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PROPOSITION D’INDICATEURS DE PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE POUR UN
PROJET D’ÉTABLISSEMENT DE RÉSERVE DE BIOSPHÈRE EN HAÏTI
par
Viviane Julien
Essai présenté au Centre Universitaire de Formation en Environnement en vue de l’obtention
du grade de maître en environnement (M. Env.)
CENTRE UNIVERSITAIRE DE FORMATION EN ENVIRONNEMENT
UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
Sherbrooke, Québec, Canada, mai 2007
IDENTIFICATION SIGNALÉTIQUE
PROPOSITION D’INDICATEURS DE PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE POUR UN
PROJET D’ÉTABLISSEMENT D’UNE RÉSERVE DE BIOSPHÈRE EN HAÏTI
Viviane Julien
Essai effectué en vue de l’obtention du grade de maître en environnement (M.Env.)
Université de Sherbrooke
Mai 2007
Mots clés : Haïti, environnement, réserve de biosphère, indicateurs de performance
environnementale, zones de vie, biodiversité, conservation des espèces,
éducation environnementale, développement local, recherche scientifique.
Vu la situation socio-économique très critique des haïtiens, un état environnemental reconnu
alarmant en Haïti et compte tenu des potentiels bienfaits d’une réserve de biosphère, le
Ministère de l’environnement d’Haïti préconise la gestion de l’aire géographique représentée
par le Lac Azuëi, le Massif de la Selle et le transect Jacmel - Anse-à-Pitres par la création
d’une réserve de biosphère. La présente étude a pour objectifs de démontrer l’intérêt capital
pour Haïti d’établir une réserve de biosphère, de présenter le contexte politico-légal du pays
en matière de préservation de l’environnement et de proposer des indicateurs de
performance environnementale pour la réserve de biosphère envisagée. Aucun document de
projet de réserve de biosphère n’ayant été approuvé par le gouvernement haïtien, des
objectifs spécifiques et des moyens d’actions ont été proposés à titre d’exemple pour pouvoir
proposer des indicateurs de performance environnementale de la réserve. Cet essai
constitue donc une base sur laquelle les concepteurs de la réserve de biosphère envisagée
pourront s’appuyer pour garantir la qualité du document de projet à venir.
SOMMAIRE
La conservation de l’environnement est un véritable défi dans la plupart des pays en voie de
développement (PVD). L’incidence directe de l'épuisement des ressources naturelles a été
reconnue par l'ONU et l’OCDE comme facteur pouvant contrecarrer les efforts de réduction
de la pauvreté. Depuis plusieurs années, la lutte pour la conservation et la protection de
l’environnement dans les PVD est menée entre autres par la mise en place de diverses
catégories d’aires protégées.
Cependant, plusieurs obstacles se dressent à l’encontre de l’efficacité de la gestion de ces
aires protégées. En Haïti, devant la croissance de la population ainsi que de la pauvreté et du
manque de législation en environnement, l’agriculture s’étend sans limite et les ressources
naturelles sont surexploitées. Cela entraîne la perturbation et la perte de plusieurs espèces
de la flore et de la faune. On note également le manque de participation des communautés
locales pendant toutes les phases d’implantation d’une aire protégée et même après.
Dans ce contexte difficile, les réserves de biosphère, dont l’approche vise surtout à intégrer
les communautés dépendant en partie ou en majorité des ressources naturelles, semblent
pouvoir donner de meilleurs résultats quant à la conservation de l’environnement et la prise
en compte des besoins des communautés locales, au regard d’études bien connues.
Les réserves de biosphère se distinguent des aires protégées par leur obligation de remplir
trois fonctions essentielles : une fonction de protection (protection des paysages, des
écosystèmes, des espèces et des variations génétiques), une fonction de développement
(promouvoir un développement humain et économique durable) et une fonction d’appui
logistique (pour servir de support à des projets de démonstration, d’éducation et de formation
à l’environnement et des projets de recherche et de suivi liés aux questions nationales et
planétaires de protection et de développement durable) (UNESCO, 2003).
La présente étude a pour objectifs de démontrer l’intérêt capital pour Haïti, un PVD, d’établir
une réserve de biosphère et d’identifier les contextes politique et législatif du pays pour
conserver son écosystème et la biodiversité. Il s’agira aussi d’analyser les grands principes
directeurs prévus dans le projet de réserve de biosphère pour pouvoir proposer des
indicateurs de performance environnementale.
Malgré un état environnemental reconnu alarmant en Haïti, on y rencontre une grande variété
d’écosystèmes. Compte tenu des potentiels bienfaits d’une réserve de biosphère, le Ministère
de l’environnement d’Haïti préconise la gestion de l’aire géographique représentée par le Lac
Azuëi, le Massif de la Selle et le transect Jacmel - Anse-à-Pitres par la création d’une réserve
de biosphère jouxtant celle existant déjà de l’autre coté de la frontière, en République
Dominicaine. L’espace en question est riche en biodiversité et servirait de lieu privilégié pour
expérimenter et illustrer des pratiques de développement durable à l’échelle régionale (MDE,
2005).
Le rapport de l’atelier organisé en décembre 2005 en Haïti pour poser les bases du projet de
réalisation de réserve de biosphère contient une vulgarisation du concept pour les régions du
triangle Lac Azuëi / Anse-à-Pitres / Jacmel, les enjeux multiples dans cette région spécifique,
ainsi que les problèmes, les besoins de l’espace ciblé, les initiatives en cours et une stratégie
pour la concrétisation du projet. Cette stratégie prévoyait la création d’un comité de pilotage.
À ce jour, ce comité n’a toujours pas été mis en place.
Pour renforcer l’efficacité des actions à mener pendant le projet, pour éviter la déviation de la
qualité de l’environnement par rapport aux objectifs et s’assurer des bienfaits des actions
dans l’optique du développement durable, des indicateurs de performance ont été choisis en
fonction de leur pertinence, de leur précision, de leur simplicité, et de leur caractère prévisible
sur l’atteinte des objectifs. Les choix des indicateurs ont été inspirés des modèles
d’élaboration d’indicateurs développés par l’OCDE et l’AEE, reposant sur la notion de
causalité et de réponse de la société face aux changements dans l’environnement.
Les fonctions de conservation, de développement et de logistique constituent la motivation de
l’implantation de la réserve de biosphère. Les indicateurs de performance identifiés pour la
première fonction sont relatifs à la réduction de l’érosion, à l’élaboration de programmes de
conservation sur 5, 10 ans et à la préparation des populations aux désastres naturels. Pour la
fonction de développement, les indicateurs de performance surveillent la faveur accordée aux
micros entreprises agricoles, aux emplois liés à un écotourisme éventuel, aux infrastructures
de santé et d’éducation. Pour la fonction d’appui logistique, les indicateurs de performance
proposés sont relatifs à la formation de spécialistes, à la conception d’un jardin botanique et
zoologique. Pour cela, d’autres indicateurs s’assureront de l’établissement de liens de
partenariat avec des organisations spécialisées et reconnues.
Dans cet essai, les recommandations ont été formulées aux concepteurs et aux futurs
gestionnaires du projet de la réserve de biosphère Lac Azuéï – Massif de La Selle. Il s’agit de
définir les limites et le zonage à l’intérieur de la réserve de la réserve en fonction de
l’approche écosystémique. Il faudra réaliser des études environnementales avant la
réalisation des actions de la réserve. les objectifs généraux et spécifiques pourront alors être
définis en fonction de la démarche proposer dans le présent essai. Il est fondamental de
s’assurer par des accords écrits et officiels que l’expertise et les autres types de ressources
possibles à utiliser pour le projet soient bel et bien accordés.
L’importance d’une telle initiative, grande première en Haïti, doit être bien comprise par les
dirigeants et considérée comme prioritaire, quelques soient les gouvernements qui se
succéderont. L’expertise dominicaine est à privilégier dans la recherche des ressources et
compétences étant donné qu’il est prévu de jouxter les deux réserves de biosphère de part et
d’autre de la frontière afin d’en faire une réserve transfrontalière. Enfin, il faudra dès à
présent informer et sensibiliser la population vivant dans les régions montagneuses où
l'environnement est particulièrement vulnérable et menacé, les jeunes en milieu scolaire, les
décideurs dans les différentes communes et la population haïtienne en général.
Les réserves de biosphère représentent une opportunité d’appliquer les principes de
développement durable et de gestion rationnelle des ressources naturelles en Haïti. Au
départ, des indicateurs de performance environnementale devaient être proposés pour
chaque objectif prévu dans le projet de réserve de biosphère. Cependant, ces objectifs n’ont
pas été précisés pendant la réalisation de cet essai. Pour ne pas changer totalement l’angle
du travail, il a été décidé de préciser les grands principes directeurs émis dans le rapport
d’atelier sur la stratégie d’établissement de la dite réserve car l’élaboration d’indicateurs de
performance exigent une précision dans les objectifs et moyens d’action. Les objectifs de
l’essai ont donc été plus qu'atteints car des exemples d’objectifs spécifiques et moyens
d’action ont été proposés dans l’optique des grands principes directeurs pour faciliter
l’élaboration des indicateurs de performance.
Cet essai constitue donc une base sur laquelle les concepteurs de la réserve de biosphère
envisagée pourront s’appuyer pour garantir la qualité du document de projet à venir.
REMERCIEMENTS
J’aimerais remercier mon directeur de recherche Réjean de La Durantaye qui a bien voulu
m’aider dans la réalisation de cet essai. Grâce à son cours sur les indicateurs
environnementaux et ses nombreux conseils, j’ai pu joindre l’utile à l’agréable en réalisant
une étude qui me tenait à cœur.
De plus, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée spéciale pour mes parents qui, malgré la
distance, ont su me donner le courage de poursuivre ce programme de formation malgré
toutes les difficultés parentales qui m’incombent personnellement.
Je dédie ce travail à mon fils qui est la raison d’être de ma persévérance et de ma
détermination à couronner mes études avec succès.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION .................................................................................................................. 11
1. GÉNÉRALITÉS ................................................................................................................ 13
1.1 DÉFINITIONS ........................................................................................................... 13 1.2 LA GESTION DES AIRES PROTÉGÉES DANS LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT ...... 14 1.3 LES RÉSERVES DE BIOSPHÈRE DE L’UNESCO .......................................................... 15
2. MISE EN CONTEXTE ....................................................................................................... 19
2.1 PRÉSENTATION D’HAÏTI ................................................................................................. 19 2.1.1 Localisation .......................................................................................................... 19 2.1.2 Population et Indicateurs de développement humain ........................................... 19 2.1.3 Problématiques environnementales ..................................................................... 20
2.2 SITUATION DES AIRES PROTÉGÉES EN HAÏTI.................................................................... 21
3. LA STRATÉGIE D’ÉTABLISSEMENT DE LA RÉSERVE DE BIOSPHÈRE « MASSIF DE LA SELLE – LAC AZUÉÏ » EN HAÏTI .................................................................................. 23
3.1 ORIGINE ET AVANTAGES D’UNE TELLE INITIATIVE ............................................................. 23 3.2 ZONE VISÉE .................................................................................................................. 24
3.2.1 Délimitation .......................................................................................................... 24 3.2.2 Limites administratives et population .................................................................... 24 3.2.3 Profil socio-économique ....................................................................................... 26 3.2.4 Atouts environnementaux .................................................................................... 28 3.2.5 Risques naturels et anthropiques ......................................................................... 31
3.3 FONCTIONS ET OBJECTIFS ET DE LA RÉSERVE DE BIOSPHÈRE TRANSFRONTALIÈRE ............ 33
3.3.1 Fonction de conservation ..................................................................................... 33 3.3.2 Fonction de développement ................................................................................. 33 3.3.3 Fonction d’appui logistique ................................................................................... 34
4. LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE DE LA RÉSERVE DE BIOSPHÈRE DU LAC AZUÉÏ – MASSIF DE LA SELLE ................................................................................. 35
4.1 ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE ................................................. 35 4.1.1 Définition, rôle et caractéristiques des indicateurs de performance environnementale.......................................................................................................... 36 4.1.2 Méthode d’implantation des indicateurs de performance ................................... 37
4.2 DES INDICATEURS POUR LE PROJET DE RÉSERVE DE BIOSPHÈRE LAC AZUÉÏ - MASSIF DE
LA SELLE. ........................................................................................................................... 39
4.3 INDICATEURS DE PERFORMANCE ET MOYENS D’ACTION POUR LA FONCTION DE
CONSERVATION .................................................................................................................. 42 4.3.1 Premier principe directeur : Assurer la sécurité des écosystèmes autour des réseaux hydrographiques, qui supportent la vie. ........................................................... 46 4.3.2 Deuxième principe directeur : Assurer la conservation de la riche biodiversité des régions possédant une diversité importante .................................................................. 50 4.3.4 Troisième principe directeur : la prévention des catastrophes naturelles .............. 60
4.4 INDICATEURS DE PERFORMANCE ET MOYENS D’ACTION POUR LA FONCTION DE
DÉVELOPPEMENT. ............................................................................................................... 61 4.4.1 Premier principe directeur : Assurer la sécurité économique des haïtiens. ........... 65 4.4.2 Deuxième principe directeur : Assurer la sécurité alimentaire en garantissant le processus de production puis en revitalisant les filières biologiques ............................. 69 4.4.3 Troisième principe directeur : Mettre en œuvre un développement local irréversible basé sur l’écotourisme et le développement forestier .................................................... 73
4.5 INDICATEURS DE PERFORMANCE ET MOYENS D’ACTION POUR LA FONCTION DE
LOGISTIQUE ........................................................................................................................ 78 4.5.1 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la mission d’éducation, de sensibilisation environnementale et de formation de spécialistes .................................. 82 4.5.2 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la mission de contribution au réseau mondial des réserves de biosphère .............................................................. 85 4.5.3 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la mission de recherche et de surveillance environnementale ................................................................................. 87
5. RECOMMANDATIONS .................................................................................................... 90
5.2 ÉTAPES PRÉALABLES À LA MISE EN ŒUVRE DES ACTIONS À RÉALISER AU SEIN DE LA
RÉSERVE ............................................................................................................................ 92 5.3 DÉTERMINATION DES EXPERTISES NATIONALES ET INTERNATIONALES À UTILISER ........ 92 5.4 COMMUNICATION AUX DIVERS GROUPES DE LA SOCIÉTÉ HAÏTIENNE ............................ 93
CONCLUSION ...................................................................................................................... 94
RÉFÉRENCES ..................................................................................................................... 96
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
Figure 1. 1 Zones et fonctions d'une réserve de biosphère selon l'UNESCO ........................ 17 Figure 2. 1 Localisation géographique de la République d’Haïti ............................................ 20 Figure 2. 2 Les aires protégées de l’île d’Haïti ...................................................................... 22 Figure 3. 1 Délimitation de la réserve transfrontalière et relief………………………………….25 Figure 3. 2 Densité de population dans la réserve de biosphère envisagée .......................... 25 Figure 3. 3 Zones d’économie alimentaire dans la réserve de biosphère envisagée ............. 27 Figure 3. 4 Accès aux services sociaux de base dans la réserve de biosphère envisagée ... 28 Figure 3. 5 Zones de vie de la région ciblée par le projet de réserve de biosphère ............... 30 Figure 3. 6 Sites d’intérêts écologiques importants ............................................................... 32 Figure 4. 1 Fonctionnement du modèle « DPSIR »………………………………………………38 Figure 4. 2 Application concrète du modèle « DPSIR ». ........................................................ 38
Tableau 4. 1 Situation actuelle en regard de l’environnement. Modèle DPSIR appliqué. ...... 40 Tableau 4. 2. Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du premier principe directeur de la fonction de conservation ................................................................................ 43 Tableau 4. 3 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du deuxième principe directeur de la fonction de conservation .................................................................. 44 Tableau 4. 4 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du troisième principe directeur de la fonction de conservation ................................................................................ 45 Tableau 4. 5 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du premier principe directeur de la fonction de développement. ........................................................................... 62 Tableau 4. 6 Moyens d'action et indicateurs de performance en fonction du 2ème principe directeur de la fonction de développement. ........................................................................... 63 Tableau 4. 7 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du 3ème principe directeur de la fonction de développement. ........................................................................... 64 Tableau 4. 8 Moyens d’action et indicateurs de performance pour la mission d’éducation, de sensibilisation environnementale de la fonction d’appui logistique ........................................ 79 Tableau 4. 9 Moyens d'action et indicateurs de performance pour la mission de contribution au réseau mondial de réserve de biosphère de la fonction d’appui logistique. ...................... 80 Tableau 4. 10 Moyens d’action et indicateurs de performance pour la mission de recherche et surveillance environnementale de la fonction d’appui logistique ........................................... 81
LISTE DES ACRONYMES, SYMBOLES ET SIGLES
CDB Convention sur la Diversité Biologique
CITES Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and
Flora
(Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore
sauvages menacées d'extinction)
DPSIR Driving forces-Pressure-State-Impact-Response
(Forces motrices-Pressions-État-Impact-Réponse)
EPE Évaluation de la Performance Environnementale
I.S.P.A.N Institut de Sauvegarde du Patrimoine National
MAB Man and the Biosphere Program
(Programme l’Homme et la Biosphère)
M.A.R.N.D.R Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement
Rural
M.D.E Ministère de l’Environnement d’Haïti
ONG Organisation Non Gouvernementale
PET Programme Environnemental Transfrontalier
PVD Pays en Voie de Développement
RB Réserve de biosphère
SI-MAB Smithsonian Institution – Man and the Biosphere Programme
(Institut Smithsonian-Programme l’Homme et la Biosphere
UICN Union Mondiale pour la Nature
UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization.
(L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture)
INTRODUCTION
Nombreux sont les enjeux environnementaux auxquels sont confrontés les pays en
développement. La conservation de l’environnement y est un véritable défi, une gageure
même. Dans la plupart de ces pays, la pauvreté et la dégradation environnementale sont
intimement liées, chacune étant la cause directe de l'autre et conduisant inexorablement ces
communautés vers plus de difficultés et de souffrance pour la grande majorité de la
population (Renard, Y. 2002). La pauvreté rend les populations vulnérables et les privent des
moyens et de la capacité de faire face aux aléas de la vie quotidienne et aux menaces
naturelles ou anthropiques (Mathieu et al. 2002).
L’incidence directe de l'épuisement des ressources naturelles et la dégradation de
l'environnement sur le développement économique des pays en voie de développement a été
reconnue dans plusieurs accords conclus dans le cadre de l'ONU et de l’OCDE comme
facteur pouvant contrecarrer les efforts de réduction de la pauvreté.
L’île d’Haïti, composée de la République Dominicaine (RD) et de la République d’Haïti,
n’échappe certes pas à cette vulnérabilité. Le cas de la République d’Haïti est
particulièrement frappant. La dégradation des terres, de l’environnement en général est un
des facteurs principaux responsables du sous-développement du pays. Depuis deux siècles,
le pays dépend presque exclusivement de la production agricole pour sa survie. Les modes
d'utilisation des terres ont eu comme conséquences la disparition de la majeure partie de la
couverture végétale et des taux extrêmement élevés d'érosion (Renard, Y. 2002).
Depuis plusieurs années, la lutte pour la conservation, de la protection de l’environnement
dans les PVD est aussi menée par la mise en place de diverses catégories d’aires protégées,
désignées par l’Union Mondiale pour la Conservation de la Nature (UICN) ou l’Organisation
des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cela se fait en accord
avec des accords ou des conventions comme la Convention dur la Diversité Biologique
(CBD), la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore
sauvages menacées d'extinction (CITES) ou celle de Ramsar sur la protection des zones
humides.
C’est ainsi qu’a eu lieu en décembre 2005 en Haïti, un atelier de travail sur la stratégie
d’établissement d’une réserve de la biosphère dans le secteur sud-est du pays, englobant un
Lac, un massif montagneux d’une riche biodiversité et de communautés rurales. Ce projet
aura pour but de structurer la réserve de biosphère du coté haïtien de manière à protéger les
écosystèmes communs à la RD et Haïti dans le secteur sud-est de l’île. Ces écosystèmes,
dans la partie dominicaine, sont déjà protégés dans la réserve de biosphère Jaragua-
Bahoruco. Les deux parties réunies pourraient alors former une réserve de biosphère
transfrontalière.
La présente étude a pour objectifs de démontrer l’intérêt capital de l’établissement d’une
réserve de biosphère en Haïti et d’identifier les mesures prises ou en cours pour conserver
les écosystèmes et la biodiversité. Ensuite, il s’agira de préciser les grands principes qui
sous-tendent du projet de réserve de biosphère grâce à des objectifs et des moyens d’action
pour pouvoir proposer des indicateurs de performance environnementale.
Pour atteindre ces objectifs, nous ferons état de la problématique de la protection du territoire
haïtien. Le pays sera présenté brièvement, avec un accent sur la région visée par le projet.
Le projet d’établissement de la réserve de biosphère sera présenté (origines, zone visée,
fonction de la réserve). Les types d’indicateurs de performance environnementale qui devront
être utilisés seront décrits et proposés. Pour ce faire, des exemples seront pris à partir
d’informations sur le fonctionnement d’autres réserves de biosphère à travers le monde ;
notamment celle de la République Dominicaine ainsi que le formulaire de proposition de
réserve de biosphère élaboré par l’UNESCO.
