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1 La notion de système Quelques éléments théoriques et leur expression dans le domaine du management Micheline Cousture Maître de Conférences en Economie des transports Université Paris12 Val de Marne Responsable de la licence professionnelle « Exploitation Transport-Logistique » Introduction Si le mot"système" est communément utilisé, et si chacun se comprend en le prononçant, cela signifie "qu'à un titre ou un autre , tout un chacun faisant partie de ce monde, est ou se sent concerné par lui, soit au titre d'élément le subissant, soit au titre d'élément le conduisant ou bien les deux , compte tenu des situations dans lesquelles l'élément considéré se trouve. En général dans le vécu des individus, le"système" est quelque chose d'extrêmement abstrait dans lequel ils se trouvent être et en même temps qui est au-dessus d'eux qui leur est étranger. Pour la plupart, le système est "économique et social", il est pesant, rigide, et contraignant pour ne pas dire totalitaire . Le paradoxe est à son comble dans l'étude de la "dynamique des systèmes". Pour d'autres, le système est physique, il bouge, il vit, il est en mouvement comme les planètes; Pour d'autres encore, le système est une structure dont tous les éléments s'articulent selon une logique particulière. Et pour d'autres encore, le "système" est biologique, il représente la vie. Et pour tous, le système" implique des éléments, des relations, a comme finalité le maintien en vie des éléments et celui du système même et surtout quand il est vécu comme empêchant la vie même; Etudier un ensemble en terme dynamique des systèmes suppose un raisonnement en termes de différentiels de temps, d'espace et d'état . L'intérêt résidant dans l'étude des variations Bien entendu une finalité doit être assigné au système. Cette recherche de la compréhension de ces variations tant sur le plan qualitatif que quantitatif , requiert un état d'esprit particulier qui au-delà de la multidisciplinarité qu'elle implique , requiert une vision transdisciplinaire des choses , qui, par nature est anti- classificatoire et ne se réfère pas à une catégorie de la connaissance. La notion de système est très ancienne et n'a pas toujours été vécue et comprise de la même façon. Si pour les Anciens le "système" était métaphysique et religieux , il résultait de l'œuvre des Dieux, aujourd'hui il caractérise le mouvement perpétuel de la vie vers l'absolu. Nous nous proposons de présenter l'évolution de la notion de système à partir des grands auteurs depuis les temps anciens jusqu'à ce jour en sachant combien cela est prétentieux car cela revient à faire l'Histoire de toutes les sciences. Une vie entière n'y suffirait pas . Nous poursuivrons notre étude par l'analyse de l'influence de ce concept au sein du domaine de l'organisation et de l'économie et en signaler les développements actuels

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La notion de système Quelques éléments théoriques et leur expression dans le domaine du management Micheline Cousture Maître de Conférences en Economie des transports Université Paris12 Val de Marne Responsable de la licence professionnelle « Exploitation Transport-Logistique » Introduction Si le mot"système" est communément utilisé, et si chacun se comprend en le prononçant, cela signifie "qu'à un titre ou un autre , tout un chacun faisant partie de ce monde, est ou se sent concerné par lui, soit au titre d'élément le subissant, soit au titre d'élément le conduisant ou bien les deux , compte tenu des situations dans lesquelles l'élément considéré se trouve. En général dans le vécu des individus, le"système" est quelque chose d'extrêmement abstrait dans lequel ils se trouvent être et en même temps qui est au-dessus d'eux qui leur est étranger. Pour la plupart, le système est "économique et social", il est pesant, rigide, et contraignant pour ne pas dire totalitaire . Le paradoxe est à son comble dans l'étude de la "dynamique des systèmes".

Pour d'autres, le système est physique, il bouge, il vit, il est en mouvement comme les planètes; Pour d'autres encore, le système est une structure dont tous les éléments s'articulent selon une logique particulière. Et pour d'autres encore, le "système" est biologique, il représente la vie. Et pour tous, le système" implique des éléments, des relations, a comme finalité le maintien en vie des éléments et celui du système même et surtout quand il est vécu comme empêchant la vie même;

Etudier un ensemble en terme dynamique des systèmes suppose un raisonnement en termes de différentiels de temps, d'espace et d'état . L'intérêt résidant dans l'étude des variations Bien entendu une finalité doit être assigné au système.

Cette recherche de la compréhension de ces variations tant sur le plan qualitatif que quantitatif , requiert un état d'esprit particulier qui au-delà de la multidisciplinarité qu'elle implique , requiert une vision transdisciplinaire des choses , qui, par nature est anti- classificatoire et ne se réfère pas à une catégorie de la connaissance.

La notion de système est très ancienne et n'a pas toujours été vécue et comprise de la même façon. Si pour les Anciens le "système" était métaphysique et religieux , il résultait de l'œuvre des Dieux, aujourd'hui il caractérise le mouvement perpétuel de la vie vers l'absolu.

Nous nous proposons de présenter l'évolution de la notion de système à partir des grands auteurs depuis les temps anciens jusqu'à ce jour en sachant combien cela est prétentieux car cela revient à faire l'Histoire de toutes les sciences. Une vie entière n'y suffirait pas . Nous poursuivrons notre étude par l'analyse de l'influence de ce concept au sein du domaine de l'organisation et de l'économie et en signaler les développements actuels

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1-1 DU SYSTEME EN GENERAL 1-1-1 Quelques définitions

Il est courant d'associer la notion de système à celle de complexité. Mais "complexité" ne signifie pas compliqué . Elle implique premièrement de multiples relations entre de multiples éléments et deuxièmement que ces relations puissent induire des effets de renforcement ou d'inhibition compte tenu de l'état des éléments et de la finalité assignée au système Il serait peut-être tout aussi correct de lier la notion de système à son principe qui est celui de l'unité ou de l'Un- totalité constituant de ( et constitué par) de multiples éléments ce qui induit le problème des conditions de réalisation et de maintien de cette unité. Cette unité est son essence et sa finalité comme l'étymologie nous le suggère. Ainsi l'origine grecque a pour racine Sy : Ensemble (dont le dérivé est"sun"qui signifie avec) et stème issu de esther qui signifie debout . D'après le Dictionnaire Littré, "système" vient du grec ester : être debout ; du latin systema. "Proprement, un composé de parties coordonnées entre elles". C'est de cette coordination que dépend la survie du système. "Système' peut alors se comprendre comme"être avec" ou "être à partir d'éléments qui sont avec d'autres éléments" . Ceci va poser d'emblée la problématique de la relation éléments constituants et constitués par une unité à quelque niveau que ce soit de l'atome à l'univers. D'après le Grand Robert : Système au XVIIème siècle issu dus grec susàma"assemblage , composition" était rare avant la deuxième moitié du XVIIème siècle et répandu au XIXème siècle .

1) ensemble organisé d'éléments intellectuels

1- Histoire des sciences:Ensemble conçu par l'esprit (à titre d'hypothèse de croyances) d'objets de pensée unis par la loi :Synonyme Théorie Les divers systèmes du monde , de la nature élaborés dans l'antiquité. Le système astronomique , cosmogonique….PtoléméeV. cosmogonie. Le système de Copernic, de newton, le système de l'âme de Cureau de la Chambre (1664) les médicaux chimiques aux XVIIème ou XVII7me siècles.

Spécialit. Distribution d'un certain nombre d'objets de connaissance selon un ordre qui rend l'étude plus facile (systèmatique)

2-Ensemble d'idées logiquement solidaires considérées dans leurs

relations:construction théorique que forme l'esprit sur un vaste sujet (philosophique , scientifique ). Synonyme. Corps (de doctrine) doctrine, idéologie , opinion, philosophie, théorie, thèse. Le système philosophique de Descartes (cartésianisme), de Kant, d'Auguste Comte (positivisme) , système moniste, dualiste "Mon système de l'Harmonie "(Cit. 41 Leibnitz) préétablie" Système des beaux-arts(ouvrage d'Alain) système doctrinaire, dogmatique . Synonyme dogme, dogmatique ,doctrinaire, les principes, les postulats, la base, la clé d'un système, le système d'une Ecole.

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V.Ecole systèmes religieux syncrétiques. Adepte d'un système, conséquence pratique d'un système Absolt et péjoratif. Le système, opposé à l'art , à la création (en littérature) Cf Humanitarisme- le système l'égare(Zola) 3-(XVIIIème siècle) Ensemble coordonné de pratiques tendant à obtenir un résultat (manière, Méthode, moyen plan) ou présentant simplement une certaine unité. Politique économique (XVIIIème siècle) Ensemble de pratiques , de méthodes et d'institutions formant à la fois une construction théorique et une méthode pratique. II- (XVIIIème siècle )Ensemble possédant une structure, constituant un tout organique

1-Ensemble structuré, d'éléments naturels de même espèce ou de même fonction . Le système du monde , le monde considéré comme un tout ordonné

2-Appareil ou dispositif formé par une réunion d'organes, d'éléments analogues 3 Ensemble structuré de choses abstraites –Un système de concepts , de notions, de

lois d'articulations, de relations. Un système de croyance, de pratiques, d'habitudes, le système général de la connaissance . III (1578)du bas latin systema Mus " tout intervalle composé ou conçu comme composé d'autres intervalles plus petits (Rousseau ) Pour le dictionnaire Littré Système

du grec ester: être debout suivi du latin systema du latin : Proprement" un composé de parties coordonnées entre elles" . C'est de cette

coordination que dépend la survie du système

Selon Brisson dans son traité de physique " On appelle système du monde l'assemblage et l'arrangement des corps célestes, et l'ordre selon lequel ces corps sont situés relativement les uns aux autres, et suivant lequel ils se meuvent.

1-1-2 La notion de système chez les anciens

Si d'Alembert prétend que "Descartes est proprement le premier qui ait traité du système du monde avec quelque soin et quelque étendue ". Il n'est pas le premier à en avoir disserté, il serait même dans une grande lignée. Au temps le plus éloigné auquel il soit possible de se référer, celui que l'on attribue aux origines , tout discours que nous pourrions identifier être un discours sur le système est d'abord un discours sur la manière dont était conçue la nature, les conditions de son apparition, l'émergence des éléments la constituant , le mode de constitution de celle-ci, leur fonctionnalité, leurs relations mutuelles, c'est-à-dire une physis* impliquant une philosophie naturelle.

* Physis: nature opposé à nomos: loi

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Le traité le plus ancien sur le système du monde dont on puisse repérer l'existence intitulé " Le Grand Système du Monde" est dû à Leucippe. Il est , suivi de celui de Démocrite qui, pour sa part a rédigé "le Petit Système du Monde" (1), faisant suite à Thalès , à Anaximandre, à Héraclite, à Pythagore, Empédocle, Zénon , tous contemporains , tous, Maîtres et élèves, tous issus par l'initiation des prêtres égyptiens . 1.1.2. le monde vu comme un système atomiste

