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1 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient) La Première Guerre mondiale, une guerre de masse : La guerre des tranchées . Séance réalisée à partir d’une situation complexe . Résumé : La séance s’appuie sur une situation complexe dont le postulat est que les élèves se placent dans le contexte de l’année 2016, centenaire des grandes offensives menées sur le front de l’Ouest à Verdun par les Allemands et dans la Somme par les Français et Britanniques. Ces offensives qui avaient pour but de mettre fin à la guerre de position sont emblématiques de la guerre des tranchées et de la guerre de masse. Le travail que doivent réaliser les élèves est une double page spéciale du journal Ouest-France qui se décompose en différents articles thématiques qui permettent de définir la guerre des tranchées et la violence de masse : le front, son organisation et les combats ; les conditions de vie des poilus ; tenir ; les traumatismes subis par les soldats. L’ambition de cette séance est aussi d’avoir recours à des témoignages de Bretons impliqués dans cette guerre. Cette étude permet ensuite de définir le concept de guerre et de violence de masse. Le temps consacré à cette situation complexe est de 2.5 heures sur les 6 heures consacrées au thème 1 : La Première Guerre mondiale, vers une guerre totale (on doit aussi aborder la chronologie de la guerre, un autre exemple de violence de masse avec le génocide arménien, la révolution russe et la vague de révolutions en Europe, les traités qui redessinent l’Europe). Niveau : classe de Troisième. Discipline : Histoire. Objectifs généraux : montrer que la guerre des tranchées est un aspect de la guerre totale et de la violence de masse. Liens avec le programme : la séance s’inscrit dans la deuxième partie du programme d’Histoire : Guerres mondiales et totalitarismes (30% du temps consacré dans l’année à l’Histoire : environ 18h) et dans le thème 1 de cette partie : la Première Guerre mondiale, vers une guerre totale (1914- 1918). La problématique de la séance est de montrer en quoi la guerre des tranchées est une forme de violence de masse et de guerre totale. Objectifs : Capacités mises en oeuvre : Localiser, situer en Histoire-Géographie Décrire en Histoire-Géographie Expliquer en Histoire-Géographie Raconter en Histoire-Géographie Lire et pratiquer différents langages en Histoire-Géographie Porter un regard critique, exercer un jugement en Histoire-Géographie Déroulement : Première heure : - 1 er temps : présentation des origines et des étapes de la guerre. 30 minutes. - 2 e temps : les élèves se répartissent en groupes d’experts pour travailler sur un des aspects de la guerre des tranchées : le front, son organisation et les combats ; les conditions de vie des poilus ; tenir ; les traumatismes subis par les soldats. Chaque groupe d’experts dispose d’un dossier documentaire accompagné de consignes. 30 minutes. A la suite de cette première heure, chaque expert doit terminer de mettre en forme à la maison la rédaction de son article qu’il soumettra à son nouveau groupe lors de la mise en forme de la double page de l’article.

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1 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

La Première Guerre mondiale, une guerre de masse : La guerre des tranchées.

Séance réalisée à partir d’une situation complexe.

• Résumé : La séance s’appuie sur une situation complexe dont le postulat est que les élèves se placent dans le contexte de l’année 2016, centenaire des grandes offensives menées sur le front de l’Ouest à Verdun par les Allemands et dans la Somme par les Français et Britanniques. Ces offensives qui avaient pour but de mettre fin à la guerre de position sont emblématiques de la guerre des tranchées et de la guerre de masse. Le travail que doivent réaliser les élèves est une double page spéciale du journal Ouest-France qui se décompose en différents articles thématiques qui permettent de définir la guerre des tranchées et la violence de masse : le front, son organisation et les combats ; les conditions de vie des poilus ; tenir ; les traumatismes subis par les soldats. L’ambition de cette séance est aussi d’avoir recours à des témoignages de Bretons impliqués dans cette guerre. Cette étude permet ensuite de définir le concept de guerre et de violence de masse. Le temps consacré à cette situation complexe est de 2.5 heures sur les 6 heures consacrées au thème 1 : La Première Guerre mondiale, vers une guerre totale (on doit aussi aborder la chronologie de la guerre, un autre exemple de violence de masse avec le génocide arménien, la révolution russe et la vague de révolutions en Europe, les traités qui redessinent l’Europe).

• Niveau : classe de Troisième.

• Discipline : Histoire.

