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la porte des étoiles le journal des astronomes amateurs du nord de la France 38 Numéro 38 - automne 2017

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la porte des étoilesle journal des astronomes amateurs du nord de la France

38Numéro 38 - automne 2017

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Edition numérique sous Licence Creative Commons

À la une

Édito

Éclipse totale de Soleil

Auteur : Fabienne et Jérôme ClaussDate : 21/08/2017Lieu : Dubois (USA)Matériel : Canon EOS 60D et objectif 150/500

GROUPEMENT D’ASTRONOMESAMATEURS COURRIEROIS

Adresse postale

GAAC - Simon Lericque12 lotissement des Flandres62128 WANCOURT

Internet

Site : http://www.astrogaac.frFacebook : https://www.facebook.com/GAAC62E-mail : [email protected]

Les auteurs de ce numéro

Olivier Moreau - membre du GAACE-mail : [email protected]é Lausberg - membre de la Société Astronomique de LiègeE-mail : [email protected]

Simon Lericque - membre du GAACE-mail : [email protected] : http://lericque.simon.free.fr

Michel Pruvost - membre du GAACE-mail : [email protected] : http://cielaucrayon.pagesperso-orange.fr

Bruno Dolet - membre du GAACE-mail : [email protected] : http://bruno.dolet.free.fr

Fabienne et Jérôme Clauss - membres du GAACE-mail : [email protected] : http://www.astrosurf.com/shootingstar

Damien Devigne - membre du GAACE-mail : [email protected] : http://www.astro59.org

L’équipe de conception

Simon Lericque : rédac’ chef tyranniqueArnaud Agache : relecture et diffusionCatherine Ulicska : relecture et bonnes idéesFabienne Clauss : relecture et bonnes idéesÉmeline Taubert : relecture et bonnes idéesSerge Vasseur : relecture et bonnes idéesOlivier Moreau : conseiller scientifique

Tauxigny pour les Nuits Astronomiques de Touraine, Valdrôme pour les rencontres Astrociel de la Société Astronomique de France ou encore aux États-Unis, où quelques émissaires avaient fait le déplacement pour observer l’éclipse totale de Soleil : le GAAC s’est bien promené durant l’été ! Mais malgré ses nombreuses balades, nous vous avons concocté un numéro nouveau de la porte des étoiles, bien dense, fourni et diversifié, comme à l’accoutumée... Dans ce numéro 38, on y cause de l’éclipse américaine bien sûr, de la Lune et de ses illusions, des orages et de phénomènes étranges qui lui sont associés, de la construction d’un télescope avec une imprimante 3D et de contacts radio avec la Station Spatiale Internationale... Le sommaire se termine même par un article astronomico-philosophique. Écléctique non ? Bonne lecture à tous...

Sommaire5...................................................The Great American Eclipse

par Fabienne et Jérôme Clauss

14..............................L’illusion de la Lune grossie à l’horizonpar André Lausberg et Olivier Moreau

28.....................................................La face cachée des oragespar Simon Lericque

35.......Le NaTheo, un télescope de 250mm en impression 3Dpar Bruno Dolet

40......Écoute d’un contact entre l’ISS et des scouts allemandspar Damien Devigne

45..............................................Et si rien n’avait d’importancepar Michel Pruvost

50.............................................................................. La galeríe

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Fête de la Science

Comme chaque année, le GAAC participera à la Fête de la Science, mais pour la première fois, nous nous installerons à la médiathèque de Courrières, ce sera du 5 au 7 octobre.

Saint-Véran

Ils seront 20 ! 20 membres du GAAC et assimilés participeront à la mission Astroqueyras du 14 au 22 octobre. Espérons que le beau temps soit au rendez-vous et les résultats nombreux...

Grévillers

En octobre, novembre et décembre, plusieurs Nuits Astro de Grévillers sont programmées. Espérons, au moins pour une fois, que les conditions climatiques permetteront des observations.

Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html

• • • • LA VIE DU GAAC

C’était cet été

Ce sera cet automne

Nuit Astro de Grévillers du 23 juin

Signature collective de chartes ANPCEN au Wast

26ème Nuit Noire du Pas-de-Calais

Exposition ‘‘Où sont nos étoiles ?’’ à la médiathèque de Courrières

Nuit des Étoiles Rencontres Astrociel de Valdrôme

Assemblée Générale 2017

27ème Nuit Noire du Pas-de-Calais

Une nuit à l’observatoire de Thury-sous-Clermont

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Les instantanés

Retrouvez la vie ‘‘officieuse’’ de l’association sur la page Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62

Charlotte est prête !Dubois (USA) - 21/08/2017

• • • • LA VIE DU GAAC

L’été dans le Pas-de-CalaisBoulogne-sur-Mer (62) - 21/06/2017

Le Système solaire dans la main !Courrières (62) - 28/07/2017

La tarte ‘‘éclipse’’Dubois (USA) - 21/08/2017

Prêts pour l’éclipse...Valdrôme (26) - 21/08/2017

La Nuit des Étoiles, c’est par là !Courrières (62) - 28/07/2017

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The Great American Eclipse

Par Fabienne et Jérôme Clauss

• • • • OBSERVATION

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• • • • OBSERVATION

Dimanche 20 août, J-1 : nous quittons Yellowstone en direction de notre lieu d’observation : Dubois, Wyoming. Nous traversons les magnifiques paysages de la chaîne des Tétons et nous nous arrêtons aux différents points de vue sur la Snake River avec les montagnes en arrière-plan. À l’un d’eux, des rangers de la national forest ont monté une tente et renseignent les passants sur l’éclipse. Nous leur demandons s’il va faire beau : 80% de chance, ce n’est pas si mal...

Nous nous dirigeons ensuite vers Mormon Row, une vieille grange mormone très photogénique avec les montagnes des Tétons en arrière-plan. Une personne fait des essais pour le lendemain en conditions réelles. Nous sentons que cela approche. La route continue par la grande ville du coin, Jackson, qui est surpeuplée. L’éclipse est un peu partout : dans les magasins, dans les rues, sur les vêtements des gens que nous croisons. Au Visitor

center, j’interroge une nouvelle fois sur la météo : même réponse 80% de chance de beau temps. Nous récupérons quelques autocollants au passage...

En début d’après-midi, nous reprenons la route vers le parc national de grand Téton et son Visitor center. Nous devons valider le badge de junior ranger de notre Charlotte et nous renseigner sur un badge spécial éclipse dont une connaissance sur un forum nous a parlé. En effet, dans beaucoup de parcs américains, il existe le programme baptisé junior ranger. Il permet d’intéresser les enfants aux sciences ou à la protection de la nature... Il suffit alors de récupérer un livret à compléter auprès d’un ranger. En fonction de l’âge, le nombre de pages à compléter est différent. Une fois que c’est fait il faut retourner voir un ranger qui vérifie le ‘‘travail’’ et si tout est bien fait, les enfants prêtent serment et gagnent un badge ou un patch. Renseignement pris, il existe bien des badges spéc ia lement réalisés pour l’éclipse mais ils n’ont plus le livret à remplir pour l’obtenir.

Mais comme nous avons récupéré sur Internet le livret, nous pouvons répondre sur une feuille aux différentes questions et la ranger vérifiera ensuite nos réponses. Nous nous exécutons et Charlotte gagne son badge d’ ‘‘eclipse explorer’’. En passant nous constatons que dans la boutique tout ce qui concerne l’éclipse que nous avions aperçu la semaine précédente a été vendu. Heureusement nous avions acheté le patch...

Un cadre illylique pour observer une éclipse totale

Il y a une éclipse le 21 août ? Vraiment ?

Charlotte, fière de son badge

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• • • • OBSERVATION

Cette fois-ci c’est la bonne ! Direction le lieu d’observation de l’éclipse à Dubois, petite ville qui se situe sur la bande de totalité. Nous avons choisi un camping privé qui fait partie de la chaîne KOA (Kampground of America) dans lesquels on trouve souvent une piscine ainsi que des jeux pour les enfants. Nous profitons d’ailleurs bien de ces installations jusqu’à ce que la nuit tombe. Un voisin sort d’ailleurs un petit Dobson. Durant la soirée, nous assistons à une petite conférence sur l’éclipse où nous n’apprenons pas grand-chose mais il est toujours sympa de se retrouver parmi les américains. D’ailleurs dans le camping, nous sommes les seuls étrangers.

Lundi 21 août, jour J : Nous ne nous faisons pas prier pour ouvrir les yeux. La tente est vite ouverte et nous constatons avec bonheur qu’il fait beau, avec comme prévu quelques nuages vers l’horizon, qui vont normalement disparaître avant le début de l’éclipse. Les préparatifs peuvent commencer. Nous enfilons nos tee-shirts ‘‘éclipse’’. L’ensemble du matériel est sorti sur la table de camping : nous commençons par installer notre petite monture de voyage, la star adventurer. Les appareils photo numériques sont installés dessus : le 400D avec un objectif 16/250, que nous utiliserons finalement assez peu, et le 60D avec un objectif 150/500. La caméra Go-Pro et un autre APN sont aussi mis en place pour faire des timelapses de l’événement. Nous disposons aussi des lunettes spéciales ‘‘éclipse’’ et des jumelles sur lesquelles nous avons mis un filtre astrosolar. Nous sommes parés...

Entre temps, nous allons aider des américains qui souhaitent avec un petit Dobson ball faire de la projection sur un écran mais ils n’arrivent pas à mettre le Soleil dans l’oculaire. Notre voisin qui avait aussi un Dobson vient nous demander si nous avons des restes d’astrosolar. Heureusement pour lui il nous reste quasiment la moitié d’une feuille. Il bricole un support, et nous remerciera par la suite car il a pu faire des images. Le propriétaire du camping se fait alors interviewer par la télévision. On sent la tension monter, tout le monde est prêt, on attend que le spectacle commence.

Prêt à shooter !

Nos voisins

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9h55, ça y est ! La Lune apparaît devant le Soleil ! Ça crie un peu partout pour annoncer le début de l’éclipse. Nous restons près des APN, une série de 30 photos toutes les 5 minutes avec le 60D. Nous enregistrerons peu de photos avec l’autre appareil, puisque même à 250 millimètres de focale, le Soleil apparaît bien plus petit. Dans les lunettes ‘‘éclipse’’, le spectacle est un peu décevant car le Soleil est minuscule. Heureusement dans les jumelles, le spectacle est magnifique ! Durant cette ‘‘première partie’’, nous montrons le Soleil à plusieurs campeurs, dans les jumelles ou dans l’œilleton de l’appareil photo ; certains reviennent même plusieurs fois. Nos voisins qui faisaient de la projection sur un écran ont réussi à faire la mise au point, c’est sympa à regarder ! Le Soleil avance tranquillement. Nous sommes aussi occupés

à envoyer des photos en live, et de la manière la plus régulière possible, sur la page Facebook du GAAC.

11h20, nous sentons le froid arriver et nous nous couvrons davantage. Et à 11h37 exactement, Le Soleil disparaît soudainement. Cela ne prend que quelques secondes pour que le noir s’installe. Je retire le cache sur lequel est monté l’astrosolar. WAOUH !!!!!! Tout le monde crie, nous faisons de même et sautons sur place ! C’est un spectacle merveilleux ! Un moment incroyable ! Nous avons du mal à quitter le ‘‘Soleil noir’’ des yeux, c’est magique ! Nous distinguons bien les vents solaires, ils forment un Y. Nous en profitons au maximum, pendant les 2 minutes et 20 secondes de totalité... Puis le Soleil commence à réapparaître, la Lune continue son chemin. Nous aurions tant aimé qu’elle s’arrête encore quelques minutes.

Nous poursuivons ensuite l’observation aux jumelles et les photos jusque 13 heures, moment auquel la Lune quitte le Soleil. Nous aurons un échange avec la voisine qui a regardé l’éclipse avec des amis, malheureusement ces derniers ont oublié de retirer le cache

de leur appareil lors de la totalité ! Dommage !

Nous n’en revenons pas d’avoir vu une éclipse totale et avons bien conscience de notre chance. Nous étions impatients, nous savions que c’était quelque chose de fort mais nous avons été surpris de cette intensité au moment de la totalité. Inoubliable ! Ce moment a totalement marqué notre voyage aux États-Unis (qui a pourtant duré près de deux mois) et nous n’avons désormais qu’une envie : en voir une autre !

Mère et fille

Ambiance crépusculaire durant la totalité

La petite famille au complet

• • • • OBSERVATION

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Croissant solaire par sténopé !

Croissant solaire par Projection

L’éclipse en images

• • • • OBSERVATION

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• • • • OBSERVATION

Chapelet général de l’éclipse, du premier au dernier contact

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• • • • OBSERVATION

Le ‘‘diamant’’ signe la fin de la totalité

Une belle série de protubérances est visite

durant la totalité

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• • • • OBSERVATION

Et pendant ce temps, à 300 kilomètres plus à l’est...

Phillipe Sénicourt, en mission pour le Palais de l’Univers et des Sciences de Cappelle-la-Grande, était quant à lui à une heure de la petite ville de Casper, également dans le Wyoming. Sur les bords du Burlington Lake, il a pu réaliser de nombreuses photographies et quelques séquences vidéos...