Finalement, la conclusion permettra un retour sur l’ensemble de l’étude, de relever les
éléments clés et de porter un regard sur l’atteinte des objectifs de l’étude. L’importance des
indicateurs de performance et des indicateurs environnementaux dans ce projet sera mise de
l’avant.
1. GÉNÉRALITÉS
Cette section présentera les notions théoriques liées à la protection des espaces naturels,
certains aspects de la gestion des ces aires protégées dans les pays en voie de
développement ainsi que le programme de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation,
la science et la culture (UNESCO).
1.1 Définitions
Une aire protégée, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), est
« une portion de terre ou de milieu marin, vouée spécialement à la protection et au maintien
de la diversité biologique, aux ressources naturelles et culturelles associées ; pour ces fins,
et administré par des moyens efficaces, juridiques ou autres » (WDPA, 2006). L’UICN a
défini six catégories de gestion des aires protégées en fonction des objectifs de gestion.
Dans la classe Ia, les aires protégées sont gérées à des fins de recherche scientifique et de
surveillance continue de l'environnement (aucune intervention humaine) et dans la classe V
elles sont gérées aux fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels par et pour les
communautés (WDPA, 2006).
Les Réserves de biosphère sont des sites identifiés et reconnus dans le cadre du programme
Man and the Biosphère de L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO) qui met en œuvre des approches visant la conservation et le
développement durable. Ces sites sont destinés à favoriser la connaissance scientifique et
les compétences nécessaires à l’amélioration de l'équilibre entre la population et la nature, de
manière à promouvoir le développement durable (EARTHTRENDS, 2005).
Un indicateur environnemental est une unité de grandeur établie selon des quantités
observables ou calculables une mesure qui résume l’état de l’environnement, la durabilité
des ressources naturelles (Bond, O'Farrell, Ironside, Buckland et Smith, 2005). Il permet de
démontrer l'impact sur l'environnement occasionné par une activité donnée et décrit la
déviation de l'état de l'environnement par rapport à un état de référence (Victor, J. 2006). Les
indicateurs de performance environnementale permettent d’évaluer le degré de réalisation
d’objectifs fixés, décrivent la déviation de la qualité environnementale par rapport à ces
objectifs ou encore par rapport à l'efficience d'une action donnée entrant dans un processus
de production comme les produits de consommation ou les rejets de substances polluantes
(Victor, J. 2006).
1.2 La gestion des aires protégées dans les pays en voie de développement
La Convention sur la Diversité Biologique (CDB), traité international portant sur la diversité
biologique et culturelle, a été adoptée lors de la Conférence des Nations-Unies sur
l’environnement et le développement en 1992, à Rio de Janeiro au Brésil. La convention
regroupe 187 états signataires, à l’exception des États-unis. Chaque pays signataire doit
établir un réseau efficace d’aires protégées. Les gouvernements ont pour responsabilité de
délimiter et d’assurer la protection de ces aires (Greenpeace, 2004).
Depuis le Sommet de la Terre de Rio, les gouvernements de pays en développement ont
bien emboîté le pas : aujourd’hui plus de 40 pour cent des sites d’aires protégées actuels
sont situés dans des pays en développement (Steiner, A. 2003). En principe, la création et la
gestion efficace d'un système d’aires protégées sont essentielles pour la protection de la
biodiversité ainsi que les nombreux avantages commerciaux et non commerciaux que la
nature intacte fournit (BALMFORD A., BRUNER A.G., GULLISON R.E. 2004).
Cependant, les systèmes mis en place dans cette optique laissent à désirer. Plusieurs
obstacles se dressent à l’encontre de l’efficacité de la gestion de ces aires protégées. Les
financements sont inadaptés et la gestion souvent aléatoire. L’extinction des espèces qui en
découle ne cesse d’augmenter et entraîne une diminution dangereuse de la biodiversité à
l’échelle planétaire (Greenpeace, 2004).
Plusieurs problèmes sont à l’origine de cet échec dans les pays en voie de développement.
Selon la CDB, le financement actuel des aires protégées dans les pays en voie de
développement atteint seulement entre 17 et 29 % du total nécessaire. Aussi, dans ces pays,
les aires protégées ne sont pas une priorité nationale et leur financement dépend en grande
majorité de l’aide internationale (UICN, 2006).
La présence humaine à l’intérieur des aires protégées peut être élevée. L’agriculture est
pratiquée au sein de presque la moitié des dix-sept mille plus grands territoires protégés. Au
moins un tiers de ces aires dans les pays en voie de développement empiètent sur des
territoires ancestraux et/ou autochtones (Molnar, A. 2004). Qui plus est, certains groupes ont
coutume d’associer les aires protégées à des moyens « destinés à écarter les populations
locales ou à les spolier de leurs droits traditionnels, en vue de créer une aire récréative pour
les amoureux de la nature ».
Dans certains pays, négociants et politiciens locaux aiment à utiliser et à favoriser cette
perception d’anti-population des aires protégées pour servir leurs uniques intérêts (Anyaoku,
E. et Martin, C. 2003).
Autre faits important, les gardiens d’aires protégées en PVD ne sont pas toujours payés ou
bien payés. Le pillage, la guerre, la destruction délibérée, la pollution de l’air et de l’eau,
l’urbanisation incontrôlée, l’extraction minière, le braconnage, le déboisement illicites, les
incendies sauvages, la spéculation foncière, le développement touristique illimité et les
catastrophes sont autant de maux auxquels sont confrontées les aires protégées (Bandarin,
F. 2003). Ces menaces sont dues aux forces qui mettent en danger l’environnement et la
sécurité de l’ensemble du monde, soit la pauvreté, la surconsommation et la surexploitation
(Lean, G. 2003). Notons également le manque de participation des communautés locales dès
le stade de la planification de l’aire protégée, lors des prises de décisions et de la création de
l’aire, tout au long de sa gestion et de sa surveillance jusqu’au partage des bénéfices qui en
sont issus.
Dans ce contexte difficile, un autre type d’aire protégée, faisant partie des sites de patrimoine
mondial et non des catégories de l’UICN semble pouvoir donner de meilleurs résultats quant
à la conservation de l’environnement et la prise en compte des communautés locales et de
leurs besoins. Il s’agit des réserves de biosphère dont l’approche vise surtout à intégrer les
communautés dépendant en partie ou en majorité des ressources naturelles et à faire une
utilisation rationnelle et durable de ces ressources, au bénéfice des générations futures. Ce
concept a pris naissance sous l’égide d’une des organisations des Nations-Unies :
l’organisation des Nations-Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO).
1.3 Les réserves de biosphère de l’UNESCO
L'origine des réserves de biosphère remonte à la "Conférence de la biosphère" organisée par
l'UNESCO en 1968, où l’objectif était de trouver une compatibilité entre la conservation et
l'utilisation des ressources naturelles et où été lancé le programme sur L'homme et la
biosphère (MAB). Ses fondements reposent sur l'utilisation rationnelle et de la conservation
des ressources de la biosphère. Le concept de réserve de biosphère a pris une autre
tournure en 1995 grâce à la Stratégie de Séville pour les réserves de biosphère. Il s’en est
suivi l'adoption par la Conférence générale de l'UNESCO du Cadre statutaire du réseau
mondial des réserves de biosphère (UNESCO, 2002). Aujourd'hui, il existe quatre cent
quatre-vingt deux (482) sites dans cent deux (102) pays.
Les réserves de biosphère sont des aires portant sur des écosystèmes marins, côtiers ou
terrestres, ou un mélange des trois, qui visent à promouvoir des solutions pour réconcilier la
conservation de la biodiversité avec son utilisation durable. Ce sont aussi des aires
protégées mais ne rentrent pas dans le classement de l’UICN, comme vu précédemment
(UNESCO, 2002). Les réserves de biosphère sont proposées par les gouvernements
nationaux et demeurent sous leur juridiction.
Elles doivent remplir un certain nombre de critères et conditions avant d’être acceptées dans
le Réseau Mondial des Réserves de Biosphère. Chaque réserve doit remplir trois fonctions
complémentaires : une fonction de protection (protection des paysages, des écosystèmes,
des espèces et des variations génétiques) ; une fonction de développement (promouvoir un
développement humain et économique durable) et une fonction logistique (servir de support à
des projets de démonstration, d’éducation et de formation à l’environnement et des projets de
recherche et de suivi liés aux questions nationales et planétaires de protection et de
développement durable) (UNESCO, 2003).
L’importance de chacune de ces trois fonctions peut varier d’un pays à l'autre mais c'est la
conjugaison de leurs rôles qui rend les réserves de biosphère particulières. Ces rôles se
traduisent selon un zonage comprenant trois (3) zones distinctes : une zone centrale (ou
plusieurs) rigoureusement protégée selon des objectifs de conservation fixés à l'avance; une
zone tampon (ou plusieurs) délimitée où seules des activités compatibles avec les objectifs
de conservation sont autorisées et enfin, une zone de transition plus floue où se fondent une
coopération avec les populations locales, ainsi que des pratiques de gestion durable des
ressources (Shaaf, T. 1999) (voir figure 1.1).
Selon un extrait du projet de programme 2006-2007 de l'UNESCO, les 3 axes d’actions du
programme MAB sont de contribuer à réduire au minimum la perte de biodiversité, de
favoriser la viabilité de l'environnement et de valoriser les liens entre diversité biologique et
diversité culturelle, de concert avec le programme culturel de l’UNESCO (UNESCO, 2006a).
Figure 1. 1 Zones et fonctions d'une réserve de biosphère selon l'UNESCO
Selon l’article 4 du Cadre statutaire du réseau mondial des réserves de biosphère, les
critères généraux à remplir par une région en vue de sa désignation comme réserve de
Biosphère sont les suivants (UNESCO, 1996) :
L'aire devrait englober une mosaïque de systèmes écologiques représentatifs de grandes
régions biogéographiques, incluant une série graduée de formes d'interventions
humaines ;
Elle devrait être importante pour la conservation de la diversité biologique ;
Elle devrait offrir la possibilité d'étudier et de démontrer les approches du développement
durable au niveau régional ;
Elle devrait avoir une taille appropriée pour remplir les trois fonctions (conservation,
développement et appui logistique) ;
Elle devrait remplir ces trois fonctions grâce à un zonage approprié reconnaissant :
une ou plusieurs aire(s) centrale(s) constituée(s) aux termes de dispositions légales,
consacrée(s) à la protection à long terme conformément aux objectifs de
conservation de la réserve de biosphère et d'une taille suffisante pour remplir ces
objectifs;
une ou plusieurs zone(s) tampon(s) clairement identifiée(s) entourant l'aire ou les
aires centrale(s), où seules des activités compatibles avec les objectifs de
conservation peuvent avoir lieu;
une aire de transition extérieure où des pratiques d'exploitation durable des
ressources sont favorisées et développées.
Les bénéfices à tirer d'une réserve de biosphère sont divers. Elle peut :
favoriser la prise en compte par la population et les autorités locales des questions
environnementales et de développement ;
aider à attirer un financement supplémentaire à partir de différentes sources ;
servir, au niveau national de site pilote ou d’étude pour expérimenter des modes de
gestion visant la conservation et le développement durable et ensuite appliquer le modèle
ailleurs.
De plus, ces sites constituent des moyens sûrs permettant la mise en application de l’Agenda
21, de la convention sur la diversité biologique (l'approche écosystémique) et de plusieurs
objectifs du millénaire pour le développement.
Les coûts de fonctionnement des réserves dépendent de la nature et de l'ampleur des projets
et des activités entreprises. Des budgets existants peuvent être utilisés pour atteindre des
objectifs communs. L'industrie, les tours organisés, les fondations caritatives, agences de
financement de la recherche, les gouvernements, les municipalités locales peuvent tous
aider. L'UNESCO peut offrir ses conseils et parfois des fonds pour promouvoir des efforts
locaux et aider à sponsoriser des projets ou à installer des mécanismes financiers durables
(UNESCO, 2006b).
D’après les cartes disponibles sur le site du programme MAB, on recense dans les Antilles et
les Caraïbes quatorze réserves de biosphère. Cinq pays en sont dotés : la Guadeloupe, les
îles Vierges, Porto Rico, la République Dominicaine et Cuba. Cette dernière île compte, à elle
seule, six réserves de biosphère. Dans la présente étude sera décrit le projet de réserve de
biosphère en Haïti et des propositions seront faites quant aux objectifs, moyens d’action et
indicateurs de performance environnementale de ces actions.
2. MISE EN CONTEXTE
2.1 Présentation d’Haïti
2.1.1 Localisation
L’île d’Haïti est la seule île des Caraïbes à être partagée entre deux pays indépendants (la
République dominicaine et Haïti). Avec une superficie de 76.484 km2, elle est la deuxième
grande île dans le bassin des Caraïbes (voir figure 2.1). La République d’Haïti, située dans la
partie occidentale, occupe le tiers du territoire avec une superficie de 27.750 km2 (UNCCD,
2000).
2.1.2 Population et Indicateurs de développement humain
La République d’Haïti a la plus forte population humaine de toutes les îles des Antilles et des
Caraïbes (plus de 8 millions d’habitants selon le recensement de 2004). La population totale
de l’île est répartie à 47.5% en Haïti et à 52.5% en RD. Les langues officielles sont le créole
et le français.
L’île n’est cependant pas à l’abri des revers économiques et des défis imposés par le
développement aux petites îles des Caraïbes et d’ailleurs. En terme de développement
humain, Haïti se classe en 2006 à la 154ème place, ce qui en fait un pays à développement
faible développement humain. L’économie d’Haïti est basée principalement sur l’agriculture
de subsistance. On peut faire un lien avec le nombre de personnes vivant avec moins de 2 $
par jour. Étant donné que c’est un pays pauvre, Haïti n’a pas les fonds nécessaires à son
développement. Le recours à l’aide publique au développement est une nécessité. Pourtant,
l’investissement avec cette opportunité reste faible dans ce pays, à en croire le niveau de
dette externe, six fois plus petit que celui de la République Dominicaine.
Figure 2. 1 Localisation géographique de la République d’Haïti
2.1.3 Problématiques environnementales
Les points suivants résument la crise environnementale d’Haïti (source : Mathieu et al) :
À l’heure actuelle, 25 des 30 bassins hydrographiques du pays sont érodés et les réserves
d’eau naturelles ne répondent plus au besoin des populations durant les périodes sèches ;
Les forêts climaciques d’origine n’existent presque plus sauf dans les réserves naturelles
de la presqu’île du Sud et de certaines reliques éparses : la superficie forestière ne
dépasse pas 2% du territoire ;
On estime les pertes de sol arable à 1 600 TM de sol/hectare/an (1 hectare = 0.01 km2) ;
L’équilibre des écosystèmes est compromis et entraîne une grande perte de biodiversité ;
Les problèmes de pollution menacent particulièrement les grandes villes : pollution par les
déchets solides et liquides, pollution de l’eau, de l’air ; tout ceci ayant des répercussions
graves sur la santé de la population.
Malgré un état environnemental reconnu comme alarmant en Haïti, on y rencontre une
grande variété d’écosystèmes de haute altitude (forêts, couverts boisés non continus, agro-
écosystèmes), des écosystèmes côtiers et marins (mangroves, récifs coralliens, estuaires,
herbiers marins, lacs, étangs, rivières, sources, zones humides) et les écosystèmes des îles
satellites. La flore comprend plus de 5000 espèces de plantes vasculaires dont 36%
endémiques. Il est admis par les instances publiques d’Haïti que le niveau de diversité
biologique du pays va en déclinant et le phénomène tend à s’accentuer bien qu’on ne
dispose pas de statistiques précises sur l’état de conservation des espèces. Le recul des
forêts est très marqué et les pertes enregistrées exprimées en pourcentage du couvert
forestier sont énormes il ne resterait qu’entre 1et 3 % selon les sources (Ministère de
l’environnement d’Haïti, 1998).
2.2 Situation des aires protégées en Haïti
Les aires protégées en Haïti couvrent seulement 0,3% de son territoire, soit 83,25 km2
répartis en 7 sites (une réserve naturelle, 5 parcs nationaux, un parc historique) (Earthtrends,
2003). Toutefois, ces sites ne jouissent pas de leur statut d’aire protégée dans la réalité et
seulement quatre d’entre elles ont été officialisées (voir figure 2.2).
La première région protégée d’Haïti a été légalement établie en 1926. En 1937, la forêt
principale du pays, une forêt de pins d’une aire de 30.000 hectares (dans la zone ciblée par
le projet de réserve de biosphère), a été établie comme aire protégée. La responsabilité des
aires protégées terrestres en Haïti revient au ministère de l'agriculture et des ressources
naturelles et de sa Division des ressources naturelles (MARNDR). L’Institut pour la Protection
du Patrimoine National (ISPAN) supervise la gestion des sites historiques, principalement le
parc historique La Citadelle / Sans-Soucis et les Ramiers, où des travaux de restauration ont
été menés à bien pendant les dernières deux décennies avec l'appui de l'UNESCO (Renard,
2002).
Figure 2. 2 Les aires protégées de l’île d’Haïti Adapté de Steven Latta et al. 2006
3. LA STRATÉGIE D’ÉTABLISSEMENT DE LA RÉSERVE DE BIOSPHÈRE « MASSIF DE
LA SELLE – LAC AZUÉÏ » EN HAÏTI
3.1 Origine et avantages d’une telle initiative
L’initiative de créer une Réserve Internationale de la Biosphère entre Haïti et la République
Dominicaine a été lancée pour la première fois par le Projet Environnement Transfrontalier
Haïti-RD (PET). On en est encore au stade d’idée de projet car seulement des propositions
préliminaires sur le profil du projet réserve biosphère on été formulées. Étant donné
l’existence de la réserve de biosphère Jaragua-Bahoruco-Enriquillo en RD, il s’agirait à long
terme, de structurer le transect partant du Lac Azuëi à l’Anse-à-Pitre en vue de le jouxter à la
réserve du côté dominicain. L’ensemble formerait la RBT Haïti-République Dominicaine,
aucune dénomination n’ayant encore été attribuée.
C’est au cours d’un atelier de travail réalisé en décembre 2005 sur la stratégie
d’établissement de cette réserve que l’idée de projet a vraiment pris forme. Près de soixante
(60) représentants d’organisations ou d’institutions tant privées que publiques ont pris part à
l’Atelier. Les participants se sont réunis pour vulgariser le concept de réserve de la biosphère
pour les régions du triangle Lac Azuëi / Anse-à-Pitres / Jacmel et les enjeux multiples d’une
réserve de biosphère binationale dans cette région spécifique. Les problèmes, les besoins de
l’espace ciblé et les initiatives en cours ont été mis de l’avant. Une stratégie pour la
concrétisation d’un projet de réserve de la biosphère a été étudiée et finalement, il a été
question de mettre sur pied un comité de pilotage pour ce projet (MDE, 2005).
Le Ministère de l’Environnement d’Haïti préconise une approche écosystémique pour la
gestion de l’aire géographique représentée par le Lac Azuëi, le Massif de la Selle et le
transect Anse-à-Pitres-Jacmel, passant par la création d’une réserve de la biosphère jouxtant
celle existant déjà de l’autre coté de la frontière en RD. Ceci devrait être fait en conciliant le
développement socio-économique et la protection de l’environnement, grâce à des alliances
entre les populations locales et les milieux naturels extrêmement riches de cette zone.
L’espace en question servirait de lieu privilégié pour expérimenter et illustrer des pratiques de
développement durable à l’échelle régionale (MDE, 2005).
Les principaux éléments ressortis de cet atelier sont :
La production de la Déclaration d’Engagement de Jacmel, (cadre général pour les actions
ayant trait à création de la réserve de biosphère) ;
Les composantes à prendre en compte dans le contexte du Projet Réserve de la
Biosphère ;
L’ébauche d’un plan préliminaire d’étapes susceptible de déboucher sur la concrétisation
du Programme/Projet ;
Les perspectives de collaboration quant au suivi de l’Atelier.
Le contexte d’une telle initiative s’inscrit dans un cadre socio-économique et environnemental
plutôt inquiétant dans la région ciblée. L’établissement d’une réserve de biosphère a comme
but de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des habitants des zones visées et à la
diminution des pressions exercées sur ses richesses naturelles.
3.2 Zone visée
3.2.1 Délimitation
La réserve de biosphère envisagée devrait inclure le lac Azuëi, la Forêt des Pins et le Massif
de la Selle (Haïti). Les écosystèmes de ces régions se prolongent du coté dominicain par le
Massif Bahoruco (Sierra Bahoruco) et le Parque Jaragua dans l’aire des Pédernales, face à
l’Anse-à-Pitres (MDE, 2006). (Voir figure 3.1). Les avantages de cette réserve sont multiples,
tant aux niveaux environnementaux, socio-économiques et relationnels entre les populations
des deux pays. Ces avantages seront mieux détaillés un peu plus loin lors de la description
des fonctions de la réserve.
