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Automne 2007 - numéro 4 n4 des médias LA REVUE EUROPÉENNE ° IRebs Institut de Recherche de l’European Business School IREC UNIVERSITÉ PANTHÉON-ASSAS PARIS 2

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n4des médiasLA REVUE EUROPÉENNE°

IRebsInstitut de Recherche de l’European Business School

IRECUNIVERSITÉ PANTHÉON-ASSAS PARIS 2

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sommaireLES RUBRIQUES Faits d’actualité p.3� Droit

Allemagne : la Cour constitutionnelle confirme l’indé-pendance des organismes publics de radiodiffusion

Musique : systèmes anticopie hors-la-loi en France

Microsoft : condamnation européenne confirmée

� Techniques

Internet mobile : les opérateurs français passent à lavitesse supérieure

Un avatar parle la langue des signes

France : l’e-paper lancé par le quotidien Les Echos estune première mondiale

� Economie

Consolidation du secteur de l’information financièredans le monde

Thomson Corp. rachète Reuters et devient le leadermondial de l’information financière.

En France, la difficile cession des Echos par le groupePearson

Ailleurs en Europe, revente sans heurts du groupe dedonnées financières Datamonitor au britannique In-forma et des activités financières de Fininfo à Telekurs

ProSiebenSat.1 devient le deuxième groupe audiovi-suel en Europe

Le groupe allemand Axel Springer multiplie les acqui-sitions stratégiques

Abandon en série des projets de quotidiens à bas prixen France

La presse gratuite d’information économique devientrentable

Suisse : la presse d’information économique victimede la concurrence des gratuits

Espagne : Mediapro lance un nouveau quotidien pourcontrer El País

Sites Web et médias : plus complémentaires queconcurrents

Le groupe belge Roularta tire les bénéfices de son im-plantation en France

Allemagne : un nouveau mode de commercialisationpour la musique

Musique : OPA réussie de Terra Firma sur EMI, rachatde BMG Publishing par Universal et reprise de l’en-quête sur le mariage Sony – BMG

Endemol et Marathon revendues à des groupes demédias italiens

BSkyB rachète Amstrad et sécurise son approvision-nement en décodeurs numériques

Bolloré, Jean Pierre Barry et UBF Media Group créentEuro Media Group, nouveau géant européen des pres-tations techniques audiovisuelles

Lancement de l’iPhone aux Etats-Unis, arrivée pro-grammée en Europe

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sommaire� Usages

La Commission européenne lance sa propre chaînesur YouTube

Pays-Bas : canular et téléréalité sensibilisent au dond’organes

Pour les Français, Internet, c’est déjà plus simplequ’un coup de fil

Les Européens ne seraient pas intéressés par la TMP

Divertissement : la télévision détrônée

Tele Jato : la plus petite chaîne italienne au serviced’une grande cause

Ailleurs p.25Le New York Times gratuit sur le Net

Japon : lancement du « DVD Burning »

Afrique du Sud : guerre annoncée des chaînes d’infor-mation anglophone sur le continent africain

Australie : une Google election

Les acteurs globaux p.27Rupert Murdoch s’empare du groupe Dow Jones et duWall Street Journal

Baidu versus Google sur le marché de la recherchesur Internet en Chine

Le virtuel pollue

A retenir p.31TMP (Télévision mobile personnelle)

Mobispectateur

DVB-H (Digital Video Broadcasting Handhelds)

Switch off

RNT (Radio numérique terrestre)

Podcast

SMA (Service de média audiovisuel)

Vient de paraître p.32� La culture de service public de radiodiffusion, Irisspécial, Observatoire européen de l’audiovisuel, Stras-bourg, 2007, 194 pages.

� Festival européen des 4 écrans, MK2 Bibliothèqueet Bibliothèque nationale de France (BNF), Paris, 27-29 septembre 2007.

LES ARTICLES p.34� Droits sportifs : les enjeux économiques du contrôledes images

� De la directive « TSF » à la directive « SMA ».

� La « pipolisation » des hommes politiques :jusqu’où ? pourquoi ?

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Faits d’actualité�DroitAllemagne : la Cour constitutionnelleconfirme l’indépendance des organismespublics de radiodiffusion

En 2005, les deux chaînes publiques allemandesARD et ZDF avaient engagé une procédure devant laCour constitutionnelle à l’encontre des Länder quis’étaient opposés à une augmentation de la rede-vance.

En Allemagne, ce sont les chaînes publiques qui éva-luent elles-mêmes, tous les quatre ans, leurs besoinsen financement. Un comité d’experts indépendants,la KEF (Commission d’évaluation des besoins finan-ciers), est ensuite chargé de faire valider leur propo-sition de budget auprès des parlements régionaux,lesquels suivent presque toujours la proposition de laKEF.

Pour la période 2005-2008, la KEF avait prévu 1,08euro d’augmentation du montant mensuel de la re-devance, soit 17,24 euros par mois. Les Länder s’yétaient opposés en accordant 0,88 euro soit 17,03euros mensuels. En jugeant la décision des Ländernon conforme à la Constitution, la Cour constitution-nelle confirme ainsi le mode bien spécifique de fi-nancement de l’audiovisuel public allemand dansson principe d’indépendance. L’arrêt de la Cour du 12septembre 2007 n’a pas d’effet rétroactif, néanmoinsles deux chaînes ARD et ZDF évaluent l’augmentationdu montant mensuel de la redevance à 1,39 europour l’année 2009.

En Allemagne, la redevance, dont le montant est plusélevé qu’en France, est collectée par le GEZ, un orga-nisme dépendant des chaînes publiques. L’enveloppeglobale est d’environ 7 milliards d’euros et corres-pond à la quasi-totalité du financement des chaînesARD et ZDF et de la radio publique Deutschlandfunk.

FL

Source :- « Coup de théâtre sur la redevance en Allemagne », N.W.,Ecran total, n°674, 26 septembre 2007.

Musique : systèmes anticopie hors-la-loien France

A force de condamnations en cascade, les majorsvont finir par abandonner définitivement le systèmeanticopie, cette protection respectueuse des droitsd’auteur, mais regrettable pour les consommateurspuisqu’elle rend les CD illisibles sur certains lecteursde salon ou autres auto-radios.

Warner Music a déjà été condamné pour une affairede cette nature. Quant à elle, la major EMI, incriminéeen 2003 avec confirmation de la condamnation enappel en 2004, se retrouve aujourd’hui assujettie àune amende de 20 000 euros, suite au jugementrendu par le tribunal de grande instance de Nanterre.L’affaire initiée par deux associations de consomma-teurs, CLCV (Consommation logement et cadre devie) et UFC-Que Choisir, porte sur la commercialisa-tion en 2002 et 2003 de CD équipés de dispositifsanti-copie, retirés de la vente début 2007. Le tribunala conclu que le système anticopie, parce qu’il modi-fie les critères techniques d’un CD audio définis par lanorme NF EN 60908, ne fait plus de celui-ci un CD.

Les deux associations de consommateurs, UFC-QueChoisir et CLCV, toucheront respectivement 8 000 et5 000 euros de dommages et intérêts. Le distributeur,en l’occurrence la Fnac, bénéficie d’un non-lieu car ilne pouvait, selon le tribunal, « apprécier la tromperie», ne disposant pas « des informations techniquesnécessaires ».

Si les systèmes anticopie sont désormais jugés hors-la-loi, la guerre commerciale est loin d’être terminée.Internet favorise d’autres pratiques aux dépens desconsommateurs, telles que le téléchargement gratuitde musique dont l’écoute reste exclusivement liée àl’abonnement à un fournisseur d’accès,

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Faits d’actualitéla résiliation rendant illisibles tous les fichiers télé-chargés. FL

Source :- « Système anticopie sur CD : EMI condamnée à 20 000euros d’amende », Philippe Crouzillacq, 01net.com, 17septembre 2007.

Microsoft : condamnation européenneconfirmée

Le 17 septembre 2007, le tribunal de première ins-tance de la Cour de justice des Communautés euro-péennes de Luxembourg a rejeté la plainte déposéepar Microsoft, en juin 2004, suite à sa condamna-tion par la Commission européenne en mars 2004.L’affaire remonte en fait à 1993, date à laquelle la so-ciété Novell, spécialisée dans la vente de logiciels,dépose une première plainte contre Microsoft pour ré-tention d’informations sur ses protocoles informa-tiques. Le 10 décembre 1998, Sun Microsystemsdépose à son tour une plainte contre Microsoft pourrefus de fournir les informations nécessaires à l’inter-opérabilité des serveurs. Cette dimension retiendral’attention de la Commission européenne qui adres-sera à Microsoft, le 1er août 2000, une première com-munication de griefs pour abus de positiondominante. Un an plus tard, le 30 août 2001, laCommission européenne transmet à Microsoft unedeuxième communication de griefs incluant cette fois-ci le lecteur multimédia Windows Media Player. Ellereproche alors à Microsoft de l’intégrer dans son sys-tème d’exploitation Windows, en position dominantesur le marché avec 95 % des ordinateurs vendusdans le monde, décourageant ainsi les utilisateurs deWindows de se procurer des lecteurs multimédiasédités par les concurrents de Microsoft, notammentQuickTime et RealPlayer. Le 6 août 2003, la Com-mission européenne enverra une troisième commu-nication de griefs à Microsoft, assortie cette fois-ci de« mesures correctives », pour mettre un terme à l’abusde position dominante du groupe américain concer-nant tout à la fois l’interopérabilité entre les serveurs Windows et les systèmes concurrents

ainsi que la vente liée de Windows Media Player avecle système d’exploitation Windows.

Alors même que la Commission européenne et Mi-crosoft étaient sur le point de parvenir à un accorddébut mars 2004, Mario Monti, alors commissaire àla concurrence, décide de prendre une décision for-melle et de créer un précédent en matière de luttecontre les abus de position dominante. Le 22 mars2004, la Commission européenne déclare Microsoftcoupable d’abus de position dominante pour refus decommuniquer la documentation technique permettantde rendre compatibles les serveurs Windows avecceux de ses concurrents et pour la vente liée de Win-dows Player avec le système d’exploitation Windows.Elle inflige à Microsoft une amende record de 497 mil-lions d’euros et demande de nouveau des mesurescoercitives. En juin 2004, Microsoft se tourne vers laCour de justice des Communautés européennes et de-mande l’annulation de la condamnation ainsi que lasuspension des mesures coercitives.

Avant que le tribunal de première instance de la Courde justice européenne de Luxembourg rejette la de-mande d’annulation de Microsoft, le 17 septembre2007, la Commission et l’éditeur de logiciels auronttoutefois multiplié les menaces et les compromis. Enmai 2005, la Commission fixe un ultimatum à Mi-crosoft pour se conformer à ses exigences, sous peined’une nouvelle amende. Microsoft, qui transmet alorsdes premiers éléments de documentation technique àses concurrents sur le marché des serveurs, obtientun sursis. Le 21 décembre 2005, la Commission es-time que la documentation technique fournie par Mi-crosoft reste insuffisante et menace une fois encore legroupe de nouvelles amendes. Le 12 juillet 2006, la Commission européenne passe àl’acte et inflige une nouvelle amende de 280,5 mil-lions d’euros à Microsoft pour refus d’obtempérer, no-tamment en ne fournissant pas une information « précise et complète » permettant l’interopérabilité deson système avec celui des serveurs concurrents. Le1er mars 2007, la Commission européenne retrans-met une nouvelle communication de griefs à

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Microsoft demandant au groupe de transmettre sesinformations techniques à ses concurrents « dans desconditions raisonnables et non discriminatoires », ladocumentation technique étant jugée encore insuffi-sante et les prix pratiqués par Microsoft « excessifs ».

Concernant Media Player, Microsoft fait suite aux de-mandes de la Commission en commercialisant, endécembre 2005, une version de Windows expurgéedu lecteur multimédia. Celle-ci ne représentera toute-fois que 1 % des ventes du système d’exploitation enEurope, de quoi mettre en évidence, selon les avo-cats de Microsoft, le fait que les lecteurs audio etvidéo sur PC ne constituent pas un enjeu pour lesconsommateurs, ces lecteurs étant compatibles entreeux et l’intégration de Media Player avec Windowsn’interdisant pas aux utilisateurs de se procurer d’au-tres lecteurs multimédias.

Malgré toutes ces concessions, le verdict du tribunalde première instance (TPI) de la Cour de justice desCommunautés européennes a donné raison à laCommission européenne sur la quasi-totalité des de-mandes qu’elle a formulées. L’arrêt du TPI confirmel’abus de position dominante : « selon la jurispru-dence, bien que les entreprises soient, en principe, li-bres de choisir leurs partenaires commerciaux, unrefus de livrer émanant d’une entreprise en positiondominante peut, dans certaines circonstances, consti-tuer un abus de position dominante ». De ce point devue, « la Commission n’a pas commis d’erreur en es-timant que ces circonstances étaient bien réunies ».Alors que Microsoft opposait aux demandes de laCommission le fait que la transmission d’informationstechniques s’assimilait à une atteinte aux droits depropriété intellectuelle, l’arrêt du TPI précise à l’inverseque la demande de la Commission ne porte que sur« des spécifications de certains protocoles » et nondes « éléments de code source ».

Concernant l’amende infligée par la Commission eu-ropéenne à Microsoft, le TPI en confirme la légitimité :« Bruxelles n’a pas apprécié de manière erronée lagravité et la durée de l’infraction ni commis une er-reur dans la fixation du montant de l’amende ».

Concernant Windows Media Player, le TPI a égale-ment confirmé que Microsoft pratiquait « une venteliée abusive » : « Le fait que Microsoft ne proposaitaux équipementiers que la version de Windows cou-plée avec Media Player a eu pour conséquence iné-vitable d’affecter les relations sur le marché entreMicrosoft, les équipementiers et les fournisseurs delecteurs multimédias tiers ».

Les arguments des avocats de Microsoft ont donc été

rejetés : « Microsoft n’a pas démontré l’existenced’une justification objective à la vente liée » alorsqu’un « nombre non négligeable de consommateurscontinuaient d’acquérir séparément des lecteurs multi-médias concurrents ».

Le seul point sur lequel le TPI n’a pas suivi la Com-mission européenne consiste en la désignation d’unexpert indépendant, payé par Microsoft et ayant accèsaux codes sources, pour veiller à la mise en œuvre dela condamnation de mars 2004. Le TPI a estimé qu’«aucune disposition du droit communautaire n’habi-lite la Commission à imposer aux entreprises de sup-porter les coûts qu’elle-même encourt enconséquence de la surveillance de l’exécution de me-sures coercitives ».

Si la décision du TPI est une défaite pour Microsoft,elle augure également de nouveaux procès en Eu-rope. Cette décision fait en effet jurisprudence et placel’Europe en tête de la lutte contre les abus de positiondominante dans le domaine des hautes technologies,au risque de remettre en question l’innovation en Eu-rope. Car c’est là tout l’enjeu de l’arrêt du TPI, résumépar l’avocat Michel Dubroux, cité par La Tribune : « Letribunal a considéré qu’il n’avait pas à statuer sur lesquestions de propriété intellectuelle comme le crai-gnait Microsoft. Mais il a posé le principe de la licenceobligatoire chaque fois qu’un produit s’imposecomme un standard ». Un arrêt interprété différem-ment Outre-Atlantique où le Département américainde la Justice (DoJ), dans un communiqué, s’est dé-claré « inquiet » de la décision du TPI qui « porte tort[aux consommateurs] en inhibant l’innovation et endécourageant la concurrence », rappelant en outre qu’«aux Etats-Unis les lois antitrusts sont appliquées pourprotéger la concurrence, pas les concurrents ».

A l’inverse, en France, les associations de consom-mateurs se sont réjouies de la confirmation de lacondamnation de Microsoft, rappelant à cette occa-sion que les questions d’interopérabilité se posentdans bien d’autres domaines. Ainsi, l’association deconsommateurs UFC-Que choisir ? indiquait, le jourdu verdict, que « la situation est encore plus préoc-cupante sur le marché des fichiers audio et vidéopayants (vidéo à la demande) où les fichiers sont ver-rouillés par un DRM. Or, une grande partie de l’offreaudio (Neuf Télécom, NRJ, MSN Music, etc.) et laquasi-totalité de l’offre vidéo fait appel au DRM de Mi-crosoft ».

Enfin, l’UFC-Que choisir ? précisait également que lesconsommateurs restent « pieds et poings liés » parMicrosoft du fait des accords du groupe avec les dis-tributeurs de contenus numériques : « Les médias

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numériques en libre accès (TF1, France Télévisions,iTélévision, Radio France, etc. …) sont en grandemajorité au format du lecteur de Microsoft ». L’asso-ciation demandait alors une véritable interopérabilitéde tous les fichiers numériques et annonçait son in-tention de saisir Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargéde la consommation.

A plus court terme, la décision du TPI devrait avoir unimpact certain dans les procès en cours à Bruxelles,notamment celui à l’encontre du groupe américainIntel, soupçonné de vouloir exclure du marché desmicroprocesseurs son concurrent AMD en incitant lesvendeurs et fabricants d’ordinateurs à proposer lespuces Intel en exclusivité. Des enquêtes du mêmeordre visent également l’équipementier en télécom-munications Qualcomm et le fabricant de mémoiresvives Rambus. L’arrêt du TPI peut également s’inter-préter comme un avertissement fort à l’égard d’autresentreprises en position dominante, à l’instar de Goo-gle, qui a demandé, le 24 septembre 2007, à laCommission européenne de valider le rachat de Dou-bleClick, ou encore d’Apple et de son site de télé-chargement de musique iTunes Music Store, quisoulève les interrogations de la Commission quant àsa politique de prix (voir le n° 2-3 de La revue euro-péenne des médias, printemps - été 2007).