La création du monde s'y trouve expliquée à la fois par la dissociation : séparation du Ciel et de la Terre, séparation des corps les uns des autres, qui permettait la dynamique complémentaire à savoir l'association. Ces éléments séparés pouvaient donc se recomposer et ceci était possible du fait de "l'air mû d'un mouvement continu". C'est ainsi que les substances de même nature se retrouvèrent et formèrent les éléments sous l'effet des rayons du Soleil les espèces et chacun avait ainsi sa place compte tenu de sa nature. Cette oeuvre est attribuée "au démiurge qui fit naître le monde de la boue et de l'eau". Déjà l'attraction était un sujet de préoccupation posé sous forme de l'attraction élective; était aussi posé le problème de l'évolution due à la nécessité de survivre Pour Epicure à la suite de Démocrite la pensée se réfère au réel et à la sensation et à rien d'autre. Il introduit ainsi à sa façon la science comme moyen de réflexion . Pour lui , il y a de multiples mondes infinis composés de réalités qui sont à elles finie . Entre les mondes il y a des" inter-mondes".Il n'y a que des mouvements qui eux sont éternels .Il y a des Dieux qui flottent aussi dans l'espace et qui vivent leur vie .Ils n'existent que par la conscience que l'on en a. Son explication de la formation de la nature et des éléments est conforme à la théorie des simulacres à savoir celle de l'attraction élective que l'on retrouvera chez Newton puis chez Henri de Saint Simon et Fourier. Si cette description du monde est évidemment "décalée" par rapport aux connaissances actuelles, la conception d'un système, ou ce qu'il implique comme mode de pensée n'est pas aussi éloignée de nous que nous pourrions le penser Cette philosophie est celle que Lucrèce expose dans son poème "de la Nature " il y affirme que "Rien ne naît de rien, ni une fois né, retourner au néant, c'est donc d'une substance immortelle que doivent être les éléments en qui chaque corps ira se résoudre à son heure suprême "(2) réfute ainsi la création ex nihilo du monde initiant une philosophie matérialiste de l'Univers. Pour lui à la suite d'Epicure, le monde est né du vide et du chaos . "L'univers est corps et vide, les atomes sont indivisibles , et d'autres semblables, qui sont les seuls qu'on puisse lier avec les choses qui tombent sous le sens" (3). L'existence de ce monde est liée à sa "tenue", à sa capacité de maintenir son état sinon reviendra le chaos, image prégnante qui agit encore aujourd'hui sur tout un chacun A l'intérieur de ce monde existent des choses de toutes formes mais quelles que soient ces "choses " leur vie est réglée par "les lois de la nature" et des "lois qui délimitent le pouvoir de chaque chose suivant les bornes immuables"(4 ) et ceci quels que soient les éléments pris en considération. Ainsi les choses sont déterminées dans leur constitution et dans leur agissement. Le système du monde est donné pour déterministe et déterminant. Il exige une reproductibilité de comportement pendant une période suffisamment grande ou par une grande quantité d'êtres pour être pertinent. Dans ce monde existe un ordre des choses chacun a une place et chacun doit rester à sa place ( 5) La notion de système si elle n'était pas formaliste comme elle l'est aujourd'hui est dans son essence une notion aussi vieille que l'individu, celle de l'individu concevant et décrivant

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ce monde, cherchant à l'expliquer et se l'expliquer et se donnant l'obligation de décrire la formation des éléments et leurs relations . 1.1.2.2 Le monde comme un système ou déterminé ou arrangé A cette conception des systèmes par les atomistes et les matérialistes où règne le mouvement et où tout est expliqué par des phénomènes d'affinité ou d'attraction chimiques, des simulacres tels qu'on les rencontres chez Epicure, Lucrèce . Démocrite est "opposé" au courant d'essence intellectuelle et spirituelle, principalement celui initié par Pythagore pour qui le monde est donné avoir été arrangé en accord avec le Nombre : "Et lorsque le Tout eut commencé de s'ordonner ...tous ces éléments ont reçu du Dieu leurs figures par l'action des Idées et de Nombres" "Le chaos primitif , manquant d'ordre et de forme , et de tout ce qui différencie suivant les catégories de la qualité , de la quantité ,etc., fut organisé et ordonné d'après le nombre" (Nicomaque de Gérase) (6) "Tout ce que la nature a arrangé systématiquement dans l'Univers paraît dans ses parties comme dans l'ensemble avoir été déterminé et mis en ordre en accord avec le Nombre, par la prévoyance et la pensée de Celui qui créa toutes choses; car le modèle était fixe, comme une esquisse préliminaire, par la domination du Nombre préexistant dans l'esprit du Dieu créateur du monde, nombre-idée purement immatériel sous tous rapports, mais en même temps la vraie et l'éternelle essence, de sorte que d'accord avec le Nombre, comme d'après un plan artistique, furent créées toutes ces choses, et le Temps, le mouvement, les cieux, les astres et tous les cycles de toutes choses ». (7)

Ainsi avec l'école Pythagoricienne et néo-pythagoricienne suivie par l'école platonicienne, ont été posées les questions sur les rapports entre les éléments, leur harmonie "dans une recherche de correspondance entre le Rythme de l'âme du Monde et celui de l'âme de l'homme" entre la Macrocosme et le Microcosme Pour eux "Tout est arrangé d"après le nombre" d'où l'étude des rapports et des proportions. C'est l'apparition d'une nouvelle logistique: "La science moderne vient d'aboutir à une attitude d'esprit analogue en supprimant de nouveau les barrières entre les mathématiques et la logique; la théorie des ensembles, des classes et des relations de Cantor-Russel-Whitehead, l'axiomatique d'Hilbert, sont des chapitres d'une seule science, la nouvelle " logistique", dont les éléments, jetons symboliques, représentent indifféremment des fictions logiques, des nombres ou des configurations géométriques".(8) A partir de ces "origines" sont données les bases de la représentation et de l"explication de ce que l'on désigne aujourd'hui par le Monde et que l'on désignait par la Nature, ses éléments constituant et constitués et leurs rapports.

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1.1.3 L'analyse du système du monde, des anciens à nos jours Concomitamment se posait le questionnement sur la formation de l'Un à partir de la multiplicité et de l'Etre parfait . A ce questionnement auquel il fallait répondre de manière pertinente étaient apportées des explications plus ou moins complémentaires reprenant les intuitions des uns et des autres. Ces explications n'ont cessé d'être reprises par une école ou par une autre soit comme référents (théorèmes) soit comme élément à rejeter, soit comme hypothèse à vérifier mais ont toujours servi à étayer l'analyse scientifique. L'analyse du système du monde dont la formation est donnée pour être le fait d'un être supérieur s'est poursuivie selon deux tendances,

- Celle des matérialistes en prenant en compte la réalité seulement la réalité suivant en cela Leucippe, Lucrèce et Aristote; -Celle des idéalistes résonnant à partir des idées suivant en cela les Pythagoriciens et Platon . Nous citerons pour mémoire et sans exhaustivité, consciente des grandes impasses

que nous faisons, prétendre en si peu de lignes faire l'histoire de toutes les sciences . Nous remarquerons cependant qu'après quelques siècles d'obscurantisme , les XVIème et XVIIèmesiècle ont été particulièrement féconds en matière d'explication du Monde. Ceux qui sont "venus" après eux se sont déterminés en fonction d'eux , ou ce sont distanciés ou retrouvés dans leurs écrits pour s'affirmer eux-mêmes,

Nous citerons dans la première tendance Copernic et le développement de l'héliocentrisme à la place du géocentrisme (double

mouvement des planètes sur elles-mêmes autour du soleil). Tycho- Brahé à sa suite s'adjoignant Kepler, contestant l'héliocentrisme , observant la Planète Mars, il réforme l'astronome. Dans leur suite Galilée publiant son "De motu"(Du mouvement ) se faisant condamner pour ses thèses puis un "Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo Ptolemico e Copernico" (Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde Ptolémée et Copernic)

Pour ce qui est des Sciences et de la Philosophie Descartes (8)connu pour son système géométrique , ses coordonnées, sa "méthode

scientifique"son doute et sa dualité profonde dans la suite directe de Saint -Augustin-Que cette dernière concerne l'âme et le corps, le contenu et la forme ou tout simplement entre deux éléments dont l'un est pris comme référence . Il renonça , suite à la condamnation de Galilée à publier son"Traité du Monde " Il était dangereux pour sa vie de contrecarrer la "Parole" Et plus tard

Buffon qui fut soucieux ce fonder la connaissance scientifique sur des faits d'expérience . Sous l'influence de Descartes il rédigea son "Histoire Naturelle"

Dans la seconde tendance , celle que l'on pourrait rattacher aux Pythagoriciens , on

peut citer

Dans le domaine de la science et de la philosophie

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Leibnitz (9) théologien mathématicien et philosophe fit en même temps que Newton la découvert du calcul différentiel et intégral. Dans la "monadologie" il expose que l'Univers est formé d'un hiérarchie de "Monades", créations ou émanations de Dieu (Monade des Monades)

Entre lesquelles n'existe aucune influence réelle, mais une harmonie préétablie . Newton, mathématicien, physicien et astronome qui, dans les" Principes

mathématiques de philosophie naturelle" exposa les lois permettan de rendre intelligible l'Univers en définissant les notions fonddamentales de la masse et de la force énonce les trois lois de dynamique et surtout de la gravitation .

Laplace,à sa suite exposera "le Système du Monde"(10)

Dans le domaine de l'Histoire naturelle

Linné et sa classification des espèces

Dans le domaine des Arts Les artistes de la Renaissance, dont les plus illustres restent Léonard de Vinci, Michel

Ange, les architectes, peintres italiens de la Renaissance

Dans le domaine de la musique Marin Mersenne un jésuite contemporain de Descartes (11) , en correspondance suivie

avec ce dernier , écrit en 1636 un ouvrage intitulé "Harmonie Universelle" contenant "La théorie et la pratique de la Musique"

Aussi loin qu'il soit possible de remonter dans le temps, la conception du monde était religieuse et métaphysique précise Dominique Agostini*. A cette conception métaphysique et mystique du monde va s'opposer celle de Hegel qui dans un renversement du regard va donner au sujet la capacité de s'auto-organiser en sujet connaissant. Ainsi peut naître la Théorie du Système et l'analyse du système.

En effet, si l'individu "sait" le système, il est capable de le faire, de le conduire et d'en modifier le cours. Pour cela au connaissant des éléments dans leur être et leurs qualités propres, il fallait ajouter le connaissant des lois de leur constitution, et les moyens destinés à leur permettre "de se conduire bien"et "de se tenir debout", de s'adapter afin qu'ils ne meurent pas.

Les recherches mathématiques, scientifiques, philosophiques ont permis d'infirmer ou d'affirmer les intuitions, de les valider ou de les dépasser. Cette démarche incessante de recherche et d'explication de la compréhension des phénomènes du 'microcosme au macrocosme" tels qu''' ils se trouvent posés chez les Pythagoriciens a conduit à leur maîtrise et à la conception de moyens. L'Histoire de la connaissance peut se définir comme l'histoire de l'explication du monde ou bien comme l'histoire du développement des outils que l'homme s'est fabriqué pour être, avoir et faire .. *Dominique Agostini .Agrégé de sociologie Maître de Conférences à l'Université Paris 12 Val de Marne

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Ceci est en fait l'histoire de la philosophie et de la logistique, des sciences et des techniques. Avec la physis et les mathématiques se développa l'astronomie, la métallurgie, l'alchimie précédant la chimie, la mécanique, l'électricité. La connaissance se transmutait en savoir 1.2 DE LA VOLONTE DE SAVOIR A LA THEORIE DES SYTEMES Cette recherche de savoir est liée naturellement à la recherche de pouvoir au sens positif du terme c'est-à-dire la capacité à maîtriser les choses, d'abord soi et ensuite son environnement pour pouvoir continuer à vivre, mais aussi pouvoir au sens négatif du terme, c'est-à-dire la capacité de domination que donne la possession du savoir. Ce savoir des choses devenu un savoir sur les choses a permis ainsi à l'individu de se donner les moyens de les arranger sinon de les combiner ou de les maîtriser. C'est dans l'étape contemporaine de cette volonté de savoir et de maîtrise que nous situerons la Théorie des systèmes et la dynamique de ces mêmes systèmes Nous poserons d'abord que la Théorie des Systèmes s'intéresse au système parfait et que la Dynamique des systèmes concerne tout ce qui est fait pour se rapprocher du modèle .. Dans un système parfait chacun est à sa place et remplit son rôle en relation avec les autres. La dynamique des systèmes peut ainsi se définir comme étant la confrontation entre la "raison et la réalité" (D. Agostini ), ou encore nous dirions que la dynamique des systèmes est la confrontation entre la théorie conçue comme la résolution parfaite de la dialectique et la pratique conçue comme dynamique chaotique au sens de théorie du chaos régulée par quelque chose que l'on ne saurait bien dénommer . Pour ce qui nous concerne c'est l'histoire de cette confrontation entre la théorie et la pratique dans les organisations que nous allons aborder . Nous nous aiderons en cela de B. Lussato (12) et en reprenant la succession des écoles d'Organisations telles qu'il les a présentées dans son enseignement . 1.2.1 L'école classique L'Ecole classique de l'organisation du Travail est caractérisée par l'unité, déclinée en unité de lieu de temps et d'espace, unité d'action unité de structure. Elle est le modèle ou la théorie pure de l'Organisation désignée sous le terme d'Organisation Scientifique du Travail. Il s'agissait de comprendre et de poser les bases d'un système de production .Nous avons ici grâce à Taylor et Fayol, la définition du modèle de constitution de l'unité, sa hiérarchie:son principe de fonctionnalité avec l'autorité et la compétence et la pratique de celle-ci, leur impersonnalité, sa recherche d'économie de moyens, ses pratiques de contrôle, ses moyens de valorisation et de rémunération. Ce que l'on pourrait définir comme la "Théorie du Système Entreprise " . Ce que d'ailleurs tout individu qui travaille, dénomme "le système" . 1.2.2 L'école du comportement Toute théorie n'étant qu'un modèle aussi parfait soit-il et d'autant plus parfait soit-il , ne 'colle' pas à la réalité, il donne la direction vers laquelle on doit tendre. La réalité est quant à elle mouvante, changeante et chaque élément a sa vie propre. Il n'est pas innocent que ce soit une femme Mary Parker Follett qui ait cherché à faire coïncider la théorie et la pratique et qui ait