• Objectifs généraux : montrer que la guerre des tranchées est un aspect de la guerre totale et de la

violence de masse. • Liens avec le programme : la séance s’inscrit dans la deuxième partie du programme d’Histoire :

Guerres mondiales et totalitarismes (30% du temps consacré dans l’année à l’Histoire : environ 18h) et dans le thème 1 de cette partie : la Première Guerre mondiale, vers une guerre totale (1914-1918). La problématique de la séance est de montrer en quoi la guerre des tranchées est une forme de violence de masse et de guerre totale.

• Objectifs :

Capacités mises en œuvre : Localiser, situer en Histoire-Géographie Décrire en Histoire-Géographie Expliquer en Histoire-Géographie Raconter en Histoire-Géographie Lire et pratiquer différents langages en Histoire-Géographie Porter un regard critique, exercer un jugement en Histoire-Géographie

• Déroulement :

Première heure : - 1er temps : présentation des origines et des étapes de la guerre. 30 minutes. - 2e temps : les élèves se répartissent en groupes d’experts pour travailler sur un des aspects de la guerre des tranchées : le front, son organisation et les combats ; les conditions de vie des poilus ; tenir ; les traumatismes subis par les soldats. Chaque groupe d’experts dispose d’un dossier documentaire accompagné de consignes. 30 minutes. A la suite de cette première heure, chaque expert doit terminer de mettre en forme à la maison la rédaction de son article qu’il soumettra à son nouveau groupe lors de la mise en forme de la double page de l’article.

2 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

Deuxième heure : -1er temps : de nouveaux groupes de 4 élèves se forment. Ils sont composés d’un expert de chacun des aspects de la guerre des tranchées. Chaque groupe complète la double page du journal en rédigeant de courts récits. 35 minutes. -2e temps : plusieurs groupes présentent la double page à l’ensemble de la classe ou, pour aller plus vite, élaboration de la notion de violence de masse (qui sera complétée après le travail sur le génocide arménien). 25 minutes. Troisième heure : -mise en perspective : avec la classe et le travail sur la guerre des tranchées, élaboration de la notion de violence de masse (qui sera complétée après le travail sur le génocide arménien). 30 minutes.

• Evaluation. Exercice de récit. Consigne : racontez la violence de masse durant la Première Guerre mondiale.

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LE FRONT, SON ORGANISATION, LES COMBATS.

DOCUMENT 2.

DOCUMENT 1. Le front ouest entre 1915 et 1916

DOCUMENT 3.

Char entrant en action (Archives départementales du Finistère)

Utilisation d'un canon en arrière de la ligne de front. Collection Le Grand, Quimper (Archives départementales du Finistère)

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Consignes. 1 : dégagez le ou les thèmes de chacun des documents. 2 : pour chacun de ces thèmes, prélevez les informations contenues dans les documents. 3 : dans un récit, expliquez l’organisation du front et des combats.

Document 5. Un jour par une éclaircie, une foule d'avions et de toutes les envergures apparurent dans les airs. Là-bas, très haut sur les lignes boches, s'avançait vers nous, leur « escadrille de la mort ». Ils étaient précédés par d'autres gros appareils qui eux volaient très bas et portaient les couleurs belges d anglaises. Ces derniers, desquels nous n'avions aucune méfiance, se mirent à nous mitrailler et dispersèrent des travailleurs qui consolidaient une piste plus loin. D'autres avions anglo-français, venant eux de notre zone, n'avaient pas l'air de se douter de ces faux alliés! Un appareil anglais fut abattu en feu à peu de distance de nous. Les faux alliés continuèrent à nous survoler, nous les chassâmes à coups de fusil, mais ils nous avaient repéré à leur aise et désormais: gare à nous! Le soir de ce même jour, dès la brume, les petits obus à gaz, avec leur sifflement aigu et leur bruit de bouteilles cassées, rappliquèrent sur notre zone. Ils tombèrent sans arrêt pendant cinq longues heures; huit heures, nous gardâmes le masque à la figure! Ambroise Harel, Mémoires d’un Poilu breton, Editions Ouest-France, 2012.