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Sources :- « Bruxelles menace encore Microsoft », Les Echos, 2-3mars 2007.- « Microsoft et la Commission européenne dans l’attented’un arrêt historique », Karl de Meyer, Les Echos, 10 sep-tembre 2007.- « Bruxelles contre Microsoft, plus de sept ans de saga »,AFP in tv5.org, 17 septembre 2007.- « Microsfot garde une longueur d’avance sur la justice »,Claude Chendjou, Reuters in 01net.com, 17 septembre 2007.- « Le consommateur toujours pieds et poings liés », Com-muniqué de presse UFC-Que choisir ?, 17 septembre2007.- « La justice européenne confirme la condamnation de Mi-crosoft », Philippe Ricard et Cécile Ducourtieux, Le Monde,18 septembre 2007.- « Sanctions confirmées contre Microsoft », Aude Carasco,La Croix, 18 septembre 2007.- « La justice européenne confirme la sanction de Microsoftpour abus de position dominante », Karl de Meyer, LesEchos, 18 septembre 2007.- « L’Europe inflige un camouflet à Microsoft », Pierre Avril,Le Figaro, 18 septembre 2007.- « La justice européenne inflige un camouflet à Microsoft »,Florence Puybareau, La Tribune, 18 septembre 2007.- « Les autorités américaines prennent la défense de Mi-crosoft », Laetitia Mailhes, Les Echos, 19 septembre 2007.

�TechniquesInternet mobile : les opérateurs françaispassent à la vitesse supérieure

Après le Wap, le GPRS (General Packet Radio Ser-vice), l’UMTS (Universal Mobile TelecommunicationsSystem) – la première fréquence à permettre la télé-phonie mobile de troisième génération -, arrive au-jourd’hui une technologie optimisée de la 3,5 G, leHSUPA (High Speed Uplink Packet Access). Le HSUPAest une évolution, comme son nom l’indique, de latechnologie de 3,5 G connue sous le nom de HSDPA(High Speed Downlink Packet Access) : alors que lapremière avait permis le lancement de l’Internet mo-bile en haut débit pour la réception, le HSUPA permetl’envoi de données volumineuses et autorise désor-mais les utilisateurs de mobiles multimédias à échan-ger des fichiers gourmands en bande passante. Ainsi,le HSUPA propose 3,6 mégabits par seconde en voiedescendante, pour les fonctions de téléchargement,et quelque 1,4 mégabit par seconde en voie mon-tante, pour les fonctions d’émission, c’est-à-dire undébit suffisant pour envoyer des photographies, desvidéos ou des mels (courriels) avec pièce jointe à unevitesse semblable à celle offerte par les réseaux fixesADSL.

L’évolution des réseaux vers le HSUPA suppose, pourles opérateurs, d’installer de nouvelles cartes réseauxdans chacune des cellules de leur réseau 3G, un in-vestissement de plusieurs millions d’euros qui restemodeste comparé aux enjeux, à savoir faire basculerles utilisateurs de téléphone portable dans l’Internetmobile, un moyen pour les opérateurs d’augmentersignificativement leur ARPU (Average Revenue perUser) en rendant plus facilement accessibles les ser-vices à valeur ajoutée en plus des simples fonctionsde communication.

En France, l’Internet mobile devrait être proposé dès2008 pour le grand public. Le 14 septembre 2007,SFR a réalisé une démonstration de la nouvelle tech-nologie en partenariat avec l’équipementier Alcatel –Lucent et a annoncé prévoir « déployer cette fonc-tionnalité HSUPA sur la plupart des grandes villesfrançaises dès le premier semestre 2008 ». Le 15septembre 2007, Orange annonçait le lancement pro-chain de son offre HSUPA, dès le mois d’octobre pourles entreprises, moyennant l’achat d’une carte spéci-fique, et en 2008 pour le grand public. Depuis le 1er

octobre 2007, Orange teste son offre grand publicpendant deux mois auprès de 300 abonnés à

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Lyon. Toutefois, la généralisation de cette technologieauprès du plus grand nombre suppose le lancementpréalable de téléphones mobiles compatibles. A l’ave-nir, le HSUPA devrait évoluer et les particuliers se voirproposer des offres avec des débits de 7,2 mégabits par se-conde en voie descendante (download), voire 14,4mégabits par seconde, et de 5,7 mégabits par se-conde en voie montante (upload).

La technologie pour l’Internet mobile HSUPA n’est ce-pendant qu’une étape vers le très haut débit mobile,soit la téléphonie mobile dite « super 3G » qui pro-posera, pour les téléphones mobiles, des débits si-milaires à ceux de la fibre optique. Ainsi, au Japon,l’opérateur historique NTT DoCoMo teste actuellementune version optimisée des normes HSDPA et HSUPA,la super 3G ou 3,9 G, parfois appelée également 3GLTE (pour Long Term Evolution), qui propose des dé-bits de 300 mégabits par seconde en voie descen-dante et de 100 mégabits par seconde en voiemontante, soit une capacité cent fois supérieure àcelle proposée par l’actuelle 3G à la norme UMTS(Universal Mobile Telecommunications System). Lasuper 3G fonctionne dans les bandes de fréquencescomprises entre 1,5 et 20 Mhz, celles d’ores et déjàutilisées par la téléphonie mobile de deuxième géné-ration et l’UMTS. Son déploiement est donc facilitédans la mesure où les opérateurs n’ont pas besoind’acquérir de nouvelles fréquences, mais doivent seu-lement optimiser l’utilisation du spectre. Au Japon, lelancement commercial du service par NTT DoCoMo,en partenariat avec le constructeur japonais NEC, estprévu en 2009.

La super 3G devrait permettre la diffusion de vidéosen haute définition sur les lecteurs multimédias mo-biles et devrait résoudre le problème lié à l’augmen-tation des besoins en bande passante pour l’Internetmobile du fait tout à la fois de l’augmentation de lataille des fichiers échangés et de l’augmentation dunombre d’utilisateurs. En effet, les technologies 3Gétant des technologies radio, les ressources de labande de fréquence utilisée sont partagées par les uti-lisateurs au sein de la même cellule du réseau. Autantdire que plus le nombre d’utilisateurs augmente, plusla bande passante disponible par utilisateur diminue.Or les services mobiles, s’ils se développent encoredifficilement aujourd’hui, sont appelés à entrer dansles usages et la demande en bande passante à aug-menter exceptionnellement. Le nombre d’abonnéséquipés d’un téléphone mobile de troisième généra-tion s’élevait à 212 millions dans le monde fin juin2007, dont 14,9 millions de téléphones mobiles mul-timédias actifs à la même date en France.

Selon le cabinet Informa Telecoms & Media,

les abonnés à un réseau HSPA (pour l’instant uni-quement dans sa version HSDPA) étaient 7,25 mil-lions au premier trimestre 2007, mais devraient êtreplus de 55 millions d’ici à fin 2008. Enfin, les opé-rateurs et les fournisseurs de services multimédiasmobiles, à l’instar des jeux en ligne multijoueurs oude la vidéo en streaming, peuvent s’appuyer sur desprévisions optimistes quant aux revenus publicitairesque la publicité sur téléphone portable devrait géné-rer. Selon Zenith Optimedia, les investissements dansla communication mobile, qui se sont élevés à 871millions de dollars en 2006, devrait dépasser 1,4milliard de dollars en 2007 et constituer, demain, lerelais de croissance du marché publicitaire tiré de-puis déjà cinq ans par la croissance de la publicité enligne.

AJ

Sources :- « La super 3G en test au Japon », Guillaume Series, jour-naldunet.com, 20 juillet 2007.- « SFR présente une version accélérée d’Internet mobile,qu’il lancera en 2008 », AFP in tv5.org, 14 septembre2007.- « Orange passe à la vitesse HSUPA », journaldunet.com,20 septembre 2007.- « Le téléphone mobile, support de choix pour les publici-taires », Laurence Girard, Le Monde, 22 septembre 2007.

Un avatar parle la langue des signes

Baptisé SiSi, pour Say it, Sign it (dis-le, mime-le), ceprogramme de traduction virtuelle en langage dessignes, le premier du genre, a été conçu par des étu-diants anglais dans le cadre du programme de re-cherche d’IBM, Extreme blue, réunissant en Angleterredes étudiants européens et ses chercheurs. Conduitconjointement avec l’université d’East Anglia, la Fé-dération mondiale des sourds (WFD) et l’Institut royalpour les sourds (RNID), le programme utilise un lo-giciel de reconnaissance vocale permettant de tra-duire les paroles en texte, celui-ci est ensuite convertien langage des signes, qu’un avatar reproduit àl’écran.

Seule une version anglaise de SiSi existe aujourd’hui ;néanmoins ses possibilités d’application dans la viecourante s’avèrent d’ores et déjà nombreuses : confé-rences, émissions de télévision, programmes radioou encore traduction de messages vocaux sur les té-léphones portables.Les personnes malentendantesaccueillent favorablement cette innovation tout en pré-cisant que la langue des signes utilise également lesexpressions du visage, si difficiles à

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transmettre par un avatar numérique. FL

Sources :« IBM développe un avatar virtuel parlant la langue dessignes », Karine Solovieff, 01net.com, 17 septembre2007.« Un logiciel convertit la parole en langage des signesmimé sur écran », AFP in tv5.org, 14 septembre 2007.

France : l’e-paper lancé par le quotidienLes Echos est une première mondiale

Annoncé depuis des mois (voir le n°2-3 de La revueeuropéenne des médias, printemps - été 2007), l’e-paper, la version électronique du journal Les Echos,reçue sur un lecteur portable baptisé « reader », a étélancé officiellement, le 12 septembre 2007, en pleinetourmente due à la proposition de rachat du quotidienpar le groupe LVMH. A mi-chemin entre la version im-primée et le site Web, l’e-paper offre un contenu réac-tualisé régulièrement, enrichi d’une sélection dedépêches AFP mises à jour toutes les heures et per-met la personnalisation du journal.

Les premiers abonnés qui ont souscrit à la versiontest avant l’été, sont au nombre de 200. Les Echosespèrent atteindre les 1 500 à 2 000 abonnementsd’ici à la fin de l’année. Le prix de l’abonnement an-nuel est de 649 euros ou 769 euros pour l’un ou l’au-tre des deux lecteurs proposés, puis 365 euros ladeuxième année. L’abonnement le plus coûteux, offredavantage de services, notamment l’accès à la li-brairie en ligne, la fonction « notebook » et surtoutpeut être réactualisé partout dans le monde grâce àune connexion WiFi. Une part du financement pro-viendra de la publicité, les premiers annonceurs étantCitroën, Eurostar et Meteor Network.

Des accords ont été conclus avec certains éditeurs,notamment Flammarion, Nathan, Pearson Educationou encore Le Guide du Routard, afin d’acheter des ou-vrages en téléchargement depuis le site les echos.fr.

Réunis au sein du Groupement des éditeurs de ser-vices en ligne (Geste), d’autres titres de presse pour-raient bien vouloir s’intéresser à ce nouvel outild’accès à l’information donnant ainsi naissance à unvéritable kiosque numérique. FL

Sources :- « Après le papier et le web, “Les Echos” lance sa version“e-paper” », AFP in tv5.org, 12 septembre 2007.- « “Les Echos” sur tablette électronique », F.N., Les Echos12 septembre 2007.

- « “Les Echos” lancent le nouveau lecteur mobile “e-paper” »,M-L.B., Le Figaro, 13 septembre 2007.- « “Les Echos” lancent le e-paper », Les Echos, 13 sep-tembre 2007.

�EconomieConsolidation du secteur de l’informationfinancière dans le monde

L’annonce coup sur coup, les 1er et 4 mai 2007, duprojet de rachat du groupe Dow Jones, éditeur duWall Street Journal, par News Corp., le groupe de Ru-pert Murdoch, ainsi que le rachat de Reuters par leCanadien Thomson Corp. ont révélé combien l’infor-mation financière focalise désormais l’attention desacteurs médias. Selon l’analyse de Rupert Murdoch,en effet, seule l’information économique et financièrejustifie auprès des clients une rémunération pour lecontenu produit quand la diffusion de l’informationd’actualité générale devient de plus en plus gratuite,que ce soit sur Internet ou du fait de la multiplicationdes titres de la presse gratuite. Cette distinction, quirecouvre en partie celle entre l’information en direc-tion des professionnels et l’information grand public,conduit aujourd’hui à une valorisation sans précédentdes organes d’information financière alors même quela presse « traditionnelle » payante, celle des maga-zines et des quotidiens d’information générale et po-litique, traverse une période difficile.

Stratégique pour les marchés financiers et les acteurséconomiques, l’information économique et financièreillustre également, de par sa portée, l’importance desgaranties en matière d’indépendance éditoriale. Laquestion s’est posée lors du rachat de Reuters parThomson Corp. ; elle a été au centre des discussionsqui ont finalement abouti au rachat de Dow Jones parNews Corp. ; enfin, elle mobilise, en France, les jour-nalistes des Echos qui refusent de voir leur titre cédéà Bernard Arnaud, le patron de LVMH, et préfèrent aucontraire l’offre de Fimalac pour sa visibilité straté-gique et ses garanties autres que contractuelles enmatière d’indépendance éditoriale (voir infra).

Le marché mondial de l’information financière repré-sentait, selon Inside Data Market, un chiffre d’affairesde 12 milliards de dollars en 2006. L’agence améri-caine Bloomberg en contrôlait 33 %, suivie par Reu-ters (23 %) et Thomson (11 %). Loin derrière ce quiest devenu un duopole Reuters-Thomson et

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Bloomberg, le marché se répartit entre Interactive Data(5 %), Dow Jones (3 %), Factset (3 %) et Telekurs(2 %). AJ

Sources :- « Thomson – Reuters : un mariage de géants sous condi-tions », Isabelle Chaperon, Les Echos, 16 mai 2007.- « Presse financière. L’enjeu du Wall Street Journal », Pas-cale Santi, Le Monde, 5 juillet 2007.

Thomson Corp. rachète Reuters et devientle leader mondial de l’information financière.

Créée en octobre 1851 par Paul Julius Reuters pourcouvrir la guerre de Crimée, à l’époque où l’informa-tion circulait grâce aux pigeons voyageurs, l’agencebritannique de presse Reuters a donné progressive-ment naissance au deuxième groupe d’information fi-nancière dans le monde après Bloomberg. Le groupe,coté à la Bourse de Londres en 1984, dispose de-puis cette date de statuts spécifiques : aucun action-naire ne peut détenir plus de 15 % de son capital etune fondation garante de son indépendance, de sonimpartialité, de son intégrité et de sa liberté, The Reu-ters Founder Share Company, dispose de droits spé-cifiques, sorte de Golden Share, qui lui permettent debloquer toute offre publique d’achat (OPA).

Détrôné de la première place mondiale au début desannées 2000 par l’agence américaine Bloomberg, legroupe Reuters recherchait un partenaire stratégiquedepuis que Tom Glocer, nommé directeur général dugroupe en juillet 2001, avait entrepris sa restructura-tion, réduisant à la fois les effectifs d’un quart et ra-menant, en cinq ans, l’offre de produits de 2 000 à 50 afind’améliorer la visibilité des services du groupe. A cetégard, Tom Glocer, qui devient le nouveau patron deReuters – Thomson, est en grande partie à l’origine dela fusion des deux groupes. Celle-ci doit générerquelque 370 millions de dollars d’économies àterme. Mais l’essentiel est ailleurs, notamment dansla complémentarité géographique et dans celle del’offre de métiers.

Le groupe Reuters tire en effet 90 % de ses revenusde la vente de données en temps réel, c’est-à-dire lafourniture d’informations sur le cours des actions, desdevises et des matières premières, une activité quis’adresse principalement aux grandes banques et auxfonds d’investissements. Ses principaux clients setrouvent aux Etats-Unis, mais aussi pour moitié enEurope et en Asie. A l’inverse, Thomson Financial, ladivision d’information financière du

groupe canadien Thomson Corp., renforcée à la suitedu rachat en 2006, à l’AFP, de l’agence financièreAFX News, s’adresse principalement aux banquesd’affaires et aux gestionnaires américains, une activitéqui génère 80 % de ses revenus. Elle leur fournit desdonnées sur les obligations à plus long terme. Enfin,Thomson est fortement présent dans la gestion desdonnées historiques et compte près de 20 millions declients à ses banques de données spécialisées, qu’ils’agisse de médecins, d’avocats ou de financiers. Lafusion permet donc à Thomson de se renforcer dansl’information en temps réel, plus haut de gamme, età Reuters de profiter de l’expérience de Thomson enmatière de gestion des données historiques auprèsde clients certes moins prestigieux que les grands fi-nanciers mondiaux. Sur le plan géographique, la fu-sion permet à Reuters de se renforcer aux Etats-Unisface à son concurrent Bloomberg et à Thomson demieux prendre pied en Europe et en Asie.