3.2.2 Limites administratives et population
La réserve devrait toucher treize communes dans deux départements (Ouest et Sud-Est)
d'une superficie totale de 3 367,93 km2, abritant en tout 801,200 habitants avec une densité
moyenne d’environ 238 hab./km2 (Casséus, 2004). (Voir figure 3.2). Géographiquement, la
région est formée en grande partie du Massif de la Selle et d’une grande partie de la Plaine
du Cul-de-Sac. Du Massif de la Selle prennent naissance une dizaine de rivières à fort débit
alimentant en eau les populations des départements de l’Ouest et du Sud-Est. C’est le
« château d'eau » des départements de l’Ouest et du Sud-Est. Le plus haut sommet d’Haïti,
qui culmine à 2 674 mètres se trouve dans ce Massif.
Figure 3. 1 Délimitation de la réserve transfrontalière et relief. Adapté de MDE, 2005 et NASA, 2004
.
Figure 3. 2 Densité de population dans la réserve de biosphère envisagée
3.2.3 Profil socio-économique
Les facteurs locaux comme le climat, le sol, la géographie, les écosystèmes et l’accès aux
marchés influencent les modèles de modes de vie dans ces régions. D’après une étude
réalisée sur les modes de vie en Haïti en 2005, les zones ciblées par le projet de réserve de
biosphère subsistent grâce à l’agriculture de montagne humide et de zone sèche, la
monoculture en plaine, l’élevage et la pêche. (USAID FEWS NET, 2005). Les moyens de
survie utilisés par les ménages de la région ciblée par la réserve (toutes zones d’économie
alimentaire confondues) sont les suivants :
vente de main-d’oeuvre suivi de la vente de produits agricoles
vente du charbon ou de produits de pêche,
cultures de riz, de banane ainsi que le maraîchage,
vente de la production animale,
commerce en gros et en détail,
transport des marchandises et des transferts d’argents provenant de l’étranger,
migration interne et vers la République Dominicaine
(USAID FEWS NET, 2005).
Une économie basée sur l’agriculture de zone sèche prédomine, malgré le caractère humide
de la majorité des écosystèmes. L’érosion découlant de la coupe de bois incontrôlée est à la
source de ce problème. Les terres étant de moins en moins fertiles, les cultures pratiquées
sont saisonnières et non pérennes. De plus, avec les fortes pentes dans ces régions, les
pertes en sol arable sont très importantes. L’environnement y est très vulnérable donc
menacé. On constate également plusieurs types d’économie alimentaire au sein des
écosystèmes. Ceci dépend de la morphologie du terrain, de la localisation géographique
(intérieur des terres, plaine, plateau, côtes, montagnes).
Selon les données de la carte de pauvreté 2004, les conditions de vies dans la région sont
très difficiles et aucune commune ciblée « ne dispose encore d’un système d’accès aux
services de base, pour quelque soit le secteur considéré, qui pourrait être considéré comme
acceptable ou suffisant en conformité aux objectifs du millénaire, par exemple » (MPCE Haïti,
2004). L’accès à l’éducation de base, à la santé, l’eau courante et aux services
d’assainissement de base est donc déficient pour toutes les communes ciblées par le projet
de réserve de biosphère. Les figures 3.3 et 3.4 montrent les zones d’économie alimentaire et
le niveau d’accès aux services sociaux de base pour les communes ciblées par le projet.
Figure 3. 3 Zones d’économie alimentaire dans la réserve de biosphère envisagée. Adapté de USAID FEWS NET, 2005 et de IHSI, 2003
Figure 3. 4. Accès aux services sociaux de base dans la réserve de biosphère envisagée.
Adapté de MPCE, 2004
3.2.4 Atouts environnementaux
En 1971, le Dr. Leslie R. Holdridge a identifié sur le territoire haïtien neuf zones écologiques.
Ces zones, définies en fonction des valeurs moyennes de précipitation, de température,
d’évapotranspiration potentielle et de l’altitude, confèrent au pays des panoramas bien
différents allant de la forêt très humide de montagne (jusqu’à 3 000 mm de pluie par année) à
la forêt épineuse de la zone subtropicale (en moyenne seulement 1 000 mm de pluie par
année). La région ciblée par le projet de réserve de biosphère comprend six zones de vies :
la forêt sèche de la zone subtropicale, la forêt humide de la zone subtropicale, la forêt très
humide de la zone subtropicale, la forêt humide de montagne, la forêt humide de montagne
de basse altitude et la forêt très humide de montagne de basse altitude (Sergile, 1999). On
comprend qu’avec 6 zones de vie et le niveau de biodiversité qui en découle, la région ciblée
par le projet revêt une importance écologique capitale pour le pays (voir figure 3.5).
La région comprend des sites d’intérêt écologique et touristiques importants comme le Morne
La Visite, la Forêt-des-Pins et les plans d'eau saumâtres (le Trou Caïman et le Lac Azuëi) de
la plaine du Cul-de-Sac (Voir figure 3.6). Ces sites subissent de fortes pressions depuis
plusieurs années et voient leur superficie diminuer chaque année.
Le lac Azuëi ou Étang Saumâtre est le plus large d’Haïti avec ses 112 km2. Situé au fond de
la plaine du Cul-de-Sac, il fait partie avec le Trou Caïman (beaucoup plus petit), de quatre
plans d’eau représentant un ancien bras de mer enfermé lors de la réunion de deux îles
paléontologiques suite aux mouvements tectoniques de la plaque Caraïbes au cours de l’ère
quaternaire il y a environ 18 000 ans. (Global Nature Fund, 2005). Les caractéristiques
particulières de ce lac font de ce lieu un site d’intérêt écologique très important. La
concentration des ions est la même que dans la mer, ceci étant dû à son origine marine.
Ses eaux et environs offrent un habitat de choix à plusieurs espèces endémiques et
indigènes, dont des invertébrés, poissons et reptiles. (Global Nature Fund, 2005). Il existe
plus de 13 espèces de poissons dans le lac, dont neuf indigènes (Vlaminck, B. 1989). Le
crocodile américain (Crocodylus acutus) vit aujourd'hui dans les plus importants plans d’eau
saumâtres de l’île, soit le lac Enriquillo en République Dominicaine et le lac Azuëi en Haïti.
En 1984, plus de 400 crocodiles ont été dénombrés au lac Azuëi. Aujourd’hui cependant, la
chasse intensive et le braconnage ont mené la population de crocodiles au bord de
l'extinction. Beaucoup d'espèces d’oiseaux aquatiques fréquentent les rivages du lac, dont le
flamant rose, une diversité de hérons et d’aigrettes.
.
Figure 3. 5 Zones de vie de la région ciblée par le projet de réserve de biosphère. Adapté de Sergile, 1999
3.2.5 Risques naturels et anthropiques
La fragilité de l’environnement à l’échelle du pays explique la grandeur des dommages
causés par les catastrophes naturelles. La région ciblée se trouve sur la route des cyclones
majeurs qui frappent le pays tous les 6 ou 7 ans en moyenne, ainsi que les tempêtes
tropicales occasionnant de gros dégâts et de nombreux morts et sinistrés au sein de la
population. La plaine du Cul-de-Sac dans le département de l’Ouest est la plus touchée par
les inondations et crues torrentielles associées à des tempêtes ou toute grosse pluie
(Mathieu et al. 2002). Les sécheresses dans la région concernent surtout les zones ayant un
écosystème naturellement sec : communes de Ganthier dans l’Ouest, de Belle-Anse, de
Grand-Gosier et d’Anse-à-Pitres dans le Sud-Est.
Les glissements de terrain sont également à craindre dans les zones les plus pentues des
montagnes et les zones d’activités tectoniques, notamment dans le département du Sud-Est,
où l’eau d’infiltration peut générer des pressions considérables et rapides. Concernant les
risques sismiques, ils sont généralement moyen dans le département du Sud-Est et élevé à
très haut dans le département de l’Ouest. La région est traversée par 2 grandes failles
tectoniques ayant une dynamique très active actuellement.
Les menaces et risques anthropiques concernent d’abord les conflits terriens, le trafic de la
drogue ainsi que la crise environnementale déjà abordée plus haut.
Figure 3. 6 Sites d’intérêts écologiques importants. Modifié de Guide Panorama Haiïti S.A., 2005
3.3 Fonctions et objectifs et de la réserve de biosphère transfrontalière
À partir des informations tirées du rapport du Ministère de l’Environnement d’Haïti sur l’atelier
ayant eu lieu en décembre 2005 sur la stratégie d’établissement de la réserve de biosphère,
les principes directeurs de la réserve pour chaque fonction sont les suivants :
3.3.1 Fonction de conservation
Mission : contribuer à la conservation des paysages, des écosystèmes des espèces et
des gênes.
Principes directeurs :
Assurer la sécurité des écosystèmes autour des réseaux hydrographiques, qui
supportent la vie ;
Assurer la conservation de la riche biodiversité des régions possédant une
diversité importante ;
Prévenir les impacts des catastrophes naturelles
Assurer une gestion rationnelle des écosystèmes critiques de la région ciblée
3.3.2 Fonction de développement
Mission : favoriser un développement économique et humain respectueux des
particularités socioculturelles et environnementales
Principes directeurs :
Assurer la sécurité économique de l’homme haïtien dans la région ciblée en mettant
en place des infrastructures économiques et sociales ;
Assurer la sécurité alimentaire des communautés concernées en garantissant le
processus de production agricole et en revitalisant les filières agricoles ;
Mettre en œuvre un développement local effectif et irréversible basé sur l’écotourisme
et le développement forestier.
3.3.3 Fonction d’appui logistique
Mission : encourager la recherche, la surveillance, l’éducation et l’échange
d’informations concernant les questions locales, nationales et binationales de
conservation et de développement.
Principes directeurs :
Définir, en étroite concertation avec la population, des méthodes d’approche et des
stratégies qui assureront la conservation de l’environnement, tout en participant au
développement économique et humain durable de la région ciblée, dans le respect des
richesses patrimoniales culturelles des populations locales et des paysages
correspondants;
Assurer la mise en place de mécanismes interinstitutionnels et de coordination
efficaces et solides pour une gestion et une cohabitation harmonieuse entre les
populations et les ressources
Renforcer les capacités locales et mettre en place des actions de formation ciblant les
communautés dans les domaines de l’environnement, alphabétisation, développement
économique, structuration communautaire, etc.
Pour toutes les fonctions, une proposition non exhaustive d’objectifs spécifiques et de
moyens d’action sera faite, en plus des indicateurs de performance environnementale. On
constate ici que les objectifs énoncés ne sont pas très bien précisés encore, jusqu’à cette
date. La question transfrontalière n'est également pas définie à travers ces objectifs.
Cependant, pour les besoins de la présente étude, des recommandations seront émises,
notamment en vue de proposer adéquatement des indicateurs environnementaux.
4. LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE DE LA RÉSERVE DE BIOSPHÈRE DU
LAC AZUÉÏ – MASSIF DE LA SELLE
Cette partie de l’étude est consacrée à l’élaboration d’indicateurs de performance
environnementale pour ce projet. On tiendra compte des grands principes préalablement
formulés par les divers intervenants haïtiens, de tout secteurs, ayant pris part à l’atelier sur la
stratégie d’établissement de la réserve de biosphère. Cependant, durant cet atelier de travail,
il s’agissait uniquement de poser les bases de la stratégie et de mettre en exergue les
réflexions préliminaires sur le profil possible du projet. Les objectifs n’ont donc pas été définis
de manière précise à ce moment. Malheureusement, à cause du contexte politique instable
qui prévaut en Haïti, rien n’a vraiment bougé depuis décembre 2005.
Alors pour les besoins de la présente étude, les problématiques à résoudre ainsi que la
philosophie qui pourrait sous-tendre des actions, tirées du rapport d’atelier paru en 2006, ont
été une source d’inspiration. Des moyens d'actions seront proposés pour chaque objectif
spécifique défini. L’efficacité de ces moyens pourra être vérifiée grâce aux indicateurs de
performance proposés.
4.1 Évaluation de la performance environnementale
La performance environnementale d’une entreprise ou d’un projet demeure un concept
difficile à mesurer. En l’absence de méthode universelle d’évaluation et de comparaison des
impacts environnementaux, toute évaluation globale de la performance environnementale ne
produit que des résultats contestables. En effet, les questions environnementales sont
souvent complexes et difficiles à quantifier. Pour cela, il existe ce que l’on appelle l’évaluation
de la performance environnementale (EPE), qui est un processus et un outil de management
interne conçu pour fournir en permanence des informations fiables et vérifiables. Ces
informations permettent de déterminer si la performance environnementale remplit bien les
critères choisis. En l’absence d’un système de management environnemental, l’EPE peut
l’aider à identifier ces aspects environnementaux, déterminer ceux qui seront considérés
comme significatifs et établir les critères de performance environnementale et évaluer la
performance environnementale par rapport à ces critères.
4.1.1 Définition, rôle et caractéristiques des indicateurs de performance
environnementale
Les indicateurs sont utilisés comme outil de gestion ou de communication et permettent
d’obtenir une information concentrée et permettent de présenter d’un coup d’oeil la
performance environnementale du projet (Institut Eco-Conseil, 2001). Les indicateurs de
performance environnementale décrivent la déviation de la qualité environnementale par
rapport à un objectif et/ou par rapport à l’efficience d’une action donnée. Ils mesurent une
distance par rapport à un but défini ou bien l’efficacité de l’action ayant conduit à atteindre un
objectif défini.
Pour répondre aux attentes exprimées, les indicateurs doivent rendre compte des relations
de cause à effet entre une décision ou une action et ses conséquences (effet, impact, danger
ou risque) sur l’environnement (Victor, 2006). Selon l’OCDE (1993), ils sont un des outils du
processus d’évaluation des performances et doivent être nécessairement complétés par
d’autres informations qualitatives et scientifiques. Aussi, il est nécessaire de replacer et
d’interpréter ces indicateurs dans le contexte approprié, tenant compte des caractéristiques
écologiques, géographiques, sociales, économiques et structurelles des pays.
Le rôle des indicateurs est de réduire le nombre de mesures et de paramètres normalement
nécessaires pour présenter une situation avec exactitude, en simplifiant le processus de
communication aux utilisateurs.
Un bon indicateur doit être :
Pertinent : la mesure doit parfaitement décrire le phénomène à étudier. Elle doit être
significative de ce qui est mesuré et garder cette signification dans le temps.
Simple : l’information doit être compréhensible, obtenue facilement, de façon peut coûteuse
et de manière à ce que l’utilisateur puisse l’appréhender de la façon la plus directe possible.
Précis : l’indicateur doit être défini avec une marge d’erreur acceptable en fonction de la
précision des mesures sur les grandeurs observables.
Prévisible : pour prédire les tendances à venir
Efficace : en regard des coûts pour obtenir la donnée et son traitement
Fidèle : l’indicateur, s’il présente un biais par rapport au concept qu’il traduit, doit garder ce
biais constant sur les unités spatio-temporelles de référence (de La Durantaye, 2006).
Les mesures et les indicateurs de performance peuvent porter sur plusieurs aspects :
les impacts ou les effets que les activités humaines et les intrants et extrants impliqués
peuvent avoir sur l’environnement ;
la mesure des programmes environnementaux (comme ceux qui seront inclus dans le
projet d’établissement de la réserve de biosphère);
la mesure de la satisfaction des intéressés.
4.1.2 Méthode d’implantation des indicateurs de performance
Dans le cas de la présente étude, le but est de pouvoir mesurer la performance
environnementale d’une réserve de biosphère. Les indicateurs environnementaux et de
performance sont généralement utilisés dans ce cas et dans différentes catégories d’aires
protégées, chaque pays ayant leur propre mode d’utilisation de ces derniers.
Les méthodes de mesures sont diverses à travers le globe : l’intégrité écologique, les
activités de surveillance axées sur une série précise d’indicateurs environnementaux phares,
les indicateurs de diversité biologique, l’évaluation globale de l’efficacité de gestion des aires
protégées (PNUE, 2006). Évidemment, pour cela, sont adoptés des objectifs mesurables.
Il existe différentes approches dans l’élaboration d’indicateurs. Les plus courantes sont celles
élaborées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et
L’Agence Européenne de l’Environnement (AEE). La première organisation propose un
modèle pressions-état-réponses (PER), reposant sur la notion de causalité : les activités
humaines exercent des pressions sur l’environnement et modifient la qualité et la quantité
des ressources naturelles. La société répond à ces changements en adoptant des
comportements et/ou des mesures de politiques environnementales, économiques et
sectorielles (ROSELT/OSS, 2004).
L’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) a mis au point un modèle plus élargi, le
modèle « Forces motrices-Pression-Etat-Impact-Réponse» (FPEIR ou DPSIR en anglais)
(ROSELT/OSS, 2004). Les activités humaines (secteurs économiques, consommation,
démographie, technologies, etc.) constituent les forces motrices (ou causes) qui exercent des
pressions sur les composantes de l’environnement (l’air, l’eau, le sol, les habitats, les
espèces). Les changements qui s’ensuivent ont des impacts sur la santé des êtres vivants
(humains, flore et faune), des écosystèmes, ainsi que des impacts économiques. Une
réponse corrective de la société est alors élaborée et mise en œuvre. Cette réponse,
réglementaire, économique ou volontaire, influence à son tour l’ensemble du système
(Zaccaï, 2002). Les figures 4.1 et 4.2 montrent comment fonctionne ce modèle.
Figure 4. 1 Fonctionnement du modèle « DPSIR ». Tiré de Zaccaï, 2002.
Figure 4. 2 Application concrète du modèle « DPSIR ». Tiré de LEAD, 2006.
D’autres éléments à prendre en compte lors de la mise en place d’indicateurs de
performance environnementale pour une réserve de biosphère peuvent très bien être inspirés
de ceux utilisés par les entreprises (PME). Ainsi, l’identification des parties intéressées par la
performance environnementale d’un tel projet et leurs exigences ainsi que la détermination
des priorités selon les différentes fonctions de la réserve sont des points à ne pas oublier.
Diverses personnes peuvent s‘intéresser à la performance environnementale de la réserve
de biosphère Lac Azuéï – Massif de la Selle : employés, membre de l’administration,
communautés locales, ministères impliqués, institutions académiques, ONG internationales
partenaires, groupes environnementaux etc., tout ce monde ont leur propres intérêts à voir
cette réserve se concrétiser et parvenir à réaliser ses objectifs de protection de
l’environnement.
4.2 Des indicateurs pour le projet de réserve de biosphère Lac Azuéï - Massif de la
Selle.
L’approche « Forces motrices – Pression – État – Impact - Réponse » permettrait de mieux
cerner et comprendre la situation socioéconomique et environnementale prévalant dans la
zone ciblée par le projet de réserve de biosphère. Cette approche pourrait servir de guide à
l’élaboration d’indicateurs de performance environnementale et à l’interprétation des résultats
obtenus. Pour les différentes fonctions de la réserve, ce modèle pourrait s’appliquer comme
si chacune constituait un projet à part entière. Il s’agit donc :
d’identifier les clairement les causes et les pressions sur l’environnement et les
communautés dans la région visée par le projet de réserve de biosphère,
de mettre en avant l’état de l’environnement et des communautés et par la suite,
déterminer quels types de réponses pourraient être apportées à l’ensemble de ces
situations.
Ces éléments seront présentés sous forme de tableau. Un premier tableau informera sur la
situation actuelle dans la région (forces motrices, pressions, état, impacts). Ensuite, pour
chaque fonction de la réserve, une tentative de clarification des objectifs et moyens d’action
sera proposée à titre d’exemple. Les objectifs représenteront les « réponses » que pourrait
apporter le projet de réserve de biosphère, face aux problématiques environnementales
décrites précédemment.
Tableau 4. 1 Situation actuelle en regard de l’environnement. Modèle DPSIR appliqué.
FORCES MOTRICES PRESSIONS ÉTAT DE
L’ENVIRONNEMENT IMPACTS
Démographie galopante, Pauvreté, services sociaux déficients
Agriculture intensive (Cultures sarclées). Bois comme principale source d’énergie combustible. Défrichement des terres. Apparition de nouveaux insectes ravageurs. Coupe intensive de bois
Perte de couvert végétal. Perte de sols. Sources taries. Rivières asséchées. Paysages dégradés
Perte d’habitats fauniques. Perte de biodiversité. Érosion accélérée. Forte sédimentation des rivières. Sols dégradés. Perte de la capacité de rétention en eau des sols. Vulnérabilité face aux aléas climatiques. Glissements de terrain. Inondations. Habitat incontrôlé. Conflits terriens
Industrie du bois (construction, exportation)
Défrichement des terres. Coupe intensive de bois
Perte de couvert végétal. Perte de sols. Sources taries. Rivières asséchées. Paysages dégradés
Perte d’habitats fauniques. Perte de biodiversité. Érosion accélérée. Forte sédimentation des rivières. Sols dégradés. Perte de la capacité de rétention en eau des sols. Vulnérabilité face aux aléas climatiques. Glissements de terrain. Inondations.