Vue générale de l’éclipse et de la couronne solaireAPN Canon EOS 60 dA et objectif Tamron 150-600

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• • • • OBSERVATION

Chapelet des différentes phases de l’éclipse jusque la totalitéAPN Canon EOS 60 dA et objectif Tamron 150-600

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L’illusion de la Lune grossie à l’horizon

Par André Lausberg et Olivier Moreau

• • • • SCIENCES

IntroductionNous abordons ici une question vieille comme le monde, tout simplement parce que chacun, de tout temps, a pu contempler la Lune près de l’horizon et constater qu’elle paraît alors plutôt énorme, si on la compare à son aspect quand elle est haute dans le ciel. Déjà Aristote, vers 350 avant notre ère, avait écrit à ce sujet et de nombreux auteurs, astronomes ou philosophes, se sont penchés sur la question. Encore aujourd’hui, les physiologistes et les psychologues poursuivent leurs recherches sur les mécanismes de la perception visuelle, dont certains sont loin d’être bien connus.

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• • • • SCIENCES

On peut dire qu’en moyenne, les observateurs estiment le grossissement apparent du disque lunaire à quelque 50 ou 70%, certains prétendant même que la Lune, près de l’horizon, est vue avec un diamètre double. Ce n’est donc pas un petit effet ! Réalisez un rapide sondage autour de vous, en posant deux questions toutes simples : ‘‘avez-vous déjà vu la Lune plus grosse près de l’horizon ?’’ Et si oui, ‘‘comment peut-on expliquer ce phénomène ?’’

La plupart des personnes interrogées répondront positivement à la première question et il est probable que nombre des réponses faites à la seconde feront appel à un prétendu phénomène de réfraction atmosphérique. C’est du moins le genre de réponses que nous obtenons le plus souvent… Et c’est ce que la revue Ciel et Espace avait constaté lors d’une enquête faite dès 1986 parmi ses lecteurs. Nous reparlerons à ce propos des réflexions de Jean Lacroux (journaliste scientifique et, entre autres, co-auteur avec Pierre Bourge du célèbre À l’affût des étoiles) publiées à l’époque.

Or, le grossissement apparent du disque lunaire n’a rien à voir avec le phénomène physique de la réfraction, contrairement à ce que proposent encore de nos jours certains vulgarisateurs mal inspirés. La première partie de cet article sera consacrée à la description de la réfraction, certes fort importante en astronomie, mais qui est sans aucun rapport avec l’illusion de la Lune…

Car il s’agit très certainement d’une illusion d’optique, comme l’avait déjà suggéré l’astronome gréco-égyptien Claude Ptolémée au deuxième siècle de notre ère. Le mécanisme de cette illusion d’optique est cependant complexe, liée au schéma d’interprétation auquel notre cerveau s’est accoutumé. Les explications les plus courantes données par les astronomes concernent la présence de références connues quand on observe près de l’horizon, contrairement au cas où la Lune est haute dans le ciel. Une explication complémentaire, présentée notamment par Camille Flammarion dans son Astronomie populaire, est basée sur un effet de perspective, qui nous fait apparaître la voûte céleste non pas comme étant hémisphérique, mais bien sous une forme aplatie, comme une sorte de ‘‘four de boulanger’’, plus long que haut, sur lequel nous projetons nos visions non seulement de la Lune, mais aussi du Soleil et des constellations.

Plus loin dans l’article, nous présenterons ces deux explications, ainsi que d’autres, en les nuançant parfois au vu des études récentes menées par les chercheurs sur les mécanismes de la perception visuelle. Il nous faudra conclure, comme eux, que le dernier mot n’est pas dit à propos de ce mystère de la pleine Lune.

L’influence de la réfraction atmosphérique

Ce chapitre reproduit essentiellement un texte publié dans ‘‘Mieux connaître la voûte céleste’’ par Olivier Moreau aux éditions J.-P. Gisserot en 1997.

Nous traiterons ici de l’application à l’astronomie du phénomène d’optique géométrique bien connu qu’est la réfraction. Il s’agit d’une déviation des rayons lumineux qui franchissent l’interface entre un milieu (1) d’indice de réfraction n1 et un autre milieu (2) d’indice de réfraction différent n2, comme l’illustre le schéma ci-contre.

On peut observer ce phénomène en plongeant partiellement un bâton dans l’eau. L’image qui nous vient de la partie immergée du bâton subit une réfraction lors de son passage de l’eau à l’air alors que celle de l’autre partie nous parvient directement : le bâton semble être brisé. De même, avant d’atteindre l’observateur terrestre, les rayons lumineux provenant d’un astre traversent notre atmosphère et sont alors déviés, l’indice de réfraction de l’air étant différent de celui du vide.

Schéma type de la réfraction

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• • • • SCIENCES

En fait, la densité de l’air change continuellement avec l’altitude et il s’ensuit une variation continue de l’indice de réfraction. On peut considérer pour fixer les idées, comme à la figure ci-contre que l’atmosphère est constituée de nombreuses couches d’air d’inégale densité - donc d’indice différent - qui dévient les rayons lumineux chacune d’un petit angle. Globalement, la direction de visée de l’astre A se trouve modifiée pour un observateur situé au sol.

Observation des astres bas sur l’horizon

Le phénomène de la réfraction atmosphérique se manifeste par une courbure des rayons lumineux provenant des astres. L’angle ρ entre la direction de visée apparente et la direction réelle des astres dans l’espace est appelé angle

de réfraction ou réfraction tout court. La réfraction atmosphérique relève les astres au-dessus de l’horizon, leur hauteur apparente étant égale à leur hauteur vraie augmentée de l’angle de réfraction ρ correspondant à cette dernière. Par contre, l’azimut des objets n’est pas affecté.

L’effet de relèvement est d’autant plus grand que l’astre observé est proche de l’horizon et il peut devenir très important, au moment de son lever ou

La direction de visée apparente n’est pas la même que la direction de visée réelle

Hauteur apparente

Hauteur apparenteRéfraction Réfraction

- 1° 00’ 56’ 30’’ 2° 20’ 17’ 30’’- 0° 50’ 52’ 10’’ 2° 40’ 16’ 10’’- 0° 40’ 48’ 30’’ 3° 00’ 15’ 00’’- 0° 30’ 45’ 00’’ 3° 20’ 14’ 00’’- 0° 20’ 42’ 00’’ 3° 40’ 13’ 00’’- 0° 10’ 39’ 10’’ 4° 00’ 12’ 10’’ 0° 00’ 36’ 40’’ 4° 30’ 11’ 10’’0° 10’ 34’ 20’’ 5° 00’ 10’ 10’’ 0° 20’ 32’ 10’’ 6° 00’ 8’ 50’’0° 30’ 30’ 20’’ 7° 00’ 7’ 40’’ 0° 40’ 28’ 40’’ 8° 00’ 6’ 50’’0° 50’ 27’ 00’’ 9° 00’ 6’ 00’’1° 00’ 25’ 40’’ 11° 00’ 5’ 00’’1° 10’ 24’ 20’’ 14° 00’ 4° 00’’ 1° 20’ 23’ 00’’ 18° 00’ 3° 00’’1° 30’ 22’ 00’’ 25° 00’ 2’ 10’’ 1° 40’ 21’ 00’’ 45° 00’ 1’ 00’’1° 50’ 20’ 00’’ 65° 00’ 0’ 30’’2° 00’ 19’ 00’’ 80° 00’ 0’ 10’’

L’atmosphère à traverser est plus épaisse pour un astre observé à l’horizon

de son coucher. En effet, comme on le voit sur le schéma ci-dessus, plus l’astre est bas dans le ciel, plus le trajet que doivent parcourir à travers l’atmosphère les rayons lumineux est long et plus grande est donc leur déviation. On retient facilement que l’angle ρ est quasiment nul pour un astre au zénith et qu’il vaut 37 minutes d’arc environ à l’horizon. Mais le calcul rigoureux de la réfraction est complexe : ρ dépend non seulement de la hauteur de l’astre, de la longueur d’onde dans laquelle on observe, mais également des conditions atmosphériques, en particulier de pression et de température. Il faut également tenir compte de la rotondité de la Terre et de la courbure des couches d’atmosphère.

Le tableau ci-contre propose des valeurs à 10 secondes d’arc près de la réfraction, issues d’un modèle d’atmosphère et données par le Bureau des Longitudes pour une température au sol de 0°C et une pression de 1 atmosphère soit 1013 hPa (conditions dites normales en physique, mais peut-être un peu fraîches cependant...).

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• • • • SCIENCES

Du point de vue historique, on peut déjà signaler que Tycho Brahe et Kepler tenaient compte de cet effet de réfraction pour corriger les tables de coordonnées célestes, ce qui peut se comprendre puisque, on vient de le voir, les déviations maximales approchent la valeur d’un degré d’angle.

Outre la visibilité d’astres dont la hauteur vraie est en fait négative, l’effet le plus spectaculaire de la réfraction atmosphérique est la forme ovale que prend le disque du Soleil ou de la Lune près de l’horizon. En effet, la différence entre la hauteur vraie du bord supérieur du disque et celle de son bord inférieur est de 32’ (c’est le diamètre apparent moyen du Soleil et de la Lune). Mais au moment du lever ou du coucher, la réfraction qui affecte l’image du bord inférieur est plus grande d’environ 6’ que celle observée pour le bord supérieur. Ainsi la différence entre les hauteurs apparentes des deux bords n’est que de 32’ – 6’ = 26’.

Une autre conséquence remarquable de la réfraction atmosphérique est un allongement de la durée du jour. En effet, puisqu’il est possible d’observer le Soleil alors que sa hauteur vraie est encore négative ou l’est déjà devenue, son lever se produit plus tôt et son coucher plus tard que si la réfraction n’existait pas. À titre d’exemple, consultons - dans les éphémérides ou simplement lors du bulletin météo télévisé - les heures de lever et de coucher du Soleil le jour de l’équinoxe de printemps ou d’automne. À ces dates particulières, le jour devrait durer exactement 12 heures, autant que la nuit (c’est ce qu’on apprend à l’école et dans les planétariums !). On constate pourtant qu’il dure 6 à 7 minutes de plus.

La réfraction en laboratoireQuittons un instant le domaine astronomique pour plonger dans l’atmosphère d’un laboratoire de physique : le professeur, tel un magicien, va montrer l’image agrandie d’un disque lumineux, grâce à l’utilisation d’une lame à faces parallèles. En fait, il peut s’agir d’un aquarium, ce qui permettra à chacun de reproduire chez lui l’expérience… Il suffit de faire passer derrière la couche d’eau de l’aquarium une lampe de poche : la partie cachée du disque lumineux de celle-ci apparaîtra élargie, comme sur le schéma ci-contre.

En appliquant la loi de la réfraction et en négligeant pour simplifier l’influence des parois de l’aquarium,

cette expérience s’interprète aisément. La lame à faces parallèles que constitue l’aquarium provoque une double réfraction : une première lors du passage de l’air d’indice de réfraction n=1 à l’eau d’indice de réfraction n=1,33 - qui diminue l’incidence des rayons lumineux - et une seconde en sortie, à l’interface entre l’eau et l’air, qui l’augmente au contraire. Finalement, les rayons sortants (vers la gauche du schéma) sont parallèles aux rayons entrants.

Soleil photographié au ras de l’horizon près des ruines de l’abbaye de Mont Saint Éloi

À gauche, le disque lumineux à sa taille normale ; à droite, la partie traversant l’eau du disque lumineux paraît plus large.

Si l’on place l’œil (une lentille convergente) dans le faisceau sortant, il en résultera un déplacement du foyer vers la gauche du schéma, et l’image du disque AB paraîtra provenir plutôt d’un disque agrandi A’B’.

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• • • • SCIENCES

Eurêka, direz-vous ! L’image est grossie grâce à la réfraction et… ce doit être la même chose dans le cas de la Lune. En réalité, ceci ne s’applique pas du tout au cas du disque de la Lune observé à travers l’atmosphère terrestre, et cela pour au moins trois raisons.

Tout d’abord, le disque de la Lune est bien plus éloigné de l’observateur que ne l’est la lampe utilisée avec l’aquarium. Avec un peu de trigonométrie, et en considérant de petits angles, on montre facilement que l’agrandissement apparent du disque (la grandeur AA’ sur le schéma de la page précédente), relativement à la dimension réelle de l’objet, décroît comme l’inverse de la distance de celui-ci ; comme la Lune est distante de quelque 380000 kilomètres, cela produirait tout au plus un effet d’accroissement infinitésimal, même en remplaçant l’aquarium par une couche d’atmosphère (dont l’indice de réfraction est de loin inférieur à celui de l’eau). Or, on l’a signalé dans l’introduction, le grossissement apparent de la pleine Lune à l’horizon, selon les observateurs, peut atteindre des valeurs de l’ordre de 50 % ou davantage.

Ensuite, dans le cas de la réfraction atmosphérique, les rayons lumineux passent, à partir du vide, au travers des différentes couches d’air de densité variable située au-dessus de l’observateur. Ils rencontrent alors une variation continue de l’indice de réfraction dans le sens d’une augmentation exclusivement. On n’a pas du tout cette interface eau-air qui, dans le cas de l’aquarium, provoque une diminution brutale de l’indice de réfraction et fait augmenter à nouveau, en sortie, l’angle entre le rayon lumineux et la normale à la paroi.

Enfin, la géométrie du problème est radicalement différente : l’effet de réfraction illustré précédemment (schéma page 15) se produit uniquement dans un plan vertical incluant l’observateur, alors que l’effet de réfraction dans l’aquarium a lieu dans tous les plans perpendiculaires aux interfaces air-eau et eau-air, c’est-à-dire aux parois du récipient.

En conséquence, on comprend que l’image des objets observés à travers l’aquarium est agrandie de façon symétrique, verticalement comme horizontalement, alors que l’image des astres observés à l’horizon à travers l’atmosphère terrestre est inchangée selon l’axe horizontal et écrasée selon la verticale. On peut donc dire que l’azimut des objets observés n’est effectivement pas affecté par la réfraction atmosphérique et que la dimension horizontale de la Lune n’est pas modifiée dans son apparence.

