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La revitalisation des
centres-bourgs
Etudes de cas en Isère
Léa GOUTTENOIRE
Master 2 Urbanisme et
Aménagement, parcours
Urbanisme et Projet Urbain
Directeur de mémoire :
Charles AMBROSINO
Maître d’apprentissage :
Jean-Pierre CHAMBON
Soutenance le 7 septembre 2017
1
Notice analytique
Projet de Fin d’Etudes Master Urbanisme et Projet Urbain
Auteur : Léa GOUTTENOIRE
Titre du Projet de Fin d’Etudes : La revitalisation des centres-bourgs. Etudes de cas en Isère
Date de soutenance : 07/09/2017
Organisme d’affiliation : Institut d’Urbanisme de l’Université Grenoble Alpes
Organisme dans lequel le stage a été effectué : CAUE de l’Isère, 22 rue Hébert, 38000 Grenoble
Directeur du Projet de Fin d’Etudes : Charles AMBROSINO
Collation : Nombre de pages : 133 / Nombre d’annexes : 2
Nombre de références bibliographiques : 50
Mots-clés analytiques : revitalisation, centre-bourg, dévitalisation, centralité, polycentrisme,
vacance commerciale, projet urbain, pistes d’action, rural, périurbain, morphologie urbaine
Mots-clés géographiques : Isère, Beaurepaire, Le Bourg d’Oisans, Les Avenières Veyrins-
Thuellin, Mens, Roussillon, Saint-Marcellin
1er résumé
La revitalisation des centres-bourgs est un sujet d’actualité. Les centres-bourgs sont des territoires
fragilisés, qui présentent divers signes de dévitalisation. La vacance des commerces et des
logements est une des nombreuses caractéristiques d’un centre-bourg en perte de vitesse. Face à ces
symptômes, ces espaces offrent des cadres de vie exceptionnels et de nombreuses ressources locales
(patrimoine, environnement, tourisme, etc.). Dans ce contexte, cet écrit abordera les
questionnements suivants : Comment revitaliser les centres-bourgs ? Quel projet urbain pour
révéler les qualités de ces espaces particuliers, et à quelle échelle ?
2ème résumé
The revitalization of town centers is a topical issue. These are fragile territories, which show various
signs of devitalization. The commercial and housing vacancy is one of the many characteristics of
a downtown borough. Faced with these symptoms, these spaces offer exceptional living
environments and numerous local resources (heritage, environment, tourism, etc.). In this context,
this book will address the following questions: How to revitalize the centers-bourgs? What urban
project to reveal the qualities of these particular spaces, and on what scale?
3
Remerciements
Je remercie sincèrement mon directeur de mémoire, M. Charles Ambrosino, de m’avoir guidée dans
ce travail initiatique, de m’avoir donné goût aux recherches et à l’écriture, d’avoir su être à l’écoute
et de m’avoir prodigué de précieux conseils. Sa disponibilité et son intérêt ont fortement contribué
à l’aboutissement de ce travail.
Je tiens à remercier chaleureusement mon maître d’apprentissage, M. Jean-Pierre Chambon, pour
son implication dans le bon déroulement de cette année. Il a su réunir toutes les conditions pour
rendre cette expérience très formatrice, m’apportant ainsi une méthodologie et une rigueur
certaines. Dans un perpétuel souci de partage et d’enrichissement, il a été à l’écoute et disponible
jusqu’à l’achèvement de ce mémoire. Par le contenu de la mission proposée et les tâches plurielles
menées pour le CAUE, j’ai gagné en qualités et en compétences professionnelles.
Une attention particulière et des remerciements aux chargés de mission du pôle urbanisme, Mme
Bénédicte Chardon et M. Thibaud Boularand, pour l’accompagnement et l’expertise qu’ils m’ont
apportés.
Merci à toute l’équipe du CAUE de l’Isère, pour leur accueil, aide et sympathie tout au long de cette
année. Je quitte cette structure enrichie humainement et professionnellement.
Un remerciement particulier à mes proches, ami(e)s, famille, pour m’avoir écoutée, soutenue, aidée
et motivée par votre présence, votre regard, vos mots, vos relectures.
Enfin, je remercie toutes les personnes extérieures qui m’ont aidé et qui ont contribué à ce travail
de près ou de loin. Je pense aux élus qui ont pris le temps de me recevoir et de répondre à mes
questions lors des entretiens, ainsi qu’aux bibliothécaires de l’université pour leur bienveillance et
leurs conseils.
5
Sommaire
Notice analytique .............................................................................................................................. 1
Remerciements ................................................................................................................................. 3
Sommaire ......................................................................................................................................... 5
Préambule méthodologique de la mission d'apprentissage au Conseil d’Architecture d’Urbanisme
et d’Environnement (CAUE) de l’Isère sur la revitalisation des centres-bourgs dans le département
.......................................................................................................................................................... 7
1) Première phase de recherches ............................................................................................... 7
2) La sélection des communes .................................................................................................. 8
3) Mise en place d’une méthodologie et d’outils .................................................................... 11
4) Mise en pratique des outils : transition vers la phase active de l’étude.............................. 14
Introduction .................................................................................................................................... 16
I. Qu'est-ce qu'un centre-bourg ? .................................................................................................... 18
1) Portrait du centre-bourg selon les sciences humaines et sociales et l’urbanisme, une
définition par critères .................................................................................................................. 18
2) Le centre-bourg vu par les élus des communes étudiées .................................................... 21
3) Etude approfondie de la morphologie urbaine des centres-bourgs sélectionnés ................ 31
Conclusion de la partie I ................................................................................................................. 39
II. Le centre-bourg dans son territoire : quelles sont les dynamiques de dévitalisation ?
Aujourd’hui dans le rural et le périurbain, les centres-bourgs sont-ils des centralités ? ................ 40
1) Diagnostic des symptômes de la dévitalisation à l’échelle des centres-bourgs, illustration
avec les études de cas ................................................................................................................. 40
2) Situation géographique des centres-bourgs ........................................................................ 61
3) La centralité, affaiblie ou comme un atout de revitalisation .............................................. 68
Conclusion de la partie II ............................................................................................................... 78
III. Le centre-bourg au XXIème siècle : comment revitaliser les centres-bourgs ? Quel projet
urbain pour ces territoires ? Comment renforcer ou redonner une centralité ? .............................. 79
1) Synthèse des enjeux pour la revitalisation des centres-bourgs étudiés .............................. 79
2) Pistes d’action par grandes thématiques : comment revitaliser les centres-bourgs ? ......... 82
3) Monter un projet urbain pour revitaliser un centre-bourg ................................................ 105
Conclusion .................................................................................................................................... 112
Liste des sigles ............................................................................................................................. 113
Annexes ........................................................................................................................................ 115
Bibliographie ................................................................................................................................ 121
Table des illustrations ................................................................................................................... 125
Table des matières ........................................................................................................................ 129
7
Préambule méthodologique de la mission d'apprentissage au Conseil
d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de l’Isère sur
la revitalisation des centres-bourgs dans le département
Lors du recrutement, le thème de la mission d’apprentissage était « évolution des tissus bâtis des
zones urbaines et péri-urbaines. » (Annonce de recrutement, août 2016). La démarche de travail du
CAUE est l’expérimentation sur des thématiques nouvelles chaque année. Le CAUE souhaitait
mener une « réflexion de fond dans ce domaine pour renforcer son expertise et proposer aux
collectivités des méthodes susceptibles d’accompagner efficacement les évolutions possibles des
pratiques de l’aménagement. » (Ibid.) Pour répondre à ces objectifs, l’année au CAUE s’est
déroulée en différents temps.
1) Première phase de recherches
La première étape a été de réaliser des recherches bibliographiques afin de capitaliser le maximum
d’informations sur l’évolution des tissus urbains. L’investigation s’est portée sur tous types de
documents, allant de travaux théoriques, d’outils, d’articles, de retours d’expériences, à des rendus
d’étude. Une analyse de ce travail a permis de faire émerger un florilège de notions clefs afin d’avoir
une vision globale de la thématique et des sous-thèmes qu’elle comprend.
Figure 1 : Schéma des mots clefs saillants du travail de recherche sur l'évolution des tissus urbains, présenté le 04.11.2016
au pôle urbanisme (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, novembre 2016)
8
Ce schéma présente un panel de notions, non ordonnées, qui gravitent autour de l’évolution des
tissus urbains. A l’issue de la présentation au pôle urbanisme de cette première phase de recherches,
la focale s’est resserrée sur la question de la revitalisation des centres-bourgs qui était une des
notions rencontrées, entourée en rouge sur le schéma. C’est la nouvelle thématique pour l’étude. La
même méthodologie de travail a été adoptée pour ces deux thèmes : l’évolution des tissus urbains
et la revitalisation des centres-bourgs. Elle consiste à réaliser une compilation des recherches dans
un document écrit, qui sont ensuite mises en forme dans un tableau reprenant la référence, le titre,
l’auteur et la date, ainsi qu’un court résumé. Cette phase permet de synthétiser et de regrouper les
données, afin d’avoir une lecture claire et rapide de l’ensemble, et de constituer une bibliographie
qui puisse être facilement ré-appropriable.
Tableau 1 : Extrait du tableau synthétique répertoriant les recherches sur l'évolution des tissus urbains (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, novembre 2016)
Une fois que le sujet avait été bien cerné, une réflexion plus prospective a débuté, en se demandant
comment mettre en pratique la théorie et comment appliquer ces recherches ?
2) La sélection des communes
En lien avec les missions d’accompagnement des collectivités du CAUE et son périmètre
d’intervention, le travail s’est recentré sur le département Isérois. Il a été co-décidé avec le pôle
urbanisme de choisir des communes comme terrain d’étude afin de mener une recherche appliquée.
Pour ce faire, j’ai échangé avec les chargés de mission des trois pôles (urbanisme, architecture, et
paysage) de la structure d’apprentissage afin de connaître les communes sur lesquelles ils
intervenaient en termes de revitalisation de centre-bourg. Peu importait la phase de travail, ce qui
comptait c’était la thématique d’action. Cette récolte d’informations a été effectuée dans le but
9
d’obtenir le panel le plus complet possible des sites de projet afin d’effectuer le choix le plus
pertinent. Cette investigation a permis de collecter une quarantaine de communes.
Afin de réaliser un choix, des critères, simples mais de natures diverses, ont été établis. Ils ont été
mis en forme dans une grille d’analyse afin de permettre leur comparaison. Les critères sont :
- une analyse de la démographie : la population et la densité, permettant d’indiquer
la hiérarchie urbaine
- une analyse géographique : la superficie, la situation géographique en Isère, la
situation de la commune dans son environnement immédiat (par exemple, quelle
situation par rapport aux voies de communication, aux agglomérations, au
patrimoine naturel, etc.), la distance aux grandes villes
- la topographie (entre le point le plus haut et le point le plus bas) a été déterminante,
car le département de l’Isère est riche d’une diversité de cas de figure, allant de la
plaine à la haute montagne
- le découpage administratif et institutionnel : cantons, intercommunalités
- la planification avec le SCOT
- s’il y avait des particularités intéressantes comme du patrimoine bâti, du patrimoine
naturel, des équipements structurants comme une gare ferroviaire
- la phase de travail du CAUE dans laquelle se situe la commune afin d’avoir
différents stades d’avancement
La prise en compte de tous ces critères a permis d’éliminer progressivement des communes, en les
comparant et en regroupant celles qui présentaient des caractéristiques similaires. A chaque fois, le
souhait a été d’avoir une diversité de situations. L’invariant était de ne pas sélectionner de commune
appartenant à la Métropole Grenobloise, ou étant sous son influence.
Concomitamment à l’inventaire et à l’élaboration des critères de choix des communes, les
thématiques de travail se sont esquissées. La démarche consistait à se donner quelques enjeux par
rapport à la revitalisation des centres-bourgs, qui sont :
- l’habitat, avec sa typologie, la morphologie urbaine, l’architecture : Quelles
évolutions potentielles ? Vers quelle densification et renouvellement des formes ?
- commerces, services, équipements et services publics : quelle mixité sociale et
fonctionnelle ?
- déplacements, stationnement et espaces publics : analyse de la trame viaire, quelle
place pour l’automobile et le piéton dans les centres-bourgs ?
10
- les patrimoines naturels (végétaux, hydrauliques), culturels (lié à l’histoire), bâtis,
paysagers (ambiances, grand paysage) : quelle identité et attractivité ?
L’objectif était de croiser les thématiques et les enjeux pour éviter l’effet « catalogue » et contribuer
à la problématisation du sujet.
En plus des critères objectifs évoqués, il y avait une part de subjectivité pour la sélection finale. Il
s’agit du ressenti des chargés de mission concernant les enjeux de dévitalisation du centre-bourg,
du contenu de la réflexion menée par la commune quand il y en avait une, ainsi que des spécificités
comme le fait d’être en montagne (Le Bourg d’Oisans), ou encore une commune industrielle entre
une plaine et une vallée fluviale (Roussillon). De plus, le fait d’avoir accompagné des chargés de
mission à des réunions a fortement motivé leur choix.
Au final, cette phase, un peu fastidieuse mais néanmoins pertinente, a permis d’aboutir à un
échantillonnage de six communes, à savoir : Beaurepaire, Le Bourg d'Oisans, Les Avenières
Veyrins-Thuellin, Mens, Roussillon, Saint-Marcellin. Elles se situent géographiquement comme
suit sur la carte ci-dessous.
Tableau 2 : Critères de sélection des communes (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, janvier 2017)
11
Cartographie 1 : Situation géographique des six communes en Isère (Léa Gouttenoire, août 2017, Google Maps)
3) Mise en place d’une méthodologie et d’outils
a. Les entretiens
Mener des entretiens s’est révélé nécessaire afin de récolter la vision d’une personne ressource de
la commune et d’enrichir les connaissances sur le centre-bourg. Obtenir des témoignages d’acteurs
clefs est une réelle plus-value et permet de donner un point de vue original sur le sujet. Au départ,
le souhait était d’interroger tout un panel de personnes : un ou des élu(s), les
commerçants/associations, et les habitants. A la réflexion, il est apparu plus pertinent d’obtenir le
point de vue d’un ou deux élus, avec dans la mesure du possible au moins celui du maire. En effet,
ce sont les premiers édiles de la commune, ils bénéficient d’une connaissance particulière des
problématiques afférentes à leur centre-bourg. Au total, sept entretiens ont été menés, et dix
12
personnes ont été rencontrées car quelques fois l’élu était accompagné du Directeur Général des
Services (DGS).
Figure 2 : Liste des personnes interrogées (Léa Gouttenoire, août 2017)
La grille d’entretien a d’abord été construite avec des questions orientées où une partie de la réponse
était dans l’interrogation. Des échanges avec le pôle urbanisme ont permis de faire évoluer le
questionnaire vers des questions plus larges, comme « Actuellement, quelles sont les dynamiques,
positives ou négatives, du centre-bourg ? ». Cela permettait de voir ce que la personne interrogée
répondait d’emblée. Le même questionnaire a été utilisé pour tous les entretiens, afin de pouvoir
comparer les réponses et les centres-bourgs.
13
Figure 3 : Grille d'entretien pour interroger les élus, celle-ci a été utilisée pour Saint-Marcellin
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, février 2017)
b. La fiche d’identité
Pour mettre en valeur les données des entretiens et des visites de terrain, un deuxième outil a été
mis en place : il s’agit d’une fiche d’identité synthétique au format quatre pages recto-verso (cf.
annexe n°1). Le but est de dresser un diagnostic orienté du centre-bourg, regroupant des
cartographies et leurs analyses, des photographies et des extraits d’entretiens. Il a été décidé que la
14
première page présentait de manière générale la commune et le centre-bourg, avec les chiffres clés,
un propos introductif, la situation géographique, la localisation du centre-bourg et sa morphologie
urbaine. La deuxième page était consacrée à un retour historique avec la cartographie de l’Etat-
Major, des cartes postales anciennes, la définition du centre-bourg selon l’élu, ainsi qu’une analyse
et une cartographie de l’habitat. La troisième page se focalisait sur les thématiques des commerces
et équipements publics, et du stationnement, des déplacements et des espaces publics. Enfin, la
dernière page était une synthèse écrite et cartographique des constats et des enjeux à l’échelle du
centre-bourg et au-delà de son périmètre.
c. La synthèse
Face à la complexité du sujet par sa richesse et face à la quantité d’informations recueillies, il a été
décidé de rédiger une synthèse des problématiques et des pistes d’actions (cf. annexe n°2). Le but
était de mettre en valeur toutes les données qui n’ont pas pu être abordées dans les fiches d’identité,
ainsi que d’avoir une vision globale.
4) Mise en pratique des outils : transition vers la phase active de l’étude
Pour arriver au résultat final de nombreux allers-retours avec le pôle urbanisme ont été réalisés afin
de faire évoluer la réflexion et le contenu des outils tout au long de l’étude. Avant cela, une fois que
quelques éléments ont été fixés, les Avenières Veyrins-Thuellin a été choisie comme « commune
test » dans le but d’expérimenter et de finaliser la méthode, et de fixer un cadre et des objectifs afin
de gagner du temps pour l’analyse des autres centres-bourgs.
Ensuite, pour chaque commune, le processus s’est déroulé de façon identique. Tout d’abord, nous
avons pris contact avec l’élu(e) afin de convenir d’un rendez-vous. Avant la rencontre, nous lui
avons envoyé la grille d’entretien afin de lui donner la possibilité de prendre connaissance des
questions. Au final, très peu d’élu(e)s ont pris connaissance du document avant l’entretien, mais il
s’est avéré que ce n’était pas gênant pour son déroulement et pour les réponses apportées qui
correspondaient aux attentes. Chaque entretien a été enregistré afin de garantir la justesse des propos
et faciliter leur retranscription.
Avant chaque entretien, un pré-diagnostic a été réalisé afin d’avoir quelques connaissances sur la
commune et son centre-bourg. Cette phase de travail a permis d’identifier le contexte dans lequel
allait se dérouler l’entretien, les particularités de la commune, et ainsi se préparer à poser des
15
questions plus spécifiques. Il s’agit par exemple de précisions sur les effets des évolutions en cours
du PLU, de la démographie, des enjeux de stationnement sur le centre historique, du tissu associatif,
etc. Ce pré-diagnostic consistait en un recensement des données disponibles sur le serveur du CAUE
afin d’avoir un historique des travaux qui ont pu être menés, en une analyse de la commune et du
centre-bourg par photographie aérienne, et en une exploration du site internet de la municipalité.
Ces données étaient mises en forme dans la fiche d’identité. C’est à ce moment-là qu’étaient
renseignées la situation géographique, la localisation du centre-bourg, l’analyse de la carte de l’État-
Major, ainsi que les informations de base comme la population, la superficie, la densité,
l’intercommunalité, etc. Cette phase de capitalisation d’informations était essentielle pour faire
émerger les caractéristiques les plus importantes de la commune.
La visite sur site, effectuée le jour de l’entretien, se préparait également, avec l’impression de fonds
de plans. Le travail sur le terrain consistait en un relevé cartographique de plusieurs éléments : la
vacance ou non des locaux commerciaux, la nature et la localisation des équipements, les espaces
publics, le stationnement, et toutes autres particularités du centre-bourg.
Le retour du terrain marquait le début d’une phase de traitement. En premier lieu, celui de
l’entretien. Il était d’abord retranscrit de manière exhaustive afin d’avoir une vision d’ensemble,
puis une sélection d’extraits était effectuée. Pour passer du langage oral à l’écrit, leur reformulation
et réécriture, tout en gardant le sens, étaient effectuées. Les extraits d’entretien étaient complétés
d’une synthèse des enjeux.
Ensuite, les données du terrain et l’analyse des entretiens permettaient de compléter et de finaliser
la fiche d’identité. Cette tâche consistait en une cartographie des éléments relevés, en la rédaction
des analyses, et en la sélection de photographies destinées à illustrer le propos.
En somme, le terrain, les entretiens, la fiche d’identité et la synthèse sont des outils qui permettent
de répondre à la commande. Cette phase d’analyse est un préalable nécessaire avant le passage au
projet urbain. L’objectif de ce travail était également de proposer un format reproductible pour les
chargés de mission du CAUE, ainsi qu’un guide à destination des professionnels, des élus, des
étudiants, etc.
16
Introduction
Les centres-bourgs sont sur le devant de la scène depuis quelques années. Les publications à leur
sujet se sont multipliées, reflétant qu’une multitude d'actions, de réflexions, et de projets ont été
menés et sont en cours. Cet intérêt a été formalisé, encadré et affirmé en 2014 par l'appel à
manifestation d'intérêt (AMI) de l’État.
En partant de la problématique de l'évolution des tissus urbains, je me suis plus précisément
intéressée à la revitalisation des centres-bourgs. Les évolutions législatives récentes visent à limiter
l'étalement urbain pour économiser les terres agricoles et les espaces naturels. C'est un facteur
particulièrement favorable à un urbanisme recentré sur les tissus urbains existants, et qui pourrait
permettre d'apporter un nouveau regard sur les centres-bourgs. Ces derniers connaissent une
dévitalisation du fait de la perte soudaine et relativement récente de leurs fonctions historiques
(commerces, services, emplois, etc.). Parallèlement à ce phénomène, les élus expriment une certaine
volonté à se réapproprier ces centres et à engager des démarches de projet. Bien que le terme
« dévitalisation » soit de plus en plus utilisé, il n’est pas évident de trouver une définition. Au sens
physiologique, la dévitalisation s’entend comme la « destruction de la pulpe d'une dent, des
vaisseaux et des nerfs qu'elle contient. » (Dictionnaire en ligne Larousse) C’est la perte de vie de
quelque chose, le passage d’un état de vitalité, à un état amoindri et négatif. La dévitalisation
urbaine doit être entendue avec autant de sens, celui de l’extinction d’un espace urbanisé, d’un
espace habité.
Historiquement en Europe les commerces ont été établis dans les centres urbains. En France, on a
observé un transfert récent de cette fonction vers les périphéries. Les causes en sont multiples : la
modernité, le confort, l'esthétisme de vie, la logique économique, l’automobile, la mobilité, etc. Les
pratiques d'aménagement des dernières décennies ont eu pour effet de créer des dissociations
fonctionnelles dans les espaces urbains, avec le phénomène du zoning.
D’un côté les centres-bourgs connaissent un regain d’intérêt du fait du retour au « local », mais
subissent également des phénomènes d’absorption dus aux dynamiques métropolitaines et
d’urbanisations toujours croissantes. Cette banalisation des territoires et cette perte d'intérêt à
l'égard des centres-bourgs ont été récemment contrebalancées par la volonté de réinvestir la qualité
de leurs tissus bâtis et de leurs patrimoines, gage d'attractivité et de singularité. De plus, ils offrent
un cadre de vie exceptionnel qui est de plus en plus recherché.
Face à ces constats, les enjeux de requalification des centres-bourgs sont urbains, économiques,
sociaux, patrimoniaux, spatiaux, paysagers, etc. La problématique est également d'explorer la
17
capacité à refaire société, à réinterroger le vivre ensemble dans l'espace public. En tant que
spécialistes de ces questions territoriales, nous devons interroger notre pratique d’urbaniste pour
réaménager les centres-bourgs.
De fait, comment réanimer les centres-bourgs ? Comment recréer une urbanité ? Quel avenir pour
les centres-bourgs au XXIème siècle et à quelle échelle ?
Ce mémoire se structure en trois grands temps. La première partie définit le centre-bourg
actuellement, selon son histoire et ses caractéristiques morphologiques. Le deuxième temps se
consacre aux signes de dévitalisation, appuyé par le diagnostic des centres-bourgs étudiés. Elle
soulève également la question de la centralité de ces espaces dans le rural et le périurbain. Enfin, la
troisième partie traite de la revitalisation des centres-bourgs par le projet urbain.
Enfin, l’étude réalisée au CAUE, sur laquelle se base ce mémoire, a un caractère expérimental, et
une analyse de ces problématiques n’avait pas encore été réalisée jusqu’alors. Une des difficultés a
été de trouver des données sur les centres-bourgs spécifiquement car dans la littérature beaucoup
d’écrits traitent des villes. En outre, ils ne sont pas une catégorie de l’Institut National des
Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE). Quelques nuances sont donc à apporter au propos.
Cet écrit n’a pas la prétention de l’exhaustivité, mais se veut le plus représentatif possible.
18
I. Qu'est-ce qu'un centre-bourg ?
1) Portrait du centre-bourg selon les sciences humaines et sociales et l’urbanisme,
une définition par critères
a. Le centre, première approche de la notion de centre-bourg
Malgré son importante utilisation depuis plusieurs années et sa focalisation dans l'actualité d'une
partie du champ de l'urbanisme, il est quasiment impossible de trouver une définition de « centre-
bourg ». Quand on s'intéresse au sens de cette notion, il faut revenir aux deux mots qui la composent.
Selon Pierre MERLIN et Françoise CHOAY (2005, p.155), de manière générale, « le centre n'est
pas un point, mais un lieu dont l'étendue et l'importance relative varient suivant certaines
conditions. Les caractéristiques du centre peuvent être visuelles, structurelles et/ou fonctionnelles.
Elles sont variables dans le temps et suivant l'évolution économique, technique et les conditions
politiques. Elles s'opposent en général à celles de la périphérie. » Un centre a des spécificités, et
s'inscrit dans un espace. Il a lui-même ses particularités, et est en relation avec d'autres entités
spatiales. Les caractéristiques évoquées peuvent être entendues comme des critères de définition.
Le visuel renvoie à la typologie du bâti, à l'architecture, ou encore aux matériaux de construction
utilisés localement. La structure s'intéresse à la morphologie urbaine, à l'organisation des espaces
publics, d'habitation, d'activités, de circulation, qui sont eux-mêmes des fonctions urbaines. Ces
caractéristiques sont des héritages de l'histoire de la formation des centres-bourgs. Cet élément
central de leur définition sera évoqué en I. 2). Puis, la temporalité et le facteur de la variabilité sont
importants car on ne peut pas considérer un centre de manière uniforme et homogène dans le temps.
Comme tout ensemble bâti, il est soumis à des évolutions et à des mutations, ce qui rend sa définition
et son appréhension d'autant plus complexes.
De manière plus précise, « dans la littérature géographique, le terme de centre peut s'appliquer à
une partie privilégiée de la ville, (…) mais il peut englober une partie plus étendue et plus complexe.
Dans une agglomération, on qualifie de centre la ville principale. (…) Le centre peut aussi
caractériser le rôle d'un pôle urbain à l'intérieur d'une zone rurale ou la relative importance d'un
bourg par rapport aux villages qui l'entourent (village-centre). » (Ibid.) Ce deuxième extrait est
intéressant pour la spatialisation du centre et sa mise en perspective par rapport à la ville et aux
territoires. On observe que la définition d'un centre semble dépendre du contexte territorial et spatial
de son développement. De plus, la question de la représentation et de la délimitation du centre dans
un espace est pointée, ce qui sera illustré avec les centres-bourgs étudiés en I. 2) c.
19
Ensuite, comment déterminer un centre ? La définition d'un centre repose sur la classification que
l'on adopte et sur les critères qui s'y réfèrent. Quels sont-ils ? « Le centre bénéficie de tous les
attributs de la centralité. La puissance du centre peut être appréciée comparativement de
différentes manières : par le nombre absolu de sa population totale (ce qui est manifestement
insuffisant), par le rapport entre cette population totale et le nombre de personnes employées dans
le commerce de détail et les services, (...) par le niveau d'équipement en nombre et/ou en variété
et/ou en sophistication, (...) par l'existence et l'importance des commerces et des activités
rares. » (Ibid.) On ne peut pas étudier un centre sans s'intéresser à la centralité, question complexe
et majeure qui sera abordée dans la deuxième partie de ce mémoire. Le premier facteur de définition
d'un centre est la démographie, même s'il serait incomplet de ne penser un centre que de cette façon.