Enfin, la fusion donne naissance à un géant difficile-ment contestable : Reuters a réalisé un chiffre d’af-faires de 4,7 milliards de dollars en 2006 etThomson Corp. un chiffre d’affaires de 6,6 milliardsde dollars. Le nouveau groupe pèsera donc pour plusde 11,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont59 % réalisés dans le secteur financier et 41 % au-près des autres professionnels (médecine, droit). Ilemploiera quelque 50 000 salariés et affichera unecapitalisation boursière de 35 milliards de dollars.

La fusion effective reste toutefois conditionnée à l’ac-ceptation des autorités de la concurrence américaineet européenne, une étape supplémentaire à franchiralors que l’accord de Reuters sur l’offre de ThomsonCorp. n’était pas évident. Annoncée officiellement le15 mai 2007 par les deux groupes, la fusion relèveen effet du tour de force. Financée à parité en titres eten numéraire pour un montant de 8,8 milliards de li-vres (13 milliards d’euros), l’acquisition par Thom-son Corp. de Reuters remet en question l’interdictionpour un même actionnaire de contrôler plus de 15 %du capital de Reuters. En effet, la nouvelle entité seradétenue à 53 % par la famille Thomson à travers saholding Woodbridge, laquelle détient 70 % des actionsde Thomson Corp., le reste étant réparti entre les au-tres actionnaires de Thomson (23 % du capital) etceux de Reuters (24 % du capital). Pour monter à53 % du capital, Woodbridge a dû obtenir l’aval dela fondation de tutelle de Reuters en souscrivant auxReuters Trust Principles, la charte qui garantit l’indé-pendance éditoriale de l’agence de presse historiqueà l’encontre de tout groupe d’intérêts. La chose n’étaitpas si aisée dans la mesure où The Reuters FounderShare Company avait déjà bloqué un premier

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projet de rachat en 1987 de la part de News Corp.Mais, à l’inverse de Rupert Murdoch, la famille Thom-son n’a pas la réputation d’intervenir dans la ligneéditoriale des titres qu’elle possède, notamment leGlobe & Mail de Toronto. AJ

Sources :- « Reuters est l’objet d’une offre d’achat », Enguérand Re-nault, Le Figaro, 5 – 6 mai 2007.- « Thomson échafauderait une OPA sur Reuters », Del-phine Cluny, La Tribune, 7 mai 2007.- « Thomson et Reuters détaillent leur plan de rapproche-ment », Marina Alcaraz et Nicolas Madelaine, Les Echos,9 mai 2007.- « Projet d’union confirmé pour Thomson et Reuters », Flo-rence Puybareau, La Tribune, 9 mai 2007.- « Thomson Corp. et Reuters finalisent les détails de leurunion », Marc Roche, Le Monde, 10 mai 2007.- « Thomson – Reuters domine l’information financière »,Rémi Godeau, Le Figaro, 16 mai 2007.- « Thomson – Reuters : un mariage de géants sous condi-tions », Isabelle Chaperon, Les Echos, 16 mai 2007.- « Reuters se jette dans les bras du groupe Thomson Cor-poration et de sa famille », Andrea Morawski, La Tribune,16 mai 2007.- « Tom Glocer arrive à ses fins avec le mariage Thomson –Reuters », Andrea Morawski, La Tribune, 18 juin 2007.

En France, la difficile cession des Echospar le groupe Pearson.

Après avoir confirmé la mise en vente des Echos le 19juin 2007, le groupe britannique Pearson est entré ennégociations exclusives avec Bernard Arnault, le pa-tron de LVMH et géant mondial du luxe. Annoncées le21 juin 2007 par Bernard Arnault, ces négociationsexclusives, la clause étant valable jusqu’à fin no-vembre, ont d’emblée suscité l’inquiétude de la So-ciété des journalistes du premier quotidienéconomique français. En effet, alors que MarjorieScardino, directrice générale de Pearson, avait fait sa-voir qu’elle ne vendrait pas le titre à un iindustriel afind’éviter tout conflit d’intérêts, la proposition de Ber-nard Arnault, à hauteur de 240 millions d’euros, unevalorisation équivalente à deux fois le chiffre d’affaireset vingt cinq fois le résultat d’exploitation des Echos,ainsi que la pression des actionnaires, ont manifes-tement changé la donne.

Trois conditions ont toutefois été posées par Pearsonà la revente des Echos : un bon prix, l’assurance del’indépendance éditoriale, ainsi que la garantie del’emploi. Le 19 juin 2007, la rédaction des Echos semettait une première fois en grève, anticipant l’annonce

de négociations exclusives avec Bernard Arnault,considérant que « cet acquéreur potentiel ne satisfaitpas à deux exigences majeures : l’indépendance édi-toriale et le maintien de l’emploi ». En outre, le rachatpar Bernard Arnault soulève d’autres problèmes, no-tamment celui de l’avenir de La Tribune, le deuxièmequotidien économique français, propriété de DI Group(LVMH) depuis 1993. Enfin, le contrôle des Echospar Bernard Arnault entraînerait, pour les journalistesde la rédaction, d’analyser les activités de leur ac-tionnaire, très présent en France, le groupe LVMHayant été cité 150 fois dans le quotidien économiquesur le premier semestre 2007. Cette situation sembletoutefois ne pas poser de problèmes majeurs auxjournalistes de La Tribune qui traitent pourtant desmêmes sujets.

Le 22 juin 2007, les rédactions de La Tribune et desEchos se mettaient simultanément en grève, les pre-miers pour rester dans le giron de LVMH – au moinspour ne pas être revendus trop précipitamment et voirleur titre affaibli -, les seconds pour éviter d’y entrer.En effet, Bernard Arnault s’est engagé à revendre LaTribune en cas de prise de contrôle des Echos. Plu-sieurs repreneurs se sont déjà déclarés intéressés, no-tamment Alain Weil, le président directeur général dugroupe Next Radio.

Ce processus a toutefois été remis une première foisen question par l’offre avantageuse de rachat desEchos faite par le groupe français Fimalac, spécialisédans les services financiers avec l’agence de nota-tion financière Fitch Ratings. En effet, après avoir étésollicité par la direction de la rédaction des Echos,Marc Ladreit de Lacharrière, président du groupe Fi-malac, a proposé, le 12 juillet 2007, quelque 245millions d’euros pour le rachat du groupe Les Echos,une offre assortie en outre des trois garanties de-mandées par Pearson. Présenté comme le candidatidéal par les journalistes des Echos, Marc Ladreit deLacharrière, ancien propriétaire de Valmonde (LeJournal des Finances, Valeurs actuelles), un groupequ’il a vendu en 1998 à Dassault, satisfait à la condi-tion du prix posée par Pearson, son offre étant supé-rieure de 5 millions d’euros à celle, déjà élevée, deBernard Arnault. En matière d’emploi, Marc Ladreit de Lacharrière as-sure le maintien des effectifs et sa volonté de renfor-cer les capacités de son groupe dans le secteur del’information économique et financière. Enfin, concer-nantles garanties apportées à l’indépendance édito-riale, Marc Ladreit de Lacharrière propose de donneraux journalistes un droit de veto direct sur la nomi-nation des directeurs de la rédaction, 55 % au moinsdes journalistes devant donner leur accord aux no-minations proposées par l’actionnaire, une possibi-

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lité que la Société des journalistes des Echos n’avaitpas évoquée auprès de Pearson quand elle a formuléses conditions sur le respect de l’indépendance édi-toriale. L’offre est valable jusqu’au 31 décembre2007, ce qui laisse le temps à Pearson de l’exami-ner sans avoir à remettre en cause la clause d’exclu-sivité signée avec LVMH.

Répondant indirectement à l’offre de Fimalac, LVMH etPearson annonçaient, le 23 juillet 2007, être parve-nus à un accord sur l’emploi et l’indépendance édito-riale des Echos. Un document intitulé « Principes clefsde l’indépendance éditoriale des Echos » fait état deconcessions majeures de LVMH : suite à sa proposi-tion d’instaurer un conseil de surveillance des Echos,LVMH accepte d’y nommer trois administrateurs in-dépendants qui, plutôt que d’être nommés par LVMHet Pearson, le seraient par LVMH et la Société desjournalistes des Echos. En outre, le directeur de la ré-daction fera partie du conseil de surveillance et nepourra être révoqué qu’avec l’accord d’au moins deuxdes trois administrateurs indépendants, une manièrede concéder que l’actionnaire n’a pas le pouvoir dedécision sur la rédaction. La nomination du directeurde la rédaction se fera d’ailleurs avec l’accord a mi-nima de deux des administrateurs indépendants et del’absence d’opposition de la majorité des journalistes.Pour autant, les journalistes des Echos rejetaient lemême jour ces garanties, considérant que les conflitsd’intérêts liés à la couverture des activités de LVMHne pouvaient disparaître, quelles que soient les ga-ranties accordées en matière éditoriale.

Pearson, qui devra choisir en dernier ressort l’offre àretenir, reste toutefois décidé à se séparer de ses ac-tivités de presse économique et financière à l’étrangerpour se recentrer sur ses activités d’édition. Malgré ladifficile vente des Echos, Pearson est entré en négo-ciations exclusives début septembre 2007 avec legroupe Der Spiegel pour lui vendre sa participation de50 % dans le Financial Times Deutschland, lancé en2000 en partenariat avec Grünher+Jahr, une filialede Bertellsmann, laquelle contrôle par ailleurs 25,5% du Spiegel. Cette annonce confirme la stratégie dePearson qui avait déjà revendu en 2004 le magazineéconomique espagnol Expansion.

Le groupe Pearson, qui réalise plus de 65 % de sonchiffre d’affaires dans l’édition scolaire, domaine où iloccupe la deuxième place mondiale derrière Reed El-sevier, multiplie à l’inverse les rachats dans ce sec-teur. Ainsi, le 4 mai 2007, Pearson avait racheté pour 950 millions de dollars à Reed Elsevier deux fi-liales de Harcourt, Harcourt Education International,

un éditeur basé à Oxford, ainsi que Harcourt Asses-ment, une activité américaine d’évaluation et de testsscolaires. AJ

Sources :- « Le britannique Pearson se renforce dans l’édition sco-laire », I. C., Les Echos, 7 mai 2007.- « Inquiétudes autour de la probable vente du quotidienéconomique Les Echos », Pascale Santi, Le Monde, 16juin 2007.- « Bernard Arnault accentue son offensive sur Les Echos »,Marc Roche et Pascale Santi, Le Monde, 20 juin 2007.- « Les Echos en grève contre la vente à Arnault », Marie-Laetitia Bonavita, Le Figaro, 20 juin 2007.- « Les Echos en grève contre l’arrivée possible de BernardArnault », Pascale Santi, Le Monde, 21 juin 2007.- « Le groupe LVMH est le seul en lice pour racheter le quo-tidien économique Les Echos », Pascale Santi, Le Monde,23 juin 2007.- « La Tribune et Les Echos en grève contre Bernard Arnault», Pascale Santi, Le Monde, 26 juin 2007.- « La Tribune pourrait être vendue cet été par LVMH », Da-niel Psenny, Le Monde, 28 juin 2007.- « Accord Pearson – LVMH sur Les Echos », M.-L. B., LeFigaro, 4 juillet 2007.- « Les Echos de nouveau en grève pour leur indépendance», S.B., La Tribune, 4 juillet 2007.- « Bernard Arnault s’engage à respecter l’indépendancedes Echos », Pascale Santi, Le Monde, 5 juillet 2007.- « Les salariés de La Tribune inquiets pour la survie deleur titre », Marie Catherine Beuth, Le Figaro, 11 juillet2007.- « Le processus de vente de La Tribune engagé », S.B., LaTribune, 11 juillet 2007.- « La Tribune : le comité d’entreprise déclenche le droitd’alerte », N.S., Les Echos, 11 juillet 2007.- « Contre-offre de Fimalac sur Les Echos », M.-C. B. et P. L.,Le Figaro, 13 juillet 2007.- « Marc de Lacharrière vient contrer Bernard Arnault surLes Echos », J.-B. J., La Tribune, 13 juillet 2007.- « Les Echos : Marc Ladreit de Lacharrière prêt à jouer lerôle de chevalier blanc », Nathalie Silbert, Les Echos, 13-14 juillet 2007.- « Fimalac, un holding recentré sur l’information financière »,L. F., Les Echos, 13-14 juillet 2007.- « Les salariés des Echos affichent leur préférence pour lacandidature de Fimalac », Guillaume Fraissard, Le Monde,14 juillet 2007.- « Les Echos : LVMH donne des gages, la rédaction tou-jours opposée », Nathalie Silbert, Les Echos, 24 juillet2007.- « Situation toujours bloquée aux Echos », GuillaumeFraissard, Le Monde, 25 juillet 2007.- « Constituer le premier groupe d’information financière enEurope », interview de Marc Ladreit de Lacharrière, pré-

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sident de Fimalac, Frédéric Lemaître et Pascale Santi, LeMonde, 6 septembre 2007.- « Les conditions de la vente de La Tribune restent floues »,N.S., Les Echos, 7-8 septembre 2007.- « Pearson veut accélérer la vente des Echos à LVMH »,Pascale Santi, Le Monde, 13 septembre 2007.- « Le Spiegel lorgne le FT Deutschland », Bénédicte de Pe-retti, La Tribune, 18 septembre 2007.

Ailleurs en Europe, revente sans heurts dugroupe de données financières Datamonito-rau britannique Informa et des activités fi-nancières de Fininfo à Telekurs.

Outre la fusion Reuters – Thomson et le rachat dugroupe Dow Jones par News Corp., le marché de l’in-formation financière se restructure également pour lesgroupes de plus petite taille. Ainsi, le fournisseur bri-tannique de données Datamonitor a été racheté, le 14mai 2007, par un autre groupe d’information britan-nique, Informa, pour 502 millions de livres (734 millions d’euros). Informa, spécialisée dansl’information scientifique et académique avec 2 000publications dans 43 pays, récupère ainsi les 5 000clients de Datamonitor abonnés à ses services de sta-tistiques sur les secteurs de l’automobile, de laconsommation, de la santé, de l’énergie, de la tech-nologie et des services financiers.

Le groupe suisse Telekurs Holding SA, septième ac-teur mondial de l’information financière et écono-mique, selon le classement établi par Inside DataMarket, a de son côté signé un accord, fin juillet2007, pour le rachat des activités d’information fi-nancière du groupe Fininfo afin d’améliorer sa cou-verture géographique, notamment en France et enScandinavie. AJ

Sources :- « Le groupe de données financières Datamonitor cédé »,Le Figaro, 15 mai 2007.- « Le suisse Telekurs acquiert le pôle d’information finan-cière de Fininfo », La Correspondance de la presse, 24 juil-let 2007.

ProSiebenSat.1 devient le deuxième groupeaudiovisuel en Europe

Après avoir pris le contrôle de ProSiebenSat.1 en dé-cembre 2006 (voir le n° 1 de La revue européennedes médias, février 2007), les fonds Kohlberg KravisRoberts (KKR) et Permira ont fait fusionner le géantallemand avec SBS Broadcasting

qu’ils contrôlaient déjà depuis 2005. Le rachat deSBS Broadcasting par ProSiebenSat1 a été officialiséle 27 juin 2007 pour un montant de 3,3 milliardsd’euros et crée ainsi le deuxième groupe audiovisueleuropéen derrière RTL Group, filiale de Bertelsmann.

En fusionnant avec SBS Broadcasting, ProSieben-Sat.1 touchera 77 millions de foyers dans 13 paysgrâce à 48 chaînes de télévision, dont 24 payantes,et quelque 22 radios. Fort de 30 % de parts de mar-ché en Allemagne, avec notamment le navire amiraldu groupe, la chaîne généraliste Sat1, ProSiebenSat.1étend ainsi sa couverture en Europe, SBS Broadca-ting étant présent au Benelux, dans les pays scandi-naves et en Europe de l’Est. Le nouveau groupe, quiconserve le nom de ProSiebenSat.1 et son siège so-cial à Munich, représente désormais un chiffre d’af-faires de 3,1 milliards d’euros. Cette fusion doitgénérer entre 80 et 90 millions d’euros de synergiespar an à partir de 2010. Elle a conduit, dans un pre-mier temps, à un premier plan de suppression depostes, notamment à Amsterdam dans les anciensbureaux de SBS.

Pour le nouveau groupe, qui ambitionne de dépasserle leader RTL Group, les restructurations sont loind’être achevées. En effet, ProSiebenSat.1 est confrontéà un recul de sa part d’audience en Allemagne, qui achuté d’un point en 2006 à 29,4 %, notamment dufait de l’essoufflement de Sat1. Enfin, comme tous lesgrands opérateurs de télévision gratuite nationale,ProSiebenSat.1 est confronté au problème de la dé-pendance publicitaire sur son marché principal alorsque les investissements des annonceurs migrent enpartie vers d’autres médias. Bien que l’intégration deSBS diminue la dépendance de ProSiebenSat.1 aumarché publicitaire allemand, elle n’empêchera pasune restructuration de la chaîne Sat1. Le processusest d’ailleurs lancé avec l’annonce d’une réductiond’effectifs, lors de l’assemblée générale du groupe enaoût 2007. Sat1, pour se renforcer, lance actuelle-ment de nouveaux programmes.