Voici un raisonnement qui convaincra encore davantage, si nécessaire. Imaginons deux lunes identiques L1 et L2, placées côte-à-côte dans un plan horizontal et proches de notre horizon. Soit le point C commun aux deux disques, comme sur le schéma ci-dessous. Si l’on admet que, par suite d’une éventuelle réfraction atmosphérique, les rayons étaient déviés dans le plan horizontal, avec agrandissement symétrique (vers la gauche comme vers la droite) de chacune des deux images contiguës, on en arriverait à la conclusion absurde que le rayon provenant du point C serait dévié à la fois vers la gauche et vers la droite.

Conclusion : non seulement le disque lunaire n’est pas agrandi par l’effet de la réfraction atmosphérique, mais au contraire, la surface apparente est inférieure à ce qu’elle est quand la Lune est haute dans le ciel, puisque, comme on l’a vu dans le cas du Soleil, le diamètre horizontal est inchangé, tandis que le diamètre vertical apparent est diminué. Non, décidément, le grossissement apparent du disque lunaire n’a rien à voir avec un effet physique lié à la réfraction atmosphérique !

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Camille Flammarion et l’Astronomie populaire

Extrait de la page 113 de l’édition de 1881 de l’Astronomie Populaire

‘‘Remarquons ici que, lorsque la Lune se lève ou se couche, elle parait énorme et plus grosse que lorsqu’elle plane dans les hauteurs du ciel. C’est là une illusion bien curieuse. Illusion de la vue, en

effet ; car si l’on mesure le disque lunaire à l’horizon à l’aide d’une lunette munie de fils que l’on amène tangents aux bords de la Lune, on constate qu’en réalité elle ne paraît pas plus grande. Au contraire, elle parait un peu plus grande au zénith, et cela s’explique, puisqu’au zénith elle est un peu plus proche de nous.

À quelle cause est due cette illusion ? Les vapeurs de l’atmosphère ne jouent pas le rôle qu’on leur a attribué, puisque la mesure constate le contraire. Deux causes d’agrandissement paraissent agir ici. La première est l’aspect de la voûte apparente du ciel, qui paraît surbaissée, comme une voûte de four, de sorte que l’horizon nous semble plus éloigné que le zénith et que le même angle parait plus grand dans la région basse que dans la région élevée. Essayez de partager la courbe qui va du zénith à l’horizon ; en deux parties égales vous placerez toujours votre point trop bas, et vous supposerez 45°à 30°. La Grande Ourse et Orion paraissent énormes à l’horizon. Un autre effet s’ajoute à celui-là, c’est que divers objets, des arbres, des maisons, s’interposent entre la Lune et nous la font paraître plus éloignée encore, nous portant à la supposer plus grosse que ces objets, d’autant plus qu’elle est lumineuse et qu’ils ne le sont pas.’’

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Camille Flammarion dans son bureau de l’observatoire de Juvisy-sur-Orge

La couverture du plus célèbre ouvrage de Flammarion

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Appel aux observateursLes raisonnements présentés précédemment ont un caractère théorique et nombre d’astronomes apprécient davantage une preuve directe, via une mesure ou une photographie. Nous les invitons dès lors à vérifier par eux-mêmes le bien-fondé de nos conclusions. D’abord, il est possible de se convaincre sans aucun instrument de l’aspect illusoire du phénomène. Il suffit de tendre le bras, en dressant le petit doigt devant le disque de la Lune (ne pas le tenter avec le Soleil !). En répétant ce mouvement à quelques heures d’intervalle, entre les moments où notre satellite est haut dans le ciel et bas sur l’horizon, on constatera que la Lune garde un diamètre apparent inférieur à l’épaisseur du doigt. On peut bien sûr perfectionner le matériel, en s’équipant d’un carton percé d’un trou circulaire, ou d’un cylindre dont le diamètre couvre au mieux le disque lunaire. Le résultat est saisissant : l’effet apparent de grossissement disparaît dès que l’on utilise ce moyen de comparaison !

Pour un photographe, il est possible de prendre un cliché de la pleine Lune alors qu’elle est haute dans le ciel, et le même jour, quelques six heures avant ou après, quand elle est proche de l’horizon. En gardant bien sûr la même ouverture pour l’objectif, on pourra comparer ensuite les clichés. Avis aux amateurs…

S’il se trouve parmi nos lecteurs un observateur équipé d’un oculaire muni d’un double réticule, comme celui utilisé pour étudier les étoiles doubles, il sera possible de mesurer directement le diamètre apparent de la Lune dans diverses situations. Si la mesure est suffisamment fine, on pourra même démontrer que le disque lunaire est en fait (réellement) plus petit quand il est proche de l’horizon, puisque dans ce cas la Lune est plus éloignée de l’observateur, de l’équivalent d’un rayon terrestre (voir le schéma page 16). En chiffres ronds, cela donne une différence de 6000 kilomètres sur une distance de 380 000 kilomètres, soit une diminution de 1,5 % environ de son diamètre apparent, ce qui revient à quelque 30 secondes d’arc de moins.

Un certain Émile Chartier mieux connu sous le nom du philosophe Alain (auteur des Propos sur le bonheur) écrivit le 18 juillet 1921 : ‘‘C’est par un faux jugement que vous voyez la Lune grosse à son lever et la réfraction n’a rien à voir ici… J’avais roulé un morceau de papier en forme de lunette, et j’observais l’astre, tantôt avec l’œil seulement, tantôt au moyen de cet instrument digne de l’âge de la pierre, émerveillé de voir que la Lune, dès qu’elle était isolée des autres choses par ce moyen, reprit aussitôt la grandeur que l’on est accoutumé à lui voir lorsqu’elle flotte en plein ciel (…). Les astronomes savent que l’apparence de la Lune n’est pas plus grande à l’horizon qu’au zénith ; vous pourriez vous en assurer en la regardant à travers un réseau de fils tendus et entrecroisés. Mais ma lunette suffit presque pour ramener à l’apparence ce fantôme de Lune, que mon imagination grossit.’’

Comme un four de boulangerLes arguments permettant de se convaincre du fait que l’apparence d’un disque lunaire agrandi relève d’une ‘‘simple’’ illusion d’optique sont d’ailleurs déjà en partie présents dans un texte de l’Astronomie Populaire de Camille Flammarion (voir page précédente). Dans la revue Ciel et Espace de novembre 1986, Jean Lacroux commente le raisonnement de Flammarion et nous reprenons ici l’essentiel de son argumentation. On part d’une situation familière, avec une couche de nuages horizontale, et donc parallèle à la surface du sol. Sur une distance de quelques kilomètres, on peut évidemment considérer la Terre comme étant plate.

Dans son voisinage immédiat, l’observateur percevra les différents nuages comme étant tous à la même distance du sol (voir le haut de l’image de la page suivante). Au contraire, les nuages observés à l’horizon semblent rejoindre le sol, par un effet de perspective auquel nous sommes accoutumés, à un point tel que cela ne nous étonne plus guère. Cependant, nous savons que ces nuages lointains sont à la même distance du sol que ceux visibles au-dessus de notre tête.

Souvenir d’une séance photo lunaire à Grévillers

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Le dessin représente en fait une coupe dans un plan vertical passant par 1’observateur, le terril et la chapelle, mais cet effet de perspective et donc d’aplatissement apparent de la voûte céleste est bien sûr valable ‘‘tous azimuts’’, c’est-à-dire pour tous les plans verticaux contenant l’observateur. Ceci correspond tout à fait à l’image suggérée par Flammarion, celle d’un four de boulanger.

Citons ici le texte de Jean Lacroux : ‘‘Or, derrière les nuages, très loin derrière, nous savons que se trouvent les étoiles et nous imaginons que la voûte nuageuse et la voûte stellaire sont ‘‘parallèles’’. Elles semblent donc toutes deux surbaissées, de sorte que

l’horizon nous paraît cinq à six fois plus éloigné que le zénith. De deux objets ayant le même diamètre apparent, celui qui semble le plus éloigné (la Lune dans le cas actuel) paraîtra aussi le plus gros’’.

Le schéma ci-contre permet de visualiser les conséquences de cet effet de perspective. En admettant qu’à peu de choses près, la Lune soit à la même distance réelle de nous quand elle est au zénith ou près de l’horizon, on voit que son image est en quelque sorte projetée sur la voûte céleste surbaissée. C’est un peu comme si nous observions les astres, le Soleil et la Lune au travers d’une vitre déformante, sauf qu’il s’agit ici d’un effet dû à notre mode de perception.Admettons pour l’instant cette explication ; comme nous le verrons, elle est certainement en partie pertinente quant à la perception du phénomène.

Les illusions de la perspectiveIl faut s’interroger sur les mécanismes de la perception visuelle qui sous-tendent les effets de perspective et cette notion de voûte céleste surbaissée. En même temps, on examinera le rôle des objets de référence qui se trouvent dans le champ de vision au ras de l’horizon et qui sont souvent absents quand on lève les yeux vers le ciel. Comme le pressentait fort justement Flammarion, ces deux effets peuvent très bien se cumuler dans un certain nombre de situations.

Les illusions d’optique sont nombreuses et complexes. Entre les sensations à l’état brut, à savoir la forme de l’image sur la rétine et l’idée que nous nous faisons du phénomène, il y a notre cerveau ! Celui-ci est doté d’un ‘‘programme’’ d’interprétation fort élaboré, dont on ne connaît pas encore bien tous les méandres. On a pu dire que l’homme ne voit pas avec son œil, mais avec son cerveau... L’illusion d’optique des deux cercles de Ponzo

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En 1913, le psychologue italien Mario Ponzo présentait différents types d’illusions d’optique, comme celle des deux cercles identiques. À cause de la présence des deux lignes convergentes, un des deux cercles paraît être plus grand que l’autre.

De même, l’illusion des ‘‘rails de chemins de fer’’ intervient alors que deux barres identiques sont présentées devant une série de lignes convergentes. La plupart des personnes perçoivent immédiatement que la barre B semble plus grande que la barre A, une impression qui disparaît si l’on enlève le décor, à savoir ces lignes que l’on imagine d’emblée parallèles, situées par exemple dans un plan horizontal, et qui convergent vers un point supposé être à l’infini. Certains auront besoin d’une règle pour vérifier que, sur le dessin, les deux barres ont la même longueur.

Poussons l’analyse un peu plus loin : quand on regarde deux rails de chemin de fer rectilignes, on est certain par expérience qu’il s’agit bien de deux droites et aussi que ces deux droites sont parallèles. En fait, la rétine présentant une surface courbe, les deux rails y sont inscrits sous la forme de deux courbes et notre cerveau doit d’abord ‘‘rectifier’’ leur image... Il doit ensuite intégrer l’effet bien connu (parce que familier) de la perspective. Ce faisant, il est victime de l’ ‘‘illusion de Ponzo’’ à propos des deux barres, car la barre B recouvre plus de huit largeurs équivalentes, contre moins de quatre pour la barre A.

Pour certains auteurs (trop vite satisfaits ?), on peut passer sans difficulté de cette illusion de Ponzo au schéma de la voûte céleste écrasée, qui nous a servi pour interpréter l’agrandissement apparent de la Lune près de l’horizon. Mais n’oublions pas qu’il reste à expliquer pourquoi la voûte céleste nous apparaît comme étant non pas hémisphérique mais bien plutôt aplatie dans sa partie supérieure.

De toutes façons, pour que l’illusion en question apparaisse, un décor semble indispensable : c’est l’ensemble des lignes convergentes chez Ponzo, et dans le cas de la Lune, c’est le plus souvent une série d’éléments situés près de l’horizon, dont la taille réelle est bien connue de l’observateur : des arbres, des bâtiments, des pylônes, etc. L’hypothèse de la présence nécessaire de ces éléments de référence, invoquée par Flammarion, avait déjà été proposée vers l’an 1000 par le savant arabe Ibn al-Haytham (Alhazen) mais cette hypothèse se heurte cependant à une série d’objections. En voici trois, suggérées par le physicien américain Donald Simanek dans une étude très fouillée intitulée ‘‘The Moon Illusion. An Unsolved Mystery’’ :

- L’illusion de la Lune se présente tout aussi bien par une nuit noire dans un désert plat, ou sur un océan, ou même à bord d’un avion volant au-dessus des nuages. Les objets de référence ne constituent donc pas la seule base de l’illusion.- Pour beaucoup de gens, l’illusion disparaît quand on se penche et que l’on regarde la Lune entre ses jambes (curieusement, cela se dit mooning en anglais, ce qui signifie… montrer son derrière).- La méthode citée par plusieurs auteurs et consistant à regarder la Lune au travers d’un trou dans un carton peut s’appliquer à l’observation d’autres objets lointains, lesquels paraissent également plus petits. Il semble que notre cerveau utilise alors le carton et le trou comme la référence dominante en lieu et place des objets de référence lointains.

On laissera aux lecteurs le soin de vérifier par eux-mêmes ces affirmations, le but ici étant d’attirer l’attention sur la complexité des mécanismes de perception et d’interprétation des images.

Principe schématisé de l’illusion des rails de chemin de fer

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Le modèle mental du cielContinuons de suivre le raisonnement de Donald Simanek. Celui-ci ne nie pas l’intérêt du modèle du ‘‘four de boulanger’’ pour expliquer l’illusion de la Lune. Il affirme plutôt que ce modèle de la voûte céleste aplatie est lui-même une illusion qu’il faut essayer de comprendre. Il ajoute qu’il faut éviter d’expliquer une illusion par une autre, mais que sans doute certains mécanismes de la perception visuelle sont communs aux deux phénomènes.

