LA PLACE DE L’HUMAIN AU CŒUR DES SOINS · dans des logiques économiques, de démarche-quali-té, de rationalisation à outrance, chacun petit à petit peut être amené à construire

Congrès organisé par l’École européenne du Toucher-massage® et l’association Soiliance

CONGRÈS EUROPÉEN DU TOUCHER-MASSAGE®

DIJON PALAIS DES CONGRÈS

LA PLACE DE L’HUMAINAU CŒUR DES SOINS

8e

1

2004 / ParisHÔPITAL DES DIACONESSES

Rassembler...

2006 / ParisHÔPITAL DES DIACONESSES

La notion deprendre soin

2008 / DijonCINEMA CAP VERT

Accompagner, donner la parole à la main,à l’humain.

2010 / ParisESPACE SAINT MARTIN

La peau, le toucher. Douleur et plaisir.

2012 / LyonCITÉ DES CONGRÈSLa présencepar le toucher.

2014 / DijonPALAIS DES CONGRÈS

Et si on parlaitd’amour ?


Ce corps tant haï,ce corps tant aimé.


La place de l’humain au coeur des soins.

En 2004En 2004, des centaines de soignants ont déjà été sensibilisées et initiés par l’Institut de forma-tion Joël Savatofski au Toucher-massage et l’ap-pliquent dans différents secteurs de soin. L’idée est alors de créer une manifestation pour faire le point sur cette pratique, favoriser la rencontre des praticiens et des pro-fessionnels du soin. Nous voulions rassembler au-tour d’un rêve qui ne res-semblait déjà plus à une utopie : faire entrer le Toucher-massage dans les pratiques thérapeutiques.

En 2018Aujourd’hui, c’est toujours avec beaucoup de plaisir et d’émotion que nous accueillons diffé-rents professionnels, différentes personnalités voire sommités en matière de relation d’aide, de communication et de bien-être.

Tous sont reliés autour de la même envie : partager leurs expériences, leurs découvertes et réflexions sur l’intérêt et les bienfaits du tou-cher-présence, du toucher bien-être, du Tou-cher-massage.

S’ouvrir à de nouvelles compétences, conti-nuer à s’informer, travailler à légitimer cet

outil universel pour le bénéfice de tous, soi-gnés et soignants, telles sont aujourd’hui et tou-jours les raisons d’être de ce congrès.

En se fondant sur des apports théoriques, les partages d’expérience, les résultats d’études ou d’observations, nous vous proposons de réfléchir ensemble à ce que serait un système de soins da-vantage fondé sur la place de l’humain dans sa singularité et sa sensibilité, tant pour celui qui reçoit des soins que pour celui qui a choisi pour métier d’en donner.

L’aventure des congrès

« le seul congrès en france consacré à la

thématique du massage »

8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 / 3

Ouverture du 8e Congrès Bienvenue1

Par Jacqueline thonetDirectrice adjointe de l’Ecole européenne, Présidente de l’association Soiliancepour la reconnaissance du Toucher-massage®

Ce congrès bisannuel est, pour nous, l’occasion de proposer un temps convivial, un temps d’échanges et de réflexions sur la place du toucher dans la relation de soin.

La présence de philosophes ou d’anthropologues nous aide à cheminer dans notre réflexion, quant aux professionnels de la santé, souvent des soignants (au sens large du terme), ils viennent témoigner et partager leur expérience et le fruit de leur savoir-faire. Cette alternance entre ces différents types interventions nous semble précieuse et nous permet de mieux appréhender ce monde meilleur, où il est possible d’exercer son métier de soignant en étant au plus prés de ses valeurs.

Aujourd’hui, s’interroger sur la place de l’humain dans le soin nous semble être plus que nécessaire. Nous souhaitons que ce congrès puisse être l’occasion d’entretenir une motivation et d’aider chacun à trouver les moyens de se réapproprier cette vision du prendre soin qui place l’humain au centre de cette professionna-lisation. Et en ce qui nous concerne, l’idéal du prendre soin reste de pouvoir utiliser le Toucher-massage® comme un savoir-faire relationnel et compassionnel.

Par Joël SAVATOFSKIFondateur et Directeur de l’Ecole européenne du Toucher-massage®

C’est à la demande directe des soignants et médecins formés depuis près de 20 ans au Toucher-massage® dans les soins que nous nous sommes décidés, en 2004, et ce mal-gré notre inexpérience dans ce type de manifestation, à organiser un premier congrès

à Paris. Notre volonté était alors de réunir tous les acteurs du « prendre soin » qui attendent des pouvoirs publics une juste reconnaissance du Toucher-massage comme un outil à part entière du prendre-soin.

L’organisation des congrès, l’accueil de plusieurs centaines de soignants tous les 2 ans depuis 2004, est un vrai défi pour nous. C’est un peu notre « heureux évènement », une action très fédératrice car elle mobilise toute l’équipe ! Au-delà des qualités intrinsèques de ce type d’évènement - c’est-à-dire permettre aux congres-sistes de se rencontrer, de partager leurs expériences heureuses ou difficiles, d’enrichir leurs connaissances, de témoigner - les congrès contribuent à la reconnaissance progressive du Toucher-massage par l’Etat, à sa « normalisation ». Mais aussi de rappeler que notre école, et l’enseignement qu’elle dispense, n’a pas pour vocation l’empilement de connaissances, mais bien plus le souci de donner confiance à ces acteurs du soin, en leur capacité de dispenser les gestes justes, de « bon sens », qui font tant de bien… autant d’ailleurs à celui qui reçoit qu’à celui qui donne… d’OSER !En France, comme d’autres approches complémentaires, nous participons à une dynamique de ré-humanisa-tion des approches thérapeutiques aujourd’hui jugées trop technicistes.


2

8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 / 5Ph. Chagnon

Prendre soin d’autruicomme phénomèneet comme énigme

Par michel dupuisPhilosophe, professeur à l’Université catholique de Louvain (UCL), Bruxelles, et président du Comité consultatif de bioéthique de Belgique. Auteur de nombreux ouvrages dont « Le soin, une philosophie. ».

2 INVITÉ D’HONNEUR

Selon une formule d’E. Levinas, autrui est toujours à la fois une espèce de phénomène qui apparaît et une espèce d’énigme qui reste en retrait. L’attitude soignante, spontanée aussi bien que professionnelle, en appelle ainsi à la capacité d’ac-cueillir et de reconnaître autrui en ce qu’il se donne à voir, à toucher, à entendre, et à la capacité de tendre à le comprendre, d’une compréhension inachevable de ce qu’il vit en son intime.La situation de rencontre thérapeutique, informelle et implicite (relations quotidiennes) ou formelle et explicite (relations professionnelles), amène à concrétiser la description :1. le patient et le soignant sont tous deux des phé-

nomènes énigmatiques ;

2. le rapport interpersonnel est une intercorporé-ité qui permet l’intercompréhension de « chair à chair » ;

3. le contact physique est profondément « autre-que-physique » ;

4. cela ouvre à une philosophie (anthropologie et éthique) du « contact sensible » qui rend

possible toute autre forme d’échange, y compris celui par le langage, et toute forme de soin.En langage d’autrefois, on di-

rait que c’est la rencontre des corps qui rend pos-sible la réciprocité des consciences.Nous avons aujourd’hui à reformuler ce mystère de l’humain incarné, et des exemples cliniques nous y aideront.


« le patient et le soignant sont tous deux des

phénomènes énigmatiques »

David Le Breton Invité d’honneur 2016Professeur, chercheur, anthropologue et sociologue, auteurs de nombreux ouvrages.« ...Le toucher n’est jamais un pur toucher mais

un affleurement de l’histoire intime de la personne approchée. Le contact peau à peau donne un répit à la souffrance, un appui éventuel pour la repousser. L’individu déchiré trouve des bras pour favoriser son abandon et conjurer le sentiment de chute dans le vide éprouvé alors. Une telle qualité de présence permet au sujet en souffrance de se construire une enveloppe rassurante dans le prolongement du corps d’autrui.

éric Fiat Invité d’honneur 2014Professeur agrégé en philosophie, directeur du Laboratoire Institut Hannah Arendt.« ...Alors, quand je m’approche d’autrui,

que je le touche et que je le masse, je dois envisager les conséquences de ce toucher pour que l’amour dont est constitué mon intention soit reçu par le patient comme un bien en soi. Il nous appartient peut-être alors de nous réconcilier avec cette grâce qui permet à l’autre de nous reconnaître comme une bonne personne, un bon soignant.

Ph. Chagnon

6 / 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 / 7

Comment valoriser l’humain chez chaque soignant en apprentissage

Par diane grober-traviesasDirectrice de l’Institut de Formation en Soins Infirmiers de la Croix rouge de Quetigny (Côte-d’Or).

3CONFÉRENCE

L’entrée en formation soignante marque un passage, une étape dans une vie personnelle et profession-nelle. Chaque futur soignant se met ainsi en appren-tissage avec son histoire, ses fêlures, ses espoirs et ses certitudes. La formation, parfois vécue comme parcours initia-tique, espace de construction de soi, parfois comme une profonde remise en ques-tion de certaines croyances, de certitudes, peut aussi se révéler un parcours sinueux et difficile. Les exigences des programmes de formation, la réalité du travail des soignants dans les services participent d’un bouleverse-ment parfois très déstabilisant. Face à un monde professionnel marqué par des chan-gements paradigmatiques profonds, qui se réorganise dans des logiques économiques, de démarche-quali-té, de rationalisation à outrance, chacun petit à petit peut être amené à construire ou à reconstruire ses propres repères et à faire évoluer ses rapports de sens avec sa mission. La formation est aussi le moment de la confrontation avec la souffrance, la mort, la maladie, et celle de la prise de conscience que le travail de soignant peut aussi être mise en souffrance du soignant lui-même, dans des temps de rupture, de profond questionne-ment, d’écart entre ses valeurs et certains choix qui sont faits dans la prise en soins des personnes accom-pagnées. Mais la formation est avant tout ouverture à l’autre, à ses différences, ses ressources, ses pos-

sibles, espace de construction du sens dans lequel le toucher-massage est une possibilité d’ouverture, de dépassement, de recentrage sur soi et sur la per-sonne soignée, dans des mouvements perpétuels de connexion, de déconnexion et de reconnexion pour des soins chaleureux, bienveillants et de qualité.Nous nous proposons de questionner ici la respon-

sabilité première des instituts de formation qui nous semble être celle de poser la question de l’humain au centre de la professionnalisation, et de per-mettre aux futurs soignants de trouver l’assurance que leurs choix, leurs manières d’être et

d‘agir seront au plus juste et au plus proche de ce que sont le soin et la rencontre, ces espaces où vulnérabi-lité, écoute, disponibilité, respect et humilité peuvent restaurer l’humanité, rendre ou préserver la dignité, permettre d’être et s’autoriser à être avec ses fêlures et ses incertitudes. Sans angélisme, ni utopie, en s’appuyant sur des sa-voirs et des valeurs professionnelles partagées, il s‘agi-ra alors d’interroger la capacité des futurs soignants à inventer les coopérations et les espaces d’expression de demain pour transformer les défis qui seront les leurs en une merveilleuse opportunité, celle d’inven-ter des espaces d’expression de soi, de ses valeurs, de ses formidables possibles. Pour cela, notre discours s’appuira sur un réel espoir fondé sur l’intelligence de cœur, des situations et la belle énergie des étudiants de 2018.

