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La monarchie des Lumières

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Ouvrages deAndré Zysberg

Aux mêmes éditions

Les Galériens. Vies et destins de 60 000 forçatssur les galères de France : 1680-1748

coll. « L’Univers historique », 1987rééd. « Points Histoire », 1991

Chez d’autres éditeurs

Mémoires d’un galérien du Roi-SoleilMercure de France, coll. « Le temps retrouvé », 1983

Marseille au temps des galèresRivages, 1983

Gloire et Misère des galères(avec René Burlet)

Gallimard, coll. « Découvertes », 1987

Histoire des galères, bagnes et prisons(dirigée par Jacques-Guy Petit)

Privat, 1991

Métier d’historien avec un ordinateur(avec Jean-Luc Pinol)

Nathan, coll. « Fac Histoire », 1995

L’Essor des marines de guerre européennes : 1680-1790(avec Martine Acerra)

SEDES, coll. « Regards sur l’Histoire », 1997

Venise, la Sérénissime et la mer(avec René Burlet)

Gallimard, coll. « Découvertes », 2000

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André Zysberg

Nouvelle histoirede la France moderne

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La monarchiedes Lumières

1715-1786

Éditions du Seuil

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COLLECTION « POINTS HISTOIRE »FONDÉE PAR MICHEL WINOCK

DIRIGÉE PAR RICHARD FIGUIER

ISBN 2-02-013050-5 (série complète)ISBN 2-02-019886-X

© Éditions du Seuil, juin 2002

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisationcollective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédéque ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue unecontrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

www.seuil.com

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A la mémoire de ma mère

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Avant-propos

Ce livre clôt la série consacrée à la « Nouvelle Histoire de laFrance moderne ». Je me suis efforcé de travailler avec le mêmeesprit qui a animé Janine Garrisson, Yves-Marie Bercé et Fran-çois Lebrun, les auteurs des ouvrages précédents : présenter aupublic les acquis récents de la recherche sur l’histoire de laFrance d’Ancien Régime, sans pédantisme et avec la volontéd’être clair. Je dois tout à ceux dont les travaux sont cités dansla bibliographie, y compris les ouvrages anciens qui restentencore d’une grande utilité. C’est aussi avec le souci de payermes dettes intellectuelles que des références sont mentionnéesdans les notes de bas de page, ainsi que les sources précisesd’un certain nombre de citations, que le lecteur pourrait avoirenvie de retrouver.

Le fil chronologique de ce livre part de la mort de Louis XIV,le 1er septembre 1715, et s’arrête à la veille de la réunion del’Assemblée des notables, en décembre 1786. Cette période deprès de trois quarts de siècle apparaît comme l’une des moinsmouvementées de l’histoire de France : pas de révoltes, ni decataclysmes démographiques ou économiques, encore desannées de disette, mais plus de famines. Les Français récupèrentpendant la Régence et le ministère d’André Hercule de Fleury,cet « Hercule débonnaire », dont Emmanuel Le Roy Ladurie atracé l’action bénéfique. Du cardinal Dubois au cardinal deFleury, la politique extérieure de France choisit de bâtir la pre-mière Entente cordiale avec la Grande-Bretagne, épisodeméconnu de notre histoire. Cette coexistence pacifique assured’abord le maintien de la paix, puis, à l’issue du bref conflitpour la Succession de Pologne, vaut au royaume l’annexion dela Lorraine. Certes, le règne de Louis XV ne s’écoule pas vrai-ment comme un long fleuve tranquille. Il est secoué dès soncommencement par la banqueroute d’un État accablé par lefardeau des dettes de guerre, épisode qui trouve sa solution avec

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le système de Law et la stabilisation monétaire de 1723-1726.La contestation janséniste, puis la reprise de l’opposition desparlements déstabilisent le pouvoir royal, depuis les années 1740jusqu’à la crise politique majeure qui suit l’attentat de Damiensen 1757, alors que la France subit de plein fouet les revers dela guerre contre la Prusse et l’Angleterre. Si la dernière décenniedu règne de Louis XV, devenu Louis le mal aimé, se caractérisepar une vigoureuse réaction absolutiste, elle exprime aussi lavolonté de transformer le système judiciaire, en instaurant destribunaux d’appel plus proches des justiciables, de mettre fin enmême temps à la pratique pluriséculaire de la vénalité des officesde la magistrature. De même, le début maladroit du règne deLouis XVI, qui défait la réforme Maupeou, n’a rien de calami-teux ou de catastrophique, même s’il semble évident que cegouvernement n’est pas armé pour étaler la crise financière etpolitique qui se déclenche au lendemain de la très glorieuse ettrès coûteuse guerre d’Amérique.

