La Personnalite Normale Et Pathologique Les Grandes Structures de Base

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  • LA PERSONNALITE NORMALE ET PATHOLOGIQUE Les grandes structures de base

    J. BERGERET Paris, Masson, 2004

    Une conception psychopathologique courante dans le pass se dcompose en postulats successifs assez simplistes ayant bloqu toute recherche en psychologie structurelle pendant une certaine priode. Le premier , postulat peut se formuler, sans forcer la caricature par la distinction entre ce qui dlire , plus ou mois assimil la structure psychotique, et tout le reste, plus ou moins assimil la structure nvrotique. Le second postulat, en apparence plus scientifique que le premier, voyait dans le patient psychotique , en gros un trouble organique et ingurissable ; que lon le soumette un traitement quelconque ou quon le laisse sans soins (chez lui ou dans un asile ), peu importait, car on ne connatrait pas aucun rsultat avec un malade de cette nature. De lautre cot, le patient dit nvrotique tait un malade dit psychique (...). Un tel malade pouvait donc gurir ; mais sil le voulait (...). p65 (Bergeret, 2004) Mes critres principaux de classification, proches des repres de L. Rangell (1965), seront semblables pour toutes les catgories examines et essentiellement centrs sur quatre facteurs :

    - la nature de langoisse latente - le mode de relation dobjet - les mcanismes de dfenses principaux - le mode dexpression habituelle du symptme p68 (Bergeret, 2004)

    LA LIGNEE STUCTURELLE PSYCHOTIQUE Aprs tre partie de lindiffrenciation somato-psychique (dont jai dj parl propos de la notion de structure en gnral) la ligne psychotique prend son dpart au niveau des frustrations trs prcoces (...) ainsi que des inductions pulsionnelles particulirement toxiques (...). (Bergeret, 2004) Divided-line envisage par K. Abraham comme une frontire entre les fixations et les rgressions psychotiques dune part et les fixations ou les rgressions nvrotiques dautre part. cette ligne de partage se situe selon K. Abraham au point de vue du dveloppement pulsionnel entre le premier sous-stade anal de rjection et le second sous-stade anal de rtention. Toutes les rgressions et fixations places en amont de cette ligne de sparation fondamentales correspondrait aux structurations psychotiques ; la structure schizophrnique se prsenterait comme la plus archaque, la suivant serait la structure mlancolique (ou les comportement maniaques dfensifs de la mme organisation) puis arriverait en dernire position, tout contre la ligne frontire, la structure paranoaque, somme toute la moins rgressive sur le plan pulsionnel du groupe des structures psychotiques. Ce qui se situerait par contre en aval de la divided line de K. Abraham correspondrait aux structuration de mode nvrotique en commentant par la structure obsessionnelle puis en continuant par la structure hystrique qui, (...), se trouverait constituer le mode de structuration le plus labor libidinalement. P69 (Bergeret, 2004) Ladolescence, qui survient ensuite, amnerait dans nos hypothses, au milieu des bouleversements considrables sur lesquels tout le monde est daccord, des possibilits volutives encore multiples sur le plan structurel. En effet, tout peut-tre nouveau remis en question cette tapes particulirement importante du dveloppement affectif de lindividu. (Bergeret, 2004) De tels tes cas de dviation ventuelle de la ligne psychotique prstructure vers une ligne de structuration dfinitive de type nvrotique au moment de ladolescence (et possible envisager ce moment-l seulement) se trouvent malheureusement assez rares quoique ralisables. Des changements de ligne structurelle aussi exceptionnels et aussi radicaux ne sauraient se produire sans raison profonde. Ils ne sont jamais fortuits. Une premire ventualit, facile comprendre et bien connue des psychologues, correspond au cas des adolescents qui ont du subir, au moment de ladolescence, une psychothrapie dont les rsultats furent heureux. Il faut bien reconnatre cette ventualit comme assez peu frquente ; non seulement parce que les psychothrapies dadolescents savrent difficiles, mais surtout parce que lheure actuelle, on hsite, juste titre, avant de proposer une psychothrapie profonde un adolescent tant que celle-ci nest pas rigoureusement indispensable, beaucoup de choses sarrangeant fort bien delles-mmes cette priode. P72 (Bergeret, 2004)

