La Naissance Du Roi Arthur - Markale, Jean

8/22/2019 La Naissance Du Roi Arthur - Markale, Jean

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Jean Markale

La naissance du roi Arthur

Le cycle du Graal 1Premire poque

ditions Pygmalion / Grard Watelet Paris, 1992


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INTRODUCTION

Aux sources vives de la tradition europenneLe patrimoine de lhumanit comprend non seulement les moments architecturaux lesectaculaires du pass, mais toutes les uvres de lesprit sous quelque aspect quellesentent. Elles tmoignent toutes des grandes tapes de laventure humaine depuis l

s temps, surtout lorsquelles ont t vhicules de gnration en gnration pmoire collective des peuples. Ainsi ont survcu et perdur les grands mythes essens cesse ractualiss au cours des sicles par des rcits mythologiques, popes ou saus lesquels se dessinent les schmas les plus archaques, adapts aux condatrielles, psychologiques et intellectuelles des groupes humains qui les ont recueillnservs. Le Mahbhrata indien, la Bible hbraque, le Gilgamesh assyro-babylodysse grecque, les Eddas scandinaves, le Kalevala finlandais mme danconstitution conjecturale sont, parmi beaucoup dautres, des tmoignages irrcusabltte mmoire qui se droule constamment travers la multiplicit des images signifia

plus, cet intrt documentaire, cette prcieuse connaissance de lvolution humapportent ces rcits, sajoute un intrt esthtique, car la beaut, quelle quelle soit, mais absente de telles uvres, en garantissant mme ainsi la prennit.On peut cependant stonner que, dans ce grand livre dheures de la mmoire univerrcits celtiques, ou dorigine celtique, soient, sinon absents, du moins fort peu prs

est dautant plus surprenant si lon se souvient que les peuples de civilisation celtiquendant plusieurs sicles avant notre re, occup les trois quarts de lEurope, eaintiennent encore dans la frange atlantique de ce mme continent. Il y a certeultiples raisons cette demi-absence, la principale tant que ces peuples celtes non

ss de tmoignage crit avant leur christianisation. On pourrait aussi argumenter sur le la civilisation celtique a t celle de peuples vaincus qui se sont marginaliss ou onsorbs dans dautres cadres culturels. Pourtant, depuis les progrs de la philolnnombrables popes irlandaises en langue galique ainsi que des rcits en laloise ont t tirs de loubli et de la poussire de manuscrits jusqualors indchiffr

rtout on a, pendant longtemps, voulu ignorer quune abondante littrature mdinnue sous lappellation de cycle arthurien , ou de romans de la Table Ronddige tant en franais quen latin, en anglais, en occitan, en italien, en allemand et mscandinave, tire incontestablement ses sources dune tradition celtique trs ancienne.

Certes, certains personnages de cet immense cycle daventures extraordinaires ne s des inconnus pour le grand public, et ils sont souvent passs dans une sortfolklore aux contours quelque peu flous : lenchanteur Merlin, la fe Viviane, le ncelot du Lac, limposant roi Arthur sont des ombres dsormais familires sur lcra

maginaire contemporain. Ils sont mme parmi les hros les plus priss des amateureux de rles , ces tranges et parfois inquitants rituels dune jeunesse dsemparecherche de structures mythologiques susceptibles de reconstruire un monde bouleversis, lorsque rien ne va plus dans une quelconque socit, on se hte dorganiser une nde , autour de laquelle peuvent sasseoir, dans une galit de principe, erlocuteurs desprits divergents en mal de consensus. Nest-ce pas l un hommage ind


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ndu cette fameuse Table Ronde parraine par Merlin et Arthur (par le druide et le roe de constituer un univers fraternel, parfaitement idal et utopique, o se trouve raarmonie entre le collectif et lindividuel ? Quant au mystrieux Graal, mme si personnt ce que cest, il relve du vocabulaire courant, surtout en cette priode dangoisse bulence spirituelle : chercher le Graal, cest finalement se chercher soi-mme au ms pires aveuglements, et, en dfinitive, chacun de nos contemporains, quelque degrsoit, consciemment ou non, accomplit sa qute du Graal .Cest dire limportance toute particulire que revtent ces rcits surgis dun trs loi

ss. travers lextraordinaire, le merveilleux, le fantastique, ils dfinissent une rg que nous avons non pas perdue mais nglige. Et, lheure o lon tente, avec cou

ais dans la plus grande confusion, de construire lEurope, ou plutt de la reconstmme on assemble les dbris dun vase de porcelaine, quand chaque peuple essaincilier son nationalisme agressif hrit des pripties de lhistoire et sa volont altruisternit universelle, ce cycle du Graal et du roi Arthur peut apparatre, non pas comm

odle, mais comme une extraordinaire source de rflexions. Car, aprs tout, il sagus une forme symbolique et image, dune vritable synthse des pulsions fondamens peuples qui ont constitu lEurope, et dont nous sommes, quon le veuille ou non

ritiers authentiques. Le succs de ces Romans de la Table Ronde, au cours du Moyen sexplique pas autrement : chacun y trouvait quelque chose de lui-mme. Et cest

ute le moment opportun de leur rendre leur dimension originelle en tant que tmoigne tradition europenne trop longtemps mise en sommeil. La lgende prtend que

thur nest pas mort : il se trouve en dormition , quelque part, au milieu de locan, e nigmatique le dAvalon, veill par les fes, et, un jour, il se rveillera et revieneignant dans sa main lpe de souverainet, afin de reconstituer le royaume idal quissances des tnbres lavaient autrefois empch de raliser. Millnarisme ? Peut-ais hautement significatif.Les uvres littraires les plus clbres mais il en est de mme pour toute uvre d

nt celles qui sadressent au plus profond de linconscient humain. Elles ne font quexprice des techniques particulires de mmorisation et sous des formes concrtesssenti qui nose point parvenir jusquau seuil de la conscience logique. Cest aussi le caopes, des grands rcits mythologiques dont les auteurs, la plupart du temps anonyrfois collectifs, sont les transcripteurs de donnes antrieures constamment remises on les circonstances. Longtemps considres comme des uvres maladroites, comme

cits nafs dune poque rvolue o rgnaient le dsordre et lirrationnel, les po

paraissent maintenant comme de grandes crations de lesprit, aussi bien dans leur athtique que dans leur contenu. Encore faut-il les apprhender et les connatre dansthenticit.Et cest l que les difficults commencent, en particulier pour les rcits celtique

origine celtique. Car ils constituent une sorte de corpus inorganis, un ensemble de tepoques et de langues diffrentes, une suite dpisodes le plus souvent fragmentairrfois inachevs ou mme contradictoires : dans ces conditions, sarrter une seule peut permettre den tirer des conclusions dordre gnral. Le Graal, dans le po

nais de Chrtien de Troyes, Perceval, est un objet mystrieux, un simple rcipient

uteur ne nous dit pas ce quil contient. Trente ans plus tard, lun des continuateur


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rtien de Troyes en fait un calice contenant le sang du Christ et, au milieu du XIII e sversion dite classique ou encore cistercienne de la lgende le prsente cocuelle qui servit Jsus pendant la Cne. Quant Wolfram von Eschenbach, auteur rsion allemande du Parzival, au dbut du XIIIe sicle, il nous montre le Graal commeystrieuse pierre tombe du ciel et sur laquelle, chaque vendredi, une colombe porter une hostie. Et, dans certaines versions, le hros du Graal est Perceval (ou ParzPerlesvaux, ou Peredur), tandis que dans la version cistercienne, cest le pur GalaadLancelot du Lac, qui est lheureux dcouvreur du vase sacr. Dans ces conditions, il

re ais de sy reconnatre, et encore moins de prtendre que telle ou telle version enne, ou du moins la plus conforme un ventuel original qui aurait t perdu.Ce sont quelques exemples pris travers les inextricables halliers dune mythique for

ocliande. Cette complexit sexplique par le fait que les lgendes du Graal et du roi At t transcrites du XIe au XVe sicle par des crivains appartenant la fois duples, diverses cultures, et des systmes de pense parfois trs loigns les unstres. De plus, ces lgendes sont dorigines gographiques multiples, et leur conologique ralise une sorte de synthse entre une tradition que, faute de mieuxalifiera de paenne (notamment druidique), et un contexte judo-romano-chrtiet celui de lpoque charnire de lhistoire du christianisme occidental : cest en effoment o se dfinit le dogme de la transsubstantiation (1205), o saffirment les prat

dvotion la Vierge Marie, hritire des anciennes croyances en la Mre universellmanifeste, notamment Fcamp et Bruges, le culte du Prcieux Sang de Jsus, mo, hlas, dbute une impitoyable rpression contre tous ceux quon appelle des hrtiqoment galement de la formulation thologique de Thomas dAquin et du passage

quitant de lidologie inhrente au style roman celle qui prvaut dans lart gothiqueest donc dans un contexte tourment, riche en dbats de toutes sortes, en rem

litiques, intellectuels et spirituels, que slaborent les fameux Romans de la Table Rocomprend alors comment lArthur primitif, de simple chef de clan romano-breton quil

toriquement[2], soit devenu un puissant roi cristallisant autour de lui dinnombrments emprunts ici et l, tous greffs sur des schmas archaques et trs celtiquncernant le Roi du Monde , roi de type sacr et pivot obligatoire dune soommes libres et responsables.Arthur est en effet un personnage historique des environs de lan 500 de notre re. Il prs les documents fiables (en latin) qui le concernent, un duxbellorum, cest--dir

chef de guerres , louant ses services aux rois bretons qui avaient besoin de guerrierspousser les invasions saxonnes dans ce qui tait alors lle de Bretagne, autrement ande-Bretagne actuelle. Lpoque tait celle de la fin de lEmpire romain et du dbut ilisation mrovingienne, du moins sur le continent, et il est plus vraisemblable dimat Arthur revtu dun uniforme romain du Bas-Empire que de le dcrire sous laspect duntagent du XIIe sicle. Et son champ daction a t essentiellement le comtrnwall, avec la fameuse forteresse de Tintagel, le Devon (o lon retrouve le nomuple gallo-breton des Dumonii), le Somerset, avec Glastonbury, qui deviendra le hauGraal, la fameuse le dAvalon de la mythologie, le sud du Pays de Galles, avec le c

main de Caerlion-sur-Wysg, et le pays dit des Bretons du Nord, autour de Carlislrduel des romans arthuriens. Les succs obtenus par Arthur contre les envahiss


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rmaniques semblent avoir t dune relle importance et avoir recul dune cinquannnes la prise de possession, par les Saxons, de la plus grande partie de lle. Matoires dArthur, jointes sa fin tragique en face dun rival (le Mordret de la versiontercienne), ont provoqu limaginaire des Bretons soumis aux Saxons ou rfugis dangions les plus occidentales de lle, Cornwall et Pays de Galles (Cymru). Le personnagegratifi dune vritable aurole de saintet et de nationalisme, et il est devenu au c

s sicles suivants le symbole de la rsistance bretonne contre loppresseur germaniquand roi mainteneur des traditions celtiques, le puissant empereur seul capab

pposer aux forces du dsordre. Et dans ce cheminement imaginaire, le hros reuvait que rencontrer des figures mythologiques trs anciennes et les intgrer dansopre personnage. Sait-on que le nom dArthur provient dun terme celtique (arthen gazen breton) qui dsigne lours ? Or, dans la symbolique celtique, lours reprsente la cyale issue de la classe des guerriers. De plus, il est certain que cette image de lourrmition pendant lhiver et se rveillant aux beaux jours, na pas t sans effet sende du roi dormant qui reviendra lorsque les temps seront accomplis. Le passagstoire la mythologie est rapide, surtout chez des peuples qui prfrent limaginai

el, cas de tous les Celtes.