J’ai essayé de dépasser la trame des faits, d’expliquer l’agen-cement complexe des événements, en écrivant une histoire poli-tique de la France au siècle des Lumières comme on écriraitaujourd’hui celle de la Troisième ou de la Quatrième Répu-blique. Les volumes de la « Nouvelle Histoire de la Francecontemporaine » m’ont aussi servi de modèle. Un tel mode denavigation n’exclut pas, bien au contraire, des escales permettantdes pauses structurelles, mais celles-ci ne constituent pas dechapitres distincts, parce que j’ai préféré construire un récit debout en bout. Seul le douzième et dernier chapitre échappe à cetterègle, tant il m’a semblé évident que l’interaction entre le champculturel et le champ politique nécessitait une analyse globale etspécifique. J’ai aussi voulu écrire l’histoire sans employer laboule de cristal. C’est pourquoi le lecteur ne trouvera aucuneréférence à la Révolution française. Certes, la Révolution de1789 ne constitue pas une divine surprise, le coup de tonnerreéclatant dans le ciel serein de la monarchie... Néanmoins, rappor-ter tout le XVIIIe siècle français à la décennie 1789-1799, considé-rer que tout nous y conduit inéluctablement dès la Régence :société, économie, idées, culture et politique, y compris les ven-danges déficitaires, c’est se situer dans une perspective détermi-niste qui biaise l’intelligence même du processus historique.

Le titre que j’ai choisi, La Monarchie des Lumières, plutôt

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antinomique en apparence, soutient l’hypothèse que le systèmemonarchique s’est nourri de la pensée des Lumières. SelonDaniel Roche, les Français des années 1750 sont gouvernés parun régime de compromis, l’absolutisme éclairé. Cependant, lamétamorphose de l’État royal reste inachevée, pour reprendrel’expression de François-Xaxier Emmanuelli. Les idées desLumières se diffusent, mais les valeurs dominantes restent fon-dées sur l’esprit de corps, les préséances, et le privilège. Si laliberté de conscience se fraie un passage, la vie civile est toujoursdictée par l’imbrication étroite entre l’État et l’Église catholique.Des hommes nouveaux aspirent à la réussite, aux responsabilitésdans l’armée, l’administration et l’exercice de la justice, maisla société se renouvelle sans doute moins vers le haut qu’auxdeux siècles précédents, tandis que l’ordre social et politiquerepose toujours sur la prééminence de la grande noblesse et deses réseaux de clientèle. Ce système craque toutefois, commeune plaque rigide coincée entre deux continents, que la tecto-nique fissure dans sa plus grande largeur. En 1784, l’année dela représentation à Paris de La Folle Journée de Beaumarchais,le public applaudit à tout rompre les impertinences que le valetFigaro débite sur le compte de son maître : « Parce que vousêtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! ...Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier !Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné lapeine de naître, et rien de plus : du reste, homme assez ordi-naire » ! La pièce va être jouée à nouveau, au fil des chapitresde ce livre. Le rideau se lève sur la chambre du roi à Versailles.

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La Régence

Durant plus d’un demi-siècle, les Français ont vécu sousl’autorité impérieuse et éclatante de Louis XIV, que le culte dela personnalité monarchique poussé à l’extrême transfigurait enun presque dieu. Ce long règne s’achève au palais de Versailles,où le Roi-Soleil s’éteint, le 1er septembre 1715, l’âme forte etle corps dévoré par la gangrène. Une fin exemplaire pour legrand timonier du royaume, dont les gens du château disaientqu’il « est mort en chrétien, en roi et en héros, quoique dans lesbras d’un jésuite ». Sitôt après avoir crié le décès du feu roi, legrand chambellan réapparaît au balcon de la cour de marbre enarborant une plume blanche à son chapeau, pour clamer à troisreprises l’avènement de Louis XV.

Une série de deuils accablant la Maison de Bourbon expliquepourquoi le trône de France revient à un petit garçon de cinqans, arrière-petit-fils de Louis XIV (voir, p. 492-493, le tableaugénéalogique de la descendance de Louis XIV). Le 14 avril1711, Monseigneur, que l’on appelait aussi le Grand Dauphin,unique fils légitime de Louis XIV, est emporté par la variole.Puis ce fut le tour du fils aîné de Monseigneur, le duc de Bour-gogne, sur lequel on fondait les plus grands espoirs, qui mourutà trente ans d’une « fièvre pourpre », le 18 février 1712. Lamême infection faucha le deuxième fils du duc de Bourgogne,héritier potentiel du trône après la mort de son frère aîné, lepetit duc de Bretagne, qui ne vécut qu’un an. Ce massacre desDauphins se poursuivit avec la mort accidentelle – après unechute de cheval – en mai 1714 de Charles, duc de Berry, filscadet de Monseigneur, dont le seul rejeton, le petit duc d’Alen-çon, est décédé peu auparavant.

