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LA PEINTURE R USSE Peter Leek

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LA PEINTURERUSSE

Peter Leek

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Auteur : Peter LeekTraduction : Jean-Pierre Orban

Mise en page : Baseline Co Ltd127-129A Nguyen HueBitexco, 3e étage District 1, Hô Chi Minh-VilleVietnam

ISBN 978-1-78042-845-1

© Confidential concepts, worldwide, USA© Parkstone Press International, New York, USA© Alexandre Benois Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Marc Chagall Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Igor Grabar Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Vassili Kandinsky Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Pyotr Konchalovsky Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Vladimir Koslinski Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Nikolai Krimov Estate, Artists Rights Society, New York, USA / RAO, Moscow© Mikhaïl Larionov Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Arkadij Plastov Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Ivan Puni Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Alexandre Rodtchenko Estate, Artists Rights Society, New York USA/ ADAGP, Paris© Martiros Saryan Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Zinaida Serebriakova Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Nikolai Suetin Estate, Artists Rights Society, New York, USA / VG Bildkunst, Bonn© Vladimir Tatline Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Boris Yakovlev Estate, Artists Rights Society, New York, USA / ADAGP, Paris© Konstantin Yuon Estate, Artists Rights Society, New York, USA / RAO, Moscow© Sergei Chekhonin, copyright reserved© Alexander Deineka, copyright reserved© Alexandra Exter, copyright reserved© Konstantin Korovin, copyright reserved© Alexander Kuprin, copyright reserved© Yevgeny Lanceray, copyright reserved© Kasimir Malevich, copyright reserved© Mikhail Matiouchine, copyright reserved© Kuzma Petrov-Vodkin, copyright reserved© Nicolai Roerich, copyright reserved© Konstantin Somov, copyright reserved© Sergei Sudeikin, copyright reserved

Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.

Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographesqui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droitsd’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vousadresser à la maison d’édition.

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Introduction 7

La Peinture religieuse 19

Le Portrait 37

La Peinture historique 89

Intérieurs et peintures de genre 135

La Peinture de paysage 175

La Nature Morte 205

L’avant-garde russe et l’art révolutionnaire 227

Biographies 250

Bibliographie 267

Liste des artistes 268

Index des œuvres 269

Sommaire

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1. Anonyme, La Vierge de Vladimir,

XI-début XIIe siècle.

Détrempe à l’œuf sur panneaux de tilleul,

100 x 76 cm,

Galerie Tretiakov, Moscou.

L’intensité spirituelle des icônes, la diversité des portraits des XVIIIe et XIXe siècles, la

puissance d’évocation des paysages, scènes de la vie paysanne et peintures historiques

des Ambulants, le raffinement des artistes du Monde de l’Art, l’audace expérimentale

du XXe siècle… Pour qui n’est pas familier de la peinture russe, sa richesse se révélera

une surprise, mieux, une découverte fascinante. En réalité, la créativité des artistes

russes depuis les trois derniers siècles a été telle qu’un livre de cette dimension ne peut

prétendre offrir un panorama complet de leur production. Notre objectif, dès lors, sera

plutôt de proposer un aperçu représentatif de la peinture russe du XVIIIe siècle au

début de la période post révolutionnaire, en nous contentant, à propos des icônes,

d’évoquer la richesse du patrimoine russe et, pour ce qui est de l’art soviétique, en nous

limitant à un simple survol.

Les icônes

Bien que la peinture d’icônes fît rapidement partie intégrante de la culture russe, elle

était au départ une forme d’art importée, venue de Constantinople. Le nom « icône »

lui-même trahit son origine, puisqu’il s’agit d’une translittération du mot eikona qui,

en grec byzantin, signifie « similitude » ou image. En 988, au terme d’un tour

d’horizon des pratiques religieuses (il envoya des émissaires à l’étranger pour l’en

informer), le prince Vladimir de Kiev fixa son choix sur le christianisme : il en fit la

religion officielle du premier Etat russe et organisa beaucoup de baptêmes dans le

Dniepr. Ensuite, quand il lui fallut construire ou redécorer les nouveaux lieux de culte,

il fit appel à des architectes et des artistes byzantins. Les églises les plus grandes de la

ville, le plus souvent en pierre, furent ainsi dotées de fresques et de mosaïques

imposantes. Nombre d’églises, plus anciennes, étaient cependant construites en bois et

ne se prêtaient guère aux décorations murales.