« le toucher-massage est une possibilité d’ouverture, de dépassement, de recen-trage sur soi et sur la personne soignée »

Quels sont les bénéfices d’un

congrès orienté vers la pratique

du Toucher-massage® pour les

futurs professionnels de santé

que vous formez ?

Ils sont énormes ! Nous avons à cœur de proposer

des formations centrées sur la personne, ses besoins,

ses désirs, ses émotions en formation initiale mais

le fossé est grand aujourd’hui entre nos envies, nos

conceptions du soin et de la personne soignée, de

la relation soigné-soignant, et ce que les soignants

vivent au quotidien. Les étudiants mesurent ce fossé,

l’expérimentent, s’interrogent sur leur capacité une fois

diplômés à porter les valeurs du prendre soin. Ils se

demandent parfois si nous n’avons pas une vision trop

idéaliste du soin. Pouvoir le temps de ce congrès nourrir

une approche du soin humaniste, prendre le temps de

recharger ses batteries et se rendre compte qu’on n’est

pas seul à y croire encore, c’est primordial ! De plus le

congrès permet aussi de voir que des professionnels au

quotidien réinventent leur pratique et mettent en place des

choses extraordinaires !


à Diane Grober-Traviesasquestions3Quels sont les bénéfices d’un

congrès orienté vers la pratique

du Toucher-massage® pour les

futurs professionnels de santé

que vous formez ?

Ils sont énormes ! Nous avons à cœur de proposer

des formations centrées sur la personne, ses besoins,

ses désirs, ses émotions en formation initiale mais

le fossé est grand aujourd’hui entre nos envies, nos

conceptions du soin et de la personne soignée, de

la relation soigné-soignant, et ce que les soignants

vivent au quotidien. Les étudiants mesurent ce fossé,

l’expérimentent, s’interrogent sur leur capacité une fois

diplômés à porter les valeurs du prendre soin. Ils se

demandent parfois si nous n’avons pas une vision trop

idéaliste du soin. Pouvoir le temps de ce congrès nourrir

une approche du soin humaniste, prendre le temps de

recharger ses batteries et se rendre compte qu’on n’est

pas seul à y croire encore, c’est primordial ! De plus le

congrès permet aussi de voir que des professionnels au

quotidien réinventent leur pratique et mettent en place des

choses extraordinaires !

Pensez-vous qu’il soit important – per-

tinent pour les soignants en cours de

carrière, de s’interroger sur leur pos-

ture professionnelle face à leur façon

de toucher la personne soignée ?

Plus que jamais peut-être. A l’heure de la T2A (Tarification

à l’activité), de la rationalisation à outrance de la pratique

professionnelle, de la perte de sens que nous sommes

beaucoup à regretter, des protocoles qui déshumanisent

nos pratiques, il nous faut pouvoir nous interroger, sur

la place que nous faisons à la personne soignée dans les

soins. Car elle est la première concernée par ces soins.

Et notre manière de la toucher, de nous laisser toucher,

disent beaucoup de la place que nous acceptons de lui

faire. J’aime d’ailleurs beaucoup l’idée que le mot tou-

cher puisse passer par nos mains et par les émotions

qu’il porte. Quand je suis touchée, je me livre tout

entier dans le soin…

Globalement pour vous, quels

sont les points forts de ces jour-

nées ?

L’énergie avec un grand E qu’elles nous apportent !

L’amour l’amour l’amour ! Les rencontres ! Le

partage ! Moi ces journées me permettent de me

dire qu’il ne faut rien lâcher, surtout quand je

vois que nos étudiants et nos professionnels sont

les premiers porteurs de cet amour et de cette

énergie !

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Irriguer l’humainPar Pierre étaix

Pierre Etaix, aide-soignant depuis 1980, travaille depuis 15 ans au Centre de dialyse Neophrocare Tassin-Charcot à Sainte-Foy-lès-Lyon (NCTC Rhône-Alpes). Formé comme Praticien-référent en relation d’aide par le Toucher-massage®, il a été certifié en juin 2017.

4CONFÉRENCE

Pierre Etaix a choisi de nous fait part de sa réflexion sur le Tou-cher-massage® et la mise en

place d’une relation de soins centrée sur l’humain. Pierre part de cette prérogative : pour développer une culture de la bientraitance et une intelligence collective, la fonction sociale, psychologique et socio-logique du Toucher-massage peut être le point de départ de la relation différente pour le travail et/ou la cohésion d’équipe.Il revient sur les différentes étapes qui ont permis cette réflexion : la formation en relation d’aide par le Toucher-massage, la rencontre avec les différents formateurs, ses lectures, ses différentes expériences pendant et en dehors des temps de stage, la pratique regulière du Tou-cher-massage. Ces différents moments ont nourri un savoir-faire et lui ont permis de développer un savoir-être. Grâce auxquels, Pierre a développer des qualités d’attention, d’intention et d’intuition qui sont devenues de puissants déclencheurs de conscience. Le Toucher-massage est donc devenu le médium et le point de départ d’un cheminement, les différents points qui ancrent cette prise de conscience. Voilà ce que Pierre nous dit : LA RECONNAISSANCE La pratique du Toucher-massage m’a permis de re-cevoir des « avalanches de remerciements ». Avec un simple geste sur une main, une accolade généreuse à l’occasion d’un simple accompagnement ou à la le-vée au bord du lit, une brève attention vraie à l’autre,

permettait une connexion personnelle. Ainsi, par cette attitude, cette disposition ouverte à l’autre, je reconnaissais l’autre à mon tour. Le prétexte du Tou-cher-massage m’a amené à être authentique, à être de plus en plus souvent dans une relation vraie.

LE DÉNOMINATEUR COMMUNEn s’ancrant dans cette démarche de reconnaissance et de présence vraie, j’ai pris conscience que cela ravivait ce qui fait de moi un soignant. C’est-à-dire, avoir un in-térêt pour l’autre, travailler à apaiser celui qui souffre. Dans cette prise de conscience, je retiens que nous au-

rions, nous, les soignants, une forme de disposition à aider, ce qui peut paraître une banalité, mais qui m’a particulièrement touché : nous les soignants, nous avions tous cela en commun,

tous soignants confondus... Dans le travail, on peut y opposer toutes nos différences, pourtant, il y a ce déno-minateur commun qui est une vraie valeur à dévelop-per, à partager, à diffuser. Cette valeur fait sens pour chacun de nous : le désir de soulager celui qui souffre.

LA PRÉSENCE À SOICultiver une présence à soi serait une façon de donner toutes nos chances à une bonne communication au travail comme dans la vie. C’est en cultivant une pré-sence à soi et à l’autre par le Toucher-massage que je m’installe progressivement dans l’instant présent qui devient la seule chose importante à vivre. Cette pré-sence à soi est alors une source de plaisir, dans le faire, comme dans l’être.

« La pratique du Toucher-massage m’a permis de recevoir des avalanches

de remerciements »

8 / 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 / 98 / 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 / 9Ph. Chagnon


ÊTRE DANS LE MOMENTPRÉSENTLorsque je porte une attention sou-tenue à ce que je fais, cela permet d’échapper à la notion de temps (celui qui file) mais aussi, de recevoir mon lot de satisfactions inattendues. Cette présence à soi devient alors un espace temps, où le temps pas-sé et futur sont relégués bien après le temps présent. L’instant présent devient un lieu où je peux cultiver la non-discrimination. Ce positionnement me parait être une voie intéressante pour rentrer en relation authentique, dans une juste distance.

SAVOIR SE POSITIONNER L’angoisse et le stress sont sources d’inhumanité. C’est pourquoi, en aidant les soignants à transformer leurs angoisses et leur stress, c’est les aider à plus d’humanité. Comment cultiver la bonne distance ? Comment échapper au risque de la maltraitance ? Il me semble qu’il est nécessaire de déconstruire cette idée du don gratuit de soi et reconnaître cette réalité de l’usure. A partir de cela, j’ai construit mon projet profession-nel : Investir le moment présent, dans une attention vraie, celle où je me retrouve par le toucher simple ou le Toucher-massage quand cela est possible.

RECONNAITRE L’AUTRE DANS UNE ATTENTION VRAIE c’est : - prendre soin des plus vulnérables. Les patients bien sûr, dès que l’occasion se présente, - proposer des massages autant de fois qu’il sera pos-sible,- cultiver une attention bienveillante vers les soignants aussi par la proposition de massages déstressants, - entretenir une dynamique générale de l’établisse-ment, par une pause massage offerte au personnel en

signe de considération, la création d’un « espace ressource » est en cours de réalisation.

En somme, le Toucher-massage peut-être le moyen de travailler son positionnement et sa manière d’aborder son travail. C’est parce que le soignant sera heureux au travail qu’il sera en mesure de poser des actes adaptés vers les patients. Les patients, satisfaits de cela, renverront à leur tour la recon-naissance attendue à ceux qui les entourent. Ils pourront tisser avec les soignants une relation vraie et authentique.

Cette formation en Tou-cher-massage a été pour moi l’occasion d’élaborer une forme de stratégie personnelle de bienveillance. Cette dyna-mique individuelle peut gagner des collègues intéressées au

Toucher-massage et gagner l’esprit des équipes par mimétisme. Enfin, elle peut produire une force col-lective, durable pour maintenir un climat de bientrai-tance et de bienveillance. Et même, si la hiérarchie est convaincue du bien fondé de cette démarche, elle peut devenir comme une culture d’entreprise qui aura pour finalité, d’entretenir, de conserver ou de retrouver un plaisir à soigner.

C’est pourquoi, aujourd’hui, je souhaite transmettre et développer le savoir-être autant que le savoir-faire au sein de mon établissement, développer une culture de la bientraitance, une intelligence collective. La fonction sociale psychologique du Toucher-massage peut être alors le point de départ d’une relation différente au travail et à la cohésion d’équipe.

« le Toucher-massage peut-être le moyen de

travailler son position-nement et sa manière

d’aborder son travail. »

5ZEN


Toucher et se laisser toucherla bienveillance au coeur de l’accompagnement en fin de vie, pari impossible ?

Par l’équipe interdisciplinaire du Foyer Saint-François de NamurDanielle Hons (médecin), Kathelyne Hargot (psychologue), Pierre Guerriat (bénévole).

5CONFÉRENCE

Au Foyer St François de Namur (Belgique), centre de soins palliatifs de 10 lits, notre intention pre-mière et fondamentale est d’accueillir l’autre dans son humanité la plus profonde, dans sa dignité intrinsèque. La compétence des soins, la recherche quotidienne du mieux-être, la vigilance à la souffrance globale sont nos objectifs depuis bientôt trente ans. Une des forces de notre ins-titution est de pouvoir comp-ter sur une cinquantaine de bénévoles qui offrent temps, écoute, disponibilité. Ils peuvent parfois être amenés à soutenir un ma-lade lors d’une toilette.La personne malade est souvent réduite à un corps souffrant, muré dans sa douleur, rétréci par la maladie et les années de lutte et de traitements médicaux aux effets secondaires parfois lourds. La collaboration soignants-bénévoles est un plus pour les patients mais il nous paraît primordial de s’assurer de la réelle compétence de ces bonnes volontés, sans partir dans tous les sens.Depuis longtemps, nous avions pressenti qu’un massage serait vraiment un plus par rapport aux frictions réalisées par les infirmières. Mais com-ment intégrer ce massage au quotidien dans le respect de chacun et de l’organisation globale des soins ?