Reste cependant en vie le deuxième fils de Monseigneur, âgéde trente-deux ans, d’abord duc d’Anjou, puis roi à Madrid sousle nom de Philippe V, le dernier Habsbourg d’Espagne, Charles II,mort sans héritier en 1700, ayant désigné comme successeur le

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petit-fils de Louis XIV 1. L’acceptation de ce testament a jeté laFrance dans une guerre calamiteuse contre la plupart des puis-sances européennes qui voulaient le démembrement et le partagedes immenses possessions européennes et coloniales de lamonarchie espagnole. Au terme du conflit de la Successiond’Espagne, Philippe V n’a sauvé sa couronne qu’en renonçantà ses droits sur le trône de France lors de la signature des traitésd’Utrecht (1713).

Né le 15 février 1710, Louis XV est le seul fils survivant duduc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie. L’enfant-roisemble de santé délicate. Chacun, du dignitaire de la cour royaleau paysan du moindre village, se rend compte de la fragililitédu nouveau règne à une époque où un nouveau-né sur deux,quelle que soit sa condition sociale, n’atteint pas l’âge d’homme.Il faudra aussi en passer par une régence. L’avènement d’un roimineur risque de marquer le début d’une période troublée,comme ce fut le cas à maintes reprises dans l’histoire de lamonarchie. Louis XIV s’est efforcé de conjurer ces difficultésen rédigeant son testament à Marly, qu’il remit en août 1714 auprésident et au procureur général du parlement de Paris.

L’annulation du testament de Louis XIV.

Cet acte tenu secret prévoit que le pouvoir appartiendra à unconseil de régence, que présidera le duc d’Orléans, fils de Mon-sieur, frère cadet de Louis XIV, et de sa seconde épouse, Élisa-beth-Charlotte, princesse palatine de Bavière. Ce choix est iné-vitable, puisque Philippe d’Orléans est le premier prince du sangissu en ligne directe de la tige d’Henri IV et de Louis XIII, maisLouis XIV se méfiait de ce neveu, libertin de corps et d’esprit.Nul ne pouvait ignorer que la disparition sans postérité du jeuneroi ouvrirait la voie royale à la Maison d’Orléans ...ou à la guerrecivile, au cas où Philippe V revendiquerait ses droits pour lui-même ou pour l’un de ses fils. Un adage de juriste ne dit-il pasau sujet des tutelles : « Ne doit mie garder l’agnel qui doit enavoir la pel. » C’est pourquoi le testament n’attribue pas le titre

1. Par sa grand-mère, Marie-Thérèse, et son arrière-grand-mère, Anned’Autriche, Philippe V descendait directement de la branche aînée des Habs-bourg qui régnait sur l’Espagne depuis l’avènement de Charles Quint.

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de régent au duc d’Orléans, mais seulement celui de « chef deconseil ». Ce n’est pas une mince nuance, car toutes les décisionsseront « prises à la pluralité des suffrages, sans que le ducd’Orléans [...] puisse seul et par son autorité particulière riendéterminer et statuer et ordonner et faire expédier aucun ordre aunom du roi mineur, autrement que suivant l’avis du conseil de larégence ». Il s’agit d’une préférence plutôt étonnante pour unchef d’État qui a toujours décidé de tout sans partage, même s’ilrecueillait toujours au préalable l’avis de ses ministres. En com-posant ce conseil de régence, Louis XIV désigne les hommes deconfiance qui, tout en poursuivant sa politique au-dedans commeau-dehors du royaume, veilleront sur son arrière-petit-fils.