Là, l’imagerie religieuse prit place sur des panneaux de bois qu’on exposait

généralement sur une sorte d’écran tendu entre le sanctuaire et la nef. Cet écran devint

l’« iconostase », une cloison, parfois hautement sophistiquée, décorée d’icônes sur

plusieurs niveaux.

La plus célèbre des icônes russes de ces premiers temps, La Vierge de Vladimir

(aujourd’hui à la galerie Tretiakov à Moscou), a sans doute été réalisée à

Constantinople, dans le premier quart du XIIe siècle. Son auteur est resté anonyme,

comme la plupart des peintres contemporains. On sait toutefois qu’ils ne furent pas

tous moines : avec le temps, des ateliers de peinture d’icônes se multiplièrent un peu

partout en Russie. Et de l’époque des origines à celle de Simon Ouchakov (1626-1686),

que l’on peut considérer comme le dernier maître du genre, l’art de l’icône se développa

en une multiplicité de styles et d’écoles, les plus réputées étant celles de Vladimir-

Souzdal, Iaroslavl, Pskov, Novgorod et Moscou.

Introduction

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Introduction

2. The Miracle of St George and the Dragon.

XVe siècle.

Egg tempera on panel. 114 x 79 cm,

National Art Museum, Kiev.

3. The Passion of Christ. XVe siècle.

Egg tempera on panel. 192 x 133 cm,

National Museum, Lvov.

4. André Roublev, La Trinité de l’Ancien Testament,

1422-1427.

Détrempe à l’œuf sur panneaux de tilleul,

142 x 114 cm,

Galerie Tretiakov, Moscou.

Parmi les maîtres de l’icône, on citera Théophane le Grec (env. 1340-1405) : originaire

de Constantinople, il exerça une forte influence tant sur l’école de Novgorod que sur

celle de Moscou. Le plus célèbre peintre d’icône reste toutefois Andreï Roublev (vers

1370-1430), dont l’œuvre la plus connue, La Trinité, se trouve également à la galerie

Tretiakov. Ses héritiers comprennent son ami et collaborateur Daniel Cheniy (un

moine, comme Roublev lui-même) et Dionysii, ou maître Denys (vers 1440-1508), un

des premiers laïcs qui se consacrât à la peinture d’icônes.

A l’époque de Dionysii et de ses fils, l’art de l’icône était devenu tellement répandu qu’il

s’était introduit jusque dans les habitations particulières. Les nobles et les marchands

furent les premiers à les exposer chez eux, parfois dans une pièce qui leur était

exclusivement réservée. Puis ce fut au tour des familles paysannes les plus aisées de les

accrocher dans un krasny ugol, un « beau coin » de leur maison.

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Introduction

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Introduction

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Les parsuna

Jusqu’au milieu du XVIe siècle, les seuls sujets à être traités dans les icônes étaient

les personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament, à commencer par le Christ,

la Vierge Marie, les saints et les anges. Mais en 1551, Ivan le Terrible convoqua un

stoglav, ou concile, pour statuer sur un certain nombre de questions, parmi

lesquelles celle de savoir s’il était sacrilège ou non de représenter des personnes

vivantes dans les icônes. La ligne adoptée par le concile étant quelque peu sibylline,

on l’interpréta comme incluant les tsars et autres figures historiques ou légendaires

dans la liste des sujets autorisés, à côté des personnages de la Bible.