C’est ainsi qu’un projet de formation mixte est né et que, grâce à un mécénat, il a pu être concrétisé. Soixante soignants et bénévoles ont été formés ensemble au toucher relationnel. Offrir la formation à l’ensemble des deux équipes

a intensifié cette synergie auprès du patient ou face à un proche en détresse. Elle a ouvert un champ de pos-sibles. Ce bagage commun offre une dynamique nouvelle et accentue la confiance entre soignants et bénévoles. La

formation donne une légitimité dans un cadre sécurisé par médecins et soignants. Le patient et ses proches en sont réellement bénéficiaires.

Sandrine Hontarrède est infirmière et formatrice en Tou-cher-massage®. En parallèle de son métier de formatrice, Sandrine continue de travailler comme vacataire dans des unités de soins palliatifs. Dans ce contexte elle est interve-nue comme formatrice sur le site du foyer Saint François à Namur et conquise par la démarche de soins de ce site, elle a souhaité faire un stage en immersion pour en ap-précier mieux encore la philosophie de soins, la philoso-phie de vie. Vous pouvez découvrir son témoignage sur le site de Soiliance : www.soiliance.art

« Une des forces de notre institution est de pouvoir

compter sur une cin-quantaine de bénévoles

qui offrent temps, écoute, disponibilité. »


Hauts les coeurs, pour accompagner

Par sandra meunierSandra Meunier est art-thérapeute, clown depuis 2002 à Paris, formatrice, clown en colloques, fondatrice de Neztoiles. Membre du Jury de l’IFSI Mondor en 2012 et 2014, Maître de Mémoire de DU de Soins Palliatifs de Lille (2013-14), enseignante à la faculté R. Descartes, Paris, dramathérapie, 2016. Diplômée de l’INECAT, elle a suivi tout un enseignement en clown gestalt puis en thérapie corporelle et énergétique pendant 14 ans.

6 CONFÉRENCE SPECTACLE

Voilà 15 ans que j’accompagne les personnes en fin de vie ou très malades (soins palliatifs, géria-trie, neurologie, cancérologie et cardiologie...). J’ai inventé un mouvement qui s’appelle NEZTOILES, une pratique d’art-soignant centré sur la joie. La devise des Neztoiles : si on ne peut pas changer la vie, on peut changer le regard qu’on a sur elle.Quand je suis à l’hôpital, je suis docteur de la joie, chercheur de trésors, souffleur de poésie. En quoi consiste ce merveilleux mé-tier ? Il consiste à donner des soins de joie par l’utilisation de la pensée créatrice et par l’utilisation de l’art, au sens large.Une Neztoile est un personnage issu du clown, passé par les mondes féériques ou merveilleux et formé à la relation d’aide. Le principe est d’accompagner des patients par l’imaginaire en étant soi-même dans un état créa-tif associé à une joie interne profonde et révélée.Nous donnons des soins de joie afin de permettre aux patients de vivre autrement la traversée de leur maladie et de les préparer à la mort. Nous tentons de reconnecter les patients à une forme de joie interne, de les aider à s’apai-ser et à lâcher tout ce qui les noue. Toutes ces propositions se font par ce

personnage à l’apparence de joie, lumineux, plein d’humour et d’audace. L’apparence est légère et le fond très profond.Fort heureusement, cette joie n’est pas le mono-pole d’un métier. Mais comment pouvons-nous faire pour être tous une Neztoile, à notre façon et être un point de lumière dans l’obscurité appa-rente, là où nous sommes ?Comment pouvons-nous illuminer par notre pré-

sence la vie de ceux que nous croisons ou accom-pagnons ? Allez, hauts les coeurs, les soignants !J’ai pris l’habitude d’écrire

mes rencontres avec les patients pour mettre à plat les processus de « bascule intérieure » et pour transmettre des réflexions d’accompagne-ment.En conférence-spectacle, je tente de faire revivre ces processus pour que les soignants présents puissent réfléchir sur leur pratique de soin et ac-compagner les patients avec plus de merveilleux et en étant plus conscient du pouvoir de la joie.Par cette conférence, HAUTS LES COEURS, je nous propose de ressentir : comment en pour-

quoi une proposition dans l’imaginaire de joie apaise ? Comment permettre aux pa-tients une rencontre plus ra-

pide vers leur centre et vers leur joie ? Est-ce par

« si on ne peut pas changer la vie, on peut changer le regard qu’on a sur elle »

« l’apparence est légèreet le fond très profond »


le jeu de miroir ? Est-ce par ce que je suis en jeu ? Est-ce par ce que je développe en moi ? Comment utiliser l’art de la métaphore ? Com-ment les faire basculer ? Comment faire pour qu’ils se sentent plus grands ? Comment faire pour qu’ils ouvrent la porte de l’intérieur ? Comment faire pour qu’ils acceptent de lâcher leur souffrance ?

Ce qui est certain c’est que mon approche est totalement reproductible. C’est avant tout un état d’être, une manière d’alléger ce qui est lourd, sans le nier, de choisir le chemin du sourire.

Choisir la joie profonde est une décision très courageuse.Pour faciliter la communication et l’ouverture des coeurs présents, j’essaye toujours de nous faire rire, car à cet instant, nous sommes en-semble, sans hiérarchie, sans barrière, à éga-lité. Cette posture est essentielle dans le soin.J’aime nous mettre en condition du sourire intérieure et du grand rire. J’aime nous per-mettre de vivre ensemble le beau, le grand et tout ce qui peut nous émerveiller. L’espace d’un instant, nous faisons tomber les murs des chambres pour proposer d’autresdimensions, C’est ma piste aux Neztoiles...

En découvrir plus :neztoiles.com / sandrameunier.com

« comment pouvons-nousilluminer par notre présence la vie de ceux que nous croisons

ou accompagnons ? »

Par le Docteur Ewa Jedrysiak-Loska.

7CONFÉRENCE

La population accueillie en Unité de Soin de Longue Durée (USLD) est principalement consti-tuée de patients significativement dépendants physiquement et psychiquement nécessitant des soins quotidiens et une surveillance accrue. Ces personnes présentent des dysfonctionne-ments physiques et psychologiques générant une qualité de vie pour eux et aus-si une qualité de travail pour le personnel soignant rendue difficile.

Ainsi, suite aux travaux que nous retrouvons dans la lit-térature, nous avons pensé qu’il serait intéressant de faire évoluer la pratique des soins dans un but de faire changer les mentalités et d’appréhender le pa-tient et sa prise en charge sous un autre angle.

Grâce au financement accordé par la fondation Apicil, nous avons formé une partie du personnel soignant au Toucher-Massage®. Dans l’optique

d’apprécier au mieux les répercussions de cette technique sur les patients en USLD, nous avons réalisé une étude sur plusieurs semaines évaluée à partir d’une grille d’évaluation du Toucher-Massage.

Au cours de cette étude, nous avons constaté une amélioration de la prise en

charge, ainsi qu’une diminution de l’en-semble des dysfonc-tionnements présents chez la personne âgée dépendante (douleur, anxiété, troubles psycho-comportementaux) et une amélioration du bien-être.

De plus, cette pratique a permis au personnel d’être valorisé et d’élargir son questionnement sur ses missions. Il est alors retrouvé une amé-lioration générale du bien-être, autant chez les patients que chez les soignants.

Au vu des bienfaits de cette technique de prise en charge, le pôle de Gériatrie est en train de mettre en place une équipe pilote afin d’élargir l’utilisation de cette technique à tous les services dans une réflexion de soins.

« De plus, cette pratique a permis au personnel

d’être valorisé et d’élar-gir son questionnement

sur ses missions. »

Intégration de la techniquede Toucher-massage® chez les patients dépendants communiquants dans le processus de soins, en unité de soins de longue durée.

14 / 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018

14 / 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 Ph. Chagnon


8CONFÉRENCE

Psychologue clinicienne de formation, j’ai toujours considéré comme essentielle à un bon développe-ment psychique la qualité des échanges sensoriels primitifs du nouveau-né avec son environnement maternant. De cela, nous n’avons la trace que dans les propos et les postures, les gestes des sujets. La figure de référence qui m’a accompagnée n’était autre que Didier Anzieu, auteur du Moi peau. Etayé sur les premières expériences corporelles, le Moi en serait l’introjection. Ses principales qualités seraient d’assurer psychiquement comme la peau pour le corps, la conte-nance, de constituer une uni-té perméable et un pare-ex-citation, comme un lieu d’échanges multiples mais circonscrits, délimités, d’assurer la maintenance, soit la possibilité de se tenir droit, vertical et comme un roseau de pouvoir aussi plier, se tordre sans rompre. Avec D.W.Winnicott, j’ai aussi appris l’importance du “holding”, du “handling”, et l’idée que la mère fait l’en-fant et que l’enfant fait la mère, renvoyant à la totale néoténie des êtres humains ayant besoin de conti-nuer leur maturation après la naissance. Ceci étant, mon métier de psychologue m’a aussi amenée au respect de la règle d’abstinence : “Noli me tangere” (“Ne me touche pas” ou “Ne me retiens pas, je ne suis pas encore monté vers mon père” pa-roles de Jésus ressuscité à Marie-Madeleine), rappelle Didier Anzieu, parce que si nécessaire qu’elle soit, la fusion, la bulle avec la mère qui constitue une “peau primaire” psychique vitale, doit être rompue pour que

le sujet advienne. Pour travailler comme psychologue dans l’accompagnement du sujet à s’affirmer comme tel, il fallait instaurer un cadre, en énoncer et en res-pecter les règles, en supposant qu’ils en auraient ainsi la possibilité. Mais j’ai appris bien vite, de René Rous-sillon (professeur émérite à Lyon 2), l’importance de l’accueil proposé à des personnes souvent meurtries et de l’intérêt pour les professionnels de se montrer

“malléable”. Et puis, j’ai ren-contré aussi la particularité de la cécité. Les enfants, que j’ai rencontrés dans un premier temps, avaient un rapport dif-férent au toucher, qui m’obli-geait à me questionner sur la sacro-sainte “neutralité bien-

veillante” et la “ bonne distance”. Ils avaient besoin de toucher et je ne pouvais pas ne rien en faire et juste les remettre à leur place. Ce sont aussi les patients qui font les psy... Avec les femmes adultes malvoyantes ou non-voyantes que j’ai rencontrées ensuite au foyer, ayant passé leur vie en institution, depuis la prime enfance et n’ayant pour la plupart pas noué de relations affec-tives accomplies, j’ai encore fait un pas vers la ques-tion du toucher. Outre, le fait pour moi d’accepter d’être un tant soit peu touchée sans en frémir, je me suis dit qu’il y avait pour elles une nécessité, à côté du travail de parole, de reprendre ce qui avait été mal construit, de reprendre là où quelque chose des pre-miers soins avait fait terriblement défaut au point que l’enveloppe psychique en soit parfois trouée.

« C’est ainsi que j’ai voulu m’initier au massage, afin d’apprendre à toucher pour

contenir, rassurer, quand les mots n’ont pas d’impact. »

Un corps à soiPar christelle meaglia et isabelle bourguignon

Christelle Meaglia est psychologue. Isabelle Bourguignon est praticienne de massage bien-être®. La conférence s’accompagne de la projection d’un documentaire réalisé au sein du foyer par Clémence Culic & Prune Savatofski.

