70
BOURDON Antoine La relation soignante en situations d’urgences UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche UE 5.6.S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles Directeur de mémoire : Pascale ZULIANI Date de la soutenance orale : 29 juin 2015 IFSI CHU DE NANTES Promotion 2012-2015

La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

  • Upload
    vothien

  • View
    213

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

BOURDON

Antoine

La relation soignante en situations d’urgences

UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche

UE 5.6.S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et

professionnelles

Directeur de mémoire : Pascale ZULIANI

Date de la soutenance orale : 29 juin 2015

IFSI CHU DE NANTES Promotion 2012-2015

Page 2: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé à la construction de mon projet

professionnel de ce travail de fin d’étude.

Il y a tout d’abord ma référente de suivi pédagogique Sylvie Desse ainsi que ma directrice

de mémoire, Pascale Zuliani, toutes les deux cadres formatrices à l’Institut de Formation

en Soins Infirmiers du CHU de Nantes qui m’ont suivi tout au long de la réalisation de ce

projet.

Un grand merci également aux professionnels soignants qui ont accepté de répondre à mes

entretiens infirmiers dans le cadre de la réalisation de ce travail de recherche, notamment

les infirmiers sapeurs-pompiers du Service de Santé et de Secours Médicaux du Service

Départementale d’Incendie et de Secours de Loire-Atlantique.

Je remercie enfin ma famille, mes collègues et amis qui m’ont aidé de près ou de loin dans

la rédaction de ce document, la mise en relation avec les différents professionnels de santé

et dans la relecture de ce travail.

Page 3: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Sommaire

Introduction page 5

Situation d’appel page 6

1) La situation page 6

2) Questionnement page 8

3) Question de départ page 9

Démarche méthodologique page 10

La situation d’urgence page 13

1) Qu’est-ce que l’urgence ? page 13

2) Prise en charge de l’urgence par l’infirmier page 14

3) Vécu de l’urgence par l’infirmier page 15

Les soins relationnels page 18

1) Que sont les soins relationnels ? page 18

2) Les principes de la communication dans les soins page 20

a. La communication verbale

b. La communication para-verbale ou non verbale

3) Un contact physique par le toucher page 24

La relation soignant-soigné page 26

1) Qu’est-ce que la relation soignant-soigné ? page 26

2) La relation d’aide en situations d’urgences page 27

3) La relation soignant-soigné en situations d’urgences page 29

Problématisation et question de recherche page 31

Conclusion page 33

Page 4: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Ressources et références bibliographiques page 34

Glossaire page 37

Annexes page 38

Annexe I : Grille d’entretien page I

Annexe II : Entretien n°1 page V

Annexe III : Entretien n°2 page XI

Annexe IV : Entretien n°3 page XVI

Annexe V : Entretien n°4 page XX

Annexe VI : Grille d’analyse des entretiens page XXV

Résumé

Abstract

Page 5: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

5

Introduction

Avant mon entrée en formation d’infirmier, j’ai toujours porté un vif intérêt pour les

situations relevant de l’urgence. Je suis secouriste dans une association de Sécurité Civile

depuis plus de 4 ans maintenant, et mon projet professionnel infirmier depuis mon entrée

en formation est de travailler dans un service d’urgence ou de soins critiques.

Afin de mieux comprendre et maîtriser ces situations d’urgences pour améliorer et

perfectionner mes pratiques professionnelles, j’ai voulu réaliser mon travail de fin d’étude

en lien avec une situation de relation entre le soignant et la personne soignée dans un

contexte d’urgence. Ce mémoire doit m’aider à réfléchir sur mes pratiques et l’objectif est

de me décentrer des soins qualifiés de « techniques » dans la profession au profit de

l’aspect relationnel qui peut être créé avec le patient, même en situation d’urgence. Ce

concept de relation fait partie intégrante du rôle propre infirmier et il figure parmi les

champs de compétences que l’étudiant infirmier acquiert au cours de sa formation à travers

la compétence 6 qui s’intitule « communiquer et conduire une relation dans un contexte de

soins ». Le patient n’est pas un objet de soins, c’est une personne qui ressent des émotions,

et celles-ci sont d’autant plus présentes quand le pronostic vital de la personne est

susceptible d’être engagé.

Je suis donc parti d’une situation d’urgence vécue au cours d’un stage en deuxième année

d’école d’infirmier. De cette situation est né un questionnement de départ puis ma

démarche méthodologique avant d’amorcer une réflexion autour de l’urgence, des soins

relationnels et de la relation soignant-soigné en situations d’urgences.

Page 6: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

6

Situation d’appel

1) Description de la situation

La situation se déroule lors d’un stage de nuit dans un service de chirurgie. Monsieur P est

âgé de 65 ans, il est partiellement hémiplégique du côté gauche suite à un accident

vasculaire cérébral1 il y a quelques années : il peut légèrement lever sa main gauche, il

arrive à communiquer verbalement mais ne peut pas se déplacer sans son fauteuil roulant.

Le patient est hospitalisé dans l’unité pour une intervention programmée de thyroïdectomie

totale en raison d’une hyperthyroïdie.

Monsieur P est à 8 heures de son retour du bloc opératoire. A notre deuxième passage de

surveillance de la nuit, vers 1 heure du matin avec l’infirmière et l’aide-soignante, le

patient ne montre pas de signe clinique qui indique une quelconque complication en lien

avec l’intervention qu’il a eu la veille. Vers 3 heures du matin, la sonnette de la chambre de

monsieur P sonne. L’aide-soignante va répondre. Elle ressort précipitamment de la

chambre en nous demandant de venir rapidement. En rentrant dans la chambre, l’infirmière

me demande de rapprocher le chariot d’urgence du service devant la chambre.

Monsieur P est en train de faire une hémorragie au niveau du site opératoire de la thyroïde.

Cela se reconnait par une coloration cutanée autour de la cicatrice thyroïdienne qui devient

violacée, et qui s’étend progressivement. Monsieur P présente également une dyspnée,

conséquence de l’obstruction des voies aériennes, provoquée par la compression de

l’hémorragie. Sa saturation en oxygène est d’ailleurs à 85% malgré un débit d’oxygène aux

lunettes réglé à 3 litres par minute depuis son retour de bloc. Un masque à haute

concentration avec un débit de 15 litres par minutes est posé. Ce geste permet de remonter

la saturation en oxygène à une valeur supérieure à 95%. Pour le reste des constantes

hémodynamiques, le patient présente un pouls élevé autour de 90-100 pulsations par

minute, mais la valeur de tension est autour de 130/80 mmHg. Le patient n’arrive pas à

communiquer verbalement avec nous.

Le temps que nous posons l’oxygène au patient et que nous contrôlons les

constantes hémodynamiques avec l’aide-soignante, l’infirmière appelle l’interne de garde

pour qu’il vienne constater la situation. Celui-ci, après accord du médecin senior, décide de

1Accident Vasculaire Cérébral : AVC.

Page 7: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

7

se coordonner avec les équipes d’anesthésie et de chirurgie du bloc opératoire afin de

réopérer le patient. En attendant de descendre le patient au bloc, l’interne utilise un scalpel

pour faire sauter les points de sutures au niveau de la cervico-colle du patient, pour

extérioriser l’hémorragie et faire diminuer la pression sanguine qui opprime les voies

aériennes, avant le départ pour une nouvelle intervention. Durant l’ensemble de la prise en

charge, je peux ressentir une angoisse permanente chez monsieur P. Il s’agit d’une peur

induite par le caractère plus qu’anxiogène de la situation avec une oppression des voies

aériennes qui engendre une détresse respiratoire. Celle-ci empêche monsieur P de parler,

créant un sentiment de peur qui se manifeste notamment par des tremblements. Je perçois

également un sentiment d’insécurité chez ce patient qui observe d’un air agité tout ce qu’il

se passe autour de lui. Il cherche d’ailleurs à capter le regard rassurant des soignants, notre

regard. C’est vers ce moment-là que je ressens un sentiment de malaise, puisque je ne sais

pas quelle conduite adopter, quelle attitude je dois avoir pour ne pas majorer l’angoisse du

patient et quels mots je peux utiliser pour apaiser sa détresse. Je ne sais pas non plus où me

situer dans l’espace.

Pour ne pas dramatiser encore plus la situation pour ce patient, le chariot d’urgence

est laissé dans le couloir, hors de portée de vue du patient, pour ne pas accroître l’état de

stress déjà présent. Il faut savoir que monsieur P est concentré pour respirer dans le masque

à haute concentration, ce qui l’empêche de parler et d’échanger verbalement avec les

soignants. Cependant, il entend tout ce qu’il se passe autour de lui, d’où l’intérêt pour les

nous de garder notre calme et ne pas montrer un stress communicatif. L’infirmière et

l’aide-soignante ont une voix posée, la plus calme possible pour apaiser l’ambiance

anxiogène de la situation. J’observe d’ailleurs qu’il n’y a aucune précipitation dans ce

qu’elles expliquent au patient et dans les gestes qu’elles réalisent. L’infirmière parle en

permanence d’une voix calme et lente à monsieur P. Elle cherche à capter le regard de ce

dernier pour maintenir une communication essentiellement para-verbale, notamment par le

toucher, en serrant les mains pour manifester un soutien permanent. Elle le regarde droit

dans les yeux quand elle lui parle afin que le patient reste conscient et se focalise sur les

personnes qui l’entourent. Je remarque que le vocabulaire utilisé est réfléchi. L’infirmière

se veut rassurante à travers les propos plutôt positifs qu’elle utilise, tel que : « ça va

aller ! » ou « tout va bien se passer ! ». Elle fait en sorte de toujours rester dans le champ

visuel du patient pour ne pas que ce dernier se sente délaissé dans l’ensemble de sa prise en

soin.

Page 8: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

8

2) Questionnement

Les émotions présentes dans la communication :

- Comment contrôler son stress, ses émotions, pour ne pas effrayer ou

amplifier l’angoisse du patient ?

- L’effet de groupe, lorsque les soignants arrivent en « masse » majore-t-il le

stress du patient ?

- Le stress est-il réellement communicatif du soignant vers le patient ?

- L’angoisse du patient induit-elle nécessairement un stress au soignant ?

- Comment peut-on percevoir les émotions du patient ?

- Comment peut-on traduire les émotions du patient ?

- Comment canaliser l’angoisse et les émotions du patient ?

Le professionnalisme et l’expérience (savoir et savoir-faire) :

- Bien connaître les conduites à tenir et les procédures en lien avec les

pathologies et leurs complications, améliore-t-il la prise en charge et la gestion de

notre stress ?

- En quoi la connaissance sur les complications des pathologies peut-elle

améliorer notre prise en charge ?

- Maîtriser l’aspect technique des soins permet-il de mieux appréhender le

côté relationnel avec le patient, même en situation d’urgence ?

La relation soignant-soigné (savoir-être):

- Comment communiquer avec le patient en situation d’urgence ?

- Quels mots utilisés pour ne pas alarmer le patient ?

- Quels mots ne faut-il pas utiliser ou faut-il éviter pour rassurer au mieux le

patient ?

- L’intonation de la voix a-t-elle un impact dans la gestion de l’angoisse du

patient ?

- Comment installer une relation de confiance avec le patient ?

- Doit-on décrire l’ensemble des gestes réalisés ou que le médecin réalise

auprès du patient ?

Page 9: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

9

- Comment la relation de confiance peut s’instaurer quand le patient ne sait

pas de quoi il souffre ?

- Quels gestes effectuer pour rassurer le patient et mettre en place une relation

soignant-soigné dans l’urgence ?

- Combien de temps dure cette relation de confiance ?

- Est-elle systématiquement réalisable en situation d’urgence ?

- Comment se met en place la communication para-verbale en situation

d’urgence ?

3) Question de départ

L’ensemble de ces questions m’ont amené à réfléchir sur la place que prend le patient en

situations d’urgences, pour que celui-ci ne soit pas mis de côté et simplement vu comme un

objet de soin :

En quoi les soins relationnels dans la relation soignant-soigné peuvent influencer la

prise en soins en situations d’urgences ?

Page 10: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

10

Démarche méthodologique

Ma grille d’entretien s’est construite autour de ma question de départ qui traite de

l’influence des soins relationnels dans la relation soignant-soigné avec le patient en

situations d’urgences. C’est à l’issue des échanges réalisés lors des guidances collectives

que ma question de départ s’est posée.

De cette question de départ j’ai développé les trois grands axes que sont les soins

relationnels, la relation soignant-soigné et l’urgence. C’est d’ailleurs ces thèmes-là qui

cadrent mon travail de recherche et ma grille d’entretien. Dans les deux cas, j’ai commencé

par développer mon sujet autour de l’urgence. En effet le point de départ de ma situation

s’est déroulé dans un contexte d’urgence. C’est la dimension relationnelle autour de cette

thématique que je cherche à comprendre tout au long de ce travail à travers les soins

relationnels qui se mettent en place dans la relation soignant-soigné que l’infirmier

entretient avec le patient.

J’ai choisi de réaliser des entretiens semi-directifs avec des questions ouvertes sur les

thèmes de mon sujet pour que les professionnels puissent s’exprimer librement tout en

restant dans le cadre de ma question de départ. Cet outil d’enquête a permis de confirmer

les éléments que je recherchais mais de nouveaux concepts que je n’avais pas évoqués se

sont rajoutés dans mes données théoriques. Lors de la réalisation des différents entretiens

infirmiers, j’ai constaté des similitudes entre les réponses des deuxièmes et troisièmes

thèmes. Cependant, certains éléments clés transmis par les professionnels interrogés

permettent d’éviter les répétitions dans le traitement et l’analyse de mes données

empiriques. Enfin, il convient de préciser que tous les infirmiers interrogés répondaient à

plusieurs parties de l’entretien alors que je posais seulement une question, ce qui laisse

supposer que par moment, mes questions n’étaient peut-être pas assez ciblées.

Pour répondre le plus précisément à mes interrogations, j’ai orienté mes entretiens vers

quatre professionnels infirmiers régulièrement confrontés à des situations d’urgences en

intra-hospitalier dans les services d’urgence ou lors de missions en urgences pré-

hospitalières. Selon les critères que j’ai définis, je considère qu’avec moins de deux années

d’expérience dans un secteur, l’infirmier est encore novice dans le domaine alors qu’avec

plus de deux années d’expérience il s’agit d’un infirmier expérimenté. J’ai fait mon choix

Page 11: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

11

sur un infirmier expert et un infirmier novice pour chaque secteur d’urgence : intra et pré-

hospitalier.

Dans l’ordre de réalisation de mes entretiens, j’ai commencé par l’infirmier 1 ou IDE 1 qui

a une formation initiale de pompier professionnel à la Brigade des Sapeurs-Pompiers de

Paris2. Ce dernier a ensuite évolué par le biais de la promotion professionnelle après sept

années d’expériences pour obtenir le diplôme d’État d’infirmier en 2007. Il a d’ailleurs

continué à la Bspp en exerçant en Ambulance de Réanimation3 avec une équipe constituée

d’un médecin, d’un infirmier et d’un ambulancier. Ce professionnel bénéficie donc d’une

grande expérience de l’urgence pré-hospitalière. Parallèlement il exerce depuis 2009

comme infirmier sapeur-pompier volontaire4 sous protocole en intervenant en véhicule

léger infirmier5.

L’infirmière 2 ou IDE 2 travaille dans un service d’urgence depuis tout juste deux ans

après avoir travaillé pendant près de huit années en service de psychiatrie, où la prise en

charge relationnelle était très présente avec des patients en crises. Parallèlement, elle

exerce dans le domaine de l’urgence pré-hospitalière en tant qu’Ispv de VLI avec le

Service Départemental d’Incendie et de Secours6.

L’infirmière 3 ou IDE 3 prétend quant à elle à quatre années d’expérience dans un service

d’urgences adultes avec une activité d’Ispv en VLI depuis quatre ans également.

Enfin l’infirmière 4 ou IDE 4 a travaillé pendant dix ans dans un service d’urgences avant

d’évoluer vers le Service d’Aide Médicale Urgente7 depuis un an et demi. Avant cette

professionnalisation dans le domaine de l’urgence pré-hospitalière, elle prenait des gardes

en tant qu’Ispv de VLI avec le Sdis depuis 2003 avant d’arrêter en 2013.

Afin d’avoir un apport théorique avant la réalisation de mes entretiens j’ai effectué

certaines lectures dont le choix s’est opéré au travers des ouvrages que j’ai abordés lors de

mon stage du semestre 5 dans un service d’urgence. J’ai par ailleurs complété les éléments

de lectures et de documentations à travers mes recherches dans des revues professionnelles

infirmières ou du monde du secours que j’affectionne tout particulièrement. Il faut savoir

qu’il y a peu d’écrits sur la relation avec le patient en situations d’urgences, ce qui

2Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris : Bspp. 3Ambulance de Réanimation : AR. 4Infirmier Sapeur-Pompier Volontaire : Ispv. 5Véhicule léger infirmier : VLI. 6Service Départemental d'Incendie et de Secours : Sdis. 7Service d'Aide Médicale Urgente : Samu.

Page 12: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

12

nécessite de répertorier les éléments de recherches sur la relation soignant-soigné ou les

soins relationnels, afin de les appliquer à un contexte d’urgence.

J’ai également eu l’occasion de participer à une formation d’initiation à la prise en charge

de la douleur par l’hypnose en situations d’urgences en septembre 2014. Plusieurs notions

abordées en liens avec les techniques de communication hypnotiques ont d’ailleurs enrichi

mes connaissances en lien avec le sujet de mon travail de fin d’étude et mes pratiques

relationnelles avec les patients.

Ce qui ressort pour moi à travers la situation d’appel, c’est le comportement que l’équipe

soignante met en place auprès du patient tout au long de cette prise en charge. L’échange

dans la communication avec le patient est toujours maintenu malgré le contexte d’urgence

qu’impose cette situation. J’ai d’ailleurs pris conscience que cette relation avec le patient

est primordiale pour rassurer le patient et éviter une aggravation de son état de santé. Le

contexte de cette prise en soin me fait réfléchir sur l’impact des soins relationnels dans un

contexte d’urgence à travers notre comportement, les mots, les gestes ou les attitudes que

l’on peut exprimer auprès du patient.

Page 13: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

13

La situation d’urgence

1) Qu’est-ce que l’urgence ?

L’urgence est un terme courant assez vaste de nos jours. Selon le dictionnaire

encyclopédique Hachette, l’urgence relève du caractère de l’urgent. Il s’agit d’une situation

pressante qui doit être réglée sans délai et qui ne peut être différée. Le patient est en

demande de soins dans un délai le plus court possible. Dans le domaine de la santé, il est

cependant important de situer une situation d’urgence dans son contexte, qu’elle relève de

l’urgence psychiatrique ou somatique.

En psychiatrie, on parlera d’une urgence ou détresse psychologique dans le cas où un

patient se met en danger ou met en danger ses proches à cause d’une dégradation de son

état de santé mentale. Celui-ci peut être altéré par des souffrances psychiques telles qu’un

état maniaque chez le patient bipolaire en phase aiguë. Dans ce cas-là, le patient nécessite

d’être évalué rapidement par un médecin psychiatre et d’être hospitalisé dans un service de

psychiatrie ou d’urgences psychiatriques en attendant d’être orienté vers un service de

soins psychiatriques de secteur qui est en mesure de prendre en charge les patients en phase

aiguë d’une détresse psychique. L’hospitalisation permettra d’instaurer une alliance

thérapeutique avec le patient et de mettre en place une prise en soins pour aider au mieux

ce dernier à faire face à ses souffrances psychiques.

D’un point de vue somatique, on parle plutôt de types ou degrés d’urgence. Ils sont

déclinées au nombre de trois d’après dans le cours relatif à l’unité d’enseignement des

soins d’urgence : « l’accueil aux urgences » (juin 2014).

Par critère de gravité, il y a dans un premier temps les urgences vitales. Elles représentent

tous les traumatismes ou maladies graves mettant en jeu le pronostic vital à plus ou moins

court terme. C’est le cas de l’infarctus du myocarde ou des polytraumatismes à la suite

d’un accident de la voie publique. Ce sont des urgences qui nécessitent des soins

immédiats et une hospitalisation la plus rapide possible en service de réanimation ou en

Page 14: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

14

salle de déchoquage, appelée aussi salle d’accueil des urgences vitales 8 , avant une

intervention au bloc opératoire pour les urgences chirurgicales.

Dans un second temps, il y a les urgences fonctionnelles qui sont les traumatismes et

maladies graves mettant en jeu le pronostic fonctionnel à plus ou moins court terme.

L’exemple à donner peut être celui de la brûlure grave d’un membre ou de l’artériopathie

oblitérant des membres inférieurs. Il s’agit là de situation d’urgence qui nécessitent une

hospitalisation, mais qui ne menacent pas immédiatement la vie du patient.

Enfin, il est question d’urgences ressenties lorsqu’il n’y a pas de danger réel pour le

patient. Parfois, il n’y a pas de problème médical. Il peut s’agir de situation stressante pour

le patient telle que la crise d’angoisse. Certains signes cliniques peuvent évoquer une

urgence fonctionnelle voire vitale dans un premier temps comme la douleur thoracique.

Mais une fois les premiers examens cliniques et paracliniques effectués, le plus souvent à

l’accueil des urgences via l’électrocardiogramme, ces situations sont considérées comme

des urgences secondaires, ne nécessitant pas une hospitalisation dans un service de soins

critiques ou de soins intensifs.

Il existe également les urgences sociales principalement dues à une précarité sociale et à un

déficit dans l’accès aux soins pour les personnes les plus démunies. Il peut s’agir de

patients sans domiciles fixes ou en manque de repères sociaux, et dont les urgences sont

parfois un refuge et une solution d’hébergement temporaire. Ces patients peuvent

également être pris en charge dans des centres d’hébergements spécifiques lors de l’hiver

par exemple via le Samu social. Cet organisme regroupe de nombreuses associations qui

viennent en aide aux plus démunis en proposant des repas, des couvertures ou des places

en foyers quand cela est possible.

2) Prise en charge de l’urgence par l’infirmier

La prise en charge d’un patient en situation d’urgence peut relever du rôle propre et du rôle

prescrit de l’infirmier selon les articles R4311-10 et R4311-14 du Code de la Santé

Publique : « En l'absence d'un médecin, l'infirmier ou l'infirmière est habilité, après avoir

reconnu une situation comme relevant de l'urgence ou de la détresse psychologique, à

8Salle d'accueil des urgences vitales : Sauv.

Page 15: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

15

mettre en œuvre des protocoles de soins d'urgence, préalablement écrits, datés et signés par

le médecin responsable. […] En cas d'urgence et en dehors de la mise en œuvre du

protocole, l'infirmier ou l'infirmière décide des gestes à pratiquer en attendant que puisse

intervenir un médecin ».

Dans le cadre de ce travail de fin d’étude, j’étudie plus particulièrement la prise en charge

soignante dans un contexte d’urgence somatique. Tout infirmier, quel que soit le service où

il travaille peut être confronté à une situation d’urgence. Cependant, son rôle, ses objectifs

et ses actions auprès du patient diffèrent selon le contexte d’urgence et d’exercice de son

métier d’infirmier.

Certains secteurs d’activités de la profession infirmière sont tout de même plus confrontés

à ces situations d’urgences. En intra-hospitalier, l’infirmier y fera régulièrement face dans

des services d’urgences ou de réanimation. En pré-hospitalier, ces situations d’urgences se

retrouvent principalement dans des prises en charge de patients réalisées par des équipes

médicalisées avec les Services Mobiles d’Urgence et de Réanimation9 qui sont coordonnés

par le Samu. Il y a également les infirmiers sapeurs-pompiers qui interviennent avec un

médecin en AR comme à la Bspp ou à la Brigade des Marins Pompiers de Marseille10.

Dans d’autres départements, ces infirmiers sont volontaires et interviennent en VLI grâce à

des protocoles établis par le Services de Santé et de Secours Médicaux11 du Sdis. Dans le

cadre d’une équipe médicalisée en Smur ou para-médicalisée en VLI, l’infirmier effectuera

des actions relevant de son rôle prescrit (définit selon l’article R4311-7 du Code de la

Santé Publique).