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raisonné en terme de Dynamique de système en insistant sur la coordination et sur la communication nécessaires à toute action pour qu'elle soit efficace. Rejetant le concept d'autorité et le remplaçant par son complémentaire, celui de la compétence, l'Ecole du comportement insiste "sur les relations pour les relations" pensant qu'elles suffisaient à motiver les individus . Le raisonnement n'est plus au niveau de l'individu mais du groupe. C'était oublier toutefois que pour avancer il faut une finalité qui permet aux individus de se dépasser. 1.2.3 l'école mathématique

Arrive la deuxième guerre mondiale et ce qui va avec : les moyens, la mobilisation des cerveaux et des dernières technologies, la recherche pluridisciplinaire. Il ne s'agit plus de s'intéresser à la compétence ni chercher à comprendre comment ils se motivent, il s'agit de savoir comment conduire un système, il s'agit de savoir comment conduire un système en période incertaine. Dans cette situation se développe ce qui a été désigné comme 'l'Ecole Mathématique' dont on peut dire qu'elle est la base de la Dynamique des systèmes. La compétence est ici donnée aux outils. Cette école se caractérise par la quantification des phénomènes et l'apparition de disciplines telles que la Recherche Opérationnelle, l'Informatique, l'Econométrie, la comptabilité etc.... tout ce qui permet l'analyse, le contrôle et la simulation pour aboutir à la prévision . Elle est caractérisée par l'émergence de la Cybernétique Jay Forrester , père de la systèmique moderne, explique lui -même cette émergence 'Au Massachussets Institute of Technology à la fin des années 1940 se développe un puissant mouvement de recherche de la compréhension de la dynamique des systèmes complexes . Les fondations étaient posées dans les années 1930 à partir des travaux de Yannebar Bush qui avait construit son analyseur différentiel pour résoudre les équations de certains problèmes industriels simples. Posant qu'un ensemble d'équations est un modèle du système qu'ils représentent . Posant qu'un modèle décrit les règles qui gouvernent le système environnant. L'analyseur différentiel établit la relation avec les équations qui sont des instructions . C'est à ce moment que Norbert Wiener développe son concept de système de feedback, qui deviendra plus tard la Cybernétique. Harold L. Hazen a écrit les premiers papiers introductifs dans le champ des systèmes de feedback qui était connu sous le nom de "servo-mécanisme" Dans les années 1940 Gordon S. Brown créait le Laboratoire de "Servo-mécanismes"dans lequel la théorie du système de feedback était exposée, enregistrée , enseignée et (radiated,)? dans les années 1950, Jay Forrester, auteur de ce livre, était Directeur du Laboratoire d'Informatique digitale et de la Division 6 du Laboratoire Lincoln où les ordinateurs digitaux étaient utilisés pour la première fois pour des simulations et depuis 1956 lui (Jay Forrester) et un groupe d'associés à l'Ecole de Management Alfred Sloan du MIT , ont approfondi les développements précédents pour (cope) avec la très grande complexité des systèmes sociaux " (13) 1.2.3.1 Emergence de la Cybernétique C'est aussi dans les années 1940 qu'apparaît un important mouvement de réflexion et de recherche en collaboration notamment avec le physiologiste Rosenblueth , le psychiatre Mac Cullogh et le neurologue Lorente de No et les chercheurs américains les plus marquants dans leur discipline propre. On y trouve également Bateson, Walter Pitts, Margaret Meed. La finalité était de comprendre la dynamique des systèmes complexes. Ce fut la naissance de la cybernétique à savoir un"Champ entier de la théorie de la commande et de la communication,

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soit dans la machine soit dans l'animal". C'est ainsi qu'elle est définie par Wiener lui-même dans son ouvrage "Cybernetics" Cet ouvrage selon le rapport qu'en fait Louis Couffignal paraît aussi idéologique que scientifique. Nous pourrions noter incidemment que, curieusement d'ailleurs, ceci semble toujours être la cas de ceux qui "entrent "dans le raisonnement cybernétique ou de la pensée "système" et qui la pratiquent .En fait la cybernétique est vécue comme une révolution de la pensée au même titre que ce qui s'est produit au Moyen Age où Dieu a disparu et le Nominalisme a pris son importance . L'hypothèse que nous pouvons faire est que ceci est vécu comme une révolution du fait qu'elle supprime les champs scientifiques en cherchant à dépasser les catégories classiques de la connaissance pour arriver au cœur de la connaissance et comprendre ce qui fait "çà" et comment "çà"bouge quelque soit le "çà" : le monde , un pays, l'entreprise, un secteur économique ou l'individu. Wiener tend à démontrer dans un premier temps que "le mécanisme qui se trouve le plus fréquemment semblable à lui-même dans l'animal et la machine est incontestablement le mécanisme réflexe, "le feed-back" exemples à l'appui dans toutes les disciplines : la mécanique, la biologie, la psychopathologie , l'information, le langage et la société... Pour essayer nous-même de nous y retrouver examinons l'étymologie de Cybernétique.. Cybernétique vient du grec kubernêsis (kyber; gouvernail ) et " tique" , impliquant un recours à la technique, ce qui veut dire littéralement l'art de gouverner un bateau , ce qui implique déjà le voyage, son départ, son point d'arrivée , les aléas liés aux vents et aux tempêtes , tout ce qui peut s'identifier à la" technique de conduite des systèmes" ou "à la conduite technique des systèmes" ou encore "l'art de gouverner". Aucune de ces définitions ne renvoie à la même chose en sachant de plus qu'il faut y ajouter toutes les imprécisions liées à la traduction et toutes les interprétations dues à la culture. Plusieurs tendances vont ainsi pouvoir se réclamer de cette définition. La cybernétique définie par Wiener lui-même et par Couffignal est conçue comme la technique de gouvernement , du guidage des machines, et plus largement de l’action .Cette définition est critiquée par F . Russo dans sa conférence dà Namur en 1958du fait de leur manque de précision quant à la nature même de ce qu’elle est.Que la cybernétique soit conçue en terme de gouvernement des machines ou en terme de guidage, elle implique « que l’on mette en jeu de l’énergie mais aussi de l’information » La cybernétique est généralement présentée comme la science des mécanismes auto-régulés dont l’objet principal est l’étude des relations entre systèmes gouvernants (contrôle) et systèmes gouvernés. La caractéristique de la relation entre ces deux systèmes est donnée par la notion « d’action en retour» ou « feed-back » dont la compréhension la plus facile est celle du thermostat d’un fer à repasser fixant la température dans une fouchette déterminée inscrite dans un programme correspondant à la matière du linge à repasser sans que la personne ait à connaître la manière dont fonctionne le thermostat . Ce fer à repasser n’est qu’une « boîte noire » dans laquelle « entrent » des informations et de laquelle « sortent » des informations (l’information étant ici la température) qui sont traitées en fonction de la finalité qui a été assignée au système. La dynamique fondamentale sur laquelle repose la cybernétique est l’homéostasie qu’il s’agisse d’électro-mécanique (fer à repasser) ou de biologie (température du corps humain). C’est l’homéostasie qui va permet de prendre comme modèle de base : la boîte noire, les input, les output la situation initiale, la situation finale qui implique naturellement comme le rappelle F. Russo

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1) des organes de perception réalisant l’automatisation de fonctions assurées jusque là par l’homme qui constituent des capteurs d’information. 2) des organes de transmission de l’information 3)des organes de stockage d’information ou mémoires auxquels s’ajoutent

a) des dispositifs de rétro-action ou feed-back , base de l’asservissement et du contrôle automatique du fonctionnement des machines

b) des dispositifs de calcul A cela le docteur Bize (14) ajoutait naturellement le « feed-before », ce en quoi nous ne pouvons qu’approuver car comment contrôler ou conduire si nous n’avons pas l’idée anticipatrice de la direction ou de la pré-vision de l’objectif à atteindre définissant l’action à mener. La cybernétique , dans la mesure où elle induit la notion de conduite et implicitement celle de devoir redresser la barre en cas de tempête pour atteindre l’objectif, renvoie à un certain nombre de mythes tels ceux d’Ulysse, d’Héraclès et pourraient s’identifier à la marche des Rois Mages conduits par l’Etoile Polaire. Se repérant à elle pendant leur marche , elle leur permettait de ne pas s’égarer et, tout du moins à revenir sur le « bon » chemine. Ils inauguraient peut-être ainsi les tableaux de bord dont nous reparlerons. Nous allons les examiner toutes en suivant l'exposé fait par François Russo lors du premier Congrès de Cybernétique en 1956 à Namur Ainsi dit il : Certains vont donc inclure les dispositifs tels que - les télécommunications par fil ou radio - les dispositifs d'enregistrement et de restitution de son - les dispositifs d'asservissement et de régulation et, plus largement - les dispositifs autogouvernés et de commande électronique des machines - les dispositifs auto-percepteurs en liaison directe avec le milieu extérieur sans intervention de l'observateur humain - les machines à calculer mécaniques et électroniques - les machines dites "sémantique" capables d'opérations logiques, aptes à manipuler

les informations contenues dans le langage, et réalisant une mécanisation des tâches de documentation

- les automates électroniques capables de performance rapprochant leur comportement de celui d'organismes vivants: adaptation, recherche d'équilibre. .......... La cybernétique définie par Wiener lui-même et par Couffignal est conçue comme la technique de gouvernement des machines, du guidage et plus largement de l'action. Cette définition est critiquée par François Russo dans la conférence qu'il a prononcée dans le cadre du 1er Congrès de Cybernétique à Namur en 1958 compte tenu de leur manque de précision quant à la nature même de ce qu'elle est. Que la cybernétique soit conçue en terme de gouvernement des machines ou en terme de guidage de l'action elle implique "que l'on mette en jeu de l'énergie mais aussi de l'information". La cybernétique est généralement présentée comme la science des mécanismes autorégulés dont l'objet principal est l'étude des relations entre systèmes gouvernants (control) et systèmes gouvernés. La caractéristique de la relations entre ces deux systèmes est

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donnée par la notion d'action "en retour" ou "feed-back "dont la compréhension la plus facile est celle du thermostat d'un fer à repasser qui fixe la température dans une fourchette déterminée, inscrite dans un programme correspondant à la matière du linge à repasser sans que la personne qui repasse ait à connaître la manière dont a été fabriqué le thermostat. Ce fer à repasser n'étant qu'une "boîte noire" dans laquelle "entrent" des informations et de laquelle sortent des "informations (l'information étant ici la température) traitées par l'unité en fonction de la finalité qui lui a été donnée. La dynamique fondamentale sur laquelle repose la cybernétique est donc l'homéostasie qu'elle soit électro-mécanique (fer à repasser ) ou qu'elle soit biologique comme la température du corps humain. C'est l'homéostasie et ce que cela suppose qui permet de prendre comme modèle de base : "la boîte noire", les "Input"," Output", "la situation initiale", la "situation finale" , qui impliquent naturellement comme le rappelle François Russo 1- des organes de perception réalisant l'automatisation de fonctions assurées jusque là par l'homme qui constituent des capteurs d'information 2- des organes de transmission de l'information 3- des organes de stockage d'information ou mémoires auxquels s'ajoutent : - des dispositifs de rétro-action ou feed-back base de l'asservissement et du contrôle automatique du fonctionnement des machines -des dispositifs de calcul Comme le souligne encore François Russo, un des traits caractéristiques de la révolution cybernétique est la prise de conscience de la fonction essentiellement informationnelle de dispositifs dont la nature n'avait pas été jusqu'ici clairement explicitée". La cybernétique inaugure donc l'ère de l'information mais principalement une "information binaire', l'information capable d'être traitée par les machines confondant signal et information en installant définitivement la confusion et donnant le prééminence à la logique binaire sur tout autre logique . Mais la cybernétique peut aussi s'identifier à la conduite de l'action et dans cette acception nous pourrons toujours avec F. Russo en montrer l'étendue telle qu'il l'a conçoit à l'époque appuyant la définition que lui-même en fait 'la cybernétique est l'art d'assurer l'efficacité de l'action" - Actions individuelles de l'homme sur les êtres physiques, industries, médecine etc. - Actions psychiques de l'homme sur l'homme : art de la parole ; de la discussion , du commandement , pédagogie, commerce, publicité, relations humaines etc....... - Actions des sociétés humaines : organisation scientifique du travail, productivité, stratégie - Machines, automatisation du guidage, machines ˆ programme, feed-back , homéostat, etc.... Insistons comme il le fait "sur l'influence de l'attitude cybernétique sur la logique et l'activité rationnelle de l'esprit, c'est-à-dire sur la cybernétique considère comme méthode de raisonnement. Que l'art de raisonner juste importe à la cybernétique est d'une banale évidence.

