Upload
richard-anker
View
216
Download
1
Embed Size (px)
Citation preview
Revue internationale du Travail,
vol. 142 (2003), n
o
2
Copyright © Organisation internationale du Travail 2003
La mesure du travail décent:un système d’indicateurs
statistiques de l’OIT
Richard ANKER
*
,
Igor CHERNYSHEV
**
,
Philippe EGGER
***,
Farhad MEHRAN
**
et Joseph A. RITTER
****
P
romouvoir le travail décent: tel est le but premier de l’Organisationinternationale du Travail, celui qui structure son action depuis
1999 lorsque le concept fut proposé. Il s’agit de faire en sorte que«chaque femme et chaque homme puissent accéder à un travail décentet productif dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et dedignité» (BIT, 1999, p. 3). Facteur important du développement dura-ble, le travail décent est aussi un grand objectif en lui-même. La qualitédu travail, en raison de la place que celui-ci tient dans l’existence, durôle qu’il joue dans l’intégration sociale comme du point de vue de ladignité individuelle, est un élément fondamental de la qualité de la vie.Productif, le travail est aussi la principale source de revenu de la grandemajorité des gens.
Dans tous les pays, dans tous les métiers, à tous les niveaux de qua-lification, quiconque travaille ou cherche du travail a une idée de cequ’est un travail décent. Mais qu’est-ce au juste? Comment mesurercette qualité de façon à pouvoir comparer de ce point de vue lesemplois, les entreprises ou les pays et à pouvoir suivre l’évolution deschoses?
C’est le problème auquel nous nous attaquons ici: mesurer objec-tivement le travail, selon les critères du travail décent, à l’aide d’indi-cateurs statistiques. Il s’agit de dégager de la notion de travail décentune série de caractéristiques relativement évidentes du travail, de
* Ancien fonctionnaire du BIT, courriel: [email protected]. ** Unité du développe-ment et de l’analyse des statistiques du BIT, courriel: [email protected], [email protected].*** Bureau de programmation et de gestion du BIT, courriel: [email protected]. **** Hubert H.Humphrey Institute of Public Affairs, University of Minnesota, courriel: [email protected] article se fonde sur le document de travail rédigé par les auteurs (Anker et coll., 2002).
160
Revue internationale du Travail
trouver des indicateurs qui permettent dès maintenant de mesurer cescaractéristiques avec un degré acceptable de cohérence, de précision etde comparabilité internationale et de fixer des orientations, quant autravail statistique à entreprendre et aux indicateurs à mettre au point,pour améliorer la mesure à l’avenir. Le but est d’élaborer un systèmed’indicateurs de base qui aide à orienter l’action vers le contrôle et lapromotion du travail décent dans le monde tout en apportant desdonnées de fait sur les relations entre les différents aspects du tra-vail, ainsi envisagé, comme entre le travail, l’activité économique et lapauvreté.
Dans la première partie de cet article, nous évoquons quelquesquestions de politique générale que la mesure du travail décent devraitpermettre de mieux cerner. La deuxième traite du concept de travaildécent quant à ses implications pour l’élaboration d’indicateurs statis-tiques. Dans la troisième, nous nous attachons à dégager de l’idée detravail décent une série de caractéristiques générales du travail facilesà appréhender; avant de présenter, pour ces diverses caractéristiques,des indicateurs statistiques précis, ceux qu’il est possible de définir et decalculer dès maintenant et ceux qu’il y aurait lieu d’étudier pour amé-liorer la mesure à l’avenir. Dans la dernière partie, enfin, nous formu-lons, après une brève synthèse, quatre recommandations en vued’établir un système d’indicateurs et de lancer le travail de mesure pourun nombre important de pays de toutes les régions du monde.
Bien que les indicateurs proposés aient fait l’objet d’une réflexionet de discussions approfondies au sein du BIT, ils ne constituent pas unsystème achevé de mesure du travail décent. Il faudra, pour mettre aupoint le système d’indicateurs de base de l’OIT, prendre en compte lesrésultats des mesures et des tests auxquels il est encore nécessaire deprocéder. Même alors, ce système ne pourra être considéré commedéfinitif ou complet, pour deux grandes raisons au moins. L’améliora-tion progressive des moyens de mesure permettra en effet d’établir unebatterie d’indicateurs plus large à l’avenir, et il faudra toujours des indi-cateurs supplémentaires pour répondre aux besoins particuliers quel’on peut rencontrer dans certains pays ou certaines régions ou danscertains programmes techniques.
Applications générales des indicateurs du travail décent
C’est principalement sur l’emploi et le chômage – celui-ci surtoutfaisant les gros titres – que porte en règle générale l’investigation statis-tique dans le domaine du travail. Il est évident qu’on ne peut s’en tenirlà. La connaissance du volume d’emploi généré par l’économie à unmoment ou à un autre ne renseigne guère sur les caractéristiques de
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques
161
l’emploi du point de vue de la qualité de la vie ou des possibilitésd’accomplissement des individus
1
.Nous évoquerons ici quelques-unes des grandes questions sur les-
quelles un système d’indicateurs et de données sur le travail décentpourrait apporter de nouveaux éclairages.
Réduction de la pauvreté
L’Assemblée du millénaire des Nations Unies a adopté l’ambi-tieux objectif de réduire de moitié d’ici à 2015, par rapport au chiffrede 1990, la proportion de la population mondiale vivant dans la misère.En l’état actuel des connaissances, tout indique que la croissance éco-nomique, condition nécessaire pour faire reculer sans cesse la pauvreté,n’est pas une condition suffisante. Il importe d’accorder une attentionparticulière à la façon de combiner les mesures de différents ordres:politique économique, politique de l’emploi, politique sociale, luttedirecte contre la pauvreté. Les chiffres globaux sur l’étendue de lamisère ne renseignent pas sur les causes des situations individuelles:l’insuffisance des possibilités d’emploi, la faiblesse des rémunérations,la durée excessive du travail, le défaut de protection sociale (indemni-sation en cas d’incapacité, régime de pensions de base), la discrimina-tion ou les multiples autres facteurs qui jouent dans l’emploi. La mesureplus précise du travail selon les critères du travail décent, en ce qui con-cerne notamment le niveau des rémunérations et l’étendue de la pro-tection sociale, devrait donner de plus amples indications sur lesnombreuses options qui s’offrent dans la lutte contre la pauvreté. Il estde la plus haute importance à cet égard de comprendre comment sepose le problème du travail décent dans la situation considérée et parrapport à la pauvreté.
Aspects sociaux de la mondialisationet du développement durable
On peut citer un certain nombre de pays qui sont parvenus à fairereculer notablement la pauvreté. Il est plus difficile d’établir par uneanalyse quantitative qu’un régime de travail décent concourt à assurerà la fois une croissance économique et un progrès social rapides et sou-
1
C’est la constatation que l’on peut faire aussi en ce qui concerne la croissance économiqueet le progrès social. Comme le montre le travail novateur accompli dans le cadre du Programmedes Nations Unies pour le développement sur les indicateurs du développement humain, le revenunational par habitant, mesure la plus courante du développement économique, ne renseigne quesur une dimension du développement: il s’en faut qu’à une augmentation du revenu par habitantcorresponde nécessairement un progrès parallèle dans le domaine social, sous la forme d’un allon-gement de l’espérance de vie, d’une amélioration de l’état sanitaire, de l’instruction, du logement,etc.
162
Revue internationale du Travail
tenus. Pour l’OIT, il faut maintenir un juste équilibre entre les deux:c’est ainsi que les pays auront les meilleures chances de tirer avantagede la mondialisation, moyen de promouvoir le travail décent. Il estnécessaire, pour étayer cette thèse, de recueillir de plus amples donnéessur le travail selon les critères du travail décent et de pousser plus loinl’analyse des faits. Un même effort d’analyse s’impose pour aider lesresponsables nationaux à déterminer précisément l’équilibre à établirdans leur pays entre la croissance économique et le progrès social pourassurer un développement soutenu.
Amélioration du régime du travail et améliorationdes conditions d’existence
La mesure plus précise et plus complète du travail selon lescritères du travail décent devrait permettre de mieux comprendre ladynamique de la croissance économique et de l’amélioration des condi-tions sociales, en tant que facteurs l’une de l’autre
2
. Compte tenu de lamultiplicité des aspects du travail décent, il importe de connaître lescombinaisons de caractéristiques qui se rencontrent pour différentsgroupes démographiques ou socio-économiques. Sur bien d’autresrelations aussi, des données détaillées sur le travail pourraient apporterde très utiles éléments d’information aux observateurs, aux analystes etaux responsables de la politique socio-économique.
Dénombrement des emplois et des établissementscaractérisés par un régime de travail décent
Combien recense-t-on d’emplois et d’établissements comportantun régime de travail décent dans un pays? Quel pourcentage représen-tent-ils du nombre total d’emplois ou d’établissements? Il faut, pourrépondre à ces questions, importantes, recueillir des données auniveau des emplois ou des établissements, en déterminant chaque foisla qualité du régime du travail à l’aide d’informations portant sur tousles aspects du travail dans les emplois ou les établissements considérés(ou dans des échantillons). Mais qu’est-ce qu’un régime de travaildécent? Qu’en est-il d’un emploi où la rémunération est élevée, ledroit syndical garanti, mais où la protection sociale est limitée? D’unemploi convenable quant à la rémunération, au droit syndical et à laprotection sociale mais où la durée du travail est excessivement lon-gue? Il est possible de fixer des critères et de déterminer le nombre
2
Il existe ainsi une relation entre l’insécurité ou la précarité de l’emploi et l’incidence desaccidents du travail, comme entre la médiocrité des conditions de travail et l’instabilité du person-nel (Bohle, Quinlan et Mayhew, 2001). On observe de même une relation directe entre le taux desyndicalisation et la productivité du travail (Freeman et Medoff, 1984), ou encore entre la partici-pation aux décisions dans l’entreprise et la satisfaction au travail (Hamermesh, 1999a).
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques
163
d’emplois ou d’établissements comportant un régime de travail décent,comme nous venons de le dire, à l’aide de données recueillies à ceniveau. Grâce à des données de ce genre portant sur trois caractéristi-ques du travail (la sécurité de l’emploi, les possibilités de formation etd’évolution de carrière, la rémunération), on a déterminé ainsi larépartition qualitative des emplois dans l’Union européenne: 8 pourcent d’emplois sans perspectives; 17 pour cent d’emplois faiblementrémunérés/à faible productivité; 37 pour cent d’emplois de qualité rai-sonnable; 38 pour cent d’emplois de bonne qualité (Commission euro-péenne, 2001). Il convient, dans tous les cas où cela est possible, derépondre aux questions évoquées ici à l’aide de micro-données, sur labase de critères transparents.
Evaluation des situations nationales à l’aide d’un Indicateursynthétique du travail décent
Quelle est l’étendue comparée du travail décent dans le pays A etdans le pays B? La situation s’est-elle améliorée à cet égard dans l’unou dans l’autre? Pour répondre aux questions de ce genre, volontiersposées par les médias, l’opinion ou les responsables locaux ou natio-naux, on se fonde généralement sur les valeurs données, pour les paysconsidérés, par des indicateurs synthétiques calculés à partir d’une séried’indicateurs de base. On voit ici l’intérêt que présenterait un indica-teur du travail décent de l’OIT (semblable à l’Indicateur de dévelop-pement humain du PNUD), qui concourrait à donner des problèmes dutravail une vision plus large que la vision ordinaire, par trop axée surl’emploi et le chômage. L’élaboration des indicateurs composites posecependant de délicats problèmes, comme celui de la pondération desindicateurs de base, qui comporte une part de jugement subjectif, celuides données nécessaires, qui peuvent manquer dans certains pays pourtel ou tel indicateur, ou celui des exigences de simplicité et de transpa-rence à respecter tout en embrassant les multiples aspects du travail. Cesont des problèmes qu’il faut pouvoir traiter de façon satisfaisante pourassurer la crédibilité des indicateurs. Le BIT souhaite pour sa part étu-dier la mise au point d’un Indicateur synthétique du travail décent,compte tenu du très grand intérêt qu’un tel indicateur présenterait, nonsans être conscient des difficultés techniques et pratiques que soulèventson élaboration et son application
3
.