3) Vécu de l’urgence par l’infirmier

Ces situations d’urgences sont difficiles à appréhender au début par les infirmiers qui n’y

sont pas habitués. Comme le dit une infirmière rencontrée 12 dans le cadre de mes

entretiens, ces situations : « génèrent quand même du stress ». Pour développer ce concept,

je vais citer le psychologue Lazarus et le professeur Folkman (1984) qui décrivent le stress

comme une « transaction particulière entre un individu et une situation dans laquelle celle-

9Service Mobile d'Urgence et de Réanimation : Smur. 10Brigade des Marins Pompiers de Marseille : BMPM. 11Service de Santé et de Secours Médicaux : Sssm. 12Annexe 5 : voir propos IDE 4 page XX.

Page 16: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

16

ci est évaluée comme débordant ses ressources et pouvant mettre en danger son bien-être ».

Ce stress généré par la situation d’urgence est palpable pour le patient et les soignants. La

première partie de ce travail de recherche étant centré sur la position du soignant en

contexte d’urgence je développerai dans une autre partie l’impact du stress chez le patient

en situations d’urgences.

Cette sensation de stress vécue par l’infirmier peut permettre de révéler des capacités chez

le soignant qui se retrouve en mesure d’être plus réactif. Cette même infirmière précise

d’ailleurs lors de l’entretien que « c’est du stress non pathologique », on peut alors évoquer

le terme de « stress positif » qui se définirait comme des capacités accrues d’un individu,

incitant ce dernier à se surpasser. L’infirmier est momentanément en alerte face au danger

que provoque chez lui le contexte d’urgence. La précision des gestes qu’il doit effectuer

peut être un facteur de stress comme le souligne la psychologue Carillo (2011). Cependant,

il ne faut pas que cela pénalise l’exercice infirmier par un phénomène de « blocage » ou

d’incapacité de ce dernier à effectuer les soins nécessaires. En situations d’urgences,

chaque infirmier semble d’ailleurs s’adapter face au stress qu’il vit. Selon l’infirmière

Allin-Pfister (2008) est généré par « l’incertitude et l’imprévisibilité [qui] règnent en

milieu d’urgence ».

Il semble en tout cas que ce stress tende à disparaitre avec le temps, ou du moins il est

mieux canalisé grâce à l’expérience acquise par l’infirmier au fur et à mesure des situations

d’urgences vécues. Cette gestion du stress est facilitée par les connaissances et les savoirs

que l’infirmier assimile après chaque situation rencontrée et c’est avec le temps que les

compétences évoluent.

Cependant, l’infirmier ne doit pas se concentrer uniquement sur l’aspect technique de la

prise en charge qu’il réalise en urgence. L’approche relationnelle est tout aussi essentielle

dans un contexte d’urgence. Que le patient soit conscient ou inconscient c’est une personne

qui entend et ressent tout ce qui peut être dit et réalisé auprès de lui. La psychologue

Groclaude (2007) constate « que l’urgence, le risque vital et les techniques occupent toutes

les priorités, l’absence apparente de conscience ou de lucidité et l’amnésie renforcent la

conviction que les patients « ne se rendent pas compte » ou « ont oublié », incitant à penser

que le domaine psychique est secondaire ». Là est tout l’intérêt pour l’infirmier de se

détacher partiellement des soins techniques en situations d’urgences pour se centrer sur le

vécu de la situation par le patient afin d’améliorer la prise en charge globale à travers les

Page 17: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

17

soins relationnels, ce qui aura des répercussions positives sur l’état de santé général du

patient.

Page 18: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

18

Les soins relationnels

1) Que sont les soins relationnels ?

Quand on aborde les soins relationnels, il faut d’abord reprendre le Dictionnaire des soins

infirmiers, rédigé par trois membres de l’Association des amis de l'école internationale

d'enseignement infirmier supérieur qui sont Magnon, Déchanoz, et Lepesqueux (2000).

Ces derniers définissent le terme de « soins » comme une « action ou ensemble d’actions

qu’une personne accomplit pour se soigner ou pour soigner autrui ».

On retrouve également la notion de relationnel qui d’après le Dictionnaire Hachette

encyclopédique grand format (2001), se définit comme ce « qui concerne les relations entre

individus ». Selon les psychologues Manoukian et Massebeuf (2008), la relation est définie

comme « une rencontre entre deux personnes au moins, c'est-à-dire deux caractères, deux

psychologies particulières et deux histoires ». Autrement dit, rien ne prédestine par avance

la finalité d’une relation entre deux individus que tout oppose.

D’après une infirmière qui m’a reçu en entretien13 établir la relation consiste à « prendre

en compte la personne ». Cette infirmière explique d’ailleurs qu’il y a un cheminement

logique, propre à toute relation qui est d’abord « se présenter, dire qui on est, ce qu’on va

faire ». Chacun des acteurs d’une situation a un vécu, même dans un contexte d’urgence, et

la relation entre ces personnes doit s’installer dans un objectif commun : la prise en soin

optimale du patient pour lui assurer un meilleur état de santé. Les infirmières Lisiecki et

Verhoest (2009) expliquent d’ailleurs que « tenir compte du vécu et de la dimension bio-

psycho-sociale du patient optimise la prise en charge et permet au patient d’être acteur

plutôt que spectateur ».

Comme le dit un infirmier14 interrogé lors d’un entretien, le relationnel fait partie du

« champ de compétences de l’infirmier ». On le retrouve d’ailleurs dans le référentiel de

compétences de l’infirmier extrait de l’annexe II de l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au

diplôme d’Etat d’infirmier, à travers la compétence 6 qui est de « communiquer et conduire

une relation dans un contexte de soins ».

13Annexe 3 : voir propos IDE 2 page XII. 14Annexe 2 : voir propos IDE 1 page VIII.

Page 19: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

19

Par définition, les soins relationnels sont donc « l’ensemble des attitudes, des

comportements spécifiques et volontaristes, des actes, des paroles tant réalistes que

symboliques qui sont proposés par un soignant, un accompagnant, à une personne en

difficulté de santé » selon le psychosociologue Salomé cité dans le cours de soins

relationnels (février 2013), les concepts fondateurs de la relation dans un contexte de soins.

Les soins relationnels « font partie intégrante du rôle propre » me confie une infirmière15.

Mais l’application des soins relationnels exige un travail préalable de l’infirmier. Bigoni et

Marchand (2012), qui travaillent toutes les deux à la Haute École de Santé Vaud en Suisse,

précisent que « se former à la relation implique le développement de connaissances, d’un

savoir-faire mais aussi celui de l’être par un travail sur soi ». La relation avec le patient ne

s’improvise pas, il faut y être préparé. La plupart des infirmiers interrogés lors de mes

entretiens affirment que l’expérience du professionnel de santé impacte sur la qualité de la

relation établie avec le patient dans un contexte d’urgence : « il faut avoir pratiqué, il faut

avoir fait, il faut savoir aussi. Donc oui l’expérience ça joue là-dessus »16. Selon les

philosophes Morfaux et Lefranc (2011), l’expérience peut se définir comme un ensemble

de « savoir ou savoir-faire acquis par l'usage, par la pratique en dehors d'une connaissance

théorique ».

Dans un contexte d’urgence, le médecin urgentiste Valette (2013) décrit dans son œuvre

que la prise en charge d’une personne commence par les soins relationnels. Quand c’est

possible, il y a en effet un dialogue qui se met en place entre le patient et le médecin. Il n’y

a donc pas réalisation de gestes à proprement parlé, mais un recueil des antécédents, des

traitements suivis et de l’anamnèse. C’est à l’issu de cet entretien que surviennent les

gestes qui sont dit « techniques » avec des examens cliniques et paracliniques.

Au regard de la définition proposée sur les soins relationnels, je remarque que leur champ

d’application est relativement large et permet une grande liberté de manœuvre de la part de

l’infirmier pour entrer en relation avec le patient. D’ailleurs plusieurs éléments composent

les soins relationnels. J’ai choisi de développer les deux modes de communication, le

15Annexe 5 : voir propos IDE 4 page XXI. 16Annexe 4 : voir propos IDE 3 page XIX.

Page 20: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

20

toucher et la relation d’aide que l’on retrouve le plus souvent et qui sont exploitables dans

les différentes situations d’urgences que l’infirmier est amené à rencontrer.

2) Les principes de la communication dans les soins

La communication, étudiée à travers le cours des soins relationnels relatifs aux « concepts

fondateurs de la relation dans un contexte de soins » (février 2013), reprend la définition

du professeur de sociologie Enriquez qui la définit comme « l’ensemble des processus

physiques et psychologiques par lesquels s’effectue l’opération de mise en relation d’une

ou plusieurs personnes (émetteur) avec une ou plusieurs personnes (récepteur), en vue

d’atteindre certains objectifs ». L’émetteur est la personne qui transmet un message codé et

le récepteur est celui qui le reçoit et le décode. Pour parler de communication, il est

nécessaire d’avoir un retour de la part du récepteur qui doit à son tour émettre un message,

c’est ce que l’on nomme le feed-back. Tout autour de la communication, peut se mettre en

place des bruits parasites, que l’on qualifie de freins à la communication. Je reprends ci-

dessous un schéma inspiré de la théorie de la communication telle qu’elle est développée

par le mathématicien Wiener entre 1945 et 1950. Il ne s’agit là que d’une interprétation

possible du processus de communication dans la relation entre deux individus.

Schéma de la communication17

17Source de l’image : http://nalya.canalblog.com/archives/2008/01/09/7499662.html

Page 21: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

21

La communication peut permettre d’établir la relation entre le soignant et le patient, mais

elle n’est pas toujours évidente à instaurer. C’est pour cela qu’elle fait l’objet d’un

apprentissage durant les études d’infirmières et qu’elle fait partie d’une des compétences

que l’infirmier acquiert au regard de l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’État

d’infirmier comme cela vient d’être vu lors de la partie précédente.

Il existe deux modes de communication qui sont la communication verbale et la

communication para-verbale ou non-verbale. Il faut savoir que le mode d’expression de ces

derniers peut évoluer d’une culture à une autre.

a) La communication verbale

La communication verbale passe par les mots et paroles qui sont échangés avec autrui. Le

choix de ces mots peut être spontané, sans connotation particulière comme si la personne

tenait une conversation. En situation d’urgence, ce mode de communication peut

s’instaurer à travers le recueil de données effectué par les secours. C’est un point de départ

dans l’établissement d’une relation avec le patient. Par la suite, l’impact des mots est

important. Le manque de temps et la situation critique du patient oblige l’infirmier à

adapter son vocabulaire. Une des infirmières18 me le dit bien : « chaque mot est […]

important », mais il ne faut pas « avoir un discours pré-établi » me précise un autre

professionnel de santé19. Enfin un troisième20 rappelle que même en situation d’urgence, le

patient doit avoir toute l’attention du soignant : « ce n’est pas un bout de chiffon qu’on

prend en charge, c’est une personne […] Quelqu’un qui pense, qui réfléchit ».

En urgence, il faut paraître le plus calme possible auprès du patient. Cela passe par

l’intonation de la voix qui doit être posée, qui se veut rassurante et qui permet d’apaiser le

patient. Une infirmière21 précise qu’il faut « faire en sorte d’apaiser les choses […] c’est à

nous de nous adapter ». Cette phase est déterminante pour établir dans un second temps, la

relation de confiance avec le patient.

18Annexe 5 : voir propos IDE 4 page XXI. 19Annexe 2 : voir propos IDE 1 page VI. 20Annexe 4 : voir propos IDE 3 page XVII. 21Annexe 3 : voir propos IDE 2 page XIII.

Page 22: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

22

Certains soins complémentaires comme l’hypnose ou la sophrologie proposent également

des techniques de communication permettant d’adapter son discours au patient afin que ce

dernier vive au mieux la situation. Dans le cadre d’une formation d’initiation à l’hypnose

en situations d’urgences que j’ai suivie en septembre 2014, j’ai pris conscience de

l’importance de l’utilisation d’un vocabulaire adapté dans la communication verbale avec

le patient. En effet les patients interprètent nos paroles et nos mots, ce qui peut avoir l’effet

inverse que celui escompté par l’infirmier. C’est le cas par exemple lorsque l’on dit :

« n’ayez pas peur », cela sous-entend que la situation devrait induire une émotion de peur

chez le patient. Il vaut mieux dans ce cas privilégier un langage que l’on qualifie de

« positif » en se voulant rassurant pour le patient. Mais ces habitudes de langage se

retrouvent tous les jours dans les soins infirmiers, quand il est dit à un patient « je vais

piquer » au moment de réaliser la prise de sang. La connotation de cette phrase renvoie

immédiatement à un sentiment désagréable et douloureux pour le patient. Le constat en est

de même en réanimation comme le soulève le docteur en psychologie clinique Grosclaude

(2007) où « le patient ne peut comprendre les explications fournies mais interprète les

paroles (ex. : « je vais vous aspirer ») au pied de la lettre ».

La communication verbale est souvent associée à de la communication para-verbale. Le

psychologue Bioy, la cadre de santé Bourgeois et le médecin anesthésiste-réanimateur

Nègre (2013) précisent que « ces deux types de communication sont indissociables et

s’influencent l’un l’autre ».

b) La communication para-verbale ou non verbale

La communication para-verbale (ou langage analogique) représente par définition tout ce

qui ne relève pas de l’expression orale et qui n’a pas attrait à la parole.

Le langage non verbal induit selon Bioy, Bourgeois, et Nègre, (2013) la notion « de

distance physique, encore appelée proxémique ». La proxémie se définit selon

l’anthropologue Hall (1971) comme « l'ensemble des observations et théories concernant

l’usage que l’homme fait de l’espace en tant que produit culturel spécifique, elle est liée à

la communication ». Ce dernier met en avant quatre distances possibles entre les individus.

Il y a la distance publique (plus de 3,5 mètres) comme lorsqu’un individu s’exprime à voix

Page 23: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

23

haute à un groupe de personne. Il y a la distance sociale (de 1,2 à 3,5 mètres) qui

s’apparente à une distance entre deux personnes qui ne se connaissent pas ou qui peut

révéler une différence de statut social. Il y a la distance personnelle (de 45 centimètres à

1,2 mètres) qui représente la distance lors d’un échange entre deux personnes proches. Et

enfin la distance intime (de 15 à 45 centimètres) qui est ce qu’il y a de plus privé chez un

individu, puisqu’elle implique une certaine promiscuité permettant de ressentir la

respiration, la chaleur ou les odeurs par exemple. C’est cette dernière qui est la plus

présente dans un contexte d’urgence puisqu’elle implique de pouvoir examiner au plus près

le patient pour relever l’ensemble des éléments cliniques contribuant à la pose d’un

diagnostic. Le soignant va également être très proche du patient pour la réalisation des

soins et l’établissement de la relation avec ce dernier.

Quel-que-soit la nature de la situation, qu’elle relève de l’urgence ou non, le premier

infirmier interrogé22 lors de mes entretiens me confie que sur la notion de distance dans le

soin avec le patient, dans tous les cas « on respecte ! J’ai toujours été très pointilleux sur

ça. Sur le respect d’une distance ».

A travers la communication non verbale de nombreux éléments ont un impact dans la

relation avec le patient. Parfois, le soignant ne doit pas hésiter à laisser place au silence et

faire transparaître des expressions du visage à travers des grimaces, un sourire, à travers

ses yeux, un regard par exemple. Une infirmière23 me précise qu’il ne faut « pas montrer

au patient quelquefois le doute ou l’inquiétude que vous avez ». Les émotions du soignant

peuvent se transmettre au patient notamment dans un contexte d’urgence où le stress vécu

par l’ensemble des acteurs de la situation peut s’avérer intense. Si le patient nous ressent

comme inquiet ou préoccupé, cela va renforcer son propre sentiment de stress qu’il vit au

travers de la situation d’urgence.

La communication para-verbale nécessite un travail et un entraînement de la part du

soignant pour appliquer les méthodes de communication adaptées à une situation

d’urgence. Lisiecki et Verhoest (2009) précisent qu’un « regard, un sourire, le toucher

restent autant de moyen de rentrer en communication ». Pour rassurer et réconforter le

patient, l’infirmier peut donc utiliser une autre compétence non verbale qui est celle du

22Annexe 2 : voir propos IDE 1 page VII. 23Annexe 5 : voir propos IDE 4 page XXIII.

Page 24: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

24

toucher. Celle-ci peut paraître simple à exploiter, mais en réalité elle n’est pas si évidente à

appliquer.

3) Un contact physique par le toucher

Comme il est décrit dans le cours des soins relationnels du semestre 2 (février 2013), le

toucher renvoie à l’un des cinq sens du corps humain. D’après le dictionnaire Hachette

(2001), le premier sens du toucher est de « mettre la main sur, se mettre en contact avec

quelqu’un, quelque chose ». L’exemple peut-être celui de prendre la main du patient et qui

peut se traduire par « quoi qu’il arrive je vais rester avec vous ». La deuxième infirmière

interrogée24 indique qu’avec les personnes âgées, elle va « plus leur serrer la main, leur

tenir la main ». Selon l’anthropologue Montagu (1979), le toucher constitue « un moyen de

communication très significatif parmi les multiples formes d’expression non verbale ». Il

implique une certaine proximité avec le patient qui passe au-delà de la distance intime citée

précédemment25. La perception du toucher dépend également de la culture des individus.

L’accord pour toucher le patient peut parfois s’avérer nécessaire pour éviter une réaction

agressive de ce dernier et rompre la relation de confiance qui se met en place. Une autre

infirmière26 me confie selon elle, que « le toucher ça ne va pas être la première chose

parce que c’est hyper intrusif ».

Le toucher est utilisé lors de nombreux actes et activités de l’infirmier qu’ils relèvent ou

non du soin. Le premier exemple à donner peut être lors d’une relation de civilité entre

deux individus avec l’échange d’une poignée de main. Mais dans le cadre des soins il peut

s’agir de la réalisation d’un prélèvement sanguin. Dans les Cahiers de Sciences Infirmières

relatifs aux soins relationnels, rédigés sous la direction des professeurs Perlemuter, G. et

Perlemuter, L., de la cadre de santé Pitard et du professeur émérite Quevauvilliers (2010) il

est spécifié que « 85% des soins nécessitent le recours au toucher pour pouvoir être

effectués ». Selon l’introduction au cours de pharmacologie et thérapeutiques sur les

« moyens antalgiques non-médicamenteux » du kinésithérapeute Penverne (décembre

2014), le toucher permet de créer un premier contact avec le patient, c’est le cas

24Annexe 3 : voir propos IDE 2 page XIII. 25Voir « communication para-verbale ou non verbale » page 21. 26Annexe 4 : voir propos IDE 3 page XVII.

Page 25: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

25

notamment en situations d’urgences où le soignant affirme sa présence auprès du patient

parfois inconscient ou désorienté.

Le toucher est un outil de communication apprécié dans les soins relationnels, mais c’est

également un excellent outil diagnostic pour l’infirmier qui intervient en situations

d’urgences comme le précise le premier professionnel de santé27 : « il faut bien toucher au

patient, ça peut le rassurer, mais nous aussi ça nous permet aussi d’avoir des indications

fortes sur une douleur, sur quelque chose, un traumatisme, une lésion… ». D’ailleurs,

l’enseignant en Ecole supérieur d’action sanitaire, Van der Bruggen (1977) le confirme

quand il a démontré que « le contact de la relation de soin peut être de nature gnostique ou

pathique ». De plus, Bioy, Bourgeois et Nègre (2013) indiquent qu’il faut « utiliser les

contacts inévitables (prise de pouls, tension artérielle) pour faire passer un message de

calme et de douceur ».

Les soins relationnels et leurs outils de communication ont un impact très fort dans les

soins d’urgence. C’est ce qu’affirme Grosclaude (2007) dans son approche auprès des

personnes inconscientes en réanimation : « le patient est plus ou moins réactif, sensible aux

percepts, à la voix, au contact corporel, et sujet à des modifications de paramètres

physiologiques (rythme cardiaque, pression artérielle…) ou de postures, selon les

sollicitations de l’entourage soignant ou familial et la profondeur du coma ». On vient de

voir qu’il existe plusieurs méthodes et outils pour établir une relation avec un individu.

Mais dans l’application professionnelle des soins relationnels par l’infirmier, il est

intéressant d’étudier leur utilisation pour mettre en place une relation de confiance dans la

relation soignant-soigné, plus particulièrement en situations d’urgences.

27Annexe 2 : voir propos IDE 1 page VII.

Page 26: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

26

La relation soignant-soigné

1) Qu’est-ce que la relation soignant-soigné ?

D’après le dictionnaire des soins infirmiers et de la profession infirmière, la relation

soignant-soigné est une « interaction entre deux personnes en situation de soin, à chaque

fois renouvelée par ce qu’elle offre d’inconnu, de complexe, et d’imprévisible ». Il s’agit

de l’ensemble des liens et rapports qui s’établissent tout au long des interactions entre le

soignant et la personne soignée. Cette relation fait appel aux principes de la

communication verbale et para-verbale, décrits précédemment dans les soins relationnels.

Selon Colmont (2013) qui est directeur des soins, la relation soignant-soigné est « pour le

patient, […] l’élément principal lui permettant de comprendre ce qui lui arrive ou de

chercher à éclaircir ce qu’on lui fait ». Ces propos sont confirmés par une infirmière28 qui

précise bien que lors des prises en soins, il faut « expliquer la technique, expliquer les

étapes ». Il est nécessaire de transmettre toutes les informations au patient afin que celui-ci

comprenne les objectifs de la prise en charge médicale, notamment en situations

d’urgences ou les soins doivent être réalisés le plus précocement possible afin de limiter

l’aggravation du pronostic vital. Cet élément est un pré-requis dans l’instauration de la

relation de confiance entre le soignant et la personne soignée.

Lors de mes entretiens, une infirmière29 déclare que « pour moi la relation soignant-soigné

c’est déjà de la confiance ». Le concept de confiance se définit selon le professeur en

management Mangematin (2012) « comme l’acceptation par un individu de s’exposer à

l’opportunisme de l’autre ». Il faut s’avoir qu’en situations d’urgences, le patient est

souvent seul, mis à l’écart de sa famille et de ses amis. Il doit remettre sa vie entre les

mains des soignants qui sont des inconnus pour lui. Et c’est le rôle du soignant que de faire

accepter cette réalité au patient pour que celui-ci s’en remette aux personnes qui

s’occupent de sa santé, de sa vie. Cette relation de confiance entre le soignant et la

personne soignée doit permettre une meilleure acceptation et une meilleure adhésion du

patient aux soins proposés. Des délais de prises en charges relativement courts rendent

complexes l’instauration de cette relation de confiance avec le patient en situations

28Annexe 5 : voir propos IDE 4 page XXI. 29Annexe 4 : voir propos IDE 3 page XVIII.

Page 27: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

27

d’urgences. Là est tout l’intérêt pour les soignants de maîtriser l’ensemble des éléments qui

concernent la relation pour être le plus efficace possible dans la mise en place de la relation

soignant-soigné dans ces contextes particuliers.

La relation de confiance doit être une relation d’égal à égal, sans notion de supériorité de la

part d’un des acteurs. Un infirmier30 m’informe qu’il faut commencer par « se mettre à la

même hauteur que la personne », pour éviter une relation entre dominant et dominé. Si le

patient se sent proche du soignant, il se confiera plus facilement à lui, et c’est bien là

l’objectif de cette relation de confiance. Une infirmière31 déclare même que cette relation

de confiance encourage le patient à parler, ce qui permet de récolter des informations

supplémentaires pouvant s’avérer nécessaires à la poursuite d’une prise en charge

optimale : « ils vont pouvoir, en communiquant, nous dire la petite chose qui va nous dire :

ah bah tiens ! Finalement c’est peut-être ça le problème en cours ».