Sont nommés au conseil de régence le duc du Maine et lecomte de Toulouse, les deux fils que Louis XIV eut avec lamarquise de Montespan, élevés et tendrement chéris par leurmère affective, Françoise de Maintenon. Le flux de la semenceroyale a propulsé ces bâtards que le roi a d’abord légitimés enleur donnant rang et place avant les ducs et pairs ; enfin, ladéclaration du 23 mai 1715 leur attribue le titre de prince dusang. Tous deux ne sont pas dépourvus de talents. L’aîné, le ducdu Maine, grand seigneur lettré et dévot, dont on aurait voulufaire un chef de guerre, préférait sa bibliothèque et son oratoireaux camps militaires. Le testament lui attribue la responsabilitéde la personne royale, ce qui lui donnerait toute autorité sur lestroupes d’élites de la Maison du roi. Le cadet, comte de Tou-louse, nommé amiral de France, a montré valeur et courage lorsde la bataille navale de Velez-Malaga (1704). Entreraient éga-lement au conseil de régence une brochette de maréchaux (Vil-leroi, Huxelles, Tallard et Harcourt), le chancelier de France, les4 secrétaires d’État (affaires étrangères, guerre, marine et maisondu roi) et le contrôleur général des finances qui incarnaientla continuité de l’État louis-quatorzien. Même s’il a satisfaitMme de Maintenon en écrivant ses ultimes disposititions, le vieuxmonarque n’éprouve aucune illusion sur ce qu’il en adviendraaprès son trépas : il se souvient que le testament de son père,Louis XIII, fut cassé par le parlement de Paris à la demande dela régente, Anne d’Autriche.

Durant l’agonie de Louis XIV, les courtisans se pressent dansl’appartement du duc d’Orléans, « plein à n’y pouvoir faire tom-ber une épingle par terre » nous dit Saint-Simon. Fidèles et

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ralliés se réjouissent du changement à venir et se disputent déjàles places et les sinécures : « Je voyais tout le monde courre ausoleil levant, écrit le duc d’Antin ; les gens attachés de longuemain à M. le duc d’Orléans épanouissaient leurs visages. Ceuxqui n’avaient pas encore découvert leur attachement commen-çaient à lever la tête. On allait, on vivait, on s’assemblait, onréglait tout, on partageait tout. » Parmi ces personnes, le chan-celier de France, Voysin, a sans doute livré le secret du testamentau duc d’Orléans, qui connaît donc les intentions du « parti »de la Vieille Cour et se prépare à les contrecarrer. L’indispen-sable appui militaire est monnayé par le duc de Guiche, coloneldes gardes françaises. Enfin, le duc d’Orléans a rencontré dis-crètement chez lui, au Palais Royal, une délégation de « grandesrobes » du parlement de Paris.

La séance qui doit statuer sur la régence se tient au Palais dejustice, siège du parlement de Paris, le 2 septembre 1715. Depuisla pointe du jour, les gardes françaises, baïonnette au canon,contrôlent les rues et les ponts qui mènent à l’île de la Cité.Plusieurs escouades de soldats et d’officiers bottés ont aussi prisposition à l’intérieur du Palais, jusqu’aux abords de la grand-chambre. Prennent place au fur et à mesure les magistrats de lacour souveraine, les ducs et pairs laïcs, ainsi que les évêques etarchevêques présents en tant que pairs ecclésiastiques 2 ; enfin,les princes du sang, tous membres de droit du parlement deParis et siégeant selon un ordre soigneusement établi. S’expri-mant le premier, Philippe d’Orléans rapporte une ultime entre-vue avec Louis XIV, qui lui aurait confié : « J’ai fait les dispo-sitions que j’ai cru les plus sages ; mais comme on ne sauraittout prévoir, s’il y a quelque chose qui ne soit pas bien, on lechangera »... Tout en invoquant les droits de sa naissance, le ducs’en remet aux « conseils » du Parlement. Un tel langage ne peutque plaire à la compagnie, d’autant que le duc d’Orléans aprononcé le mot clé qui lui ouvre le cœur des plus récalcitrants,en sollicitant les « remontrances », dont le parlement de Paris aété frustré par Louis XIV depuis cinquante ans. Vient enfin lemoment crucial de l’ouverture du testament. Délivrée de ses

2. C’étaient l’archevêque de Reims, les évêques de Laon, Langres, Beau-vais, Châlons et Noyon ; une septième pairie ecclésiastique est crée en 1690au profit de l’archevêque de Paris, nommé duc et pair de Saint-Cloud.

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cordonnets de soie, la pièce circule de main en main avec lesfeuillets de ses deux codicilles 3, avant d’être lue à voix haute.Son contenu suscite une « fermentation muette ». Le premierprésident, de Mesmes, client du duc du Maine, s’empressed’affirmer que ce « testament est notre loi », aussitôt contreditpar l’avocat général, Joly de Fleury, tout acquis à la cause duduc d’Orléans, qui suggère de s’attacher « plutôt à l’esprit qu’àla lettre ». Il est bientôt évident que la majeure partie des magis-trats présents n’a aucune envie de respecter les dernières volon-tés d’un souverain qui prétendait « fermer la bouche aux parle-ments ». Le testament annulé à l’issue du débat, Philipped’Orléans y gagne l’assurance d’une régence « entière, indépen-dante », dont le principe est voté par acclamation. Après avoirdéclaré noblement qu’il « sacrifierait toujours ses intérêts pourle bien de l’État », le duc du Maine a tout perdu, y compris lagarde du roi mineur, dont il demande lui-même, écœuré par sadébâcle, à être déchargé.