De fait, ce n'est pas parce qu'un ensemble bâti regroupe une population quantitativement importante
que cela en fait un centre pour autant. La démographie à elle seule ne peut pas donner la fonction
de centre. C'est pour cette raison que les activités économiques et l'emploi sont des indicateurs clefs
à prendre en compte. Aussi, le dernier élément qui ressort de cet extrait est le nombre et la qualité
des équipements publics, qui concentrent la population et jouent un rôle d'attractivité. La définition
d'un centre est donc multifactorielle.
b. Le bourg, complément indispensable du centre pour sa signification
Le dictionnaire en ligne Larousse livre une première approche de cette notion qui est claire. Son
étymologie latine est burgus, héritée du germanique burg signifiant « ville fortifiée ». Cette même
source donne plusieurs significations pour le bourg, dont la première est « gros village qui présente
certains caractères urbains », et la deuxième est « agglomération principale d'une commune (par
opposition aux hameaux) ». On perçoit une origine rurale, médiévale, historique, ainsi qu'une notion
d'échelle avec la prise en compte du territoire communal. Par l’évocation des hameaux, on
s’affranchit du seul centre.
Le bourg « s'applique à une agglomération qui s'inscrit aux marges de la cité, en situation
périurbaine, ou dans la campagne. Les bourgs (…) abritent souvent une population d'artisans ou
de marchands : ils constituent le noyau de la bourgeoisie. (…) Ils sont le siège de marché ou de
foires, et abritent des services élémentaires. Dans l'ouest de la France, on désigne par bourg le
centre des communes. (…) Le bourg abrite l'école, la mairie et l'église, mais n'est pas
nécessairement plus important que d'autres fractions de la commune. » (CHOAY, MERLIN, 2005,
p.128) Des évolutions de cette notion, on peut conserver des aspects clefs comme l'origine
médiévale avec les fortifications, qui explique la formation de ces centres. On retrouve, comme
pour la définition de « centre », des critères. Il s'agit de la population, des activités économiques et
20
des services dits « de base », où le bourg est le « siège », le centre, l'espace où cela se concentre. Il
y a donc une convergence dans la manière de définir le centre et le bourg par critères, qui sont
globalement similaires. L'expression « centre des communes » est intéressante et pertinente par
rapport aux aspects de la centralité, où le bourg jouerait ce rôle de centralité. De plus, énoncer que
le bourg est le centre de la commune donne une indication sur sa délimitation et sa situation dans le
territoire communal. Enfin, le bourg est clairement identifié comme entité spatiale autonome, située
en dehors de la ville, et donc dans les espaces périurbains ou la campagne.
c. Définition du « bourg-centre »
Cette expression est utilisée à la fin des années 90 par Valérie Joussseaume pour sa thèse. Elle
s'intéresse au Département de la Loire Atlantique, et a construit sa définition selon les
caractéristiques de ce territoire. Néanmoins, l'éclairage qu'elle apporte est intéressant pour
enrichir le propos de ce mémoire. L’appellation « bourg-centre » est mobilisée afin de
distinguer « le chef-lieu de simple commune, « le bourg », et le petit centre rural intermédiaire
entre le bourg et la petite ville, « le bourg-centre » ». (JOUSSEAUME, 1998, p.10) Pour elle,
le bourg-centre est n’est pas une partie de la commune comme le sont les centres-bourgs, mais
la commune dans son intégralité. C'est une catégorie du découpage territorial, et donc de la
hiérarchie urbaine, entre le bourg et la ville. Aussi, elle énonce combien il est difficile et délicat
de définir le bourg-centre. Elle évoque le décalage entre les définitions données au niveau
national, et les caractéristiques régionales voir locales. De ce fait, le Réseau-Bourgs (1993) a
évité cet écueil en proposant une définition simple en trois critères. C'est « le niveau de
population, le niveau d'équipement et l'indépendance vis-à-vis de la ville ou d'une mono-
activité touristique. » (JOUSSEAUME, 1998, p.15) Cette analyse met en valeur les éléments
essentiels à prendre en compte, qui sont semblables aux critères de définition du centre et du
bourg. Le premier facteur est l'humain, puis vient l'offre d'équipements publics. Le dernier
critère est très pertinent, puisqu'il pose la question des relations avec les territoires extérieurs
au bourg-centre.
21
2) Le centre-bourg vu par les élus des communes étudiées
a. Origine de la formation des centres-bourgs, une centralité historique certaine
Les centres-bourgs avaient à l’origine une fonction particulière, cause de leur établissement et
de leur développement. « L'offre de commerces et de services aux populations rurales est une
fonction essentielle, sinon fondatrice, du bourg-centre. Dans une société paysanne, limitée dans
ses déplacements, le bourg-centre était le lieu d'échanges. » (JOUSSEAUME, 1998, p.19) Du
fait de leur fonction commerciale, ils étaient le point de concentration des flux. Les marchés et
les foires attiraient la population, à la recherche de denrées alimentaires, de bétail, ou encore de
productions manuelles et artisanales (habits, matériel agricole, etc.). Actuellement, des traces
de cette fonction historique se retrouvent dans le paysage. Ce sont par exemple des marchés
historiques comme à Saint-Marcellin où depuis le XIVème siècle un marché alimentaire se tient
sur la place d’Armes, en plein cœur du centre-bourg devant la mairie.
Photographie 1 : Marché alimentaire du vendredi matin sur la Place d'Armes,
Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)
22
Il s’agit également de constructions avec des halles comme celle de Mens (reconstruite en
1841), qui est aussi signalée par des toponymes comme « Rue de la Halle. »
La fonction d'animation était également présente puisque ces bourgs offraient des
divertissements, des fêtes de villages, et des célébrations diverses.
Par exemple, Mens constituait un point d’étape :
M. COQUET, maire de Mens
« La première phase du développement de la commune est celle du peuplement, à partir des
murailles, due à l’existence d'une étape au sens romain du terme, de type marchande, où se
croisaient des voies de circulation très secondaires parce que Mens n'était pas sur un grand
axe. La commune est née de ça. Les faubourgs se développent sur des axes d’arrivée,
notamment un axe vers le nord plutôt du côté de Monestier de Clermont parce que des activités
manufacturières se développent, comme le tissage avec le chanvre. »
Cette fonction d’échanges « était généralement associée à un rôle ancien d'encadrement
politique, militaire ou religieux sur la campagne voisine (ABBAD et al., 1984). »
(JOUSSEAUME, 1998, p.19) Ce rôle n’est pas nécessairement dans une autre commune
puisque certaines peuvent avoir une ou plusieurs de ces fonctions. Par exemple, en plus d'être
une sous-préfecture de l'Isère de 1800 à 1926, Saint-Marcellin abritait un tribunal, fonction
judiciaire de haut rang, dont le monument a été conservé.
Photographie 2 : Halle de Mens (CAUE de l’Isère, 13 mars 2015)
23
M. REVOL, maire de Saint-Marcellin
« Nous héritons d'une situation où nous sommes une ancienne sous-préfecture de l'Isère. Même s'ils
sont moins importants qu'avant, nous avons gardé de nombreux services de l'Etat. Cette structure
administrative a eu un effet protecteur. »
Pour l'aspect religieux, quasiment tous les centres-bourgs étudiés possédaient et possèdent au
minimum un lieu de culte. Très souvent, on peut attester l’existence d’un bourg par un monument
religieux. Par exemple, la construction de l’église dédiée à Saint Marcellin, premier évêque
d’Embrun, est mentionnée au XIème siècle. Les centres-bourgs exerçaient tous un rôle de centralité
religieuse, à l’échelle de la commune et/ou des communes voisines. Ce fait leur confère une
importance et une attractivité certaines.
b. Les élus définissent le centre-bourg
Les entretiens menés ont été l’occasion de questionner les élus sur la notion de centre-bourg (cf.
figure 5, question 1 de la grille d’entretien). Leurs réponses se rejoignent complètement, et
convergent avec les explications et les définitions données ci-dessus, en apportant des éléments
concrets et des précisions.
M. MIGNOT, maire de Beaurepaire
« La notion de centre-bourg c'est d'abord une agglomération d'habitat, autour de services,
administratifs, services publics, mais aussi de services à la population en terme de commerces et
d'usages. C'est véritablement un lieu de centralité. »
M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin
« Il n'y a pas une notion de centre-ville qui soit la même d'une commune à une autre. Le nôtre est
sur un linéaire, et c'est ce que j'appelle le cœur de ville. C'est là où on trouve l'activité de
commerces, de services, et la population, ce qui crée du lien social. Je pense que c'est aussi une
partie de l'image de la commune. »
Mme FAVIER, adjointe au développement durable et à la citoyenneté des Avenières
Veyrins-Thuellin
« C'est la rue principale d'un village ou d'une commune où on trouve des commerces, des services,
et de la vie. »
24
M. COQUET, maire de Mens
« Un centre-bourg rassemble sur un territoire relativement restreint un ensemble de services, une
fréquentation et des circulations plus intenses que dans le reste de la commune, ainsi qu'une
attractivité qui fait que l'on identifie d'abord la commune à son bourg puis à son centre-bourg. »
M. MAS, conseiller délégué à l’urbanisme de Roussillon
« La notion de centre-ville correspond à un lieu de vie important, où les personnes peuvent circuler,
se retrouver, aller dans des commerces, s'installer à des terrasses, stationner aussi puisque cette
problématique est un élément important, que cela soit vraiment un lieu dans lequel on a envie de
se retrouver spontanément. »
M. REVOL, maire de Saint-Marcellin
« Un centre-bourg c'est une entité qui répond aux différents besoins des habitants. Il comporte cinq
fonctions : l'habitat, le service (avec l'administratif), le commerce, l'artisanat, et le culturel. »
En résumé, selon eux, le centre-bourg est le lieu où se concentrent la population, les activités
économiques (commerces, services, marchés, etc.), et les services sur un espace restreint. Cet espace
se spécialise par ses caractéristiques par rapport au reste du territoire communal. Le centre-bourg
donne aussi une identité à la commune. Aussi, le « centre-bourg » n’est pas la seule expression
utilisée. Il y a de nombreux synonymes, énoncés par les personnes interrogées et rencontrés au fil
des recherches sur la thématique. Il s'agit de cœur de ville, cœur de village, centre ancien, centre
historique, bourg-centre, centre-ville, etc. Ce constat, non exhaustif, témoigne des forts besoins de
dénomination de ces espaces, de leur complexité, et renforce le fait qu'ils sont au premier plan
depuis quelques temps. Toutes ces notions renvoient à l'idée et aux définitions évoquées, et seront
utilisées comme synonymes tout au long de ce mémoire.
c. Le centre-bourg se définit également par son périmètre
La délimitation des centres-bourgs étudiés s’est réalisée par l’analyse de leur photographie aérienne,
par les propos des élus et leur dessin du périmètre quand il était effectué.
25
M. MIGNOT, maire de Beaurepaire
« L'hyper-centre c'est la première couronne, qui correspond à la trame historique, et il y a une
deuxième couronne autour. Après les constructions se sont faites sur les axes, en fonction des
activités qui se sont développées et de la place qu'elles demandaient. Il y a aussi cette petite encoche
qui va jusqu'à la mairie, qui était un faubourg à l'origine, puisque les remparts étaient à ce niveau. »
Cartographie 2 : Localisation ressentie du centre-bourg de Beaurepaire en 2017 (selon une analyse de la morphologie
urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Le centre-bourg de Beaurepaire se développe en pied de coteau, il est surplombé par une motte
castrale où s’élève le château. Ce “village-tas” s’organise en plusieurs ensembles. Le premier, le
centre historique, est composé d’îlots bâtis denses, traversés par des rues structurantes. Ce cœur
médiéval s’accompagne d’un tissu urbain ancien de faubourgs, où le bâti est un petit peu moins
compact, permettant une structuration plus nette par un maillage des voies de communication. Des
touches végétales aèrent ce tissu urbain ancien. Puis, le centre historique est bordé d’un
développement bâti plus récent, caractérisé par une densité plus faible et un habitat majoritairement
pavillonnaire.
26
M. SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans
« Aujourd'hui le cœur de bourg c'est le centre historique qui se poursuit jusqu'aux écoles. »
Cartographie 3 : Localisation ressentie du centre-bourg du Bourg d'Oisans en 2017 (selon une analyse de la morphologie
urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Le centre historique du Bourg d’Oisans est facilement identifiable par son ensemble bâti dense. La
particularité est qu’il est traversé selon les points cardinaux par des voies de communication, qui
sont des axes historiques. Ils desservent le centre-bourg et ses îlots. Cet ensemble a été complété au
fil des décennies par du bâti diffus, présentant une densité plus faible. L’ensemble s’inscrit dans un
environnement naturel remarquable, la plaine agricole de l’Oisans. Le périmètre pressenti du centre-
bourg comprend le centre historique et ses marges.
27
Mme FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin
« C'est la rue principale, le cœur historique, où se regroupent les commerces, les différents services,
et la place du monument aux morts. »
Cartographie 4 : Localisation ressentie du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin en 2017 (selon une analyse de la
morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Le centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin présente un village rue en forme de “L”, structuré
par deux axes historiques. Le bâti est aligné sur rues et se développe en continue le long des voies.
Le logement en étage est lié au commerce en rez-de-chaussée, avec une entrée unique. Ce centre
historique est bordé au nord de constructions récentes, et au sud d’équipements (mairie, écoles).
Cet ensemble contraste avec le reste du centre-bourg qui présente du bâti pavillonnaire et un certain
étalement.
28
M. COQUET, maire de Mens
« Le périmètre du centre-bourg correspond à l'ancienne enceinte médiévale, avec ses murailles et
les deux extensions avec les faubourgs. C'est le périmètre qui a servi de base à notre étude de
requalification des espaces publics. Cette agglomération offre des services pour les habitants d'un
territoire plus large. »
Cartographie 5 : Localisation ressentie du centre-bourg de Mens en 2017 (selon une analyse de la morphologie urbaine et le
dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Le centre historique de Mens est reconnaissable par le noyau de bâti ancien dense. Il est structuré
par deux routes historiques, créant ainsi deux traversées selon les points cardinaux. Les îlots denses
sont innervés par des dessertes internes. Cet ensemble bâti homogène est complété par un
développement périphérique de nouveaux quartiers pavillonnaires et d’un pôle d’équipements.
Mens s’inscrit dans un paysage remarquable, alternant champs agricoles, petits ensembles forestiers
et prairies, ce qui conforte son caractère rural
29
M. MAS, conseiller délégué à l’urbanisme de Roussillon
« Nous avons une problématique particulière, c'est que la commune est divisée en deux par la
topographie et l'histoire, avec en bas une urbanisation qui s'est faite autour du développement
industriel, puis, l'axe de communication entre Roussillon le bas et Roussillon le haut, avec le cœur
de village historique, la Grande rue, la place du château, et le développement de l’habitat
individuel. En plus, il y a eu la coupure de l'autoroute, ce qui favorise encore plus cette
problématique-là. Le cœur de ville pour moi il y en a deux avec deux lieux de vie. »
Cartographie 6 : Localisation ressentie du centre-bourg de Roussillon en 2017 (selon une analyse de la morphologie urbaine
et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Au nord, le centre historique de Roussillon est un “village-rue”, qui s’est développé sur les rebords
du Plateau de Louze. Il concentre l’habitat ancien autour de la Rue Grande. Au sud, un deuxième
centre s’est formé dès 1915 suite à l’établissement d’industries majeures, comme Rhône-Poulenc.
Des cités ouvrières se sont développées pour répondre aux besoins en logement. Malgré ces deux
centres, le périmètre pressenti du centre-bourg correspond à celui du centre historique avec ses
quartiers proches. La coupure entre ces centres est accentuée par l’autoroute. De plus, la proximité
avec Péage-de-Roussillon a créé une urbanisation continue entre les deux communes. Enfin,
l’agriculture est fortement présente sur le plateau, avec des vergers et du maraîchage. Les
boisements révèlent la topographie et les ruptures de pente.
30
M. REVOL, maire de Saint-Marcellin
« Délimiter le périmètre du centre-bourg est difficile. Si vous interrogez les Saint-Marcellinois dans
la rue, pour eux le cœur de ville c'est la Place d'Armes et la rue piétonne, alors que pour d'autres
le centre sera peut-être plus grand. Selon où on habite et ce que l'on fait dans le centre-ville, les
approches seront totalement différentes. »
Cartographie 7 : Localisation pressentie du centre-bourg de Saint-Marcellin en 2017 (selon une analyse de la morphologie
urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Le centre historique de Saint-Marcellin est identifiable par la concentration du bâti médiéval sur un
espace restreint. Cette enveloppe ovale rappelle la ville fortifiée. Elle est traversée en son centre par
la Grande Rue, piétonne depuis 1989, créant une liaison est-ouest. Le périmètre pressenti du centre-
bourg correspond à ce centre historique et ses quartiers urbanisés proches où le bâti est moins dense
et présente une certaine mixité. Le centre-bourg est ensuite bordé d’îlots pavillonnaires et collectifs,
se développant le long des axes de communication.
31
En somme, le périmètre du centre-bourg englobe le tissu urbain historique, parfois d’origine
médiévale. Dans ce cas, les limites, avec les murailles, sont visibles par endroit ou bien sont alors
complètement détruites, et seules subsistent les traces de leur forme. A chaque fois, le périmètre du
centre-bourg correspond au centre historique et à ses quartiers proches. Cette délimitation n’est pas
une analyse figée, et diffère selon la personne qui l’effectue et les objectifs qu’elle a. C’est
néanmoins celle qui a été retenue pour cette étude. Lors de cette analyse des périmètres des centres-
bourgs, une brève esquisse de la morphologie urbaine a été réalisée. Cependant, les formes urbaines
doivent être examinées de manière plus fouillée et précise.
3) Etude approfondie de la morphologie urbaine des centres-bourgs sélectionnés
a. Définition et méthode d’analyse de la morphologie urbaine
La morphologie urbaine est « l’étude de la forme physique de la ville, de la constitution progressive
de son tissu urbain et des rapports réciproques des éléments de ce tissu qui définissent des
combinaisons particulières, des figures urbaines (rues, places et autres espaces publics …). »
(ALLAIN, 2004, p.5) L’analyse de la morphologie urbaine est très importante puisque c’est « la
clef de compréhension des paysages urbains. » (Ibid.) C’est d’autant plus fondamental pour l’étude
sur les centres-bourgs et leur revitalisation, puisque « le préalable indispensable à toute
intervention ou opération d’aménagement est l’analyse morphologique. (…) Elle donne des
instruments pour des choix. » (ALLAIN, 2004, p.6)
Pour Allain, la morphologie urbaine s’analyse selon le système urbain, composé de sous-systèmes
qui sont :
- le politique, avec le rôle des acteurs et les décisions
- l’économie, où la ville produit et consomme des biens et des services
- le sous-système morphologique
Ce dernier s’organise en trois grandes composantes : les « éléments », qui forment la « structure »,
qui est elle-même régie par des « logiques et des moyens », comme illustré par la première partie
de la figure ci-dessous.
32
Figure 4 : Le système morphologique selon Allain (ALLAIN, 2004, p.15)
L’auteur explicite les « éléments » du système morphologique en cinq points, comme présentés sur
la deuxième partie de la figure ci-dessus, et détaillés comme suit :
- Le plan correspond à la représentation de la forme générale de la ville, structuré par
le réseau viaire, et qui se caractérise par une grande stabilité dans le temps.
- Le parcellaire est le « découpage du sol en lots ou parcelles pour son appropriation
ou son utilisation » (ALLAIN, 2004, p.16). Déterminé par le maillage, il évolue
lentement, mais il peut se subdiviser. Il est le support du bâti « qu’il influence et par
lequel il peut être influencé » (Ibid.).
- Le bâti, aussi synonyme de tissu constructif, « est composé d’immeubles
caractérisés par leur âge, leur style, leur élévation ; mais aussi par les « vides
urbains » et les espaces publics (places, parcs, jardin…). » (Ibid.)
- L’utilisation du sol renvoie à la fonction d’un espace : résidentiel, économique, de
loisir, etc.
- Le site a une grande influence sur les composantes évoquées, puisqu’il s’agit de la
topographie, de la végétation, du réseau hydrographique, etc. La forme urbaine se
détermine donc également par le site.
Ensuite, la « structure » est la façon dont les éléments cités ci-dessus s’organisent. C’est le tissu
urbain, qui peut être « continu ou discontinu, plus ou moins dense, étiré suivant certains axes ou
coupé de ruptures physiques. » (ALLAIN, 2004, p.17)
33
Pour finir, les « logiques et les moyens » sont « les idéologies, les décisions ou les processus à
l’œuvre qui contribuent à donner naissance à une structure. » (Ibid.) Ce sont des facteurs qui ont
influencé la forme urbaine et qui permettent de l’expliquer. Il peut s’agir par exemple de projets
urbains, de règles délivrées par le plan local d’urbanisme, de politiques particulières.
Pour compléter, le maillage fait partie de l’analyse de la forme urbaine, et se compose de la voirie
qui crée des réseaux. « On distingue le maillage général qui fait apparaître les grandes lignes de
la structuration de la ville et le maillage de détail, dont les logiques sont souvent différentes et qui
forme une résille plus fine qui peut être analysée à l’échelle du quartier. » (ALLAIN, 2004, p.69)
C'est la « première expression de la ville. Formé progressivement, il porte la marque du site, reflète
l’histoire d’une ville et exprime sa personnalité. Il permet d’évaluer la densité de la ville, le rapport
des pleins et des vides, de l’espace bâti et des espaces publics, leurs positions relatives, les aires et
secteurs ainsi que la situation des principaux monuments qui ont souvent un impact essentiel sur la
structuration du tissu. » (Ibid.)
Enfin, la morphologie urbaine intègre les fonctions urbaines, que sont l’habitat, les activités
économiques, culturelles, de loisir, etc. « On parle alors de mixité fonctionnelle lorsque sont
représentées dans un quartier au moins deux de ces fonctions. » (AUCAME, 2008, p.3). De plus,
« le rôle des formes urbaines est considérable puisqu’elles agissent directement sur les pratiques
et la qualité de vie. » (Ibid.)
b. Composition urbaine : les modules de morphologie urbaine
L’analyse de la bande (synonyme de rangée) est importante puisqu’elle structure les centres-bourgs
étudiés. Cet élément de composition urbaine s’entend comme « des parcelles et des constructions
alignées le long d’une ligne droite, brisée ou courbe selon le tracé de la rue. (…) Les bandes
représentent une grande partie de la structure spatiale de base de nos villes et villages. »
(BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11) Les bandes sont de plusieurs types et diffèrent dans leurs
caractéristiques. Il y a des « bandes ouvertes ou des bandes fermées, des bandes simples ou des
bandes doubles. Dans le cas de bandes ouvertes, les maisons simples ou mitoyennes sont entourées
d’un espace libre. Tandis que les maisons simples sont isolées, les maisons doubles (ou mitoyennes)
ont une partie commune sur un de leurs côtés. Dans le cas de bandes fermées, aucun espace libre
ne subsiste. Les bâtiments forment alors une bordure continue ; on parle de tissu serré. Une bande
est simple lorsqu’un seul côté de la rue est bâti – en tissu serré ou en tissu lâche. Dans le cas d’une
bande double, les deux côtés sont bâtis. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11-12) Les bandes sont
en relation directe à la rue. Elles sont ainsi reliées à la ville et au tissu urbain.
34
Figure 5 : Représentation de bande simple, en haut la bande ouverte et en
bas la bande fermée, selon Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11)
Cartographie 8 : Structuration en bande simple fermée, et ouverte par endroits, de la Rue de Ciers aux Avenières Veyrins-
Thuellin (Géoportail, 2017)
35
Cartographie 9 : Structuration en bande fermée (simples et doubles) des Rues du Breuil et Louis Rippert de Mens
(Géoportail, 2017)
La structure et le bâti les plus anciens de certains des centres-bourgs étudiés datent de l’époque
médiévale. « Dans la ville historique dense, les maisons s’élevaient souvent directement au bord
de la rue pour économiser la surface au sol. La limite de la parcelle se confondait avec l’alignement
du bâtiment. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.14) Au niveau des fonctions, de l’orientation et de
la desserte, « grâce à sa liaison directe avec le réseau viaire, la bande peut en principe, en tant que
module de morphologie urbaine, assurer toutes les fonctions. De nos jours encore, les ruelles des
centres historiques et des bourgs présentent cette mixité des fonctions. Le rez-de-chaussée se prête
particulièrement bien aux activités liées à l’habitat – comme le commerce, la restauration ou
l’artisanat. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.15) Au Moyen Âge, les villes (et donc les centres-
bourgs également) s’organisaient en « bandes de parcelles et de bâtiments aux typologies
semblables, malgré certaines variations dans les détails. La maison regroupant l’artisan et le
marchand constituait alors l’unité de base de la ville. Elle s’ouvrait sur l’espace public (avec ses
ruelles, rues et places) par sa façade principale et se refermait sur la sphère privée, du côté
intérieur, caractérisée par des cours et jardins à peine visibles qui pouvaient même parfois être
complètement bâtis dans des villes très denses. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.17)
36
Puis, on change d’échelle en évoquant un autre aspect de la composition urbaine : « l’îlot (…) [qui]
est – avec la bande – un des plus anciens et importants modules de morphologie urbaine. (…) L’îlot
est constitué de plusieurs parcelles (une seule parfois) entourées de rues. » (BURKLIN,
PETEREK, 2008, p.21) L’îlot est pleinement intégré à l’espace urbain, et le structure.
Figure 6 : L'îlot selon Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.21)
Cartographie 10 : Structuration en îlots du centre historique de Beaurepaire (Géoportail, 2017)
37
c. Les centres fortifiés du Moyen Âge
c.1. Le tissu urbain ancien
Les centres-bourgs de Beaurepaire, Saint-Marcellin, Mens, et Roussillon, ont une origine
médiévale. Le Moyen Âge se divise en trois grandes périodes. Le Haut Moyen Âge, du VIème au
Xème siècle, puis le Moyen Âge Central du XIème au XIIIème siècle, et enfin le Moyen Âge Tardif du
XIVème siècle au XVème siècle.
La ville médiévale « n’est pas le produit d’un système urbanistique imposé par un pouvoir mais
d’un urbanisme de marchands et d’artisans citoyens, de multiples initiatives individuelles, de
techniques artisanales, d’un savoir-faire varié. C’est une construction parcellisée dont le micro-
parcellaire et l’irrégularité du tissu, l’adaptation au contexte, sont les corollaires. Homogène sans
être uniforme, elle est à l’image d’une structure sociale où l’organisation du travail (les métiers et
les corporations) joue un rôle essentiel en tant que demande et savoir-faire. Même si ces conditions
ont disparu depuis longtemps, la forme urbaine produite persiste et nous parle. » (ALLAIN, 2004,
p.40) A ce moment-là, les villes ont une population de marchands et d'artisans, ce sont les bourgeois.
A l'inverse de la culture antique, la particularité de la culture médiévale est qu'elle ne formalise pas
de modèle, ce qui rend difficile la caractérisation de manière générale des formes urbaines. De fait,
« les villes du Moyen Age ont toutes les formes possibles et s'adaptent librement à toutes les
circonstances historiques et géographiques. » (BENEVOLO, 2004, p.178) Cependant, quelques
caractéristiques émergent. Le réseau viaire est irrégulier mais forme un espace unitaire. Les rues
sont hiérarchisées entre des artères principales et des secondaires, dont les places sont comme des
prolongements. Les centres anciens de l’époque Médiévale ont un tissu urbain avec un bâti dense,
les rues sont étroites et sinueuses. Les bourgs se sont établis selon la topographie et les contraintes
du site (hydrographie, exposition au vent, au soleil), et se sont formés autour de l’activité agricole.
Les règles de composition du plan sont liées à la rareté des terres et à leur économie, ainsi qu’à la
concentration du bâti pour des raisons de sécurité liées au contexte de guerre et d’invasion. Les
espaces publics sont quasiment inexistants, hormis les rues étroites et sinueuses, et quelques places.