Le groupe veut également devenir incontournable surle marché de l’information télévisée en continu avecsa chaîne N24 qui bénéficiera d’un investissementde10 millions d’euros pour se moderniser. AJ

Sources :- « ProSiebenSat.1 fusionne avec SBS Broadcasting », P.B.,Le Figaro, 28 juin 2007.- « ProSibenSat1 nouveau géant européen des médias »,Cécile Calle, Le Monde, 30 juin 2007.- « Le groupe ProSiebenSat.1 taille dans ses effectifs », IN.F., Les Echos, 18 août 2007.

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mais également utiliser ce réseau de distribution pouracheminer une partie de ses publications. En effet, legroupe Axel Springer est le premier groupe de presseen Europe et le premier groupe de presse quotidienneen Allemagne. AJ

Sources :- « Anne-Sophie Pastel fait des jaloux avec Auféminin.com »,Sandrine Cassini, La Tribune, 7 juin 2007.- « AuFeminin passe dans le giron d’Axel Springer », En-guérand Renault, Le Figaro, 28 juin 2007.- « L’allemand Springer s’offre Aufeminin.com », SandrineBajos et Sandrine Cassini, La Tribune, 28 juin 2007.- « Le groupe de presse Springer va concurrencer DeutschePost », Patrice Drouin, Les Echos, 29-30 juin 2007.- « Axel Springer devient l’actionnaire principal de auFemi-nin.com », Julien Chavanne, Le Monde, 30 juin 2007.- « Le lancement d’un Bild à la française était trop risqué »,interview d’Andreas Wiele, président des magazines et del’international du groupe Axel Springer, Le Figaro, 6 juillet2007.

Abandon en série des projets de quotidiensà bas prix en France

L’annonce faite, début juillet, par le groupe allemandSpringer, de l’abandon de son projet de lancementd’un grand quotidien populaire à bas prix, a mis finaux projets concurrents dans l’Hexagone. Depuis unan, le projet d’un tabloïd, un Bild à la française, tour-mente les patrons de presse français, particulièrementceux de la presse quotidienne régionale et le groupeAmaury, éditeur du Parisien-Aujourd’hui en France.Premier quotidien européen par la diffusion, le BildZeitung est diffusé à 3,8 millions d’exemplaires en Al-lemagne et compte 12 millions de lecteurs.

Tout semblait fin prêt. Le lancement était prévu pourl’automne 2007 ; des numéros zéro devaient être tes-tés cet été. Une équipe de quarante personnes tra-vaillait aux côtés de Robin Leproux, patron deSpringer France, dont Rémy Dessart, directeur de larédaction et Joseph Maggiori, directeur artistique, àl’élaboration de cet ambitieux projet. L’imprimeur Ric-cobono avait été contacté.

Pour un investissement de 120 millions d’euros pro-grammé sur trois ans, le journal devait paraître septjours sur sept, à un prix de lancement de 50 cen-times, puis 60 centimes, et atteindre une diffusion de750 000 exemplaires d’ici cinq ans, soit autant quele titre régional français Ouest-France, le premier quo-tidien en termes de diffusion, et bien au-delà du

- « Les résultats et la stratégie de ProSienSat.1 salués parla Bourse », P.D., Les Echos, 23 août 2007.

Le groupe allemand Axel Springer multiplieles acquisitions stratégiques

Suite à l’échec du rachat de ProSiebenSat.1 en février2006, Mathias Döpfner, le président du directoired’Axel Springer, avait annoncé que le groupe étaitsusceptible d’investir l’équivalent de la somme prévuepour ce rachat, 2 milliards d’euros, dans des acqui-sitions à l’international. Depuis, Axel Springerconfirme ses ambitions : après avoir racheté 25 % ducapital du groupe turc de télévision Dogan TV le 16novembre 2006, après la concrétisation, le 4 décembre 2006, du rachat de 25,1 % de Polsat,le premier groupe privé de télévision en Pologne (voirle n° 1 de La revue européenne des médias, février2007), le groupe Axel Springer a annoncé une autreacquisition d’envergure le 27 juin 2007. Avec uneprise de participation de 40,1 % au capital d’aufe-minin.com et une offre publique d’achat sur les 27,1% de capital flottant, Axel Springer s’est emparé dupremier site féminin en France, valorisé à 284 mil-lions d’euros.

Ce rachat est doublement stratégique. D’abord, parcequ’il positionne de manière forte le groupe Axel Sprin-ger dans les nouveaux médias. Ensuite, parce qu’au-feminin.com a développé depuis 2003 un logiciel degestion publicitaire SmartAdServer dont l’efficacitépourra être testée auprès des autres sites du groupeAxel Springer, notamment en Allemagne. L’objectif dugroupe est en effet désormais de monétiser l’audiencequ’il a su conquérir sur Internet.

Avec ce rachat, Axel Springer fait également son re-tour dans la presse féminine en France, cette fois-cisur Internet, alors qu’il s’était séparé, en octobre2006, de son magazine féminin Bien dans ma vie,revendu à Prisma Presse. En revanche, Axel Springera annoncé, le 5 juillet 2007, que le groupe aban-donnait son projet de quotidien populaire en France(voir infra). Enfin, une autre acquisition d’envergurea été annoncée le 29 juin 2007, un jour après l’an-nonce du rachat d’aufeminin.com, mais cette fois-cien Allemagne. Le groupe Axel Springer a en effet portésa participation dans PIN AG, le premier opérateurprivé postal en Allemagne, de 23,5 % à 71,6 % ducapital, moyennant une transaction de quelque 510millions d’euros. L’acquisition est stratégique dans lamesure où Axel Springer compte profiter de la libéra-lisation à venir du secteur postal,

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premier des quotidiens nationaux français, L’Equipe,dont la diffusion atteint 365 000 exemplaires. Legroupe Springer misait sur un chiffre d’affaires de 180millions d’euros, dont 60 % de recettes de vente et 40 %de recettes publicitaires. L’effectif du journal devait àterme compter 300 personnes, dont 200 journalisteset la création de dix bureaux régionaux. Selon le pré-sident des magazines et de l’international du groupeAxel Springer, Andreas Wiele, les risques à prendreétaient supérieurs aux chances de réussir. Malgré unebonne connaissance des caractéristiques du marchéde la presse française, le groupe allemand dit n’êtreparvenu à surmonter que 60 % à 70 % des handi-caps. A commencer par la distribution. Robin Leprouxavait jugé tout à fait insuffisant le plan de moderni-sation des NMPP prévoyant 5 000 points de ventesupplémentaires ; il en réclamait 10 000. En Alle-magne, il existe en effet 115 000 marchands de jour-naux pour 80 millions d’habitants contre 28 000 enFrance pour 60 millions d’habitants. Le groupe dit nepas avoir trouvé de solutions complémentaires pouroptimiser la distribution de son titre. De plus, des pro-blèmes liés à l’impression du journal n’ont pu être ré-solus. Sont évoqués des risques de conflits sociauxavec le syndicat du Livre CGT dont le pouvoir de né-gociation sur les activités d’impression et de distribu-tion de la presse en France est important. Il estprobable que les incertitudes sur l’évolution du mar-ché publicitaire en France aient également pesé sur lastratégie de repli du groupe allemand. Le grand jour-nal populaire, visant une classe moyenne âgée de 25 à55 ans afin de lui offrir des informations grand publicsur la vie politique, le sport, les faits divers, la viequotidienne et l’actualité people, aurait été égalementfreiné dans ses ambitions par la loi sur la protectionde la vie privée en France. Cette marche arrière dugroupe Springer n’en reste pas moins surprenante auxyeux de nombreux experts, les principales raisons in-voquées concernant notamment la distribution étantdébattues en France depuis des lustres.

Les contre-offensives évoquées par les éditeurs fran-çais, à l’instar du groupe Le Monde et des titres de lapresse quotidienne régionale, ne sont donc plus d’ac-tualité. Même le projet du groupe Amaury, assurémentle plus abouti, baptisé « Kill Bild », est abandonné.Pourtant, les études menées au sein du groupe dé-montreraient qu’il existe bel et bien un marché poten-tiel pour ce type de presse en France. « Le contexteéconomique du marché français de la presse quoti-dienne ne permet pas d’envisager un retour sur in-vestissement dans un délai raisonnable » précise legroupe.

A en croire le succès du « Bild polonais », les édi-teurs français auraient sans nul doute eu raisond’avoir peur. Lancé en octobre 2003, le quotidien ta-bloïd Fakt, vendu 0,30 euro, est désormais le premierquotidien polonais par la diffusion avec 529 000exemplaires, surpassant le fleuron de la presse polo-naise Gazeta Wyborcza avec ses 473 000 exem-plaires et écrasant le tabloïd local Super Express.Cependant, la presse régionale est celle qui a le plussouffert du succès de Fakt. La quarantaine de titresqui la composent, ont subi une baisse de leur diffu-sion de 20 % en moyenne, allant jusqu’à 30 % pourcertains. A noter que la Pologne dispose de 75 000points de vente pour 38 millions d’habitants soit bienplus que la France et Fakt en a bien profité.

FL

Sources :- « Le lancement d’un “Bild” à la française était trop risqué »,interview d’Andreas Wiele, président des magazines et del’international du groupe Axel Springer, propos recueillispar Marie-Laetitia Bonavita et Philippe Larroque, Le Figaro,6 juillet 2007. - « Il n’y aura pas de Bild en France », Sébastien Homer etIrène Michier, L’Humanité, 6 juillet 2007.- « Les Français ne se feront pas de “Bild” », Raphaël Gar-rigos et Isabelle Roberts, Libération, 6 juillet 2007.- « Springer ne lancera pas un quotidien en France », San-drine Bajos et Jean-Philippe Lacour, La Tribune, 6 juillet2007.- « Springer renonce à lancer un quotidien populaire enFrance », Patrice Drouin, avec Lutz Meier (« FinancialTimes » Deutschland ), Les Echos, 6 juillet 2007.- « “Fakt” s’est imposé face aux quotidiens polonais », An-toine Hervé, Le Figaro, le 6 juillet 2007.- « Springer renonce au “Bild” français et fait du numériquesa priorité », Pascale Santi avec Cécile Calla, La Tribune,9 juillet 2007.- « Amaury “suspend” son projet de quotidien à bas prix »,cbnews.fr, 14 septembre 2007.

La presse gratuite d’information économiquedevient rentable

Le groupe financier catalan Riva et Garcia, à traversson fonds d’investissement spécialisé dans les mé-dias, Spinnaker, acquiert l’hebdomadaire gratuit fran-çais Economie Matin dont il détenait déjà 20 % ducapital. Economie Matin a été lancé en 2004 parJean-Baptiste Giraud et d’autres actionnaires. Distri-bué à 300 000 exemplaires à Paris et en Ile-de-France, le titre est également disponible sur Internet.Son nouveau propriétaire espagnol vise la fin de l’an-née 2008 pour atteindre son seuil de ren-

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tabilité, grâce notamment à la création d’une nouvelleversion électronique de l’hebdomadaire économique.

FL

Sources :- « Economie Matin racheté par un fonds d’investissementespagnol », cbnews.fr, 21 septembre 2007.- « L’hebdomadaire gratuit “Economie Matin” racheté par unfonds », Les Echos, 21 septembre 2007.

Suisse : la presse d’information économiquevictime de la concurrence des gratuits

Deux hebdomadaires économiques suisses enlangue allemande ont cessé de paraître, leurs éditeursrespectifs privilégiant l’information gratuite. Le pre-mier, Facts, lancé en 1995 par le groupe zurichoisTamedia, n’a jamais dégagé de bénéfices ; avec untirage de 72 000 exemplaires, son lectorat était pour-tant stable depuis trois années. Editeur du quotidien20 Minuten et de sa version suisse romande, Tame-dia préfère poursuivre son développement dans lesecteur de la presse gratuite en lançant un nouveautitre avant la fin de l’année 2007. Un projet de reprisepar le célèbre hebdomadaire Der Spiegel, transfor-mant Facts en un encart de son édition helvétique, aéchoué.

Le second, Cash, lancé en 1989 et diffusé à 62 000exemplaires, appartenait à Ringier, le premier groupede médias suisse qui développe une « plate-formeéconomique multimédia » comprenant un quotidiengratuit en ligne et en version papier baptisé CashDaily, deux services d’informations économiques etdes programmes TV. En Suisse alémanique, le mar-ché de la presse d’information est déjà riche de qua-tre titres gratuits. FL

Source :- « “Facts” et “Cash” disparaissent des kiosques », AgatheDuparc, Le Monde, 29 juin 2007.

Espagne : Mediapro lance un nouveauquotidien pour contrer El País

La guerre entre Mediapro et le groupe Prisa bat sonplein en Espagne. Alors que les deux groupes s’af-frontent déjà sur les droits du football (voir infra), Me-diapro a lancé, le 26 septembre 2007, un nouveauquotidien en Espagne dont l’objectif affiché est deconcurrencer le leader El País (groupe Prisa) et ses453 600 exemplaires diffusés chaque jour.

Baptisé Publico, le quotidien du groupe Mediapro estvendu 50 centimes d’euro, soit deux fois moins cherque ses concurrents, et se veut avant tout un quoti-dien « progressiste, de gauche, populaire, démocra-tique et radical mais respectueux ». Il s’attaque ainsià El País, le quotidien institutionnel de la gauche es-pagnole, seul sur ce créneau depuis la disparition deDiaro 16 en 2001, mais manifestement jugé tropcentriste par Jaume Roures, le patron de Mediapro.Dirigé par Ignacio Escolar, auteur d’un blog journa-listique célèbre en Espagne, Publico vise un lectoraturbain, jeune, aux revenus modestes. Celui-là mêmequi plébiscite les gratuits, mais leur reproche de tropinsister sur l’information de proximité, et délaisse letraitement institutionnel de l’actualité politique produitpar les titres historiques (El País, El Mundo, ABC, LaVanguardia), tout en s’intéressant aux enjeux natio-naux et internationaux. Publico s’attaque donc à unecible identifiée, presque une niche, mais ambitionnede s’imposer en convaincant tout à la fois les lecteursdes gratuits par son prix modeste et son informationdéveloppée, 64 pages au total, ainsi que les consom-mateurs de payants intéressés par une informationplus visuelle, plus diversifiée, le quotidien ayant for-tement recours à l’image et développant les théma-tiques sport, culture et nouvelles technologies audétriment du seul traitement traditionnel de la poli-tique centré sur la vie des partis.

Tiré à 250 000 exemplaires, Publico est réalisé parquelque 130 journalistes et affiche d’emblée une lo-gique bi-média, les journalistes travaillant à la foispour le support papier et pour le site Internet du quo-tidien. A l’édition nationale s’ajoutent en outre troiséditions régionales à Madrid, en Catalogne et en An-dalousie. Respectant la stratégie du « plus produit »déployée par la presse quotidienne payante en Es-pagne, il était vendu, dès le premier jour, avec unDVD gratuit et faisait sa une sur un scoop concernantl’ETA. AJ

Sources :

- « Publico, journal payant mais pas trop », François Mus-

seau, Libération, 25 septembre 2007.- « Mediapro lance Publico contre El Pais », Gilles Sengès,

Les Echos, 26 septembre 2007.- « Un quotidien vient défier El Pais », Thierry Maliniak, LaTribune, 26 septembre 2007.- « Publico, nouveau quotidien espagnol, sort avec un

“scoop” sur l’ETA », AFP, 26 septembre 2007.

- « Le nouveau quotidien Publico veut concurrencer El País »,Cécile Chambraud, Le Monde, 26 septembre 2007.

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Sites Web et médias : plus complémentairesque concurrents

Selon l’Office britannique de contrôle de la diffusion dela presse, l’ABC, les sites Web des journaux anglaisne se substituent pas à leur version papier, mais ilsconstituent une source complémentaire d’informationpour un public international. Si l’audience des édi-tions électroniques dépasse celle des éditions impri-mées, elle n’entame pas pour autant leur diffusion.Les sites Web des journaux britanniques contribuentau contraire à un élargissement de leur audience àl’international : seulement 33 % des visites du siteWeb du Times et 37 % de celles du Guardian pro-viennent du Royaume-Uni.

Réalisée par la société ComScore en avril 2007, uneétude consacrée à l’audience des sites Web des prin-cipaux organes de télévision, radio et presse écritefrançais révèle également l’étendue de l’audience in-ternationale. Plus des deux tiers des connexions pro-venaient de l’étranger sur cette période correspondantaux élections présidentielles. Les internautes del’étranger constituent 20 % de l’audience pour neufsites Web de journaux français sur les onze étudiés.Le Figaro et Le Monde ont la plus forte audience in-ternationale, avec respectivement 41 % et 40 % devisiteurs étrangers, tandis que L’Expansion, Libéra-tion et L’Express franchissent les 35 %. Pour ce quiconcerne les médias audiovisuels, les résultats cor-respondent davantage à l’identité des supports. Cesont en effet, pour la télévision, les sites de la chaînefrancophone TV5 (54 % du trafic) et de la chaînesportive multilingue appartenant à TF1, Eurosport (51% du trafic), qui rencontrent la plus forte audiencehors des frontières nationales ainsi que, pour la radio,les sites de Radio France Internationale (RFI) et NRJ,très implantées toutes les deux au-delà de nos fron-tières. Avec 66 % d’internautes étrangers, RFI.fr ar-rive en tête du classement, tous médias confondus.

FL

Sources :

- « Les sites Internet des journaux britanniques aident les

versions “papier” », La Croix, 17 août 2007.