Le lundi 9 septembre, tandis que Louis XV est conduit auchâteau de Vincennes, où les médecins croyaient que l’air seraitplus sain qu’à Versailles, le corps de son bisaïeul est voituré àl’abbaye de Saint-Denis, en pleine nuit, car l’on craignait desmanifestations de colère populaire au passage du cortège funè-bre. Le jeudi 12 septembre, une seconde assemblée plénière duparlement de Paris, à laquelle se sont joints les membres duconseil d’État, établit l’acte constitutif de la régence. Cettevalidation prend la forme solennelle d’un « lit de justice », oùle roi est présent en « son » parlement, assis sous un daisparsemé de fleurs de lis d’or tendu à l’un des angles de lagrand-chambre. Louis XV récite docilement la formule qu’onlui a apprise : « Messieurs, je suis venu ici pour vous assurerde mon affection ; mon chancelier vous dira le reste. » Aucunefausse note. La mécanique des hommages est parfaitementréglée, que l’on décerne au feu roi d’abord, puis au nouveausouverain et enfin au Régent. Loué « comme l’ange tutélaire del’État », le duc d’Orléans peut désormais organiser le gouver-

3. Au testament d’août 1714 s’ajoutent deux codicilles datés du 13 avrilet du 23 août 1715. Le premier confirme la désignation du maréchal deVilleroi et de la duchesse de Ventadour comme gouverneur et gouvernantedu futur roi ; le second nomme pour précepteur Fleury, ancien évêque deFréjus.

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nement « avec faculté de désigner ceux dont il voudra prendreles avis ».

Le duc d’Orléans au pouvoir.

Entre la légende noire fustigeant le débauché vendu auxAnglais qui a ruiné la France avec le système de Law, et l’imagedorée d’un prince libéral, déjà imprégné par la philosophie desLumières, se dessine la personnalité complexe et contradictoiredu Régent. Né le 4 août 1674 au château de Saint-Cloud, Phi-lippe d’Orléans a reçu une excellente éducation sous la directionde l’abbé Saint-Laurent, puis de Guillaume Dubois qui devientaussi son confident et son ami le plus proche. Doué d’une vivesensibilité, curieux de tout sans préjugé, Philippe d’Orléans aimelire (Rabelais est son auteur de prédilection), se passionne pourles sciences, la peinture et la musique. Il prouve ses capacitésmilitaires, à la bataille de Nerwinden et au siège de Turin.Louis XIV l’a marié en 1692 à Francoise-Marie de Bourbon, ladernière fille qu’il a eue avec Mme de Montespan. Le duc deChartres – qui prend le titre de duc d’Orléans en 1701, à la mortde son père – était donc à la fois le neveu et le gendre de lamain gauche du Roi-Soleil, qui ne l’aimait guère. Philipped’Orléans a sans doute songé à saisir au vol une couronne, etpourquoi pas celle d’Espagne dévolue au duc d’Anjou, en simauvaise posture au cours de la guerre de Succession d’Es-pagne. La découverte de ses conciliabules avec les Anglais faillitle conduire à la Bastille pour cause de haute trahison et lui valutà coup sûr la haine tenace de Philippe V. Sa franche impiété etsa sexualité débridée, au milieu d’une cour confite en dévotion,lui attirent l’hostilité ouverte de Mme de Maintenon et de sacoterie. Le bruit a couru que le duc et la duchesse de Bourgognesont morts empoisonnés, ragot prenant pour origine les expé-riences de chimie auxquelles Philippe d’Orléans se livrait avecle médecin Guillaume Homberg.