Quelle est l’implication de Soiliance

dans l’organisation du congrès ?

L’association Soiliance a pour mission de

travailler à la reconnaissance du Toucher-mas-

sage® comme une pratique soignante. A cette fin,

cette association, qui existe depuis 9 ans, a mis

en place plusieurs formes d’actions : une aide à la

réalisation d’études sur l’impact du Toucher-mas-

sage, des partenariats avec des centres de soins ou

d’autres institutions humanistes comme la Ligue

contre le cancer de Côte-d’Or, afin d’offrir aux per-

sonne fragilisées par la douleur, l’âge ou la maladie

des soins relationnels par la pratique du massage

bien-être, et enfin toujours dans le but d’informer,

Soiliance participe à la conception et à l’organisation

du Congrès européen du Toucher-massage.

Quelle place prend Soiliance dans l’orga-

nisation de ce congrès ?

Le congrès est pour l’association l’opportunité de

diffuser un documentaire réalisé dans une structure

où la pratique du Toucher-massage® ou autres tech-

niques associées ont été mises en place. Il y a deux

ans, cela avait été l’opportunité


à Jacqueline Thonetquestions3

Quelle est l’implication de Soiliance

dans l’organisation du congrès ?

L’association Soiliance a pour mission de

travailler à la reconnaissance du Toucher-mas-

sage® comme une pratique soignante. A cette fin,

cette association, qui existe depuis 9 ans, a mis

en place plusieurs formes d’actions : une aide à la

réalisation d’études sur l’impact du Toucher-mas-

sage, des partenariats avec des centres de soins ou

d’autres institutions humanistes comme la Ligue

contre le cancer de Côte-d’Or, afin d’offrir aux per-

sonne fragilisées par la douleur, l’âge ou la maladie

des soins relationnels par la pratique du massage

bien-être, et enfin toujours dans le but d’informer,

Soiliance participe à la conception et à l’organisation

du Congrès européen du Toucher-massage.

Quelle place prend Soiliance dans l’orga-

nisation de ce congrès ?

Le congrès est pour l’association l’opportunité de

diffuser un documentaire réalisé dans une structure

où la pratique du Toucher-massage® ou autres tech-

niques associées ont été mises en place. Il y a deux

ans, cela avait été l’opportunité

pour nous de parler des adolescents en grande

difficulté, en 2018, nous parlerons de ce qui a été

mis en place dans un foyer de vie pour résidentes

non-voyantes. L’intérêt de ces documentaires est de

cibler des publics différents, pour faire connaître la

grande variété des possibilités. Le toucher, quand il

est l’expression concrète de la dignité, s’adresse à

tous. Le temps de forum organisé sur ce congrès

permet aussi de croiser les expériences, d’initier

d’autres projets.

Une anecdote à partager ?

Les anecdotes… il y en a tellement ! Je me sou-

viens par exemple d’une soignante, les larmes

aux yeux, qui vient vers moi à la fin du congrès

2014 intitulé « Et si nous parlions d’amour ? » :

elle me dit que ces journées ont été un des plus

beaux moments de sa vie, que cela avait été

pour elle la chance de rencontrer des gens qui

aiment et pratiquent le métier de soignant

avec humanité voire une certaine tendresse.

Elle repartait « gonflée à bloc », toute pleine

d’énergie et toute fière d’appartenir à cette

famille là.

De son premier métier, Infirmière DE, Jacqueline Thonet garde cette envie d’apporter du mieux-être, cette

tendresse pour le prendre soin. Tour à tour praticienne, formatrice et responsable pédagogique à l’IFJS,

elle conjugue dans son travail ses deux vocations : le métier de soignant et la pratique du Toucher-mas-

sage®. Elle est la fondatrice et la présidente de l’association Soiliance.

C’est ainsi que j’ai voulu m’initier au massage, afin d’ap-prendre à toucher pour contenir, rassurer, quand les mots n’ont pas d’impact. Puis, n’exerçant pas spécifi-quement dans ce domaine, j’ai fait appel à l’Institut de formation Joël Savatovski pour que ce travail occupe une place à part entière dans l’institution.

Au travers d’un film qui a été réalisé pour ce Congrès, vous verrez quelques résidentes massées, enten-drez leurs propos, ceux d’Isabelle Bourguignon et les miens à ce sujet. J’évoquerai alors dans notre inter-vention avec Isabelle, le lien qui m’est apparu pour ces femmes, mais aussi pour les professionnels, entre le travail psychique et le toucher.


Par déborah lablanche et nathalie dupontDéborah Lablanche est infirmière en réanimation néonatale au CHI de Poissy (Île-de-France), référente du groupe de travail sur le massage du nouveau-né hospitalisé prématuré et à terme. Nathalie Dupont est psychologue dans cette même structure.

9CONFÉRENCE

Avant la naissance, le toucher est le premier sens développé par le foetus. En effet, le futur nou-veau-né est en contact permanent avec le cocon formé par les parois du placenta et baigné dans le liquide amniotique.Dans cet environnement aquatique, le futur nou-veau-né est bercé, en apesanteur, protégé du bruit et de la lumière.Lors de l’accouchement, en raison du caractère d’urgence et de la nécessité de prise en charge, le nouveau-né prématuré va être séparé de sa mère et de cet univers apai-sant. Sa peau, extrêmement fragile, sera soumise à des soins invasifs et douloureux tels que les poses de perfu-sion, de cathéter central, les prélevements sanguins... et sti-mulée de façon quasi perma-nente (électrodes, sparadrap, pansement...).Malgré les avancées sur les soins de développe-ment de l’enfant prématuré, cela peut entraîner une mémorisation négative du toucher, qu’il est possible d’atténuer grâce à la pratique du Tou-cher-massage.Cette pratique peut être utilisée en service de réa-nimation néonatale pour améliorer la tolérance d’un soin, pour soulager la douleur, pour stimuler

le transit... et offre de multiples possibilités dans l’amélioration de l’hospitalisation du prématuré. Il est important de réaliser ces massages dans le respect de l’enfant, de ses besoins, de ses envies en observant chaque signe d’inconfort et de dé-sengagements lors du massage.L’enfant prématuré possède un temps d’éveil très court qui lui demande beaucoup d’énergie.Il est de notre rôle en tant que soignant de res-

pecter des temps de massage adaptés à chaque nouveau-né afin que ce moment reste un plaisir partagé.Dans la pratique du Tou-cher-massage, nous devons aussi prendre en compte la fragilité de la peau du préma-turé tant dans le choix du to-pic que nous utilisons que du type de massage réalisé. Plus

l’enfant est né prématurément, plus le choix d’un massage contenant devra être choisi.Pour les parents, la naissance d’un nouveau-né prématuré et son hospitalisation parfois très longue est vectrice de stress, de souffrance... Ils se retrouvent dépossédés de leur bébé, souvent dif-férent du bébé imaginé, rêvé.Comment trouver ma place en tant que parent ? Comment s’occuper de mon bébé si petit ?

« Le Toucher-massage peut être utilisée en ser-vice de réanimation néo-natale pour améliorer la tolérance d’un soin, pour soulager la douleur, pour stimuler le transit... »

La pratique du Toucher-massage® chez le nouveau-né hospitalisé


Suis-je capable de m’occuper de mon bébé « aussi bien » que les soignants ?Ces sentiments sont souvent expri-més par les parents, malgré notre plus grande vigilance pour les valoriser et les faire participer aux soins de leur enfant. En plus de la fragilité et de la taille de leur bébé, le service de réanimation néonatale est un environ-nement bruyant (sonnette de scope, personnels nombreux, incubateurs, respirateurs...), qui peut être impressionnant pour des parents ( nombreux fils autour de leur bébé : scope, perfusion... ; enfant placé en couveuse...).

L’organisation d’un atelier massage « pa-rent-bébé » peut permettre à la mère et au père de renforcer leur place auprès de leur enfant, de se sentir acteur dans un moment de bien-être partagé.

Ils apprennent également à manipuler leur bébé, ce qui sera pour certains une découverte,

et à l’observer dans un accompagnement privilégié avec le soignant dans la parentalité.La pratique du Toucher-massage en service de réanimation néonatale est essentielle pour le nou-veau-né prématuré dans sa construction psychique et physique, pour les parents dans la mise en place du lien parent-enfant, mais aussi pour le soignant dans l’enrichissement de sa pratique.


Par christophe pacificCadre supérieur de santé. Docteur en philosophie.

10CONFÉRENCE

Le Soin doit pouvoir gagner en élégance, en grâce et en précision. Il ne s’agit pas ici de balayer d’un revers de main les démarches existantes mais d’être capable de nous autori-

ser à un système critique qui permettrait de libérer notre pensée et nos gestes professionnels ; Offrir des ouvertures et des possibles pour augmenter notre art en termes d’émotion, d’intuition, d’imaginaire et de créativité. La grâce et la rigueur ne sont pas antinomiques.

Depuis trente ans, la dé-marche holistique nous oblige à construire la personne comme un système compo-sé de toutes ses dimensions physiques, affectives, cognitives, sociales et spirituelles. Alors certes, cette idée du Tout n’est pas inintéressante en soi pour soi-gner notre patient, mais en courant après le Tout, ne risque-t-on pas de louper l’essentiel, le détail détermi-nant pour lequel notre intuition, notre sens du Soin se forment au grès des expériences ?Prenez un jeune homme récemment atteint de tétra-plégie incomplète. La seule découverte de la mobilité intentionnelle de quelques millimètres d’un orteil va déclencher des émotions positives qui seront autant de leviers pour progresser ensemble dans la dé-marche de soins. L’infirmier qui sera capable de voir cette microscopie du soin sera capable de soulever des montagnes.

La microscopie du soinCette clinique prend le contrepied d’une démarche globale et traite d’un regard clinique essentiel qui cherche à traquer les menus détails chers à Ma-rie-Claude Vallejo dans son Éthique au coeur des pe-tites choses. Il s’agit ici de capter l’éphémère, de saisir le moment opportun où les mâchoires se serrent en silence pour contenir une douleur et répondre au plus

tôt de la présence soignante, a contrario d’apercevoir une ride qui nait sur un coin d’oeil plissé et qui peut évoquer un sourire contenu et qui mérite d’être vu pour être partagé. Ne pas se satisfaire du grand Tout et viser son contraire pour augmenter notre champ de conscience, changer nos habitudes et accorder au

millimètre sa grandeur quand il conditionne un nou-veau possible, voilà bien une dimension paradoxale et essentielle au regard soignant. Un enseignement au tour de la microscopie du soin propose ainsi un nouveau focus, une nouvelle clinique qui se fonde sur l’attention et l’intensité du moment présent. Il s’agit aussi de permettre aux émotions un droit de cité pro-fessionnel. Rendre au soignant la légitimité de s’émou-voir encore de ces petites choses qui nous rendent éminemment humains et résister sur l’essentiel : ce qui nous a amené à être qui nous sommes, le rester et devenir meilleur avec et pour autrui dans des insti-tuions justes comme le pensait Paul Ricoeur.

« Un enseignement autour de la microscopie du soinpropose ainsi un nouveau

focus, une nouvelle clinique qui se fonde sur l’attention et l’intensité du moment

présent »

L’élégance soignante, pour une clinique du détail. 11


Par françoise boissièresInfirmière, formatrice en relation d’aide et en Toucher-massage. Auteure.