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Mais, analyser la structure des raisonnements en vue de faciliter l'usage de cet art est de la cybernétique même. Aristote a formulé certaines règles permettant de construire des raisonnements probants. Ces règles donnent des moyens divers de construire une proposition vraie ˆ partir de deux propositions vraies, Ce sont des raisonnements dyadiques. En enchaînant des raisonnements dyadiques on constitue des raisonnements qui peuvent atteindre une grande longueur et faire intervenir un nombre élevé de propositions; ce nombre est même, a priori, illimité. Jusqu'au début du XXe siècle, les raisonnements étaient exprimés dans le langage ordinaire ou dans le symbolisme des mathématiques; dans les deux cas, l'attention se portait surtout sur les êtres représentés par ces symboles, et moins sur la structure des raisonnements eux-mêmes. Les logiques symboliques ont dépouillé les symboles de leur contenu sensible, et ajouté des formules plus complexes aux formules fondamentales exprimant les règles d'Aristote: une logique symbolique souvent recommandée est l'algèbre de Boole. Toutes ces formules énoncent un moyen de construire une proposition vraie à partir de propositions vraies. Observée d'un esprit cybernétique, la logique apparaît comme un ensemble d'opérations construisant à partir de symboles donnés des symboles résultats qui sont retenus comme vrais s'ils satisfont à certains critères préétablis. Elle s'analyse ainsi: Milieu extérieur: les symboles connus.

-But: un symbole construit en en combinant plusieurs autres et qui satisfasse à des critères de vérité connus. -Programme usuel : une suite d'opérations dyadiques.

Ces constatations faites, le cybernéticien cherchera à remplacer ce programme usuel par un programme plus simple. Si ce programme n'est pas composé d'opérations dyadiques il n'importe; il suffit qu'il atteigne le but. (L'homme de science, à la différence, trouverait satisfaction à imaginer un programme dyadique de plus). Or des progrès dans la logique d'esprit cybernétique ont déjà été obtenus dans deux voies: Ross Ashby a montré qu'un rôle important des simulateurs dans l'étude des phénomènes naturels serait "de représenter matériellement des systèmes compliqués dont les relations mutuelles s'exprimeraient par un nombre si élevé d'opérations dyadiques que l'esprit humain ne saurait les saisir," 1.2.3.2.Le congrès fondateur de la cybernétique en Europe . Namur en 1956 (15) Le premier congrès est organisé à Namur en 1956 , destiné à "promouvoir" la cybernétique et son esprit qui ne manquait pas de soulever des questions sur sa nature même comme nous l’avons souligné plus haut . Etaient présentées des communications entrant dans quatre "sections" "Principes et Méthodes de la Cybernétique" dans laquelle entrait la Conférence de F. Russo, mais aussi des conférences orientées plus directement sur l'information qui se retrouveront dans la dernière section " Les machines sémantiques " à savoir les ordinateurs "l' automation "à savoir l'utilisation des mécanismes automatiques dans les processus industriels tels qu'à la SNCF et les conséquences sociales de l'automation enfin "La Cybernétique et la vie" où l'on voit apparaître

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La modélisation qui oblige à se poser la question de la pertinence des 'informations' introduites dans les modèles . L'observation des animaux, leur comportement et la simulation d'organismes dans la forme la plus simple (ou dite simple) telle que " La Tortue de Vienne et les autres travaux cybernétiques par Heinz Zemanek (Autriche), Toutefois pour ce qui concerne la simulation des animaux on peut dire que ceci reprend ce qu'à commencé Léonard de Vinci . Les machines qu'il a construites sont une imitation de la nature ce qui suppose une grande observation. Il était sûrement cybernéticien sans le savoir, s'il ne possédait pas d'ordinateur, il connaissait les mécanismes et les proportions . Il ne simulait pas mais construisait , il raisonnait plus en action qu'en réaction . 1.2.3.3 Le deuxième Congrès de Namur 1958 (16) Au deuxième congrès de Cybernétique à Namur en 1958, les tendances se précisent même si d'emblée le Président se dit soulagé en constatant qu'il n'est pas spécialisé et très diversifié, en fait nous pouvons dire que le champ s'est structuré comme le montre le sommaire du Programme des Conférences de Travail : Conférences générales The economic and social effects of automation, by M. John DIEBOLD, President of John Diebold an d Associates Inc., New York. Science, technique, cybernétique, par M. Louis COUFFIGNAL, Inspecteur général de l'Instruction Publique de France , Directeur du Laboratoire de Calcul mécanique de l'Institut Blaise Pascal, Paris. Introduction à un schéma de l'homme, par M. Aurel DAVID, Docteur en Droit, Chargé de Recherches au Centre National de la Recherche Scientifique, Paris. The irrelevance of automation, by M. Stafford BEER, Head of Department, the United Steel Companies, Ltd, Sheffield. L'automation en pratique.-Où en sommes nous ? par M. Robert J. VAN EGTEN, Ingénieur, Chef du Laboratoire Central d'électronique, S. A. Fabelta, Ledeberg-Gand. Requisite variety and its implications for the control of complex systems, by M. W. Ross ASHBY, Director of the Department of Research, Barnwood House, Gloucester. La cybernétique, nouveau mode de penser par M. Josse LEMAIRE, Administrateur-delégué de l'Association Internationale de Cybernétique, Namur. SECTIONS DE TRAVAIL Ire SECTION L'information. - Information. Sous la présidence de M. Louis COUFFIGNAL, Inspecteur général de l'Instruction Publique de France, Directeur du Laboratoire de Calcul mécanique de l'Institut Blaise Pascal, Paris.

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IIe SECTION Automatisme. -Automatic machinery. Sous la présidence de M. Heinz VON FOERSTER, Professor at the University of Illinois, Urbana. III' SECTION Automation. Automation. Sous la présidence de M. Robert J. VAN EGTEN, Ingénieur,Chef du Laboratoire Central d'électronique, S. A. Fabelta, Ledeberg-Gand. IVe SECTION Effets économiques et sociaux de l'automation. - Social and economic effects of automation. Sous la présidence de M. Michel TCHICALOFF, Docteur en Médecine, Médecin-adjoint ˆ l'Institut Universitaire de Physiatrie, Genève. Ve SECTION La cybernétique et les sciences sociales. - Cybernetics and the social sciences. Sous la présidence de M. Lucien MEHL, Maître des Requêtes au Conseil d'état, Directeur des Stages à l'Ecole Nationale d'Administration, Paris. VIe SECTION Cybernétique et biologie.- Cybernetics and biology. Sous la présidence de M. Gaston ISAYE, Professeur au Collège Philosophique Saint Albert, Louvain. La première section portant sur l’information est la plus importante .On ne dénote pas moins de 30 communications dans lesquelles sont traitées tous les aspects de l’information et son traitement qualitativement ou quantitativement. La seconde , celle concernant l’automatisme ne comporte qu’une dizaine de communications .L’aspect mathématique et technique des applications est toujours aussi présent . Les applications aux chemins de fer français le sont également ainsi que l’évocation de leurs conséquences sociales de l’ »automation » Les troisième et quatrième sections sont relatives à l’automation et se préoccupent des aspects techniques et sociaux de l’automation dans les entreprises. Elles ne comptent elles deux , que douze conférences car leur thème n’est pas un problème central de la cybernétique. La cinquième section porte sur « la cybernétique et les sciences sociales », l’atelier correspondant ressemble à un patchwork et ne montre pas un problème central de la cybernétique.

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Par contre la sixième section porte « cybernétique et biologie » requiert nombre de conférenciers et l’on suppose nombre de participants où l’on voit naître dans ce Congrès une présentation par Louis Challier de l’ébauche de son « Premier Traité de Cybernétique » intitulée « La cybernétique et la psycho-neuro-physiologie ou chapitre premier du traité de cybernétique , science absolue », ce qui en dit long sur l’idéologie qu’il engendre. La définition de la cybernétique ou chapitre premier du traité de cybernétique , science absolue ce qui en dit long sur l'idéologie qu'elle engendre. La cybernétique apparaît ici être un nouvel humanisme où l'étude de toutes les disciplines réunies" permettront de connaître en dehors de la simple biologie, l'homme sous toutes ses formes : l'homme macroscopique, l'homme en équation, l'homme juridique, l'homme érotique, l'homme mathématique, l'homme politique, et l'homme sociologique....où tous les espoirs sont permis pour (ou contre) l'homme.Ceci confirme les premières impressions de François Russo. Il y annonce la création du Groupe Campbell « dont la doctrine, en vue d’applications industrielles destinées à accroître la productivité donc la rentabilité des entreprises dont le profit serait alors tourné vers les besoins de l’homme ». C'est cette conception qui a animé les chercheurs en biologie et permet à François Jacob d'affirmer que la biologie moléculaire a désacralisé l'individu (17) Nous voyons ainsi apparaître l’observation des individus: leur physiologie , leur psychologie et leur fonctionnement mental, leur processus d'acquisition des connaissances , leur système nerveux et sensoriel , les processus de mémorisation et les analyses de comportement de l'individu comme le fait le Dr Jacques Sauvan avec sa notion d'épigénèse L’on constate donc un intérêt accru aux sciences sociales , à la biologie et à la psychologie de l’individu tel que ceci apparaît dans la Conférence Générale d’Aurel David.et celle de Miroslav Valach sur « l’Information dans le monde vivant et non vivant » . Sont posées les questions ‘d’objectivité’ et de ‘subjectivité ‘ de l’information, ou celle de la théorie de la connaissance, et les problèmes de langue et de langage . La définition de la cybernétique évolue bien qu'elle soit aussi variée que les types de conférenciers. A titre d’exemples, nous reprendrons les conférences plénières : John Diebold , présenta un plaidoyer pour l'automation et ses effets sur l'économie notamment en termes de productivité en n'ignorant toutefois pas les problèmes potentiels de chômage et de changement obligés - Conseil en management il donne d'abord à celui ci des principes de conduite de base à respecter dans cette dynamique . Pour conclure , il constate que tout changement implique des risques et que des changements majeurs impliquent des risques majeurs et que cela n'est pas une raison pour ne rien changer, ce qui veut dire revenir en arrière Ces changements doivent être l'affaire des managers et des travailleurs et requièrent un haut degré"d'orchestration sociale" dans l'industrie. . Revenant sur la définition qu'il avait donnée de la Cybernétique au 1er Congrès, Louis Couffignal précise que " la Cybernétique se présente comme une méthodologie de l'action et son mode de raisonnement : le raisonnement analogique ", La cybernétique, dit -il accorde une égale valeur rationnelle à toutes les représentations que l'on peut faire d' un système, tant conceptuel que matériel, et donne la préférence ˆ celle, abstraite ou concrète, modèle dialectique ou modèle physique, qui est la plus efficace pour l'action (p. 22 )