Un personnage de dimension mythologique attire ncessairement lui darsonnages, parfois fort loigns de lui lorigine, qui se satellisent en quelque sorviennent insparables du hros principal. Cest le cas de Merlin, le prophte et lenchai, lui, possdait sa propre lgende avant dtre intgr dans le cycle. Merlin est en e-aussi, un personnage rel, mais de la fin du VIe sicle, quelque soixante ans aprs Arlocalis chez les Bretons du Nord, aux limites actuelles de lcosse, dans une certaine Kelyddon en laquelle il nest pas difficile de reconnatre le nom de Caledoniaqui d

cosse prgalique. Il sagit dun petit chef de tribu, aux talents potiques reconnus,on la vie de saint Kentigern, rdige en latin, serait, sous le nom de Laloken, devenucours dune bataille, se serait rfugi dans la fort et aurait vaticin devant tous ceu

naient le consulter. L aussi, le hros rel a englob quantit de notions mythologienfant qui parle, le fou plein de sagesse, lhomme sauvage, le matre des animaux et ture, etc.) et a acquis une dimension toute nouvelle, mais toujours dans le contexte dsistance bretonne linvasion saxonne. Il nen fallait pas plus pour jumeler Artherlin : ctait dautant plus facile que Merlin reprsente une sorte de prtre issu du pluganisme, avec mme des relents diaboliques, puisque la lgende en fait le fils dun demeux dmons incubes qui hantaient les esprits au Moyen ge. Or, il se trouve qu

couple Merlin-Arthur (le roi et le magicien-prophte) reconstitue trs exactemeuple druide-roi sans lequel la socit celtique ne peut fonctionner, et par-del, le schdo-europen de Mitra-Varuna, autrement dit lalliance sacre entre le dieu juriste, gas traits et quilibrateur du monde, et le dieu magicien, faiseur de tours erprte de la puissance cosmique. Si Arthur tait prsent comme un roi idal, n dieu harmonisateur du monde, il fallait bien quil et, son ct, un mag

pable daccomplir les merveilles quon attendait de lui. La mythologie se m

erdument de la chronologie et des entorses faites lhistoire[3].Bien dautres hros, bien dautres schmas se sont intgrs cette ossature cen

prsente par Arthur et Merlin, au fur et mesure que les conteurs brodaient sur le th


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ur parvenir enfin une sorte de synthse au cours du XIIIe sicle dans ce quil est conppeler le Lancelot en prose , ou mieux le Corpus Lancelot-Graal , autrement rsion clricale, rudite et cistercienne de la lgende en son plus grand dveloppemncelot du Lac, qui nappartenait pas au cycle primitif, car il tait dorigine pure

moricaine[4], a eu tt fait de rejoindre le gros des troupes dArthur : il est vrai qursonnage recouvre une divinit multifonctionnelle de la mythologie indo-europnnue chez les Celtes sous le nom de Lug, le Multiple-Artisan , et que Csar, dansmmentaires, dsigne comme lquivalent du Mercure romain. Et parmi bien dautres, c

stan et Yseult, dont la tradition, originaire dIrlande [5] mais localise en Cornwall eetagne armoricaine, ne pouvait pas chapper cette satellisation . Ils en ont mofit pour inspirer les grandes lignes des amours tumultueuses de Lancelot du Lac et ne Guenivre, amours totalement inconnues du schma primitif. Quant au Graal, de

s chrtiennement le saint Graal[6], malgr son aspect paen de chaubondance, dinspiration et de renaissance typiquement celtiques, il a vite t annexbiais dtranges textes apocryphes de la tradition chrtienne, lesActes de Pilateeudo-vangile de Nicodme, et par la grce des moines de Glastonbury fort dvous

use des rois Plantagent.La premire allusion faite Arthur apparat dans un long pome pique, le Godribu au barde Aneurin, contenu dans un manuscrit du XIe sicle, mais qui, pa

chasmes, doit remonter un original du VIe sicle : l, il y est seulement questionthur redoutable chef de guerre. Il faut attendre lesAnnales de Cambrie, du Xe sicle, oir quelques dtails sur la victoire dArthur au Mont-Badon en 516 et le drame de la baCamlann en 537, o Arthur et Medrawt (Mordret) sentre-turent. L encore, Arthur

nsidr que sous son aspect guerrier. Mais toujours au X e sicle, dans une chroniqu

t in, lHistoria Brittonum, attribue un certain Nennius, le personnage se chlments mythologiques et ses exploits relvent dj du merveilleux. En fait, le precit proprement littraire qui concerne le personnage est une uvre galloise, Kulhwwen, contenue dans un manuscrit du XIIe sicle, mais qui est la transcription dun orIXe sicle, peut-tre mme du VIIe sicle : Arthur y apparat comme un roi qui acco

s prouesses guerrires, qui vit dans une forteresse de type celtique, qui sentourmpagnons qui ne sont certes pas des chevaliers courtois mais de rudes combattants dpouvoirs nettement magiques, travers des aventures qui plongent au plus profond

ythologie celtique. Cette uvre tonnante et dune sombre beaut semble la prem

ntative de synthse de toutes les traditions orales qui circulaient, pendant le haut Me, dans la pninsule de Cornwall, le Pays de Galles, le Cumberland et la rgioasgow, territoires demeurs bretons ou tardivement conquis par les Saxons. Et il sagitxte fondamental pour la comprhension de la lgende arthurienne.Cest cependant au XIIe sicle que cette tradition arthurienne fait irruption dans lEuntinentale : elle nen sortira plus dsormais, malgr quelques sicles doubndiffrence. Chronologiquement, la premire manifestation semble en avoir tulptures de larchivolte de la cathdrale de Modne en Italie, qui date des alenmdiats de lan 1100 : il sagit dun vritable rcit en images (avec le nomrsonnages) sur lenlvement de la femme dArthur par un mystrieux roi de lAutre Mo


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is de sa dlivrance ; une bande dessine en quelque sorte o lon reconnat le schact du roman de Chrtien de Troyes, le Chevalier de la Charrette. Et ce monumeuve en Italie du Nord, preuve que la lgende tait dj largement rpandue. Dailleurusions aux personnages arthuriens sont nombreuses dans la posie des troubadcitans, lesquels ont de toute vidence connu la lgende bien avant les trouvres de laol.Enfin vint Geoffroy de Monmouth. Ce clerc gallois, familier du monastre de Glastonbu

us ou moins infod la famille des Plantagents, crivit vers lanne 1135 deux u

pitales en langue latine, la Vita Merlini (vie de Merlin) et lHistoria Regum Britanstoire des Rois de Bretagne), dans lesquelles il transcrivait, de faon savellectuelle, un ensemble de lgendes parvenues jusqu lui par voie orale ou tranciens manuscrits aujourdhui perdus. Le second de ces textes fut aussitt tradulois sous le titre de Brut y Breninhedd(Brut des Rois) et adapt en franais, en 1155clerc anglo-normand Robert Wace sous le titre de Roman de Brut, Brut tant la frge de Brutus, descendant dne et anctre mythique des Bretons ( cause dune vmophonie et pour imiter la fondation de Rome par les Troyens). Ce fut l le poinpart de cette fantastique closion de la littrature arthurienne, sous les reg

enveillants de la dynastie Plantagent, et pour la plus grande gloire de Henry Ierchait lgitimer son pouvoir en se prtendant lhritier du roi Arthur.Ainsi naquirent des uvres devenues dsormais classiques. Vers 1160, ce fut reide, du juif converti champenois Chrtien de Troyes, habitu de la Cour dAl

Aquitaine Poitiers, qui intgra une lgende nettement armoricaine lensemble arthutre 1165 et 1170, ce furent les deux Tristan anglo-normands de Broul et Thomdiatement adapts en allemand par Eilhart dOberg et Gottfried de Strasbourg, pugue scandinave par un certain frre Robert. la mme date, Chrtien de Troyes intibrment la lgende armoricaine de Lancelot du Lac aux aventures arthuriennes danevalier de la Charrette, tandis que lAllemand Ulrich von Zatzikhoven adaptait, dansnzelet, un original perdu mais dinspiration armoricaine, concernant la lgende primitivncelot. Vers 1180, Chrtien de Troyes plongeait plus avant dans la tradition arthurieulaire, tout en la localisant en Armorique dans la fameuse fort de Brocliande, avecevalier au Lion. Puis le mme Chrtien, vers 1190, lanait le thme du Graal dansrceval, ou le Conte du Graal, uvre inacheve qui allait tre suivie de trois continuafrentes. Mais le thme tait dans lair, et tandis quun auteur occitan crivait un RoJauffr, au schma trs voisin, un autre anonyme trs li Glastonbury composa

rlesvauxbien nigmatique et dinspiration archasante, cependant trs loign dun lois de Peredurqui doit reprsenter une tradition populaire sur le mme thme. Ebut du XIIIe sicle, lAllemand Wolfram von Eschenbach adaptait le roman de Chrns son Parzivalen y ajoutant des lments sotriques et souvent dorigine orientant lidologie apparat comme quelque peu douteuse.Paralllement ces uvres, surgissait la tradition dite de Robert de Boron, auteu

anche-Comt, lui aussi trs li aux Plantagents et labbaye de Glastonbury. obablement Robert de Boron qui a tiss le lien entre le symbolisme paen du Graal extes apocryphes de la tradition chrtienne. Il crivit un Merlinen vers o se dessinaie

uvelles orientations. La plus grande partie de son uvre a t perdue, mais on en co


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contenu grce des adaptations en prose parvenues jusqu nous sous le nom de Herlinet sous celui de Didot-Perceval. Ce sont ces diffrentes uvres qui ont provoqu,moiti du XIIIe sicle, la gigantesque fresque arthurienne du Lancelot en prosribue parfois un certain Gautier Map, dont les plus beaux fleurons sont la Qutint-Graal et la Mort du Roi Arthur, constituant ce quil est convenu dappeler la vecistercienne de la lgende.Mais ce nest pas tout. Le cycle du Graal et du roi Arthur est comparable une galaxiarpille dans le cosmos des multitudes dtoiles de premire grandeur autour desqu

rantes et tournoyantes, dinnombrables plantes accomplissent leurs mystrieux ritueme a fait fureur. Ds le XII e sicle, des pisodes jaillis du plus profond de la mmlective sont venus clairer le schma primitif, tant en franais quen anglais, en allemitalien, en occitan, en castillan, en gallois et mme en galique dIrlande. Ces pisgmentaires sorganisent autour dun hros cl, clbre ou non, qui prend le relaisentures et tente de les mener bon terme, dans la plus pure optique de cette utopieut que le monde soit rgi selon des normes voulues et acceptes par tous. Ainsi en Gauvain, le valeureux neveu du roi Arthur et son hritier prsomptif, selon la couttique , personnage principal de contes significatifs comme le Chevalier vert ourilleux ( le Cimetire prilleux ), et encore de Lancelot du Lac, comme dan

erveilles du Chteau de Rigomer, o dailleurs le hros invincible est bellement dmysns parler dYder de Northumbrie (dern), dYvain (Owein), fils du roi Uryen, cet trangla fe Morgane, protg par la fameuse Troupe des Corbeaux qui sont, en fai

mmes-fes compagnes de sa mre. Que daventures extraordinaires autour de ces antvinits rduites au rang de hros surhumains ! Et cela durera jusquau milieu du XVe s