  • Dautres ventualits se trouvent lies une exprience affective spontane et assez intense pour se restituer dun seul coup, au beau milieu de la tempte de ladolescence, dans un contexte intrieur et extrieur oedipien. , pour la premire fois vraiment significatif, en mme temps quil apporte de faon inespre des lments hautement rparateurs de la faille narcissique primaire. Que ce soit une rencontre amoureuse merveilleuse ou seulement une preuve conflictuelle dramatique induisant une rcupration des fantasmes triangulaires et gnitaux mal pressentis jusque-l, il faut bien reconnatre que des circonstances aussi avantageuses ou des objets aussi bnfiquement reprsentatifs ne courent pas les rues p72 (Bergeret, 2004) En effet, au moment de ladolescence, dans limmense majorit des cas, un Moi prorganis de faon psychotique va tout simplement poursuivre son volution au sein de la ligne psychotique dans laquelle il se trouve dj suffisamment engag ; il sorganisera de faon dfinitive, sous forme de structure psychotique vritable et stable. Il ne sera plus possible de revenir l-dessus ultrieurement : si le sujet tombe malade, si le cristal se casse la suite dun accident intrieur ou extrieur, nous ne pourrons voir clore quune psychose sous une forme varie certes, mais sans autre possibilit pathologique. P72-73 (Bergeret, 2004) La structure psychotique correspond une dfaillance de lorganisation narcissique primaire des premiers instants de la vie. (...) Le Surmoi nest nullement parvenu un rle organisateur ou conflictuel de base. Le Moi nest jamais complet ; demble, il se trouve morcel, que ce morcellement soit apparent ou bien que les fragments demeurent (sil ny a pas de dcompensation) colls entre eux, tant que le cristal tient . Lchec du narcissisme primaire se traduit par une attitude autistique plus ou moins radicale en fonction du degr rgressif des fixations. Langoisse profonde nest centre ni sur la castration gnitale ni sur la perte dobjet, mais sur le morcellement, la destruction, la mort par clatement. Le conflit sous-jacent nest caus ni par le Surmoi ni par lIdal du Moi mais par la ralit en face des besoins pulsionnels lmentaires, ce qui conduit un dni de toutes les parties de cette ralit devenues trop gnantes ; ventuellement si au dlire si, de trop grands fragments de la ralit ayant t dnis, il devient indispensable au maintien de la vie de reconstruire une noralit avantageuse bien quaberrante. Plus la structure psychotique se trouve menace de morbidit, plus le processus primaire prvaut chez elle sur les rserves opres par les processus secondaires. Les mcanismes de dfense psychotiques principaux employs sont : la projection, le clivage du Moi (intrieur au Moi et non par le simple clivage des imagos objectales), le dni de la ralit ; tous ces mcanismes ; tous ces mcanismes concourent la naissance de phnomnes de dpersonnalisation, de ddoublement de la personnalit, ou encore de la simple dralisation. P73 (Bergeret, 2004) La structure schizophrnie Parmi les structures psychotiques, la structure schizophrnique se situe dans la position la plus rgressive tout autant du point de vue de lvolution libidinale que du point de vue du dveloppement du Moi. (...) Le fonctionnement mental de mode schizophrnique est guid par les mcanismes de dplacement, condensation et symbolisation tributaire des processus primaires, ce qui entrane du mme coup une distorsion, au moins partielle de la ralit, un relchement des associations et une apparente logique dite autistique . p77 (Bergeret, 2004) On peut dire que la structure schizophrnique correspond spcifiquement une organisation psychotique du Moi fix une conomie prgnitale dominante orale. P77 (Bergeret, 2004) Le dtachement et ltranget des sentiments sont en rapport troits, dans la structure schizophrnique, avec laspect particulirement archaque dun univers fantasmatique aussi luxuriant que profondment rgressif. (Bergeret, 2004) La structure paranoaque Parmi les structures authentiquement psychotiques, la structure paranoaque occupe la position la moins rgressive sur le plan de lvolution libidinale, bien quil ne soit pas certain quelle occupe une place plus progressive que la structure mlancolique sur le plan mlancolique sur le plan des dveloppement du Moi. P79 (Bergeret, 2004) La structure paranoaque, quand elle correspond spcifiquement une organisation psychotique du Moi fix une conomie prgnitale prpondrance anale et touchant plus particulirement le premier sous stade anal. P79 (Bergeret, 2004) Ltymologie de la paranoa, para-nous, nonce quil sagit de celui qui a lesprit tourn contre . p80 (Bergeret, 2004)