- « La diffusion des journaux britanniques n’est pas affec-

tée par leurs sites », Le Monde, 15 août 2007.

- « Les sites des médias français attirent les internautes

d’autres pays », Guillaume Fraissard (avec AFP), Le

Monde, 30 juin 2007.

Le groupe belge Roularta tire les bénéficesde son implantation en France

Suite à l’acquisition du groupe français L’Express-L’Expansion en juin 2006 (voir le n°0 de La revue eu-ropéenne des médias, décembre 2006) pour unmontant de 185 millions d’euros, le premier groupebelge de médias (presse, télévision, radio), RoulartaMédias Group (RMG), annonce de bons résultats fi-nanciers pour le premier semestre 2007. RMG réa-lise un chiffre d’affaires de 390,4 millions d’euros,soit une hausse de près de 40 %, pour un bénéficenet de 16,1 millions d’euros (+16,6 %) et un excé-dent brut d’exploitation égal à 46,1 millions d’euros(+37,7 %). Le groupe L’Express-L’Expansion a aug-menté le chiffre d’affaires de la division presse deRoularta de 100 millions d’euros, soit une hausse de56,1 % pour atteindre 302 millions d’euros. Si lesrevenus publicitaires du pôle presse ont doublé grâceà l’acquisition des titres français, les 800 000 euros de fraisde restructuration engagés grèvent les comptes desmagazines français dont l’audience s’est accrue de7 % sur un an. L’évolution du marché publicitaire dé-cidera des résultats du second semestre. « L’exercice2007 reste une période de transition » pour le groupebelge dont les activités réalisées dans l’Hexagone re-présentent un tiers du chiffre d’affaires.

FL

Source :- « Roularta réalise désormais un tiers de son activité enFrance », H.A., Les Echos, 31 août 2007.

Allemagne : un nouveau mode de commer-cialisation pour la musique

Acheter des morceaux de musique comme on achètedes minutes de communication téléphonique, c’est lanouvelle pratique que souhaite développer la filialeallemande de Sony. Une carte prépayée permettantd’acquérir de la musique en ligne sera proposée auxAllemands, passablement rétifs au paiement par cartede crédit, pour tenter d’accroître les 7 % des achats demusique effectués par téléchargement en Allemagne,ce qui est peu, comparés aux 20 % à 30 % atteintsaux Etats-Unis.

Les utilisateurs de ce nouveau mode de paiement ori-ginal effectueront leurs achats musicaux en entrantun code secret, et contribueront ainsi à populariser letéléchargement, avec 34 millions de titres ou albumsen 2007, soit 30 % de mieux que pour 2006.

FL

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Sources :

- « Sony prépare le téléchargement prépayé en Allemagne »,

Die Welt in journaldunet.com, 19 septembre 2007.- « Sony Allemagne prépare une carte prépayée », Nouve-

lObs.com, 19 septembre 2007.

- « Sony lance la carte prépayée pour les téléchargement

en ligne », lefigaro.fr, 20 septembre 2007.

Musique : OPA réussie de Terra Firma surEMI, rachat de BMG Publishing par Universalet reprise de l’enquête sur le mariage Sony –BMG

Le 1er août 2007, date limite et déjà repoussée à plu-sieurs reprises de l’OPA amicale, lancée le 21 mai2007, du fonds britannique Terra Firma sur EMI,90,27 % des actionnaires de la troisième major mon-diale du disque avaient vendu leur action au profit deTerra Firma. L’offre publique d’achat, qui portait auminimum sur 90 % des actions, qui a donc abouti,devrait permettre à Terra Firma de retirer EMI de laBourse de Londres et de restructurer le groupe.

L’aboutissement de l’OPA a été rendu possible aprèsque Warner Music, repreneur potentiel d’EMI, maisqui avait échoué à plusieurs reprises, eut annoncéson intention de ne pas proposer de contre-offre surEMI. Warner Music, numéro quatre mondial dudisque, avait été contraint par le Take Over Panel, legendarme boursier au Royaume-Uni, de se prononcerau plus tard le 19 juillet 2007, date à laquelle lesspéculations autour des titres EMI ont cessé. TerraFirma aura donc déboursé 3,2 milliards de livres(dont 800 millions de livres de dettes), soit 4,8 milliardsd’euros, pour prendre le contrôle d’EMI, une valorisa-tion légèrement supérieure à l’offre formulée en mars2006 par Warner. Toutefois, le groupe dirigé parEdgar Bronfman Junior, qui s’est accordé avec l’as-sociation Impala de défense des producteurs indé-pendants en Europe dans le cas d’un rachat d’EMI, nedevrait pas abandonner ses visées sur EMI. TerraFirma pourrait notamment envisager la cession del’activité disque, qui intéresse Warner, et ne conserverque la branche très rentable de l’édition musicale(voir le n° 2-3 de La revue européenne des médias,printemps - été 2007).De son côté, Impala a perduune partie sur le dossier de l’édition musicale. Alorsque l’association s’opposait au rachat de BMG Pu-blishing, la filiale édition musicale de Bertelsmann,par Universal Music Group, la Commission euro-péenne a finalement donné son accord pour la fu-sion fin mai 2007, alors que le

rachat de BMG Publishing par Universal avait été an-noncé en septembre 2006 pour 1,63 milliard de dol-lars. A la suite d’une enquête approfondie qui avaitamené la première major mondiale du disque à pro-céder à une série de cessions, notamment les cata-logues Rondor UK et Zomba Music Publishing, laCommission a estimé que la perte de 1 900 titres àgrand succès et l’équivalent de 30 millions d’eurosde recettes par an en Europe empêcherait Universal decontrôler une trop grande part des succès des hit-pa-rades et, par conséquent, du marché de la musiqueen ligne où les problèmes de concurrence étaient lesplus évidents.

La fusion Universal Music Group Publishing et BMGPublishing donne ainsi naissance au numéro unmondial de l’édition musicale, juste devant EMI Pu-blishing, alors même qu’Universal Music Group estdéjà le leader sur le marché du disque. Impala s’esttoutefois félicitée du message envoyé par la Com-mission européenne aux majors, à savoir que, dés-ormais, « aucune fusion sans concessions ne seraautorisée sur ce marché ».

La Commission européenne doit en outre statuer surun autre dossier, celui de la fusion Sony – BMG, pourl’activité disque cette fois-ci, autorisée en 2004 maisinvalidée par la justice européenne le 13 juillet 2006.En effet, après avoir obtenu les informations néces-saires à la poursuite de l’enquête (voir le n° 2-3 de Larevue européenne des médias, printemps - été2007), la Commission a repris son examen, le 26juin 2007, sur les conditions de la fusion. Sa ré-ponse, initialement attendue le 2 juillet, a été repous-sée au 10 octobre 2007. La Direction de laconcurrence n’ayant pas communiqué de griefs auxdeux groupes, c’est-à-dire des engagements portantsoit sur des cessions, soit sur les pratiques commer-ciales, la fusion devrait être autorisée sans conditions.

AJ

Sources :

- « La spéculation fait encore une fois bondir l’action EMI

à Londres », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 7 mai2007.

- « Le fonds Terra Firma offre 2,4 milliards de livres pour

EMI », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 22 mai 2007.- « Bruxelles bénit le mariage Universal Music – BMG Pu-

blishing », Grégoire Poussielgue, Les Echos, 23 mai 2007.- « Universal autorisé à racheter l’édition de BMG », Isa-

belle Repiton, La Tribune, 23 mai 2007.- « Le fonds Terra Firma rachète EMI, numéro trois mondial

du disque », Bruno Lesprit, Le Monde, 25 mai 2007.

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sa société à Telefonica pour 5,5 milliards d’euros en2000, réalise une belle affaire.

Pour Mediaset, le rachat du pionnier de la téléréalité,présent dans 22 pays à travers le monde, permet auleader de la télévision commerciale en Italie de seprocurer des programmes moins chers et d’amorcerune véritable internationalisation. En effet, malgré saprésence en Espagne avec la chaîne Telecinco, Me-diaset reste un groupe de médias italien qui peine àsortir de ses frontières, comme l’a montré l’échec durachat du groupe ProSiebenSat.1 en novembre 2006.Désormais, avec Endemol, Mediaset pourra exporterson savoir-faire à l’international, comme l’expliquait le7 mars 2007 Pier Silvio Berlusconi, fils du Cavaliereet vice-président de Mediaset, au quotidien hollandaisHet Financieele Dagblad : « Une bonne idée d’émis-sion n’est pas suffisante, nous ne sommes pas ca-pables de la lancer hors de l’Italie et de l’Espagne ».La chose est désormais possible et Mediaset pourraconcurrencer le leader européen de la télévision, RTLGroup, qui possède également une des plus impor-tantes société de production, FremantleMedia, dont lechiffre d’affaires annuel, 1,2 milliard d’euros, équi-vaut à celui d’Endemol. Pour Mediaset, l’enjeu est detaille au moment même où le groupe est fragilisé surson marché national par la concurrence du bouquetsatellitaire SkyItalia, détenu par Rupert Murdoch, etpar l’effritement de ses revenus publicitaires, enbaisse de 3,6 % en 2006, à 2,8 milliards d’euros.Cette baisse, quasi-structurelle du fait de l’effritementdes audiences des chaînes nationales à l’heure de lamultiplication des supports de diffusion de pro-grammes audiovisuels, pourrait en outre être accen-tuée par le projet de loi sur l’audiovisuel italien quilimiterait la part de marché publicitaire des diffuseurs à45 %, contre les 65 % actuellement détenus par Me-diaset pour une part d’audience de 43 % grâce auxtrois chaînes Italia 1, Canale 5 et Rete 4.

A peine un mois après la vente d’Endemol, ladeuxième plus grande société de production enFrance, le groupe Marathon, qui résultait de la fusion,en janvier 2006, de Marathon, Marathon Media, TéléImages et Adventure Line Productions, changeait àson tour de main le 23 juillet 2007 au profit de l’édi-teur italien De Agostini, candidat malheureux au ra-chat d’Endemol. Les chiffres sont sans communemesure puisque la presse a estimé la transaction auxalentours de 300 millions d’euros pour le rachat des75 % du capital de Marathon détenus par le fondsbritannique Bridgepoint. A l’inverse d’Endemol, spé-cialisée dans la téléréalité (Big Brother, Fear Factor, Loft Story, Star

- « Bruxelles reprend son enquête sur le mariage Sony –BMG », C.J., La Tribune, 27 juin 2007.- « Le fonds britannique Terra Firma peine à acquérir EMI »,I.C., Les Echos, 16 juillet 2007.- « EMI : pas de contre-offre de Warner Music », Le Figaro,19 juillet 2007.- « EMI Group : Terra prolonge son OPA pour la dernière foisjusqu’au 29 juillet », Les Echos, 23 juillet 2007.- « Terra Firma réussit de justesse son OPA sur EMI », G.P.,Les Echos, 2 août 2007.- « Bruxelles : vers un feu vert inconditionnel à la fusionSony – BMG », Grégoire Poussielgue et Karl de Meyer, LesEchos, 10 septembre 2007.

Endemol et Marathon revendues à desgroupes de médias italiens

Les deux sociétés de production, Endemol et Mara-thon, viennent d’être revendues coup sur coup au pro-fit de groupes de médias italiens. En ce qui concerneEndemol, le montage est compliqué, la société deproduction de renommée internationale ayant été ra-chetée à parts égales par son fondateur, le Néerlan-dais John De Mol, le groupe Mediaset, détenu à 35% par la Fininvest de Silvio Berlusconi, enfin par GSCapital Partners VI Fund, un fonds d’investissementscontrôlé par la banque Goldman Sachs.

Détenue jusqu’ici par Telefonica, l’opérateur espagnolde télécommunications, Endemol avait été officielle-ment mise en vente le 9 mars 2007 après que Tele-fonica eut déjà introduit en Bourse 22,3 % du capitalde la société de production en novembre 2005. Le14 mai 2007, les 75 % du capital restant ont finale-ment été vendus au plus offrant, le trio John De Mol– Mediaset – Goldman Sachs l’ayant emporté sur l’of-fre concurrente proposée par Stéphane Courbit, prési-dent d’Endemol France, le fonds d’investissementsPAI et l’éditeur italien De Agostini. Si la présence deStéphane Courbit, patron de la filiale française, la plusrentable des filiales d’Endemol, réintégrée dans la so-ciété mère en janvier 2006, jouait en faveur de l’offrefrançaise, reste que le rachat par John de Mol, de-puis janvier 2006, de 5,15 % du capital d’Endemolintroduit en Bourse, constituait également un argu-ment de poids en faveur du trio victorieux. En effet,outre l’achat pour 2,63 milliards d’euros des 75 % decapital détenus par Telefonica, le trio s’est engagé àlancer une offre publique d’achat sur 25 % de capi-tal restant, ce qui valorise Endemol à près de 3,4 mil-liards d’euros selon l’agence Bloomberg.

Sur ce point, John de Mol, qui avait vendu

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Academy) et les jeux (Le Bigdil, A prendre ou à lais-ser), les activités de production de Marathon sontplus diversifiées. La société produit la série Sous lesoleil, celle-ci n’ayant toutefois pas été reconduite parTF1 pour l’année 2008, ou encore le programmepour enfant Totally Spy ou les jeux Fort Boyard etKoh Lanta. Elle a généré en 2006 un chiffre d’affairesde 131 millions d’euros, contre 101 millions d’eurosen 2005, et un bénéfice net de 25,4 millions d’eu-ros. Pour De Agostini, ce rachat confirme sa stratégiede diversification dans l’audiovisuel, déjà amorcéedans d’autres pays européens. AJ

Sources :

- « Mediaset cherche à se développer internationalement

avec Endemol », Salvatore Aloïse, Le Monde, 9 mars2007.

- « John de Mol apparaît favori pour reprendre Endemol »,

Véronique Richebois avec Didier Burg à Amsterdam,

Les Echos, 12 mars 2007.- « Dernier jour pour les candidats à la reprise d’Endemol »,

Véronique Richebois et Elsa Conesa, Les Echos, 30-31mars 2007.

- « Endemol story, un succès télé réel et très regardé »,

Delphine Cluny, La Tribune, 25 avril 2007.- « La vente d’Endemol aiguise les appétits », Diane Cam-

bon, Le Figaro, 12-13 mai 2007.- « Silvio Berlusconi et John de Mol emportent Endemol »,

Véronique Richebois, Les Echos, 15 mai 2007.- « Berlusconi et John de Mol rachètent Endemol », M-C. B.

et R.H., Le Figaro, 15 mai 2007.- « Endemol ouvre les frontières au groupe de Silvio Ber-

lusconi », Sandrine Cassini et Isabelle Repiton, La Tribune,15 mai 2007.

- « John de Mol et l’italien Mediaset rachètent Endemol »,

G.D., Le Monde, 16 mai 2007.- « Dépôt des offres sur le producteur Marathon », Engué-

rand Renault, Le Figaro, 14 juin 2007.- « De Agostini seul candidat sur Marathon », E.R. et P.G.,

Le Figaro, 30 juin – 1er juillet 2007.- « L’italien De Agostini en négociation exclusive pour ra-

cheter Marathon », N.S., Les Echos, 2 juillet 2007.- « De Agostini rachète le producteur audiovisuel français

Marathon », Les Echos, 24 juillet 2007.

BSkyB rachète Amstrad et sécurise son ap-provisionnement en décodeurs numériques

Le premier opérateur de télévision payante auRoyaume-Uni, le distributeur de bouquets par satelliteBSkyB (British Sky Broadcating), a annoncé l’ac-

quisition, le 31 juillet 2007, du groupe Amstrad pour125 millions de livres sterling, soit 185 millions d’eu-ros. L’opération permet au groupe de Rupert Murdoch,qui contrôle BSkyB mais également la plate-forme sa-tellitaire Sky Italia, de sécuriser son approvisionne-ment en décodeurs numériques de nouvellegénération. L’opérateur britannique de télévision parsatellite achète d’ores et déjà 30 % de ses décodeursà Amstrad, le groupe fondé en 1968 et qui a popula-risé les PC en Europe dans les années 1980 avant dese positionner sur la production de produits électro-niques, dont les paraboles et les décodeurs.

En gérant en interne une partie de sa production,comme le fait par exemple Canal+ en France, BSkyBdevrait réaliser des économies en réduisant sa dé-pendance à l’égard de ses autres fournisseurs de dé-codeurs, Pace Micro Technology et Thomson. Enfin,cette acquisition permettra à BSkyB d’accompagnerau plus près les innovations technologiques néces-saires à l’évolution de la télévision par satellite, no-tamment l’accès à Internet et la distribution denouveaux services. AJ

Sources :

- « Amstrad tombe dans l’escarcelle de BSkyB », E.R.,

Le Figaro, 1er août 2007.- « BSkyB rachète Amstrad pour 185 millions d’euros »,

J.V.B., Les Echos, 1er août 2007.

Bolloré, Jean Pierre Barry et UBF MediaGroup créent Euro Media Group, nouveaugéant européen des prestations techniquesaudiovisuelles

Vincent Bolloré et Jean Pierre Barry, qui détiennentrespectivement 40 % et 60 % du leader français desprestations techniques audiovisuelles, Euro Media Té-lévision, ont annoncé, le 7 septembre 2007, être par-venus à un accord avec le groupe hollandais UBFMedia Group pour fusionner leurs activités et créerainsi un nouveau géant européen de la production.