D’où peut provenir ce modèle mental d’une voûte céleste aplatie ? S’agit-il, pour notre cerveau, d’un mécanisme inné ou, au contraire, acquis au cours de nos expériences sensorielles ? Des études réalisées sur des enfants, à partir de quatre ans et jusqu’à l’âge adulte, montrent que l’illusion est bien présente chez les enfants et qu’elle diminue avec l’âge, suggérant que l’adulte modifie progressivement sa vision

des distances horizontales dans le sens d’un léger rétrécissement de la longueur supposée de la voûte céleste. Le modèle mental lui-même pourrait donc être acquis dès la naissance.

On notera pour poursuivre notre recherche d’explications possibles le rôle particulier joué par la verticale, c’est-à-dire par la direction de la force de gravité, laquelle conditionne le comportement de notre oreille interne. Celle-ci, à son tour, agit fortement sur nos sensations, dès lorsqu’on se penche ou que l’on tourne simplement la tête.

Certains auteurs ont proposé une théorie de la vision qui tient compte de cette anisotropie : dans 1’espace qui nous entoure (supposé euclidien), les trois directions sont équivalentes. Mais, dans notre espace virtuel de perception, la dimension verticale aurait d’autres propriétés que les deux dimensions horizontales. Notre espace mental serait plutôt ‘‘riemannien’’ (courbé, à la manière de l’espace-temps des cosmologistes) qu’euclidien.

À l’origine de la transmission héréditaire de cet espace mental, certains avancent un processus de sélection naturelle qui favorise les individus ayant adapté au mieux leur comportement et leur cerveau aux impératifs de la survie. Il est plus important d’observer et de traiter avec plus de détails les choses qui se passent en face de l’individu, par opposition à celles qui se présentent en haut ! L’homme (et semble-t-il aussi 1’animal) percevrait avec moins de détails ce qui se passe au-dessus de sa tête... Cette théorie de l’évolution est séduisante mais demanderait à être davantage étayée.

Le paradoxe de la distance et de la grandeurLes astronomes savent qu’il est extrêmement difficile d’estimer la distance des objets lointains. Il a fallu attendre le milieu du XIXème siècle pour obtenir la parallaxe des étoiles les plus proches, l’angle de parallaxe étant mesuré à partir d’une base de deux fois la distance Terre-Soleil. Dans le cas d’une simple observation à l’œil nu, la base n’est plus que d’une dizaine de centimètres, à savoir l’écart entre nos deux yeux et dès lors la vision stéréoscopique ne nous permet pas d’estimer valablement la distance d’objets situés à des distances astronomiques.

Portrait de Donald Simanek

L’espace euclidien intuitif (plat) est un cas particulier des espaces plus généraux de Riemann, qui peuvent admettre différentes courbures.

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On se base alors souvent sur la dimension angulaire de l’objet. Si l’on sait que deux personnes ont sensiblement la même taille et que l’une apparaît sous un angle plus grand, on en déduit qu’elle est plus proche. Mais ceci va nous amener à une contradiction concernant l’aspect de la Lune près de l’horizon. En effet, posons à nouveau la question à un interlocuteur non prévenu : ‘‘la Lune vous parait-elle plus grosse au milieu du ciel ou près de l’horizon ?’’ Il répondra presque toujours : ‘‘près de l’horizon’’. Insistons ensuite avec une seconde question-piège : ‘‘laquelle des deux lunes vous paraît la plus proche ?’’ Il arrive que la réponse immédiate et non raisonnée soit : ‘‘c’est la Lune au-dessus de nous qui est la plus proche (dans la vision de la voûte céleste surbaissée, l’horizon est perçu comme plus éloigné et il en est donc de même de la Lune qui se lève ou qui se couche). Mais, si l’interlocuteur a pris tant soit peu le temps de raisonner, il répondra souvent que la Lune à l’horizon paraît plus proche car la Lune a le même diamètre réel dans tous les cas et comme on la voit plus grosse, elle est donc plus proche !

Cette contradiction utilisée par les adversaires du modèle de la voûte céleste surbaissée pour en critiquer le bien-fondé nous amène à distinguer deux niveaux dans le processus de perception visuelle (outre la sensation elle-même qui est l’image captée par la rétine) :- Il y a d’abord un jugement inconscient au sujet d’une propriété physique telle que la couleur, la brillance ou, dans notre cas, la dimension angulaire d’un objet. Ce jugement est porté sans qu’il y ait de raisonnement conscient ni d’analyse précise de l’observation (la Lune est plus grosse à l’horizon).- La sensation perçue peut être aussi analysée par le raisonnement, en tenant compte de l’expérience ou de l’entraînement mental de l’observateur. Un raisonnement géométrique élémentaire fera dire à tel observateur que la Lune est plus proche à l’horizon parce qu’elle paraît plus grosse. Par contre, un astronome professionnel ou un amateur averti, se refuseront à estimer la distance d’un objet céleste par simple observation visuelle.

On se trouve ici devant un conflit d’interprétations à l’origine de nombreuses confusions dans les discussions concernant l’illusion de la Lune. Notre cerveau, chargé d’interpréter nos impressions visuelles, peut se trouver placé devant une situation conflictuelle, comme dans le cas de l’ ‘‘impossible barre’’ de Penrose, représentée ci-dessus. Lequel des côtés de ce triangle est le plus proche ou le plus éloigné ? La réponse est impossible, le côté droit apparaissant derrière le côté gauche, mais devant le côté inférieur.

L’illusion relative à la Lune près de l’horizon fait intervenir des distances telles que la dimension réelle des objets ne peut être appréhendée directement. C’est donc la dimension angulaire qu’il faut considérer, qu’elle soit réelle ou apparente. Le point de départ ne peut donc pas être l’estimation de la dimension linéaire de l’objet et ensuite de la distance. Des expériences optiques ont été menées, notamment par le père et le fils Kaufman (Explaining the Moon Illusion – voir le site de Simanek en références). En simulant dans un laboratoire différentes situations relatives à l’observation de la Lune (par projection de disques lumineux) ils tendent à privilégier, au contraire de ce qui vient d’être dit, la primauté de l’estimation de la distance mais leur argumentation ne semble pas s’appliquer au cas des distances astronomiques.

Convergence et accommodationDes études poussées ont été menées par des spécialistes de la ‘‘perception cognitive’’. On se contentera ici d’un bref aperçu de leurs conclusions, renvoyant le lecteur intéressé à des textes cités dans les références (voir sur le site de Simanek, les articles de Don McCready). L’accent est mis à nouveau sur les illusions relatives à la dimension angulaire des objets observés, illusions liées à deux aspects de notre vision, la convergence et l’accommodation.

L’illusion de Penrose

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La convergence nous permet, grâce à notre vision binoculaire, d’estimer la distance des objets proches, tandis que l’accommodation consiste à jouer sur les contractions de notre lentille oculaire et ainsi d’en modifier la distance focale afin de ‘‘mettre au point’’ sur tel objet. Chez beaucoup de personnes, le processus de convergence entraîne celui d’accommodation et inversement. Ce que l’on appelle la micropsie (pour ‘‘oculomotor micropsia’’) est cette illusion qui nous fait paraître un objet plus petit qu’il n’est. Elle se présente quand la convergence et l’accommodation se font à une distance plus petite que l’objet observé. Par opposition, la macropsie fait paraître plus grand l’objet dont on cherche à estimer la grandeur angulaire, car on focalise alors sur un point situé plus loin que lui.

Plusieurs raisons peuvent amener notre regard à se fixer sur un point plus rapproché ou plus éloigné, par rapport à l’objet que l’on veut observer. C’est notamment le cas quand plusieurs objets se trouvent dans le champ de vision. Ainsi, en observant la Lune près de l’horizon, l’œil aura tendance à mettre au point sur des objets terrestres et lointains. Mais quand nous regardons la Lune près du zénith, par un ciel dégagé, il n’y a pas d’autres repères possibles et l’on constate, rapporte Simanek, que l’œil accommode sur son foyer au repos, à une distance d’un ou deux mètres ! Dès lors la Lune est perçue avec un diamètre angulaire plus petit. Par ailleurs, il rapporte que dans le noir complet, nos yeux auraient tendance à ajuster le foyer à une distance d’un mètre. On peut ici se demander comment, en accommodant à une distance d’un mètre ou deux, on peut être capable de voir une image nette de la Lune. En outre, en présence d’étoiles dans le champ de vision, on pourrait imaginer que l’œil accommode sur l’infini.

Toutefois, ces phénomènes ne semblent pas avoir une amplitude suffisante pour expliquer à eux seuls l’illusion de la Lune : leurs effets ne dépasseraient pas les 10%. D’autre part, on remarque que les personnes qui ont perdu la faculté d’accommodation, comme certaines personnes âgées, ou qui ont reçu des implants oculaires, continuent d’être illusionnées par la Lune…

En ce qui concerne la convergence, les illusions demeurent même en cachant un œil, ce qui semblerait ôter toute pertinence à la théorie proposée. Cependant, les phénomènes de micropsie et de macropsie, connus depuis 1852, persistent même après la perte d’un œil ou l’atrophie des muscles oculaires ! Ces phénomènes proviendraient donc avant tout des facultés de notre cerveau.

Notre ami le docteur José Gridelet, neurophysiologiste à Liège, est lui aussi convaincu que l’illusion est liée à la perception de l’espace et du relief par le cerveau. Selon lui, l’acquisition est innée pour les structures ‘‘basales’’ telles que les lignes verticales ou horizontales mais la perception du relief et du mouvement dépend de l’apprentissage au début de la vie, bien avant le langage ou l’écriture. Il serait intéressant, dit-il, de savoir si des borgnes de naissance sont sujets à cette illusion ! Par ailleurs, la réactivité des cellules de la rétine pourrait intervenir en influençant le cerveau, compte tenu de la faible luminosité du ciel nocturne et du contraste avec

le disque lunaire : il pense donc que l’illusion est maximale à la pleine Lune.

La Lune dans le planétariumL’illusion de la Lune grossie à l’horizon ne se produit pas dans un planétarium, même équipé d’une grande voûte de projection (voir le planétarium de Bruxelles par exemple et ses 23 mètres de diamètre). L’illusion des constellations plus grandes à l’horizon, à laquelle Flammarion fait référence, n’apparaît pas non plus dans un planétarium. Selon Simanek, l’absence de l’illusion au planétarium

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Une personne atteinte du syndrôme d’Alice au pays des merveilles peut présenter une micropsie. Illustration de John

Terriel de l’ouvrage de Lewis Carroll (1865)

Le GAAC, de passage au planétarium de Bruxelles en 2014

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pourrait être due au fait que les images des astres sont toujours formées à des distances pour lesquelles nous sommes encore capables d’avoir une vision stéréoscopique (même dans les salles de planétarium les plus grandes). On remarquera toutefois que ce n’est pas en fermant un œil que l’on pourra faire apparaître l’illusion de la pleine Lune dans un planétarium...

Simanek fait également remarquer que, dès l’entrée dans la salle du planétarium, nous prenons naturellement des repères de distance qui font que pendant la projection, on sait très bien (consciemment ou non) à quelle distance de nous sont projetées les images des astres. On peut ajouter que pendant la projection, même dans l’obscurité, il reste quelques points de repère comme le projecteur central par exemple, le pupitre du conférencier très faiblement éclairé, les sièges voisins ou encore la limite inférieure de l’écran de projection, qui représente l’horizon du planétarium.

Carl J. Wenning, dans la revue The Planetarian, estime que c’est parce que les spectateurs ne retrouvent pas au planétarium l’illusion bien connue de la Lune et des constellations grossies à l’horizon qu’ils en déduisent qu’on projette dans ce type de salles des astres et des figures du ciel bien plus petits que dans le vrai ciel. Il nous semble pour notre part que dans un planétarium, la Lune et les constellations apparaissent toujours trop petites, même lorsqu’elles sont projetées bien au-dessus de l’horizon, voire au zénith. Nous en voulons pour preuve les réactions des habitués des observations astronomiques à qui l’on demande de désigner les constellations dans un planétarium. Certains constructeurs de planétariums ont d’ailleurs eu la tentation d’agrandir le diamètre de l’image de la Lune projetée pour donner un aspect plus réaliste. Ainsi, dans le planétarium du GAAC, le logiciel Stellarium 360 quadruple par défaut la taille de la Lune.

ConclusionQue peut-on affirmer aujourd’hui à propos de l’illusion de la Lune ? D’abord qu’il s’agit bien d’une illusion d’optique et non pas d’une manifestation du phénomène physique de la réfraction, comme beaucoup de personnes

le croient encore. Nous avons rappelé l’importance de la réfraction pour l’observation ; cependant, en ce qui concerne la Lune près de l’horizon, la réfraction contribue à diminuer la surface apparente du disque, et non le contraire.

La série de photographies ci-contre montre bien l’effet de la réfraction sur la Lune, observée dans les premiers moments, juste après son lever, au travers d’une grande couche d’atmosphère.

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Ambiance étoilée sous le planétarium du GAAC

Chapelet d’un lever de Lune réalisé en 2014 par Guillaume Cannat

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Parmi les explications possibles, face à cette illusion d’optique, le modèle de la voûte céleste surbaissée est certainement à prendre en compte : c’est un phénomène admis quasi universellement à partir de l’observation des constellations, aussi bien que du Soleil et de la Lune. Cependant cette vision du ciel aplati est elle-même une illusion. Plutôt que d’expliquer l’ ‘‘illusion de la Lune’’ à partir de l’ ‘‘illusion du ciel’’, il importe de rechercher les causes communes à ces deux phénomènes. Cette recherche relève des travaux des spécialistes de la ‘‘perception cognitive’’ laquelle fait intervenir les mécanismes d’interprétation de notre cerveau, autant et même davantage que la structure physique de notre système oculaire.