3
On se fondera sur le travail préliminaire déjà accompli au BIT par les services du Pro-gramme focal sur la sécurité socio-économique, par l’Institut international d’études sociales et parle Département régional de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes, lesquels ont mis au pointleurs propres indicateurs (voir respectivement, les articles de G. Standing (2002 et dans le présentnuméro de la
Revue
) et de D. Ghai (2002 et dans le présent numéro de la
Revue
) ainsi que
Pano-rama Laboral
à l’adresse <www.oit.org.pe/spanish/260ameri/publ/panorama2002te2_nuevos_indicadores.pdf>.
164
Revue internationale du Travail
De la notion de travail décent à un systèmed’indicateurs
Les six aspects du travail décent
Enoncé comme il l’est, l’objectif du travail décent – la possibilitépour chaque femme et chaque homme d’accéder à un travail décent etproductif dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et dedignité – en définit explicitement six aspects.
Il faut d’abord qu’il existe des
possibilités de travail
. Tous ceux quisouhaitent travailler doivent pouvoir trouver du travail, car il ne peut àl’évidence y avoir de travail décent que dans la mesure où il y a du tra-vail. Envisagé ici de façon très large, le travail comprend toutes les for-mes d’activité économique: travail indépendant, travail salarié, travailnon rémunéré dans le cadre de la famille, que ce soit dans le secteur for-mel ou dans le secteur informel.
Travailler dans des
conditions de liberté
, c’est pouvoir choisirlibrement son travail, ne pas se le voir imposer. Il n’est plus possibleau XXI
e
siècle de tolérer certaines formes de travail; il importe en par-ticulier d’éliminer toutes les formes d’esclavage ou de servitude et lespires formes du travail des enfants, conformément aux conventionsinternationales applicables. En vertu du même critère, les travailleursdoivent être libres d’adhérer à des syndicats et ne pas être victimes dediscrimination.
Le travail doit être un
travail productif
, condition indispensablepour procurer des moyens d’existence convenables aux travailleurs et àleurs familles, pour assurer la compétitivité des entreprises et des éco-nomies nationales et pour permettre un développement durable.
Selon le principe d’
équité au travail
, les travailleurs doivent bénéfi-cier d’un traitement et de possibilités justes et équitables dans leur acti-vité. Il ne doit pas y avoir de discrimination au travail ni dans l’accès àl’emploi. Ce principe implique en outre la possibilité de combiner defaçon équilibrée travail et vie familiale.
La
sécurité au travail
vise la préservation de la santé des tra-vailleurs et celle de leurs moyens d’existence. Il s’agit de leur assurerune protection appropriée, financière ou autre, dans différentes éven-tualités, notamment en cas de maladie et à l’heure de la retraite, commede réduire l’insécurité liée au risque de perte de l’emploi.
Le principe de
dignité au travail
veut que les travailleurs soient res-pectés dans leur activité, qu’ils puissent faire connaître leurs préoccu-pations et participer aux décisions qui touchent à leurs conditions detravail. Il a pour grand corollaire la liberté, pour les travailleurs, dedéfendre leurs intérêts collectivement.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques
165
Dans ses deux premiers aspects, l’idée de travail décent suppose,comme on le voit, l’existence de possibilités de travail et de possibilitésacceptables selon le principe du libre choix du travail. Les quatre autresaspects – productivité, équité, sécurité, dignité – définissent alors la qua-lité du travail. On est très proche ici de la notion de «qualité de l’emploi»utilisée dans l’Union européenne (voir par exemple Paoli et Merllié,2000, et Commission européenne, 2001). A côté de cela, les conditionssocio-économiques jouent un rôle important: ce sont en partie elles quidécident de ce que l’on doit regarder comme un travail décent dans unesociété donnée et qui déterminent l’incidence d’un tel régime de travailsur l’activité économique, l’emploi et la situation sociale.
Conditions auxquelles les indicateurs doivent répondre
La notion de travail décent comporte certaines implications dontil faut tenir compte dans le choix des indicateurs statistiques.
C’est une notion qui vaut pour tous les travailleurs, hommes etfemmes, dans les activités traditionnelles et dans les activités modernes,dans les pays à bas revenu et dans les pays à revenu élevé. Il doit en allerde même pour les indicateurs statistiques.
A certains égards, pour les droits fondamentaux au travail parexemple, la notion de travail décent revêt un caractère absolu, les critè-res étant les mêmes pour tous les travailleurs dans tous les pays. Ad’autres égards, c’est une notion relative, chaque pays et chaque sociétéayant ses propres normes. C’est ainsi que la rémunération ou les condi-tions de travail tenues pour convenables peuvent différer selon les pays,même si l’on accepte partout l’idée que le plus grand nombre possiblede travailleurs devrait bénéficier à cet égard d’un régime décent.
La notion de travail décent s’applique particulièrement aux tra-vailleurs les plus pauvres et les plus vulnérables. Le terme «décent» ledit bien, qui évoque un travail et des conditions de travail acceptablesou convenables. Il faudra donc souvent axer les indicateurs sur les dis-tributions observées et sur la situation des éléments les plus démunisplutôt que sur des valeurs moyennes.
La notion de travail décent se réfère à la situation concrète des tra-vailleurs. Ce sont donc les conditions ou les résultats effectifs que lesindicateurs devraient mesurer en règle générale. Les indicateurs quirenvoient à la réglementation nationale ou aux normes internationalesdevraient en mesurer autant que possible le champ et le degré d’appli-cation réels. Il y a aussi, dans l’idée de travail décent, le souci d’amélio-rer les choses. Il importe donc de mesurer les changements au fil dutemps pour déterminer les progrès accomplis ou non.
L’idée de travail décent embrasse de multiples aspects du travail,ce dont il faut que les indicateurs statistiques rendent compte. Ilimporte de voir aussi comment les différents aspects se combinent pour
166
Revue internationale du Travail
les travailleurs, dans les entreprises ou à l’échelle nationale, et quellesrelations on peut établir entre les combinaisons observées et la pau-vreté ou la croissance économique.
L’importance relative des différents aspects du travail décentvarie beaucoup selon les pays et les régions, comme l’étendue des don-nées disponibles. Si l’OIT souhaite proposer une série d’indicateurs quipuisse être adoptée sur le plan international, il faudra donc que ce soitune série réduite. Dans bien des cas, des indicateurs complémentairesseront certainement élaborés et utilisés au niveau des pays ou desrégions ou pour certains programmes techniques.
La mesure du travail décent
De six aspects à onze paramètres du travail
Les indicateurs statistiques présentés plus loin portent sur dixparamètres généraux du travail jugés importants par des travailleurs dumonde entier selon les critères du travail décent. Les dix séries d’indi-cateurs correspondantes sont complétées par une onzième concernantle contexte socio-économique. Les indicateurs de cette dernière sériefournissent des informations utiles pour déterminer l’étendue et lescaractéristiques du travail décent comme les possibilités de progrèsdurable dans ce domaine. Les paramètres considérés sont les suivants:1. Possibilités de travail2. Caractère acceptable du travail3. Rémunération et productivité4. Durée du travail5. Stabilité et sécurité de l’emploi6. Equilibre travail-vie familiale7. Traitement équitable en matière d’emploi8. Sécurité et santé au travail9. Protection sociale10. Dialogue social et relations de travail11. Contexte socio-économique
Ces paramètres sont définis de façon simple, comme on le voit, caril faut que les indicateurs proposés soient facilement compréhensiblespour tous. Les six aspects du travail décent décrits plus haut s’y retrou-vent. Les
possibilités de travail
y sont reprises. Au critère des
conditionsde liberté
correspond le paramètre «caractère acceptable du travail»; aucritère du
travail productif
, le paramètre «rémunération et producti-vité»; aux critères de l’
équité
et de la
dignité dans le travail
corres-pondent les paramètres «équilibre travail-vie familiale», «traitement
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques
167
équitable en matière d’emploi» et «dialogue social et relations de tra-vail»; au critère de la
sécurité au travail
, enfin, les paramètres «stabilitéet sécurité de l’emploi», «sécurité et santé au travail» et «protectionsociale».
De onze paramètres à trente indicateurs du travail décent
4
Disons tout de suite, avant d’entrer dans les détails, que la séried’indicateurs proposée pour la mesure du travail décent ne peut êtrequ’imparfaite. Il est évident qu’il a fallu faire des choix et s’en tenir àune liste relativement réduite pour permettre au BIT comme aux Etatsde mesurer, avec des ressources limitées, un ensemble de paramètres.On pourra juger que les indicateurs proposés ne rendent pas pleine-ment compte du régime du travail ou, au contraire, qu’il y en a trop. Onpourra ne pas être d’accord sur le choix des dix grands paramètres àmesurer, sur la place de certains indicateurs dans ce schéma général, ouencore sur le choix de tel ou tel indicateur pour tel ou tel aspect du tra-vail. Il est indispensable cependant de s’entendre sur une série d’indi-cateurs pour pouvoir lancer l’opération de mesure. Notre but est defournir une base de discussion dans ce sens.
En ce qui concerne la situation respective des hommes et des fem-mes, c’est avant tout le calcul des indicateurs par sexe qui devrait per-mettre d’en tenir compte là où il y a lieu. La notion de travail décentvalant, dans tous ses aspects, pour tous les travailleurs, les différencesobservées selon le sexe constituent dans presque tous les cas en elles-mêmes des indicateurs appropriés à cet égard.
Nous présentons, dans les sections qui suivent, les onze sériesd’indicateurs du travail décent correspondant aux paramètres indiquésplus haut. Ne sont mentionnés chaque fois que les indicateurs qu’ilserait possible de calculer dès maintenant pour une série de pays parceque l’on dispose des données nécessaires ou que l’on devrait en dispo-ser dans un avenir proche. Les autres indicateurs ou les autres modesde mesure qui pourraient être utilisés mais qu’il faudra plus de tempspour introduire ou mettre au point sont signalés dans chaque section.Le système d’indicateurs est présenté schématiquement dans le tableaufigurant en annexe.
Possibilités de travail
L’idée de travail décent implique l’existence de possibilités de tra-vail pour tous ceux qui sont prêts à travailler et qui cherchent du travail.Le degré d’emploi de la population est un aspect fondamental de lasituation à cet égard. Les possibilités de travail peuvent être mesurées
4
Pour un exposé détaillé illustré par des chiffres, voir Anker et coll. (2002).
168
Revue internationale du Travail
de façon directe – population active et emploi par rapport à la popula-tion totale – ou par défaut – chômage, sous-emploi, absence de possibi-lités de travail.
Indicateurs proposés
●
Taux d’activité
●
Rapport emploi-population
●
Taux de chômage
●
Taux de chômage des jeunes
●
Taux de sous-emploi lié à la durée du travail
(voir sous Durée dutravail)
●
Part de l’emploi salarié dans l’emploi non agricole
Les six indicateurs proposés ici sont des indicateurs courammentcalculés. Deux sont des mesures directes des possibilités de travail (tauxd’activité, rapport emploi-population); trois mesurent l’absence detelles possibilités (chômage, chômage des jeunes, sous-emploi). Lesixième, la part de l’emploi salarié dans l’emploi non agricole, apporteune information importante; il est très utile aussi en ce sens que, dupoint de vue du travail décent, de nombreux aspects du travail se pré-sentent de façon fort différente pour le travail salarié et pour le travailindépendant. Par ailleurs, la part de l’emploi féminin dans l’emploisalarié non agricole renseigne sur les possibilités de travail des femmes;c’est aussi un indicateur utilisé en ce qui concerne les objectifs desNations Unies pour le Millénaire
5
.