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Qui dit action, dit action d'un individu sur son milieu extérieur ce qui suppose un minimum de connaissance sur ce milieu, sur ce qu'il est et comment il se comporte ce qui donne à la communication autant d'importance qu'à la commande et c'est ce champ de connaissances opératoires dénommé "pattern" que l'on développera plus tard sous le concept d'intelligence artificielle. Pour être encore plus clair encore sur la définition qu'il donne à la cybernétique il déclare:" La science décrit la plus vaste partie possible de l'univers en forme de déductions ˆ partir d'axiomes," qui sont les propositions les plus abstraites de l'ensemble. La cybernétique décrit la partie du milieu extérieur où doit se développer une action par analogies à partir de concepts de base, qui sont des modèles dialectiques élémentaires les plus voisins possibles des patterns de connaissance immédiate. Et assez curieusement , en visionnaire peut-être ou en homme sage, il prévenait à sa manière des limites à ne pas dépasser sous peine d'efficacité nulle et rappelait à tout homme de science sa responsabilité . Aurel David, en juriste qu'il était posait le problème du travail" clair" comme le travail scientifique et du travail "obscur" comme sont toutes les activités de l'être humain et mettait ses espoirs dans la cybernétique pour faire coïncider les deux . Avec Stafford Beer qui intervenait de manière provocante sur la non pertinence de l'automation. Il proposait que soit reposée la véritable nature de la cybernétique et incitait ˆ aller plus loin que le feedback ; "nous parlons de structure et de dynamique quand nous parlons de commande (control) " disait-il préparant en cela l'évolution de la cybernétique vers la théorie des systèmes. Quant à Robert J. van Egten il déplorait la "lenteur" d'automation des industries -Après avoir été contre il devenait plus qu'un adepte mais un prosélyte, prêt à convertir même ceux qui l'étaient déjà. Toutefois pour la première fois quelqu'un évoquait le problème de la distribution dont il reconnaissait qu'elle était une voie particulièrement tortueuse et se demandait de combien l'automation dans la distribution ferait diminuer le prix de vente au consommateur : C'était un peu en avance mais pas tant que cela -nous sommes en 1958 W. Ross Ashby bien connu dans le monde de la cybernétique traitait de la complexité et de ses implications pour le contrôle des systèmes complexes. Ré expliquant la variété et son traitement, il rappelait que la variété est réduite par les potentialités des moyens de traitement de celle-ci sans oublier que le régulateur contrôleur d'erreurs n'est pas fiable à 100 % et il est donc nécessaire de réajuster .Il rappelait également que cette réduction de variété se fait aussi à partir de ce que l'on pourrait désigner sous le vocable de "but" ou de "condition focale" ou de finalité. A partir du concept de la théorie de la communication il donnait du message dans la régulation des systèmes une définition "amusante : le message est une entropie nulle car il n'induit aucune perturbation même chose pour le "but" dans un système en homéostasie , autrement dit, un message serait en quelque sorte un non message Soulignant que notre appréciation des choses comme l'intelligence est soumise aux moyens de mesure, rappelant d'une part que les méthodes classiques dans les systèmes complexes ne sont pas valables et d'autre part que pour comprendre un système, il faut prendre un modèle qui soit isomorphique au système que l'on veut comprendre . Enfin, pragmatiquement il rappelait les trois caractéristiques de la recherche opérationnelle à savoir :

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La première caractéristique est qu'il n'est pas nécessaire de comprendre entièrement un système complexe pour le commander qu'il n'est pas nécessaire de savoir pourquoi mais de savoir comment le commander Le deuxième point est qu'il n'est pas nécessaire de collecter plus d'information qu'il ne faut pour diriger une activité Le troisième point est que les solutions qui sont valables aujourd'hui ne le seront pas forcément demain Nous ne saurions mieux comprendre ce qu'est et ce qu'implique la conduite de systèmes quel que soit celui-ci. Ceci implique une règle d'économie de traitement des données pertinentes. Josse Lemaire, dernier intervenant des Conférences Générales apporte sa propre vision de la cybernétique "à partir de deux notions qui se dégagent et s'accrochent à elle: celle de comportement et celle d'organisme complexe" . Mettant tous ses espoirs dans la cybernétique pour résoudre tous les problèmes du monde il ne lui restait plus qu'à laisser les participants travailler dans les différentes sections telles qu'elles sont mentionnées plus haut Louis Couffignal dans son opuscule en 1958 (18) confirmait cette impression qu’il était possible d ‘avoir après ce congrès.Dans le bilan qu’il faisait de dix ans de cybernétique il signalait les progrès réalisés en physique, dans les télécommunications à partir de la théorie de la quantité d’information, et ce que « la pensée cybernétique » a apporté dans le domaine de la mesure et des instruments de mesure grâce à Denis Gabor et Léon Brillouin en biologie, avec les travaux américains de Warren Mac Cullogn , les neurologues. Toutefois il lui semblait assez singulier de vouloir « fonder une doctrine sur la considération des êtres les plus frustres qui sont les machines en vue de l’étendre aux êtres les plus compliqués, pour lesquels elle risque de n’être pas valable », que « c ‘était dans l’homme et non dans les machines qu’il fallait pouvoir espérer trouver l’essentiel.(p. 6) Il a dû lui sembler nécessaire de repositionner le problème et il le fait en resituant la cybernétique dans une pensée rationnelle, celle de l’action - une action impliquant un but. De ce fait , il orientait la cybernétique vers le concept de système ouvert où il y a inter-action entre l‘élément agissant et le milieu extérieur où il y a une décision d’agir qui implique un programme d’action qui permet ensuite un guidage de l’action et qui suppose que l’on " traite " des informations dont le symbolisme et dont le modèle de traitement sont représentatifs du domaine considéré .Ces informations lui valent un chapitre particulier expliquant ce qu’elles sont et « leur traitement » Après avoir expliqué que la cybernétique n’est ni une science ni une technique mais qu’elle est un art : l’art d’assurer l’efficacité de l’action. Il en donne les domaines d’application et redonne les concepts de base. Nous ne sommes pas encore ou toujours pas dans la Théorie des Systèmes. En effet celle-ci exige une conception particulière des choses, nous sommes dans le monde de la cybernétique. Toutefois nous pouvons dire à ce stade, que pour la première fois, le monde de la physique et celle du vivant se rencontrent, que la vie et la mort sont liées. 1.2.4 Emergence de la pensée système 1.2.4.1 l’école des systèmes sociaux

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En 1951, Ludwig von Bertalanffy publia quant à lui sa « Théorie Générale des Systèmes physique, biologie, psychologie, sociologie , philosophie » (19) .Sa théorie a été révélée par un article de Kenneth Boulding en 1959 qui a induit les travaux de l’école de Seattle. Il affirme dans cet ouvrage que « le problème méthodologique de la théorie des systèmes est donc de s’occuper des problèmes de nature plus générale que les problèmes analytico-sommatifs de la science classique » Il revient à Ludwig von Bertalanffy d’avoir fait connaître « la théorie de la forme » de Kölher à savoir que « le Tout est supérieur à la somme des parties « l’interaction fait l’énergie du système pris comme unité et la dissociation libère des énergies - ce que l’énergie nucléaire a d’ailleurs parfaitement illustré .

Ceci permet de comprendre corrélativement que les relations qui unissent les parties pour former un tout ont autant d’importance sur le comportement du tout que leur composition, ce qui nous le verrons est vrai mais doit être largement nuancé. Ceci fait aussi comprendre que tout élément appartenant à un Tout est différent de celui qui n’appartient pas à ce Tout du fait même de l’appartenance à ce Tout . Nous n’avons peut-être pas épuisé tout ce qu’implique cette théorie. C’est en effet à Köhler en 1924 avec le « physical gestalten » puis à Lotka en 1925 que nous devons d’avoir formulé cette propriété qui sera reprise plus tard et appliquée à toutes les unités du vivant. Cette propriété de l’unité impliquait en même temps qu’à l’intérieur de celle-ci, des forces agissent pour que l’unité ne se dissolve pas. Nous retrouvons la problématique d’Epicure à laquelle s’ajoute le fait que les Dieux n’existent plus, que la compréhension de la formation des éléments et du mouvement des choses dans le temps et dans l’espace doit se trouver au sein de l’unité elle-même. Les analyses des psychologues industriel bénéficient des avancées de la connaissance en psychologie et en psychiatrie, en psycho-sociologie et des travaux de la biologie . C’est l’époque des mathématiques des ensembles, du structuralisme dans les sciences humaines , du nouveau roman en littérature et sa suppression du sujet. C’est l’époque de la musique sérielle et de l’art abstrait , de la naissance et l’apogée des trente Glorieuses, du développement des multinationales. C’est dans ce contexte que se développe en Management « le Mouvement psychosociologique et l’école des systèmes sociaux. Cette école très connue dans l'histoire des "systèmes" reprend et s'appuie sur la Gellstat Theory en reprenant les concepts précédents. Elle est d'essence psycho-sociologique et travaille sur les ajustements des parties au sein de l'unité compte tenu de la finalité de l'entreprise, ce qu'Henri de Saint Simon avait formulé par "travaillent tous dans un but commun" .Les leaders de cette école sont Chester I. Barnard , Herbert Simon (Carnegie Institute of Technology) Igor Ansoff , Richard M. Cyert et James E. March Leur principale préoccupation fut de traiter des problèmes de communication et de conflit sûrement parce que ce type de problème devait être à résoudre à ce moment là. A cela, après l'évènement de la cybernétique s'ajoutait le problème de la décision . La conduite des systèmes impliquait qu'à un moment ou à un autre celui-ci soit abordé. Nombre de débats ont eu lieu .Ceux-ci ont conduit naturellement au problème de la représentation dont il va être question de nombreuses fois . L’école des systèmes sociaux est une synthèse de tout ce qui a été développé précédemment par Mary Parker Follet et par l'école du comportement, à savoir la motivation, la satisfaction, l'implication,la communication,la relation mais surtout la représentation que l'on se fait des choses à partir du système sensoriel et qui va impliquer la manière dont les problèmes vont être abordés .

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Tous ces mouvements ont induit plusieurs directions de recherche en matière de système , la première est de faire avec Von Bertalanffy la revue des "approches" liées à une "pensée système" . Cette classification se fait soit à partir des problèmes à régler soit à partir de mathématiques impliquées. Nous noterons que ce type de problématique alimente encore les débats des chercheurs chacun se voulant peut-être plus orthodoxe ou plus pur ou plus "pratiquant" que les uns ou que les autres. Ceci induit naturellement une confusion entre analyse système, dynamique des systèmes, modélisation et outil. Ces approches,Von Bertalanffy les classait avec l'aide de Drischel ainsi en 1971: La théorie des systèmes " classique " utilise les mathématiques classiques, c'est-à-dire l'analyse. Son but est d'énoncer des principes s'appliquant aux systèmes en général ou à des classes précises de systèmes (systèmes fermés ou ouverts par exemple), de fournir des techniques pour leur étude et leur description et de les appliquer à des cas concrets. La généralité de telles descriptions nous permet de dire que certaines propriétés formelles s'appliqueront à n'importe quel être considéré comme un système (ou un système ouvert, ou un système hiérarchique, etc.), même si on ne connaît pas et si on n'étudie pas sa nature particulière, ses éléments, leurs relations, etc. L'informatique et la simulation. Les ensembles d'équations différentielles simultanées servant de " modèle " ou de définition d'un système sont, dans le cas linéaire, pénibles à résoudre, même s'il y a peu de variables; dans le cas non linéaire, hormis quelques cas particuliers, on ne sait pas les résoudre (tableau 1.1). Les calculateurs ont donc ouvert une nouvelle voie d'approche à l'étude des systèmes..... Ainsi peut-on traiter des systèmes qui dépassent de loin les mathématiques classiques; La théorie des compartiments .C'est un système formé de sous-unités possédant certaines conditions limites entre lesquelles ont lieu des processus de transport. (le modèle est celui de la liaison linéaire entre les sous-unités ou un modèle de centralisation des unités à partir d'un pôle ) La théorie des graphes. Beaucoup de problèmes posés par les systèmes portent sur leurs propriétés structurelles ou topologiques plutôt que sur des relations quantitatives. Certaines approches se penchent sur ces problèmes. La théorie des graphes, en particulier la théorie des graphes orientés (di |graphes), élabore des relations structurelles en les représentant dans un espace topologique. La théorie des réseaux à son tour est liée à la théorie des ensembles, à celle des graphes, celle des compartiments, etc., et s'applique à des systèmes tels que le réseau nerveux (par ex. Rapoport, 1949, 50). La cybernétique est la théorie des systèmes contrôlés fondée sur la communication (transfert d'information), système-environnement et interne au système, et sur le contrôle (rétroaction) de la fonction du système en ce qui concerne l'environnement. Comme on l'a déjà dit et comme on le reverra plus loin, ce modèle est très utilisé mais on ne doit pas l'identifier avec la " théorie des systèmes " en général.