Angleterre, en pleine guerre des Deux-Roses, avec la compilation anglaise de Tholory qui porte le titre franais de la Mort dArthur, synthse blouissante, bien que

ndense, de toutes les traditions qui ont constitu limmense et inpuisable corpupope du Graal et de la Table Ronde.Cest dire quune telle abondance de rcits, tous intressants par eux-mmes, mais pat loigns les uns des autres, tant par lespace que par le temps, ne facilite pmprhension du message dlivr quon le veuille ou non par ce cycle. Dabord la quepose de savoir sil y a jamais eu un plan densemble, une ide directrice, un schmitif dans cet amas danecdotes plus ou moins hrites des contes populaires orauculaient et circulent encore dans cette Europe marque du sceau des Celtes, ore par un afflux de traditions venues dailleurs et de partout. En une telle matire,

rilleux daffirmer ou de nier. lanalyse des diffrentes composantes, il est cepenrmis de risquer une rponse : il existe de fortes prsomptions pour que les innombracits de la lgende arthurienne obissent aux impratifs dun plan unique, plus ou martel par de multiples auteurs conscients de ce plan, et qui reprsenterait en dfine authentique tradition de lEurope occidentale. Au Moyen ge, la notion duvre colleait plus forte que celle duvre individuelle, et il est certain que les auteurs, Chrtieoyes en tte, avaient le sentiment dapporter leur propre contribution un vaste ensepartenant la collectivit. Cela explique que de nombreuses uvres soient inachevnest pas que leurs auteurs soient morts ou quils aient manqu dinspiration, cest p

ils savaient que dautres prendraient le relais et mneraient peut-tre la qute


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me. En loccurrence, ctait reconnatre quun thme dorigine mythologique nappartpersonne et quil tait la proprit de tous. Il y a l une conception de luvre darut nous chapper, mais qui nen est pas moins puissante et significative. Mais noummes plus au Moyen ge. Que faut-il faire pour apprhender et comprendre cette pntastique qui est la base de toute la civilisation europenne ? Chaque poque aages, ses rythmes propres, son expression particulire, ses modes de conduite : comut-il recevoir limmense message que les Temps obscurs nous ont lgu ?Une chose est certaine : suivre une seule de ces uvres, quelles quen soient la beau

qualits littraires, ne rend aucunement compte de la conception originale, si tanil y en ait eu une. On peut cependant le supposer et la rechercher travers la multtextes mettant en scne non seulement les principaux hros, mais ceux qui, invits apersonnages moins connus, risquent dclairer dun jour nouveau la trame fondame

une apparente dispersion pourrait masquer. Joseph Bdier, au dbut de ce sicle, nas fait autre chose lorsque, prenant les divers fragments littraires de la lgende de TrYseult, il tait parvenu reconstituer une uvre dune grande cohrence et qui demcore maintenant, le texte de rfrence sur le sujet. Car il sagit bien de cohrence econstitution. Et pour y parvenir, il faut surtout se garder de coller bout bout des pis

ns les soumettre une critique interne en fonction de leur signification gnralesultat serait alors un simple patchworkpeut-tre pittoresque mais parfaitement incohOn risque de se heurter un autre cueil dans ce genre de restitution : celui de la m

chasante. Certes, les formulations mdivales anciennes ont un certain charme, mmes-nous capables de les comprendre et de les apprcier vraiment notre poqand il crivait ses Contes drolatiques, Balzac voulait surtout pasticher le style de la fe sicle et du dbut du XVIe sicle : le rsultat est effectivement drle , mais cela amusement desthte dont on se contente dadmirer lingniosit. En cette fin de

cle, si lon veut transmettre un message, il importe de le rendre accessible au plus gmbre, de parler le langage de ce temps, mme si les aventures relates appartienne poque lointaine et rvolue. Ce qui ne signifie nullement quil faille sacrifier le conquon appelle le signifi: bien au contraire, il peut alors, une fois dbarrass des sci lencombrent, apparatre dans toute sa lumire, dans toute sa puissance.Tel est le but de ces rcits du Cycle du Graal: redire avec le langage daujourdhui cnstitue le plus merveilleux et le plus essentiel de la tradition europenne dans ses soes. Car si ctait dans le temps , cest encore aujourdhui.

Poul Fetan


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AVERTISSEMENT

Les chapitres qui suivent ne sont pas des traductions, ni mme des adaptations des tedivaux, mais une r-criture, dans un style contemporain, dpisodes relatifs la grope arthurienne telle quelle apparat dans les manuscrits du XIe au XVe sicle.sodes appartiennent aussi bien aux versions les plus connues qu des textes demep souvent dans lombre. Ils ont t choisis dlibrment en fonction de leur intrt da

roulement gnral du schma pique qui se dessine travers la plupart des rcits diTable Ronde, et par souci dhonntet, pour chacun des pisodes, rfrence prcise te aux uvres dont ils sont inspirs, de faon que le lecteur puisse, sil le dsire, compn information sur les originaux. Une uvre dart est ternelle et un auteur nen est qpositaire temporaire.


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CHAPITRE I

Le Rgne des Gants

Il y avait autrefois, certains disent que ctait quatre mille ans aprs la cration du moroi trs puissant qui, par sa sagesse, son courage et sa tnacit, avait tab

mination sur tous les pays qui composent aujourdhui la Grce. Ses armes taientganises, bien pourvues darmements et de chevaux, fort bien commandes par des nt la comptence et la fidlit taient toute preuve ; ses ports abritaient de nombvires et regorgeaient de marchandises venues des quatre coins du monde. Quant res, intelligemment mises en valeur par tout un peuple de paysans libres, oduisaient en abondance le bl et les olives et nourrissaient de nombreux troupeaux,ns les plaines et les valles que sur les pentes des montagnes. Les sujets de cvaient gure loccasion de se plaindre, car le roi gouvernait avec justice et bont, po

en de tous et de chacun, ne tolrant aucun manquement la loi et sefforant touj

ssurer lharmonie et la bonne entente entre toutes les classes de la socit.Ce roi, bel homme de haute stature, avait pous une femme de grande noblalement de haute stature, trs sage et cultive, et qui tenait son rang de reine tisfaction de tous. Elle avait donn son mari trente filles, toutes plus belles les unes

autres, dont on ne connat que le nom de lane, la princesse Albine. Le roi et la aient fait limpossible pour assurer leurs enfants la meilleure ducation qui soit, encesses faisaient ladmiration non seulement de leurs parents, mais galement de ux qui avaient le privilge de les approcher. Bien entendu, lorsquelles parvinrent tre maries, les prtendants ne manqurent pas, tant cause de leur beaut que issance que reprsentait le roi de Grce. Et celui-ci fit en sorte de leur faire pouser derois connus pour leur vaillance et leurs qualits. Il y eut cette occasion de grandes fgrandes rjouissances, consignes dans les chroniques de ce temps, et qui firent gr

pression sur tous les peuples qui occupaient alors les les et les rivages de la Mditerrentale. Et, aprs ces somptueuses rjouissances qui durrent, parat-il, trois mois, chncesse quitta la cour du roi de Grce en compagnie de son poux respectif, pour regars terres. Le roi et la reine avaient certes quelque chagrin voir partir ainsi leurs enf

ais ils se consolaient en se disant quils avaient ainsi contribu leur bonheur en m

mps qu la prennit de leur race.Malheureusement, le roi de Grce ignorait beaucoup de choses propos de ses frant leur enfance et leur adolescence, elles avaient t considres comme des ceptionnels par tous ceux qui les avaient duques, dautant plus quelles taienules hritires du roi, leur pre. Le caractre de chacune delles avait t forteluenc par cette situation particulire, et elles en avaient conu un orgueil dmenscientes que leurs pouvoirs taient ingalables. Or, une fois maries, mme avec derois, nallaient-elles pas devoir abandonner ces pouvoirs, ou du moins les partager

ux qui taient devenus leurs poux ? Au fond delles-mmes, ctait l chose quelle

usaient admettre. Et comme elles sentendaient parfaitement entre elles, la cdant leur dpart de la cour du roi, elles staient runies en grand secret, lcart


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e, dans lenceinte dun temple que personne nosait approcher pendant la nuit.Alors, la princesse Albine, en tant quane, avait pris la parole et stait adresse ai

s surs : Nous sommes les filles du plus puissant roi de la terre, dun roi qui nest sonul autre roi, et nous ne pouvons dcemment, sans dchoir de notre rang, obir darsonnes qu nous-mmes. Or, nos poux vont obligatoirement nous commandeenter ainsi notre puissance de dcision. Toutes les autres avaient t sensibles

gument et avaient manifest leur accord. Oui, dit lune, il ny a pas de raison pourus consentions subir le joug dun matre. Cest nous et nous seules de comma

n seulement nos propres personnes mais aussi nos poux et tous ceux qui leurumis[7]. Cet avis avait grandement plu toute lassistance, et on stait mis diss moyens employer pour quelles pussent rester matresses absolues de la situationbats furent assez longs mais, la fin, la princesse Albine avait apport une conclusioait en fait une rsolution en bonne et due forme : Nous nous efforcerons, par touoyens, dobliger nos poux suivre nos directives, et sils refusent de nous couter, ons en sorte de les liminer afin de rester matresses de notre destin. Toutes ses saient applaudi et staient spares sur la promesse de se runir dans quelques mois re le point sur la situation. Et cest dans cet tat desprit que les filles du roi de Grcerent dans leurs nouveaux pays.Mais les temps ntaient plus au triomphe de la femme : si celle-ci proposait, comme qui disposait. Les filles du roi de Grce sen aperurent trs tt, et comme elletaient promis, elles se runirent de nouveau en un endroit secret pour examineruation et les moyens employer pour maintenir cote que cote leur primaut absoluhommes. Il ny avait gure despoir que les maris devinssent les fidles excutants

onts de leurs pouses : il fallait donc agir rapidement et de faon radicale. Il ny us reculer : Mes surs, dit encore Albine, prenons lengagement solennel de tue

s propres mains nos poux, toutes au mme moment et le mme jour, lorsquils seendus entre nos bras, simaginant atteindre la suprme jouissance ! Les trente srent un jour prcis pour laccomplissement de leur dessein et jurrent toutes danifester ni faiblesse, ni reculade, ni remords. Toutes, sauf une, la plus jeune, qui pronserment du bout des lvres. Elle aurait bien voulu intervenir au cours de lassemble, montrer ses surs linjustice et la cruaut de ce projet, mais elle avait eu peur qutres ne leussent mise mort pour quelle ne pt trahir le secret. Car il faut dire que une femme aimait tendrement son mari et que celui-ci le lui rendait bien : jamais elle nsenti lui nuire daucune faon. Elle se tut donc, et lassemble se spara, chacune

urs rentrant chez elle auprs de son poux.Mais quand elle fut en face de lhomme quelle aimait, la plus jeune ne put cacheofonde mlancolie, tant et si bien que le mari remarqua sa gne et sa tristesse. Il lui eremarque, lui demandant quelles sombres penses lagitaient ainsi. Dabord dcide n dire navait-elle pas prononc le terrible serment ? elle finit cependant par se x pieds de son mari, lui demandant pardon et lui dvoilant les moindres dtails du comrdi pour sa perte et celle de ses beaux-frres. Mais, au lieu dexploser de colre, le mancha, saisit tendrement sa femme en larmes, la redressa et lembrassa en lui donnanus grands signes damour quelle et jamais connus. Et il dit : Femme, sois

quitude et abandonne ton chagrin : nous ferons en sorte que rien ne se fasse comm