C’est l’échelle du piéton qui domine et qui régit l’organisation du bourg. Ces éléments sont
caractéristiques des centres-bourgs médiévaux étudiés. Ce tissu urbain ancien dense hérité de
l’époque médiévale, ou de quelques siècles plus tard pour Les Avenières Veyrins-Thuellin et Le
Bourg d’Oisans, est un des éléments explicatif de leur perte de vitalité. Certains bâtis sont dégradés,
vacants, et les centres-bourgs manquent d’espaces publics. Par contre, ce côté historique est aussi
une réelle plus-value pour revitaliser puisqu’il contribue à l’identité du centre-bourg, qui recèle de
nombreux éléments à mettre en valeur.
38
c.2. Les murailles et les faubourgs
Les nécessités de défense liées au contexte de guerres imposent une forme en anneau, qui devient
le modèle des villes médiévales. Le tissu urbain de ces cités est encerclé de fortifications afin de
protéger les habitants.
A la fin du Xème siècle, les villes européennes connaissent une renaissance économique,
accompagnée d’une augmentation de la population, et d’une croissance de l’agriculture, de
l’industrie et du commerce. (BENEVOLO, 2014, p.169) Cette période faste est due à la stabilisation
des peuples envahisseurs (Arabes, Vikings, Hongrois), ainsi qu’aux progrès techniques dans le
domaine agricole. Ces transformations induisent des changements dans le système de l’habitat en
ville et à la campagne. La population augmente, et une partie ne trouvant pas de travail dans la
campagne s'établit alors dans les villes, « ce qui entraîne l'accroissement de la masse des artisans
et des marchands, qui vivent aux marges de l'organisation féodale. La ville fortifiée du haut Moyen
Age – à laquelle on donne le nom romain de bourg – est trop petite pour les accueillir ; il se forme
alors aux portes de la ville d'autres établissements que l'on appelle faubourgs et qui deviennent
rapidement plus grands que le noyau originel. Il devient nécessaire de construire une nouvelle
enceinte qui englobe les faubourgs et les autres établissements (églises, abbayes, châteaux) qui se
trouvaient hors de la vieille enceinte. » (BENEVOLO, 2014, p.169) Ce développement est
spécifique à la ville, mais le même phénomène, de moindre intensité, s’est produit dans les plus
petits ensembles bâtis que sont les centres-bourgs. Les faubourgs sont des îlots hors des portes du
bourg, hors des murailles médiévales. Ils sont constitués de maisons à l’alignement de la rue, avec
à l’arrière des cours ou des jardins. Les parcelles sont en lanière, perpendiculaires à la voie. Il peut
y avoir par endroit des rez-de-chaussée commerciaux. « Jusqu’au milieu du XIXème siècle, les
extensions se sont effectuées à partir de ces centres sous forme de digitations denses mais étroites,
les faubourgs. » (ALLAIN, 2004, p.55) Ces propos s’illustrent avec la figure ci-dessous qui
présente le centre-bourg médiéval de Mens.
39
Cartographie 11 : Enceinte médiévale fortifiée et faubourgs de Mens (Léa Gouttenoire, août 2017, fond de carte Géoportail)
Conclusion de la partie I
Cette première partie a permis de définir ce qu’est un centre-bourg aujourd’hui en tant qu’entité et
en tant qu’objet, en se basant sur les centres-bourgs étudiés. La définition scientifique par critères
se complète aisément par les définitions des élus interrogés, qui apportent un côté sensible, et
l’analyse du terrain et du quotidien. Les centres-bourgs ne se sont pas établit par hasard, ils se sont
constitués pour des raisons spécifiques. La fonction d’échanges est celle qui prévaut, suivie, de
manière non hiérarchisée, par la fonction religieuse, administrative ou encore judiciaire. L’analyse
de leur morphologie urbaine permet de révéler leurs qualités, une bonne structuration, un héritage
historique, une identité, mais aussi les difficultés qu’elle pose actuellement par son ancienneté et
parfois son inadaptation aux besoins de la vie quotidienne et aux attentes des habitants. Il s’agit
notamment d’espaces publics réduits et d’un tissu bâti vieillissant. La délimitation du périmètre des
centres-bourgs amène ensuite à se questionner sur ce qui fait centre. Quelles sont les dynamiques
actuelles des centres-bourgs ? Qu’est-ce que la dévitalisation ? Quelle place dans le territoire et
quelle centralité pour ces espaces ?
40
II. Le centre-bourg dans son territoire : quelles sont les
dynamiques de dévitalisation ? Aujourd’hui dans le rural
et le périurbain, les centres-bourgs sont-ils des
centralités ?
1) Diagnostic des symptômes de la dévitalisation à l’échelle des
centres-bourgs, illustration avec les études de cas
a. Activités économiques, équipements et services publics
a.1. Le phénomène de la vacance commerciale
C’est la première marque forte de dévitalisation dans le territoire. Les vitrines abandonnées créent
des ruptures, et donnent une impression d'abandon et de paupérisation. La fermeture des commerces
touche de nombreux centres-bourgs, et est présente dans les six exemples étudiés.
« L’administration publique et les professionnels de l’immobilier appréhendent la vacance
commerciale en général comme une conséquence d’un désajustement temporaire entre l’offre et la
demande en locaux commerciaux. En France, par exemple, l’Insee et les services fiscaux définissent
la vacance comme l’état d’un bien immobilier inoccupé, disponible à la location. Pourtant, la
vacance peut aussi se rapporter à des locaux inoccupés en cours de bail. Surtout, la vacance est
ramenée, selon cette acception, à un accident de marché ; il s’agit d’un phénomène de nature
conjoncturelle et réversible. Or, elle peut se rapporter à des locaux inoccupés définitivement sortis
du marché et revêtir en conséquence un caractère durable voire irréversible. » (Rapport
revitalisation commerciale, p.114) La vacance commerciale est un indicateur de mesure de la
dévitalisation commerciale, mais les données n’ont pas été trouvées pour les centres-bourgs étudiés.
Ensuite, même si l’analyse du nombre d’établissements1 ne fait pas partie de la dévitalisation
commerciale, elle apporte des informations intéressantes pour les centres-bourgs du panel. Les
données sont mises en valeur dans le tableau ci-dessous. Il y a un lien entre la population et le
nombre d’établissements, car le classement par ordre décroissant de la démographie est le même
que celui pour les établissements.
1 Selon l’INSEE : « Un établissement produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie,
un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel
informatique... L'établissement, unité de production, constitue le niveau le mieux adapté à une approche
géographique de l'économie. »
41
Tableau 3 : Nombre d'établissements selon l'INSEE en 2015 et part de l'agriculture pour les six centres-bourgs étudiés,
classés selon l’ordre décroissant de population (Léa Gouttenoire, août 2017)
Saint-
Marcellin
Roussillon Les Avenières
Veyrins-
Thuellin
Beaure-
paire
Le Bourg
d’Oisans
Mens
Nombre
d’établissements
actifs au 31
décembre 2015
865 672 638 497 486 230
Part de
l’agriculture
(en %)
1.3 1.8 6.1 3.6 2.9 9.6
Ce qui émerge du tableau est la forte part d’agriculture pour Mens, bien que ce soit la commune qui
ait le plus faible nombre d’établissements. Les parts des autres domaines n’ont pas été relevés car
il n’y avait pas de chiffre éloquent ni intéressant pour la problématique étudiée.
42
Cartographie 12 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de
Beaurepaire le 2 mars 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Photographie 3 : Commerce de
bouche vacant depuis peu sur la
Place de la Paix à Beaurepaire
(Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2 mars 2017)
Photographie 4 : Rez-de-chaussée
commerciaux, Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2
mars 2017)
Cartographie 13 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans
le 10 mai 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Photographie 5 : Commerce
vacant Rue Général Bataille, Le
Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)
Photographie 6 : Commerces en
activité Rue de Viennois, Le Bourg
d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 10 mai 2017)
43
Cartographie 14: Commerces, équipements et services publics du centre-bourg des Avenières
Veyrins-Thuellin le 23 février 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Photographie 7 : Commerce de
bouche vacant, Les Avenières
Veyrins-Thuellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
23 février 2017)
Photographie 8 : Commerce de
bouche en activité, Les Avenières
Veyrins-Thuellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
23 février 2017)
Cartographie 15 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Mens le 4
avril 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Photographie 9 : Commerces Rue
du Breuil, Mens (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4
avril 2017)
Photographie 10 : Cave à vin
Place de la Halle, Mens (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
4 avril 2017)
44
Cartographie 16 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de
Roussillon le 22 mars 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Photographie 11 : Commerce
vacant Rue Grande, Roussillon
(Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 22 mars 2017)
Photographie 12 : Commerce en
activité Rue Grande, Roussillon
(Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 22 mars 2017)
Cartographie 17 : Commerces, services et équipements publics du centre-bourg de Saint-
Marcellin le 5 mai 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)
Photographie 13 : Commerces
en activité, Grande Rue, Saint-
Marcellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)
Photographie 14 : Commerces
vacants, Rue Grande, Saint-
Marcellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)
45
Les locaux commerciaux se concentrent dans les centres historiques, en rez-de-chaussée des
bâtiments du tissu ancien, le long des rues et des axes de communication principaux. Du fait de la
dévitalisation commerciale, ils forment des linéaires commerciaux discontinus. La vacance du
commerce en rez-de-chaussée est souvent associée à la vacance du ou des logements situé(s) en
étage(s). La vacance commerciale est très importante à Saint-Marcellin, elle est moyennement
importante à Beaurepaire, Les Avenières Veyrins-Thuellin, et Roussillon. En revanche, elle est
plutôt faible au Bourg d’Oisans et à Mens. La vacance correspond à plusieurs temporalités. Quand
elle est installée depuis plusieurs années, les locaux, la vitrine et les façades sont souvent très
dégradés. Les locaux commerciaux récemment vacants ont un aspect moins détérioré et sont vides.
Les locaux commerciaux vides sont autant de possibilité d’une nouvelle affectation. Par le passé,
certains ont été transformés en habitation. Cela est visible car les rez-de-chaussée avec d’anciennes
vitrines ont été modifiés et sont maintenant habités. Malgré ce constat, le tissu commercial demeure
important et présente une activité certaine. La fonction commerciale est donc fortement présente
dans les centres-bourgs étudiés.
Il y a de nombreux liens entre la forme urbaine du centre-bourg et les dynamiques commerciales.
« La morphologie urbaine conditionne en partie la capacité de résistance commerciale du centre-
bourg. Les bourgs-centres peuvent être classés suivant trois morphologies. Le bourg longiligne,
organisé le long d'un axe de circulation, présente un étirement commercial très néfaste. (…) Ces
bourgs souffrent encore parfois d'une circulation automobile extrêmement dense et souvent
dangereuse. (…) Dans ce contexte, la concentration du commerce a du mal à s'organiser faute de
point de coagulation. » C’est le cas des Avenières Veyrins-Thuellin et de Roussillon. La
morphologie historique de ces « villages-rue », où l’artère commerçante n’est pas piétonnisée,
constitue plutôt un lieu de passage que de vie. Cela ne favorise pas la déambulation piétonne, et ne
participe pas à la vitalité commerciale. Ensuite, « la morphologie traditionnelle du bourg-centre
s'articule à partir d'une place, souvent bâtie autour de l'église, et de quatre rues rayonnantes. On
constate dans ce centre-bourg, un mouvement de concentration des commerces vers la place
centrale et l'apparition de vitrines abandonnées dans les rues rayonnantes, au-delà de deux cents
mètres à partir de la place. » Ce cas de figure se rapproche de Beaurepaire et de Saint-Marcellin,
où il y a une gradation de la vacance commerciale depuis une place. Enfin, « la place centrale
équipée d'un parc de stationnement est la morphologie bourgadine la plus favorable à la
concentration d'une activité marchande. » La Place d’Armes de Saint-Marcellin, où a lieu le marché
du vendredi matin, est un parfait exemple. En somme, « la multiplicité des places n'est pas
favorable. (…) L'éparpillement des commerces en ces trois lieux est néfaste. (…) Le bourg-centre
de faciès urbain, aux rues et aux places multiples, est également concerné par le recentrage
commercial. » (JOUSSEAUME, 1998, p.59)
46
a.2. La dégradation et la perte de dynamisme des commerces
Des locaux commerciaux en activité sont parfois vétustes et vieillissants, et présentent des vitrines
peu avenantes, ce qui réduit l’attractivité commerciale des rues et nuisent à l’image du centre-bourg,
peu à peu déserté par les habitants et les clients. Le coût des loyers est souvent surestimé. Il y a un
manque de diversité commerciale et de prestations de qualité. Les horaires d’ouverture ne sont pas
adaptés aux besoins de la population. Bien souvent, les commerces ne sont pas ouverts le matin
quand les actifs partent travailler, ni pendant la pause méridienne, ni le soir quand les actifs rentrent.
Internet, le drive, les supermarchés et les autres polarités commerciales en périphérie des centres-
bourgs concurrencent le commerce de proximité. De plus, il y a une absence de complémentarité
entre les commerces du centre et l’offre commerciale de périphérie. Les habitants ont pris de
nouvelles habitudes de consommation, liées aux nouveaux modes et rythmes de vie du fait de
l’éloignement du lieu de travail. Les actifs ont tendance à faire leurs courses au même endroit.
Certains centres-bourgs, comme Les Avenières Veyrins-Thuellin et Beaurepaire manquent de
dynamisme et d’animation commerciale. De plus, les équipes municipales rencontrent de grandes
difficultés de communication avec les commerçants. Ces derniers manquent d’intérêt et ne
s’investissent pas dans la démarche de revitalisation. Ce problème est renforcé par l’absence
d’interlocuteur fiable et durable dans le temps pour échanger et négocier avec les acteurs
économiques. L’association de commerçants est inexistante, ou n’a pas tenu dans le temps, du fait
de la prévalence de la mésentente des commerçants sur l’intérêt économique collectif.
Michel MAS, conseiller délégué à l’urbanisme à Roussillon
« Le centre-bourg se vide progressivement de ses commerces, et devient plus un lieu de passage
pour ses habitants qu’un lieu de vie. J’ai l’impression, c’est un ressenti personnel, que le commerce
traditionnel tel qu’il a existé avant sur la partie haute de Roussillon dans la Grande Rue c’est
terminé. Nous ne reviendrons pas en arrière sur des pratiques et des habitudes de consommateur,
dont on fait tous partie. Les zones commerciales, installées en périphérie, ont vidé petit à petit les
commerces de centre-bourg, et le phénomène internet a changé les comportements de la population.
Qu’est-ce que l’on met à la place de ces commerces qui ont disparu ? »
Maria FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin
« La problématique c’est les commerces vacants dans cette rue, et que les commerçants présents
ne s’entendent pas. Quand l’union commerciale et artisanale existait, même s’il y avait des conflits,
l’avantage c’était que le peu qu’il y avait c’était bien. Maintenant il n’y a plus rien, parce que ceux
qui mènent et s’investissent au bout d’un moment se fatiguent. Je pense que ça peut revenir avec
des nouveaux commerçants, c’était relancé comme ça à chaque fois. C’est des très anciennes
47
querelles, et personne ne veut prendre la responsabilité de porter une union commerciale.
Beaucoup ouvrent des commerces, mais ils veulent faire des horaires de bureau, alors que ce n’est
pas possible. Même nous sur la page Facebook on demande de faire passer des flyers mais on n’a
pas de retour, il n’y a pas de communication ni d’échanges. La plupart sont mécontents parce qu’il
n’y a pas de vie et je suis d’accord avec eux, mais si chacun reste derrière sa vitrine ça ne peut pas
marcher. Il manque beaucoup de solidarité. Ils n’ont pas encore compris que le client de l’un peut
être le client de l’autre, parce que quand on n’a pas ce que le client cherche, on l’envoie à l’autre
magasin au bout de la rue au lieu de l’envoyer à l’extérieur du centre. »
Chaque centre-bourg du panel possède au moins un marché hebdomadaire alimentaire. Parfois, il y
en a plusieurs au même endroit ou sur une autre place du centre. Il y a également des marchés
d’autre nature, comme l’habillement ou l’artisanat (à Mens par exemple).
a.3. Les équipements et les services publics, un maintien fragile
Ils sont répartis de manière homogène, et couvrent des fonctions variées, allant du scolaire, au loisir,
à l’administratif, à la culture, etc. Ils sont généralement situés en périphérie proche du centre
historique, pour des raisons de place. Certains sont vétustes de par leur ancienneté, comme par
exemple une école du Bourg d’Oisans qui fait l’objet de projets de travaux. La dévitalisation est
également marquée par l’appauvrissement des services publics. « La dévitalisation des villes est
liée également à la diminution des équipements comme ceux des services de soins, de l’éducation,
des loisirs ou de la culture. » (Rapport revitalisation commerciale, p.23) Même si ce rapport s’est
intéressé aux villes de 10 000 à 100 000 habitants, ce qui n’est pas l’ordre de grandeur des centres-
bourgs étudiés, les informations livrées ont été observées dans l’échantillonnage et sont tout à fait
pertinentes. Il y a une carence en équipements et services liés à la santé, à laquelle les collectivités
territoriales tentent de répondre. Par exemple, aux Avenières Veyrins-Thuellin, il y a le projet de
construction d’une maison de santé, financée par l’intercommunalité. Enfin, l’ancien découpage
administratif a eu des effets positifs. Saint-Marcellin a hérité d’une situation où la commune était
une ancienne sous-préfecture de l’Isère, ce qui a eu un effet protecteur pour les équipements et
les services publics. A l’inverse, parfois les services publics sont en difficulté, comme c’est le
cas à Mens.
Bernard COQUET, maire de Mens
« Nous connaissons une perte de vitalité démographique doublée d’un vieillissement. Nous avons
fermé une classe cette année, le collège, malgré tous les efforts, remplit difficilement ses classes, et
la brigade de gendarmerie dans le cadre de leur réorganisation est moins présente qu’avant. La
perception connaît également une situation critique par rapport à des effectifs qui auraient dû être
48
renouvelés. C’est le seul centre des finances publiques du Trièves ; celui de Monestier de Clermont
a été supprimé. »
Les commerces et les équipements sont vecteurs d’usages de l’espace, en termes de cheminements
et d’accès aux locaux, qui ne sont pas toujours sécurisés ni confortables.
b. L’habitat
b.1. Analyses cartographiques et photographiques
Quand on observe un peu plus attentivement, ce sont les logements vacants qui attirent l'attention,
ainsi que leur état de dégradation.
49
Cartographie 18 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Cartographie 19: Typologie de l'habitat du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 16 : Habitat ancien dense
Avenue de la République, Le Bourg d'Oisans
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai
2017)
Photographie 15 : Habitat ancien
continu le long de l'Avenue Victor
Hugo, Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2
mars 2017)
50
Cartographie 20: Typologie de l'habitat du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 17 : Habitat ancien
dense, Rue de Ciers, Les Avenières
Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 23 février 2017)
Photographie 18 : Habitat ancien,
Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 4 avril 2017)
Cartographie 21 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 2017)
51
Cartographie 22 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 2017)
Photographie 19 : Habitat ancien
de la Rue Grande, Roussillon
(CAUE de l’Isère,5 octobre 2016)
Cartographie 23 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 20 : Habitat de
faubourg vacant et dégradé,
Saint-Marcellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5
mai 2017)
52
La typologie de l’habitat met en valeur des îlots homogènes d’habitat ancien, compacts et denses.
Pour Beaurepaire, Mens, Roussillon et Saint-Marcellin, ils correspondent au cœur médiéval,
anciennement encerclé de murailles, avec un développement de faubourgs de parts et d’autres. Ces
îlots sont reliés par des rues étroites. Le bâti est continu le long de la voie, créant des bandes simples
ou doubles, ouvertes ou fermées, constituant un front bâti de chaque côté des rues. Les parcelles
sont étroites et en longueur perpendiculairement à la voirie, révélant une division foncière ancienne.
Cette morphologie urbaine donne une identité au centre par sa structuration et son caractère
historique. L’habitat collectif et l’habitat pavillonnaire se sont développés plus récemment, venant
compléter les ensembles bâtis existants. Le centre historique est ainsi bordé d’une mixité d’habitat,
qui comprend également des maisons bourgeoises, et de l’individuel groupé. Les formes urbaines
créées dessinent en creux les espaces publics et les rues.
b.2. Le parc de logements des centres-bourgs se dégrade
De fait, l’habitat occupe une grande part du tissu urbain des centres-bourgs. Cependant, nombre de
logements occupés sont vétustes. Ils ne répondent pas aux normes d’accessibilité (bien que la
règlementation n’oblige pas la mise aux normes des logements privés), ni au confort et aux besoins
de la population. Il y a également des problèmes liés à l’isolation thermique. Du fait de l’origine
historique du bâti et de l’ancienneté du découpage parcellaire, la structure foncière et immobilière
des centres-bourgs est complexe. Cela rend l’identification des propriétaires et la rénovation des
logements difficiles. Une part importante des propriétaires n’investit pas dans l’entretien et la
valorisation de leur logement, provoquant une forte dégradation et une paupérisation des biens
immobiliers. En outre, « les vieux centres, souvent issus des reconstructions post-révolutionnaires,
possèdent des logements difficilement adaptables aux normes du confort moderne. Les transactions
nécessaires entre divers propriétaires, les travaux, les difficultés d'accès, découragent les candidats
à l'achat, comme les municipalités. » (JOUSSEAUME, 1998, p.52)
Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire
« La difficulté que nous avons c’est la rénovation de l’habitat dans le centre-bourg. D’une part,
parce que le découpage des tènements fonciers est très ancien, la première charte de la ville date
de 1309. C’est enchevêtré et compliqué, et il y a des successions vacantes. De ce problème naissent
d’autres problèmes, c’est que les difficultés de logement en centre-bourg et leur mauvaise qualité
induisent des habitants à pouvoir d’achat réduit et du commerce de proximité en souffrance. »
L’offre immobilière est peu diversifiée, ce qui se traduit par une carence de certains types de loge-
ment, comme des petits appartements en locatif et des logements sociaux. Il y a une forte demande
53
pour les personnes âgées, les jeunes actifs, et les personnes vivant seules. Les centres-bourgs ont
actuellement des difficultés à répondre aux besoins du parcours résidentiel de l’ensemble de la
population.
Frédéric CARAZ, du maire de Beaurepaire
« Il y a un vrai problème d’accession à la propriété en centre-ville. Pour un couple qui veut
s’installer et acheter un appartement pour ne pas avoir à s’occuper des extérieurs, à Beaurepaire
l’offre est inexistante. »
Ces constats induisent une faible attractivité pour le parc de logements anciens.
b.3. Les logements vides, une caractéristique forte de la dévitalisation
La vacance est plus ou moins importante mais toujours visible dans les centres-bourgs. Elle
concerne souvent un bâtiment dans son intégralité, et est donc associée à la vacance du commerce
qui est en rez-de-chaussée, avec une entrée unique. Le propriétaire est souvent l’ancien
commerçant, qui exerçait son activité au rez-de-chaussée et qui avait son habitation en étage. Le
fait que le bâtiment appartienne à un seul et même propriétaire, qui souvent n’investit plus dans son
bien, est un facteur bloquant. Ces constats ont été observés dans tous les centres-bourgs de
l’échantillonnage. Les biens vacants peuvent être en vente ou en location, mais à des prix souvent
surestimés pour les prestations offertes, ce qui bloque la transaction. Ce sont parfois aussi des
« biens sans maître », où le propriétaire est inconnu, disparu, décédé, ce qui rend très difficile leur
rénovation et leur mise sur le marché immobilier.
Tableau 4 : Evolution de la part des logements vacants (en %) entre 2009 et 2014 selon l'INSEE pour les centres-bourgs
étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017)
Beaurepaire Le Bourg
d’Oisans
Les Avenières
Veyrins-
Thuellin
Mens Roussillon Saint-Marcellin
2009 9.7 9.9 7.5 8.8 7.6 9.4
2014 13.6 13.3 8.7 10.3 9.8 12.5
Pour tous les centres-bourgs de l’échantillonnage, la part de logements vacants a augmenté de
plusieurs points entre 2009 et 2014. Même si les données s’appliquent à l’échelle de la commune
et non pas du centre-bourg, ce constat est significatif de la dévitalisation.
De plus, certains centres-bourgs ont une part importante de résidences secondaires ou
d’hébergements touristiques, comme à Mens et au Bourg d’Oisans.
54
Tableau 5 : Part des résidences secondaires (y compris les logements occasionnels) en 2014 (en %) selon l'INSEE pour les
centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017)
Beaurepaire Le Bourg
d’Oisans
Les Avenières
Veyrins-Thuellin
Mens Roussillon Saint-
Marcellin
1.6 23.4 6.3 25 1.4 1.6
Du fait de la saison hivernale (stations de ski à proximité), le Bourg d’Oisans connaît le phénomène
des “lits chauds” et des “lits froids” avec le logement des saisonniers. Ces constats liés à la
saisonnalité créent des centres “en sommeil” et nuit à leur dynamisme. En revanche, pour l’accueil
des touristes, les centres-bourgs étudiés manquent d’hébergements de passage.
La dévitalisation est aussi marquée par un vieillissement de la population, parfois par une baisse ou
tout du moins une faible augmentation, comme présenté dans le tableau ci-dessous.
Tableau 6 : Variation de la population – taux annuel moyen entre 2009 et 2014 (en %) (dont variation due au solde naturel
et des entrées et sorties) selon l'INSEE pour les centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017)
Beaurepaire Le Bourg
d’Oisans
Les Avenières
Veyrins-Thuellin
Mens Roussillon Saint-
Marcellin
1.1 -0.9 1.1 -0.6 0.6 0.1
Deux centres-bourgs étudiés, Le Bourg d’Oisans et Mens, présentent une légère baisse de la
population entre 2009 et 2014. Roussillon et Saint-Marcellin ont une très légère augmentation.
Seules les populations de Beaurepaire et des Avenières Veyrins-Thuellin ont un petit peu augmenté.
55
c. Espaces public, stationnement, déplacements
Cartographie 24 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 21 : Places de
stationnement en zone bleue,
Rue de la République,
Beaurepaire (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)
Photographie 22 : Parking au
nord du centre-bourg avec une
percée paysagère sur le
patrimoine bâti, Beaurepaire
(Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 5 mai 2017)
Cartographie 25 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 23 : Traversée
piétonne, "beal", Le Bourg
d'Oisans (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 10 mai
2017)
Photographie 24 : Espace public et
stationnement, Le Bourg d'Oisans
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
10 mai 2017)
56
Photographie 25 : Espace
public, Les Avenières Veyrins-
Thuellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 23 février
2017)
Cartographie 26 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg des Avenières Veyrins-
Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Cartographie 27 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Mens (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 26 : Stationnement
Place Richard Béranger, Mens
(Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 4 avril 2017)
57
Cartographie 28 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Roussillon
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 27 :
Stationnement et espace public,
Place du Château, Roussillon
(CAUE de l’Isère, 5 octobre
2016)
Cartographie 29 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Saint-Marcellin
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Photographie 28 :
Stationnement avec une percée
visuelle sur le patrimoine bâti
du centre-bourg, Saint-
Marcellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)
58
Les routes principales jouent un rôle structurant et desservent les îlots du centre historique.
Certaines voies secondaires sont étroites, ce qui réduit les vitesses de circulation et donne une place
certaine au piéton, même si cela pose parfois des questions de sécurité et de confort puisqu’il n’y a
pas toujours de trottoir. Des problèmes de continuité piétonne et d’accessibilité (pente, marche) se
posent également. Des venelles piétonnes, souvent un héritage historique comme les beals2 au
Bourg d’Oisans, créent un maillage secondaire interne, et permettent des porosités intéressantes.
Maria FAVIER, adjointe au développement durable et à la citoyenneté aux Avenières
Veyrins-Thuellin
« Il faut que les habitants puissent se promener, avec des trottoirs. La circulation doit être plus
apaisée, donc il faut ralentir les vitesses car je pense que c’est un gros problème. »
Les centres-bourgs bénéficient d’une offre de stationnement très importante, et répartit de manière
homogène, permettant une bonne desserte des îlots bâtis. Les potentialités de stationnement sont
donc nombreuses, et sont situées à quelques centaines de mètres des commerces et des équipements.