DOCUMENT 4. « La préparation d'artillerie fut formidable. La surface martelée s'étendait du canal de l'Yser à la forêt d'Houdults. Enfin, ce travail fut bientôt jugé à point pour faire appel aux fantassins et, dans la nuit du 30 au 31 juillet, nous gagnâmes les positions d'attaque. L'artillerie boche n'était encore point toute écrasée, car une quantité d'obus de tous calibres tombaient sur les pistes de notre parcours. Les 5e et 6e bataillons devaient attaquer le 31 à 6 heures du matin … Quand l'attaque commença, nous nous portâmes vers nos premières lignes sans incident fâcheux; nous nous arrêtâmes dans une tranchée à environ 150 mètres du canal de l'Yser, et là, pendant une petite heure, nous supportâmes un tir de barrage assez peu précis. Ce tir de barrage cherchait à nous interdire le passage du canal, mais il était trop maigre. Nos 155 faisaient là-bas un barrage roulant d’une violence inouïe, derrière lequel s’avançaient les attaquants, et l’artillerie boche était aveuglée… Le lendemain de l’attaque, nous fîmes la relève des troupes d’assaut et en plein jour, ce qui nous causa des pertes terribles ! » Ambroise Harel, Mémoires d’un Poilu breton, Editions Ouest-France, 2012.

5 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

LE FRONT, SON ORGANISATION, LES COMBATS.

COUPS DE POUCE. Repères chronologiques. Bataille de Verdun : 21 février 1916 – 21 décembre 1916. Bataille de la Somme : 24 juin 1916 – 18 novembre 1916. Bataille du Chemin des Dames : 16 avril 1917 – 24 octobre 1917. Vocabulaire à utiliser dans vos réponses et votre article. Ligne de front, no man’s land, tranchées, boyaux, lignes brisées, barbelés, abris, préparation d’artillerie, fantassins, assaut.

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Les conditions de vie au front.

Document 1 : carte postale montrant une tranchée en Champagne où étaient envoyés des régiments bretons (archives départementales du Finistère).

Document 2. « Le repos est terminé; nous regagnons les tranchées de première ligne demain soir... Il va falloir rester quinze jours là; le plus dur qu'il y a à craindre ce sont les "marmites". Malheureusement, la pluie se met de la partie; il ne cesse de pleuvoir jour et nuit ». « Chère mère, voilà deux jours et deux nuits que je suis en face des Boches; ils ne sont pas trop méchants encore. Le temps est très mauvais: quand il ne pleut pas, il neige. Aussi ce n'est pas la boue qui manque ». « Chère mère, nous avons remonté aux tranchées avant-hier soir. Elles sont très sales et nous sommes pleins de poux. Avec ça, il fait très froid. Heureusement que tu m'as envoyé cette paire de chaussons. Elle me fait grand bien car je la mets dans mes souliers. » « Chère mère, je suis toujours en première ligne. Il pleut tellement que les tranchées sont noyées. Elles ne font que dégringoler. Nous avons de l'ouvrage à relever tout ça, tu ne peux comprendre. Nuit et jour, nous sommes debout car les trous (partie illisible) [...] d'entre nous ont été pris dessous et on a de la peine à les retirer de cette craie, car la terre n'est que craie ici. Comme manger, toujours un repas par jour, qui, deux jours de rang, nous est arrivé à 11 heures du soir. Nos cuisines ont été cassées dans ces champs remplis de trous d'obus énormes. Et quelle mangeaille! Il faut voir. Les porcs chez nous feraient la grimace [...] Pendant vingt-quatre heures pas une seule goutte d'eau à boire non plus. » « Chère mère, nous sommes venus au repos depuis hier. Tu ne peux pas imaginer quelle misère nous avons eu pour venir ici. Sous une pluie battante nous avons fait une trentaine de kilomètres dans l'eau et la boue. C'est terrible. Il fait avec ça très froid ». « Chère mère, nous avons été relevés avant-hier de Tahure. Je t’assure qu’il était temps. Vingt-neuf jours sans changer de linge… Nous sommes dans un joli état. Nous en avons plein le dos. » Extraits de lettres de Benjamin Cariou, originaire de Baye (Finistère), novembre-décembre 1915.

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Document 4.

Image publiée dans l’hebdomadaire Le Miroir en décembre 1915 dans une page intitulée : Les Sports au Front : la Chasse aux Rats. « Tout à coup, une sarabande accompagnée de petits cris se déchaîne au-dessus de nos têtes faisant tomber sur nous une pluie de terre. C’était un bataillon de rats qui poussait une charge jusque dans nos gamelles et nos musettes pour réclamer sa pitance quotidienne. Nous avions beau nous défendre, ils revenaient sans cesse à la charge avec des renforts. » Laurent Tromeur (originaire de Brasparts), Mémoires d’un poilu.