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urs lont prvu. Alors, le lendemain, accompagn de son pouse, il quitta ses terrete et se rendit auprs du roi de Grce.On imagine la surprise, puis la fureur de celui-ci lorsquil apprit lodieuse conspiratio

s filles. Il semporta jusqu les maudire devant les dieux, lexception toutefois de laune, celle qui avait recul devant une telle horreur et qui avait eu le courage deouer. Bien au contraire, il ne len aima que davantage, et la tint dsormais pour son unritire. Puis il fit crire des lettres destines ses vingt-neuf autres gendres, les prianir immdiatement sa cour, accompagns de leurs pouses. Comme ils avaient beau

respect et de dfrence envers le roi de Grce, tous les gendres se htrent dobir.Lorsque toutes et tous furent rassembls dans une grande salle du palais, le roi acbliquement ses filles de trahison et dvoila le plan quelles avaient ourdi. Les filles ferres. Elles tentrent bien de se dfendre par serment, en proclamant que tout ceci

ensonge, ou rsultat de la folie de leur plus jeune sur, rien ny fit. Le roi et ses genpelrent des hommes darmes qui semparrent des vingt-neuf filles et les jetrent nagement dans une prison sans lumire, en attendant le jour o elles passeraiengement. Certes, le pre avait dabord eu lide de les tuer sans piti en raison donstruosit du crime quelles auraient perptr sans lhonntet de la plus jeune, mainseillers lui avaient object que, dans un royaume digne de ce nom, la justice est un

mme temps quun devoir et quelle ne peut saccomplir sans recourir aux loutumes. Le sort des filles du roi fut donc remis entre les mains des juges qui, auvu, eu gard la grande noblesse des accuses, ne voulurent pas que leur crimti dans le sang. Il fut dcid que les vingt-neuf princesses seraient jamais bannieyaume et de tous les autres royaumes allis la Grce, et que jamais plus elleurraient revenir dans leur pays natal ou dans les domaines de leurs poux.Le lendemain du jugement, sans piti pour leurs plaintes et leurs cris lamentables, o

mmena rudement jusquau port le plus proche et on les obligea embarquer sur un bat robuste et rsistant, mais sans gouvernail. On les y entassa, toutes seules, sans ampagnie, et en prenant grand soin de ne leur laisser aucune nourriture. Puis, on meteau en haute mer et l, sans plus de crmonie, on labandonna au gr des flots ents.Les princesses nignoraient pas que leurs chances de salut taient minimes : elleuvaient gouverner leur navire, et celui-ci les emportait vers des horizons inconaient-elles prir de faim et de soif ? Allaient-elles se noyer dans la mer lorsque le barait chavir ou se serait bris contre les rochers dun rivage inhospitalier ? Leur te

ait immense, mais ce qui les faisait encore plus souffrir, ctait de se voir dmunies de a merci des lments, elles qui taient de noble extraction et qui avaient toujourtisfaire leurs moindres caprices. Leur situation tragique navait pas diminu leur orgues nprouvaient gure de remords la pense du crime quelles avaient dcidmmettre. Elles considraient bien davantage leur tat comme une injustice que coe punition mrite.Le navire erra longtemps et les princesses commenaient souffrir srieusement m et de la soif. Une nuit, une violente tempte se leva : les flots taient agits de cousses, le navire tremblait de toutes parts, la foudre jaillissait du ciel sombre e

ales de vent avaient dtruit la mture. Elles navaient plus rien esprer et elle


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rent appeler la mort comme un soulagement leurs souffrances. Elles taient tellecoues quelles tombrent vanouies et demeurrent couches sur le pont, au milieurdages, sans bouger, durant trois jours et trois nuits.Alors, la tempte se calma et le ciel redevint serein. Le soleil se mit briller, et une re fit driver le navire en direction du soleil couchant, de sorte quil vint schouer su

te basse, en cette terre qui est maintenant lAngleterre. Ctait mare basse, maincesses ignoraient lexistence des mares dans le grand ocan. Elles furent trs tonnse relevant, de voir les eaux qui refluaient. Bientt, le bateau se trouva entireme

c. Les dieux nous protgent, se dirent-elles. Ils nous ont sauves de la tempte et t conduites sur cette terre o nous allons pouvoir trouver des secours. Et elleparrent mettre le pied sur le rivage. Alors, devanant toutes les autres, et malgrense fatigue, la princesse Albine se prcipita, sauta du bateau, et ds quelle eut seferme sous ses pas, elle scria : En tant que votre ane, je prends possession d

ys, quel quil soit, et je men dclare la dame et la matresse ! Que les dieux qui otgent soient tmoins de cet acte sacr par lequel cette terre et tous ceux qui y vappartiennent ! Les vingt-huit autres descendirent leur tour du bateau. Elles pouvaient peine ma

nt elles taient affaiblies par leurs souffrances et leurs privations. Leur unique but tacouvrir de leau bonne boire et de la nourriture. Elles errrent sur le rivagnfoncrent plus lintrieur, au milieu dune fort sombre et profonde. L, couvrirent un ruisseau o elles sabreuvrent longuement. Puis elles repartirent, macouvrirent nulle habitation, nulle trace de vie humaine. Il faut savoir quen ce temptte grande le que nous appelons la Grande-Bretagne tait totalement inhabite, et q

portait aucun nom. Les princesses, ne trouvant me qui vive, cueillirent des uvages et dterrrent des racines pour les dvorer avec avidit. Cette mdiocre nourrvait rien de commun avec ce quelles avaient coutume de manger dans leurs palais,

es taient si affames que non seulement elles sen contentrent, mais furent toyeuses de savoir quelles pourraient survivre dans ce pays inconnu.Stant ainsi quelque peu rconfortes, elles pensrent se protger pour la nuit. elles neussent aucune exprience et aucune habilet en la matire, elles puanmoins tablir des abris de fortune avec des branchages et rpandirent des feuilles safin de sy reposer. Elles taient si harasses que, malgr la prcarit de ces couc

es dormirent longtemps. Le lendemain, elles senfoncrent plus avant dans les erchant une quelconque trace dhabitation. Mais elles nen trouvrent point. Par co

es dcouvrirent quantit de fruits sauvages dans les arbres, pommes, pruntaignes, glands, nfles, et mme des fraises sauvages dans les grandes herbes. Etn, elles virent des oiseaux de toutes couleurs dans les branches, et aussi des buvages qui senfuyaient leur approche, des livres et des sangliers notamment, cr fit un peu peur, mais qui les rconforta. Elles finissaient en effet par comprendre quys tait inhabit et que, puisquelles ne retrouveraient jamais leur patrie, il leur frganiser et tirer parti de ce que la nature leur fournissait. Alors lane, la princesse Alt la parole : Mes surs, nous voici donc exiles de la terre qui nous a vu natre, mais les dieux

t accord ce pays dsert dont je dois tre la matresse puisque jy ai abord la premir


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vertu de mon droit danesse. Si lune dentre vous conteste mon autorit, je la pren vouloir me dmontrer en quoi je pourrais avoir tort ! Albine toisa ses surs ogance. Aucune delles nosa prendre partie son ane tant celle-ci tait redouacune savait en effet quelle serait capable de se dbarrasser immdiatement doindre perturbatrice. Elles applaudirent toutes ce que disait Albine, la confirmant n rle de chef. Albine continua ainsi : Cette terre o nous sommes, nous nen savonsnom, et sans doute nen a-t-elle pas puisquelle est inhabite. Cest pour cette raelle doit tre appele de mon nom, puisque jen suis la matresse lgitime. Et pui

bine est mon nom, je dclare que cette terre sera nomme Albion[8]. Ainsi, dsoron nom et notre souvenir resteront jamais gravs dans ce pays jusqu la fin des teus navons pas besoin de partir ailleurs, car cette terre est riche en biens de toutes sous ne manquerons jamais de rien, sauf de viande, moins que nous ne trouvions le mnous emparer des animaux qui fuient notre approche. Elles prouvaient en effet une trs grande envie de viande, et leur estomac la rclaplus, force de voir des oiseaux dans les arbres, et des btes en abondance, cette efaisait quaugmenter. Elles rflchirent donc aux moyens dattraper du gibier et

eaux. Autrefois, elles avaient toutes chass dans les forts de Grce, mais ce quianquait, ctaient des arcs, des flches, ou encore des faucons et des chiens. Elles finpendant par fabriquer des piges et par les placer si habilement que, bientt, elles euondance de gibier. Mais encore fallait-il prparer cette nourriture et la faire cuirettant des cailloux les uns sur les autres, elles parvinrent enflammer des brindilles e

uilles sches, et elles firent rtir les petits oiseaux mme la braise. Pour ce qui taos gibier, elles eurent recours un procd fort ingnieux : elles creusaient une felles remplissaient deau, et elles y mettaient la bte, une fois vide dans sa tottoure de grandes herbes. Puis elles faisaient un feu et chauffaient des galets qu

ongeaient dans la fosse au moyen de grosses branches afin de chauffer leau et aintenir une bonne temprature de cuisson. Ainsi avaient-elles de la viande bouillie

meilleures conditions du monde[9].Les princesses eurent grand plaisir se rassasier de cette nourriture. Elles en oubli

utes les souffrances endures au cours de leur terrible navigation vers cette terre dAlau bout de quelques semaines, elles avaient tant repris de sang et de chair quelle

ntirent au meilleur de leur forme. Mais cest alors quelles saperurent quil leur manelque chose : la chaleur naturelle qui montait en elles leur fit prouver, to

mprieux dsir de se trouver en compagnie dun homme afin de satisfaire leur volupt.