UBF Media Group, coté à la Bourse d’Amsterdam, estleader en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Baset en Belgique. Euro Media Télévision, qui a rachetéla Société française de production (SFP) en octobre2001, est incontournable sur le marché hexagonal,contrôlant toute la chaîne de l’image, la pré-produc-tion, le tournage et la post-production.

Le nouveau groupe, baptisé Euro Media Group, sera

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détenu à 24 % par Vincent Bolloré, à 30 % par Jean-Pierre Barry, qui prend la présidence du directoire, lereste du capital revenant aux actionnaires d’UBF, So-nifim et Allianz Capital. Euro Media Group pèseraquelque 300 millions d’euros de chiffre d’affaires etemploiera 1 300 personnes. Non coté en Bourse,Euro Media Group devra donc compter sur ses pro-pres performances et ses actionnaires pour s’imposerau-delà des grands pays européens, notamment enEurope du Sud où le groupe est encore absent.

AJ

Source :

- « Production : Vincent Bolloré pousse ses pions à l’inter-

national », N. S., Les Echos, 11 septembre 2007.

Lancement de l’iPhone aux Etats-Unis, arri-vée programmée en Europe

L’iPhone, le nouveau téléphone multimédia d’Apple(voir le n° 2-3 de La revue européenne des médias,printemps - été 2007) a été lancé le 29 juin 2007sur le marché américain. Au-delà des effets de com-munication et de l’engouement des consommateurspour la marque Apple, le lancement de l’iPhone remeten question les relations traditionnelles entre les équi-pementiers et les opérateurs de télécommunications.En effet, Apple a décidé de ne commercialiser l’iPhoneque sous forme de partenariats exclusifs avec le lea-der de chaque pays. Aux Etats-Unis, c’est donc AT&Tqui l’a emporté avec son réseau mobile Cingular. Enoutre, les opérateurs ne peuvent pas subventionner leterminal, vendu 499 dollars pour 4 Gigaoctets demémoire et 599 dollars pour 8 Gigaoctets de mémoire.

Enfin, pour activer l’iPhone, il faut ouvrir un comptesur le site iTunes Store du groupe, ce qui permet àApple d’établir un lien direct avec l’abonné et de gérerla facturation des services sur le mobile, une activitéqui revenait jusqu’alors aux opérateurs de télécom-munications par l’intermédiaire de la carte SIM. A cetégard, les conditions du lancement de l’iPhone d’Ap-ple témoignent de l’enjeu des nouveaux services mul-timédias mobiles et de l’inversion des rapports deforce entre équipementiers, opérateurs de télécom-munications et éditeurs de services, au moins de laremise en question des anciens équilibres.

Aux Etats-Unis, cette stratégie d’Apple, déjà éprouvéeen 2001 avec le lancement de l’iPod couplé au siteiTunes Music Store, n’a pas soulevé d’opposition

particulière dans la mesure où les opérateurs de télé-phonie mobile se rémunèrent sur la voix et le trafic dedonnées et ne cherchent pas à augmenter leur ARPU(Average Revenue per user) en éditant eux-mêmesdes services en ligne. Pour AT&T, l’alliance avec Appleétait donc stratégique. Apple a en effet annoncé vou-loir écouler 10 millions d’iPhone avant la fin 2008,soit 1 % du marché mondial, dont une grande partieaux Etats-Unis. Pour AT&T, qui dispose de l’exclusivitécommerciale sur cinq ans pour la distribution del’iPhone, cet accord est une occasion idéale d’aug-menter son taux de recrutement de nouveaux abon-nés. Toutefois, les premiers chiffres de vente del’iPhone aux Etats-Unis ont été décevants : alors queles analystes estimaient les ventes du premier week-end de lancement à 200 000 unités, AT&T annon-çait, fin juillet 2007, qu’il avait enregistré 146 000ventes d’iPhone entre le 29 juin 2007, jour du lan-cement, et le 30 juin au soir. Pour AT&T, en revanche,le taux de recrutement de nouveaux abonnés est po-sitif : 40 % des acheteurs de l’iPhone sont de nou-veaux clients. Au troisième trimestre, AT&T affiche ungain net de 1,5 million d’abonnés pour des ventesd’iPhone estimées à 1 million d’unités sur les mois dejuillet et août, un chiffre loin d’être exceptionnel, lesventes de téléphones haut de gamme comme le Razrde Motorola étant supérieures.

A l’évidence, le succès attendu avec l’iPhone n’estpas totalement avéré à tel point que, deux mois aprèsson lancement, le 5 septembre 2007, Steve Jobs, lepatron d’Apple, annonçait une baisse de 200 dollarssur le modèle haut de gamme de l’iPhone, qui passeaux Etats-Unis de 599 à 399 dollars, et l’arrêt im-médiat de la commercialisation de l’iPhone à 4 Gi-gaoctets de mémoire. S’expliquant sur cette baissebrutale et rapide du coût de l’iPhone, Steve Jobs l’ajustifié par « la capacité d’Apple à réduire ses coûts deproduction et par la volonté d’avoir des tarifs attrac-tifs pour les fêtes de fin d’année ». Plus simplement,en ramenant le prix de l’iPhone aux alentours de 400dollars, Apple fait entrer celui-ci dans la gamme destéléphones haut de gamme, alors même que l’iPhonene dispose pas de fonction 3G, une fonction propo-sée par tous les mobiles concurrents, notammentSony-Ericsson, Samsung ou Nokia. Selon les ana-lystes de Piper Jaffray, cette baisse du prix de l’iPhonedevrait permettre à Apple d’en écouler en moyenne27 000 par jour contre 9 000 actuellement, soit troisfois plus.

Le 18 septembre 2007, l’arrivée de l’iPhone en

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Europe était annoncée, dans un premier temps auRoyaume-Uni. Alors qu’Apple avait un temps envi-sagé de confier à un seul opérateur la commerciali-sation de l’iPhone en Europe, le groupe a décidé des’appuyer sur le leader de chaque pays. En 2007,seuls le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France pour-ront bénéficier de l’iPhone, les autres pays d’Europeainsi que le continent asiatique devant attendre 2008.Au Royaume-Uni, O2, la filiale britannique de Telefo-nica, lancera l’iPhone le 9 novembre 2007 pour 269livres, soit 387 euros, un prix nettement plus élevéqu’aux Etats-Unis (399 dollars, soit 287 euros horstaxes). Le forfait proposé par Telefonica comprendl’échange illimité de données, mais n’inclut pas defonctions GPS ou 3G. Telefonica s’appuiera en outresur le réseau de magasins Carephone Wharehousepour vendre l’iPhone.

Le 19 septembre 2007, Steve Jobs annonçait quel’iPhone serait distribué en Allemagne par le leader T-Mobile, filiale de Deutsche Telekom, également àpartir du 9 novembre 2007 et pour un prix de 399 euros.Enfin, le 20 septembre, Didier Lombard, président deFrance Télécom, annonçait qu’Orange avait obtenul’exclusivité pour la commercialisation de l’iPhone enFrance.

Au Royaume-Uni, en Allemagne et en France, l’iPhonene sera pas subventionné et les opérateurs, à l’instard’AT&T aux Etats-Unis, « se sont engagés à verser 30 %de la facture totale à Apple » selon Jean-Pierre Cham-pion, patron des magasins The Phone House, filialede Carephone Warehouse. Apple a donc obtenu au-près des opérateurs européens ce qu’aucun autreéquipementier n’avait obtenu auparavant, à savoir lepartage des revenus générés par le trafic des don-nées. Cette remise en question des anciens équilibrestranche avec la stratégie des opérateurs européensqui cherchent tous à développer et contrôler les ser-vices en ligne pour augmenter leur ARPU. Le pari faitsur l’iPhone risque donc d’être lourd de conséquencespour les opérateurs européens dans la mesure oùApple, qui contrôle iTunes Music Store et propose desapplications avec l’iPhone, s’accaparera l’essentieldes revenus générés par les services mobiles et letiers des revenus générés par le trafic. Il n’est pas évi-dent que les opérateurs acceptent, à terme, un tel dé-calage dans la chaîne de valeur. Pour l’instant, lesopérateurs comptent sur l’iPhone et sa clientèle tech-nophile pour développer l’usage des services mo-biles. Mais rien ne dit qu’à l’avenir les opérateurseuropéens, qui éditent leurs propres services mobiles,

voire contrôlent déjà pour certains des catalogues dedroits, acceptent de dépendre aussi fortement d’Ap-ple.

Enfin, Apple, qui va verrouiller l’iPhone pour que cedernier ne soit accessible qu’à un opérateur par pays,risque également de se heurter aux autorités natio-nales. L’ARCEP, l’autorité française de régulation destélécommunications, rappelle d’ailleurs« qu’il s’agisse d’un iPhone ou de tout autre combinémobile, [que] le consommateur est en droit, six moisaprès l’acquisition d’un appareil, de demander à sonopérateur de le “désimlocker”. Et dans ce cas, l’opé-rateur concerné ne peut pas s’opposer à sa demande »- ce qui équivaut à ouvrir le combiné aux réseauxconcurrents, un moyen légal pour les futurs proprié-taires de l’iPhone de rompre leur dépendance àl’égard d’Apple. AJ

Sources :

- « Apple veut contrôler l’iPhone à la place des opérateurs

mobiles », Emmanuel Paquette, Les Echos, 14 juin 2006.- « iPhone : les premiers chiffres officiels de vente déçoivent

», Les Echos, 25 juillet 2007.- « Interrogations sur l’iPhone d’Apple », Florence Puyba-

reau, La Tribune, 7 septembre 2007.- « Apple casse le prix de l’iPhone pour relancer les ventes

», Guillaume de Calignon, Les Echos, 7-8 septembre2007.

- « L’iPhone débarque en Europe », Le Figaro, 14 septem-bre 2007.

- « L’iPhone débarque en Europe sans la 3G », Philippe

Crouzillacq, 01.Net, 18 septembre 2007.

- « Orange distribuera l’iPhone d’Apple en France », Flo-

rence Puybareau, La Tribune, 18 septembre 2007.- « L’iPhone d’Apple arrive en Europe », Florence Puyba-

reau, La Tribune, 19 septembre 2007.- « Steve Jobs donne le coup d’envoi de l’iPhone en Europe

», G. C., Les Echos, 19 septembre 2007.- « T-Mobile sera le distributeur exclusif de l’iPhone en Al-

lemagne », AFP in tv5.org, 19 septembre 2007.- « Orange sera le distributeur exclusif de l’iPhone d’Apple

en France », Cécile Ducourtieux, Le Monde, 22 septembre2007.

- « iPhone : les opérateurs reverseront 30 % de la facture

à Apple », Les Echos, 29 septembre 2007.

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�UsagesLa Commission européenne lance sa proprechaîne sur YouTube

Le 29 juin 2007, la Commission européenne a lancéEU Tube, une chaîne thématique sur YouTube, le sitede partage de vidéos détenu par Google, afin de pré-senter des manières nouvelles et novatrices d’infor-mer les gens sur les activités de l’Union européennecomme le projet Galileo, le programme Erasmus ouencore la lutte contre le réchaufement climatique. Lesclips vidéo diffusés ont été produits à l’origine pourEBS, la chaîne de télévision de la Commission. Enlangue anglaise, ils seront traduits rapidement enfrançais et en allemand avant de l’être égalementdans les autres langues parlées en Europe.

Eu Tube a vocation à informer les citoyens des 27 Etats membres sur les problèmes auxquels estconfrontée l’Europe, « comme le changement clima-tique, l’énergie ou l’immigration », mais doit égale-ment traduire « l’engagement de la Commission àmieux expliquer ses politiques et ses actions »,comme l’a précisé Margot Wallström, vice-présidentede la Commission, chargée des relations institution-nelles et de la stratégie de communication. Car ils’agit bien d’une campagne de promotion visant àrapprocher les citoyens des instances européennes,une série de clips étant disponible sur l’histoire del’Union européenne. Ainsi, selon Margot Wallström, «il est très important que la Commission utilise tousles moyens qui sont à sa disposition lorsqu’il s’agitde communiquer avec les citoyens européens. Nousne pouvons ignorer l’évolution intervenue sur Internetces dernières années, en particulier la popularité dessites de partage de vidéos tels que YouTube ».

Avec près de 100 millions de vidéos consultéeschaque jour, YouTube est effectivement un supportstratégique dont la diffusion excède les seules fron-tières de l’Union européenne. Afin de pouvoir se di-versifier dans ses actions de communication, laCommission a toutefois veillé à nouer un partenariatnon exclusif avec le site américain, les vidéos pou-vant être diffusées sur d’autres supports.

AJ

Sources :- « EU Tube – « Une communauté de sons et d’images »sur YouTube », Commission européenne, IP/07/974,Bruxelles, 29 juin 2007.- « L’Europe sur Internet avec EU Tube », AFP infrance24.com, 29 juin 2007.

Pays-Bas : canular et téléréalité sensibili-sent au don d’organes

Avant même sa diffusion, l’émission a suscité l’in-quiétude, parfois l’indignation des milieux politiquesnéerlandais. Produite par Endemol et diffusée le 1erjuin 2007 sur la chaîne publique BNN, l’émissionbaptisée « Le grand show du donneur » devait mettreen présence Lisa, une femme atteinte d’une maladieincurable, et trois malades en attente de greffe du rein,Lisa devant, au terme du jeu, choisir le malade qu’ellesauvera par un don d’organe à l’occasion de sa mort.Sauf que Lisa était une actrice, que les maladesétaient au courant du canular, et que les Hollandaisont découvert la vérité seulement quelques minutesavant la fin de l’émission. Le sentiment de mauvaisgoût évacué une fois la vérité mise au jour, le pro-gramme de téléréalité de la provocatrice chaîne pu-blique BNN a finalement fait l’objet d’éloges pouravoir mis en lumière les difficultés des malades faceà la baisse du nombre de donneurs aux Pays-Bas.

Cette émission, après l’annonce de l’éclatement de laBelgique par la RTBF (voir le n° 1 de La revue euro-péenne des médias, février 2007), met en lumière unphénomène nouveau : l’implication de la télévisiondans le débat public par le moyen du jeu et du canu-lar, loin des critères traditionnels de l’information,mais à coup sûr au plus près des émotions des télé-spectateurs. Ces deux moyens de sensibilisation, tantqu’ils cohabitent de manière séparée, semblent pourl’instant plus complémentaires qu’opposés.

AJ

Sources :

- « Aux Pays-Bas, la télé-réalité joue avec le don d’organe »,

Jean-Pierre Stroobants, Le Monde, 31 mai 2007.- « Les Néerlandais piégés par un jeu télévisé sur la greffe

du rein », J-P. S., Le Monde, 3-4 juin 2007.

Pour les Français, Internet, c’est déjà plussimple qu’un coup de fil

Désormais, les Français privilégient l’usage d’Internetpour communiquer avec leurs proches. L’accès à l’In-ternet haut débit à domicile, dont dispose aujourd’huiun Français sur deux, ne modifie pas seulement leurmode de consommation des médias. Internet est de-venu un instrument ménager, qui facilite la vie quoti-dienne au point de supplanter l’indispensabletéléphone.

Selon l’étude « Médias 360/Les chiffres clés de la

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Convergence » réalisée par Médiamétrie sur la périodejanvier-mars 2007 et auprès d’une population âgéede 13 ans et plus, Internet est devenu le premier vec-teur de communication privée. En dehors de la sphèreprofessionnelle, plus d’une communication sur troispasse par Internet (e-mail, chat et forum) soit 37 %en nombre de contacts, contre 32,1 % pour le télé-phone mobile et 30,9 % pour le téléphone fixe. Prèsde la moitié des Français ont utilisé une messagerieélectronique au cours du dernier mois contre 42,8 %en 2006. La pratique de la messagerie instantanée etdu SMS progresse. Ces deux modes de communi-cation représentent 11 % des contacts. L’étude révèleaussi que 58,2 % des personnes équipées d’un télé-phone portable disposent d’une fonction Internet mo-bile et 36,6 %, parmi elles, l’ont utilisée au cours dudernier mois de l’enquête.

FL

Source :

- « Nouvelle synthèse Médias 360 », Communiqué de

presse, Médiamétrie, 17 septembre 2007.

Les Européens ne seraient pas intéresséspar la TMP

La norme de diffusion est choisie, l’appel à candida-tures destiné à sélectionner les futures chaînes dis-ponibles imminent en France : la télévision mobilepersonnelle devrait être opérationnelle l’été 2008 pourles Jeux olympiques, à défaut d’être prête à tempscomme prévu pour la Coupe du monde de rugby2007. Les Européens ne seraient pourtant pas de-mandeurs. Une étude du Cabinet Gartner révèle que 5% seulement des Européens sont séduits par l’idéede visionner des programmes de télévision et des vi-déos sur un téléphone portable au cours des douzeprochains mois. En Asie où la TMP existe déjà, 20 %des Asiatiques se déclarent intéressés par ce nouveaumode de réception télévisuel et le taux de pénétrationest de 10 % en Corée-du-Sud avec 7 millionsd’abonnés.Les opérateurs misent néanmoins sur une dépensesupplémentaire des consommateurs de l’ordre de 5 à10 euros par mois, afin de compenser la baisse deleurs revenus en provenance des simples appels.Selon l’institut de recherches Informa, le chiffre d’af-faires engendré par les services de divertissement quesont les jeux, la musique, la télévision, les contenuspour adultes et les paris, devrait doubler, passant de18,8 milliards de dollars en 2006 à 38 milliardsde dollars en 2011.