Indicateurs à envisager
●
Taux de chômage des salariés
●
Rapport nombre de jeunes chômeurs/population totale
Seuls deux autres indicateurs sont proposés ici pour étude, qui cor-respondent tous deux à des indicateurs de la liste précédente, envisagéssous un aspect particulier. Pour les autres paramètres du travail, commeon le verra, les indicateurs supplémentaires ou les améliorations dontl’étude est recommandée sont généralement plus nombreux. On dis-pose dès maintenant, en effet, de données assez abondantes pour mesu-rer les possibilités de travail, et le problème est surtout d’en améliorerla qualité et la comparabilité internationale.
Caractère acceptable du travail
Le travail ne peut être qualifié de décent que s’il est acceptablepour la société. Il importe de connaître l’incidence des formes inaccep-
5
Voir www.un.org/millenniumgoals/index.html.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques
169
tables de travail, d’une part, pour ne pas les prendre en compte dans lespossibilités de travail, d’autre part, pour mesurer les progrès accomplisdans leur élimination. La Déclaration de l’OIT de 1998 relative aux prin-cipes et droits fondamentaux au travail, qui a rencontré une large adhé-sion dans le monde, mentionne deux formes inacceptables de travail: letravail forcé ou obligatoire et le travail des enfants (ce qui vaut notam-ment pour les travaux dangereux et les pires formes de ce travail).
Indicateurs proposés
●
Défaut de scolarisation
(pourcentages d’enfants non scolarisés parâge)
●
Travail des enfants
(pourcentages d’enfants exerçant une activitésalariée ou indépendante par âge)A ce sujet, il importe que les indicateurs portent prioritairement
sur les pires formes de travail des enfants plutôt que sur celui-ci engénéral. On en propose ici deux indicateurs indirects, sachant que,pour la plupart des pays, on ne dispose pas de mesure directe des piresformes de travail des enfants, dont les travaux dangereux.
Indicateurs à envisager
●
Travail des enfants: travaux dangereux
(pourcentages d’enfantsemployés à de tels travaux par âge)
●
Travail des enfants: pires formes de travail
(pourcentages d’enfantsemployés dans ces formes de travail par âge)
●
Travail forcé
(importance suivant les formes de travail forcé)L’adoption d’indicateurs supplémentaires du travail des enfants
(pour les travaux dangereux et les pires formes de ce travail) et d’indi-cateurs du travail forcé est différée car leur mise au point pose encored’importants problèmes théoriques et pratiques (mode de mesure). Cesont des formes cachées de travail qu’il est difficile de ce fait de cerner.Quant aux travaux dangereux, la convention (n
o
182) de l’OIT sur lespires formes de travail des enfants, 1999, en laisse la détermination auxEtats. Le BIT fait actuellement un gros effort de collecte de donnéessur le travail des enfants et sur le travail forcé (dans le cadre du Pro-gramme d’information statistique et de suivi sur le travail des enfants(SIMPOC) et du Programme focal pour la promotion de la Déclarationde l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail), et ilest fort possible que l’on puisse introduire des indicateurs supplé-mentaires à l’avenir.
Rémunération et productivité
L’aspect le plus important du travail est, pour quantité de gens,surtout dans les populations pauvres, la rémunération. La Constitution
170
Revue internationale du Travail
de l’OIT demande elle-même dans son Préambule «la garantie d’unsalaire assurant des conditions d’existence convenables». Les gens quitravaillent ou qui cherchent du travail le font presque toujours pouravoir un revenu et assurer l’existence économique du ménage.
La rémunération – suffisante, insuffisante – peut être mesuréedirectement, à l’aide d’un indicateur ad hoc, ou indirectement, à l’aided’indicateurs de la durée du travail révélateurs de deux situations: celleoù les travailleurs font de longues heures parce qu’ils ne gagnent pasassez et celle où ils travaillent si peu d’heures qu’ils ne peuvent gagnerassez. Ces indicateurs reposent essentiellement sur les distributionsobservées, qui permettent de déterminer la proportion de travailleursqui ont une rémunération basse ou insuffisante, qui travaillent un nom-bre d’heures anormalement élevé ou qui ne peuvent travailler au con-traire qu’un nombre d’heures insuffisant, c’est-à-dire de recenser lestravailleurs qui n’ont pas un régime de travail décent quant à larémunération ou à la durée du travail. Il importe encore de savoir nonseulement si les travailleurs sont assurés d’un revenu suffisant aumoment considéré, mais s’ils en sont durablement assurés. Dans cetteperspective dynamique, il est intéressant d’établir notamment s’ils ontdes chances de préserver ou d’améliorer leur situation et leur revenudans les années qui vont suivre grâce à des mesures de formation. Laparticipation à une formation intéressant l’emploi, assurée ou financéepar l’employeur ou par l’Etat, renseigne ainsi sur les perspectives ulté-rieures de rémunération.
Indicateurs proposés
●
Rémunération insuffisante
(pourcentage de travailleurs gagnantmoins de la moitié de la rémunération médiane ou moins d’unmontant minimal déterminé (si celui-ci est plus élevé), selon lasituation dans l’emploi)
●
Rémunération moyenne dans certaines professions
6
●
Durée excessive du travail
(voir sous Durée du travail)
●
Sous-emploi lié à la durée du travail
(voir sous Durée du travail)
●
Formation récente
(pourcentage de travailleurs ayant reçu au coursdes douze derniers mois une formation assurée ou financée parl’employeur ou par l’Etat)Deux de ces indicateurs mesurent les rémunérations directement,
et deux renseignent sur l’insuffisance des rémunérations d’après ladurée du travail. Le dernier indicateur, sur la formation reçue, sert demesure indirecte des perspectives ultérieures de rémunération. Les
6
Indicateur particulièrement utile pour mesurer l’évolution des rémunérations et les diffé-rences de rémunération entre certaines catégories de travailleurs: hommes et femmes, travailleursqualifiés et non qualifiés, etc.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques
171
données nécessaires à l’élaboration de ces indicateurs sont fourniesdans bien des cas par les enquêtes nationales sur la population active.Ils pourraient être calculés, pour un nombre important de pays, d’aprèsles statistiques publiées ou grâce à une exploitation appropriée des don-nées existantes. En ce qui concerne l’indicateur relatif à la formation,par contre, on manque encore beaucoup de données pour les pays endéveloppement.
Durée du travail
La durée du travail est une très ancienne préoccupation de l’OIT.Evoquée dans le Préambule de la Constitution de l’Organisation, elle afait l’objet en 1919 de la première convention internationale du travail,la convention (n
o
1) sur la durée du travail (industrie). Elle renseignesur quatre aspects au moins du travail selon les critères du travaildécent. Anormalement longue, elle révèle souvent l’insuffisance de larémunération; dans bien des cas, elle est préjudiciable aussi (comme lesont les horaires atypiques de travail) à la santé physique et mentaleainsi qu’à l’équilibre entre le travail et la vie familiale. Réduite, elle estfréquemment le signe de l’insuffisance des possibilités d’emploi.
Indicateurs proposés
●
Durée excessive du travail
(pourcentage de travailleurs faisant plusd’un certain nombre d’heures, selon la situation dans l’emploi)
●
Sous-emploi lié à la durée du travail
(pourcentage de travailleursfaisant moins d’un certain nombre d’heures qui pourraient et vou-draient en faire plus)Deux indicateurs sont proposés pour la mesure de la durée du tra-
vail. Les enquêtes sur la population active fournissent presque toujoursdes estimations à ce sujet. Il se pose cependant de grands problèmes decomparabilité internationale, la durée du travail prise en compten’étant pas toujours la même: il peut s’agir de la durée effective du tra-vail au cours de la période considérée, de la durée habituelle, de ladurée du travail dans l’activité principale ou de la durée du travail pourtoutes les activités exercées. En ce qui concerne les travailleurs qui fontun nombre d’heures anormalement élevé, nul n’a entrepris encore derassembler les estimations que l’on peut trouver (et qui sont compara-bles du point de vue international)
7
. Pour les travailleurs qui ont unedurée du travail réduite, assez peu de pays recueillent des informationsindiquant pourquoi c’est le cas et s’ils seraient prêts à travailler davan-tage, informations nécessaires pour établir la situation de sous-emploi.
7 Toutefois l’article de Bescond, Châtaignier et Mehran, publié dans le présent numéro dela Revue, constitue un bon point de départ.
172 Revue internationale du Travail
Indicateur à envisager● Horaires de travail atypiques ou incompatibles avec une vie sociale
normale (pourcentage de travailleurs ayant de tels horaires)Ce serait un indicateur complémentaire utile. En l’état actuel des
choses, cette information est recueillie surtout dans les pays industriali-sés. L’horaire de travail peut avoir une incidence négative sur l’équili-bre travail-vie familiale comme sur la santé physique et mentale (voirpar exemple Hamermesh, 1999b). Un tel indicateur devrait prendre enconsidération plusieurs aspects de l’horaire: plages horaires, travail denuit, travail du week-end, fréquence des changements d’horaire. Il fau-dra tenir compte des normes sociales et des préférences individuellesselon les pays, car c’est en fonction d’elles que des horaires peuvent êtreréputés atypiques ou incompatibles avec une vie sociale normale.Inversement, certains horaires atypiques peuvent être choisis car ilspermettent de consacrer du temps à la vie de famille.
Stabilité et sécurité de l’emploiC’est une chose grave que de perdre son emploi ou son travail, et
il n’est guère douteux que la sécurité de l’emploi tient généralementune grande place dans ce que les gens regardent comme un travaildécent. Les menaces qui pèsent sur l’emploi sont une source de stress.La perte de l’emploi entraîne un préjudice économique qui ne se limitepas à la perte de la rémunération, même quand le travailleur retrouverapidement une activité. Les changements d’emploi amènent une sériede ruptures – dans l’acquisition de la compétence et de l’expérience –,la qualification et le savoir accumulés risquant de n’avoir plus de valeur,sur le plan de la protection sociale, pour les droits à la retraite notam-ment, et, en dehors du travail, dans d’autres domaines de l’existence,quand la famille tout entière doit déménager par exemple pour gagnerun nouveau lieu de travail. Elément d’un régime de travail décent, lasécurité de l’emploi doit être envisagée cependant dans un contexte quicomporte inévitablement une part d’insécurité avec le déclin ou la dis-parition de certains métiers, de certaines entreprises ou de certainesactivités et l’apparition ou l’essor d’autres 8. Il faut considérer enfin queles travailleurs peuvent changer d’emploi de leur propre gré.
Pour les salariés, la sécurité de l’emploi peut être définie commela probabilité de non-rupture de la relation de travail à l’initiative del’employeur au cours d’une certaine période (l’année suivante par
8 Sur le plan de la sécurité de l’emploi, le but doit être, dans l’action pour promouvoir letravail décent, d’éviter que les travailleurs n’aient à supporter une part excessive des risques de lavie économique et de leur faciliter les changements d’activité. La préservation de la sécurité del’emploi peut justifier pour la société, s’il y a conflit entre les deux, un certain sacrifice du point devue de la croissance.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 173
exemple). Pour les travailleurs indépendants, elle peut l’être comme laprobabilité de non-cessation de l’activité au cours d’une même période;cessation obligée pour des raisons tenant à l’activité – perte de marchésou rupture d’approvisionnement – et non pour des raisons d’ordrepersonnel. Définie d’après une probabilité et non par référence à unévénement constaté, la sécurité de l’emploi doit être mesurée de façonindirecte.