Devenu le Régent, le duc d’Orléans se garde bien de réglerses comptes avec la faction de la Vieille Cour. Son affectiondiscrète et sa profonde loyauté envers Louis XV sont si évidentsque ses ennemis cessent leurs calomnies à ce sujet. Ce quadra-génaire corpulent, de petite taille, au visage rubicond, tente dese partager entre devoirs et divertissements. Audiences, réunions

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de cabinet et conseils se succèdent à partir du petit matin, lajournée de travail s’achevant vers 18 heures, voire plus tard encas d’affaire importante. Le soir venu, après une visite de cour-toisie à la duchesse au Palais Royal, le Régent retrouve ses amiset ses familiers avec lesquels il prend des plaisirs plutôt épicés :Nocé, dit Braquemardus, Brancas, dit la Caillette gaie, Canillacou la Caillette triste, La Fare dit Poupard ; et puis il y a sesmaîtresses telles que la comtesse de Parabère (« Mon Gigot »)et Mme de Sabran (« Mon Aloyau »), en compagnie desquellesse retrouvent des filles de noce. On voit aussi paraître auxfameux soupers la duchesse de Berry, surnommée PrincesseJouflotte, nymphomane et boulimique, adorée par son père, quilui passe toutes ses folies au palais du Luxembourg. La bonnechère et le jeu des libres conversations, le libertinage, plus quel’orgie caractérisent ces parties nocturnes. Le Régent et ses rouésdonnent le ton. Après la bigoterie, les rites étouffants et lesfornications secrètes du palais de Versailles, l’aristocratie décou-vre les usages ludiques de la grande ville : promenades sur lecours à carrosse des Champs-Élysées, fréquentation des salonslittéraires et des premiers « clubs » comme celui de l’Entresol,et bientôt le bal masqué de l’Opéra, fête emblématique desannées folles de la Régence, mêlant des gens de toute condition,qui se déroule pour la première fois à Paris en janvier 1716.

Cette période apparaît aussi marquée par un assouplissementrelatif du contrôle sur les imprimeurs et les libraires. Le Régentrépugnait à toutes les formes de censure, sauf lorsqu’il s’agissaitd’écrits attaquant sa famille et sa vie privée. En novembre 1718,Philippe d’Orléans laisse jouer Œdipe au Théâtre Français, alorsque la tragédie de Voltaire contient des allusions transparentesà ses prétendues relations incestueuses avec la duchesse deBerry. L’acteur Du Fresne s’est même grimé à la ressemblancedu Régent. A la fin de la représentation, Philippe d’Orléansapplaudit, félicite l’auteur et lui offre une pension. Voltaire, quivient de sortir de la Bastille, où il a été emprisonné durant onzemois pour cause d’épigramme en latin contre le Régent, luitémoigne sa gratitude : « Je remercie votre Altesse Royale decontinuer de se charger de ma nourriture, mais je la supplie dene plus se charger de mon logement. »

La tolérance appartient indéniablement à sa culture politique.Pourfendeur du fanatisme, le Régent a sans doute savouré cette

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réflexion de Montesquieu dans les Lettres persanes : « On a beaudire qu’il n’est pas de l’intérêt du Prince de souffrir plusieursreligions dans son État. Quand toutes les sectes du monde vien-draient à s’y rassembler, cela ne lui porterait aucun préjudice,parce qu’il n’y en a aucune qui ne prescrive l’obéissance et neprêche la soumission. J’avoue que les histoires sont remplies deguerres de religion. Mais qu’on y prenne garde : ce n’est point lamultiplicité des religions qui a produit ces guerres, c’est l’espritd’intolérance qui animait celle qui se croyait la dominante. »Néanmoins, cet irénisme montre ses limites quand il s’agit derevenir sur la révocation de l’édit de Nantes. Accordons malgrétout au Régent l’élargissement d’une poignée d’enfermés quicroupissaient à la Bastille depuis tant d’années, soit qu’on lesavait oubliés, soit qu’on avait perdu le motif de leur détention.Mettons aussi à son crédit la décision de faire libérer les forçatsau terme exact de leur peine, alors que sous Louis XIV un misé-rable condamné aux galères pour trois ans pouvait y rester toutesa vie s’il avait le malheur d’être un bon rameur... Cet acteméconnu marque le respect de l’État de droit et de la chose jugée.

Le 15 septembre, le Régent restitue aux cours souveraines ledroit de remontrance, c’est-à-dire le droit d’adresser – respec-tueusement – au souverain des observations sur un texte légis-latif avant sa promulgation. Si les parlements ne font pas leslois, ils les enregistrent afin de les rendre exécutoires. Cet usagede la vérification des lois avant leur promulgation conférait auxparlements un vrai pouvoir politique, dont l’étendue allait bienau-delà de leurs attributions judiciaires et administratives, celles-ci déjà très considérables. Il ne s’agissait pas seulement de for-muler des avis d’ordre juridique sur les ordonnances, édits etdéclarations, en vue de les améliorer. L’examen critique d’uneloi permettait de retarder, voire de bloquer son application.Le roi pouvait passer outre en tenant un « lit de justice » quicontraignait une cour souveraine (presque toujours le parlementde Paris) à l’enregistrement. Tirant les leçons de la Fronde,Louis XIV obligea les cours souveraines à enregistrer lesactes royaux « sans aucune modification, restriction ni autresclauses » : c’est seulement après avoir donné force à la loi queles magistrats présentaient éventuellement des observations(ordonnance du 24 février 1673). Ce verrou absolutiste saute enseptembre 1715. En restaurant le droit de remontrance préalable,

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prix convenu de l’annulation du testament, le Régent ouvre laboîte de Pandore... Le soutien apporté à sa cause par les ducset pairs a aussi son coût.