Activités de loisirs Mauvaise gestion des ressources naturelles. Pollution par résidus solides
Paysages dégradés. Habitats perturbés
Absence de lois efficaces sur la gestion des ressources naturelles
Chasse incontrôlée. Exportation incontrôlée d’animaux. Surexploitation des ressources naturelles
Perte d’habitats fauniques. Perte de biodiversité
Pour bien comprendre les raisons qui ont mené l’environnement dans cette situation critique,
il faut préciser que les écosystèmes, ou plus globalement les zones de vie, sont
particulièrement fragiles au niveau des réseaux hydrographiques à cause des fortes pentes
qui prédominent dans le Massif de la Selle. Les bassins versants des principales rivières de
cette région comprennent des versants aux pentes abruptes pouvant aller à près de 80%.
Ces endroits sont donc extrêmement vulnérables à l’érosion hydrique. Le déboisement
intensif et incontrôlé de ces versants a aussi accéléré ce processus.
De plus, les établissements humains dans des zones déjà fragiles et menacées participent à
la destruction d’habitats fauniques ainsi que des espèces elles-mêmes. L'exemple de la
Forêt-des-Pins est le plus criant : près de 900 hab/km2 résident sur les terres forestières et
leurs environs. Un marché public de fortune existe au cœur de la forêt depuis plusieurs
années. Ces habitants résidant en zone difficile d’accès, ils ont recours à l’agriculture (ce qui
implique le défrichement des terres) et à l’exploitation forestière (totalement incontrôlée) pour
survivre.
En bout de ligne, on se retrouve avec des espèces animales et végétales endémiques
menacées d’extinction, des versants très érodés, une sédimentation très importante au
niveau des rivières, des lits de rivières s’élargissant rapidement à cause de l’érosion et de la
destruction des berges. Les catastrophes naturelles comme les tempêtes tropicales, cyclones
et ouragans ont des impacts démesurément graves, vu la fragilité de l’environnement. Cette
situation explique pourquoi il est nécessaire d’assurer la sécurité des écosystèmes autour
des réseaux hydrographiques.
Pour présenter les objectifs et moyens d’action pour chaque fonction de la réserve, leur
numérotation fera directement référence à celle utilisée dans les tableaux.
4.3 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la fonction de conservation
Les actions menées dans le cadre de la fonction de conservation seront, selon le rapport
d’atelier sur la stratégie d’établissement de la réserve de biosphère, orientées autour des
principes directeurs suivants :
Assurer la sécurité des écosystèmes autour des réseaux hydrographiques, qui
supportent la vie ;
Assurer la conservation de la riche biodiversité des régions possédant une diversité
importante ;
Prévenir les impacts des catastrophes naturelles.
Dans cette optique et dans celle découlant de l’approche DPSIR pour l’élaboration
d’indicateurs il sera question de mesurer les progrès accomplis grâce aux actions qui seront
entreprises pour améliorer la situation environnementale de la zone visée. C’est à ce moment
qu’entreront en jeu les indicateurs de performance.
Les objectifs, moyens d’action et indicateurs de performance proposés seront présentés ici à
l’intérieur de trois tableaux, un pour chaque principe directeur cité. La présentation des
réponses correctives sera présentée de la même manière pour les deux autres fonctions de
la réserve, soit le développement et l’appui logistique.
Tableau 4. 2. Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du premier principe directeur de la fonction de conservation
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTÉR LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
1- Réduire l’érosion de 10% par année au niveau des réseaux hydrographiques jusqu’à atteindre le niveau acceptable de perte de x TM de sol arable par année, après 5 ans
1a- Appliquer les techniques biologiques et mécaniques de conservation des sols applicables.
i1- Quantité de tonnes métriques de sol arable perdu par ruissellement au niveau des exutoires des bassins versants ciblés
i2- Nombre d’ouvrages de conservation des sols encore solides après chaque saison pluvieuse
1b- Reboiser les pentes de plus de 40% avec des espèces adaptées et/ou indigènes.
i3- Pourcentage annuel d’augmentation de la densité végétale
i4-Pourcentage d’arbres ayant survécu après leur plantation
2- Sur 2 ans, mettre en défens 50% des terres situées autour des cours d'eau et affluents sur une distance de 15 à 30 mètres à partir du bord de ces cours d’eau, pour les pentes de 30% et plus.
2a- Engager une campagne de communication permanente avec les communautés résidant dans les localités à l’intérieur des zones à protéger.
i5- Pourcentage de familles touchées par la campagne par rapport au nombre de familles résidant dans la localité
2b- Accorder une compensation annuelle aux propriétaires terriens des zones à protéger.
i6- Montant de la compensation annuelle par rapport à aux revenus générés ou générables par les terres à protéger.
i7- Nombre de propriétaires qui acceptent de vendre leur terre pour recevoir a compensation annuelle
2c- Former des gardes forestiers pour empêcher tout défrichement des terres à protéger (par les activités humaines ou la présence animale).
i8- Nombre de gardes forestiers pour chaque hectare de terres à protéger
Tableau 4. 3 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du deuxième principe directeur de la fonction de conservation
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTER LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
3- Élaborer et mettre en œuvre un programme de conservation sur 5 ans pour le Merle de La Selle, oiseau endémique menacé d’extinction dès la première année de l’établissement de la réserve.
3a- Interdire l’accès aux sites encore intacts de forêt très humide de montagne karstique au moyen d'une clôture à la lisière d’une limite d’au moins 50 hectares autour de chaque site.
i1- % quotidien ou hebdomadaire de têtes de bétail en moins à l’intérieur des limites du site.
i2- superficie de terres défrichées à l'intérieur des limites du site
3b- Construire un relais écotouristique lié à « La Petite Auberge » sur le plateau au-dessus de Bérac.
i3- % d’augmentation du nombre de chercheurs scientifiques par année
i4- # de groupes d’écoliers ou d’universitaires utilisant le relais mensuellement
3c- Produire du matériel didactique en matière d’éducation à la conservation des espèces endémiques menacées.
i5- diversité du matériel didactique visant la conservation des espèces.
i6- degré de facilité de réalisation des actions de conservations proposées
4- Élaborer et mettre en œuvre un programme de conservation sur 10 ans pour les écosystèmes de forêts de pins dans la région (volets éducation, protection, connaissance, restauration).
4a- (Éducation). Réaliser pendant 2 ans des expositions itinérantes bimensuelles sur les forêts de pins visant les écoles de 9 communes dans le Massif.
i7- # de personnes présentes dans les écoles visitées par rapport au nombre de personnes attendues
i8- # de personnes déclarant vouloir participer aux activités de protection et de restauration
4b- (Protection). Former les responsables communautaires) pour devenir des gardes forestiers.
i9- # de feux déclarés et maîtrisés.
4c- (Connaissance). Mettre sur pied un centre de surveillance écologique pour suivre l’évolution des écosystèmes de forêt de pins.
I10- # de scientifiques déployés
i11- # d’organismes partenaires
4d- (Restauration). Extension des sites par gestion de pépinières et la création de pinèdes
i12- # de sites où l’établissement de nouvelles pinèdes serait possible
i13- # de sites où l’établissement de nouvelles pinèdes serait possible
Tableau 4. 4 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du troisième principe directeur de la fonction de conservation
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTER LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
5- Mettre en œuvre des activités ayant trait à la phase de préparation dans la gestion des risques et désastres naturels.
5a) Constructions de maisonnettes en forme de dôme, résistantes aux aléas climatiques (tempêtes, cyclones, etc.)
i1- nombre de sites d’implantation identifiés
i2- nombre de familles nécessitant d’être protégées
i3- nombre de maisonnettes à construire par rapport au nombre de familles visées
i4- nombre de maçons à former à la construction des maisonnettes
i5- nombre maçon nécessaire à la construction de toutes les maisonnettes
i6- coût de construction des maisonnettes par rapport à celui des maisons traditionnelles dans les régions ciblées
5b) Mettre en place en 6 mois, une radio communautaire vouée notamment à la prévention des catastrophes naturelles et à l’éducation environnementale
i7- nombre de capsules d’informations sur les règles de sécurité générales
i8- nombre de messages a répétition sur l’évolution des conditions climatiques sous forme de spot publicitaire
i9- nombre d’émissions sur les problèmes environnementaux de la région
4.3.1 Premier principe directeur : Assurer la sécurité des écosystèmes autour des
réseaux hydrographiques, qui supportent la vie.
Objectif spécifique 1 : Réduire l’érosion de 10% par année au niveau des réseaux
hydrographiques jusqu’à atteindre le niveau acceptable de perte de sol arable par
année, après 5 ans.
Moyen 1a. Appliquer les techniques biologiques et mécaniques de conservation des sols
appropriées.
Diverses techniques de conservation de sols sont applicables dans la région. Cependant,
comme il s’agit d’une zone assez vaste pour laquelle on envisage de protéger les bassins
versants, il faut tenir compte de l’hétérogénéité du terrain, notamment des déclivités. Le choix
des ouvrages de correction à réaliser dans les réseaux hydrographiques dégradés dépend
des niveaux de pentes et des types de sols. En effet, certaines techniques comme
l’établissement de barrages simples faits de branchages et de pieux conviennent mieux dans
les terres en aval, dans le but de diminuer le ruissellement par exemple.
Pour les abords de rivières ayant encore des berges stables ou ayant une pente très douce,
les bandes végétales riveraines sont conseillées. Aux endroits où les berges méritent d’être
mieux stabilisées, le gabionnage ou la plantation d’arbres comme l’eucalyptus peuvent être
envisagés. En mettant ces structures et mesures en place, les berges actuellement très
dégradées et fragilisées des réseaux hydrographiques du Massif de la Selle devraient se
stabiliser d’années en années, moyennant un contrôle et un suivi efficace.
Une fois ces structures de conservation en place, on peut mesurer leur efficacité à la fin de
chaque saison pluvieuse (à vérifier à l’intérieur de chacune des zones de vie) ou 2 fois
pendant une longue saison pluvieuse. À ce moment, on pourra mesurer au niveau des
exutoires des bassins versants ciblés, la quantité de tonnes métriques de sol arable perdue
par ruissellement. Le niveau de perte actuel constituera la base de comparaison.
Si la quantité de tonnes métriques perdues par hectares est inférieure à celle de départ, cela
indiquera que les structures en place font leur effet. Toutefois, il faudra que la tendance soit
toujours à la baisse. On prendra alors le soin de mesurer régulièrement les pertes de sols et
faire les ajustements nécessaires aux structures de conservation pour conserver la tendance
à la baisse.
Le nombre d’ouvrages de conservation des sols encore solides après chaque saison
pluvieuse sera un autre moyen de vérifier l'efficacité des mesures prises. Si les ouvrages ne
tiennent pas assez longtemps, la tendance sera que les pertes de sols reviendront au même
niveau qu’avant la construction des ouvrages de correction, de même que la sédimentation
dans le réseau hydrographique. Il faudra bien identifier les causes de leur dégradation ou de
leur destruction pour les rendre efficaces de nouveau.
Moyen 1b. Reboiser les versants aux pentes de plus de 30%, avec des espèces
forestières adaptées et/ou indigènes.
Dans les versants ayant de fortes pentes et où les sols sont instables, des mesures de
conservation plus radicales s'imposent, surtout quand on connaît les impacts en aval des
pertes de sols par érosion hydrique. L’arrêt de la coupe d’arbres, le reboisement et la
reforestation sont des mesures qui doivent être prises très au sérieux. Une reconstitution de
la végétation dans les versants aux pentes les plus escarpées (+ de 50%) contribuerait à
réduire l’érosion en aval et à diminuer la sédimentation au niveau des rivières.
On entend ici par espèces adaptées des espèces qui ne nuisent pas à l’écosystème et ses
composantes. L’objectif ici n’est pas uniquement d’avoir des arbres à croissance rapide mais
plutôt dont la présence n’a pas d’effet négatifs sur la flore ou la faune. Des espèces comme
le Neem (Azadirachta indica) ne devraient pas être utilisées à cause de ses graines qui
rendent les sols plus acides, ce qui pourrait être néfaste à la végétation environnante.
Certains oiseaux comme l’Amazone d’hispaniola (Amazona ventralis) et la Conure maîtresse
(Aratinga chloroptera), tous deux de la famille des psittacidés, sont également très sensibles
à cette acidité. Réintégrer les espèces forestières auparavant en grand nombre dans les
écosystèmes dégradés sera bénéfique surtout pour les espèces fauniques, qui y
retrouveraient leur habitat.
Une fois le nombre de plants nécessaire calculé, il faudra recenser les pépinières à travers le
pays disposant des espèces choisies. En cas de manque, il faudra établir de nouvelles
pépinières. Les plantations d’arbres pourraient être réalisées par les habitants des
communautés avoisinant les zones à reboiser. Une rémunération pourrait être prévue pour
chaque arbre planté correctement, de manière à assurer leur viabilité. Le pourcentage annuel
d’augmentation de la densité végétale pourrait être un indicateur de réussite de ce
reboisement. A chaque année, grâce aux services de l’Unité de Télédétection et de
Systèmes d’Information Géographique (UTSIG), cette densité végétale pourrait être
comparée à celle de l’année précédente, ceci jusqu’à la fin de la croissance prévue des
arbres plantés.
Objectif spécifique 2 : Sur 2 ans, mettre en défens 50% des terres situées autour des
cours d'eau et affluents sur une distance de 15 à 30 mètres à partir du bord de ces
cours d’eau, pour les pentes de 30% et plus
Moyen 2a. Engager une campagne de communication permanente avec les
communautés résidant dans les localités à l’intérieur des zones à protéger.
La mise en défens des terres nécessitant une protection est un moyen de stopper leur
dégradation et de disposer des terres pour tenter de les remettre en état. Il est important que
ces terres soient conservées pour assurer la pérennité des sources d’eau stratégiques
favorisant le développement régional en aval. Pour que cette mise en défens soit effective et
efficace, une campagne d’information et de sensibilisation visant les populations résidant et
possédant des terres là où elles devraient être protégées pourrait être engagée. De plus, il
sera important d’écouter et d’échanger avec ces populations sur leur vision de
l’environnement et de sa protection, de l’utilisation et la gestion des ressources naturelles.
Ceci permettra de savoir sur quel sujet exactement l’emphase devra être mise dans la
transmission d'informations lors de la campagne de sensibilisation.
Cette campagne d’information pourrait porter par exemple sur les points suivants :
Notions générales et différentes conceptions de l’environnement
Importance écologique et valeur patrimoniale des écosystèmes et forêts de la région
Impacts négatifs engendrés dans la région et ailleurs par la dégradation des écosystèmes
Besoin de conservation des zones fragiles
Mesures visées dans le projet de réserve de biosphère
Dès le début du projet, cette campagne devrait être lancée et se poursuivre jusqu’à l’atteinte
des premiers résultats. Des rencontres mensuelles devraient être prévues avec les
associations et groupements paysans dans chaque section communale à l’intérieur des
zones à protéger. On aura une idée de l’intérêt porté par les populations visées sur les
questions environnementales qui les concernent par le nombre de représentants de familles
présents lors des réunions mensuelles dans chaque localité visitée. Cela permettra aussi de
connaître les motivations et les raisons qui expliquent le mode de gestion actuel des
ressources naturelles.
Moyen 2b. Accorder une compensation annuelle aux propriétaires terriens des zones à
protéger.
Étant donné que la dépossession de certains propriétaires pourrait être envisagée, il faut
penser à offrir une compensation en échange. Cette compensation pourrait être calculée en
prenant en compte la valeur des terres sur le marché actuel, la valeur de leur production
annuelle, la capacité productive de ces terres, la valeur estimée des services
environnementaux fournis par ces terres. Il s’agirait d’offrir une compensation assez
intéressante pour arriver à convaincre les propriétaires terriens de louer (ou vendre). Ce
montant pourrait être calculé de façon à être octroyé chaque année, pendant 10 ans. Ce
temps minimum permettrait d’assurer l’efficacité des mesures de conservation sur les terres à
protéger et permettre la régénération de la végétation.
Moyen 2c. Former des gardes forestiers pour empêcher tout défrichement des terres à
protéger.
En ce qui concerne la formation et l’embauche de gardes forestiers, des personnes
pourraient être choisies parmi les techniciens agricoles et les étudiants finissants dans les
écoles moyennes d’agriculture du pays. Deux critères de sélection pourraient être déterminé :
l’excellence de leur dossier académique et leur expérience de travail en milieu agricole et/ou
forestier. Avant de former ces personnes à devenir des gardes forestiers, il serait judicieux de
leur faire passer un test de connaissances afin de déterminer les besoins en formation
(connaissances du milieu forestier haïtien, des intérêts économiques en jeu, des moyens
possibles de protection des forêts, etc.). Le test pourra être sous forme de questions à choix
multiples et quelques questions fermées avec une brève justification. Une heure du temps de
travail sera accordé à chacun pour faire le test.
Par rapport aux résultats du test, un comité décidera du type de formation appropriée
(contenu, budget …) afin de permettre l’atteinte de l’objectif de mise en défens des terres à
protéger. La formation pourra être donnée par des représentants du Ministère de l’agriculture
aidés de représentants de forces de l’ordre. Elle pourra se donner dans un local choisi dans
chaque commune ciblée par le projet, à une fréquence de deux à trois fois par semaine dans
une salle qui sera aménagée spécialement pour le déroulement des cours.
4.3.2 Deuxième principe directeur : Assurer la conservation de la riche biodiversité des
régions possédant une diversité importante
La concrétisation de l’objectif de conservation de la biodiversité peut s’avérer très complexe,
même si les actions devraient être menées principalement autour de la reforestation des
écosystèmes dégradés, en vue d’assurer la sécurité des habitats. La mesure de conservation
la plus importante pour les oiseaux (y compris d’autres catégories animales comme les
amphibiens et les reptiles) est d’arrêter le déboisement. Bien que ceci s’énonce de manière
simpliste, la halte au déboisement est un problème compliqué et difficile, en considérant les
difficultés politiques et socioéconomiques qui existent.
Il n’est certainement pas trop tard pour élaborer des programmes de conservation solides et
efficaces pour les espèces en danger (gravement menacé d'extinction, menacé d'extinction
et vulnérable). Parmi les espèces aviaires en danger du Massif de la Selle, nous nous
attarderons sur le Merle de La Selle (Turdus swalesi), espèce endémique au Massif du
même nom. Les dernières expéditions conduites dans la région de La Visite fournissent un
tableau plutôt sombre de sa situation dans le Massif.
Au cours de l’expédition de 2005, le rapport indique qu’il semblerait qu’on assiste à une forte
de baisse de la population de merle de La Selle. Ce constat est assez maigre quand on le
compare avec les observations faites en 1986 (par Woods et Ottenwalder) et en 2001 quand
le merle de La Selle était encore « facilement observable en petits nombres très tôt le matin »
(Broca, Gomez et Rimmer, 2006).
Parmi les recommandations du rapport d'expédition, les suivantes peuvent être utilisées à
titre d’exemple d’actions pouvant être menées en vue de la conservation de l’avifaune du
Massif de La Selle :
Pour empêcher toute activité humaine impliquant l’altération des habitats :
Interdire l’accès à un des rares sites de forêt très humide de montagne karstique
(appelé Bérac) au moyen d'une barrière pour empêcher tout élevage et décourager
l’agriculture, avec des signes d'informations et d’avertissement à la lisière d’une
limite d’au moins 100 hectares autour de Bérac.
Instituer un programme de formation et de certification des guides et des gardes
forestiers locaux du parc.
Pour servir de ressource aux groupes d’excursionnistes à La Visite, de base
d’opérations pour la recherche ou la surveillance :
Construire une infrastructure écotouristique de petite envergure sur le plateau au-
dessus de Bérac.
Aménager un sentier de nature menant vers le bas dans le ravin, où une petite
annexe pourrait être construite pour loger une garde permanente et pour abriter des
visiteurs.
Produire du matériel didactique en matière d’éducation à la conservation de
l’environnement (affiches informationnelles sur l’environnement, les sites
d’observation, signes d’interprétation).
Des moyens d’actions comme la compensation écologique dans les surfaces agricoles et
l’exploitation forestière proche de la nature, l’établissement de zones prioritaires
supplémentaires comme sites protégés et le monitoring pour surveiller l’évolution des effectifs
peuvent être ajoutés.
Objectif spécifique 3 : Élaborer et mettre en œuvre un programme de conservation sur
5 ans pour le Merle de La Selle, oiseau endémique menacé d’extinction dès la première
année de l’établissement de la réserve.
Moyen 3a. Interdire l’accès aux sites encore intacts de forêt karstique très humide de
montagne au moyen d'une clôture à la lisière d’une limite d’au moins 50
hectares autour de chaque site.
Ce type de forêt, combinant feuillus et pins d’Hispaniola, est de plus en plus menacé par les
activités humaines telle l’agriculture, l’élevage et la production de charbon de bois.
C’est aussi l’habitat de prédilection d’espèces d’oiseaux endémiques telles que le Merle de
La Selle (Turdus swalesi) qui nous intéresse ici particulièrement. C'était autrefois une espèce
commune dans le Parc national La Visite. Aujourd’hui, la présence du Merle de La Selle est
toujours plus importante dans le Massif Selle que partout ailleurs sur l’île (BirdLife
International (2006). Malgré tout, cette espèce est une espèce menacée d’extinction selon la
liste de rouge de L’ UICN des espèces menacées de 2006.