L’interprétation des indicateurs de la sécurité de l’emploi est com-pliquée elle aussi. Les conséquences de la perte de l’emploi peuventêtre aggravées ou atténuées par différents facteurs, dont d’autres indi-cateurs peuvent rendre compte. Ainsi, l’existence d’un fort chômageimplique le risque d’une perte prolongée de revenu. Mais celle-ci peutêtre compensée en partie par les indemnités de licenciement et les pres-tations de chômage. Les travailleurs peuvent avoir aussi des possibilitésde formation qui accroissent leurs chances de retrouver un emploi. Encas de licenciement, les règles de préavis peuvent leur laisser le tempsd’en retrouver un avant d’être privés de revenu. Les valeurs donnéespar les indicateurs fondés sur le temps passé dans l’emploi sont souventinfluencées par la structure par âge de la population active, dans lamesure où il y a une relation entre ce temps et l’âge. Ils ne permettentpas toujours d’observer les modifications de la sécurité de l’emploi aucours des cycles économiques: en cas de récession, le temps moyen dansl’emploi relevé auprès des travailleurs augmente dans la mesure oùceux qui en comptent peu sont les premiers à perdre leur emploi.
Indicateurs proposés● Faible ancienneté dans l’emploi (pourcentage de travailleurs comp-
tant moins d’une année d’emploi dans leur activité principale, parâge et selon la situation dans l’emploi)
● Travail temporaire (pourcentage de salariés déclarant exercer untravail temporaire)Les enquêtes sur la population active fournissent généralement les
données nécessaires pour les pays de l’OCDE. Ces données sont pluslimitées pour les pays en développement. Sur le caractère permanentou temporaire du travail, les questions sont libellées de façon trèsdiverse selon les pays et ne donnent souvent aucune indication quant àl’interprétation du terme «temporaire».
Indicateurs à envisager● Opinion sur la sécurité future de l’emploi● Discontinuité de l’emploi
Deux autres modes de mesure en même temps que deux autresindicateurs devraient être étudiés. Il serait intéressant de disposer d’unindicateur qui renseigne sur l’idée que les travailleurs se font de la
174 Revue internationale du Travail
sécurité de leur emploi pour l’avenir, c’est-à-dire sur la façon dont ilsvoient eux-mêmes leur situation. On pourrait en élaborer un à partird’une question conçue comme suit: «Quelles chances pensez-vous avoirde conserver votre activité principale (si vous le souhaitez) dans lesdouze mois qui viennent?» 9. Il y aurait lieu à cet égard d’étudier de plusprès la relation entre la sécurité effective de l’emploi et la perceptionqu’en ont les travailleurs. En raison de l’importance de la régularité dutravail, en particulier pour les populations pauvres, il serait utile ausside disposer d’un indicateur qui renseigne sur le déroulement del’emploi, notamment sur les discontinuités, au cours d’une périoded’une certaine durée. La discontinuité est en effet l’un des aspects dutravail généralement regardé comme «non régulier».
Equilibre travail-vie familialeDe nombreux pays se préoccupent aujourd’hui des moyens de
concilier au mieux le travail et la vie familiale. Il y a toujours eu là unproblème d’égalité entre les hommes et les femmes puisque, partoutdans le monde, ce sont principalement ces dernières qui sont appeléesà prendre soin de la famille et du ménage. Les enfants ne sont pas seulsen cause à cet égard, d’autres membres de la famille pouvant avoirbesoin d’assistance.
Aux termes de la convention (no 156) de l’OIT sur les travailleursayant des responsabilités familiales, 1981, la politique nationale doitviser à «permettre aux personnes ayant [de telles responsabilités] quioccupent ou désirent occuper un emploi d’exercer leur droit de l’occu-per ou de l’obtenir sans faire l’objet de discrimination». L’instrumentprécise que «les responsabilités familiales ne peuvent, en tant que tel-les, constituer un motif valable pour mettre fin à la relation de travail».La convention (no 183) sur la protection de la maternité, 2000, établitdes normes sur les prestations à assurer et sur la protection de l’emploien cas de maternité.
Sur le plan de l’emploi, on peut distinguer en gros trois sortes demesures propres à faciliter la vie des familles: la protection de l’emploilorsque les travailleurs doivent interrompre leur activité de façon pro-longée pour des raisons importantes d’ordre familial, telles que lamaternité ou la nécessité de prendre soin des enfants; les aidespécuniaires accordées pour les mêmes raisons; les dispositions prati-ques prévues pour aider les travailleurs à concilier le travail et la vie
9 Cela a déjà été fait dans une série d’enquêtes, notamment les enquêtes du BIT sur la sécu-rité des personnes (Revue internationale du Travail, vol. 141, no 4, numéro spécial sur la sécuritésocio-économique), le Programme international d’enquêtes sociales (ISSP, modules sur l’attitudeà l’égard du travail), l’Enquête sociale générale aux Etats-Unis (GSS), l’Enquête sur les relationsde travail au Royaume-Uni (WERS).
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 175
familiale, telles que les horaires flexibles ou les services de garde desenfants.
Indicateurs proposés● Emploi des femmes ayant de jeunes enfants (au-dessous de l’âge
scolaire) (taux d’emploi par rapport au taux de l’ensemble desfemmes âgées de 20 à 49 ans)
● Durée excessive du travail (voir sous Durée du travail)Sauf pour les pays de l’OCDE, on ne dispose guère de données
pour mesurer la situation quant aux trois sortes de mesures évoquéesplus haut. Seuls deux indicateurs sont proposés. L’indicateur d’emploides femmes ayant de jeunes enfants peut être établi à l’aide des infor-mations fournies par les enquêtes sur la population active pour peuqu’elles comprennent des données sur la structure des ménages.L’interprétation de cet indicateur pose toutefois des problèmes. Untaux relatif élevé n’est pas nécessairement révélateur d’un bon équili-bre entre le travail et la vie familiale. Il peut signifier que, à cause desconditions économiques, les femmes sont obligées de travailler quandbien même il n’existerait pas de services convenables pour prendre soindes enfants, situation qui ne répond nullement aux critères du travaildécent. Il se peut aussi que les femmes qui ont de jeunes enfants exer-cent bien une activité, mais qu’elles ne puissent le faire que de façonindépendante ou à temps partiel. Ce sont des problèmes dont il faudratenir compte pour la mise au point d’indicateurs appropriés.
Indicateurs à envisager● Mesures de protection de l’emploi pour les mères et les pères, dispo-
sitions législatives ou dispositions privées (étendue d’application,durée de la protection)
● Aides pécuniaires pour les mères ou les pères, dispositions législa-tives ou dispositions privées (étendue d’application, montantmoyen des aides, durée d’octroi)
● Aménagement du travail et mesures pour répondre aux besoins desfamilles (horaires de travail, congé en cas de maladie des enfants,possibilités d’accueil des enfants au lieu de travail, accès au télé-phone pour des communications personnelles)
● Systèmes de garde des enfants, aides financières et mesures fiscalesprévues à cet égard (existence, qualité, coût)
● Problèmes posés, du point de vue de l’équilibre travail-vie familiale,par l’augmentation du nombre des personnes âgées
L’insuffisance des deux indicateurs proposés plus haut montrequ’il y a beaucoup à faire en ce qui concerne la mesure de l’équilibretravail-vie familiale. Le problème se pose surtout pour les pays en
176 Revue internationale du Travail
développement, les données existantes permettant de calculer une listed’indicateurs beaucoup plus satisfaisante pour les pays développés. Ilfaudra, pour disposer d’indicateurs du même genre pour un nombreplus important de pays, recueillir des informations sur les dispositionslégislatives et collecter les données nécessaires soit en réalisant desenquêtes spéciales, soit en introduisant de nouvelles questions ou denouveaux modules dans les enquêtes sur la population active. C’est untravail qui prendra du temps. Les cinq indicateurs ci-dessus sont aunombre de ceux qu’il faudrait étudier 10.
Traitement équitable en matière d’emploiLe principe d’un traitement équitable en matière d’emploi corres-
pond à une attente fondamentale. Il trouve une expression en droitinternational dans le principe d’égalité de chances et de traitement enmatière d’emploi et de profession et dans celui d’égalité de rémunéra-tion pour un travail de valeur égale. La convention (no 111) de l’OITconcernant la discrimination (emploi et profession), 1958, vise «toutedistinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, lesexe, la religion, l’opinion politique, l’ascendance nationale ou l’originesociale qui a pour effet de détruire ou d’altérer l’égalité de chances oude traitement en matière d’emploi ou de profession». On peut ajouterà la liste d’autres causes possibles de discrimination, notamment l’âge,la maladie et l’invalidité. La convention (no 100) sur l’égalité de rému-nération, 1951, a pour but d’assurer l’égalité de rémunération pour untravail de valeur égale, sans discrimination. Le principe d’un traitementéquitable implique encore, à côté de l’absence de discrimination dansl’emploi ou l’accès à l’emploi, l’absence de harcèlement ou de violenceau travail, la garantie d’un certain degré d’autonomie et l’existenced’un système équitable de règlement des réclamations et des conflits,relevant des mécanismes de dialogue social dans le travail.
Indicateurs proposés● Ségrégation professionnelle selon le sexe (pourcentages de l’emploi
non agricole que représentent les activités majoritairement mascu-lines et les activités majoritairement féminines et indice de diffé-rence)
● Part de l’emploi féminin dans les postes d’encadrement et les postesadministratifs supérieurs (pourcentage de femmes dans ces postespar rapport au pourcentage de femmes dans l’emploi non agricole)
10 Ces indicateurs sont valables surtout pour les salariés. Le problème de l’équilibre entrele travail et la vie familiale se pose souvent dans d’autres termes pour les travailleurs indépendants.Il faudra essayer de tenir compte de ces différentes situations lors de l’élaboration de nouveauxindicateurs.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 177
● Part de l’emploi féminin dans l’emploi salarié non agricole (voirsous Possibilités de travail)
● Rapport des rémunérations féminines aux rémunérations masculi-nes dans certaines professions (voir sous Rémunération et produc-tivité)
● Rapports ou différences entre les indicateurs masculins et les indi-cateurs féminins pour les autres indicateurs proposés (voir sous lesautres rubriques)Les indicateurs proposés dans l’immédiat portent principalement
sur les différences de traitement entre les hommes et les femmes. Lestrois premiers concernent l’égalité de chances en matière d’emploi, lequatrième l’égalité de rémunération. On peut tirer de nombreux indi-cateurs révélateurs de la situation respective des hommes et des fem-mes des différences que font apparaître selon le sexe la plupart desautres indicateurs du travail décent (voir le tableau de l’annexe,deuxième colonne).
Indicateurs à envisager● Autres formes importantes de discrimination (selon l’appartenance
ethnique, la religion, l’ascendance nationale, etc.)● Harcèlement dans le travail● Autonomie dans le travail
La ségrégation et la discrimination dans l’emploi ne se fondent passeulement sur le sexe. Bien d’autres caractéristiques individuelles peu-vent entraîner des différences de traitement, comme l’appartenanceethnique, la religion ou l’origine sociale. C’est de plus en plus souventle cas aussi, en cette période de mondialisation, de l’ascendance natio-nale et de la qualité d’immigré. D’autres atteintes au principe d’un trai-tement équitable, qui peuvent toucher les hommes comme les femmes,doivent être considérées, telles que la violence, le harcèlement (le har-cèlement sexuel notamment) ou la privation d’autonomie dans le tra-vail. Il serait utile d’étudier à l’avenir des indicateurs qui permettentd’en rendre compte.
Sécurité et santé au travailSelon les estimations du BIT, les accidents et les maladies liés au
travail font chaque année plus de 2 millions de morts dans le monde(Takala, 2002). Leur coût total représente de 1 à 6 pour cent du produitintérieur brut, fardeau supporté par la société, par les entreprises et,pour une lourde part, par les travailleurs (Dorman, 2000).