L’expérience de la Polysynodie.

La déclaration royale du 15 septembre 1715 instaure la Poly-synodie, expression savante forgée après coup par l’abbé deSaint-Pierre pour désigner ce régime de pluralité des conseils(ou synodes). Seul le conseil de régence forme le véritableorgane de gouvernement. Le Régent y a nommé le jeune LouisHenri de Bourbon-Condé, appelé Monsieur le Duc, son allié decirconstance pour la cassation du testament, qui s’est emparéavidement des dépouilles du duc du Maine. Parmi les grandsserviteurs de l’État désignés par Louis XIV, seul le chancelierde France, Daniel Voysin, est entré au conseil de régence. Onobserve que les « orléanistes » (le maréchal Bazin de Bezons,l’évêque Bouthilier de Chavigny et le « petit duc » de Saint-Simon) y apparaissent moins nombreux et moins prestigieux queles opposants déclarés (Maine, Toulouse, Villeroy, Harcourt,Torcy) ; mais cela n’a guère d’importance. Tuteur du roi mineuret seul ordonnateur de ses finances, maître des emplois et desgrâces, le duc d’Orléans domine sans partage. Certes, les déci-sions devraient être prises à la majorité des voix, mais le Régentne fait presque jamais procéder à un vote, en considérant queses propositions sont adoptées ipso facto après délibération.

Six conseils sont créés pour diriger l’administration duroyaume et préparer les dossiers qui sont ensuite rapportésdevant le conseil de régence. Le conseil de conscience s’occupedes affaires ecclésiastiques et détient la feuille des bénéfices (letableau de nomination aux évêchés et abbayes) sous la houlettedu cardinal de Noailles, archevêque de Paris. Si le maréchald’Huxelles, thuriféraire de la Vieille Cour, est placé à la tête duconseil des affaires étrangères, il ne joue qu’un rôle de potiche,l’essentiel de l’action diplomatique passant par les voies secrètesde l’abbé Dubois. C’est un fidèle du Régent, le duc d’Antin, quipilote le conseil du dedans, dont les attributions, outre les affai-res intérieures, comprennent également les bâtiments royaux,les haras et surtout les ponts et chaussées qui échappent ainsi– provisoirement – à la tentaculaire administration des finances.

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Tout puissant au conseil de la guerre, le maréchal de Villarscommande au quarteron de généraux qui tiennent les « dépar-tements » de l’infanterie, de la cavalerie, des fortifications et del’artillerie. Il en va de même au conseil de marine, où, sous laconduite du comte de Toulouse, les vice-amiraux et lieutenantsgénéraux s’occupent studieusement de la gestion des ports deguerre. Enfin, le duc de Noailles secondé par le marquis d’Effiatpréside le conseil des finances. Un septième conseil s’ajouteraultérieurement, celui du commerce, dont les membres seronttirés conjointement des conseils de marine et des finances.

Que reste-t-il du gouvernement et de l’administration deLouis XIV ? Parmi les 4 secrétaires d’État, deux d’entre eux ontdû résilier leur charge (Voysin à la guerre et Torcy aux affairesétrangères), tandis que les deux autres, le marquis de La Vrillièreet le jeune comte de Maurepas, ne conservent qu’une « survi-vance » vidée de tout contenu. Cependant, on observe qu’à lamarine, à la guerre, aux affaires étrangères et au-dedans, lesanciens « bureaux » restent en place avec leur personnel, notam-ment les premiers commis, véritables chefs de service qui assu-rent la continuité. Aux finances, le contrôle général est supprimé,et le dernier contrôleur général, Desmarets, neveu de Colbert,sèchement remercié, alors qu’il a accompli des « miracles » dansles pires années du règne de Louis XIV. Les 7 offices des inten-dants des finances disparaissent également, mais leurs « dépar-tements » ne bougent pas et les postes de direction reviennent,soit à des anciens intendants des finances (Le Peletier des Fortset Fagon), soit à des vieux routiers comme le conseiller d’ÉtatRouillé du Coudrais, cheville ouvrière de l’administration finan-cière à la fin du règne de Louis XIV 4.

