134
La revitalisation des centres-bourgs Etudes de cas en Isère Léa GOUTTENOIRE Master 2 Urbanisme et Aménagement, parcours Urbanisme et Projet Urbain Directeur de mémoire : Charles AMBROSINO Maître d’apprentissage : Jean-Pierre CHAMBON Soutenance le 7 septembre 2017

La revitalisation des centres-bourgs Etudes de cas en … · situation par rapport aux voies de communication, aux agglomérations, au patrimoine naturel, etc.), la distance aux grandes

  • Upload
    lenhu

  • View
    215

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

La revitalisation des

centres-bourgs

Etudes de cas en Isère

Léa GOUTTENOIRE

Master 2 Urbanisme et

Aménagement, parcours

Urbanisme et Projet Urbain

Directeur de mémoire :

Charles AMBROSINO

Maître d’apprentissage :

Jean-Pierre CHAMBON

Soutenance le 7 septembre 2017

1

Notice analytique

Projet de Fin d’Etudes Master Urbanisme et Projet Urbain

Auteur : Léa GOUTTENOIRE

Titre du Projet de Fin d’Etudes : La revitalisation des centres-bourgs. Etudes de cas en Isère

Date de soutenance : 07/09/2017

Organisme d’affiliation : Institut d’Urbanisme de l’Université Grenoble Alpes

Organisme dans lequel le stage a été effectué : CAUE de l’Isère, 22 rue Hébert, 38000 Grenoble

Directeur du Projet de Fin d’Etudes : Charles AMBROSINO

Collation : Nombre de pages : 133 / Nombre d’annexes : 2

Nombre de références bibliographiques : 50

Mots-clés analytiques : revitalisation, centre-bourg, dévitalisation, centralité, polycentrisme,

vacance commerciale, projet urbain, pistes d’action, rural, périurbain, morphologie urbaine

Mots-clés géographiques : Isère, Beaurepaire, Le Bourg d’Oisans, Les Avenières Veyrins-

Thuellin, Mens, Roussillon, Saint-Marcellin

1er résumé

La revitalisation des centres-bourgs est un sujet d’actualité. Les centres-bourgs sont des territoires

fragilisés, qui présentent divers signes de dévitalisation. La vacance des commerces et des

logements est une des nombreuses caractéristiques d’un centre-bourg en perte de vitesse. Face à ces

symptômes, ces espaces offrent des cadres de vie exceptionnels et de nombreuses ressources locales

(patrimoine, environnement, tourisme, etc.). Dans ce contexte, cet écrit abordera les

questionnements suivants : Comment revitaliser les centres-bourgs ? Quel projet urbain pour

révéler les qualités de ces espaces particuliers, et à quelle échelle ?

2ème résumé

The revitalization of town centers is a topical issue. These are fragile territories, which show various

signs of devitalization. The commercial and housing vacancy is one of the many characteristics of

a downtown borough. Faced with these symptoms, these spaces offer exceptional living

environments and numerous local resources (heritage, environment, tourism, etc.). In this context,

this book will address the following questions: How to revitalize the centers-bourgs? What urban

project to reveal the qualities of these particular spaces, and on what scale?

2

3

Remerciements

Je remercie sincèrement mon directeur de mémoire, M. Charles Ambrosino, de m’avoir guidée dans

ce travail initiatique, de m’avoir donné goût aux recherches et à l’écriture, d’avoir su être à l’écoute

et de m’avoir prodigué de précieux conseils. Sa disponibilité et son intérêt ont fortement contribué

à l’aboutissement de ce travail.

Je tiens à remercier chaleureusement mon maître d’apprentissage, M. Jean-Pierre Chambon, pour

son implication dans le bon déroulement de cette année. Il a su réunir toutes les conditions pour

rendre cette expérience très formatrice, m’apportant ainsi une méthodologie et une rigueur

certaines. Dans un perpétuel souci de partage et d’enrichissement, il a été à l’écoute et disponible

jusqu’à l’achèvement de ce mémoire. Par le contenu de la mission proposée et les tâches plurielles

menées pour le CAUE, j’ai gagné en qualités et en compétences professionnelles.

Une attention particulière et des remerciements aux chargés de mission du pôle urbanisme, Mme

Bénédicte Chardon et M. Thibaud Boularand, pour l’accompagnement et l’expertise qu’ils m’ont

apportés.

Merci à toute l’équipe du CAUE de l’Isère, pour leur accueil, aide et sympathie tout au long de cette

année. Je quitte cette structure enrichie humainement et professionnellement.

Un remerciement particulier à mes proches, ami(e)s, famille, pour m’avoir écoutée, soutenue, aidée

et motivée par votre présence, votre regard, vos mots, vos relectures.

Enfin, je remercie toutes les personnes extérieures qui m’ont aidé et qui ont contribué à ce travail

de près ou de loin. Je pense aux élus qui ont pris le temps de me recevoir et de répondre à mes

questions lors des entretiens, ainsi qu’aux bibliothécaires de l’université pour leur bienveillance et

leurs conseils.

4

5

Sommaire

Notice analytique .............................................................................................................................. 1

Remerciements ................................................................................................................................. 3

Sommaire ......................................................................................................................................... 5

Préambule méthodologique de la mission d'apprentissage au Conseil d’Architecture d’Urbanisme

et d’Environnement (CAUE) de l’Isère sur la revitalisation des centres-bourgs dans le département

.......................................................................................................................................................... 7

1) Première phase de recherches ............................................................................................... 7

2) La sélection des communes .................................................................................................. 8

3) Mise en place d’une méthodologie et d’outils .................................................................... 11

4) Mise en pratique des outils : transition vers la phase active de l’étude.............................. 14

Introduction .................................................................................................................................... 16

I. Qu'est-ce qu'un centre-bourg ? .................................................................................................... 18

1) Portrait du centre-bourg selon les sciences humaines et sociales et l’urbanisme, une

définition par critères .................................................................................................................. 18

2) Le centre-bourg vu par les élus des communes étudiées .................................................... 21

3) Etude approfondie de la morphologie urbaine des centres-bourgs sélectionnés ................ 31

Conclusion de la partie I ................................................................................................................. 39

II. Le centre-bourg dans son territoire : quelles sont les dynamiques de dévitalisation ?

Aujourd’hui dans le rural et le périurbain, les centres-bourgs sont-ils des centralités ? ................ 40

1) Diagnostic des symptômes de la dévitalisation à l’échelle des centres-bourgs, illustration

avec les études de cas ................................................................................................................. 40

2) Situation géographique des centres-bourgs ........................................................................ 61

3) La centralité, affaiblie ou comme un atout de revitalisation .............................................. 68

Conclusion de la partie II ............................................................................................................... 78

III. Le centre-bourg au XXIème siècle : comment revitaliser les centres-bourgs ? Quel projet

urbain pour ces territoires ? Comment renforcer ou redonner une centralité ? .............................. 79

1) Synthèse des enjeux pour la revitalisation des centres-bourgs étudiés .............................. 79

2) Pistes d’action par grandes thématiques : comment revitaliser les centres-bourgs ? ......... 82

3) Monter un projet urbain pour revitaliser un centre-bourg ................................................ 105

Conclusion .................................................................................................................................... 112

Liste des sigles ............................................................................................................................. 113

Annexes ........................................................................................................................................ 115

Bibliographie ................................................................................................................................ 121

Table des illustrations ................................................................................................................... 125

Table des matières ........................................................................................................................ 129

6

7

Préambule méthodologique de la mission d'apprentissage au Conseil

d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de l’Isère sur

la revitalisation des centres-bourgs dans le département

Lors du recrutement, le thème de la mission d’apprentissage était « évolution des tissus bâtis des

zones urbaines et péri-urbaines. » (Annonce de recrutement, août 2016). La démarche de travail du

CAUE est l’expérimentation sur des thématiques nouvelles chaque année. Le CAUE souhaitait

mener une « réflexion de fond dans ce domaine pour renforcer son expertise et proposer aux

collectivités des méthodes susceptibles d’accompagner efficacement les évolutions possibles des

pratiques de l’aménagement. » (Ibid.) Pour répondre à ces objectifs, l’année au CAUE s’est

déroulée en différents temps.

1) Première phase de recherches

La première étape a été de réaliser des recherches bibliographiques afin de capitaliser le maximum

d’informations sur l’évolution des tissus urbains. L’investigation s’est portée sur tous types de

documents, allant de travaux théoriques, d’outils, d’articles, de retours d’expériences, à des rendus

d’étude. Une analyse de ce travail a permis de faire émerger un florilège de notions clefs afin d’avoir

une vision globale de la thématique et des sous-thèmes qu’elle comprend.

Figure 1 : Schéma des mots clefs saillants du travail de recherche sur l'évolution des tissus urbains, présenté le 04.11.2016

au pôle urbanisme (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, novembre 2016)

8

Ce schéma présente un panel de notions, non ordonnées, qui gravitent autour de l’évolution des

tissus urbains. A l’issue de la présentation au pôle urbanisme de cette première phase de recherches,

la focale s’est resserrée sur la question de la revitalisation des centres-bourgs qui était une des

notions rencontrées, entourée en rouge sur le schéma. C’est la nouvelle thématique pour l’étude. La

même méthodologie de travail a été adoptée pour ces deux thèmes : l’évolution des tissus urbains

et la revitalisation des centres-bourgs. Elle consiste à réaliser une compilation des recherches dans

un document écrit, qui sont ensuite mises en forme dans un tableau reprenant la référence, le titre,

l’auteur et la date, ainsi qu’un court résumé. Cette phase permet de synthétiser et de regrouper les

données, afin d’avoir une lecture claire et rapide de l’ensemble, et de constituer une bibliographie

qui puisse être facilement ré-appropriable.

Tableau 1 : Extrait du tableau synthétique répertoriant les recherches sur l'évolution des tissus urbains (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, novembre 2016)

Une fois que le sujet avait été bien cerné, une réflexion plus prospective a débuté, en se demandant

comment mettre en pratique la théorie et comment appliquer ces recherches ?

2) La sélection des communes

En lien avec les missions d’accompagnement des collectivités du CAUE et son périmètre

d’intervention, le travail s’est recentré sur le département Isérois. Il a été co-décidé avec le pôle

urbanisme de choisir des communes comme terrain d’étude afin de mener une recherche appliquée.

Pour ce faire, j’ai échangé avec les chargés de mission des trois pôles (urbanisme, architecture, et

paysage) de la structure d’apprentissage afin de connaître les communes sur lesquelles ils

intervenaient en termes de revitalisation de centre-bourg. Peu importait la phase de travail, ce qui

comptait c’était la thématique d’action. Cette récolte d’informations a été effectuée dans le but

9

d’obtenir le panel le plus complet possible des sites de projet afin d’effectuer le choix le plus

pertinent. Cette investigation a permis de collecter une quarantaine de communes.

Afin de réaliser un choix, des critères, simples mais de natures diverses, ont été établis. Ils ont été

mis en forme dans une grille d’analyse afin de permettre leur comparaison. Les critères sont :

- une analyse de la démographie : la population et la densité, permettant d’indiquer

la hiérarchie urbaine

- une analyse géographique : la superficie, la situation géographique en Isère, la

situation de la commune dans son environnement immédiat (par exemple, quelle

situation par rapport aux voies de communication, aux agglomérations, au

patrimoine naturel, etc.), la distance aux grandes villes

- la topographie (entre le point le plus haut et le point le plus bas) a été déterminante,

car le département de l’Isère est riche d’une diversité de cas de figure, allant de la

plaine à la haute montagne

- le découpage administratif et institutionnel : cantons, intercommunalités

- la planification avec le SCOT

- s’il y avait des particularités intéressantes comme du patrimoine bâti, du patrimoine

naturel, des équipements structurants comme une gare ferroviaire

- la phase de travail du CAUE dans laquelle se situe la commune afin d’avoir

différents stades d’avancement

La prise en compte de tous ces critères a permis d’éliminer progressivement des communes, en les

comparant et en regroupant celles qui présentaient des caractéristiques similaires. A chaque fois, le

souhait a été d’avoir une diversité de situations. L’invariant était de ne pas sélectionner de commune

appartenant à la Métropole Grenobloise, ou étant sous son influence.

Concomitamment à l’inventaire et à l’élaboration des critères de choix des communes, les

thématiques de travail se sont esquissées. La démarche consistait à se donner quelques enjeux par

rapport à la revitalisation des centres-bourgs, qui sont :

- l’habitat, avec sa typologie, la morphologie urbaine, l’architecture : Quelles

évolutions potentielles ? Vers quelle densification et renouvellement des formes ?

- commerces, services, équipements et services publics : quelle mixité sociale et

fonctionnelle ?

- déplacements, stationnement et espaces publics : analyse de la trame viaire, quelle

place pour l’automobile et le piéton dans les centres-bourgs ?

10

- les patrimoines naturels (végétaux, hydrauliques), culturels (lié à l’histoire), bâtis,

paysagers (ambiances, grand paysage) : quelle identité et attractivité ?

L’objectif était de croiser les thématiques et les enjeux pour éviter l’effet « catalogue » et contribuer

à la problématisation du sujet.

En plus des critères objectifs évoqués, il y avait une part de subjectivité pour la sélection finale. Il

s’agit du ressenti des chargés de mission concernant les enjeux de dévitalisation du centre-bourg,

du contenu de la réflexion menée par la commune quand il y en avait une, ainsi que des spécificités

comme le fait d’être en montagne (Le Bourg d’Oisans), ou encore une commune industrielle entre

une plaine et une vallée fluviale (Roussillon). De plus, le fait d’avoir accompagné des chargés de

mission à des réunions a fortement motivé leur choix.

Au final, cette phase, un peu fastidieuse mais néanmoins pertinente, a permis d’aboutir à un

échantillonnage de six communes, à savoir : Beaurepaire, Le Bourg d'Oisans, Les Avenières

Veyrins-Thuellin, Mens, Roussillon, Saint-Marcellin. Elles se situent géographiquement comme

suit sur la carte ci-dessous.

Tableau 2 : Critères de sélection des communes (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, janvier 2017)

11

Cartographie 1 : Situation géographique des six communes en Isère (Léa Gouttenoire, août 2017, Google Maps)

3) Mise en place d’une méthodologie et d’outils

a. Les entretiens

Mener des entretiens s’est révélé nécessaire afin de récolter la vision d’une personne ressource de

la commune et d’enrichir les connaissances sur le centre-bourg. Obtenir des témoignages d’acteurs

clefs est une réelle plus-value et permet de donner un point de vue original sur le sujet. Au départ,

le souhait était d’interroger tout un panel de personnes : un ou des élu(s), les

commerçants/associations, et les habitants. A la réflexion, il est apparu plus pertinent d’obtenir le

point de vue d’un ou deux élus, avec dans la mesure du possible au moins celui du maire. En effet,

ce sont les premiers édiles de la commune, ils bénéficient d’une connaissance particulière des

problématiques afférentes à leur centre-bourg. Au total, sept entretiens ont été menés, et dix

12

personnes ont été rencontrées car quelques fois l’élu était accompagné du Directeur Général des

Services (DGS).

Figure 2 : Liste des personnes interrogées (Léa Gouttenoire, août 2017)

La grille d’entretien a d’abord été construite avec des questions orientées où une partie de la réponse

était dans l’interrogation. Des échanges avec le pôle urbanisme ont permis de faire évoluer le

questionnaire vers des questions plus larges, comme « Actuellement, quelles sont les dynamiques,

positives ou négatives, du centre-bourg ? ». Cela permettait de voir ce que la personne interrogée

répondait d’emblée. Le même questionnaire a été utilisé pour tous les entretiens, afin de pouvoir

comparer les réponses et les centres-bourgs.

13

Figure 3 : Grille d'entretien pour interroger les élus, celle-ci a été utilisée pour Saint-Marcellin

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, février 2017)

b. La fiche d’identité

Pour mettre en valeur les données des entretiens et des visites de terrain, un deuxième outil a été

mis en place : il s’agit d’une fiche d’identité synthétique au format quatre pages recto-verso (cf.

annexe n°1). Le but est de dresser un diagnostic orienté du centre-bourg, regroupant des

cartographies et leurs analyses, des photographies et des extraits d’entretiens. Il a été décidé que la

14

première page présentait de manière générale la commune et le centre-bourg, avec les chiffres clés,

un propos introductif, la situation géographique, la localisation du centre-bourg et sa morphologie

urbaine. La deuxième page était consacrée à un retour historique avec la cartographie de l’Etat-

Major, des cartes postales anciennes, la définition du centre-bourg selon l’élu, ainsi qu’une analyse

et une cartographie de l’habitat. La troisième page se focalisait sur les thématiques des commerces

et équipements publics, et du stationnement, des déplacements et des espaces publics. Enfin, la

dernière page était une synthèse écrite et cartographique des constats et des enjeux à l’échelle du

centre-bourg et au-delà de son périmètre.

c. La synthèse

Face à la complexité du sujet par sa richesse et face à la quantité d’informations recueillies, il a été

décidé de rédiger une synthèse des problématiques et des pistes d’actions (cf. annexe n°2). Le but

était de mettre en valeur toutes les données qui n’ont pas pu être abordées dans les fiches d’identité,

ainsi que d’avoir une vision globale.

4) Mise en pratique des outils : transition vers la phase active de l’étude

Pour arriver au résultat final de nombreux allers-retours avec le pôle urbanisme ont été réalisés afin

de faire évoluer la réflexion et le contenu des outils tout au long de l’étude. Avant cela, une fois que

quelques éléments ont été fixés, les Avenières Veyrins-Thuellin a été choisie comme « commune

test » dans le but d’expérimenter et de finaliser la méthode, et de fixer un cadre et des objectifs afin

de gagner du temps pour l’analyse des autres centres-bourgs.

Ensuite, pour chaque commune, le processus s’est déroulé de façon identique. Tout d’abord, nous

avons pris contact avec l’élu(e) afin de convenir d’un rendez-vous. Avant la rencontre, nous lui

avons envoyé la grille d’entretien afin de lui donner la possibilité de prendre connaissance des

questions. Au final, très peu d’élu(e)s ont pris connaissance du document avant l’entretien, mais il

s’est avéré que ce n’était pas gênant pour son déroulement et pour les réponses apportées qui

correspondaient aux attentes. Chaque entretien a été enregistré afin de garantir la justesse des propos

et faciliter leur retranscription.

Avant chaque entretien, un pré-diagnostic a été réalisé afin d’avoir quelques connaissances sur la

commune et son centre-bourg. Cette phase de travail a permis d’identifier le contexte dans lequel

allait se dérouler l’entretien, les particularités de la commune, et ainsi se préparer à poser des

15

questions plus spécifiques. Il s’agit par exemple de précisions sur les effets des évolutions en cours

du PLU, de la démographie, des enjeux de stationnement sur le centre historique, du tissu associatif,

etc. Ce pré-diagnostic consistait en un recensement des données disponibles sur le serveur du CAUE

afin d’avoir un historique des travaux qui ont pu être menés, en une analyse de la commune et du

centre-bourg par photographie aérienne, et en une exploration du site internet de la municipalité.

Ces données étaient mises en forme dans la fiche d’identité. C’est à ce moment-là qu’étaient

renseignées la situation géographique, la localisation du centre-bourg, l’analyse de la carte de l’État-

Major, ainsi que les informations de base comme la population, la superficie, la densité,

l’intercommunalité, etc. Cette phase de capitalisation d’informations était essentielle pour faire

émerger les caractéristiques les plus importantes de la commune.

La visite sur site, effectuée le jour de l’entretien, se préparait également, avec l’impression de fonds

de plans. Le travail sur le terrain consistait en un relevé cartographique de plusieurs éléments : la

vacance ou non des locaux commerciaux, la nature et la localisation des équipements, les espaces

publics, le stationnement, et toutes autres particularités du centre-bourg.

Le retour du terrain marquait le début d’une phase de traitement. En premier lieu, celui de

l’entretien. Il était d’abord retranscrit de manière exhaustive afin d’avoir une vision d’ensemble,

puis une sélection d’extraits était effectuée. Pour passer du langage oral à l’écrit, leur reformulation

et réécriture, tout en gardant le sens, étaient effectuées. Les extraits d’entretien étaient complétés

d’une synthèse des enjeux.

Ensuite, les données du terrain et l’analyse des entretiens permettaient de compléter et de finaliser

la fiche d’identité. Cette tâche consistait en une cartographie des éléments relevés, en la rédaction

des analyses, et en la sélection de photographies destinées à illustrer le propos.

En somme, le terrain, les entretiens, la fiche d’identité et la synthèse sont des outils qui permettent

de répondre à la commande. Cette phase d’analyse est un préalable nécessaire avant le passage au

projet urbain. L’objectif de ce travail était également de proposer un format reproductible pour les

chargés de mission du CAUE, ainsi qu’un guide à destination des professionnels, des élus, des

étudiants, etc.

16

Introduction

Les centres-bourgs sont sur le devant de la scène depuis quelques années. Les publications à leur

sujet se sont multipliées, reflétant qu’une multitude d'actions, de réflexions, et de projets ont été

menés et sont en cours. Cet intérêt a été formalisé, encadré et affirmé en 2014 par l'appel à

manifestation d'intérêt (AMI) de l’État.

En partant de la problématique de l'évolution des tissus urbains, je me suis plus précisément

intéressée à la revitalisation des centres-bourgs. Les évolutions législatives récentes visent à limiter

l'étalement urbain pour économiser les terres agricoles et les espaces naturels. C'est un facteur

particulièrement favorable à un urbanisme recentré sur les tissus urbains existants, et qui pourrait

permettre d'apporter un nouveau regard sur les centres-bourgs. Ces derniers connaissent une

dévitalisation du fait de la perte soudaine et relativement récente de leurs fonctions historiques

(commerces, services, emplois, etc.). Parallèlement à ce phénomène, les élus expriment une certaine

volonté à se réapproprier ces centres et à engager des démarches de projet. Bien que le terme

« dévitalisation » soit de plus en plus utilisé, il n’est pas évident de trouver une définition. Au sens

physiologique, la dévitalisation s’entend comme la « destruction de la pulpe d'une dent, des

vaisseaux et des nerfs qu'elle contient. » (Dictionnaire en ligne Larousse) C’est la perte de vie de

quelque chose, le passage d’un état de vitalité, à un état amoindri et négatif. La dévitalisation

urbaine doit être entendue avec autant de sens, celui de l’extinction d’un espace urbanisé, d’un

espace habité.

Historiquement en Europe les commerces ont été établis dans les centres urbains. En France, on a

observé un transfert récent de cette fonction vers les périphéries. Les causes en sont multiples : la

modernité, le confort, l'esthétisme de vie, la logique économique, l’automobile, la mobilité, etc. Les

pratiques d'aménagement des dernières décennies ont eu pour effet de créer des dissociations

fonctionnelles dans les espaces urbains, avec le phénomène du zoning.

D’un côté les centres-bourgs connaissent un regain d’intérêt du fait du retour au « local », mais

subissent également des phénomènes d’absorption dus aux dynamiques métropolitaines et

d’urbanisations toujours croissantes. Cette banalisation des territoires et cette perte d'intérêt à

l'égard des centres-bourgs ont été récemment contrebalancées par la volonté de réinvestir la qualité

de leurs tissus bâtis et de leurs patrimoines, gage d'attractivité et de singularité. De plus, ils offrent

un cadre de vie exceptionnel qui est de plus en plus recherché.

Face à ces constats, les enjeux de requalification des centres-bourgs sont urbains, économiques,

sociaux, patrimoniaux, spatiaux, paysagers, etc. La problématique est également d'explorer la

17

capacité à refaire société, à réinterroger le vivre ensemble dans l'espace public. En tant que

spécialistes de ces questions territoriales, nous devons interroger notre pratique d’urbaniste pour

réaménager les centres-bourgs.

De fait, comment réanimer les centres-bourgs ? Comment recréer une urbanité ? Quel avenir pour

les centres-bourgs au XXIème siècle et à quelle échelle ?

Ce mémoire se structure en trois grands temps. La première partie définit le centre-bourg

actuellement, selon son histoire et ses caractéristiques morphologiques. Le deuxième temps se

consacre aux signes de dévitalisation, appuyé par le diagnostic des centres-bourgs étudiés. Elle

soulève également la question de la centralité de ces espaces dans le rural et le périurbain. Enfin, la

troisième partie traite de la revitalisation des centres-bourgs par le projet urbain.

Enfin, l’étude réalisée au CAUE, sur laquelle se base ce mémoire, a un caractère expérimental, et

une analyse de ces problématiques n’avait pas encore été réalisée jusqu’alors. Une des difficultés a

été de trouver des données sur les centres-bourgs spécifiquement car dans la littérature beaucoup

d’écrits traitent des villes. En outre, ils ne sont pas une catégorie de l’Institut National des

Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE). Quelques nuances sont donc à apporter au propos.

Cet écrit n’a pas la prétention de l’exhaustivité, mais se veut le plus représentatif possible.

18

I. Qu'est-ce qu'un centre-bourg ?

1) Portrait du centre-bourg selon les sciences humaines et sociales et l’urbanisme,

une définition par critères

a. Le centre, première approche de la notion de centre-bourg

Malgré son importante utilisation depuis plusieurs années et sa focalisation dans l'actualité d'une

partie du champ de l'urbanisme, il est quasiment impossible de trouver une définition de « centre-

bourg ». Quand on s'intéresse au sens de cette notion, il faut revenir aux deux mots qui la composent.

Selon Pierre MERLIN et Françoise CHOAY (2005, p.155), de manière générale, « le centre n'est

pas un point, mais un lieu dont l'étendue et l'importance relative varient suivant certaines

conditions. Les caractéristiques du centre peuvent être visuelles, structurelles et/ou fonctionnelles.

Elles sont variables dans le temps et suivant l'évolution économique, technique et les conditions

politiques. Elles s'opposent en général à celles de la périphérie. » Un centre a des spécificités, et

s'inscrit dans un espace. Il a lui-même ses particularités, et est en relation avec d'autres entités

spatiales. Les caractéristiques évoquées peuvent être entendues comme des critères de définition.

Le visuel renvoie à la typologie du bâti, à l'architecture, ou encore aux matériaux de construction

utilisés localement. La structure s'intéresse à la morphologie urbaine, à l'organisation des espaces

publics, d'habitation, d'activités, de circulation, qui sont eux-mêmes des fonctions urbaines. Ces

caractéristiques sont des héritages de l'histoire de la formation des centres-bourgs. Cet élément

central de leur définition sera évoqué en I. 2). Puis, la temporalité et le facteur de la variabilité sont

importants car on ne peut pas considérer un centre de manière uniforme et homogène dans le temps.

Comme tout ensemble bâti, il est soumis à des évolutions et à des mutations, ce qui rend sa définition

et son appréhension d'autant plus complexes.

De manière plus précise, « dans la littérature géographique, le terme de centre peut s'appliquer à

une partie privilégiée de la ville, (…) mais il peut englober une partie plus étendue et plus complexe.

Dans une agglomération, on qualifie de centre la ville principale. (…) Le centre peut aussi

caractériser le rôle d'un pôle urbain à l'intérieur d'une zone rurale ou la relative importance d'un

bourg par rapport aux villages qui l'entourent (village-centre). » (Ibid.) Ce deuxième extrait est

intéressant pour la spatialisation du centre et sa mise en perspective par rapport à la ville et aux

territoires. On observe que la définition d'un centre semble dépendre du contexte territorial et spatial

de son développement. De plus, la question de la représentation et de la délimitation du centre dans

un espace est pointée, ce qui sera illustré avec les centres-bourgs étudiés en I. 2) c.

19

Ensuite, comment déterminer un centre ? La définition d'un centre repose sur la classification que

l'on adopte et sur les critères qui s'y réfèrent. Quels sont-ils ? « Le centre bénéficie de tous les

attributs de la centralité. La puissance du centre peut être appréciée comparativement de

différentes manières : par le nombre absolu de sa population totale (ce qui est manifestement

insuffisant), par le rapport entre cette population totale et le nombre de personnes employées dans

le commerce de détail et les services, (...) par le niveau d'équipement en nombre et/ou en variété

et/ou en sophistication, (...) par l'existence et l'importance des commerces et des activités

rares. » (Ibid.) On ne peut pas étudier un centre sans s'intéresser à la centralité, question complexe

et majeure qui sera abordée dans la deuxième partie de ce mémoire. Le premier facteur de définition

d'un centre est la démographie, même s'il serait incomplet de ne penser un centre que de cette façon.