Enoncé en termes très généraux, le problème est d’assurer au tra-vail des conditions propres à préserver ou à promouvoir la santé physi-que et psychique des travailleurs. La convention (no 155) sur la sécurité
178 Revue internationale du Travail
et la santé des travailleurs, 1981, demande aux Etats de mettre enœuvre une politique nationale visant à «prévenir les accidents et lesatteintes à la santé qui résultent du travail, sont liés au travail ou sur-viennent au cours du travail, en réduisant au minimum les causes desrisques inhérents au milieu de travail, dans la mesure où cela est raison-nable et pratiquement réalisable». La convention (no 121) sur les pres-tations en cas d’accidents du travail et de maladies professionnelles,1964, définit les prestations à assurer aux travailleurs dans les éventua-lités visées. L’exécution des dispositions de la législation nationalerepose dans une large mesure sur l’inspection du travail, laquelle faitl’objet de la convention (no 81) sur l’inspection du travail, 1947.
Indicateurs proposés● Accidents mortels au travail (taux pour 100 000 salariés)● Inspection du travail (nombre d’inspecteurs pour 100 000 salariés
et pour 100 000 salariés effectivement soumis à l’inspection)● Assurance contre les accidents du travail et les maladies profession-
nelles (pourcentage de salariés assujettis à l’assurance)● Durée excessive du travail (voir sous Durée du travail)
Ces indicateurs mesurent directement ou indirectement le degréde sécurité au travail d’après les résultats enregistrés; l’effort de l’Etatpour assurer la sécurité et la santé au travail; le champ d’application del’assurance en cas d’accidents du travail ou de maladies professionnel-les; la durée du travail en tant que facteur de risque lorsqu’elle est anor-malement longue. Pour les trois premiers indicateurs, il faudra réunirdes données qui répondent aux critères de comparabilité internationalepour un nombre important de pays, ce qui demandera un gros travail.
Indicateurs à envisager● Assurance maladie (taux de couverture) (voir sous Protection
sociale)● Accidents du travail et stress (taux)
Les indicateurs proposés au paragraphe précédent laissent de côtébien des aspects de la sécurité et de la santé au travail, eu égard aux pos-sibilités pratiques de mesure et aux données aujourd’hui disponibles. Ilserait intéressant d’avoir de plus amples informations sur l’incidencedes maladies professionnelles, sur certains risques, sur certains problè-mes de santé physique ou mentale (comme le stress), sur les disposi-tions prévues en matière de congé de maladie, de pauses oud’installations sanitaires au travail. En revanche des données sont dis-ponibles – bien que de qualité douteuse – sur les accidents du travail.L’un des objectifs prioritaires devrait être de mesurer exactementl’incidence des accidents du travail et des maladies professionnelles et
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 179
le nombre d’heures de travail perdues en conséquence, en améliorantle cas échéant le mode de mesure. Dans beaucoup de pays, en effet, leschiffres laissent à désirer et sont inférieurs à la réalité. On ne connaîtpas précisément l’importance de l’écart, mais tout indique que, dansbien des cas, il est considérable.
Protection socialeSelon les critères mêmes du travail décent, le régime de travail doit
comporter une protection sociale convenable. La nécessité d’une telleprotection est partout ressentie, même si, quant aux risques auxquels lapopulation est exposée et à la nature ou à l’étendue de la protectiondont elle jouit, la situation diffère beaucoup selon les pays. Bien que laplupart aient pris des dispositions pour répondre à des éventualités tel-les que la maladie, l’invalidité, la vieillesse, le chômage, l’insuffisancedes moyens d’existence, pas plus de 20 pour cent de la population activedu globe bénéficie, selon les estimations du BIT, d’une protectionsociale convenable (BIT, 2001).
La nécessité de la protection sociale est reconnue dans la Consti-tution de l’OIT. Adoptée par la Conférence internationale du Travailen 2001, la résolution concernant la sécurité sociale relance l’action dansce domaine en mettant en évidence, dans la sécurité sociale, un droit fon-damental en même temps qu’un moyen de promouvoir la cohésionsociale, la dignité humaine et la justice sociale. La convention (no 102)concernant la sécurité sociale (norme minimum), 1952, prévoit neuf sor-tes de prestations: les soins médicaux, les indemnités de maladie, lesprestations de chômage, les prestations de vieillesse, les prestations encas d’accidents du travail et de maladies professionnelles, les prestationsaux familles, les prestations de maternité, les prestations d’invalidité etles prestations de survivants. Qu’il s’agisse de ces prestations ou d’autresformes d’aide, un aspect important de la protection est l’étendue de lacouverture de la population pauvre.
Les systèmes de sécurité sociale qui se rencontrent dans le mondesont de types très divers, avec des régimes publics et/ou privés, obliga-toires ou volontaires, d’application universelle ou ciblée. Très souvent,ils sont organisés dans le cadre de l’emploi. Les indicateurs de la pro-tection sociale devraient mesurer autant que possible, pour chacune deséventualités considérées, trois aspects au moins: étendue de la protec-tion (personnes protégées, prestations prévues, cotisations), niveau desprestations (par rapport à des valeurs de référence), dépenses.
Indicateurs proposés● Dépenses publiques de sécurité sociale (pourcentage du PIB pour
l’ensemble de la sécurité sociale, pour les dépenses de santé etpour les retraites)
180 Revue internationale du Travail
● Dépenses publiques d’assistance (aides pécuniaires aux personnesdans le besoin) (pourcentage du PIB)
● Bénéficiaires de prestations d’assistance (pourcentage de la popu-lation pauvre)
● Pensionnés dans la population âgée (pourcentage de la populationde plus de 65 ans)
● Travailleurs affiliés à une caisse de pensions (pourcentage de lapopulation active)
● Montant mensuel moyen des retraites (pourcentage de la rémuné-ration médiane ou minimale)
● Assurance en cas d’accidents du travail et de maladies profession-nelles (voir sous Sécurité et santé au travail)Ces indicateurs portent sur la situation de fait en ce qui concerne
l’étendue de la protection et le niveau des prestations pour les tra-vailleurs et la population en général. Le seul pour lequel on disposeactuellement de données pour un nombre assez important de pays estl’indicateur des dépenses publiques pour l’ensemble de la sécuritésociale. Il s’agit de corriger cette situation au moins pour les grandeséventualités que sont la maladie (soins médicaux et indemnités demaladie), la vieillesse et le chômage. Des discussions sont en cours à cesujet au BIT, et les premières mesures ont été prises, en collaboration,dans certains domaines, avec l’Association internationale de la sécuritésociale.
Indicateur à envisager● Assurance maladie (taux de couverture)
La protection assurée en matière de soins médicaux est un aspectimportant de la protection sociale qu’il est difficile de mesurer. Onpourrait prendre comme indicateur le pourcentage de la population(population totale, active ou salariée) qui cotise à un régime d’assu-rance maladie (public ou privé, obligatoire ou volontaire). Il faudraittraiter à part les pays qui ont une couverture maladie universelle.
Dialogue social et relations de travailLa notion de travail décent implique la possibilité pour les tra-
vailleurs de s’exprimer sur les questions de travail et de participer à ladétermination des conditions de travail, que ce soit par l’intermédiairede représentants collectivement choisis ou grâce à des contacts directsavec les employeurs. Ils doivent pouvoir constituer librement des orga-nisations pour défendre collectivement leurs intérêts en négociant avecles employeurs, condition fondamentale de la démocratie au travail etd’un dialogue social efficace. Dans son sens le plus général, la notion dedialogue social recouvre toutes les formes d’information, de consulta-
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 181
tion et de négociation entre les représentants des employeurs, les repré-sentants des travailleurs et ceux de l’Etat quand il y a lieu sur lesquestions d’intérêt commun qui concernent directement le travail et surles mesures de politique économique et sociale correspondantes.
Plusieurs conventions internationales du travail traitent des condi-tions du dialogue social, notamment la convention (no 87) sur la libertésyndicale et la protection du droit syndical, 1948, et la convention(no 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949. Laconvention no 87 proclame le droit des travailleurs et des employeursde constituer, sans autorisation préalable, des organisations de leurchoix et de s’y affilier, comme le droit de ces organisations de constituerdes fédérations et des confédérations et de s’y affilier. Pour faire de cesdroits une réalité, il faut que soient établies les conditions, juridiquesnotamment, de leur exercice et qu’ils soient effectivement exercés. Ledroit syndical et les droits connexes sont, selon les conventions del’OIT, des droits dont l’exercice est volontaire: ce n’est pas parce qu’ilssont inscrits dans les textes, en d’autres termes, qu’ils serontnécessairement exercés.
Indicateurs proposés● Taux de syndicalisation● Champ d’application des accords collectifs de salaires● Incidence des grèves et des lock-out (pour 1 000 salariés)
Les trois indicateurs proposés ici le sont, dans une large mesure,en fonction des données disponibles et des possibilités pratiques. Pourles deux premiers, le BIT doit mettre en place de nouveaux dispositifsde collecte des données, ce qu’il a déjà entrepris de faire. Il recueilledepuis de nombreuses années les données nécessaires au calcul du troi-sième. Ces indicateurs mesurent principalement des caractéristiques dusystème de relations professionnelles, et il importe d’aller plus loin.
Indicateurs à envisager● Relations employeurs-salariés et procédures de règlement des
réclamations● Participation aux décisions dans le travail● Proportion de femmes parmi les membres et les dirigeants des syn-
dicats● Participation des syndiqués aux élections et aux décisions dans les
syndicats● Participation des syndicats à la définition de la politique économi-
que et sociale● Restrictions apportées à la liberté syndicale et au droit de négocia-
tion collective (élaboration de fiches d’information et éventuelle-ment d’indicateurs)
182 Revue internationale du Travail
Ces indicateurs supplémentaires sont proposés pour étude. Il fau-drait, pour les mettre au point, fixer des priorités, définir des méthodesde mesure et recueillir les données nécessaires au niveau national. Untravail considérable devra être accompli avant qu’il soit possible de lesincorporer dans le système d’indicateurs de l’OIT.
Les restrictions mises à la liberté syndicale et au droit de négo-ciation collective sont un élément qu’il serait intéressant de mesurer(voir Kucera, 2001). On pourrait soit élaborer un indicateur numériqueavec des valeurs conventionnelles simples (1 = pas ou presque pas derestrictions; 2 = certaines restrictions; 3 = d’importantes restrictions),soit établir des fiches d’information par pays, sans chercher à mettre aupoint une mesure statistique. On pourrait utiliser pour cela les infor-mations recueillies sur l’application des conventions internationales dutravail pertinentes (en se fondant sur les rapports de la Commissiond’experts du BIT pour l’application des conventions et recommanda-tions, sur les travaux du Comité de la liberté syndicale du BIT ou sur lesrapports pour le suivi de la Déclaration de l’OIT relative aux principeset droits fondamentaux au travail). On pourrait aussi demander aubesoin des rapports aux administrations nationales, aux organisationsd’employeurs ou de travailleurs, aux médias ou à d’autres organismes.
Contexte socio-économiqueNous nous sommes occupés jusqu’à maintenant de la mesure du
travail décent. Il importe de prendre aussi en compte le contexte socio-économique dans lequel se situe le travail. Nous le faisons ici sous troisangles, en considérant les conditions socio-économiques dont peutdépendre dans une plus ou moins large mesure l’établissement durabled’un régime de travail décent; les performances socio-économiques surlesquelles l’établissement d’un tel régime de travail peut avoir une inci-dence; la composition de l’emploi, quant aux caractéristiques qu’il fautconnaître pour obtenir certains indicateurs.