Les arguments tirés de la perspective, de l’illusion de Ponzo et de la présence d’objets plus ou moins proches de l’objet observé peuvent contribuer à la compréhension du phénomène global. Aucun d’entre eux ne paraît déterminant à lui seul ; en particulier les études de simulation menées à partir d’observation d’objets proches ne doivent pas être extrapolées sans réserve à l’observation d’objets situés à des distances astronomiques.

En ce qui concerne la vision binoculaire, celle-ci apparaît comme étant d’une grande complexité. Laissons la parole à Annie Monot, du Museum National d’Histoire Naturelle à Paris : ‘‘(…), la taille, la distance, la disparité et la convergence ne représentent qu’un petit échantillon de tous les paramètres mis en jeu dans la vision humaine. Il est plus que probable que tous ces indices entrent en conflit. Sans compter que les indices cognitifs, c’est-à-dire la connaissance d’un objet, peuvent aussi influencer notre perception de cet objet’’.

Enfin on trouve la citation suivante sur le site web d’un illusionniste, surnommé Pierre Magie. Intitulé ‘‘Un tour de magie lunaire’’, le texte commence par ces lignes, qui nous serviront de conclusion : ‘‘À l’horizon, la Lune paraît souvent plus grosse qu’au zénith. Loin d’être naturel, ce phénomène est la plus grande illusion d’optique connue’’.

RéférencesMieux connaître la voûte céleste, d’Olivier Moreau paru aux éditions J.-P. Gisserot en 1997.Parmi l’abondante littérature publiée sur le sujet de l’illusion de la Lune, nous avons surtout consulté deux sources : ‘‘Comment voyez-vous la Lune près de l’horizon?’’, un article signé Jean Lacroux, et publié dans le n°214 de la revue Ciel et Espace de novembre 1986.Et The Moon Illusion. Un unsolved Mystery. Cet article touffu de 18 pages se trouve sur le site web : https://www.lhup.edu/~dsimanek/3d/moonillu.htm

Il renvoie dans sa bibliographie à 24 publications, et à 6 sites web. Nous avons parcouru notamment : Wenning Carl J., The Planetarian, Vol 14, #4, december 1985.Nous nous étions aventurés sur le site Internet d’un magicien (pierremagie.free.fr), qui hélas ne fonctionne plus aujourd’hui. Néanmoins, les familiers d’Internet trouveront sans difficulté de nombreux sites lunaires en tapant ‘‘Moon Illusion’’ ou ‘‘Lune illusion’’.

RemerciementsLa plupart des dessins ont été magistralement produits ou améliorés par Nicolas Jonlet. Les nuages ont été dessinés par Mathilde Lausberg. Merci également à José Gridelet, Louis Pauquay, Jean Manfroid, Jules Jonlet et Ghislain Ghistelinck qui nous ont indiqué les bonnes références.

Grand merci à la revue Le Ciel de la Société Astronomique de Liège qui nous a donné l’autorisation de reproduire cet article, initialement publié en 2003 : http://www.societeastronomique.ulg.ac.be/actualites/bulletin-le-ciel

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Lever de Lune photographié par Guillaume Cannat à la Grande Motte

Un ouvrage de référence ! (c’est le rédac’ chef qui le dit) Disponible à la boutique du

GAAC...

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La face cachée des oragesPar Simon Lericque

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4000 orages sont actifs en permanence à la surface de la Terre et près de 4 millions d’éclairs par jour sont enregistrés. Derrière ces chiffres étonnants et ces phénomènes météorologiques bien connus se cachent d’autres types d’éclairs. Au-dessus des nuages d’orages, dans la haute atmosphère terrestre à la frontière de l’espace, des phénomènes explosifs d’une intensité remarquable et d’une grande brièveté se produisent presque à chaque instant eux-aussi. Ces phénomènes lumineux transitoires – tels qu’ils ont été nommés – sont quasiment impossibles à déceler à l’œil nu, mais ils se retrouvent parfois sur les photographies d’ambiances nocturnes réalisées par les astronomes. Bien discrets, ces éclairs d’un type particulier présentent une grande diversité et ont été baptisés, elfes, sylphes, farfadets ou encore trolls... à l’instar des personnages légendaires du folklore celtique qui, eux-aussi, sont bien difficiles à apercevoir. Découverte.

Ci-dessus, sprites photographiés par S. VetterEn haut, orage photographié par Sylvain Wallart

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Histoire récenteLes phénomènes lumineux transitoires, (ou TLE en anglais ; pour Transient Luminous Events) n’ont été découverts que récemment. Pourtant, l’existence supposée de ces éclairs dans la haute atmosphère terrestre avait déjà été évoquée dans le premier tiers du XXème siècle, notamment par l’écossais Charles Thomson Rees Wilson (1869-1959), prix Nobel de physique en 1927. Ce dernier avait émis l’hypothèse de l’existence de tels phénomènes allant du sommet des orages jusque l’ionosphère, à la frontière de l’espace. Néanmoins le premier TLE ne sera véritablement observé qu’au cours de l’année 1989 : des scientifiques de l’Université du Minnesota aux États-Unis – John Winckler, Robert Franz et Robert Nemzek – testaient une caméra d’une grande sensibilité et ont découvert par hasard sur deux images seulement

ce qui sera qualifié plus tard de ‘‘sprite’’. À partir de là, de nombreuses questions se posent... Est-ce que ce phénomène est rare ou courant ? Y-en a-t-il partout ? Rapidement, d’autres phénomènes lumineux sont retrouvés sur d’anciennes séquences vidéo et surtout, de nombreux autres sont filmés ou photographiés par la suite. Les spécialistes se sont vite rendus compte qu’il existait également une grande diversité de phénomènes et que les sprites n’étaient que la manifestation la plus évidente à voir depuis le sol. À peine 25 ans plus tard, on estime désormais à plusieurs millions le nombre de TLE qui se produisent chaque année autour de la Terre.

Zoologie des TLELes red sprites, qui peuvent être traduits par ‘‘sylphes’’ ou ‘‘farfadets’’ en français, sont les phénomènes les plus souvent observés depuis le sol et ce, depuis n’importe quel endroit à la surface de la Terre. Le phénomène – comme la plupart des autres TLE – est d’une grande brièveté, de quelques millisecondes à quelques dizaines de millisecondes. Le farfadet (aussi bien le personnage mythologique que le phénomène naturel) a ainsi la fâcheuse tendance de disparaître au moment même où il a été aperçu. Les sprites sont les plus observés, mais aussi les plus étudiés. Ces derniers ont même pu être classés dans plusieurs catégories, selon leur configuration morphologique. On trouve ainsi des sprites ‘‘carottes’’, ‘‘colonne’’, ‘‘ange’’ ou ‘‘méduse’’. La couleur rouge est dominante sur ces phénomènes mais d’autres colorations peuvent parfois être observées, notamment des nuances tendant vers le bleu. La plupart des sprites sont surplombés d’un halo, dont la taille et l’intensité varient grandement.

Portrait du physicien Charles Thomson Rees Wilson

Exemple de sprite capturé grâce à une caméra vidéo au début des

années 1990

Sprites photographiés par Stéphanne Vetter en 2017

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Les Elves (pour Emission of Light and Very low frequency perturbations due to Electromagnetic pulse Sources) – qui peuvent être traduits par elfes en français – sont les TLE les plus élevés puisqu’ils apparaissent dans la thermosphère à la frontière de l’espace. À cause de cette altitude extrême, la grande majorité des elfes ne peut être observée que depuis des engins spatiaux. Les astronautes de la Station Spatiale Internationale par exemple, sont aux premières loges pour les filmer ou les photographier. Ils ont d’ailleurs été découverts en 1992 depuis la Navette Spatiale au-dessus de la Guyane française. Ils prennent la forme de gigantesques anneaux de 100 à 300 kilomètres de large et émettent généralement dans le rouge et les ultraviolets lointains. Leur apparition coïncide avec la formation des orages les plus violents.

Les blue jets, ou flèches bleues en français, ont été découverts en 1994 par des scientifiques de l’Université d’Alaska. Ils s’étendent du bas vers le haut, du sommet des orages jusque 40 kilomètres d’altitude, dans la stratosphère. Comme pour les sprites, il existe de différents types de blue jets. Certains d’entre eux, les plus spectaculaires, peuvent atteindre les limites de l’ionosphère, à 90 kilomètres d’altitude (à comparer aux deux kilomètres des éclairs classiques). Les giant jets (jets géants) n’ont été observés pour la première fois qu’en 2002 mais ils sont considérés comme les TLE les plus longs, le phénomène pouvant atteindre la seconde. Théoriquement, la durée de ces jets géants est donc suffisamment longue pour qu’ils soient perçus à l’œil nu. Dans les faits, il n’existe que peu de cas de jets géants répertoriés, ce qui ne facilite pas la compréhension de leur mécanisme de formation. Enfin, il existe un autre type de jet, baptisé blue starter (démarreur bleu), qui est un semblant de jet avorté... Il a une étendue relativement courte comparativement aux autres jets puisqu’il ne culmine qu’à 25 kilomètres d’altitude.

Il existe d’autres TLE, peu évoqués dans les publications car rarement observés ou photographiés. Le troll (pour rester dans la terminologie des TLE) ou palm tree, est baptisé ainsi en raison de sa forme de palmier. Ce phénomène fait partie de la famille des jets, mais il a la particularité de se ‘‘relier’’ aux sprites descendant de grande envergure. On parle aussi parfois de gnomes ou de lutins pour d’autres phénomènes qui se produisent juste au-dessus des nuages d’orages.

Vue d’artiste d’un efle depuis l’espace.Illustration issue du projet Taranis - Voir encadré page 32

Jet géant photographié par Phebe Pan en 2016 Jet bleu photographié par Elka Liot et Gregory Moulard

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Intense rayonnement dans le gRapidement après la mise en évidence des TLE, les scientifiques se sont aperçus que les nuages d’orages pouvaient se comporter comme de gigantesques accélérateurs de particules et donner lieu à de spectaculaires bouffées de rayonnement g (et même de rayons X). On a qualifié ces phénomènes de TGF, pour Terrestrial Gamma ray Flashes. Ils ont été découverts au début des années 1990 grâce notamment au satellite CGRO (Compton Gamma-Ray Observatory), opérationnel entre 1991 et 2000. À cette époque, des sursauts gamma ont été détectés, provenant étrangement de la Terre, alors que le satellite avait pour mission de capter des sources célestes. Au cours de sa mission, une petite centaine de TGF a été détectée. Un autre engin, RHESSI (Reuven Ramaty High Energy Solar Spectroscope Imager), avec des détecteurs g un peu plus adaptés, découvrira 800 TGF entre 2002 et 2008. Enfin, c'est FERMI, un autre télescope g, qui a pris le relais pour découvrir cette fois-ci plusieurs dizaines de TGF par semaine.

À l’instar de la grande majorité des phénomènes lumineux transitoires, les flashes g terrestres sont eux aussi très brefs, d'une durée proche de la milliseconde approximativement. On sait aujourd'hui qu'ils produisent une grande quantité d'énergie, de l'ordre de quelques dizaines de méga électrons volt, et qu'ils peuvent se produire partout sur Terre. Il y a fort à parier que chaque orage génère des flashes g. En tout cas, les ''observations'' montrent qu'ils se forment en majorité au-dessus des bassins d'orages traditionnels : Amérique centrale, zone équatoriale africaine, Indonésie et Asie du Sud-Est.

Schéma d’une bouffée de rayonnement g produit par la NASA

Les flashes g enregistrés par le satellite FERMI en 2011 se localisent essentiellement dans les régions équatoriales.

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L’étude des TLEMême si les premiers TLE ont été observés depuis le sol, leur étude reste évidemment l’apanage des satellites artificiels de par la grande altitude où ils se forment. Ainsi, grâce à Formosat-2, un engin taïwano-japonais destiné initialement à la cartographie, on a pu mener les premières études des phénomènes lumineux transitoires dignes de ce nom à l’échelle de notre planète entre 2004 et 2007. On a ainsi pu constater que les sprites sont surtout produits dans les zones continentales et tropicales, là où l’activité orageuse est la plus forte, et que les elfes sont les plus courants des TLE avec près 80% des phénomènes observés. On estime aujourd’hui que 10% des éclairs donnent lieu à des TLE mais il y en a probablement davantage encore. Ce sont donc plusieurs centaines de milliers de phénomènes lumineux qui se produisent chaque jour. Plusieurs projets scientifiques en cours de développement ont pour ambition une étude systématique des TLE et, évidemment, une meilleure compréhension de ces éclairs d’altitude.

Taranis à la chasse aux elfesTaranis, c’est le nom du dieu celte du ciel, du tonnerre et la foudre : un nom bien choisi pour l’étude de ce qu’il se passe au-delà des orages. Taranis (pour Tool for the Analysis of RAdiation from lightNIng and Sprites), c’est aussi et surtout le nom d’un satellite artificiel qui aura pour mission d’étudier les TLE et les TGF. Ce petit satellite de 150 kilogrammes à peine sera équipé, entre autres, de caméras sensibles et ultra-rapides, de photomètres, d’un magnétomètre, ainsi que de capteurs de rayons X et de rayonnement g. Taranis, développé notamment par les équipes du Centre National d’Études Spatiales devrait être lancé

en 2018, mais la date exacte de son lancement dépend du développement d'autres satellites plus importants. Il sera placé sur une orbite polaire héliosynchrone, à environ 700 kilomètres de la surface terrestre et devrait être pleinement fonctionnel entre 60°N et 60°S de latitude, là où justement est localisée la majorité des orages. Il s'agira de la première mission dédiée à l'étude des TLE et TGF, avec notamment la réalisation d'observations effectuées au nadir (juste au-dessous du satellite) ce qui n'a jamais été fait jusqu'ici.