11CONFÉRENCE

S’investir professionnellement dans le domaine sanitaire et social requiert des savoir-faire et un savoir-être, également

basés sur une relation de confiance et de respect. La notion de relation d’aide est trop souvent considérée à un sens unique, comme le fait de « prendre soin de l’autre ».Mais en fait, comment prendre soin de l’autre sans prendre soin de soi ? Pourquoi est-il né-cessaire de développer de la bienveillance envers soi pour mieux accompagner l’autre ? Un dicton, bien connu nous rappelle que : « Ce sont les cordonniers les plus mal chaussés » !Ainsi, n’échappons pas à cette évidence : en tant que professionnels de la relation d’aide, il est primordial de prendre soin de soi, (même si dans le mot soignant, on entend « soi-niant ») pour aller vers d’avantage d’ef-ficience.Afin de se prémunir de l’épuisement professionnel, il est fondamental de connaitre nos propres limites, de les respecter, de garder en fil conducteur nos va-leurs, et tout simplement d’oser dire « non » sans se justifier... En d’autres termes, accepter d’être acteur de sa vie et développer les ressources indispensables qui nous permettront d’affronter les différents évène-ments.

Et c’est pour cela, qu’il semble tout naturel que chacun de nous sache appliquer pour lui-même et durable-ment, ce qu’il saurait conseiller à son meilleur ami !Cette conférence valorise des exercices d’écoute de son corps et de son cœur, prendre le temps juste

quelques minutes, de prendre rendez-vous avec eux, en quelque sorte avec notre « es-pace intérieur », véritable res-source.Tout au long de cette interven-tion, vous allez clarifiez vos be-soins, définir vos limites, faire de votre corps un allié, dévelop-

per certains rituels qui confortent le besoin de sécurité. Dès votre réveil et tout au long de votre journée, vous pouvez prendre place à bord de vous-même et jongler entre le pilotage automatique et le pilotage ma-nuel en fonction des turbulences. Et bien d’autres principes si souvent évoqués dans des ouvrages de déve-loppement personnel, qui parfois le fait de les entendre à nouveau, vous permettent de rester sur le chemin de la bienveillance envers vous pour mieux accompagner l’autre.

« Prendre soin de soi pour mieux prendre soin de l’autre, être bienveillant envers soi, Respecter ses valeurs, Oser

dire non, Accepter ses limites, Ce n’est pas simple et c’est

pourtant essentiel »

La bienveillance envers soi, pour mieux accompagner l’autre.


Réflexions sur l’importance et l’impact du toucher relationnel au cœur des soinsAvec l’Equipe pluridisciplinaire du Pôle Urgences SMUR - USCP - UHCD du C.H. Haute Corrèze : Daniel Rouby (médecin) et Véronique Brandely (infirmière).

12TABLE-RONDE

L’équipe Urgences-SMUR-Soins Continus témoigne de l’importance et de l’impact du toucher relationnel dans leur pratique quotidienne, les circonstances et étapes ayant amené l’équipe dans cette démarche et les répercussions des actions mises en place pour intégrer le toucher relationnel dans leurs pratiques

de soins. Nous retiendrons que l’équipe, dans sa globalité, est convaincue que le toucher relationnel permet d’améliorer la qualité des soins dispensés aux patients mais aussi la qualité de vie des soi-gnants au travail, y compris dans des Services de Soins dits « à forte technicité ».

Le temps des témoignages

Le Toucher-massage® comme approche de communicationen soins palliatifsTémoignage d’Agnès Régnier, Infirmière à l’hôpital du Jura en Suisse.

Agnès travaille dans une unité de soins palliatifs. Son poste de « spécialiste clinique en soins palliatifs » lui permet de pratiquer tous les jours le Toucher-massage®. En effet, elle a la chance

d’être dans une unité de soins qui veille à la personne dans sa globalité, ce qui lui per-met de réaliser au quotidien des toilettes ou des soins de confort, le Toucher-massage est donc intégralement inté-gré à sa pratique d’accompa-gnement. Agnès nous témoigne de son expérience. A noter, en dehors de son activité hospitalière, Agnès a entrepris un exercice en libéral (micro-en-trepreneur) comme Praticienne de massage bien-être®, ce qui lui permet de côtoyer des personnes

présentant une maladie grave, invalidante, des per-sonnes présentant des troubles cognitifs tels la ma-ladie d’Alzheimer, et également des personnes en fin de vie à domicile.« J’ai choisi de travailler en soins palliatifs après être passée de la réanimation à la psychiatrie, des soins in-

tensifs à la gériatrie. Et puis, au cours de différentes formations dont une en soins palliatifs, j’ai découvert une nouvelle ap-proche et ma vision du métier de soignante a changé.En partant du savoir, du sa-voir-faire, j’ai découvert le sa-voir-être et par la suite le savoir « devenir ».

J’ai pris conscience que chaque personne est unique dans sa trajectoire de vie, qui évolue, change. Je m’im-plique avec respect et éthique en considérant la per-sonne avec sa propre histoire et l’accompagne dans ce bout de chemin de retour à l’équilibre.

« Le toucher en soins palliatifs est une magnifique porte d’entrée, il me permet d’aller à l’essentiel, car la personne va s’ouvrir et oser

parler de sa finitude. »

Ph. Chagnon


Je suis infirmière, mais à ce jour je ne me considère plus comme une soignante « Soi-niante », ni comme une « infirme-hier » qui sait et qui soigne, mais comme une personne qui accompagne, en acceptant de déposer son « pouvoir » de soignante et permettre à la personne de reprendre « sa vie en main ». D’aider cette personne à aller vers l’essentiel, à explorer ses propres ressources, je ne la vois donc plus comme une personne soignée (Soi-niée), mais comme une personne qui devient actrice de sa vie...Je m’appuie entre autre sur une phi-losophie qui considère la personne comme un être humain en devenir « l’être humain devenant » (la phi-losophie de Rosemarie Rizzo Parse).C’est avant tout une relation d’ac-compagnement, en étant à l’écoute de la personne, en la considérant comme unique, indivisible, vivant de paradoxe en paradoxe, et pleine de ressources.C’est voir, accepter et respecter la personne dans sa glo-balité et sa singularité, sans jugement de valeur, c’est l’accompagner dans un cheminement de développe-ment spirituel dans l’objectif de lui permettre de devenir ou re-devenir actrice de sa vie.Mais c’est aussi être dans le ressenti, par le Toucher-mas-sage, le toucher intuitif, toucher énergétique, tout en lui permettant de re-ssentir son corps et de laisser aller ses émotions, ses mots et ses maux…Le toucher en soins palliatifs est une magnifique porte d’entrée, il me permet d’aller à l’essentiel, car la personne va s’ouvrir et oser parler de sa finitude, et de là je vais accepter d’être témoin de ce qui va se passer, de ce que la personne va vivre…

La formation de Toucher-massage m’a apporté une nou-velle approche vis-à-vis des personnes. Une approche humaniste, où je me rends compte que le toucher n’est pas si anodin, mais qu’au contraire il est un des sens le plus important (avec l’olfaction peut être) pour toucher l’Âme de la personne. Il peut être libérateur et révélateur, selon l’intention du masseur qui donne sans rien attendre en retour, si ce n’est de un « Amour inconditionnel ».Il permet à la personne un « éveil » de ses besoins, de ces

ressentis, de ces émotions…Cette formation a été un nouveau souffle de vie, une nouvelle vision de l‘être humain, dans ses joies, ses peines et ses faiblesses, elle m’a ouvert des portes dans la commu-nication, la relation et l’authenticité pour entrer en lien avec l’être hu-main dans son « entièreté », afin de pouvoir être témoin de nombreux messages déposés face à la peur de

la maladie, de la souffrance, de l’approche de la mort, face à la culpabilité de l’abandon de ses enfants, famille, proche. Et puis l’acquisition de ce savoir-faire m’a per-mis de vivre avec la personne massée une grande ten-dresse... surtout lorsque la vie s’enfuie, lors des grandes souffrances physiques ou psychologiques, lors de la peur qu’engendrent la rencontre de la mort et de l’après.Elle m’a permis d’accompagner la personne dans la glo-balité de son être.Enfin, elle m’a permis d’ouvrir mon cœur, d’accueillir l’autre et de pouvoir lui exprimer ma tendresse. »

« l’acquisition de ce savoir-faire m’a

permis de vivre avec la personne massée une grande tendresse... surtout lorsque la vie s’enfuie. »

Ph. Chagnon


Au-delà des mots : le toucher.Catherine Même est infirmière, formatrice et praticienne en relation d’aide par le Toucher-massage®.

Catherine propose des séances de massage à domi-cile à des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neuro-dégé-nératives. C’est au travers de trois histoires, que Catherine a choisi de partager avec nous,

son expérience et le fruit de ses observations.

L’histoire de Cécile et Véronique.La maman est atteinte de la maladie d’Alzheimer en phase terminale. Elle ne communiquait plus verbalement et était placée en EHPAD. Véronique, très attachée à sa mère, avait le désir profond de lui apporter tout le bien-être possible, jusqu’au bout, mais elle se sentait un peu démunie. Elle ne savait plus comment prendre sa

place dans cette relation qui lui semblait alors à sens unique. Les séances massages partiquées par Catherine, qui a pris grand soin de les ajuster à l’attitude de Cécile, ont appris à Catherine que Cécile avait be-soin du contact visuel pour ressentir, comprendre et anticiper ses intentions. Profitant de cette expérience massage, Véronique

a ensuite veiller à utiliser le contact avec le regard pour communiquer avec sa ma-man. Elle était présente à chaque séance massage et, grâce à Catherine, elle a pu observer et comprendre que grâce au toucher, une

personne ayant de gros troubles cognitifs était en capacité de ressentir et de communiquer des émo-tions.

Mon expérience en service de dialyse.Nicolas Schontz est aujourd’hui infirmier dans un service de dialyse au centre hospitalier de La Rochelle

Motivé par un prendre soin autrement, se rapprochant de ses valeurs, de sa sensibilité, Nicolas a obtenu auprès de son employeur de faire la for-mation en relation d’aide par le Toucher-massage®.Lors de son travail de fin de

formation, il a réalisé une étude de cas sur l’impact du Toucher-massage chez une patiente en service de dialyse. Ce travail lui a permis de vérifier les bénéfices du Toucher-massage, de prendre confiance en son sa-voir-faire et de mettre en place une façon différente d’aborder la relation avec le patient en lui procurant des soins apaisants et le soutien nécessaire pour cette « prise en soin » si particulière.