Ces constats sont de véritables forces, même si par conséquent des espaces centraux et de qualité
sont dédiés à l’automobile, alors qu’il y en a peu pour le piéton et à fonction récréative. Malgré leur
quantité, les places de stationnement ne suffisent pas au dynamisme commercial. Parfois, les
parkings sont utilisés selon certaines temporalités et usages en espaces publics, pour des marchés
ou des manifestations par exemple. Dans ce cas, le stationnement est déporté, ce qui montre que le
report du stationnement fonctionne occasionnellement : ce déplacement du stationnement ne peut-
il pas être envisagé de façon plus systématique ? Enfin, la zone bleue, pas toujours cartographiée
ci-dessus, est utilisée dans quelques centres-bourgs, mais les élus rencontrent des difficultés dans
sa gestion au quotidien puisque la rotation des véhicules n’est pas toujours effective et la
verbalisation est un sujet sensible. Néanmoins, elle fonctionne parfois par endroit, ce qui a eu pour
effet positif de supprimer les dysfonctionnements sur les espaces de livraison (comme à Beaurepaire
par exemple).
Daniel MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin
« Effectivement, nous oublions que les parkings sont un atout aux Avenières. Il y a 600 places de
stationnement dans le centre, et malgré tout les commerces ferment. La conséquence de tous ces
parkings c’est aussi que par le passé on a dû se dire “de toute façon nous avons suffisamment de
verdure, il y en a de partout, la commune est grande”. Sauf que là où habite la population, et là où
elle va se concentrer demain, il n’y en a pas ou tout du moins ce ne sont pas des grands espaces.
Nous allons faire plusieurs petits espaces. Il va bien falloir effectivement connecter tout ça. »
2 Passages étroits qui permettent de relier les rues et de desservir les cœurs d’îlot.
59
La morphologie ancienne a contraint le développement des espaces publics. Les îlots sont compacts
et denses, desservis par des ruelles étroites, créant une configuration particulière de l’espace public.
Les grandes places et squares se trouvent souvent en périphérie immédiate du centre historique. Les
entrées de ville sont essentiellement routières et peu qualifiées. Les espaces publics sont souvent
minéraux et faiblement aménagés, avec peu de mobilier urbain et une végétalisation réduite.
Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire
« Il faut que l’on continue à aménager les abords de la place centrale pour qu’elle soit un peu plus
libérée du véhicule et que les commerces de proximité retrouvent une autre ambiance que du
stationnement. »
d. Les patrimoines et le projet de revitalisation
Du fait de leur développement historique, les centres-bourgs concentrent notamment du patrimoine
bâti. Reconnu et préservé, il est parfois classé aux Monuments Historiques, comme à Roussillon et
à Saint-Marcellin, ou valorisé par une AVAP (Aire de Valorisation de l’Architecture et du
Patrimoine) comme à Mens. Il y a également du petit patrimoine vernaculaire (fontaines, statues,
pressoirs, etc.), qui n’est pas forcément valorisé. L’architecture et les matériaux locaux de construc-
tion donnent une identité et des caractéristiques propres à chaque centre-bourg.
Photographie 29 : Eglise
de Mens (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 4 avril
2017)
Photographie 30 : Château de Roussillon, classé aux Monuments Historiques
(CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)
60
Les centres-bourgs abritent également du patrimoine naturel. Ils évoluent dans des cadres remar-
quables, donnant ainsi une place certaine au grand paysage. En prenant un peu de hauteur, avec
même une très légère topographie, les centres-bourgs offrent également des vues sur le bourg,
composé de bâtiments historiques et de monuments (église, château, etc.). Enfin, Beaurepaire,
Saint- Marcellin et Le Bourg d’Oisans, possèdent un cours d’eau découvert, qui pourrait être encore
plus mis en valeur.
Enfin, les élus ont fait part de l’instabilité des politiques d’aides à la revitalisation et de la complexité
des politiques de contractualisation. Ces difficultés s’accompagnent d’un manque d’ingénierie, de
moyens techniques, humains et financiers, alors même que les communes expriment de forts
besoins d’accompagnement.
La revitalisation des centres-bourgs est complexe par son caractère transversal et multi-scalaire. Les
problématiques de dévitalisation des centres-bourgs doivent être replacées dans leur contexte
territorial et leurs dynamiques. Quels sont les liens avec les autres systèmes territoriaux ?
Photographie 32 : Vue sur le centre-bourg du Bourg d'Oisans et sur le
grand paysage (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) Photographie 31 : L'Oron : cours d'eau non
aménagé à Beaurepaire (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 2 mars 2017)
61
2) Situation géographique des centres-bourgs
a. Le rural
« La France est une très vieille nation paysanne » (HUSSON, 2008, p.45) Jean-Pierre HUSSON
estime que les espaces ruraux sont restés en marge et en déclin pendant un siècle jusqu'en 1975,
date qui marque le début d'un renouveau. Suite aux révolutions agricoles, la seconde guerre
mondiale et ensuite la fin des Trentes Glorieuses, les campagnes sortent de leur isolement. Il décrit
les nombreux changements qu'ont connus ces espaces ruraux depuis les trois dernières décennies
(on pourrait même dire des quatre dernières décennies par rapport à la date de publication de son
écrit) face à la stabilité des paysages, qui semble être un atout. Pour lui, initialement les territoires
ruraux sont les campagnes où l'agriculture prédomine.
Considérés comme antagonistes de par leurs caractéristiques, on a longtemps opposé le rural et
l'urbain, la ville et la campagne. L'adjectif « rural » tient son origine du bas latin ruralis, et du latin
classique rus, ruris, signifiant « campagne ». Son sens premier est « qui concerne la vie dans les
campagnes, qui concerne les paysans. » (Dictionnaire Le Robert, 2002, p. 2 336).
Selon l'INSEE (2016) « l'espace à dominante rurale, ou espace rural, regroupe l'ensemble des
petites unités urbaines et communes rurales n'appartenant pas à l'espace à dominante urbaine
(pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multi-polarisées). Cet espace est très vaste, il
représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine. »
Le rural est tout ce qui n'est pas un espace urbain conséquent en taille, car l'INSEE hiérarchise les
espaces selon le découpage établit. Selon la même source, une « commune rurale » n'appartient
« pas à une unité urbaine. Les autres communes sont dites urbaines. »
En s'affranchissant de ces concepts techniques de travail, on peut compléter cette caractérisation du
rural avec la définition d' « espace rural » selon la géographie rurale (Robert CHAPUIS, Hypergéo,
encyclopédie électronique consacrée à l’épistémologie de la géographie). D'emblée, l'utilisation de
la même expression que l'INSEE laisse à penser des convergences de théorie. On relève, « la notion
est floue : « la campagne s’oppose à la ville » nous dit le Dictionnaire de la géographie de P.
George. Soit, mais comme on définit toujours d’abord la ville, la campagne se définit par défaut :
c’est ce qui reste quand on en a soustrait l’espace urbain. (…) En France par exemple,
appartiennent à la campagne les communes de moins de 2 000 habitants agglomérés, sauf si elles
sont rattachées à une unité urbaine. » Cet extrait pointe la difficulté de la définition du rural
notamment par le fait qu'il passe au second plan par rapport à l'espace urbain. Comme on s'intéresse
toujours d'abord à la ville et que l'on se donne les moyens de la définir facilement, le rural est donc
automatiquement ce qui reste, ce qui n'est pas la ville. Le seuil des 2 000 habitants a été établi par
62
l'INSEE, mais pour autant des communes ayant une population supérieure peuvent être considérées
comme rurales, de par leur situation géographique ou encore leurs caractéristiques. Le critère de la
population n'est pas suffisant pour définir une commune comme étant rurale. Cependant, une
nuance, et pas des moindres, est apportée, c'est le phénomène de « l’homogénéisation des
territoires qui tend à faire disparaître l’opposition classique ville/campagne. » (Ibid.) Cette remise
en question de l'opposition classique urbain/rural serait la conséquence de « nouveaux » espaces et
phénomènes apparus qui ne sont autres que la périurbanisation et l'étalement urbain. Ces derniers
augmentent le gommage des limites entre le rural et l'urbain. Et pour cause, « l’extension des
espaces périurbains, à la fois urbains par leur fonctionnement (les emplois se situent dans les
agglomérations) et ruraux par leur « paysage » (maison individuelle, paysages encore
majoritairement végétaux) est la face la plus spectaculaire de cette homogénéisation. Mais, même
hors des campagnes périurbaines, les ruraux tendent à occuper peu à peu les mêmes types
d’emplois, à s’insérer dans les mêmes catégories professionnelles et à adopter les mêmes styles de
comportements, de références et de représentations que les citadins. » Mais ce constat n'est pas
récent, puisque « dès 1959 Mendras affirme : « pas de solution de continuité entre la métropole, la
grande ville, la petite ville, le bourg et le village », donc pas d’espace spécifiquement rural. » (Ibid.)
HUSSON a une vision positive et la complémentarité des espaces ruraux et urbains est un point clef
de sa réflexion : « derrière l'apparent statisme des campagnes qui ne sont plus à définir par
opposition à la ville mais en complémentarités indispensables avec des zones urbanisées lâches
ponctuées d'espaces interstitiels de nature, existent désormais des territoires qui retrouvent ou
affermissent à nouveau leur cohérence autour de projets. » (HUSSON, 2008, p.8-9).
De fait, définir le rural fait-il encore sens ? Robert Chapuis répond « Oui, à condition d’en donner
une définition soit qualitative, soit quantitative mais relative. » (Robert CHAPUIS, Hypergéo) C'est
à ce moment-là que la question des critères se pose. Selon lui, trois sont à l’œuvre : la densité, le
paysage et la place des activités agricoles. Pour le premier, c'est une « faible densité relative non
seulement d’habitants, mais également de constructions, d’emplois, d’équipements, de commerces,
de services, de voies de communications et, plus généralement d’interconnections. » Ensuite pour
le deuxième, « est rural un espace qui se caractérise par la prédominance de formations végétales
dites « naturelles » (en réalité souvent fortement transformées par les sociétés humaines) : forêts,
prairies, pacages, cultures, friches, steppe, désert, etc. » Pour le dernier critère, « est rural un
espace où les activités agricoles tiennent une place relativement importante, sinon en terme
d’emploi, du moins par les surfaces qu’elles occupent. » Le côté numérique sera la quantification
et la pondération de ces critères comme la « densité de population et de services, le poids des
agriculteurs, le pourcentage de couverture végétale ». Ces espaces ruraux ont subi une perte
d'intérêt, mais ils sont en train de retrouver leur place par la montée des préoccupations écologiques
63
et le fait qu'ils offrent de véritables patrimoines. Mais ces espaces sont en proie à l'étalement urbain
qui les fragilisent, et entraîne la « dilution de la population, des équipements et des activités. »
b. Le périurbain
Ce terme se décompose en « péri » et « urbain ». A première vue, il s'agit d'un espace périphérique
à la ville. FLEURY et BERROIR livrent des précisions dans Hypergéo. Selon eux, le périurbain se
caractérise par « une bonne accessibilité » et par « des densités intermédiaires tant du point de vue
de la population que des activités et de l'emploi, une imbrication des espaces bâtis et non bâtis
incluant de nombreux espaces « naturels » et agricoles, une surreprésentation de l'habitat
individuel, que ce soit sous la forme d'une urbanisation diffuse ou d'ensembles pavillonnaires, et
des pratiques spatiales dominées par des déplacements motorisés, combinant des pratiques
régulières à la fois de la ville et des espaces « naturels » ».
La périurbanisation a débuté lors de la seconde moitié du XXème siècle, période de forte croissance
démographique. Ce desserrement de la population et des activités des villes vers des espaces ruraux
a été fortement facilité par la démocratisation de l'automobile. Ces espaces ne sont ni la ville ni la
campagne, mais le prolongement de la ville dans la campagne. Au départ, le périurbain était
majoritairement peuplé de classes moyennes et l'habitat était essentiellement pavillonnaire et en
lotissement. De fait, depuis une quinzaine d'années, une diversification sociale s'est opérée ainsi
qu'une diversification des formes d'habitat avec la croissance du collectif. Les espaces périurbains
ne dépendent plus exclusivement de la ville principale mais entretiennent des relations avec
plusieurs pôles en ce qui concerne le travail, le commerce, les loisirs, etc. « Il s’agit globalement
d’un recentrage des pratiques spatiales sur la proximité. » (FLEURY, BERROIR, Hypergéo).
Le périurbain se catégorise aussi statistiquement. L'INSEE propose en 1996 une nomenclature, avec
le « pôle urbain » et les « couronnes périurbaines » qui forment les « aires urbaines ». Les
couronnes périurbaines dépendent du pôle urbain, se mesurant avec la forte proportion de
déplacements pendulaires.
« Le « périurbain » n’est pas une création ex-nihilo, mais s’appuie sur des paysages, des ressources
naturelles et agricoles, des bourgs et une histoire, du patrimoine, des « récits » urbains, etc. »
(BONNET, 2016, p.56) Récemment, Jacques BONNET a livré un rapport Aménager les territoires
ruraux et périurbains (2016) dressant un portrait général de ces territoires. Il confirme que la
séparation du territoire en plusieurs catégories est toujours d'actualité : « malgré une évolution
manifeste des modes de vie qui ne séparent plus comme ils purent l'être, les territoires peu denses
de la république des aires urbaines et métropolitaines, il existe bien de fortes nuances entre les
territoires, des écarts qui justifient que l'on distingue, dans le fait urbain, des caractéristiques et
64
des dynamiques bien différentes. Certains analystes soulignent qu'un peu plus de la moitié des
français habitent « en situation rurale », et que 97,5% des communes françaises ont moins de 10
000 habitants. » (BONNET, 2016, p.7) Malgré ces différences, il a été considéré que ces territoires
ruraux et périurbains ont « des réalités qui se recoupent en partie, et ont en commun les
caractéristiques suivantes :
une densité moyenne faible à très faible
une part prépondérante de territoire non-bâti, occupé soit par des cultures, soit par la forêt,
ou des aires naturelles significatives (haute montagne, marais, etc.)
une mobilité quotidienne principalement fondée sur l'automobile individuelle
une part importante du tissu urbain constitué de maisons (regroupées en bourgs, diffuses
ou regroupées en lotissement)
un polycentrisme plus ou moins développé, avec des aires d'influence
une gouvernance territoriale fragmentée et encore peu constituée à l'échelle des bassins de
vie (à l'exception de quelques cas)
un déficit d'ingénierie : une maîtrise d'ouvrage publique plutôt faiblement constituée en
terme d'aménagement, voire inexistante ; une ingénierie publique plus faible que dans les
métropoles, et une maîtrise d’œuvre/ingénierie privée moins disponible à proximité
immédiate du territoire ou au sein de ceux-ci.
Toutefois, l'écart entre les deux termes pourrait se mesurer par les caractéristiques suivantes :
la dynamique économique et/ou la démographie, l'évolution de la composition socio-
professionnelle et générationnelle des habitants
la pression foncière et le coût du foncier et de l'immobilier (entre des zones extrêmement
détendues et d'autres dont les dynamiques sont au contraire très proches de celles des
métropoles)
le rôle du paysage (naturel et urbain) dans la constitution des identités territoriales et dans
la qualité de sa perception
l'âge du bâti « majoritaire » et des infrastructures, donnée qui a un impact très fort en terme
de paysage, d'identité et de perception globale des territoires : les territoires « ruraux »
sont majoritairement constitués de bâtis anciens ; les territoires dits « périurbains » sont
majoritairement constitués d'infrastructures et de lotissements récents (quatre décennies
environ)
la part de l'agriculture et/ou de la forêt et des espaces naturels, très largement majoritaire
dans les espaces ruraux, interstitiels ou moins dominants dans les espaces périurbains
l'accès à des services (santé, éducation, loisirs, culture, etc.) parfois très distants
la diversité, la répartition et l'accessibilité des emplois
65
le degré d'interdépendance avec les espaces métropolitains proches. » (BONNET, 2016,
p.8-9)
c. Nouvelles catégorisations pour ces espaces ? De « campagnes urbaines » à « périrural »
L'expression « campagnes urbaines » a vu le jour en 1998 dans le titre d'un livre de Pierre
Donadieu : « il ne s’agit pas simplement de flâner aux limites des villes et du monde rural, mais de
reconsidérer les relations entre la ville et la campagne, entre la culture urbaine et le monde
agricole. » (DONADIEU, 1998, p.9)
Plus récemment, « le rapport de septembre 2015 élaboré par le Conseil Général à l'Environnement
et du Développement Durable propose d'utiliser « campagnes urbaines » plutôt que « périurbain »,
suivant en cela les recommandations de beaucoup d'experts (…). Cette évolution nous semble
juste. » (BONNET, 2016, p.17)
« Le périurbain est mort, vive les campagnes urbaines ! » titre l’Institut d’Aménagement et
d’Urbanisme d’Île de France en juin 2017, dans sa chronique en ligne du périurbain francilien n°6.
Le propos est que les pouvoirs publics s’intéressent aux territoires ruraux, dans lesquels sont
intégrés les espaces périurbains. L’expression « campagne urbaine » englobe alors tous ces espaces,
puisque sa « force est de suggérer que rural et urbain forment un même écosystème. » (Ibid.) Le
périurbain souffre d’un manque de définition claire et d’un manque d’appropriation par les
habitants. « Il n'y a jamais eu d’identité périurbaine parce que son vocable fait référence à ce qu’il
n’est pas, au débordement de la ville, à une forme transitoire d’urbain, d’intermédiarité. » (Ibid.)
Enfin, « notons par ailleurs que Rémi et Pierre JANIN, membres du groupe de travail pour
l'élaboration du présent rapport, proposent d'utiliser « périrural » pour désigner la croissance
autour des villages ruraux. » (BONNET, 2016, p.17)
d. Les centres-bourgs étudiés sont-ils ruraux ? Périurbains ? Des campagnes urbaines ?
La conjonction de plusieurs critères et analyses a été nécessaire afin de donner une indication sur
les types d’espaces dans lesquels se situent les centres-bourgs de l’étude. Deux groupes ont été
réalisés, un premier de quatre communes avec Beaurepaire, Les Avenières Veyrins-Thuellin,
Roussillon et Saint-Marcellin. Elles comptent le plus de population. Un deuxième groupe est
constitué du Bourg d’Oisans et de Mens.
66
Tableau 7 : Population et densité des communes de l'échantillonnage considérées comme non rurales (source données : page
1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août 2017)
Beaurepaire Les Avenières
Veyrins-
Thuellin
Roussillon Saint-Marcellin
Population 4 869 habitants 7 729 habitants 8 187 habitants 8 070 habitants
Densité 264 hab./km² 186 hab./km² 704 hab./km² 1 033 hab./km²
L’analyse de ces données donne un ordre de grandeur pour caractériser ces communes. Elles sont
de petites villes, encore que l’appellation « gros » village pourrait convenir, surtout pour
Beaurepaire.
Pour apporter plus de précisions, une recherche de mots clefs a été effectuée pour chaque document
regroupant les extraits d’entretiens des élus. Les termes d’investigation, en lien avec les propos
développés ci-dessous sur la situation géographique, étaient : rural, urbain, centre-ville, ville,
centre-bourg, campagne, périurbain.
M. MIGNOT, maire de Beaurepaire
« La première charte de la ville date de 1309. »
« Il n'y a pas de marchand de chaussures au centre-ville ni de poissonnerie. »
« Nous essayons de passer un contrat de ruralité. »
Mme FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin
« C'est un projet essentiel pour une petite ville comme la nôtre. »
M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin
« Je pense qu'on a besoin aussi qu'il y ait des lieux de rencontre, de convivialité, et de verdure,
parce que nous sommes à la campagne, mais quand on est en centre-ville on a très peu de
verdure. »
M. MAS, conseiller délégué à l’urbanisme de Roussillon
« Nous avons un centre-bourg qui progressivement se vide de ses commerces. »
M. ANGELIER, Directeur Général des Services de Saint-Marcellin
« On dit qu'il manque de stationnement, mais quand on regarde la quantité de places sur le Champ
de Mars et autour du centre-ville ce n'est pas vrai. »
« C'est aussi du fait qu'à la campagne, on marche beaucoup moins qu'en ville. »
67
M. REVOL, maire de Saint-Marcellin
« La vacance du logement dans le centre-ville et la nécessité de réhabiliter du bâti ancien sont des
faiblesses. »
« Pour moi le centre-bourg c'est pratiquement toute la ville. »
« Les atouts sont que nous sommes une petite ville à la campagne. »
Au regard de ces exemples, une confusion émerge pour les élus dans la caractérisation des espaces,
où la ville et la campagne sont mélangés. Les choses ne sont pas clairement dissociées, ce qui
renforce les difficultés de définition et de catégorisation évoquées. C’est une question qui n’a pas
été posée, donc les extraits sont des réponses à d’autres questions ne traitant pas de la thématique.
Pour autant, ils sont très intéressants car ils ne remettent pas en cause ce que pensent les élus du
sujet, et sont très utiles pour aider à déterminer les espaces dans lesquels évoluent les centres-
bourgs. Ce qui ressort est que ces communes sont des villes, mais situées à la campagne. De plus,
le diagnostic réalisé permet d’énoncer qu’elles ont toutes une petite part d’agriculture, et des
paysages de campagne avec une forte présence de la nature. Ce ne sont pas des communes rurales,
mais des communes urbaines situées dans le rural. De ce fait, l’expression « campagne urbaine »
est ici totalement vérifiée.
Une sous-catégorie peut être réalisée, il s’agit du caractère périurbain de certaines de ces communes
de campagne urbaine. C’est le cas de Roussillon, par la continuité du tissu urbain du centre avec
d’autres communes dans la vallée du Rhône (Salaise-sur-Sanne 4 498 habitants, Le Péage-de-
Roussillon 6 676 habitants), et la polarisation de ville comme Vienne à 20 km et Annonay à 23 km.
Saint-Marcellin pourrait également appartenir à cette catégorie, même si c’est moins affirmé. Son
tissu urbain est continu avec d’autres communes (Chatte 2 476 habitants, Saint-Sauveur 2 079
habitants), elle bénéficie d’une gare TER, et est polarisée par la ville de Romans-sur-Isère à 31 km.
Ensuite, Mens et le Bourg d’Oisans peuvent être considérés comme ruraux.
Tableau 8 : Population et densité du Bourg d'Oisans et de Mens dans leur caractérisation de commune rurale (source
données : page 1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août 2017)
Le Bourg d’Oisans Mens
Population 3 225 habitants 1 361 habitants
Densité 90 hab./km² 48 hab./km²
Ce sont les centres-bourgs de l’échantillonnage qui ont les plus faibles valeurs pour ces deux
critères. De plus, comme évoqué, Mens est la commune de la sélection qui a la plus grande part
68
d’activité agricole, critère phare de la définition d’un espace rural. Cette caractérisation se confirme
avec l’analyse des extraits d’entretien par mots clefs, où seuls ces deux exemples ont été trouvés.
Aucune caractéristique urbaine ne ressort.
M. SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans
« Pour que le centre-bourg vive, il faut que les commerces soient ouverts toute l'année. »
M. COQUET, maire de Mens
« Pour ces aménagements, on bénéficie du FSIL dans le cadre des contrats de ruralité. »
Ensuite, les centres-bourgs sont-ils des centralités dans le rural, le périurbain, les campagnes
urbaines ?
3) La centralité, affaiblie ou comme un atout de revitalisation
a. Première approche de la centralité par sa définition
Etudier la centralité présuppose que les centres existent et qu’ils ont une légitimité, comme cela a
été démontré jusqu’alors, malgré des signes de dévitalisation. En outre, lors des entretiens, des élus
ont évoqué le centre-bourg comme centralité, sans que cette thématique ne figure dans une question.
M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin
« Il n'y a plus de constructions dans tous les autres hameaux. Donc forcément, la centralité [dans
le centre-bourg] se fait. »
M. MIGNOT, maire de Beaurepaire, en définissant le centre-bourg
« C'est véritablement un lieu de centralité. »
Qu’est-ce que la centralité ? Quels sont les facteurs de centralité ? « La centralité est une
combinaison, à un moment donné, d'activités économiques, de fonctions politiques et
administratives, de pratiques sociales et de représentations collectives. » (LAVADINHO,
LENSEL, 2010, extrait de BELLEIL, 2013, p.7). Comme évoqué dans leur définition en I. 1) et
dans le diagnostic en II. 1), les centres-bourgs concentrent l’habitat, les commerces, les équipements
et les services publics, les espaces publics, etc. et sont donc dans ce sens-là des centralités.
Ces éléments de définition se complètent par le premier sens de la centralité urbaine selon W.
Christaller, proposé en 1933 dans sa théorie des lieux centraux qui apporte une autre dimension,
puisque la centralité est « la propriété, conférée à une ville, d’offrir des biens et des services à une
population extérieure, résidant dans la région complémentaire de la ville. » (PUMAIN, Hypergéo)
69
Bien que confiée à la ville ici, cette caractéristique est applicable aux centres-bourgs, car ce sont
des ensembles bâtis, urbanisés, et habités, au même titre que les villes. D’emblée la centralité est
abordée avec la question sous-jacente de l’échelle. Le centre-bourg est alors un point qui attire des
éléments de l’extérieur, d’une échelle supérieure à lui, et qui exerce en même temps une influence
sur les autres espaces. Selon cette signification, les centres-bourgs étudiés sont des centralités
puisqu’ils attirent une population externe à la commune, avec les marchés, les services, les
commerces, les équipements intercommunaux, etc. Par exemple, la médiathèque intercommunale
de Mens attire des habitants des communes voisines et de l’intercommunalité.
Le deuxième sens de la définition de Christaller est également intéressant, puisque la centralité est
« la position plus ou moins accessible d’un nœud dans un réseau. » (PUMAIN, Hypergéo) Le nœud
est associé au centre-bourg, et le réseau est le maillage du territoire avec les voies de communication
et les autres centres-bourgs. Un centre ne peut pas posséder un caractère de centralité s’il n’est pas
accessible, et donc desservi par des voies de communication physiques ou virtuelles, avec internet
et le développement croissant de la fibre optique. La caractérisation de centre est donnée selon la
« connexion à d'autres centralités. » (Foncier de Bretagne, 2013, p.13)
L'attractivité est aussi une propriété de la centralité. Une étude sociologique réalisée en Bretagne
apporte ce parti pris : « la centralité ne se définit pas par sa densité, son périmètre ou sa forme
urbaine mais par son attractivité. De ce point de vue, certains centres-bourgs ne sont plus des
centralités. A quelles conditions peuvent-ils demeurer des centralités ou le redevenir ? Y a-t-il
différentes manières de faire centre ? » (Foncier de Bretagne, 2013, p.6) Ce constat est lié à la
question de l’image et donc des représentations. Cette étude pointe également que les monuments
emblématiques propres à chaque centre comme l’église, la mairie, l’école, sont des symboles de la
centralité, qui sont aussi des fonctions. Quand on dit que chaque commune a son clocher, c’est
surtout chaque centre-bourg qui a son clocher, sa mairie, et son centre historique. Mais
l’Etablissement Public Foncier de Bretagne (EPFB) remet en cause cette dimension symbolique,
car « « La fin des terroirs » décrite par E. Weber se traduit par l’épuisement des signes de la
centralité rurale. Le clocher de l’église qui suffisait à faire centre ne fait plus sens. Les cloches qui
diffusaient un message et dessinaient un espace sonore structurant des identités locales se sont
tues. » (Ibid.) Ce point de vue n’est pas partagé, car « le centre-ville ancien conserve ses « fonctions
exclusives à signification symbolique prédominante » comme les monuments, musées, bureaux,
servies publics et administratifs. (TORTEL, 2003) » (BELLEIL, 2013, p.19) Il est évident que ces
monuments emblématiques et symboliques ne suffisent pas à faire centre et à donner le caractère
de centralité, mais ces fonctions font partie de l’identité du centre-bourg, sont quand même des
symboles, et peuvent être des supports de revitalisation.