Cette lecture extensive de la règle eut pour effet d’élargir le champ de la peinture

d’icônes, tant en termes de contenu que de style. Cette liberté d’inspiration perdura

jusqu’au schisme qui déchira l’Eglise orthodoxe russe au milieu du XVIIe siècle et à

la concurrence que se livrèrent Nikon, le patriarche réformateur, et Avvakoum, le

chef des vieux croyants conservateurs, dans leur volonté de restaurer la pureté des

icônes. Nikon brisa des icônes, en brûla d’autres et alla jusqu’à crever les yeux des

sujets représentés dans celles qui s’écartaient de la tradition byzantine. Avvakoum,

de son côté, se répandit en anathèmes contre les innovations et les influences

étrangères en un langage qui avait peu à envier à la violence manifestée par Nikon.

La décision du stoglav avait cependant ouvert la voie au développement d’un art

profane. Pour se soustraire à l’attention de Nikon, d’Avvakoum et de leurs acolytes,

les peintres se tournèrent vers le portrait et d’autres genres artistiques. Il en découla

notamment une vogue pour les parsuna (du latin persona), des représentations de

personnes vivantes au style analogue à celui des icônes mais de nature laïque. Ces

parsuna étaient généralement réalisées sur bois, plutôt que sur toile. Au début, elles

étaient extrêmement stylisées et l’accent était mis non tant sur la personnalité du

modèle que sur son statut social. Mais les parsuna débouchèrent assez vite sur un

mode de portrait plus réaliste.

Par exemple, le portrait du bouffon de Pierre le Grand, Jacob Tourgueniev, peint par

un artiste anonyme peu avant 1696, possède une profondeur psychologique et une

ironie absentes de la plupart des parsuna. L’intelligence narquoise dans l’expression

du bouffon et la façon dont son personnage, tout en puissance, occupe la toile

donnent à penser que la sagesse n’est sans doute pas réservée aux princes, pas plus

que la folie aux fous…

5. Anonyme, Portrait de Jacob Turgenev, avant 1696.

Huile sur toile, 105 x 97,5 cm,

Musée Russe, Saint-Pétersbourg.

Introduction

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6. Ivan Kramskoï, Portrait de Pavel Tretiakov, 1876.

Huile sur toile, 59 x 49 cm,

Galerie Tretiakov, Moscou.

7. Jean-Marc Nattier, Portrait de Pierre le Grand,

1717. Huile sur toile, 142,5 x 110 cm,

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

L’Académie

La décision de Pierre le Grand de construire une capitale qui fût « une fenêtre sur

l’Europe » eut une portée considérable sur le destin de la peinture russe. Tout

d’abord, le tsar lui-même attira en Russie des architectes, artisans et artistes venus

des quatre coins d’Europe, tant pour dessiner et décorer les édifices de Saint-

Pétersbourg que pour apporter aux Russes le savoir-faire nécessaire à la vaste

entreprise de modernisation du pays. Dans la même ligne, il finança les études à

l’étranger d’artistes russes et conçut le projet d’intégrer une section artistique à

l’Académie des sciences nouvellement créée.

Ce projet ne trouva son aboutissement qu’après sa mort, dans la fondation, en

1757, de l’Académie impériale des beaux-arts, qui ouvrit ses portes six ans plus

tard. Pendant plus d’un siècle, l’Académie exerça une influence majeure sur l’art

russe. On lui adjoignit ensuite une école préparatoire, où les artistes en herbe

étaient envoyés entre six et dix ans. Les études pouvaient durer quinze ans. Très

hiérarchisée, l’Académie comportait une échelle de titres allant de l’« artiste sans

grade » à l’académicien, au professeur et au membre du Conseil. Et, jusqu’au

dernier quart du XIXe siècle, la doctrine classique y régna sans partage. Pour

contraignant, voire frustrant que son enseignement fût parfois pour ses élèves,

l’Académie avait en tout cas pour mérite d’offrir une formation solide et complète

aux jeunes qui faisaient montre de quelque talent.

Contre-courants artistiques

A l’origine, l’Académie comptait une majorité de professeurs étrangers, principalement

français et italiens. C’est la raison pour laquelle, du milieu du XVIIIe siècle au milieu

du XIXe, la peinture russe doit beaucoup aux courants qui, d’abord en vogue dans

d’autres régions d’Europe, atteignaient ensuite, avec un léger retard, la Russie.