2) La relation d’aide en situations d’urgences

Perlemuter G., Perlemuter L., Pitard et Quevauvilliers, (2010) citent le psychologue Carl

Rogers qui définit la relation d’aide comme « une interaction particulière entre deux

personnes, l’intervenant et l’aidé, chacun contribuant à la recherche et à la satisfaction d’un

besoin d’aide chez ce dernier ». C’est une relation de confiance entre le soignant et la

personne soignée, mais elle implique un engagement supplémentaire de la part du soignant.

Ce dernier doit être disponible et impliquer dans son comportement et son discours pour

rassurer, encourager et accompagner le patient tout au long de la prise en charge. Selon la

cadre formatrice de santé Molière (2012) « la relation d’aide s’adresse […] à des personnes

qui vivent ponctuellement une situation très difficile : agression, accident », ce qui en fait

un élément privilégié à développer dans la relation avec le patient en situations d’urgences.

Une des infirmières rencontrée32 décrit bien l’application de ce concept de relation d’aide

quand elle évoque des patients extrêmement douloureux qui se présentent aux urgences :

« je comprends là vous souffrez tellement, on va faire tous très vite pour que vous soyez

très vite soulagé. Voilà, on fait, on met tout en œuvre pour… déjà ça rassure de se dire : on

30Annexe 2 : voir propos IDE 1 page VIII. 31Annexe 4 : voir propos IDE 3 page XIX. 32Annexe 3 : voir propos IDE 2 page XIII.

Page 28: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

28

m’a entendu, on voit que j’ai mal, on va faire quelque chose, on me prend en compte

quoi ».

A travers les propos de cette infirmière, on remarque que la relation d’aide se développe

autour de capacités relationnelles. Celles-ci sont déclinées au nombre de quatre, et le

soignant doit les assimiler pour les exploiter tout au long de la relation avec le patient.

Il y a d’abord l’empathie qui selon le psychosociologue Mucchielli (2013) est un processus

« par lequel un sujet sort de lui-même pour comprendre quelqu’un d’autre sans éprouver

pour autant les mêmes émotions que l’autre ». Elle permet aux soignants d’analyser la

situation relationnelle afin d’adapter son comportement et ses réactions selon les

expressions que le patient renvoie.

La relation d’aide fait également appel à la notion d’écoute active qui place le soignant en

position de récepteur face au patient. Cette position soignante implique un respect de la

parole, le patient est encouragé à s’exprimer, cela peut s’effectuer à travers des techniques

de reformulation, et les silences ne sont pas écourtés.

Il y a aussi la capacité de non jugement qui incite le soignant à ne pas donner son avis et

émettre un jugement sur les propos ou la situation du patient. Ceci rejoint la notion de

respect de la personne soignée, pour ne pas créer de rupture dans la relation de confiance

avec le patient.

Enfin le dernier élément à développer est celui de la congruence ou de l’authenticité

soignante. L’infirmier doit être naturel dans ses échanges pour que le patient se sente

écouté et compris. Il faut néanmoins être vigilant dans les propos alarmant qui pourraient

être transmis au patient, au risque de majorer l’angoisse de ce dernier.

L’infirmier qui entretient une relation d’aide avec la personne soignée, quel que soit le

contexte, est amené à agir sur les affects, les émotions, et les ressentis de celle-ci en

utilisant tous les outils relationnels à sa disposition. Cela présuppose une connaissance de

soi en tant qu’infirmier, pour ne pas s’identifier au patient et reconnaitre les situations à

risques pour mieux s’y préparer. En évoquant les situations relationnelles dans un contexte

d’urgence, le premier infirmier rencontré33 indique qu’il « faut aussi connaitre, enfin se

connaitre et en fait on fait un travail sur soi-même ». Il y a donc un apprentissage qui

commence par des formations spécifiques comme l’attestation de formation aux gestes et

33Annexe 2 : voir propos IDE 1 page IX.

Page 29: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

29

soins d’urgence34 ou des mises en situations simulées sur des mannequins interactifs. Cet

apprentissage se poursuit grâce aux expériences et aux savoirs acquis en situations réelles,

permettant ainsi d’acquérir de la confiance en soi. Pour compléter ces propos, une autre

infirmière35 déclare que le professionnel de santé doit avoir « un peu de confiance, mais un

peu aussi de doute parce que chaque situation est différente, chaque patient est différent.

Et puis c’est ce qui te permet de te remettre en question tout le temps aussi ». Il faut savoir

se remettre en question pour progresser et améliorer ses aptitudes relationnelles verbales ou

non verbales pour pouvoir s’adapter à chaque patient.

3) La relation soignant-soigné en situations d’urgences

Dans les soins d’urgence, l’application des outils spécifiques aux soins relationnels peut

s’effectuer dès que la relation soignant-soigné est établie. Les soins relationnels permettent

de créer un climat de confiance entre les soignants et la personne soignée.

Il faut savoir qu’une situation d’urgence génère de l’anxiété et du stress chez les patients

mais aussi chez les soignants. Comme il est écrit dans le livre d’Allin-Pfister (2008), « rien

n’est plus contagieux que l’anxiété ». Le soignant se doit donc de canaliser son stress36

pour ne pas le communiquer au patient. Si ce dernier a confiance dans les soignants, le

facteur d’anxiété induit par la situation d’urgence peut être réduit.

La relation soignant-soigné influence nettement le vécu et le ressenti du patient en

situations d’urgences. La prise en charge émotionnelle du patient passe par un travail de

l’infirmier sur lui-même à travers la gestion de ses propres émotions, mais il y a également

l’impact de la relation de confiance qui permet de diminuer le stress généré par le patient

en situations d’urgences.

Afin de réduire au maximum le stress et l’anxiété d’un patient dans un contexte d’urgence,

certains moyens de secours comme les sapeurs-pompiers ont fait le choix de mettre en

place un interlocuteur unique auprès d’une victime. C’est ce secouriste qui va établir la

relation de confiance et retenir toute l’attention du patient pour « réduire les réactions de

stress et les anticipations anxieuses » comme le retranscrivent les psychologues Goujard et

34Attestation de formation aux gestes et soins d'urgence : AFGSU. 35Annexe 3 : voir propos IDE 2 page XIV. 36Voir « vécu de l’urgence par l’infirmier » page 15.

Page 30: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

30

De Soir (2014). Une infirmière37 confirme d’ailleurs ce point de vue-là concernant un

interlocuteur privilégié en situations d’urgences : « qu’ils aient un repère relationnel

important. Ça peut se faire que ça ne soit pas moi, ça peut se faire que ça soit le

médecin ».

Le mode de communication se rapproche des techniques de soins complémentaires telles

que l’hypnose38 quand il est demandé à la victime de porter toute son attention sur le

soignant, en interférant ainsi dans la perception de la douleur ou de l’environnement

anxiogène. En focalisant la victime sur un point, cela permet « d’éviter une exposition aux

images violentes et stressantes » mais cela diminue également le ressenti de l’agitation et

des bruits environnants qui sont des facteurs de stress. C’est un état de détente qui est

favorisé par des techniques de défocalisations sensorielles. Tout ce processus a un impact

sur l’état de santé de la victime avec « une diminution et surtout une stabilisation du

rythme cardiaque, de la pression artérielle, et du rythme respiratoire » comme le décrivent

les spécialistes. A plus long terme, le risque de troubles post-traumatiques du patient est

également réduit.

37Annexe 5 : voir propos IDE 4 page XXII. 38Voir « communication verbale » page 20.

Page 31: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

31

Problématisation et question de recherche

En reprenant ma question de départ sur l’influence des soins relationnels dans la relation

soignant-soigné avec les patients en situations d’urgences, j’ai tout d’abord axé mon

développement sur ce qui relève de l’urgence et les déclinaisons qui en sont faites. Il est

également notion du rôle infirmier dans ces situations, dans quel cadre juridique et

institutionnel celui-ci est amené à intervenir le plus souvent dans le domaine de l’urgence.

J’ai d’ailleurs effectué beaucoup de liens avec mes expériences de stages aux urgences ou

chez les pompiers, tout en complétant mes connaissances théoriques à travers différentes

lectures. J’ai également évoqué le vécu de l’infirmier tout au long de ces prises en charges

qui génèrent du stress et de lourdes responsabilités.

C’est dans un deuxième temps que j’ai développé les soins relationnels qui insistent sur la

prise en compte de la personne d’un point vu relationnel et psychique. J’ai ensuite abordé

les modes de la communication verbale et non verbale, pour finir sur l’utilisation et

l’impact d’une relation de contact avec le patient grâce au toucher dans la relation et dans

les soins.

J’ai développé en troisième partie la relation soignant-soigné dans un contexte d’urgence,

en m’attardant sur l’intérêt de la relation de confiance et ses attributs. J’ai ensuite

développé la relation d’aide et l’engagement du soignant qu’elle implique pendant la

relation avec le patient.

En confrontant les données théoriques des différents articles et auteurs de références avec

le résultat de mes entretiens infirmiers, l’élément essentiel qui est ressorti de cette analyse

de données démontre que la relation avec le patient est indissociable des soins infirmiers

même en situations d’urgences où la prise en soins « techniques » pourrait sembler

prioritaire.

Tout au long de ma problématisation, je me suis aperçu que je ne pouvais pas évoquer la

dimension relationnelle en contexte d’urgence sans parler du stress que ces situations

génèrent chez le patient. Le phénomène de stress semble présent chez tous les patients pris

en charge dans un contexte d’urgence. Celui-ci est influencé par l’incertitude des

diagnostics, le nombre élevé des examens et l’agitation permanente. L’un des objectifs clés

de la relation soignant-soigné en situations d’urgences est d’aider le patient à canaliser voir

diminuer cet état de stress.

Page 32: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

32

Il est cependant difficile pour l’infirmier d’évaluer l’efficacité et la qualité des soins

relationnels prodigués auprès du patient. Dans un contexte d’urgence, le nombre de

soignants évolue rapidement avec un changement régulier d’interlocuteurs de soins

(infirmiers, aides-soignants, médecins ou étudiants) mais également de lieux (service

d’accueil des urgences, service d’imagerie ou encore bloc opératoire). Il n’y a donc pas de

référent de soins. Il se crée ainsi plusieurs relations entre les soignants et la personne

soigné, mais il n’y a pas une véritable relation de confiance qui s’installe. On pourrait

évoquer un certain climat de confiance que le patient accorde à l’instance médicale. Encore

faut-il se demander si le contexte hospitalier ne majore pas l’angoisse du patient ? Il est

demandé à ce que le patient soit pris en compte comme une personne, mais n’est-il pas

considéré comme un objet de soin quand les situations et les patients se succèdent dans les

différents services ? Comment le patient ressent-il ces prises en charge ? Quels impacts ont

ces situations sur l’état émotionnel du patient ?

Ce cheminement conduit à ma question de recherche qui est la suivante :

En quoi la multiplicité des interlocuteurs soignants peut majorer l’état de stress vécu

par le patient en situations d’urgences ?

Page 33: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

33

Conclusion

Les soins relationnels peuvent s’appliquer dans les soins infirmiers dispensés dans

n’importe quel service ou lieu d’exercice de l’infirmier. L’aspect critique et le temps qui est

compté dans les situations d’urgences n’excluent pas l’utilisation des outils relationnels à

travers les différents modes de communications et de relations. Tout acte de soin implique

une relation soignant-soigné avec plus ou moins l’établissement d’une relation de

confiance selon la personne et son état de santé.

Les services d’urgences ou de soins critiques tels que la réanimation connotent une part

très « technique » dans la réalisation des tâches infirmières, mais la dimension relationnelle

est tout aussi essentielle comme le mettent en avant les différents professionnels de santé

interrogés. Cette dernière à un retentissement sur l’état de santé du patient à travers une

modification des constantes hémodynamiques comme la diminution du pouls ou de la

tension artérielle chez un patient en état de stress. Sans échange avec la patient, il n’y a pas

non plus de relation de confiance et donc de coopération dans les soins. Les soins

techniques et relationnels sont complémentaires, et chaque professionnel doit pouvoir

concilier les deux.

Cependant, la combinaison de ces deux compétences nécessite que le soignant acquiert une

certaine confiance en lui selon les expériences rencontrées, dans les différents savoirs

assimilés mais également le savoir-faire à travers la réalisation de soins techniques. Autant

ces derniers sont transposables et applicables à tous les patients ; alors que chaque situation

relationnelle est unique. Il n’y a pas de discours pré-établi ce qui incite l’infirmier à

travailler son attitude et à se remettre en permanence en question.

Ce travail de recherche m’a permis de réfléchir sur mes aptitudes relationnelles en

situations professionnelles. J’accorde dorénavant une plus grande importance à la

dimension relationnelle dans les soins que je réalise, mais également dans les mots que

j’emploie et le sens de mes phrases afin de modérer l’impact de mon discours auprès du

patient. C’est encore pour moi un exercice difficile, d’autant plus que je ne prétends pas

avoir l’expérience requise permettant d’affirmer que je suis « à l’aise » dans la réalisation

de mes soins après seulement trois ans d’études. J’ai également mis en évidence l’intérêt

d’un interlocuteur unique comme référent dans la relation avec le patient en situations

d’urgences.

Page 34: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

34

Ressources et références bibliographiques

OUVRAGES :

- Allin-Pfister, A-C. (dir.). (2008). Situations d’urgence. Paris, France :

Lamarre.

- Bioy, A., Bourgeois, F. et Nègre, I. (2013). La communication entre

soignant et soigné. Paris, France : Bréal.

- Dictionnaire Hachette encyclopédique grand format. (2001). Paris, France :

Hachette.

- Hall, E. T. (1971). La dimension cachée. Paris, France : Seuil.

- Lazarus, R.S. et Folkman, S. (1984). Stress, Appraisal, and Coping. New

York, NY : Springer Publishing Company.

- Magnon, R., Déchanoz, G. et Lepesqueux, M. (dir.). (2000). Dictionnaire

des soins infirmiers. Lyon, France : Amiec Recherche.

- Mangematin, V. (2012). Confiance. Dans Formarier, M. et Jovic, L. (dir.),

Les concepts en sciences infirmières (p. 61-64). Lyon, France : Mallet Conseil.

- Manoukian, A. et Massebeuf, A. (2008). La relation soignant-soigné. Rueil-

Malmaison, France : Lamarre.

- Molière, M. (2012). Aide (relation d’). Dans Formarier, M. et Jovic, L.

(dir.), Les concepts en sciences infirmières (p. 61-64). Lyon, France : Mallet

Conseil.

- Montagu, A. (1979). La peau et le toucher, un premier langage. Paris,

France : Seuil.

- Morfaux, L.-M. et Lefranc, J. (2011). Nouveau vocabulaire de la

philosophie et des sciences humaines. Paris, France : Armand Colin.

- Mucchieli, R. (2013). L’entretien de face à face dans la relation d’aide.

Paris, France : ESF Editeur.

- Perlemuter, G., Perlemuter, L., Pitard, L. et Quevauvilliers, J. (dir.) (2010).

Cahiers des sciences infirmières : soins de confort et de bien-être, soins

relationnels, soins palliatifs et de fin de vie. Issy-les-Moulineaux, France : Elsevier

Masson.

Page 35: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

35

- Valette, P. (2013). Ethique de l’urgence, urgence de l’éthique. Paris, France :

Presses Universitaires de France.

- Van der Bruggen, H. (1977). Ce malade qui existe. Paris, France : Le

Centurion.

DOCUMENTATION :

- Bigoni, C. et Marchand, P. (2012, juin). Le soin relationnel, un modèle à

questionner. Soins, 766, 16-19.

- Carillo, C. (2011, janvier-février). Le stress au travail, définition et enjeux.

Soins, 752, 63-64.

- Colmont, D. (2013, juillet-septembre). La relation soignant-soigné : un

ensemble de forces en présence. Interbloc, XXXII(3), 170-173.

- Goujard, S. et de Soir, E. (2014, septembre-octobre). Victimes incarcérées

ou traumatisées, comment améliorer la pratique du secours ?. Secouriste magazine,

22, 48-50.

- Grosclaude, M. (2007, avril). Coma et réanimation, pour une prise en charge

de qualité. Soins, 714, 41-42.

- Lisiecki, C. et Verhoest, E. (2009, juin). Les soins relationnels en unité de

soins intensifs neurovasculaires. La revue de l’infirmière, 151, 23

- Vigneron, D. (2014, septembre). Formation hypnose en situations

d’urgences. Formation à « l’hypnose appliquée en situations d’urgences », Nantes,

France.

TEXTES OFFICIELS :

- Article R4311-7 du Code de la Santé Publique : consultable sur

http://www.legifrance.gouv.fr

- Article R4311-10 du Code de la Santé Publique : consultable sur

http://www.legifrance.gouv.fr

- Article R4311-14 du Code de la Santé Publique : consultable sur

http://www.legifrance.gouv.fr

- Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier.

Page 36: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

36

SITE INERNET :

- G. B., Annelise (2008, mise à jour 9 janvier). Shannon - Wiener - Weaver : modèle

de la communication. Récupéré le 17 avril 2015 du site Le monde de Nalya :

http://nalya.canalblog.com/archives/2008/01/09/7499662.html

OUVRAGES NON PUBLIES :

- Formateurs IFSI (juin 2014). Cours de soins d’urgence (UE 4.3.S4), L’accueil aux

urgences.

- Formateurs IFSI (février 2013). Cours de soins relationnels (UE 4.2.S2), Les

concepts fondateurs de la relation dans un contexte de soins.

- Penverne, F. (décembre 2014). Cours de pharmacologie et thérapeutiques (UE

2.11.S5), Moyens antalgiques non-médicamenteux.

Page 37: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

37

Glossaire

AFGSU : Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgences

AR : Ambulance de Réanimation

AVC : Accident Vasculaire Cérébrale

BSPP : Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris

ISPV : Infirmier Sapeur-Pompier Volontaire

SAMU : Service d’Aide Médicale Urgente

SAUV : Salle d’Accueil des Urgences Vitales

SMUR : Service Mobile d’Urgence et de Réanimation

SSSM : Service de Santé et de Secours Médicaux

VLI : Véhicule Léger Infirmier

Page 38: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

38

Annexes

Annexe I : Grille d’entretien page I

Annexe II : Entretien n°1 page V

Annexe III : Entretien n°2 page XI

Annexe IV : Entretien n°3 page XVI

Annexe V : Entretien n°4 page XX

Annexe VI : Grille d’analyse des entretiens page XXV

Page 39: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Annexe I : Grille d’entretien

La construction de la grille d’entretien s’est déroulée en plusieurs étapes. J’ai commencé dans

un premier temps par lister les questions qui me traversaient l’esprit, en lien avec le sujet de

mon mémoire. Rapidement j’ai décidé de classer ces questions par thème et je me suis

retrouvé avec cinq grands thèmes de départ : l’urgence, la communication à travers les soins

relationnels, les émotions du patient, le stress chez le soignant et le travail d’équipe.

Après une guidance individuelle en lien avec la construction de cette grille d’entretien, ma

référente de suivi mémoire m’a mise en garde sur les limites de mon sujet. En reprenant ma

question de départ, je ne retrouvais pas la relation soignant-soigné que j’avais inclue dans ma

grille initiale comme un sous-thème des émotions vécues par le patient. De même que

j’abordais la notion de stress chez le soignant et de travail d’équipe alors que ces éléments

n’étaient pas en lien direct avec le sujet de mon travail de recherche sur les soins relationnels

dans la relation soignant-soigné en situation d’urgence.

Après quelques modification et des échanges avec ma référente de suivi mémoire, ma grille

d’entretien a été validé sur le postulat de trois thèmes clés présents dans mon sujet de

recherche de compréhension : l’urgence, les soins relationnels et la relation soignant-soigné.

Rappel de la question de départ :

En quoi les soins relationnels dans la relation soignant-soigné peuvent influencer la

prise en soins en situation d’urgence ?

I

Page 40: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

TH

EM

ES

S

OU

S-

TH

EM

ES

Q

UE

ST

ION

PO

SE

E

QU

ES

TIO

N D

E R

EL

AN

CE

E

LE

ME

NT

S R

EC

HE

RC

HE

S

L’u

rgen

ce

Exp

érie

nce

de

l’ur

genc

e

Dep

uis

co

mb

ien

d

e te

mp

s

exer

cez-

vo

us

le

mét

ier

d’i

nfi

rmie

r d

an

s u

n c

on

tex

te

d’u

rgen

ce ?

Qu’

est-

ce q

u’un

e si

tuat

ion

d’ur

genc

e po

ur v

ous

? E

tais

-ce

un c

hoix

per

sonn

el d

e li

eu

d’ex

erci

ce ?

Q

uell

es e

xpér

ienc

es d

e l’

urge

nce

avie

z -vo

us p

récé

dem

men

t ?

Dan

s qu

els

serv

ices

trav

aill

iez-

vous

av

ant ?

Rep

rése

ntat

ion

de l’

urge

nce.

P

opul

atio

n ci

ble

: exp

érie

nce.

E

xpér

ienc

es d

e l’

urge

nce.

E

xpér

ienc

es a

ntér

ieur

es.

Véc

u de

l’

urge

nce

Dep

uis

q

ue

vo

us

av

ez

com

men

cez,

co

mm

ent

vo

us

sen

tes-

vo

us

sur

la

pri

se

en

cha

rge

plu

tôt

« t

ech

niq

ue

»

d’u

ne

situ

ati

on

d

’urg

ence

?

Po

urq

uo

i ?

Qu’

est-

ce q

ue la

pri

se e

n ch

arge

«

tech

niqu

e »

pour

vou

s ?

Qu’

est-

ce q

ue la

pri

se e

n ch

arge

dit

e «

tech

niqu

e »

dans

un

cont

exte

d’

urge

nce

impl

ique

pou

r vo

us ?

Per

cept

ion

des

aspe

cts

tech

niqu

e da

ns

une

situ

atio

n de

soi

ns d

’urg

ence

.

Véc

u de

l’

urge

nce

Dep

uis

q

ue

vo

us

av

ez

com

men

cez,

co

mm

ent

qu

ali

fier

iez-

vo

us

la

« d

imen

sio

n

rela

tio

nn

elle

»

qu

e v

ou

s en

tret

enez

a

vec

le

pa

tien

t en

si

tua

tio

n

d’u

rgen

ce ?

Po

urq

uo

i ?

Qu’

est-

ce q

ue la

« d

imen

sion

re

lati

onne

lle

» po

ur v

ous

en s

itua

tion

d’

urge

nce

? C

omm

ent l

a m

ette

z-vo

us e

n pl

ace

avec

le p

atie

nt ?

Per

cept

ion

des

aspe

cts

rela

tion

nels

da

ns u

ne s

itua

tion

de

soin

s d’

urge

nce.

R

epré

sent

atio

n de

s so

ins

rela

tion

nels

en

sit

uati

on d

’urg

ence

.

La

prat

ique

et

ress

enti

en

situ

atio

n d’

urge

nce

Ex

iste

-t-i

l se

lon

vo

us

un

lie

n

entr

e ce

s 2

élé

men

ts ?

La

pris

e en

cha

rge

tech

niqu

e d’

une

situ

atio

n d’

urge

nce

infl

uenc

e -t-

elle

la

rela

tion

soi

gnan

t-so

igné

, et

inve

rsem

ent ?

Per

cept

ion

et r

esse

nti d

e la

pri

se e

n so

ins

glob

ale

des

pati

ents

en

situ

atio

n d’

urge

nce.

Page 41: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

La

com

mun

icat

ion

à tr

aver

s le

s so

ins

rela

tion

nels

Rep

rése

ntat

ion

prof

essi

onne

l

Qu

’est

-ce

qu

e le

s so

ins

rela

tio

nn

els

rep

rése

nte

nt

po

ur

vo

us

?

Si j

e vo

us d

is q

ue s

elon

J. S

alom

é (p

sych

osoc

iolo

gue

fran

çais

), le

s so

ins

rela

tion

nels

son

t «

l’en

sem

ble

des

atti

tude

s, d

es c

ompo

rtem

ents

sp

écif

ique

s et

vol

onta

rist

es, d

es a

ctes

, de

s pa

role

s ta

nt r

éali

stes

que

sy

mbo

liqu

es q

ui s

ont p

ropo

sés

par

un

soig

nant

, un

acco

mpa

gnan

t, à

une

pers

onne

en

diff

icul

té d

e sa

nté

»,

qu’e

st-c

e qu

e ce

la v

ous

évoq

ue ?

