La religion aux États-Unis

EHESS

Le Grand siècle d'une mission protestante. La mission de Paris de 1822 à 1914 by Jean-FranÉois ZornReview by: Claude RivièreArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 309-310Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127337 .

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paraissent pas ici. L'ouvrage de D.N.W. est en effet sp6cifiquement centr6 sur la nouvelle << Christian Church >> en tant qu'h6ritibre et pr6- tendante a la 16gitimit6 des <<Disciples of Christ >> de 1832.

Tous ceux qui connaissent tant soit peu l'histoire des Disciples (cf. Arch., 10, no 203) ne manqueront pas de s'6tonner du choix fait de la date de 1880 pour point de d6part de la r6flexion ici propos6e et qui s'6tend sur un si&- cle (1880-1989). En fait, ce d6coupage a pre- miare vue intrigant n'est pas sans signification. 1880 marque l'ann6e oji, pour la premiere fois dans leur histoire, les citoyens des Etats-Unis choisirent leur pr6sident parmi les Disciples (James A. Garfield). Les auteurs de ce livre collectif, issu d'un colloque de thdologiens, d'historiens et de sociologues considarent donec 1880 comme marquant l'entr6e de leur Eglise dans la respectabilit6 sociale. Ce n'est pas, en effet, en tant que secte, ce qu'ils furent dans les premieres d6cennies du groupe, mais en tant que porteurs des valeurs centrales de la soci6t6 amdricaine, comme une des <<Mains- tream Protestant Churches >>, que les Disciples int6ressent les auteurs de ce livre.

Celui-ci commence par un constat: la <<Christian Church (Disciples of Christ)> qui comptait plus de deux millions de membres a la fin des ann6es soixante en a perdu dans les 30 % depuis lors. Son influence sur le monde de la culture am6ricaine - au sens le plus g6- ndral du terme - a diminud en proportion. Elle se trouve menac6e, en somme, de ne plus &tre une des <AMainstream denominations >>. Que faire ? C'est la question qui donne lieu - a l'i- nitiative des instances responsables de ce grou- pement - aux travaux, entrepris das 1987, qui ont provoqu6, depuis lors, la tenue de plusieurs r6unions savantes, dont un colloque, et, pour finir, la publication du pr6sent ouvrage collectif.

Ce recueil de vingt-et-une communications est divis6 en huit parties, dont les titres disent bien les problbmes abords : I/ Introduction; II/ Bible et thdologie; III/ Mission et image; IV/ Education; V/ Structure; VI/ Profil thdologique, moral et social; VII/ Ecologie d'un d6veloppement et d'un d6clin; VIII/ Conclu- sion. Disons-le une fois pour toutes, il ne s'agit pas d'une contribution aux sciences sociales des religions, mais d'un apport a la r6flexion en cours, d'un point de vue eccl6siastique, dans la <<Christian Church (Disciples of Christ) >>, sur le pass6, le pr6sent et l'avenir de cette Eglise. A cette r6flexion, thdologiens, historiens, sociologues collaborent dans une perspective confessionnelle. Ceci n'empeche pas, on s'en doute, que l'information soit de qua-

BULLETIN DES OUVRAGES

lit6, 6ventuellement comparative, et que bien des questions soulev6es le soient de fagon par- faitement << scientifique >>.

Tout travail sur les Disciples, Eglise qui n'est pas d6nude d'importance dans l'histoire r6cente des Etats-Unis, devra d6sormais tenir compte de cet ouvrage collectif. En particulier, ce sera le cas si l'on veut poser la question du d6clin relatif actuellement constat6 des groupes < Mainstream >> aux Etats-Unis, en comparaison avec le succas rdel des groupes conservateurs. D.N.W. pr6tend, quant h lui, que l'6cart significatif constat6 entre un clerg6 li- b6ral et des lai'cs plus conservateurs explique en partie les difficult6s actuelles des Disciples. Toute la partie A sociologique de l'ouvrage ne cesse de se r6f6rer au livre bien connu de Dan M. Kelley, Why Conservative Churches are Growing (New York, Harper and Row, 1972); c'est pour le critiquer autant, et souvent plus, que pour le louer. Peu importe, nous nous sommes parfois demand6, en lisant les discus- sions auxquelles le travail de Kelley a donn6 pr6texte, si sa connaissance, et celle des d6bats en question, ne permettrait pas de renouveler les probl6matiques des recherches europ6ennes sur la pratique religieuse. Il est remarquable en effet (c'est notre impression en tout cas) que certains problbmes pos6s a l'Eglise catho- lique dans l'apris-Vatican II ne sont pas sans rapport avec ceux que l'on observe aux Etats- Unis dans l'opposition entre d6nominations <lib6rales>> et d6nominations Aconserva- trices >.