Consignes. 1 : dégagez le ou les thèmes de chacun des documents. 2 : pour chacun de ces thèmes, prélevez les informations contenues dans les documents. 3 : dans un récit, expliquez les conditions dans lesquelles les soldats vivaient au front.

Document 3. Tranchée à Verdun.

Source : http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr

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COUPS DE POUCE.

Lexique : -Marmite : obus. -Cuisines : les cuisines roulantes étaient installées à l’arrière et des soldats étaient chargés de s’y rendre pour ramener le ravitaillement en première ligne. Lorsque les bombardements d’artillerie étaient trop intenses, les soldats ne pouvaient s’y rendre. -Abri : trou creusé dans les parois de la tranchée. Ils étaient plus ou moins aménagés selon l’ancienneté de la tranchée. Les abris allaient du simple trou individuel à l’abri bétonné, plus sûr et pouvant loger plusieurs poilus. -Relève : remplacement des troupes au front par des soldats « frais » provenant de l’arrière. Termes à utiliser dans votre article. Tranchée, paysage lunaire, abris, parasites, boue, travaux de terrassement, froid, ravitaillement.

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LES TRAUMATISMES DU FRONT.

Document 1. Après avoir transmis les ordres aux chefs des différents groupes... Je m'infiltrai dans cette masse jusque sous la porte de l'abri. Malgré le danger et le manque de place, arrivaient toujours, de l'avant à l'arrière, des groupes de poilus. Tout le monde se massait là comme en un lieu de rassemblement; les boches qui suivaient tous ces mouvements y tiraient même des coups de fusil. Il y avait deux minutes à peine que je me trouvais là, quand par une entrée pratiquée face à l'ennemi, un obus entra et éclata à l'intérieur, en plein milieu de la foule! Ce fut un moment indescriptible! J'étais tombé à la renverse, sur mes pieds un homme expirait, les jambes coupées; un cri horrible était poussé par l'ensemble des mourants. L'abri n'était plus qu'un véritable charnier d'êtres humains, les parois étaient toutes maculées de sang; des blessés se sauvaient affolés dans une course sans but, en criant leur douleur et en emportant du sang et des lambeaux de chair de ceux qui étaient déchiquetés. M'étant dégagé, et sans me rendre compte de rien, n'étant plus maître de moi, je me sauvai, cherchant un abri ou un lieu plus sûr. Ambroise Harel, Mémoires d’un Poilu breton, Editions Ouest-France, 2012.

Document 2 :

Ce que peuvent apercevoir les soldats depuis la tranchée. Au premier plan, des barbelés puis le no man’s land et des cadavres puis au fond, la tranchée ennemie

Document 3 : « Coup d'œil inoubliable, coup d'œil féérique, tableau vécu que je verrai toute ma vie. Nos poilus, baïonnette au canon, hurlant, courant droit sur les tranchées boches, situées à 400 m des nôtres. Nos cœurs palpitent d'allégresse: 300 mètres, 250 mètres. Pas un homme n'est tombé!! C'est la victoire! Mais, soudain, une fusillade effroyable, un crépitement terrible, une pluie d'obus: tous les camarades du 70e tombent, on dirait des épis de blé abattus par une faux. À peine si une vingtaine arrivent à la tranchée boche. Quelques cris, de la fumée. Puis, silence de mort. .. » Jules Tanguy, originaire de Rennes à propos d’un assaut en mai 1915. «Les Allemands, qui venaient d'attaquer en masse sur un front de quatre kilomètres, depuis Douaumont jusqu'au fleuve, bombardaient nos arrière-lignes sans interruption pour décimer nos renforts… Quand un 210 s'écrase parmi nous, c'est une poussée violente, une collision d'hommes aveuglés qui gémissent, s'injurient et se bousculent pour s'éloigner plus vite du coin maudit. Un soldat, sans doute atteint d'un accès de démence, le front ensanglanté et son casque devant lui, hurle: « Mais on ne peut pas rester ici, vous voyez bien que c'est un barrage ». » Jacques d’Arnoux, membre du 116e régiment de Vannes, à Verdun en 1916.

10 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

COUPS DE POUCE

Lexique. -« Gueules cassées » : surnom donné aux mutilés du visage défigurés le plus souvent par des éclats d’obus. Au total, 6,5 millions de soldats ont été mutilés durant la guerre. -Barrage : tirs massifs d’artillerie visant à détruire les défenses ennemis avant de lancer un assaut de l’artillerie. -« Obusite »: aussi appelée Shell Shock, traumatisme causé par la peur et le stress occasionnés par les bombardements d’artillerie. Les soldats pouvaient être pris de tremblements, mutisme, d’incapacité à se relever… Termes à utiliser dans votre article. Artillerie, bombardements massifs, peur, traumatisme, morts, corps mutilés, obusite.