Vue d’artiste du module Taranis surplombant un jet bleu

Vue d’artiste du satellite Formosat-2

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Comment photographier les TLE ?Si l’on cherche spécifiquement à chasser les TLE, il faut paradoxalement être loin de la cible – parfois à plusieurs centaines de kilomètres – et avoir pas mal de chance... De par leur grande brièveté, observer visuellement ces phénomènes est quasiment impossible. Les jets géants sont suffisamment ‘‘longs’’ pour être vus à l’œil nu, mais il faut une bonne acuité visuelle et un ciel de grande transparence étant donnée la distance importante entre l’observateur et le phénomène lui-même. D’ailleurs, les chanceux qui relatent une telle observation doutent souvent de ce qu’ils

ont pu voir. La grande majorité du temps, il faut donc se contenter de les photographier dans une ambiance nocturne. En effet, la luminosité des TLE est loin d’être suffisante pour qu’ils soient vus ou photographiés en plein jour.

La meilleure façon de capter des TLE est par la photographie continue. L’utilisation de caméras

CCD sensibles couplées à des objectifs de courte focale dans l’optique d’obtenir un large champ, est préconisée. En plaine, ces caméras peuvent alors enregistrer des phénomènes ayant lieu à plus de 800 kilomètres du lieu où elles sont installées. Au-delà, la courbure de la Terre fait son œuvre et les phénomènes se produisent sous l’horizon. Bien souvent, les TLE sont photographiés depuis des sites situés en altitude, sur des sommets montagneux ou au sommet de grandes tours. Cela permet d’allonger un peu la distance, à condition d’avoir un ciel dégagé entre l’orage et le site d’observation.

Sources- les photographies de Sylvain Wallart : https://sylvain-wallart-photography.com- les photographies de Stéphane Vetter : http://nuitsacrees.fr- le site de la mission Taranis : https://taranis.cnes.fr- le site Spaceweather qui publie régulièrement des images de TLE : http://spaceweather.com

Lune cendrée et sprites colonnes photographiés par Stéphanne Vetter, alors en Alsace, à plus de 500 kilomètres d’un orage situé au-dessus de la Manche

Ci-dessus, un elfe capturé grâce à une caméra de vidéosurveillance.

Ci-contre, image brute extraite d’une caméra fisheye qui a capturé quelques sprites.

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Schéma et tableau récapitulatif des différents TLE

Type Formation Hauteur Largeur Durée Couleur

Red sprite Entre 30 et 90 km Entre 10 et 60 kilomètres Jusque 30 km quelques ms Rouge

Halos Entre 70 et 90 km 20 kilomètres maximum 75 kilomètres max Quelques ms Rouge

Elves Entre 90 et 100 km Quelques centaines de mètres Entre 200 et 500 km 1 ms Rouge et UV

Blue jet 15 à 50 kilomètres 20 kilomètres environ Entre 1 et 10 km quelques centaines de ms Bleu et proche UV

Giant jet Entre 15 et 75 km Jusque 60 kilomètres Entre 1 et 50 kmquelques centaines de ms jusque la seconde dans de

rares casDu rouge au bleu

Blue starter Entre 15 et 40 kilomètres

20 kilomètres maximum Quelques dizaines de ms Bleu

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le NathTheoun télescope de 250 mm en

impression 3DPar Bruno Dolet

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IntroductionSuite à une mise en invalidité à l’âge de 45 ans il y a plusieurs mois, je me suis retrouvé dans l’incapacité d’effectuer des tâches manuelles trop pénibles. Pour poursuivre ma volonté de créer, instruments et outils, avec un minimum de contraintes vis-à-vis de ma santé, j’ai fait l’acquisition d’une imprimante 3D Discovery 200, de la société DAGOMA.

L’auteur et son œuvre

L’imprimante 3D Dagoma DiscoEasy 200

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Un an et demi après ce premier achat, une nouvelle imprimante plus performante, modèle DiscoEasy200, est venue compléter mon équipement 3D. Pendant tout ce temps, je n’ai cessé de penser à un télescope réalisé grâce à cette imprimante 3D ; instrument qui pourrait permettre à des personnes en situation de handicap - ou encore à des novices en bricolage - de pouvoir créer et assembler (un peu comme avec des briques de Légo), leur propre télescope.

Plusieurs idées ont germé, mais elles étaient soit trop complexes, soit trop coûteuses, ou encore avec trop de manipulations physiques (pas d’assemblage, ni de bois à couper, ni d’utilisation de machine-outil). C’est finalement à la fin de l’année 2016 que l’idée la plus aboutie, ou tout du moins la moins brouillonne, a vu le jour.

Premières réalisationsLa réalisation de l’ambitieux projet a commencé fin mars 2017, avec les premières pièces modélisées grâce au logiciel Blender et les premières impressions effectuées le 4 avril (soyons précis). J’ai débuté l’impression du télescope par son barillet, avec une première version que j’ai améliorée et allégée, notamment au niveau des tubes d’aluminium. Mais l’allègement s’est avéré trop prononcé à mon goût. En effet, c’est en imprimant les premières pièces et en les testant que j’ai eu un doute concernant la rigidité finale de l’ensemble. Après une deuxième version non satisfaisante, c’est enfin la troisième mouture qui s’avéra la bonne ; tout du moins, c’est ce que je pensais avant les premiers tests de terrain réalisés lors des Nuits Astronomiques de Touraine à Tauxigny.

Après plusieurs heures de réflexion et de modélisations d’essais, et trois types de télescopes créés, j’ai ainsi pu faire l’étude d’un cahier des charges et acheter les matériaux manquants. Le télescope a été réalisé en PLA. Ce matériau est un acide polyactique (ou polyactic acid en anglais). Il s’agit d’un polymère, élément essentiel d’un très grand nombre d’objets de la vie courante et du domaine industriel. Sa fabrication repose sur la fermentation, la distillation et la polymérisation du dextrose, un sucre végétal élémentaire. C’est le carbone qui est récupéré de ce sucre qui sert à la fabrication du PLA.

La première version du télescope imprimé 3D

Plan papier du système de collimation Barillet modélisé sur le logiciel Blender

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Dans cette version du télescope, le projet comporte 139 pièces imprimées et a consommé 1103 mètres de fils PLA 1.75 mm, pour un total de 3,228 kilogrammes. Plus de 100 heures de réflexion et de modélisation ont été nécessaires, auxquelles s’ajoutent 347 heures d’impression, soit environ 447 heures au total, pour obtenir un premier résultat. Le tout pour un montant d’environ 150 €, sans les miroirs bien sûr, récupérés sur un ancien Dobson Orion 10’’. Ce budget limité devrait cependant être revu à la hausse avec l’utilisation de PLA spécial, comme le filament Fiberlogy HD qui est un matériau de haute technicité et de haute solidité. En effet, une fois recuit à 80°C, celui-ci se montre plus résistant, tant à la traction-compression qu’à la chaleur (jusqu’à 110°C environ).

Tests de terrainAprès une petite erreur de calcul de longueur focale, j’ai tout de même pu réaliser quelques tests, m’attardant surtout sur le comportement du fil d’impression PLA simple. Comme je m’en doutais et comme on me l’avait fait remarquer sur les réseaux sociaux, le PLA simple se comporte mal à la chaleur. Mais il aura tout de même fallu que je laisse le télescope en plein soleil durant toute la journée la plus chaude des NAT 2017, pour constater un fléchissement au niveau du secondaire et un léger gondolement au niveau du socle.

La veille, je l’avais laissé toute la journée à l’ombre et malgré une forte chaleur, le télescope n’avait pas bougé d’un poil ! Concernant l’humidité, pour l’instant aucune modification n’a été constatée ; à savoir que j’ai bombé une partie du télescope avec une peinture spéciale pour pare-choc plastique susceptible d’amortir les échanges hydriques et thermiques. Je reste néanmoins encore sceptique... À voir à long terme, mais je pense que le PLA HD Fiberlogy sera plus adapté.

En cours d’impression d’une hache composée de trois parties Résultat final, on peut observer les mortaises qui serviront à l’assemblage

Autre exemple : début d’impression d’une des huit parties du socle

Observation lors des NAT

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Quelques adaptationsSuite aux premiers essais de terrain réalisés et aux conseils récoltés par-ci par-là, j’ai modifié la cage du secondaire qui avait subit un fléchissement au niveau du porte-oculaire, afin de la rendre plus robuste. Puis, j’ai adapté les triangles sur des rotules pour qu’elles soient plus souples (pour faire suite aux conseils avisés de Serge Vieillard), réalisé un système qui s’avère très efficace avec des élastiques (type expander pour la musculation), dans le but de compenser le basculement du télescope.

Également, un système avec des rotules – toujours imprimées – a été ajouté au bout des tiges carbone, rendant le système plus efficace et plus rapide à monter et démonter. Pour finir, j’ai collé un morceau de couverture de survie au-dessus du secondaire afin de retarder le dépôt de buée lors des nuits humides. Plusieurs nuits d’observation ont été réalisées avec ce télescope nouvelle version, avec une grande satisfaction.

ConclusionJ’espère que mon projet suscitera l’envie de nombreuses personnes à modéliser et à créer leur propre télescope. Bien que le projet soit pépertuellement en développement, je propose de télécharger les fichiers en open source, sur le site du GAAC (http://astrogaac.fr/index.php?id=31). Aux fichiers est joint un petit guide de construction afin que ça soit le plus compréhensible possible à mettre en œuvre.

Dans tous les cas, ce projet de création de télescope - que j’ai décidé de baptiser NathThéo (composantes des prénoms de mes deux petits-fils Nathan et Théo) - m’a apporté beaucoup de plaisir et de joie, à créer et assembler les différentes pièces. Ce projet m’a permis de pouvoir continuer ma passion pour le ‘‘bricolage’’ dans un contexte astronomique. La finalité est aussi de partager ce projet auprès d’associations d’aides aux personnes en situation de handicap. Le télescope corrigé

Nouvelle cage du secondaire, avec le miroir protégé par un morceau de couverture de survie

Système avec élastiques type expander

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Cage du secondaire(partie supérieure du télescope)

2 cercles octogones, composés de 16 pièces imprimées en 62 heures, 116 mètres de PLA pour un poids de 352 grammes.

� raccords pour cercles. Pièces imprimées en 42 heures, 85 mètres de PLA pour un poids de 256 grammes.

3 molettes de serrage pour l’araignée. Pièces imprimées en 3 heures, 3.75 mètres de PLA pour un poids de 12 grammes.

� molettes de serrage pour les tiges carbone. Pièces imprimées en 2 heures 20 minutes, 3 mètres de PLA pour un poids de 8 grammes.

� plaques de serrage pour les tiges carbone. Pièces imprimées en 3 heures 20 minutes, 5.56 mètres de PLA pour un poids de 16 grammes.

3 molettes de réglage miroir secondaire. Pièces imprimées en 21 minutes, 1.02 mètre de PLA pour un poids de 3 grammes.

1 Support chercheur. Pièce imprimée en 52 minutes, 3.99 mètres de PLA pour un poids de 12 grammes.

TOTAL

Total de pièces : 35Total temps : 114 heures et 6 minutesTotal poids : 659 grammesTotal longueur fil : 218.32 mètres de PLA

Côté technique et détail des impressions

Miroir primaire(partie inférieure du télescope)

Barillet

Total de pièces : 80Total temps : 128 heures Total poids : 1 018 grammes de PLATotal longueur fil : 368 mètres de PLA

Caisse

Support barillet

Total de pièces : 8Total temps : 36 heures Total poids : 553 grammesTotal longueur fil : 183 mètres PLA

Cercle de rotation

Total de pièces : 8Total temps : 28 heures Total poids : 449 grammesTotal longueur fil : 148 mètres de PLA

Socle avec pied réglable

Total de pièces : 8Total temps : 41 heuresTotal poids : 559 grammesTotal longueur fil : 186 mètres de PLA

TOTAL

Nombre de pièces total : 139Temps pour l’impression des pièces : 347 heuresPoids total du télescope : 3.228 Kg (sans miroir)

L’imprimante 3D en train de réaliser l’un des six triangles de réglage qui supportera le miroir primaire.

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Écoute d’un contact entre l’ISS et des scouts allemands

Par Damien Devigne

Le projet ARISSLe 1er août 2017, nous avons eu la chance de pouvoir écouter un échange radio ARISS entre l’astronaute italien Paolo Nespoli et un rassemblement scout en Allemagne (National Jamboree). Le projet ARISS permet aux jeunes du monde entier d’entrer en contact radio avec la Station Spatiale Internationale, afin de poser leurs questions directement aux astronautes présents dans la station, généralement dans un contexte scolaire.

La station spatiale orbite à une altitude variant entre 330 et 430 kilomètres. Lorsque la station se trouve à la verticale d’une ville sur Terre, elle voit la surface de la Terre dans un rayon de 2200 à 2500 kilomètres autour de cette ville. Pour un observateur situé dans cette ville, la station spatiale, qui se déplace à environ 8 km/s, est au-dessus de l’horizon pendant 10 minutes environ. C’est pendant cette courte période qu’il est possible d’établir une liaison radio directe avec la station. Il est possible de connaître les heures de passage de la station en consultant le site www.isstracker.com qui donne la position de la station spatiale, le tracé au sol de ses

prochaines révolutions et l’horizon vu par la station.