ny avait aucun homme sur cette terre, et cela ne faisait quaiguiser cette envie qui nittait ni le jour ni la nuit. Sous la morsure du soleil, dans le vent qui soufflait entranches, leurs corps frmissaient, tendus vers linaccessible, et pendant la nuit leur somait troubl par des rles et des plaintes qui les empchaient de trouver un vritable repOr, les dmons quon appelle incubesne tardrent pas sintresser elles. Ces dmubes sont pourvus de nombreux pouvoirs qui leur viennent de lenfer. Ils sont de simprits qui rdent entre la terre et le ciel, mais ils peuvent prendre toutes les fouhaites, en particulier celle dun homme qui sen va rejoindre, dans les tnbres,mme en proie un grand dsir de volupt. Voyant que les filles du roi de Grce dsirademment la prsence dun homme leurs cts, les dmons incubes vinrent les visit


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sunirent elles. Toutes furent ainsi contentes, mais elles ne virent jamais ceuxaient couch avec elles : elles ne firent que sentir ce que ressent une femme avemme dans ces circonstances. Chacune delles fut donc possde par un dmon incubn porta fort bien. Mais au bout de quelque temps, les dmons incubes disparurent evinrent jamais plus. Cependant, les princesses saperurent quelles taient toceintes, et comme elles taient grandes et fortes, elles donnrent bientt naissance rons de haute stature, hideux voir, froces et fiers. Ctaient les gants qui dominndant si longtemps la terre dAlbion : ils avaient t engendrs par des dmons et av

quis la force mauvaise de ceux-ci[10].Quand ils eurent atteint leur maturit, ces garons se sentirent leur tour en proiealeur naturelle, et comme il ny avait pas dautres femmes que leurs mres, ils nhsits sunir elles. Cest ainsi que naquirent de nombreux fils et de nombreuses fquels saccouplrent entre eux. Les surs eurent de leurs frres des fils et des filleandirent beaucoup. Leur taille fut de plus en plus leve, et ils furent trs fonnamment grands de corps et de stature. Cela, nul ne peut en douter, et il nest pas

dcouvrir, lorsquon fouille la terre de ce pays, surtout sous les grands monumenterre dresss un peu partout, des ossements qui ne peuvent tre que des ossemenants appartenant une race monstrueuse et maudite. Et, au fur et mesure que le tessait, cette engeance diabolique se multipliait, envahissait les plaines et les vallertout les montagnes, l o ils ont laiss le plus de traces. Car les gants taientulement puissants par eux-mmes, mais ils connaissaient les secrets des pierres ettaux, et ils pouvaient construire de grands btiments. Ainsi creusaient-ils des cavens le sol, les entourant de grandes murailles, et creusant, lavant de celles-ci, des foranchissables. Les gants craignaient dtre attaqus par des ennemis et mettaientr soin se protger les uns des autres, tant leur mchancet tait grande et leur or

mesur.Ils navaient aucune organisation vritable. Leur force et leur volont farouche de domr tous les moyens, telles taient leurs seules lois. Et comme leur force tait non seulerible mais peu prs gale pour tous, ils se livrrent entre eux de sanglantes batns lesquelles il ny avait ni vainqueurs ni vaincus. Cest ainsi qu force de se combattrirent pas sexterminer mutuellement, et lorsque le hros Brutus parvint en cett

Albion, en lan 1136 avant la naissance de Notre Seigneur, ce quon dit, les gtaient plus que vingt-quatre se partager un immense territoire, se surveillant froce

uns les autres et nhsitant pas, la moindre faiblesse dun de leurs voisins, semp

tous ses biens. Mais quand les gants apprirent que venaient de dbarquer des nus dailleurs, et qui avaient lallure de redoutables guerriers, ils firent taire leurs que

sapprtrent livrer contre eux une bataille qui les rejetterait la mer[11].Brutus venait de trs loin. Il tait le petit-fils du hros ne, qui stait chapp de Tflammes et qui, au terme de nombreuses aventures, avait fond, en Italie, la ville

ait plus tard devenir Rome. Mais alors quil tait encore adolescent, Brutus, au coursurnoi quil disputait, avait tu son pre, par maladresse, dun coup de javelot mal lancame avait t ressenti comme une maldiction, et lon ne pouvait que se sparer rricide, mme involontaire, qui aurait provoqu coup sr la vengeance des dieux smmunaut. Brutus avait donc t condamn lexil. Et comme il errait de pays en pay


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age en rivage, il sarrta un jour dans un temple de Diane pour y mditer. Cest l tendit une voix lointaine lui dire de ne pas perdre courage et de se prparer une grssion : il devait en effet donner son nom une grande le, quelque part louesonde. Tout rconfort par cette rvlation, Brutus avait rassembl quelques compagnon tait all dans le pays des Gaulois. L, il stait mis au service de quelques chefs et quis beaucoup de gloire dans des combats difficiles. Et surtout, il stait li damiti avtre exil, venu lui aussi dItalie, un jeune homme de belle allure et de grande bravourm de Corineus. Avec lui, il avait prpar trs soigneusement une expdition, et tous

taient embarqus sur un beau navire, sur locan, dans la direction du soleil couchanst alors quavec une troupe de guerriers habiles et gnreux, Brutus et Corineus avbarqu sur le rivage de ce qui est aujourdhui Totnais, en pninsule de Cornouailles.Brutus savait que le nom de lle tait alors Albion. Il savait galement quelle nbite que par quelques gants et que ces gants sopposeraient sans aucun doute pdition. Cependant, la situation des lieux tait trs agrable, et cela plut grandemeutus, Corineus et leurs compagnons, car les rivires abondaient en poissons embreuses forts taient pourvues de beaucoup de gibier. Ils commencrent panstruire des demeures, non loin de locan, mais labri des vents du large, puis

rent cultiver les terres et faire pturer le btail quils avaient amen avec euutus dcida que cette le, cause de son nom, serait appele Britannia (Bretagne), ebitants les Brittones (Bretons). Il justifiait ainsi la rvlation quil avait eue dans le teDiane. Quant la portion de lle que le sort avait attribue Corineus, elle fut ap

rinea, cest--dire Cornouailles (Cornwall).Un jour que Brutus faisait clbrer une grande fte Totnais, les gants, qui st

ssembls dans larrire-pays, vinrent attaquer les Bretons. La bataille fut terribandiose. Les Bretons taient plus nombreux et possdaient des armes plus efficaces, gants taient puissants et redoutables. Cependant, force de mollesse et doisivet

ants avaient quelque peu perdu de leur endurance. Ils se fatiguaient vite, et versaires eurent tt fait den venir bout. Vingt-trois dentre eux prirent dans la batutus ordonna quon pargnt la vie du vingt-quatrime et dernier, qui avait pour magog, et qui mesurait douze coudes de haut. Brutus stonnait en effet de la tail

gant, et, de plus, il tait curieux dapprendre comment cette race stait installette le et quelle en tait lorigine. Il fit donc amener Gmagog charg de chanes devalinterrogea patiemment. Le gant lui dvoila de bonne grce la faon dont ses ancaient t engendrs, comme il lavait lui-mme entendu dire par ceux qui avaient

ant lui, ainsi que tous les vnements qui staient drouls sur cette le jusqu ce utus et ses compagnons furent satisfaits de ces rponses, et on laissa libre le gandition quil se retirt sur une montagne et quil sengaget ne rien tenter de nuntre les nouveaux occupants du pays. Et Brutus fit mettre par crit ce qui venait dcont, afin que les gnrations futures pussent avoir connaissance des grandes prouepass.Aprs cette victoire sur les gants qui avaient infest l le pendant tant de gnrat

utus organisa son royaume, distribuant des terres ceux qui lavaient fidlement sernda une ville et lui donna le nom de Troja Nova, qui devint ensuite Trinovantum, et

n appelle actuellement Londres. Il fit dfricher les grandes forts et cultiver les endroitus fertiles. Cest partir de son rgne que l le de Bretagne devint la patrie des druides


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ystrieux prtres qui connaissaient les secrets de la nature, la position des astre

xplication des grandes nigmes de ce monde[12]. Lle de Bretagne se trouve can, dans la direction du nord, tourne vers le soleil couchant. Elle mesure peu prsnts milles de long et deux cents de large. Depuis Brutus, elle se divise en vingt-huit citmporte dinnombrables promontoires surmonts dinnombrables forteresses en pierr

re et en brique. Et dans cette le cohabitent quatre nations, Scots[13], Pictes[14], SaBretons. Autour de la grande le se trouvent des les plus rduites. Lune, tourne

rmorique, est appele Inis Gweith[15]. Une autre est situe au milieu de la mer elande et la Bretagne, cest Eubonia ou Manau[16]. La troisime est bien au-dextrme limite du monde et de la Bretagne, au-del du pays des Pictes, et elle est app

c[17]. Mais il y a aussi une le plus petite qui touche les rivages de la Bretagne, sou

uteurs du mont ryri[18] : cest lle de Mona[19], et cest l qutait tabli le plus gnctuaire des druides.En cette le de Bretagne, de nombreux fleuves se dirigent dans toutes les directions,

dire vers lorient, vers le septentrion, vers le couchant, vers le midi, mais deux de

uves sont plus clbres que les autres, la Tamise et la Severn, comme si elles taienux bras de la Bretagne, bras par lesquels les navires venaient apporter de rarchandises dans les ports, situs bien labri dans leurs estuaires. Mais cest par ces arrivrent de nombreux envahisseurs, parce quils savaient que lle de Bretagne tait bien pourvue, attirant ainsi les convoitises de nations qui se sentaient pauvre

favorises.Brutus mourut vingt-quatre ans aprs son arrive dans lle qui porte son nom. Ses tropartagrent le pays, et leurs descendants rgnrent ensuite les uns aprs les autres. Scots qui taient louest, et les Pictes qui taient au nord sallirent souvent contr

etons et engagrent des guerres meurtrires. Et cela dura ainsi jusquau tempsmains[20].