  • S. Freud dcrit en trois tapes la faon dont le mcanisme fondamentalement paranoaque traite la pulsion libidinale pour en arriver au sentiment de perscution : la premire tape transforme par une ngation de laffect et un retournement de la pulsion de cest lui que jaime , en non, je ne laime pas, je le hais , cest alors que joue la projection, conjointement un retournement de lobjet ; cette deuxime tape transforme alors le je le hais en cest lui qui me hait . Dans la troisime tape, enfin, le sentiment ainsi amnag devient conscient et trait comme une perception externe motivant la position affective dfinitive : Puisquil me hait, je le hais. p80 (Bergeret, 2004) (...) La projection dans le processus paranoaque ; il sagit en effet dune projection particulire, prcde dun dni de la ralit et accompagne dune annulation rtroactive (undoing pour les auteurs anglo-saxons). P81 (Bergeret, 2004) En effet, toute ralit extrieure devient gnante ds quelle montre une indpendance de lobjet par rapport au sujet. Lobjet ne peut demeurer que comme instrument la disposition du sujet, et les objets de cette structure sont toujours des tres anims vivants, ayant e prfrence une fonction sociale. (...) Le sentiment de perscution bien classique dans ces structures, correspond un arrangement mdian entre solitude et intimit par rapport lobjet. La mgalomanie, lan dans le sens du rapproch aussi, est vite tempre par le limites ou les checs qui rtablissent la distance. P81 (Bergeret, 2004) Le hasard, la surprise, limprvu, ne sont pas admis dans lunivers structurel paranoaque qui dsire reposer avant tout sur la logique et sur la loi. (...) Or, la structure paranoaque a besoin de ladhsion de son objet son systme. Il ne peut se sentir complet qu ce prix. Lobjet constitue pour lui un complment vital dans son opposition mme en tant que fonctionnement mental radicalement diffrent. A ce sujet, P.-C. Racamier montre judicieusement combien la structure paranoaque, devant sa propre pauvret fantasmatique, a besoin de lautre pour fantasmer a sa place. La structure paranoaque manifeste un systme dit linaire de pense. Il opre, par utilisation dune seule ide la fois, mais il sy attache avec fermet et opinitret. Cest son cot inbranlable caractristique et tellement agaant pour linterlocuteur fonctionnel ou thrapeutique. P81-82 (Bergeret, 2004) La structure mlancolique Le schma propos par R. Fliess laisserait supposer que la structure mlancolique occupe une position intermdiaire entre la structure schizophrnique t la structure paranoaque. Cette hypothse parait exacte quant au degr atteint par lvolution libidinale, mais nest pas certaine quant ltat dlaboration du Moi ; il semble en effet que le Moi mlancolique, bien que fortement rgress, ait atteint un niveau de maturation et dadaptation antrieure bien suprieure celui des organisations paranoaques. (...) la structure mlancolique apparatrait donc comme occupant une place tout fait part dans la classification structurelle de mode psychotique. P84 (Bergeret, 2004) (...) ncessit de sparer ici ce qui est vritablement de structuration psychotique, au sein des oscillations entre excitations et dpression, de ce qui demeure de simples mouvements plus modrs et plus superficiellement ractionnels au cours des dpressions dites nvrotiques ou de leur dfenses hypomaniaques, autrement dit des organisations ni psychotiques ni nvrotiques comme nous le verrons plus loin. Il semble que la notion de structure mlancolique puisse rendre elle seule compte, sur le plan strictement psychotique, et des aspects dpressifs authentiquement psychotiques (et deux seuls), et des aspects maniaques dfensifs authentiquement psychotiques (et deux seuls). P85 (Bergeret, 2004)

  • SCHEMA GENERAL DE LA PSYCHOGENESE, daprs R. Fliess p70 (incomplet) (Bergeret, 2004)

    Age

    Stade

    Relations Objectales

    Tendance

    Moi

    Nosologie

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7 10

    11-12

    Oral 1

    Oral 2

    Anal 1

    D I

    Anal 2

    Phallique

    Latence

    Gnital

    Passivit

    S.P.O

    Masturbation infantile primaire

    Garons Filles plus actifs plus passives

    V I D

    Dbut de ldipe (garon) S.O

    Dissolution Dbut de ldipe de ldipe (garons) (filles) S.O

    Sucer

    Mordre/Dvorer

    Incorporer/Expulser

    E D

    Retenir

    Primaut Phallique

    Dsexualisation

    Primaut du gnital

    Autorotisme

    Narcissisme Magie des gestes

    Magie des mots

    L I

    Principe de ralit

    Formation du Surmoi

    Inhibition des buts sexuels

    Sentiments sociaux

    Schizophrnie

    Mlancolie Manie

    Paranoa

    N E

    Nvrose Obsessionnelle

    Hystrie

    Sant

    D I V I D E D - L I N E

  • GENESE ET EVOLUTION DE LA LIGNEE STRUCTURELLE PSYCHOTIQUE P71 (complet) (Bergeret, 2004)

    MA

    TUR

    ITE

    A

    DO

    LESC

    ENC

    E

    L

    ATE

    NC

    E

    ENFA

    NC

    E

    (>12

    ans)

    (7

    -10)

    St

    ade

    phal

    lique

    S

    tade

    s an

    aux

    (2-4

    )

    S

    tade

    s o

    raux

    (0-2

    )

    (4

    -6)

    II

    I

    II

    I

    - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - I N D I F F E R E N C I A T I O N S O M A T O - P S Y C H I Q U E

    - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

    D I V I D E D - L I N E

    D E B U T D E L D I P E

    -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- -------------------------------------------------------------------------------

    Moi nvrotique organis

    Moi psychotique prorganis

    Importantes carences et excitations toxiques

    trs prcoces

    Structures nvrotiques

    Moi psychotique organis -------------------------------------

    Structures psychotiques