Avant un contact ARISS, les jeunes préparent une liste de 20 questions qu’ils enchaîneront très rapidement pendant les 10 minutes de “visibilité” de la station. Lors de l’échange, les questions et les réponses sont systématiquement ponctuées par le mot-clef “over” signalant à l’autre interlocuteur qu’il peut répondre.

Le matérielPour réaliser ce contact, on fait appel à un radio-amateur possédant le matériel et le savoir-faire nécessaires. Les radio-amateurs sont des passionnés de radiocommunication qui disposent d’une licence les autorisant à utiliser certaines bandes de fréquences pour communiquer, par radio, dans le monde entier. Sans cette licence, il n’est pas possible d’entrer en contact avec la station.

La réception est en revanche très facile et à la portée de toute personne ayant le matériel adéquat. Contre toute attente, on peut

Capture d’écran du site ISS Tracker

Le talkie-walkie, la clé UBS et l’antenne

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s’équiper avec un budget très raisonnable, autour de 50 €. Parmi ces matériels bon marché, on peut citer notamment les scanners radio portatifs, les talkies-walkies UHF/VHF (attention à ne surtout pas émettre avec cet appareil : sans licence, c’est interdit !) ou les clefs USB TNT détournées de leur usage initial grâce à un logiciel de SDR (Software Defined Radio).

Pour notre écoute, nous avons utilisé simultanément deux matériels : d’une part un talkie-walkie UHF/VHF Baofeng UV-5R dont l’antenne d’origine a été remplacée par une antenne Retevis RHD-771 et d’autre part une clef USB NooElec NESDR SMArt et une antenne télescopique déportée sur une embase magnétique, avec le logiciel Gqrx (pour linux et mac).

L’écoute du contact ARISSL’émission des questions étant réalisée avec une antenne très directive depuis l’Allemagne, il ne nous était pas possible d’écouter les questions. Nous avons toutefois pu récupérer la liste des questions sur la page Facebook du projet ARISS :1. What are the current research projects that you have on board the ISS ? Which experiment are you carrying out ?2. What skills do you need to become an astronaut and how do you acquire them ?3. What was the most important or most spectacular scientific discovery made on the ISS up to now ?4. What if somebody gets seriously sick ? 5. What was your motivation to become an astronaut ?6. What was the most critical situation on the station so far ?7. Can you see our Jamboree site from space and could it help if we shine a laser pen towards the ISS ?8. How do the constellation of the stars change compared to the view from the Earth ?9. How often are you working outside in Space ? Is it dangerous ?10. How do you shower in space ?11. Is it possible to see the romantic sunsets from the ISS like from the Earth ? Or even polar lights ? What about rainbows ?12. What happens, when a meteorite hits the space station ?13. How does the food taste ?14. When you are looking out of the window towards the Earth, do you sometimes think of the insignificance of humanity or of your own person ?15. What is the most annoying thing up there ?16. What are you most excited about, when you are back on Earth ?17. How do you experience the day-night-rhythm ?18. Do you have plants ?19. You’ve been away from home for a long time. How is that for you ?20. What do you miss most ?

La station spatiale émet en FM sur la fréquence VHF 145.800 MHz avec une modulation de +/-5 KHz. À noter qu’une légère correction peut être nécessaire à cause de l’effet Doppler, faisant varier la fréquence de réception de 145.803 à 145.797 durant le passage de la station.

Quelques minutes avant le début du passage de l’ISS, avec deux amis, je me suis mis en place sur un site à l’horizon dégagé dans la région Toulousaine où j’étais pour les vacances. Nous nous sommes calés sur 145.800 MHz et avons attendu impatiemment, nos oreilles à l’affût du moindre frémissement de la radio et nos yeux rivés sur le “waterfall” de Gqrx nous signalant visuellement un signal sur cette fréquence.

• • • • OBSERVATION

La réception sur l’écran d’ordinateur

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À 20h20, nous avons entendu un premier message. La réception était d’une telle qualité que nous avons tout d’abord pensé entendre une communication aéronautique. Nous avons très rapidement réalisé que c’était impossible sur cette fréquence et qu’il s’agissait très certainement de la communication que nous attendions, ce qui nous a rapidement été confirmé en entendant l’indicatif OR4ISS de la station appelant l’indicatif “Delta Papa Nine Sierra” (DP9S, l’indicatif radio utilisé par le camp scout). Nous avons alors lancé l’enregistrement sur l’ordinateur, tandis que nous écoutions attentivement sur la radio portative.

La réception était ponctuée de périodes de “blanc” durant lesquelles les étudiants transmettaient leurs questions sur la fréquence montante que nous ne pouvions pas entendre. Nous pouvions toutefois assez facilement deviner les questions. Au bout d’une dizaine de questions, la qualité de la réception est devenue assez mauvaise et nous avons fini par perdre définitivement le signal. L’échange s’est poursuivi un peu plus longtemps pour les scouts situés à l’est de l’Allemagne, à environ 1400 kilomètres de notre emplacement sur le trajet de la station. Les enregistrements sont disponibles à cette adresse : http://www.astro59.org/ISS.php.

D’autres contacts ARISSQuelques jours après ce contact ARISS, en vacances en Lozère, j’ai allumé ma radio à chaque passage de l’ISS afin de voir si je pouvais recevoir des “paquets” de données sur 145.825MHz. Ma radio était configurée pour surveiller simultanément la fréquence 145.800MHz avec l’espoir d’entendre une liaison radio vocale imprévue. Le 12 août, de 18h48 à 18h54, j’ai ainsi pu entendre le crépitement caractéristique des paquets me confirmant que l’ISS passait bien à ce moment-là au-dessus de nos têtes même si nous ne pouvions pas la voir en pleine journée. L’élévation maximale de 24° et donc la distance importante de la station lors de ce passage n’ont pas semblé affecter notablement la qualité de la réception.

Lors du passage suivant, de 20h24 à 20h31, j’ai de nouveau allumé ma radio et entendu les fameux crépitements. Quelle ne fût pas ma surprise lorsque, au beau milieu de ces paquets, une voix s’est fait entendre sur la fréquence 145.800MHz ! J’ai pu reconnaître l’indicatif IZØJPA de Paolo Nespoli, qui appelait l’indicatif IKØWGF de Francesco De Paolis, responsable ARISS Europe. L’objet de ce contact était apparemment de tester la radio avant un contact ARISS prévu avec le Japon le 14 août.

Le lendemain de 19h32 à 19h39, j’ai pu entendre et enregistrer un autre contact de test entre les deux mêmes protagonistes. Le site https://www.issfanclub.com m’a permis de confirmer ces contacts, mais aussi de m’apercevoir que j’avais raté une communication sur la fréquence 143.625MHz, habituellement utilisée lors des sorties extra-véhiculaires. Voilà une nouvelle fréquence à surveiller...

• • • • OBSERVATION

Ambiance lors de la réception du contact

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Précédents contactsLe 1er mars 2017, un contact ARISS était organisé entre l’école de Rueil-Malmaison et Thomas Pesquet, peu de temps avant son retour sur Terre. Simultanément, depuis la médiathèque de Meurchin, des écoliers avaient pu suivre le contact grâce au radioamateur Laurent Cartégnie (F4AHN). Le GAAC était intervenu pour faire une présentation de la Station Spatiale Internationale. Le contact avait été un succès. C’est à cette occasion que je m’étais demandé s’il était possible d’écouter facilement les émissions radio de l’ISS.

Le 5 mai 2017, Thomas Pesquet avait réalisé son dernier contact ARISS avec une école de Lillers et j’avais tenté d’intercepter les réponses depuis le terril de Loos-en-Gohelle, malheureusement sans succès. J’ai appris par la suite que ce contact avait été réalisé avec une radio moins puissante que celle utilisée habituellement (5W contre 20W) et qu’un cargo arrimé à la station à proximité de l’antenne avait probablement gêné la transmission. Il aurait fallu des moyens techniques beaucoup plus élaborés pour pouvoir écouter ce contact (antenne directive amplifiée et suivi motorisé).

• • • • OBSERVATION

L’antenne déployée à Meurchin

Le matériel radio lors de la réception de Meurchin Mon matériel installé au sommet du terril de Loos-en-Gohelle

Photo de groupe avec les élèves de Meurchin participant à la réception

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Les images SSTVDu 20 au 24 juillet 2017, pour fêter les 20 ans du projet ARISS, une série d’images SSTV a été émise sur la fréquence 145.800 MHz. Le SSTV (Slow Scan Television) permet d’envoyer des images encodées dans un format audible qui rappelle fortement la musicalité de nos premiers modems RTC. J’ai malheureusement eu l’information une journée trop tard, et quand je suis sorti le 25 juillet pour tenter de recevoir l’une de ces images, la station n’émettait plus. Pour combattre cette frustration, j’ai récupéré via Youtube un enregistrement de l’une des transmissions et j’ai utilisé une application sur

smartphone permettant de décoder l’image SSTV à partir du son de la vidéo. La vidéo avec le signal audio : https://www.youtube.com/watch?v=tc7KCBKFjBMJ’ai bon espoir de réussir un jour à recevoir et décoder une image SSTV envoyée par l’ISS. Ceci fera certainement l’objet d’un autre article...

Lever les oreilles vers le cielÉcouter en direct un astronaute dans la Station Spatiale Internationale est une expérience très enrichissante émotionnellement et intellectuellement. D’un côté, le son de la radio, qui rappelle les vieux enregistrements des premiers hommes dans l’espace, dégage une ambiance particulière. D’un autre côté, il s’agit d’une nouvelle manière pour un astronome amateur d’être en lien avec l’espace. Enfin, cela entrouvre les portes du passionnant domaine de la radiocommunication.

Je tiens à remercier Emmanuel (F5IDC) qui m’a donné quelques conseils fort utiles, notamment dans le choix de la radio portative, ainsi que Laurent (F4AHN) pour sa relecture et ses précisions.

• • • • OBSERVATION

Image SSTV décodée à partir du son de la vidéo youtube

Carte QSL confirmant l’écoute du contact ARISS du 01/08/2017

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• • • • HUMEUR

Et si rien n’avait d’importance ?Par Michel Pruvost

Je contemple la voûte étoilée. Le ciel est pur, loin de toute pollution lumineuse. Là-haut des centaines d’étoiles scintillent comme des diamants sur un velours. Combien sont-elles ? Trois mille environ, dont l’éclat finit par faire apparaître les reliefs qui m’entourent plus noirs que le noir de la nuit. Combien de civilisations ont accroché là leurs mythes, leurs héros, leur imaginaire ? Encore aujourd’hui, les constellations modernes portent les noms de ces anciennes interprétations du ciel. Le ciel portait alors les espoirs et les rêves de l’humanité. Les morts rejoignaient les dieux voguant sur la Voie lactée ou s’envolaient vers un paradis au-delà des étoiles. Le ciel était la perfection, l’immuabilité, l’éternité.

J’ai toujours admiré le spectacle des étoiles. Sans télescope, la grandeur du ciel en est presque oppressante. Il suffit de regarder le ciel en supprimant tout repère terrestre pour sentir le vertige. L’abîme est là, qui nous attire. Dans ma jeunesse, il m’est arrivé quelquefois d’y projeter mes espoirs et mes rêves. J’aurais bien voulu partir là-haut, quitter la Terre et voguer dans l’espace de monde en monde. J’envoyais des vœux vers les étoiles. Elles ne m’ont jamais répondu.

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• • • • HUMEUR

Avec le temps, j’ai appris à regarder ces astres autrement. Des études scientifiques, des heures passées aux télescopes à les scruter, les répertorier, les classer, les dessiner, des lectures instructives sur le sujet, la fréquentation d’autres astronomes amateurs ont changé mon regard sur le ciel et les étoiles. Aujourd’hui, je ne leur parle plus. Je ne leur parle plus parce que je sais qu’elles sont sourdes et lointaines, toutes occupées à illuminer l’espace. Éblouissant le monde, les étoiles ne peuvent évidemment rien voir. Je sais qu’elles ne sont que de gigantesques sphères d’hydrogène et d’hélium alimentées par des réactions nucléaires en leur cœur. C’est en soi formidable, mais ce n’est que ça.

Je sais aussi qu’elles sont très loin de nous (à part notre Soleil) et qu’un voyage pour en visiter une prendrait des millions d’années. Les étoiles sont inaccessibles. Le ciel est inaccessible. Alors à quoi bon y envoyer des vœux, à quoi bon y accrocher ses rêves, ses croyances ? Le ciel est au-dessus de nos têtes, dans toute sa somptueuse beauté, mais aussi dans sa tout aussi somptueuse indifférence.

Un vide immense, avec par-ci par-là quelques noyaux de chaleur et de lumière, les étoiles, avec, entre elles, quelques voiles de gaz plus ténus encore que les meilleurs vides obtenus sur Terre ; et puis, plus loin encore, à des distances qu’on a du mal à imaginer et qu’on ne peut comprendre, des milliards d’étoiles qui se regroupent en galaxies ; et entre ces galaxies des milliers et des millions d’années-lumière de vide. C’est l’univers. J’ai appris cela au long des années. Non, je ne parle plus aux étoiles. Elles ne peuvent ni nous écouter, ni nous voir. Le ciel ne peut ni nous entendre ni nous voir. Et je crains aussi qu’autour des étoiles, rien ne puisse nous entendre. Qu’on se rassure, rien ne rôde entre les étoiles.