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CHAPITRE II

Les Rois de Bretagne

En ce temps-l, la Bretagne tait agite par dincessantes querelles entre les urtant, lun deux, qui se nommait Bladud, tablit un grand temple et des thermes l o

uve maintenant Kaer Badwn (Bath). Il plaa ses bains sous la protection de la dessens le sanctuaire de laquelle il dposa des feux inextinguibles qui ne donnaient jamandres, mais qui, lorsquils commenaient dcrotre, se transformaient en blocs de piest la mme poque quun sorcier du nom de Hlias fit des prires pour empcher la tomber, et, effectivement, durant lespace de trois ans et six mois, il ny eut aucune

r lle de Bretagne, ce qui occasionna une grande scheresse et une grande pnurielias tait un personnage fort habile dans les sciences secrtes : cest lui qui introdui

agie dans le royaume de Bretagne, et il ne cessa de multiplier ses prodiges, jusquau, stant fabriqu des ailes, il voulut slever dans les airs. Mais il retomba sur le temp

g dans la ville de Londres, et se rompit les os.Il y eut aussi un bon roi, nomm Moelmud, qui fut le premier tablir des lois fixes

ut le pays. Mais quand il mourut, ses deux fils, Beli et Brn, se disputrent premeuvoir. Ils parvinrent cependant un accord : Beli gouvernerait le Kernyw (Cornwal

mru (Pays de Galles) et le royaume de Llgr[21], tandis que Brn aurait tout le noe. Mais, sous linfluence de ses conseillers qui ny trouvaient pas davantages suffisn commena considrer ce partage comme trs ingal. Il fit alliance avec le roandinavie dont il pousa la fille et, avec une arme fournie par son beau-pre, il tent

nqurir lensemble de l le en guerroyant contre son frre. Mais Beli avait eu le temps parer et denvahir une partie des territoires de Brn. Il fut assez heureux pour sempla femme de son frre et du roi de Scandinavie lui-mme. Brn envoya alors Bel

essagers pour lui demander de librer les prisonniers, sous la menace de tout dvasten passage. Comme Beli avait refus cet ultimatum, une grande bataille sengagea, aulle, dans la fort de Catathyr. Le combat dura plusieurs jours et plusieurs nuits, ca

ait dans chaque camp des hommes dun grand courage et dune grande persvraaucoup de sang fut vers. Les flches qui pleuvaient de toutes parts causaienofondes blessures aux guerriers. Les troupes tombaient comme les moissons sous les

s moissonneurs, et les soldats de Brn furent mis en droute. Beli, une fois vainquablit la paix dans toute lle et gouverna sagement en appliquant les lois de son oelmud.Mais Brn ne se tenait pas pour battu. Il avait pu schapper sur un navire et sugi en Gaule. L, il se conduisit comme le pire des aventuriers, pillant les villages eteresses et accumulant le butin quil partageait avec une troupe dhommes prts tocependant accueilli par Segin, le roi des Allobroges, qui avait besoin de lui pour l

ntre ses ennemis, et qui lui donna sa fille en mariage. Et lorsque Segin mourut, ce futi devint roi des Allobroges, se conciliant lamiti de ses sujets en leur distribuant tou

sors quil avait accumuls et en faisant en sorte que la nourriture ne leur manqut jam


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Cela ne lempchait pas de regretter lle de Bretagne. Il sarrangea pour levermbreuse arme, salliant ainsi avec dautres peuples gaulois, et se mit en devo

barquer sur lle[22]. Prvenu de cette invasion, Beli se prpara rsister et combaest alors que Conwen, la mre des deux frres ennemis, se jeta entre les troupes ce de prires et de supplications, russit rconcilier ses enfants. Mais Brn avait trt des conqutes ; il finit par entraner Beli dans une expdition sur le continent : les res passrent la mer et soumirent, les uns aprs les autres, tous les peuples de la Gis, avec une arme compose de Bretons et dAllobroges, ils franchirent les Alpe

treprirent la conqute de lItalie, se dirigeant vers Rome et rpandant la terreur surssage[23].Voyant le danger qui menaait leur pays, les consuls romains envoyrent

mbassadeurs pour proposer la paix. Aprs dpres ngociations, il fut convenu qumains sengageraient verser un tribut annuel. Beli et Brn se retirrent donc aprs s des otages et passrent immdiatement chez les Germains dans lintention dlibrnqurir toute lEurope. Alors, les Romains, honteux davoir accept un trait fort humur eux, levrent des armes pour venir au secours des Germains. Mais Brn, au lie

ursuivre sa marche en Germanie, se retourna rapidement contre les Romains et fut aureux pour les vaincre compltement. Et il tablit son pouvoir sur lItalie en y fagner la terreur, tandis que son frre Beli, lass des guerres, retourna en Bretagne

mina ses jours dans la paix et la prosprit. Il laissait quatre fils, Lludd, Casswallawn[

nnyaw et Llevelys. Cest Lludd qui prit le pouvoir avec sagesse et dtermination. construire de nombreuses forteresses qui taient en ruine dans le pays, et seffor

ocurer bonheur et prosprit ses sujets[25].Il fit rnover galement les murailles de Londres qui menaaient ruine, et les mun

urs innombrables. Puis il ordonna tous les habitants dy btir des maisons telles quaurait pas de plus hautes dans tous les pays du monde. Et, quoiquil possdmbreuses forteresses travers tout le royaume, ctait celle-l quil prfrait, et il y paplus clair de son temps : cest pourquoi elle fut appele Kaer Lludd. Ctait auscellent guerrier, mais qui rpugnait entreprendre une bataille, car il avait le souci d de ses sujets. Il tait gnreux, distribuant largement nourriture et boisson tous i venaient lui prsenter des requtes. Et celui de ses frres quil prfrait, ctait Llevplus jeune, parce que ctait un homme prudent et sage.Llevelys avait appris que le roi dun peuple gaulois tait mort sans autre hritier qu

e, et quil avait laiss tous ses domaines entre les mains de celle-ci. Or Llevelys, quvait esprer rgner sur la Bretagne, eut lide de demander en mariage cette fille ule. Il alla demander conseil son frre, lui dmontrant quil ne sagissait pas seulen quelconque intrt, mais aussi dun accroissement dhonneur pour toute la lignere lencouragea vivement se prsenter comme prtendant. Des navires furent prpquips de bons guerriers arms, et Llevelys partit pour la Gaule. Il sut tant se faire ala fille du roi, et se faire respecter des sujets de celle-ci, quil fut bien vite accept

ousa la jeune princesse et gouverna son domaine avec sagesse et modration.Or, un certain temps aprs son dpart, trois tranges flaux sabattirent sur ll

etagne, tels quon nen avait jamais vus de semblables. Le premier tait une


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rticulire quon appelait les Corannieit[26] : leur puissance tait telle quil ne se tcune conversation sur toute la surface de lle, si bas que lon parlt, qui ne vnt eilles, si le vent lapportait jusqu eux. Ds lors, il tait impossible de leur nuirentreprendre quoi que ce ft contre eux. Le second flau, ctait un grand cri qui se fa

tendre chaque nuit de premier mai[27] au-dessus de chaque foyer de lle de Bretagnversait le cur des humains et leur causait une telle frayeur que les hommes en perdrs couleurs et leurs forces, les femmes leurs enfants dans leur sein, les jeunes gens e

unes filles leur raison. Et la dsolation sinstallait dans le pays : les animaux, les arbrere et les eaux taient frapps de strilit.Quant au troisime flau, voil en quoi il consistait : on avait beau runir des provins les diffrentes cours du roi, mme en abondance, mme pour une anne de nourde boisson, on ne pouvait en consommer que ce que lon en consommait penda

emire nuit, ensuite tout disparaissait. Le premier flau, celui des Corannieit, stalaet au su de tous, mais personne ne pouvait comprendre la cause des deux autres. Ldd en concevait beaucoup de souci et dinquitude, et il ne savait pas comment rte situation qui devenait catastrophique. Il convoqua tous les nobles de ses domain

r demanda conseil propos des mesures quil convenait de prendre pour venir bos flaux. Sur lavis unanime des nobles, Lludd se dcida se rendre en Gaule, auprn frre Llevelys, dont on connaissait la sagesse et lhabilet : sans doute trouverait-iution.Lludd fit donc prparer une flotte dans le plus grand secret, de peur que le motif dyage ne ft connu de ceux qui occasionnaient les flaux. Quand les navires furent pdd et ceux quil avait choisis pour laccompagner sembarqurent et se lancrent sur ladirection des ctes de la Gaule. Ayant appris larrive de cette flotte qui venait de l

etagne, Llevelys prit lui aussi un navire et savana, sur la mer, la rencontre de son f

norant la cause de cette visite. Lludd laissa le gros de sa flotte en arrire et, sur unvire, sen alla jusqu son frre. Une fois runis, ils sembrassrent et se salurent avecndresse toute fraternelle, et Lludd exposa Llevelys, voix trs basse, et sans tmoet qui le proccupait tant. Ils se concertrent pour trouver un autre mode de conversafaon que le vent ne pt emporter leurs paroles jusquaux oreilles des Coranniei

nsquence, Llevelys fit fabriquer une grande corne de cuivre, et cest travers cette ce les deux frres purent changer leurs propos. Mais quoi que pt dire lun deux laacun nentendait que des paroles dsagrables et sans signification. Llevelys compritelque dmon se mettait en travers et causait du trouble travers la corne. Il fit verse

lintrieur, la fit laver, et le dmon en fut chass par la vertu du vin.Ils purent alors converser sans problme. Llevelys dit son frre quil lui donnrtains insectes dont il garderait une partie en vie afin den perptuer lespce pour lele mme flau surviendrait une nouvelle fois, et dont il broierait le reste dans de leaexpliqua que ctait un excellent moyen pour dtruire la race des Corannieit. Et Lle

rla ainsi : Quand tu seras revenu dans tes tats, runis tous tes gens, y comprrannieit, sous prtexte de faire la paix entre tous. Lorsque tous seront rassembls, prtte eau merveilleuse que tu auras ainsi compose, et rpands-la indistinctemenacun des assistants. Cette eau empoisonnera le peuple de Corannieit, mais ne tuera usera de dommage quiconque appartenant la nation. Quant au second flau, il


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n dragon. Un dragon de race trangre se bat avec lui et cherche le vaincre, et urquoi votre dragon pousse un cri si effrayant. Si tu veux que cela cesse, fais mesureBretagne et dcouvres-en le point central. L, tu feras creuser un trou et tu y dpo

e cuve remplie dhydromel, du meilleur qui soit, puis tu recouvriras la cuve avec un tors, tu te mettras lafft, et tu verras bientt les deux dragons apparatre et se baand ils seront puiss par leur combat, ils tomberont sur le tissu, senfonceront dave et boiront tout lhydromel qui sy trouve, ce qui fait quils sendormiront profondmles replieras alors dans ltoffe et tu les feras enterrer, enferms dans un coffre de pie

endroit le plus recul de tes tats. Cache-les bien dans la terre : tant quils seront eu, aucun envahisseur nosera aborder dans lle de Bretagne. Lludd tait dmiration pour son jeune frre qui savait tant de secrets. Et le troisime flaumanda-t-il. Cest un puissant magicien qui enlve toutes les nuits ta nourriturisson et tes provisions. Par sa magie et par ses charmes, il fait dormir tout le mondrsonne ne saperoit de sa prsence. Il te faudra veiller en personne, mais de peur quussisse tendormir, prends soin de placer une cuve deau froide ct de toi : quanntiras que le sommeil tenvahit, jette-toi dans la cuve. Ainsi parla Llevelys son frre Lludd. Et Lludd retourna dans son pays. Aussitt, il inv

cour tout son peuple et tous les gens de la race des Corannieit. Il broya dans leaectes que lui avait donns Llevelys et il jeta cette eau indistinctement sur mdiatement, toute la tribu des Corannieit fut dtruite sans quaucun des Bre

prouvt le moindre mal. Alors Lludd fit mesurer lle de Bretagne de long en large et trpoint central Oxford. Il fit creuser un trou, y dposa une cuve dhydromel, et toussa comme lavait prvu Llevelys. Quand les dragons furent endormis, Lludd lensporter dans lendroit le plus sr quil put trouver, cest--dire dans les montagnes d

lieu quon appelle aujourdhui Dinas Enrys[28]. Cest ainsi que cessa le cri violen

ublait tout le royaume.Quand il eut accompli ces actes, Lludd fit prparer un grand festin. Quand tout fut pplacer prs de lui une cuve pleine deau froide, et ds que la nuit fut tombe, il se miuets. Il entendit alors des rcits charmants et extraordinaires, une musique doucrie, et il sentit quil ne pourrait plus rsister au sommeil. Il se prcipita alors dans la eau froide, ce qui le rveilla compltement. Cest ainsi quil put voir un homme deande taille, couvert darmes lourdes et solides, qui entrait, portant un panier dans leqmit entasser toutes les provisions. Puis, quand le panier fut rempli, le grand ho

rtit. Et ce qui tonnait le plus Lludd, ctait que tant de choses pussent tenir dans

tit panier[29]. Mais il se lana la poursuite de lhomme. Un furieux combat sengtre eux et des tincelles jaillirent de leurs armes. la fin, Lludd eut le dessus et renvn adversaire qui lui demanda grce. Lludd lui dit : Comment pourrais-je te faire grs toutes les pertes et tous les affronts que tu mas infligs ? Lautre rpondit : que je tai fait perdre, je saurai ten ddommager entirement. Je ne commettrai ja

us dinjustice envers toi et je serai dsormais ton vassal le plus fidle. Ainsi en fut-qu la fin de sa vie, Lludd, fils de Beli, gouverna l le de Bretagne dans la paix

osprit[30].