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La théorie de l'information au sens de Shannon et Weaver (1949), est fondée sur le concept d'information qui est défini par une expression isomorphe à l'entropie négative de la thermodynamique. D'où l'espoir de pouvoir utiliser l'information comme mesure de l'organisation (cf. p. 40; La théorie des automates (voir Minsky, 1967) est la théorie des automates abstraits avec entrée, sortie, possibilité d'essai-erreur et d'instruction. Un modèle général est fourni par la machine de Turing (1936). La théorie des jeux (Von Neumann et Morgenstern, 1947) est une approche différente mais qui peut être classée parmi les systèmes car elle s'occupe du comportement de joueurs supposés rationnels ; ils veulent maximiser leur gain et minimiser leur perte grâce à une stratégie appropriée contre l'autre joueur (ou la nature). Elle concerne donc essentiellement un "système de forces " antagonistes précises. La théorie de la décision est une théorie mathématique du choix dans des alternatives. La théorie des files d'attente s'occupe de l'optimisation du service en cas d'affluence. Il nous est tout de même difficile, de considérer la théorie des jeux, celle de la décision et celle des files d"attente comme des théories entrant dans la théorie des systèmes. Il semble que ce soient plus précisément des méthodes de recherche opérationnelle ou de calcul que connaissaient Pascal puis Condorcet Outre ces classifications basées sur les mathématiques on citera toujours avec Von Bertalanffy Le modèle verbal . On rappellera que le premier modèle fut le modèle logistique c'est-à-dire une logique de raisonnement , que celle logique s'est construite à partir du langage pouvant être considéré comme le moyen de formalisation de la pensée. L'analyse de la structure de la phrase montre que la place des éléments au sein de celle-détermine complètement le sens et que chaque modification de place au sein de la phrase modifie le sens de la parole écrite ou parlée voire même l'inverser. L'algorithme du langage est l'algorithme premier. Il convient ici de s’arrêter quelque peu sur la langue en tant que système. Cette conception de la langue est due à Ferdinand Saussure . Elle fut exposée par lui dans son cours de linguistique à l’Université de Genève de 1906 à 1911(23). Pour lui , il y a par le fait ‘ une linguistique externe » d’où relèvent, avec la phonétique générale, l’étymologie « , l’histoire et la géographie des idiomes, et une linguistique « interne »dont ne relève que la langue, c’est-à-dire un produit social de la faculté du langage et un ensemble de conditions nécessaires adoptées par le corps social pour permettre l’exercice de cette faculté chez les individus’ La langue pour lui est un système d’éléments si étroitement liés que tout accident qui altère une de ses parties modifie par voie de conséquence tout le système .3là, disait-il , il est relativement facile de distinguer ce qui est externe de ce qui est interne ; le fait (que le jeu d’échecs) a passé de Perse en Europe est d’ordre externe , interne au contraire tout ce qui concerne le système de règles. Si je remplace des pièces de bois par des pièces d’ivoire, le changement est indifférent pour le système , mais si je diminue le nombre de pièces , ce changement là atteint profondément la grammaire du jeu. La langue ne se confond pas avec le langage, elle n’est qu’une partie déterminée , essentielle il est vrai. Le fait de distinguer le langage de la parole permet de distinguer d’une

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part ce qui est social de ce qui est individuel et d’autre part ce qui est essentiel de ce qui est accessoire ou plus ou moins accidentel. La langue est une fonction du sujet parlant , elle est le produit que l’individu enregistre passivement : elle ne suppose jamais de préméditation, et la réflexion n’y intervient que pour l’activité de classement La parole au contraire est un acte individuel de volonté et d’intelligence La langue distincte de la parole est un objet qu’il est possible d’étudier séparément ; « La langue est un système de signes qui expriment des idées, et par là, comparable à l’écriture, à l’alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse,aux signaux militaires…..etc. Elle est seulement le plus important des systèmes On peut donc concevoir « une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ».Elle formerait . une partie de la psychologie sociale et par conséquent de la psychologie générale, nous le nommerions sémiologie (du grec sémefon :signe). Elle nous apprendrait en quoi consistent les signes , quelles lois elles régissent puisqu’elle n’existe pas encore , on peut dire ce qu’elle sera mais elle a droit à l’existence, sa place est déterminée d’avance » En effet, la sémiologie a pris sa place avec Claude Lévy-Strauss.Il a développé l’anthropologie sociale où l’on voit les formes sociales fonctionner à la manière d’un langage (système de parenté, mythes symboles). Elle a également pris sa place avec Roland Barthes et son étude du langage littéraire, avec Klir et Vach analysant la structure des contes, avec A .J.Greimas travaillant sur l’étude du langage en général, dont nous devons dire que nous avons particulièrement ces trois dernier pour concevoir une analyse structurelle de documents technico-économiques liés à la rochrématique (24)

Nous ne saurions naturellement oublier la naissance du « structuralisme" et les travaux de Michel Foucault sur lequel nous n’étendrons pas notre propos compte tenu de sa notoriété ;

Nous nous rendons compte ici comment la notion de système a pénétré toutes les disciplines, ce qu’elle a permis de comprendre et de développer. Nous constatons combien, et à quel point les problèmes et les algorithmes sont différents et que leur utilisation est liée à ce que l'on cherche à comprendre ou fonction du problème à résoudre . La « conception système » a pénétré les sciences dites dures, les sciences humaines , la culture et le management Cette énumération induit naturellement une confusion entre : analyse système, dynamique des systèmes , modélisation et outils . L ‘« analyse système » , c’est-à-dire l’analyse des éléments et de leurs relations se veut quant à elle une analyse de la »réalité » rien que de la « réalité »du terrain. La « dynamique des systèmes » est pour sa part l’étude de la dynamique de l’évolution d’un élément considéré , résolvant des problèmes complexes intégrant plusieurs niveaux de logique , c’est-à-dire paradoxaux- Les éléments pris en compte peuvent être soit infiniment petit ou infiniment grand, ou moyennement petit ou grand - en référence à un modèle absolu( théorique par définition) constitutif du référent d’analyse . L'unité de la "dynamique des systèmes "ne peut se faire sans la prise en compte des systèmes eux-mêmes, du problème à résoudre, de ce qui fait leur homomorphisme et leurs dynamiques communes. Il nous semble évident que le raisonnement à adopter en dynamique des systèmes est un raisonnement analogique qui est en substance : "ceci ressemble à quelque chose que j'ai déjà vu et vu ailleurs", dans un autre "monde" ou "se comporte comme" par exemple les atomes dans "un monde physique" et les cellules dans "un monde biologique" le "comme si "est le raisonnement de base et non celui basé sur le"c'est' qui ressort du discours identitaire. Le" comme si "n'est pas égal à "c’est "comme Kant l'a déjà fait remarquer, l'analogie n'est pas l'identité.

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La modélisation quant à elle consiste à définir des variables représentatives. Le modèle est une représentation de, mais n'est pas toujours analogique au sens de " il y a entre eux quelque chose dont on peut dire qu'ils ont la même dynamique " et qui ont une ressemblance. Celui-ci n'est pas un rapport entre un réalité et une réalité mais entre une représentation et la réalité représentée. Pour ce qui nous concerne, ce qui est en jeu dans la dynamique des systèmes est tout ce qui est mis en oeuvre pour atteindre la théorie et la manière dont les éléments ou les "acteurs" quels qu'ils soient font pour atteindre la finalité ou leur finalité Ce débat qui continue, ne semble pas devoir finir pour de multiples raisons, quelles soient justes ou moins justes . Même ce que nous pouvons voir de plus abouti dans les modèles aujourd'hui ressemble plus à de la cybernétique très évoluée qu'à l'analyse des systèmes. Ceci n'enlève rien à leur pouvoir explicatif et à l'analyse que les modèles permettent de faire comme la mise en évidence des éléments constitutifs du système, leurs relations, leurs inter-actions, les conflits d'inter-actions et la recherche de la finalité de l'élément comme Totalité Pour ce qui concerne l'outil nous ne pouvons qu'être consterné par le fait de l'utilisation de l'informatique et de la télématique puisse faire entendre que l'on soit "cyber". En aucun cas il nous semble possible de tout inclure dans le concept de système. Pour ce qui nous concerne , ce qui est en jeu dans la dynamique des systèmes est tout ce qui est mis en œuvre pour atteindre une finalité absolue (la théorie)et la manière dont les éléments ou le acteurs quels qu'ils soient font pour atteindre la finalité de l'ensemble dans lequel ils sont finalité ou leur finalité propre. Nous avons donc aujourd'hui plusieurs courants dont trois principaux - celui issu directement de l'école mathématique et de la cybernétique : du MIT et du Sloan School Management avec Jay Forrester dont on peut dire qu'il est Directeur d'Ecole, et reconnu comme tel au travers le monde . Dans son premier ouvrage "Industrial Dynamics" il présentait sa conception de la modélisation des systèmes et le feed-back, la dynamique des rétroactions à partir de l'analyse d'un processus de gestion de stock , impliquant les flux physiques les flux d'information , les flux d'argent (Rochrematics) "la Rochrématique" qu'il est plus courant de désigner par Logistique (Industrial Dynamics (25)et Principe des Systèmes Jay Forrester (26)) Dans cet ouvrage il y présentait aussi DYNAMO, le programme d'ordinateur élaboré pour traiter des modèles basés sur le principe de rétro-action .Ce modèle permet des simulations dans des domaines aussi différents que le domaine spatial ou celui des zones urbaines. Aujourd'hui toute modélisation en dynamique de systèmes se réfère à cette école . "La modélisation en dynamique des systèmes précise Valérie Gacogne distingue d'une part la structure du système et d'autre part la comportement dynamique qui en résulte. La modélisation permet précisément de simuler ce comportement , dont la structure et les relations entre variables qui le composent peuvent être représentées sous forme de diagramme d'influence, la formalisation du modèle conduit ensuite à distinguer les variables selon trois sortes. Les variables de stock ou d'accumulation sont celles qui caractérisent l'état du système à chaque instant , ce sont aussi celles qui génèrent l'information sur laquelle décisions et actions sont basées ( Sterman 2000 p. 192) .

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Les variables de flux traduisent les effets des forces qui agissent sur l'état du système; enfin Les variables auxiliaires peuvent être des constantes, des paramètres, comporter des relations logiques ou même des fonctions (permettant notamment d'introduire des relations non linéaires) . Les forces en présence modifient l'état du système , qui elles-mêmes peuvent être modifiées par l'évolution du système" (27) ( Thèse de doctorat p.70- 71) Tous les éléments sont constituant et constitués et chaque élément est représentatif de l'état du système . - Le deuxième "courant" plus holiste introduisant plus directement la théorie des systèmes généralisés issue de Von Bertalanffy - Le troisième courant plus psychanalytique avec l'introduction des systèmes paradoxaux par Bateson et l'Ecole de Palo Alto (28) Ces écoles s'influençant et évoluant les unes avec les autres sont nées les unes des autres 1.2.4.2. L'Ecole néo-Classique Dans le domaine du management, les chefs d'entreprises pragmatiques, recherchaient le maximum de profit. Celui-ci, pensaient-ils,les obligeaient à revenir à des concepts plus classiques et plus "terre à terre". Cependant leurs préoccupations étaient pour beaucoup d'entre eux celles de dirigeants d'entreprises multinationales dont les lieux de production étaient à des milliers de kilomètres, où le Siège Social définissait la politique, où du fait de l'éloignement le contrôle ne pouvait être que "cybernétique" c'est-à-dire que les individus et leur comportement étaient "contrôlés" à partir des résultats . L'analyse des "écarts" (feed-back) à distance se faisait dans un contexte où la croissance battait son plein et où l'informatique se développait au sein des entreprises, les télécommunications aussi. L'école que l'on a désigné par "école néo-classique" reprend les théories de l'école classique relatives à l'Unité en considérant des unités autonomes constitutives de l'Unité. L'autonomie des unités est caractérisée par "la direction par objectifs" et le "principe d'auto-contrôle " qui, tous deux définissent la dynamique cybernétique appliquée à toutes les unités de l'entreprise . Ces unités sont définies structurellement par le concept de "centre de profits'. Cette logique caractérise ce que l'on a désigné par autogestion. Celle-ci est en fait la recherche du profit maximum et une dynamique de la compétitivité pour l'individu et l'entreprise . Elle implique une mesure permanente de l'efficacité des structures, ce qui accroît et ralentit en même temps l'efficacité. On y voit l'influence des thèses de Francisco Varela sur l'auto-poésis à savoir l'auto-organisation des systèmes (29). Ceci implique l'autonomie des systèmes définie en termes de fonctionnement et de régulation interne. Cette notion implique celle "d'unité spécifique fermée"qui se forme et se reforme en permanence en "traitant les informations" internes et externes en créant les moyens pour ce faire. C'est à ce moment que l'on comprend ce que Von Bertalanffy avait déjà souligné : à savoir que tout système implique des phénomènes de centralisation autour de pôles forts et simultanément des phénomènes d'individualisation contrecarrant l'effet de la centralisation. Tout un chacun vit cela aujourd'hui au sein des entreprise sans pouvoir dire quoi génère quoi.