Etant donné la distance entre Saint-Pétersbourg et les capitales d’Europe occidentale,

ce décalage n’est pas surprenant. Pourtant, les peintres russes disposaient de

nombreuses occasions de se familiariser avec l’art russe et étranger, à la fois grâce à la

circulation de reproductions (la plupart du temps sous la forme de gravures et de

lithographies) et aux achats d’œuvres d’art par la classe dirigeante. Catherine la

Grande, elle-même, ne se contenta pas de fonder l’Académie (ce qui impliquait l’offre

de bourses de voyage aux diplômés), elle acheta également des chefs-d’œuvre de l’art

français, italien et hollandais pour l’Ermitage. A la Révolution française, ses agents en

particulier – et les visiteurs russes à Paris en général – réalisèrent d’excellentes affaires

lorsque les châteaux furent pillés et leur contenu mis en vente.

Introduction

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Introduction

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Introduction

Les Ambulants

En 1863 – l’année du premier Salon des Refusés à Paris – quatorze étudiants de

premier plan (treize peintres et un sculpteur) quittèrent l’Académie impériale des

beaux-arts de Saint-Pétersbourg pour protester contre ses positions conservatrices

et la rigidité de son règlement. Leur premier geste fut de monter une coopérative

d’artistes, mais le besoin se fit vite sentir d’une association plus large et mieux

structurée : ce sera, quelques années plus tard, la Société des expositions artistiques

ambulantes.

L’association fut officiellement créée en novembre 1870 et la première exposition

eut lieu en novembre 1871 (la dernière date de 1923). Les fers de lance du

mouvement étaient Ivan Kramskoï – (1837-1887) portraitiste, peintre d’histoire et

de genre, ce dernier enseigne à l’école de dessin de la Société d’encouragement des

artistes de Saint-Pétersbourg avant de recevoir le grade d’académicien en 1869 –,

Vassili Perov – (1834-1882) peintre de portrait, d’histoire et de genre, de 1871 à

1873, il enseigne la peinture à l’Ecole de peinture de sculpture et d’architecture de

Moscou –, Grigori Miassoïedov – (1834-1911) peintre de portrait, d’histoire et de

genre, il séjourne en Allemagne, en Italie, en Espagne et en France après avoir fait

ses études à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg et compte parmi les

membres de la direction de la Société des expositions artistiques ambulantes, enfin,

Nicolas Gay – (1831-1894) peintre de sujets religieux, de tableaux d’histoire, de

portraits et de paysages, sculpteur et graveur – écrit également des articles sur l’art.

D’abord étudiant à la faculté de physique et de mathématique de Saint-Pétersbourg,

il rejoint l’Académie des beaux-arts où il enseigne à partir de 1863. A la base de leur

initiative, se trouve la volonté de rendre l’art accessible à un plus vaste public. D’où

l’idée – peut-être inspirée par les narodniki, les populistes qui parcouraient alors la

Russie pour propager leurs idées de réforme sociale et politique – d’organiser de

ville en ville des expositions itinérantes. Le nom de la société vient de là.

Comme les impressionnistes en France (qui tinrent leur première exposition en

1874), les peredvizhniki – « ambulants » ou « itinérants » en russe – accueillirent,

avec le temps, une quantité d’artistes aux styles et aux préoccupations de plus en

plus divers. Mais à l’origine, au moins, la Société présentait une certaine

homogénéité dans ses objectifs idéologiques. Contemporains des écrits sociaux de

Herzen, Tchernychevski, Tourgueniev, Dostoïevski et Tolstoï, la majorité des

Ambulants s’intéressèrent à la condition du peuple et stigmatisèrent les inégalités,

criantes à l’époque, de la société russe. Les plus radicaux d’entre eux développèrent

ensuite ce qui fut connu sous le nom de « Réalisme critique. »

8. Victor Vasnetsov, Ivan le Tsarevich

montant le loup gris, 1889.

Huile sur toile, 249 x 187 cm,

Galerie Tretiakov, Moscou.