De fait, ce n'est pas parce qu'un ensemble bâti regroupe une population quantitativement importante

que cela en fait un centre pour autant. La démographie à elle seule ne peut pas donner la fonction

de centre. C'est pour cette raison que les activités économiques et l'emploi sont des indicateurs clefs

à prendre en compte. Aussi, le dernier élément qui ressort de cet extrait est le nombre et la qualité

des équipements publics, qui concentrent la population et jouent un rôle d'attractivité. La définition

d'un centre est donc multifactorielle.

b. Le bourg, complément indispensable du centre pour sa signification

Le dictionnaire en ligne Larousse livre une première approche de cette notion qui est claire. Son

étymologie latine est burgus, héritée du germanique burg signifiant « ville fortifiée ». Cette même

source donne plusieurs significations pour le bourg, dont la première est « gros village qui présente

certains caractères urbains », et la deuxième est « agglomération principale d'une commune (par

opposition aux hameaux) ». On perçoit une origine rurale, médiévale, historique, ainsi qu'une notion

d'échelle avec la prise en compte du territoire communal. Par l’évocation des hameaux, on

s’affranchit du seul centre.

Le bourg « s'applique à une agglomération qui s'inscrit aux marges de la cité, en situation

périurbaine, ou dans la campagne. Les bourgs (…) abritent souvent une population d'artisans ou

de marchands : ils constituent le noyau de la bourgeoisie. (…) Ils sont le siège de marché ou de

foires, et abritent des services élémentaires. Dans l'ouest de la France, on désigne par bourg le

centre des communes. (…) Le bourg abrite l'école, la mairie et l'église, mais n'est pas

nécessairement plus important que d'autres fractions de la commune. » (CHOAY, MERLIN, 2005,

p.128) Des évolutions de cette notion, on peut conserver des aspects clefs comme l'origine

médiévale avec les fortifications, qui explique la formation de ces centres. On retrouve, comme

pour la définition de « centre », des critères. Il s'agit de la population, des activités économiques et

20

des services dits « de base », où le bourg est le « siège », le centre, l'espace où cela se concentre. Il

y a donc une convergence dans la manière de définir le centre et le bourg par critères, qui sont

globalement similaires. L'expression « centre des communes » est intéressante et pertinente par

rapport aux aspects de la centralité, où le bourg jouerait ce rôle de centralité. De plus, énoncer que

le bourg est le centre de la commune donne une indication sur sa délimitation et sa situation dans le

territoire communal. Enfin, le bourg est clairement identifié comme entité spatiale autonome, située

en dehors de la ville, et donc dans les espaces périurbains ou la campagne.

c. Définition du « bourg-centre »

Cette expression est utilisée à la fin des années 90 par Valérie Joussseaume pour sa thèse. Elle

s'intéresse au Département de la Loire Atlantique, et a construit sa définition selon les

caractéristiques de ce territoire. Néanmoins, l'éclairage qu'elle apporte est intéressant pour

enrichir le propos de ce mémoire. L’appellation « bourg-centre » est mobilisée afin de

distinguer « le chef-lieu de simple commune, « le bourg », et le petit centre rural intermédiaire

entre le bourg et la petite ville, « le bourg-centre » ». (JOUSSEAUME, 1998, p.10) Pour elle,

le bourg-centre est n’est pas une partie de la commune comme le sont les centres-bourgs, mais

la commune dans son intégralité. C'est une catégorie du découpage territorial, et donc de la

hiérarchie urbaine, entre le bourg et la ville. Aussi, elle énonce combien il est difficile et délicat

de définir le bourg-centre. Elle évoque le décalage entre les définitions données au niveau

national, et les caractéristiques régionales voir locales. De ce fait, le Réseau-Bourgs (1993) a

évité cet écueil en proposant une définition simple en trois critères. C'est « le niveau de

population, le niveau d'équipement et l'indépendance vis-à-vis de la ville ou d'une mono-

activité touristique. » (JOUSSEAUME, 1998, p.15) Cette analyse met en valeur les éléments

essentiels à prendre en compte, qui sont semblables aux critères de définition du centre et du

bourg. Le premier facteur est l'humain, puis vient l'offre d'équipements publics. Le dernier

critère est très pertinent, puisqu'il pose la question des relations avec les territoires extérieurs

au bourg-centre.

21

2) Le centre-bourg vu par les élus des communes étudiées

a. Origine de la formation des centres-bourgs, une centralité historique certaine

Les centres-bourgs avaient à l’origine une fonction particulière, cause de leur établissement et

de leur développement. « L'offre de commerces et de services aux populations rurales est une

fonction essentielle, sinon fondatrice, du bourg-centre. Dans une société paysanne, limitée dans

ses déplacements, le bourg-centre était le lieu d'échanges. » (JOUSSEAUME, 1998, p.19) Du

fait de leur fonction commerciale, ils étaient le point de concentration des flux. Les marchés et

les foires attiraient la population, à la recherche de denrées alimentaires, de bétail, ou encore de

productions manuelles et artisanales (habits, matériel agricole, etc.). Actuellement, des traces

de cette fonction historique se retrouvent dans le paysage. Ce sont par exemple des marchés

historiques comme à Saint-Marcellin où depuis le XIVème siècle un marché alimentaire se tient

sur la place d’Armes, en plein cœur du centre-bourg devant la mairie.

Photographie 1 : Marché alimentaire du vendredi matin sur la Place d'Armes,

Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)

22

Il s’agit également de constructions avec des halles comme celle de Mens (reconstruite en

1841), qui est aussi signalée par des toponymes comme « Rue de la Halle. »

La fonction d'animation était également présente puisque ces bourgs offraient des

divertissements, des fêtes de villages, et des célébrations diverses.

Par exemple, Mens constituait un point d’étape :

M. COQUET, maire de Mens

« La première phase du développement de la commune est celle du peuplement, à partir des

murailles, due à l’existence d'une étape au sens romain du terme, de type marchande, où se

croisaient des voies de circulation très secondaires parce que Mens n'était pas sur un grand

axe. La commune est née de ça. Les faubourgs se développent sur des axes d’arrivée,

notamment un axe vers le nord plutôt du côté de Monestier de Clermont parce que des activités

manufacturières se développent, comme le tissage avec le chanvre. »

Cette fonction d’échanges « était généralement associée à un rôle ancien d'encadrement

politique, militaire ou religieux sur la campagne voisine (ABBAD et al., 1984). »

(JOUSSEAUME, 1998, p.19) Ce rôle n’est pas nécessairement dans une autre commune

puisque certaines peuvent avoir une ou plusieurs de ces fonctions. Par exemple, en plus d'être

une sous-préfecture de l'Isère de 1800 à 1926, Saint-Marcellin abritait un tribunal, fonction

judiciaire de haut rang, dont le monument a été conservé.

Photographie 2 : Halle de Mens (CAUE de l’Isère, 13 mars 2015)

23

M. REVOL, maire de Saint-Marcellin

« Nous héritons d'une situation où nous sommes une ancienne sous-préfecture de l'Isère. Même s'ils

sont moins importants qu'avant, nous avons gardé de nombreux services de l'Etat. Cette structure

administrative a eu un effet protecteur. »

Pour l'aspect religieux, quasiment tous les centres-bourgs étudiés possédaient et possèdent au

minimum un lieu de culte. Très souvent, on peut attester l’existence d’un bourg par un monument

religieux. Par exemple, la construction de l’église dédiée à Saint Marcellin, premier évêque

d’Embrun, est mentionnée au XIème siècle. Les centres-bourgs exerçaient tous un rôle de centralité

religieuse, à l’échelle de la commune et/ou des communes voisines. Ce fait leur confère une

importance et une attractivité certaines.

b. Les élus définissent le centre-bourg

Les entretiens menés ont été l’occasion de questionner les élus sur la notion de centre-bourg (cf.

figure 5, question 1 de la grille d’entretien). Leurs réponses se rejoignent complètement, et

convergent avec les explications et les définitions données ci-dessus, en apportant des éléments

concrets et des précisions.

M. MIGNOT, maire de Beaurepaire

« La notion de centre-bourg c'est d'abord une agglomération d'habitat, autour de services,

administratifs, services publics, mais aussi de services à la population en terme de commerces et

d'usages. C'est véritablement un lieu de centralité. »

M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin

« Il n'y a pas une notion de centre-ville qui soit la même d'une commune à une autre. Le nôtre est

sur un linéaire, et c'est ce que j'appelle le cœur de ville. C'est là où on trouve l'activité de

commerces, de services, et la population, ce qui crée du lien social. Je pense que c'est aussi une

partie de l'image de la commune. »

Mme FAVIER, adjointe au développement durable et à la citoyenneté des Avenières

Veyrins-Thuellin

« C'est la rue principale d'un village ou d'une commune où on trouve des commerces, des services,

et de la vie. »

24

M. COQUET, maire de Mens

« Un centre-bourg rassemble sur un territoire relativement restreint un ensemble de services, une

fréquentation et des circulations plus intenses que dans le reste de la commune, ainsi qu'une

attractivité qui fait que l'on identifie d'abord la commune à son bourg puis à son centre-bourg. »

M. MAS, conseiller délégué à l’urbanisme de Roussillon

« La notion de centre-ville correspond à un lieu de vie important, où les personnes peuvent circuler,

se retrouver, aller dans des commerces, s'installer à des terrasses, stationner aussi puisque cette

problématique est un élément important, que cela soit vraiment un lieu dans lequel on a envie de

se retrouver spontanément. »

M. REVOL, maire de Saint-Marcellin

« Un centre-bourg c'est une entité qui répond aux différents besoins des habitants. Il comporte cinq

fonctions : l'habitat, le service (avec l'administratif), le commerce, l'artisanat, et le culturel. »

En résumé, selon eux, le centre-bourg est le lieu où se concentrent la population, les activités

économiques (commerces, services, marchés, etc.), et les services sur un espace restreint. Cet espace

se spécialise par ses caractéristiques par rapport au reste du territoire communal. Le centre-bourg

donne aussi une identité à la commune. Aussi, le « centre-bourg » n’est pas la seule expression

utilisée. Il y a de nombreux synonymes, énoncés par les personnes interrogées et rencontrés au fil

des recherches sur la thématique. Il s'agit de cœur de ville, cœur de village, centre ancien, centre

historique, bourg-centre, centre-ville, etc. Ce constat, non exhaustif, témoigne des forts besoins de

dénomination de ces espaces, de leur complexité, et renforce le fait qu'ils sont au premier plan

depuis quelques temps. Toutes ces notions renvoient à l'idée et aux définitions évoquées, et seront

utilisées comme synonymes tout au long de ce mémoire.

c. Le centre-bourg se définit également par son périmètre

La délimitation des centres-bourgs étudiés s’est réalisée par l’analyse de leur photographie aérienne,

par les propos des élus et leur dessin du périmètre quand il était effectué.

25

M. MIGNOT, maire de Beaurepaire

« L'hyper-centre c'est la première couronne, qui correspond à la trame historique, et il y a une

deuxième couronne autour. Après les constructions se sont faites sur les axes, en fonction des

activités qui se sont développées et de la place qu'elles demandaient. Il y a aussi cette petite encoche

qui va jusqu'à la mairie, qui était un faubourg à l'origine, puisque les remparts étaient à ce niveau. »

Cartographie 2 : Localisation ressentie du centre-bourg de Beaurepaire en 2017 (selon une analyse de la morphologie

urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Le centre-bourg de Beaurepaire se développe en pied de coteau, il est surplombé par une motte

castrale où s’élève le château. Ce “village-tas” s’organise en plusieurs ensembles. Le premier, le

centre historique, est composé d’îlots bâtis denses, traversés par des rues structurantes. Ce cœur

médiéval s’accompagne d’un tissu urbain ancien de faubourgs, où le bâti est un petit peu moins

compact, permettant une structuration plus nette par un maillage des voies de communication. Des

touches végétales aèrent ce tissu urbain ancien. Puis, le centre historique est bordé d’un

développement bâti plus récent, caractérisé par une densité plus faible et un habitat majoritairement

pavillonnaire.

26

M. SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans

« Aujourd'hui le cœur de bourg c'est le centre historique qui se poursuit jusqu'aux écoles. »

Cartographie 3 : Localisation ressentie du centre-bourg du Bourg d'Oisans en 2017 (selon une analyse de la morphologie

urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Le centre historique du Bourg d’Oisans est facilement identifiable par son ensemble bâti dense. La

particularité est qu’il est traversé selon les points cardinaux par des voies de communication, qui

sont des axes historiques. Ils desservent le centre-bourg et ses îlots. Cet ensemble a été complété au

fil des décennies par du bâti diffus, présentant une densité plus faible. L’ensemble s’inscrit dans un

environnement naturel remarquable, la plaine agricole de l’Oisans. Le périmètre pressenti du centre-

bourg comprend le centre historique et ses marges.

27

Mme FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin

« C'est la rue principale, le cœur historique, où se regroupent les commerces, les différents services,

et la place du monument aux morts. »

Cartographie 4 : Localisation ressentie du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin en 2017 (selon une analyse de la

morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Le centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin présente un village rue en forme de “L”, structuré

par deux axes historiques. Le bâti est aligné sur rues et se développe en continue le long des voies.

Le logement en étage est lié au commerce en rez-de-chaussée, avec une entrée unique. Ce centre

historique est bordé au nord de constructions récentes, et au sud d’équipements (mairie, écoles).

Cet ensemble contraste avec le reste du centre-bourg qui présente du bâti pavillonnaire et un certain

étalement.

28

M. COQUET, maire de Mens

« Le périmètre du centre-bourg correspond à l'ancienne enceinte médiévale, avec ses murailles et

les deux extensions avec les faubourgs. C'est le périmètre qui a servi de base à notre étude de

requalification des espaces publics. Cette agglomération offre des services pour les habitants d'un

territoire plus large. »

Cartographie 5 : Localisation ressentie du centre-bourg de Mens en 2017 (selon une analyse de la morphologie urbaine et le

dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Le centre historique de Mens est reconnaissable par le noyau de bâti ancien dense. Il est structuré

par deux routes historiques, créant ainsi deux traversées selon les points cardinaux. Les îlots denses

sont innervés par des dessertes internes. Cet ensemble bâti homogène est complété par un

développement périphérique de nouveaux quartiers pavillonnaires et d’un pôle d’équipements.

Mens s’inscrit dans un paysage remarquable, alternant champs agricoles, petits ensembles forestiers

et prairies, ce qui conforte son caractère rural

29

M. MAS, conseiller délégué à l’urbanisme de Roussillon

« Nous avons une problématique particulière, c'est que la commune est divisée en deux par la

topographie et l'histoire, avec en bas une urbanisation qui s'est faite autour du développement

industriel, puis, l'axe de communication entre Roussillon le bas et Roussillon le haut, avec le cœur

de village historique, la Grande rue, la place du château, et le développement de l’habitat

individuel. En plus, il y a eu la coupure de l'autoroute, ce qui favorise encore plus cette

problématique-là. Le cœur de ville pour moi il y en a deux avec deux lieux de vie. »

Cartographie 6 : Localisation ressentie du centre-bourg de Roussillon en 2017 (selon une analyse de la morphologie urbaine

et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Au nord, le centre historique de Roussillon est un “village-rue”, qui s’est développé sur les rebords

du Plateau de Louze. Il concentre l’habitat ancien autour de la Rue Grande. Au sud, un deuxième

centre s’est formé dès 1915 suite à l’établissement d’industries majeures, comme Rhône-Poulenc.

Des cités ouvrières se sont développées pour répondre aux besoins en logement. Malgré ces deux

centres, le périmètre pressenti du centre-bourg correspond à celui du centre historique avec ses

quartiers proches. La coupure entre ces centres est accentuée par l’autoroute. De plus, la proximité

avec Péage-de-Roussillon a créé une urbanisation continue entre les deux communes. Enfin,

l’agriculture est fortement présente sur le plateau, avec des vergers et du maraîchage. Les

boisements révèlent la topographie et les ruptures de pente.

30

M. REVOL, maire de Saint-Marcellin

« Délimiter le périmètre du centre-bourg est difficile. Si vous interrogez les Saint-Marcellinois dans

la rue, pour eux le cœur de ville c'est la Place d'Armes et la rue piétonne, alors que pour d'autres

le centre sera peut-être plus grand. Selon où on habite et ce que l'on fait dans le centre-ville, les

approches seront totalement différentes. »

Cartographie 7 : Localisation pressentie du centre-bourg de Saint-Marcellin en 2017 (selon une analyse de la morphologie

urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Le centre historique de Saint-Marcellin est identifiable par la concentration du bâti médiéval sur un

espace restreint. Cette enveloppe ovale rappelle la ville fortifiée. Elle est traversée en son centre par

la Grande Rue, piétonne depuis 1989, créant une liaison est-ouest. Le périmètre pressenti du centre-

bourg correspond à ce centre historique et ses quartiers urbanisés proches où le bâti est moins dense

et présente une certaine mixité. Le centre-bourg est ensuite bordé d’îlots pavillonnaires et collectifs,

se développant le long des axes de communication.

31

En somme, le périmètre du centre-bourg englobe le tissu urbain historique, parfois d’origine

médiévale. Dans ce cas, les limites, avec les murailles, sont visibles par endroit ou bien sont alors

complètement détruites, et seules subsistent les traces de leur forme. A chaque fois, le périmètre du

centre-bourg correspond au centre historique et à ses quartiers proches. Cette délimitation n’est pas

une analyse figée, et diffère selon la personne qui l’effectue et les objectifs qu’elle a. C’est

néanmoins celle qui a été retenue pour cette étude. Lors de cette analyse des périmètres des centres-

bourgs, une brève esquisse de la morphologie urbaine a été réalisée. Cependant, les formes urbaines

doivent être examinées de manière plus fouillée et précise.

3) Etude approfondie de la morphologie urbaine des centres-bourgs sélectionnés

a. Définition et méthode d’analyse de la morphologie urbaine

La morphologie urbaine est « l’étude de la forme physique de la ville, de la constitution progressive

de son tissu urbain et des rapports réciproques des éléments de ce tissu qui définissent des

combinaisons particulières, des figures urbaines (rues, places et autres espaces publics …). »

(ALLAIN, 2004, p.5) L’analyse de la morphologie urbaine est très importante puisque c’est « la

clef de compréhension des paysages urbains. » (Ibid.) C’est d’autant plus fondamental pour l’étude

sur les centres-bourgs et leur revitalisation, puisque « le préalable indispensable à toute

intervention ou opération d’aménagement est l’analyse morphologique. (…) Elle donne des

instruments pour des choix. » (ALLAIN, 2004, p.6)

Pour Allain, la morphologie urbaine s’analyse selon le système urbain, composé de sous-systèmes

qui sont :

- le politique, avec le rôle des acteurs et les décisions

- l’économie, où la ville produit et consomme des biens et des services

- le sous-système morphologique

Ce dernier s’organise en trois grandes composantes : les « éléments », qui forment la « structure »,

qui est elle-même régie par des « logiques et des moyens », comme illustré par la première partie

de la figure ci-dessous.

32

Figure 4 : Le système morphologique selon Allain (ALLAIN, 2004, p.15)

L’auteur explicite les « éléments » du système morphologique en cinq points, comme présentés sur

la deuxième partie de la figure ci-dessus, et détaillés comme suit :

- Le plan correspond à la représentation de la forme générale de la ville, structuré par

le réseau viaire, et qui se caractérise par une grande stabilité dans le temps.

- Le parcellaire est le « découpage du sol en lots ou parcelles pour son appropriation

ou son utilisation » (ALLAIN, 2004, p.16). Déterminé par le maillage, il évolue

lentement, mais il peut se subdiviser. Il est le support du bâti « qu’il influence et par

lequel il peut être influencé » (Ibid.).

- Le bâti, aussi synonyme de tissu constructif, « est composé d’immeubles

caractérisés par leur âge, leur style, leur élévation ; mais aussi par les « vides

urbains » et les espaces publics (places, parcs, jardin…). » (Ibid.)

- L’utilisation du sol renvoie à la fonction d’un espace : résidentiel, économique, de

loisir, etc.

- Le site a une grande influence sur les composantes évoquées, puisqu’il s’agit de la

topographie, de la végétation, du réseau hydrographique, etc. La forme urbaine se

détermine donc également par le site.

Ensuite, la « structure » est la façon dont les éléments cités ci-dessus s’organisent. C’est le tissu

urbain, qui peut être « continu ou discontinu, plus ou moins dense, étiré suivant certains axes ou

coupé de ruptures physiques. » (ALLAIN, 2004, p.17)

33

Pour finir, les « logiques et les moyens » sont « les idéologies, les décisions ou les processus à

l’œuvre qui contribuent à donner naissance à une structure. » (Ibid.) Ce sont des facteurs qui ont

influencé la forme urbaine et qui permettent de l’expliquer. Il peut s’agir par exemple de projets

urbains, de règles délivrées par le plan local d’urbanisme, de politiques particulières.

Pour compléter, le maillage fait partie de l’analyse de la forme urbaine, et se compose de la voirie

qui crée des réseaux. « On distingue le maillage général qui fait apparaître les grandes lignes de

la structuration de la ville et le maillage de détail, dont les logiques sont souvent différentes et qui

forme une résille plus fine qui peut être analysée à l’échelle du quartier. » (ALLAIN, 2004, p.69)

C'est la « première expression de la ville. Formé progressivement, il porte la marque du site, reflète

l’histoire d’une ville et exprime sa personnalité. Il permet d’évaluer la densité de la ville, le rapport

des pleins et des vides, de l’espace bâti et des espaces publics, leurs positions relatives, les aires et

secteurs ainsi que la situation des principaux monuments qui ont souvent un impact essentiel sur la

structuration du tissu. » (Ibid.)

Enfin, la morphologie urbaine intègre les fonctions urbaines, que sont l’habitat, les activités

économiques, culturelles, de loisir, etc. « On parle alors de mixité fonctionnelle lorsque sont

représentées dans un quartier au moins deux de ces fonctions. » (AUCAME, 2008, p.3). De plus,

« le rôle des formes urbaines est considérable puisqu’elles agissent directement sur les pratiques

et la qualité de vie. » (Ibid.)

b. Composition urbaine : les modules de morphologie urbaine

L’analyse de la bande (synonyme de rangée) est importante puisqu’elle structure les centres-bourgs

étudiés. Cet élément de composition urbaine s’entend comme « des parcelles et des constructions

alignées le long d’une ligne droite, brisée ou courbe selon le tracé de la rue. (…) Les bandes

représentent une grande partie de la structure spatiale de base de nos villes et villages. »

(BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11) Les bandes sont de plusieurs types et diffèrent dans leurs

caractéristiques. Il y a des « bandes ouvertes ou des bandes fermées, des bandes simples ou des

bandes doubles. Dans le cas de bandes ouvertes, les maisons simples ou mitoyennes sont entourées

d’un espace libre. Tandis que les maisons simples sont isolées, les maisons doubles (ou mitoyennes)

ont une partie commune sur un de leurs côtés. Dans le cas de bandes fermées, aucun espace libre

ne subsiste. Les bâtiments forment alors une bordure continue ; on parle de tissu serré. Une bande

est simple lorsqu’un seul côté de la rue est bâti – en tissu serré ou en tissu lâche. Dans le cas d’une

bande double, les deux côtés sont bâtis. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11-12) Les bandes sont

en relation directe à la rue. Elles sont ainsi reliées à la ville et au tissu urbain.

34

Figure 5 : Représentation de bande simple, en haut la bande ouverte et en

bas la bande fermée, selon Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11)

Cartographie 8 : Structuration en bande simple fermée, et ouverte par endroits, de la Rue de Ciers aux Avenières Veyrins-

Thuellin (Géoportail, 2017)

35

Cartographie 9 : Structuration en bande fermée (simples et doubles) des Rues du Breuil et Louis Rippert de Mens

(Géoportail, 2017)

La structure et le bâti les plus anciens de certains des centres-bourgs étudiés datent de l’époque

médiévale. « Dans la ville historique dense, les maisons s’élevaient souvent directement au bord

de la rue pour économiser la surface au sol. La limite de la parcelle se confondait avec l’alignement

du bâtiment. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.14) Au niveau des fonctions, de l’orientation et de

la desserte, « grâce à sa liaison directe avec le réseau viaire, la bande peut en principe, en tant que

module de morphologie urbaine, assurer toutes les fonctions. De nos jours encore, les ruelles des

centres historiques et des bourgs présentent cette mixité des fonctions. Le rez-de-chaussée se prête

particulièrement bien aux activités liées à l’habitat – comme le commerce, la restauration ou

l’artisanat. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.15) Au Moyen Âge, les villes (et donc les centres-

bourgs également) s’organisaient en « bandes de parcelles et de bâtiments aux typologies

semblables, malgré certaines variations dans les détails. La maison regroupant l’artisan et le

marchand constituait alors l’unité de base de la ville. Elle s’ouvrait sur l’espace public (avec ses

ruelles, rues et places) par sa façade principale et se refermait sur la sphère privée, du côté

intérieur, caractérisée par des cours et jardins à peine visibles qui pouvaient même parfois être

complètement bâtis dans des villes très denses. » (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.17)

36

Puis, on change d’échelle en évoquant un autre aspect de la composition urbaine : « l’îlot (…) [qui]

est – avec la bande – un des plus anciens et importants modules de morphologie urbaine. (…) L’îlot

est constitué de plusieurs parcelles (une seule parfois) entourées de rues. » (BURKLIN,

PETEREK, 2008, p.21) L’îlot est pleinement intégré à l’espace urbain, et le structure.

Figure 6 : L'îlot selon Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.21)

Cartographie 10 : Structuration en îlots du centre historique de Beaurepaire (Géoportail, 2017)

37

c. Les centres fortifiés du Moyen Âge

c.1. Le tissu urbain ancien

Les centres-bourgs de Beaurepaire, Saint-Marcellin, Mens, et Roussillon, ont une origine

médiévale. Le Moyen Âge se divise en trois grandes périodes. Le Haut Moyen Âge, du VIème au

Xème siècle, puis le Moyen Âge Central du XIème au XIIIème siècle, et enfin le Moyen Âge Tardif du

XIVème siècle au XVème siècle.

La ville médiévale « n’est pas le produit d’un système urbanistique imposé par un pouvoir mais

d’un urbanisme de marchands et d’artisans citoyens, de multiples initiatives individuelles, de

techniques artisanales, d’un savoir-faire varié. C’est une construction parcellisée dont le micro-

parcellaire et l’irrégularité du tissu, l’adaptation au contexte, sont les corollaires. Homogène sans

être uniforme, elle est à l’image d’une structure sociale où l’organisation du travail (les métiers et

les corporations) joue un rôle essentiel en tant que demande et savoir-faire. Même si ces conditions

ont disparu depuis longtemps, la forme urbaine produite persiste et nous parle. » (ALLAIN, 2004,

p.40) A ce moment-là, les villes ont une population de marchands et d'artisans, ce sont les bourgeois.

A l'inverse de la culture antique, la particularité de la culture médiévale est qu'elle ne formalise pas

de modèle, ce qui rend difficile la caractérisation de manière générale des formes urbaines. De fait,

« les villes du Moyen Age ont toutes les formes possibles et s'adaptent librement à toutes les

circonstances historiques et géographiques. » (BENEVOLO, 2004, p.178) Cependant, quelques

caractéristiques émergent. Le réseau viaire est irrégulier mais forme un espace unitaire. Les rues

sont hiérarchisées entre des artères principales et des secondaires, dont les places sont comme des

prolongements. Les centres anciens de l’époque Médiévale ont un tissu urbain avec un bâti dense,

les rues sont étroites et sinueuses. Les bourgs se sont établis selon la topographie et les contraintes

du site (hydrographie, exposition au vent, au soleil), et se sont formés autour de l’activité agricole.

Les règles de composition du plan sont liées à la rareté des terres et à leur économie, ainsi qu’à la

concentration du bâti pour des raisons de sécurité liées au contexte de guerre et d’invasion. Les

espaces publics sont quasiment inexistants, hormis les rues étroites et sinueuses, et quelques places.

C’est l’échelle du piéton qui domine et qui régit l’organisation du bourg. Ces éléments sont

caractéristiques des centres-bourgs médiévaux étudiés. Ce tissu urbain ancien dense hérité de

l’époque médiévale, ou de quelques siècles plus tard pour Les Avenières Veyrins-Thuellin et Le

Bourg d’Oisans, est un des éléments explicatif de leur perte de vitalité. Certains bâtis sont dégradés,

vacants, et les centres-bourgs manquent d’espaces publics. Par contre, ce côté historique est aussi

une réelle plus-value pour revitaliser puisqu’il contribue à l’identité du centre-bourg, qui recèle de

nombreux éléments à mettre en valeur.

38

c.2. Les murailles et les faubourgs

Les nécessités de défense liées au contexte de guerres imposent une forme en anneau, qui devient

le modèle des villes médiévales. Le tissu urbain de ces cités est encerclé de fortifications afin de

protéger les habitants.