Document 4 : mutilés de la face.

Albert Jugon à droite, originaire de Montreuil-sur-Ille; un des cinq grands mutilés qui assistèrent comme témoins, à la demande de Clémenceau, à la signature du traité de Paix de Versailles le 28 juin 1919.

Consignes. 1 : dégagez le ou les thèmes de chacun des documents. 2 : pour chacun de ces thèmes, prélevez les informations contenues dans les documents. 3 : dans un récit, expliquez les conditions de vie et les atrocités auxquelles sont confrontés les soldats au front.

11 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

TENIR AU FRONT .

Document 1. Sur ce champ, j'enjambai tout à coup le corps d'un jeune soldat, du moins il me parut jeune; il était en tunique de marsouin, tombé sur le dos, les dents légèrement serrées; cette vision rapide m'émut rapidement. J'eus le pressentiment immédiat que je venais de voir là, un de mes camarades intimes, un colonial s'appelant Jean Thébauld ; cette idée fausse m'obséda longtemps, et tout le temps que je fus dans ce secteur j'eus l'intention de revoir ce corps, mais je ne pus y revenir. Ce soir-là, t'idée de la mort me hanta péniblement; je me mis à broyer cruellement du noir!... Hier encore, ces frères d'armes étaient pleins de vie. Demain, ce sera mon tour, peut-être…De gros obus vinrent éclater si près de nous que je crus que les boches nous avaient vus ou entendus, et mon cœur battit plus fort… Il nous fallait faire vite un trou pour nous protéger un peu. Et sous les marmites, la fatigue et la sueur ne comptaient plus; j'avais retrouvé tout mon courage en me disant: « Après tout, si je suis tué, je n'y puis rien. » Parmi ceux qui sont tombés là et qui étaient tous comme moi, se trouvent des hommes qui avaient une famille; une femme, des enfants, mais moi... seul! Pourquoi ne mourrais-je pas comme eux, plutôt qu'eux? ». À cette pensée, je n'essaie pas de cacher, je sentis un tressaillement d'aise, que seuls les vrais combattants peuvent comprendre. Ambroise Harel, Mémoires d’un Poilu breton, Editions Ouest-France, 2012.

Document 2.

Prière du soldat et autel de la chapelle souterraine des Bretons sculpté par des soldats lorientais au Chemin des Dames. L’inscription DOUE HAG ER VRO signifie DIEU ET LE PAYS.

Document 3.

Distribution du courrier dans une tranchée. (Collection J-P Soudagne).

12 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

COUPS DE POUCE. Lexique. Peloton d’exécution : groupe de soldats chargés d’exécuter des soldats condamnés à mort, le plus souvent pour lâcheté ou désertion, par la justice militaire. Ces exécutions devaient servir d’exemples et éviter que d’autres soldats ne refusent de se battre. En France, 741 soldats ont ainsi été fusillés, principalement en 1914 et 1915. Aumônier : prêtre rattaché à un régiment. Grand repos : période durant laquelle les régiments quittent les premières lignes pour se reposer. Termes à utiliser dans votre article. Fatalisme, peur, exaltation, foi, patriotisme, protection de l’arrière, solidarité, camaraderie, discipline militaire.

Document 4. La relève se fit à la tombée de la nuit, et cette fois sans casse… Nous quittâmes le Lion Belge pour le grand repos, des camions automobiles nous emmenèrent cantonner à Pitgam (Flandres françaises). Ma section fut logée loin du pays, dans une ferme isolée près de Zegger-Kapel. Après avoir fait grand nettoyage de notre personne, de nos effets et de nos armes et avoir passé une petite revue de détail, j'allai chaque soir avec mes hommes boire de grands bocks de bière à Zegger-Kapel. Nous allions toujours dans cette jolie petite ville, au « Café de France », et tour à tour, nous poussions de vieilles « chansons », attirant autour de nous grande affluence de civils et de soldats anglais qui cantonnaient dans le pays. Les Anglais fraternisaient avec nous, nous offraient de la bière et des cigarettes; les civils, notamment le maire de la localité, nous payaient à boire chaque soir. Ambroise Harel, Mémoires d’un Poilu breton, Editions Ouest-France, 2012.