Rep

rése

ntat

ions

pro

fess

ionn

els.

C

onna

issa

nces

sur

les

soin

s re

lati

onne

ls.

Rep

rése

ntat

ion

des

« ou

tils

» u

tile

s au

x so

ins

rela

tion

nels

. (c

omm

unic

atio

n ve

rbal

e, p

ara-

verb

ale,

le

touc

her,

méd

iati

on, n

égoc

iati

on…

)

App

lica

tion

s de

s so

ins

rela

tion

nels

Co

mm

ent

ap

pli

qu

ez-v

ou

s le

s

soin

s re

lati

on

nel

s en

situ

ati

on

d’u

rgen

ce ?

Que

ls o

util

s de

s so

ins

rela

tion

nels

ut

ilis

ez-v

ous

?

Com

men

t-ut

ilis

ez-v

ous

les

soin

s re

lati

onne

ls e

n si

tuat

ion

d’ur

genc

e ?

Com

men

t se

déro

ule

votr

e re

lati

on

avec

le p

atie

nt e

n co

ntex

te d

’urg

ence

?

Pra

tiqu

es p

rofe

ssio

nnel

les.

A

ppro

che

prat

ique

des

soi

ns

rela

tion

nels

. A

ppli

cati

on d

es «

out

ils

» re

lati

onne

ls.

Mét

hode

s de

com

mun

icat

ion

et

d’en

trée

en

rela

tion

ave

c le

pat

ient

. A

ppro

che

rela

tion

nel d

u so

igna

nt.

Pla

ce d

es s

oins

re

lati

onne

ls

Est

-un

él

émen

t es

sen

tiel

da

ns

la

pri

se

en

cha

rge

glo

ba

l d

u

pa

tien

t en

situ

ati

on

d

’urg

ence

?

Po

urq

uo

i ?

Les

soi

ns r

elat

ionn

els

amél

iore

nt-i

ls

votr

e pr

ise

en s

oins

glo

bale

en

situ

atio

n d’

urge

nce

?

Inté

rêts

des

soi

ns r

elat

ionn

els

en

situ

atio

n d’

urge

nce.

In

flue

nce

des

soin

s re

lati

onne

ls s

ur la

pr

ise

en s

oin

en u

rgen

ce.

Rel

atio

n so

igna

nt-s

oign

é

Rep

rése

ntat

ion

de la

rel

atio

n so

igna

nt-s

oign

é

Qu

e re

pré

sen

te p

ou

r v

ou

s la

rela

tio

n s

oig

na

nt -

soig

av

ec

le

pa

tien

t d

an

s u

n

con

tex

te

de

pri

se

en

cha

rge

en

urg

ence

?

Qu’

est-

ce q

ue s

ont p

our

vous

les

soin

s re

lati

onne

ls ?

L

a re

lati

on s

oign

ant-

soig

né e

st-e

lle

prim

ordi

ale

en s

itua

tion

d’u

rgen

ce ?

Rel

atio

n so

igna

nt-s

oign

é.

Con

cept

de

soin

s re

lati

onne

ls.

Rep

rése

ntat

ions

pro

fess

ionn

elle

s.

Inté

rêt d

e la

rel

atio

n so

igna

nt-s

oign

é.

Inst

aura

tion

d’u

ne r

elat

ion

de

conf

ianc

e.

Pri

se e

n ch

arge

des

réa

ctio

ns e

t ém

otio

ns d

u pa

tien

t.

Page 42: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

La

rela

tion

de

conf

ianc

e

Co

mm

ent

inst

au

rez-

vo

us

un

e re

lati

on

d

e co

nfi

an

ce

av

ec

le

pa

tien

t en

si

tua

tio

n

d’u

rgen

ce ?

Qu’

est-

ce q

ue p

our

vous

la r

elat

ion

de

conf

ianc

e ?

Que

ls m

ots

util

isés

vou

s po

ur e

ntre

r en

rel

atio

n av

ec le

pat

ient

?

Déc

rive

z-vo

us to

ute

la p

rise

en

char

ge

pour

met

tre

le p

atie

nt e

n co

nfia

nce

?

Moy

ens

util

isés

pou

r ét

abli

r un

e re

lati

on d

e co

nfia

nce.

M

ots

util

isés

dan

s la

rel

atio

n av

ec le

pa

tien

t. C

e qu

e l’

on p

eut/

ce q

u’il

fau

t dir

e ou

no

n di

re o

u no

n au

pat

ient

, en

situ

atio

n d’

urge

nce.

Impa

ct d

e la

re

lati

on s

oign

ant-

soig

Qu

’est

-ce

qu

e la

rel

ati

on

de

con

fia

nce

a

vec

le

p

ati

ent

imp

liq

ue

po

ur

vo

us

en

con

tex

te d

’urg

ence

?

Que

ls s

ont l

es p

ré-r

equi

s à

l’ét

abli

ssem

ent d

e la

rel

atio

n de

co

nfia

nce

avec

le p

atie

nt e

n si

tuat

ion

d’ur

genc

e ?

Que

ls é

lém

ents

pre

nez-

vous

en

com

pte

pour

éta

blir

une

rel

atio

n de

co

nfia

nce

avec

le p

atie

nt e

n si

tuat

ion

d’ur

genc

e ?

Con

fian

ce e

n so

i. M

aitr

ise

de s

oi, b

ien

se c

onna

ître

. C

onna

ître

ses

lim

ites

. N

otio

n de

fee

d-ba

ck d

ans

la

com

mun

icat

ion.

App

lica

tion

de

la

rela

tion

soi

gnan

t-so

igné

Qu

elle

p

lace

p

ren

d

la

rela

tio

n

soig

na

nt -

soig

da

ns

la p

rise

en

so

in g

lob

al

du

p

ati

ent

en

situ

ati

on

d’u

rgen

ce ?

Com

men

t qua

lifi

ez-v

ous

votr

e pr

ise

en s

oins

rel

atio

nnel

s da

ns le

s di

ffér

ents

con

text

es

d’ur

genc

e re

ncon

trés

?

La

rela

tion

soi

gnan

t-so

igné

am

élio

re-

t-el

le v

otre

pri

se e

n so

ins

d’un

pat

ient

en

sit

uati

on d

’urg

ence

?

Rep

rése

ntat

ions

pro

fess

ionn

elle

s.

Pla

ce d

es s

oins

rel

atio

nnel

s en

sit

uati

on

d’ur

genc

e pa

r ra

ppor

t aux

act

es

tech

niqu

es in

firm

iers

. A

ppli

cati

on d

es s

oins

rel

atio

nnel

s po

ur

faci

lite

r la

pri

se e

n so

ins

plut

ôt

« te

chni

que

».

Inté

rêts

de

la r

elat

ion

soig

nant

-soi

gné.

Page 43: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Annexe II : Entretien n°1

Ø Réalisé le 13 mars 2015.

Moi : Alors du coup comme je disais le thème c’est « En quoi les soins relationnels dans la relation soignant-soigné peuvent influencer la prise en soins en situation d’urgence ? ». Donc par situation d’urgence j’entendais aussi bien en extra-hospitalier qu’en intra-hospitalier. Voilà, il y a plusieurs degrés d’urgence forcément : urgence vitale absolue, le patient en arrêt cardiaque (rires)… les soins relationnels il n’y en a pas ! Enfin, pour moi il n’y en a pas ! IDE 1 : Oui c’est clair ! Moi : Mais euh… Voilà après selon le mode de prise en charge, les insuffisances respiratoires… Donc premier thème c’était sur l’urgence avec la première question déjà juste pour te présenter : Depuis combien de temps exerces-tu le métier d’infirmier dans un contexte d’urgence ? IDE 1 : Moi j’ai commencé à partir de fin 2007. Donc là ça va faire 8 ans quoi. Moi : D’accord. Dans quel milieu du coup ?

IDE 1 : Moi j’ai exercé essentiellement chez les pompiers de Paris en fait sur l’ambulance de réanimation, c’est l’équivalent du SMUR en fait. Et après, ça va faire 6 ans que je pratique aussi la paramédicalisation. J’ai fait 1 an en VLI sur le département des Yvelines et là ça fait 5 ans que je suis en VLI sur la Loire-Atlantique.

Moi : D’accord. Et le choix de travailler aux urgences, enfin dans le domaine de l’urgence, c’était personnel ou parce que tu es arrivé là… ?

IDE 1 : En fait c’est parce que j’ai fait ma spécialisation d’infirmier chez les pompiers de Paris, que je suis resté dans le domaine de l’urgence, avec d’autres missions que chez les pompiers de Paris mais… l’expérience je l’ai acquise à Paris sur l’ambulance de réanimation. En fait c’était une logique de continuer à collaborer avec les pompiers et puis aller au-delà des activités pompier en fait. Donc du coup bah une équipe constituée avec médecin, infirmier, et conducteur. Et voilà.

Moi : D’accord. Et du coup par rapport au vécu de l’urgence, comment te sens-tu en situation d’urgence par rapport aux gestes que tu peux effectuer ?

IDE 1 : Euh, sans prétention : à l’aise. Je dirais grâce au vécu que j’ai acquis, parce qu’il y a une formation à la base et ça fait quand même 16 ans que je suis dans le domaine de l’urgence. J’ai fait d’abord presque 7 ans de pompier et après 7 ans d’ambulance de réanimation, ce qui fait que… On va dire que j’ai plus un regard expert. C'est-à-dire que quand j’arrive sur une situation d’urgence, il y a des choses que j’ai déjà vécues, donc j’arrive à analyser plus facilement les choses et donc après à me positionner pour collaborer avec les autres personnes.

Moi : D’accord. Toujours dans le vécu de l’urgence, donc là c’était plus par rapport à la prise en charge en situation d’urgence ; par rapport au relationnel que tu peux avoir avec le patient ou la personne qui est victime… voilà qui est en situation d’urgence, comment toi t’appréhendes cette situation-là ?

IDE 1 : En fait, tant que tu n’as pas approché le patient… tu as toujours, dans l’ordre chronologique, quand tu arrives sur une intervention d’urgence, tu as un peu comme un tableau que tu vois… euh, tu vois une voiture à l’envers, tu vois éventuellement ben le temps qui peut se défaire. Mais après, quand tu ouvres une porte en fait tu vois la scène et parfois tu vois le patient. Donc bien souvent avec l’expérience, tu vois tout de suite aussi si c’est un état critique, ou si le patient est très mal ou pas. Donc ça c’est grâce à l’expérience. Après, l’approche elle se fait sur la prise de renseignements, et puis comment dire… ? Mais tout ça, ça se fait grâce à… à tout ce que j’ai acquis hein. Donc il y a une facilité d’approche dans la communication, la recherche d’information, de la pathologie et puis les antécédents de santé. En fait, il y a un schéma type si tu veux dans la recherche d’informations que tu as à récolter avant. Avant vraiment d’être dans la technique. Parce que parfois, juste quand tu vois le tableau clinique du patient quand tu arrives et que tu sais que c’est grave… Donc du coup il est vrai que tu te dis qu’il va falloir lui poser une perfusion. Mais avant ça il faut bien avoir quelques informations. Avant

V

Page 44: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

de sortir la perfusion et de faire les gestes. Parce que ça c’est une chose que tu maitrises mais il faut bien tous les renseignements, enfin collecter les renseignements avant de pouvoir s’engager dans un soin technique.

Moi : Donc là du coup tu viens de répondre un peu à ma dernière question. Donc pour toi les deux sont vraiment indissociables l’un de l’autre dans une situation d’urgence ?

IDE 1 : Ils sont indissociables et en fait ils sont complémentaires. C’est que dans une situation d’urgence, si tu n’as pas recueilli les données, euh voilà : il ne faut pas se jeter sur une perf’ ! Mais le côté pervers de l’infirmier, c’est qu’on est rassuré quand on a posé la perfusion.

(Rires)

C’est qu’en fait des fois on se dit « il me faut la perfusion » alors qu’en fait… Parce qu’on va pouvoir administrer les drogues. En fait on se sent un bon infirmier quand on a posé la perf’ alors que bien souvent il y a des choses à faire avant de poser la perf’. Et après, on n’est pas à l’abri de rater ! Quand t’es en équipe médicale constituée, ben t’es content parce que tu as le médecin qui va venir éventuellement t’aider à poser la perf’. Mais quand tu es en paramédical, notamment comme en Loire-Atlantique.

Moi : Oui.

IDE 1 : Ben (rires) si tu n’arrives pas à poser la perf’, t’es en difficulté. Après il y a l’alternative de l’intra-rectal ? Et aussi on a des médicaments antalgiques en per os. Parce qu’on a à la fois le doliprane® en per os, le Paralyoc® là.

Moi : Oui

IDE 1 : Et on a aussi le… l’Oramorph® Donc du coup c’est un médicament en fait si tu n’arrives pas à perfuser, si tu n’es pas bon ce jour-là, tu peux te dire que tu peux le faire par la bouche. Donc c’est rassurant, mais il faut être à l’aise justement sur tout. Donc du coup c’est sûr que d’avoir une perf’ c’est le plus, c’est le must, mais on peut se débrouiller sans en fait. Mais c’est parfois… Voilà, pour l’infirmier c’est presque frustrant de rater une perf’ (rires). Mais ça l’est je pense !

Moi : Oui j’imagine. D’accord. C’était vraiment les questions, le premier thème sur l’urgence. Je vais aborder par rapport à la communication à travers les soins relationnels. Donc pour toi qu’est-ce que ça représente déjà les soins relationnels ? Quelle approche t’en fais ? Est-ce que tu mets des mots derrière ? Des… ?

IDE 1 : Ah. Il y a plusieurs choses en fait qu’on peut mettre sur le relationnel. Il y a à la fois les mots qu’on va trouver pour rassurer, pour essayer de chercher quel est le problème de santé mais il y a aussi des choses qui sont… Alors moi je le fais de manière un peu automatisée parce que c’est propre à ma personne, c’est juste des fois tu tiens la main, des fois tu… voilà tu te rapproches, tu rassures en trouvant les mots mais au moment venu quoi. Tu ne peux pas avoir un discours pré-établi quoi. Parce qu’il n’y a pas une personne qui va réagir pareil. Dans les gens qui sont très stressés, très angoissés, ben va falloir trouver les mots un peu habiles pour dédramatiser certaines choses, certaines situations dites urgentes. Mais après voilà, il y a des gens pour qui c’est très urgent, d’autre ça l’est moins alors que c’est peut-être plus grave selon les situations quoi.

Moi : Donc du coup, pour continuer un petit peu dans la suite, donc ma question suivante c’était « Comment appliquez-vous les soins infirmiers dans les situations d’urgences ? » donc là, tu parlais de toucher, de rassurer.

IDE 1 : Ouais.

Moi : Vraiment, peut-on prendre la main ? Pour toi, initialement c’est vraiment quelque chose de…

IDE 1 : C’est complémentaire.

Moi : C’est complémentaire ?

VI

Page 45: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

IDE 1 : C’est, on est sur… Finalement, il n’y a pas un patient qui va être rassuré de la même manière. Ça c’est du vécu. Finalement, il faut exploiter tous les moyens de communication que l’on a et en fait qui plus est le toucher. Le toucher parce que… même on a selon le problème de santé, si on a de la traumatologie, il faut bien toucher au patient, ça peut le rassurer, mais nous aussi ça nous permet aussi d’avoir des indications fortes sur une douleur, sur quelque chose, un traumatisme, une lésion… Donc il y a un moment, il ne faut pas avoir peur de toucher. Et là en fait il faut dépasser le côté, la limite de la pudeur parce que tu vois l’exemple de tout à l’heure c’était une jeune fille de 15 ans. Faut palper, faut toucher… Mais par contre, on respecte ! J’ai toujours été très pointilleux sur ça. Sur le respect d’une distance. Quand tu touches un patient, voilà, il faut le faire avec tact. Il ne faut pas tomber dans le côté « je touche pour toucher ». C’est ça aussi. C’est ça aussi qui, qui plus est moi je suis un homme. Donc autant une infirmière on va percevoir les choses parce qu’on est dans la symbolique de la maman, le côté maternel, tu vois ?

Moi : Oui…

IDE 1 : Donc on est moins… Aujourd’hui, un homme qui est infirmier, qui touche un patient, on peut dire « il touche pour toucher » : non, non, non ! Je touche professionnellement. Mais après, justement il faut faire attention aux gestes qu’on fait. Parce que autrement… Il faut dépasser ce stade là aussi de tout ce que les gens peuvent percevoir en disant « oui ce qu’il fait c’est pas normal ». Non, non ! Mais j’ai tendance aussi, si je touche pour chercher une lésion ou un traumatisme, c’est… j’explique après, voilà. Ou avant. Mais j’ai besoin de justifier en fait. C’est ça : justifier les gestes. Après quand tu touches pour rassurer quelqu’un, c’est complémentaire à tes paroles. Je reviens à ce que je disais tout à l’heure. Il n’y a pas… ça va ensemble. Et après, il y a le problème de certains patients, où tu sens que tu n’as pas le feeling, ou des gens qui peuvent être désagréables ou autre, ben voilà, tu gardes une distance. Tu… Finalement, c’est adaptable à chacun, et finalement c’est plus un vécu ou un ressenti que tu vas avoir et… les gens qui sont dans la détresse, ben une petite accolade, tenir la main, un regard et en fait ça aide. C’est des atouts en fait. Mais il y a des moments, tu ne tombes pas tout ? Parce qu’il n’y a pas un patient qui est pareil.

Moi : Oui. Donc du coup ouais selon les patients, certains vont accepter d’être touchés, ceux qui n’acceptent pas tu vas vraiment rester dans l’échange verbal et… utiliser des mots en fait appropriés justement pour…

IDE 1 : Tout à fait

Moi : …établir la relation. Donc ça revient dans la question ben « que représente pour toi la relation soignant-soigné dans un contexte de prise en charge en urgence ? ». Outre les éléments des outils de communication comme le toucher… Qu’est-ce que pour toi, enfin… La relation soignant-soigné est-elle vraiment primordiale dans l’urgence, dans un premier temps ?

IDE 1 : Ouais, alors en fait, elle instaure un climat de confiance. Donc à partir du moment où tu instaures un climat de confiance, tu peux gagner finalement sur le côté rassurant, toi en fait en tant que soignant et du coup le patient il se retrouve rassuré donc euh…On peut apaiser des situations qui sont angoissantes juste par ça. Et le climat de confiance après ça te met en confiance après pour poser ta perfusion s’il le faut, ça rassure les gens donc ils vont TE faire confiance parce que tu as trouvé les mots. Voilà. Finalement, il y a un véritable échange qui se crée. Et après c’est vrai que la position de soignant c’est un atout : de dire « je suis infirmier, j’ai des médicaments, je peux vous aider… » tout ça. Mais c’est créer un climat de confiance, c’est ça hein.

Moi : Ouais. Tu dis que c’est un atout, mais est-ce que du coup ça ne peut pas être entre guillemets un « blocage » par rapport au fait qu’on est quand même limités dans certains soins, du fait qu’on n’ait pas forcément un médecin avec nous. Est-ce que du coup les gens attendent plus que tu ne peux faire de toi ou… ?

IDE 1 : Non. Alors ils attendent plus… Alors après c’est là qu’il faut être conscient de ses limites professionnelles. Si ça dépasse mon champ de compétences, c’est à moi d’argumenter auprès du médecin du SAMU pour dire « moi il me faut un médecin parce que voilà il faut plus que ce que je peux faire ». Maintenant, on est encore dans l’explication des choses en disant dans un premier temps on est un maillon intermédiaire qui est mis en place depuis peu de temps en France et j’espère qu’il va se développer. C’est entre le secouriste-pompier qui connait juste des positions d’attente et qui peut… voilà et le médecin. Nous on a vraiment un faire-

VII

Page 46: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

valoir de par l’expérience, qu’on a en tant qu’infirmier, le relationnel qu’on a toujours dans le champ de compétences de l’infirmier, et déjà, une fois qu’on a instauré le climat de confiance, qu’on a éventuellement administré la thérapeutique et tout, on a fait… On a bien dégrossi les choses pour le médecin. Les seules choses qui nous manquent dans le cadre de l’urgence, c’est ce qui manque au même médecin en pré-hospitalier. C’est un scanner, c’est une IRM, c’est tous les examens, c’est une bio pour faire un bilan complet… En fait c’est des choses qu’on ne peut pas faire. Mais même le médecin s’il est avec un moyen médicalisé sur place, il ne pourra pas faire. Après aujourd’hui ils essaient de mettre en place des échographes dans les moyens médicaux mais pfff… Moi je trouve qu’on perd du temps en fait. Si c’est pour déceler une hémorragie, il vaut mieux aller à l’hôpital tout de suite ! Donc finalement, la plus-value de l’infirmier sur la paramédicalisation, elle est réellement là. Et après il faut développer ces champs de compétences qui ne sont peut-être pas… qui mériteraient d’être finalement développés davantage dans l’avenir. C’est ça. C’est que déjà on se sert de notre expérience sur la paramédicalisation, donc après on a tous des profils différents mais moi j’arrive de l’urgence donc c’est quelque chose que pff, sans prétention, je suis à l’aise voilà. Jusqu’au jour où je me sentirai moins à l’aise, je pense que je remettrai… je déposerai le tablier mais pour l’instant non. Tant que je me fais plaisir, que j’ai toujours le relationnel qui est là… Et en fait déjà quand tu as gagné le relationnel, tu as soigné la personne déjà. C’est réellement ça hein. J’étais peut être à côté de la plaque là, non ? (rires)

Moi : Non, non, justement ça amène vraiment ça amène justement vraiment dans mon thème pour montrer que les soins infirmiers ont leur importance dans les situations d’urgences. Pour avoir vu des situations, parfois c’est vraiment le côté technique qui passe avant le soin relationnel avec le patient et du coup j’ai vu différentes pratiques professionnelles donc… Non, tu réponds tout à fait justement (rires) au thème. Donc par contre tu as anticipé un peu mes autres questions qui étaient « Comment instaurez-vous une relation de confiance avec le patient dans une situation d’urgence ? ». Donc déjà tu as parlé par rapport aux gestes que tu peux effectuer, même l’approche…

IDE 1 : Oui, oui l’approche, les gestes, même le toucher.

Moi : L’appréhension…

IDE 1 : Et les mots que tu trouves. Après on ne trouve pas toujours parce qu’on est en difficulté, on est face à des gens qui sont complètement réticents donc c’est toute la richesse de l’urgence ! Quand on est dans l’urgence, les gens sont agréables ou ils ne le sont pas. Parce qu’ils sont déjà en stress. Donc du coup il faut trouver la situation et des fois c’est juste le positionnement : s’asseoir à côté de la personne, c’est se mettre à la même hauteur que la personne. Donc du coup tu n’as pas de relation de dominant, de dominé. Et en fait t’es réellement dans l’instauration de confiance. C’est limite il faut qu’on croit que t’es le frangin, le… voilà. En gardant cette distance professionnelle mais on doit sentir, voilà qu’on peut te faire confiance, une confiance aveugle. Et si tu n’expliques pas ce que tu fais, bah les gens ils vont être méfiants voilà. Et aujourd’hui c’est ça hein, mais dans tout. En plus là on dépasse le cadre de l’urgence mais c’est comme quand tu achètes un produit : si on ne t’explique pas exactement ce qu’il y a dedans, machin, bah tu vas être déçu peut être du résultat. Si on t’explique bien les choses… Mais on explique bien les choses parce que aussi il y a un travail aussi que j’ai fait en amont. Parce que des connaissances, du relationnel que j’ai entretenu dans mon style hein, parce qu’il n’y en a peut-être pas un qui ferait…

Moi : Tout à fait.