Jean S6guy.

84.88 ZORN (Jean-Frangois).

Le Grand siicle d'une mission protestante. La mission de Paris de 1822 a 1914. Paris, Karthala, 1993, 791 p.

itude courageuse que de faire l'histoire de la Soci6t6 des Missions Evangl61iques de Paris, a un moment oi le Tiers-mondisme ambiant se couvre d'urticaire lorsqu'il est question de contexte colonial et d'id6e missionnaire. Si la Confdrence de Berlin en 1884-85 est l'acte ini- tiateur d'un futur partage colonial de l'Afrique, le travail missionnaire avait commenc6 das le r6veil religieux du d6but du xIxe siacle, d'oii le choix de la p6riode 1822-1914. Pr6sente bien avant la colonisation, la Mission de Paris (qui succide parfois a la Mission de Londres ou a une mission amdricaine) ne saurait &tre simplement assimil6e a un agent culturel de la colonisation. Au Lesotho comme au Zambbze,

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elle se d6marque nettement des int6r&ts politi- ques m6tropolitains, anglicans et catholiques.

Le fait qu'il y ait eu ant6riorit6 protestante du combat anti-esclavagiste, par rapport h l'action du bouillant Cardinal Lavigerie, pro- voque certes des tensions entre protestants et catholiques, mais tous les missionnaires, de quelque confession qu'ils soient, finissent par embofter le pas dans la lutte aussi bien contre le transfert aux Amdriques que contre l'esclavage pratiqu6 par l'Islam h l'6gard d'Africains noirs.

Si les d6mk16s avec les 6glises voisines sont fr6quemment 6voqu6s, I'important se situe ail- leurs: dans la mise en perspective de l'6van- g61lisation lointaine par rapport aux contextes politique, social, culturel, thdologique, spiri- tuel et eccl6sial m6tropolitains, mais surtout par rapport au visage particulier (ruptures et continuit6s) que prend outre-mer une Eglise d6localis6e.

Partout la Mission de Paris, par ses comit6s auxiliaires, se pose en militante d'une double cause : d6fense des droits de l'homme et lutte contre la pauvret6. Parmi les missions oh do- mine le service social par rapport B l'6vang6-

lisation, il y a l'Alg6rie et le S6n6gal oh I'action est de lutte contre l'esclavage, les iles de Tahiti, Loyaut6 et Madagascar oh il s'agit de d6fendre les int6rits du protestantisme mis g mal par d'autres confessions, le Gabon oh se d6veloppe un mouvement de christianisme social dans les zones agricoles et forestibres. Par contre, au Lesotho oh la Mission s'est ins- tall6e non pour soutenir les Boers mais pour 6vangl61iser les paiens, de m~me qu'au Zam- bbze et en Nouvelle-Cal6donie dans une cer- taine mesure, le projet d'apostolat en terre non chr6tienne a 6t6 primordial.

Cette these de 800 pages avec cartes, index, bibliographie, iconographie, constitue le monu- ment d'information pr6cis, rigoureux, docu- ment6 i partir d'archives, de journaux locaux, de comptes rendus de conf6rences et r6unions de comit6s, qui manquait aux historiens des religions g propos du protestantisme frangais. Es- p6rons que l'auteur, charg6 des questions de formation dans l'Eglise r6form6e, pourra pro- longer sa recherche sur la p6riode contempo- raine.

Claude Rivibre.

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