Quand Lludd mourut, il laissait deux fils qui taient encore trs jeunes, et le pouvoir confi leur oncle Casswallawn, lui-mme fils de Beli. Ctait lpoque o les Romain


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aient la conqute du monde. Quand ils eurent soumis les peuples de la Gaulvoyrent des ambassadeurs aux Bretons pour leur rclamer des otages et un trmme ils le faisaient pour toutes les nations sur lesquelles ils voulaient assurer mination. Casswallawn reut les envoys de Julius Caesar, le chef des Romains, et, aout leurs paroles, il entra dans une grande fureur. Et voici la rponse quil leur Casswallawn, roi des Bretons, Caius Julius Caesar. La cupidit du peuple romain, Caet merveilleuse. Ce peuple est assoiff de nimporte quoi, pourvu que ce soit de lor orgent, et il ne peut supporter que nous soyons chez nous, aux extrmits les

ngereuses du grand ocan, au bout du monde. Il ne veut pas nous laisser tranquiloins que nous ne consentions payer tribut sur tout ce que nous possdons. Mais le pemain se trompe sil prtend nous intimider par de vaines paroles : en vrit, nous ne ntenterons jamais dune libert soumise la sujtion, car elle ne serait quun esclarptuel. Lorsquil reut cette rponse impertinente, Julius Caesar fut de plus en plus dcivahir lle de Bretagne. Il rassembla une grande flotte et, aprs avoir travers la mngagea dans lembouchure de la Tamise. Le roi de Bretagne avait cependant eu le teconvoquer de nombreuses troupes, et il marcha la rencontre des Romains en compa

son frre Ninnyaw et de ses deux neveux, fils de Lludd. La bataille fut terrible. Ninnyaesura en personne avec Julius Caesar, sempara de son pe et fit prir le tribun Labies Romains neurent plus qu battre en retraite tandis que Casswallawn clbratoire. Malheureusement, Ninnyaw, qui avait t bless au cours des combats, moelques jours plus tard, et Casswallawn en fut grandement afflig.Cependant, Julius Caesar ne voulait pas rester dans lamertume de la dfaite. nes aprs ces vnements, il rassembla une flotte encore plus importante, et, nger son chec prcdent, il reprit la mer. Casswallawn, averti par ses espions, se mvoir de fortifier grandement le pays, hrissant chaque sommet de citadelles inexpugnappelant tous ses vassaux pour chasser les envahisseurs de lle de Bretagne.

alement dissimuler sous les eaux, dans la Tamise, des pieux ferrs destins ventrevires des ennemis. Ceux-ci, stant engags dans lestuaire, furent en grande ptruits et les soldats romains qui sy trouvaient se noyrent dans les eaux du fleuve.conde fois, Julius Caesar dut battre en retraite et revenir sur le continent. Pour fter uxime victoire, Casswallawn fit clbrer un grand triomphe au cours duquel on offrands sacrifices aux dieux : quarante mille vaches, cent mille brebis, des volanombrables et trente mille btes sauvages de toutes espces. Lorsque le sacrific

hev, on se partagea la chair des victimes au cours dun festin qui dura trois jours etits et o coulrent flots la bire et lhydromel. Et la gloire de Casswallawn ne faisaiandir, non seulement chez les Bretons, mais aussi chez tous les peuples dalentour.Malheureusement, les deux fils de Lludd, neveux de Casswallawn, supportaient trse celui-ci et pris le pouvoir et le gardt. Un jour, au cours dune dispute, lun des parCasswallawn fut tu par un familier dArvarwy, fils de Lludd. Casswallawn rc

mdiatement quon lui livrt le meurtrier pour quil ft chti. Arvarwy retgoriquement et en profita pour dnoncer son oncle comme un usurpateur. Fursswallawn menaa Arvarwy de mettre ses domaines feu et sang. Alors Arvarwy en

s messagers vers Julius Caesar pour lui exposer sa situation et lui demander de lius Caesar fut ravi de cette occasion qui se prsentait deffacer le souvenir de sa cuis


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faite : il runit des troupes et des navires et dbarqua de nouveau dans lle de Bretarpris limproviste, sans avoir eu le temps de se prparer, Casswallawn fut vaincu au cne sanglante bataille et dut se rsoudre demander la paix. Aussi, Julius Caesar imtribut de trois mille livres dargent et, aprs avoir hivern dans lle, il regagna la Gauntemps suivant.Mais Casswallawn nen avait pas perdu pour autant son prestige, et lun de ses vassnom de Mynach Gorr, vint un jour se plaindre lui parce que sa fille, prnomme F

ait t enleve par Arvarwy et livre par lui Julius Caesar qui lavait emmene s

ntinent. Casswallawn rpondit Mynach quil le vengerait et quil irait lui-mme rclamune Fleur. Il rassembla une nombreuse troupe guerrire et, avec celle-ci, il dbarqumorique, livrant bataille aux Romains. Il fut assez heureux pour mettre ceux-ci en fuitepoursuivit jusquen Gascogne. Alors, il dlivra la jeune Fleur et revint en lle de Bretil rgna encore pendant sept annes, ne payant jamais le tribut exig par Julius CaesCasswallawn fut enterr dans la cit dvrawc (York), et son neveu Tegvan, fils de Ll

succda, et aprs lui son fils Cynfelyn[31], au temps de Notre Seigneur Jsus-Christeut de grands troubles et de grandes guerres dans lle de Bretagne : car les Romains

s de plus, voulurent semparer du royaume et, pour y parvenir, envoyrent dans lmbreuses expditions. Mais Cynfelyn rsista pendant de longs mois, harcelant les cohmaines isoles, brlant les forteresses et les villages de faon ce que lennemi ft

tout ravitaillement. Et dans cette lutte, Cynfelyn fut puissamment aid par so

radoc[32].Caradoc tait roi du pays dEssyllwg, et sa bravoure tait telle que tous les Brentendirent pour lui donner le titre de chef de guerre . la tte de cavapriments, Caradoc battit de nombreuses fois les Romains ; et comme ceribuaient leurs dfaites la nature du pays, recouvert dpaisses forts inaccess

radoc dcida de faire couper tous les arbres : ainsi les Romains comprendraient queccs ntaient dus qu sa seule vaillance et la tnacit des Bretons. Et, poursuivannemis partout o ils se trouvaient, il en fit un grand massacre. Cest alors que son onawyddan, fils de Llyr, fit rassembler tous les ossements des Romains morts au comb

la ces ossements de la chaux et construisit, au centre de lle, une immense pstine non seulement tous les envahisseurs, mais galement aux tratres qui les fernir dans le pays. Et lon dit que cette prison tait ronde. Manawyddan avait plac les ous gros lextrieur, pour que les murs fussent trs solides, et avait utilis les plus pettrieur pour btir des cachots. Et lon ajoute quil avait fait creuser, en dessous, des fo

ur les tratres[33].Il y avait cette poque, la tte de la nation bretonne des Brigantes, une femrtismandua, qui en tait la reine. Cartismandua stait brouille avec son poux Vnuuel, avec quelques guerriers fidles, sen tait all rejoindre Caradoc et combattait contre les Romains. Alors, pour se venger, la reine Cartismandua conclut une alli

crte avec les Romains : faisant bonne mine aux autres Bretons, elle en attira les cns son pays, et cest ainsi que Caradoc, qui ne pouvait tre vaincu que par trahison, fusonnier et livr aux Romains qui lemmenrent dans leur pays. Et les Romains,

cids semparer de toute lle de Bretagne, dcidrent de dtruire le centre mme sistance des Bretons, l o se trouvaient rassembls les druides, leurs matres pens


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plus grands ennemis de la nation romaine.Car il y avait dans lle de Mn une grande cole de druides, et tout autour de cette ait une population dhommes courageux et exalts. Et ctait l que se rfugiaient ux qui fuyaient la tyrannie des Romains. Les Romains le savaient bien, et leur etonius Paulinus, dcida quon sattaquerait sans plus tarder cette forteresse ddition. Et Suetonius ne lsina pas sur les moyens. Il fit construire des bateaux pables daborder sur des ctes basses et incertaines. Il y plaa ses fantassins everser gu ses cavaliers. Mais les habitants de Mn staient prpars lattaque

mains ne purent retenir leur tonnement en voyant le rivage oppos couvert de guems au milieu desquels ne cessaient de courir des femmes qui, telles des Furies, cris imprcations, vtues de robes noires, les cheveux pars dans le vent et portantches dans leurs mains pour lutter contre les ombres du crpuscule. Et tout autourmains terrifis apercevaient des druides en grande robe blanche, les mains leves vel et hurlant dtranges maldictions. Mais les Romains se ressaisirent, et comme ils tplus nombreux, ils se rurent lattaque, tuant femmes et hommes sur leur passag

cerclant ceux qui ne pouvaient plus se dfendre. Il y eut l de grands massacres. On e forteresse pour contenir les prisonniers et on livra aux flammes les bois sacrs o

etons avaient coutume de clbrer leurs sacrifices.Lorsquils apprirent que les Romains avaient dtruit le sanctuaire qui leur tait leer, les Bretons furent saisis de colre. Partout, travers le royaume, on se prpanger le sacrilge, mme chez les peuples qui avaient cru lamiti des Romains et avt alliance avec eux. Ainsi en tait-il du peuple des Icniens : leur roi, Prasugatos, trsa richesse, avait institu lempereur de Rome son hritier, conjointement avec ses

es, persuad quainsi son royaume serait labri de toute violence, do quelle pt vses terres furent ravages par les Romains et sa demeure mise sac. On battit mm

rges sa veuve, la reine Boadice, puis on viola ses filles, au mpris des lois humaineus lmentaires. Quant aux divers chefs de ce peuple, ils furent dpouills de tous ens et rduits sexiler.Alors Boadice, rfugie dans une retraite sre, au milieu des forts, donna le signal

volte, et tous ceux qui avaient eu souffrir des Romains se rangrent derrire elle. Bis troupes bretonnes se jetrent sur les colonies de vtrans que les Romains avtalles aux quatre coins de lle. Ayant pris deux villes, Boadice y fit un immense carn alla mme jusqu pendre nues les femmes romaines quon y pouvait trouver, aprsoir coup les seins et les avoir cousus sur la bouche, afin de les voir pour ainsi dir

anger. Aprs quoi, elles furent empales pendant que les vainqueurs se livraient gies sacres dans leurs temples en plein air, principalement dans le bois sacr consacdrasta, qui est le nom que les Bretons donnaient la Victoire.Ce dchanement de violences provoqua la colre des Romains qui dcidrent dene fois pour toutes. Suetonius engagea la totalit de ses troupes dans une bataillevait tre dcisive. Ayant appris que la reine Boadice se dirigeait, avec une nombrupe, vers la Tamise, il posta sa propre arme autour dun dfil que les ennemis devcessairement emprunter. Les forces romaines taient composes uniquement de cavaen entrans et de quelques cohortes de fantassins, tandis que les troupes breto

mportaient un grand nombre de chars sur lesquels se trouvaient dailleurs les femme


