveau des chefs d'État et de gouvernement), et par le Haut représentant / vice-président de la Commission, au niveau des ministres des affaires étrangères. 27. La sélection du coprésident du côté des pays partenaires méditerranéens se fera par consensus. Son mandat sera fixé à deux ans

E. Gouvernance institutionnelle et secrétariat 28. secrétariat

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Pour être plus visible et mieux adapté à la réalité, le nouveau «Processus de Barcelone: une Union pour la Méditerranée» devrait être résolument centré sur des projets.

- Tâches: le secrétariat sera le point de convergence des initiatives de projets

- Les frais de fonctionnement du secrétariat (personnel d'appui, équipement, etc.) seront pris en charge à parts égales par l’UE et les partenaires méditerranéens.

- L'implantation du siège fera l'objet d'une décision à l'unanimité. Le pays hôte mettra gratuitement les locaux nécessaires à la disposition du secrétariat. 29. Amélioration de la gouvernance institutionnelle : un comité constitué de représentants de l'ensemble des États membres, des partenaires méditerranéens et de la Commission spécialement désignés à cet effet sera créé. Dénommé «comité permanent conjoint» et composé de représentants permanents des différentes missions concernées présentes à Bruxelles, il sera basé dans cette ville.

ANNEXE I

PROPOSITIONS DE PROJET

1. Autoroutes de la mer Il s’agit d’aboutir à une combinaison de services intégrés de transport de marchandises

2. Interconnexion de l'autoroute du Maghreb arabe ( AMA) Il faudra y associer une libéralisation des échanges et la levée des différents obstacles non tarifaires

3. Dépollution de la Méditerranée et saine gouverna nce environnementale

4. Protection Civile. Interventions de secours Le Programme Euromed pour la Prévention, Préparation et Réponse aux Désastres (PRRD) a comme objectifs le développement d’une connaissance approfondie de l'exposition aux catastrophes et des capacités de réponse dans la région, le renforcement des mesures de prévention des risques existants au

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niveau international, national et local, et l’amélioration des capacités de réponse des acteurs concernés.

5. Plan Solaire Méditerranéen.

ANNEXE II

1. Soutien financier de l'Union européenne au proce ssus de Barcelone Pour la période 2000-2007, le soutien financier total s'élève à 5,9 milliards d'euros.

2. Soutien en faveur des Palestiniens Le soutien total de l'UE aux Palestiniens a ainsi atteint les 955 millions d'euros en 2007 (725 millions d'euros en 2006 et 595 millions d'euros en 2005). -

III. Un défi culturel

A. La fraction est d’abord dans les têtes Je m’adresse à des dominicains, plus sensibles que les eurocrates (en majorité juristes ou économistes) aux questions fondamentales, c'est-à-dire à la culture. Une réflexion sur la Méditerranée doit tenir compte de la force du mythe, de la présence de l'imaginaire, de la trace des contes et légendes, des récits fondateurs qui habitent toujours notre mémoire et qui orientent notre vision du monde. Or l’enjeu présent me semble aussi se dérouler au plan culturel. Nul n’ignore que le sud de la Méditerranée est principalement musulman, même si la Turquie reste un état laïc. B. La Méditerranée des fractures Il nous faut dénoncer tout d’abord l'imaginaire de la peur. Le "clash des civilisations", selon la thèse du stratège américain Samuel Huntington, oppose irréductiblement l'Islam et l'Occident et fait ainsi disparaître la Méditerranée comme territoire de la médiation entre l'Europe et le Monde arabe. Le passé reste terriblement présent dans les têtes : croisades, expéditions coloniales d’un côté, djihad et razzias des « barbaresques » de l’autre. Le présent est lui aussi marqué par des fractures : occidentalisme, eurocentrisme d’un côté, islamisme de l’autre qui rejette le modèle européen parce qu’il domine, qu’il marginalise et qu’il lui semble décadent.

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En opposition à l’Islam, certains rêvent de récupérer les terres perdues par « nos » ancêtres chrétiens latins et l’on n’a pas oublié qu’Augustin était évêque d’Hippone. D’autres essaient de promouvoir des références alternatives à celle de la culture arabo-musulmane : l’Egypte pharaonique et hellénistique, la Tunisie de Carthage, le Liban phénicien, mais ces courants ont abouti à des impasses. La Méditerranée marque une frontière, une séparation entre le dehors et le dedans. La Méditerranée est-elle en Europe ou hors de l’Europe ? La situer en dehors serait renier ses propres sources culturelles ! Qu’on le veuille ou non, les frontières culturelles se déplacent et le défi qui se présente à l’Europe est de percevoir la Méditerranée non pas comme une fermeture mais comme une ouverture au monde sémite, juif et arabe qui fait partie de son histoire et qui, du fait de l’immigration, s’invite chez elle partout dans son quotidien.

C. Une opposition des religions La question qui m’habite est donc ultimement celle de l’Islam. L’Union pour la Méditerranée pourra-t-elle se faire en relativisant la question religieuse ? L’Islam peut-il être relativisé ? Peut-il avoir un rôle positif ? Qui est décadent ? Quelles sont les raisons les plus fondamentales de la décadence ? La liberté (intellectuelle, morale, économique) ou l’imposition d’une loi considérée comme absolue mais désormais anachronique et qui tourne le dos à l’histoire et donc au développement ? Mais cette question est-elle l’apanage de l’Islam ? N’est-elle pas présente tout autant dans toute religion, toute idéologie et donc aussi au cœur de l’Eglise catholique ?

Conclusion L’Euro-Méditerranée ne pourra se faire que par une « politique des petits pas », ainsi que s’est progressivement constituée l’Union Européenne : en considérant le lieu même de l’incarnation des rapports humains dans la production et les échanges commerciaux. Les difficultés sont nombreuses au point de porter à désespérer, mais qui aurait rêvé, il y a trente ans, d’une Union Européenne intégrant des pays se trouvant au-delà du rideau de fer ? Si le rideau de fer s’est volatilisé, la Méditerranée ne peut-elle, pour sa part, redevenir une plateforme de communication et d’intégration ?

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Une prise de conscience est en train de se faire, du fait de la pression conjuguée de la mondialisation et de la démographie. La perception d’un Bien Commun conduit à prendre le chemin de la négociation pour une politique commune. Pour cela, il faut avoir le courage de cette forme d’incarnation de la charité qu’est l’institution de règles communes. La Commission Européenne a choisi ce chemin, il me semble le bon. Il n’y en a pas d’autre et c’est urgent. Bibliographie :

- « Mediterra, les futurs agricoles et alimentaires en Méditerranée » / Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes. – Paris : Presses de Sciences Po, 2008

- « Promouvoir le made in med » Vincent Dollé in rev Vegetable.fr n° 242 février 2008-07-08

- -« La politique du moins cher ailleurs arrive à ses limites » Vincent Dollé in La France agricole 2 mai 2008

Mes plus vifs remerciements à Vincent Dollé pour m’avoir communiqué les documents utilisés dans cette conférence Fr Michel Van Aerde op Directeur d’Espaces (www.espaces.info )

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La Méditerranée, un défi pour l’Europe