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Et pourtant, face à cette froideur insensible, j’ai, moi, petit être humain, la capacité à m’interroger sur cet univers ; j’acquiers, en même temps que le reste de l’humanité, la capacité de le comprendre, de connaître ses mécanismes. C’est là quelque chose d’extraordinaire. Il faut rassembler un milliard de milliards de milliards d’atomes (1027) pour constituer un être humain et ces atomes ensemble forment des cellules, qui ensemble naissent, vivent, meurent, respirent, mangent, digèrent, se reproduisent et pensent. Et pensent notamment à l’univers.

Nous ne prenons pas assez conscience de cette exceptionnelle faculté qui, selon toute vraisemblance, est unique, non seulement dans l’espace qui nous environne mais aussi dans le temps. L’exploitation des richesses terrestres et les visites rendues aux autres planètes du Système solaire démontrent suffisamment qu’aucune autre espèce ayant eu notre intelligence n’a jamais vécu ni ne vit sur aucun des mondes du Système solaire y compris le nôtre.

J’ai donc, comme tout être humain, la capacité de comprendre l’univers qui m’entoure. À travers moi qui en fais partie, cette gigantesque bulle de vide acquiert la capacité de s’interroger sur elle-même. Et c’est la première fois en 4.6 milliards d’années d’existence de la Terre ! Dans un univers en évolution, cela peut paraître d’une importance fondamentale, au point de penser à un destin fabuleux pour l’humanité. En y réfléchissant, je doute.

Durant les milliards d’années qui ont précédé notre apparition, d’autres espèces vivantes sur d’autres planètes, dans d’autres galaxies, ont pu acquérir cette même faculté, mais notre petit coin d’univers n’en a aucune connaissance et n’a été affecté en aucune façon par ce qui a pu arriver à ces espèces. Nulle part, nous ne voyons de traces de quelconques civilisations ayant

eu ou ayant encore une incidence sur le monde interstellaire. Notre univers observable semble totalement indifférent à la présence d’éventuelles espèces pensantes.

Alors nous, les hommes, aurions plus d’importance que ces espèces extraterrestres ? L’univers sera-t-il plus sensible à notre présence ? Franchement, je ne vois pas pourquoi. Si je meurs, là, sous les étoiles, s’en soucieront-elles ? Non, certainement pas. Elles continueront encore et encore à briller, indifférentes à mon sort. Et ce n’est pas parce que j’ai la capacité de les comprendre que cela change quelque chose. Quelle différence ma mort

fera-t-elle sur l’univers ? Pas plus que celle de l’araignée que j’ai épargnée ce matin. Je n’ai pas plus d’importance qu’elle face à l’immensité. Tout comme nous ne voyons aucune influence d’autres espèces dans l’univers, je n’ai, moi non plus aucune influence, et donc aucune importance.

L’humanité est capable du meilleur comme du pire. On se dit, parce que ça rassure, que ce qu’elle fait de bien a plus de valeur que le reste et que c’est ça qu’il faut retenir. Mais le concept de bien et de mal est extrêmement relatif. Nous sommes plus de 7 milliards sur Terre et il est probable qu’il y a plus de 7 milliards de versions. Quant à l’univers, je crains qu’il n’ait aucune version du bien et du mal.

La disparition plus que probable des grandes espèces animales sauvages changera notre monde. Je parie que plus de la moitié de l’humanité y sera totalement indifférente. On ne réagit qu’à ce qui nous touche. La disparition de la forêt équatoriale décime les orangs-outangs, les oiseaux, les insectes mais diminue le prix de revient de l’huile. Indifférence. L’exploitation forcenée des réserves de poisson vide progressivement les océans sans même qu’on s’en rende compte car notre technologie nous permet d’aller toujours plus profond et de ramener toujours autant de succulents bâtonnets. Indifférence.

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• • • • HUMEUR

Indifférence aux réserves d’eau potable qui s’épuisent, indifférence face au réchauffement climatique. Coupable attitude d’une minorité possédante qui refuse de changer son mode de vie et d’une majorité d’êtres humains avide de ces richesses dont ils sont frustrés. Malgré les cris d’alarmes, malgré les signes inquiétants qui s’accumulent, rien ne semble pouvoir arrêter cette frénésie de consommation. Alors ? Un jour, plus de poissons ? Plus de forêts ? Plus d’eau ? Qu’adviendra-t-il de nos descendants ? Trouveront-ils des solutions ? Notre technologie viendra-t-elle à notre secours ?

Je suis inquiet sur notre avenir. Pas sur celui de la vie. Ce phénomène chimique s’en tirera toujours. C’est notre avenir que je trouve préoccupant. Nous sommes capables de grandes choses, mais notre orgueil nous étouffe. L’appât du gain, la soif du pouvoir, la volonté d’amasser encore et encore toujours plus de richesses, sont tellement ancrés dans nos gènes que je crains que nous ne puissions surmonter ce trait destructeur. Jusqu’au bout, certains continuent à faire fructifier des fortunes devenues inutiles, à amasser des millions alors que les portes de la mort et de l’oubli s’ouvrent toutes grandes. Conduite pathétique et de la plus grande vanité. Ce sont ces comportements coupables qui finiront par avoir raison de l’humanité. Les possédants ne lâcheront jamais rien. Les autres mettront tout en œuvre pour leur arracher.

L’humanité a doublé son espérance de vie, conquis les airs, envoyé des hommes sur la Lune, créé des ordinateurs, une presque intelligence à base de Silicium, communique partout sur la Terre, circule sans entrave à des vitesses incroyables. L’humanité a créé les arts, des palais et des édifices merveilleux, la peinture, la sculpture, la poésie. Les connaissances scientifiques accumulées au cours des siècles ont révélé aux hommes les rouages de l’univers. Difficile d’imaginer que toute cette puissance pourrait disparaître.

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Dans dix millions d’années, la vie aura repris toute la Terre et rien ne laissera imaginer notre épopée. Si tel est l’avenir de l’humanité, et cela semble plus que probable, alors nous n’avons pas d’importance. Les étoiles continueront à briller et rien, aucun être, ne s’interrogera sur leur nature. Et l’univers n’en aura que faire. Même si ce n’est pas sûr, la possibilité d’une disparition de l’humanité et de tout ce qu’elle a pu créer implique forcément sa futilité. Et qu’on ne se leurre pas, avant nous, d’autres civilisations qui se pensaient éternelles, ont disparu. Leurs actes, leurs pensées, leurs constructions, tout a été balayé malgré leur inébranlable volonté.

Que l’humanité soit sur Terre ou non, qu’elle réfléchisse à son avenir ou pas, qu’elle soit sage ou folle, elle n’influence guère que son propre environnement. Les sables rouges de Mars, la poussière lunaire, les cyclones de Jupiter et de Saturne n’ont pas besoin de l’homme pour exister et toutes les forces de l’univers ne se mobiliseront jamais pour l’humanité. Ce qui se passe sur Terre n’a pas plus d’importance que ce qui se passe sur les autres planètes. Il n’y a que nous pour penser le contraire. Si l’humanité parvenait, par un tour de force incroyable à dominer ses démons, à dépasser son ancienne condition animale et à développer ce qu’elle peut avoir de plus grand en elle, ce qu’il y a de plus humain en elle, alors peut-être accéderait-elle à un niveau de conscience et d’intelligence qui lui permettrait d’influencer un peu plus que sa petite planète. Elle a posé des traces sur la Lune, sur Mars, autour de Jupiter et Saturne. Elle est donc capable de grandes choses. Qui sait ?

Aujourd’hui, je n’ai pas d’importance face à l’univers et ce qui se passe sur Terre non plus. Cela ne préoccupe personne dans la Galaxie ou ailleurs que nous persistions sur cette Terre ou que nous en disparaissions.

Pourtant, les rires de mes petits enfants, les regards émerveillés qu’ils portent sur le monde ont de l’importance pour moi. L’amour de mes proches, l’amitié trouvée dans mon entourage sont des choses importantes, pour moi, mais aussi pour les autres. Un repas partagé, un voyage à plusieurs ou simplement à deux, une conversation, un baiser, un regard et voilà les vraies choses qui comptent, celles qui manquent cruellement quand l’autre n’est plus là. C’est finalement dans l’insignifiant que se trouve l’important.

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La galerie

51.................................................................................Souvenirs des NAT

54....................................................................................Noctiluques 2017

57................................................................................ Le Soleil et la Lune

62............................................................................Les nuits de Valdrôme

66....................................................................................La petite dernière

Sommaire

Le Soleil et la Lune, les deux astres les plus lumineux du ciel, donnent souvent de beaux spectacles. En gros plan, ou en vue large, seuls ou accompagnés ; ces deux protagonistes aiment à être photographiés dans différentes conditions.

Après les NAT en mai dernier, le GAAC a pris le chemin de Valdrôme en août pour participer aux Rencontres Astrociel. Sous le ciel étoilé de la Drôme, l’un des plus beaux de l’hexagone, il y a de quoi s’amuser et réaliser de belles ambiances nocturnes.

Le weekend de l’ascension, nous étions à Tauxigny pour les Nuits Astronomiques de Touraine. Le ciel clément a été l’occasion de réaliser de nombreuses photographies d’ambiances étoilées, ainsi que quelques dessins d’objets célestes.

Dans le nord de la France, il fallait se lever tôt pour observer les nuages noctiluques cette année... En effet, ces nuages polaires ne se sont ‘‘allumés’’ que lors de deux seules matinées, les 24 juin et 3 juillet. Le reste du temps, le ciel était simplement couvert.

• • • • LA GALERIE

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Souvenirs des NAT

• • • • LA GALERIE

Ambiances nocturnes sur le campement - APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm27 mai 2017 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Du monde autour du T710 de Stellarzac - APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm27 mai 2017 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

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Dessins de mémoire, à partir d’une observation au télescope de 710 mm de diamètre26 et 27 mai 2017 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

La galaxie M51 La galaxie M104

Amas globulaires - Dessins réalisés à l’oculaire Ethos 8 et Dobson 400/180025, 26 et 27 mai 2017 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

• • • • LA GALERIE

NGC 6235 NGC 6284 NGC 6287

NGC 6293 NGC 6325 NGC 6401

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Noctiluques 2017

Noctiluques au-desssus du village de Monchy-le-Preux - APN EOS 7D et téléobjectif Canon 70-3003 juillet 2017 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

• • • • LA GALERIE

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• • • • LA GALERIE

Panorama matinal - APN EOS 7D et objectif Canon 35mm24 juin 2017 - Monchy-le-Preux (62) - Simon LERICQUE

Panorama matinal - APN EOS 7D et objectif Canon 35mm3 juillet 2017 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

Discrètes vaguelettes

APN EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300

3 juillet 2017Guémappe (62)

Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Zone active - APN EOS 7D et téléobjectif Canon 70-3003 juillet 2017 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

Vénus au-dessus de nuages noctulescents - APN EOS 7D et téléobjectif Canon 70-3003 juillet 2017 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Halo solaire - APN Canon EOS 60D et objectif Tokina 11-1621 mai 2017 - Bersée (59) - Fabienne et Jérôme CLAUSS

Le Soleil et la Lune

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• • • • LA GALERIE

Coucher de Soleil et rayons verts - APN EOS 450D et téléobjectif Canon 70-30023 juin 2017 - Grévillers (62) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Soir d’éclipse... La Lune éclipsée par les nuages - APN EOS 7D et téléobjectif Canon 70-3007 août 2017 - Monchy-le-Preux (62) - Simon LERICQUE

Lune à travers les nuages - APN EOS 7D et téléobjectif Canon 70-3007 août 2017 - Monchy-le-Preux (62) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Alignement planétaire avec la Lune cendrée - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-3002 janvier 2017 - Roeux (62) - Simon LERICQUE

La Lune et Vénus - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-3002 janvier 2017 - Roeux (62) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Alignement planétaire sur les étangs de Roeux - Canon EOS 7D et objectif Tokina 11-162 janvier 2017 - Roeux (62) - Simon LERICQUE

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Les nuits de Valdrôme• • • • LA GALERIE

Autoportrait - APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm16 août 2017 - Valdrôme (26) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Rayons lunaires et Voie lactée - APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm16 août 2017 - Valdrôme (26) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Circumpolaires - APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm21 août 2017 - Valdrôme (26) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

C’est écrit dessus ! - APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm17 août 2017 - Valdrôme (26) - Simon LERICQUE

Arbre sous les étoiles

APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm16 août 2017 - Valdrôme (26)

Simon LERICQUE

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La petite dernièrePendant près de six mois, l’astronaute Thomas Pesquet nous aura conté son quotidien à bord de la Station Spatiale Internationale. Très présent et à l’aise sur les réseaux sociaux, il a diffusé par centaines des images de son quotidien et de son environnement. Parmi elles, les photographies de notre planète Terre réalisées depuis la cupola resteront dans les annales.

On voit ici le Nord de la France, ainsi qu’une bonne partie de la Belgique. La Terre, vue d’en haut est toujours belle au premier abord. Mais quand on analyse ensuite l’image, on se rend vite compte du désastre en cours... Le bassin minier, la métropole lilloise, la région bruxelloises et les côtes de la Manche et de la mer du Nord brillent ! La pollution lumineuse est hélas omniprésente dans nos contrées et rares sont les zones épargnées où l’on peut encore voir les étoiles... Nulle doute que ce chanceux de Thomas Pesquet, tout là-haut à 400 kilomètres au-dessus de nous n’avait pas ce problème et pouvait observer le ciel étoilé sans aucune difficulté...