A la fin du Xème siècle, les villes européennes connaissent une renaissance économique,

accompagnée d’une augmentation de la population, et d’une croissance de l’agriculture, de

l’industrie et du commerce. (BENEVOLO, 2014, p.169) Cette période faste est due à la stabilisation

des peuples envahisseurs (Arabes, Vikings, Hongrois), ainsi qu’aux progrès techniques dans le

domaine agricole. Ces transformations induisent des changements dans le système de l’habitat en

ville et à la campagne. La population augmente, et une partie ne trouvant pas de travail dans la

campagne s'établit alors dans les villes, « ce qui entraîne l'accroissement de la masse des artisans

et des marchands, qui vivent aux marges de l'organisation féodale. La ville fortifiée du haut Moyen

Age – à laquelle on donne le nom romain de bourg – est trop petite pour les accueillir ; il se forme

alors aux portes de la ville d'autres établissements que l'on appelle faubourgs et qui deviennent

rapidement plus grands que le noyau originel. Il devient nécessaire de construire une nouvelle

enceinte qui englobe les faubourgs et les autres établissements (églises, abbayes, châteaux) qui se

trouvaient hors de la vieille enceinte. » (BENEVOLO, 2014, p.169) Ce développement est

spécifique à la ville, mais le même phénomène, de moindre intensité, s’est produit dans les plus

petits ensembles bâtis que sont les centres-bourgs. Les faubourgs sont des îlots hors des portes du

bourg, hors des murailles médiévales. Ils sont constitués de maisons à l’alignement de la rue, avec

à l’arrière des cours ou des jardins. Les parcelles sont en lanière, perpendiculaires à la voie. Il peut

y avoir par endroit des rez-de-chaussée commerciaux. « Jusqu’au milieu du XIXème siècle, les

extensions se sont effectuées à partir de ces centres sous forme de digitations denses mais étroites,

les faubourgs. » (ALLAIN, 2004, p.55) Ces propos s’illustrent avec la figure ci-dessous qui

présente le centre-bourg médiéval de Mens.

39

Cartographie 11 : Enceinte médiévale fortifiée et faubourgs de Mens (Léa Gouttenoire, août 2017, fond de carte Géoportail)

Conclusion de la partie I

Cette première partie a permis de définir ce qu’est un centre-bourg aujourd’hui en tant qu’entité et

en tant qu’objet, en se basant sur les centres-bourgs étudiés. La définition scientifique par critères

se complète aisément par les définitions des élus interrogés, qui apportent un côté sensible, et

l’analyse du terrain et du quotidien. Les centres-bourgs ne se sont pas établit par hasard, ils se sont

constitués pour des raisons spécifiques. La fonction d’échanges est celle qui prévaut, suivie, de

manière non hiérarchisée, par la fonction religieuse, administrative ou encore judiciaire. L’analyse

de leur morphologie urbaine permet de révéler leurs qualités, une bonne structuration, un héritage

historique, une identité, mais aussi les difficultés qu’elle pose actuellement par son ancienneté et

parfois son inadaptation aux besoins de la vie quotidienne et aux attentes des habitants. Il s’agit

notamment d’espaces publics réduits et d’un tissu bâti vieillissant. La délimitation du périmètre des

centres-bourgs amène ensuite à se questionner sur ce qui fait centre. Quelles sont les dynamiques

actuelles des centres-bourgs ? Qu’est-ce que la dévitalisation ? Quelle place dans le territoire et

quelle centralité pour ces espaces ?

40

II. Le centre-bourg dans son territoire : quelles sont les

dynamiques de dévitalisation ? Aujourd’hui dans le rural

et le périurbain, les centres-bourgs sont-ils des

centralités ?

1) Diagnostic des symptômes de la dévitalisation à l’échelle des

centres-bourgs, illustration avec les études de cas

a. Activités économiques, équipements et services publics

a.1. Le phénomène de la vacance commerciale

C’est la première marque forte de dévitalisation dans le territoire. Les vitrines abandonnées créent

des ruptures, et donnent une impression d'abandon et de paupérisation. La fermeture des commerces

touche de nombreux centres-bourgs, et est présente dans les six exemples étudiés.

« L’administration publique et les professionnels de l’immobilier appréhendent la vacance

commerciale en général comme une conséquence d’un désajustement temporaire entre l’offre et la

demande en locaux commerciaux. En France, par exemple, l’Insee et les services fiscaux définissent

la vacance comme l’état d’un bien immobilier inoccupé, disponible à la location. Pourtant, la

vacance peut aussi se rapporter à des locaux inoccupés en cours de bail. Surtout, la vacance est

ramenée, selon cette acception, à un accident de marché ; il s’agit d’un phénomène de nature

conjoncturelle et réversible. Or, elle peut se rapporter à des locaux inoccupés définitivement sortis

du marché et revêtir en conséquence un caractère durable voire irréversible. » (Rapport

revitalisation commerciale, p.114) La vacance commerciale est un indicateur de mesure de la

dévitalisation commerciale, mais les données n’ont pas été trouvées pour les centres-bourgs étudiés.

Ensuite, même si l’analyse du nombre d’établissements1 ne fait pas partie de la dévitalisation

commerciale, elle apporte des informations intéressantes pour les centres-bourgs du panel. Les

données sont mises en valeur dans le tableau ci-dessous. Il y a un lien entre la population et le

nombre d’établissements, car le classement par ordre décroissant de la démographie est le même

que celui pour les établissements.

1 Selon l’INSEE : « Un établissement produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie,

un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel

informatique... L'établissement, unité de production, constitue le niveau le mieux adapté à une approche

géographique de l'économie. »

41

Tableau 3 : Nombre d'établissements selon l'INSEE en 2015 et part de l'agriculture pour les six centres-bourgs étudiés,

classés selon l’ordre décroissant de population (Léa Gouttenoire, août 2017)

Saint-

Marcellin

Roussillon Les Avenières

Veyrins-

Thuellin

Beaure-

paire

Le Bourg

d’Oisans

Mens

Nombre

d’établissements

actifs au 31

décembre 2015

865 672 638 497 486 230

Part de

l’agriculture

(en %)

1.3 1.8 6.1 3.6 2.9 9.6

Ce qui émerge du tableau est la forte part d’agriculture pour Mens, bien que ce soit la commune qui

ait le plus faible nombre d’établissements. Les parts des autres domaines n’ont pas été relevés car

il n’y avait pas de chiffre éloquent ni intéressant pour la problématique étudiée.

42

Cartographie 12 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de

Beaurepaire le 2 mars 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Photographie 3 : Commerce de

bouche vacant depuis peu sur la

Place de la Paix à Beaurepaire

(Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2 mars 2017)

Photographie 4 : Rez-de-chaussée

commerciaux, Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2

mars 2017)

Cartographie 13 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans

le 10 mai 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Photographie 5 : Commerce

vacant Rue Général Bataille, Le

Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)

Photographie 6 : Commerces en

activité Rue de Viennois, Le Bourg

d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 10 mai 2017)

43

Cartographie 14: Commerces, équipements et services publics du centre-bourg des Avenières

Veyrins-Thuellin le 23 février 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Photographie 7 : Commerce de

bouche vacant, Les Avenières

Veyrins-Thuellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

23 février 2017)

Photographie 8 : Commerce de

bouche en activité, Les Avenières

Veyrins-Thuellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

23 février 2017)

Cartographie 15 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Mens le 4

avril 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Photographie 9 : Commerces Rue

du Breuil, Mens (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4

avril 2017)

Photographie 10 : Cave à vin

Place de la Halle, Mens (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

4 avril 2017)

44

Cartographie 16 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de

Roussillon le 22 mars 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Photographie 11 : Commerce

vacant Rue Grande, Roussillon

(Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 22 mars 2017)

Photographie 12 : Commerce en

activité Rue Grande, Roussillon

(Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 22 mars 2017)

Cartographie 17 : Commerces, services et équipements publics du centre-bourg de Saint-

Marcellin le 5 mai 2017 (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère)

Photographie 13 : Commerces

en activité, Grande Rue, Saint-

Marcellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)

Photographie 14 : Commerces

vacants, Rue Grande, Saint-

Marcellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)

45

Les locaux commerciaux se concentrent dans les centres historiques, en rez-de-chaussée des

bâtiments du tissu ancien, le long des rues et des axes de communication principaux. Du fait de la

dévitalisation commerciale, ils forment des linéaires commerciaux discontinus. La vacance du

commerce en rez-de-chaussée est souvent associée à la vacance du ou des logements situé(s) en

étage(s). La vacance commerciale est très importante à Saint-Marcellin, elle est moyennement

importante à Beaurepaire, Les Avenières Veyrins-Thuellin, et Roussillon. En revanche, elle est

plutôt faible au Bourg d’Oisans et à Mens. La vacance correspond à plusieurs temporalités. Quand

elle est installée depuis plusieurs années, les locaux, la vitrine et les façades sont souvent très

dégradés. Les locaux commerciaux récemment vacants ont un aspect moins détérioré et sont vides.

Les locaux commerciaux vides sont autant de possibilité d’une nouvelle affectation. Par le passé,

certains ont été transformés en habitation. Cela est visible car les rez-de-chaussée avec d’anciennes

vitrines ont été modifiés et sont maintenant habités. Malgré ce constat, le tissu commercial demeure

important et présente une activité certaine. La fonction commerciale est donc fortement présente

dans les centres-bourgs étudiés.

Il y a de nombreux liens entre la forme urbaine du centre-bourg et les dynamiques commerciales.

« La morphologie urbaine conditionne en partie la capacité de résistance commerciale du centre-

bourg. Les bourgs-centres peuvent être classés suivant trois morphologies. Le bourg longiligne,

organisé le long d'un axe de circulation, présente un étirement commercial très néfaste. (…) Ces

bourgs souffrent encore parfois d'une circulation automobile extrêmement dense et souvent

dangereuse. (…) Dans ce contexte, la concentration du commerce a du mal à s'organiser faute de

point de coagulation. » C’est le cas des Avenières Veyrins-Thuellin et de Roussillon. La

morphologie historique de ces « villages-rue », où l’artère commerçante n’est pas piétonnisée,

constitue plutôt un lieu de passage que de vie. Cela ne favorise pas la déambulation piétonne, et ne

participe pas à la vitalité commerciale. Ensuite, « la morphologie traditionnelle du bourg-centre

s'articule à partir d'une place, souvent bâtie autour de l'église, et de quatre rues rayonnantes. On

constate dans ce centre-bourg, un mouvement de concentration des commerces vers la place

centrale et l'apparition de vitrines abandonnées dans les rues rayonnantes, au-delà de deux cents

mètres à partir de la place. » Ce cas de figure se rapproche de Beaurepaire et de Saint-Marcellin,

où il y a une gradation de la vacance commerciale depuis une place. Enfin, « la place centrale

équipée d'un parc de stationnement est la morphologie bourgadine la plus favorable à la

concentration d'une activité marchande. » La Place d’Armes de Saint-Marcellin, où a lieu le marché

du vendredi matin, est un parfait exemple. En somme, « la multiplicité des places n'est pas

favorable. (…) L'éparpillement des commerces en ces trois lieux est néfaste. (…) Le bourg-centre

de faciès urbain, aux rues et aux places multiples, est également concerné par le recentrage

commercial. » (JOUSSEAUME, 1998, p.59)

46

a.2. La dégradation et la perte de dynamisme des commerces

Des locaux commerciaux en activité sont parfois vétustes et vieillissants, et présentent des vitrines

peu avenantes, ce qui réduit l’attractivité commerciale des rues et nuisent à l’image du centre-bourg,

peu à peu déserté par les habitants et les clients. Le coût des loyers est souvent surestimé. Il y a un

manque de diversité commerciale et de prestations de qualité. Les horaires d’ouverture ne sont pas

adaptés aux besoins de la population. Bien souvent, les commerces ne sont pas ouverts le matin

quand les actifs partent travailler, ni pendant la pause méridienne, ni le soir quand les actifs rentrent.

Internet, le drive, les supermarchés et les autres polarités commerciales en périphérie des centres-

bourgs concurrencent le commerce de proximité. De plus, il y a une absence de complémentarité

entre les commerces du centre et l’offre commerciale de périphérie. Les habitants ont pris de

nouvelles habitudes de consommation, liées aux nouveaux modes et rythmes de vie du fait de

l’éloignement du lieu de travail. Les actifs ont tendance à faire leurs courses au même endroit.

Certains centres-bourgs, comme Les Avenières Veyrins-Thuellin et Beaurepaire manquent de

dynamisme et d’animation commerciale. De plus, les équipes municipales rencontrent de grandes

difficultés de communication avec les commerçants. Ces derniers manquent d’intérêt et ne

s’investissent pas dans la démarche de revitalisation. Ce problème est renforcé par l’absence

d’interlocuteur fiable et durable dans le temps pour échanger et négocier avec les acteurs

économiques. L’association de commerçants est inexistante, ou n’a pas tenu dans le temps, du fait

de la prévalence de la mésentente des commerçants sur l’intérêt économique collectif.

Michel MAS, conseiller délégué à l’urbanisme à Roussillon

« Le centre-bourg se vide progressivement de ses commerces, et devient plus un lieu de passage

pour ses habitants qu’un lieu de vie. J’ai l’impression, c’est un ressenti personnel, que le commerce

traditionnel tel qu’il a existé avant sur la partie haute de Roussillon dans la Grande Rue c’est

terminé. Nous ne reviendrons pas en arrière sur des pratiques et des habitudes de consommateur,

dont on fait tous partie. Les zones commerciales, installées en périphérie, ont vidé petit à petit les

commerces de centre-bourg, et le phénomène internet a changé les comportements de la population.

Qu’est-ce que l’on met à la place de ces commerces qui ont disparu ? »

Maria FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin

« La problématique c’est les commerces vacants dans cette rue, et que les commerçants présents

ne s’entendent pas. Quand l’union commerciale et artisanale existait, même s’il y avait des conflits,

l’avantage c’était que le peu qu’il y avait c’était bien. Maintenant il n’y a plus rien, parce que ceux

qui mènent et s’investissent au bout d’un moment se fatiguent. Je pense que ça peut revenir avec

des nouveaux commerçants, c’était relancé comme ça à chaque fois. C’est des très anciennes

47

querelles, et personne ne veut prendre la responsabilité de porter une union commerciale.

Beaucoup ouvrent des commerces, mais ils veulent faire des horaires de bureau, alors que ce n’est

pas possible. Même nous sur la page Facebook on demande de faire passer des flyers mais on n’a

pas de retour, il n’y a pas de communication ni d’échanges. La plupart sont mécontents parce qu’il

n’y a pas de vie et je suis d’accord avec eux, mais si chacun reste derrière sa vitrine ça ne peut pas

marcher. Il manque beaucoup de solidarité. Ils n’ont pas encore compris que le client de l’un peut

être le client de l’autre, parce que quand on n’a pas ce que le client cherche, on l’envoie à l’autre

magasin au bout de la rue au lieu de l’envoyer à l’extérieur du centre. »

Chaque centre-bourg du panel possède au moins un marché hebdomadaire alimentaire. Parfois, il y

en a plusieurs au même endroit ou sur une autre place du centre. Il y a également des marchés

d’autre nature, comme l’habillement ou l’artisanat (à Mens par exemple).

a.3. Les équipements et les services publics, un maintien fragile

Ils sont répartis de manière homogène, et couvrent des fonctions variées, allant du scolaire, au loisir,

à l’administratif, à la culture, etc. Ils sont généralement situés en périphérie proche du centre

historique, pour des raisons de place. Certains sont vétustes de par leur ancienneté, comme par

exemple une école du Bourg d’Oisans qui fait l’objet de projets de travaux. La dévitalisation est

également marquée par l’appauvrissement des services publics. « La dévitalisation des villes est

liée également à la diminution des équipements comme ceux des services de soins, de l’éducation,

des loisirs ou de la culture. » (Rapport revitalisation commerciale, p.23) Même si ce rapport s’est

intéressé aux villes de 10 000 à 100 000 habitants, ce qui n’est pas l’ordre de grandeur des centres-

bourgs étudiés, les informations livrées ont été observées dans l’échantillonnage et sont tout à fait

pertinentes. Il y a une carence en équipements et services liés à la santé, à laquelle les collectivités

territoriales tentent de répondre. Par exemple, aux Avenières Veyrins-Thuellin, il y a le projet de

construction d’une maison de santé, financée par l’intercommunalité. Enfin, l’ancien découpage

administratif a eu des effets positifs. Saint-Marcellin a hérité d’une situation où la commune était

une ancienne sous-préfecture de l’Isère, ce qui a eu un effet protecteur pour les équipements et

les services publics. A l’inverse, parfois les services publics sont en difficulté, comme c’est le

cas à Mens.

Bernard COQUET, maire de Mens

« Nous connaissons une perte de vitalité démographique doublée d’un vieillissement. Nous avons

fermé une classe cette année, le collège, malgré tous les efforts, remplit difficilement ses classes, et

la brigade de gendarmerie dans le cadre de leur réorganisation est moins présente qu’avant. La

perception connaît également une situation critique par rapport à des effectifs qui auraient dû être

48

renouvelés. C’est le seul centre des finances publiques du Trièves ; celui de Monestier de Clermont

a été supprimé. »

Les commerces et les équipements sont vecteurs d’usages de l’espace, en termes de cheminements

et d’accès aux locaux, qui ne sont pas toujours sécurisés ni confortables.

b. L’habitat

b.1. Analyses cartographiques et photographiques

Quand on observe un peu plus attentivement, ce sont les logements vacants qui attirent l'attention,

ainsi que leur état de dégradation.

49

Cartographie 18 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Cartographie 19: Typologie de l'habitat du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 16 : Habitat ancien dense

Avenue de la République, Le Bourg d'Oisans

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai

2017)

Photographie 15 : Habitat ancien

continu le long de l'Avenue Victor

Hugo, Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2

mars 2017)

50

Cartographie 20: Typologie de l'habitat du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 17 : Habitat ancien

dense, Rue de Ciers, Les Avenières

Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 23 février 2017)

Photographie 18 : Habitat ancien,

Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 4 avril 2017)

Cartographie 21 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 2017)

51

Cartographie 22 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 2017)

Photographie 19 : Habitat ancien

de la Rue Grande, Roussillon

(CAUE de l’Isère,5 octobre 2016)

Cartographie 23 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 20 : Habitat de

faubourg vacant et dégradé,

Saint-Marcellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5

mai 2017)

52

La typologie de l’habitat met en valeur des îlots homogènes d’habitat ancien, compacts et denses.

Pour Beaurepaire, Mens, Roussillon et Saint-Marcellin, ils correspondent au cœur médiéval,

anciennement encerclé de murailles, avec un développement de faubourgs de parts et d’autres. Ces

îlots sont reliés par des rues étroites. Le bâti est continu le long de la voie, créant des bandes simples

ou doubles, ouvertes ou fermées, constituant un front bâti de chaque côté des rues. Les parcelles

sont étroites et en longueur perpendiculairement à la voirie, révélant une division foncière ancienne.

Cette morphologie urbaine donne une identité au centre par sa structuration et son caractère

historique. L’habitat collectif et l’habitat pavillonnaire se sont développés plus récemment, venant

compléter les ensembles bâtis existants. Le centre historique est ainsi bordé d’une mixité d’habitat,

qui comprend également des maisons bourgeoises, et de l’individuel groupé. Les formes urbaines

créées dessinent en creux les espaces publics et les rues.

b.2. Le parc de logements des centres-bourgs se dégrade

De fait, l’habitat occupe une grande part du tissu urbain des centres-bourgs. Cependant, nombre de

logements occupés sont vétustes. Ils ne répondent pas aux normes d’accessibilité (bien que la

règlementation n’oblige pas la mise aux normes des logements privés), ni au confort et aux besoins

de la population. Il y a également des problèmes liés à l’isolation thermique. Du fait de l’origine

historique du bâti et de l’ancienneté du découpage parcellaire, la structure foncière et immobilière

des centres-bourgs est complexe. Cela rend l’identification des propriétaires et la rénovation des

logements difficiles. Une part importante des propriétaires n’investit pas dans l’entretien et la

valorisation de leur logement, provoquant une forte dégradation et une paupérisation des biens

immobiliers. En outre, « les vieux centres, souvent issus des reconstructions post-révolutionnaires,

possèdent des logements difficilement adaptables aux normes du confort moderne. Les transactions

nécessaires entre divers propriétaires, les travaux, les difficultés d'accès, découragent les candidats

à l'achat, comme les municipalités. » (JOUSSEAUME, 1998, p.52)

Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire

« La difficulté que nous avons c’est la rénovation de l’habitat dans le centre-bourg. D’une part,

parce que le découpage des tènements fonciers est très ancien, la première charte de la ville date

de 1309. C’est enchevêtré et compliqué, et il y a des successions vacantes. De ce problème naissent

d’autres problèmes, c’est que les difficultés de logement en centre-bourg et leur mauvaise qualité

induisent des habitants à pouvoir d’achat réduit et du commerce de proximité en souffrance. »

L’offre immobilière est peu diversifiée, ce qui se traduit par une carence de certains types de loge-

ment, comme des petits appartements en locatif et des logements sociaux. Il y a une forte demande

53

pour les personnes âgées, les jeunes actifs, et les personnes vivant seules. Les centres-bourgs ont

actuellement des difficultés à répondre aux besoins du parcours résidentiel de l’ensemble de la

population.

Frédéric CARAZ, du maire de Beaurepaire

« Il y a un vrai problème d’accession à la propriété en centre-ville. Pour un couple qui veut

s’installer et acheter un appartement pour ne pas avoir à s’occuper des extérieurs, à Beaurepaire

l’offre est inexistante. »

Ces constats induisent une faible attractivité pour le parc de logements anciens.

b.3. Les logements vides, une caractéristique forte de la dévitalisation

La vacance est plus ou moins importante mais toujours visible dans les centres-bourgs. Elle

concerne souvent un bâtiment dans son intégralité, et est donc associée à la vacance du commerce

qui est en rez-de-chaussée, avec une entrée unique. Le propriétaire est souvent l’ancien

commerçant, qui exerçait son activité au rez-de-chaussée et qui avait son habitation en étage. Le

fait que le bâtiment appartienne à un seul et même propriétaire, qui souvent n’investit plus dans son

bien, est un facteur bloquant. Ces constats ont été observés dans tous les centres-bourgs de

l’échantillonnage. Les biens vacants peuvent être en vente ou en location, mais à des prix souvent

surestimés pour les prestations offertes, ce qui bloque la transaction. Ce sont parfois aussi des

« biens sans maître », où le propriétaire est inconnu, disparu, décédé, ce qui rend très difficile leur

rénovation et leur mise sur le marché immobilier.

Tableau 4 : Evolution de la part des logements vacants (en %) entre 2009 et 2014 selon l'INSEE pour les centres-bourgs

étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017)

Beaurepaire Le Bourg

d’Oisans

Les Avenières

Veyrins-

Thuellin

Mens Roussillon Saint-Marcellin

2009 9.7 9.9 7.5 8.8 7.6 9.4

2014 13.6 13.3 8.7 10.3 9.8 12.5

Pour tous les centres-bourgs de l’échantillonnage, la part de logements vacants a augmenté de

plusieurs points entre 2009 et 2014. Même si les données s’appliquent à l’échelle de la commune

et non pas du centre-bourg, ce constat est significatif de la dévitalisation.

De plus, certains centres-bourgs ont une part importante de résidences secondaires ou

d’hébergements touristiques, comme à Mens et au Bourg d’Oisans.

54

Tableau 5 : Part des résidences secondaires (y compris les logements occasionnels) en 2014 (en %) selon l'INSEE pour les

centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017)

Beaurepaire Le Bourg

d’Oisans

Les Avenières

Veyrins-Thuellin

Mens Roussillon Saint-

Marcellin

1.6 23.4 6.3 25 1.4 1.6

Du fait de la saison hivernale (stations de ski à proximité), le Bourg d’Oisans connaît le phénomène

des “lits chauds” et des “lits froids” avec le logement des saisonniers. Ces constats liés à la

saisonnalité créent des centres “en sommeil” et nuit à leur dynamisme. En revanche, pour l’accueil

des touristes, les centres-bourgs étudiés manquent d’hébergements de passage.

La dévitalisation est aussi marquée par un vieillissement de la population, parfois par une baisse ou

tout du moins une faible augmentation, comme présenté dans le tableau ci-dessous.

Tableau 6 : Variation de la population – taux annuel moyen entre 2009 et 2014 (en %) (dont variation due au solde naturel

et des entrées et sorties) selon l'INSEE pour les centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017)

Beaurepaire Le Bourg

d’Oisans

Les Avenières

Veyrins-Thuellin

Mens Roussillon Saint-

Marcellin

1.1 -0.9 1.1 -0.6 0.6 0.1

Deux centres-bourgs étudiés, Le Bourg d’Oisans et Mens, présentent une légère baisse de la

population entre 2009 et 2014. Roussillon et Saint-Marcellin ont une très légère augmentation.

Seules les populations de Beaurepaire et des Avenières Veyrins-Thuellin ont un petit peu augmenté.

55

c. Espaces public, stationnement, déplacements

Cartographie 24 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 21 : Places de

stationnement en zone bleue,

Rue de la République,

Beaurepaire (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)

Photographie 22 : Parking au

nord du centre-bourg avec une

percée paysagère sur le

patrimoine bâti, Beaurepaire

(Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 5 mai 2017)

Cartographie 25 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 23 : Traversée

piétonne, "beal", Le Bourg

d'Oisans (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 10 mai

2017)

Photographie 24 : Espace public et

stationnement, Le Bourg d'Oisans

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

10 mai 2017)

56

Photographie 25 : Espace

public, Les Avenières Veyrins-

Thuellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 23 février

2017)

Cartographie 26 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg des Avenières Veyrins-

Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Cartographie 27 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Mens (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 26 : Stationnement

Place Richard Béranger, Mens

(Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 4 avril 2017)

57

Cartographie 28 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Roussillon

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 27 :

Stationnement et espace public,

Place du Château, Roussillon

(CAUE de l’Isère, 5 octobre

2016)

Cartographie 29 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Saint-Marcellin

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Photographie 28 :

Stationnement avec une percée

visuelle sur le patrimoine bâti

du centre-bourg, Saint-

Marcellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)

58

Les routes principales jouent un rôle structurant et desservent les îlots du centre historique.

Certaines voies secondaires sont étroites, ce qui réduit les vitesses de circulation et donne une place

certaine au piéton, même si cela pose parfois des questions de sécurité et de confort puisqu’il n’y a

pas toujours de trottoir. Des problèmes de continuité piétonne et d’accessibilité (pente, marche) se

posent également. Des venelles piétonnes, souvent un héritage historique comme les beals2 au

Bourg d’Oisans, créent un maillage secondaire interne, et permettent des porosités intéressantes.

Maria FAVIER, adjointe au développement durable et à la citoyenneté aux Avenières

Veyrins-Thuellin

« Il faut que les habitants puissent se promener, avec des trottoirs. La circulation doit être plus

apaisée, donc il faut ralentir les vitesses car je pense que c’est un gros problème. »

Les centres-bourgs bénéficient d’une offre de stationnement très importante, et répartit de manière

homogène, permettant une bonne desserte des îlots bâtis. Les potentialités de stationnement sont

donc nombreuses, et sont situées à quelques centaines de mètres des commerces et des équipements.

Ces constats sont de véritables forces, même si par conséquent des espaces centraux et de qualité

sont dédiés à l’automobile, alors qu’il y en a peu pour le piéton et à fonction récréative. Malgré leur

quantité, les places de stationnement ne suffisent pas au dynamisme commercial. Parfois, les

parkings sont utilisés selon certaines temporalités et usages en espaces publics, pour des marchés

ou des manifestations par exemple. Dans ce cas, le stationnement est déporté, ce qui montre que le

report du stationnement fonctionne occasionnellement : ce déplacement du stationnement ne peut-

il pas être envisagé de façon plus systématique ? Enfin, la zone bleue, pas toujours cartographiée

ci-dessus, est utilisée dans quelques centres-bourgs, mais les élus rencontrent des difficultés dans

sa gestion au quotidien puisque la rotation des véhicules n’est pas toujours effective et la

verbalisation est un sujet sensible. Néanmoins, elle fonctionne parfois par endroit, ce qui a eu pour

effet positif de supprimer les dysfonctionnements sur les espaces de livraison (comme à Beaurepaire

par exemple).