Document 5. «Le 18 octobre 1915. Le matin, j'ai fait partie d'un peloton d'exécution. Nous avons fusillé deux soldats qui avaient refusé par deux fois de sortir à l'assaut lors de l'attaque du 25 septembre de la Chameresse. On forma deux pelotons d'exécution (...). Nous nous disposons sur deux rangs, devant et à environ 8 mètres des poteaux d'exécution. La compagnie derrière (...). Les deux condamnés sont amenés tout près par une voiture. Ils se présentèrent devant nous calmes et nous regardant fièrement. Ils donnèrent une poignée de main à l'aumônier qui les accompagnait et l'un d'eux, le plus petit, s'assit tranquillement devant les poteaux en croisant les bras. Deux hommes de chez nous leur bandèrent les yeux et les attachèrent au poteau à l'aide d'une corde. Le plus petit dit: « Inutile de m'attacher, je ne bougerai pas ». Cheventon (le commandant de la compagnie) retira son sabre pour nous commander de mettre en joue. Ils entendirent le bruit du sabre dans le fourreau car l'un d'eux cria aussitôt « Vive la France ». Et son camarade, comme un faible écho, répéta « Vive La France !». Le sabre retomba. Tout était fini. Plus un mouvement, plus rien que deux loques humaines. Nous défilâmes devant eux. J'étais tellement ému que je ne vis rien et n'entendis rien». Edouard Luby, originaire de Rennes. Cité par le Télégramme le 11/11/2009.

Consignes. 1 : dégagez le ou les thèmes de chacun des documents. 2 : pour chacun de ces thèmes, prélevez les informations contenues dans les documents. 3 : dans un récit, expliquez les sentiments ressentis par les soldats au front et les éléments qui leur ont permis de tenir dans un tel environnement.

13 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

La guerre des tranchées, expression de la guerre de masse .

Le front et son organisation.

Reconstitution d’une tranchée.

Source : http://www.icem-freinet.net

Le front de l’Ouest stabilisé en 1915.

Les conditions de vie des soldats au front.

Ambroise Harel en attente de la corvée de soupe (Verdun 1917)

Une tranchée à Verdun

LE PETIT HISTORIEN

14 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

Les traumatismes subis par les soldats au front.

Le no man’s land aperçu depuis une tranchée.

Les « gueules cassées ».

Tenir au front.

La distribution du courrier.

Dessin de Pierre Dantoine

15 Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)

La violence de masse dans la Première Guerre

mondiale.

Une guerre sur tous les terrains. Terre : guerre de tranchées et de fantassins. Guerre aérienne : débuts de l’utilisation des avions à des fins militaires : reconnaissance, bombardement, combats aériens. Guerre maritime : blocus des ports allemands par la marine anglaise. Guerre sous-marine : les sous-marins allemands pourchassent les navires qui ravitaillent la France et le Royaume-Uni.

Une guerre industrielle et Technologique de masse. Moyens importants: artillerie (226 millions d’obus tirés), transports par camions, navires et trains... Utilisation des progrès technologiques: gaz, chars d'assaut, aviation.

Les conditions de combat. -Conditions de vie au front très difficiles : Ravitaillement irrégulier. Paysage lunaire. Climat (froid, chaleur, pluie), la pluie transforme la tranchée en bourbier. Absence quasi-totale d’hygiène en 1ère ligne : poux, puces, problèmes de peau => surnom de « poilus » pour les combattants… -Peur très présente : bombardements massifs : bruit assourdissant, peur d’être tué à tout moment. Présence de la mort : cadavres et morceaux de corps dans le no man’s land et la tranchée. - Les soldats ont supporté ces conditions par patriotisme, solidarité entre soldats, volonté de protéger l’arrière, par la discipline militaire et parfois exaltation au combat.

Le bilan humain chez les combattants. Environ 70 millions de combattants et environ 10 millions de morts. Infanterie = 70% des tués. Un corps sur deux n’est pas retrouvé. Russie : 1,7 millions. Allemagne : 2 millions. France : 1,4 millions. Autriche-H : 1 million. Royaume-Uni : 800 000. Etats-Unis : 100 000. 17 millions de blessés dont 6,5 millions de mutilés. Chocs psychologiques : « obusite ». En France et Allemagne, 1 soldat sur 6 est mort. France : 600 000 veuves.

Une violence de masse exercée aussi contre les civils. Le génocide des Arméniens