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On comprend que la structure n'est pas uniquement en jeu et qu'elle ne détermine pas tout, mais que les acteurs au sein de la structure, eux-mêmes se vivant en tant que système propre ont considéré leur propre finalité pouvant soit être en phase avec la finalité du système dans lequel ils se trouvent soit entrer en conflit avec cette dernière. La place qu'ils occupent dans le système va leur permettre de faire plus ou moins reconnaître leur finalité propre qui est simplement leur existence ou leur reconnaissance. 'L’acteur et le système" de Friedberg dont on peut se dire après lecture qu'il n'existe ni acteur ni système met par(faitement en évidence ces conflits (30) Ils utilisaient la cybernétique sans le savoir , notamment les concepts de systèmes gouvernants et les systèmes gouvernés ou d’autres moins pragmatiques auxquels ils se référaient sans pour autant raisonner en système comme l'a fort bien expliqué Von Bertalanffy, le véritable "inventeur" de la théorie des systèmes " La théorie des systèmes est fréquemment confondue avec la cybernétique et la théorie de la commande. Ceci est incorrect. La cybernétique et la théorie de la commande des mécanismes technologiques et naturels se fondent sur les concepts d'information et de rétroaction; elles ne sont qu'une partie de la théorie générale des systèmes; les systèmes cybernétiques sont un cas particulier, important bien sûr, des systèmes auto-régulés. " En effet, pour Von Bertalanffy "la théorie de systèmes" a pour but de formuler des principes valables pour tout système, et d'en tirer les conséquences". Ces concepts comme l'organisation, la totalité, la directivité, la téléologie, et la différenciation sont étrangers à la physique conventionnelle. Cependant ils surgissent partout en biologie, en sciences du comportement et en sciences sociales . ......ainsi , le problème fondamental qui est posé à la science moderne est celui d'une théorie de l'organisation . La théorie générale des systèmes est un principe capable de donner à ces concepts des définitions exactes et de leur appliquer, dans des cas appropriés, une analyse quantitative. 0n est conduit vers la théorie des systèmes 1.2.4.3. La théorie des systèmes Ainsi , les biologistes qui travaillaient sur la biologie cellulaire , travaillaient avec les informaticiens et les organisateurs sur les systèmes d'information, les biologistes qui travaillent sur la biologie moléculaire travaillaient analogiquement avec les cybernéticiens. Les biologistes qui travaillent sur les phénomènes cancéreux travaillaient analogiquement avec les systèmistes sur les dysfonctions, les changements de fonction ou de rôle et sur les facteurs déclenchant, les "moments de basculement" avec les mathématiciens sur les fractales ou la théorie du chaos, avec les économistes avec les psychologues, les sociologues, avec les physiciens, avec les politiques . Ce mouvement découle directement de la théorie de la forme mais aussi de l'observation du vivant . Elle implique une conception de l'UN, de la" totalité" où ce qui est en question n'est pas un principe métaphysique. Il est le résultat de l'interaction des éléments et non pas les éléments pris chacun dans leur "individualité" . Le fait de considérer des organismes vivants individuels ou sociaux permet d'expliquer ou de s'expliquer leur comportement par "l'adaptation","l'existence d'un but "la recherche d"un but ". Von Bertalanffy donne trois "modèles de comportements " :

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L'équifinalité , qui est la tendance de tous les organismes vers un état final caractéristique quelque soit l'état initial Ce que nous pourrons dire autrement le même état final peut être atteint à partir de conditions initiales différentes ou par des chemins différents . Ceci est une "loi " anti- déterministe" ou non-exclusive" mais qui implique que ce qui est pris en chemin est différent selon les chemins le second est la rétroaction ou la propriété homéostatique impliquant la notion de but à atteindre qui dépend bien évidemment de la définition de la finalité . le troisième modèle de comportement adaptatif qui est la vie même. L'unité considérée en théorie des systèmes, est naturellement ouverte et ceci quelle que soit cette unité par opposition à l'étude des systèmes fermés qui, il faut bien le dire ont été considérés comme tels du fait d'une représentation métaphysique ou d'une commodité de raisonnement (raisonnement analytique) Aujourd'hui nous devrions considérer les systèmes comme des systèmes fermés ce qui est une condition de leur survie, mais en même temps ouvert ou plutôt "poreux" ou filtrant, laissant passer les éléments "qui conviennent "à leur existence . Cette double caractéristique les rend déjà naturellement complexes par nature car ils réduisent "naturellement " la variété des "informations" pour ne retenir que celles qui les "touchent directement" . C'est ce caractère "poreux" qui donne tout son sens à ce que l'on met sous le mot information mot dont on sait pas bien ce qu'il veut dire mais que tout le monde croit comprendre. La complexité n'est plus seulement liée à la multiplicité des relations mais à l'énergie créée par ces inter-relations, mais aussi au sens de l'orientation de cette énergie, au processus homéostatique et à la détermination de la finalité: les synergies, les tensions, les conflits, les freins et les stimulants Ces relations peuvent s'exprimer ainsi Pour notre part nous identifierons les relations logique entre ces éléments. Elles peuvent aussi être analysées à partir de la relation (les concepts anglais accolés sont issus de Principles for Logistics) (31) Inclusion

Un dans Un : un élément dans une totalité est relié à un autre de cette totalité qui est lui-même relié à un autre élément qui est relié à un autre élément etc.....pour constituer la totalité qui donne sens à leur relation. La structuration de cette relation se fait de l intérieur ou de l’extérieur ou des deux à la fois . Association Une unité avec une autre unité (coupling) ou un élément avec un autre élément et un autre élément et un .... pour constituer la totalité, une unité collaborant avec une unité pour former une unité de degré supérieur qui donne sens à leur action

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Ainsi la structuration de cette unité sur le mode avec qui - peut se concevoir aussi à partir de l'intérieur ou à partir de l'extérieur ou à partir des deux ou à partir du Un

comme totalité par rapport à Un comme autre totalité conçue comme une autre Unité dont la finalité est donnée par l'unité macro- intégrante

Coalition Une ou des Unités pour une Unité UN pour Tous Tous pour UN Exclusion Une unité sans une ou d'autres unités (décomposition) c'est -à-dire la déliaison des éléments constitutifs du système considéré ou la dissolution du système Une unité contre une autre unité: un élément opposé à un autre élément ou à côté de l'autre . Le système est en danger du fait du conflit entre les éléments Imitation ou Mimétisme Une unité en rapport avec une autre unité ou un élément se mettant au niveau de l'autre élément (Modularity Depuis nous savons qu'à cette complexité des relations et les paradoxes qu'elles engendrent doit s'ajouter toute l'activité créée par l'unité elle même pour"traiter l'information" qu'elle reçoit de l'extérieur et celle qu'elle va émettre. Comme nous l'avons montré, la recherche sur les systèmes est pluridisciplinaire par définition, puisqu'il s'agit , d'analyser pour expliquer "comment çà bouge" et de façon concomitante ce qui fait que "çà ne bouge pas c'est -à-dire les "dysfonctions". Pour comprendre donc et pouvoir agir, il faut entrer dans "la boîte noire" et analyser les processus en jeu . On va chercher à savoir ce qui s'y passe vraiment car l'hypothèse qu'il n'en sorte rien , qu'il en sorte peu ou qu'il sorte autre chose que ce qu'on attendait , n'est pas exclure y compris qu'il en sorte ce qui est attendu ce qui d'un sens peut paraître miraculeux compte tenu des multiples raisons pour lesquelles cela pourrait ne pas se passer bien. Toutes ces situations renvoient à des phénomènes particuliers . Si tout se passe bien, que l'état du système est stable et que le système "tourne" en principe il est inintéressant , mais si à un moment donné il y a une" panne", un arrêt, un blocage , une déviation, ou un malaise alors le système va devenir intéressant mais cela ne voulait pas dire que tout allait bien . Selon le degré de gravité de la panne ou de blocage du système ou des tensions internes qui ont entraîné la rupture interne, il est nécessaire

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d'introduire un changement ceci afin de permettre au système et aux éléments qui le constituent de vivre - A la rupture doit répondre une rupture pour rétablir le lien -Il faut qu'un changement se produise c'est- à -dire une rupture pour rétablir le lien d'un autre ordre Cette situation implique un changement de cadre, une logique "paradoxale", contre la doctrine habituelle, une contre logique. Elle suppose un changement de représentation de l'unité et des rôles au sein de l'unité. La dynamique des systèmes peut ainsi apparaître comme une succession de ruptures pour assurer la continuité-linéarité et circularité étant liées. Il est évident que ces situations s'envisagent dans une logique d'homéostasie, où les éléments peuvent soit "inter-changer' leur(s) rôle(s) à l'intérieur de la même unité sans changer l'unité, ce que l'on désigne sous le terme de substitution soit si les substitutions ne sont pas ou plus possibles, changer de rapport entre les individus ou de logique pour remettre la vie dans le système. C'est Gregory Bateson et les psychanalystes des systèmes du Mental Research Institute de Palo Alto dans la suite des logiciens tels que Russell, qui ont étudié à partir de la notion d'homéostasie celle de paradoxe": paradoxe du langage des situations, des comportements, de la communication dans les systèmes familiaux avec une problématique de thérapie donc de rétablissement de l'ordre de fonctionnement Ils ont donc travaillé sur la notion de changement , changement du regard de l'individu, changement des individus, changement des modes de relations, changement au sein des systèmes familiaux "La distinction la plus significative entre le bon fonctionnement et la dysfonction est marquée par la limite au delà de laquelle un système (individu , famille société, etc.) n'est plus capable de provoquer un changement par lui-même , mais se trouve pris dans un jeu sans fin . Nous avons déjà vu que, dans une telle situation, la tentative de solution constitue le problème." P. Watzlawick, Weakland, Frisch "Changements paradoxes et psychothérapies " L"approche système fait poser les problèmes de manière différente et remet l'ordre en question quel qu'il soit ne sachant plus si ce que nous voyons dépend de nous observateur analysant le système en terme de représentation et ou si c'est le système lui- même que nous influençons en l'analysant et c'est précisément ce type de question que les systémistes ont à se poser chaque jour et ceci que l'on utilise des modèles mathématiques de simulation ou que l'on considère les chose de manière holiste ou psychanalytique Le mouvement des systèmes sociaux suivi par l'Ecole néo-classique fait donc place à l'Ecole des systèmes . C'est l'époque des mathématiques des ensembles, du structuralisme dans les sciences humaines , du nouveau roman en littérature avec la suppression du sujet, ˆ la musique sérielle, à l'art abstrait . A la naissance et à l'apogée des Trente glorieuses et au développement des groupes industriels. C'est à ce moment que l'on comprend ce que Von Bertalanffy avait déjà souligné, à savoir que tout systèmes implique des phénomènes de centralisation autour de pôles forts et en même temps que les phénomènes d'individualité indispensables à ceux de centralisation . L'on comprend que la structure n'est pas uniquement en jeu et qu'elle ne détermine pas tout mais que les acteurs au sein de la structure ont aussi considéré en tant que système ont aussi leur propre finalité qui peut entrer en conflit avec la finalité du système dans lequel ils se trouvent et que la place qu'ils occupent dans le système vont leur permettre de faire plus