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9. Nikolaï Souetine,

Esquisse de peinture murale. Vitebsk. 1920.

Encre de Chine en couleur sur papier.

20.3 x 18.2 cm.

L’émergence de l’avant-garde russe

Dans le premier quart du XXe siècle, les peintres du modernisme russe désirent

conférer à l’art une résonance sociale plus large. Leur reste à concilier l’attachement

profond qu’éprouvent les Russes face à la tradition et l’envie de renouveau. Celui-ci

s’exprime alors à travers les courants les plus divers. L’avant-garde russe offre de

multiples facettes, puisant son inspiration aussi bien dans les sources propres à son

pays qu’étrangères, de sorte qu’au début du XXe siècle, l’art russe se trouve à la pointe

du processus artistique mondial.

La Russie se dota de remarquables collections qui s’agrandirent encore, quelque cent

ans plus tard, quand Serge Chtchoukine et les frères Mikhaïl et Ivan Morozov

achetèrent une série de toiles impressionnistes françaises. En 1892, le négociant, et

industriel, Pavel Tretiakov, offrit à la ville de Moscou sa gigantesque collection de

peintures (dont plus d’un millier d’œuvres d’artistes russes), qui sont exposées et

entreposées à la galerie qui porte désormais son nom. Enfin, six ans plus tard, le Musée

russe ouvrit ses portes à Saint-Pétersbourg, au palais Mikhaïlovski : il abrite de nos

jours plus de 300 000 pièces, dont 14 000 peintures.

Les expositions jouèrent également un rôle important dans le développement de l’art

russe, tel le retour de l’icône au début du XXe siècle. Pendant deux cents ans en effet,

même si elles n’avaient cessé de faire l’objet de vénération religieuse, les icônes, en tant

qu’œuvres d’art, avaient connu une réelle éclipse. Beaucoup d’entre elles avaient

d’ailleurs été endommagées, s’étaient ternies sous la saleté ou avaient été repeintes mal

à propos. Mais en 1904, une restauration de La Trinité de Roublev lui rendit toute sa

splendeur et, en 1913, une exposition remarquable d’icônes restaurées ou simplement

nettoyées se tint à Moscou pour célébrer le millénaire de la dynastie Romanov. On vit

alors plusieurs peintres, et non des moindres, redécouvrir l’icône, ses tons et sa facture

spécifiques. De même, la grande exposition de portraits du XVIIIe siècle organisée par

Diaghilev au palais Tauride à Saint-Pétersbourg en 1905 fut à l’origine d’un net regain

d’intérêt pour le portrait et, plus largement, pour le patrimoine artistique russe en

général.

Enfin, les expositions internationales (comme celles organisées par la revue de La

Toison d’Or en 1908 et 1909), ainsi que les voyages d’artistes à l’étranger ou, à l’inverse,

les visites d’artistes étrangers en Russie, permirent aux peintres russes de mieux

connaître des mouvements tels que l’impressionnisme, le symbolisme, le futurisme et

le cubisme. Et il est fascinant, aujourd’hui, de constater comment des artistes aussi

différents que Grabar, Vroubel, Chagall ou encore Larionov ou Goncharova intégrèrent

ces influences à leur art personnel, en y mêlant des éléments purement russes.

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Du XVIIIe siècle aux années 1860

En 1843, Brioullov et un certain nombre d’artistes (Feodor Bruni, Alexeï Markov, Pierre Basin,

Vassili Chebouev, Timofeï) furent invités à décorer l’intérieur de la cathédrale Saint-Isaac à

Saint-Pétersbourg. Artiste russe aux origines françaises (sa famille ayant fui la France suite à

la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV, en 1685), Brioullov a hissé la peinture russe

au niveau européen. Il introduisit la chaleur romantique et l’inspiration dans le classicisme

pompeux et reproduisit la beauté humaine vivante, spirituelle et corporelle. Vivant en Italie

jusqu’en 1835, Brioullov peignit des toiles sur des sujets divers et dans des genres différents.