A l’instar de la musique, les acteurs du secteur de la

téléphonie mobile envisagent la télévision comme lenouveau relais de croissance de leur secteur d’acti-vité. Les fabricants des nouveaux récepteurs DVB-Hcomptent une nouvelle fois sur le renouvellement duparc des téléphones portables pour capter les nou-velles chaînes mobiles.

En dépit des hésitations ou des incertitudes de la de-mande, l’Europe s’équipe peu à peu. Avec un and’avance sur ses voisins, l’Italie compte 1 million de« mobispectateurs ». En 2007, la télévision mobilepersonnelle est également opérationnelle en Alle-magne, au Royaume-Uni et en Finlande. En 2008,en France, seules les grandes agglomérations serontconcernées, soit un tiers de la population.

FL

Sources :

- « La télévision sur mobile n’intéresse pas les Européens »,

Reuters in 01net.com, 25 septembre 2007.

- « La télévision mobile veut concourir aux JO », Chris-

tophe Séfrin, 20 Minutes, 27 septembre 2007.- « La télévision sur mobile devrait arriver en France à l’été

2008 », Olivier Dumons, Le Monde, 27 septembre 2007.

Divertissement : la télévision détrônée

Les consommateurs de médias et de divertissementsveulent pouvoir choisir. Les technologies numériquesleur permettant désormais de créer leurs propres pro-grammes, Internet passe progressivement devant latélévision au titre de média le plus utilisé. C’est ce quemontre une étude réalisée par l’IBM Institute for Busi-ness Value auprès de plus de 2 400 foyers répartisaux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, auJapon et en Australie, aux résultats similaires à unsondage effectué par ce même institut auprès dejeunes originaires de plusieurs pays dans les rues deNew York.

Cette étude doit compléter le rapport « La fin de la pu-blicité telle que nous la connaissons » proposant denouvelles recommandations et stratégies auxagences de publicité et aux entrepreneurs des mé-dias, car désormais l’internaute décide de voir ou nonune publicité et il attend que celle-ci corresponde àses propres centres d’intérêt.

Les grands consommateurs de médias sont 19 % àpasser plus de six heures sur Internet, contre seule-ment 9 % à consacrer une telle durée à la télévision.Pour une consommation comprise entre une et quatre

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heures, la télévision domine encore d’une courte têtepour 66 % des personnes interrogées contre 60 %pour Internet, sur lequel il est plus facile de filtrer lesmessages publicitaires.

Les foyers américains équipés de lecteurs-enregis-treurs numériques sont 24 % à déclarer regarder plusde la moitié de leurs programmes télévisés en différé,selon l’ordre et le moment de leur choix. Les Anglais,quant à eux, sont deux fois plus nombreux à préférerutiliser la VOD plutôt que d’acquérir un tel équipe-ment, mais la motivation reste identique.

C’est la fin de la proposition unique destinée au plusgrand nombre : 26 % des foyers américains, 36 %des foyers australiens déclarent contribuer à des sitescommunautaires et 58 % d’entre eux affirment êtreen quête de reconnaissance, d’esprit communautaire,de contenus fiables.

La multiplication des supports numériques remet encause la suprématie de la télévision, ainsi 81 % desinterrogés souhaitent ou regardent déjà des contenusvidéo sur leur ordinateur, et 42 % sur leur mobile.

FL

Source :

- « Etude IBM. Déclin de la télévision comme média prin-

cipal », IBM Actualités, ibm.com, 27 août 2007.

Tele Jato : la plus petite chaîne italienne auservice d’une grande cause

Décerné par le quotidien Corriere della Sera, le prixinternational du journalisme Maria Grazia Cutuli, aété attribué à Letizia Maniaci, une jeune journalistesicilienne pour son engagement dans la lutte anti-mafia au sein de Tele Jato, la plus petite chaîne de té-lévision italienne.

L’histoire de Tele Jato est entièrement liée à celle de lafamille Maniaci, métamorphosée en rédaction jour-nalistique professionnelle. En 1999, Pino Maniaciparvient à racheter la fréquence d’un canal de télévi-sion ayant appartenu au Parti communiste et lancel’unique chaîne de proximité de la Sicile, dans le vil-lage de Partinico, non loin de Palerme.

Installée au cœur d’une zone géographique à forteprésence mafieuse, Tele Jato s’est donné pour mis-sion de montrer ce qui ne se dit pas. Se déclarant « apolitique », Pino Maniaci refuse de s’inscrire dans

la lignée de Radio Aut, rendue célèbre pour avoir ré-vélé, dans les années 1970, les crimes du clan Ba-dalamenti. Il dit se contenter de filmer ce qui se passeautour de lui, en prise directe. Ainsi la chaîne a-t-elleété la première à annoncer que Giusi Vitale, l’époused’un des chefs de Cosa Nostra, s’était repentie. Toutsimplement en ayant été témoin de l’arrivée des ca-rabiniers à l’école du village, venant chercher les en-fants de Guisi Vitale pour les mettre à l’abri, commel’explique Patrizia Maniaci.

Tele Jato est reçue dans 22 communes de la provincede Palerme ; tout au plus 150 000 spectateurs peu-vent suivre chaque jour le journal « anti-mafia » de lami-journée. Avec seulement trois minutes de publicitéautorisées par heure, ses moyens sont limités et lematériel technique utilisé d’un autre âge.

Constamment attaquée en justice par ceux dont elledénonce les agissements illégaux, à l’instar d’AntoniaBertolino, belle sœur d’Angelo Siino, « l’ex-ministredes travaux publics de Cosa Nostra » et propriétairede la plus grande distillerie d’Europe qui pollue le vil-lage depuis plus de cinquante ans, Tele Jato est obli-gée de se protéger. Les responsables d’éditionchangent souvent. Un des plus célèbres fut l’actuelprésident de la Commission anti-mafia, FrancescoForgione. La sécurité des journalistes passe aussi parles nombreux contacts que la chaîne noue avec d’au-tres organes d’information ou associations anti-mafia. Pino Maniaci a déjà été victime de deuxattentats. FL

Sources:

- « Italie : sur Tele Jato, toutes les vérités sont bonnes à dire »,

Chiara Dino, DWeb, La Repubblica de le Donne in Courrierinternational, 20 juillet 2007.- « Una ragazza felice : “Il mio ragazzo e la tv” », lesici-

liane.org/casablanca.

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AilleursggLe Wall Street Journal reste le seul, parmi les grandsjournaux américains, à avoir un site majoritairementpayant. Lancé en 1996, celui-ci compte 1 milliond’abonnés et rapporte 65 millions de dollars de reve-nus. Son nouveau propriétaire, Rupert Murdoch, en-visagerait d’en rendre l’accès gratuit. Cette perspectiveaurait, selon la majorité des experts, encouragé lechangement de stratégie commerciale du New YorkTimes. The Financial Times, quant à lui, réserve en-core un accès payant à une partie de son site Web,tandis que le Los Angeles Times a abandonné le mo-dèle payant testé en 2005 suite à une baisse consé-quente de la fréquentation de son site.

Selon Colby Atwood, président de Borrell Associates,une société d’études sur les médias, le financementpar la publicité au détriment de l’abonnement de-viendra le modèle économique dominant sur le longterme au regard de l’augmentation de la fréquenta-tion des sites et des investissements publicitaires surle Web. La gratuité est inévitable pour les sites d’in-formation généralistes, confirme Rosental Alvès, pro-fesseur en communication à l’Université d’Austin(Texas) et spécialiste d’Internet. Le modèle payant nevaudrait désormais que pour les seules lettres ditesconfidentielles. FL

Sources:- « Times to Stop Charging for Parts of Its Web Site », Ri-chard Pérez-Peña, nytimes.com, 18 septembre 2007.- « Le New York Times rend son site internet gratuit », AFPin tv5.org, 18 septembre 2007.- « Le “New York Times” rend gratuit son site Internet », Syl-vain Cypel, Le Monde, 21 septembre 2007.

Japon : lancement du « DVD Burning »

Une première mondiale selon son créateur, KDDI, ledeuxième opérateur japonais de télécommunications :la vente en ligne de films et de vidéos à graver soi-même à domicile. La technologie d’encryptage, déjàappliquée aux DVD vidéo vendus dans le commerce,

Le New York Times gratuit sur le Net

Le grand quotidien de la côte Est, le New York Times,abandonne son offre payante de contenus en lignebaptisée Times Select. Pour 49,95 dollars par an ou7,95 dollars par mois, l’abonnement donnait accèsaux articles « op-ed » (opinions, analyses et édito-riaux) des célèbres chroniqueurs du journal ainsiqu’aux archives. Lancée deux ans auparavant, l’offreInternet du New York Times, gratuite pour les abonnés« papier » comme pour les étudiants et les ensei-gnants, avait conquis 227 000 internautes et engen-drait un revenu annuel d’environ 10 millions dedollars. Cependant, les perspectives de croissancedes revenus en provenance des abonnements res-taient faibles, comparées à celles des revenus publi-citaires, selon Vivian L. Schiller, vice-présidente etdirectrice générale du site Web. Fort de ses 13 mil-lions de visiteurs uniques par mois, bien plus que laplupart des sites de presse, le New York Times compteen effet un nombre progressivement plus élevés devisiteurs indirects, c’est-à-dire ayant utilisé un moteurde recherche ou un lien sur un autre site leur donnantbien souvent gratuitement accès aux articles « op-ed». Si ces internautes ne sont pas prêts à payer pourlire, leurs visites correspondent toutefois à autant depages vues et de revenus publicitaires supplémen-taires. Les articles d’opinion ne sont certes pas ceuxqui génèrent le plus ces revenus, mais ils entraînentde nombreux internautes vers d’autres parties du siteWeb du journal plus lucratives.

De nombreux lecteurs à l’instar de certains chroni-queurs du journal, notamment ceux dont les articlessont parmi les plus « transférés », ont exprimé leurdésaccord. Les archives du journal sont donc désormais acces-sibles gratuitement, celles datant de 1987 à au-jourd’hui, comme celles allant de 1851 à 1922,tombées dans le domaine public. Pour la période de1923 à 1986, certains documents demeurentpayants.

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offre une même qualité de son et d’image. L’avantagecertain de ces DVD vidéo « fabriqués » à la maison ré-side dans sa liberté d’utilisation, les œuvres peuventêtre visionnées à loisir, sans aucune restriction.A l’ins-tar de Warner Entertainment Japan, une soixantained’éditeurs de vidéos vont alimenter le service « DVDBurning », soit 1 000 œuvres pour commencer, puis3 000 d’ici à mars 2008.A terme, la sortie en « DVD Burning » des films et desvidéos devrait être programmée le même jour que lasortie en édition vidéo classique. Pour les producteursindépendants, ce service en ligne constitue un nou-veau mode de commercialisation des œuvres, et par-ticulièrement celles n’ayant pas encore été éditées envidéo. Ouvert à tous les foyers japonais et pas seule-ment aux abonnés de l’opérateur KDDI, le service nesera pas accessible depuis l’étranger.

FL

Source :

- « Japon : KDDI vend en ligne des films à graver sur DVD

vidéo à domicile », AFP in tv5.org, 25 septembre 2007.

Afrique du Sud : guerre annoncée deschaînes d’information anglophone sur lecontinent africain

Jusqu’en mai 2007, l’information en continu et enlangue anglaise sur le continent africain dépendait engrande partie de BBC World et de CNN. Toutefois, laguerre des audiences est ouverte depuis le lancement,le 1er juin 2007, de la chaîne africaine de CNBC,après les lancements de CNBC Asie et CNBC Europe.Basée à Johannesburg, CNBC Africa est une décli-naison pour l’Afrique de la chaîne d’information fi-nancière américaine CNBC (Consumer News andBusiness Channel). Elle est diffusée sur le bouquetsud-africain Dstv, qui émet sur l’ensemble du conti-nent et compte plus d’un million d’abonnés. CNBCAfrica vient concurrencer directement Summit TV, uneautre chaîne financière diffusée depuis 1999 sur lebouquet Dstv.

CNBC Africa devra également tenir compte de laconcurrence des chaînes d’information généralistesqui se positionnent sur le continent africain. Après lelancement d’Al Jazeera en anglais fin 2006, qui aouvert plusieurs bureaux en Afrique, la radiotélévisionpublique sud-africaine SABC a également inaugurésa propre chaîne internationale d’information encontinu, SABC News International, le 13 juillet 2007.Installée à Johannesburg, SABC News International

doit « fournir une perspective africaine sur l’actualiténon seulement sur les nouvelles de notre continent,mais aussi sur l’actualité internationale », a déclaréSnuki Zikalala, le directeur de l’information de la SABC.Une manière de dire qu’une information adaptée aucontinent africain est une information produite par lesAfricains eux-mêmes. AJ

Sources :

- « CNBC Africa vise une clientèle financière », Fabienne

Pompey, Le Monde, 2 juin 2007.- « SABC News International : l’actualité en continu vue

d’Afrique du Sud », AFP in edicom.ch, 18 juillet 2007.

Australie : une Google election

Google surprend toujours. La filiale australienne dugroupe a lancé un site Internet dédié aux prochainesélections législatives qui se dérouleront dans le paysà la fin de l’année 2007.

Avec son www.google.com.au/election2007, le mo-teur de recherche souhaite animer le débat politique àsa façon. Grâce à la rubrique « On the record », les in-ternautes peuvent lancer une recherche sur tous lesdiscours parlementaires d’un homme politique, ainsique les textes postés sur son site, tout en y associantle thème de leur choix. Une méthode imparable pourdéceler les contradictions et les incohérences des pro-pos et des propositions.

Ce décryptage version googling est pris très au sé-rieux par le Premier ministre conservateur John Ho-ward qui, briguant un cinquième mandat, a innovécette année en annonçant une partie de son pro-gramme sur Internet.

Le porte-parole du parti travailliste chargé de l’envi-ronnement, Peter Garett, qualifie les élections à venir,dans lesquelles Internet devrait jouer un rôle majeur,de Google election. FL

Source :

- « Australie : un site pour débusquer les incohérences des

discours politiques », AFP in tv5.org, 14 septembre 2007.

Ailleursgg

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Rupert Murdoch s’empare du groupe DowJones et du Wall Street Journal

Annoncée le 1er mai 2007, l’offre d’achat non sollici-tée de News Corp., le groupe dirigé par Rupert Mur-doch, sur le groupe Dow Jones, éditeur du Wall StreetJournal, a frappé les consciences par la somme pro-posée, 5 milliards de dollars, soit une prime de 65 %par rapport au cours de l’action Dow Jones avantl’annonce de l’offre, mais également par la possibilité,pour le patron de News Corp. jugé très conservateur,de prendre le contrôle du premier quotidien d’infor-mation économique et financière aux Etats-Unis. Eneffet, avec quelque 2,7 millions de lecteurs chaquejour dans le monde dont, aux Etats-Unis, 1,7 milliond’exemplaires en version papier et 780 000 abonnésà son site payant, le Wall Street Journal est la bibledes milieux d’affaires alors que ses pages opinionssont clairement conservatrices.

La première des réactions aura d’abord été celle deshéritiers des fondateurs du Wall Street Journal, créé en1889 par Charles Dow, Edward Jones et CharlesBergstresser, puis cédé en 1902 à Charles Baron, lecorrespondant du titre à Boston et membre de la fa-mille Bancroft. Les héritiers de ce dernier, qui contrô-lent le groupe Dow Jones depuis plus d’un siècle, ontsemblé d’abord s’opposer à ce rachat. Avec 24 % ducapital de Dow Jones répartis entre 33 héritiers, la fa-mille Bancroft dispose de 64 % des droits de vote.

Pour parvenir à ses fins, Rupert Murdoch s’estd’abord appuyé sur les actionnaires extérieurs qui,avec 36 % des droits de vote, ont été très tôt attiréspar son offre généreuse. Enfin, le magnat australo-

américain des médias a pu profiter de dissensions ausein de la famille Bancroft. Deux jours après l’an-nonce officielle de l’offre de rachat, les Bancroft re-crutaient un cabinet de conseil pour évaluer l’offre, àpeu près un tiers des héritiers jugeant les perfor-mances de Dow Jones décevantes. Le suspense aduré le temps que les possibles offres alternatives derachat du groupe Dow Jones s’épuisent.

Parmi ces dernières, l’offre de Ron Burkle, un géantaméricain de la distribution qui avait déjà tenté des’emparer, en vain, du groupe Tribune (voir le n° 2-3 de La revue européenne des médias, printemps -été 2007), a fait long feu. L’offre de Brad Greenspan,cofondateur du site MySpace qu’il a revendu en juil-let 2005 à Rupert Murdoch, n’a pas été en mesurede concurrencer celle de News Corp. En effet, elle am-bitionnait seulement de bloquer toute revente à Ru-pert Murdoch en aidant certains des membres de lafamille Bancroft à racheter au prix proposé par NewsCorp. une partie des actions de leurs cousins afin dedétenir plus de 50 % du capital de Dow Jones. Plussérieuse, l’offre envisagée par General Electric et Pear-son a révélé le potentiel du groupe Dow Jones.