70
b. Typologie des centralités par leurs fonctions, liées aux échelles
b.1. La centralité commerciale
Selon l’importance de la vacance commerciale des centres-bourgs de l’échantillonnage, la centralité
commerciale est affaiblie, ou est une force. Même s’il y a dévitalisation commerciale, la centralité
s’effectue par les commerces présents qui drainent quand même des habitants. Aussi, les centres-
bourgs étudiés ont au minimum un marché alimentaire par semaine. « Le marché apparaît
également être un moyen de réagir contre la délitescence commerciale du centre-bourg, en
favorisant une concentration temporaire de l'offre. Lieu de rencontre, lieu de distraction, malgré
ses faiblesses économiques, le marché offre une opportunité de résistance commerciale
suffisamment forte pour que les municipalités s'y intéressent. » (JOUSSEAUME, 1998, p.59) De
plus, « le marché est aussi un lieu de sociabilité (…) et semble [être] un indicateur de l'organisation
spatiale ancienne. » (JOUSSEAUME, 1998, p.40) Actuellement, les marchés en journée en
semaine des centres-bourgs étudiés sont en déprise et ont perdu en qualité, ce qui est un aspect de
la dévitalisation. Ce constat est dû au fait qu’ils attirent des populations qui ne travaillent pas ou
peu, ou qui sont à la retraite. Elles ont donc des moyens limités. Les causes de l’essoufflement de
ces marchés résident dans l'évolution des modes de vie, l'éloignement du lieu de travail, et au fait
que souvent les deux membres d’un ménage sont actifs. En revanche, les marchés du soir ou du
week-end connaissent un fort succès, et de nouveaux marchés de ce type sont créés. C’est le cas du
marché de producteurs le mercredi en fin de journée sur la place devant l’église aux Avenières
Veyrins-Thuellin qui fonctionne très bien. Cette citation illustre pleinement l’exemple : « ces
marchés de fin de semaine, adaptés à la vie des actifs, sont nés de la volonté des élus ou des
commerçants sédentaires de la commune. La dynamique escomptée est celle de l'effet de taille
éphémère qui permet à des petits pôles de devenir, l'espace d'une matinée, un centre d'attraction. »
(JOUSSEAUME, 1998, p.59) En plus du facteur temporel, il y a celui de la qualité. Sur un ensemble
de cinq communes voisines, si l’une de celles-ci offre un marché de produits biologiques et locaux,
il aura la capacité à attirer la population des quatre autres. A l'inverse, un marché classique avec des
produits de faible qualité peut avoir son rayonnement seul sur la commune où il est établi. La
centralité commerciale peut également être liée au marché, couplé à une situation territoriale
particulière, comme en témoigne cet extrait d’entretien.
M. SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans
« Le Bourg-d'Oisans a une vocation de centre-bourg c'est à dire de centre de l'Oisans. Le marché
du samedi fonctionne d'ailleurs dans ce sens-là, car toutes les personnes des communes alentours
viennent à “leur bourg”. C'est le “bourg” d'Oisans. »
71
En somme, beaucoup de facteurs sont en jeu dans l'établissement et le fonctionnement des zones de
chalandise. La centralité commerciale s’effectue donc à plusieurs échelles, communale et extra-
communale. Lorsque la centralité commerciale est affaiblit, marquée par la vacance commerciale,
c’est aussi le signe d’une perte d’attractivité.
b.2. La centralité administrative, politique et institutionnelle
L’intercommunalité est un « élément structurant du paysage institutionnel français » (étude des
communautés de France, 2013, p.5), et les centres-bourgs étudiés sont concernés par ce découpage
politique et administratif car ils sont tous rattachés à une intercommunalité. Certains sont même le
siège, la « ville centre ». C’est le cas de Beaurepaire, Le Bourg d’Oisans, Mens, et Saint-Marcellin.
De plus, à l’heure des regroupements et des fusions d’intercommunalités, cette centralité est
renforcée par l’augmentation du nombre de communes. Par exemple, Saint-Marcellin appartenait à
la communauté de communes du Pays de Saint-Marcellin, qui comptait 16 communes et 22 300
habitants. La fusion au 1er janvier 2017 de cette intercommunalité, de la Bourne à l’Isère et de
Chambaran Vinay Vercors, a entrainé la création de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté,
qui compte 47 communes et 48 853 habitants. Malgré ces changements, Saint-Marcellin est restée
le siège. Les centres-bourgs connaissant cette situation ont donc des rôles de centralité à jouer.
Il y a aussi le cas inverse, quand des regroupements de communes à l’intérieur des
intercommunalités s’effectuent, parallèlement à des fusions d’intercommunalités, et que ladite
commune nouvellement créée gagne en habitants.
M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin
« Aujourd’hui du fait de la commune nouvelle, nous sommes la commune la plus importante de la
nouvelle intercommunalité. C'est une force politique, il ne faut pas la négliger. »
Ensuite, les centres-bourgs constituent une centralité administrative et de services publics par la
localisation et la concentration d’équipements dans le centre, comme évoqué dans le diagnostic en
II) 1). « Au niveau administratif, le bourg-centre demeure un relais privilégié entre le pouvoir de
l’État et l'espace rural. » (JOUSSEAUME, 1998, p.50) Les centres-bourgs de Mens, Saint-
Marcellin, Beaurepaire, et Le Bourg d’Oisans abritent et sont le centre des finances publiques.
Cependant, cette centralité est parfois atteinte, comme en témoigne cet extrait d’entretien qui illustre
le risque de fuite de services vers une commune plus grande.
72
M. COQUET, maire de Mens
« La Mûre, avec environ 4 200 habitants, augmente son attractivité, et on se demande aujourd'hui
si des services ne vont pas aller dans cette commune. »
Aussi, le service de trésorerie des Avenières Veyrins-Thuellin est fermé depuis janvier 2015, il faut
désormais s’adresser à Morestel.
Ainsi, cette centralité s’effectue à l’échelle communale du fait que les habitants bénéficient de
services localisés dans le centre-bourg ce qui fait qu’ils s’y rendent, mais également à l’échelle
intercommunale via le périmètre de l’intercommunalité et les communes qui en dépendent dont les
habitants se rendent dans le centre-bourg de la ville centre. Il attire les personnes pour des raisons
multiples, comme pour emmener les enfants à l’école, pour aller faire une course, pour régler un
problème administratif, pour profiter d’un espace public, etc.
b.3. La centralité rurale, associée à une centralité touristique pour les centres-bourgs étudiés
De par leurs caractéristiques évoquées jusqu’alors, les centres-bourgs et les communes de Mens et
du Bourg d’Oisans sont ruraux, et présentent la particularité d’être touristiques. Ils bénéficient d’une
attractivité liée à l’environnement naturel et aux aménités du centre-bourg comme le patrimoine
bâti. Ces atouts créent une centralité touristique pour les communes voisines, mais aussi à une
échelle bien plus large qui est départementale, régionale, nationale, et internationale. Le Bourg
d’Oisans a plusieurs campings, et accueille des courses cyclistes (assez régulièrement le Tour de
France). De plus, quand on découvre une commune, systématiquement on se dit « on va aller dans
le centre », « on cherche le centre historique ».
Ce sont également des centralités rurales, car leur éloignement d’autres grandes communes leur
confère le caractère de centralité et un pouvoir d’attractivité.
b.4. La centralité d’usages
Cette typologie de centralité, un peu originale, doit être analysée car c’est peut-être celle qui est la
plus vivante, la plus dynamique, et qui comporte une dimension fortement humaine et sociale. Elle
se définit comme un lieu qui concentre la population à un moment donné pour un usage précis. Il
s’agit par exemple dans les centres-bourgs des pôles d’équipements scolaires. C’est en effet un
espace de la commune qui accueille en journée et en semaine un certain nombre d’habitants, et qui
concentre d’ailleurs peut-être le plus grand nombre de personnes. Une centralité d’usages s’exerce
73
également par le commerce qui draine un flux de chalands pendant les heures d’ouverture. Tous ces
éléments définissent la centralité de la proximité.
En somme, il y a une multiplicité de ce qui fait centralité aujourd’hui, et un centre peut être
plurifonctionnel. L’affaiblissement de certaines centralités fait partie des constats de dévitalisation
des centres-bourgs. Au contraire, des centralités sont renforcées, pouvant être des supports de
revitalisation.
c. Vers un polycentrisme
Face aux évolutions des espaces urbains contemporains, aux dynamiques des espaces périurbains
et ruraux, et face aux constats donnés jusqu’à présent, la quête d’un centre unique semble vaine.
C’est pourquoi, le polycentrisme est une réponse à cette problématique, et constituerait une nouvelle
représentation de la centralité. C’est le fait qu’il y ait plusieurs centres, et qui présuppose, c’est le
cas suite aux analyses ci-dessus, que le centre et la centralité existent. De fait, « dans les campagnes
urbaines, la poly-centralité est de mise : il y a des bourgs, mais aussi des espaces moins
traditionnels qui sont des lieux de référence de la vie collective. Que l'on regrette ou non leur mise
en place progressive, ces espaces « autres » du commerce périurbain, souvent monofonctionnels,
peu amènes et conçus uniquement pour la voiture, pourraient faire l'objet du même soin que les
espaces publics principaux : ce sont les lieux de vie principaux. » (BONNET, 2016, p.68) Cette
citation rejoint la centralité des usages évoquée. Ces « espaces autres du commerce périurbain »
sont les zones d’activités, les zones commerciales, les centres commerciaux, en périphérie des
centres-bourgs. « En termes commerciaux, l'espace rural, loin d'être polarisé uniquement par les
bourgs-centres, est animé de mouvements multidirectionnels. La mobilité des populations rurales
tend à multiplier les flux et à les éclater en de multiples directions. (…) Il y a là un polycentrisme
commercial. Ce constat est une donnée fondamentale de l'analyse actuelle de l'espace rural. »
(JOUSSEAUME, 1998, p.36).
Des cas particuliers peuvent être observés, où « le centre topologique coïncide généralement avec
le centre primitif. Il correspond au site originel qui a été choisi en fonction de préoccupations d'une
autre époque : défense, marché, administration. Il conserve certains bâtiments et un emplacement
utiles à la vocation première. » (CHOAY, MERLIN, 2005, p.159) Une nuance très intéressante est
apportée : « mais il peut être aujourd'hui largement en dehors du centre actif de la ville moderne
lorsqu'il a été dépossédé de son rôle par la nécessité d'une meilleure accessibilité ou par un
changement technique important. » (Ibid.). La commune de Roussillon illustre ce fait dans le sens
74
où les élus parlent de « Roussillon le haut » et de « Roussillon le bas », comme évoqué en cf. en I.
2) c. avec le périmètre du centre-bourg de Roussillon et la citation de Monsieur Mas. Cette
distinction est due à la topographie et à l'établissement du centre historique « en haut » pour des
raisons de défense et de visibilité sur un territoire. Ce centre ancien abrite le patrimoine (Château,
Couvent des Minimes), en partie classé, les fonctions administratives et institutionnelles avec la
mairie et des équipements. Pour des raisons de desserte par les voies de communication, de place
en termes de foncier et de praticité, d'importantes industries se sont implantées dans la partie dite
« basse » de la commune. De fait, le cœur historique a été délaissé, et présente aujourd'hui des
signes de dévitalisation. C’est un polycentrisme à l’intérieur même de la commune.
Pour illustrer toutes ces caractéristiques sur la centralité énoncées jusqu’alors, ci-jointe une
compilation de cartographies réalisées dans les fiches d’identité des centres-bourgs étudiés.
Cartographie 30 : Polarités au de-là du centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
75
Cartographie 31 : Polarités au de-là du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2017)
Cartographie 32 : Polarités au de-là du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
2017)
76
Cartographie 33 : Polarités au de-là du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Cartographie 34 : Polarités au de-là du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
77
Cartographie 35 : Polarités au de-là du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Ces cartographies présentent l’analyse des constats liés à la revitalisation au-delà du périmètre du
centre-bourg, ainsi que les différentes polarités et centralités comme elles ont été définies dans cette
partie. De manière générale, il y a une complémentarité forte entre les différents pôles du territoire
du centre-bourg, et entre le centre-bourg et sa périphérie plus ou moins proche. Ils se trouvent à
l’échelle communale, des communes voisines, intercommunales, et en fait du bassin de vie voir
même au-delà pour les problématiques touristiques. Le centre-bourg exerce donc des influences
hors de ses limites. Les cas d’étude ont des potentiels et des aménités liées au tourisme, et du
patrimoine naturel varié. En termes d’activités économiques et de zone de chalandise, il ne faut pas
négliger les supermarchés, les zones d’activité, les activités agricoles, etc. D’autres équipements
78
sont également souvent situés en périphérie immédiate des centres-bourgs. Toutes ces polarités ne
sont pas toujours lisibles ni connectées au centre-bourg. Enfin, ces cartographies présentent
l’insertion des centres-bourgs dans le réseau des grandes voies de communication (route, autoroute,
chemin de fer, etc.).
Cependant, ces centres peuvent-ils maintenir leur puissance face à la croissance des grands espaces
urbains ? « On peut se poser la question de ce que deviendra la notion de centralité devant la
poussée fiévreuse des grandes agglomérations, (...) et la conception de centres commerciaux
intégrés ou de zones d'activités regroupées, situés généralement le long de grands axes de
communication, en dehors ou même à la périphérie du tissu urbain dense et coupés d'une manière
rigide de l'expansion diffuse qui caractérisait jusqu'ici les activités urbaines. » (CHOAY,
MERLIN, 2005, p.160). Cet extrait dépeint bon nombre de problématiques inhérentes à ces centres,
qui sont aujourd'hui dans des espaces plus ou moins densément urbanisés et complexes avec leurs
logiques particulières. Le polycentrisme revient finalement à prendre en compte les échelles
supérieures, et les centres qui les polarisent. En somme, pour toutes les raisons évoquées, la
revitalisation des centres-bourgs doit être envisagée en dépassant leur seul périmètre et selon une
vision polycentrique.
Conclusion de la partie II
Cette deuxième partie a permis de dresser le portrait des dynamiques des centres-bourgs, à travers
le diagnostic de l’échantillonnage. Ils sont caractérisés par une dévitalisation, au niveau des activités
économiques, des services publics, de l’habitat, des espaces publics, et de l’attractivité. Les analyses
n’ont pas révélé que des difficultés, car ils recèlent de nombreuses qualités, quelques peu
dissimulées, comme les patrimoines bâtis et naturels. Au cœur des territoires ruraux et périurbains,
la caractérisation de la situation géographique des centres-bourgs est difficile du fait de la
complexité de ce sujet. Au final, Mens et le Bourg d’Oisans sont des centralités rurales et
touristiques, tandis que Les Avenières, Beaurepaire, Saint-Marcellin et Roussillon sont des petites
villes à la campagne, même si ces deux dernières communes ont aussi un caractère périurbain. La
question des centralités fait pleinement partie de l’analyse de la dévitalisation, car il s’agit d’étudier
les dynamiques et le positionnement de ces centres dans le territoire. Face aux évolutions et aux
constats réalisés, l’organisation de ces espaces et du territoire est résolument polycentrique, ce qui
revient aussi à prendre en compte toutes les échelles. Comment revitaliser les centralités affaiblies ?
Comment attirer à nouveau de la population dans ces centres-bourgs ?
79
III. Le centre-bourg au XXIème siècle : comment revitaliser les
centres-bourgs ? Quel projet urbain pour ces territoires ?
Comment renforcer ou redonner une centralité ?
1) Synthèse des enjeux pour la revitalisation des centres-bourgs étudiés
Cartographie 36 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2017)
Cartographie 13 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg du Bourg d'OisansCartographie 14 : Constats
et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Beaurepaire
Cartographie 37 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 2017)
80
Cartographie 38 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg des Avenières (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
2017)
Cartographie 39 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)
Cartographie 40 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
2017)
81
Les cartographies ont été réalisées pour chaque centre-bourg de manière transversale. Il était donc
impossible de les intégrer dans la suite du propos organisé par thème. Néanmoins, ces analyses
cartographiques présentent une synthèse des constats et des enjeux d’aménagement pour les centres-
bourgs de l’échantillonnage, explicité comme suit :
COMMERCES, EQUIPEMENTS ET SERVICES PUBLICS : l’enjeu est de rétablir la continuité
du linéaire commercial en résolvant la vacance, de stopper le changement de destination des rez-
de-chaussée en logement ou garage, de conforter et de mettre en valeur les commerces actifs, de
redynamiser le commerce existant, de changer leur image et de les rendre plus attractifs, de produire
une offre commerciale nouvelle pour compléter celle actuelle, de sensibiliser les commerçants sur
la nécessité de se regrouper et de mener des actions communes, de pérenniser et de valoriser les
activités liées à l’art et aux productions maraîchères, de conforter l’intégration des équipements au
centre-bourg, de rénover les bâtiments publics dégradés.
LOGEMENT : l’enjeu est de stopper la vacance et la dégradation des logements, de remettre sur le
marché immobilier les biens vacants, de produire une offre de logement qualitative et diversifiée,
d’attirer une nouvelle population et de renforcer la fonction d’habitat dans les centres, de trouver
des solutions pour le phénomène de la saisonnalité et des résidences secondaires de certains centres-
bourgs, de produire des typologies variées pour répondre aux besoins en petits logements, locatifs
et locatifs sociaux, de concentrer la population dans le centre, de dissocier dans le même bâtiment
logement/commerce en rez-de-chaussée, de mettre en valeur l’architecture locale, de sensibiliser
Cartographie 41: Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2017)
82
les propriétaires sur l’importance de la bonne gestion de leur bien, d’inciter à la rénovation
thermique de logement.
STATIONNEMENT, DEPLACEMENTS, ESPACES PUBLICS : l’enjeu est d’informer et de
signaler le stationnement pour une meilleure desserte et rotation, d’inciter au stationnement en
périphérie, de mutualiser les stationnements, de réorganiser et de diversifier les fonctions sur ces
espaces centraux. Enjeu de sécuriser et de renforcer les cheminements piétons, d’apaiser la
circulation routière, de rendre les trottoirs accessibles, d’assurer la continuité de la déambulation
piétonne. Enjeu de redonner de la place au piéton, de libérer certains espaces symboliques de
l’automobile (ex. places publiques), de traiter qualitativement les espaces publics existants pour
renforcer leur fonction d’espace public, d’améliorer le cadre de vie, de donner une plus grande place
à la flânerie.
PATRIMOINES, TOURISME : l’enjeu est de préserver, de valoriser et de mettre en scène les
patrimoines (bâtis, paysagers, naturels) afin de conforter l’identité des centres-bourgs, de prendre
en compte ces patrimoines dans le développement du tissu urbain, de tirer parti de l’environnement
exceptionnel offert par les centres-bourgs afin d’ouvrir la commune sur l’extérieur et de développer
l’accueil des touristes.
2) Pistes d’action par grandes thématiques : comment revitaliser les centres-
bourgs ?
a. Commerces, équipements et services publics
a.1. Résoudre la vacance commerciale
La commune peut acquérir des locaux commerciaux vacants ou en activité en cas de cession de bail.
Ce type d’action permet de maîtriser le prix du loyer, ainsi que la nature de la surface commerciale.
Remettre les locaux vacants sur le marché immobilier est un premier pas pour assurer à nouveau la
continuité du linéaire commercial. Citons pour exemple la commune de Mordelles en Ille-et-
Vilaine, 7 247 habitants : « Sans utiliser le droit de préemption commercial, la commune s’est en
parallèle portée acquéreur de maisons de bourgs anciennes en R+1 de la rue principale, qu’elle a
revendues sous condition de bail commercial afin de préserver et d’améliorer la continuité
commerciale. » (EPFB, page 5-6) La collectivité peut également porter des biens immobiliers en
partenariat avec des experts afin de revitaliser du commerce et du logement, associés ou non dans
83
le même bâtiment. C’est par exemple le dispositif SEMCODA (Société d’Économie Mixte de
Construction du Département de l’Ain), mis en place aux Avenières Veyrins-Thuellin :
1) La commune achète les locaux commerciaux et/ou le(s) logement(s) d’un bâtiment
2) Un bail emphytéotique est passé entre la SEMCODA et la commune (sur 50 ans)
3) La SEMCODA réhabilite le(s) commerce(s) et le(s) logement(s), qu’elle loue à la commune
4) La commune loue ces mêmes biens à un commerçant/locataire : elle a le choix de la nature du
commerce et son prix, pour s’adapter aux besoins et au marché immobilier du secteur
5) Si au bout d’un certain temps le bien n’est pas loué, la SEMCODA est libre de choisir la
destination commerciale
Au final, c’est une opération blanche, financièrement, pour la commune, qui réalise une avance de
trésorerie à l’achat, puis la SEMCODA paye un loyer mensuel d’avance.
M. Michoud, maire des Avenières Veyrins-Thuellin
« Point positif, je vois se dessiner ce que l'on va pouvoir faire demain. C'est-à-dire que l'on a trouvé
le dispositif (SEMCODA) qui va nous permettre de redynamiser les commerces. Ce sont les
éléments qui vont nous permettre de donner concrètement vie au centre. Il faut que l’on ouvre à
nouveau ces magasins, sinon nous avons un linéaire où, dès qu'il y a vacance, ça ne ressemble plus
à rien. Tout n'est pas réglé, mais les pièces du puzzle s'assemblent. Il reste donc à travailler
maintenant avec le bureau d'étude sur la partie commerciale, pour commencer à réfléchir à quel
type de commerce favoriser, et si on fait des appels à projets. »
La vacance peut également être traitée par des initiatives individuelles locales. Les habitants
peuvent être force de proposition, comme cela a été le cas à Arzano, petite commune du Finistère
qui compte 1 404 habitants. Une épicerie associative a été créée afin de redynamiser le centre-bourg
et de préserver le lien social. Cette démarche collective, soutenue et accompagnée par la collectivité,
s’est organisée en plusieurs étapes. Il s’agit d’une enquête sur les attentes et les habitudes de
consommation des habitants, la recherche de retours d’expérience par des visites d’opération afin
de recenser les différentes formes juridiques de montage de projet, des rencontres avec tous les
acteurs, et le montage de dossiers administratifs et financiers. Pour encadrer ce projet original et
innovant, la municipalité a passé une convention d’objectifs avec l’association afin de définir les
actions respectives. « La municipalité a mis à disposition de l’association le local communal et le
matériel. Cette dernière a ainsi pu procéder à des travaux d’aménagement (façade, rayonnage,...).
Afin de permettre le lancement de l’épicerie, l’association procède (sur internet) notamment à un
appel à apport de fonds pour le financement du matériel et du fonds de départ (15 000 €). Le «
Régal d’Épissure » ouvre ses portes le 6 mai 2015 et vit les premiers mois un succès important :
d’un salarié, au départ, on atteint 1,5 emplois quelques mois plus tard. Le gérant de l’épicerie est
84
recruté par l’association pour permettre le fonctionnement du commerce en plus de l’implication
d’une quarantaine de bénévoles. On note toutefois la difficulté d’un fonctionnement associatif et
bénévole : le manque de savoir-faire en matière de commerce, la baisse ponctuelle de motivation
ou de disponibilité rendent la chose parfois compliquée. » (EPFB, pages 11-12) Ces difficultés
peuvent être atténuées par l’intégration de partenaires spécialisés comme la Chambre de Commerce
et d’Industrie, qui peut dispenser des formations et réaliser des actions de sensibilisation sur ces
questions techniques. En outre, l’appropriation par les usagers est une condition essentielle pour la
durabilité de ce type projet.
Des actions de planification urbaine peuvent être réalisées via le PLU et le droit de préemption
commercial, comme la commune de Mordelles en Ille-et-Vilaine l’a mis en œuvre : « L’affirmation
du cœur de bourg dans la politique urbaine communale s’est traduite par l’instauration d’un
périmètre de centralité (zone UA, zone centrale de centre-ville ou centre-bourg, intégrant des pôles
commerces-services) reporté au règlement graphique et assorti dans le règlement littéral de
dispositions particulières. Ainsi, l’article 1 de la zone centrale, précisant les occupations et
utilisations du sol interdites, proscrit dans les pôles commerces-services, en rez-de-chaussée et sur
une profondeur de 8 m à compter de la façade sur voie, les constructions à destination d’habitat et
les changements de destinations à des fins d’habitat. En complément, la municipalité de Mordelles
a institué par délibération du conseil municipal en 2007 un droit de préemption sur les fonds arti-
sanaux, de commerce et les baux commerciaux. À travers ce dispositif, dans le périmètre du droit
de préemption reporté au règlement graphique du PLU, toute cession de fonds ou de bail doit être
préalablement déclarée à la mairie qui dispose d’un délai de deux mois pour s’en porter
éventuellement acquéreur avant de le rétrocéder, dans un délai d’un an à compter de la préemption,
à un nouvel artisan ou commerçant. Ce dispositif, dont les effets sont principalement dissuasifs,
présente un double intérêt. Il permet à la collectivité de connaître les dynamiques du commerce en
centre-bourg en étant informée des mutations mais il permet également comme le souligne la
collectivité « d’anticiper les changements d’enseignes et de discuter avec les commerçants ».
(EPFB, page 5-6)
Garante de la bonne évolution du territoire, la collectivité doit s’impliquer fortement dans
l’élaboration des outils règlementaires. Un PLU ancien ne prenant pas en compte les nouvelles lois
et dispositions applicables peut être un frein à la revitalisation d’un centre-bourg. Par exemple, la
commune des Avenières Veyrins-Thuellin a mis en pause le début d’une étude de programmation
réalisée par un bureau d’étude car le PLU était désuet et ne pouvait pas répondre aux enjeux et aux
objectifs des projets à venir. La commune a ainsi effectué la révision de son PLU pour le modifier
et l’adapter aux besoins.
85
Pour réduire la vacance et renforcer la centralité des centres-bourgs, les PLU peuvent également
prohiber l’installation d’activités hors du centre-bourg.
Ensuite, une Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP) donne des orientations, des
indications, et des prescriptions règlementaires dans le zonage. Une OAP n’a pas de contenu
spécifique. Toute proposition est envisageable. Elle peut par exemple s’attacher à préserver la
mixité fonctionnelle, à favoriser les cheminements piétons via des servitudes d’emplacements
réservés. Elle peut contenir des prescriptions d’insertion architecturale, de besoins de
stationnement, de qualité environnementale, etc. Les dernières évolutions législatives, appliquées
depuis le 1er janvier 2016, ont quelque peu modifié les OAP. A présent, pour tout nouveau document
d’urbanisme, il y en a de trois types. L’OAP sectorielle est obligatoire pour ouvrir des zones à
l’urbanisation. L’OAP de secteurs d’aménagement (dite OAP non règlementaire) est nouvelle. Elle
définit des principes, dans un rapport de comptabilité et non de conformité, mais doit néanmoins
respecter le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD). Résumés dans un
schéma d’aménagement, six thèmes doivent être déclinés. Il s’agit :
- de la qualité de l’insertion architecturale, urbaine et paysagère
- de la mixité sociale et fonctionnelle
- de la qualité environnementale et de la prévention des risques
- des besoins en stationnement
- de la desserte par les transports en commun
- de la voirie et des réseaux.
Enfin, l’OAP patrimoniale, remplace celle dite « thématique », qui permet de protéger le patrimoine
au sens large du terme. En somme, les OAP sont des outils complètement adaptés à la revitalisation
des centres-bourgs par leurs objectifs et leurs thématiques d’action.