Indicateurs proposés● Production par actif occupé (en parité des pouvoirs d’achat)● Accroissement de la production par actif occupé (production totale
et production manufacturière)● Inflation (prix à la consommation)● Niveau d’instruction de la population adulte (taux d’alphabétisa-
tion, pourcentage de la population ayant une instruction secon-daire)
● Répartition de l’emploi par grand secteur (agriculture, industrie,services)
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 183
● Répartition des revenus (rapport de la tranche supérieure de10 pour cent à la tranche inférieure de 10 pour cent, revenus ouconsommation)
● Pauvreté (pourcentage de la population vivant avec moins de 1 oude 2 dollars EU par jour)
● Emploi dans l’économie informelle (pourcentage de l’emploi nonagricole ou de l’emploi urbain)A l’exception du dernier – pour lequel le BIT commence à fournir
des estimations raisonnablement comparables –, il s’agit d’indicateursfournis aujourd’hui par les bases internationales de données pour unnombre important de pays.
Synthèse et recommandationsLa mise au point d’indicateurs du travail décent répond à des
besoins évidents. Sans de tels indicateurs, il est impossible pour les pou-voirs publics, pour les travailleurs, les employeurs et leurs organisationscomme pour la population en général de juger convenablement la situa-tion, de faire des comparaisons avec d’autres pays ou de suivre les pro-grès accomplis. Il est très difficile aussi pour l’OIT de faire passer sonmessage et d’influer sur le débat public dans le domaine du travail etdes questions sociales.
Partant de l’idée de travail décent, nous avons cherché à en déga-ger les implications quant aux indicateurs à élaborer, en établissantquelques grands principes. Le terme «décent» témoigne du souci parti-culier de la situation des catégories les plus vulnérables; il s’agit desavoir si les conditions observées sont convenables ou suffisantes, c’est-à-dire de considérer les distributions plutôt que les valeurs moyennes.Sauf pour les droits fondamentaux, il convient d’interpréter la notionde travail décent en fonction des normes de chaque société. Cela signi-fie notamment que les pays riches comme les pays pauvres peuventpâtir de déficits de travail décent. C’est aussi la situation concrète desgens qu’il importe de connaître; les indicateurs doivent donc porter surles conditions effectives. La notion de travail décent embrassant touteune série d’aspects du travail, il est indispensable enfin d’élaborer unsystème d’indicateurs qui rendent compte de tous les aspects envisagés,et d’observer dans quelle mesure les divers aspects du travail décentsont associés, pour les travailleurs, dans les entreprises et dans les pays.
De la notion de travail décent, nous avons dégagé dix grands para-mètres du travail que tout travailleur peut saisir et rapporter à sa propreactivité. Nous avons défini ensuite, pour mesurer ces paramètres, desindicateurs qui devaient répondre à quatre grandes exigences: il fallaitqu’ils s’inscrivent dans un schéma logique cohérent; que l’interpréta-tion puisse en être aisément communiquée; qu’ils assurent un degré
184 Revue internationale du Travail
satisfaisant de comparabilité internationale; qu’il existe enfin des don-nées pour un nombre suffisant de pays (développés, en développement,en transition). La cohérence logique est à nos yeux une chose impor-tante, mais il faut aussi faire preuve de réalisme et tenir compte de cequi est possible en pratique. De même, il faut savoir proposer des indi-cateurs mais savoir aussi renoncer à en retenir d’autres.
Les indicateurs proposés devraient permettre d’établir un systèmefondamental de mesure du travail décent. Ils ne sont pas parfaits, c’estsûr, ni suffisants sans doute pour répondre aux besoins particuliers quel’on peut rencontrer dans certains pays ou certaines régions ou danscertains programmes techniques. Ils sont conçus pour fournir, sur labase du possible, un appareil minimal de mesure valable partout quirende cependant assez largement compte de la notion de travaildécent 11. Il est clair qu’on ne saurait rendre compte de façon détailléede la totalité des aspects à considérer au moyen d’une série d’indicateursqui reste assez réduite.
Ces considérations nous conduisent à formuler quatre recomman-dations. La première, sur la mise au point du système d’indicateurs et lelancement du travail de mesure, s’inscrit dans le droit fil de l’exposé quiprécède. La deuxième et la troisième concernent l’intégration de ce tra-vail dans l’ambition plus large qui consiste à faire du travail décent unprincipe directeur de l’action de l’OIT et des gouvernements. La qua-trième porte sur les dispositions à prendre pour être à même à l’avenirde mesurer tous les aspects du travail décent.
Recommandation n° 1: Etablir un système d’indicateurs de baseet lancer le travail de mesure
Selon les principes que nous avons exposés dans cet article etcompte tenu des échanges de vues et des commentaires constructifsauxquels a donné lieu le précédent document sur le sujet (Anker etcoll., 2002), un système provisoire d’indicateurs de base sur le travaildécent a été établi en vue de lancer sans délai l’opération de mesure(voir l’annexe). On devra tester les possibilités d’application pratique etl’utilité des indicateurs proposés au cours de l’année ou des deuxannées à venir en les calculant pour le plus grand nombre possible de
11 Nous avons plus ou moins laissé de côté une question importante, celle de laréglementation nationale ou internationale du travail. Il serait intéressant de mettre au point unsystème complémentaire intégré d’indicateurs des dispositions applicables (dispositions législa-tives, normes internationales du travail) en ce qui concerne les principaux aspects du travaildécent: salaire minimum, protection contre le licenciement, droit syndical, droit de grève, assu-rance chômage, etc. Il faudrait entreprendre pour cela un travail systématique de collecte des don-nées, d’exploitation, de codage et de publication. Dans l’idéal, il conviendrait de mesurer aussi laportée ou le champ d’application effectif de ces dispositions de façon à rendre compte de la situa-tion réelle des travailleurs. Le BIT a commencé à œuvrer dans ce sens.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 185
pays de toutes les régions du monde et de tous les niveaux dedéveloppement. On s’attachera à déterminer et à régler ainsi lesproblèmes qui pourraient se poser, comme à assurer une bonne compa-rabilité internationale. Il appartiendra alors au BIT de faire la synthèsede ce travail et des résultats obtenus et de revoir comme il convient lesindicateurs en vue d’établir un système de mesure durable. Un travailimpliquant tout le BIT a d’ores et déjà été entrepris en ce sens sous laconduite du Département de l’intégration des politiques du BIT, avecla participation des bureaux régionaux et locaux 12.
Recommandation n° 2: Encourager la mesure du travail décent au niveau régional ou national
L’OIT devrait encourager et soutenir les initiatives régionales ounationales en vue d’améliorer et d’élargir le système d’indicateurs lors-que les données disponibles le permettent et que des problèmes parti-culiers le demandent. Le but devrait être de développer les indicateursproposés ici, non de leur en substituer d’autres: à long terme, en effet,il s’agit de disposer d’un système d’indicateurs d’application univer-selle. Pour ce qui concerne l’OIT, il conviendra de partir du schéma detravail commun proposé ici lors des discussions qui devront s’engager,comme nous l’avons dit, à l’échelle de l’Organisation. Dans les régionstelles que l’Amérique latine, où existe une tradition de mesure desaspects du travail décent (voir Panorama Laboral, note 3, ci-avant), ilserait logique d’adapter et d’étendre l’utilisation des indicateurs pro-posés ici.
Recommandation n° 3: Intégrer la mesure du travail décentdans les activités de l’OIT et les politiques nationales
Il n’y a pas grand intérêt à mettre au point des indicateurs du tra-vail décent si on ne les utilise pas pour déterminer et proposer des pro-grammes d’action, et l’on ne voit pas à quoi pourrait servir sans cela lesystème d’indicateurs de l’OIT. Il ne s’agit pas seulement, en d’autrestermes, de dresser un tableau de la situation: il nous faut approfondirla signification du travail décent pour mieux comprendre les relations
12 Voir, par exemple Bescond, Châtaignier et Mehran dans le présent numéro de la Revue.Parmi d’autres activités du BIT, on citera les travaux entrepris par: le Programme focal sur le dia-logue social, la législation du travail et l’administration du travail pour mesurer les taux de syndi-calisation et le taux de couverture de la négociation collective; le Programme focal sur la sécuritésocio-économique et les services de sécurité sociale en vue de mesurer divers aspects de la protec-tion sociale; le Programme des conditions de travail et d’emploi et le Département de l’emploi(indicateur clé du marché du travail) sur les taux de salaire; le Bureau de Statistique sur le secteurinformel.
186 Revue internationale du Travail
entre ses différents aspects, comme l’incidence du développement surle travail décent et l’incidence de celui-ci sur la croissance économiqueet la réduction de la pauvreté. Il appartiendra à l’OIT d’intégrer lamesure du travail décent dans ses diverses activités: recherche, étudeset activités de conseil sur les politiques à mettre en oeuvre, communi-cation avec les Etats Membres, les employeurs et les travailleurs, lepublic. Cela sera particulièrement utile pour fixer des priorités et desobjectifs réalistes. Un travail de ce type, actuellement en cours, estl’analyse des données individuelles comparables tirée de l’enquêtemenée en 2000 par la Fondation européenne pour l’amélioration desconditions de vie et de travail.
Recommandation n° 4: Prendre les dispositions nécessaires pourmesurer les aspects du travail décent qu’il n’est pas possiblede traiter convenablement en l’état actuel des choses
Force est d’admettre que, quoi que le BIT puisse entreprendredans l’immédiat, il ne sera pas possible, faute de données, de mesurerconvenablement certains grands aspects du travail décent, notammentdans les pays en développement. Cela est vrai notamment pour les for-mes inacceptables de travail, la stabilité et la sécurité de l’emploi,l’équilibre travail-vie familiale, la garantie d’un traitement équitable(en dehors de certains aspects qui concernent la situation respective deshommes et des femmes), la sécurité et la santé au travail, la protectioncontre certains risques sociaux et plusieurs aspects du dialogue social.Pour remédier à cet état de choses, il faudra élargir et améliorer les sys-tèmes de collecte des données, ce qui exigera du temps et des moyens.Il faudra aussi mettre au point, pour les enquêtes auprès de la popula-tion ou auprès des établissements, des instruments qui permettent demieux mesurer le travail décent au sens large. Il s’agit de faire en sorteque la mesure du travail décent devienne partie intégrante du pro-gramme statistique (spécialement des enquêtes sur la populationactive) de tous les pays, notamment des pays en développement. LeBIT a déjà entrepris, en collaboration avec les organismes statistiquesnationaux, de mettre au point et de tester l’incorporation de questionset de modules relatifs au travail décent dans les enquêtes nationales surla population active pour qu’elles deviennent aussi des enquêtes sur letravail décent. C’est l’objectif vers lequel doivent converger les quatrerecommandations formulées ici: mesurer convenablement le travaildécent partout dans le monde. Déboucher enfin sur la définition et lamesure de grands indicateurs du BIT sur le travail décent est difficile,mais possible. Cela suppose que l’ensemble du BIT travaille avec lesmandants et les organismes statistiques nationaux. C’est un engage-ment crucial, car la crédibilité et la légitimité du programme en faveurdu travail décent en dépendent, et pour beaucoup.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 187
RéférencesAnker, Richard; Chernyshev, Igor; Egger, Philippe; Mehran, Fahrad; Ritter, Joseph. 2002:
Measuring decent work with statistical indicators, Département de l’intégration despolitiques, Unité du développement et de l’analyse des statistiques, document de tra-vail no 2 (Genève, BIT), <www.ilo.org/public/english/bureau/integration/departme/statist/working.htm> [consulté le 2 septembre 2003].
BIT. 2001: Réduire le déficit du travail décent: Un défi mondial, Rapport du Directeur généralà la Conférence internationale du Travail, 89e session (Genève).
—. 1999: Un travail décent, Rapport du Directeur général à la Conférence internationale duTravail, 87e session (Genève).
Bohle, Philip; Quinlan, M.; Mayhew, C. 2001: «The health and safety effects of job insecurity:An evaluation of the evidence», Economic and Labour Relations Review (Sydney),vol. 12, no 1 (juin).
Commission européenne. 2001: L’emploi en Europe 2001: Evolution récente et perspectives(Luxembourg, Office des publications officielles des Communautés européennes).