L’expédition ornithologique ayant eu lieu en 2005 et réalisée conjointement par des ONG et
université étrangères, des universités haïtiennes ainsi que la Société Audubon d’Haïti, à
révélé la faible présence de cet oiseau dans certaines portions de forêt mixte (feuillus et pins)
encore intacte ou presque.
Un des sites qui revient souvent dans les rapports d’expéditions dans la région se trouve
dans une petite localité appelée Bérac, dans le versant sud-ouest du Massif de la Selle, non-
loin du Parc La visite lui-même. A une altitude de 1175-1250 mètres, ce site se caractérise
par des pentes raides drainées par un large ravin attirant les nuages chargés d'humidité
venant du sud. La végétation se caractérise par les arbres feuillus de classes d'âge
mélangées qui forment une canopée fermée de 10 à 12 mètres de haut. Une cinquantaine
d'espèces d’oiseaux sont observables à Bérac, incluant des espèces migrantes venant de
l’Amérique du Nord et des espèces résidentes (comprenant près de 40% d’espèces
endémique).
Toutefois, le site en question a peu de chances de fournir les conditions nécessaires à la
viabilité à long terme de populations locales d'oiseaux. Les impacts d’activités humaines sont
lourds. Sa superficie maximale ne dépasse pas 20 hectares et la fragmentation est
importante (Brocca et al. 2005). Étant donné la gravité de la situation pour les espèces
nécessitant ce type d’habitat (notamment le merle de La Selle) et les enjeux qui y sont liés,
on suggère de suivre au moins une des recommandations du rapport d’expédition
ornithologique : construire une clôture à la lisière d’une limite d’au moins 100 hectares autour
du site de Bérac.
Ceci empêcherait l’entrée des animaux de bétail dans la forêt et constituerait une mesure
répulsive pour toute activité agricole. Ce serait une mesure intérimaire immédiate pour
empêcher toute nouvelle perte d'habitat. Cette portion de forêt à Bérac devrait être
complètement interdite aux activités humaines impliquant une altération de l'habitat.
Ce secteur a un potentiel remarquable en matière de recherche biologique et de surveillance
écologique, aussi bien que pour l'éducation environnementale et l'écotourisme (Brocca et al.
2005). Des panneaux d’avertissement et d’interdiction pourraient être érigées à divers point
de la clôture (ex : à tous les 15 mètres). Des panneaux d’informations concernant l’objectif de
conservation d’espèces endémiques dont le Merle de La Selle, les grandes menaces qui
affectent l’avenir de ces espèces et les conséquences néfastes résultant des activités
humaines dans la région pourraient être placés sur la clôture aussi. Évidemment, ces
panneaux informatifs peuvent être utilisés ailleurs dans le Massif de La Selle, dans le cadre
d’activités écotouristiques par exemple.
Cette mesure ne peut certainement pas être efficace sans une stratégie de communication,
un dialogue avec les habitants de la région, une éducation à la conservation des habitats
importants du Massif de La Selle. On supposera ici que cette stratégie fait déjà partie des
objectifs et des actions à réaliser dans le cadre du programme de conservation du Merle de
La Selle. Dans un tel cas, l’efficacité de l’érection de la clôture autour du site de Bérac peut
être mesurée grâce au pourcentage quotidien ou hebdomadaire de têtes de bétail en moins à
l’intérieur des limites du site, dès l’érection de la clôture et à la diminution de la superficie des
terres défrichées à l'intérieur des limites du site, jusqu’à arrêt complet des manœuvres de
défrichement (pour l’agriculture, le bois de chauffe ou la production de charbon).
Moyen 3b. Construire un relais écotouristique lié à la Petite Auberge sur le plateau
au-dessus de Bérac.
La présence d’une infrastructure destinée à accueillir des groupes de jeunes ou de recherche
scientifique permettra de faire connaître la région à un plus grand public, de sensibiliser ce
public à la grande biodiversité qui existe encore dans la région du Massif de La Selle. Ce
sera un lieu de rassemblement et d’apprentissage des principes par lesquels passent la
conservation de n’importe quelle espèce ou habitat dans la région : connaître, protéger,
restaurer, valoriser et gérer durablement. Étant donné qu’il existe déjà un hôtel non loin de
Bérac, les groupes de visiteurs pourront se loger et utiliser le relais écotouristique pour toutes
les activités pédagogiques et écologiques.
Ce relais pourrait comprendre :
une salle de bibliothèque comprenant les études réalisées sur la région de La Selle et
tout autre matériel didactique en éducation relative à l’environnement ;
Une salle serait de conférence ou de formation destinée à la transmission de diverses
connaissances sur le milieu ;
Une salle de restauration équipée pour une gestion écologique des déchets (bacs de
récupération pour les différents types de déchets, bac à compost) et où seraient valorisés
les produits locaux.
Des chercheurs scientifiques pourraient alors venir exposer le résultat de leurs études sur le
terrain, permettant ainsi une plus grande diffusion de l’information. Ceci permettrait aussi à
plus d’universitaires d’y faire leurs stages et mémoires de fin d’études étant donné la facilité
logistique qu’offre La Petite Auberge, combinée au relais écotouristique. Ainsi l’actualisation
permanente des données scientifiques sur tous les aspects environnementaux de la région
serait assurée.
Ce relais écotouristique sera efficace si le pourcentage du nombre de chercheurs
scientifiques par année augmente de plus de 50% au bout d’une année et si le nombre de
groupes d’écoliers ou d’universitaires utilisant le relais trimestriellement est au minimum
représentatif du nombre d’établissements scolaires dans la région du Massif de La Selle ou
représentatif du nombre d’établissements universitaires dans les départements de l’Ouest et
du Sud-Est. Ces chiffres ne sont pas disponibles pour l’instant mais on peut utiliser ces
critères à titre de référence.
Moyen 3c. Produire du matériel didactique en matière d’éducation à la conservation des
espèces endémiques menacées.
L’éducation à la conservation est un passage obligé dans ce programme de conservation.
Cette initiative permettra d’amorcer un dialogue avec les populations locales, les jeunes de la
région et d’ailleurs au pays par leur sensibilisation et leur implication dans certaines activités
de conservation. Une diversité de matériel didactique peut être produite, dans les deux
langues officielles d’Haïti, le français et le créole. Les thèmes abordés pourraient être les
oiseaux endémiques d’Haïti avec accent sur ceux du Massif de La Selle, le Merle de La
Selle, les forêts de La Visite et du Massif de La Selle et finalement les consignes à suivre en
vue de la conservation de l’espèce, de la protection de son habitat.
Voici quelques exemples précis de matériel pouvant être produits :
affiches pédagogiques (à vendre) sur :
o les oiseaux endémiques du Massif de La Selle et leur habitat
o les menaces qui pèsent sur ces habitats et leur pérennité
o les oiseaux du Massif de la Selle
o le Massif de La Selle (géographie, types de végétation, sites d’intérêt écologiques,
biodiversité animale, rôle dans l’hydrographie des départements de l’Ouest et du
Sud-Est)
o le programme de Conservation du Merle de La Selle
o sur chaque oiseau endémique, menacé et proposition d’actions de conservation
destinées aux jeunes
o affiches pédagogiques sous forme de bande dessinée illustrant les actions
humaines nuisant à l’évolution des animaux du Massif de La Selle, les attitudes
positives visant la conservation des espèces endémiques
Cahiers scolaires à l’effigie des espèces vulnérables du Massif de La Selle, à l’effigie du
Merle avec son nom français et son nom créole
T-shirts avec message de sensibilisation à la conservation et photo du merle (valeur
patrimoniale du merle), avec reproduction d’une photo de la nature à certains endroits du
Massif (Cascade Séguin, bosquet de pins, montagnes escarpées boisées, etc.)
Ouvrages pédagogiques sur tous les thèmes précédents destinés aux écoliers du primaire
et du secondaire
pamphlets ou brochures sur les mêmes sujets
Les lieux de distribution de ces matériels peuvent être dans les infrastructures touristiques de
Port-au-Prince, Pétion-Ville, de la région du Massif de La Selle (hôtel ou auberges de
Fermathe, Kenscoff, Furcy, Belot) lors d’expositions itinérantes ou de foires, dans les
dispensaires, les écoles et même les églises. Affiches et panneaux d’interprétation indiquant
les lieux d’observation d’oiseaux peuvent être placées le long de certaines routes a l’intérieur
de la région : route de Séguin, route de Furcy, route de Marigot à Nan Malgré, route de
Thiotte à Foret des Pins.
Objectif spécifique 4 : Élaborer et mettre en œuvre un programme de conservation sur
10 ans pour les écosystèmes de forêts de pins dans la région (volets éducation,
protection, connaissance, restauration)
Moyen 4a. Réaliser des expositions itinérantes hebdomadaires sur les forêts de pins
visant les écoles de 10 communes dans le Massif (10 écoles par commune).
Les expositions itinérantes sont des outils de communication et d'accès au patrimoine
(Société des musées québécois, 2006). Elles permettent la diffusion de l’information
environnementale dans ce cas précis, destinées à divers public (bibliothèques, écoles,
centres culturels, etc.) dans diverses régions. Dans le cadre d’un programme de conservation
des forêts de pins du Massif de La Selle, les expositions itinérantes permettront aux habitants
de petites localités de mieux connaître cet écosystème, de mieux apprécier sa valeur
patrimoniale.
Ces expositions peuvent être destinées aux écoles fonctionnant dans les régions où les
forêts de pins existent, subsistent faiblement ou n’existe plus. On pense ici aux écoles des
communes ayant une partie de leur territoire dans le Massif de La Selle. Évidemment, il s’agit
en premier lieu de toucher les écoles dans un rayon compris entre les zones de Furcy, La
Visite, Séguin, Thiotte, Forêt-des-Pins et Fonds-Verettes. C’est un vaste territoire il est vrai
mais compte tenu du fait que le nombre d’écoles dans ces régions est très limité, les
expositions itinérantes devraient toucher un maximum de 50 écoles.
Sur une période de deux ans, à raison de 2 expositions de 2 jours à chaque mois (donc 2
écoles visitées par mois), l’organisation et la réalisation de ces expositions devraient être
assurées par les institutions œuvrant en éducation relative à l’environnement.
Le contenu visuel dans ces expositions pourrait être composé des informations suivantes :
le pin (description de l'arbre, caractéristiques, endémicité et histoire à l'échelle nationale) ;
localisation dans le Massif de La Selle et ailleurs dans le pays (presqu’île du Sud, Massif
du Nord) ;
espèces animales abritées, espèces végétales associées ;
rôle d’une foret (habitat pour faune et flore, protection des sols, rétention de l'eau :
sources, rivières, cascades, pour utilisation humaine) ;
impacts de la disparition des forêts (perte inestimable et irréversible dans la faune et la
flore, tarissement des sources et rivières, altération de la qualité du paysage, diminution
de la possibilité d’activités touristiques génératrices de revenus – cascades, sentier
nature, excursions, observation d’oiseaux, etc.) ;
mesures de redressement possibles en vue de la récupération des forêts et de la faune et
flore associés – programme de conservation des forêts de pins du Massif de La Selle.
Du matériel didactique en éducation à la conservation des forêts de pins du Massif de la
Selle (T-shirts, pamphlets et brochures informant sur le programme de conservation, affiches
pédagogiques sur les forêts de pins, cahiers) pourrait être distribué au public (élèves,
parents, personnel enseignant, direction), dans les écoles visitées. Une période de
discussion entre les spécialistes et le public pourrait également être prévue à un moment
déterminé de l'exposition.
Les résultats attendus de cette action seraient de rallier un maximum de personnes à la
cause du programme de conservation et aux activités de protection (veille contre les
incendies criminels, la coupe non autorisée) et de restauration des sites prioritaires de forêts
de pins. Pour vérifier l’efficacité d’une telle mesure, les indicateurs pourraient être le nombre
de personnes présentes dans les écoles visitées (vu que seront aussi invités parents,
personnel enseignants et membres des directions) et le nombre de personnes déclarant
vouloir participer aux activités de protection et de restauration.
Moyen 4b. (Protection). Former des responsables communautaires à la prévention et à la
lutte contre les incendies de forêt.
Un programme de formation de gardes forestiers est déjà en cours actuellement et la
première promotion de 30 gardes forestiers est sortie le 21 mars 2007. Cependant,
seulement 6 seront affectés dans la région du Massif de La Selle, plus précisément dans le
Parc National La Visite (Joseph, N. 2007).
Vu la nécessité de protéger une étendue plus vaste que le Parc La Visite dans tous le Massif
de La Selle, il serait judicieux d’étendre ce programme à la formation des responsables
communautaires du Massif (Assemblées des Sections Communales et Conseils
d’Administration de Section Communale).
Ces derniers étant déjà sur place et connaissant le terrain et les habitants en plus d’avoir une
certaine écoute de la part de ces habitants, les responsables communautaires peuvent jouer
un rôle clé dans la protection des forêts de pins. Ce serait un moyen de renforcer leurs
capacités dans la maîtrise des feux de forêts intentionnels.
Les raisons qui poussent la mise à feu des pins (vu que la coupe proprement dire est
interdite) sont le besoin d’agrandir les terres agricoles, l'extraction de bois de chauffe et de
planches pour la construction et même l’exportation vers la République Dominicaine. Il est
donc clair que de gros intérêts sont en jeu. En vue de vérifier l’efficacité des futurs gardes
forestiers sur le terrain, le nombre de feux déclarés et maîtrisés sur une période d’une année
pourrait être considéré comme un bon indicateur de réussite du programme de formation.
Moyen 4c. (Connaissance). Mettre sur pied un centre de surveillance écologique pour
suivre l’évolution des écosystèmes de forêt de pins.
Le centre de surveillance écologique servira à suivre l’évolution des résultats qui seront
obtenus grâce aux actions entreprises dans le programme de conservation des forêts de
pins. Le centre pourrait regrouper organismes, fondation et particuliers qui prennent part à la
surveillance environnementale dans la région du Massif de La Selle, afin de mieux relever et
décrire les variations de l’écosystème et en rendre compte.
Ce serait aussi un partenariat de coopération entre les administrations municipales, les
établissements d’enseignement (primaire, secondaire universitaire), des regroupements de
jeunes, associations paysannes, etc.
Les principaux éléments qu’il sera important de surveiller sont :
les incendies et feux de forêts,
la coupe des arbres,
l’empiètement de l’agriculture sur les terres forestières,
la présence ou l’absence d’espèces d’oiseaux migrateurs et endémiques,
le statut des espèces endémiques dont les forêts de pins ou mixtes constituent le principal
habitat,
la progression de la restauration des forêts de pins dans les sites prioritaires ciblés.
Les autres rôles du centre devraient être de :
transmettre régulièrement de l’information sous forme de rapports trimestriels à
l’administration du programme de conservation et à l’intérieur d’une revue
environnementale destinée au grand public (production, sur une base continue, des
évaluations de la biodiversité, les tendances de l'écosystème ainsi que le résultat de la
surveillance des éléments cités plus haut). La distribution de cette revue pourrait être de la
responsabilité de l’administration du programme de conservation ;
prendre part à des programmes de collaboration internationaux et renforcer les liens avec
les programmes internationaux (comme BirdLife, Nature Conservancy etc.) ;
Identifier les sites prioritaires d’écosystèmes de forêts de pins à protéger ;
Surveiller le respect du zonage établi au sein de la réserve ;
Moyen 4d. (Restauration). Extension des sites par la gestion de pépinières et la création
de pinèdes
Le programme de restauration de la forêt sèche de la Nouvelle-Calédonie (France) fournit de
très bons exemples et peut être une source d’inspiration pour l’extension des sites de forêts
mixtes ou de pins. Les mesures suivantes sont inspirées de ce programme :
Identifier et protéger les zones favorables à la mise en place de corridors écologiques.
Réaliser des plantations.
Revégétaliser les zones favorables et créer des pépinières.
La restauration naturelle peut s'envisager par la mise en place de corridors écologiques,
autour et entre plusieurs îlots de forêts de pins afin de les relier et de favoriser la reconquête
naturelle de l'espace par la forêt libérée de ses menaces. Les techniques de plantation, de
suivi et d'entretien à mettre en œuvre devront être choisies en fonction des contraintes
spécifiques des sites de réintroduction. L’opération de plantation pourra être réalisée avec
des équipes locales constituées sous forme d'association (de jeunes, de femmes, de
paysans).
La restauration artificielle (ex-situ) passe par la création de pépinières permettant de cultiver
le pin de la forêt de pins du Massif de La Selle. Des parcelles pilotes pourront être utilisées
comme alternative à la restauration par le suivi de la dynamique de reconquête de l'espace. Il
s'agit de déterminer les différentes modalités de restauration envisagées selon la capacité
des îlots à se régénérer.
La réussite du volet restauration dans le programme de conservation des forêts de pins peut
se mesurer par le nombre de sites où l’établissement de nouvelles pinèdes serait possible et
le nombre de personnes mobilisées pour les opérations de plantation et de gestion de
pépinières.
4.3.4 Troisième principe directeur : la prévention des catastrophes naturelles
Il a été dit dans le chapitre 3, dans la description de la situation environnementale d’Haïti, que
la région du Massif de La Selle était particulièrement vulnérable aux tempêtes et cyclones,
les risques d’érosion, de glissements de terrain et d’inondations étaient assez élevés. La
gestion des risques au sein de la réserve pourrait viser la diminution de la vulnérabilité et
s’articuler autour des phases de préparation (prévention, mitigation, alerte), de réponse
immédiate, de réhabilitation et de reconstruction. La proposition faite ici concerne la notion de
prévention (aménagement du territoire et système d’alerte précoce). En termes
d’aménagement du territoire, la protection des bassins versants est déjà un objectif de la
réserve et le reboisement est déjà envisagé.
Objectif spécifique 5 : Mettre en œuvre des activités ayant trait à la phase de
préparation dans la gestion des risques et désastres
Moyen 5a. Constructions de maisonnettes en forme de dôme (EcoShell), résistantes aux
aléas climatiques (tempêtes, cyclones, etc.)
On propose la mise en place de constructions résistantes aux cyclones en des lieux
sécuritaires par rapport aux risques, ce qui permettrait un déplacement de certaines
populations en des lieux plus sûrs et une diminution des pertes en vie humaines lors du
passage des cyclones. Un prototype de construction de ce genre, réalisée par le projet
« EcoShell Housing » existe sur les terres de la ferme agricole expérimentale de « Double
Harvest » (projet privé d’aide à Haïti lancé par un privé en 1981). Un des aspects de ce projet
est d’enseigner aux maçons haïtiens le processus de construction de maisonnettes en forme
de dôme, offrant une bonne protection contre les aléas climatiques et garde au sec durant les
saisons humides (Ecoshell Housing, 2004).
L'implantation de ces maisonnettes « Ecoshell » sera vraiment efficace si assez de sites
d’implantation sont identifiés. Il faut prendre en compte le nombre de familles nécessitant
d’être protégées et choisir des sites présentant un risque minimum d’inondation et de
glissement de terrain. Il faudra déterminer le nombre de maisonnettes à construire sur ces
sites, en fonction du nombre de familles visées. Il faudra également déterminer le nombre de
maçons à former à la construction des maisonnettes, le nombre maçon nécessaire à la
construction du nombre de maisonnettes déterminé. Finalement, si le coût de construction de
ces maisonnettes est inférieur à celui des maisons traditionnelles dans les régions ciblées,
l’initiative aura plus de chances d’être acceptée de la population.
Moyen 5b. Mettre en place en 6 mois, une radio communautaire vouée notamment à la
prévention des catastrophes naturelles et à l’éducation environnementale.
La radio communautaire aurait comme rôle de divulguer de l’information sur les mesures
préventives à prendre, par tous et chacun dans la région, les comportements adéquats à
avoir pour diminuer la vulnérabilité, faire connaître les risques pesant sur la région et avertir
la population à temps en cas de tempêtes ou cyclones. Le rôle de cette station sera efficace
si des liens étroits sont établis avec les principaux organes nationaux de gestion des risques
et désastres (Centre National de Météorologie, Direction de la Protection Civile, Croix-Rouge
Haïtienne). Le nombre de capsules d’informations sur les règles de sécurité générales, de
messages a répétition sur l’évolution des conditions climatiques sous forme de spot
publicitaire et d’émission sur les problèmes environnementaux de la région indiqueront tous
le niveau d’efficacité de la station de radio communautaire.
4.4 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la fonction de développement.
Les actions prévues dans le cadre de la fonction de développement seront, toujours selon le
rapport du Ministère de l’Environnement d’Haïti, orientées autour des principes directeurs
suivants :
Assurer la sécurité économique de l’homme haïtien dans la région ciblée en mettant en
place des infrastructures économiques et sociales ;
Assurer la sécurité alimentaire des communautés concernées ;
Mettre en œuvre un développement local effectif et irréversible par le développement de
l’écotourisme et le développement forestier.
Tableau 4. 5 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du premier principe directeur de la fonction de développement.
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTÉR LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
1- Favoriser l’implantation de micro-entreprises agricoles respectueuses de l’environnement
1a- Offrir la formation nécessaire aux membres d’associations paysannes sur le fonctionnement et la gestion de ces unités de transformation agricole
I1- Nombre d’usines de transformation contactées à travers le pays et acceptant d’assurer la formation des membres d’associations paysannes.