Pour continuer sur les pistes d’action pour résoudre la vacance commerciale, le nombre de
commerçants propriétaires de leurs murs n’a cessé de baisser ces dernières années, passant en dix
ans de « 70 % à 30-40 %, générant un poids croissant des loyers dans les comptes de résultat des
commerçants. » (EPFB, page 7) Face à cela, l’effet de la bulle immobilière se porte aussi sur les
loyers commerciaux qui augmentent alors que leur rentabilité chute. L’enjeu est de mener des
actions de sensibilisation sur ce phénomène auprès des commerçants et des propriétaires afin de
prévenir d’éventuelles difficultés conduisant à la vacance commerciale. L’adaptation des loyers aux
conditions de rentabilité des entreprises est primordiale. La mairie de Quintin dans les Côtes-
d’Armor, 2 826 habitants, est concernée par ces problèmes et s’est lancée dans une démarche de
concertation. L’équipe municipale « a procédé à l’invitation des propriétaires de murs
commerciaux ainsi que des représentants de l’association des commerçants. » (EPFB, p. 7) Les
86
élus ont présenté à une dizaine de propriétaires les enjeux du commerce du centre-bourg. La
Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) est intervenue sur la problématique des loyers et de la
vacance commerciale, puis un cabinet d’étude spécialisé, proposé par la CCI, a illustré le propos
avec des retours d’expérience. Cette rencontre a permis de réaliser une prise de conscience
collective, de faire émerger des pistes de réflexion ainsi que des mesures à mettre en œuvre comme
la requalification et l’adaptation de locaux, des compléments à intégrer au PLU, etc. Le fait de
rassembler et de communiquer est déjà une action et un premier pas vers la revitalisation.
a.2. Renforcer le dynamisme du tissu commercial existant
Il est important d’assurer les commerces et les services « de base », qui en plus d’être
complémentaires, « touchent les mêmes populations (médecins/pharmaciens) ou sont fréquentés
aux mêmes heures (boulangers/buralistes). » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre
2013, p.8) Cette citation est extraite d’une étude qui retrace une démarche de projet qui a été conçue
puis testée sur six communes du Parc Naturel Régional (PNR) du Livradois-Forez, afin de
renouveler îlot par îlot l’habitat de ces centres-bourgs. L’objectif était d’établir une méthodologie
transposable. Les personnes ont besoin d’aller dans ce type de commerce ou de service tous les
jours ou plusieurs fois par semaine, ce qui génère une attractivité et donne la possibilité de se rendre
dans d’autres commerces si besoin. Le choix de la nature des surfaces commerciales est donc très
important et la localisation de ces polarités est stratégique. Il est essentiel qu’elle soit à des endroits
déjà fréquentés, comme à proximité de la place publique principale ou d’équipements publics.
Thierry ANGELIER, Directeur Général des Services de la commune de Saint-
Marcellin
« L’implantation des commerces est très importante. Je parle sous couvert des décisions qui
seront prises, mais nous ferons en sorte que les commerces d’hyper-centre soient renforcés et
qu’aucun autre commerce ne se développe ailleurs dans la commune malgré la pression. Nous
travaillons aussi sur une problématique majeure qui est le coût des loyers. Les propriétaires
ont une logique économique qui ne correspond pas à la réalité du marché. »
De plus, adapter les locaux aux besoins actuels est une condition indispensable à leur cession. « Elle
concerne leur mise aux normes (sécurité, accessibilité, éclairage …) et l’amélioration des
conditions d’usage (accès aux logements des étages supérieurs, espaces de stockage, commodité
de livraison…). » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013, page 8) Aussi, afin de
changer leur image, il convient de rénover et de requalifier les locaux commerciaux en activité mais
87
vétustes. L’aspect esthétique peut être amélioré par la rédaction et l’application d’une charte des
devantures commerciales.
Le marché en centre-bourg est également vecteur d’un dynamisme certain, comme cela a été évoqué
dans le diagnostic. « Pour garantir son fonctionnement, le marché doit être pensé en termes de
localisation, de temporalité et de complémentarité avec les activités sédentaires et les marchés des
communes proches. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013, page 8) Comme il
contribue fortement au dynamisme des centres-bourgs, le marché doit impérativement être préservé
et renforcé.
La complémentarité entre les différents acteurs économiques du centre-bourg et de sa périphérie est
à travailler. Des partenariats peuvent être créés, comme cela pourrait être envisagé aux Avenières
Veyrins-Thuellin entre le parc d’attraction Walibi et les commerçants du centre-bourg.
Des partenariats entre les commerçants et les associations de la commune peuvent également être
établis, pour fournir du matériel ou de la nourriture lors des manifestations associatives, plutôt que
de réaliser les achats dans les grandes surfaces hors du centre-bourg et même de la commune.
Aussi, le dynamisme peut être assuré par l’organisation d’animations commerciales. Des chèques
cadeaux peuvent être mis en place, en élargissant à l’échelle de la zone de chalandise pour dépasser
le périmètre du centre-bourg et ainsi attirer une clientèle plus diversifiée.
Photographie 33 : Devanture commerciale soignée dans le
centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 23 février 2017)
88
Pour dialoguer avec les commerçants, un interlocuteur spécifique peut être désigné afin de cerner
leurs difficultés et les attentes des consommateurs. Comme l’association des commerçants jouait
souvent ce rôle, il est nécessaire de trouver des moyens pour la relancer.
Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire
« Je serai preneur d’avoir un interlocuteur capable d’orienter les commerçants, comme des
porteurs d’affaire sur du commerce de proximité. C’est notre grosse difficulté. Au même titre
qu’il serait intéressant d’avoir un interlocuteur qui puisse faire évoluer les mentalités. La
mairie n’est pas la mieux placée pour le faire. Mais il y a peut-être des personnes dont c’est le
feeling, et qui peuvent peut-être amener des choses un petit peu plus prospectives. »
Des actions de communication diversifiées sur l’offre commerciale et d’équipements du centre-
bourg peuvent être menées, en diffusant par exemple des dépliants avec la liste des commerces,
services et équipements publics, mais également en utilisant l’ensemble des modes de
communication (sites internet, réseaux sociaux, etc.).
Il est également important de prendre en compte les besoins des consommateurs et de s’adapter à
leurs nouvelles pratiques (horaires, types de produits proposés : qualité, choix, produits locaux,
commerce de bouche, équipement de la personne, etc.). Il convient de favoriser la diversité des
commerces, tout en ciblant les produits vendus. Souhaitant développer le commerce, en lien avec
une opération de construction, la commune de Laignelet en Ille-et-Vilaine, 1 135 habitants, a pris
l’initiative de réaliser une enquête sur les besoins des habitants. La démarche a été appuyée par des
travaux d’étudiants. Les réponses convergeaient vers le manque de « dépannage » alimentaire. « En
2003, la municipalité a commandé une étude de faisabilité portant sur les deux dimensions du projet
: le bâti et l’habitat auprès de Fougères Habitat (opérateur auprès duquel le foncier a été cédé par
la municipalité), et l’activité commerciale auprès de la Chambre de Commerce et d’Industrie, dans
le cadre d’une prestation facturée. » (EPFB, p. 9) Cette mission a permis de rassembler tous les
acteurs, de réaliser une analyse économique locale du projet afin d’évaluer les possibilités
d’implantation de commerce, une analyse des enjeux liés au projet avec un volet financement et
recherche d’aides financières, d’apporter un appui administratif, de chercher un exploitant, et de
suivre son installation et les débuts de l’activité. La mairie est propriétaire des locaux commerciaux,
et a pu fêter les 10 ans de leur existence, signant ainsi un véritable succès.
89
a.3. Penser la revitalisation commerciale au-delà du centre-bourg
Les commerces ont une zone de chalandise qui dépasse le périmètre du centre-bourg. Elle concerne
la commune, les communes voisines, l’intercommunalité, et quasiment le bassin de vie. C’est
pourquoi, des actions via une planification stratégique dans le cadre du volet commerce du Schéma
de Cohérence Territoriale (SCoT) peuvent être menées. C’est un outil qui organise le
développement commercial à l’échelle d’un territoire élargi. « La structuration de l’armature
commerciale se pose en lien direct avec l’armature urbaine. Cette dernière s’organise autour d’un
pôle urbain (le Grand Redon), de pôles relais et d’une armature de bourgs et de villages, premier
niveau de la proximité. À chaque strate de cette armature urbaine correspond une organisation
commerciale spécifique répondant à l’enjeu global de « recentrer la dynamique territoriale par
l’économie ». Dans ce contexte, le pôle urbain est autorisé par le SCoT à accueillir des commerces
de grande taille tant en alimentaire qu’en commerce spécialisé. Les pôles relais se structurent de
leur côté autour d’un supermarché et de commerces traditionnels. Dans les pôles de proximité,
maillant le reste du territoire, prennent place supérettes et commerces de centres-bourgs. » (EPFB,
page 3-4). Pour ce faire, les outils mobilisés sont :
- « Élaboration d’un schéma d’organisation commerciale en lien direct avec
l’armature urbaine du SCoT
- Introduction de planchers et plafonds pour mieux organiser la localisation
préférentielle des types de commerces
- Définition de zones d’aménagement commercial au sein d’un document
d’aménagement commercial. » (Ibid.)
La prise en compte de la multiplicité des échelles et de ses acteurs est essentielle. « La
reconfiguration de l'offre commerciale nécessitera d’être conçue en fonction de la population
susceptible de fréquenter le centre-ville concerné. (…) Cette stratégie devra être portée à la fois
par le maire de la ville concernée et par le président de l'intercommunalité qui pilote
l'aménagement et le développement économique à une échelle plus large ; ce qui suppose que le
périmètre de l'Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) couvre l'ensemble de
l'unité urbaine, voire de l'aire urbaine ou qu'il existe sur ce territoire une gouvernance adaptée,
par exemple dans le cadre d'un SCoT. Ce n'est en effet qu'à ce niveau que peut être définie et mise
en œuvre une politique d'urbanisme commercial cohérente qui régule les projets nouveaux et
maintient un équilibre entre l'offre du centre-ville et des périphéries. » (Rapport revitalisation
commerciale, p.70)
Enfin, pour attirer une clientèle régulière et agrandir ainsi la zone de chalandise, l’association
d’activités comme la culture et le commerce peut être une solution. Ce sont des activités
90
complémentaires. Les produits et les savoir-faire locaux sont ainsi valorisés. Ce type d’activité
génère du service qui n’est pas proposé par les grandes surfaces et les commerces de périphérie.
C’est un élément important à mettre en valeur afin de démontrer la plus-value offerte par le fait
d’effectuer ses achats en centre-bourg. Cela fait partie du changement des mentalités et des
habitudes de consommation. De plus, face au développement numérique et aux mutations de
l’organisation du travail, la demande de lieux pour le télétravail s’affirme. Par leur cadre de vie
unique et d’une grande qualité, les centres-bourgs peuvent offrir ce type de service.
a.4. Assurer la pérennité des équipements et des services publics en centre-bourg
Il convient de rénover les bâtiments publics vétustes afin de leur donner une meilleure image et
d’apporter du confort d’usage. Réaliser des travaux est l’occasion d’améliorer l’accessibilité des
bâtiments, les connexions piétonnes, ainsi que de requalifier les espaces publics attenants. La mise
aux normes d’accessibilité des Etablissements Recevant du Public (ERP) peut être réalisée en
utilisant l’outil « L’Ad’AP ». C’est un agenda d’accessibilité programmée, mis en place depuis le
1er janvier 2015. Il permet aux collectivités de réaliser la mise en accessibilité en respectant les
obligations fixées par la loi du 11 février 2005, en échange de la suppression des sanctions. C’est
un engagement pour réaliser les travaux selon une durée déterminée, et un financement.
Il est également important de localiser les nouveaux équipements en centre-bourg ou à sa périphérie
proche, comme par exemple la construction du nouveau bâtiment de l’intercommunalité au Bourg
d’Oisans, situé dans le centre-bourg, à côté de la mairie.
Photographie 34 : Exemple de requalification de l'espace public aux abords
d'un équipement public et de sa mise en accessibilité, mairie de Beaurepaire
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017)
91
André SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans
« Dans la partie sud de la commune, nous faisons un pôle administratif et scolaire puisque c’est
le seul endroit constructible du fait du risque inondation. Nous sommes en train de réaliser un
pôle complet autour du parc, sans modifier cet espace de verdure. »
Enfin, il est nécessaire d’insérer dans le périmètre de réflexion d’aménagement du centre-bourg
l’installation d’équipements médicaux majeurs (maison de santé, etc.). C’est par exemple le projet
actuel de reconstruction de la Clinique dans le périmètre du centre-bourg de Roussillon, ou le projet
de maison de santé à Beaurepaire.
Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire
« La maison pluridisciplinaire de santé, telle qu’elle se profile, constitue une alternative à la
maison médicale actuelle qui n’est pas très pratique. Le but du jeu c’est aussi d’attirer des
médecins, des praticiens spécialistes, sur des prestations par semaine ou autre. Sachant que
dans le même temps on complète les prestations par rapport à ce qui existe en lien entre
l’hôpital de Beaurepaire et l’hôpital de Vienne, puisqu’il y a des consultations qui sont
déconcentrées sur Beaurepaire et qui fonctionnent très bien. Le but est d’avoir une offre
complémentaire, qui n’empiète pas sur celle existante. »
b. Le logement
b.1. Résoudre la vacance du logement
Retrouver les propriétaires est nécessaire afin que la municipalité négocie l’acquisition de bâtiments
ou de tènements fonciers. La commune peut réaliser des enquêtes auprès des propriétaires sur la
nature de la propriété et leurs attentes.
Bernard COQUET, maire de Mens
« Avant de commencer de grandes études, j’ai voulu tester l’intérêt des propriétaires pour vérifier
s’il était pertinent de lancer des opérations de réhabilitation des logements dans le centre-
historique. Nous avons envoyé 220 lettres à tous les propriétaires connus, précisant qu’on était en
train de requalifier les espaces publics pour rendre le village plus attractif, mais que cela serait
complété par une opération de réhabilitation de l’habitat ancien sur plusieurs années, qui se trouve
dans la zone qui va être valorisée par un plan pluri-annuel. C’est très récent, j’ai fait ça avec l’aide
de Soliha pour le questionnaire. Le taux de taux de réponse a été de 50%, je ne m’attendais pas à
ce résultat, c’est positif. »
92
La prise de contact de ce type est nécessaire avant toute démarche de projet. Il est également
important de favoriser la dissociation de la domanialité des commerces et des logements afin de
répartir la responsabilité et l’investissement. Remettre sur le marché immobilier les logements
vacants est primordial afin de stopper la désertification du centre-bourg (cf. partenariat SEMCODA
expérimenté aux Avenières Veyrins-Thuellin). Aussi, le Droit de Préemption Urbain (DPU) est un
outil de planification, et son utilisation se justifie dans le cadre d’un projet d’intérêt général. Le
DPU peut parfois être utilisé à des fins d’acquisitions ponctuelles au gré des opportunités. Mais
pour garantir son efficacité, son usage doit être précédé d’études préalables, intégrées dans un
processus global de planification urbaine.
La commune de Nolay en Côte d’Or, 1 521 habitants, est un exemple réussi d’achat et de
réhabilitation de logements vacants par une collectivité. Ce projet a été porté par un homme élu
depuis 1989, d’abord adjoint puis maire, accompagné du maire sortant. La durée de son
investissement dans la collectivité est un facteur important dans le succès de cette opération. La
continuité et le suivi sont des conditions primordiales. « Il a profité de l'opportunité offerte en 2002
par le conseil régional de Bourgogne et son opération « Cœur de village » : la région était prête à
soutenir financièrement des opérations de réhabilitation des quartiers en désuétude. L'idée est
simple : la commune rachète directement des bâtiments « anciens, vacants ou inconfortables »
(« sans qu'il n'y ait jamais eu d'expropriation », souligne le maire), y effectue les travaux
nécessaires, et les remet sur le marché de la location, en répondant systématiquement à deux
impératifs : que le rez-de-chaussée soit occupé par un service public ou une structure collective, et
les étages par des logements sociaux. Autour de ces nouveaux logements, la commune procède
également à des travaux de réhabilitation urbaine. Seule exigence de la région : afin de préserver,
justement, le patrimoine, les façades des bâtiments devaient être conservées. » (Association des
maires de France, 2014, n°309, p.48-49) Les travaux ont commencé en 2003, et « ce sont
aujourd'hui « cinq quartiers » qui ont été entièrement réhabilités. » (Ibid.) La première phase a
consisté en un réaménagement de la voirie en espace semi-piétonnier, la démolition d'un immeuble
pour laisser place à un parking de quinze places, et la rénovation d'un immeuble acquis par la mairie
avec, au rez-de-chaussée, « une bibliothèque et une maison des services », et aux étages, quatre
logements. « Dans les années suivantes, les réhabilitations se poursuivent : quatre immeubles sont
refaits entre 2005 et 2007, toujours sur le même modèle. Ils accueilleront par exemple un cabinet
d'infirmières, les Restos du cœur, une structure petite enfance, et au-dessus, sept appartements. A
chaque fois la région a pris en charge la moitié du budget. « Pour le reste, explique le maire, le
système est assez simple : on réalise des emprunts, sur plusieurs dizaines d'années, et ce sont les
loyers des appartements que nous encaissons qui remboursent tranquillement ces emprunts. Au
final, c'est une opération blanche. » (Ibid.) Sauf qu’à un moment, « les habitants – notamment les
93
commerçants – ont estimé qu'il fallait changer le projet. « Ça a été une vraie petite révolte, raconte
le maire, avec des pétitions, des banderoles accrochées aux façades ! En fait, plutôt que des
logements, les commerçants voulaient des places de parking. » Au bout de plusieurs longs mois de
concertation, la mairie a accepté un compromis en ne construisant pas de logements à la place de
la poste, et la place du Docteur-Cattin accueille, depuis cette année, un « espace de convivialité et
vingt places de parking. » (Ibid.) Les contestations de la population ont peut-être été accentuées par
le manque de concertation. Tout projet d’aménagement suscite de toute façon toujours des
difficultés pour les changements qu’il provoque. La volonté politique est le moteur de ce projet,
découpé en phases, ainsi que de sa réussite. Il n’aurait pas non plus pu être mené sans ce dispositif
impulsé par l’acteur institutionnel.
b.2. Réhabiliter des logements vétustes
Pour ce faire, les bâtiments à réhabiliter peuvent être répertoriés, en indiquant les spécificités
architecturales (respect de matériaux, des enduits, des couleurs, des formes) à préserver et à
mettre en valeur. Ensuite, les travaux d’amélioration de l’habitat s’accompagnent d’outils et
d’aides financières.
Créée en 1977, une Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat (OPAH)3 est « une
offre de service » utilisée pour « la requalification de l’habitat privé ancien. » (anah.fr) C’est un
travail partenarial, réalisé dans le but de proposer des aides financières et une ingénierie. « Elle
porte sur la réhabilitation de quartiers ou centres urbains anciens, de bourgs ruraux dévitalisés,
de copropriétés dégradées, d’adaptation de logements pour les personnes âgées ou handicapées. »
(Ibid.) Si une commune souhaite mobiliser une OPAH, elle doit se rapprocher de l’Agence
Nationale de l’Habitat (ANAH) afin d’effectuer une demande et passer une convention entre ces
deux parties et l’Etat pour une durée de trois à cinq ans. Cet outil répond pleinement aux constats
et enjeux identifiés dans le diagnostic des symptômes de dévitalisation des centres-bourgs. L’OPAH
de droit commun « est destinée à remédier à la dégradation du bâti en milieu rural, péri-urbain ou
urbain ainsi qu'à la vacance de logements, à l'insuffisance de logements (quantitative et
qualitative), d'équipements publics et au déclin des commerces. » (OPAH, CAUE Midi-Pyrénées,
2012, p.1)
3 Les Opah sont définies législativement par l’article L303-1 du CCH, modifié par ordonnance n°2014-1543 du
19 décembre 2014 - art. 14 et les programmes d’intérêt généraux par l’article R 327-du CCH Modifié par Décret
n°2009-1625 du 24 décembre 2009 - art. 2 (anah.fr)
94
Pour répondre à des problèmes plus spécifiques, il y a des OPAH thématiques. L’OPAH
renouvellement urbain (RU) « traite les graves dysfonctionnements urbains et sociaux des
territoires urbains. Elle permet, en plus des dispositifs de l'OPAH classique, la mise en place
d'outils coercitifs de droit public du type démolitions, traitement de l'insalubrité... en appui d'un
projet urbain et social volontariste. Elle constitue un cadre privilégié de traitement de l'habitat
indigne. » (Ibid.) Puis, l’OPAH revitalisation rurale (RR) « concerne les communes rurales animée
par des bourgs centres ou des petites villes de moins de 10 000 habitants confrontées à des
phénomènes de dévitalisation et de paupérisation (difficultés économiques et sociales). » (Ibid.)
Enfin, l’OPAH copropriétés dégradées ne concerne que ce type de logement. Pour ce cas de figure,
les investissements publics sont très rarement mobilisés, mais le financement peut être complété
par un « plan de sauvegarde, cadre privilégié d'une intervention publique lourde dans les
copropriétés les plus en difficulté (dégradation physique du bâtiment, dysfonctionnement de la
copropriété avec l'absence d'un syndic ou un syndic défaillant, impayés de charges, situations de
grosses dettes, occupations difficiles…) » (Ibid.)
Une OPAH se divise en deux grandes phases :
- Un diagnostic « qui recense les dysfonctionnements du quartier ou des immeubles
du périmètre choisi : problèmes urbains, fonciers, sociaux, état du bâti, conditions
de vie des habitants » (anah.fr)
- Une étude préalable « qui préconise les solutions à apporter aux
dysfonctionnements soulevés lors du diagnostic et qui définit les objectifs qualitatifs
et quantitatifs à mettre en œuvre dans l’opération programmée » (Ibid.)
Il y a ensuite une phase de suivi-animation liée à l’opérationnel. Afin de mesurer l’efficience de
l’OPAH, elle se termine ensuite par un bilan et une évaluation.
Le site internet de l’ANAH propose un moteur de recherche répertoriant les OPAH menées. Chaque
centre-bourg étudié a été cherché. Seules deux OPAH ont été trouvées, à l’échelle de
l’intercommunalité : Communauté de Communes du Pays Roussillonnais où se trouve Roussillon,
et celle du Pays de Saint-Marcellin où se trouve Saint-Marcellin. Il est impossible de savoir où est
située l’opération.
L’engagement d’une collectivité publique dans une OPAH signifie l’engagement dans un projet de
territoire. Cette action est forcément liée à une réflexion sur un espace dépassant le périmètre même
de l’opération, et concerne plus généralement l’amélioration du cadre de vie. L’ANAH peut délivrer
des aides financières aux propriétaires et aux collectivités, et les accompagner gratuitement. (Fiche
technique OPAH, 2012)
95
En somme, le confort du logement est amélioré, mais il est important de veiller à ce que les travaux
soient réalisés dans le respect de l’identité architecturale du bâtiment.
Ensuite, le Programme d’Intérêt Général (PIG) sert également à améliorer l’habitat. C’est « un
programme d'actions initié par les collectivités territoriales bénéficiaires d'une convention de
délégation des aides à la pierre. (…) Ainsi le champ d'intervention peut être le logement des
étudiants, des jeunes travailleurs, des personnes âgées ou handicapées, la résorption du nombre de
logements vacants, l'augmentation de l'offre de logements à vocation sociale ou la lutte contre
l'insalubrité diffuse. » (data.gouv.fr) La mise en œuvre d’un PIG est la même que celle d’une
OPAH. Sa durée de validité dépend de ses enjeux, et est définie par les différentes parties de manière
libre. Elle dure généralement de un à trois ans. Le périmètre d’un PIG ouvre le droit à des
subventions de l’ANAH. En résumé, c’est « une procédure très souple pouvant s'adapter à des
réalités locales très variées. Le PIG permet de traiter à un niveau local des problématiques
spécifiques de logement dans le parc privé que ne parviennent parfois pas à régler des programmes
classiques d'intervention comme les OPAH. » (CAUE Midi-Pyrénées, p.2)
b.3. Renforcer l’attractivité de l’habitat des centres-bourgs
Il est important de favoriser le renouvellement de l’habitat du centre-bourg et de réduire les surfaces
constructibles dans les hameaux via la planification et le PLU, car « les très nombreux bâtis anciens
des bourgs et villages constituent des réserves foncières, déjà équipées et viabilisées à la différence
des extensions (enjeu économique), pour accueillir un nouvel habitat qui serait alors une
alternative à l’étalement périphérique (enjeu environnemental). » (Habiter autrement les centres-
bourgs, octobre 2013, page 3)
Thierry ANGELIER, Directeur Général des Services de la commune de Saint-
Marcellin
« Actuellement nous en sommes à la phase PADD du PLU, ce qui nous permet de donner des
orientations pour revitaliser. Nous réfléchissons à ne pas développer de nouveaux logements au-
delà du premier périmètre du centre dans les premières phases d’application du PLU, et ensuite
nous irons plus loin dans le périmètre. »
Aussi, il convient d’améliorer l’aspect esthétique et visuel des bâtiments des centres-bourgs avec
des campagnes de ravalement de façade.
96
Attirer une nouvelle population est possible avec des actions de densification quand il y a du foncier
disponible en construisant de nouveaux logements en centre (ex. du projet Place de la Liberté aux
Avenières Veyrins-Thuellin) ou à sa périphérie immédiate, ou en densifiant les dents creuses. La
mixité entre l’habitat et les fonctions économiques doit impérativement être maintenue et renforcée.
Avant toute action sur le logement, le diagnostic des besoins et des potentiels bâtis du centre-bourg
est indispensable. La diversification de l’offre et sa bonne répartition dans le centre-bourg sont
nécessaires. Ces actions doivent veiller à la diversification de l’offre immobilière, afin de proposer
plus de locatif, de petits logements, de logements sociaux, ainsi que de l’accession à la propriété.
La réhabilitation du bâti ancien, parfois à la volumétrie conséquente, permet la création de
logements diversifiés (T1, T2, T3, etc.). La multiplication des typologies de logements et des statuts
d’occupation permet de répondre aux besoins du parcours résidentiel.
En construction comme en réhabilitation, il convient d’assurer le confort des logements. C’est un
véritable critère d’attractivité et un levier de revitalisation. Les actions sur le logement peuvent être
vues comme la construction du « patrimoine habité de demain. (…) Typologie, matériaux, mise en
œuvre, usages doivent être exemplaires, respecter les caractéristiques urbaines et architecturales
des centres-bourgs tout en y imprimant la marque de leur époque. La capacité d’une construction
à rester vivante et habitée est un enjeu fort. Un bâtiment qui ne réussit pas à s’adapter à l’évolution
Photographie 35 : Exemple de façades ravalées de bâtiments anciens dans le centre-
bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)
97
des mœurs est condamné à la vacance. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013,
p.10).
Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire
« Nous souhaiterions avoir des logements qui proposent des prestations plus qualitatives, et qui
soient accessibles dans de bonnes conditions. Sur l’hyper-centre nous avons sollicité
l’Etablissement Public foncier de l’Ouest Rhône-Alpes (EPORA) puisque nous faisons partie du
périmètre. L’objectif est de re-densifier le centre-bourg en terme d’habitat, avec des prestations qui
permettent aux personnes plus âgées, qui ont peut-être un pouvoir d’achat un petit peu plus élevé,
de pouvoir acquérir ou louer. »
Aussi, pour répondre aux attentes des habitants du XXIème siècle, une dé-densification maîtrisée du
bâti des centres anciens doit être envisagée. Bien pensée, elle peut être le support d’une attractivité
nouvelle. L’aération du tissu urbain ancien et la réorganisation des îlots doivent s’effectuer dans le
respect de leurs caractéristiques historiques, vectrices d’identité pour le centre-bourg. La dé-
densification est un outil qui doit également permettre d’assurer la mixité sociale, générationnelle
et fonctionnelle, et de répondre aux besoins actuels en matière d’habitat et de cadre de vie. Les
conforts thermiques et acoustiques sont importants, la proximité du voisinage ne doit pas se faire
sentir de manière visuelle ou sonore, un espace extérieur privatif est une réelle plus-value, et un
minimum de praticité doit être requis (accessibilité sécurisée du bâtiment, stationnement de la
voiture, etc.).
Enfin, pour toutes ces questions, SOLIHA est un acteur incontournable de l’amélioration du
logement. C’est un mouvement national qui est représenté localement par des associations. Elles
agissent en faveur de l’habitat pour les particuliers, les collectivités et les institutions locales. Il y a
un volet « conduite de projet de territoire » où elles accompagnent des projets de revitalisation de
centre-bourg.