IDE 1 : ...de l’urgence. Et après c’est comment dire ? Oui le style, un peu la patte du peintre (rires) qui personnalise un peu son travail et après on a pas du tout les mêmes approches. Moi je suis un pur produit d’urgence donc derrière, face à l’urgence, je me suis armé. Armé avec des fois des situations où j’étais parfois même aigri, quand tu commences à entrer en conflit avec la personne hein, ce n’est même plus la peine. Il faut sortir de la pièce pour que quelqu’un d’autre prenne le relais. Mais en fait, ces expériences-là me servent aujourd’hui. Parce que quand tu es infirmier de VLI, tu es tout seul. Je suis tout seul même s’il y a des secouristes autour de moi. Mais si je me retourne, derrière il n’y a plus personne. Egal en tout cas à mon niveau d’infirmier et il n’y a pas de médecin ! Donc ça veut dire que je dois y mettre les formes. Et en fait, c’est mon expérience qui me sert aussi.

VIII

Page 47: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Moi : Donc du coup, ça nécessite de bien se connaitre aussi personnellement, de connaitre ses limites…

IDE 1 : Ah oui ! Je suis d’accord avec toi de ce côté-là ! Il faut aussi connaitre, enfin SE connaitre et en fait on fait un travail sur soi-même hein. Mais c’est l’expérience qui te permet de dire « ça je me suis déjà fait grillé une fois, je ne vais pas me faire grillé deux fois parce que… » et puis après le jour, la nuit aussi. Tu ne réagis pas de la même manière hein ! Quand t’es pas réveillé (rires), c’est difficile.

Moi : D’accord. Bon bah voilà, du coup ça répond à l’essentiel de mes questions de mon questionnaire. Je me rends compte par rapport du coup à mes choix que la dernière question n’est pas du tout adaptée finalement…

IDE 1 : Ah ?

Moi : C’était « Quelle place prend la relation soignant-soigné dans la prise en soins globale du patient en situation d’urgence ? » et en fait c’était par rapport à une comparaison sur une échelle entre la dimension technique, dimension relationnelle… C’est pour situer laquelle est la plus importante en fait, selon toi dans la situation d’urgence. Donc après, par rapport à ton niveau de complémentarité, il n’y a pas de… juste milieux entre les deux et que les deux avancent ensembles et …

IDE 1 : Ben en fait il faut… Dans l’ordre c’est le relationnel et après la technique. Et en fait ça c’est ce qui fait que le relationnel si tu le mets en place, pff c’est tapis rouge quoi, voilà. Mais les gens, si tu instaures le climat de confiance, que tu leur explique ce qu’il se passe, après voilà on ne rentre pas trop dans les détails parce qu’après on se perd. Tu vas faire angoisser le patient. Mais c’est important de se connaitre, de connaitre les pathologies, de les maitriser. Parce que ça aussi : si tu ne sais pas ce que c’est la pathologie, voilà, sur un infarctus, quelqu’un qui fait un infarctus, je connais la physiopatho de ce que c’est et je suis capable d’expliquer ou voilà de faire un schéma tout ça voilà. Donc ça c’est des choses de bien connaitre les pathologies, ça rassure les gens parce que finalement tu leur expliques ce qu’il se passe, ce qu’on va faire ensemble et puis ce que va être le devenir. Donc, en fait, à partir du moment où tu connais bien tout ça, bah les gens ils te font confiance. Parce que tu maitrises ton sujet. Et ça les rassure, voilà. Donc du coup, il y a une relation relationnelle dans la chronologie à instaurer, et après passe la technique. Et en fait sans technique, comment dire ? Moi je parle avec l’expérience finalement. Au prime abord, c’est sûr j’étais plus rassuré de poser ma perf’ que d’instaurer un climat de relation. Mais après c’est quand tu maitrises aussi tout ça, tu te dis « non attend, j’ai le temps ». Parce que c’est ça aussi dans l’urgence, tu sais que tu as des gestes à faire rapidement. Donc il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Donc en fait, avec l’expérience, il y a un moment où tu te dis « bon j’ai 30 secondes, j’ai une minute », et ce temps-là, je peux communiquer.

Moi : Et est-ce que tu t’es rendu compte justement du coup qu’en instaurant le relationnel avant, finalement ta prise en charge derrière elle était beaucoup plus… Je ne sais pas si on peut dire plus efficace, mais que tu étais plus à l’aise et que le déroulement se faisait mieux selon toi…

IDE 1 : En fait je dirais que tu es moins stressé parce que du coup tu te donnes le temps. Donc tu fais moins les choses dans la précipitation, tu sais au fond de toi euh… Par exemple, la prise en charge d’une intervention ça va être de poser une perf’ pour pouvoir administrer un antalgique, mais tu te donnes du temps avant de te précipiter. Et donc du coup, sans… Parce que dans la chronologie, c’est que si tu te jettes sur la perfusion, à mettre un garrot sur un bras de quelqu’un qui n’est pas bien, il ne va rien comprendre ! Par contre si tu dis rechercher, l’historique un petit peu du problème, aller expliquer les choses, rechercher ce qui se passe : « ah vous avez mal là », on localise des choses. Et puis après tu amènes les choses petit à petit : sur les médicaments, sur la perfusion, sur tout ça. Et c’est aussi réellement l’expérience qui fait que derrière je vais aujourd’hui… On pourrait croire que je prends mon temps en fait. Mais je ne le prends pas le temps.

Moi : Non, ça fait partie de…

IDE 1 : Ça fait partie de l’expérience que j’ai acquise et je prends le temps pour instaurer cette relation. Et après je sais que, quoi qu’il en soit, il y aura la perf’ à poser certainement mais ça se fait dans l’ordre. Et en fait quand on est un peu plus jeune et inexpérimenté, ben on a peut-être tendance à être un petit peu plus brouillon, on va dire ça comme ça hein… c’est plus aujourd’hui à mon stade d’expérience on est plus sur une dimension

IX

Page 48: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

relationnelle pris dans l’ordre et après on passe à la technique.

Moi : D’accord. Bah merci. On arrive à la fin de l’entretien. Est-ce que tu vois quelque chose à rajouter ou…

IDE 1 : Non, non. Je m’éclate à t’expliquer ça !

Moi : Oui, oui bah je vois ça. Et puis moi ça m’apporte plein d’éléments du coup que je vais pouvoir retravailler. Et même un travail sur moi-même aussi.

IDE 1 : Ben oui ça peut te servir pour toi après hein.

Moi : Bah personnellement ça va me permettre de revoir certaines choses et de réfléchir sur certains points…

IDE 1 : Et en plus, on a tendance à considérer des fois tu vois sur des modules ne serait-ce que de psychiatrie, tu vois, où tu dis « ohlala ! C’est bon les gens qui sont malades, ils me font mal à la tête » et tout. Ben en fait ça t’amène à faire un travail sur toi. Pas à réfléchir sur voilà… Mais ça t’amène à avoir l’approche de comment je parle à quelqu’un qui est en face de moi et qui est complètement déconnecté. Et en fait tu apprends finalement à te défendre. C'est-à-dire finalement quand quelqu’un est trop intrusif dans des questions, parce que la psychiatrie c’est han ! Tu te dis « Comment je fais pour m’échapper parce que… ? ». Finalement en discutant avec ces gens-là qui sont pas bien, ça te donne des billes pour communiquer bien avec d’autres qui sont bien, enfin… tu vois ?

Moi : Oui

IDE 1 : En fait, tu vois, c’est aussi… La vie c’est une expérience. A partir du moment où tu te lances dans le domaine du médical, nous on est dans le paramédical hein… Il faut se servir de chaque instant relationnel avec chaque patient qui est différent, parce que chaque élément est important. Et quand tu as quelqu’un qui est psychiatriquement pas bien, bah en fait tu apprends un peu à te trouver tes armes. Parce que, arriver à sortir d’une conversation avec quelqu’un qui tourne en rond et tout, quand tu n’as pas un peu de maturité, tu ne sais pas comment faire. Donc en fait tu es maladroit : « euh attendez, excusez-moi, j’ai un autre patient qui sonne ». Donc en fait tu trouves toujours un échappatoire mais tu… Et avec l’expérience, tu arrives à mettre les formes, à dire « bon attendez, on verra ça plus tard… ». En fait voilà. C’est des expériences. Et chaque patient est une expérience. Et après bah, une fois que tu as fait ta réserve, tu sais comment réagir globalement dans l’ensemble des situations. Parce qu’en fin de compte, que se soit un gamin, une personne âgée ou quel que soit la pathologie, de toute façon il y a toujours le côté relationnel qui prime quand même. Tu ne peux pas foncer sur de la technique. Ce n’est pas possible. Mais après c’est de l’expérience et le jeune âge fait que quand tu sors de tes études, t’as fait 3 ans, t’as approché quelques patients, mais il n’y a qu’après que tu vas voir si les choses te plaisent. Tout dépend après dans quel service tu seras aussi.

Ø Durée : 28’15.

X

Page 49: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Annexe III : Entretien n°2

Ø Réalisé le 16 mars 2015.

Moi : Donc, du coup je vais reprendre le sujet initial du mémoire. La problématique était en quoi les soins relationnels dans la relation soignant-soigné peuvent influencer la prise en soins en situation d’urgence. Donc les questions vont être divisées en trois thèmes, après il y a plusieurs sous thèmes. Les thèmes principaux sont l’urgence, la communication à travers les soins relationnels et la relation soignant-soigné. Donc je vais commencer du coup pour la première question. Déjà c’est te présenter un petit peu : depuis combien de temps exerces-tu le métier d’infirmière en situation d’urgence ?

IDE 2 : Depuis 2 ans. Depuis… depuis janvier 2013, voilà.

Moi : D’accord, pas d’autres expériences avant ?

IDE 2 : Nan, après c’était dans, j’étais dans une unité de crise en psychiatrie service fermé donc il y avait des situations d’urgences aussi on va dire, enfin de crise. Donc ça j’ai exercé 8 ans à peu près, 8 ou 9 ans, je sais plus.

Moi : D’accord et le choix d’un service d’urgence c’était personnel ou c’est un concours de circonstance ?

IDE 2 : Oui c’était personnel, ça m’avait déjà bien bien plu pendant mes études et puis voilà après on m’avait proposé un poste en psychiatrie. J’ai bien aimé, voilà, puis bon bah les choses ont fait que voilà ça, j’y suis restée et puis je suis revenu à mes premiers amours (rires).

Moi : D’accord, et euh depuis que tu as commencé, te sens-tu plutôt à l’aise dans la prise en charge des patients en situation d’urgence ?

IDE 2 : Ah bah mieux maintenant, parce qu’au début quand je suis arrivée, vu les 8 ans que j’avais passé en psychiatrie où j’avais pas vraiment fais de soins techniques d’urgence, c’était un peu compliqué mais bon on est doublé, puis l’équipe elle est soutenante. Mais maintenant oui je me sens à l’aise quoi.

Moi : D’accord. Et du coup du point de vue relationnel en situation d’urgence, tu te sentais comment aussi en vécu face aux situations ?

IDE 2 : (Réfléchis) Par rapport au patient tu veux dire ? Dans le relationnel avec le patient ?

Moi : Le relationnel avec le patient, oui.

IDE 2 : Bah au début, forcément quand… si toi t’es pas à l’aise avec les soins, tu peux pas te… tu peux pas comment… être dans le relationnel parce que tu vas te concentrer sur ta technique, vraiment sur le… voilà, sur l’urgence vitale et tu vas, je pense que tu zappes un peu plus le patient… sa psychologie et son vécu quoi. Tu te concentres vraiment, puis une fois que t’es à l’aise avec les gestes, avec tes connaissances aussi de la situation, et bien tu peux, tu peux être plus dans le relationnel avec le patient.

Moi : Et tu penses qu’aujourd’hui ton expérience justement antérieur en tant qu’infirmière en soins psychiatriques t’as aidé justement à te mettre dans ce côté relationnel avec le patient ?

IDE 2 : Ah oui, je pense oui… ouais. Je pense parce que du coup pendant 8 ans, j’ai fait que des soins relationnels on va dire, donc c’est vraiment quelque chose qui fait partie de, de ma prise en charge quoi. Je ne peux pas passer outre, outre ça, donc il a fallu qui j’inclue en plus de mes soins techniques donc au début c’était… j’ai… c’était plus compliqué mais nan, ça je garde une importance sur le relationnel.

Moi : Et donc, quatrième question du coup, quel lien tu fais justement entre la dimension technique comme tu disais et la dimension relationnelle ? Pour toi comment s’agence ces deux processus dans tes prises en charge de

XI

Page 50: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

patients ?

IDE 2 : Bah déjà, pour moi c’est important de, d’essayer de voir dans quel état est la personne, si c’est quelqu’un de stressé et bien on va adapter son attitude, on va… je sais que j’explique ce que je fais, quand est-ce que je le fais, pourquoi je le fais et… en étant assez rassurante, en disant que c’est des choses qu’on a l’habitude de faire, que ça se passe bien généralement, enfin voilà , c’est… et puis si les gens sont accessibles à l’humour pour détendre l’atmosphère, enfin voilà… Tu t’adaptes à la personnalité de la… du patient quoi. Et ça détend un peu le fait de rigoler, de pas te voir stresser.

Moi : Et du coup le fait que tu sois plus à l’aise maintenant en situation d’urgence, tu te sens plus à l’aise aussi à échanger avec le patient ?

IDE 2 : Oui, bah oui…

Moi : Il y a un lien entre les deux…

IDE 2 : Ouais tout à fait.

Moi : D’accord. Deuxième partie, du coup c’était la commission… Pardon, communication à travers les soins relationnels. Donc, déjà pour toi, qu’est-ce que ça représente les soins relationnels, en général… quels mots, quel contexte tu mets derrière ?

IDE 2 : (Réfléchis) Déjà c’est de prendre en compte la personne. C’est-à-dire qu’elle a pas… Enfin c’est une personne qui a une histoire, qui a un vécu, qui vient parce qu’il est dans un état on va dire de stress par rapport au lieu, par rapport à ce qu’il peut avoir comme maladie, en souffrance parfois. Donc déjà c’est le prendre en compte, pour moi déjà c’est se présenter, se présenter, dire qui on est, ce qu’on va faire et puis voilà… Puis être dans l’échange, questionner l’autre sur sa douleur. Voir quelqu’un qui pleure, bah tu vas pas passer à côté, enfin… Prendre en compte tout ce qui, tout ce qui se dégage de la personne. Quelqu’un d’agité, on va être apaisant, on va parler doucement, voilà. Une personne âgée on va adapter son langage, son attitude. Un jeune on va peut-être être plus… je pense qu’on s’adapte à la personne, c’est le prendre en compte lui déjà. Parce qu’il se rend pas acteur des soins avec nous, bah voilà, il… je pense qu’il subit plus qu’il… il subit plus qu’autre chose quoi. On a besoin de, on a besoin de la personne pour la soigner en fait.

Moi : D’accord, donc pour toi c’est vraiment un élément essentiel dans la prise en soin global du patient…

IDE 2 : Ah bah oui.

Moi : Tu ne peux pas passer à côté… Et tu penses que ça améliore justement ta prise en charge…

IDE 2 : Oui (acquiesce).

Moi : Même au niveau de l’adhésion du patient aux soins ou…

IDE 2 : oui, oui…

Moi : Complètement…

IDE 2 : Bah oui parce qu’il se sent acteur et pas… comment dire… cobaye quoi. Et ça c’est… Enfin moi personnellement j’aimerai pas qu’on arrive et puis qu’on perfuse, qu’on me dise pas pourquoi quoi. Enfin voilà… Parce que c’est son corps, ça lui appartient, et nous on lui propose une aide, on lui propose des choses mais il est pas forcé d’accepter et puis… au contraire si on lui explique et puis qu’il donne son accord il va avoir l’impression, voilà de faire quelque chose aussi pour lui. Et puis, et puis oui il sera plus, même par la suite à suivre ses traitements, enfin voilà.

(Blanc)

Moi : Et, est-ce que t’utilises des outils en fait dans les soins relationnels ? Par outils, genre par exemple, le

XII

Page 51: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

contact, le toucher, l’intonation de la voix, la médiation, la négociation.

IDE 2 : Ça oui, ouais, mais après ça… je me rends plus trop compte, mais oui effectivement, la personne âgée, je vais peut-être plus leur serrer la main, leur tenir la main. Quelqu’un qui est tendu, bah, on prend une attitude plutôt apaisante, et puis calme. Pas surenchérir ça sert à rien. Plutôt, voilà, faire en sorte d’apaiser les choses et puis chaque personne a une personnalité différente et puis c’est à nous de nous adapter.

Moi : Et est-ce que tu penses que justement quand tu fais, quand t’apaises les personnes en discutant en échangeant comme ça, ça diminue leur maux, leurs douleurs enfin du moins le ressenti. Leur vécu est-il selon toi plus agréable ?

IDE 2 : Ah bah là oui, enfin j’en suis convaincu ouais. C’est… quelqu’un qui se sent en confiance, qui se sent détendu et qui, et qui se dit bon « voilà on me prend en compte » il va être plus, plus détendu pendant les soins, il va, il va moins se contracter donc il aura moins mal. Et puis de savoir que l’autre est disponible, parfois ça diminue vachement la tension et ça peut diminuer des douleurs, des maux de ventre, des choses comme ça, ça apaise… Donc on se sent moins stressé, donc… pas moins douloureux parce qu’il y a des cas où voilà… Mais de se dire que même quelqu’un qui arrive hyper douloureux et de dire « je comprends là vous souffrez tellement, on va faire tous très vite pour que vous soyez très vite soulagé ». Voilà, on fait, on met tout en œuvre pour… déjà ça rassure de se dire « on m’a entendu, on voit que j’ai mal, on va faire quelque chose, on me prend en compte quoi ». Donc des petits mots d’encouragement, je dis souvent « allez, courage », « je vais bientôt vous poser quelque chose », « courage », enfin des petits mots rassurants…

Moi : D’accord…

IDE 2 : Le toucher, l’intonation de la voix ouais… et puis parfois faut passer à des soins de confort…

Moi : Très bien. Euh… que représente pour toi… donc troisième partie je vais plutôt parler de la relation soignant-soigné. Donc que représente pour toi la relation soignant-soigné avec le patient dans un contexte de prise en charge en urgence, c’est-à-dire comment… comment les soins relationnels vont être avec le patient pour que t’établisses une relation de confiance éventuellement, euhm… voilà, comment se passe la relation justement dans l’échange, vraiment prendre dans un contexte d’urgence, comment tu qualifierais ?

IDE 2 : (Réfléchis) Alors, on sait que c’est des situations où ça va vite, où parfois le patient il est au milieu de tout le monde, il est allongé déjà il est en position on va dire de faiblesse, parce qu’il est mal, il est malade et il est allongé. On voit plein de personnels se grouiller autour de lui. Forcément ça inquiète quoi. Donc moi ce que j’aime bien faire, c’est aller vers la personne et puis lui dire « bon, il y a pleins de personnes, voilà ce qu’on va faire, vous inquiétez pas, voilà on prend en charge votre problème ». Lui expliquer, parce que quelqu’un qu’est pas du milieu hospitalier forcément c’est hyper inquiétant de se retrouver aux urgences, avec pleins de mondes et puis on te dit qu’il y a un truc qui va pas. Donc c’est plutôt, c’est pas de minimiser parce que faut expliquer que c’est une situation qui nécessite, voilà, des soins. Mais que, voilà, s’il y a tout ce monde à justement c’est pour, c’est pour l’aider à passer le cap et puis à aller mieux et…voilà. Donc c’est prendre un petit temps pour aller lui parler à la personne. Et parfois ça va être l’aide-soignant qui va rester près de la personne, et puis qui va discuter, qui va un petit peu capter son attention pour que, pour pas qu’il se sente seul au milieu de son lit et…

Moi : Donc voilà si j’en déduis pour toi, le fait que tu viennes tout de suite en approche auprès de la personne, ça fait partie justement de la base de…

IDE 2 : Avant les soins, ouais.

Moi : Pour instaurer la relation soignant-soigné…

IDE 2 : Ouais.

Moi : …et la relation de confiance…

IDE 2 : Oui.

XIII

Page 52: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Moi : ...avec le patient, d’accord. Et… voilà, on a survolé en fait certaines questions à travers les réponses, ça va plutôt vite… Pour toi, dans tes expériences d’urgence et de soins relationnels, quels sont les pré-requis justement à l’établissement d’une relation de confiance avec le patient dans un contexte d’urgence ? J’entends là, tes connaissances, tes… est-ce qu’il y a besoin d’éléments particuliers pour être vraiment à l’aise, mettons si tu te retrouves face à une situation que tu ne connais pas au niveau de la prise en charge, que tu ne…

IDE 2 : Savoir que tu as une équipe derrière sur qui tu peux compter, t’es pas toute seule, t’es jamais toute seule, donc ça je pense que c’est rassurant aussi de te dire que je suis pas au fond de la brousse toute seule. Donc il y a toujours des médecins disponibles, il y a toujours des infirmiers qui vont être plus qualifiés que toi et ils vont avoir de l’expérience. Donc ça sert à rien de jouer le cow-boy à vouloir tous gérer tout seul. C’est de se dire… puis même dire au patient là je préfère aller appeler quelqu’un, je suis pas à l’aise dans ces soins là et puis, et puis faire appel à des collègues. Donc ça déjà pour moi c’est d’être un peu humble, c’est que voilà. Pas hésiter à demander de l’aide quand tu sais pas, pas faire celui qui sait alors que tu sais pas. Déjà ça c’est avoir un petit peu d’humilité. Et puis, être calme, pas se… Faut pas être speed, faut être calme pour pouvoir réfléchir tranquillement et puis ne pas transmettre ton angoisse aux gens. C’est que... il y a des fois où tu es angoissé, tu… t’es complètement stressé tu te dis « je flippe ! » et la tu te dis « ouh ça va bien se passer » (rires). Donc… ouais… et puis moi je sais qu’avant d’aller aux urgences, et bien j’ai retravaillé mes cours sur la cardio, sur les AVC, sur savoir un petit peu de quoi tu parles quoi. Et puis des signes qui peuvent t’alerter… que tu te retrouves pas en situation… il y a des signes précurseurs donc parfois ils arrivent vraiment en état critique mais des petits signes qui disent bah voilà ça va aller… donc connaitre ces signes-là, les signes d’urgence, les signes d’urgence vitale. Et puis… quand tu sais pas tu demandes quoi.

Moi : D’accord. Il y a aussi la notion de confiance en soi à avoir lors des prises en charge dans un contexte d’urgence ? Ou ça, ça vient naturellement et…

IDE 2 : Je pense que déjà quand tu vas aux urgences c’est que t’as envie déjà. Donc c’est pas des services où t’es balancé comme ça. Il y a des gens très motivés donc généralement t’es très motivé pour y aller, et après voilà… c’est quelque chose qui te passionne, qui… et puis la confiance en soi (réfléchis) enfin la confiance en soi… (Réfléchis) J’ai … parfois je doute et je pense que c’est bien de douter aussi parce que ça t’évite de faire des bêtises. Avoir trop confiance en soi, je pense que ce n’est pas bon. Faut avoir une certaine assurance. Mais, trop de confiance je pense que c’est pas bon non plus parce que ça te conduit à faire forcément des erreurs. Et… un dosage de tous quoi. Un peu de confiance, mais un peu aussi de doute parce que chaque situation est différente, chaque patient est différent. Et puis c’est ce qui te permet de te remettre en question tout le temps aussi, de douter. Après faut pas que ça soit handicapant et que tu sois complètement. Mais ça c’est pas les premiers mois que tu acquiers ça. C’est…

Moi : avec l’expérience…

IDE 2 : Moi je dis que… (Réfléchis) j’ai commencé à me sentir à l’aise, à peu près à l’aise et plus aller la boule au ventre au bout de 6 mois tu vois… Parce que t’as… parce que voilà c’est un lieu différent, c’est des pathologies complètement différentes. Et puis voilà, c’est se remettre dans le bain, et une fois que tu revois souvent les mêmes pathologies, bah voilà… tu sais à peu près comment ça évolue, mais ouais c’est l’expérience qui fais que tu te sens plus à l’aise.