Daniel MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin

« Effectivement, nous oublions que les parkings sont un atout aux Avenières. Il y a 600 places de

stationnement dans le centre, et malgré tout les commerces ferment. La conséquence de tous ces

parkings c’est aussi que par le passé on a dû se dire “de toute façon nous avons suffisamment de

verdure, il y en a de partout, la commune est grande”. Sauf que là où habite la population, et là où

elle va se concentrer demain, il n’y en a pas ou tout du moins ce ne sont pas des grands espaces.

Nous allons faire plusieurs petits espaces. Il va bien falloir effectivement connecter tout ça. »

2 Passages étroits qui permettent de relier les rues et de desservir les cœurs d’îlot.

59

La morphologie ancienne a contraint le développement des espaces publics. Les îlots sont compacts

et denses, desservis par des ruelles étroites, créant une configuration particulière de l’espace public.

Les grandes places et squares se trouvent souvent en périphérie immédiate du centre historique. Les

entrées de ville sont essentiellement routières et peu qualifiées. Les espaces publics sont souvent

minéraux et faiblement aménagés, avec peu de mobilier urbain et une végétalisation réduite.

Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire

« Il faut que l’on continue à aménager les abords de la place centrale pour qu’elle soit un peu plus

libérée du véhicule et que les commerces de proximité retrouvent une autre ambiance que du

stationnement. »

d. Les patrimoines et le projet de revitalisation

Du fait de leur développement historique, les centres-bourgs concentrent notamment du patrimoine

bâti. Reconnu et préservé, il est parfois classé aux Monuments Historiques, comme à Roussillon et

à Saint-Marcellin, ou valorisé par une AVAP (Aire de Valorisation de l’Architecture et du

Patrimoine) comme à Mens. Il y a également du petit patrimoine vernaculaire (fontaines, statues,

pressoirs, etc.), qui n’est pas forcément valorisé. L’architecture et les matériaux locaux de construc-

tion donnent une identité et des caractéristiques propres à chaque centre-bourg.

Photographie 29 : Eglise

de Mens (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 4 avril

2017)

Photographie 30 : Château de Roussillon, classé aux Monuments Historiques

(CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)

60

Les centres-bourgs abritent également du patrimoine naturel. Ils évoluent dans des cadres remar-

quables, donnant ainsi une place certaine au grand paysage. En prenant un peu de hauteur, avec

même une très légère topographie, les centres-bourgs offrent également des vues sur le bourg,

composé de bâtiments historiques et de monuments (église, château, etc.). Enfin, Beaurepaire,

Saint- Marcellin et Le Bourg d’Oisans, possèdent un cours d’eau découvert, qui pourrait être encore

plus mis en valeur.

Enfin, les élus ont fait part de l’instabilité des politiques d’aides à la revitalisation et de la complexité

des politiques de contractualisation. Ces difficultés s’accompagnent d’un manque d’ingénierie, de

moyens techniques, humains et financiers, alors même que les communes expriment de forts

besoins d’accompagnement.

La revitalisation des centres-bourgs est complexe par son caractère transversal et multi-scalaire. Les

problématiques de dévitalisation des centres-bourgs doivent être replacées dans leur contexte

territorial et leurs dynamiques. Quels sont les liens avec les autres systèmes territoriaux ?

Photographie 32 : Vue sur le centre-bourg du Bourg d'Oisans et sur le

grand paysage (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) Photographie 31 : L'Oron : cours d'eau non

aménagé à Beaurepaire (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 2 mars 2017)

61

2) Situation géographique des centres-bourgs

a. Le rural

« La France est une très vieille nation paysanne » (HUSSON, 2008, p.45) Jean-Pierre HUSSON

estime que les espaces ruraux sont restés en marge et en déclin pendant un siècle jusqu'en 1975,

date qui marque le début d'un renouveau. Suite aux révolutions agricoles, la seconde guerre

mondiale et ensuite la fin des Trentes Glorieuses, les campagnes sortent de leur isolement. Il décrit

les nombreux changements qu'ont connus ces espaces ruraux depuis les trois dernières décennies

(on pourrait même dire des quatre dernières décennies par rapport à la date de publication de son

écrit) face à la stabilité des paysages, qui semble être un atout. Pour lui, initialement les territoires

ruraux sont les campagnes où l'agriculture prédomine.

Considérés comme antagonistes de par leurs caractéristiques, on a longtemps opposé le rural et

l'urbain, la ville et la campagne. L'adjectif « rural » tient son origine du bas latin ruralis, et du latin

classique rus, ruris, signifiant « campagne ». Son sens premier est « qui concerne la vie dans les

campagnes, qui concerne les paysans. » (Dictionnaire Le Robert, 2002, p. 2 336).

Selon l'INSEE (2016) « l'espace à dominante rurale, ou espace rural, regroupe l'ensemble des

petites unités urbaines et communes rurales n'appartenant pas à l'espace à dominante urbaine

(pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multi-polarisées). Cet espace est très vaste, il

représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine. »

Le rural est tout ce qui n'est pas un espace urbain conséquent en taille, car l'INSEE hiérarchise les

espaces selon le découpage établit. Selon la même source, une « commune rurale » n'appartient

« pas à une unité urbaine. Les autres communes sont dites urbaines. »

En s'affranchissant de ces concepts techniques de travail, on peut compléter cette caractérisation du

rural avec la définition d' « espace rural » selon la géographie rurale (Robert CHAPUIS, Hypergéo,

encyclopédie électronique consacrée à l’épistémologie de la géographie). D'emblée, l'utilisation de

la même expression que l'INSEE laisse à penser des convergences de théorie. On relève, « la notion

est floue : « la campagne s’oppose à la ville » nous dit le Dictionnaire de la géographie de P.

George. Soit, mais comme on définit toujours d’abord la ville, la campagne se définit par défaut :

c’est ce qui reste quand on en a soustrait l’espace urbain. (…) En France par exemple,

appartiennent à la campagne les communes de moins de 2 000 habitants agglomérés, sauf si elles

sont rattachées à une unité urbaine. » Cet extrait pointe la difficulté de la définition du rural

notamment par le fait qu'il passe au second plan par rapport à l'espace urbain. Comme on s'intéresse

toujours d'abord à la ville et que l'on se donne les moyens de la définir facilement, le rural est donc

automatiquement ce qui reste, ce qui n'est pas la ville. Le seuil des 2 000 habitants a été établi par

62

l'INSEE, mais pour autant des communes ayant une population supérieure peuvent être considérées

comme rurales, de par leur situation géographique ou encore leurs caractéristiques. Le critère de la

population n'est pas suffisant pour définir une commune comme étant rurale. Cependant, une

nuance, et pas des moindres, est apportée, c'est le phénomène de « l’homogénéisation des

territoires qui tend à faire disparaître l’opposition classique ville/campagne. » (Ibid.) Cette remise

en question de l'opposition classique urbain/rural serait la conséquence de « nouveaux » espaces et

phénomènes apparus qui ne sont autres que la périurbanisation et l'étalement urbain. Ces derniers

augmentent le gommage des limites entre le rural et l'urbain. Et pour cause, « l’extension des

espaces périurbains, à la fois urbains par leur fonctionnement (les emplois se situent dans les

agglomérations) et ruraux par leur « paysage » (maison individuelle, paysages encore

majoritairement végétaux) est la face la plus spectaculaire de cette homogénéisation. Mais, même

hors des campagnes périurbaines, les ruraux tendent à occuper peu à peu les mêmes types

d’emplois, à s’insérer dans les mêmes catégories professionnelles et à adopter les mêmes styles de

comportements, de références et de représentations que les citadins. » Mais ce constat n'est pas

récent, puisque « dès 1959 Mendras affirme : « pas de solution de continuité entre la métropole, la

grande ville, la petite ville, le bourg et le village », donc pas d’espace spécifiquement rural. » (Ibid.)

HUSSON a une vision positive et la complémentarité des espaces ruraux et urbains est un point clef

de sa réflexion : « derrière l'apparent statisme des campagnes qui ne sont plus à définir par

opposition à la ville mais en complémentarités indispensables avec des zones urbanisées lâches

ponctuées d'espaces interstitiels de nature, existent désormais des territoires qui retrouvent ou

affermissent à nouveau leur cohérence autour de projets. » (HUSSON, 2008, p.8-9).

De fait, définir le rural fait-il encore sens ? Robert Chapuis répond « Oui, à condition d’en donner

une définition soit qualitative, soit quantitative mais relative. » (Robert CHAPUIS, Hypergéo) C'est

à ce moment-là que la question des critères se pose. Selon lui, trois sont à l’œuvre : la densité, le

paysage et la place des activités agricoles. Pour le premier, c'est une « faible densité relative non

seulement d’habitants, mais également de constructions, d’emplois, d’équipements, de commerces,

de services, de voies de communications et, plus généralement d’interconnections. » Ensuite pour

le deuxième, « est rural un espace qui se caractérise par la prédominance de formations végétales

dites « naturelles » (en réalité souvent fortement transformées par les sociétés humaines) : forêts,

prairies, pacages, cultures, friches, steppe, désert, etc. » Pour le dernier critère, « est rural un

espace où les activités agricoles tiennent une place relativement importante, sinon en terme

d’emploi, du moins par les surfaces qu’elles occupent. » Le côté numérique sera la quantification

et la pondération de ces critères comme la « densité de population et de services, le poids des

agriculteurs, le pourcentage de couverture végétale ». Ces espaces ruraux ont subi une perte

d'intérêt, mais ils sont en train de retrouver leur place par la montée des préoccupations écologiques

63

et le fait qu'ils offrent de véritables patrimoines. Mais ces espaces sont en proie à l'étalement urbain

qui les fragilisent, et entraîne la « dilution de la population, des équipements et des activités. »

b. Le périurbain

Ce terme se décompose en « péri » et « urbain ». A première vue, il s'agit d'un espace périphérique

à la ville. FLEURY et BERROIR livrent des précisions dans Hypergéo. Selon eux, le périurbain se

caractérise par « une bonne accessibilité » et par « des densités intermédiaires tant du point de vue

de la population que des activités et de l'emploi, une imbrication des espaces bâtis et non bâtis

incluant de nombreux espaces « naturels » et agricoles, une surreprésentation de l'habitat

individuel, que ce soit sous la forme d'une urbanisation diffuse ou d'ensembles pavillonnaires, et

des pratiques spatiales dominées par des déplacements motorisés, combinant des pratiques

régulières à la fois de la ville et des espaces « naturels » ».

La périurbanisation a débuté lors de la seconde moitié du XXème siècle, période de forte croissance

démographique. Ce desserrement de la population et des activités des villes vers des espaces ruraux

a été fortement facilité par la démocratisation de l'automobile. Ces espaces ne sont ni la ville ni la

campagne, mais le prolongement de la ville dans la campagne. Au départ, le périurbain était

majoritairement peuplé de classes moyennes et l'habitat était essentiellement pavillonnaire et en

lotissement. De fait, depuis une quinzaine d'années, une diversification sociale s'est opérée ainsi

qu'une diversification des formes d'habitat avec la croissance du collectif. Les espaces périurbains

ne dépendent plus exclusivement de la ville principale mais entretiennent des relations avec

plusieurs pôles en ce qui concerne le travail, le commerce, les loisirs, etc. « Il s’agit globalement

d’un recentrage des pratiques spatiales sur la proximité. » (FLEURY, BERROIR, Hypergéo).

Le périurbain se catégorise aussi statistiquement. L'INSEE propose en 1996 une nomenclature, avec

le « pôle urbain » et les « couronnes périurbaines » qui forment les « aires urbaines ». Les

couronnes périurbaines dépendent du pôle urbain, se mesurant avec la forte proportion de

déplacements pendulaires.

« Le « périurbain » n’est pas une création ex-nihilo, mais s’appuie sur des paysages, des ressources

naturelles et agricoles, des bourgs et une histoire, du patrimoine, des « récits » urbains, etc. »

(BONNET, 2016, p.56) Récemment, Jacques BONNET a livré un rapport Aménager les territoires

ruraux et périurbains (2016) dressant un portrait général de ces territoires. Il confirme que la

séparation du territoire en plusieurs catégories est toujours d'actualité : « malgré une évolution

manifeste des modes de vie qui ne séparent plus comme ils purent l'être, les territoires peu denses

de la république des aires urbaines et métropolitaines, il existe bien de fortes nuances entre les

territoires, des écarts qui justifient que l'on distingue, dans le fait urbain, des caractéristiques et

64

des dynamiques bien différentes. Certains analystes soulignent qu'un peu plus de la moitié des

français habitent « en situation rurale », et que 97,5% des communes françaises ont moins de 10

000 habitants. » (BONNET, 2016, p.7) Malgré ces différences, il a été considéré que ces territoires

ruraux et périurbains ont « des réalités qui se recoupent en partie, et ont en commun les

caractéristiques suivantes :

une densité moyenne faible à très faible

une part prépondérante de territoire non-bâti, occupé soit par des cultures, soit par la forêt,

ou des aires naturelles significatives (haute montagne, marais, etc.)

une mobilité quotidienne principalement fondée sur l'automobile individuelle

une part importante du tissu urbain constitué de maisons (regroupées en bourgs, diffuses

ou regroupées en lotissement)

un polycentrisme plus ou moins développé, avec des aires d'influence

une gouvernance territoriale fragmentée et encore peu constituée à l'échelle des bassins de

vie (à l'exception de quelques cas)

un déficit d'ingénierie : une maîtrise d'ouvrage publique plutôt faiblement constituée en

terme d'aménagement, voire inexistante ; une ingénierie publique plus faible que dans les

métropoles, et une maîtrise d’œuvre/ingénierie privée moins disponible à proximité

immédiate du territoire ou au sein de ceux-ci.

Toutefois, l'écart entre les deux termes pourrait se mesurer par les caractéristiques suivantes :

la dynamique économique et/ou la démographie, l'évolution de la composition socio-

professionnelle et générationnelle des habitants

la pression foncière et le coût du foncier et de l'immobilier (entre des zones extrêmement

détendues et d'autres dont les dynamiques sont au contraire très proches de celles des

métropoles)

le rôle du paysage (naturel et urbain) dans la constitution des identités territoriales et dans

la qualité de sa perception

l'âge du bâti « majoritaire » et des infrastructures, donnée qui a un impact très fort en terme

de paysage, d'identité et de perception globale des territoires : les territoires « ruraux »

sont majoritairement constitués de bâtis anciens ; les territoires dits « périurbains » sont

majoritairement constitués d'infrastructures et de lotissements récents (quatre décennies

environ)

la part de l'agriculture et/ou de la forêt et des espaces naturels, très largement majoritaire

dans les espaces ruraux, interstitiels ou moins dominants dans les espaces périurbains

l'accès à des services (santé, éducation, loisirs, culture, etc.) parfois très distants

la diversité, la répartition et l'accessibilité des emplois

65

le degré d'interdépendance avec les espaces métropolitains proches. » (BONNET, 2016,

p.8-9)

c. Nouvelles catégorisations pour ces espaces ? De « campagnes urbaines » à « périrural »

L'expression « campagnes urbaines » a vu le jour en 1998 dans le titre d'un livre de Pierre

Donadieu : « il ne s’agit pas simplement de flâner aux limites des villes et du monde rural, mais de

reconsidérer les relations entre la ville et la campagne, entre la culture urbaine et le monde

agricole. » (DONADIEU, 1998, p.9)

Plus récemment, « le rapport de septembre 2015 élaboré par le Conseil Général à l'Environnement

et du Développement Durable propose d'utiliser « campagnes urbaines » plutôt que « périurbain »,

suivant en cela les recommandations de beaucoup d'experts (…). Cette évolution nous semble

juste. » (BONNET, 2016, p.17)

« Le périurbain est mort, vive les campagnes urbaines ! » titre l’Institut d’Aménagement et

d’Urbanisme d’Île de France en juin 2017, dans sa chronique en ligne du périurbain francilien n°6.

Le propos est que les pouvoirs publics s’intéressent aux territoires ruraux, dans lesquels sont

intégrés les espaces périurbains. L’expression « campagne urbaine » englobe alors tous ces espaces,

puisque sa « force est de suggérer que rural et urbain forment un même écosystème. » (Ibid.) Le

périurbain souffre d’un manque de définition claire et d’un manque d’appropriation par les

habitants. « Il n'y a jamais eu d’identité périurbaine parce que son vocable fait référence à ce qu’il

n’est pas, au débordement de la ville, à une forme transitoire d’urbain, d’intermédiarité. » (Ibid.)

Enfin, « notons par ailleurs que Rémi et Pierre JANIN, membres du groupe de travail pour

l'élaboration du présent rapport, proposent d'utiliser « périrural » pour désigner la croissance

autour des villages ruraux. » (BONNET, 2016, p.17)

d. Les centres-bourgs étudiés sont-ils ruraux ? Périurbains ? Des campagnes urbaines ?

La conjonction de plusieurs critères et analyses a été nécessaire afin de donner une indication sur

les types d’espaces dans lesquels se situent les centres-bourgs de l’étude. Deux groupes ont été

réalisés, un premier de quatre communes avec Beaurepaire, Les Avenières Veyrins-Thuellin,

Roussillon et Saint-Marcellin. Elles comptent le plus de population. Un deuxième groupe est

constitué du Bourg d’Oisans et de Mens.

66

Tableau 7 : Population et densité des communes de l'échantillonnage considérées comme non rurales (source données : page

1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août 2017)

Beaurepaire Les Avenières

Veyrins-

Thuellin

Roussillon Saint-Marcellin

Population 4 869 habitants 7 729 habitants 8 187 habitants 8 070 habitants

Densité 264 hab./km² 186 hab./km² 704 hab./km² 1 033 hab./km²

L’analyse de ces données donne un ordre de grandeur pour caractériser ces communes. Elles sont

de petites villes, encore que l’appellation « gros » village pourrait convenir, surtout pour

Beaurepaire.

Pour apporter plus de précisions, une recherche de mots clefs a été effectuée pour chaque document

regroupant les extraits d’entretiens des élus. Les termes d’investigation, en lien avec les propos

développés ci-dessous sur la situation géographique, étaient : rural, urbain, centre-ville, ville,

centre-bourg, campagne, périurbain.

M. MIGNOT, maire de Beaurepaire

« La première charte de la ville date de 1309. »

« Il n'y a pas de marchand de chaussures au centre-ville ni de poissonnerie. »

« Nous essayons de passer un contrat de ruralité. »

Mme FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin

« C'est un projet essentiel pour une petite ville comme la nôtre. »

M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin

« Je pense qu'on a besoin aussi qu'il y ait des lieux de rencontre, de convivialité, et de verdure,

parce que nous sommes à la campagne, mais quand on est en centre-ville on a très peu de

verdure. »

M. MAS, conseiller délégué à l’urbanisme de Roussillon

« Nous avons un centre-bourg qui progressivement se vide de ses commerces. »

M. ANGELIER, Directeur Général des Services de Saint-Marcellin

« On dit qu'il manque de stationnement, mais quand on regarde la quantité de places sur le Champ

de Mars et autour du centre-ville ce n'est pas vrai. »

« C'est aussi du fait qu'à la campagne, on marche beaucoup moins qu'en ville. »

67

M. REVOL, maire de Saint-Marcellin

« La vacance du logement dans le centre-ville et la nécessité de réhabiliter du bâti ancien sont des

faiblesses. »

« Pour moi le centre-bourg c'est pratiquement toute la ville. »

« Les atouts sont que nous sommes une petite ville à la campagne. »

Au regard de ces exemples, une confusion émerge pour les élus dans la caractérisation des espaces,

où la ville et la campagne sont mélangés. Les choses ne sont pas clairement dissociées, ce qui

renforce les difficultés de définition et de catégorisation évoquées. C’est une question qui n’a pas

été posée, donc les extraits sont des réponses à d’autres questions ne traitant pas de la thématique.

Pour autant, ils sont très intéressants car ils ne remettent pas en cause ce que pensent les élus du

sujet, et sont très utiles pour aider à déterminer les espaces dans lesquels évoluent les centres-

bourgs. Ce qui ressort est que ces communes sont des villes, mais situées à la campagne. De plus,

le diagnostic réalisé permet d’énoncer qu’elles ont toutes une petite part d’agriculture, et des

paysages de campagne avec une forte présence de la nature. Ce ne sont pas des communes rurales,

mais des communes urbaines situées dans le rural. De ce fait, l’expression « campagne urbaine »

est ici totalement vérifiée.

Une sous-catégorie peut être réalisée, il s’agit du caractère périurbain de certaines de ces communes

de campagne urbaine. C’est le cas de Roussillon, par la continuité du tissu urbain du centre avec

d’autres communes dans la vallée du Rhône (Salaise-sur-Sanne 4 498 habitants, Le Péage-de-

Roussillon 6 676 habitants), et la polarisation de ville comme Vienne à 20 km et Annonay à 23 km.

Saint-Marcellin pourrait également appartenir à cette catégorie, même si c’est moins affirmé. Son

tissu urbain est continu avec d’autres communes (Chatte 2 476 habitants, Saint-Sauveur 2 079

habitants), elle bénéficie d’une gare TER, et est polarisée par la ville de Romans-sur-Isère à 31 km.

Ensuite, Mens et le Bourg d’Oisans peuvent être considérés comme ruraux.

Tableau 8 : Population et densité du Bourg d'Oisans et de Mens dans leur caractérisation de commune rurale (source

données : page 1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août 2017)

Le Bourg d’Oisans Mens

Population 3 225 habitants 1 361 habitants

Densité 90 hab./km² 48 hab./km²

Ce sont les centres-bourgs de l’échantillonnage qui ont les plus faibles valeurs pour ces deux

critères. De plus, comme évoqué, Mens est la commune de la sélection qui a la plus grande part

68

d’activité agricole, critère phare de la définition d’un espace rural. Cette caractérisation se confirme

avec l’analyse des extraits d’entretien par mots clefs, où seuls ces deux exemples ont été trouvés.

Aucune caractéristique urbaine ne ressort.

M. SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans

« Pour que le centre-bourg vive, il faut que les commerces soient ouverts toute l'année. »

M. COQUET, maire de Mens

« Pour ces aménagements, on bénéficie du FSIL dans le cadre des contrats de ruralité. »

Ensuite, les centres-bourgs sont-ils des centralités dans le rural, le périurbain, les campagnes

urbaines ?

3) La centralité, affaiblie ou comme un atout de revitalisation

a. Première approche de la centralité par sa définition

Etudier la centralité présuppose que les centres existent et qu’ils ont une légitimité, comme cela a

été démontré jusqu’alors, malgré des signes de dévitalisation. En outre, lors des entretiens, des élus

ont évoqué le centre-bourg comme centralité, sans que cette thématique ne figure dans une question.

M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin

« Il n'y a plus de constructions dans tous les autres hameaux. Donc forcément, la centralité [dans

le centre-bourg] se fait. »

M. MIGNOT, maire de Beaurepaire, en définissant le centre-bourg

« C'est véritablement un lieu de centralité. »

Qu’est-ce que la centralité ? Quels sont les facteurs de centralité ? « La centralité est une

combinaison, à un moment donné, d'activités économiques, de fonctions politiques et

administratives, de pratiques sociales et de représentations collectives. » (LAVADINHO,

LENSEL, 2010, extrait de BELLEIL, 2013, p.7). Comme évoqué dans leur définition en I. 1) et

dans le diagnostic en II. 1), les centres-bourgs concentrent l’habitat, les commerces, les équipements

et les services publics, les espaces publics, etc. et sont donc dans ce sens-là des centralités.

Ces éléments de définition se complètent par le premier sens de la centralité urbaine selon W.

Christaller, proposé en 1933 dans sa théorie des lieux centraux qui apporte une autre dimension,

puisque la centralité est « la propriété, conférée à une ville, d’offrir des biens et des services à une

population extérieure, résidant dans la région complémentaire de la ville. » (PUMAIN, Hypergéo)

69

Bien que confiée à la ville ici, cette caractéristique est applicable aux centres-bourgs, car ce sont

des ensembles bâtis, urbanisés, et habités, au même titre que les villes. D’emblée la centralité est

abordée avec la question sous-jacente de l’échelle. Le centre-bourg est alors un point qui attire des

éléments de l’extérieur, d’une échelle supérieure à lui, et qui exerce en même temps une influence

sur les autres espaces. Selon cette signification, les centres-bourgs étudiés sont des centralités

puisqu’ils attirent une population externe à la commune, avec les marchés, les services, les

commerces, les équipements intercommunaux, etc. Par exemple, la médiathèque intercommunale

de Mens attire des habitants des communes voisines et de l’intercommunalité.

Le deuxième sens de la définition de Christaller est également intéressant, puisque la centralité est

« la position plus ou moins accessible d’un nœud dans un réseau. » (PUMAIN, Hypergéo) Le nœud

est associé au centre-bourg, et le réseau est le maillage du territoire avec les voies de communication

et les autres centres-bourgs. Un centre ne peut pas posséder un caractère de centralité s’il n’est pas

accessible, et donc desservi par des voies de communication physiques ou virtuelles, avec internet

et le développement croissant de la fibre optique. La caractérisation de centre est donnée selon la

« connexion à d'autres centralités. » (Foncier de Bretagne, 2013, p.13)

L'attractivité est aussi une propriété de la centralité. Une étude sociologique réalisée en Bretagne

apporte ce parti pris : « la centralité ne se définit pas par sa densité, son périmètre ou sa forme

urbaine mais par son attractivité. De ce point de vue, certains centres-bourgs ne sont plus des

centralités. A quelles conditions peuvent-ils demeurer des centralités ou le redevenir ? Y a-t-il

différentes manières de faire centre ? » (Foncier de Bretagne, 2013, p.6) Ce constat est lié à la

question de l’image et donc des représentations. Cette étude pointe également que les monuments

emblématiques propres à chaque centre comme l’église, la mairie, l’école, sont des symboles de la

centralité, qui sont aussi des fonctions. Quand on dit que chaque commune a son clocher, c’est

surtout chaque centre-bourg qui a son clocher, sa mairie, et son centre historique. Mais

l’Etablissement Public Foncier de Bretagne (EPFB) remet en cause cette dimension symbolique,

car « « La fin des terroirs » décrite par E. Weber se traduit par l’épuisement des signes de la

centralité rurale. Le clocher de l’église qui suffisait à faire centre ne fait plus sens. Les cloches qui

diffusaient un message et dessinaient un espace sonore structurant des identités locales se sont

tues. » (Ibid.) Ce point de vue n’est pas partagé, car « le centre-ville ancien conserve ses « fonctions

exclusives à signification symbolique prédominante » comme les monuments, musées, bureaux,

servies publics et administratifs. (TORTEL, 2003) » (BELLEIL, 2013, p.19) Il est évident que ces

monuments emblématiques et symboliques ne suffisent pas à faire centre et à donner le caractère

de centralité, mais ces fonctions font partie de l’identité du centre-bourg, sont quand même des

symboles, et peuvent être des supports de revitalisation.

70

b. Typologie des centralités par leurs fonctions, liées aux échelles

b.1. La centralité commerciale

Selon l’importance de la vacance commerciale des centres-bourgs de l’échantillonnage, la centralité

commerciale est affaiblie, ou est une force. Même s’il y a dévitalisation commerciale, la centralité

s’effectue par les commerces présents qui drainent quand même des habitants. Aussi, les centres-

bourgs étudiés ont au minimum un marché alimentaire par semaine. « Le marché apparaît

également être un moyen de réagir contre la délitescence commerciale du centre-bourg, en

favorisant une concentration temporaire de l'offre. Lieu de rencontre, lieu de distraction, malgré

ses faiblesses économiques, le marché offre une opportunité de résistance commerciale

suffisamment forte pour que les municipalités s'y intéressent. » (JOUSSEAUME, 1998, p.59) De

plus, « le marché est aussi un lieu de sociabilité (…) et semble [être] un indicateur de l'organisation

spatiale ancienne. » (JOUSSEAUME, 1998, p.40) Actuellement, les marchés en journée en

semaine des centres-bourgs étudiés sont en déprise et ont perdu en qualité, ce qui est un aspect de

la dévitalisation. Ce constat est dû au fait qu’ils attirent des populations qui ne travaillent pas ou

peu, ou qui sont à la retraite. Elles ont donc des moyens limités. Les causes de l’essoufflement de

ces marchés résident dans l'évolution des modes de vie, l'éloignement du lieu de travail, et au fait

que souvent les deux membres d’un ménage sont actifs. En revanche, les marchés du soir ou du

week-end connaissent un fort succès, et de nouveaux marchés de ce type sont créés. C’est le cas du

marché de producteurs le mercredi en fin de journée sur la place devant l’église aux Avenières

Veyrins-Thuellin qui fonctionne très bien. Cette citation illustre pleinement l’exemple : « ces

marchés de fin de semaine, adaptés à la vie des actifs, sont nés de la volonté des élus ou des

commerçants sédentaires de la commune. La dynamique escomptée est celle de l'effet de taille

éphémère qui permet à des petits pôles de devenir, l'espace d'une matinée, un centre d'attraction. »

(JOUSSEAUME, 1998, p.59) En plus du facteur temporel, il y a celui de la qualité. Sur un ensemble

de cinq communes voisines, si l’une de celles-ci offre un marché de produits biologiques et locaux,

il aura la capacité à attirer la population des quatre autres. A l'inverse, un marché classique avec des

produits de faible qualité peut avoir son rayonnement seul sur la commune où il est établi. La

centralité commerciale peut également être liée au marché, couplé à une situation territoriale

particulière, comme en témoigne cet extrait d’entretien.

M. SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans

« Le Bourg-d'Oisans a une vocation de centre-bourg c'est à dire de centre de l'Oisans. Le marché

du samedi fonctionne d'ailleurs dans ce sens-là, car toutes les personnes des communes alentours

viennent à “leur bourg”. C'est le “bourg” d'Oisans. »

71

En somme, beaucoup de facteurs sont en jeu dans l'établissement et le fonctionnement des zones de

chalandise. La centralité commerciale s’effectue donc à plusieurs échelles, communale et extra-

communale. Lorsque la centralité commerciale est affaiblit, marquée par la vacance commerciale,

c’est aussi le signe d’une perte d’attractivité.

b.2. La centralité administrative, politique et institutionnelle

L’intercommunalité est un « élément structurant du paysage institutionnel français » (étude des

communautés de France, 2013, p.5), et les centres-bourgs étudiés sont concernés par ce découpage

politique et administratif car ils sont tous rattachés à une intercommunalité. Certains sont même le

siège, la « ville centre ». C’est le cas de Beaurepaire, Le Bourg d’Oisans, Mens, et Saint-Marcellin.

De plus, à l’heure des regroupements et des fusions d’intercommunalités, cette centralité est

renforcée par l’augmentation du nombre de communes. Par exemple, Saint-Marcellin appartenait à

la communauté de communes du Pays de Saint-Marcellin, qui comptait 16 communes et 22 300

habitants. La fusion au 1er janvier 2017 de cette intercommunalité, de la Bourne à l’Isère et de

Chambaran Vinay Vercors, a entrainé la création de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté,

qui compte 47 communes et 48 853 habitants. Malgré ces changements, Saint-Marcellin est restée

le siège. Les centres-bourgs connaissant cette situation ont donc des rôles de centralité à jouer.

Il y a aussi le cas inverse, quand des regroupements de communes à l’intérieur des

intercommunalités s’effectuent, parallèlement à des fusions d’intercommunalités, et que ladite

commune nouvellement créée gagne en habitants.

M. MICHOUD, maire des Avenières Veyrins-Thuellin

« Aujourd’hui du fait de la commune nouvelle, nous sommes la commune la plus importante de la

nouvelle intercommunalité. C'est une force politique, il ne faut pas la négliger. »

Ensuite, les centres-bourgs constituent une centralité administrative et de services publics par la

localisation et la concentration d’équipements dans le centre, comme évoqué dans le diagnostic en

II) 1). « Au niveau administratif, le bourg-centre demeure un relais privilégié entre le pouvoir de

l’État et l'espace rural. » (JOUSSEAUME, 1998, p.50) Les centres-bourgs de Mens, Saint-

Marcellin, Beaurepaire, et Le Bourg d’Oisans abritent et sont le centre des finances publiques.

Cependant, cette centralité est parfois atteinte, comme en témoigne cet extrait d’entretien qui illustre

le risque de fuite de services vers une commune plus grande.

72

M. COQUET, maire de Mens

« La Mûre, avec environ 4 200 habitants, augmente son attractivité, et on se demande aujourd'hui

si des services ne vont pas aller dans cette commune. »

Aussi, le service de trésorerie des Avenières Veyrins-Thuellin est fermé depuis janvier 2015, il faut

désormais s’adresser à Morestel.

Ainsi, cette centralité s’effectue à l’échelle communale du fait que les habitants bénéficient de

services localisés dans le centre-bourg ce qui fait qu’ils s’y rendent, mais également à l’échelle

intercommunale via le périmètre de l’intercommunalité et les communes qui en dépendent dont les

habitants se rendent dans le centre-bourg de la ville centre. Il attire les personnes pour des raisons

multiples, comme pour emmener les enfants à l’école, pour aller faire une course, pour régler un

problème administratif, pour profiter d’un espace public, etc.

b.3. La centralité rurale, associée à une centralité touristique pour les centres-bourgs étudiés

De par leurs caractéristiques évoquées jusqu’alors, les centres-bourgs et les communes de Mens et

du Bourg d’Oisans sont ruraux, et présentent la particularité d’être touristiques. Ils bénéficient d’une

attractivité liée à l’environnement naturel et aux aménités du centre-bourg comme le patrimoine

bâti. Ces atouts créent une centralité touristique pour les communes voisines, mais aussi à une

échelle bien plus large qui est départementale, régionale, nationale, et internationale. Le Bourg

d’Oisans a plusieurs campings, et accueille des courses cyclistes (assez régulièrement le Tour de

France). De plus, quand on découvre une commune, systématiquement on se dit « on va aller dans

le centre », « on cherche le centre historique ».

Ce sont également des centralités rurales, car leur éloignement d’autres grandes communes leur

confère le caractère de centralité et un pouvoir d’attractivité.

b.4. La centralité d’usages

Cette typologie de centralité, un peu originale, doit être analysée car c’est peut-être celle qui est la

plus vivante, la plus dynamique, et qui comporte une dimension fortement humaine et sociale. Elle

se définit comme un lieu qui concentre la population à un moment donné pour un usage précis. Il

s’agit par exemple dans les centres-bourgs des pôles d’équipements scolaires. C’est en effet un

espace de la commune qui accueille en journée et en semaine un certain nombre d’habitants, et qui

concentre d’ailleurs peut-être le plus grand nombre de personnes. Une centralité d’usages s’exerce

73

également par le commerce qui draine un flux de chalands pendant les heures d’ouverture. Tous ces

éléments définissent la centralité de la proximité.

En somme, il y a une multiplicité de ce qui fait centralité aujourd’hui, et un centre peut être

plurifonctionnel. L’affaiblissement de certaines centralités fait partie des constats de dévitalisation

des centres-bourgs. Au contraire, des centralités sont renforcées, pouvant être des supports de

revitalisation.

c. Vers un polycentrisme

Face aux évolutions des espaces urbains contemporains, aux dynamiques des espaces périurbains

et ruraux, et face aux constats donnés jusqu’à présent, la quête d’un centre unique semble vaine.

C’est pourquoi, le polycentrisme est une réponse à cette problématique, et constituerait une nouvelle

représentation de la centralité. C’est le fait qu’il y ait plusieurs centres, et qui présuppose, c’est le

cas suite aux analyses ci-dessus, que le centre et la centralité existent. De fait, « dans les campagnes

urbaines, la poly-centralité est de mise : il y a des bourgs, mais aussi des espaces moins

traditionnels qui sont des lieux de référence de la vie collective. Que l'on regrette ou non leur mise

en place progressive, ces espaces « autres » du commerce périurbain, souvent monofonctionnels,

peu amènes et conçus uniquement pour la voiture, pourraient faire l'objet du même soin que les

espaces publics principaux : ce sont les lieux de vie principaux. » (BONNET, 2016, p.68) Cette

citation rejoint la centralité des usages évoquée. Ces « espaces autres du commerce périurbain »

sont les zones d’activités, les zones commerciales, les centres commerciaux, en périphérie des

centres-bourgs. « En termes commerciaux, l'espace rural, loin d'être polarisé uniquement par les

bourgs-centres, est animé de mouvements multidirectionnels. La mobilité des populations rurales

tend à multiplier les flux et à les éclater en de multiples directions. (…) Il y a là un polycentrisme

commercial. Ce constat est une donnée fondamentale de l'analyse actuelle de l'espace rural. »

(JOUSSEAUME, 1998, p.36).

Des cas particuliers peuvent être observés, où « le centre topologique coïncide généralement avec

le centre primitif. Il correspond au site originel qui a été choisi en fonction de préoccupations d'une

autre époque : défense, marché, administration. Il conserve certains bâtiments et un emplacement

utiles à la vocation première. » (CHOAY, MERLIN, 2005, p.159) Une nuance très intéressante est

apportée : « mais il peut être aujourd'hui largement en dehors du centre actif de la ville moderne

lorsqu'il a été dépossédé de son rôle par la nécessité d'une meilleure accessibilité ou par un

changement technique important. » (Ibid.). La commune de Roussillon illustre ce fait dans le sens

74

où les élus parlent de « Roussillon le haut » et de « Roussillon le bas », comme évoqué en cf. en I.

2) c. avec le périmètre du centre-bourg de Roussillon et la citation de Monsieur Mas. Cette

distinction est due à la topographie et à l'établissement du centre historique « en haut » pour des

raisons de défense et de visibilité sur un territoire. Ce centre ancien abrite le patrimoine (Château,

Couvent des Minimes), en partie classé, les fonctions administratives et institutionnelles avec la

mairie et des équipements. Pour des raisons de desserte par les voies de communication, de place

en termes de foncier et de praticité, d'importantes industries se sont implantées dans la partie dite

« basse » de la commune. De fait, le cœur historique a été délaissé, et présente aujourd'hui des

signes de dévitalisation. C’est un polycentrisme à l’intérieur même de la commune.

Pour illustrer toutes ces caractéristiques sur la centralité énoncées jusqu’alors, ci-jointe une

compilation de cartographies réalisées dans les fiches d’identité des centres-bourgs étudiés.

Cartographie 30 : Polarités au de-là du centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

75

Cartographie 31 : Polarités au de-là du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2017)

Cartographie 32 : Polarités au de-là du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

2017)

76

Cartographie 33 : Polarités au de-là du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Cartographie 34 : Polarités au de-là du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

77

Cartographie 35 : Polarités au de-là du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Ces cartographies présentent l’analyse des constats liés à la revitalisation au-delà du périmètre du

centre-bourg, ainsi que les différentes polarités et centralités comme elles ont été définies dans cette

partie. De manière générale, il y a une complémentarité forte entre les différents pôles du territoire

du centre-bourg, et entre le centre-bourg et sa périphérie plus ou moins proche. Ils se trouvent à

l’échelle communale, des communes voisines, intercommunales, et en fait du bassin de vie voir

même au-delà pour les problématiques touristiques. Le centre-bourg exerce donc des influences

hors de ses limites. Les cas d’étude ont des potentiels et des aménités liées au tourisme, et du

patrimoine naturel varié. En termes d’activités économiques et de zone de chalandise, il ne faut pas

négliger les supermarchés, les zones d’activité, les activités agricoles, etc. D’autres équipements

78

sont également souvent situés en périphérie immédiate des centres-bourgs. Toutes ces polarités ne

sont pas toujours lisibles ni connectées au centre-bourg. Enfin, ces cartographies présentent

l’insertion des centres-bourgs dans le réseau des grandes voies de communication (route, autoroute,

chemin de fer, etc.).

Cependant, ces centres peuvent-ils maintenir leur puissance face à la croissance des grands espaces

urbains ? « On peut se poser la question de ce que deviendra la notion de centralité devant la

poussée fiévreuse des grandes agglomérations, (...) et la conception de centres commerciaux

intégrés ou de zones d'activités regroupées, situés généralement le long de grands axes de

communication, en dehors ou même à la périphérie du tissu urbain dense et coupés d'une manière

rigide de l'expansion diffuse qui caractérisait jusqu'ici les activités urbaines. » (CHOAY,

MERLIN, 2005, p.160). Cet extrait dépeint bon nombre de problématiques inhérentes à ces centres,

qui sont aujourd'hui dans des espaces plus ou moins densément urbanisés et complexes avec leurs

logiques particulières. Le polycentrisme revient finalement à prendre en compte les échelles

supérieures, et les centres qui les polarisent. En somme, pour toutes les raisons évoquées, la

revitalisation des centres-bourgs doit être envisagée en dépassant leur seul périmètre et selon une

vision polycentrique.

Conclusion de la partie II

Cette deuxième partie a permis de dresser le portrait des dynamiques des centres-bourgs, à travers

le diagnostic de l’échantillonnage. Ils sont caractérisés par une dévitalisation, au niveau des activités

économiques, des services publics, de l’habitat, des espaces publics, et de l’attractivité. Les analyses

n’ont pas révélé que des difficultés, car ils recèlent de nombreuses qualités, quelques peu

dissimulées, comme les patrimoines bâtis et naturels. Au cœur des territoires ruraux et périurbains,

la caractérisation de la situation géographique des centres-bourgs est difficile du fait de la

complexité de ce sujet. Au final, Mens et le Bourg d’Oisans sont des centralités rurales et

touristiques, tandis que Les Avenières, Beaurepaire, Saint-Marcellin et Roussillon sont des petites

villes à la campagne, même si ces deux dernières communes ont aussi un caractère périurbain. La

question des centralités fait pleinement partie de l’analyse de la dévitalisation, car il s’agit d’étudier

les dynamiques et le positionnement de ces centres dans le territoire. Face aux évolutions et aux

constats réalisés, l’organisation de ces espaces et du territoire est résolument polycentrique, ce qui

revient aussi à prendre en compte toutes les échelles. Comment revitaliser les centralités affaiblies ?

Comment attirer à nouveau de la population dans ces centres-bourgs ?

79

III. Le centre-bourg au XXIème siècle : comment revitaliser les

centres-bourgs ? Quel projet urbain pour ces territoires ?

Comment renforcer ou redonner une centralité ?

1) Synthèse des enjeux pour la revitalisation des centres-bourgs étudiés

Cartographie 36 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2017)

Cartographie 13 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg du Bourg d'OisansCartographie 14 : Constats

et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Beaurepaire

Cartographie 37 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 2017)

80

Cartographie 38 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg des Avenières (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

2017)

Cartographie 39 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017)

Cartographie 40 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

2017)

81

Les cartographies ont été réalisées pour chaque centre-bourg de manière transversale. Il était donc

impossible de les intégrer dans la suite du propos organisé par thème. Néanmoins, ces analyses

cartographiques présentent une synthèse des constats et des enjeux d’aménagement pour les centres-

bourgs de l’échantillonnage, explicité comme suit :

COMMERCES, EQUIPEMENTS ET SERVICES PUBLICS : l’enjeu est de rétablir la continuité

du linéaire commercial en résolvant la vacance, de stopper le changement de destination des rez-

de-chaussée en logement ou garage, de conforter et de mettre en valeur les commerces actifs, de

redynamiser le commerce existant, de changer leur image et de les rendre plus attractifs, de produire

une offre commerciale nouvelle pour compléter celle actuelle, de sensibiliser les commerçants sur

la nécessité de se regrouper et de mener des actions communes, de pérenniser et de valoriser les

activités liées à l’art et aux productions maraîchères, de conforter l’intégration des équipements au

centre-bourg, de rénover les bâtiments publics dégradés.

LOGEMENT : l’enjeu est de stopper la vacance et la dégradation des logements, de remettre sur le

marché immobilier les biens vacants, de produire une offre de logement qualitative et diversifiée,

d’attirer une nouvelle population et de renforcer la fonction d’habitat dans les centres, de trouver

des solutions pour le phénomène de la saisonnalité et des résidences secondaires de certains centres-

bourgs, de produire des typologies variées pour répondre aux besoins en petits logements, locatifs

et locatifs sociaux, de concentrer la population dans le centre, de dissocier dans le même bâtiment

logement/commerce en rez-de-chaussée, de mettre en valeur l’architecture locale, de sensibiliser

Cartographie 41: Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2017)

82

les propriétaires sur l’importance de la bonne gestion de leur bien, d’inciter à la rénovation

thermique de logement.

STATIONNEMENT, DEPLACEMENTS, ESPACES PUBLICS : l’enjeu est d’informer et de

signaler le stationnement pour une meilleure desserte et rotation, d’inciter au stationnement en

périphérie, de mutualiser les stationnements, de réorganiser et de diversifier les fonctions sur ces

espaces centraux. Enjeu de sécuriser et de renforcer les cheminements piétons, d’apaiser la

circulation routière, de rendre les trottoirs accessibles, d’assurer la continuité de la déambulation

piétonne. Enjeu de redonner de la place au piéton, de libérer certains espaces symboliques de

l’automobile (ex. places publiques), de traiter qualitativement les espaces publics existants pour

renforcer leur fonction d’espace public, d’améliorer le cadre de vie, de donner une plus grande place

à la flânerie.

PATRIMOINES, TOURISME : l’enjeu est de préserver, de valoriser et de mettre en scène les

patrimoines (bâtis, paysagers, naturels) afin de conforter l’identité des centres-bourgs, de prendre

en compte ces patrimoines dans le développement du tissu urbain, de tirer parti de l’environnement

exceptionnel offert par les centres-bourgs afin d’ouvrir la commune sur l’extérieur et de développer

l’accueil des touristes.

2) Pistes d’action par grandes thématiques : comment revitaliser les centres-

bourgs ?

a. Commerces, équipements et services publics

a.1. Résoudre la vacance commerciale

La commune peut acquérir des locaux commerciaux vacants ou en activité en cas de cession de bail.

Ce type d’action permet de maîtriser le prix du loyer, ainsi que la nature de la surface commerciale.

Remettre les locaux vacants sur le marché immobilier est un premier pas pour assurer à nouveau la

continuité du linéaire commercial. Citons pour exemple la commune de Mordelles en Ille-et-

Vilaine, 7 247 habitants : « Sans utiliser le droit de préemption commercial, la commune s’est en

parallèle portée acquéreur de maisons de bourgs anciennes en R+1 de la rue principale, qu’elle a

revendues sous condition de bail commercial afin de préserver et d’améliorer la continuité

commerciale. » (EPFB, page 5-6) La collectivité peut également porter des biens immobiliers en

partenariat avec des experts afin de revitaliser du commerce et du logement, associés ou non dans

83

le même bâtiment. C’est par exemple le dispositif SEMCODA (Société d’Économie Mixte de

Construction du Département de l’Ain), mis en place aux Avenières Veyrins-Thuellin :

1) La commune achète les locaux commerciaux et/ou le(s) logement(s) d’un bâtiment

2) Un bail emphytéotique est passé entre la SEMCODA et la commune (sur 50 ans)

3) La SEMCODA réhabilite le(s) commerce(s) et le(s) logement(s), qu’elle loue à la commune

4) La commune loue ces mêmes biens à un commerçant/locataire : elle a le choix de la nature du

commerce et son prix, pour s’adapter aux besoins et au marché immobilier du secteur

5) Si au bout d’un certain temps le bien n’est pas loué, la SEMCODA est libre de choisir la

destination commerciale

Au final, c’est une opération blanche, financièrement, pour la commune, qui réalise une avance de

trésorerie à l’achat, puis la SEMCODA paye un loyer mensuel d’avance.

M. Michoud, maire des Avenières Veyrins-Thuellin

« Point positif, je vois se dessiner ce que l'on va pouvoir faire demain. C'est-à-dire que l'on a trouvé

le dispositif (SEMCODA) qui va nous permettre de redynamiser les commerces. Ce sont les

éléments qui vont nous permettre de donner concrètement vie au centre. Il faut que l’on ouvre à

nouveau ces magasins, sinon nous avons un linéaire où, dès qu'il y a vacance, ça ne ressemble plus

à rien. Tout n'est pas réglé, mais les pièces du puzzle s'assemblent. Il reste donc à travailler

maintenant avec le bureau d'étude sur la partie commerciale, pour commencer à réfléchir à quel

type de commerce favoriser, et si on fait des appels à projets. »

La vacance peut également être traitée par des initiatives individuelles locales. Les habitants

peuvent être force de proposition, comme cela a été le cas à Arzano, petite commune du Finistère

qui compte 1 404 habitants. Une épicerie associative a été créée afin de redynamiser le centre-bourg

et de préserver le lien social. Cette démarche collective, soutenue et accompagnée par la collectivité,

s’est organisée en plusieurs étapes. Il s’agit d’une enquête sur les attentes et les habitudes de

consommation des habitants, la recherche de retours d’expérience par des visites d’opération afin

de recenser les différentes formes juridiques de montage de projet, des rencontres avec tous les

acteurs, et le montage de dossiers administratifs et financiers. Pour encadrer ce projet original et

innovant, la municipalité a passé une convention d’objectifs avec l’association afin de définir les

actions respectives. « La municipalité a mis à disposition de l’association le local communal et le

matériel. Cette dernière a ainsi pu procéder à des travaux d’aménagement (façade, rayonnage,...).

Afin de permettre le lancement de l’épicerie, l’association procède (sur internet) notamment à un

appel à apport de fonds pour le financement du matériel et du fonds de départ (15 000 €). Le «

Régal d’Épissure » ouvre ses portes le 6 mai 2015 et vit les premiers mois un succès important :

d’un salarié, au départ, on atteint 1,5 emplois quelques mois plus tard. Le gérant de l’épicerie est

84

recruté par l’association pour permettre le fonctionnement du commerce en plus de l’implication

d’une quarantaine de bénévoles. On note toutefois la difficulté d’un fonctionnement associatif et

bénévole : le manque de savoir-faire en matière de commerce, la baisse ponctuelle de motivation

ou de disponibilité rendent la chose parfois compliquée. » (EPFB, pages 11-12) Ces difficultés

peuvent être atténuées par l’intégration de partenaires spécialisés comme la Chambre de Commerce

et d’Industrie, qui peut dispenser des formations et réaliser des actions de sensibilisation sur ces

questions techniques. En outre, l’appropriation par les usagers est une condition essentielle pour la

durabilité de ce type projet.

Des actions de planification urbaine peuvent être réalisées via le PLU et le droit de préemption

commercial, comme la commune de Mordelles en Ille-et-Vilaine l’a mis en œuvre : « L’affirmation

du cœur de bourg dans la politique urbaine communale s’est traduite par l’instauration d’un

périmètre de centralité (zone UA, zone centrale de centre-ville ou centre-bourg, intégrant des pôles

commerces-services) reporté au règlement graphique et assorti dans le règlement littéral de

dispositions particulières. Ainsi, l’article 1 de la zone centrale, précisant les occupations et

utilisations du sol interdites, proscrit dans les pôles commerces-services, en rez-de-chaussée et sur

une profondeur de 8 m à compter de la façade sur voie, les constructions à destination d’habitat et

les changements de destinations à des fins d’habitat. En complément, la municipalité de Mordelles

a institué par délibération du conseil municipal en 2007 un droit de préemption sur les fonds arti-

sanaux, de commerce et les baux commerciaux. À travers ce dispositif, dans le périmètre du droit

de préemption reporté au règlement graphique du PLU, toute cession de fonds ou de bail doit être

préalablement déclarée à la mairie qui dispose d’un délai de deux mois pour s’en porter

éventuellement acquéreur avant de le rétrocéder, dans un délai d’un an à compter de la préemption,

à un nouvel artisan ou commerçant. Ce dispositif, dont les effets sont principalement dissuasifs,

présente un double intérêt. Il permet à la collectivité de connaître les dynamiques du commerce en

centre-bourg en étant informée des mutations mais il permet également comme le souligne la

collectivité « d’anticiper les changements d’enseignes et de discuter avec les commerçants ».

(EPFB, page 5-6)

Garante de la bonne évolution du territoire, la collectivité doit s’impliquer fortement dans

l’élaboration des outils règlementaires. Un PLU ancien ne prenant pas en compte les nouvelles lois

et dispositions applicables peut être un frein à la revitalisation d’un centre-bourg. Par exemple, la

commune des Avenières Veyrins-Thuellin a mis en pause le début d’une étude de programmation

réalisée par un bureau d’étude car le PLU était désuet et ne pouvait pas répondre aux enjeux et aux

objectifs des projets à venir. La commune a ainsi effectué la révision de son PLU pour le modifier

et l’adapter aux besoins.

85

Pour réduire la vacance et renforcer la centralité des centres-bourgs, les PLU peuvent également

prohiber l’installation d’activités hors du centre-bourg.

Ensuite, une Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP) donne des orientations, des

indications, et des prescriptions règlementaires dans le zonage. Une OAP n’a pas de contenu

spécifique. Toute proposition est envisageable. Elle peut par exemple s’attacher à préserver la

mixité fonctionnelle, à favoriser les cheminements piétons via des servitudes d’emplacements

réservés. Elle peut contenir des prescriptions d’insertion architecturale, de besoins de

stationnement, de qualité environnementale, etc. Les dernières évolutions législatives, appliquées

depuis le 1er janvier 2016, ont quelque peu modifié les OAP. A présent, pour tout nouveau document

d’urbanisme, il y en a de trois types. L’OAP sectorielle est obligatoire pour ouvrir des zones à

l’urbanisation. L’OAP de secteurs d’aménagement (dite OAP non règlementaire) est nouvelle. Elle

définit des principes, dans un rapport de comptabilité et non de conformité, mais doit néanmoins

respecter le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD). Résumés dans un

schéma d’aménagement, six thèmes doivent être déclinés. Il s’agit :

- de la qualité de l’insertion architecturale, urbaine et paysagère

- de la mixité sociale et fonctionnelle

- de la qualité environnementale et de la prévention des risques

- des besoins en stationnement

- de la desserte par les transports en commun

- de la voirie et des réseaux.

Enfin, l’OAP patrimoniale, remplace celle dite « thématique », qui permet de protéger le patrimoine

au sens large du terme. En somme, les OAP sont des outils complètement adaptés à la revitalisation

des centres-bourgs par leurs objectifs et leurs thématiques d’action.

Pour continuer sur les pistes d’action pour résoudre la vacance commerciale, le nombre de

commerçants propriétaires de leurs murs n’a cessé de baisser ces dernières années, passant en dix

ans de « 70 % à 30-40 %, générant un poids croissant des loyers dans les comptes de résultat des

commerçants. » (EPFB, page 7) Face à cela, l’effet de la bulle immobilière se porte aussi sur les

loyers commerciaux qui augmentent alors que leur rentabilité chute. L’enjeu est de mener des

actions de sensibilisation sur ce phénomène auprès des commerçants et des propriétaires afin de

prévenir d’éventuelles difficultés conduisant à la vacance commerciale. L’adaptation des loyers aux

conditions de rentabilité des entreprises est primordiale. La mairie de Quintin dans les Côtes-

d’Armor, 2 826 habitants, est concernée par ces problèmes et s’est lancée dans une démarche de

concertation. L’équipe municipale « a procédé à l’invitation des propriétaires de murs

commerciaux ainsi que des représentants de l’association des commerçants. » (EPFB, p. 7) Les

86

élus ont présenté à une dizaine de propriétaires les enjeux du commerce du centre-bourg. La

Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) est intervenue sur la problématique des loyers et de la

vacance commerciale, puis un cabinet d’étude spécialisé, proposé par la CCI, a illustré le propos

avec des retours d’expérience. Cette rencontre a permis de réaliser une prise de conscience

collective, de faire émerger des pistes de réflexion ainsi que des mesures à mettre en œuvre comme

la requalification et l’adaptation de locaux, des compléments à intégrer au PLU, etc. Le fait de

rassembler et de communiquer est déjà une action et un premier pas vers la revitalisation.

a.2. Renforcer le dynamisme du tissu commercial existant

Il est important d’assurer les commerces et les services « de base », qui en plus d’être

complémentaires, « touchent les mêmes populations (médecins/pharmaciens) ou sont fréquentés

aux mêmes heures (boulangers/buralistes). » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre

2013, p.8) Cette citation est extraite d’une étude qui retrace une démarche de projet qui a été conçue

puis testée sur six communes du Parc Naturel Régional (PNR) du Livradois-Forez, afin de

renouveler îlot par îlot l’habitat de ces centres-bourgs. L’objectif était d’établir une méthodologie

transposable. Les personnes ont besoin d’aller dans ce type de commerce ou de service tous les

jours ou plusieurs fois par semaine, ce qui génère une attractivité et donne la possibilité de se rendre

dans d’autres commerces si besoin. Le choix de la nature des surfaces commerciales est donc très

important et la localisation de ces polarités est stratégique. Il est essentiel qu’elle soit à des endroits

déjà fréquentés, comme à proximité de la place publique principale ou d’équipements publics.