En somme, « l’habitat est une notion large qui ne se réduit pas au logement. Il est un ensemble de
services et de fonctions sociales, économiques, culturelles, accessibles à partir du logement. A ce
titre, il est le produit de la rencontre entre des politiques publiques et des stratégies d’acteurs
privés, et touche de ce fait à l’aménagement du territoire, à la répartition des services, à l’emploi
et aux déplacements. » (Habiter autrement les centres-bourgs, octobre 2013, page 3)
98
b.4. Assurer une meilleure gestion du foncier
La maîtrise foncière publique étant limitée en centre-bourg, elle prend plus la forme d’acquisitions
ponctuelles. Face à la prédominance de la domanialité privée, l’enjeu pour les collectivités est de
trouver des moyens efficaces de gestion foncière à court, moyen et long termes, garantissant une
évolution du tissu urbain selon les objectifs recherchés. Pour mettre en œuvre une stratégie foncière,
il convient de connaître la répartition des fonciers publics et privés. Une étude foncière consiste en
l’identification de la situation de chaque bien (état, vacance, superficie) et de celle de son
propriétaire (personne physique ou morale, âge, projets de la personne). Elle « se traduit par
l’élaboration d’une fiche par parcelle et la réalisation de cartes thématiques. L’analyse des
données recueillies permet d’identifier le niveau de mutabilité des biens, de repérer des situations
complexes à surveiller, de localiser des groupes de parcelles présentant des caractéristiques
similaires et des points de synergie potentielle entre actions privées et publiques. » (Habiter
autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.6) Comme les évolutions peuvent être rapides, une
mise à jour régulière est requise en réalisant une veille foncière.
Comme évoqué, les établissements publics fonciers sont des partenaires incontournables de la
gestion foncière des centres-bourgs. Ils ont été institués par la Loi d'Orientation sur la Ville (LOV)
du 13 juillet 1991, et présentent des instruments fonciers qui sont rattachés aux collectivités
territoriales. C'est une aide importante pour les collectivités car ils font du portage foncier, par
acquisition amiable, préemption, expropriation, cession. (VIGNON A. p.113)
c. Stationnement, déplacements, espaces publics
c.1. Repenser la place de la voiture immobilisée
Il convient de maintenir le stationnement mais de repenser l’aménagement de ces espaces minéraux
afin d’apporter de la qualité, du végétal, et une multiplicité d’usages. « On favorisera aussi les
liaisons douces, la manière d’accéder à pied ou à vélo aux commerces. Les aires de stationnement
peuvent être pensées comme des « places » plutôt que de simples espaces fonctionnels, dont l’usage
peut varier selon la journée et les périodes de l’année, desservir d’autres équipements, offrir des
vues sur le paysage, etc. » (BONNET, 2016, p.71)
99
L’offre de stationnement peut être réorganisée, en modulant et en modifiant les espaces existants.
De nouvelles poches de stationnement peuvent être créées pour réduire l’emprise des très grands
parkings en centre-bourg. Par exemple, la commune de Beaurepaire a réalisé des démolitions, ce
qui a permis de créer des dents creuses. En plus d’aérer le tissu urbain, elles ont la fonction de
parkings. Aussi, « des bâtiments agricoles vacants en centre-bourg, qui se prêtent mal à
l’habitation, peuvent être convertis en garages couverts. » (Habiter autrement les centres-bourgs,
décembre 2013, p.9) Il conviendra toutefois d’être attentif à la préservation de la cohérence du tissu
urbain et d’éviter de concurrencer la construction de logements nouveaux.
Des outils de gestion du stationnement comme les zones bleues peuvent être mis en place. Elles
permettent de limiter les voitures tampons et d’assurer une rotation des véhicules. Source de
réticences pour la population et les commerçants, qui la considère à tort comme contraignante, des
actions de sensibilisation doivent être menées afin d’amener progressivement le changement et
d’accompagner l’évolution des habitudes et des mentalités.
Aussi, l’offre de stationnement peut être enrichie par un travail sur la signalétique afin d’assurer
une meilleure information, une plus grande lisibilité et d’inciter à la rotation des places de parking.
Photographie 36 : Exemple d'aménagement de parking avec du végétal et du
mobilier urbain dans le centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017)
100
Photographie 37 : Signalétique sur le Champ de Mars du centre-bourg de Saint-Marcellin pouvant être adaptée au
stationnement (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)
c.2. Adapter le centre-bourg aux déplacements à l’échelle du piéton
Il convient d’apaiser la circulation automobile et de donner une plus grande place aux modes actifs.
Des zones de rencontre ou des espaces partagés peuvent être créés. La requalification d’une partie
des rues du centre du Bourg d’Oisans est un exemple, puisqu’un espace de partage tous modes a
été créé. Les routes ont été transformées en rues à sens unique, en mettant à niveau l’espace dédié
à la voiture et celui du piéton : les trottoirs ont été supprimés. Il y a également du stationnement
latéral par endroit. Une partie de ce travail s’est porté sur la rue de Viennois, faisant partie du projet
de rénovation de l’îlot Viennois. Cette action a permis d’accompagner la revitalisation commerciale
et la réouverture des locaux commerciaux. C’est un succès puisque la vacance commerciale a été
quasiment supprimée à cet endroit. Ils bénéficient d’une réelle attractivité et d’un dynamisme. La
rue a changé d’image, puisqu’elle est passée d’une route “banale” à une rue agréable de centre-
bourg. L’espace est piétonnisé et apaisé, tout en autorisant la desserte automobile. Les espaces
publics peuvent ainsi valoriser les commerces. Ce travail s’effectue par le fait de donner une plus
grande place au piéton, de lui assurer des déplacements sécurisés et agréables, et de lui permettre
d’accéder à l’offre commerciale et de services à l’intérieur du centre-bourg sans utiliser la voiture.
« Limiter le stationnement devant les locaux permet de valoriser vitrines, devantures et terrasses et
facilite le « parcours commercial » piétonnier des habitants et des usagers du bourg. » (Habiter
autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.8) Ce type d’aménagement contribue également à
améliorer le cadre de vie et la qualité paysagère par la diminution du nombre de voitures.
101
Un aménagement similaire a été réalisé sur une partie du centre-bourg de Beaurepaire.
Photographie 40 : Apaisement de la voirie dans le centre-bourg de
Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017)
Comme démontré, il est important de renforcer les porosités piétonnes en se basant sur la trame
historique. Elles doivent être mises en valeur, par des aménagements de revêtements de surfaces
Photographie 39 : Requalification de la voirie sur la rue
de Viennois dans le centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)
Photographie 38 : Requalification de la voirie dans le
centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)
102
afin d’améliorer le confort d’usage, ou encore par une sécurisation (mise au même niveau que la
rue ou création de trottoirs). Pour tout nouvel aménagement réalisé, il convient de prendre en
compte l’obligation de mise en accessibilité.
Mme FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin
« Il faut que les habitants puissent se promener, avec des trottoirs. La circulation doit être plus
apaisée, donc il faut ralentir les vitesses car je pense que c’est un gros problème. »
Le plan de circulation peut être réorganisé en modifiant des sens de circulation ou en mettant des
rues à sens unique.
c.3. Transformer les espaces publics en véritables lieux de vie
Il est nécessaire de réaménager les espaces publics afin d’amener de la qualité et du végétal. Ce
type d’aménagement permet de proposer des lieux de convivialité qui correspondent aux pratiques
actuelles des centres-bourgs. Il s’agit d’usages de proximité de l’espace public (récréatif, famille,
jeunes, personnes âgées). Il est également important de diversifier les usages en aménageant des
jeux pour enfants, ou des espaces couverts avec un kiosque ou une halle.
Lors d’un projet de revitalisation de centre-bourg, les espaces publics ne doivent pas être considérés
isolément. Il est nécessaire de les connecter entre eux, par le renforcement des liaisons douces
existantes et par la création de nouvelles.
Les entrées de ville doivent être requalifiées afin de réduire leur caractère routier et minéral. Leur
donner une fonction symbolique concoure à l’attractivité des centres (ex. du projet d’aménagement
de la Place de Bacchus aux Avenières Veyrins-Thuellin).
Pour intervenir sur l’espace public, un programme de requalification des espaces publics peut être
mis en œuvre. C’est le cas de Mens, où l’aménagement des espaces publics a permis d’améliorer la
qualité d’usage et le confort.
103
Photographie 41 : Aménagement d'espace public dans le centre-bourg de
Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017)
Sur les espaces de stationnement, il est envisageable de créer des espaces de pause en intégrant du
mobilier urbain. Ces espaces centraux perdent ainsi leur qualité monofonctionnelle.
Les espaces publics doivent être pensés dans le respect de la trame urbaine historique. Vitrines du
centre-bourg, ils sont également le support de nombreux usages. Ils « constituent à la fois un lien
physique entre les composants de l’habitat et un lien social entre les habitants et usagers. » (Habiter
autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.9) La qualité des espaces publics est garante de
leur fonctionnement et de leur succès. Ils doivent prendre en compte les usages actuels et futurs
selon les besoins évoqués par les habitants, les bâtiments qui les bordent, en utilisant des matériaux
et des essences végétales locaux et résistants.
Aussi, « limiter la dispersion des places de stationnement, en réglementer l’utilisation et les
concentrer en des points ciblés du centre-bourg permet de redonner aux espaces publics une qualité
d’usage favorable aux déplacements doux et aux échanges sociaux. » (Habiter autrement les
centres-bourgs, décembre 2013, p.9) Pour arriver à ces changements, un travail pédagogique et de
sensibilisation est indispensable afin de faire évoluer les habitudes.
Face à la rareté d’espaces verts privatifs attenants aux habitations des centres-bourgs, des espaces
peuvent être dédiés à la création de jardins partagés. Des parcelles non bâties en centre-bourg ou à
sa périphérie peuvent être converties pour cet usage. Par contre, « cela nécessite une collaboration
entre la collectivité qui doit encourager leur réhabilitation, les propriétaires qui doivent accepter
de vendre ou de louer ces parcelles, et les usagers qui doivent en assurer l’entretien. » (Habiter
104
autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.9) La collectivité peut également décider de dédier
des petites parties d’espaces publics existants à la réalisation de jardins collectifs. L’accueil de site
de compost peut également aller avec cette démarche.
M. Michoud, maire des Avenières Veyrins-Thuellin
« Je pense que l’on a besoin aussi qu'il y ait des lieux de rencontre, de convivialité, et de verdure,
parce qu'on est à la campagne, mais quand on est en centre-ville on a très peu de verdure. Pour les
enfants notamment, on n'a pas beaucoup d'espaces, ou alors il faut faire 1 km. »
Pensés plus rarement mais pour autant aux effets multiples, l’aménagement et la végétalisation des
pieds de façades peuvent être réalisés. Menée conjointement par la collectivité et les riverains, cette
action embellit le centre-bourg. Elle permet d’accroître sa qualité paysagère et d’améliorer son
cadre de vie.
d. Patrimoines et tourisme
« Le patrimoine protégé est un élément de valorisation des centres anciens et des cultures locales,
et non un frein à leur développement. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.5)
Les actions de ce type doivent être réalisées le plus en amont possible en association avec les
services compétents. Il s’agit des architectes des bâtiments de France et des services de protection
du patrimoine de l’Etat comme l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (UDAP).
« Changer les approches patrimoniales des bourgs pour adapter le bâti aux modes de vie
(s’autoriser si nécessaire à aérer, créer des jardins, assurer l’accessibilité des voitures) ;
Revitaliser un bourg ne veut pas dire le figer « dans l’encaustique » et ne rien toucher. Certains
éléments peuvent être patrimoniaux (sans forcément être classés ou inscrits au titre du Patrimoine),
d’autres plus ordinaires, certains enfin vétustes ou peu intéressants. Dans l’existant à prendre en
compte, il faut aussi intégrer les rues et les espaces publics, la structure parcellaire (forme,
dimensions, rythme, accessibilité), le modelage du sol (petits ouvrages de soutènements, ouvrages
hydrauliques, etc.) la végétation et certaines infrastructures (ponts, etc.). » (BONNET, 2016, p.73)
Un travail sur les patrimoines permet de renforcer l’attractivité, l’image et l’identité du centre-bourg
et de la commune afin d’attirer des personnes de l’extérieur. Ravaler les façades permet de révéler
leur qualité patrimoniale et architecturale. Pour favoriser l’accueil des touristes et des personnes de
passage, des aires de pique-nique peuvent être aménagées. La création d’arrêts paysagers peut
également être pensée afin de mettre en valeur les percées visuelles sur le patrimoine bâti et sur le
grand paysage.
105
Un inventaire du patrimoine bâti permet de le valoriser et de créer par la suite des parcours culturels,
comme cela a été fait pour le centre-bourg de Saint-Marcellin. Aménager les berges des cours d’eau
assure aussi une mise valeur de l’hydrographie ainsi qu’une réelle plus-value. Ces aménagements
peuvent être le support pour créer des cheminements et des espaces récréatifs.
3) Monter un projet urbain pour revitaliser un centre-bourg
a. Le projet urbain de centre-bourg
Le « projet urbain » est une expression qui est « utilisée pour simplifier et rendre apparemment
clairs à tous des processus en réalité très complexes, liés aux activités de planification désormais
renouvelées intégrant la notion de projet » qui « se décline à travers une série d’actions concrètes
(et non seulement spatiales) obéissant à une stratégie globale » Au final, on arrive à un « projet
collectif ». (INGALLINA, 2010) De manière générale, le projet urbain « est à la fois un processus
concerté et un projet territorial : il consiste à définir et mettre en œuvre des mesures
d’aménagement sur un territoire urbain donné, en partenariat avec tous les partenaires civils et
institutionnels concernés, intégrant les différentes échelles territoriales et le long terme, en vue
d’un développement urbain durable. » (villedurable.org) Pour le centre-bourg, le projet urbain
nécessite d’être adapté aux spécificités de ce type d’espace. L’hétérogénéité et la diversité des
situations requièrent de penser et d’agir localement. De fait, calquer des modèles de méthodologies
et d’aménagements n’est pas envisageable. Ces espaces particuliers doivent avoir des réponses
particulières. « La revitalisation des bourgs suppose une réflexion et des choix à une échelle
Photographie 42 : Vue sur le grand paysage depuis le
centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)
Photographie 43 : Vue sur le centre-bourg de Roussillon et sur
le grand paysage (CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)
106
territoriale élargie (notamment pour les commerces et services) ; Revitaliser un bourg n’est pas un
projet en soi, qui se limiterait au périmètre du noyau du village (ou de la petite ville). C’est un
projet de territoire. On ne rend pas un bourg attractif si on fabrique, à quelques centaines de mètres,
une concurrence (déloyale) en offrant des hectares de zones AU destinés aux pavillonneurs ; si on
installe, à quelques kilomètres, des surfaces commerciales importantes qui, faisant directement
concurrence aux commerces du village, au marché, les feront sans aucun doute fermer tour à tour
; On ne rend pas un bourg attractif en développant des infrastructures routières qui, outre leur coût
pour la collectivité, rendront mieux accessible des zones résidentielles périphériques, les nouveaux
habitants allant directement se servir dans la ville proche lors de leurs déplacements pendulaires
quotidiens ; On ne rend pas un bourg attractif sans valoriser tous les éléments, y compris le grand
paysage proche, les vues sur la campagne, etc., qui font de ce bourg un lieu potentiellement mieux
« habitable » que d’autres sites urbains, en contact direct avec des promenades, des équipements
que l’on peut atteindre à pied, etc. Bref, la revitalisation d’un bourg est un projet de territoire à lui
tout seul qui engage l’ensemble des questions d’aménagement. » (BONNET, 2016, p.69)
b. Réaménager un centre-bourg dans la concertation
Comme la redynamisation des centres-bourgs est un sujet sensible par sa complexité et ses
particularités, des actions spécifiques doivent être réalisées afin de mener à bien le projet et
d’assurer son efficience. Les habitants et les usagers étant les premiers concernés, il est nécessaire
de les intégrer au processus, et ce dès les premières réflexions. « Les actions participatives donnent
aux acteurs privés un rôle clé dans l’amélioration de leur cadre de vie et amènent élus, habitants
et professionnels de l’habitat à croiser leurs attentes et à pratiquer ensemble le terrain. » (Habiter
autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.3) La concertation concerne également les
commerçants, les associations, toutes autres personnes impliquées dans la vie du centre-bourg, ainsi
que les partenaires nécessaires à la revitalisation, selon les particularités de chaque centre-bourg. Il
s’agit :
des services de l’État
de la Région
des Parcs Naturels Régionaux (PNR)
du Département
du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE)
de l’intercommunalité
des Etablissements Publics Fonciers (EPF)
107
de l’Agence Régionale de Santé (ARS)
de l’architecte des bâtiments de France / de l’Unité Départementale
d’Architecture et du Patrimoine (UDAP)
des bureaux d’études pluridisciplinaires
Un focus doit être réalisé sur le CAUE, structure d’accueil de l’apprentissage et acteur
incontournable de la revitalisation des centres-bourgs. Cette structure associative est « investi d’une
mission d’intérêt public, né de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977 » (fncaue.com). Cet
organisme s’attache à promouvoir la qualité des projets en termes d’architecture, d’urbanisme et
d’environnement. Ces thématiques sont au cœur de la revitalisation des centres-bourgs. C’est
également « un organe de concertation entre les acteurs impliqués dans la production et la gestion
de l’espace rural et urbain. » (Ibid.) Le CAUE conseille et aide à la décision les communes dans la
formulation de leur projet, qu’il s’agisse de programmation urbaine ou de planification, toujours
dans le souci de préserver et de valoriser la qualité du cadre de vie. Ses missions se résument au
conseil, à la formation, et à l’information/sensibilisation. Par exemple, le CAUE de l’Isère
accompagne de nombreuses communes dans leur projet de revitalisation de centre-bourg,
notamment ceux de l’échantillonnage, de près ou de loin.
L’association de tous ces acteurs permet de constituer « une gouvernance forte, [qui] conduite par
la maîtrise d’ouvrage, renvoie à un pilotage bien lisible : organisation en équipe projet, comité de
pilotage, comité technique... » (DREAL Poitou Charente, p.11)
Les actions de concertation peuvent prendre des formes variées, selon les enjeux et les objectifs de
chaque projet, et les particularités du territoire. De manière non exhaustive, on recense :
- Les ateliers créatifs : ils peuvent être sollicités tout au long du projet, par exemple
un atelier au début de chaque grande étape permettant à tous les acteurs d’échanger
sur les à priori, les peurs, les doutes, et d’apporter des idées afin d’être dans la co-
construction.
- Les chantiers expérimentaux : ils permettent de tester des aménagements afin de se
projeter dans le futur, et ils permettent également de rendre le projet concret et de
le matérialiser.
- Le film artisanal : ce média a un double objectif : il permet l’implication des
habitants et des usagers lors du tournage, et est ensuite un support privilégié de
communication du projet par sa diffusion. Il participe également à la mise en récit
des lieux, permettant ainsi de commencer à redonner vie, à rassembler des
personnes dans des lieux qui avaient perdu cette fonction, et de faire rencontrer à
108
nouveau ces personnes. Le court-métrage La Glace à la Fourme du collectif Etc.
réalisé à Cunlhat dans le cadre d’une démarche participative de projet de
revitalisation est l’exemple d’un franc succès.
- Les expositions : elles permettent de donner à voir le projet de manière publique
pour que les personnes s’informent et se l’approprient. L’idéal est qu’elles soient
réalisées par les usagers et les parties prenantes du projet.
- Mise à disposition par la collectivité d’un local, un commerce vacant par exemple.
Cet endroit peut-être le support d’expositions, peut constituer un lieu de
rassemblement hors des locaux institutionnels tels que la mairie, jouer le rôle de
vitrine du projet sur une rue du centre-bourg, etc.
Au final, la multiplication des actions participatives et l’association du plus grand nombre de
partenaires ne peuvent que favoriser la réussite du projet par son appropriation par les habitants et
les usagers. C’est une condition indispensable pour le fonctionnement des espaces repensés. C’est
la mise en récit du projet de revitalisation, et du centre-bourg, dans une vision prospective de son
fonctionnement. Il est donc important d’informer, de communiquer et de sensibiliser tout au long
du processus de projet.
c. Les outils financiers pour mener à bien un projet de revitalisation de centre-bourg
Une liste non exhaustive présente les différents moyens pour financer le projet urbain de centre-
bourg. Il s’agit de subventions de l’Etat aux collectivités territoriales, comme le Fonds National
pour l’Aménagement et le Développement du Territoire (FNADT) qui soutient, en investissement
et en fonctionnement, les projets structurants d’aménagement du territoire. Il y a également le Fonds
d’Intervention pour les Services, l’Artisanat, et le Commerce (FISAC). « Les entreprises
commerciales, artisanales ou services qui envisagent une opération de création, de maintien, de
modernisation, d'adaptation ou de transmission de leur activité, afin de préserver ou de développer
un tissu d'entreprises de proximité, peuvent bénéficier à ce titre d'aides financières du FISAC. »
(lesaides.fr) Cet outil accompagne, par exemple, l’installation de commerçants, et peut permettre
de redonner vie à un local vacant. Pour en bénéficier, il faut répondre à un appel à projets, qui a lieu
tous les ans. Il a les objectifs suivants :
- « promouvoir une offre de proximité qui répond à l’évolution des attentes des
consommateurs, en utilisant par exemple des outils du numérique,
- promouvoir une offre de proximité qui s’inscrive dans une stratégie commune et des
partenariats avec les acteurs concernés par la vie de la cité,
109
- préserver le savoir-faire des Très Petites Entreprises (TPE) des secteurs du
commerce, de l’artisanat et des services et donner à celles-ci les moyens de se
moderniser et de se développer, via notamment des technologies numériques,
- favoriser la redynamisation des territoires, ruraux et urbains particulièrement
marqués par la dévitalisation commerciale. » (lesaides.fr)
Le montant de l’aide allouée dépend du type d’opération (opération individuelle en milieu rural ou
opération collective), du type de dépenses (fonctionnement ou investissement), et du maître
d’ouvrage (privé ou public). La Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la
Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE) est un interlocuteur privilégié pour ce type
de démarche.
Le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) vise notamment à renforcer
l’agriculture et à préserver l’environnement des territoires ruraux, ainsi qu’à diversifier l’économie
rurale et la qualité de vie.
Le contrat de ruralité « coordonne les moyens financiers et prévoit l’ensemble des actions et des
projets à conduire en matière d’accessibilité aux services et aux soins, de développement de
l’attractivité, de redynamisation des bourgs-centres, de mobilité, de transition écologique ou,
encore, de cohésion sociale. » (cget.gouv.fr) Ce type de contrat est conclu entre l’Etat, représenté
par le préfet, et les présidents de Pôle d’Equilibre Territorial et Rural (PETR) ou EPCI. C’est
véritablement l’outil de revitalisation des centres-bourgs. Il accompagne notamment la création de
maisons de santé, la couverture numérique, la téléphonie mobile, les maisons de services publics,
les projets culturels et le maintien du commerce de proximité.
Le Fonds de Soutien à l’Investissement Local (FSIL) est à destination des communes et des
intercommunalités. Le gouvernement intervient ainsi de cette manière dans les projets
d’équipements locaux favorisant l’emploi et la croissance. En 2016, sur un milliard d’euro d’aide,
300 millions d’euros étaient dédiés à la revitalisation des bourgs-centres et des villes moyennes.
Les communes peuvent bénéficier de cette aide financière en adressant un projet à la préfecture du
département.
Enfin, la Dotation de Solidarité Rurale (DSR) s’adresse aux communes chefs-lieux de canton et aux
communes dont la population compte au moins 15% de celle du canton. Dans les centres-bourgs de
l’échantillonnage, Saint-Marcellin, en sa qualité de chef-lieu de canton, est éligible à ce type d’aide.
110
d. Les étapes du projet de revitalisation d’un centre-bourg
Cette sous-partie n’a pas la prétention de donner une méthode à appliquer pour chaque projet mais
de livrer quelques clés pouvant concourir à sa réussite. Dans un premier temps, un diagnostic orienté
et fouillé doit être réalisé à l’échelle du périmètre du projet, mais aussi de ses marges, et plus
généralement du centre-bourg et de la commune pour observer leurs dynamiques. C’est en quelque
sorte le travail qui a été réalisé pour construire les fiches d’identité. Il s’agit d’exploiter les atouts
et de dépasser les contraintes afin d’élaborer et de planifier un projet urbain cohérent. Avoir
également une bonne connaissance des projets des communes alentours et de l’intercommunalité
permet d’éviter les effets de concurrence.
Ce travail est indispensable pour aboutir à un cahier des charges adapté à la commande politique,
aux besoins des usagers, et aux spécificités du territoire. Le projet s’adapte au centre-bourg, et non
pas l’inverse. « Chaque ville touchée par la dévitalisation commerciale doit s’engager dans un
projet de requalification adapté à la réalité de sa situation s'appuyant sur ses propres atouts
(patrimoine, culture, capacité d'attractivité touristique ou économique…), intégrant la maîtrise de
l'appareil commercial de l'ensemble du bassin de vie, combinant tous les leviers d'action
(urbanisme, habitat, activités, mobilité…) et regroupant les acteurs locaux dans une gouvernance
coordonnée. » (Rapport revitalisation commerciale, p.34) Plus spécifiquement, « un projet de
requalification consiste à préserver, et parfois à restructurer, un centre-ville compact, facilement
accessible, diversifié et co-animé par tous les acteurs. Il doit permettre, par ailleurs, de concilier
et de mobiliser les quatre fonctions de la centralité urbaine que sont la fonction économique, la
fonction identité, la fonction habitat et la fonction services. Un projet de requalification
commerciale de centre-ville doit aussi anticiper les mutations de la ville et chercher une continuité
commerciale et topographique des cheminements urbains. Au-delà de ces quelques constantes,
chaque ville définira l’espace le plus cohérent en fonction de sa morphologie et pensera sa stratégie
d'intervention en fonction de la situation locale s’appuyant sur les atouts identifiés. » (Rapport
revitalisation commerciale, p.7)
Pour ce faire, désigner un interlocuteur, véritable “manager du centre-ville”, permet de coordonner
toutes les réflexions et les actions. De plus, ce processus complexe s’inscrit dans le temps long, et
peut parfois pâtir de périodes difficiles liées à un essoufflement de la dynamique. Engager une
personne neutre, ayant une vision globale et du recul sur le projet, peut être un véritable atout pour
mener à bien la revitalisation. Chaque centre-bourg lauréat de l’appel à projet de l’Etat a un chef de
projet.
Le diagnostic partagé et concerté permet d’analyser les problèmes et les potentialités, en étudiant :
111
« • les usages actuels et futurs (habitat, activité, déplacement), en confrontant l’offre et la demande
(et les besoins) actuels à l’impact de ces territoires sur les usages (marché du logement, axes de
communications, armatures commerciales...)
• l’espace du territoire et du bourg concerné par le projet (approche de l’urbaniste, du paysagiste,
de l’architecte...)
• le projet, à la croisée des enjeux stratégiques de développement et des enjeux opérationnels
(partenariat, échéancier, priorisation, financement, animation...) en considérant l’effet « levier »
que le centre-bourg, la commune, le territoire élargi, pourront avoir l’un sur l’autre. » (DREAL
Poitou Charente, p. 9)
Ce travail permet d’aboutir à la formulation d’enjeux, d’orientations et d’objectifs. C’est un
préalable aux études de programmation, qui permettent d’élaborer un programme d’actions, aussi
appelé plan guide, des fiches projets avec les partenaires et les financements à mobiliser, ainsi qu’un
planning prévisionnel. « Le plan-guide est une représentation prospective du centre-bourg à long
terme. Il définit des hypothèses d’aménagement concernant l’ampleur, la nature et la localisation
des transformations urbaines pressenties et donne une vision qualitative plus que quantitative de
l’évolution souhaitée du centre-bourg. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013,
p.4) Tout en restant souple afin de permettre à la collectivité de l’adapter en cas de changements, le
plan guide est une étape incontournable qui précède la programmation urbaine et l’élaboration de
scénarii.
Le projet de centre-bourg s’inscrit dans plusieurs échelles de temps. C’est le court, le moyen et le
long terme. Complémentaires, ils doivent être pris en compte afin de planifier aux mieux les
aménagements selon leur contenu et leurs objectifs. Pour ce faire, un phasage précis doit être
élaboré, comprenant des phases d’expérimentations. Elles permettent de tester et d’évaluer des
aménagements avant tout investissement par la collectivité.