Qui sont les hommes de la Polysynodie ? L’Almanach royalde 1716 désigne 56 personnes ayant appartenu aux conseilsinstallés en septembre-octobre 1715. Appelés par Philipped’Orléans, les ducs s’enrôlent sous la bannière de la Polysyno-die : sont membres du conseil de régence, ou présidents d’unautre conseil, les ducs Antoine Louis d’Antin, Louis Henri deBourbon-Condé, Victor Marie d’Estrées, Henri d’Harcourt,

4. Voir F. Mosser*, Les Intendants des finances au XVIIIe siècle, p. 44-45.* Les références des ouvrages non cités dans les notes se trouvent dans

l’Orientation bibliographique.

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Collection Points

SÉRIE «NOUVELLE HISTOIRE DE LA FRANCE MODERNE»

H207. Royauté, Renaissance et Réforme (1483-1559)par Janine Garrisson

H208. Guerre civile et Compromis (1559-1598)par Janine Garrisson

H209. La Naissance dramatique de l’absolutisme (1598-1661)par Yves-Marie Bercé

H210. La Puissance et la Guerre (1661-1715)par François Lebrun

H211. La Monarchie des Lumières (1715-1786)par André Zysberg

SÉRIE HISTOIRE

DERNIERS TITRES PARUS

H272. Histoire de la FranceL’Espace français, sous la directionde André Burguière et Jacques Revel

H273. Histoire de la FranceHéritages, sous la directionde André Burguière et Jacques Revel

H274. Histoire de la FranceChoix culturels et Mémoire, sous la directionde André Burguière et Jacques Revel

H275. Histoire de la FranceLa Longue Durée de l’État, sous la directionde André Burguière et Jacques Revel

H276. Histoire de la FranceLes Conflits, sous la directionde André Burguière et Jacques Revel

H277. Le Roman du quotidien, par Anne-Marie ThiesseH278. La France du XIXe siècle, par Francis DémierH279. Le Pays cathare, sous la direction de Jacques BerliozH280. Fascisme, Nazisme, Autoritarisme, par Philippe BurrinH281. La France des années noires, tome 1

sous la direction de Jean-Pierre Azémaet François Bédarida

H282. La France des années noires, tome 2sous la direction de Jean-Pierre Azémaet François Bédarida

H283. Croyances et Cultures dans la France d’Ancien Régimepar François Lebrun

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H284. La République des instituteurspar Jacques Ozouf et Mona Ozouf

H285. Banque et Affaires dans le monde romainpar Jean Andreau

H286. L’Opinion française sous Vichy, par Pierre LaborieH287. La Vie de saint Augustin, par Peter BrownH288. Le XIXe Siècle et l’Histoire, par François HartogH289. Religion et Société en Europe, par René RémondH290. Christianisme et Société en France au XIXe siècle

par Gérard CholvyH291. Les Intellectuels en Europe au XIXe, par Christophe CharleH292. Naissance et Affirmation d’une culture nationale

par Françoise MélonioH293. Histoire de la France religieuse

Collectif sous la direction de Philippe JoutardH294. La Ville aujourd’hui

sous la direction de Marcel RoncayoloH295. Les Non-conformistes des années trente

par Jean-Louis Loubet del BayleH296. La Création des identités nationales

par Anne-Marie ThiesseH297. Histoire de la lecture dans le monde occidental

Collectif sous la direction de Guglielmo Cavalloet Roger Chartier

H298. La Société romaine, Paul VeyneH299. Histoire du continent européen

par Jean-Michel Gaillard, Anthony RowleyH300. Histoire de la Méditerranée

par Jean Carpentier (dir.), François LebrunH301. Religion, Modernité et Culture

au Royaume-Uni et en Francepar Jean Baubérot, Séverine Mathieu

H302. Europe et Islam, par Franco CardiniH303. Histoire du suffrage universel en France.

Le Vote et la Vertu. 1848-2000, par Alain GarrigouH304. Histoire juive de la révolution à l’État d’Israël

Faits et documents, par Renée Neher-BernheimH305. L’Homme romain

Collectif sous la direction d'Andrea GiardinaH306. Une histoire du Diable, par Robert MuchembledH307. Histoire des agricultures du monde

par Marcel Mazoyer et Laurence RoudartH308. Le Nettoyage ethnique.

Documents historiques sur une idéologie serbepar Mirko D. Grmek, Marc Gjidara et Neven Simac

H309. Guerre sainte, jihad, croisade, par Jean Flori