Moi : D’accord. Donc là si on reprend vraiment tous, pour toi c’est vraiment la relation de confiance en fait et la relation soignant-soigné qui sont une base justement dans la prise en charge en situation d’urgence.

IDE 2 : Ouais.

Moi : C’est indissociable.

IDE 2 : Oui, oui…

Moi : On est obligé de passer justement par cette relation, d’établir vraiment la relation de confiance pour avancer dans les soins d’urgence.

XIV

Page 53: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

IDE 2 : Pour moi oui. Et puis le patient va te dire beaucoup plus de choses s’il se sent en confiance que… qu’avec quelqu’un qui lui parle pas et voilà… Tu vas apprendre pleins de choses et puis il va mieux comprendre ce qu’il se passe et tu vas pouvoir utiliser ce qu’il te dit pour… pour l’aider et puis… (Silence).

Moi : D’accord. Donc on arrive à la fin de cet entretien. Est-ce que tu penses avoir des éléments à ajouter, des … d’autres…

IDE 2 : (Réfléchis)

Moi : Peut-être en lien avec ton vécu…

IDE 2 : Non pas spécialement. Être à l’écoute des gens quoi, ça c’est hyper important dans n’importe quel service. Pour moi c’est la base.

Moi : Merci beaucoup pour l’entretien.

IDE 2 : je t’en prie.

Ø Durée : 17’23.

XV

Page 54: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Annexe IV : Entretien n°3

Ø Réalisé le 21 mars 2015.

Moi : Je vais exposer le thème de mon mémoire, donc la question de départ était « en quoi les soins relationnels dans la relation soignant-soigné peuvent influencer la prise en soins en situation d’urgence ». Il y a trois thèmes principaux, donc l’urgence, la communication à travers les soins relationnels et la relation soignant-soigné comme troisième thème. Après, chacune st décliné en plusieurs sous-thèmes avec une question par sous-thème. Bon, je vais commencer avec la première, donc c’est par rapport à ton expérience de l’urgence. Déjà c’est te présenter un petit peu et de dire depuis combien de temps exerces-tu le métier d’infirmière en situation d’urgence ?

IDE 3 : D’accord. Tu veux savoir depuis quand je suis diplômée et tous ?

Moi : Oui éventuellement.

IDE 3 : Je suis diplômée de 2010, je suis aux urgences depuis 2011 du coup. Je fais de la VLI depuis 2011 aussi. Voilà …

Moi : Voilà ton parcours d’urgence…

IDE 3 : Oui c’est ça. Ça va faire 4 ans que je suis aux urgences et 3 – 4 ans aussi que je suis opérationnelle en extra-hospitalier.

Moi : D’accord, c’était un choix les urgences ?

IDE 3 : J’y pensais, mais je ne pensais pas y arriver si vite à bosser là-dedans, mais c’était un de mes projets professionnels de travailler aux urgences. Le fait que ça soit diversifier et qu’il y ait l’adrénaline de l’urgence m’intéressait.

Moi : D’accord. Et depuis que tu as commencé du coup, est-ce que tu te sens plutôt à l’aise dans les prises en charge on va dire plutôt technique que tu peux réaliser aux urgences ou en VLI par exemple ?

IDE 3 : Oui.. La technique en soi, ça reste la même partout. Au départ t’es en situation de stress donc les gestes ne sont pas sûrs et la pratique n’est pas sûre, mais au fur et à mesure de la pratique, on acquiert des capacités de concentration pendant le soin et puis quand on y repense après, à ce qu’on a fait, on se dit comment j’ai réussi à faire tout ce que j’ai fait en peu de temps, mais c’est ça aussi qui fait qu’on aime le travail en urgence et pour ça c’est trouver ces sensations. Mais oui le soin… je me sens plus à l’aise maintenant qu’au départ. C’est au fur et à mesure de l’expérience qu’on travaille. Plus on a confiance en nos gestes et plus on va travailler vite et bien.

Moi : D’accord. Voilà c’était la partie plutôt technique. Au niveau des soins relationnels, de la dimension relationnelle que tu peux avoir avec le patient en situation d’urgence, comment toi tu te sens, comment tu la vis ?

IDE 3 : C’est hyper complexe de pouvoir prendre et la personne de manière somatique et la personne de manière psychologique entre guillemets en charge. C’est vrai que quand ils arrivent en règle générale on se concentre sur leurs problèmes de santé et on omet rapidement que la personne est une personne en soi. Donc au maximum on essaie de les intégrer dans leur prise en charge, leur expliquer pourquoi, dans quels buts on fait ça, ce qu’on va faire, leur expliquer. Mais dès fois c’est très complexe… quand c’est vraiment une situation d’urgence vitale. En règle général les gens se rendent très bien compte et savent que ça ne vas pas. Ils comprennent très bien que… qu’on peut omettre un peu de leur parler pour se concentrer mais c’est vrai que c’est difficile de prendre en charge… de créer une relation au moment de l’urgence. Après ça vient au découlé… on explique « désolé vous avez vu qu’on était un petit peu occupé, on avait pas mal de choses à faire en même temps ». Je vais vous expliquer maintenant pourquoi on a fait ça. C’est vrai que c’est souvent en second temps qu’apparait la prise en charge relationnelle.

XVI

Page 55: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Moi : Donc, du coup le lien que tu fais entre les deux en fait, si on devait mettre les deux en accord, tu ferais d’abord plutôt une prise en charge technique et après une prise en charge relationnelle.

IDE 3 : Bah ça va ensemble, parce que de toute manière quand on fait un soin, on peut parler. Mais c’est que quand on arrive à des situations où il y a 2 – 3 médecins, 3 infirmiers, 2 infirmières, bah c’est vrai qu’il y a beaucoup de monde qui voit, tout le monde parle et tout le monde essaye de s’organiser de son côté et c’est vrai que les gens se rendent compte qu’il y a pleins d’activités mais ils ne savent pas trop … On essaye, on essaye au maximum mais c’est pas toujours facile. En règle générale aux urgences ou même en VLI des situations d’urgences on n’en a pas extrêmement. Et quand elles le sont, elles sont gérables en leur expliquant pourquoi on fait ça, ce qu’on fait, ce qu’on va passer comme médicaments. Quand je te dis avant, c’est vraiment quand c’est des situations extrêmes. Mais en règle général sinon dans les situations, tu peux prendre le temps, un minimum de leur expliquer, pendant que le médecin pianote sur l’ordinateur, regarde des choses. On leur explique que au moins on ne va pas pouvoir leur expliquer précisément mais au moins largement…

Moi : D’accord. Donc on va aborder le deuxième thème qui est plus sur la communication à travers les soins relationnels, comme je disais tout à l’heure. Déjà, c’est peu pour introduire, qu’est-ce que les soins relationnels ça représente pour toi en général ? En règle général…

IDE 3 : Le soin relationnel… c’est pleins de choses. Ca regroupe pleins pleins de choses. Ce qui me vient d’abord quand on dit ça, c’est la communication avec le patient. Mais je pense que la communication ça passe aussi par le regard, par le toucher, par toutes ces petites choses comme ça. Il y a la communication verbale que l’on peut avoir avec la personne. La relation c’est parler mais c’est aussi avoir une posture, une relation de soignante donc introduire une confiance, de créer une relation de confiance avec la personne parce que minent de rien ils arrivent, et nous on prend tous quoi. On leur que c’est nous qui nous occupons de vous maintenant. Donc il faut qu’ils se sentent quand même à l’aise, assez en confiance pour nous laisser leur santé entre les mains. Donc c’est vrai que le premier contact que l’on peut avoir avec le patient est primordial et du coup la relation va en découler après…

Moi : Et du coup comment tu agences le premier contact avec le patient en situation d’urgence ? Donc là tu as parlé éventuellement du toucher, du regard… Comment tu mets en place ces approches là pour rassurer le patient ?...

IDE 3 : Le toucher ça ne va pas être la première chose parce que c’est hyper intrusif. Quelqu’un qui… Voilà moi je serais patiente, je ne voudrais pas qu’on vienne me toucher comme ça, en tant que femme. En tant qu’homme au pire on peut serrer la main, ça passe. Certains patients trouvent que c’est correct, c’est une bonne première approche. Mais souvent c’est, je me présente, je leur dis que je suis, je leur demande comment il s’appelle, je vérifie bien que c’est la bonne personne. Il faut vraiment qu’ils sachent que c’est eux que je prends en charge et pas quelqu’un d’autre. Et ensuite, petit à petit, j’introduis la relation dans le regard, voir comment ça se passe. Ça se sent tout de suite si les gens ils ont des interrogations ou s’ils ne se sentent pas hyper à l’aise. Et puis petit à petit, on vient à la prise de sang et là obligatoirement on est au contact avec le patient avec la prise de sang. C’est des gestes doux et une pratique fluide qui fait que la relation elle se fait.

Moi : Donc pour toi, ouais… tout ce qui va être communication para-verbale, même si le toucher arrive dans un second temps, ça reste essentiel dans ta prise en charge des patients ?

IDE 3 : Oui parce que ce n’est pas un bout de chiffon qu’on prend en charge, c’est une personne quoi… Quelqu’un qui pense, qui réfléchit, qui sent et, on n’est pas un objet quoi. Il faut un minimum… Après c’est sûr qu’on l’est pas toujours. C’est sûr qu’on ne peut pas être tout le temps comme on aimerait l’être mais je pense que dans l’idéal il faudrait vraiment prendre importance à cette relation non-verbale qui est aussi importante que la relation verbale en soi.

Moi : Et ça, ça améliore tes prises en charges en général du coup, d’être à l’aise comme ça dans le relationnel avec le patient ?

IDE 3 : Des fois c’est que les gens sont réceptifs ou pas à la communication. Et puis on a tous des manières

XVII

Page 56: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

différentes de communiquer. Il y a les gens qui vont être hyper professionnels, qui vont parler professionnellement parlant, et d’autres qui vont complètement être différents dans la rigolade, essayer d’introduire une relation un peu de détente avec le patient. On se rend compte en fait plus que… quand ça ne passe pas, quand ça ne va pas. Tu vois directement le patient il est fermé, il comprend pas, il n’est pas actif dans le soin. Donc oui la relation, c’est difficile à évoluer savoir si on a eu la bonne relation, surtout avec leur temps de passage. Ils partent rapidement quand même en soins ailleurs ou avec d’autres collègues, les changements d’équipes.

Moi : Donc difficile à évaluer quand même après au final.

IDE 3 : Ouais c’est difficile de se poser la question « est-ce que j’ai eu le bon contact avec le patient ? » c’est hyper difficile. On se rend compte quand on n’a pas été correct, qu’on n’a pas été suffisamment dans l’écoute avec la personne. On ne se rend pas compte si on a été bien mais on se rend compte qu’on ne fait pas bien. On sent que la personne est… mais même nous on le sent. On est actif dans la communication et quand… on peut facilement être bien avec des patients, parler à leur expliquer. C’est difficile à évaluer. La relation, après c’est un ressenti à la fin. Généralement on est souvent dans notre petite poussée là à faire, on essaye de faire bien et puis ensuite on voit si on a bien fait mais c’est trop tard. Les situations vraiment d’urgence, en règle générale, si on se dit est-ce que j’ai bien fait c’est trop tard, la personne est déjà partie. En pré-hospitalier par exemple, la relation, le contact il est très bref. Il est de moins d’une heure. En moins d’une heure faut tout faire, en peu de temps et là, savoir si on a bien fait ou on a mal fait, on ne sait pas. C’est après quoi. (Silence)

Moi : Donc troisième thème qui était plus dans la relation soignant-soigné, on passe des soins relationnels à la relation soignant-soigné. Déjà pour toi la relation soignant-soigné dans un contexte d’urgence ça représente quoi ? Comment tu qualifies cette relation que tu as avec le patient en situation d’urgence ?

IDE 3 : (Réfléchis). La relation soignant-soigné, c’est ce que je disais tout à l’heure, c’est … on va prendre la responsabilité de leur santé et de leur corps entre guillemets. On arrive et on dit « c’est moi qui m’occupe de vous maintenant ». Généralement on leur dit « nan, vous ne pouvez plus boire, plus manger, ne vous levez pas », pleins de choses comme ça et on leur restreint pas mal de choses. On va leur dire « vous ne prenez pas de médicaments, c’est nous ». Vraiment on prend la responsabilité de tout ça et c’est vrai que la relation il faut qu’elle soit… c’est une relation de confiance malgré tout. Initialement c’est la personne, elle nous donne sa confiance. Pour moi la relation soignant-soigné c’est déjà de la confiance. En tant que soignant il faut avoir une certaine assurance, du coup voilà. Quand on est à la place des patients, si on tombe sur quelqu’un qui n’a pas confiance en lui, qui a des gestes qui ne sont pas sûrs… Bah les gens ils s’en rendent compte, puis la relation se fait pas pareil. Une comparaison par exemple : moi je fais des plâtres aussi aux urgences, et du coup il m’est arrivé de passer après un interne. Les internes sont… ont une formation pour faire des plâtres mais qui est moindre par rapport à la nôtre et donc du coup il l’avait fait doucement et moi quand je suis arrivé après, j’avais des gestes plus sûrs. Et directement le patient, en regard, il avait beaucoup plus confiance en ce que je lui faisais, et il avait plus confiance à me laisser sa jambe. Il me fait « ah oui, oui ça se voit, vous avez des gestes sûrs ». Et donc c’est vrai que je pense que pour là, la relation… il y avait une relation de confiance. La relation soignant-soigné c’était basé sur la confiance par rapport à ça. Et donc lui dans la relation soignant-soigné, la prestance entre guillemets et l’assurance c’est important pour engendrer une confiance dans les soins qu’on va faire après. Je sais plus ce que je voulais dire, je voulais dire autre chose…

Moi : Mettons quand tu installes une relation de confiance, tu penses que du fait que tu es plus d’expérience, ça va t’aider mais aussi, est-ce que tu as des mots particuliers que tu peux dire, des messages rassurants qui peuvent aider à l’instauration de la relation soignant-soigné ?

IDE 3 : Je sais pas s’il y a des mots à dire. Moi je pense que ce qui est primordial dans une bonne prise en charge, c’est d’expliquer aux gens ce qu’on fait. C’est de… parce que nous ça devient notre quotidien. On nous demande d’aller faire une prise de sang, on nous demande de les emmener à la radio, de mettre des médicaments. Nous c’est basique quand on le fait, on sait dans quel objectif, pourquoi, qu’est-ce qu’on va attendre, combien de temps on doit attendre. Je pense que quand on commence à leur expliquer aux gens, à prendre le temps de leur dire « est-ce que vous savez pourquoi vous n’avez pas le droit de vous lever ? ». Dans les embolies pulmonaires

XVIII

Page 57: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

par exemple. Les gens, du tout au tout, ils arrivent sur leurs deux jambes, on les installe sur un brancard et après on leur dit « nan, vous ne vous levez plus ». Et là ils font « mais ils se prennent pour qui ? Pourquoi ils me disent ça ». Et quand on leur explique, ils comprennent, et du coup voilà, c’est en leur expliquant. Je pense que c’est primordial de leur expliquer pourquoi on fait les choses, dans quel objectif. Et que s’ils ont pas compris, ils reposent la question. Ils ne restent pas comme ça à attendre. Et là du coup, les gens vont se sentir plus à l’aise et plus facilement ils vont aller pose des questions qu’ils n’auraient pas forcément posées et… quand t’es face à quelqu’un qui est froid, qui ne va pas t’expliquer, qui te fais le soin sans avoir un regard de communication, qui applique comme un robot, et bien la personne… ben non quoi. Non je ne vais pas lui poser de questions car de tout façon je ne vais pas savoir quoi lui répondre. Ils sont quand même en position hyper fragile quoi. Arrivé aux urgences, ce n’est pas la même chose pour eux. Par rapport à un service standard, ils arrivent, ils savent pas ce qu’ils ont, ils sont dans l’inquiétude, ils sont… ils savent pas. Ils sont dans le doute et… voilà je pense que s’ils tombent sur quelqu’un qui va communiquer avec eux, ils vont pouvoir un peu plus se détendre et toutes les interrogations qu’ils peuvent avoir, tous les petits doutes qui font qu’ils sont pas forcément bien, s’ils tombent sur quelqu’un qui est plus ouvert, ils vont facilement pouvoir entretenir la relation et avoir confiance. Autant nous on va pouvoir leur apporter, que eux aussi parce dès fois, les gens n’osent pas parler… ils vont pouvoir, en communiquant, nous dire la petite chose qui va nous dire « ah bah tiens ! Finalement c’est peut-être ça le problème en cours ». On leur donne et à ce moment-là, eux aussi nous donnent. Et puis on se nourrit de ce que eux nous disent et eux se nourrissent de ce que nous on dit. On peut du coup, plus rapidement, rebondir sur un diagnostic quand il y a de la communication.

Moi : Pour en arriver là, tu penses qu’il y a des pré-requis pour avoir l’habitude d’établir une relation de confiance ? Je sais pas, par exemple de l’expérience, de la confiance en soi… Est-ce que ces petits éléments-là peuvent avoir un impact justement ?

IDE 3 : Je sais pas trop. (Réfléchis). Je pense que oui, l’expérience ça joue. Parce que, déjà pour pouvoir expliquer pourquoi on fait ça, dans quel but, pourquoi on met tel médicament… bah il faut avoir pratiqué, il faut avoir fait, il faut savoir aussi. Donc oui l’expérience ça joue là-dessus, mais surtout je pense que si la personne… La personnalité qu’on a joue aussi. Parce qu’il y a des personnes qui parlent beaucoup et il y en a d’autres qui sont plus intériorisées. Il y a une part d’innée et une part d’acquis et c’est les deux qui font que, qu’on a les capacités. Je ne pense pas qu’il y ait de réelles formations qui peuvent permettre de développer ça. Ça serait plus des formations pour faire « tilter » sur le fait que ça soit important. Mais, le fait de nous stimuler à faire… je pense que ça devrait être naturel de se dire « je fais pas les choses comme ça, sans expliquer ». Les gens c’est pas une machine, donc il faut leur parler, faut les regarder, faut les toucher pour que ça se passe bien, pour que les médicaments agissent aussi…

Moi : Donc on arrive à la dernière question. Donc pour toi la relation soignant-soigné dans la prise en soins globale du patient ça une part essentielle. Tu ne peux pas passer à côté de la relation avec le patient dans la prise en charge en urgence ?

IDE 3 : Bah non, parce qu’ils sont au centre quoi. C’est eux les principaux acteurs. Donc on ne peut pas omettre quelque chose qui fait que ça roule entre guillemets. C’est eux qui nous font travailler entre guillemets, c’est… On vient pour eux donc je conçois pas qu’on ne parle pas avec quelqu’un et qu’on n’est pas une relation avec la personne. Limite c’est primordial la relation, elle est au cœur des soins.

Moi : D’accord. Donc l’entretien est terminé, est-ce que tu penses avoir des éléments à rajouter…

IDE 3 : Bon courage. (Rires).

Moi : Merci. (Rires).

Ø Durée : 18’34.

XIX

Page 58: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Annexe V : Entretien n°4

Ø Réalisé le 29 mars 2015.

Moi : Je vais rappeler un petit peu la problématique de mon mémoire. C’était en quoi les soins relationnels dans la relation soignant-soigné peuvent influencer la prise en soins en situation d’urgence. Donc divisé en trois thèmes principaux, l’urgence, la communication à travers les soins relationnels en deuxième partie. La troisième partie c’était la relation soignant soigné avec le patient. Après il y a plusieurs questions à travers chaque thème. Donc je vais commencer la première. C’est plus une présentation générale en fait, de te présenter toi. A savoir depuis combien de temps tu exerces le métier d’infirmière dans un contexte d’urgence ?

IDE 4 : Alors depuis 13 ans. En fait je suis diplômée de mai 2002 à Paris. Et du coup, dès la sortie de mes études, dès mai, juin 2002 j’arrive aux urgences. Sur le pôle urgence, avec suppléance, MPU, lits portes avec quand même une grosse part de box. Et de ça j’y reste jusqu’à l’an dernier, novembre 2013 ou je bascule au SAMU avec la mixité des SAUV. Et puis en ce qui concerne la VLI, 2003. Je suis infirmière VLI depuis 2003. Et depuis que je suis arrivée au SAMU j’ai mis en stand-by la VLI. Car du coup on reste que sur de l’extra-hospitalier. Il y avait un peu de tension entre les deux, donc j’ai fait part de mon arrêt opérationnel.

Moi : D’accord.

IDE 4 : Et je suis tuteur, pour info tuteur, enfin j’ai fait la formation de tuteur pour prendre en charge les étudiants de l’IFSI

Moi : Aux urgences et au SAMU ?

IDE 4 : Oui aux urgences, au SAMU on n’a pas d’étudiants infirmiers donc comme ça c’est bouclé. Donc c’est moins utile maintenant, mais voilà… mon parcours.

Moi : D’accord. Depuis que tu as commencé justement à travailler dans des contextes d’urgence, est-ce que tu te sens plutôt à l’aise sur les prises en charge, on va dire plutôt techniques que tu peux effectuer ?

IDE 4 : Oui, oui. Parce que… enfin elles génèrent quand même du stress et... Sur les aspects techniques, et tout ça. Mais c’est du stress non pathologique. C’est vrai qu’avec l’expérience des 13 ans, c’est très cadré j’ai acquis des connaissances, des compétences et ça se passe bien.

Moi : D’accord. Et plutôt si on devait qualifier la prise en charge dans la dimension relationnelle que tu peux avoir avec le patient. Est-ce que tu te sens à l’aise justement dans les échanges que tu peux…

IDE 4 : Alors je trouve que c’est ce qu’il y a de plus complexe à acquérir les compétences relationnelles. Je trouve que la technique au final c’est un peu comme le vélo. Vous avez les grandes règles, vous essayez, vous y arrivez pas, vous passer à une autre technique selon des schémas. Après le relationnel je trouve que c’est ce qu’il y a de plus… enfin moi j’ai toujours, je m’oriente plus… enfin ça peut être étonnant, je trouve que c’est vraiment là-dessus où on a le plus à apprendre toujours. Et que je… j’aurai toujours à apprendre. Il y a des choses qui fonctionnent aussi. Je pense que j’ai acquis des choses aussi, des erreurs à pas faire, à quels moments parler au malade, les étapes d’acceptation lors des annonces de maladies, de diagnostics… C’est… je trouve ça hyper intéressant surtout dans un contexte d’urgence. Un patient bien informé, savoir où on en est dans l’information. Etre beaucoup dans l’écoute, pas trop parler non plus dans les contextes de … de relationnel dans l’extra-hospitalier sur le choc et tous. Nan je trouve que c’est hyper intéressant.

Moi : Et quels liens tu peux faire justement avec le technique et le relationnel. Est-ce que les deux vont ensemble, tu privilégies l’un par rapport à l’autre…

IDE 4 : Ca dépend du degré d’urgence.

XX

Page 59: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Moi : Ca dépend du degré d’urgence…

IDE 4 : Ouais. Pour moi ça dépend du degré d’urgence. Quand on est dans des urgences maîtrisées, relatives, expliqué… en tous les cas ça se fait de manière succincte. D’expliquer la technique, expliquer les étapes. Bien informé des différentes étapes. Aux urgences ça va être « on va vous déshabiller », on va faire ça, on va faire ça. Là de leur expliquer en extra-hospitalier « bon vous faites un infarctus ». Dire bien le mot, au fur et à mesure que l’ECG arrive. « On va vous transporter », « on va vous transporter rapidement pour tel et le raison ». Un patient informé sur pourquoi on fait les choses accepte mieux… enfin… gère mieux son stress… accepte mieux ce qu’il se passe.

Moi : La prise en charge est plus facile du coup avec ce patient ?