« Les ponctions lors des séances de dialyse sont des mo-ments appréhendés par une majorité de malades car ce sont des actes invasifs, traumatiques et répétés. La douleur et l’angoisse sont les deux symptômes princi-paux qui peuvent se chroniciser lors de ces ponctions, conditionner la tolérance des séances et détériorer les relations des patients avec les soignants et les proches.Fort de ce constat, j’ai eu l’idée d’introduire le Tou-cher-massage lors des ponctions et décidé d’en évaluer les bénéfices sur le vécu du patient avant et pendant les ponctions, durant et après la séance ainsi que sur son lieu de vie. C’est de cette expérience que je viens témoigner au-jourd’hui, ce qu’elle m’a apporté en tant que soignant et de ce qu’elle a généré comme dynamique au sein du service. »

« Une personne ayant de gros troubles cognitifs était en capacité, grâce au toucher, de ressentir et de communi-

quer des émotions. »


L’histoire de Daniel et Marie-ChristineMarie-Christine sollicite Catherine pour son mari Daniel. Atteint de la maladie d’Alzheimer depuis 7 ans et grabataire depuis 3 ans, il est resté à domicile. Il a les membres supérieurs très ré-tractés et présente aussi ré-gulièrement des troubles de la déglutition. Après avoir longuement écouté les attentes de Marie-Christine, Catherine propose des masssages en s’adaptant aux réactions de Daniel. Le retour de la première séance a été très enthou-siaste, Marie-Christine lui a dit : « Je ne sais pas ce que vous lui avez fait la dernière fois, mais il a nettement moins de troubles de la déglutition » (trouble extrême-ment angoissant pour une aidante seule à domicile). Les soignantes du SSIAD ont également repéré que Daniel était nettement moins raide les jours suivants ses passages. Une relation de confiance s’était ins-tallée entre Marie-Christine et Catherine, lui per-mettant de se confier et d’exprimer combien elle se sentait démunie et incomprise de son entourage proche. Catherine a accompagné Daniel pendant 2 ans et demi, jusqu’à son décès. Voici un extrait de ce que Marie-Christine a écrit quelques semaines après le décès de Daniel.« Les mots font défaut mais les émotions sont encore là. Comment les comprendre si ce n’est par le toucher. Le massage offre ce dernier lien de bonheur, de calme et de sérénité. Merci pour le bien-être que vous avez apporté à mon mari, vous avez tissé un ultime lien entre la vie extérieure et lui. Vous m’avez aidé à accompagner cette vie qui s’éteignait. »

L’histoire de Thérèse et PierreLa rencontre avec Pierre et Marie-Thérèse, at-teinte de la maladie d’Alzheimer depuis 5 ans. Elle communique verbalement mais son discours est complètement incohérent avec, toutefois, un voca-bulaire et une expression très riche. Elle est placée en institution. Pierre souhaite qu’elle ait encore des moments de bien-être et c’est pour cela qu’il a solli-cité Catherine. Catherine ira la masser à l’EHPAD. A chaque séance de massage, Marie-Thérèse exprime beaucoup ses sensations et ses émotions, qu’elles

soient agréables ou désagréables, cet échange est un vrai bonheur. Au bout de quelques visites, elle re-connait Catherine. Elle ne savait pas la nommer mais

elle sait ce qu’elle venait faire. Voici quelques paroles expri-mées par Marie-Thérèse lors des massages :« Je ressens une volupté sen-

suelle, dans le sens douceur. »« Ma peau n’est pas comme d’habitude. »« Vous faites revenir des souvenirs agréables. »« Je retrouve mon enfance. »« C’est rare que je me détende comme ça. »Un jour, Catherine lui dit « Pierre est très attentif avec vous », elle répond : « oh c’est plus que de l’attentivité c’est de l’amour. »

Catherine a repéré de nombreux points communs à toutes ces histoires, si singulières soient-elles :

- la présence d’un amour inaltérable jusqu’au bout de la vie entre deux êtres chers- Le sentiment de l’aidant de ne plus pouvoir com-muniquer, de ne plus comprendre l’autre- Le désir mutuel de continuer à échanger, à par-tager, limité par l’absence d’outils- Le besoin d’être accompagné dans une commu-nication différente.

Dans toutes ces aventures, Catherine nous dit avoir pris soin de ne pas prendre une place qui ne lui ap-partenait pas. Son objectif n’était pas de remplacer les aidants, mais plutôt de leur montrer qu’il est tou-jours possible pour les malades d’exprimer des sen-sations, des émotions même quand on ne peut plus s’appuyer sur le sens des mots. Il faut emprunter des chemins différents, en passant par le toucher, seul langage commun disponible quand le reste nous échappe.

Lors de chaque accompagnement, Catherine nous confie vivre une aventure humaine extrêmement riche et intense. C’est à la fois un vrai plaisir et une grande responsabilité que de parcourir ce bout de chemin avec ces personnes que la maladie a ren-dues vulnérables.

« Le massage offre ce dernier lien de bonheur,

de calme et de sérénité... »

Au cœur des soins, gestes, touchers, massages...avec Martine Taccard et Maryline BlondeauLe massage de confort prend toute sa dimension au service des personnes âgées ou des personnes en état de grande dépendance. L’intimité et la proximité inhérentes au toucher créent un climat relationnel sécurisant qui facilite la détente des personnes souffrant d’un sentiment de solitude ou d’abandon. Lorsque la dépendance physique et la dépendance psychique s’installent, le Toucher-massage favorise la communication et contribue à préserver l’intégrité de la personne humaine.

Accompagner et soutenir la personne présentant des troubles psychiques par le Toucher-massage.avec Rolande DuboissetLa maladie mentale entraîne chez le patient un vécu corporel complexe, difficile à aborder pour le soignant. Un travail d’approche et d’apprivoisement est primordial afin d’établir une relation de sécurité et de confiance. L’intimité par le toucher et la proximité dans ce cadre de soin créent un climat relationnel contenant et sécurisant pouvant réancrer la notion de confiance pour le patient, mais aussi créer ou recréer, au contact de la peau, un lien avec soi et avec l’autre.

Toucher-massage en pédiatrie.avec Agnès Pasturel.Au cours de cet atelier, vous pourrez découvrir comment utiliser le toucher d’accompagnement pour se mettre à la portée de l’enfant, de ses possibilités, moyens et envies de communiquer, comment ajuster ce toucher aux différents contextes (âge, pathologie...).

! INITIATIONS AU TOUCHER-MASSAGE

Les ateliers pratiquesAnimés par les formateurs ifjs, tous experts des thématiques proposées, les ateliers pratiques vous permettent de découvrir, d’expérimenter les gestes essentiels du toucher d’accompagnement, de bénéficier d’une initiation au Toucher-massage®.


Un après-midi entier du

Congrès est réservé aux ateliers

thématiques d’initiation au

toucher, pourquoi ?

La pratique a toujours été le coeur des

formations de l’IFJS. Il en va de même

pour le congrès, même si, bien sûr, nous

donnons la part belle aux conférences !

Une part importante des congressistes

découvrent, lors de ces deux journées, ce

qu’est le Toucher-massage. C’est important

qu’ils puissent l’expérimenter un minimum

avant de reprendre le chemin de leurs

institutions respectives. Avec 6 thématiques

différentes développées durant ces ateliers

(santé mentale, pédiatrie, fin de vie, etc.),

chaque soignant peut s’initier à des gestes

de Toucher-massage adaptés à sa pratique

quotidienne.

Qui intervient durant ces ateliers ?

Comme moi, ce sont les formateurs de l’IFJS

qui animent ces ateliers. Les thématiques

développées et la répartition des ateliers se fait

en fonction de l’expérience et des compétences

propres de chaque formateur. Par exemple,

l’atelier d’initiation au Toucher-massage en


à Maryline Blondeauquestions3

Un après-midi entier du

Congrès est réservé aux ateliers

thématiques d’initiation au

toucher, pourquoi ?

La pratique a toujours été le coeur des

formations de l’IFJS. Il en va de même

pour le congrès, même si, bien sûr, nous

donnons la part belle aux conférences !

Une part importante des congressistes

découvrent, lors de ces deux journées, ce

qu’est le Toucher-massage. C’est important

qu’ils puissent l’expérimenter un minimum

avant de reprendre le chemin de leurs

institutions respectives. Avec 6 thématiques

différentes développées durant ces ateliers

(santé mentale, pédiatrie, fin de vie, etc.),

chaque soignant peut s’initier à des gestes

de Toucher-massage adaptés à sa pratique

quotidienne.

Qui intervient durant ces ateliers ?

Comme moi, ce sont les formateurs de l’IFJS

qui animent ces ateliers. Les thématiques

développées et la répartition des ateliers se fait

en fonction de l’expérience et des compétences

propres de chaque formateur. Par exemple,

l’atelier d’initiation au Toucher-massage en

pédiatrie est animé par Agnès Pasturel. Agnès est

infirmière à l’hôpital pédiatrique Robert Debré à

Paris, mais aussi conférencière, intervenante dans

des DIU consacrés à la douleur en pédiatrie, etc.

C’est l’association d’une pédagogie ludique, de

techniques de massage simples et d’une riche

pratique professionnelle qui fait la réussite

de ces ateliers comme de l’ensemble des

formations de l’IFJS.

Avez-vous une anecdote à partager à

propos de ces ateliers ?

Bien souvent, on n’attend pas les ateliers pour

commencer à masser ! Durant certaines

conférences, les congressistes sont invités

à tester sur leurs voisisns de rang les effets

de certains gestes. On improvise alors

un « atelier géant » où 400 personnes se

massent mutuellement ! Il y a également

de nombreuses séances de massage assis

organisées durant les pauses et réalisées

par des praticiens volontaires... finalement

ce n’est pas pour rien que cet évènement

est le seul et unique congrès français sur

le massage !

Infirmière DE depuis 1984, avec une riche expérience dans différents secteurs de

soins, dont quatorze années auprès des personnes âgées. Praticienne et forma-

trice IFJS certifiée. Depuis 2010, Maryline est une des formatrices référentes du

cursus certifiant de Praticien référent en relation d’aide par le toucher-massage.

Elle est également membre du jury de certification de cette formation.


Créer du lien, dynamiser les équipes de soins... par les massages minute.avec Joël SavatofskiLe bien-être à l’hôpital n’est plus une utopie, c’est un concept réaliste que nous développons depuis des années avec nos différents partenaires. Bien-être pour les malades à travers la pratique du Toucher-massage®, mais aussi pour les soignants avec les pauses-massages installées dans les différents établissements. Au cours de cet atelier vous pourrez vous initier aux gestes de détente, destressage rapide, aux massages minutes debout et sur chaise.. à appliquer sans modération..

Le toucher pour accompagner la fin de vie.avec Sandrine Hontarrede et Carole MatassoniLorsque la vie arrive à son terme, lorsque est abandonnée la notion de « guérir à tout prix », c’est alors que le « prendre soin » s’inscrit comme l’ultime étape. La pratique du Toucher-massage permet de porter une attention toute particulière au patient en fin de vie, en lui assurant le confort physique indispensable pour laisser place à l’expression, la communication et l’émotion. La philosophie de soins développée en unités de soins palliatifs est basée sur le respect et la reconnaissance de l’autre dans son humanité.

La relation d’aide par le biais du clown.avec Françoise Boissières.L’art d’accompagner soi et l’autre avec bienveillance. Rencontrer son clown, c’est accepter nos fragilités et nos forces, accueillir et exprimer les émotions que nous vivons avec délicatesse et authenticité afin de goûter chaque instant et de le partager à l’autre.

forum soilianceavec Jacqueline ThonetForum de l’association Soiliance ART, une association qui travaille pour la reconnaissance du Toucher-massage comme une compétence soignante. Retrouvez Soiliance sur le sitewww.soiliance.art


Par Joël Savatofski

LE TOUCHER-MASSAGE, Lamarre, 2010, 143 p.Quel que soit le service dans lequel vous exercez, à l’hôpital ou à domicile, le Tou-cher-massage vous permet d’accompagner les soins, et donc de mieux soigner, car il calme, rassure, détend, tout en instau-rant une relation plus authentique et plus humaine. Cet ouvrage vous propose un

apprentissage facile du Toucher-massage, en trois grandes étapes : comprendre les notions théoriques et la méthode du Toucher-massage, son intérêt et ses applications ; apprendre les bases du Toucher-massage sur les différentes parties du corps ; pratiquer les massages utiles dans différents services de soins.