1b- Fournir l’équipement nécessaire au fonctionnement des usines de transformation agricole
i3- fonds disponibles / fonds nécessaires à l’achat des équipements.
i4-nombre d’équipement pouvant être acquis (achat ou don) après 3 mois de recherche.
2- Augmenter les revenus des ménages avec d’autres sources que l’agriculture
2a- Embaucher dans les régions ciblées selon un quota de 70% dans le cadre des activités de conservation de l’environnement
i5- nombre de personnes intéressées à participer aux activités de conservation / quantité de personnes nécessaires.
I6- niveau de quota atteint à la fin de la période de recrutement.
3- Mettre en place des infrastructures de santé et d’éducation au niveau des zones tampons de la réserve
3a- construire deux centres de santé fonctionnels dans les treize communes de la région ciblée par la réserve
I6- Nombre de médecins par habitant de plus dans chaque commune.
I7- Qualité et modernité du matériel médical.
I8- pourcentage d’augmentation de l’accès à la santé dans les communes.
3b- construire un lycée national (niveaux primaire et secondaire, capacité 400 élèves) dans les treize communes de la région ciblée par la réserve
I9- Quantité de sources de financement disponibles pour la construction des lycées. I10- Pourcentage d’augmentation de l’accès à l’éducation dans les communes visées.
Tableau 4. 6 Moyens d'action et indicateurs de performance en fonction du 2ème principe directeur de la fonction de développement.
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTÉR LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
4- Stabiliser les conditions de production pour bonne performance des saisons agricoles
4a- Construire des réservoirs avec impluvium pour le captage eau de pluie
I1- distance entre les terres en culture et les réservoirs.
I2- quantité d’eau réellement prélevée de ces réservoirs à chaque saison de culture.
4b- Élaborer un plan de distribution de semences pour l’après catastrophe
i3- type et qualité de semences distribuées / type d’agriculture existant dans les régions visées.
i4- quantité de semences distribuées / besoins et niveau de dégâts et pertes subis après une catastrophe naturelle.
5- Établir un système d’alerte précoce et de secours rapide aux communautés
5a- Installer des stations pluviométriques I5- pourcentage d’erreurs de captage prévues en fonction des pluviomètres choisis) I6- niveau de difficulté d’accès aux stations
5b- Former des inspecteurs agricoles
I7- nombre de techniciens agricoles pouvant être formés
I8- nombre de personnes ressource pour assurer la formation
I9- nombre de marchés dans la région
I10- nombre de ménages à enquêter
6- Revitaliser la filière du café et du cacao visant le commerce équitable dans la région du Massif de La Selle
6a- Mettre sur pied une coopérative caféière et cacaoyère dans chaque région où la capacité productive de ces denrées est intéressante
I6- Nombre de médecins par habitant de plus dans chaque commune.
I7- Qualité et modernité du matériel médical.
6b- construire un lycée national dans les treize communes de la région ciblée par la réserve
I9- Quantité de sources de financement disponibles pour la construction des lycées. I10- Pourcentage d’augmentation de l’accès à l’éducation dans les communes visées.
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTÉR LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
7- Augmenter les revenus de la population par le développement de services écotouristiques dans les communautés environnant le Lac Azuéï
7b- Construction de trois auberges écotouristiques à Thomazeau, Fonds Parisien et Ganthier
I1- Nombre de chambres offertes au public
I2- Nombre d’employés pour la construction et l’opérationnalité des auberges
I3- Valeur des produits artisanaux offerts dans les boutiques souvenirs
7a- Établissement de parcours pour randonnées pédestres et équestres
I4- Nombre d’attractions mises en valeur
I5- Longueur, étendue des parcours.
8- Réduire les principales sources de pollution du Lac Azuéï
8a- Installation de poubelles aux endroits visités par excursionnistes et fêtards
I6- Solidité des poubelles et de leur fixation
I7- Qualité des outils de sensibilisation (langage, message)
I8- Accessibilité des poubelles
8b- Ramassage régulier de déchets par les membres d’une brigade verte
I9- Fréquence de ramassage des poubelles
8c- Implantation d’une bande riveraine de végétation sur les berges du lac
i10- Concentration de phosphore et d’azote dans le lac.
I11- Taux de viabilité de la végétation
i12- Taux de fréquentation d’animaux sur les lieux
I13- Fréquence d’apparition des espèces
Tableau 4. 7 Moyens d’action et indicateurs de performance en fonction du 3ème principe directeur de la fonction de développement.
4.4.1 Premier principe directeur : Assurer la sécurité économique des haïtiens.
Objectif spécifique 1 : Favoriser l’implantation de micro-entreprises agricoles
respectueuses de l’environnement.
En implantant des micro-entreprises ou ateliers de transformation agricole on veut, en plus
de contribuer à la sécurité économique des habitants de la région, favoriser certaines
cultures au détriment d’autres qui contribuent à l’érosion, au déboisement, à la déforestation.
On peut également arriver à limiter le nombre d’intermédiaires à la vente des produits
agricoles et contribuer au rayonnement des communautés à travers le pays par la qualité et
l’originalité des produits.
Ce qui pourrait être envisagé, c'est la production apicole (miel et hydromel), la transformation
de certains fruits produits actuellement dans la région (marmelades et jus d’agrumes,
confiture de pêches, prunes, ananas, fraises, grenadille sucrée, etc.) ainsi que la production
de compost. Pour cela, il faudra au préalable déterminer la capacité de production et le
niveau de production visé dans chaque commune, la superficie disponible et celle nécessaire
pour l’établissement de vergers ainsi que les ressources humaines et financières
mobilisables (au sein de la population, dans le cadre du projet de réserve et grâce à l'apport
de fondations, organismes de charité et autres ONG).
Une fois ces éléments déterminés, il sera judicieux de planifier une formation pour les
membres des communautés pour gérer et faire fonctionner les ateliers de transformation
agricole et de fournir les équipements nécessaires à l’établissement de ces ateliers.
Moyen 1a. Offrir la formation nécessaire aux membres d’associations paysannes sur le
fonctionnement et la gestion de ces unités de transformation agricole
La formation pourrait être assurée grâce au jumelage avec d’autres ateliers de transformation
agricole. On pense entre autres aux ateliers suivants :
Les ateliers TOPLA à Vallue (habitation de la 12ème section communale de Petit-
Goâve, département de l’Ouest) qui produit du beurre d’arachide, des gelées et des
confitures de fruits),
les ateliers productifs agricoles de Pliché (Cavaillon, Sud) qui produisent entre
autres du jus de fruits en bouteille,
La Ferme d’Expérimentation et de Démonstration Apicole (Rocher Laval, Anse-à-
Veau, Grande-Anse) qui produit du miel et de l’hydromel).
Il s’agit donc de mobiliser ces ressources pour aider à l’implantation de pareils ateliers de
transformation agricole et d’établir un contact permanent entre ces unités de production en
vue de permettre les échanges économiques entre ces communautés. Le nombre d’usines
de transformation contactées à travers le pays et ayant accepté de fournir les ressources
humaines pour donner la formation aux membres d’associations paysannes permettra de
déterminer un programme et un horaire pour débuter la formation. Plus on aura de
ressources humaines mobilisables, plus vite l’implantation des ateliers se fera.
Moyen 1b. Chercher du financement (échelle locale, régionale, nationale, internationale)
pour obtenir l’équipement nécessaire au fonctionnement des usines de
transformation agricole.
Évidemment, il faudra déterminer avec précision quels équipements seront nécessaires au
fonctionnement des unités de production de miel, hydromel, confiture, gelée et jus de fruits.
Les associations paysannes intéressées et visées pour mettre en œuvre et gérer les ateliers
de production devraient participer monétairement à l’implantation de ces ateliers pour qu’elles
y voient bien leur intérêt et que ces ateliers ne soient pas considérés simplement par des
« cadeaux » offerts dans le projet de réserve de biosphère.
L’évaluation des fonds disponibles par rapport aux fonds nécessaires à l’achat des
équipements (indicateur 3) permettra de déterminer le pourcentage de financement auquel
les associations paysannes pourraient cotiser. Cette évaluation pourra aussi se faire en
fonction des dons pouvant être reçus de la part de certaines fondations, organismes de
charité ou autre ONG nationale ou internationale et même de certaines entreprises privées
contactées à cet effet. L’action sera vraiment efficace si au bout d’un délai raisonnable (3
mois), la totalité des équipements peut être acquise par achat et/ou par don (indicateur 4).
Objectif spécifique 2 : Augmenter les revenus des ménages avec d’autres sources que
l’agriculture.
Moyen 2a. Embaucher dans les régions ciblées selon un quota de 65% dans le cadre des
activités de conservation de l’environnement
Les activités suivantes sont visées : les travaux de conservation des sols, la gestion des
pépinières, le reboisement, le personnel du (ou des) relais écotouristiques, les gardes
forestiers. Ceci sera également une bonne occasion d’impliquer activement la population des
zones visées par les activités de conservation.
Le quota de 65%, équivalent aux deux tiers du personnel à embaucher dans les régions
ciblées pourrait être utilisé pour l’ensemble des activités et non pour chacune d’elles. Les
responsables communautaires formés pour devenir gardes forestiers, pourront venir en aide
aux inspecteurs forestiers issus du Corps de Surveillance Environnementale du Ministère de
l’Environnement. Un petit nombre d’entre eux ont été affectés au Parc La Visite et à la Forêt-
des-Pins, le 21 mars 2007.
Pour mesurer l’atteinte du quota à la fin de la période de recrutement, on pourra comparer le
nombre de personnes intéressées à participer aux activités de conservation par rapport à la
quantité de personnes nécessaires (indicateurs 5) et vérifier si le quota atteint à la fin de la
période de recrutement correspond à l’objectif.
Objectif spécifique 3 : Mettre en place des infrastructures de santé et d’éducation au
niveau des zones tampons de la réserve.
Moyen 3a. Construire un centre de santé fonctionnel dans chacune des treize communes
de la région ciblée par la réserve
Comme l’indique la carte de pauvreté d’Haïti, la santé est un élément très déficient dans le
département du Sud-Est. Ne pouvant remplacer le rôle de l’État lui-même, la réserve de
biosphère visant tout de même l’amélioration des conditions de vie des habitants en son sein,
la construction de centres de santé s’avère un incontournable étant donné les conditions
actuelles.
Ces centres de santé, dans chaque commune à l’intérieur de la réserve, dotés de matériel et
équipements médicaux moderne et de qualité et d’assez de personnel médical, viendraient
améliorer l’accès à la santé des populations visées.
Dans un premier temps, durant les deux premières années du projet, il est réaliste d’avoir
comme objectif de mettre sur pied un seul centre de santé par commune (13 centres de
santé au total). Si un médecin et 5 infirmières peuvent constituer le personnel médical, 13
médecins et 65 infirmières de plus travailleraient au sein de la réserve. L’efficacité de ces
centres de santé peut se mesurer par le nombre de médecins par habitant de plus dans
chaque commune (indicateur 6), la qualité et modernité du matériel médical (indicateur 7) et
le pourcentage d’augmentation de l’accès à la santé dans les communes (indicateur 8).
Moyen 3b. Construire un lycée national (niveaux primaire et secondaire, capacité 400
élèves) dans les treize communes de la région ciblée par la réserve
Construire 13 lycées nationaux est certes une entreprise très coûteuse mais combien
rentable à long terme pour les communautés et le pays tout entier. Tout comme la santé,
l’éducation est un passage obligé pour garantir la durabilité des ressources naturelles et la
viabilité de la culture haïtienne elle-même. Une éducation plus accessible dans les régions
reculées aura indéniablement des impacts positifs sur l’économie de ces régions.
Plusieurs sources de financement peuvent être disponibles, notamment au niveau des ONG
internationales œuvrant dans le pays (UNESCO, OEA, PNUD, ACDI, etc.). Ces lycées
devraient comprendre les cycles primaires et secondaires, de la 1ère à la 13ème année
fondamentale (6 années de primaire, 7 années de secondaire) et accueillir, pour une
meilleure qualité de l’apprentissage, au maximum 30 élèves par classe.
Ces lycées ainsi constitués permettraient d’augmenter la possibilité pour les jeunes de
poursuivre leurs études dans leur commune d’origine et ne seraient pas obligés de se rendre
dans les grandes villes pour atteindre ce niveau d’études. Pour arriver aux fins
d’établissement de ces lycées dans les 13 communes, il faudra bien sûr faire des demandes
de financement à tous les ONG intéressés par la question d’éducation. La quantité de
sources de financement disponibles pour la construction des lycées (indicateur 9) donnera
une idée sur la réelle possibilité de réaliser la construction de ces lycées. Il faudra également
mobiliser une flotte de personnel enseignant et de dirigeants de ces lycées (indicateur 10).
4.4.2 Deuxième principe directeur : Assurer la sécurité alimentaire en garantissant le
processus de production puis en revitalisant les filières biologiques
Objectif spécifique 4 : Garantir l’accès aux intrants agricoles pour bonne performance
des saisons agricoles.
La production agricole nationale n’arrive plus à suivre le rythme d’accroissement de la
population : par tête d’habitant cette production a significativement reculé depuis les années
70 (CNSA, 2007). Les facteurs suivants déterminent l’accès aux aliments sur le marché : le
taux d’échange gourdes/dollars (concernant les produits importés qui constituent la plus
grande part des produits sur le marché), le niveau du coût de la vie (inflation), le prix du
carburant (pour le transport des marchandises), la pluviométrie, le suivi des risques et
désastres et la ponctualité dans la distribution des semences. Il serait possible d’agir au
moins à deux niveaux. En premier lieu, il s’agirait de :
Moyen 4a. Construire des réservoirs avec impluvium pour le captage eau de pluie.
C’est une nécessité afin que la disponibilité en eau pour l’agriculture ne soit pas uniquement
tributaire du climat. Le nombre de réservoirs à construire dépendra, pour les régions visées,
de la quantité d’eau nécessaire à la production agricole, des moyennes pluviométriques
mensuelles, de la longueur des saisons sèches et des fréquences de sécheresse prononcée.
Comme indicateur de performance de ces réservoirs, il sera bon de mesurer la distance entre
les terres en culture et les réservoirs et la quantité d’eau réellement prélevée de ces
réservoirs à chaque saison de culture pour chacune des zones agro-écologiques à l’intérieur
de la région visée.
En deuxième lieu, il faudrait :
Moyen 4b. Élaborer un plan de distribution de semences pour l’après catastrophe.
Généralement, les actions d’urgences dans les zones sinistrées concernent surtout la
distribution de produits alimentaires pour consommation immédiate. Toutefois, le secteur
agricole également touché, n’est pas toujours considéré. Les dégâts et les pertes sont
souvent considérables à cause des champs dévastés, sans compter les infrastructures
routières pouvant être détruites, compliquant l’accès aux marchés environnants.
Une distribution automatique de semences après une catastrophe naturelle dans les régions
visées permettra une relance de la production agricole. Indicateurs : type et qualité de
semences distribuées / type d’agriculture existant dans les régions visées - quantité de
semences distribuées / besoins et niveau de dégâts et pertes subis après une catastrophe
naturelle.
Objectif spécifique 5 : Établir un système d’alerte précoce pour la région couverte par
la réserve de biosphère.
Le système d’alerte précoce proposé ici tire son inspiration du North-West Early Warning
System (NEWS) ou Système d'Alerte Précoce du Nord-Ouest d’Haïti, mis sur pied par la
Care-Haiti. Il serait conçu pour identifier et attirer l’attention sur les urgences, telles que les
sécheresses, inondations et glissements de terrain. Cela permettra aux décideurs d’initier à
temps des interventions appropriées dans le but de réduire les risques d’insécurité
alimentaire dus à la méconnaissance des aléas climatique et aux trop faibles stocks
alimentaires après une catastrophe naturelle. D’autre part, cela préviendra aussi les risques
de décapitalisation et d’autres impacts négatifs de longue durée sur les populations les plus
vulnérables à l’intérieur de la réserve. Le système d’alerte précoce de la réserve de
biosphère fournira aux décideurs sur une base continue des analyses critiques et cohérentes
et de l’information synthétisée pour le ciblage des zones les plus vulnérables. Pour réaliser
cet objectif, les moyens d’actions proposés sont :
Moyen 5a. Installer des stations pluviométriques.
L’emplacement de ces stations devra se faire dans un territoire représentatif, de sorte que les
observations obtenues puissent être extrapolées à des superficies aussi étendues que
possible. Le nombre de stations pluviométriques reste donc à déterminer, pour l’ensemble du
territoire couvert par la réserve. Pour assurer la fiabilité des stations pluviométriques, il faut
prévoir l’achat de pluviomètres les plus précis qui soient et pour lesquels le niveau d’erreurs
de captage est connu. La difficulté d’accès est la caractéristique d’une bonne partie du Massif
de La Selle et peut représenter un obstacle à la lecture des pluviomètres mais ces résultats
sont essentiels pour l’efficacité du système d’alerte.
Les données pluviométriques obtenues permettront d’avoir des informations fiables sur la
quantité d’eau pouvant être utilisée directement pour les cultures et captées dans les
réservoirs prévus dans l’objectif précédent.
Moyen 5b. Former des inspecteurs agricoles.
Le choix des personnes à être formées pourrait se faire parmi les techniciens agricoles
finissants ou récemment diplômés. La formation en tant que telle n’a pas besoin d’être de
longue durée : elle pourrait s’étaler sur 2 à 3 semaines. Il s’agira pour ces inspecteurs de
vérifier le volume et la fluctuation des stocks alimentaires, la fluctuation des prix dans les
différents marchés et faire un rapport de stratégies de survie des ménages au sein de la
population a l’intérieur de la réserve. Pour s’assurer d’avoir une bonne flotte d’inspecteurs
agricoles à former, il est nécessaire de déterminer certains éléments cruciaux. Il faut
connaître le nombre de techniciens agricoles pouvant être formés, le nombre de personnes
ressource pour assurer la formation, le nombre de marchés dans la région dans lesquels se
feront les enquêtes et le nombre de ménages à enquêter.
Objectif spécifique 6 : Produire du café et du cacao pour le commerce équitable
dans le but de dynamiser les filières de ces cultures dans la région du Massif de La
Selle.
Le commerce équitable peut être défini comme étant un système d’échange économique
respectueux de l’environnement et des droits des travailleurs (Équiterre, 2007). L’intégration
au marché du commerce équitable se fait d’abord en respectant les critères et standard
définis par les organisations de commerce équitable telles le Fair Trade Labelling
Organizations (FLO) : les standards pour les petits producteurs et standards pour les
différents produits admissibles. Les standards du commerce équitable garantissent un prix
minimal considéré juste par les producteurs. Ceci inclut également une prime que le
producteur doit investir dans des projets améliorant le développement social, économique et
environnemental de sa région. (FLO, 2006).
Les avantages pour la région sont nombreux : soutien aux coopératives caféières et
cacaoyères, source de revenus compétitive par rapport aux revenus traditionnels générés par
ces cultures, revitalisation de ces cultures autrefois prospères. C’est aussi une autre façon de
percer le marché international.
Pour faire affaire avec les organisations de commerce équitable, il faut acquérir la
certification équitable, faire des études sur les possibilités d’établir des plantations de cacao
pour répondre aux critères de sélection des producteurs pour les organismes de commerce
équitable et établir un partenariat avec une organisation de commerce équitable. Trois de ces
organisations trouveraient probablement leur intérêt en Haïti : Lobodis (France) parce que
déjà acheteur de café haïtien vendu sous le label Kalinda, Max Havelaar (Suise) et Équita
(Canada) parce que déjà présents en RD pour le commerce équitable du cacao. Dans le
cadre des activités de la réserve de biosphère, on propose de réaliser les points suivants :
Moyen 6a. Mettre sur pied un réseau de coopérative caféière et cacaoyère pour la région
du Massif de La Selle.
L’organisation en coopérative permettra de réunir un grand nombre de producteurs qui
récolteront de manière équitable les fruits de leur labeur. La mise sur pied d’un réseau de
coopératives caféières et cacaoyères pourrait englober plusieurs localités limitrophes d’une
région propice aux cultures de café et cacao. L’exemple du Réseau des Coopératives
Caféières de la Région Nord (RECOCARNO) sur certains aspects de gestion des
coopératives au niveau local (par exemple pour les comités d’éducation, de gestion du crédit,
de contrôle) pourrait être à suivre.
Un des rôles de ce réseau de coopératives sera e démontrer la capacité de la région et de
ses coopératives caféières et cacaoyères à respecter les standards génériques du commerce
équitable pour les petits producteurs et les standards du commerce équitable pour le café et
le cacao (standards édifiés par la Fair Trade Labelling Organization).
Le nombre de producteurs et de travailleurs agricoles disposés à faire partie de la
coopérative par rapport à la quantité de main d’œuvre nécessaire, la superficie des terres qui
peuvent être mises a la disposition de la coopérative par rapport à la superficie totale des
terres possédant les caractéristiques les plus intéressantes pour la culture du café et du
cacao dans la région ciblée sont des indicateurs qui vont permettre de dresser un tableau
précis de la situation.