Thierry ANGELIER, Directeur Général des Services de la commune de Saint-

Marcellin

« L’implantation des commerces est très importante. Je parle sous couvert des décisions qui

seront prises, mais nous ferons en sorte que les commerces d’hyper-centre soient renforcés et

qu’aucun autre commerce ne se développe ailleurs dans la commune malgré la pression. Nous

travaillons aussi sur une problématique majeure qui est le coût des loyers. Les propriétaires

ont une logique économique qui ne correspond pas à la réalité du marché. »

De plus, adapter les locaux aux besoins actuels est une condition indispensable à leur cession. « Elle

concerne leur mise aux normes (sécurité, accessibilité, éclairage …) et l’amélioration des

conditions d’usage (accès aux logements des étages supérieurs, espaces de stockage, commodité

de livraison…). » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013, page 8) Aussi, afin de

changer leur image, il convient de rénover et de requalifier les locaux commerciaux en activité mais

87

vétustes. L’aspect esthétique peut être amélioré par la rédaction et l’application d’une charte des

devantures commerciales.

Le marché en centre-bourg est également vecteur d’un dynamisme certain, comme cela a été évoqué

dans le diagnostic. « Pour garantir son fonctionnement, le marché doit être pensé en termes de

localisation, de temporalité et de complémentarité avec les activités sédentaires et les marchés des

communes proches. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013, page 8) Comme il

contribue fortement au dynamisme des centres-bourgs, le marché doit impérativement être préservé

et renforcé.

La complémentarité entre les différents acteurs économiques du centre-bourg et de sa périphérie est

à travailler. Des partenariats peuvent être créés, comme cela pourrait être envisagé aux Avenières

Veyrins-Thuellin entre le parc d’attraction Walibi et les commerçants du centre-bourg.

Des partenariats entre les commerçants et les associations de la commune peuvent également être

établis, pour fournir du matériel ou de la nourriture lors des manifestations associatives, plutôt que

de réaliser les achats dans les grandes surfaces hors du centre-bourg et même de la commune.

Aussi, le dynamisme peut être assuré par l’organisation d’animations commerciales. Des chèques

cadeaux peuvent être mis en place, en élargissant à l’échelle de la zone de chalandise pour dépasser

le périmètre du centre-bourg et ainsi attirer une clientèle plus diversifiée.

Photographie 33 : Devanture commerciale soignée dans le

centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 23 février 2017)

88

Pour dialoguer avec les commerçants, un interlocuteur spécifique peut être désigné afin de cerner

leurs difficultés et les attentes des consommateurs. Comme l’association des commerçants jouait

souvent ce rôle, il est nécessaire de trouver des moyens pour la relancer.

Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire

« Je serai preneur d’avoir un interlocuteur capable d’orienter les commerçants, comme des

porteurs d’affaire sur du commerce de proximité. C’est notre grosse difficulté. Au même titre

qu’il serait intéressant d’avoir un interlocuteur qui puisse faire évoluer les mentalités. La

mairie n’est pas la mieux placée pour le faire. Mais il y a peut-être des personnes dont c’est le

feeling, et qui peuvent peut-être amener des choses un petit peu plus prospectives. »

Des actions de communication diversifiées sur l’offre commerciale et d’équipements du centre-

bourg peuvent être menées, en diffusant par exemple des dépliants avec la liste des commerces,

services et équipements publics, mais également en utilisant l’ensemble des modes de

communication (sites internet, réseaux sociaux, etc.).

Il est également important de prendre en compte les besoins des consommateurs et de s’adapter à

leurs nouvelles pratiques (horaires, types de produits proposés : qualité, choix, produits locaux,

commerce de bouche, équipement de la personne, etc.). Il convient de favoriser la diversité des

commerces, tout en ciblant les produits vendus. Souhaitant développer le commerce, en lien avec

une opération de construction, la commune de Laignelet en Ille-et-Vilaine, 1 135 habitants, a pris

l’initiative de réaliser une enquête sur les besoins des habitants. La démarche a été appuyée par des

travaux d’étudiants. Les réponses convergeaient vers le manque de « dépannage » alimentaire. « En

2003, la municipalité a commandé une étude de faisabilité portant sur les deux dimensions du projet

: le bâti et l’habitat auprès de Fougères Habitat (opérateur auprès duquel le foncier a été cédé par

la municipalité), et l’activité commerciale auprès de la Chambre de Commerce et d’Industrie, dans

le cadre d’une prestation facturée. » (EPFB, p. 9) Cette mission a permis de rassembler tous les

acteurs, de réaliser une analyse économique locale du projet afin d’évaluer les possibilités

d’implantation de commerce, une analyse des enjeux liés au projet avec un volet financement et

recherche d’aides financières, d’apporter un appui administratif, de chercher un exploitant, et de

suivre son installation et les débuts de l’activité. La mairie est propriétaire des locaux commerciaux,

et a pu fêter les 10 ans de leur existence, signant ainsi un véritable succès.

89

a.3. Penser la revitalisation commerciale au-delà du centre-bourg

Les commerces ont une zone de chalandise qui dépasse le périmètre du centre-bourg. Elle concerne

la commune, les communes voisines, l’intercommunalité, et quasiment le bassin de vie. C’est

pourquoi, des actions via une planification stratégique dans le cadre du volet commerce du Schéma

de Cohérence Territoriale (SCoT) peuvent être menées. C’est un outil qui organise le

développement commercial à l’échelle d’un territoire élargi. « La structuration de l’armature

commerciale se pose en lien direct avec l’armature urbaine. Cette dernière s’organise autour d’un

pôle urbain (le Grand Redon), de pôles relais et d’une armature de bourgs et de villages, premier

niveau de la proximité. À chaque strate de cette armature urbaine correspond une organisation

commerciale spécifique répondant à l’enjeu global de « recentrer la dynamique territoriale par

l’économie ». Dans ce contexte, le pôle urbain est autorisé par le SCoT à accueillir des commerces

de grande taille tant en alimentaire qu’en commerce spécialisé. Les pôles relais se structurent de

leur côté autour d’un supermarché et de commerces traditionnels. Dans les pôles de proximité,

maillant le reste du territoire, prennent place supérettes et commerces de centres-bourgs. » (EPFB,

page 3-4). Pour ce faire, les outils mobilisés sont :

- « Élaboration d’un schéma d’organisation commerciale en lien direct avec

l’armature urbaine du SCoT

- Introduction de planchers et plafonds pour mieux organiser la localisation

préférentielle des types de commerces

- Définition de zones d’aménagement commercial au sein d’un document

d’aménagement commercial. » (Ibid.)

La prise en compte de la multiplicité des échelles et de ses acteurs est essentielle. « La

reconfiguration de l'offre commerciale nécessitera d’être conçue en fonction de la population

susceptible de fréquenter le centre-ville concerné. (…) Cette stratégie devra être portée à la fois

par le maire de la ville concernée et par le président de l'intercommunalité qui pilote

l'aménagement et le développement économique à une échelle plus large ; ce qui suppose que le

périmètre de l'Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) couvre l'ensemble de

l'unité urbaine, voire de l'aire urbaine ou qu'il existe sur ce territoire une gouvernance adaptée,

par exemple dans le cadre d'un SCoT. Ce n'est en effet qu'à ce niveau que peut être définie et mise

en œuvre une politique d'urbanisme commercial cohérente qui régule les projets nouveaux et

maintient un équilibre entre l'offre du centre-ville et des périphéries. » (Rapport revitalisation

commerciale, p.70)

Enfin, pour attirer une clientèle régulière et agrandir ainsi la zone de chalandise, l’association

d’activités comme la culture et le commerce peut être une solution. Ce sont des activités

90

complémentaires. Les produits et les savoir-faire locaux sont ainsi valorisés. Ce type d’activité

génère du service qui n’est pas proposé par les grandes surfaces et les commerces de périphérie.

C’est un élément important à mettre en valeur afin de démontrer la plus-value offerte par le fait

d’effectuer ses achats en centre-bourg. Cela fait partie du changement des mentalités et des

habitudes de consommation. De plus, face au développement numérique et aux mutations de

l’organisation du travail, la demande de lieux pour le télétravail s’affirme. Par leur cadre de vie

unique et d’une grande qualité, les centres-bourgs peuvent offrir ce type de service.

a.4. Assurer la pérennité des équipements et des services publics en centre-bourg

Il convient de rénover les bâtiments publics vétustes afin de leur donner une meilleure image et

d’apporter du confort d’usage. Réaliser des travaux est l’occasion d’améliorer l’accessibilité des

bâtiments, les connexions piétonnes, ainsi que de requalifier les espaces publics attenants. La mise

aux normes d’accessibilité des Etablissements Recevant du Public (ERP) peut être réalisée en

utilisant l’outil « L’Ad’AP ». C’est un agenda d’accessibilité programmée, mis en place depuis le

1er janvier 2015. Il permet aux collectivités de réaliser la mise en accessibilité en respectant les

obligations fixées par la loi du 11 février 2005, en échange de la suppression des sanctions. C’est

un engagement pour réaliser les travaux selon une durée déterminée, et un financement.

Il est également important de localiser les nouveaux équipements en centre-bourg ou à sa périphérie

proche, comme par exemple la construction du nouveau bâtiment de l’intercommunalité au Bourg

d’Oisans, situé dans le centre-bourg, à côté de la mairie.

Photographie 34 : Exemple de requalification de l'espace public aux abords

d'un équipement public et de sa mise en accessibilité, mairie de Beaurepaire

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017)

91

André SALVETTI, maire du Bourg d’Oisans

« Dans la partie sud de la commune, nous faisons un pôle administratif et scolaire puisque c’est

le seul endroit constructible du fait du risque inondation. Nous sommes en train de réaliser un

pôle complet autour du parc, sans modifier cet espace de verdure. »

Enfin, il est nécessaire d’insérer dans le périmètre de réflexion d’aménagement du centre-bourg

l’installation d’équipements médicaux majeurs (maison de santé, etc.). C’est par exemple le projet

actuel de reconstruction de la Clinique dans le périmètre du centre-bourg de Roussillon, ou le projet

de maison de santé à Beaurepaire.

Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire

« La maison pluridisciplinaire de santé, telle qu’elle se profile, constitue une alternative à la

maison médicale actuelle qui n’est pas très pratique. Le but du jeu c’est aussi d’attirer des

médecins, des praticiens spécialistes, sur des prestations par semaine ou autre. Sachant que

dans le même temps on complète les prestations par rapport à ce qui existe en lien entre

l’hôpital de Beaurepaire et l’hôpital de Vienne, puisqu’il y a des consultations qui sont

déconcentrées sur Beaurepaire et qui fonctionnent très bien. Le but est d’avoir une offre

complémentaire, qui n’empiète pas sur celle existante. »

b. Le logement

b.1. Résoudre la vacance du logement

Retrouver les propriétaires est nécessaire afin que la municipalité négocie l’acquisition de bâtiments

ou de tènements fonciers. La commune peut réaliser des enquêtes auprès des propriétaires sur la

nature de la propriété et leurs attentes.

Bernard COQUET, maire de Mens

« Avant de commencer de grandes études, j’ai voulu tester l’intérêt des propriétaires pour vérifier

s’il était pertinent de lancer des opérations de réhabilitation des logements dans le centre-

historique. Nous avons envoyé 220 lettres à tous les propriétaires connus, précisant qu’on était en

train de requalifier les espaces publics pour rendre le village plus attractif, mais que cela serait

complété par une opération de réhabilitation de l’habitat ancien sur plusieurs années, qui se trouve

dans la zone qui va être valorisée par un plan pluri-annuel. C’est très récent, j’ai fait ça avec l’aide

de Soliha pour le questionnaire. Le taux de taux de réponse a été de 50%, je ne m’attendais pas à

ce résultat, c’est positif. »

92

La prise de contact de ce type est nécessaire avant toute démarche de projet. Il est également

important de favoriser la dissociation de la domanialité des commerces et des logements afin de

répartir la responsabilité et l’investissement. Remettre sur le marché immobilier les logements

vacants est primordial afin de stopper la désertification du centre-bourg (cf. partenariat SEMCODA

expérimenté aux Avenières Veyrins-Thuellin). Aussi, le Droit de Préemption Urbain (DPU) est un

outil de planification, et son utilisation se justifie dans le cadre d’un projet d’intérêt général. Le

DPU peut parfois être utilisé à des fins d’acquisitions ponctuelles au gré des opportunités. Mais

pour garantir son efficacité, son usage doit être précédé d’études préalables, intégrées dans un

processus global de planification urbaine.

La commune de Nolay en Côte d’Or, 1 521 habitants, est un exemple réussi d’achat et de

réhabilitation de logements vacants par une collectivité. Ce projet a été porté par un homme élu

depuis 1989, d’abord adjoint puis maire, accompagné du maire sortant. La durée de son

investissement dans la collectivité est un facteur important dans le succès de cette opération. La

continuité et le suivi sont des conditions primordiales. « Il a profité de l'opportunité offerte en 2002

par le conseil régional de Bourgogne et son opération « Cœur de village » : la région était prête à

soutenir financièrement des opérations de réhabilitation des quartiers en désuétude. L'idée est

simple : la commune rachète directement des bâtiments « anciens, vacants ou inconfortables »

(« sans qu'il n'y ait jamais eu d'expropriation », souligne le maire), y effectue les travaux

nécessaires, et les remet sur le marché de la location, en répondant systématiquement à deux

impératifs : que le rez-de-chaussée soit occupé par un service public ou une structure collective, et

les étages par des logements sociaux. Autour de ces nouveaux logements, la commune procède

également à des travaux de réhabilitation urbaine. Seule exigence de la région : afin de préserver,

justement, le patrimoine, les façades des bâtiments devaient être conservées. » (Association des

maires de France, 2014, n°309, p.48-49) Les travaux ont commencé en 2003, et « ce sont

aujourd'hui « cinq quartiers » qui ont été entièrement réhabilités. » (Ibid.) La première phase a

consisté en un réaménagement de la voirie en espace semi-piétonnier, la démolition d'un immeuble

pour laisser place à un parking de quinze places, et la rénovation d'un immeuble acquis par la mairie

avec, au rez-de-chaussée, « une bibliothèque et une maison des services », et aux étages, quatre

logements. « Dans les années suivantes, les réhabilitations se poursuivent : quatre immeubles sont

refaits entre 2005 et 2007, toujours sur le même modèle. Ils accueilleront par exemple un cabinet

d'infirmières, les Restos du cœur, une structure petite enfance, et au-dessus, sept appartements. A

chaque fois la région a pris en charge la moitié du budget. « Pour le reste, explique le maire, le

système est assez simple : on réalise des emprunts, sur plusieurs dizaines d'années, et ce sont les

loyers des appartements que nous encaissons qui remboursent tranquillement ces emprunts. Au

final, c'est une opération blanche. » (Ibid.) Sauf qu’à un moment, « les habitants – notamment les

93

commerçants – ont estimé qu'il fallait changer le projet. « Ça a été une vraie petite révolte, raconte

le maire, avec des pétitions, des banderoles accrochées aux façades ! En fait, plutôt que des

logements, les commerçants voulaient des places de parking. » Au bout de plusieurs longs mois de

concertation, la mairie a accepté un compromis en ne construisant pas de logements à la place de

la poste, et la place du Docteur-Cattin accueille, depuis cette année, un « espace de convivialité et

vingt places de parking. » (Ibid.) Les contestations de la population ont peut-être été accentuées par

le manque de concertation. Tout projet d’aménagement suscite de toute façon toujours des

difficultés pour les changements qu’il provoque. La volonté politique est le moteur de ce projet,

découpé en phases, ainsi que de sa réussite. Il n’aurait pas non plus pu être mené sans ce dispositif

impulsé par l’acteur institutionnel.

b.2. Réhabiliter des logements vétustes

Pour ce faire, les bâtiments à réhabiliter peuvent être répertoriés, en indiquant les spécificités

architecturales (respect de matériaux, des enduits, des couleurs, des formes) à préserver et à

mettre en valeur. Ensuite, les travaux d’amélioration de l’habitat s’accompagnent d’outils et

d’aides financières.

Créée en 1977, une Opération Programmée pour l’Amélioration de l’Habitat (OPAH)3 est « une

offre de service » utilisée pour « la requalification de l’habitat privé ancien. » (anah.fr) C’est un

travail partenarial, réalisé dans le but de proposer des aides financières et une ingénierie. « Elle

porte sur la réhabilitation de quartiers ou centres urbains anciens, de bourgs ruraux dévitalisés,

de copropriétés dégradées, d’adaptation de logements pour les personnes âgées ou handicapées. »

(Ibid.) Si une commune souhaite mobiliser une OPAH, elle doit se rapprocher de l’Agence

Nationale de l’Habitat (ANAH) afin d’effectuer une demande et passer une convention entre ces

deux parties et l’Etat pour une durée de trois à cinq ans. Cet outil répond pleinement aux constats

et enjeux identifiés dans le diagnostic des symptômes de dévitalisation des centres-bourgs. L’OPAH

de droit commun « est destinée à remédier à la dégradation du bâti en milieu rural, péri-urbain ou

urbain ainsi qu'à la vacance de logements, à l'insuffisance de logements (quantitative et

qualitative), d'équipements publics et au déclin des commerces. » (OPAH, CAUE Midi-Pyrénées,

2012, p.1)

3 Les Opah sont définies législativement par l’article L303-1 du CCH, modifié par ordonnance n°2014-1543 du

19 décembre 2014 - art. 14 et les programmes d’intérêt généraux par l’article R 327-du CCH Modifié par Décret

n°2009-1625 du 24 décembre 2009 - art. 2 (anah.fr)

94

Pour répondre à des problèmes plus spécifiques, il y a des OPAH thématiques. L’OPAH

renouvellement urbain (RU) « traite les graves dysfonctionnements urbains et sociaux des

territoires urbains. Elle permet, en plus des dispositifs de l'OPAH classique, la mise en place

d'outils coercitifs de droit public du type démolitions, traitement de l'insalubrité... en appui d'un

projet urbain et social volontariste. Elle constitue un cadre privilégié de traitement de l'habitat

indigne. » (Ibid.) Puis, l’OPAH revitalisation rurale (RR) « concerne les communes rurales animée

par des bourgs centres ou des petites villes de moins de 10 000 habitants confrontées à des

phénomènes de dévitalisation et de paupérisation (difficultés économiques et sociales). » (Ibid.)

Enfin, l’OPAH copropriétés dégradées ne concerne que ce type de logement. Pour ce cas de figure,

les investissements publics sont très rarement mobilisés, mais le financement peut être complété

par un « plan de sauvegarde, cadre privilégié d'une intervention publique lourde dans les

copropriétés les plus en difficulté (dégradation physique du bâtiment, dysfonctionnement de la

copropriété avec l'absence d'un syndic ou un syndic défaillant, impayés de charges, situations de

grosses dettes, occupations difficiles…) » (Ibid.)

Une OPAH se divise en deux grandes phases :

- Un diagnostic « qui recense les dysfonctionnements du quartier ou des immeubles

du périmètre choisi : problèmes urbains, fonciers, sociaux, état du bâti, conditions

de vie des habitants » (anah.fr)

- Une étude préalable « qui préconise les solutions à apporter aux

dysfonctionnements soulevés lors du diagnostic et qui définit les objectifs qualitatifs

et quantitatifs à mettre en œuvre dans l’opération programmée » (Ibid.)

Il y a ensuite une phase de suivi-animation liée à l’opérationnel. Afin de mesurer l’efficience de

l’OPAH, elle se termine ensuite par un bilan et une évaluation.

Le site internet de l’ANAH propose un moteur de recherche répertoriant les OPAH menées. Chaque

centre-bourg étudié a été cherché. Seules deux OPAH ont été trouvées, à l’échelle de

l’intercommunalité : Communauté de Communes du Pays Roussillonnais où se trouve Roussillon,

et celle du Pays de Saint-Marcellin où se trouve Saint-Marcellin. Il est impossible de savoir où est

située l’opération.

L’engagement d’une collectivité publique dans une OPAH signifie l’engagement dans un projet de

territoire. Cette action est forcément liée à une réflexion sur un espace dépassant le périmètre même

de l’opération, et concerne plus généralement l’amélioration du cadre de vie. L’ANAH peut délivrer

des aides financières aux propriétaires et aux collectivités, et les accompagner gratuitement. (Fiche

technique OPAH, 2012)

95

En somme, le confort du logement est amélioré, mais il est important de veiller à ce que les travaux

soient réalisés dans le respect de l’identité architecturale du bâtiment.

Ensuite, le Programme d’Intérêt Général (PIG) sert également à améliorer l’habitat. C’est « un

programme d'actions initié par les collectivités territoriales bénéficiaires d'une convention de

délégation des aides à la pierre. (…) Ainsi le champ d'intervention peut être le logement des

étudiants, des jeunes travailleurs, des personnes âgées ou handicapées, la résorption du nombre de

logements vacants, l'augmentation de l'offre de logements à vocation sociale ou la lutte contre

l'insalubrité diffuse. » (data.gouv.fr) La mise en œuvre d’un PIG est la même que celle d’une

OPAH. Sa durée de validité dépend de ses enjeux, et est définie par les différentes parties de manière

libre. Elle dure généralement de un à trois ans. Le périmètre d’un PIG ouvre le droit à des

subventions de l’ANAH. En résumé, c’est « une procédure très souple pouvant s'adapter à des

réalités locales très variées. Le PIG permet de traiter à un niveau local des problématiques

spécifiques de logement dans le parc privé que ne parviennent parfois pas à régler des programmes

classiques d'intervention comme les OPAH. » (CAUE Midi-Pyrénées, p.2)

b.3. Renforcer l’attractivité de l’habitat des centres-bourgs

Il est important de favoriser le renouvellement de l’habitat du centre-bourg et de réduire les surfaces

constructibles dans les hameaux via la planification et le PLU, car « les très nombreux bâtis anciens

des bourgs et villages constituent des réserves foncières, déjà équipées et viabilisées à la différence

des extensions (enjeu économique), pour accueillir un nouvel habitat qui serait alors une

alternative à l’étalement périphérique (enjeu environnemental). » (Habiter autrement les centres-

bourgs, octobre 2013, page 3)

Thierry ANGELIER, Directeur Général des Services de la commune de Saint-

Marcellin

« Actuellement nous en sommes à la phase PADD du PLU, ce qui nous permet de donner des

orientations pour revitaliser. Nous réfléchissons à ne pas développer de nouveaux logements au-

delà du premier périmètre du centre dans les premières phases d’application du PLU, et ensuite

nous irons plus loin dans le périmètre. »

Aussi, il convient d’améliorer l’aspect esthétique et visuel des bâtiments des centres-bourgs avec

des campagnes de ravalement de façade.

96

Attirer une nouvelle population est possible avec des actions de densification quand il y a du foncier

disponible en construisant de nouveaux logements en centre (ex. du projet Place de la Liberté aux

Avenières Veyrins-Thuellin) ou à sa périphérie immédiate, ou en densifiant les dents creuses. La

mixité entre l’habitat et les fonctions économiques doit impérativement être maintenue et renforcée.

Avant toute action sur le logement, le diagnostic des besoins et des potentiels bâtis du centre-bourg

est indispensable. La diversification de l’offre et sa bonne répartition dans le centre-bourg sont

nécessaires. Ces actions doivent veiller à la diversification de l’offre immobilière, afin de proposer

plus de locatif, de petits logements, de logements sociaux, ainsi que de l’accession à la propriété.

La réhabilitation du bâti ancien, parfois à la volumétrie conséquente, permet la création de

logements diversifiés (T1, T2, T3, etc.). La multiplication des typologies de logements et des statuts

d’occupation permet de répondre aux besoins du parcours résidentiel.

En construction comme en réhabilitation, il convient d’assurer le confort des logements. C’est un

véritable critère d’attractivité et un levier de revitalisation. Les actions sur le logement peuvent être

vues comme la construction du « patrimoine habité de demain. (…) Typologie, matériaux, mise en

œuvre, usages doivent être exemplaires, respecter les caractéristiques urbaines et architecturales

des centres-bourgs tout en y imprimant la marque de leur époque. La capacité d’une construction

à rester vivante et habitée est un enjeu fort. Un bâtiment qui ne réussit pas à s’adapter à l’évolution

Photographie 35 : Exemple de façades ravalées de bâtiments anciens dans le centre-

bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)

97

des mœurs est condamné à la vacance. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013,

p.10).

Philippe MIGNOT, maire de Beaurepaire

« Nous souhaiterions avoir des logements qui proposent des prestations plus qualitatives, et qui

soient accessibles dans de bonnes conditions. Sur l’hyper-centre nous avons sollicité

l’Etablissement Public foncier de l’Ouest Rhône-Alpes (EPORA) puisque nous faisons partie du

périmètre. L’objectif est de re-densifier le centre-bourg en terme d’habitat, avec des prestations qui

permettent aux personnes plus âgées, qui ont peut-être un pouvoir d’achat un petit peu plus élevé,

de pouvoir acquérir ou louer. »

Aussi, pour répondre aux attentes des habitants du XXIème siècle, une dé-densification maîtrisée du

bâti des centres anciens doit être envisagée. Bien pensée, elle peut être le support d’une attractivité

nouvelle. L’aération du tissu urbain ancien et la réorganisation des îlots doivent s’effectuer dans le

respect de leurs caractéristiques historiques, vectrices d’identité pour le centre-bourg. La dé-

densification est un outil qui doit également permettre d’assurer la mixité sociale, générationnelle

et fonctionnelle, et de répondre aux besoins actuels en matière d’habitat et de cadre de vie. Les

conforts thermiques et acoustiques sont importants, la proximité du voisinage ne doit pas se faire

sentir de manière visuelle ou sonore, un espace extérieur privatif est une réelle plus-value, et un

minimum de praticité doit être requis (accessibilité sécurisée du bâtiment, stationnement de la

voiture, etc.).

Enfin, pour toutes ces questions, SOLIHA est un acteur incontournable de l’amélioration du

logement. C’est un mouvement national qui est représenté localement par des associations. Elles

agissent en faveur de l’habitat pour les particuliers, les collectivités et les institutions locales. Il y a

un volet « conduite de projet de territoire » où elles accompagnent des projets de revitalisation de

centre-bourg.

En somme, « l’habitat est une notion large qui ne se réduit pas au logement. Il est un ensemble de

services et de fonctions sociales, économiques, culturelles, accessibles à partir du logement. A ce

titre, il est le produit de la rencontre entre des politiques publiques et des stratégies d’acteurs

privés, et touche de ce fait à l’aménagement du territoire, à la répartition des services, à l’emploi

et aux déplacements. » (Habiter autrement les centres-bourgs, octobre 2013, page 3)

98

b.4. Assurer une meilleure gestion du foncier

La maîtrise foncière publique étant limitée en centre-bourg, elle prend plus la forme d’acquisitions

ponctuelles. Face à la prédominance de la domanialité privée, l’enjeu pour les collectivités est de

trouver des moyens efficaces de gestion foncière à court, moyen et long termes, garantissant une

évolution du tissu urbain selon les objectifs recherchés. Pour mettre en œuvre une stratégie foncière,

il convient de connaître la répartition des fonciers publics et privés. Une étude foncière consiste en

l’identification de la situation de chaque bien (état, vacance, superficie) et de celle de son

propriétaire (personne physique ou morale, âge, projets de la personne). Elle « se traduit par

l’élaboration d’une fiche par parcelle et la réalisation de cartes thématiques. L’analyse des

données recueillies permet d’identifier le niveau de mutabilité des biens, de repérer des situations

complexes à surveiller, de localiser des groupes de parcelles présentant des caractéristiques

similaires et des points de synergie potentielle entre actions privées et publiques. » (Habiter

autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.6) Comme les évolutions peuvent être rapides, une

mise à jour régulière est requise en réalisant une veille foncière.

Comme évoqué, les établissements publics fonciers sont des partenaires incontournables de la

gestion foncière des centres-bourgs. Ils ont été institués par la Loi d'Orientation sur la Ville (LOV)

du 13 juillet 1991, et présentent des instruments fonciers qui sont rattachés aux collectivités

territoriales. C'est une aide importante pour les collectivités car ils font du portage foncier, par

acquisition amiable, préemption, expropriation, cession. (VIGNON A. p.113)

c. Stationnement, déplacements, espaces publics

c.1. Repenser la place de la voiture immobilisée

Il convient de maintenir le stationnement mais de repenser l’aménagement de ces espaces minéraux

afin d’apporter de la qualité, du végétal, et une multiplicité d’usages. « On favorisera aussi les

liaisons douces, la manière d’accéder à pied ou à vélo aux commerces. Les aires de stationnement

peuvent être pensées comme des « places » plutôt que de simples espaces fonctionnels, dont l’usage

peut varier selon la journée et les périodes de l’année, desservir d’autres équipements, offrir des

vues sur le paysage, etc. » (BONNET, 2016, p.71)

99

L’offre de stationnement peut être réorganisée, en modulant et en modifiant les espaces existants.