Dorman, Peter. 2000: The economics of safety, health, and well-being at work: An overview(Genève, BIT).
Freeman, Richard B.; Medoff, James L. 1984: What do unions do? (New York, Basic Books).Ghai, Dharam. 2002: Decent work: Concepts, models and indicators, Institut international
d’études sociales, Discussion paper DP/139/2002 (Genève, BIT/IIES)Hamermesh, Daniel S. 1999a: The changing distribution of job satisfaction, NBER Working
Paper no 7332 (Washington, DC, National Bureau of Economic Research), septem-bre.
—. 1999b: «Changing inequality in work injuries and work timing», Monthly Labor Review(Washington, DC), vol. 122, no 10 (oct.), pp. 22-30.
Kucera, David. 2001: The effects of core workers rights on labour costs and foreign directinvestment: Evaluating the “conventional wisdom”, Institut international d’étudessociales, Discussion paper DP/130/2001 (Genève, BIT/IIES).
Paoli, Pascal.; Merllié, Damien. 2000: Troisième enquête européenne sur les conditions detravail 2000, rapport de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditionsde vie et de travail (Luxembourg, Office des publications officielles des Communautéseuropéennes).
Standing, Guy. 2002: «Enquêtes sur la sécurité des personnes: vers un indicateur du travaildécent», Revue internationale du Travail (Genève), vol. 141, no 4, pp. 487-501.
Takala, Jukka. 2002: Decent work – Safe work, Introductory report to the XVIth World Con-gress on Occupational Safety and Health, Vienne, 26-31 mai, <www.ilo.org/public/english/protection/safework/wdcongrs/ilo_rep.pdf> [consulté le 2 septembre 2003].
188 Revue internationale du TravailA
nnex
eLa
mes
ure
du
trav
ail d
écen
t: R
écap
itula
tion
des
ind
icat
eurs
pro
po
sés
(Les
men
tions
en
italiq
ue r
envo
ient
à d
es in
dic
ateu
rs p
rése
ntés
dan
s un
e au
tre
sect
ion)
Par
amèt
res/
Indi
cate
urs
Par
sex
eP
robl
èmes
d’a
pplic
atio
nIn
suffi
sanc
es, l
acun
es, p
ossi
bilit
és1
Po
ssib
ilité
s d
e tr
avai
l 1.
Taux
d’a
ctiv
ité
2.R
app
ort
emp
loi/p
opul
atio
n 3.
Taux
de
chôm
age
4.Ta
ux d
e ch
ômag
e d
es je
unes
Taux
de
sous
-em
ploi
(dur
ée d
u tr
avai
l)5.
Par
t d
e l’e
mp
loi s
alar
ié d
ans
l’em
plo
i non
agr
icol
e
√ √ √ √ √ √
Am
élio
rer
la c
ompa
rabi
lité.
Am
élio
rer
la c
ompa
rabi
lité.
Am
élio
rer
la c
ompa
rabi
lité.
Am
élio
rer
la c
ompa
rabi
lité.
Voir
sous
Dur
ée d
u tr
avai
l.A
mél
iore
r la
com
para
bilit
é.
Indi
cate
urs
à pe
rfect
ionn
er e
n fo
nctio
n
de la
rech
erch
e d’
une
mei
lleur
e co
mpa
rabi
lité
inte
rnat
iona
le.
Car
actè
re a
ccep
tab
le d
u tr
avai
l6.
Déf
aut
de
scol
aris
atio
n (p
ourc
enta
ges
d’en
fant
s no
n sc
olar
isés
par
âge
, sel
on la
situ
atio
n da
ns l’
empl
oi)
√E
tabl
ir si
d’a
utre
s ra
ison
s qu
e le
trav
ail e
mpê
chen
t la
sco
laris
atio
n (m
anqu
e d’
équi
pem
ents
sco
laire
s su
r pl
ace
par
exem
ple)
.
Asp
ects
à é
tudi
er: t
rava
il de
s en
fant
s: tr
avau
x da
nger
eux
et p
ires
form
es d
e ce
trav
ail;
trav
ail f
orcé
.P
rend
re e
n co
mpt
e s’
il y
a lie
u le
tem
ps to
tal
d’ac
tivité
, y c
ompr
is le
s tâ
ches
non
éco
nom
ique
s da
ns le
mén
age.
Pre
ndre
en
com
pte
la r
égul
arité
de
la fr
éque
ntat
ion
et le
s pr
ogrè
s sc
olai
res.
7.Tr
avai
l des
enf
ants
(pou
rcen
tage
s d’
enfa
nts
exer
çant
une
act
ivité
s sa
larié
e ou
indé
pend
ante
pa
r âg
e)
√M
anqu
e de
don
nées
2 .
Rém
unér
atio
n et
pro
duc
tivité
8.R
émun
érat
ion
insu
ffisa
nte
(pou
rcen
tage
de
trav
aille
urs
gagn
ant m
oins
de
la m
oitié
de
la r
émun
érat
ion
méd
iane
ou
moi
ns
d’un
mon
tant
min
imal
(si p
lus
élev
é) s
elon
la
situ
atio
n da
ns l’
empl
oi)
√C
onsi
dére
r la
dis
trib
utio
n de
s ré
mun
érat
ions
(non
de
s va
leur
s m
oyen
nes)
.A
mél
iore
r la
com
para
bilit
é.
E
tudi
er e
ncor
e le
cho
ix
des
vale
urs
de r
éfér
ence
(re
lativ
es o
u ab
solu
es).
Cal
cule
r l’i
ndic
ateu
r se
lon
la s
ituat
ion
dans
l’em
ploi
(d
onné
es s
ouve
nt im
préc
ises
pou
r le
s tr
avai
lleur
s in
dépe
ndan
ts).
A
spec
t non
con
sidé
ré: r
égul
arité
de
l’em
ploi
ou
du
reve
nu.
Indi
quer
som
mai
rem
ent l
a fo
rmat
ion.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 189P
aram
ètre
s/In
dica
teur
sP
ar s
exe
Pro
blèm
es d
’app
licat
ion
Insu
ffisa
nces
, lac
unes
, pos
sibi
lités
1
9.R
émun
érat
ion
moy
enne
dan
s ce
rtai
nes
pro
fess
ions
√B
ien
étud
ier l
e ch
oix
des
prof
essi
ons
dans
l’En
quêt
e d’
octo
bre
du B
IT. A
mél
iore
r l’E
nquê
te d
’oct
obre
(c
ohér
ence
et c
ompa
rabi
lité
des
donn
ées,
pay
s co
uver
ts).
Dur
ée e
xces
sive
du
trav
ail
√Vo
ir so
us D
urée
du
trav
ail.
Sou
s-em
ploi
(heu
res
de tr
avai
l)√
Voir
sous
Dur
ée d
u tr
avai
l.
10.
Form
atio
n ré
cent
e (p
ourc
enta
ge d
e tr
avai
lleur
s ay
ant
reçu
au
cour
s de
s 12
der
nier
s m
ois
une
form
atio
n as
suré
e ou
fina
ncée
par
l’em
ploy
eur
ou p
ar l’
Eta
t)
√M
anqu
e de
don
nées
2 .
Dur
ée d
u tr
avai
l11
.D
urée
exc
essi
ve d
u tr
avai
l (po
urce
ntag
e de
trav
aille
urs
fais
ant p
lus
d’un
cer
tain
nom
bre
d’he
ures
, sel
on la
situ
atio
n da
ns l’
empl
oi)
√D
éfini
tion
de la
dur
ée
du tr
avai
l (ef
fect
ive
au c
ours
de
la p
ério
de c
onsi
déré
e ou
hab
ituel
le, d
ans
l’act
ivité
pr
inci
pale
ou
pour
tout
es
les
activ
ités)
.
Asp
ects
non
con
sidé
rés:
rais
ons
expl
iqua
nt la
dur
ée
du tr
avai
l; te
mps
de
traj
et; h
orai
res
atyp
ique
s ou
inco
mpa
tible
s av
ec u
ne v
ie s
ocia
le n
orm
ale.
12.
Sou
s-em
plo
i (he
ures
de
trav
ail)
(pou
rcen
tage
de
trav
aille
urs
fais
ant m
oins
d’u
n ce
rtai
n no
mbr
e d’
heur
es q
ui p
ourr
aien
t et v
oudr
aien
t en
faire
plu
s)
√«M
anqu
e de
don
nées
2 .
Am
élio
rer
la c
ompa
rabi
lité.
Sta
bili
té e
t sé
curi
té d
e l’e
mp
loi
13.
Faib
le a
ncie
nnet
é d
ans
l’em
plo
i (po
urce
ntag
e de
trav
aille
urs
com
ptan
t moi
ns d
’une
ann
ée d
’em
ploi
da
ns le
ur a
ctiv
ité p
rinci
pale
, par
âge
et s
elon
la
situ
atio
n da
ns l’
empl
oi)
√ M
anqu
e de
don
nées
2 .In
dica
teur
s ré
tros
pect
ifs; n
e re
nsei
gnen
t pas
sur
le
s op
inio
ns q
uant
à la
séc
urité
futu
re d
e l’e
mpl
oi.
Asp
ect n
on c
onsi
déré
: dis
cont
inui
té d
e l’e
mpl
oi.
14.
Trav
ail t
emp
orai
re (p
ourc
enta
ge d
e sa
larié
s dé
clar
ant e
xerc
er u
n tr
avai
l tem
pora
ire)
√M
anqu
e de
don
nées
2 .
Inte
rpré
tatio
n du
term
e «t
empo
raire
» da
ns le
s en
quêt
es (p
robl
èmes
de
com
para
bilit
é).
190 Revue internationale du TravailLa
mes
ure
du
trav
ail d
écen
t: R
écap
itula
tion
des
ind
icat
eurs
pro
po
sés
(sui
te)
Par
amèt
res/
Indi
cate
urs
Par
sex
eP
robl
èmes
d’a
pplic
atio
nIn
suffi
sanc
es, l
acun
es, p
ossi
bilit
és1
Eq
uilib
re t
rava
il-vi
e fa
mili
ale
15.
Em
plo
i des
fem
mes
aya
nt d
es e
nfan
ts a
u-d
esso
us
de
l’âge
sco
laire
(tau
x d’
empl
oi p
ar r
appo
rt a
u ta
ux
de l’
ense
mbl
e de
s fe
mm
es â
gées
de
20 à
49
ans)
.
√D
onné
es à
tire
r de
s en
quêt
es s
ur la
pop
ulat
ion
activ
e (e
xplo
itatio
n de
s ré
sulta
ts à
am
énag
er
dans
cer
tain
s pa
ys).
Asp
ects
non
con
sidé
rés:
pro
tect
ion
de l’
empl
oi
et a
ides
péc
unia
ires
pour
les
mèr
es e
t les
pèr
es;
hora
ires
flexi
bles
; hor
aire
s at
ypiq
ues
ou in
com
patib
les
avec
une
vie
soc
iale
nor
mal
e;
syst
èmes
de
gard
e de
s en
fant
s; c
ongé
en
cas
de m
alad
ie d
es e
nfan
ts o
u de
s pa
rent
s.
Dur
ée e
xces
sive
du
trav
ail
Voir
sous
Dur
ée d
u tr
avai
l.
Trai
tem
ent
équi
tab
le e
n m
atiè
re d
’em
plo
i16
.S
égré
gatio
n p
rofe
ssio
nnel
le s
elon
le s
exe
(pou
rcen
tage
s de
l’em
ploi
non
agr
icol
e qu
e re
prés
ente
nt le
s ac
tivité
s m
ajor
itaire
men
t mas
culin
es
ou fé
min
ines
et i
ndic
e de
diff
éren
ce)
√D
egré
de
déta
il de
s cl
assi
ficat
ions
de
s pr
ofes
sion
s (p
robl
èmes
de
com
para
bilit
é).