Moyen 6b. Acquérir des plants de café et cacao de qualité
Il faudra évidemment se procurer des plants de café et cacao répondant aux standards de
qualité des organisations de commerce équitable (variété intéressante pour le goût,
résistance aux ravageurs, bon niveau de rendement, etc.).
4.4.3 Troisième principe directeur : Mettre en œuvre un développement local
irréversible basé sur l’écotourisme et le développement forestier
Dans le cadre de cette étude, une région pilote, le Lac Azuéi et ses environs, sera l’objet des
propositions en termes d’objectifs spécifiques, de moyens d’action et d’indicateurs de
performance. Les objectifs spécifiques suivants sont proposés : augmenter les revenus de la
population par le développement de services écotouristiques dans les communautés
environnant le Lac Azuéï et réduire la pollution dans et autour du lac.
Objectif spécifique 7 : Augmenter les revenus de la population par le développement
de services écotouristiques dans les communautés environnant le Lac Azuéï.
Moyen 7a. Construction de trois auberges écotouristiques à Thomazeau, Fonds Parisien
et Ganthier.
Ces trois communes bordent le Lac Azuéï et leur population fait pression sur l’environnement
du lac. Il existe déjà des structures d’accueil dans ces communes tirant profit du lac mais
l’ensemble des ressources de l’environnement de cette région n’est pas mis en valeur. De
plus, peu de gens dans ces communautés tirent profit de ces investissements privés. Ce
développement touristique n’est pas encadré et cela peut contribuer fortement à la
surexploitation des ressources naturelles, puisque aucun contrôle n’est établi.
Par la construction de ces auberges, on cherche à donner l’exemple par le mode de gestion
respectueux de l’environnement tout en tenant compte des réalités socio-économiques de la
région. Toutefois, le développement de ces infrastructures aux abords du lac doit être
contrôlé et limité. L’existence des auberges écotouristiques permettra de créer de nouveaux
emplois dans ces régions, de valoriser les produits agricoles et artisanaux locaux et d’élargir
le rayonnement des communautés autour du lac.
Il s’agit ici de mettre le visiteur en harmonie avec l’environnement du Lac, de créer une
atmosphère de rapprochement avec la nature. Les auberges devront être des infrastructures
qui ne contribuent pas à la pollution par les matières résiduelles ni par le bruit.
D’une capacité de 20 chambres (50 personnes maximum), les auberges offriront des
services écotouristiques de jour (randonnées, baignade, observation de la faune et flore,
expo-conférence sur l’histoire, la géologie, la faune, la flore) et animation culturelle le soir
(spectacle de danse, représentation théâtrale, contes et légendes pour les jeunes).Les
emplois générés par ces auberges seront issus de la phase de construction et durant la
phase opérationnelle (cuisine, entretien des chambres, de l’hôtel et son terrain, services
connexes). Comme autre source de revenus, des produits artisanaux (gastronomiques et
décoratifs) pourront être vendus dans une boutique de souvenirs à l’intérieur de l’auberge. Le
nombre de chambres offertes au public, le nombre d’employés pour la construction et le
fonctionnement de ces auberges ainsi que la valeur des produits artisanaux offerts dans les
boutiques souvenirs de ces auberges seront des indicateurs mesurant l’efficacité de cette
action par rapport à l’objectif.
Moyen 7b. Établissement de parcours pour randonnées pédestres et équestres avec
guides.
Les parcours de randonnées guidées permettront de valoriser un maximum d’attractions
dans la région du lac (y compris le Trou Caïman). Tirées du Plan de développement de
l’écotourisme communautaire dans la zone des lacs frontaliers (2003), les sites et attractions
suivantes sont visés :
Sources et plages naturelles de Fonds Parisien et de Glore (nord de Thomazeau) ;
Forêt sèche et palétuviers ;
Vue panoramique sur le lac, observations d’oiseaux migrateurs (flamants roses,
canards siffleur, hérons, etc) ;
Grotte à utilisation magico-religieuse et autres lieux de fêtes rituelles vaudou
Source Zabeth (commune de Ganthier) ;
Morne Calvaire (lieu de pèlerinage religieux, notamment le vendredi saint) ;
Lagunes de Trou Caïman et de « Dlo Gaye » ;
Sources Fourdoche, Manneville et Dutil (pour leur environnement unique).
Le public cible pour ces randonnées guidées pourrait être composé des élèves d’écoles, des
observateurs d’oiseaux, des groupes de camps de vacances et des visiteurs de passage
(nationaux ou internationaux) dans les auberges écotouristiques.
Le nombre de parcours reste à déterminer, en fonction du public cible et de la distance (ou
de l’étendue) maximale à couvrir. Le meilleur schéma sera de couvrir un territoire de
moyenne superficie comprenant un maximum d’attractions ou de sites d’intérêt. Cette
efficacité sera donc mesurée par le nombre d’attractions mises en valeur dans chaque
parcours, la longueur ou étendue des parcours.
Objectif spécifique 8 : réduire les sources de pollution dans et autour du lac.
Les principales sources de pollution dans et autour du lac Azuéï sont :
le rejet et l’accumulation de matières résiduelles de toutes sortes, animales et humaines,
l’absence de végétation riveraine permettant une filtration de l’eau : apport de sédiments
chargés de fertilisants et de pesticides organiques par les eaux de ruissellement (dû à)
l’apport de phosphates provenant des activités de lessivage de vêtements
l’apport d’hydrocarbures à cause du nettoyage de voitures et de camions à même le lac
L’absence de contrôle de l’exploitation et de l’utilisation des ressources naturelles comme
les carrières de sables en bordure du lac (OCTAVE, F. 1999) ;
Notons d’abord que pour freiner la pollution par sédimentation et l’apport de fertilisants, le
reboisement et des mesures de protection des bassins versants sont déjà proposés pour
l’ensemble du territoire couvert par la réserve. Pour résoudre les problèmes de pollution du
lac par les matières résiduelles, les actions suivantes sont proposées : installer des poubelles
aux endroits utilisés pour les rassemblements publics, effectuer le ramassage régulier des
déchets par les membres d’une brigade verte et implanter une bande riveraine de végétation
sur les berges du lac.
Moyen 8a. Installation de poubelles aux endroits utilisés pour les rassemblements publics
(fêtes patronales, camps de vacances, foires, etc.)
L’absence de poubelles pour l’entreposage temporaire des matières résiduelle entraîne
l’accumulation de ces dernières sur les rives du lac puis leur déversement dans le lac par les
eaux de pluies. Étant donné que le lac est un lieu choyé pour l’organisation d’évènements
rassembleurs (fêtes patronales, camps de vacances, etc.), il est sujet à un important apport
de matières résiduelles par les visiteurs venus en grand nombre.
L’installation de poubelles en des lieux stratégiques a pour but de porter les visiteurs à
disposer de leurs déchets ailleurs que sur le sol ou dans les boisés à proximité. On suppose
qu’un minimum de sensibilisation (pancarte avec slogans attractifs, invitation à utiliser les
poubelles, etc.) sur la question des déchets, des impacts négatifs sur l’environnement du lac
et de la nécessité de conserver la salubrité sera effectué. Les lieux stratégiques seraient les
rives du lac au niveau de Thomazeau, Fonds Parisien et Ganthier.
L'efficacité de cette mesure sera grande si les poubelles sont solides, bien fixées au sol,
d’une assez grande capacité par rapport au volume de déchets produits et bien situées,
notamment lors de rassemblement publics et si les outils de sensibilisation sur les lieux sont
convaincants et attirants (en terme de message et de langage). Ces indicateurs permettront
de faire les ajustements nécessaires en cas de besoin.
Moyen 8b. Ramassage régulier de déchets par les membres d’une brigade verte.
Le ramassage des déchets pourrait être effectué par les membres d’une « brigade verte »,
notamment lors d’évènement organisés autour du lac et au niveau des hôtels, restaurants et
autres structures d’accueil bordant le lac dans les régions de Thomazeau, Fons Parisien et
Ganthier. La mise sur pied de cette brigade pourrait constituer un objectif à part entière mais
ne sera pas traité ici.
L’efficacité du ramassage proprement dit des matières résiduelles se mesurera par une
collecte fréquente pour éviter les débordements des poubelles et assurer la salubrité des
lieux. Cet indicateur permettra d’identifier les possibles failles dans l’horaire de collecte par
rapport aux pics de production de déchets aux endroits où sont placées les poubelles. Un
temps d’observation des endroits où sont les poubelles sera nécessaire pour bien établir
l’horaire des collectes.
Le ramassage des matières résiduelles ne peut constituer une fin en soi pour la gestion de
ces dernières. Étant donné que les matières résiduelles produites en Haïti sont
principalement composées de matières organiques et plastiques, deux solutions se
présentent : la récupération et le triage des matières plastiques (envoyées par la suite à la
compagnie de recyclage Tropical Recycling) ainsi que la récupération de la matière
organique pour la production de compost (pouvant être distribué aux différentes associations
paysannes des régions précitées). Encore une fois, ces solutions représentent d’autres
objectifs réalisables dans le cadre du projet de réserve de biosphère.
Moyen 8c. Implantation d’une bande riveraine de végétation sur les berges du lac.
L’érosion est l’un des pires ennemis du lac. Les eaux de ruissellement provenant des
montagnes cultivées en amont après chaque pluie, entraînent avec eux une grande quantité
de nutriments et de sédiments qui aboutissent directement au lac. L’un de moyens les plus
efficaces pour lutter contre l’érosion, les apports diffus de phosphore et par conséquent le
développement d’algues bleues, est la protection et la renaturalisation de la bande riveraine
autour du lac.
L’implantation d’une bande végétale riveraine sur les berges du lac aura un rôle anti-pollution
et fera office d’habitat pour la faune. Cette action sera compatible avec les objectifs de
conservation de la réserve. Revégétaliser une bande de 5 à 10 mètres tout le long de la
berge à partir de la ligne des hautes eaux en utilisant des arbustes et des plantes herbacées
qui ne poussent pas en hauteur n’entravera pas la vue sur le lac aura aussi pour but de
prévenir l’érosion et permettre aux racines de ces plantes de faire un important travail :
absorber le phosphore et l’azote avant qu’ils ne se retrouvent dans le lac.
La végétation naturelle dans l'environnement du lac est connue. Des espèces arbustives,
endémiques ou simplement déjà présentes mais en faible représentation, facilement
reproductibles devraient être utilisées pour l’établissement de la bande riveraine.
Sur chaque site d’implantation de bandes riveraines, on peut mesurer l’efficacité de ces
dernières grâce aux éléments suivants :
Le niveau d’absorption des polluants : concentration de phosphore et d’azote dans le lac.
L’état des plantations : nombre d'arbres coupés ou endommagés (par le feu ou
l’émondage) / nombre d’arbres en santé.
L’attirance de la végétation implantée pour la faune : quantité d’animaux (avifaune,
ichtyofaune, etc.) fréquentant les lieux, fréquence d’apparition des espèces.
4.5 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la fonction de logistique
La fonction d’appui logistique, d’après le programme MAB de l’UNESCO, consiste à « fournir
des moyens pour des projets de démonstration et des activités d'éducation environnementale
et de formation, de recherche et de surveillance continue sur des problèmes locaux,
régionaux, nationaux et mondiaux de conservation et de développement durable ». Il s’agit
de renforcer la capacité locale à prendre des décisions éclairées et de les mettre en œuvre
(ACRB, 1999). Un des défis de la création et de la gestion d’une réserve de biosphère est de
concilier objectifs de conservation et développement économique et de faire converger sur le
long terme les intérêts des acteurs. (Programme MAB, 2003).
Pour cette fonction de la réserve de biosphère Lac Azuéï – Massif de la Selle, les principes
directeurs ne sont pas clairement énoncés. Cependant, parmi les problématiques à résoudre
énoncées dans le rapport d’atelier sur la stratégie d’établissement de la dite réserve, les
suivantes peuvent être considérées comme principes directeurs :
Assurer la mise en place de mécanismes interinstitutionnels et de coordination
efficaces et solides ;
Renforcer les capacités locales et mettre en place des actions de formation ciblant
les communautés.
La recherche et la surveillance environnementale, l’éducation et la sensibilisation
environnementale, la formation de spécialistes et la contribution au réseau mondial des
réserves de biosphères sont des missions très importantes de la fonction de logistique selon
le cadre statutaire des réserves de biosphère du programme MAB de l’UNESCO. Pour
l’élaboration des indicateurs de performance de cette fonction, on procèdera ici avec les
missions énoncées par le Programme MAB et non avec les principes directeurs du rapport
d'atelier, puisque insuffisants pour répondre aux rôles de la fonction de logistique.
Tableau 4. 8 Moyens d’action et indicateurs de performance pour la mission d’éducation, de sensibilisation environnementale de la fonction d’appui logistique
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTÉR LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
1- Former 20 guides touristiques pour desservir les infrastructures touristiques prévues pour la région du Massif de La Selle
1a- Recruter parmi les associations de jeunes des communes du Sud-Est comprises dans la réserve.
I1- représentativité des communes visées.
I2- niveau de discrimination des critères de sélection.
1b- Obtenir le concours d'un corps des Nations-Unies
I3- nbre de spécialistes mobilisés
I4- durée, type de concours obtenu
1c- Faire passer un test de connaissances et d’aptitudes aux jeunes recrutés en vue de leur sélection
I5- taux de réussite au test
I6- taux de jeunes sélectionnés
2- Concevoir un projet de jardin botanique et zoologique
2a- Obtenir le concours de l’ONG Nature Conservancy et le Programme MAB
I7- rapidité de réponse des ONG contactées
I8- nbre de ressources humaines promises et envoyées
2b- Identifier et mobiliser les ressources humaines et financières haïtiennes
I9- taux de participation du secteur privé
I10- nbre de spécialistes haïtiens disponibles (botanistes, taxonomistes, etc.)
2c- Mettre sur pied un groupe de travail pluridisciplinaire
I11- nbre d’ONG de conservation représentée
I12- diversité de disciplines représentées
3- Doter la réserve de 5 spécialistes en gestion de la flore
3a- Sélectionner les professionnels haïtiens I13- Années d’expérience professionnelle
I14Disponibilité des personnes sélectionnées.
3b- Déterminer le type de formation le plus approprié
I15- pertinence des ateliers, séminaires.
I16- durée des formations. I17- type de pièce officielle pouvant être obtenue
Tableau 4. 9 Moyens d'action et indicateurs de performance pour la mission de contribution au réseau mondial de réserve de biosphère de la fonction d’appui logistique.
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTÉR LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
4- Établir des liens de partenariat avec l’ONG de conservation BirdLife pour la réalisation des activités de conservation aviaire dans la réserve
4a- Effectuer des rencontres de travail avec des représentants de la BirdLife
I1- Nombre, fréquence, qualité et type de correspondances échangées.
I2- nombre et type de comités formés.
I3- nombre et fréquence de rencontres prévues des comités.
4b- Élaborer un programme d'action des groupes de travail
I4- nombre de spécialistes locaux impliqués.
I5- nombre de spécialistes de la Birdlife impliqués
I6- degré d’implication de la BirdLife dans les composantes du programme de conservation du Merle de La Selle
I7- Type et diversité des ressources allouées par la BirdLife
I8- durée des interventions prévues dans le plan d’intervention
5- Établir des liens de partenariat avec l’ONG dominicaine « Grupo Jaragua INC.»
5a- Effectuer des rencontres de travail avec des représentants du Grupo Jaragua
I9- Nombre, fréquence, qualité et type de correspondances échangées.
I10- nombre et type de comités formés.
I11- nombre et fréquence de rencontres prévues des comités.
5b- Élaborer un programme d'action des groupes de travail.
I12- nombre de spécialistes de la Birdlife impliqués.
I14- Type et diversité des ressources allouées par l’ONG
Tableau 4. 10 Moyens d’action et indicateurs de performance pour la mission de recherche et surveillance environnementale de la fonction d’appui logistique
RÉPONSES QUE POURRAIT APPORTÉR LE PROJET
(OBJECTIFS SPÉCIFIQUES) EXEMPLES DE MOYENS D’ACTION
INDICATEURS DE PERFORMANCE (et de réponses des communautés)
6- Élaborer des programmes de recherche et de surveillance abiotique.
6a- Élaborer un programme de recherches et de surveillance hydrogéologique des bassins versants de la réserve sur 10 ans.
I1- nbre de chercheurs nationaux permanents et occasionnels impliqués
i2- nbre de chercheurs internationaux permanents et occasionnels impliqués
i3- nbre de mémoires et thèses universitaires portant sur la réserve.
6b- Mettre en place des parcelles de surveillance permanentes.
I4- nombre de parcelles mise en place par rapport aux buts de la surveillance
I5- superficie des parcelles.
I6- représentativité des espèces endémiques dans chaque parcelle
I6- type et fréquence des observations et des mesures.
7- Élaborer des programmes de recherche et surveillance biotique
7a- Élaborer un programme de recherches et de surveillance portant sur l’évolution des habitats et des niches écologiques de la réserve sur 10 ans.
I7- nbre de chercheurs nationaux permanents et occasionnels impliqués
I8- nbre de chercheurs internationaux permanents et occasionnels impliqués
7b- Mettre à la disposition des chercheurs une station de recherche
I9- nombre de projets de recherches effectués sur la faune et la flore de la réserve.
i12- nbre de laboratoires associés
i13- nbre de bases de données informatisées et de SIG.
4.5.1 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la mission d’éducation, de
sensibilisation environnementale et de formation de spécialistes
Objectif Spécifique 1 : Former 20 guides touristiques pour desservir les infrastructures
touristiques prévues pour la région du Massif de La Selle.
Moyen 1a. Recruter parmi les associations de jeunes des communes du Sud-Est comprises
dans la réserve.
Étant donné le manque d’opportunités d’emploi dans ces régions et la nécessité d’intégrer les
jeunes dans un maximum d’activités au sein de la réserve, la formation de guides touristiques
est très appropriée pour cette catégorie de la population. Il existe déjà des regroupements de
jeunes en association dans le département du Sud-Est, notamment dans l’arrondissement de
Jacmel. Ces associations devraient être les premières visées pour le recrutement de jeunes
pour la formation de guides touristiques. Dans les autres arrondissements du Sud-Est, si on
ne dénombre pas d’associations de jeunes en tant que tel. On recherchera les
regroupements de corps de métiers (artisanat, couture, etc.).
Pour garantir la bonne performance de cette action par rapport à l’objectif, il faut s’assurer
que les communes visées soient bien représentées et que le niveau de discrimination des
critères de sélection soit assez élevé. Aussi, il serait judicieux de faire un test de
connaissances auprès des jeunes sélectionnés, après qu’ils aient suivi la formation, ceci pour
assurer la qualité de guidance touristique de ces jeunes. Ces indicateurs permettent de
garantir un bon choix des jeunes appelés à desservir les infrastructures touristiques en tant
que guides touristiques.
Moyen 1b. Obtenir le concours du programme MAB de l’UNESCO.
Ce programme qui soutient les activités au sein des réserves de biosphère offre son
concours au démarrage de projets touristiques, notamment au niveau de la formation. Il
s'agira ici d’avoir assez de spécialistes mobilisés pour la circonstance. De même, la durée et
le type de concours obtenu sont des indicateurs à prendre en compte pour répondre à
l’objectif de former 20 guides touristiques pour les 5 infrastructures d’accueil écotouristiques
prévues dans cette étude (3 aux environs du Lac Azuéï et une dans le Massif de La Selle).
Objectif Spécifique 2 : Concevoir un projet de jardin botanique pour la réserve de
biosphère.
Moyen 2a. Obtenir le concours des ONG Nature Conservancy, le Programme MAB et le
Botanical Garden Conservation International (BGCI).
Ces ONG peuvent largement contribuer à la réalisation de ce jardin, leur mission étant
d’abord de préserver la biodiversité sur la Terre par divers moyens. Les ressources humaines
et financières qui font défaut en Haïti peuvent être obtenues grâce à ces ONG. Pour au
moins assurer le concours de ces ONG dans la conception du jardin botanique, on mesurera
la rapidité de réponse des ONG contactées, le type de concours obtenu (matériel, financier,
ressources humaines) et le nombre de ressources promises et envoyées.
Moyen 2b. Identifier et mobiliser les ressources humaines et financières haïtiennes.
Ces ressources locales existantes doivent être mises à contribution dans ce projet pour que
le jardin botanique soit bien perçu par les haïtiens eux-mêmes comme une richesse nationale
à connaître et à protéger. On cherchera à bien intégrer le secteur privé haïtien dans toutes
les étapes de réalisation de ce jardin botanique. Pour s’assurer de cela, le taux de
participation du secteur privé devra être mesuré par rapport aux ressources disponibles de ce
secteur. Par ailleurs, les ressources humaines haïtiennes devraient être représentées par les
botanistes, taxonomistes, écologues, etc. disponibles lors du processus de sélection.
Moyen 2c. Mettre sur pied un groupe de travail pluridisciplinaire.