De nouvelles poches de stationnement peuvent être créées pour réduire l’emprise des très grands

parkings en centre-bourg. Par exemple, la commune de Beaurepaire a réalisé des démolitions, ce

qui a permis de créer des dents creuses. En plus d’aérer le tissu urbain, elles ont la fonction de

parkings. Aussi, « des bâtiments agricoles vacants en centre-bourg, qui se prêtent mal à

l’habitation, peuvent être convertis en garages couverts. » (Habiter autrement les centres-bourgs,

décembre 2013, p.9) Il conviendra toutefois d’être attentif à la préservation de la cohérence du tissu

urbain et d’éviter de concurrencer la construction de logements nouveaux.

Des outils de gestion du stationnement comme les zones bleues peuvent être mis en place. Elles

permettent de limiter les voitures tampons et d’assurer une rotation des véhicules. Source de

réticences pour la population et les commerçants, qui la considère à tort comme contraignante, des

actions de sensibilisation doivent être menées afin d’amener progressivement le changement et

d’accompagner l’évolution des habitudes et des mentalités.

Aussi, l’offre de stationnement peut être enrichie par un travail sur la signalétique afin d’assurer

une meilleure information, une plus grande lisibilité et d’inciter à la rotation des places de parking.

Photographie 36 : Exemple d'aménagement de parking avec du végétal et du

mobilier urbain dans le centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017)

100

Photographie 37 : Signalétique sur le Champ de Mars du centre-bourg de Saint-Marcellin pouvant être adaptée au

stationnement (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)

c.2. Adapter le centre-bourg aux déplacements à l’échelle du piéton

Il convient d’apaiser la circulation automobile et de donner une plus grande place aux modes actifs.

Des zones de rencontre ou des espaces partagés peuvent être créés. La requalification d’une partie

des rues du centre du Bourg d’Oisans est un exemple, puisqu’un espace de partage tous modes a

été créé. Les routes ont été transformées en rues à sens unique, en mettant à niveau l’espace dédié

à la voiture et celui du piéton : les trottoirs ont été supprimés. Il y a également du stationnement

latéral par endroit. Une partie de ce travail s’est porté sur la rue de Viennois, faisant partie du projet

de rénovation de l’îlot Viennois. Cette action a permis d’accompagner la revitalisation commerciale

et la réouverture des locaux commerciaux. C’est un succès puisque la vacance commerciale a été

quasiment supprimée à cet endroit. Ils bénéficient d’une réelle attractivité et d’un dynamisme. La

rue a changé d’image, puisqu’elle est passée d’une route “banale” à une rue agréable de centre-

bourg. L’espace est piétonnisé et apaisé, tout en autorisant la desserte automobile. Les espaces

publics peuvent ainsi valoriser les commerces. Ce travail s’effectue par le fait de donner une plus

grande place au piéton, de lui assurer des déplacements sécurisés et agréables, et de lui permettre

d’accéder à l’offre commerciale et de services à l’intérieur du centre-bourg sans utiliser la voiture.

« Limiter le stationnement devant les locaux permet de valoriser vitrines, devantures et terrasses et

facilite le « parcours commercial » piétonnier des habitants et des usagers du bourg. » (Habiter

autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.8) Ce type d’aménagement contribue également à

améliorer le cadre de vie et la qualité paysagère par la diminution du nombre de voitures.

101

Un aménagement similaire a été réalisé sur une partie du centre-bourg de Beaurepaire.

Photographie 40 : Apaisement de la voirie dans le centre-bourg de

Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017)

Comme démontré, il est important de renforcer les porosités piétonnes en se basant sur la trame

historique. Elles doivent être mises en valeur, par des aménagements de revêtements de surfaces

Photographie 39 : Requalification de la voirie sur la rue

de Viennois dans le centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)

Photographie 38 : Requalification de la voirie dans le

centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 10 mai 2017)

102

afin d’améliorer le confort d’usage, ou encore par une sécurisation (mise au même niveau que la

rue ou création de trottoirs). Pour tout nouvel aménagement réalisé, il convient de prendre en

compte l’obligation de mise en accessibilité.

Mme FAVIER, adjointe aux Avenières Veyrins-Thuellin

« Il faut que les habitants puissent se promener, avec des trottoirs. La circulation doit être plus

apaisée, donc il faut ralentir les vitesses car je pense que c’est un gros problème. »

Le plan de circulation peut être réorganisé en modifiant des sens de circulation ou en mettant des

rues à sens unique.

c.3. Transformer les espaces publics en véritables lieux de vie

Il est nécessaire de réaménager les espaces publics afin d’amener de la qualité et du végétal. Ce

type d’aménagement permet de proposer des lieux de convivialité qui correspondent aux pratiques

actuelles des centres-bourgs. Il s’agit d’usages de proximité de l’espace public (récréatif, famille,

jeunes, personnes âgées). Il est également important de diversifier les usages en aménageant des

jeux pour enfants, ou des espaces couverts avec un kiosque ou une halle.

Lors d’un projet de revitalisation de centre-bourg, les espaces publics ne doivent pas être considérés

isolément. Il est nécessaire de les connecter entre eux, par le renforcement des liaisons douces

existantes et par la création de nouvelles.

Les entrées de ville doivent être requalifiées afin de réduire leur caractère routier et minéral. Leur

donner une fonction symbolique concoure à l’attractivité des centres (ex. du projet d’aménagement

de la Place de Bacchus aux Avenières Veyrins-Thuellin).

Pour intervenir sur l’espace public, un programme de requalification des espaces publics peut être

mis en œuvre. C’est le cas de Mens, où l’aménagement des espaces publics a permis d’améliorer la

qualité d’usage et le confort.

103

Photographie 41 : Aménagement d'espace public dans le centre-bourg de

Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017)

Sur les espaces de stationnement, il est envisageable de créer des espaces de pause en intégrant du

mobilier urbain. Ces espaces centraux perdent ainsi leur qualité monofonctionnelle.

Les espaces publics doivent être pensés dans le respect de la trame urbaine historique. Vitrines du

centre-bourg, ils sont également le support de nombreux usages. Ils « constituent à la fois un lien

physique entre les composants de l’habitat et un lien social entre les habitants et usagers. » (Habiter

autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.9) La qualité des espaces publics est garante de

leur fonctionnement et de leur succès. Ils doivent prendre en compte les usages actuels et futurs

selon les besoins évoqués par les habitants, les bâtiments qui les bordent, en utilisant des matériaux

et des essences végétales locaux et résistants.

Aussi, « limiter la dispersion des places de stationnement, en réglementer l’utilisation et les

concentrer en des points ciblés du centre-bourg permet de redonner aux espaces publics une qualité

d’usage favorable aux déplacements doux et aux échanges sociaux. » (Habiter autrement les

centres-bourgs, décembre 2013, p.9) Pour arriver à ces changements, un travail pédagogique et de

sensibilisation est indispensable afin de faire évoluer les habitudes.

Face à la rareté d’espaces verts privatifs attenants aux habitations des centres-bourgs, des espaces

peuvent être dédiés à la création de jardins partagés. Des parcelles non bâties en centre-bourg ou à

sa périphérie peuvent être converties pour cet usage. Par contre, « cela nécessite une collaboration

entre la collectivité qui doit encourager leur réhabilitation, les propriétaires qui doivent accepter

de vendre ou de louer ces parcelles, et les usagers qui doivent en assurer l’entretien. » (Habiter

104

autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.9) La collectivité peut également décider de dédier

des petites parties d’espaces publics existants à la réalisation de jardins collectifs. L’accueil de site

de compost peut également aller avec cette démarche.

M. Michoud, maire des Avenières Veyrins-Thuellin

« Je pense que l’on a besoin aussi qu'il y ait des lieux de rencontre, de convivialité, et de verdure,

parce qu'on est à la campagne, mais quand on est en centre-ville on a très peu de verdure. Pour les

enfants notamment, on n'a pas beaucoup d'espaces, ou alors il faut faire 1 km. »

Pensés plus rarement mais pour autant aux effets multiples, l’aménagement et la végétalisation des

pieds de façades peuvent être réalisés. Menée conjointement par la collectivité et les riverains, cette

action embellit le centre-bourg. Elle permet d’accroître sa qualité paysagère et d’améliorer son

cadre de vie.

d. Patrimoines et tourisme

« Le patrimoine protégé est un élément de valorisation des centres anciens et des cultures locales,

et non un frein à leur développement. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.5)

Les actions de ce type doivent être réalisées le plus en amont possible en association avec les

services compétents. Il s’agit des architectes des bâtiments de France et des services de protection

du patrimoine de l’Etat comme l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (UDAP).

« Changer les approches patrimoniales des bourgs pour adapter le bâti aux modes de vie

(s’autoriser si nécessaire à aérer, créer des jardins, assurer l’accessibilité des voitures) ;

Revitaliser un bourg ne veut pas dire le figer « dans l’encaustique » et ne rien toucher. Certains

éléments peuvent être patrimoniaux (sans forcément être classés ou inscrits au titre du Patrimoine),

d’autres plus ordinaires, certains enfin vétustes ou peu intéressants. Dans l’existant à prendre en

compte, il faut aussi intégrer les rues et les espaces publics, la structure parcellaire (forme,

dimensions, rythme, accessibilité), le modelage du sol (petits ouvrages de soutènements, ouvrages

hydrauliques, etc.) la végétation et certaines infrastructures (ponts, etc.). » (BONNET, 2016, p.73)

Un travail sur les patrimoines permet de renforcer l’attractivité, l’image et l’identité du centre-bourg

et de la commune afin d’attirer des personnes de l’extérieur. Ravaler les façades permet de révéler

leur qualité patrimoniale et architecturale. Pour favoriser l’accueil des touristes et des personnes de

passage, des aires de pique-nique peuvent être aménagées. La création d’arrêts paysagers peut

également être pensée afin de mettre en valeur les percées visuelles sur le patrimoine bâti et sur le

grand paysage.

105

Un inventaire du patrimoine bâti permet de le valoriser et de créer par la suite des parcours culturels,

comme cela a été fait pour le centre-bourg de Saint-Marcellin. Aménager les berges des cours d’eau

assure aussi une mise valeur de l’hydrographie ainsi qu’une réelle plus-value. Ces aménagements

peuvent être le support pour créer des cheminements et des espaces récréatifs.

3) Monter un projet urbain pour revitaliser un centre-bourg

a. Le projet urbain de centre-bourg

Le « projet urbain » est une expression qui est « utilisée pour simplifier et rendre apparemment

clairs à tous des processus en réalité très complexes, liés aux activités de planification désormais

renouvelées intégrant la notion de projet » qui « se décline à travers une série d’actions concrètes

(et non seulement spatiales) obéissant à une stratégie globale » Au final, on arrive à un « projet

collectif ». (INGALLINA, 2010) De manière générale, le projet urbain « est à la fois un processus

concerté et un projet territorial : il consiste à définir et mettre en œuvre des mesures

d’aménagement sur un territoire urbain donné, en partenariat avec tous les partenaires civils et

institutionnels concernés, intégrant les différentes échelles territoriales et le long terme, en vue

d’un développement urbain durable. » (villedurable.org) Pour le centre-bourg, le projet urbain

nécessite d’être adapté aux spécificités de ce type d’espace. L’hétérogénéité et la diversité des

situations requièrent de penser et d’agir localement. De fait, calquer des modèles de méthodologies

et d’aménagements n’est pas envisageable. Ces espaces particuliers doivent avoir des réponses

particulières. « La revitalisation des bourgs suppose une réflexion et des choix à une échelle

Photographie 42 : Vue sur le grand paysage depuis le

centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 5 mai 2017)

Photographie 43 : Vue sur le centre-bourg de Roussillon et sur

le grand paysage (CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)

106

territoriale élargie (notamment pour les commerces et services) ; Revitaliser un bourg n’est pas un

projet en soi, qui se limiterait au périmètre du noyau du village (ou de la petite ville). C’est un

projet de territoire. On ne rend pas un bourg attractif si on fabrique, à quelques centaines de mètres,

une concurrence (déloyale) en offrant des hectares de zones AU destinés aux pavillonneurs ; si on

installe, à quelques kilomètres, des surfaces commerciales importantes qui, faisant directement

concurrence aux commerces du village, au marché, les feront sans aucun doute fermer tour à tour

; On ne rend pas un bourg attractif en développant des infrastructures routières qui, outre leur coût

pour la collectivité, rendront mieux accessible des zones résidentielles périphériques, les nouveaux

habitants allant directement se servir dans la ville proche lors de leurs déplacements pendulaires

quotidiens ; On ne rend pas un bourg attractif sans valoriser tous les éléments, y compris le grand

paysage proche, les vues sur la campagne, etc., qui font de ce bourg un lieu potentiellement mieux

« habitable » que d’autres sites urbains, en contact direct avec des promenades, des équipements

que l’on peut atteindre à pied, etc. Bref, la revitalisation d’un bourg est un projet de territoire à lui

tout seul qui engage l’ensemble des questions d’aménagement. » (BONNET, 2016, p.69)

b. Réaménager un centre-bourg dans la concertation

Comme la redynamisation des centres-bourgs est un sujet sensible par sa complexité et ses

particularités, des actions spécifiques doivent être réalisées afin de mener à bien le projet et

d’assurer son efficience. Les habitants et les usagers étant les premiers concernés, il est nécessaire

de les intégrer au processus, et ce dès les premières réflexions. « Les actions participatives donnent

aux acteurs privés un rôle clé dans l’amélioration de leur cadre de vie et amènent élus, habitants

et professionnels de l’habitat à croiser leurs attentes et à pratiquer ensemble le terrain. » (Habiter

autrement les centres-bourgs, décembre 2013, p.3) La concertation concerne également les

commerçants, les associations, toutes autres personnes impliquées dans la vie du centre-bourg, ainsi

que les partenaires nécessaires à la revitalisation, selon les particularités de chaque centre-bourg. Il

s’agit :

des services de l’État

de la Région

des Parcs Naturels Régionaux (PNR)

du Département

du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE)

de l’intercommunalité

des Etablissements Publics Fonciers (EPF)

107

de l’Agence Régionale de Santé (ARS)

de l’architecte des bâtiments de France / de l’Unité Départementale

d’Architecture et du Patrimoine (UDAP)

des bureaux d’études pluridisciplinaires

Un focus doit être réalisé sur le CAUE, structure d’accueil de l’apprentissage et acteur

incontournable de la revitalisation des centres-bourgs. Cette structure associative est « investi d’une

mission d’intérêt public, né de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977 » (fncaue.com). Cet

organisme s’attache à promouvoir la qualité des projets en termes d’architecture, d’urbanisme et

d’environnement. Ces thématiques sont au cœur de la revitalisation des centres-bourgs. C’est

également « un organe de concertation entre les acteurs impliqués dans la production et la gestion

de l’espace rural et urbain. » (Ibid.) Le CAUE conseille et aide à la décision les communes dans la

formulation de leur projet, qu’il s’agisse de programmation urbaine ou de planification, toujours

dans le souci de préserver et de valoriser la qualité du cadre de vie. Ses missions se résument au

conseil, à la formation, et à l’information/sensibilisation. Par exemple, le CAUE de l’Isère

accompagne de nombreuses communes dans leur projet de revitalisation de centre-bourg,

notamment ceux de l’échantillonnage, de près ou de loin.

L’association de tous ces acteurs permet de constituer « une gouvernance forte, [qui] conduite par

la maîtrise d’ouvrage, renvoie à un pilotage bien lisible : organisation en équipe projet, comité de

pilotage, comité technique... » (DREAL Poitou Charente, p.11)

Les actions de concertation peuvent prendre des formes variées, selon les enjeux et les objectifs de

chaque projet, et les particularités du territoire. De manière non exhaustive, on recense :

- Les ateliers créatifs : ils peuvent être sollicités tout au long du projet, par exemple

un atelier au début de chaque grande étape permettant à tous les acteurs d’échanger

sur les à priori, les peurs, les doutes, et d’apporter des idées afin d’être dans la co-

construction.

- Les chantiers expérimentaux : ils permettent de tester des aménagements afin de se

projeter dans le futur, et ils permettent également de rendre le projet concret et de

le matérialiser.

- Le film artisanal : ce média a un double objectif : il permet l’implication des

habitants et des usagers lors du tournage, et est ensuite un support privilégié de

communication du projet par sa diffusion. Il participe également à la mise en récit

des lieux, permettant ainsi de commencer à redonner vie, à rassembler des

personnes dans des lieux qui avaient perdu cette fonction, et de faire rencontrer à

108

nouveau ces personnes. Le court-métrage La Glace à la Fourme du collectif Etc.

réalisé à Cunlhat dans le cadre d’une démarche participative de projet de

revitalisation est l’exemple d’un franc succès.

- Les expositions : elles permettent de donner à voir le projet de manière publique

pour que les personnes s’informent et se l’approprient. L’idéal est qu’elles soient

réalisées par les usagers et les parties prenantes du projet.

- Mise à disposition par la collectivité d’un local, un commerce vacant par exemple.

Cet endroit peut-être le support d’expositions, peut constituer un lieu de

rassemblement hors des locaux institutionnels tels que la mairie, jouer le rôle de

vitrine du projet sur une rue du centre-bourg, etc.

Au final, la multiplication des actions participatives et l’association du plus grand nombre de

partenaires ne peuvent que favoriser la réussite du projet par son appropriation par les habitants et

les usagers. C’est une condition indispensable pour le fonctionnement des espaces repensés. C’est

la mise en récit du projet de revitalisation, et du centre-bourg, dans une vision prospective de son

fonctionnement. Il est donc important d’informer, de communiquer et de sensibiliser tout au long

du processus de projet.

c. Les outils financiers pour mener à bien un projet de revitalisation de centre-bourg

Une liste non exhaustive présente les différents moyens pour financer le projet urbain de centre-

bourg. Il s’agit de subventions de l’Etat aux collectivités territoriales, comme le Fonds National

pour l’Aménagement et le Développement du Territoire (FNADT) qui soutient, en investissement

et en fonctionnement, les projets structurants d’aménagement du territoire. Il y a également le Fonds

d’Intervention pour les Services, l’Artisanat, et le Commerce (FISAC). « Les entreprises

commerciales, artisanales ou services qui envisagent une opération de création, de maintien, de

modernisation, d'adaptation ou de transmission de leur activité, afin de préserver ou de développer

un tissu d'entreprises de proximité, peuvent bénéficier à ce titre d'aides financières du FISAC. »

(lesaides.fr) Cet outil accompagne, par exemple, l’installation de commerçants, et peut permettre

de redonner vie à un local vacant. Pour en bénéficier, il faut répondre à un appel à projets, qui a lieu

tous les ans. Il a les objectifs suivants :

- « promouvoir une offre de proximité qui répond à l’évolution des attentes des

consommateurs, en utilisant par exemple des outils du numérique,

- promouvoir une offre de proximité qui s’inscrive dans une stratégie commune et des

partenariats avec les acteurs concernés par la vie de la cité,

109

- préserver le savoir-faire des Très Petites Entreprises (TPE) des secteurs du

commerce, de l’artisanat et des services et donner à celles-ci les moyens de se

moderniser et de se développer, via notamment des technologies numériques,

- favoriser la redynamisation des territoires, ruraux et urbains particulièrement

marqués par la dévitalisation commerciale. » (lesaides.fr)

Le montant de l’aide allouée dépend du type d’opération (opération individuelle en milieu rural ou

opération collective), du type de dépenses (fonctionnement ou investissement), et du maître

d’ouvrage (privé ou public). La Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la

Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE) est un interlocuteur privilégié pour ce type

de démarche.

Le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) vise notamment à renforcer

l’agriculture et à préserver l’environnement des territoires ruraux, ainsi qu’à diversifier l’économie

rurale et la qualité de vie.

Le contrat de ruralité « coordonne les moyens financiers et prévoit l’ensemble des actions et des

projets à conduire en matière d’accessibilité aux services et aux soins, de développement de

l’attractivité, de redynamisation des bourgs-centres, de mobilité, de transition écologique ou,

encore, de cohésion sociale. » (cget.gouv.fr) Ce type de contrat est conclu entre l’Etat, représenté

par le préfet, et les présidents de Pôle d’Equilibre Territorial et Rural (PETR) ou EPCI. C’est

véritablement l’outil de revitalisation des centres-bourgs. Il accompagne notamment la création de

maisons de santé, la couverture numérique, la téléphonie mobile, les maisons de services publics,

les projets culturels et le maintien du commerce de proximité.

Le Fonds de Soutien à l’Investissement Local (FSIL) est à destination des communes et des

intercommunalités. Le gouvernement intervient ainsi de cette manière dans les projets

d’équipements locaux favorisant l’emploi et la croissance. En 2016, sur un milliard d’euro d’aide,

300 millions d’euros étaient dédiés à la revitalisation des bourgs-centres et des villes moyennes.

Les communes peuvent bénéficier de cette aide financière en adressant un projet à la préfecture du

département.

Enfin, la Dotation de Solidarité Rurale (DSR) s’adresse aux communes chefs-lieux de canton et aux

communes dont la population compte au moins 15% de celle du canton. Dans les centres-bourgs de

l’échantillonnage, Saint-Marcellin, en sa qualité de chef-lieu de canton, est éligible à ce type d’aide.

110

d. Les étapes du projet de revitalisation d’un centre-bourg

Cette sous-partie n’a pas la prétention de donner une méthode à appliquer pour chaque projet mais

de livrer quelques clés pouvant concourir à sa réussite. Dans un premier temps, un diagnostic orienté

et fouillé doit être réalisé à l’échelle du périmètre du projet, mais aussi de ses marges, et plus

généralement du centre-bourg et de la commune pour observer leurs dynamiques. C’est en quelque

sorte le travail qui a été réalisé pour construire les fiches d’identité. Il s’agit d’exploiter les atouts

et de dépasser les contraintes afin d’élaborer et de planifier un projet urbain cohérent. Avoir

également une bonne connaissance des projets des communes alentours et de l’intercommunalité

permet d’éviter les effets de concurrence.

Ce travail est indispensable pour aboutir à un cahier des charges adapté à la commande politique,

aux besoins des usagers, et aux spécificités du territoire. Le projet s’adapte au centre-bourg, et non

pas l’inverse. « Chaque ville touchée par la dévitalisation commerciale doit s’engager dans un

projet de requalification adapté à la réalité de sa situation s'appuyant sur ses propres atouts

(patrimoine, culture, capacité d'attractivité touristique ou économique…), intégrant la maîtrise de

l'appareil commercial de l'ensemble du bassin de vie, combinant tous les leviers d'action

(urbanisme, habitat, activités, mobilité…) et regroupant les acteurs locaux dans une gouvernance

coordonnée. » (Rapport revitalisation commerciale, p.34) Plus spécifiquement, « un projet de

requalification consiste à préserver, et parfois à restructurer, un centre-ville compact, facilement

accessible, diversifié et co-animé par tous les acteurs. Il doit permettre, par ailleurs, de concilier

et de mobiliser les quatre fonctions de la centralité urbaine que sont la fonction économique, la

fonction identité, la fonction habitat et la fonction services. Un projet de requalification

commerciale de centre-ville doit aussi anticiper les mutations de la ville et chercher une continuité

commerciale et topographique des cheminements urbains. Au-delà de ces quelques constantes,

chaque ville définira l’espace le plus cohérent en fonction de sa morphologie et pensera sa stratégie

d'intervention en fonction de la situation locale s’appuyant sur les atouts identifiés. » (Rapport

revitalisation commerciale, p.7)

Pour ce faire, désigner un interlocuteur, véritable “manager du centre-ville”, permet de coordonner

toutes les réflexions et les actions. De plus, ce processus complexe s’inscrit dans le temps long, et

peut parfois pâtir de périodes difficiles liées à un essoufflement de la dynamique. Engager une

personne neutre, ayant une vision globale et du recul sur le projet, peut être un véritable atout pour

mener à bien la revitalisation. Chaque centre-bourg lauréat de l’appel à projet de l’Etat a un chef de

projet.

Le diagnostic partagé et concerté permet d’analyser les problèmes et les potentialités, en étudiant :

111

« • les usages actuels et futurs (habitat, activité, déplacement), en confrontant l’offre et la demande

(et les besoins) actuels à l’impact de ces territoires sur les usages (marché du logement, axes de

communications, armatures commerciales...)

• l’espace du territoire et du bourg concerné par le projet (approche de l’urbaniste, du paysagiste,

de l’architecte...)

• le projet, à la croisée des enjeux stratégiques de développement et des enjeux opérationnels

(partenariat, échéancier, priorisation, financement, animation...) en considérant l’effet « levier »

que le centre-bourg, la commune, le territoire élargi, pourront avoir l’un sur l’autre. » (DREAL

Poitou Charente, p. 9)

Ce travail permet d’aboutir à la formulation d’enjeux, d’orientations et d’objectifs. C’est un

préalable aux études de programmation, qui permettent d’élaborer un programme d’actions, aussi

appelé plan guide, des fiches projets avec les partenaires et les financements à mobiliser, ainsi qu’un

planning prévisionnel. « Le plan-guide est une représentation prospective du centre-bourg à long

terme. Il définit des hypothèses d’aménagement concernant l’ampleur, la nature et la localisation

des transformations urbaines pressenties et donne une vision qualitative plus que quantitative de

l’évolution souhaitée du centre-bourg. » (Habiter autrement les centres-bourgs, décembre 2013,

p.4) Tout en restant souple afin de permettre à la collectivité de l’adapter en cas de changements, le

plan guide est une étape incontournable qui précède la programmation urbaine et l’élaboration de

scénarii.

Le projet de centre-bourg s’inscrit dans plusieurs échelles de temps. C’est le court, le moyen et le

long terme. Complémentaires, ils doivent être pris en compte afin de planifier aux mieux les

aménagements selon leur contenu et leurs objectifs. Pour ce faire, un phasage précis doit être

élaboré, comprenant des phases d’expérimentations. Elles permettent de tester et d’évaluer des

aménagements avant tout investissement par la collectivité.

En somme, le projet de revitalisation se construit par le prisme des atouts des centres-bourgs. Ils

présentent un intérêt certain par leur qualité de vie, leurs qualités paysagères et patrimoniales,

l’esprit de village, la proximité entre les personnes et les espaces. La revitalisation se pense par le

génie du lieu, de l’eau et du patrimoine, permettant ainsi de tisser une multitude d’attentions, selon

l’environnement géographique, social et urbain de chaque territoire.

112

Conclusion

Les centres-bourgs, à travers leur histoire et leurs particularités, ont une identité qu’il est nécessaire

de préserver et de mettre en valeur. L’enjeu de la revitalisation et l’objectif du projet urbain sont de

caractériser à nouveau les centres-bourgs comme des lieux de vie. Pour ce faire, il convient de

s’adapter à chaque centre-bourg et de prendre en compte ses spécificités afin de les valoriser. Il

s’agit notamment de la topographie, de l’hydrographie, du paysage, du patrimoine bâti, etc. Définir

le centre-bourg selon des critères et un périmètre est indispensable pour délimiter de manière juste

l’espace de projet. Cependant, il est important de veiller à ne pas réduire le travail de revitalisation

à cette unique délimitation. Elle n’est pas stricte car les usages et les flux ne s’arrêtent pas aux

limites du périmètre tracé. Le travail de revitalisation doit impérativement prendre en compte et

étudier la morphologie urbaine des centres-bourgs. Du fait de leur origine historique, souvent

médiévale, les formes urbaines sont particulières à chaque centre-bourg. La revitalisation doit

prendre aussi en compte le fait que, selon une vision polycentrique, les centres-bourgs sont des

centralités dans les territoires ruraux et périurbains. Toutes les échelles sont importantes, il faut

veiller à jouer entre toutes afin d’avoir une approche multi-scalaire. En termes de projet, la

revitalisation passe par la réduction de la place de la voiture, et par le fait de repenser le

fonctionnement et l’aménagement du centre-bourg à l’échelle du piéton. C’est toute la question des

usages, qui doit être intégrée à chaque réflexion. La réaffirmation de la fonction économique est

également primordiale. De fait, par leurs nombreuses qualités, les centres-bourgs ont une attractivité

certaine. L’urbaniste doit ainsi adapter sa méthodologie de travail et sa pratique afin de saisir tous

les enjeux de ces espaces. Le projet doit se co-construire et s’effectuer dans une démarche

partenariale et pluridisciplinaire. L’urbanisme et l’aménagement sont de véritables facteurs et outils

de redynamisation et de revitalisation qui doivent toujours être menés dans une démarche d’intérêt

général. Les centres-bourgs sont des espaces particuliers, qui nécessitent des réponses spécifiques

à leurs problématiques et leur revitalisation n’est pas de l’ordre de l’utopie. Elle constitue un vrai

projet de territoire, passionnant par la diversité de ses enjeux.