Mais, si les thèmes antiques et bibliques passèrent rapidement au second plan, les peintures

murales les plus importantes de la cathédrale Saint-Isaac lui furent pourtant confiées : la

coupole, les figures des quatre évangélistes, celles des douze apôtres ainsi que quatre grandes

compositions tirées du Nouveau Testament. Sa représentation de la Vierge en majesté,

entourée de saints et d’anges, occupe l’intérieur de l’impressionnant dôme central (plafond de

plus de 800 m², entouré de stucs dorés et de marbre blanc). De nos jours, sont également

conservées les esquisses de ses compositions ainsi que les ébauches d’après nature. Les

peintures des évangélistes et des apôtres ne sont pas sans nous rappeler son Siège de Pskov.

Mais l’humidité, le froid et la poussière imprégnant la nouvelle cathédrale endommagèrent sa

santé et, en 1847, Brioullov fut contraint d’abandonner la réalisation des fresques dont il avait

espéré couronner sa carrière artistique.

Parmi les artistes dont l’œuvre comporte d’importants travaux historiques et religieux,

on distingue aussi deux autres noms : Anton Lossenko et Alexandre Ivanov. Lossenko

était né dans une petite ville d’Ukraine et perdit ses parents tout jeune. Après avoir suivi

des cours de chant, il fut remarqué pour sa voix et envoyé à Saint-Pétersbourg. Là, à l’âge

de seize ans, il fut confié à la garde d’Argounov (à l’époque, Argounov était déjà un

portraitiste de renom) et commença à étudier les beaux-arts à l’Académie, où il devint

finalement professeur de peinture d’histoire. Lossenko compléta sa formation à Paris et

à Rome. Plusieurs de ses œuvres religieuses – telles que La Pêche miraculeuse ou Le

Sacrifice d’Abraham – témoignent de l’influence de la Renaissance italienne. En revanche,

ses toiles intitulées Caïn (1768) et Abel (1769) furent conçues comme des exercices de

peinture d’après nature et ne reçurent leur titre de peinture biblique que plusieurs

années après sa mort.

Contemporain de Brioullov, Alexandre Ivanov, dont le père était professeur de peinture

d’histoire à l’Académie, fut indiscutablement le peintre religieux le plus influent de son

temps. Après s’être fait un nom avec des œuvres comme Apollon, Hyacinthe et Zéphire et

L’Apparition du Christ à Marie-Madeleine (1836), il entreprit la réalisation de L’Apparition

du Christ au Peuple, une immense toile qui mobilisa ses forces pendant vingt ans, de

1837 à l’année qui précéda sa mort. Néanmoins, malgré toutes ces années de travail,

Ivanov ne fut pas satisfait de l’œuvre et ne la considéra jamais comme achevée.

10. Ivan Kramskoï, Le Christ dans le désert, 1872.

Huile sur toile, 180 x 120 cm,

Galerie Tretiakov, Moscou.

11. Nicolas Gay, Calvaire (inachevé), 1893.

Huile sur toile, 22,4 x 191,8 cm,

Galerie Tretiakov, Moscou.

12. Nicolas Gay, « Quid est Veritas ? », 1890.

Huile sur toile, 22,4 x 191,8 cm,

Galerie Tretiakov, Moscou.

La peinture religieuse

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La Peinture Religieuse

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Portrait de goupe du Monde des Artistes 108-109