Aut
res
caus
es d
e di
scrim
inat
ion
non
cons
idér
ées:
ap
part
enan
ce e
thni
que,
relig
ion,
qua
lité
d’im
mig
ré, e
tc.
Asp
ects
non
con
sidé
rés:
har
cèle
men
t sex
uel,
brim
ades
et v
iole
nce
au tr
avai
l, re
latio
ns e
mpl
oyeu
rs-
sala
riés
(règl
emen
t des
récl
amat
ions
, etc
.), a
uton
omie
da
ns le
trav
ail.
17.
Par
t d
e l’e
mp
loi f
émin
in d
ans
les
pos
tes
d’e
ncad
rem
ent
et le
s p
oste
s ad
min
istr
atifs
su
pér
ieur
s (p
ourc
enta
ge d
e fe
mm
es d
ans
ces
post
es p
ar r
appo
rt a
u po
urce
ntag
e da
ns l’
empl
oi
non
agric
ole)
√ D
iffér
ence
s en
tre
la C
ITI-
68
et la
CIT
I-88
3 (p
robl
èmes
de
com
para
bilit
é).
Par
t de
l’em
ploi
fém
inin
dan
s l’e
mpl
oi s
alar
iéno
n ag
ricol
e√
Voir
sous
Pos
sibi
lités
de
trav
ail.
Rap
port
des
rém
unér
atio
ns fé
min
ines
aux
ré
mun
érat
ions
mas
culin
es d
ans
cert
aine
s pr
ofes
sion
s
√Vo
ir so
us R
émun
érat
ion
et p
rodu
ctiv
ité.
Rap
port
s ou
diff
éren
ces
entr
e le
s in
dica
teur
s m
ascu
lins
et fé
min
ins
pour
les
autr
es in
dica
teur
s√
Voir
sous
les
autr
es
rubr
ique
s.
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 191P
aram
ètre
s/In
dica
teur
sP
ar s
exe
Pro
blèm
es d
’app
licat
ion
Insu
ffisa
nces
, lac
unes
, pos
sibi
lités
1
Séc
urité
et
sant
é au
tra
vail
18. A
ccid
ents
mor
tels
au
trav
ail
(taux
pou
r 10
000
0 sa
larié
s)√
Am
élio
rer
la c
ompa
rabi
lité
Cha
mp
des
stat
istiq
ues
des
acci
dent
s m
orte
ls e
t de
s se
rvic
es d
’insp
ectio
n lim
ité a
u se
cteu
r for
mel
.
Q
ualit
é so
uven
t méd
iocr
e de
s do
nnée
s su
r le
s ac
cide
nts
mor
tels
.
19.
Insp
ectio
n d
u tr
avai
l (no
mbr
e d’
insp
ecte
urs
pour
100
000
sala
riés
et p
our
100
000
sala
riés
effe
ctiv
emen
t sou
mis
à l’
insp
ectio
n)
Met
tre
en p
lace
des
syst
èmes
de
colle
cte
de d
onné
es.
Pro
blèm
es p
our
la
déte
rmin
atio
n de
s em
ploi
s so
umis
à l’
insp
ectio
n.
Effi
caci
té v
aria
ble
des
insp
ecte
urs
du tr
avai
l.
A
spec
ts n
on c
onsi
déré
s: a
ccid
ents
non
mor
tels
(im
port
ants
pro
blèm
es e
n ce
qui
con
cern
e le
s m
odal
ités
de d
écla
ratio
n de
s ac
cide
nts
ains
i que
la
port
ée e
t la
com
para
bilit
é de
s do
nnée
s); r
isqu
es
autr
es q
ue c
eux
liés
à la
dur
ée d
u tr
avai
l (il
sera
it tr
ès
diffi
cile
de
mes
urer
ave
c pr
écis
ion
une
larg
e ga
mm
e de
ris
ques
); pr
oblè
mes
de
sant
é ph
ysiq
ue o
u m
enta
le a
utre
s qu
e le
s ac
cide
nts;
dis
posi
tions
pr
évue
s en
mat
ière
de
cong
é de
mal
adie
, de
paus
es, d
’inst
alla
tions
san
itaire
s, e
tc.
Dur
ée e
xces
sive
du
trav
ail
√Vo
ir so
us D
urée
du
trav
ail.
20.
Ass
uran
ce c
ontr
e le
s ac
cid
ents
du
trav
ail e
t le
s m
alad
ies
pro
fess
ionn
elle
s (p
ourc
enta
ge d
e sa
larié
s as
suje
ttis
à l’
assu
ranc
e).
√M
ettr
e en
pla
ce
des
syst
èmes
de
colle
cte
des
donn
ées.
Pro
tect
ion
soci
ale
21.
Dép
ense
s p
ubliq
ues
de
sécu
rité
soci
ale
(pou
rcen
tage
du
PIB
pou
r l’e
nsem
ble
de la
séc
urité
so
cial
e, p
our
les
dépe
nses
de
sant
é et
pou
r le
s re
trai
tes)
Pas
de
donn
ées
régu
lière
men
t dis
poni
bles
po
ur c
erta
ins
pays
.
Asp
ects
non
con
sidé
rés:
ass
uran
ce m
alad
ie;
pour
cent
age
de la
pop
ulat
ion
béné
ficia
nt d
e se
rvic
es
de s
anté
; pro
tect
ion
assu
rée
par
les
régi
mes
priv
és
(éte
ndue
et d
épen
ses)
; rép
artit
ion
des
pres
tatio
ns
(pen
sion
s et
soi
ns m
édic
aux)
; dis
posi
tions
en
fave
ur
des
mèr
es e
t des
pèr
es.
Man
que
poss
ible
de
donn
ées
pour
dét
erm
iner
les
diffé
renc
es s
elon
le s
exe
en c
e qu
i con
cern
e le
s in
dica
teur
s de
pen
sion
s.
22.
Dép
ense
s p
ubliq
ues
d’a
ssis
tanc
e (a
ides
péc
unia
ires
aux
pers
onne
s da
ns le
bes
oin)
(pou
rcen
tage
du
PIB
)In
dica
teur
à é
tudi
er e
ncor
e po
ur o
bten
ir de
s ré
sulta
ts
cohé
rent
s.
192 Revue internationale du TravailLa
mes
ure
du
trav
ail d
écen
t: R
écap
itula
tion
des
ind
icat
eurs
pro
po
sés
(sui
te)
Par
amèt
res/
Indi
cate
urs
Par
sex
eP
robl
èmes
d‘a
pplic
atio
nIn
suffi
sanc
es, l
acun
es, p
ossi
bilit
és1
23.
Bén
éfici
aire
s d
e p
rest
atio
ns d
’ass
ista
nce
(pou
rcen
tage
de
la p
opul
atio
n pa
uvre
)M
ettr
e en
pla
cede
s sy
stèm
es d
e co
llect
e de
s do
nnée
s.
24.
Pen
sion
nés
dan
s la
pop
ulat
ion
âgée
(p
ourc
enta
ge d
e la
pop
ulat
ion
de p
lus
de 6
5 an
s)√
Met
tre
en p
lace
de
s sy
stèm
es d
e co
llect
e de
s do
nnée
s.
25.
Trav
aille
urs
affil
iés
à un
e ca
isse
de
pen
sion
s (p
ourc
enta
ge d
e la
pop
ulat
ion
activ
e) √
Met
tre
en p
lace
des
syst
èmes
de
colle
cte
des
donn
ées.
26.
Mon
tant
men
suel
moy
en d
es re
trai
tes
(pou
rcen
tage
de
la r
émun
érat
ion
méd
iane
ou
min
imal
e)√
Met
tre
en p
lace
des
sy
stèm
es d
e co
llect
e de
s do
nnée
s.
Ass
uran
ce e
n ca
s d’
acci
dent
s du
trav
ail
et d
e m
alad
ies
prof
essi
onne
lles
√Vo
ir so
us S
écur
ité e
t san
té
au tr
avai
l.
Dia
log
ue s
oci
al e
t re
latio
ns d
e tr
avai
l27
.Ta
ux d
e sy
ndic
alis
atio
nM
ettr
e en
pla
cede
s sy
stèm
es d
e co
llect
e de
don
nées
.
Asp
ects
à é
tudi
er: i
ndic
ateu
rs s
ur l’
éten
due
effe
ctiv
e de
la li
bert
é sy
ndic
ale
et d
u dr
oit
de n
égoc
iatio
n co
llect
ive.
28.
Cha
mp
d’a
pp
licat
ion
des
acc
ord
s co
llect
ifs
de
sala
ires
Met
tre
en p
lace
de
s sy
stèm
es d
e co
llect
e de
don
nées
.
Asp
ects
non
con
sidé
rés:
rela
tions
em
ploy
eurs
-sa
larié
s; p
artic
ipat
ion
aux
déci
sion
s da
ns le
trav
ail;
prop
ortio
n de
fem
mes
dan
s le
s sy
ndic
ats;
dé
moc
ratie
syn
dica
le; q
ualit
é du
dia
logu
e so
cial
.
29.
Inci
den
ce d
es g
rève
s et
des
lock
-out
(p
our
100
0 sa
larié
s)A
mél
iore
r la
com
para
bilit
é.
Co
ntex
te s
oci
o-é
cono
miq
ueP
rod
uctio
n p
ar a
ctif
occu
pé
(en
parit
é de
s po
uvoi
rs
d’ac
hat)
Acc
rois
sem
ent
de
la p
rod
uctio
n p
ar a
ctif
occu
pé
La mesure du travail décent: indicateurs statistiques 193P
aram
ètre
s/In
dica
teur
sP
ar s
exe
Pro
blèm
es d
’app
licat
ion
Insu
ffisa
nces
, lac
unes
, pos
sibi
lités
1
Infla
tion
(prix
à la
con
som
mat
ion)
Niv
eau
d’in
stru
ctio
n d
e la
pop
ulat
ion
adul
te(ta
ux d
’alp
habé
tisat
ion,
pou
rcen
tage
de la
pop
ulat
ion
ayan
t une
inst
ruct
ion
seco
ndai
re)
√In
form
atio
ns fo
urni
es p
ar
les
base
s in
tern
atio
nale
s de
don
nées
(don
t cel
les
du
BIT
) pou
r la
plu
part
des
pa
ys, c
ela
pour
tous
ces
in
dica
teur
s sa
uf l’
empl
oi
dans
l’éc
onom
ie in
form
elle
.
Rép
artit
ion
de
l’em
plo
i par
gra
nd s
ecte
ur
(agr
icul
ture
, ind
ustr
ie, s
ervi
ces)
√
30.
Em
plo
i dan
s l’é
cono
mie
info
rmel
le (p
ourc
enta
gede
l’em
ploi
non
agr
icol
e ou
urb
ain)
√
Rép
artit
ion
des
rev
enus
(rap
port
de
la tr
anch
e su
périe
ure
de 1
0 po
ur c
ent à
la tr
anch
e in
férie
ure
de 1
0 po
ur c
ent,
reve
nus
ou c
onso
mm
atio
n)
Pau
vret
é (p
ourc
enta
ge d
e la
pop
ulat
ion
viva
ntav
ec m
oins
de
1 ou
de
2 $E
U p
ar jo
ur)
1C
erta
ins
«asp
ects
non
con
sidé
rés»
pou
rrai
ent ê
tre m
esur
és à
l’ai
de d
es m
étho
des
exis
tant
es, m
ais
on n
e di
spos
e pa
s po
ur l’
heur
e de
don
nées
pou
r un
nom
bre
suffi
sant
de
pays
.2
On
ne d
ispo
se p
as a
ctue
llem
ent d
e do
nnée
s po
ur u
n no
mbr
e su
ffisa
nt d
e pa
ys e
n dé
velo
ppem
ent.
3 C
lass
ifica
tion
inte
rnat
iona
le ty
pe d
es p
rofe
ssio
ns d
e l’O
IT.