113

Liste des sigles

ALUR : Amélioration pour l’accès au Logement et un Urbanisme Rénové

AMI : Appel à Manifestation d’Intérêt

ANAH : Agence Nationale d’Amélioration de l’Habitat

ARS : Agence Régionale de Santé

AUCAME : Agence d’Urbanisme de Caen Normandie Métropole

BIMBY : Build In My BackYard

CAUE : Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement

CCI : Chambre de Commerce et d’Industrie

DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du

Travail et de l’Emploi

DSR : Dotation de Solidarité Rurale

DPU : Droit de Préemption Urbain

DREAL : Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement

EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale

EPF : Etablissement Public Foncier

EPFB : Etablissement Public Foncier de Bretagne

EPORA : Etablissement Public foncier de l’Ouest Rhône Alpes

ERP : Etablissement Recevant du Public

FISAC : Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat, et le Commerce

FEADER : Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural

FNADT : Fonds National pour l’Aménagement et le Développement du Territoire

INSEE : Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques

FSIL : Fonds de Soutien à l’Investissement Local

LOV : Loi d’Orientation sur la Ville

114

OAP : Orientation d’Aménagement et de Programmation

OPAH : Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat

PADD : Projet d’Aménagement et de Développement Durable

PIG : Programme d’Intérêt Général

PLU : Plan Local d’Urbanisme

PNR : Parc Naturel Régional

PETR : Pôle d’Equilibre Territorial et Rural

RR : Revitalisation Rurale

RU : Renouvellement Urbain

SCoT : Schéma de Cohérence Territorial

SIG : Système d’Information Géographique

TPE : Très Petite Entreprise

UDAP : Unité Départementale d’Architecture et du Patrimoine

115

Annexes

L'objectif de ces annexes est de montrer la forme des documents produits, puisque le contenu a été

repris et explicité dans le propos.

Annexe n°1 : Fiche d’identité de Beaurepaire

116

117

118

Annexe n°2 : Extrait de la synthèse des problématiques et des pistes

d’action pour la revitalisation des centres-bourgs

119

120

Bibliographie

[Ouvrages]

ALLAIN R., 2004, Morphologie urbaine. Géographie, aménagement et architecture de la ville,

Armand Colin, Paris, 254 p.

BURKLIN T., PETEREK M., 2008, Morphologie urbaine, Birkhauser, Basel, Boston, Berlin, 72p.

BENEVOLO L., 2004 (Italie, 1975), Histoire de la ville, Édition Parenthèses, Marseille, 509 p.

DONADIEU P., 1998, Campagnes urbaines, Actes Sud, Arles, 219 pages.

HUSSON J.P., 2008, Envies de campagne – Les territoires ruraux français, Ellispes, 207 p.

INGALLINA, P., 2010, Le projet urbain – 4ème édition mise à jour. Presses Universitaires de

France. 127 p.

JOUSSEAUME V., 1998, L'ombre d'une Métropole. Les bourgs-centres de Loire-Atlantique.

Presses Universitaires de Rennes.

RAZEMON O. 2016. Comment la France a tué ses villes ? Editions Rue de l’échiquier, Paris. 188

pages.

[Articles]

Association des maires de France, 2014, n°309. Du logement social pour ne pas laisser un centre-

bourg mourir, p.48-49 écrit par Franck LEMARC.

Techni.cités, 2010, n°194, Manifeste pour une centralité suburbaine, LAVADINHO S., LENSEL

B., p.23-25.

[Dictionnaires]

Dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement. 2005. MERLIN P., CHOAY F., Presse

universitaire de France. 1Ère édition « Quadrige ». 963 p.

Le nouveau petit Robert : Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. 2002.

REY-DEBOVET J., REY A. Dictionnaires le Robert, Paris. 2 949 p.

121

[Rapports et études]

Aménager les territoires ruraux et périurbains, 2016, BONNET J., 129 p. Disponible sur :

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/164000021.pdf

Aménager nos villes et nos villages. Guide méthodologique pour élaborer et mettre en œuvre nos

projets d’aménagement, 2017, Communauté du Pays Voironnais, 31 p.

Analyse de la morphologie urbaine, 2008, Agence d’Etudes d’Urbanisme de Caen-Métropole

(AUCAME), 29 p., Disponible sur : http://www.aucame.fr/web/territoire/fichiers/1-3_Analyse-de-

la-morphologie-urbaine.pdf

Fiche technique : Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat, 2012, Myriam Guinand,

Master 2 Conseil en Développement territorial, 5 p., Disponible sur :

https://lecercledesdeveloppeurs.files.wordpress.com/2012/04/opah.pdf

Habiter autrement les centres-bourgs – Les cahiers du parc, urbanisme, 2013. Parc Naturel

Régional Livradois-Forez. 12 pages. Disponible sur : http://www.parc-livradois-

forez.org/inventer/urbanisme/centres-bourg/programme-habiter-autrement-les-centres-bourgs/

Habiter autrement les centres-bourgs – Programme, note de synthèse, 2013, Parc Naturel Régional

Livradois-Forez, 22 p., Disponible sur : http://www.parc-livradois-

forez.org/inventer/urbanisme/centres-bourg/programme-habiter-autrement-les-centres-bourgs/

Habiter autrement les centres-bourgs en massif central, L’exemple du Livradois-Forez, 2014, Parc

Naturel Régional (PNR) Livradois-Forez, 88 pages, Disponible sur : http://www.parc-livradois-

forez.org/inventer/urbanisme/centres-bourg/programme-habiter-autrement-les-centres-bourgs/

La revitalisation commerciale des centres-villes, 2016, Inspection Générale des Finances, Conseil

Général de l’Environnement et du Développement durable, 471 p. Disponible sur :

https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/Rapport_RevitalisationcentresvillesVdef_octobre20

16.pdf

Mission d'étude sociologique sur l'attractivité des centres-bourgs, 2013, Foncier de Bretagne, 135

p., Disponible sur : http://www.manafactory.fr/travaux/attractivite-des-centre-bourgs-en-bretagne/

Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat, 2005, mis à jour en 2012, CAUE Midi-

Pyrénées, 2 p., Disponible sur : http://www.caue-mp.fr/uploads/documents/cauemp/OPAH.pdf

Projet d’Intérêt Général, 2012, CAUE Midi-Pyrénées, 2 p., Disponible sur : www.caue-

mp.fr/uploads/PIG.pdf?1343312856

122

Représenter l’intercommunalité. Enjeux et pratiques de la communication des communautés, 2013,

Assemblée des Communautés de France, 87 pages, Disponible sur :

http://www.adcf.org/files/ADCF-EtudeComm-130913-WEB.pdf

Revitalisation des centres-bourgs par le commerce : retours d’expérience, 2016, Etablissement

public foncier de Bretagne, 12 p., Disponible sur :

www.bretagne.cci.fr/file/1845/download?token=FsZfaQs

[Mémoires]

BELLEIL S., Dir. AMBROSINO C., 2013, Le polycentrisme comme réponse aux enjeux de la ville

contemporaine ? Le cas de l’agglomération du Pays de Montbéliard, 104 p.

VIGNON A., Dir. DUARTE P., 2016, Logements vacants : conséquences ou révélateurs des

inégalités territoriales ? Cas du territoire niortais, Master Sciences du territoire spécialité

« urbanisme et projet urbain », Institut d'Urbanisme de Grenoble, 207 p.

[Sites internet]

Agence Nationale d’Amélioration de l’Habitat : http://www.anah.fr/decideurs-publics/les-

operations-programmees/quest-ce-quune-operation-programmee/ (consulté le 16/08/17)

Agenda d’Accessibilité Programmé : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/ladap-agenda-

daccessibilite-programmee (consulté le 15/08/17)

CAUE : http://www.fncaue.com/quest-ce-qu-un-caue/ (consulté le 21/08/17)

Centre-bourg : http://www.centres-bourgs.logement.gouv.fr/

Commune de Beaurepaire : http://www.ville-beaurepaire.fr/

Commune du Bourg d’Oisans : http://bourgdoisans.com/

Commune des Avenières Veyrins-Thuellin : http://www.lesavenieres.fr/

Commune de Mens : http://www.mairie-de-mens.fr/

Commune de Roussillon : http://www.ville-roussillon-isere.fr/

Commune de Saint-Marcellin : http://www.saint-marcellin.fr/

Contrat de Ruralité : http://www.cget.gouv.fr/ruralites/contrat-de-ruralite (consulté le 28/08/17)

123

FISAC : http://les-aides.fr/fiche/bpBrAX5G2e3B/direccte/fisac-fonds-d-intervention-pour-les-

services-l-artisanat-et-le-commerce.html (consulté le 20/08/17)

FSIL : https://www.territoires.gouv.fr/le-fonds-de-soutien-a-linvestissement-local-fsil/ (consulté le

28/08/17)

IAU Ile de France : https://www.iau-idf.fr/savoir-faire/nos-travaux/amenagement-et-

territoires/periurbain/chroniques-du-periurbain/le-periurbain-est-mort-vive-les-campagnes-

urbaines.html (consulté le 27/06/17)

INSEE : https://www.insee.fr (consulté le 16/05/17)

Isère Patrimoine : http://www.isere-patrimoine.fr

Hypergéo : http://www.hypergeo.eu (consulté le 16/05/17)

Programme d’Intérêt Général : https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/programme-dinteret-general/

(consulté le 17/08/17)

Projet urbain : https://villedurable.org/guide-de-gestion-de-projets-urbains/principes-strategiques-

pour-la-gestion-de-projets-urbains/quest-ce-quun-projet-urbain/ (consulté le 19/08/17)

Revitalisation centre-bourg : http://www.centres-bourgs.logement.gouv.fr/invitation-a-l-atelier-

regional-revitalisation-des-a317.html

Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté : http://www.saintmarcellin-vercors-isere.fr/4433-le-

territoire.htm (consulté le 13/08/17)

Subventions : https://www.collectivites-locales.gouv.fr/subventions (consulté le 20/08/17)

124

Table des illustrations

Table des figures

Figure 1 : Schéma des mots clefs saillants du travail de recherche sur l'évolution des tissus urbains,

présenté le 04.11.2016 au pôle urbanisme (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, novembre 2016) .. 7

Figure 2 : Liste des personnes interrogées (Léa Gouttenoire, août 2017) ...................................... 12

Figure 3 : Grille d'entretien pour interroger les élus, celle-ci a été utilisée pour Saint-Marcellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, février 2017) ................................................................................. 13

Figure 4 : Le système morphologique selon Allain (ALLAIN, 2004, p.15) .................................. 32

Figure 5 : Représentation de bande simple, en haut la bande ouverte et en bas la bande fermée, selon

Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.11) ............................................................... 34

Figure 6 : L'îlot selon Burklin et Peterek (BURKLIN, PETEREK, 2008, p.21) ............................ 36

Table des tableaux

Tableau 1 : Extrait du tableau synthétique répertoriant les recherches sur l'évolution des tissus

urbains (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, novembre 2016) ......................................................... 8

Tableau 2 : Critères de sélection des communes (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, janvier 2017)

........................................................................................................................................................ 10

Tableau 3 : Nombre d'établissements selon l'INSEE en 2015 et part de l'agriculture pour les six

centres-bourgs étudiés, classés selon l’ordre décroissant de population (Léa Gouttenoire, août 2017)

........................................................................................................................................................ 41

Tableau 4 : Evolution de la part des logements vacants (en %) entre 2009 et 2014 selon l'INSEE

pour les centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017) ....................................................... 53

Tableau 5 : Part des résidences secondaires (y compris les logements occasionnels) en 2014 (en %)

selon l'INSEE pour les centres-bourgs étudiés (Léa Gouttenoire, août 2017) ............................... 54

Tableau 6 : Variation de la population – taux annuel moyen entre 2009 et 2014 (en %) (dont

variation due au solde naturel et des entrées et sorties) selon l'INSEE pour les centres-bourgs étudiés

(Léa Gouttenoire, août 2017) ......................................................................................................... 54

Tableau 7 : Population et densité des communes de l'échantillonnage considérées comme non

rurales (source données : page 1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août 2017) 66

Tableau 8 : Population et densité du Bourg d'Oisans et de Mens dans leur caractérisation de

commune rurale (source données : page 1 des fiches d’identité respectives) (Léa Gouttenoire, août

2017) ............................................................................................................................................... 67

125

Table des cartographies

Cartographie 1 : Situation géographique des six communes en Isère (Léa Gouttenoire, août 2017,

Google Maps) ................................................................................................................................. 11

Cartographie 2 : Localisation ressentie du centre-bourg de Beaurepaire en 2017 (selon une analyse

de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère) ....................................................................................................... 25

Cartographie 3 : Localisation ressentie du centre-bourg du Bourg d'Oisans en 2017 (selon une

analyse de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère) .............................................................................................. 26

Cartographie 4 : Localisation ressentie du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin en 2017

(selon une analyse de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche

d’identité (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère) .............................................................................. 27

Cartographie 5 : Localisation ressentie du centre-bourg de Mens en 2017 (selon une analyse de la

morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère) ....................................................................................................... 28

Cartographie 6 : Localisation ressentie du centre-bourg de Roussillon en 2017 (selon une analyse

de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère) ....................................................................................................... 29

Cartographie 7 : Localisation ressentie du centre-bourg de Saint-Marcellin en 2017 (selon une

analyse de la morphologie urbaine et le dessin des élus), extrait de la page 1 de la fiche d’identité

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère) .............................................................................................. 30

Cartographie 8 : Structuration en bande simple fermée, et ouverte par endroits, de la Rue de Ciers

aux Avenières Veyrins-Thuellin (Géoportail, 2017) ...................................................................... 34

Cartographie 9 : Structuration en bande fermée (simples et doubles) des Rues du Breuil et Louis

Rippert de Mens (Géoportail, 2017) ............................................................................................... 35

Cartographie 10 : Structuration en îlots du centre historique de Beaurepaire (Géoportail, 2017) . 36

Cartographie 11 : Enceinte médiévale fortifiée et faubourgs de Mens (Léa Gouttenoire, août 2017,

fond de carte Géoportail) ................................................................................................................ 39

Cartographie 12 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ................................................................................. 42

Cartographie 13 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ........................................................................ 42

Cartographie 14 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg des Avenières

Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017) ....................................... 43

Cartographie 15 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Mens (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) ................................................................................. 43

Cartographie 16 : Commerces, équipements et services publics du centre-bourg de Roussillon (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 22 mars 2017) ............................................................................... 44

Cartographie 17 : Commerces, services et équipements publics du centre-bourg de Saint-Marcellin

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) .......................................................................... 44

Cartographie 18 : Typologie de l'habitat du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................................................. 49

Cartographie 19 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 2017) .............................................................................................................................. 49

Cartographie 20 : Typologie de l'habitat du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 50 126

Cartographie 21 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 50

Cartographie 22 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................................................. 51

Cartographie 23 : Typologie de l'habitat du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 51

Cartographie 24 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg du Bourg d'Oisans

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 55

Cartographie 25 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Beaurepaire

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 55

Cartographie 26 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg des Avenières

Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ........................................................ 56

Cartographie 27 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Mens (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 56

Cartographie 28 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Roussillon (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 57

Cartographie 29 : Déplacements, stationnement, espaces publics du centre-bourg de Saint-Marcellin

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 57

Cartographie 30 : Polarités au de-là du centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 74

Cartographie 31 : Polarités au de-là du centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 2017) .............................................................................................................................. 75

Cartographie 32 : Polarités au de-là du centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 75

Cartographie 33 : Polarités au de-là du centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

2017) ............................................................................................................................................... 76

Cartographie 34 : Polarités au de-là du centre-bourg de Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 2017) .................................................................................................................................. 76

Cartographie 35 : Polarités au de-là du centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 2017) .............................................................................................................................. 77

Cartographie 36 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Beaurepaire

........................................................................................................................................................ 79

Cartographie 37 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg du Bourg

d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ...................................................................... 79

Cartographie 38 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg des Avenières

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 79

Cartographie 39 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Mens (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) ............................................................................................. 80

Cartographie 40 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Roussillon

(Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................................... 80

Cartographie 41 : Constats et enjeux d'aménagement pour revitaliser le centre-bourg de Saint-

Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2017) .................................................................... 81

127

Table des photographies

Photographie 1 : Marché alimentaire du vendredi matin sur la Place d'Armes, Saint-Marcellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) ................................................................................... 21

Photographie 2 : Halle de Mens (CAUE de l’Isère, 13 mars 2015) ............................................... 22

Photographie 3 : Commerce de bouche vacant depuis peu sur la Place de la Paix à Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ................................................................................ 42

Photographie 4 : Rez-de-chaussée commerciaux, Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

2 mars 2017) ................................................................................................................................... 42

Photographie 5 : Commerce vacant Rue Général Bataille, Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ..................................................................................................... 42

Photographie 6 : Commerces en activité Rue de Viennois, Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ...................................................................................................... 42

Photographie 7 : Commerce de bouche vacant, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 23 février 2017) ................................................................................................. 43

Photographie 8 : Commerce de bouche en activité, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 févier 2017) ............................................................................. 43

Photographie 9 : Commerces Rue du Breuil, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017)

........................................................................................................................................................ 43

Photographie 10 : Cave à vin Place de la Halle, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril

2017) ............................................................................................................................................... 43

Photographie 11 : Commerce vacant Rue Grande, Roussillon (CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)

........................................................................................................................................................ 44

Photographie 12 : Commerce en activité Rue Grande, Roussillon (CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016)

........................................................................................................................................................ 44

Photographie 13 : Commerces en activité, Grande Rue, Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE

de l’Isère, 5 mai 2017) .................................................................................................................... 44

Photographie 14 : Commerces vacants, Rue Grande, Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 5 mai 2017)………………………………………………………………………………..44

Photographie 15 : Habitat ancien continu le long de l’Avenue Victor Hugo, Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ............................................................................... 449

Photographie 16 : Habitat ancien dense Avenue de la République, Le Bourg d'Oisans (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ................................................................................. 49

Photographie 17 : Habitat ancien dense, Rue de Ciers, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017) ............................................................................ 50

Photographie 18 : Habitat ancien, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) ......... 50

Photographie 19 : Habitat ancien de la Rue Grande, Roussillon (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

5 octobre 2016) ............................................................................................................................... 51

Photographie 20 : Habitat de faubourg vacant et dégradé, Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE

de l'Isère, 5 mai 2017)……………………………………………………………………………..51

Photographie 21 : Places de stationnement en zone bleue, Rue de la République, Beaurepaire (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ................................................................................. 55

Photographie 22 : Parking au nord du centre-bourg avec une percée paysagère sur le patrimoine

bâti, Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) ............................................ 55

Photographie 23 : Traversée piétonne, "beal", Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 10 mai 2017) ...................................................................................................................... 55

Photographie 24 : Espace public et stationnement, Le Bourg d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 10 mai 2017) ...................................................................................................................... 55 128

Photographie 25 : Espace public, Les Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de

l’Isère, 23 février 2017) .................................................................................................................. 56

Photographie 26 : Stationnement Place Richard Béranger, Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère,

4 avril 2017) ................................................................................................................................... 56

Photographie 27 : Stationnement et espace public, Place du Château, Roussillon (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016) .................................................................................................. 57

Photographie 28 : Stationnement avec une percée visuelle sur le patrimoine bâti du centre-bourg,

Saint-Marcellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) ................................................ 57

Photographie 29 : Eglise de Mens (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) .................. 59

Photographie 30 : Château de Roussillon, classé aux Monuments Historiques (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 5 octobre 2016) .................................................................................................. 59

Photographie 31 : L'Oron : cours d'eau non aménagé à Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de

l'Isère, 2 mars 2017)…………………………………………………………………………….....60

Photographie 32 : Vue sur le centre-bourg du Bourg d'Oisans et sur le grand paysage (Léa

Gouttenoire, CAUE de l'Isère, 10 mai 2017)………………………………………………………60

Photographie 33 : Devanture commerciale soignée dans le centre-bourg des Avenières Veyrins-

Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février 2017) 87

Photographie 34 : Exemple de requalification de l'espace public aux abords d'un équipement public

et de sa mise en accessibilité, mairie de Beaurepaire (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 2 mars

2017) ............................................................................................................................................... 90

Photographie 35 : Exemple de façades ravalées de bâtiments anciens dans le centre-bourg du Bourg

d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) .......................................................... 96

Photographie 36 : Exemple d'aménagement de parking avec du végétal et du mobilier urbain dans

le centre-bourg des Avenières Veyrins-Thuellin (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 23 février

2017) ............................................................................................................................................... 99

Photographie 37 : Signalétique sur le Champ de Mars du centre-bourg de Saint-Marcellin pouvant

être adaptée au stationnement (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 5 mai 2017) ........................ 100

Photographie 38 : Requalification de la voirie sur la rue de Viennois dans le centre-bourg du Bourg

d'Oisans (Léa Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ........................................................ 101

Photographie 39 : Requalification de la voirie dans le centre-bourg du Bourg d'Oisans (Léa

Gouttenoire, CAUE de l’Isère, 10 mai 2017) ............................................................................... 101

Photographie 40 : Apaisement de la voirie dans le centre-bourg de Beaurepaire (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 2 mars 2017) .................................................................................................... 101

Photographie 41 : Aménagement d'espace public dans le centre-bourg de Mens (Léa Gouttenoire,

CAUE de l’Isère, 4 avril 2017) .................................................................................................... 103

Photographie 42 : Vue sur le grand paysage depuis le centre-bourg de Saint-Marcellin (Léa

Gouttenoire, CAUE de l'Isère, 5 mai 2017)………………………………………………………105

Photographie 43 : Vue sur le centre-bourg de Roussillon et sur le grand paysage (CAUE de l’Isère,

5 octobre 2016) ............................................................................................................................. 105

129

Table des matières

Notice analytique .............................................................................................................................. 1

Remerciements ................................................................................................................................. 3

Sommaire.......................................................................................................................................... 5

Préambule méthodologique de la mission d'apprentissage au Conseil d’Architecture d’Urbanisme

et d’Environnement (CAUE) de l’Isère sur la revitalisation des centres-bourgs dans le département

.......................................................................................................................................................... 7

1) Première phase de recherches ............................................................................................... 7

2) La sélection des communes .................................................................................................. 8

3) Mise en place d’une méthodologie et d’outils .................................................................... 11

a. Les entretiens .................................................................................................................. 11

b. La fiche d’identité ........................................................................................................... 13

c. La synthèse ...................................................................................................................... 14

4) Mise en pratique des outils : transition vers la phase active de l’étude .................................. 14

Introduction .................................................................................................................................... 16

Qu'est-ce qu'un centre-bourg ? ....................................................................................................... 18

1) Portrait du centre-bourg selon les sciences humaines et sociales et l’urbanisme, une

définition par critères .................................................................................................................. 18

a. Le centre, première approche de la notion de centre-bourg ............................................ 18

b. Le bourg, complément indispensable du centre pour sa signification ............................ 19

c. Définition du « bourg-centre » ........................................................................................ 20

2) Le centre-bourg vu par les élus des communes étudiées .................................................... 21

a. Origine de la formation des centres-bourgs, une centralité historique certaine .............. 21

b. Les élus définissent le centre-bourg ................................................................................ 23

c. Le centre-bourg se définit également par son périmètre ................................................. 24

3) Etude approfondie de la morphologie urbaine des centres-bourgs sélectionnés ................ 31

a. Définition et méthode d’analyse de la morphologie urbaine .......................................... 31

b. Composition urbaine : les modules de morphologie urbaine .......................................... 33

c. Les centres fortifiés du Moyen Âge ................................................................................ 37

c.1. Le tissu urbain ancien .................................................................................................. 37

c.2. Les murailles et les faubourgs ..................................................................................... 38

Conclusion de la partie I ................................................................................................................. 39

II. Le centre-bourg dans son territoire : quelles sont les dynamiques de dévitalisation ?

Aujourd’hui dans le rural et le périurbain, les centres-bourgs sont-ils des centralités ? ................ 40

1) Diagnostic des symptômes de la dévitalisation à l’échelle des centres-bourgs, illustration

avec les études de cas ................................................................................................................. 40 130

a. Activités économiques, équipements et services publics ................................................ 40

a.1. Le phénomène de la vacance commerciale ................................................................. 40

a.2. La dégradation et la perte de dynamisme des commerces ........................................... 46

a.3. Les équipements et les services publics, un maintien fragile ...................................... 47

b. L’habitat .......................................................................................................................... 48

b.1. Analyses cartographiques et photographiques ............................................................ 48

b.2. Le parc de logements des centres-bourgs est dans de mauvaises conditions .............. 52

b.3. Les logements vides, une caractéristique forte de la dévitalisation ............................. 53

c. Espaces public, stationnement, déplacements ................................................................. 55

d. Les patrimoines et le projet de revitalisation .................................................................. 59

2) Situation géographique des centres-bourgs ............................................................................ 61

a. Le rural ............................................................................................................................ 61

b. Le périurbain ................................................................................................................... 63

c. Nouvelles catégorisations pour ces espaces ? De « campagnes urbaines » à « périrural »

65

d. Les centres-bourgs étudiés sont-ils ruraux ? Périurbains ? Des campagnes urbaines ? .. 65

3) La centralité, affaiblie ou comme un atout de revitalisation .............................................. 68

a. Première approche de la centralité par sa définition ....................................................... 68

b. Typologie des centralités par leurs fonctions, liées aux échelles .................................... 70

b.1. La centralité commerciale ........................................................................................... 70

b.2. La centralité administrative, politique et institutionnelle ............................................ 71

b.3. La centralité rurale, associée à une centralité touristique pour les centres-bourgs étudiés

............................................................................................................................................ 72

b.4. La centralité d’usages .................................................................................................. 72

c. Vers un polycentrisme .................................................................................................... 73

Conclusion de la partie II ............................................................................................................... 78

III. Le centre-bourg au XXIème siècle : comment revitaliser les centres-bourgs ? Quel projet

urbain pour ces territoires ? Comment renforcer ou redonner une centralité ? .............................. 79

1) Synthèse des enjeux pour la revitalisation des centres-bourgs étudiés .............................. 79

2) Pistes d’action par grandes thématiques : comment revitaliser les centres-bourgs ? ......... 82

a. Commerces, équipements et services publics ................................................................. 82

a.1. Résoudre la vacance commerciale ............................................................................... 82

a.2. Renforcer le dynamisme du tissu commercial existant ............................................... 86

a.3. Penser la revitalisation commerciale au-delà du centre-bourg .................................... 89

a.4. Assurer la pérennité des équipements et des services publics en centre-bourg ........... 90

b. Le logement ..................................................................................................................... 91

b.1. Résoudre la vacance du logement ............................................................................... 91 131

b.2. Réhabiliter des logements vétustes .............................................................................. 93

b.3. Renforcer l’attractivité de l’habitat des centres-bourgs ............................................... 95

b.4. Assurer une meilleure gestion du foncier .................................................................... 98

c. Stationnement, déplacements, espaces publics ............................................................... 98

c.1. Repenser la place de la voiture immobilisée ............................................................... 98

c.2. Adapter le centre-bourg aux déplacements à l’échelle du piéton .............................. 100

c.3. Transformer les espaces publics en véritables lieux de vie ....................................... 102

d. Patrimoines et tourisme ................................................................................................. 104

3) Monter un projet urbain pour revitaliser un centre-bourg ................................................ 105

a. Le projet urbain de centre-bourg ................................................................................... 105

b. Réaménager un centre-bourg dans la concertation ....................................................... 106

c. Les outils financiers pour mener à bien un projet de revitalisation de centre-bourg .... 108

d. Les étapes du projet de revitalisation d’un centre-bourg .............................................. 110

Conclusion .................................................................................................................................... 112

Liste des sigles.............................................................................................................................. 113

Annexes ........................................................................................................................................ 115

Annexe n°1 : Fiche d’identité de Beaurepaire .............................................................................. 115

Annexe n°2 : Extrait de la synthèse des problématiques et des pistes d’action pour la revitalisation

des centres-bourgs ........................................................................................................................ 119

Bibliographie ................................................................................................................................ 121

[Ouvrages] ................................................................................................................................ 121

[Articles] ................................................................................................................................... 121

[Dictionnaires] .......................................................................................................................... 121

[Rapports et études] .................................................................................................................. 122

[Mémoires] ............................................................................................................................... 123

[Sites internet] .......................................................................................................................... 123

Table des illustrations ................................................................................................................... 125

Table des figures ....................................................................................................................... 125

Table des tableaux .................................................................................................................... 125

Table des cartographies ............................................................................................................ 126

Table des photographies ........................................................................................................... 127

Table des matières ........................................................................................................................ 129

132