Après avoir obtenu le concours des ONG précitées et identifié les ressources nationales, la
mise sur pied d’un groupe de travail pour concevoir le jardin botanique dans tous ses aspects
et missions s’avère très importante. C’est cette cellule de professionnels qui sera chargée de
mettre en œuvre toutes les étapes de réalisation du jardin botanique. La diversité de
disciplines représentées sera garante de la qualité et des capacités du groupe de travail.
Objectif Spécifique 3 : Doter la réserve de 5 spécialistes en gestion des espaces
naturels et de la flore.
Pour cet objectif, les types de formations qui pourraient être envisagés sont inspirés des
formations offertes en environnement à travers le monde. Dans le cas présent, on propose
des niveaux de formations différents (formations post-secondaire et universitaire) : formations
à l’entretien et l’aménagement des espaces naturels, en gestion et protection de la nature, en
biologie des organismes et des populations, en botanique et en écologie végétale.
Moyen 3a. Sélectionner les professionnels haïtiens.
Les professionnels haïtiens (anciennement et récemment diplômés) ayant une formation de
base liée aux sciences végétales devraient être sélectionnés en fonction de leur expérience
professionnelle et de leur disponibilité au moment de leur sélection et du démarrage du projet
de jardin botanique.
Moyen 3b. Déterminer le type de formation le plus approprié.
Il s’agit ici d’identifier au niveau mondial, les organismes et formations pertinentes pour doter
la réserve des spécialistes déterminés précédemment. La durée des formations choisies doit
permettre l’obtention pour la réserve de spécialistes dans un délai raisonnable. Une formation
sur plus de 2 ans par exemple serait à proscrire si le jardin botanique doit voir le jour 2 ans
après l’entrée en fonction de la réserve elle-même. Le type de diplôme obtenu au terme de
ces formations est très important pour assurer la bonne performance des spécialistes formés,
au sein du jardin botanique crée.
4.5.2 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la mission de contribution
au réseau mondial des réserves de biosphère
Objectif Spécifique 4 : Établir des liens de partenariat avec l’ONG de conservation
BirdLife pour la réalisation des activités de conservation aviaire dans la réserve
Moyen 4a. Effectuer des rencontres de travail avec des spécialistes de la BirdLife.
On suppose qu’une première prise de contact a été faite antérieurement avec l’ONG pour
déterminer le type de spécialistes devant participer aux rencontres de travail. Ces rencontres
ont pour but de :
présenter la réserve et ses besoins en matière de conservation aviaire et d’autres parts,
faire ressortir les possibilités de partenariat au niveau d’un programme de conservation
aviaire (comme celui de conservation du Merle de La Selle proposé antérieurement). Un
choix des sphères d’actions réalisables grâce au partenariat sera effectué.
Former des groupes ou comités de travail pour chacune des sphères d’actions
déterminées.
Le nombre, le type, la qualité et la fréquence des correspondances avant et durant le
processus des rencontres de travail seront garants de l’intérêt porté par la BirdLife pour la
réserve. Par la suite, une fois à la phase de formation des groupes de travail, ces derniers
seront efficaces si leur nombre et leur type correspondent aux urgences en matière de
conservation aviaire dans la réserve. Finalement, le nombre et le type d’activités entreprises
par ces groupes permettront de mesurer la solidité du partenariat.
Moyen 4b. Élaborer un programme d’actions des groupes de travail.
Les groupes de travail auront pour première mission d’élaborer un programme d’actions à
l’intérieur du programme de conservation aviaire de la réserve. Ici on mesurera la qualité du
partenariat par le nombre de spécialistes impliqués provenant de la BirdLife pour chaque
action déterminée, les autres types de ressources (matérielles et financières) et la durée des
interventions des spécialistes en question.
Objectif Spécifique 5 : Établir un partenariat avec l’ONG dominicaine Grupo Jaragua.
Ces liens de partenariat avec la république voisine peuvent être intéressants pour la
réalisation des activités de conservation et de développement et aussi pour la phase possible
de réunion des réserves de biosphères des deux côtés de la frontière. Pour cette raison, le
Groupe Jaragua est intéressé au développement et au bon fonctionnement du projet de
réserve de biosphère.
Moyen 5a. Effectuer des rencontres de travail avec des spécialistes du Grupo Jaragua.
Il s’agit ici du même processus que celui proposé pour le partenariat avec la BirdLife. Les
mêmes indicateurs seront donc proposés. Vu les divers projets de développement réalisés
par cette ONG dans la réserve Jaragua-Bahoruco-Enriquillo, cela représente une expertise
intéressante dont les responsables de la réserve du côté haïtien devraient tirer profit. On
imagine fort bien une coalition entre spécialistes dominicains et haïtiens dans des activités de
développement au sein de la réserve haïtienne dans le but d’améliorer la qualité de vie des
populations frontalières par exemple.
Moyen 5b. Élaborer un programme d’actions des groupes de travail
Les groupes de travail auront pour première mission d’élaborer un programme d’actions à
l’intérieur du programme de développement pour les populations de la réserve. La qualité du
partenariat sera mesurée par le nombre de spécialistes impliqués provenant du Groupe
Jaragua pour chaque action déterminée, les autres types de ressources (matérielles et
financières) et la durée des interventions des spécialistes en question.
4.5.3 Indicateurs de performance et moyens d’action pour la mission de recherche et
de surveillance environnementale
Objectif Spécifique 6 : Mettre en œuvre des programmes de recherche et de
surveillance abiotique avec le concours de chercheurs internationaux.
Les programmes de recherche et de surveillance doivent être conçus pour répondre aux
problèmes de gestion dans la réserve de biosphère envisagée. On propose d’élaborer des
programmes de recherches et de surveillance abiotique (climat, hydrologie, etc.), biotique
(flore, faune, écosystèmes) et des programmes de recherche socio-économique
(démographie, économie, savoir traditionnel, etc.).
Moyen 6a. Élaborer un programme de recherches et de surveillance hydrogéologique des
bassins versants de la réserve sur 10 ans.
Étant donné les problèmes environnementaux liés à l’eau et les risques naturels qui en
découlent, la surveillance et la recherche au niveau de l’hydrogéologie des bassins versants
de la réserve s’avèrent être une nécessité. Cette surveillance consisterait entre autres, à
suivre l’évolution, la réaction et la dynamique des écosystèmes au sein des bassins versants
de la réserve suite à la mise en place de structures de conservation des sols, des actions de
reboisement et de reforestation prévues dans le volet conservation de la réserve.
Pour mesurer cette action par rapport à l’objectif les indicateurs proposés sont les suivants :
le nombre de chercheurs (professionnels et étudiants) internationaux et nationaux
permanents et occasionnels impliqués, le nombre de rapports scientifiques, mémoires et
thèses universitaires portant sur la réserve et disponibles sur internet.
Ces indicateurs permettront de faire ressortir le degré d’implication de chercheurs
internationaux dans les projets de recherche et le niveau de visibilité de la réserve et ses
activités au niveau international.
Moyen 6b. Mettre en place des parcelles de surveillance permanentes.
Les parcelles de surveillance servent à rendre compte des données sur la biodiversité et à
mettre à la disposition du public les listes d'espèces et d'inventaires biologiques qu'on trouve
dans la réserve de la biosphère. Les méthodes d’établissement et d'inventaire de ces
parcelles ont été par élaborées par le programme de surveillance et d'évaluation de la
biodiversité de la Smithsonian Institution en collaboration avec le programme MAB de
l’UNESCO (SI-MAB). Le contrôle de la biodiversité dans un écosystème aide les scientifiques
à déterminer les changements qui se produisent à travers le temps.
Les parcelles de surveillance permanentes peuvent avoir plusieurs fonctions comme la
surveillance d'autres groupes taxonomiques (oiseaux, amphibiens, arthropodes,
champignons et lichens, etc.), de facteurs abiotiques (température de l'air et du sol, humidité
de l'air et du sol, chimie de l'air et du sol, etc.), le suivi du rétablissement écologique des
forêts après une catastrophe naturelle ainsi que la mise à l’essai de techniques sylvicoles,
agricoles ou autres.
L’efficacité de cette action pour réaliser l’objectif peut se mesurer par le nombre de parcelles
établies par rapport aux buts de la surveillance, la superficie des parcelles, la représentativité
des espèces endémiques dans chaque parcelle ainsi que le type et la fréquence des
observations et des mesures.
Objectif Spécifique 7 : Mettre en œuvre des programmes de recherche et surveillance
biotique.
Moyen 7a. Élaborer un programme de recherches et de surveillance portant sur l’évolution
des habitats et des niches écologiques de la réserve sur 10 ans.
Les menaces qui pèsent sur la biodiversité végétale et animale dans les limites de la réserve
sont à l’origine de ce choix de programme proposé ici. Plusieurs ONG internationales de
conservation ou œuvrant en environnement simplement peuvent contribuer à l’élaboration de
ce programme. Une fois les ONG (et donc chercheurs potentiels) identifiées et l’équipe de
travail haïtienne formée, on mesurera le degré d’implication du secteur international par les
indicateurs suivants : le nombre et le taux de chercheurs (professionnels et étudiants)
internationaux permanents et occasionnels impliqués par rapport au nombre de chercheurs
professionnels et étudiants nationaux permanents et occasionnels impliqués.
Moyen 7b. Mettre à la disposition des chercheurs une station de recherche pour accueillir les
chercheurs.
Une station de recherche est indispensable pour le travail des chercheurs nationaux et
internationaux pour concrétiser les programmes de recherches proposés précédemment. Les
missions de cette station de recherche pourraient être :
d’améliorer la compréhension de l’écologie de la faune (oiseaux, reptiles, insectes et
batraciens) dans chaque zone de vie au sein de la réserve,
de contrôler de façon régulière le statut des espèces animales et végétales en terme de
présence dans les écosystèmes de la réserve et
d’offrir des cours de niveau universitaire pour les étudiants.
Le nombre de projets de recherches effectués sur la faune et la flore de la réserve informera
du niveau d’utilisation et de production scientifique de la station de recherche. Le nombre
d’universités et/ou ONG internationales représentées par les chercheurs et étudiants
étrangers fera ressortir l’intérêt du secteur international pour la préservation de la riche
biodiversité des zones de vie de la réserve. Le nombre de laboratoires affiliés à la station de
recherche et le nombre de bases de données informatisées et de SIG témoigneront des
outils technologiques à la disposition des chercheurs et étudiants nationaux et étrangers.
5. RECOMMANDATIONS
Les recommandations dans cette section s’adressent aux concepteurs et aux futurs
gestionnaires de la réserve de biosphère envisagée. Il y a certes eu pas mal de réflexions
autour de ce projet visant la protection de l’environnement, la conservation de la biodiversité
et l’amélioration des conditions de vie des populations. Toutefois, faute de ressources
financières suffisantes et de stabilité politique, ces éléments empêchent une avancée rapide
des démarches et actions en vue du de la concrétisation de la réserve. Néanmoins, le
processus ayant été déclenché étant en cours, les recommandations qui vont suivre seront
d’une grande utilité pour les concepteurs du projet.
Les recommandations porteront sur la conception du projet de réserve de biosphère, les
étapes préalables à la mise en œuvre des actions envisagées, la détermination des
expertises nationales et internationales à utiliser et la communication aux divers groupes de
la société haïtienne.
5.1 Conception des objectifs, moyens d’actions et indicateurs de performance
Définir les limites de la réserve en fonction de l’approche écosystémique et établir le
zonage à l’intérieur de la réserve : aire centrale, zone de transition et zone tampon,
en fonction des problématiques identifiées.
Avant même de penser au zonage dans la réserve, il faudra d’abord bien délimiter la réserve
envisagée en ayant comme boussole l’approche écosystémique. Une délimitation basée sur
les limites des bassins versants à l’intérieur des communes ciblées pour l’établissement de la
réserve serait un moyen efficace pour appliquer les principes de l’approche écosystémique.
Du même coup, une gestion par bassin versant pourrait être envisagée.
Le zonage interne de la réserve est la première chose à concevoir car chaque zone à un rôle
différent. Ce la implique que les objectifs et les mesures à prendre ne peuvent pas s’étendre
de la même façon dans chaque zone de la réserve. Les ressources de la biodiversité dans la
région ciblée sont en déperdition et les écosystèmes et habitats dans les zones de vie sont
détruits pour des raisons de survie des populations.
Les aires centrales devraient être établies dans les zones de vie où la biodiversité est très
menacée, où le taux d’endémisme végétal et/ou animal est le plus élevé et qui présentent
des caractéristiques écologiques uniques au pays.
La difficulté réside évidemment dans le fait que les communautés rurales empiètent souvent
dans des lieux qu’il faudrait tout simplement préserver soit pour des raisons de conservation
de la biodiversité, soit pour des raisons de sécurité face à certains risques naturels
(inondation, glissement de terrain). Pourtant, le concept de la protection des populations face
à ces risques naturels ayant des conséquences économiques et sociales graves passe
obligatoirement par la protection de l’environnement. Le déplacement de certaines
communautés doit être envisagé avec de bonnes et efficaces mesures compensatoires et
méthodes de communication avec les populations. Il ne s’agit non plus de déposséder les
habitants de leurs terres en ayant comme objectif prioritaire la préservation de
l’environnement. Ce déplacement de communautés peut se faire en fonction d’un haut niveau
d’urgence et de risques environnementaux.
Certaines infrastructures économiques et sociales (marchés, infrastructures d’éducation et de
santé) devraient être mises en place au niveau des zones tampons établies de manière à
attirer les populations vers ces zones et à les décourager à poursuivre leur étendue dans les
aires centrales prévues.
Utiliser la démarche proposée dans cette étude afin de mieux définir les objectifs
(généraux et spécifiques), moyens d'actions et indicateurs de performance
En vue d’un suivi et d’une perpétuelle amélioration de l’efficacité de la réserve, la démarche
proposée dans la présente étude devrait servir de guide aux concepteurs du projet de
réserve de biosphère. Les propositions faites au niveau des objectifs et moyens d’actions
sont des exemples pouvant être appliqués à la dite réserve. Même si ces propositions ne
sont pas exhaustives, la démarche reste à appliquer pour tous les objectifs et actions à
déterminer pour l’ensemble de la région ciblée par le projet de réserve. Il s’agit surtout de
faire atterrir les grandes idées, c’est-à-dire, arriver à un maximum de précision pour garantir
la réussite des actions. Les objectifs doivent donc être mesurables dans le temps et dans
l’espace par des indicateurs justes et réalisés par des actions concrètes et précises. En
concevant les objectifs, on doit pouvoir répondre aux questions « pourquoi », « comment »,
« quand » et « combien ».
Les indicateurs de performance ne doivent pas être pris à la légère mais être considérés
comme garants de la réussite continuelle et de l’amélioration des objectifs de chaque fonction
de la réserve.
5.2 Étapes préalables à la mise en œuvre des actions à réaliser au sein de la réserve
Des études environnementales doivent être effectuées avant la réalisation des actions dans
la réserve. Il faut par exemple identifier les problématiques environnementales et socio-
économiques à l’intérieur de chacune des six zones de vie dans l’aire de la réserve. Les
objectifs et actions devraient sortir de ces problématiques, qui pour chaque zone peuvent
être très différentes l’une de l’autre. Il serait erroné d’appliquer une « recette miracle » pour
toute l’aire de la réserve.
En matière de conservation de la biodiversité, un seul exemple a été fourni dans cette étude
(voir tableau 4.3). Cependant, on sait qu’il existe plusieurs autres espèces que le Merle de La
Selle qui devraient bénéficier d’une attention spéciale pour éviter leur extinction dans le pays.
Il faudra donc procéder à un inventaire actualisé des ressources animales et végétales en
danger, menacées, vulnérables ou en voie d’extinction pour tenter de concevoir un
programme de conservation pour chacune d’elles.
5.3 Détermination des expertises nationales et internationales à utiliser
On dénombrera toute une kyrielle d’organismes nationaux et internationaux se disant
intéressés à l’établissement d’une réserve de biosphère en Haïti. Toutefois, il faudra
s’assurer par des accords écrits et officiels que l’expertise et les autres types de ressources
possibles à utiliser pour le projet soient bel et bien accordés. De plus, l’importance d’une telle
initiative, grande première au pays, soit bien comprise par les dirigeants et qu’elle soit
considérée comme prioritaire, quelques soient les gouvernements qui se succéderont.
Le rôle de chaque ministère concerné (agriculture, environnement, finances, travaux publics,
éducation, santé) doit être bien défini et accepté afin que tous agissent en concertation en
s’orientant vers un même but. Il en est de même pour les ONG internationaux sur place.
Chacun doit opérer selon un but bien précis et non selon sa propre vision qui pourrait aller à
l’encontre des objectifs de la réserve.
L’expertise dominicaine est à privilégier étant donné qu’il est prévu de jouxter les deux
réserves de biosphère de part et d’autre de la frontière afin d’en faire une réserve
transfrontalière. Plus les visions seront proches, mieux sera faite la transition entre le statut
national et transfrontalier des deux réserves confondues.
5.4 Communication aux divers groupes de la société haïtienne
La communication est cruciale et capitale dans ce genre de projet, qui ne fera pas forcément
l’unanimité dans chaque action posée. Une campagne d’information permanente, à toutes les
étapes du projet et impliquant autant que possible les principaux secteurs d’activités et
groupes sociaux haïtiens doit être enclenchée. Cette campagne devra viser la population
vivant dans les régions montagneuses où l'environnement est particulièrement vulnérable et
menacé, les jeunes en milieu scolaire, les décideurs dans les différentes communes et la
population haïtienne en général.
Chaque groupe visé devra faire l’objet d’un plan de communication spécifique. Cette
campagne doit avoir pour but d’informer la population de tout changement, de tout impact
des activités humaines sur l’environnement de la réserve, positif ou négatif. Tous pourront
également mieux comprendre les actions menées pour assurer la réussite des objectifs de
chaque fonction de la réserve.
CONCLUSION
Les réserves de biosphère représentent une opportunité d’appliquer les principes de
développement durable et de gestion rationnelle des ressources naturelles d’un pays. Dans
un pays en voie de développement comme Haïti, une pareille initiative constitue une
occasion importante pour mettre en œuvre un développement local intégrant les
préoccupations environnementales actuelles.
Les aires protégées en tant que telles n’incluent pas forcément l’amélioration des conditions
de vies des populations. Elles ont plutôt un caractère d’exclusion des communautés et visent
principalement la conservation des ressources environnementales en établissant des limites
assez restrictives quant à l’utilisation de ces ressources pour les besoins humains.
L’idée de créer une réserve de biosphère en Haïti, couvrant notamment le Massif de La Selle
dans le département du Sud-Est du pays, ne date pas d’aujourd’hui. Beaucoup d’obstacles
se sont dressés à la réalisation de cette réserve mais finalement, en décembre 2005, une
première étape de la conception du projet à été réalisée. Les différents secteurs concernés
se sont concertés pour établir une vision commune de la question de la préservation de
l’environnement tout en tenant compte et en intégrant la dimension humaine aux actions à
mener.
Toutefois, on n’en est pas encore à une phase très avancée dans la conception du projet.
Des difficultés, notamment au niveau politique se pose encore en travers de l’avancement
des opérations. Cela n’empêche que des outils de travail peuvent être mis à la disposition
des concepteurs pour qu’ils soient utilisés en temps et lieux, quand les conditions de
réalisation des étapes conduisant à la concrétisation de la réserve seront plus propices. C’est
pourquoi, dans la présente étude, il a été tenté de proposer des indicateurs de performance
environnementale.
Malgré le peu de données précises en termes d’objectifs et de moyens d’actions de la
réserve envisagée, il a été possible de proposer des exemples d’objectif généraux et
spécifiques pour deux raisons. D’abord, l’élaboration d’indicateurs exige que des objectifs et
moyens d’actions précis soient formulés. Ensuite, cela permet aussi de fournir aux
concepteurs du projet de réserve de biosphère une piste à suivre ainsi qu’une méthode qui
aide à faire atterrir les grandes idées ou grands principes de la dite réserve.
De cette étude, il ressort que l’accent devrait être mis sur le développement local participatif
d’une part et une gestion collective et rationnelle des ressources naturelles, en passant par
une communication accrue avec toutes les couches et secteurs de la vie nationale haïtienne.
Les propositions formulées pour chacune des fonctions de la réserve font ressortir tous les
aspects dont il faudrait tenir compte à chaque étape de la conception d’un programme
d’actions visant un objectif donné. La précision est une question capitale pour arriver à une
gestion efficace des actions à mener dans la réserve.
Les indicateurs de performance environnementale sont des outils importants à utiliser pour la
bonne gestion des ressources allouées pour la réalisation de toute action au sein de la
réserve. Ils servent aussi de garde-fous pour le contrôle et le processus d’amélioration
continue des activités. Indirectement, les indicateurs forcent à l’atteinte d’une précision car il
est essentiel pour obtenir de bons indicateurs de quantifier les objectifs et actions et
d’intégrer la notion de temps.
Devant l’urgence de la situation environnementale et socio-économique qui prévaut dans la
région ciblée par le projet, cette rigueur imposée par l’élaboration des indicateurs de
performance environnementale est tout à fait de mise et cruciale à employer pour que la
réserve de biosphère en Haïti soit un exemple de réussite en matière de développement local
et de préservation de l’environnement.
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