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ou moins reconnaître cette finalité propre qui est simplement leur existence ou leur reconnaissance. C'est dans cette perspective que parait "l'acteur et le système" de Friedberg dont on peut se dire après lecture qu'il n"existe ni d'acteur ni de système.(32) De cette prise de conscience de ce qu'est un système , de la dépendance de l'ensemble des éléments, de la complexité, de l'amplification des effets des actions des acteurs dans le temps et dans l'espace , des dysfonctions engendrées par la recherche de maximisation de chacun au sein du système naît l'écologie ou pour le dire autrement l'homéostasie appliquée à la Terre ou au Cosmos *(Joël de Rosnay présente dans son "Macroscope- Vers une vision global) Nous retrouvons d'une certaine façon Epicure et Lucrèce . Il faut nous regarder les choses au niveau du monde et de l'espace puisque nous sommes allés sur la Lune et que la cybernétique a permis de le faire . Les phénomènes politiques économiques sociaux et religieux évoluant . La nation faisant place à un espace (l'espace européen par exemple ) Le passage de l'entreprise multinationale à la branche d'activité se faisant, fait poser les problèmes autrement .Les problèmes ne se posent plus pour les managers de la même façon .L'entreprise n'existe plus , seuls existent des sociétés anonymes, des conglomérats financiers et des secteurs d'activité . La dynamique propre de ces secteurs d'activité est fondamentalement liée aux produits fabriqués, transportés, stockés, vendus et surtout sur la stratégie des acteurs réalisant ces fonctions. C'est pourquoi il est particulièrement intéressant d'étudier ces secteurs d'activités constitués de filières spécifiques qui correspondent à un segment de marché particulier en terme de système. Seule cette "approche" permet de "confronter" les logiques des acteurs et leur pratiques dans un système qui les constitue et qu'ils constituent . Cette approche doit se faire en gardant en mémoire que plus le système étudié est vaste, plus les comportements d'individualisation seront importants . Pour Yves Barel* , "il est dans la 'logique' d'un système vivant de se différencier , de spécialiser certaines de ses parties dans telles ou telles tâches, de hiérarchiser ces parties , c'est-à-dire de créer les distances et les niveaux chers à la théorie des types logiques ..et pourtant , ce système n'est et ne reste vivant que dans la mesure où il nie cette logique en même temps qu'il l'applique, c'est-à-dire dans la mesure où il demeure capable de maîtriser le paradoxe fondamental . Sa logique est illogique ou paradoxale Là où fonctionne le paradoxe , il y a système vivant , là où il n' est pas, on sort, sinon du système, du moins de ce qu'il y a de vivant en lui. On a affaire à autre chose . Or c'est précisément cet autre chose qui est la seule réalité qui, pour les approches dominantes, mérite d'être appelée système (p.41) C 'est ce paradoxe où plus de plus annule le phénomène ou le moins de moins provoque un plus d'autre chose qui fait l'intérêt même de la dynamique des systèmes et qui caractérise le vivant . 1.2.5 Application de la théorie des systèmes Les applications de la théorie des systèmes ont suivi naturellement les évolutions des écoles et ont concerné toous les domaines de la connaissance a) la tendance »système cybernétique-modélisation » s’est poursuivie avec l’apparition en 1985 des modèles de simulation –le modèle STELLA par Hight Performance Systems de Machintosh toujours en évolution répondant à DYNAMO d’IBM. Le modèle STRATEGEM

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A Microcomputer Simulation Game Kontradieff Cycle –dont l’objet est d’aider à la décision ceux qui ont en charge de définir des orientations à long terme . S’intéressant au domaine du management , ces modèles sont liés aujourd’hui au concept de gouvernance dont on peut regretter l’éloignement du terrain b)la tendance « holiste » . elle s’est manifestée dans les travaux du Club de Rome dont les principales conséquences ont été l’émergence des préoccupations environnementales , le développement du concept d’économie et d’investissements durables, les études sociales et en particulier, les études urbaines, les études économiques dans la suite de Kontradieff et sa théorie des cycles, les études micro-économiques exprimées en terme de Management auxquelles se rattachent les travaux de l’AFCET en France (Congrès atelierss….), les études scientifiques notamment avec Prigogine et Isabelle Stengers , les études scientifiques dans la suite de Varela et leurs applications en biologie moléculaire dans la recherche du cancer et du SIDA c) la tendance psychanalytique . Celle –ci continue à travailler sur les systèmes paradoxaux.Elle permet de développer la recherche sur le fonctionnement de l’être humain et au-delà de lui sur la vie , bénéficiant de la recherche en mathématique et de la recherche sur la théorie du chaos . Quant au sujet qui nous intéresse au plus haut chef savoir la llogistique , nous pouvons dire que cette fonction est dans son essence un système . sa conception dépend des produits transportés et des acteurs concernés . En tatnt que système elle a fait l’objet d’études spécifiques principalement dans la conception de « systèmes cybernétiques ». On citera -le mémoire de DEA de Shotaro MINESGHISHI dont le sujet est : « Cybernétique et dynamique des sytèmes :une application à la modélisation d’un type de système logistique de production alimentaire » -l’étude filière bois effectuée par Valérie Gacogne pour le compte du Ministère des Transports – Mémoire d’ingénieur Maître où elle démontre que le taux de consommation du papier est lié au taux d’informatisation - l’étude des coûts de taansport –Thèse d’Etat de Valérie Gacogne où elle démontre que la non variabilité des coûts de transport est le résultat de la massification des lots à partir du modèle SANDOMA qu’elle a conçu, modèle dérivé de STELLA BIBLIOGRAPHIE (1)Les Ecoles présocratiques . Ed établie par Jean Paul Dumont- Folio Essais t (2) Lucrèce De la Nature p. 41 (3) Epicure « Le monde est cette convexité du ciel qui comprend les astres, la terre et toutes choses visibles .C’est une portion de l’infini terminée par des extrêmités denses ou rares, en mouvement ou en repos, rondes triangulaires ou de toute autre forme , car aucune de ces formes ne répugne en soi, ni aux phénomènes. Lorsque cette convexité se brisera , tout ce qu’elle contient tombera dans la chaos . Nous ne pouvons savoir de quelle nature ni de quelle forme sont les limites de ce monde, ni où� elles sont ; mais nous pouvons savoir qu’il y a une infinité de mondes « . Epicure –Maximes Editions Silvaire P. 83

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(4)Lucrèce De la Nature Tel Gallimard 1985 p. 41 En opposition à la thèse où la destinée et /ou la finalité serait liée à une cause divine qui les dépasse , aux Dieux ou à un seul Dieu dont tout dépendrait . Cette conception du monde dont l’apparition est expliquée par des phénomènes physico-chimiques (atomes liés par affinité) est reprise et développée par Lucrèce C’est ainsi que doit se comprendre le texte de Lucrèce (5)Lucréce –De la Nature Tel Gallimard 1985 p. 195 (6) GERASE (Nicomaque ) de, dans GHYKA (Mathila. C.) Le Nombre d’Or, Vol 1, Les Rythmes p.21 NRF Gallimard 1931 (7)GHYKA (Mathila. C.) Le Nombre d’Or, Vol 1, Les Rythmes NRF Gallimard 1931, p. 21_22 (8)Descartes (René) Œuvre Lettres , Collection La Pléiade (9)Leibnitz (G.W.) Oeuvres Choisies Garnier Paris 1940 (10)Laplace (Pierre-Simon) « Exposition du Système du Monde »1796 Corpus des Oeuvres de Philosophie en langue française- Fayard publié avec le concours du Centre National des Lettres octobre 1984 (11)Mersenne (Marin) »Harmonie Universelle « Ed. fac similé de l’exemplaire conservé à la Bibliothèque des Arts et métiers et annoté par l’auteur Ed. CNRS (12)Lussato(Bruno) Introduction critique aux théories d’Organisation ;Dunod Paris 228 p. 1977 (13) Forrester(J.W.) World Dynamics p. 13 Wright Allen Press Inc. (14) Bize (P.R.) Dr Notion de freins et de stimulant dans un système 10.3.77 Ecole d’Anthropologie (15) 1er Congrès International de Cybernétique –Namur 1956 Gauthiers Villars Paris 924 pages (16) 2er Congrès International de Cybernétique –Namur 1958 Association Internationale de Cybernétique 1961 (17) Jacob (François) Médiateurs cellulaires chimiques (régulation au sein du système et régulation du système ) Depuis la biologie moléculaire le vivant a été désacralisé France Culture 28.7.2003 (18) Couffignal (Louis) Information et Cybernétique –Les Notions de Base- Gauthiers Villars Paris 1958, 57 p (19) Von Bertalanffy : Théorie générale des systèmes –physique Biologie, Psychologie , Sociologie traduit par Jean-Benost Chabrol Dunod 1973

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(20) Watzlawick(P.)Weakland(J.) Frisch(R.° Changements, Paradoxes et Psychothérapies Editions du Seuil 1975 (21) Shannon(Claude), Weaver (Warren) The Mathematical Theory of communication , Urbana University of Illinois Press 1949 (23) Minsky (MarvinL.) Computation , Finite, and infinite Machines » ENglewood Cliffs N.J. Prentice Hall Inc. 1967 (24)Turing (A.M.) On Computable Numbers with an Application to Enstchidungsproblem Proc.London Math. Soc. Ser2, 42, 1936 (25)Neumann(J.) Von The General ans Logical Theory of Automata – Cerebral Mechanismes in behavior L.A. Jeffries Editor New-York wiley 1951 (26) Saussure (Ferdinand) de- Linguistique Générale (27) Cousture(M.) Langage et Thésaurus de la Rochrématique –mémoire d’Ingénieur du CNAM en Théorie et systèmes d’Organisation sous la Direction du Professeur Bruno Lussato (28) Forrester( J.W.) Principes des systèmes .Traduit par P ;Sylvestre-Baron Presses universitaires de Lyon 1981 (29)Forrester(J.W.) Industrial dynamics 464 pages 1961 M.I.T. Press (30)Gacogne( valérie) Impacts des coûts de transport sur les systèmes logistiques par une modélisation en dynamique des systèmes –le modèle SANDOMA- Thèse de doctorat de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées -mention « Transport » sous la direction d’Emile Quinet 221 pages 8 annexes (31) Bateson (Gregory) ‘La nature et la Pensée’ recherches anthropologiques sous la Direction de Remo Guidieri Ed. du Seuil 1979 (32) Bateson (Gregory)Vers une Ecologie de l’Esprit Tome 1et 2 Seuil 1977 (33) Colloque de Cerisy « L’auto-organisation –de la physique au politique «’ sous la Dircction de dumoucel et jean-Pierre dupuy Seuil Avril 1983 (34) Equipe Crozier Friedberg "l’acteur et le système " (35) System principles for logistics –Logtech White Papers Series 8 pages (36) P. Watzlawick, Weakland, Frisch "Changements paradoxes et psychothérapies" (37)Rosnais (Joël) de Le Macroscope Vers une Vision Globale Editions *oints Seuil 1966

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(38) Barel (Yves) Le paradoxe et le Système Presses Universitaires de Grenoble 1979 (8) Lucrèce De la Nature Tel Gallimard 1985 p. 41 « Enfin, puisque dans chaque espèce , les choses ont vu fixer un terme à leur accroissement et à la durée de leur existence , puisque ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas demeure inviolablement fixé par les lois de la nature, que rien ne se modifie , mais au contraire tout demeure constant au point que , de génération en génération , les divers oiseaux présentent sur leurs corps les marques distinctives de leur espèce il faut donc évidemment que leur corps soient formés d’une matière immuable. Car si les principes des choses pouvaient être vaincus et se modifier de quelque manière il serait impossible de fixer ce qui peut naître, ce qui ne le peut, les lois qui « Rien ne naît de rien, ni une fois né, retourner au néant, c’est donc d’une substance immortelle que doivent être les éléments en qui chaque corps ira se résoudre à son heure suprême ». "Le monde est cette convexité du ciel qui comprend les astres, la terre et toutes choses visibles .C'est une portion de l'infini terminée par des extrémités denses ou rares, en mouvement ou en repos, rondes triangulaires ou de toute autre forme , car aucune de ces formes ne répugne en soi, ni aux phénomènes . Lorsque cette convexité se brisera , tout ce qu'elle contient tombera dans la chaos . Nous ne pouvons savoir de quelle nature ni de quelle forme sont les limites de ce monde , ni si elles sont ; mais nous pouvons savoir qu'il y a une infinité de mondes ". Epicure (9)1er congrès International de Cybernétique -Namur 1956 Gauthiers Villars -Paris 924 pages (10) 2ème Congrès International de Cybernétique Namur 1958-Association Internationale de Cybernétique 1961 (11)Couffignal (Louis) Information et Cybernétique - les Notions de Base - Gauthiers Villars Paris 1958, 1002 pages (12)Forrester (J.W.) Industrial Dynamics 464 pages, 1961, M.I. T. Press (13)Forrester (J.W.) Principes des Systèmes Traduit par P. Sylvestre-Baron - Presses Universitaires de Lyon 1981 (14) Bertalanffy(Ludwig ) Von Théorie Générale des Systèmes , physique, biologie, psychologie, sociologie, philosophie 1972