IDE 4 : Alors ce patient, puis nous il y a l’entourage aussi qui est important. Je sais pas si t’as plus ciblé sur le patient ou sur l’entourage. Mais … voilà. Parce que les familles voient bien que vous avez mis… enfin faut s’imagine que voilà… à domicile on a… sur un petit appel du 15 on a quelques fois des douleurs qui ne sont pas aussi énormes qu’ils pourraient imaginer. Après ils ont le SAMU, il y a des mots… des gros mots. Le mot infarctus ça fait peur à tout le monde. Et quand pour un peu, ça nous est arrivé à Varades d’aller les chercher en hélicoptère… là on voit ça tombe. Après faut juste expliquer le pourquoi de l’hélicoptère, c’est une histoire de distance, c’est pas une histoire de gravité, et voilà quoi…

Moi : D’accord. Là c’était plutôt la première partie par rapport à la prise en charge en urgence. Je vais m’orienter plutôt vers ce qu’on appelle les soins relationnels. Déjà pour toi, est-ce que tu peux… qu’est-ce que tu mets déjà derrière ces mots « les soins relationnels ». Est-ce que ça représente quelque chose de particulier… quels sens tu mets derrière ?

IDE 4 : Bah déjà ça fait partie intégrante du rôle propre quoi. Moi je trouve que c’est notre partie intégrante, surtout que le médecin est quelquefois dans des gestions avec les téléphones, de contacter les spécialistes et tout ça. Et nous on a ce… vraiment dans ce rôle propre de… Le relationnel pour moi c’est primordial.

Moi : Et comment tu l’abordes avec le patient ? Cette dimension relationnelle…

IDE 4 : Déjà j’analyse la situation. Analyse de la situation avec, comment ils présentent, comme ils gèrent, comment ils sont. S’ils sont stressés, pas stressés, est-ce qu’il y a de la panique. Et puis du coup adapté le relationnel après cette première analyse de la situation quoi. Une maman d’enfant handicapé, son enfant fait une crise d’épilepsie c’est pas du tout pareil que… que une maman pour qui le handicap est chronique. Chaque mot est hyper important. Vous pouvez pas dire « enfant normal » par exemple. Non, vous dites ordinaire. Les choses… faut se dire que à la fois, certaines fois les gens entendent rien de ce que vous dites, puis à la fois ils entendent tous les mots. Et tous les mots sont importants. A l’accueil des urgences, dire « vous avez de la chance aujourd’hui »… le relationnel ça commence par-là, « vous avez de la chance aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de monde » (souffle d’exaspération), c’est déjà une aberration. « Dans votre malheur, dites-vous qu’il n’y a pas beaucoup de monde aujourd’hui ». Enfin pleins de petites choses comme ça, des petits mots. Employé le « je », employé le « vous », pas dire des « petits ceci », éviter le tutoiement, enfin ça part par des codes, des codes du relationnel, de la communication. Ne pas dire « on va se déshabiller » ou des choses comme ça quoi.

Moi : Il y a vraiment en fait un travail à faire sur la communication verbale…

IDE 4 : Ouais.

Moi : … en premier lieu. Et sur la communication non-verbale, est-ce qu’il y a… t’utilises des méthodes particulières pour approcher.

IDE 4 : Mettons le contact physique… ouais. Rassurer des gens qui sont par exemple sous VNI ou intubé… enfin bon ils sont dans le coma mais après le coma ne veut pas dire forcément… mais continué de leur expliquer les choses. Surtout nous on a des stades, on a des drogues qui endorment un peu les gens mais on sait qu’ils sont encore avec nous. La kétamine, respecté aussi des choses… aux drogues, de faire du silence. Les gens qui sont

XXI

Page 60: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

en détresse respiratoire… c’est les détresses respiratoires c’est comme un coussin sur la figure. C’est des choses très très stressantes. Et du coup il y a vraiment l’angoisse de la mort parce qu’ils sentent vraiment cet étouffement. Et rassurer les gens, bien essayé d’avoir un environnement, faire de la sophro. Je dis souvent dans les détresses respiratoires essayer de les détendre, « ne vous inquiétez pas, respirez doucement ». Les accompagner, vraiment je dis souvent main dans la main. Accepter la VNI, cet espèce de masque énorme quand c’est la première fois et que forcément c’est à ce moment-là qu’ils sont le plus mal. Bah voilà faut qu’il y ait une relation de confiance. Faut pas le faire… à être 12 à le faire. Mais être… je trouve qu’il y a un travail à faire. Qu’ils aient un repère relationnel important. Ça peut se faire que ça ne soit pas moi, ça peut se faire que ça soit le médecin. Mais le respecter dans tous les cas.

Moi : Donc pour toi vraiment la dimension relationnelle est essentielle dans la prise en charge même en situation d’urgence ?

IDE 4 : Alors ouais. Peut-être que dans des choses vraiment très grave. Par exemple l’arrêt cardiaque, là, sur l’arrêt cardiaque peut-être on est vraiment dans un stade technique avant qu’il soit relationnel. Le relationnel va faire avec l’entourage « vous inquiétez pas madame, on va s’installer chez vous ». C’est très très millimétré comme prise en charge. Et là, c’est là où je dirais que la part relationnelle est vraiment très très minime avec le patient sur l’arrêt cardiaque où elle va se faire avec l’entourage, les pompiers, mais pas forcément en direct avec le malade. Par conter quand il revient à lui, là d’expliquer les choses, tout ça.

Moi : D’accord. Je… je reviens un petit peu là-dessus. Mettons pour les patients où c’est plus une urgence plus relative on va dire, tu prends vraiment le temps de discuter avec le patient avant de te jeter, j’image un petit peu, mais de te jeter sur la perf…

IDE 4 : Ah bah oui. Même si c’est dans l’extrême urgence où je sais vraiment que la voie va être importante parce que il y a une fracture de fémur, parce qu’il y a… Je me rappelle un Monsieur qui avait un round baller sur le dos. Il fallait qu’on… il avait le fémur planté dans la terre et tout ça. Bien lui expliqué quoi. Tout se passe en même temps « monsieur on vous met un garrot, on va vous endormir, vous inquiétez pas, c’est une question de temps ». Ouais ça, ça se fait, c’est de la relation efficace, vous êtes pas à parler avec 100 mots, vous êtes à parler avec 10 mots. Mais 10 mots qui vont être choisis, utiles et efficaces quoi.

Moi : D’accord, donc vraiment bien réfléchir en fait sur les mots qu’on peut employer en situation d’urgence, c’est essentiel…

IDE 4 : Oui, oui.

Moi : D’accord. Euh… Maintenant on va parler de la relation soignant-soigné plutôt que des soins relationnels. C’est plus ciblé sur l’échange avec le patient. Comment… comment s’installe la relation de confiance justement avec le patient. Là on a parlé éventuellement des mots, mais est-ce que …

IDE 4 : Dans le regard… dans le regard, quelquefois dans le fait de leur prendre la main… (Réfléchis)… quelquefois ils cherchent toutes les infos qu’ils peuvent capter. Donc voilà, dans le regard, et puis dans l’information, dans l’immédiateté. Ça veut dire qu’on vous fais un électrocardiogramme, on fait un autre médicament et… parce qu’on a vu que vous aviez déjà un… moi ça m’est arrivé de dire avant le médecin « vous faites un infarctus ». Le médecin avait vu qu’il y avait un infarc’, il l’avait encore pas dit au malade et, ou alors le médecin dit « Monsieur, vous faites un infarctus, on va vous perfuser, je vous expliquerai tous dans le véhicule ». Donc au moins dire les choses si on peut pas le faire tout de suite. Mais ouais…

Moi : Et, est-ce qu’il y a des choses éventuellement que tu ne dis pas en situation d’urgence ? Justement au patient pour ne pas le faire dramatiser ou… je vais pas dire cacher mettons certaines informations, mais le dire plutôt…

IDE 4 : Cacher des informations, ça peut… ça peut être possible. Par contre (Réfléchis). Dire que tout va bien alors que tout va mal, non. Non, quand même pas. Faut pas… on ne peut pas mentir quoi. On ne peut pas mentir. On peut dire « on vous expliquera tout à l’heure la situation critique » ou alors après ça va être vraiment adapté,

XXII

Page 61: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

par exemple des maladies d’Alzheimer ou des choses comme ça, où là, ça va être plutôt à gérer une certaine forme d’agressivité… « je ne veux pas que vous me transportiez à l’hôpital », « non, non on ne va pas vous transporter à l’hôpital, Monsieur », et en fait si. Mais pour un petit peu essayé, dans un objectif… c’est pas dans un objectif de communication réelle. C’est plutôt dans un objectif de faire les soins, et… plutôt dans ce cadre-là.

Moi : Et est-ce qu’il y a des patient qui refuse justement, qui sont dans le refus complet de prise en charge…

IDE 4 : (Réfléchis). Oui quelquefois ils disent « non je vais pas y arriver » et tous. «Ils disent « non je ne peux plus », par exemple la VNI en détresse respiratoire c’est assez courant. Et quand on leur explique bien, quand on les accompagne, quand on leur fait pas un soin, et on se barre à faire autre chose quoi. Vraiment les accompagner dans le soin tout au long. La VNI c’est vraiment typiquement le soi ou si vous avez pas de relationnel, vous arriverez pas à votre objectif. Et du coup dans ce cadre-là… après quelquefois… un cas aux urgences il y a 7 ans, une hémorragie digestive extraordinaire où le patient refusait… Il vomissait, vomissait son sang. Et il avait déjà eu l’expérience de la black more. Et il la voulait plus, mais s’il l’avait pas… Je me rappelle de ce patient-là et dire « on a bien entendu tout ce qu’il voulait pas », et les médecins qu’étaient là, l’ont posée quand même, voilà… Mais c’est vrai que globalement, hormis la VNI où ils sont tellement dans… enfin ils ont tellement l’impression qu’on leur met un truc et que ça les étouffe. Du coup ça c’est vraiment un soin typiquement où ils ont peur, mais dans l’acceptation et bon relationnel on y arrive quoi.

Moi : Et justement pour en arriver là, à un bon relationnel avec le patient en situation d’urgence notamment, est-ce qu’il y a des pré-requis personnels ? Je sais pas, la confiance, l’expérience…

IDE 4 : La confiance, le calme (Réfléchis). Toujours dans l’adaptation, on sent que quelquefois (hésite). Quand je disais, dans un premier abord, on vouvoie tout ça, mais il arrive quelquefois que l’on dise « allez Gérard, vous allez voir ça va bien se passer ». Ou on va tutoyer des jeunes, parce que l’on sent que le tutoiement va améliorer cette relation de confiance et améliorer le soin. C’est plus là-dedans, l’adapter à la personne. On est tous différents, on est tous… Ou contrairement, des fois on sent que c’est de la panique qu’est mauvaise donc on va plutôt cadrer en disant « calmez-vous ! ». Et d’autres fois, on va les rassurer. Mais en tous les cas, ce qui est sûr c’est que même si vous faites un soin pour la première fois et que… et que vous êtes un peu fébrile, faut surtout pas le montrer quoi. Donc essayer toujours de montrer une… toujours montrer que… déjà que c’est vous qui posez le cadre. Et toujours montrer que vous n’avez pas de doutes. Ne pas émettre… Enfin, ne pas montrer au patient quelquefois le doute ou l’inquiétude que vous avez à faire tel ou tel médicament quoi. Une réflexion qui avait toujours été intéressante pour moi, c’est qu’en MPU, quand vous êtes de nuit, certains aides-soignants disent qu’en fonction de tels ou tels infirmiers, on sait si on va passer une bonne nuit ou pas. Parce qu’en fait les patients, quelquefois… perçoivent quelquefois l’inquiétude de certains infirmiers qui vont poser « surtout si vous avez des céphalées vous m’appelez, si vous avez ceci… machin… ça va aller Monsieur, ça va aller ? », ok, vous êtes sûrs que le malade il vous appelle 10 fois. Et vous prenez un autre infirmier qui va dire « alors Monsieur, vous avez pas besoin de m’appeler, ou appelé moi que s’il y a un problème mais il y a aucune raison qu’il y en ait », et puis le malade va jamais vous appeler. Et c’est vrai que j’ai des collègues, même encore à l’heure actuelle, de nuit ou de jour… enfin de nuit surtout qui disent « bah c’est vrai qu’avec telle infirmière, on sait qu’on va être appelé 12 000 fois quoi ». Et je pense que voilà, c’est important de montrer, de se positionner en tant qu’infirmier, de bien informer les choses, et de montrer qu’on est sûr de soi, même si c’est pas toujours le cas. Mais au moins, que le malade ait des épaules sur lesquelles se poser, poser ses inquiétudes.

Moi : Et du coup la difficulté mettons que tu peux avoir en extra-hospitalier par rapport à l’équipe, je sais que vous êtes une équipe constituée à 3 : infirmier, médecin, ambulancier. Mais…

IDE 4 : On se parle pas.

Moi : Il y a pas de…

IDE 4 : En fait dans des histoires, dans des schémas : l’arrêt cardiaque. Le schéma type, on en fait beaucoup. On en sauve pas forcément beaucoup mais on en fait beaucoup. Et bah chaque… en fait… C’est en amont aussi que c’est préparé et on sait que l’ambulancier va faire telles choses, l’infirmier va faire telles choses et sait tous notre travail. Pendant toute… allez le premier quart d’heure, 20 minutes, on sait tous ce qu’on a à faire. Il y a des

XXIII

Page 62: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

pro… enfin ou c’est des formes de protocoles, des grilles qui sont très codifiées en fait. La douleur thoracique, l’infarctus, on va le faire sur prescription médicale mais on n’a pas besoin de se parler quoi.

Moi : Et par contre derrière, il y a besoin d’un retour d’expérience ? D’un débriefing ?

IDE 4 : Dans certaines situations oui. Parce que forcément, il y a des situations qui ont été… faire un arrêt cardiaque d’un enfant de 6 ans c’est compliqué, faire un arrêt cardiaque sur un terrain de foot d’un jeune de 23 ans c’est compliqué, quand on le ramène pas. Un coup de poignard en pleine rue comme il y a 15 jours, voilà… Alors ça c’est génial parce que… C’est fait… alors je dirai par contre que les debrief’ sont très techniques médicales. Par contre il y a aucun psychologue. Et je trouve que s’il y avait des choses à améliorer, je trouve que il y a des fois, ça aurait du bon un petit peu de… de… enfin pour les soignants je parle.

Moi : Parce que vous vous sentez des fois impliqué émotionnellement dans certaines situations ?

IDE 4 : Oui. Parce que soit c’est des situations stressantes, soit c’est des choses… par exemple des intubations qui ont été très difficiles, où on n’y est pas arrivé… voilà. Quelquefois on en reparle… Mais c’est vrai que je trouve que c’est bien ces staff qui existent au SAMU et qui n’existent pas aux urgences par exemple, ils sont quand même super intéressants.

Moi : D’accord. On arrive à la fin de cet entretien. Est-ce que tu as des éléments éventuellement à rajouter ? J’ai plus d’autres questions…

IDE 4 : Non… non, non.

Moi : D’accord, bon bah merci beaucoup en tout cas pour… de m’avoir accordé du temps.

IDE 4 : Ok.

Ø Durée : 20’01.

XXIV

Page 63: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Annexe VI : Grille d’analyse des entretiens

La construction du tableau d’analyse s’est réalisée sur le même modèle que la grille

d’entretien en reprenant dans l’ordre les différents thèmes et sous-thèmes abordés lors de mes

entretiens infirmiers.

L’analyse des données empiriques s’est faite à partir du recueil des entretiens. J’ai dans un

premier temps procédé à une analyse verticale des données en reprenant chaque entretien

infirmier par infirmier afin de classer les éléments recherchés dans chaque thème et chaque

sous-thème qui lui correspondait.

Dans un second temps, j’ai effectué une analyse horizontale thème par thème afin de repérer

les divergences et convergences entre les discours des professionnels. Une colonne du tableau

m’a permis de d’intégrer les éléments nouveaux que les infirmiers interrogés m’apportaient.

Enfin la dernière colonne de mon tableau d’analyse regroupait l’ensemble des savoirs et

concepts mobilisés dans chaque sous-thème de mes entretiens.

L’ensemble des éléments de ce tableau m’ont permis d’intégrer les connaissances et citations

des différents professionnels soignants interrogés dans le maillage des données théoriques et

empiriques de ce travail de fin d’études.

XXV

Page 64: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Th

èmes

: l

’urg

ence

ID

E 1

ID

E 2

ID

E 3

ID

E 4

D

iver

gen

ces

Con

ver

gen

ces

Elé

men

ts

nou

vea

ux

Con

cep

ts

Savoir

s

Exp

érie

nce

de

l’u

rgen

ce

-Pom

pier

à la

BS

PP

pe

ndan

t 7 a

ns

-Inf

irm

ier

à la

BS

PP

de

2007

à 2

014

en

AR

-I

SP

V e

n V

LI

depu

is

2009

-U

rgen

ces

intr

a-

hosp

ital

ière

dep

uis

2014

-Inf

irm

ière

aux

ur

genc

es d

epui

s 2

ans

-Exp

érie

nce

de

l’ur

genc

e pr

é-ho

spit

aliè

re e

n ta

nt

qu’I

SP

V e

n V

LI.

-Inf

irm

ière

aux

ur

genc

es d

epui

s 20

11.

- E

xpér

ienc

e en

ur

genc

e pr

é-ho

spit

aliè

re e

n ta

nt

qu’I

SP

V e

n V

LI

depu

is

2011

.

-Inf

irm

ière

aux

ur

genc

es d

epui

s 20

02.

-Au

SA

MU

dep

uis

nove

mbr

e 20

13.

-Exp

érie

nce

en V

LI

de

2003

à 2

013.

Exp

érie

nces

va

riée

s de

l’

urge

nce.

L’u

rgen

ce

hosp

ital

ière

et

pré-

hosp

ital

ière

.

Véc

u d

e l’

urg

ence

1 :

pri

se e

n c

harg

e

« t

ech

niq

ue

»

A l’

aise

G

rand

e ex

péri

ence

de

l’ur

genc

e qu

i per

met

d’

avoi

r un

mei

lleu

r re

gard

des

sit

uati

ons

renc

ontr

ées.

Com

pliq

ué a

u dé

but

suit

e à

un p

arco

urs

en

tant

qu’

infi

rmiè

re e

n se

rvic

e de

ps

ychi

atri

e.

A l’

aise

mai

nten

ant,

grâc

e au

sou

tien

de

l’éq

uipe

not

amm

ent.

A l’

aise

. L

a te

chni

que

est l

a m

ême

part

out.

Str

esse

au

débu

t :

gest

es p

eu s

ûrs.

R

éflé

chir

sur

ce

qu’o

n a

fait

pou

r am

élio

rer

sa

prat

ique

. T

rava

ille

r so

n ex

péri

ence

.

Sit

uati

on d

’urg

ence

s gé

nère

nt u

n ce

rtai

n st

ress

sur

la te

chni

que.

E

xpér

ienc

e pe

rmet

l’

acqu

isit

ion

des

com

péte

nces

cess

aire

s.

C’e

st

l’ex

péri

ence

qui

pe

rmet

d’ê

tre

à l’

aise

sur

la

« te

chni

que

».

Tra

vail

d’é

quip

e.

Rev

enir

sur

ce

qu’o

n a

fait

, réa

lisé

, sur

les

situ

atio

ns v

écue

s.

Sit

uati

on d

’urg

ence

nère

nt u

n st

ress

«

posi

tif

» A

vant

age

de

l’ex

péri

ence

et d

u so

utie

n de

l’éq

uipe

Exp

érie

nce

Com

péte

nces

S

tres

s T

rava

il d

’équ

ipe.

Véc

u d

e l’

urg

ence

2 :

pri

se e

n c

harg

e

« r

elati

on

nel

le »

L’a

ppro

che

rela

tion

nell

e co

mm

ence

par

la p

rise

de

ren

seig

nem

ent

(inf

orm

atio

ns,

path

olog

ies,

an

técé

dent

s).

Etr

e à

l’ai

se d

ans

les

soin

s «

tech

niqu

es »

, le

s co

nnai

ssan

ces

pour

pou

voir

s’e

n dé

tach

er e

t se

conc

entr

er s

ur le

pa

tien

t. E

xpér

ienc

e en

ps

ychi

atri

e co

mm

e at

out.

Pri

se e

n ch

arge

so

mat

ique

et

psyc

holo

giqu

e co

mpl

exe.

L

a pe

rson

ne p

eut

faci

lem

ent ê

tre

oubl

iée.

D

iffi

cile

de

crée

r re

lati

on d

ans

l’ur

genc

e.

L’e

xpli

cati

on v

ient

ap

rès

l’ur

genc

e.

Com

plex

e à

acqu

érir

. T

oujo

urs

à ap

pren

dre.

M

omen

ts p

réci

s po

ur

parl

er a

ux m

alad

es :

resp

ecte

r le

s ét

apes

. P

rinc

ipal

emen

t de

l’éc

oute

, plu

s qu

e du

«

parl

é ».

Une

exp

érie

nce

en s

ervi

ce d

e ps

ychi

atri

e am

élio

re la

pri

se

en c

harg

e re

lati

onne

lle.

Pré

-req

uis

d’êt

re à

l’

aise

sur

la te

chni

que

avan

t d’a

voir

un

bon

rela

tion

nel a

vec

le

pati

ent.

Les

dif

fére

nts

aspe

cts

d’un

e re

lati

on s

ont

com

plex

es.

Exp

érie

nce

Rel

atio

n E

cout

e

La p

rati

qu

e et

le

ress

enti

en

sit

uati

on

d’u

rgen

ce :

lie

ns

entr

e te

chn

iqu

e et

rela

tion

nel

en

situ

ati

on

d’u

rgen

ce

Com

plém

enta

rité

du

tech

niqu

e et

rel

atio

nnel

qu

i son

t ind

isso

ciab

les.

E

tabl

ir la

rel

atio

n av

ant

d’ef

fect

uer

un g

este

te

chni

que.

S’a

dapt

er à

la

pers

onne

. E

xpli

quer

d’a

bord

ce

qui v

a êt

re f

ait.

Pri

se e

n ch

arge

re

lati

onne

lle

appa

rait

pa

rfoi

s da

ns u

n se

cond

te

mps

en

situ

atio

n d’

urge

nce.

O

n pe

ut p

arle

r pe

ndan

t un

soi

n.

Dép

end

du d

egré

de

l’ur

genc

e.

Info

rmer

le p

atie

nt a

u fu

r et

à m

esur

e de

s ge

stes

eff

ectu

és

(com

men

t, po

urqu

oi).

Exp

liqu

er e

t in

form

er le

pa

tien

t des

soi

ns

réal

isés

.

Com

plém

enta

rité

des

so

ins

tech

niqu

es e

t re

lati

onne

ls.

Ada

ptat

ion

Com

plém

enta

rité

de

s so

ins.

Page 65: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Th

èmes

: l

a

com

mu

nic

ati

on

à

traver

s le

s so

ins

rela

tion

nel

s

IDE

1

IDE

2

IDE

3

IDE

4

Div

ergen

ces

Con

ver

gen

ces

Elé

men

ts

nou

vea

ux

Con

cep

ts/s

avoi

rs

Rep

rése

nta

tion

s

pro

fess

ion

nel

les

-Mot

s po

ur r

assu

rer

-Ten

ir la

mai

n -T

rouv

er le

s m

ots

-Se

rapp

roch

er

-Pas

de

disc

ours

pré

-ét

abli

s -C

ham

ps d

e co

mpé

tenc

e de

l’

infi

rmie

r.

-Pre

ndre

en

com

pte

la

pers

onne

: hi

stoi

re,

vécu

, éta

t de

stre

ss,

émot

ions

et r

esse

ntis

. -E

tre

à l’

écou

te.

-Se

prés

ente

r

-Les

soi

ns

rela

tion

nels

am

élio

rent

la p

rise

en

char

ge.

-Not

ion

de

com

mun

icat

ion

avec

le

pati

ent.

-L’i

nfir

mie

r do

it a

voir

un

e ce

rtai

ne p

ostu

re.

-Ins

taur

atio

n d’

une

rela

tion

de

conf

ianc

e :

le p

atie

nt d

oit ê

tre

à l’

aise

. -I

mpo

rtan

ce d

u pr

emie

r co

ntac

t.