LE TOUCHER APPRIVOISÉ, co-écrit avec Pascal Prayez, Lamarre, 2009, 213 p.

Esquisser un geste chaleureux et apaisant, oser prendre une main ou masser un vi-sage, est-ce déplacé lorsqu’on s’adresse à une personne en souffrance et en difficul-té ? Les professionnels, agissant souvent comme de simples techniciens, hésitent encore à s’engager dans un corps à corps

thérapeutique ou éducatif vivant et impliqué. Pour que le geste médical ne soit pas si froid et inhospitalier, il faut leur offrir les moyens de s’initier à des contacts plus riches, plus tendres, leur permettre de réinventer le geste gratuit, d’apprivoiser le toucher…

LA PAUSE-MASSAGE, Dangles, 2011, 104 p.Pour réhabiliter cet art ancestral dans notre quotidien occidental, l’auteur a compris qu’il fallait imaginer et bâtir des techniques de massage spécifiques à nos habitudes de vie et à notre réalité. La simplicité et la précision de ses explications vous permet-tront de mieux comprendre, de connaître,

d’appréhender et, pourquoi pas, de pratiquer cette technique, ludique et abordable par tous : la Pause-massage.

LE MASSAGE MINUTE : le bien-être au quotidien, Dangles, 1995, 95 p.Cette technique répond aux besoins cou-rants de la vie quotidienne et peut se pra-tiquer à tous moments, en toutes circons-tances : en voyage, au bureau, en famille, entre amis, mais aussi en milieu hospita-lier, avant d’entrer en scène ou encore lors d’une compétition sportive, d’un examen... Que vous disposiez de deux heures ou de quelques minutes, Joël Savatofski vous fait découvrir qu’il est possible de détendre, relaxer, soulager, remettre en forme, combattre le stress par des massages minute ne demandant aucune préparation par-ticulière.

LE MASSAGE DOUCEUR, Dangles, 2009, 271 p. Dans cet ouvrage, vous apprendrez les massages de chaque partie du corps, le massage complet aux huiles, l’auto-mas-sage, les massages de la femme enceinte, des bébés, des enfants entre eux, des per-sonnes âgées, le stretch-massage, les mas-sages minute…

LE STRETCH-MASSAGE : le plaisir de s’étirer, Dangles, 2004, 136 p. Il s’agit de mouvements qui favorisent le lâcher-prise, de mobilisations en apesan-teur, de Relaxinésie, d’étirements doux et progressifs accompagnés du rythme res-piratoire, réalisés sur différentes parties du corps.

60 MASSAGES MINUTE, Larousse, 2015, 160 p. Un guide astucieux et novateur proposant 60 massages « pour tous », faciles et ra-pides, à pratiquer partout, en famille, avec des collègues de bureau, en voyage, entre amis… 5 parties regroupant 60 massages présentés et illustrés, à partager ou seul, pour toutes les situations et toutes les par-ties du corps.

La petite bibliothèque


Par Michel Dupuis

LA BANALISATION DE L’HUMAIN DANS LE SYSTÈME DE SOINS, Seli Arslan, 2011, 160 p.

Il est indéniable que la recherche et la tech-nologie biomédicales ont permis au sys-tème de soins de s‘organiser en vue de pro-poser à la population des moyens d’actions de plus en plus performants voire auda-cieux. Mais il est tout aussi indéniable que la place de l’humain, tant celui qui reçoit

des soins que celui qui a choisi pour métier d’en donner, gagne-rait à être repensée au sein de ce système. Dès lors, comment écarter ou, du moins, atténuer le risque de banaliser l’humain ?

LE SOIN, UNE PHILODOPHIE, Seli Arslan, 2013, 157 p.Pourquoi et comment le soin est-il reconnu aujourd’hui comme une nouvelle catégorie proprement philosophique ? Qu’est-ce qui explique, ou fait comprendre, que cette notion largement réservée à la littérature professionnelle spécialisée soit devenue un mot clé dans le domaine tout entier

des sciences humaines ? Avons-nous ressenti un manque, un besoin, un désir d’humanité, de compassion, de confiance ? Avons-nous craint, une nouvelle fois, pour l’avenir des hommes ? Les analyses proposées dans cet ouvrage cherchent des élé-ments de réponse praticables, effectifs, concrets à ces questions.

Par Christophe Pacific

CONSENSUS-DISSENSUS : PRINCIPES DU CONFLIT NÉ-CESSAIRE, L’Harmattan, 2001, 206 p.

A vouloir éliminer le conflit, nous éludons l’opportunité de le dépasser. Nous sacri-fions un meilleur possible au profit d’une démocratie du moindre mal. Les décisions pluridisciplinaires, qu’elles soient issues d’un staff médical, d’un comité d’éthique ou d’une instance politique internationale,

succombent aujourd’hui au chant du consensus. A contrario, le dissensus assure, par le lien fécond de la parole, le souffle éthique d’une société. Il y a davantage de possibles dans un conflit que dans un consensus.

Par Françoise Boissières

LES SOIGNANTS FACE AU STRESS : comment se prému-nir contre l’épuisement professionnel, Lamarre, 2012, 246 p.Le stress est aujourd’hui le lot quotidien d’une majorité de soignants dans leur exer-cice professionnel. Peut-on y échapper ? Est-il possible de gérer le stress et de rester se-rein quand on est confronté à la souffrance de l’autre ? Comment faire pour soutenir sans stresser ? Jusqu’où peut-on s’investir sans s’épuiser ? C’est par ces questions que l’auteur de cet ou-vrage invite chaque soignant à réfléchir et à agir. Sur un ton résolument optimiste et déculpabilisant, elle a choisi de s’ap-puyer sur des témoignages de soignants ayant vécu des situa-tions difficiles pour décrypter le stress, ses facteurs favorisants et ses symptômes.

DE LA MALTRAITANCE À LA BIENTRAITANCE, Lamarre, 2011, 252 p.La maltraitance dans les lieux de soins est restée longtemps tabou car inimaginable et inadmissible à notre époque. Elle doit être dénoncée et combattue, afin de protéger tous ceux qui sont tributaires d’autrui, en particulier pour les soins. La bientraitance, quant à elle, correspond à un concept englobant particulièrement le respect de la personne, de ses droits et de sa dignité. Mais quand parle-t-on de maltraitance ? Comment devient-on maltraitant ? Que faire face à la maltrai-tance ? C’est par ce type de questions que l’auteur vous invite à comprendre et à agir..

Par Janine Bharucha

AUTO MASSAGES EXPRESS, Larousse, 2014, 96 p.Qui ne s’est jamais retrouvé coincé en voi-ture dans un embouteillage ou à un feu rouge qui s’éternise ? Au lieu de stresser, et si vous mettiez à profit ces courts moments de pause dans une journée stressante pour vous faire du bien avec des gestes simples d’auto-massage à la portée de tous ?


POURQUOI LE TOUCHER-MASSAGE ?

Vous avez tous fait l’expérience des mains qui, d’em-blée, vous apaisent, vous réchauffent, vous donnent du baume au coeur. Parfois, les mains de la personne qui vous est chère ou en qui vous avez réellement confiance peuvent plus pour soulager vos maux que les meilleurs praticiens du monde. De même le Tou-cher-massage est bien autre chose qu’une technique à effet mécanique, « manipulation de tissus » (définition du mas-sage). Son effet majeur se trouve dans la relation qui s’établit entre celui qui masse et celui qui est massé.

Les massages existent depuis toujours et font partie de notre patrimoine instinctif de communication. Quand on sent un ami angoissé, on pose « machinalement » sa main sur son épaule. Si on veut lui donner confiance, on lui presse amicalement la main.

Nous savons que les massages étaient pratiqués de façon empi-rique depuis l’aube des temps un peu partout dans le monde. Ils se sont d’abord développés dans le cadre des soins infirmiers, puis, avec la naissance de la pro-fession de masseur-kinésithérapeute en 1946, avec un engagement spécifiquement masculin, ils se sont progressivement réduits à une véritable peau de cha-grin et déclinés en actes codifiés, musculaires, anato-

miques, mécaniques, dénaturés de leur fonction première de communication et de bien-être. Précisément, face à l’avancée inexorable de la multiplication des spécialités et la complexité des soins s’inscrit la nécessité de proposer au soignant un vé-

ritable «outil», facile, aisé, qui ne demande pas de connaissances particulières en anatomie, physiologie, etc. et de lui donner les moyens de l’utiliser et de le dispenser généreusement afin de répondre aux be-

Il y a 35 ans, j’ai découvert quasi fortuitement les bienfaits du massage. J’étais alors tout jeune kiné à l’institut Gustave Roussy (Villejuif) (1) et déjà le « patron », qui m’avait confié son bras suite à une fracture, avait trouvé que mes mains faisaient du bien. Etonnant, ce Professeur de Médecine semblait découvrir à 58 ans les bienfaits du massage. Les malades de l’Etablissement que je massais régulièrement - tous atteints du cancer et dont certains ne quitteraient jamais les lieux - me disaient combien ils se sentaient réellement mieux après une séance et pourtant, j’avais l’impression de faire si peu. La plupart souffraient du « gros bras » suite à un curage axillaire après l’ablation d’un sein. Leurs douleurs se manifestaient dans la partie arrière de l’épaule et dans le dos. Alors, faisant fi de la prescription officielle que je devais suivre, Je les massais de suite, quasiment dès leur sortie de la salle d’opération et après plusieurs séances de rééducation, j’ai pu obtenir des résultats très positifs sur la mobilité de leurs bras et sur leurs douleurs. Eux et moi, nous le devons beaucoup et avant tout aux massages.

! LA PAROLE À JOËL SAVATOFKI

Plaidoyer pour le Toucher-massage®


« Les massages existent depuis toujours et font

partie de notre pa-trimoine instinctif de

communication. »

soins vitaux du malade, d’être touché, câliné, cajolé... massé.Le concept du Toucher-massage, lien intime entre les qualités inhérentes au toucher - actions infor-melles, intuitives, relationnelles, présence et écoute bienveillante - et avec le massage - une gestuelle plus élaborée aux multiples effets bienfaisants - est une démarche ouverte, évolutive, vivante, non réductrice qui rappelle au milieu médical l’importance et le carac-tère indispensable de la relation, de la douceur, de l’humain... de la main.

Elle se distingue de la fonction médicale et directe-ment thérapeutique en proposant des gestes que chacun peut apprendre, retrouver, s’approprier et dispenser quand la demande s’en fait sentir. Un re-tour au fond aux choses simples et de bon sens, mais qui ne signifie nullement un retour en arrière, bien au contraire.

L’expérience de quelques 30 années montre aus-si que la pratique du Toucher-massage - fondée sur la relation humaine - peut-être un contrepoids aux modes de fonctionnement trop codifiés, trop contrai-gnants, à la brutalité de certains gestes et interven-tions médicales et chirurgicales. Apportant un soutien

aux thérapies mises en place, quelquefois mal vécus, faisant tout autant de bien au soigné qu’au soignant, ces gestes d’aide, d’attention, de tendresse et d’ac-compagnement peuvent et doivent être favorisés, encouragés, dispensés par tous, du soignant au mé-decin-chef, de l’infirmier au kinésithérapeute. L’intérêt

majeur du Toucher-massage réside justement dans la plu-ralité des acteurs ; permettre à chaque patient de pouvoir être touché « par qui bon lui semble et qui lui semble bon ».