En somme, le projet de revitalisation se construit par le prisme des atouts des centres-bourgs. Ils
présentent un intérêt certain par leur qualité de vie, leurs qualités paysagères et patrimoniales,
l’esprit de village, la proximité entre les personnes et les espaces. La revitalisation se pense par le
génie du lieu, de l’eau et du patrimoine, permettant ainsi de tisser une multitude d’attentions, selon
l’environnement géographique, social et urbain de chaque territoire.
112
Conclusion
Les centres-bourgs, à travers leur histoire et leurs particularités, ont une identité qu’il est nécessaire
de préserver et de mettre en valeur. L’enjeu de la revitalisation et l’objectif du projet urbain sont de
caractériser à nouveau les centres-bourgs comme des lieux de vie. Pour ce faire, il convient de
s’adapter à chaque centre-bourg et de prendre en compte ses spécificités afin de les valoriser. Il
s’agit notamment de la topographie, de l’hydrographie, du paysage, du patrimoine bâti, etc. Définir
le centre-bourg selon des critères et un périmètre est indispensable pour délimiter de manière juste
l’espace de projet. Cependant, il est important de veiller à ne pas réduire le travail de revitalisation
à cette unique délimitation. Elle n’est pas stricte car les usages et les flux ne s’arrêtent pas aux
limites du périmètre tracé. Le travail de revitalisation doit impérativement prendre en compte et
étudier la morphologie urbaine des centres-bourgs. Du fait de leur origine historique, souvent
médiévale, les formes urbaines sont particulières à chaque centre-bourg. La revitalisation doit
prendre aussi en compte le fait que, selon une vision polycentrique, les centres-bourgs sont des
centralités dans les territoires ruraux et périurbains. Toutes les échelles sont importantes, il faut
veiller à jouer entre toutes afin d’avoir une approche multi-scalaire. En termes de projet, la
revitalisation passe par la réduction de la place de la voiture, et par le fait de repenser le
fonctionnement et l’aménagement du centre-bourg à l’échelle du piéton. C’est toute la question des
usages, qui doit être intégrée à chaque réflexion. La réaffirmation de la fonction économique est
également primordiale. De fait, par leurs nombreuses qualités, les centres-bourgs ont une attractivité
certaine. L’urbaniste doit ainsi adapter sa méthodologie de travail et sa pratique afin de saisir tous
les enjeux de ces espaces. Le projet doit se co-construire et s’effectuer dans une démarche
partenariale et pluridisciplinaire. L’urbanisme et l’aménagement sont de véritables facteurs et outils
de redynamisation et de revitalisation qui doivent toujours être menés dans une démarche d’intérêt
général. Les centres-bourgs sont des espaces particuliers, qui nécessitent des réponses spécifiques
à leurs problématiques et leur revitalisation n’est pas de l’ordre de l’utopie. Elle constitue un vrai
projet de territoire, passionnant par la diversité de ses enjeux.
113
Liste des sigles
ALUR : Amélioration pour l’accès au Logement et un Urbanisme Rénové
AMI : Appel à Manifestation d’Intérêt
ANAH : Agence Nationale d’Amélioration de l’Habitat
ARS : Agence Régionale de Santé
AUCAME : Agence d’Urbanisme de Caen Normandie Métropole
BIMBY : Build In My BackYard
CAUE : Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement
CCI : Chambre de Commerce et d’Industrie
DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du
Travail et de l’Emploi
DSR : Dotation de Solidarité Rurale
DPU : Droit de Préemption Urbain
DREAL : Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement
EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale
EPF : Etablissement Public Foncier
EPFB : Etablissement Public Foncier de Bretagne
EPORA : Etablissement Public foncier de l’Ouest Rhône Alpes
ERP : Etablissement Recevant du Public
FISAC : Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat, et le Commerce
FEADER : Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural
FNADT : Fonds National pour l’Aménagement et le Développement du Territoire
INSEE : Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques
FSIL : Fonds de Soutien à l’Investissement Local
LOV : Loi d’Orientation sur la Ville
114
OAP : Orientation d’Aménagement et de Programmation
OPAH : Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat
PADD : Projet d’Aménagement et de Développement Durable
PIG : Programme d’Intérêt Général
PLU : Plan Local d’Urbanisme
PNR : Parc Naturel Régional
PETR : Pôle d’Equilibre Territorial et Rural
RR : Revitalisation Rurale
RU : Renouvellement Urbain
SCoT : Schéma de Cohérence Territorial
SIG : Système d’Information Géographique
TPE : Très Petite Entreprise
UDAP : Unité Départementale d’Architecture et du Patrimoine
115
Annexes
L'objectif de ces annexes est de montrer la forme des documents produits, puisque le contenu a été
repris et explicité dans le propos.
Annexe n°1 : Fiche d’identité de Beaurepaire
Annexe n°2 : Extrait de la synthèse des problématiques et des pistes
d’action pour la revitalisation des centres-bourgs
119
Bibliographie
[Ouvrages]
ALLAIN R., 2004, Morphologie urbaine. Géographie, aménagement et architecture de la ville,
Armand Colin, Paris, 254 p.
BURKLIN T., PETEREK M., 2008, Morphologie urbaine, Birkhauser, Basel, Boston, Berlin, 72p.
BENEVOLO L., 2004 (Italie, 1975), Histoire de la ville, Édition Parenthèses, Marseille, 509 p.
DONADIEU P., 1998, Campagnes urbaines, Actes Sud, Arles, 219 pages.
HUSSON J.P., 2008, Envies de campagne – Les territoires ruraux français, Ellispes, 207 p.
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France. 127 p.
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RAZEMON O. 2016. Comment la France a tué ses villes ? Editions Rue de l’échiquier, Paris. 188
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[Articles]
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Techni.cités, 2010, n°194, Manifeste pour une centralité suburbaine, LAVADINHO S., LENSEL
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[Dictionnaires]
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Le nouveau petit Robert : Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. 2002.
REY-DEBOVET J., REY A. Dictionnaires le Robert, Paris. 2 949 p.
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http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/164000021.pdf
Aménager nos villes et nos villages. Guide méthodologique pour élaborer et mettre en œuvre nos
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Fiche technique : Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat, 2012, Myriam Guinand,
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https://lecercledesdeveloppeurs.files.wordpress.com/2012/04/opah.pdf
Habiter autrement les centres-bourgs – Les cahiers du parc, urbanisme, 2013. Parc Naturel
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Habiter autrement les centres-bourgs – Programme, note de synthèse, 2013, Parc Naturel Régional
Livradois-Forez, 22 p., Disponible sur : http://www.parc-livradois-
forez.org/inventer/urbanisme/centres-bourg/programme-habiter-autrement-les-centres-bourgs/
Habiter autrement les centres-bourgs en massif central, L’exemple du Livradois-Forez, 2014, Parc
Naturel Régional (PNR) Livradois-Forez, 88 pages, Disponible sur : http://www.parc-livradois-
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La revitalisation commerciale des centres-villes, 2016, Inspection Générale des Finances, Conseil
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https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/Rapport_RevitalisationcentresvillesVdef_octobre20
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Mission d'étude sociologique sur l'attractivité des centres-bourgs, 2013, Foncier de Bretagne, 135
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Projet d’Intérêt Général, 2012, CAUE Midi-Pyrénées, 2 p., Disponible sur : www.caue-
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Représenter l’intercommunalité. Enjeux et pratiques de la communication des communautés, 2013,
Assemblée des Communautés de France, 87 pages, Disponible sur :
http://www.adcf.org/files/ADCF-EtudeComm-130913-WEB.pdf
Revitalisation des centres-bourgs par le commerce : retours d’expérience, 2016, Etablissement
public foncier de Bretagne, 12 p., Disponible sur :
www.bretagne.cci.fr/file/1845/download?token=FsZfaQs
[Mémoires]
BELLEIL S., Dir. AMBROSINO C., 2013, Le polycentrisme comme réponse aux enjeux de la ville
contemporaine ? Le cas de l’agglomération du Pays de Montbéliard, 104 p.
VIGNON A., Dir. DUARTE P., 2016, Logements vacants : conséquences ou révélateurs des
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« urbanisme et projet urbain », Institut d'Urbanisme de Grenoble, 207 p.
[Sites internet]
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Agenda d’Accessibilité Programmé : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/ladap-agenda-
daccessibilite-programmee (consulté le 15/08/17)
CAUE : http://www.fncaue.com/quest-ce-qu-un-caue/ (consulté le 21/08/17)
Centre-bourg : http://www.centres-bourgs.logement.gouv.fr/
Commune de Beaurepaire : http://www.ville-beaurepaire.fr/
Commune du Bourg d’Oisans : http://bourgdoisans.com/
Commune des Avenières Veyrins-Thuellin : http://www.lesavenieres.fr/
Commune de Mens : http://www.mairie-de-mens.fr/
Commune de Roussillon : http://www.ville-roussillon-isere.fr/
Commune de Saint-Marcellin : http://www.saint-marcellin.fr/
Contrat de Ruralité : http://www.cget.gouv.fr/ruralites/contrat-de-ruralite (consulté le 28/08/17)
123
FISAC : http://les-aides.fr/fiche/bpBrAX5G2e3B/direccte/fisac-fonds-d-intervention-pour-les-
services-l-artisanat-et-le-commerce.html (consulté le 20/08/17)
FSIL : https://www.territoires.gouv.fr/le-fonds-de-soutien-a-linvestissement-local-fsil/ (consulté le
28/08/17)
IAU Ile de France : https://www.iau-idf.fr/savoir-faire/nos-travaux/amenagement-et-
territoires/periurbain/chroniques-du-periurbain/le-periurbain-est-mort-vive-les-campagnes-
urbaines.html (consulté le 27/06/17)
INSEE : https://www.insee.fr (consulté le 16/05/17)
Isère Patrimoine : http://www.isere-patrimoine.fr
Hypergéo : http://www.hypergeo.eu (consulté le 16/05/17)
Programme d’Intérêt Général : https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/programme-dinteret-general/
(consulté le 17/08/17)
Projet urbain : https://villedurable.org/guide-de-gestion-de-projets-urbains/principes-strategiques-
pour-la-gestion-de-projets-urbains/quest-ce-quun-projet-urbain/ (consulté le 19/08/17)
Revitalisation centre-bourg : http://www.centres-bourgs.logement.gouv.fr/invitation-a-l-atelier-
regional-revitalisation-des-a317.html
Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté : http://www.saintmarcellin-vercors-isere.fr/4433-le-
territoire.htm (consulté le 13/08/17)
Subventions : https://www.collectivites-locales.gouv.fr/subventions (consulté le 20/08/17)
124
Table des illustrations
Table des figures
Figure 1 : Schéma des mots clefs saillants du travail de recherche sur l'évolution des tissus urbains,
présenté le 04.11.2016 au pôle urbanisme (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, novembre 2016) .. 7
Figure 2 : Liste des personnes interrogées (Léa Gouttenoire, août 2017) ...................................... 12
Figure 3 : Grille d'entretien pour interroger les élus, celle-ci a été utilisée pour Saint-Marcellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, février 2017) ................................................................................. 13
Figure 4 : Le système morphologique selon Allain (ALLAIN, 2004, p.15) .................................. 32
Figure 5 : Représentation de bande simple, en haut la bande ouverte et en bas la bande fermée, selon
Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11) ............................................................... 34
Figure 6 : L'îlot selon Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.21) ............................ 36
Table des tableaux
Tableau 1 : Extrait du tableau synthétique répertoriant les recherches sur l'évolution des tissus
urbains (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, novembre 2016) ......................................................... 8
Tableau 2 : Critères de sélection des communes (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, janvier 2017)
........................................................................................................................................................ 10
Tableau 3 : Nombre d'établissements selon l'INSEE en 2015 et part de l'agriculture pour les six
centres-bourgs étudiés, classés selon l’ordre décroissant de population (Léa Gouttenoire, août 2017)
........................................................................................................................................................ 41
Tableau 4 : Evolution de la part des logements vacants (en %) entre 2009 et 2014 selon l'INSEE
pour les centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017) ....................................................... 53
Tableau 5 : Part des résidences secondaires (y compris les logements occasionnels) en 2014 (en %)
selon l'INSEE pour les centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017) ............................... 54
Tableau 6 : Variation de la population – taux annuel moyen entre 2009 et 2014 (en %) (dont
variation due au solde naturel et des entrées et sorties) selon l'INSEE pour les centres-bourgs étudiés
(Léa Gouttenoire, août 2017) ......................................................................................................... 54
Tableau 7 : Population et densité des communes de l'échantillonnage considérées comme non
rurales (source données : page 1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août 2017) 66
Tableau 8 : Population et densité du Bourg d'Oisans et de Mens dans leur caractérisation de
commune rurale (source données : page 1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août
2017) ............................................................................................................................................... 67
125
Table des cartographies
Cartographie 1 : Situation géographique des six communes en Isère (Léa Gouttenoire, août 2017,
Google Maps) ................................................................................................................................. 11
Cartographie 2 : Localisation ressentie du centre-bourg de Beaurepaire en 2017 (selon une analyse
de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère) ....................................................................................................... 25
Cartographie 3 : Localisation ressentie du centre-bourg du Bourg d'Oisans en 2017 (selon une
analyse de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère) .............................................................................................. 26
Cartographie 4 : Localisation ressentie du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin en 2017
(selon une analyse de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche
d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère) .............................................................................. 27
Cartographie 5 : Localisation ressentie du centre-bourg de Mens en 2017 (selon une analyse de la
morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère) ....................................................................................................... 28
Cartographie 6 : Localisation ressentie du centre-bourg de Roussillon en 2017 (selon une analyse
de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère) ....................................................................................................... 29
Cartographie 7 : Localisation ressentie du centre-bourg de Saint-Marcellin en 2017 (selon une
analyse de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère) .............................................................................................. 30
Cartographie 8 : Structuration en bande simple fermée, et ouverte par endroits, de la Rue de Ciers
aux Avenières Veyrins-Thuellin (Géoportail, 2017) ...................................................................... 34
Cartographie 9 : Structuration en bande fermée (simples et doubles) des Rues du Breuil et Louis
Rippert de Mens (Géoportail, 2017) ............................................................................................... 35
Cartographie 10 : Structuration en îlots du centre historique de Beaurepaire (Géoportail, 2017) . 36
Cartographie 11 : Enceinte médiévale fortifiée et faubourgs de Mens (Léa Gouttenoire, août 2017,
fond de carte Géoportail) ................................................................................................................ 39
Cartographie 12 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ................................................................................. 42
Cartographie 13 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ........................................................................ 42
Cartographie 14 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg des Avenières
Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017) ....................................... 43
Cartographie 15 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Mens (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) ................................................................................. 43
Cartographie 16 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Roussillon (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 22 mars 2017) ............................................................................... 44
Cartographie 17 : Commerces, services et équipements publics du centre-bourg de Saint-Marcellin
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) .......................................................................... 44
Cartographie 18 : Typologie de l'habitat du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................................................. 49
Cartographie 19 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 2017) .............................................................................................................................. 49
Cartographie 20 : Typologie de l'habitat du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 50 126
Cartographie 21 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 50
Cartographie 22 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................................................. 51
Cartographie 23 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 51
Cartographie 24 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 55
Cartographie 25 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Beaurepaire
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 55
Cartographie 26 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg des Avenières
Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ........................................................ 56
Cartographie 27 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Mens (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 56
Cartographie 28 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Roussillon (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 57
Cartographie 29 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Saint-Marcellin
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 57
Cartographie 30 : Polarités au de-là du centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 74
Cartographie 31 : Polarités au de-là du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 2017) .............................................................................................................................. 75
Cartographie 32 : Polarités au de-là du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 75
Cartographie 33 : Polarités au de-là du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
2017) ............................................................................................................................................... 76
Cartographie 34 : Polarités au de-là du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 76
Cartographie 35 : Polarités au de-là du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 2017) .............................................................................................................................. 77
Cartographie 36 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Beaurepaire
........................................................................................................................................................ 79
Cartographie 37 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg du Bourg
d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ...................................................................... 79
Cartographie 38 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg des Avenières
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 79
Cartographie 39 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Mens (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 80
Cartographie 40 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Roussillon
(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 80
Cartographie 41 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Saint-
Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................... 81
127
Table des photographies
Photographie 1 : Marché alimentaire du vendredi matin sur la Place d'Armes, Saint-Marcellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) ................................................................................... 21
Photographie 2 : Halle de Mens (CAUE de l’Isère, 13 mars 2015) ............................................... 22
Photographie 3 : Commerce de bouche vacant depuis peu sur la Place de la Paix à Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ................................................................................ 42
Photographie 4 : Rez-de-chaussée commerciaux, Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
2 mars 2017) ................................................................................................................................... 42
Photographie 5 : Commerce vacant Rue Général Bataille, Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ..................................................................................................... 42
Photographie 6 : Commerces en activité Rue de Viennois, Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ...................................................................................................... 42
Photographie 7 : Commerce de bouche vacant, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 23 février 2017) ................................................................................................. 43
Photographie 8 : Commerce de bouche en activité, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 févier 2017) ............................................................................. 43
Photographie 9 : Commerces Rue du Breuil, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017)
........................................................................................................................................................ 43
Photographie 10 : Cave à vin Place de la Halle, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril
2017) ............................................................................................................................................... 43
Photographie 11 : Commerce vacant Rue Grande, Roussillon (CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)
........................................................................................................................................................ 44
Photographie 12 : Commerce en activité Rue Grande, Roussillon (CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)
........................................................................................................................................................ 44
Photographie 13 : Commerces en activité, Grande Rue, Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE
de l’Isère, 5 mai 2017) .................................................................................................................... 44
Photographie 14 : Commerces vacants, Rue Grande, Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 5 mai 2017)………………………………………………………………………………..44
Photographie 15 : Habitat ancien continu le long de l’Avenue Victor Hugo, Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ............................................................................... 449
Photographie 16 : Habitat ancien dense Avenue de la République, Le Bourg d'Oisans (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ................................................................................. 49
Photographie 17 : Habitat ancien dense, Rue de Ciers, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017) ............................................................................ 50
Photographie 18 : Habitat ancien, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) ......... 50
Photographie 19 : Habitat ancien de la Rue Grande, Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
5 octobre 2016) ............................................................................................................................... 51
Photographie 20 : Habitat de faubourg vacant et dégradé, Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE
de l'Isère, 5 mai 2017)……………………………………………………………………………..51
Photographie 21 : Places de stationnement en zone bleue, Rue de la République, Beaurepaire (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ................................................................................. 55
Photographie 22 : Parking au nord du centre-bourg avec une percée paysagère sur le patrimoine
bâti, Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ............................................ 55
Photographie 23 : Traversée piétonne, "beal", Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 10 mai 2017) ...................................................................................................................... 55
Photographie 24 : Espace public et stationnement, Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 10 mai 2017) ...................................................................................................................... 55 128
Photographie 25 : Espace public, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de
l’Isère, 23 février 2017) .................................................................................................................. 56
Photographie 26 : Stationnement Place Richard Béranger, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,
4 avril 2017) ................................................................................................................................... 56
Photographie 27 : Stationnement et espace public, Place du Château, Roussillon (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016) .................................................................................................. 57
Photographie 28 : Stationnement avec une percée visuelle sur le patrimoine bâti du centre-bourg,
Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) ................................................ 57
Photographie 29 : Eglise de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) .................. 59
Photographie 30 : Château de Roussillon, classé aux Monuments Historiques (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016) .................................................................................................. 59
Photographie 31 : L'Oron : cours d'eau non aménagé à Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de
l'Isère, 2 mars 2017)…………………………………………………………………………….....60
Photographie 32 : Vue sur le centre-bourg du Bourg d'Oisans et sur le grand paysage (Léa
Gouttenoire, CAUE de l'Isère, 10 mai 2017)………………………………………………………60
Photographie 33 : Devanture commerciale soignée dans le centre-bourg des Avenières Veyrins-
Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017) 87
Photographie 34 : Exemple de requalification de l'espace public aux abords d'un équipement public
et de sa mise en accessibilité, mairie de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars
2017) ............................................................................................................................................... 90
Photographie 35 : Exemple de façades ravalées de bâtiments anciens dans le centre-bourg du Bourg
d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) .......................................................... 96
Photographie 36 : Exemple d'aménagement de parking avec du végétal et du mobilier urbain dans
le centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février
2017) ............................................................................................................................................... 99
Photographie 37 : Signalétique sur le Champ de Mars du centre-bourg de Saint-Marcellin pouvant
être adaptée au stationnement (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) ........................ 100
Photographie 38 : Requalification de la voirie sur la rue de Viennois dans le centre-bourg du Bourg
d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ........................................................ 101
Photographie 39 : Requalification de la voirie dans le centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa
Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ............................................................................... 101
Photographie 40 : Apaisement de la voirie dans le centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) .................................................................................................... 101
Photographie 41 : Aménagement d'espace public dans le centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire,
CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) .................................................................................................... 103
Photographie 42 : Vue sur le grand paysage depuis le centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa
Gouttenoire, CAUE de l'Isère, 5 mai 2017)………………………………………………………105
Photographie 43 : Vue sur le centre-bourg de Roussillon et sur le grand paysage (CAUE de l’Isère,
5 octobre 2016) ............................................................................................................................. 105
129
Table des matières
Notice analytique .............................................................................................................................. 1
Remerciements ................................................................................................................................. 3
Sommaire.......................................................................................................................................... 5
Préambule méthodologique de la mission d'apprentissage au Conseil d’Architecture d’Urbanisme
et d’Environnement (CAUE) de l’Isère sur la revitalisation des centres-bourgs dans le département
.......................................................................................................................................................... 7
1) Première phase de recherches ............................................................................................... 7
2) La sélection des communes .................................................................................................. 8
3) Mise en place d’une méthodologie et d’outils .................................................................... 11
a. Les entretiens .................................................................................................................. 11
b. La fiche d’identité ........................................................................................................... 13
c. La synthèse ...................................................................................................................... 14
4) Mise en pratique des outils : transition vers la phase active de l’étude .................................. 14
Introduction .................................................................................................................................... 16
Qu'est-ce qu'un centre-bourg ? ....................................................................................................... 18
1) Portrait du centre-bourg selon les sciences humaines et sociales et l’urbanisme, une
définition par critères .................................................................................................................. 18
a. Le centre, première approche de la notion de centre-bourg ............................................ 18
b. Le bourg, complément indispensable du centre pour sa signification ............................ 19
c. Définition du « bourg-centre » ........................................................................................ 20
2) Le centre-bourg vu par les élus des communes étudiées .................................................... 21
a. Origine de la formation des centres-bourgs, une centralité historique certaine .............. 21
b. Les élus définissent le centre-bourg ................................................................................ 23
c. Le centre-bourg se définit également par son périmètre ................................................. 24
3) Etude approfondie de la morphologie urbaine des centres-bourgs sélectionnés ................ 31
a. Définition et méthode d’analyse de la morphologie urbaine .......................................... 31
b. Composition urbaine : les modules de morphologie urbaine .......................................... 33
c. Les centres fortifiés du Moyen Âge ................................................................................ 37
c.1. Le tissu urbain ancien .................................................................................................. 37
c.2. Les murailles et les faubourgs ..................................................................................... 38
Conclusion de la partie I ................................................................................................................. 39
II. Le centre-bourg dans son territoire : quelles sont les dynamiques de dévitalisation ?
Aujourd’hui dans le rural et le périurbain, les centres-bourgs sont-ils des centralités ? ................ 40
1) Diagnostic des symptômes de la dévitalisation à l’échelle des centres-bourgs, illustration
avec les études de cas ................................................................................................................. 40 130
a. Activités économiques, équipements et services publics ................................................ 40
a.1. Le phénomène de la vacance commerciale ................................................................. 40
a.2. La dégradation et la perte de dynamisme des commerces ........................................... 46
a.3. Les équipements et les services publics, un maintien fragile ...................................... 47
b. L’habitat .......................................................................................................................... 48
b.1. Analyses cartographiques et photographiques ............................................................ 48
b.2. Le parc de logements des centres-bourgs est dans de mauvaises conditions .............. 52
b.3. Les logements vides, une caractéristique forte de la dévitalisation ............................. 53
c. Espaces public, stationnement, déplacements ................................................................. 55
d. Les patrimoines et le projet de revitalisation .................................................................. 59
2) Situation géographique des centres-bourgs ............................................................................ 61
a. Le rural ............................................................................................................................ 61
b. Le périurbain ................................................................................................................... 63
c. Nouvelles catégorisations pour ces espaces ? De « campagnes urbaines » à « périrural »
65
d. Les centres-bourgs étudiés sont-ils ruraux ? Périurbains ? Des campagnes urbaines ? .. 65
3) La centralité, affaiblie ou comme un atout de revitalisation .............................................. 68
a. Première approche de la centralité par sa définition ....................................................... 68
b. Typologie des centralités par leurs fonctions, liées aux échelles .................................... 70
b.1. La centralité commerciale ........................................................................................... 70
b.2. La centralité administrative, politique et institutionnelle ............................................ 71
b.3. La centralité rurale, associée à une centralité touristique pour les centres-bourgs étudiés
............................................................................................................................................ 72
b.4. La centralité d’usages .................................................................................................. 72
c. Vers un polycentrisme .................................................................................................... 73
Conclusion de la partie II ............................................................................................................... 78
III. Le centre-bourg au XXIème siècle : comment revitaliser les centres-bourgs ? Quel projet
urbain pour ces territoires ? Comment renforcer ou redonner une centralité ? .............................. 79
1) Synthèse des enjeux pour la revitalisation des centres-bourgs étudiés .............................. 79
2) Pistes d’action par grandes thématiques : comment revitaliser les centres-bourgs ? ......... 82
a. Commerces, équipements et services publics ................................................................. 82
a.1. Résoudre la vacance commerciale ............................................................................... 82
a.2. Renforcer le dynamisme du tissu commercial existant ............................................... 86
a.3. Penser la revitalisation commerciale au-delà du centre-bourg .................................... 89
a.4. Assurer la pérennité des équipements et des services publics en centre-bourg ........... 90
b. Le logement ..................................................................................................................... 91
b.1. Résoudre la vacance du logement ............................................................................... 91 131
b.2. Réhabiliter des logements vétustes .............................................................................. 93
b.3. Renforcer l’attractivité de l’habitat des centres-bourgs ............................................... 95
b.4. Assurer une meilleure gestion du foncier .................................................................... 98
c. Stationnement, déplacements, espaces publics ............................................................... 98
c.1. Repenser la place de la voiture immobilisée ............................................................... 98
c.2. Adapter le centre-bourg aux déplacements à l’échelle du piéton .............................. 100
c.3. Transformer les espaces publics en véritables lieux de vie ....................................... 102
d. Patrimoines et tourisme ................................................................................................. 104
3) Monter un projet urbain pour revitaliser un centre-bourg ................................................ 105
a. Le projet urbain de centre-bourg ................................................................................... 105
b. Réaménager un centre-bourg dans la concertation ....................................................... 106
c. Les outils financiers pour mener à bien un projet de revitalisation de centre-bourg .... 108
d. Les étapes du projet de revitalisation d’un centre-bourg .............................................. 110
Conclusion .................................................................................................................................... 112
Liste des sigles.............................................................................................................................. 113
Annexes ........................................................................................................................................ 115
Annexe n°1 : Fiche d’identité de Beaurepaire .............................................................................. 115
Annexe n°2 : Extrait de la synthèse des problématiques et des pistes d’action pour la revitalisation
des centres-bourgs ........................................................................................................................ 119
Bibliographie ................................................................................................................................ 121
[Ouvrages] ................................................................................................................................ 121
[Articles] ................................................................................................................................... 121
[Dictionnaires] .......................................................................................................................... 121
[Rapports et études] .................................................................................................................. 122
[Mémoires] ............................................................................................................................... 123
[Sites internet] .......................................................................................................................... 123
Table des illustrations ................................................................................................................... 125
Table des figures ....................................................................................................................... 125
Table des tableaux .................................................................................................................... 125
Table des cartographies ............................................................................................................ 126
Table des photographies ........................................................................................................... 127
Table des matières ........................................................................................................................ 129
132