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erriers, prtes combattre aux cts des hommes et animes dune fureur extraordinand les Bretons furent engags dans le dfil, Suetonius en fit interdire lentre rtie, de telle sorte quavec trs peu dhommes les Romains eurent immdiatevantage sur leurs adversaires. La bataille fut terrible. Boadice tenait ses deux filles dee, sur son char. mesure quelle passait devant les guerriers des diffrents peuplesmposaient son arme, elle les exhortait au combat, prenant les dieux tmoin qumains ne respectaient rien, ni la vieillesse, ni la jeunesse, ni les engagements aient pris autrefois, et hurlant que ces mmes dieux exigeaient un juste chtiment co

s sacrilges qui prtendaient imposer leur loi des peuples libres. Et elle les avertil ny avait pour eux que deux issues, la mort dans lhonneur et la libert, ou la victoirbarrasserait jamais lunivers dune race belliqueuse et parjure.Mais la position de Boadice tait intenable. Peu peu, les Bretons furent massacrRomains npargnrent ni les femmes ni les chevaux. Boadice, sur le point d

ointe, absorba un poison violent qui la fit prir immdiatement, frustrant ainsi ses enn

sa capture[34]. Mais cen tait fini de la rsistance bretonne. Les druides avaienassacrs ou taient pourchasss. Les rois de Bretagne avaient t vaincus, par les a

par la trahison. Rome triomphait. Et, venus dOrient, des missionnaires rpandtranges paroles propos dun homme qui se disait fils de Dieu et qui tait mort, don la plus ignominieuse qui ft, sur la croix des larrons et des sditieux, dun hommetroisime jour aprs sa mort, serait apparu ses disciples et les aurait envoys ensepeuples du monde. Le temps des druides et des rois tait maintenant dpass, et l

etagne sendormait dans la torpeur et les brouillards qui surgissaient de la mer


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CHAPITRE III

La Vritable Histoire du Saint-Graal

Au commencement du monde, alors quAdam et ve vivaient au Jardin dden, parmurs qui ne fanaient jamais, sous lombre darbres qui donnaient des fruits toute lanne

t de grandes tribulations dans le Ciel cause de Lucifer, le Porte-Lumire, le pluschange que jamais Dieu et cr. Imbu de sa grande lumire et pntr dorgueil,volta contre son Crateur, et celui-ci, pour le chtier, le condamna sjourner dansmes les plus tnbreux de lunivers. Et Lucifer tomba pendant des sicles et des sitranant avec lui les anges qui avaient pris fait et cause pour lui et qui staient drex aussi contre la volont divine. Et, pendant cette chute, la grande meraude qui ornnt de Lucifer se dtacha de lui elle tait trop pure, trop lumineuse, trop port

esprance, pour suivre larchange dans ses tnbres. Et cette meraude tomba dadin dden, aux pieds dAdam qui, tonn dune si grande merveille, la ramassa et la g

ujours prs de lui, lemportant mme lorsque, avec ve, il fut chass du Paradinsmettant ses fils et aux fils de ses fils. Et il arriva un jour quun des descend

Adam, merveill par la couleur de lmeraude, la fit tailler en forme de coupescendant dAdam avait nom Simon le Lpreux, et cest dans sa maison que Jsus prit

rnier repas avec ses disciples et institua la sainte Eucharistie[35].Le jour o Jsus vint dans la maison de Simon le Lpreux, avec ses douze disciples,manger lagneau pascal, Judas, qui tait le trsorier des douze, tait l, lui aussi, pautres. Et pourtant, dans sa malignit, il avait dj trahi Jsus, promettant au g

tre des Juifs de le livrer aux soldats romains quand le moment serait venu. Car Jait droit une dme sur tout largent dont pouvaient disposer Jsus et les douze. Et Jait courrouc parce que, chez Marthe et Lazare, Marie de Magdala avait us dun pacieux dont il tait le dpositaire et en avait oint les cheveux et les pieds de Jsus. Jait estim tre ls par cette femme, et par Jsus lui-mme qui lavait laiss agir.Cest pourquoi il voulait se venger, rcuprant par l mme la somme importante ait perdue par linsouciance de Jsus et la frivolit de cette Marie quil mprisait pour ssolue, mais quil enviait cause de sa fortune, elle qui possdait la presque totalit e de Magdala. Donc, le jeudi qui prcdait la Pque, lorsque Jsus vint dans la maiso

mon le Lpreux pour y partager le repas avec ses disciples, Judas le fit savoir aux ennDieu. Ceux-ci se htrent, bien arms, et ils entrrent de force dans la maison[36].Alors, le tratre, comme il en tait convenu avec le grand prtre et tous ceux qui avcid la mort de Jsus, sapprocha de lui et lui donna un baiser. Aussitt, les soldatsirent du fils de Marie, tandis que Judas scriait : Tenez-le bien, et prenez garde quchappe, car il est trs fort ! Mais Jsus ne rsista pas et on lemmena, charganes. Or, pendant quon lemmenait ainsi, lun des soldats qui avait vu sur la tabagnifique coupe dmeraude qui avait servi Jsus sen saisit et la dissimula dans lesson vtement dans lintention de loffrir son matre, le bailli des Romains, qui avait

nce Pilate.


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Cest prcisment devant Ponce Pilate que Jsus fut conduit, car il avait la haute maiute la justice de la Jude en ce temps-l. Et les Juifs, remplis de haine, demandrenlli dordonner quon mt mort lhomme qui lui tait prsent. Mais Ponce Pilate

pondit quil ne voyait aucune raison pour condamner Jsus. Que pourrais-je dire Tion empereur qui est Rome, sil moblige justifier la mort de cet homme ? Telles fu

paroles de Pilate. Mais les Juifs insistrent tant auprs de lui quil demanda un mpli deau pour se laver les mains. Alors, le soldat qui avait pris la coupe dans la maisomon alla la remplir deau et la tendit Pilate. Il y trempa les doigts en disant : Je ne

s responsable du sort de cet homme. Si vous voulez sa mort, quil en soit fait selon vont. Cependant, Pilate avait son service un Juif de bonne famille qui avait nom Jo

Arimathie et qui tait le conntable de sa maison. Pilate le respectait et ladmiraitseph tait intgre et faisait le bien autour de lui. Et Joseph, sans que personne ne leait un disciple de Jsus, et il croyait que celui-ci tait bien le fils de Dieu, venu sur re pour sauver les hommes du pch commis par Adam et ve. Et quand il eut app

ort de Jsus, Joseph dArimathie fut boulevers par le chagrin. Il sen vint trouver Pate et lui dit : Seigneur, je tai servi longuement, moi et les hommes qui sont

rvice, et jamais tu ne mas donn quoi que ce soit pour me rcompenser. Pilate futnfus, car il se sentait coupable dingratitude envers le preux Joseph. Il lui rponDemande-moi ce que tu veux et je te laccorderai. Je ten remercie, seigneur, rpondit Joseph. Tu dois savoir quon vient de crucifiertain Jsus le Nazren parce quil a dplu aux gens de mon peuple. Je nai pas jugt homme a t condamn justement ou injustement, mais tout ce que je te demande,me permettre de dposer son corps de la croix et de lenterrer dans un tombeau q

ssde. Cest contraire la coutume qui veut que les crucifis pourrissent sur placent dchiquets par les vautours, mais je te le demande comme unique faveur. Ptonnait grandement. Je pensais, dit-il, que tu me demanderais bien davanmment ! En rcompense de tes services, je devrais te livrer le corps dun supplici ? r davoir toute ta raison, Joseph ? Je suis parfaitement sain desprit, rpondit Joscest la seule demande que je te ferai, mme si tu ne peux en comprendre la raiso

ors Pilate dit : Quelle que soit la raison de ta demande, je ne peux te la refuser. Tu corps de Jsus le Nazren ? Prends-le et dispose-s-en comme il te plaira. Et Joseph sen alla sur la colline des supplicis. Mais quand il voulut prendre le corp

sus, les soldats sinterposrent. Ils dirent : Tu ne lauras pas, car ses disciples on

urir le bruit quil ressusciterait le troisime jour. Si lon ne retrouvait pas son corps,ns-l auraient beau jeu de clamer dans tout le pays que Jsus le Nazren est ressuis sache quautant de fois il ressusciterait, autant de fois nous le tuerions ! Ainsi dirent les soldats, et Joseph vit quil nobtiendrait pas gain de cause. Il retournaate et lui raconta ce qui se passait. Le bailli des Romains en fut trs courrouc. Il apn de ses hommes de confiance, qui avait nom Nicodme, et lui commanda daller seph pour faire en sorte que les dsirs de celui-ci fussent exaucs. Mais avant que Joprt cong, Pilate le rappela et lui dit : Joseph, tu aimais certainement beaucou

mme qui se disait prophte. Or, jai ici une coupe quun soldat a prise dans la maiso

mon o on la arrt. Je te la donne en souvenir de ce Jsus.


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Joseph remercia le bailli et emporta la coupe dmeraude avec lui. Il sen alla codme, et tous deux empruntrent un artisan des tenailles et un marteau. Puis, aonc les ordres du bailli, ils dclourent le corps de Jsus. Joseph le prit entre ses brascendit terre et le lava bien soigneusement. Alors, voyant les plaies qui saignaiecueillit dans la coupe que Pilate lui avait donne le sang qui coulait du ct, des pies mains. Enfin, il enveloppa le corps dans un riche drap quil avait achet et lensens son tombeau, sous une grosse pierre quil avait fait tailler pour lui-mme.Cependant, le troisime jour, quand les Juifs apprirent que Jsus tait ressuscit

trrent en grande colre contre Joseph et Nicodme. Ils dirent publiquement que ctx qui avaient fait disparatre le corps de Jsus, que ctaient deux imposteurs et quil fmdiatement les chtier avant quils naccomplissent dautres actions aussi mauvaisecidrent entre eux de semparer, durant la nuit, de Joseph et de Nicodme, et de leur bir les pires tourments. Or, Nicodme avait des amis qui lavertirent, et il eut le tempparatre et de se mettre labri. Quant Joseph, il dormait dans son lit quanvahirent sa maison. Ils le firent vtir et le conduisirent chez u

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La Naissance Du Roi Arthur - Markale, Jean