Cette démarche spécifique n’est pas toujours facile pour les soi-

gnants formés à guérir, à traiter, à évaluer les résul-tats de leurs actions. Elle s’inscrit dans les nombreux gestes et actes quotidiens tels ces grands « petits soins », comme aider le malade à se lever, aller aux toilettes, tirer les rideaux en cas de luminosité exces-sive, supprimer les plis du drap, redresser, « retaper » les oreillers, s’assurer que le bouton d’appel, le verre d’eau sont bien à portée de la main, passer un gant frais sur un front brûlant, ou encore tenir et caresser les mains, faire un « petit » massage de la nuque, etc.

C’est dans cette démarche qui demande d’abord une capacité d’écoute, de présence et d’authenticité ainsi qu’un minimum de compassion que s’inscrit la pra-

Ph. Chagnon


« des gestes que chacun peut apprendre, retrouver, s’approprier et dispenser quand la demande s’en

fait sentir. »

tique du Toucher-massage. Souvent ultime manière de communiquer avec le malade, elle est, sans aucun doute, à l’origine du climat de confiance qui s’instaure et qui aide les personnes qui souffrent ou se savent condamnées, à parler, à se confier, à se libérer et ex-primer leurs angoisses ou leurs désirs, ce que Pascal Prayez appelle la « distance défensive » et qui dans la pratique se traduit, par exemple, par l’application de gestes et manœuvres mécaniquement plaqués ou encore le port systématique de gants, ce n’est pas de cela que le malade a le plus grand besoin. Il a besoin de nous, en tant que personne - sujet vivant - de notre présence authentique pendant ce laps de temps que nous pouvons lui consacrer, pour lui aussi précieuse, sinon plus, que toute « attitude professionnelle ». Les gestes ont alors une autre signification, ce que d’ailleurs le malade reconnaît quand il dit : « Elle est tellement chaleureuse cette soignante ».

En proposant un vocable as-sociant les mots « toucher » et « massage », j’ai souhaité souli-gner la dimension, l’importance du toucher et du tact dans la pratique du massage. Le toucher se déclinant plutôt dans une approche non codifiée, motivée par une in-tention bienveillante, dans une dimension globale et humaine. Il s’agit donc de le distinguer du massage « musculaire », anatomique, médical, à visée sympto-matique. Une démarche et des techniques différentes

de celles que peuvent pratiquer les kinésithérapeutes, en premier lieu parce qu’elles ne s’intéressent pas directement aux muscles et tendons, mais à la per-sonne dans sa globalité et en second lieu parce que toucher/masser ne se situe pas forcément dans un cadre formel.

Le Toucher-massage possède ainsi une caractéris-tique relationnelle qui se situe et se définit comme « une intention bienveillante qui prend forme grâce à l’enchaînement des gestes touchants sur tout ou par-tie du corps qui permet de détendre, relaxer, remettre en forme, rassurer, communiquer ou simplement pro-curer du bien-être, agréable à recevoir et qui plus est à pratiquer ».

Il s’agit bien au fond d’une démarche de « bon sens », qui reste davantage « attitude » que « technique », gestes du « prendre soin » qui ne s’accordent pas tou-jours, hélas, avec l’approche thérapeutique du « guérir à tout prix », mais qui implique un « savoir-être » es-sentiel de la relation aux soins.

SE FORMER AU TOUCHER-MASSAGE

Ce qu’il faut bien comprendre et qui peut paraître cu-rieux, c’est que le Toucher-massage est d’abord une pratique relationnelle. Peut-il se libérer du fonctionne-ment codifié, imposé, standardisé, mis en place dans nos sociétés avancées ? Ce que d’un côté le soignant a gagné grâce aux avancées techniques et à la science, il l’a souvent perdu en termes de simplicité, de bon sens

et d’authenticité. Pour pallier cet état de fait, il est indispensable d’abord de redonner confiance aux soignants, en leur capaci-té de soigner au sens large du terme (« prendre soin »).

On ne peut enseigner le Tou-cher-massage comme l’informa-

tique, la kinésithérapie ou la conduite d’une voiture. Il s’agit moins d’apprentissage théorique de règles et de gestes techniques que d’acquérir d’abord la confiance en soi, d’adopter des attitudes bienveillantes, compas-sionnelles, d’être plus à l’aise et mieux dans sa peau pour pouvoir s’exprimer en faisant confiance à son in-


Ph. Chagnon

« une intention bien-veillante qui prend forme grâce à l’enchaînement des gestes touchants sur tout

ou partie du corps. »

Ph. Chagnon34 / 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 8e Congrès européen du Toucher-massage® / Dijon / 11 & 12 juin 2018 / 35

Ph. Chagnon

tuition, à ses mains. Notre effort essentiel vise donc - surtout dans les tout premiers moments des sessions - à mettre d’abord les partenaires en confiance, à les aider à se débarrasser de bon nombre de peurs, de blocages et d’idées reçues sur le toucher et le mas-sage, à leur montrer qu’en peu de temps, on peut donner quelque chose d’éminemment positif pour le malade : lui faire du bien.

Notre expérience démontre que ces conditions per-mettent alors aux participants d’intégrer rapidement les ap-prentissages, de façon plus authentique, et rendent la pratique du toucher-massage simple, agréable et surtout motivante pour les soignants. Et pour cela il m’a fallu trouver des exercices, des modes d’apprentissage différents, plutôt proches d’autres disciplines de communication comme le théatre d’improvisation, la danse contem-poraine, le jeu, etc.Les exercices que j’ai mis en place, créés spécifique-ment pour pouvoir pratiquer et donner du sens à cette démarche, les exercices de prise de conscience et de mise en confiance, les jeux, l’ambiance ludique, encouragent et donnent d’abord le goût et la motiva-tion de toucher/masser ainsi que du plaisir à le pra-tiquer. Certes cette pédagogie, à l’opposé des ensei-gnements classiques, académiques, peut surprendre au début, mais les résultats parlent d’eux mêmes : trois décennies le prouvent.

« Après avoir été initié et avoir pratiqué moi-même cette technique de Toucher-massage relationnel, il m’est apparu intéressant de la proposer à mes équipes soignantes et bénévoles travaillant dans le cadre de l’U.S.P. du centre hospitalier. Outre l’amélio-ration notable de la qualité des soins appliqués aux malades, c’est aussi la qualité des échanges entre soignants et l’esprit d’équipe qui se sont trouvés ren-forcés » me rappelait un médecin chef de service qui avait participé à nos formations. Cette pédagogie dite « expérientielle » privilégie donc l’expérience et le vécu « ici et maintenant » lors des sessions de formation.

L’apprentissage du Toucher-massage est rapide. Quelques jours suffisent. Toutefois, paradoxalement, pour certaines personnes, souvent celles qui ont déjà un « savoir-technicien » (kinésithérapeutes, médecins, etc.) ou un « savoir-trop-théorique » (psychologues), il faut souvent un peu plus de temps et parfois beau-coup de patience pour s’éloigner des idées reçues et re-apprivoiser le toucher, hors du champ anatomique, théorique, mental.

Enfin l’expérience montre que l’enseignement du Tou-cher-massage dans les IFSI ou auprès des étudiant(e)s aides-soignant(e)s permet aux élèves de se sentir plus à l’aise déjà entre eux et facilite leur démarche auprès des patients.

Pour conclure : nous nous efforçons toujours de faire des formations de Toucher-massage un temps de dé-tente et de convivialité, hors contrainte et fatigue pour les participants, réconciliant l’utile et l’agréable. Elles se doivent de générer la motivation et l’envie du tou-cher/masser, de se libérer des peurs du contact et de faciliter l’approche du « bon sens ». C’est exactement ce qu’expriment les stagiaires à l’issue des forma-tions : « J’ai découvert que j’aimais autant masser que recevoir » - « J’ai beaucoup de plaisir, cette pratique me ressource ». Certains même voient leurs douleurs disparaitre en pratiquant le Toucher-massage.

En facilitant, en encourageant les soignants à pra-tiquer le Toucher-massage, à en faire un moment agréable, remotivant, valorisant, on redonne un sens positif à leur travail. Ces séquences, que j’appelle volontiers « pause-massage-active », ont double em-ploi : un moment pour souffler, prendre du plaisir, se ressourcer, tout en dispensant au patient un « soin » agréable ; un moment privilégié, tout bénéfice pour les deux.

C’est pourquoi aujourd’hui, avec l’expérience de ces années, nous pouvons avancer que la pratique du Toucher-massage peut tout à fait s’inscrire dans le cadre de la gestion du stress, voire de la prévention du « burn-out ».

« Cette pédagogie dite ex-périentielle privilégie donc l’expérience et le vécu « ici et maintenant » lors des sessions de formation. »

LE 8e CONGRÈS EUROPÉEN DU TOUCHER-MASSAGE® EST ORGANISÉ PAR :

Association Soiliance

POUR LA RECONNAISSANCE DU TOUCHER-MASSAGE®

10 bld Maréchal Leclerc 21240 TALANTTél. 03 80 74 93 [email protected]

Soiliance

ECOLE EUROPÉENNE DU TOUCHER-MASSAGE®1, rue du Docteur Barbier 21000 DIJONTél. 03 80 74 27 57 / Fax 03 80 72 20 [email protected]

Soiliance est une association loi 1901, créée par des soignants, pour les soignants.

L’enjeu de cette association : travailler à la reconnaissance du Toucher-massage® comme une compétence autonome pour l’infirmier(e) et compétence confiée pour l’aide-soignant(e).

Nous avons besoin des uns et des autres, pour avoir un jour l’assurance de pouvoir utiliser cet art qu’est le Toucher-massage d’une façon sereine. Nous rassemblons nos énergies, nos acquis, pour partager les expériences, les applications acquises dans différents secteurs de soins, mettre en place des études sur les effets du Toucher-massage dans la prise en charge non médicamenteuse de la douleur.

Près de 3000 soignants sont formés chaque année au Toucher-massage, que ce soit lors des formations délivrées par l’IFJS et ses partenaires, ou au sein des IFSI / IFAS (écoles d’infirmières et d’aides-soignantes), ou encore en interne, dans les institutions de santé, par des formateurs IFJS ou des soignants formés à la technique et à son enseignement.

La rencontre avec les différents professionnels de santé, l’entretien d’échanges constants quant aux besoins spécifiques liés aux pathologies et aux différentes unités de soins, la collecte d’informations suite aux mises en application et aux résultats obtenus, nous aident à développer un enseignement au plus près des besoins des institutions, des soignants mais aussi des soignés !

Année après année depuis 1986, congrès après congrès depuis 2004, nous travaillons à notre mesure à une meilleure qualité de soin pour les personnes soignées et à une meilleure qualité de vie au travail pour les soignants.

Institut de formation Joël Savatofski

Documents

LA PLACE DE L’HUMAIN AU CŒUR DES SOINS · dans des logiques économiques, de démarche-quali-té, de rationalisation à outrance, chacun petit à petit peut être amené à construire