Portrait de Jacob Tourgueniev 10

Portrait de l’artiste Isaac Lévitan 63

Portrait de l’artiste, avec la baronne

Ekatïrina Meller-Zakomelskaya et sa fille, dans une barque 46

Portrait de l’écrivain Alexandre Ostrovski 49

Portrait de l’écrivain Varvara Lizogub 43

Portrait de la princesse Olga Orlova 80

Portrait de Léon Tolstoï 56

Portrait de Maria Diakova 40

Portrait de Maria Lopoukhina 41

Portrait de Maria Rurnyantseva 39

Portrait de Mika Morozov 72

Portrait de Modeste Moussorgski 57

Portrait de Pavel Tretiakov 12

Portrait de Pavel Tretiakov 61

Portrait de Pierre le Grand 13

Portrait de Serge Diaghilev 69

Portrait de Savaa Mamontov 68

Portrait de Victoria Alabian 87

Portrait de Zinaida Hippius 79

Portrait du commerçant Ivan Kamynin 48

Portrait du garde du corps colonel Yevgraf Davydov 51

Portrait du metteur en scène Vsevolod Meyerhold 64

Portrait du prince Alexandre Kourakine 50

Principe de peinture murale : Vitebsk 241

Procession pascale dans la campagne 158-159

Procession religieuse dans la province de Koursk 152-153

Q

« Quid est Veritas ? » 18

R

La Raillerie du Christ (« Celui-ci est le Roi des Juifs ! ») 25

La Résurrection de la fille de Jaïrus 27-28

Réparation des rails 163

Retour à la normale des transports 167

Retour en Galilée par la puissance de l’Esprit Saint. 31

Le Rite du printemps (décors pour le ballet de Nijinsky) 130-131

Rouge et jaune 237

La Route de Vladimirka 188

Rue de Constantinople à midi 200

S

Saint Nicolas du Myre délivre les trois hommes innocents 26

Saint-Pétersbourg au début du dix-huitiècle 122-123

Session officielle du conseil d’État tenu le 7 mai 1901 106-107

Le Séraphin aux six ailes 125

Soldat en smoking 227

Soldiers with Bread 104

Soleil de mars 196

Sur le Banc de la pelouse 146-147

T

Terror Antiquus 132

The Miracle of St George and the Dragon 8

The Passion of Christ 8

Tout dans le passé 142

La Trinité de l’Ancien Testament 9

La Tsarine rendant visite à un couvent de femmes 94-95

La Tsarine Sophie en 1698, un an après qu’elle se soit

retirée au couvent Novodïevitchi, au moment de

l’exécution et de la torture de tous ses serviteurs 101

Le Tsar Ivan le Terrible 111

Troïka (Apprentis ouvriers portant de l’eau) 148

U

Ulysse et Nausica 121

Un Bolchevik 129

V

Vase, fleurs et fruits 214

Vechornisty (Rassemblement de paysans ukrainiens) 162

Venue d’un sorcier lors d’un mariage paysan 154

Vestiaire de ballet : flocons de neige (Le Casse-Noisette) 173

Visite 165

La Vierge de Vladimir 6

Z

Le Zemstov dîne 155

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Pendant des siècles, la Russie est restée orpheline de grands peintres, concentrant le génie créatif sur

la formalisation des icônes avec, par exemple, Roublev. Avec l’avènement de Pierre le Grand, c’est

l’Europe des lumières qui envahit cet empire réputé peu civilisé.

Saint-Pétersbourg, émergeant des marais, comme par miracle, grâce au génie d’un architecte italien,

est pendant plus d’un siècle un centre important de culture et de rencontres. Le tsar, tout puissant, et

plus tard la Grande Catherine permettant des échanges entre les artistes russes et européens. De cette

rencontre naîtra une peinture russe, souvent inspirée par l’Italie et ses couleurs, et mêlée aux traditions

de l’âme russe. Il faudra attendre le XIXe siècle pour qu’émerge une véritable peinture nationale avec les

Ambulants et les peintres de la Rose bleue. Puis viendra la période des révolutions, qui conduira à

l’avant-garde russe et au modernisme.

Tout au long de ce livre, l’auteur s’interroge sur la culture russe qui, selon lui, est la résultante

d’éléments provenant aussi bien de l’Est que de l’Ouest. Ces deux influences sont ainsi mises en

évidence dans les peintures et illustrations qui, couvrant tous les genres et tous les styles, prouvent alors

une étonnante variété picturale. Des artistes comme Borovikovski, Serov, Vroubel, Brioullov, Fedotov,

Répine, Chichkine et Lévitan, parmi tant d’autres, apportent ainsi leur fondamentale contribution à

l’histoire de l’art universel. Après la chute du communisme, Peter Leek remet en perspective l’évolution

constitutive de l’histoire de la peinture russe.