-Rôl

e pr

opre

de

l’in

firm

ier.

-L

e re

lati

onne

l est

pr

imor

dial

. -P

asse

par

la

com

mun

icat

ion

verb

ale

et n

on-v

erba

le.

Rôl

e de

l’

infi

rmie

r.

Soi

ns

rela

tion

nels

son

t es

sent

iels

.

Not

ion

de d

ista

nce

rela

tion

nell

e.

Com

men

ce p

ar la

pr

ésen

tati

on d

e l’

infi

rmie

r.

Se

posi

tion

ner

en ta

nt

qu’i

nfir

mie

r.

Soi

ns r

elat

ionn

els.

4

dist

ance

s re

lati

onne

lles

: in

tim

e,

pers

onne

lle,

so

cial

e, p

ubli

c.

Com

mun

icat

ion

(ver

bale

, non

-ve

rbal

e).

Str

ess

Rel

atio

n de

co

nfia

nce

Ap

pli

cati

on

des

soin

s re

lati

on

nel

s

-Aut

omat

ique

-P

ropr

e à

chac

un

-Cha

que

pers

onne

agir

a di

ffér

emm

ent

-Out

ils

rela

tion

nels

: le

to

uche

r, le

s ge

stes

, les

m

ots

sont

cho

isis

. -R

espe

ct d

e la

pe

rson

ne, d

e sa

pud

eur.

-D

ista

nce

rela

tion

nell

e -P

osit

ionn

emen

t que

l’

on a

aup

rès

du

pati

ent (

ex :

assi

s).

-Par

ler

douc

emen

t -A

dapt

er le

lang

age,

l’

into

nati

on d

e la

vo

ix, l

’att

itud

e se

lon

la p

erso

nne.

-O

util

s re

lati

onne

ls

util

isés

san

s s’

en

rend

re c

ompt

e : s

erre

r la

mai

n, le

touc

her,

so

ins

de c

onfo

rt.

-Mot

s d’

enco

urag

emen

t, ra

ssur

ants

-Uti

lisa

tion

du

rega

rd,

du to

uche

r (d

ans

un

seco

nd te

mps

).

-Im

port

ance

de

la

com

mun

icat

ion

non-

verb

ale

qui e

st a

ussi

im

port

ance

que

la

com

mun

icat

ion

verb

ale.

-S

e pr

ésen

ter

aupr

ès d

u pa

tien

t : q

ui o

n es

t, vé

rifi

er q

ui il

s so

nt.

-L’i

nfir

mie

r pe

ut

ress

enti

r co

mm

ent

se

sent

ent l

es p

atie

nts

et

s’il

s on

t des

que

stio

ns.

-Ges

tes

doux

. -A

dapt

atio

n du

di

scou

rs :

prof

essi

onne

l, ri

gola

de,

déte

ndu.

-Ana

lyse

de

la s

itua

tion

da

ns u

n pr

emie

r te

mps

: ét

at d

u pa

tien

t (s

tres

s, p

aniq

ue p

ar

exem

ple)

, con

text

e de

l’

urge

nce.

-I

mpo

rtan

ce d

es m

ots

util

isés

: bi

en s

urve

ille

r so

n di

scou

rs e

t l’i

mpa

ct

que

cert

aine

s ph

rase

s pe

uven

t avo

ir c

hez

le

pati

ent,

util

isé

des

mot

s pr

écis

et c

hois

is d

ans

cert

ains

cas

pou

r êt

re le

pl

us e

ffic

ace

poss

ible

. -C

odes

de

com

mun

icat

ions

à

resp

ecte

r (p

as d

e tu

t oie

men

t, ne

pas

ba

nali

ser)

. U

tili

sati

on d

u co

ntac

t ph

ysiq

ue.

Pré

senc

e de

s ou

tils

rel

atif

s au

x so

ins

rela

tion

nels

: le

to

uche

r, le

re

gard

, la

com

mun

icat

ion

verb

ale,

par

a-ve

rbal

e.

Not

ion

de

resp

ect d

u pa

tien

t.

Bie

n se

pré

sent

er e

n ta

nt q

ue

prof

essi

onne

l.

Reg

ard

d’an

alys

e en

ta

nt q

ue p

rofe

ssio

nnel

in

firm

ier.

Im

port

ance

dan

s l’

adap

tati

on e

t le

choi

x de

s m

ots,

des

ph

rase

s, le

ur

inte

rpré

tati

on e

t leu

r im

pact

aup

rès

du

pati

ent.

Les

soi

ns

rela

tion

nels

L

a re

lati

on d

e co

nfia

nce

Rel

atio

n so

igna

nt-

soig

Com

mun

icat

ion

Dis

tanc

e re

lati

onne

lle

Str

ess

Ada

ptat

ion

Res

pect

Page 66: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

-Res

pect

des

pat

ient

s se

lon

leur

s ét

ats

: in

stau

rati

on d

u si

lenc

e ap

rès

l’ut

ilis

atio

n de

ce

rtai

nes

drog

ues

anes

thés

iant

es

(Két

amin

e).

-Exp

liqu

er to

ut c

e qu

i es

t fai

t au

pati

ent.

Pla

ce d

es s

oin

s

rela

tion

nel

s

-Le

touc

her

perm

et d

e re

pére

r de

s lé

sion

s, d

es

trau

mat

ism

es :

inté

rêt

rela

tion

nel e

t so

mat

ique

.

-Pat

ient

est

act

eur

dans

sa

pris

e en

ch

arge

. -P

erm

et d

’apa

iser

la

pers

onne

: at

titu

de

calm

e et

dét

endu

e va

cont

ract

er la

pe

rson

ne, d

imin

uer

les

tens

ions

et p

eut l

e re

ndre

moi

ns

doul

oure

ux.

-Le

degr

é de

rel

atio

n va

rie

d’un

pat

ient

à

l’au

tre

si c

e de

rnie

r es

t ré

cept

if o

u no

n.

-Rec

herc

he d

e pa

rtic

ipat

ion

acti

ve d

u pa

tien

t dan

s le

s so

ins

et

la c

omm

unic

atio

n.

-Dif

fici

le d

’éva

luer

sa

pres

tati

on a

ux

urge

nces

/dan

s l’

urge

nce

(tem

ps d

e pa

ssag

es r

édui

ts).

-Les

soi

ns r

elat

ionn

els

perm

ette

nt d

e ra

ssur

er

les

pati

ents

fac

e à

leur

s an

gois

ses

par

exem

ple.

-L

’uti

lisa

tion

de

la

soph

rolo

gie

en

cont

exte

d’u

rgen

ce

perm

et d

’apa

iser

les

pris

es e

n ch

arge

s su

r de

s dé

tres

ses

resp

irat

oir e

s.

Uti

lisa

tion

des

so

ins

com

plém

enta

ire

s : s

ophr

olog

ie.

Con

sent

emen

t da

ns le

s so

ins.

Dif

fére

nts

degr

és

peuv

ent q

uali

fier

la

rela

tion

. L

es o

util

s de

s so

ins

rela

tion

nels

pa

rtic

ipen

t au

diag

nost

ic.

Ang

oiss

e S

oins

alt

erna

tifs

et

co

mpl

émen

tair

es

Th

èmes

: l

a

rela

tion

soig

nan

t-

soig

IDE

1

IDE

2

IDE

3

IDE

4

Div

ergen

ces

Con

ver

gen

ces

Elé

men

ts

nou

vea

ux

Con

cep

ts

Savoir

s

Rep

rése

nta

tion

de

la r

elati

on

soig

nan

t-so

ign

é

-Ins

taur

e un

cli

mat

de

conf

ianc

e .

-Ras

sure

le p

atie

nt.

-Cré

atio

n d’

un

écha

nge.

-L

e po

siti

onne

men

t en

tant

qu’

infi

rmie

r es

t un

atou

t : c

e qu

i im

pliq

ue

des

atte

ntes

pa

rtic

uliè

res.

-Pat

ient

en

posi

tion

de

fai

bles

se a

u dé

part

. -R

éali

sé p

ar

infi

rmie

r ou

aid

e-so

igna

nt.

-Im

pliq

ue u

ne c

erta

ine

resp

onsa

bili

té d

u so

igna

nt.

-Im

pliq

ue u

ne r

elat

ion

de

conf

ianc

e.

-Im

pliq

ue u

ne r

elat

ion

de c

onfi

ance

.

Pos

itio

nnem

ent

prof

essi

onne

l in

firm

ier

Act

ion

plur

i pr

ofes

sion

nell

e

Res

pons

abil

ité

prof

essi

onne

lle

Rel

atio

n so

igna

nt-

soig

Rel

atio

n de

co

nfia

nce

Tra

vail

d’é

quip

e

Page 67: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

La r

elati

on

de

con

fian

ce

-Le

stre

ss d

es p

atie

nts

com

me

entr

ave

à l’

étab

liss

emen

t d’u

ne

rela

tion

soi

gnan

t -so

igné

. -T

out e

xpli

quer

au

pati

ent p

our

qu’i

l est

co

nfia

nce

dans

la

rela

tion

soi

gnan

t-so

igné

. -R

elat

ion

d’ég

al à

éga

l (p

as d

e do

min

ant/

dom

iné)

. -L

es c

onna

issa

nces

de

l’in

firm

ier

lui

perm

ette

nt d

’app

orte

r un

dis

cour

s cl

air

et

fiab

le p

our

inst

aure

r la

co

nfia

nce

avec

le

pati

ent.

-All

er v

ers

la

pers

onne

. -B

ien

expl

ique

r à

la p

erso

nne.

-P

rend

re u

n pe

tit

tem

ps p

our

parl

er à

la

per

sonn

e.

- E

lle

se m

et e

n pl

ace

avan

t les

so

ins.

-Exp

liqu

er c

e qu

i est

fai

t :

cela

ne

fait

pas

par

tie

du

quot

idie

n du

pat

ient

. -R

épon

dre

aux

ques

tion

s et

inte

rrog

atio

ns d

u pa

tien

t afi

n d’

apai

ser

les

inqu

iétu

des

et r

assu

rer

le

pati

ent.

-Ins

taur

atio

n d’

une

rela

tion

de

conf

ianc

e pa

r le

reg

ard,

le to

uche

r (p

rend

re la

mai

n).

-Exp

liqu

er e

t inf

orm

er

le p

atie

nt a

u fu

r et

à

mes

ure

de la

réa

lisa

tion

de

s ge

stes

et d

e la

su

rven

ue d

es r

ésul

tats

. -N

e pa

s m

enti

r au

pa

tien

t su

r la

sit

uati

on :

il e

st p

ossi

ble

cepe

ndan

t de

ne

pas

tout

dév

oile

r au

pat

ient

dan

s l’

imm

édia

t. -A

ccom

pagn

emen

t des

pa

tien

ts to

ut a

u lo

ng d

u so

in.

L’é

tat s

omat

ique

ou

psyc

holo

giqu

e du

pa

tien

t inf

luen

ce la

co

mm

unic

atio

n.

Rel

atio

n d’

égal

à

égal

com

me

attr

ibut

de

la r

elat

ion

de

conf

ianc

e.

Rel

atio

n de

co

nfia

nce

com

me

pré-

requ

is d

ans

les

soin

s.

Acc

ompa

gner

le

pati

ent t

out e

n lu

i ex

pliq

uant

sa

pris

e en

soi

ns a

u fu

r et

à

mes

ure.

Con

nais

sanc

es e

t sa

voir

s in

firm

iers

co

mm

e pr

é-re

quis

à

la

com

mun

icat

ion.

Rel

atio

n de

co

nfia

nce

Rel

atio

n so

igna

nt-

soig

Com

mun

icat

ion

Soi

ns r

elat

ionn

els.

S

tres

s A

ccom

pagn

emen

t C

ompé

tenc

e (s

avoi

r, s

avoi

r-fa

ire

et s

avoi

r-êt

re)

Imp

act

de

la

rela

tion

soig

nan

t-

soig

-C’e

st a

vec

de

l’ex

péri

ence

que

la

rela

tion

soi

gnan

t-so

igné

ser

a pl

us f

acil

e à

met

tre

en p

lace

. -C

haqu

e so

igna

nt à

sa

mét

hode

pou

r en

trer

en

rela

tion

ave

c la

pe

rson

ne s

oign

ée :

pas

de m

étho

de u

nive

rsel

le.

-Le

soig

nant

doi

t co

nnaî

tre

ses

lim

ites

-S

i le

soig

nant

épr

ouve

de

s di

ffic

ulté

s à

rent

rer

en r

elat

ion

avec

le

pati

ent,

il d

oit s

avoi

r se

m

ettr

e en

ret

rait

. -L

’exp

érie

nce

perm

et

de c

onna

ître

ses

-Une

équ

ipe

est

prés

ente

en

cas

de

beso

in :

l’in

firm

ier

n’es

t pas

seu

l, il

y

a un

e éq

uipe

ave

c de

s pe

rson

nels

plu

s ex

péri

men

tés

nota

mm

ent p

our

la

réal

isat

ion

des

soin

s, c

e qu

i peu

t m

ettr

e le

pat

ient

en

conf

ianc

e.

-Etr

e ca

lme

dans

no

s ge

stes

. -N

e pa

s tr

ansm

ettr

e l’

ango

isse

aux

pa

tien

ts.

-Avo

ir le

s

-Im

pliq

ue u

ne c

erta

ine

assu

ranc

e du

soi

gnan

t :

mai

tris

e av

ec d

es g

este

s sû

rs.

-Le

soig

nant

doi

t êtr

e ou

vert

dan

s l’

écha

nge.

-L

’exp

érie

nce

du

soig

nant

infl

uenc

e l’

étab

liss

emen

t de

la

rela

tion

soi

gnan

t-so

igné

. -L

’inf

irm

ier

doit

avo

ir le

s co

nnai

ssan

ces

néce

ssai

res

sur

les

thér

apeu

tiqu

es, l

es

mal

adie

s po

ur s

avoi

r ce

qu

’il f

ait e

t pou

rquo

i il l

e fa

it.

-Im

pliq

ue u

n tr

avai

l pe

rson

nel d

u so

igna

nt

en a

mon

t pou

r ét

abli

r la

re

lati

on d

e co

nfia

nce

avec

le p

atie

nt.

-L’i

nfir

mie

r do

it ê

tre

conf

iant

et c

alm

e.

-Le

soig

nant

doi

t s’

adap

ter

au p

atie

nt, à

so

n co

mpo

rtem

ent,

ses

émot

ions

. -N

e pa

s m

ontr

er s

es

dout

es e

t inq

uiét

udes

au

pati

ent :

aff

irm

er s

a po

siti

on e

n ta

nt

qu’i

nfir

mie

r.

Con

nait

re s

es

lim

ites

: «

dem

ande

r de

l’

aide

».

Mot

ivat

ion

pour

tr

avai

ller

dan

s le

do

mai

ne d

e l’

urge

nce.

L

e so

igna

nt

s’ad

apte

à la

pe

rson

ne s

oign

ée.

Impl

ique

des

co

nnai

ssan

ces

et u

n sa

voir

de

la p

art d

e l’

infi

rmie

r po

ur

conn

aitr

e se

s li

mit

es.

Ada

ptat

ion

à ch

aque

pat

ient

.

Rôl

e de

l’éq

uipe

co

mm

e so

utie

n fa

ce à

une

si

tuat

ion.

A

voir

de

l’as

sura

nce

mai

s il

fau

t sav

oir

dout

er p

our

se

ques

tion

ner

et

rem

ettr

e se

s pr

atiq

ues

en

ques

tion

.

Tra

vail

d’é

quip

e E

xpér

ienc

e R

elat

ion

soig

nant

-so

igné

R

elat

ion

de

conf

ianc

e C

onfi

ance

en

soi

Dou

te

Com

mun

icat

ion

Ada

ptat

ion

Com

péte

nce

Page 68: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

lim

ites

, c’e

st u

n pr

é-re

quis

pou

r ét

abli

r un

e bo

nne

base

dan

s la

re

lati

on d

e co

nfia

nce

avec

le p

atie

nt.

conn

aiss

ance

s su

r le

s pa

thol

ogie

s po

ur m

ettr

e le

pa

tien

t en

conf

ianc

e et

m

ontr

é qu

’on

sait

de

quo

i on

parl

e :

savo

ir le

s ri

sque

s et

con

séqu

ence

s po

ur n

e pa

s êt

re

débo

rdé

par

la

situ

atio

n.

-Il f

aut a

voir

co

nfia

nce

en s

oi,

mai

s sa

voir

dou

ter

auss

i. -S

avoi

r se

rem

ettr

e en

que

stio

n fa

ce

aux

situ

atio

ns.

Ap

pli

cati

on

de

la

rela

tion

soig

nan

t-

soig

-Le

rela

tion

nel a

vec

le

pati

ent a

rriv

e av

ant l

a pr

ise

en c

harg

e pl

us

« te

chni

que

».

-Au

débu

t : o

n es

t plu

s fo

cali

ser

à ré

alis

er le

s ge

stes

tech

niqu

es

d’ur

genc

e pl

utôt

que

d’

entr

er r

éell

emen

t en

rela

tion

ave

c le

pat

ient

. L

a te

ndan

ce s

’inv

erse

av

ec l’

expé

rien

ce.

-Pre

ndre

le te

mps

pe

rmet

de

dim

inue

r le

st

ress

du

soig

nant

.

-Rel

atio

n de

co

nfia

nce

est

néce

ssai

re e

n si

tuat

ion

d’ur

genc

e po

ur a

vanc

er d

ans

les

soin

s : l

e pa

tien

t ser

a pl

us

com

plia

nt e

t plu

s ex

pres

sif.

-L’é

tabl

isse

men

t d’u

ne

bonn

e co

mm

unic

atio

n pe

rmet

plu

s fa

cile

men

t de

rebo

ndir

sur

des

di

agno

stic

s en

lien

ave

c ce

que

le p

atie

nt p

eut

expr

imer

. -U

ne r

elat

ion

soig

nant

-so

igné

qui

se

pass

e bi

en

infl

uenc

e la

pri

se e

n ch

arge

en

géné

ral e

t fa

vori

se l’

amél

iora

tion

de

l’ét

at d

e sa

nté

du p

atie

nt.

-Le

pati

ent e

st a

cteu

r de

se

s so

ins,

d’o

ù l’

inté

rêt

d’ét

abli

r un

e bo

nne

rela

tion

de

conf

ianc

e po

ur a

mél

iore

r le

s so

ins.

-Un

bon

rela

tion

nel

perm

et l’

acce

ptat

ion

des

pati

ents

.

La

rela

tion

de

conf

ianc

e et

la

com

plia

nce

du

pati

ent f

acil

iten

t la

réal

isat

ion

des

soin

s.

App

roch

e re

lati

onne

lle

s’in

stal

le d

ans

un

prem

ier

tem

ps.

L’e

xpér

ienc

e pe

rmet

de

fair

e év

olue

r se

s pr

atiq

ues

rela

tion

nell

es.

Rel

atio

n de

co

nfia

nce

Rel

atio

n so

igna

nt-

soig

Com

plia

nce

Acc

epta

tion

de

soin

s E

xpér

ienc

e

Page 69: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Résumé

Tout au long de son parcours professionnel, chaque infirmier est amené à rencontrer des

situations d’urgences. Pour assurer ces prises en charges spécifiques, ce dernier est capable

de s’adapter et réaliser les gestes techniques nécessaires face à la détresse d’un patient.

Cependant le rôle de l’infirmier est de prendre en soin le patient dans sa dimension

somatique mais également psychologique à travers les soins relationnels. C’est l’aspect de

ces relations dans un contexte d’urgence qui est développé dans ce travail de fin d’étude

afin de comprendre les mécanismes qui peuvent se mettre en place dans ces situations

parfois critiques.

Le résultat de ce travail s’articule autour de trois thèmes principaux qui sont l’urgence, les

soins relationnels et la relation soignant-soigné afin de répondre à la problématique

suivante : en quoi les soins relationnels dans la relation soignant-soigné peuvent influencer

la prise en soins en situations d’urgences ?

Afin d’orienter et compléter mes recherches théoriques, des entretiens semi-directifs ont

été réalisés auprès de quatre professionnels infirmiers qui exercent en situations d’urgences

dans le cadre de prises en charges en intra et pré-hospitaliers. Après l’analyse de ces

entretiens, le cadre conceptuel et les données empiriques ont pu être mises en relation afin

de développer les notions et pré-requis essentiels pour assurer une prise en soins

relationnelle la plus complète possible auprès du patient en situations d’urgences.

L’application des soins relationnels peut s’effectuer à travers des codes de communication

ou des outils spécifiques de la communication verbale ou para-verbale comme le toucher.

Les techniques de soins complémentaires comme l’hypnose ou la sophrologie ont

également un impact dans l’instauration de la relation avec le patient, puisqu’elles font

appel à des modes de communication spécifiques. Une relation d’aide peut s’instaurer

entre le patient et l’infirmier, nécessitant pour ce dernier, un engagement supplémentaire

dans la relation de confiance.

Dans un contexte d’urgence, l’approche dans l’instauration de la relation de confiance avec

le patient est propre à chaque soignant. Il n’y a pas de solutions, mais simplement des

méthodes à exploiter et appliquer selon le ressenti et le vécu de chaque personne. Ce sont

nos méthodes de communication qui permettent de rassurer le patient face au stress généré

par ces situations d’urgences, à travers un discours ou des gestes rassurant que l’infirmier

peut mettre en place selon ses ressources. Ces techniques de communication s’acquièrent à

travers les connaissances que le soignant maitrise, mais également selon les expériences

d’urgences rencontrées dans des contextes professionnels ou personnels. Il est important de

se positionner en tant que soignant pour que le patient puisse avoir un référent à qui se

rattacher pour se sentir soutenu et compris dans la situation d’urgence qu’il traverse.

Mots clés : l’urgence, la communication, les soins relationnels, la relation soignant-soigné,

relation de confiance, relation d’aide.

Page 70: La relation soignante en situations d’urgence s · Antoine La relation soignante en situations d’urgence s UE 3.4.S6 : Initiation à la démarche de recherche ... Pour le reste

Abstract

Throughout his career, every nurse meets emergency situations. To realize this specific

type of care, one must be capable of adapting oneself and carrying out the necessary

technical gestures to respond to the distress of a patient. However the nurse’s role is to take

care of the patient in his somatic but also psychological dimensions through relational care.

It’s the aspect of these relations in an emergency context which I develop in this end-of-

studies project to understand the mechanisms which can be set up in these sometimes

critical situations.

The result of this work articulates around three main themes which are the emergency,

relational care, and the nurse-patient relationship to answer the following question : in

what way can relational care in the nurse-patient relationship influence care in emergency

situations ?

To direct and complete my theoretical research, I carried out semi-directive conversations

with four nursing professionals who exercise in emergency situations within the framework

of care in intra and pre-hospital. After the analysis of these conversations, I was able to

compare my abstract data and my empirical data to develop the notions and essential

prerequisites to assure the most complete relational care possible with the patient in

emergency situation.

The application of relational care can be made through communications codes or specific

tools of verbal or para verbal communication, such as touch. Complementary cares such as

hypnosis or relaxation therapy also have an impact to develop a relation with the patient,

because they call for specific ways of communication. Helping relationship can be

established between the patient and the nurse, but an additional commitment in the

relationship of trust can be requiring for this last one.

In an emergency context, the approach to establish a relationship of trust with the patient is

specific to each nurse. There is no solution, but simply methods to be exploited and to

apply according to the feelings and the real-life experience of each person. It’s our

communication methods that allow us to reassure the patient with the stress is generated by

these emergency situations, through verbal communication or reassuring gestures that the

nurse can set up according to his personal resources. These communications techniques are

acquired through the knowledge of the nurse, but also according to the experiences of

emergencies met in professional or personal contexts. It’s important to position oneself as a

nurse so that the patient can have a referent to feel steady and understood in the emergency

situation which he meets.

Keywords : emergency, communication, relational care, nurse-patient relationship,

relationship of trust, helping relationship