Hormis le Wall Street Journal et des activités depresse, à l’instar de l’hebdomadaire d’informationboursière Barron’s, le groupe Dow Jones disposeégalement, à travers sa division Entreprise MediaGroup (EMG), d’un pôle très rentable d’informationéconomique et financière destinée aux professionnels.Parmi ces activités, l’agence Dow Jones et son fild’information boursière, Dow Jones Newswire, ainsique des services spécialisés, l’information pour leshedge funds et le private equity avec Dow Jones

Lesacteursglobauxgg

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Financial Information Services, ou encore Dow JonesIndexes, le service de création d’indices boursiers,enfin Dow Jones Licensing, une activité de vented’outils spécialisés pour les sites d’information inan-cière. La division EMG contrôle également Factiva,une entreprise spécialisée dans la recherche d’infor-mation économique et financière dans les archivesde presse.

Ces actifs, à l’évidence, s’inscrivaient parfaitementdans le modèle économique de General Electric etPearson qui auraient pu créer un groupe mondiald’information économique et financière. Le nouveaugroupe aurait été le premier groupe mondial de presseéconomique, Pearson apportant avec lui le FinancialTimes, seul autre quotidien de référence en matièred’information économique et financière avec le WallStreet Journal et en presse hebdomadaire, Pearsonaurait apporté The Economist au côté de Barron’s.Enfin, General Electric, qui contrôle la chaîne d’infor-mation économique et financière CNBC, aurait pu ren-forcer le partenariat déjà existant avec le groupe DowJones. Trop complexe et coûteuse, cette offre n’a puvoir le jour et Rupert Murdoch s’est finalement retrouvéseul candidat au rachat de Dow Jones fin juin 2007.

Après que les administrateurs du groupe Dow Jonesont obtenu de la famille Bancroft qu’ils soient lesseuls chargés des négociations avec Rupert Murdoch,le conseil d’administration de Dow Jones a donnéson accord, le 17 juillet 2007, à la vente du groupeau profit de News Corp. Pour obtenir cet accord, Ru-pert Murdoch s’est engagé sur l’indépendance édito-riale du groupe Dow Jones, notamment en acceptantde mettre en place un comité de cinq membres indé-pendants chargés de nommer ou de révoquer les ré-dacteurs des différentes publications du groupe.

Une fois l’accord du conseil d’administration de DowJones obtenu, restait alors à News Corp. de convain-cre suffisamment de membres de la famille Bancroftde donner leur feu vert à l’offre d’achat. Le 1er juillet2007, une partie des membres de la famille Bancroftdétenant 37 % des droits de vote donnait son accordau rapprochement. Rupert Murdoch, qui peut comp-ter sur plus de 70 % des voix des actionnaires exté-rieurs, qui détiennent 36 % des droits de vote, est doncsûr de prendre le contrôle de Dow Jones. S’il n’a pasmodifié son offre initiale de 5 milliards de dollars, lerachat s’élève toutefois à 5,6 milliards de dollarsdans la mesure où il inclut une reprise de dette. Enfin,Rupert Murdoch s’est engagé à investir dans le WallStreet Journal, un argument

décisif pour le conseil d’administration de Dow Joneset une partie des membres de la famille Bancroft.

Avec le rachat du groupe Dow Jones, News Corp.étend son empire dans les médias en renforçant laqualité de son offre éditoriale, notamment aux Etats-Unis. Car c’est là tout l’intérêt de la fusion pour RupertMurdoch. Avec le Wall Street Journal, le magnat aus-tralo-américain dispose enfin d’un quotidien nationalaux Etats-Unis dont il compte renforcer l’audience, no-tamment en développant l’information politique et gé-nérale, tout à la fois pour concurrencer le seul autrequotidien véritablement national aux Etats-Unis, USAToday (2 millions d’exemplaires diffusés chaquejour), et pour faire encore plus contrepoids, dans ledomaine des quotidiens de référence, au New YorkTimes, plus à gauche. Enfin, News Corp. compte uti-liser les informations économiques et financières pro-duites par le groupe Dow Jones, ainsi que la marqueWall Street Journal, pour alimenter et valoriser sanouvelle chaîne d’information financière, Fox Busi-ness Network, dont le lancement est prévu le 15 oc-tobre 2007. A cet égard, une des premièresconséquences du rachat devrait être la remise encause du contrat d’exclusivité, valable jusqu’en2012, qui lie le Wall Street Journal à la chaîne d’in-formation financière CNBC.

Le succès du site du Wall Street Journal ne devraitpas laisser indifférent News Corp., déjà bien implantésur Internet avec MySpace. Alors qu’il ne prendra lecontrôle du groupe qu’en décembre 2007, RupertMurdoch annonçait toutefois début septembre vouloirrendre le site du Wall Street Journal gratuit, quitte àperdre les 30 millions de dollars générés par lesabonnements. La stratégie semble donc être celle dela synergie entre les marques du groupe et l’élargis-sement de l’audience et sa qualification. D’ailleurs,les propos de Rupert Murdoch ne laissent aucundoute sur sa volonté d’imposer la marque Wall StreetJournal au-delà du cercle déjà connu de ses lec-teurs : « Passer de 1 million de visiteurs régulierspayants à 10 ou 15 millions de visiteurs (gratuits)parmi les plus riches et les plus influents de la planète,cela a de la valeur ». Sur le plan international, la pré-sence de News Corp. à travers le monde devrait enoutre permettre au Wall Street Journal d’accroître saprésence, notamment en Asie et en Europe, afin demieux concurrencer le journal financier de référence,le Financial Times.

AJ

Sources :- « Rupert Murdoch s’apprête à débarquer dans l’informa-

Lesacteursglobauxgg

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tion financière », David Barroux, Les Echos, 4 janvier2007.

- « News Corp. part à l’assaut du temple Dow Jones »,

Jean-Baptiste Jacquin, La Tribune, 2 mai 2007.- « Levée de boucliers après l’offre de Murdoch sur le Wall

Street Journal », Nicolas Madelaine, Les Echos, 3 mai2007.

- « Le projet de rachat de Dow Jones par GE et Pearson se

précise », David Barroux, avec Jean-Christophe Feraud,

Les Echos, 19 juin 2007.- « GE et Pearson renoncent à déposer une offre sur le

groupe Dow Jones », David Barroux, Les Echos, 22 – 23juin 2007.

- « Wall Street Journal : Murdoch et Dow Jones proches

d’un accord », Nicolas Madelaine, Les Echos, 26 juin2007.

- « Dow Jones toujours à la recherche d’une alternative à

Murdoch », Nicolas Madelaine, Les Echos, 10 juillet 2007.- « News Corp. va lancer Fox Business Network », Le Fi-garo, 13 juillet 2007.- « Murdoch aux portes du Wall Street Journal », David

Barroux, Les Echos, 17 juillet 2007.- « Le Wall Street Journal accepte l’offre de rachat de Ru-

pert Murdoch », Marc Roche, avec Guillaume Fraissard, LeMonde, 19 juillet 2007.- « Incertitudes sur l’avenir du pôle le plus rentable du

groupe Dow Jones », David Barroux, Les Echos, 24 juillet2007.

- « Wall Street Journal, une affaire de famille », Caroline

Talbot, Le Monde, 24 juillet 2007.- « Les Bancroft prêts à céder Dow Jones à Rupert Mur-

doch », Isabelle Repiton, La Tribune, 1er août 2007.- « Murdoch s’empare à l’usure de Dow Jones », I.R., LaTribune, 2 août 2007.- « Rupert Murdoch donne un nouveau visage à son em-

pire avec le Wall Street Journal », David Barroux, LesEchos, 2 août 2007.- « Murdoch imprime sa marque sur le Wall Street Journal »,

David Barroux, Les Echos, 19 septembre 2007.

Baidu versus Google sur le marché de la re-cherche sur Internet en Chine

Le moteur de recherche américain Google ne parvientpas à dépasser les 25 % de parts de marché enChine. Le géant du Net pénètre peu à peu le marchéchinois en multipliant les prises de participation oules alliances, dans le site communautaire chinois Tia-nya, dans les portails de Sina ou Tom Online… Rienà faire. Sur le deuxième marché Internet au monde,l’indétrônable s’appelle Baidu avec 58 % de parts demarché et il n’est pas à vendre.

Selon le spécialiste Edward Yu, PDG d’Analysys In-ternational, un cabinet de recherche installé à Pékin,le développement de Google pourrait passer par lesmédias publics comme l’agence de presse Xinhua oule quotidien The People’s Daily, à l’instar du groupeNews Corp. de Rupert Murdoch qui a conclu un ac-cord avec la télévision d’Etat, China Central Televi-sion, pour l’exploitation d’un site Web.

Partout dans le monde, avec l’explosion annoncéedu marché de la publicité sur Internet, Google sembleprêt à toutes les alliances. Mais en Chine, il s’agiraitplutôt d’un compromis : à quel prix ? FL

Source :- « Google se heurte à la Grande Muraille », Bruce Einhorn,Le Point, 21 septembre 2007.

Le virtuel pollue

Grâce à la dématérialisation, la réduction du nombredes déplacements, les technologies de l’information etde la communication laissaient espérer un mondemeilleur, au moins sur le plan de l’écologie, en contri-buant à la diminution de l’effet de serre. Il sembleraitqu’il n’en soit rien.

Selon une étude du cabinet d’analyses Gartner Group,les TIC produisent autant de dioxyde de carbone quele trafic aérien mondial, soit 2 % du total des émis-sions de CO2 de la planète.

Les 4 000 serveurs utilisés pour faire tourner lemonde virtuel Second Life contribuent pour une quan-tité non négligeable au réchauffement de la planète.Chacun de ses avatars consomme quotidiennementdix fois plus d’énergie qu’un Camerounais et autantqu’un Brésilien ; en outre chaque internaute résidentpollue autant qu’un trajet de 3 500 km en 4x4, soit1,17 tonne de carbone.

Tous les ordinateurs branchés dans le monde, aunombre de 1,5 milliard, participent au gaspillage,puisque la moitié de l’énergie qu’ils consomment seperd en chaleur inutile. Sans compter que le numé-rique a provoqué, contre toute attente, une augmen-tation de la consommation de papier et non l’inverse.

Menés par les grandes entreprises de l’industrie del’informatique en ligne qui utilisent des dizaines demilliers de serveurs pour stocker des milliards de don-nées - textes, images, films, musique -, les efforts enmatière de développement durable sont motivés parleur incidence sur la réduction des coûts.

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Evaluées à 10 % aujourd’hui, les dépenses en éner-gie des entreprises gérant des centres serveurs de-vraient représenter 50 % de leur budget dans unproche avenir selon le cabinet Gartner.

La consommation d’électricité des serveurs dans lemonde devrait augmenter de 76 % d’ici à 2010. Lemontant de la facture énergétique annuelle des cen-tres informatiques dans le monde est de 7,2 milliardsde dollars (45 milliards de kWh) entre 2000 et 2005.Un gros centre de serveurs Google consomme autantd’électricité qu’une ville comme Bordeaux.

Plus attentifs à la progression de la puissance de cal-cul, doublant tous les 18 mois suivant la loi deMoore, plutôt qu’à la déperdition d’énergie de l’ordrede 30 % de leurs serveurs, les grands acteurs dumonde en ligne cherchent désormais des solutionspour limiter le dérapage de leurs coûts d’exploitation.Rapprocher les infrastructures des sources d’appro-visionnement constitue une première solution pluséconomique. Ainsi, Google a construit un centre deserveurs près d’un barrage hydroélectrique, sur lefleuve Columbia, dans l’Oregon, et Microsoft et Yahoo! feront de même plus au nord du pays.

Si ces grandes entreprises parviennent ainsi à réaliserd’importantes économies, elles n’en restent pasmoins coupables de polluer l’environnement et decontribuer au réchauffement climatique. Une façon derendre les ordinateurs moins polluants résiderait dansl’optimisation de leur utilisation par les entreprises.Dédiés à un seul programme, les serveurs d’une en-treprise fonctionnent seulement à 10 % voire 30 %de leurs capacités au lieu d’être pleinement exploitéspar plusieurs applications simultanément.

Il ne suffit plus aujourd’hui de prétendre que l’ensem-ble des communications et des échanges en lignesauve la planète. La réalité est moins simple qu’il n’yparaît. Ainsi, le succès considérable des sites devente aux enchères sur Internet, favorisant le recy-clage d’objets et a priori luttant contre une certaineforme de gaspillage, en a-t-il fait une activité passa-blement polluante. Une enquête de l’Institut nationalnéerlandais d’aménagement du territoire –RPB-conclut que le commerce électronique C2C, deconsommateur à consommateur, multiplie au moinspar 11 les déplacements des individus. Tandis quejeter ses vieilles affaires aux encombrants constituedavantage un geste écologique, grâce aux techniquesmodernes d’incinération produisant de l’électricité.

Dans toute la France, la consommation d’électricité

due aux box des fournisseurs d’accès devrait attein-dre 2,66 milliards de kWh d’ici à 2010, pour 1,5 milliard de kWh en 2007. Si les offres triple play,Internet, télévision et téléphone, sont commerciale-ment intéressantes, elles entraînent une dépense sup-plémentaire d’électricité non négligeable. Laconsommation d’énergie d’une box et d’un décodeurTV, en veille comme en fonctionnement (il n’y a pasde diférence), équivaut à plus de la moitié de ce queconsomme un réfrigérateur congélateur familial d’unmodèle récent, selon le magazine 60 Millions de consommateurs. Le développementaccéléré du monde virtuel contribue paradoxalementà accentuer les émissions de gaz carbonique dans lemonde réel. FL

Sources :

- « Alerte à la surchauffe informatique », Jérôme Fenoglio,

Le Monde, 24-25 juin 2007.- « Le commerce sur Internet fait mal à la planète », Tijs Van

den Boomen, NRC Handelsblad in Courrier international,n°871, 12 juillet 2007.

- « Les géants de l’informatique veulent passer au vert »,

Christophe Alix, Libération, 27 août 2007.- « Les box, agents de surconsommation électrique », Ar-

naud Devillard, 01net.com, 27 septembre 2007.

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A retenirggTMP (Télévision mobile personnelle)

Nouveaux services de télévision numériques, diffusésen mode broadcast, c’est-à-dire par voie hertzienne,reçus sur un téléphone portable ou un récepteur vidéoportable. Développée grâce au passage au numé-rique terrestre, la TMP est née de la convergence desactivités télécoms et des médias. En Europe, elle adébuté en Italie en 2003 sous l’égide de la RAI et del’opérateur de télécommunication TIM, puis en France,à titre expérimental, avec Orange et en Grande-Bre-tagne avec Vodaphone-BSkyB en 2005. En France, c’est la loi du 5 mars 2007 relative à lamodernisation de la diffusion audiovisuelle et à la té-lévision du futur qui définit les conditions de lance-ment de la TMP (voir le n°2/3 de La revue européennedes médias, printemps - été 2007). Le Conseil su-périeur de l’audiovisuel (CSA) a pour mission de sé-lectionner les opérateurs autorisés à proposer desprogrammes pour la TMP. Le lancement des premiersservices de la TMP est prévue à l’été 2008 à l’occa-sion des Jeux olympiques de Pékin.

Mobispectateur

Contraction des mots « mobile » et « téléspectateur »pour désigner une personne qui regarde des chaînesde télévision sur un téléphone portable.

DVB-H (Digital Video Broadcasting Han-dhelds)

Norme technique pour la diffusion hertzienne de si-gnaux de télévision numérique en mode de réceptionmobile (TMP), fixée par arrêté en septembre 2007 enFrance. Le DVB-H est la version mobile de la normeDVB-T (Digital Video Broadcasting Terrestrial) utiliséepour la télévision numérique terrestre (TNT). Le DVB-H est la norme la plus utilisée désormais en Europe.Elle est soutenue par la Commission européenne quimilite pour une norme ouverte et unique

afin de faciliter le développement des nouveaux ser-vices de la TMP à l’échelle européenne.

Switch off

Expression anglaise qui désigne l’extinction de la dif-fusion analogique due au passage définitif au numé-rique prévu, en France, au plus tard, au 30 novembre2011, selon la loi du 5 mars 2007.

RNT (Radio numérique terrestre)

A l’instar de la télévision, la radio se convertit égale-ment au tout numérique. La RNT possède de nom-breux avantages. La numérisation du signal audiopermet la diffusion de plusieurs programmes sur lamême fréquence, sans risque d’interférences, sur l’en-semble du territoire. Avec une qualité de son équiva-lente à celle du CD, le numérique enrichit le flux audiode nombreuses informations, textes et images, reçussur l’écran du récepteur et de la fonction timeshiftingpermettant l’écoute du programme en différé.

En Europe, la radio numérique existe déjà en Alle-magne et en Grande-Bretagne. Elle devrait débuter enFrance en 2008. La norme retenue par le gouverne-ment est le T-DMB (Terrestrial Digital MultimediaBroadcasting), soutenue par les principaux opéra-teurs. Comme pour la TNT (Télévision numérique ter-restre), les récepteurs audio devront être équipés d’unadaptateur. En 2007, la RNT a fait l’objet de diversesexpérimentations en France, notamment à Paris.

Podcast

Abréviation usuelle du mot podcasting, lui-même néde la contraction des mots « iPod » et « broadcasting »pour désigner un mode personnalisé de réception defichiers audio ou vidéo en provenance des sites Webdes radios ou des blogs.

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A retenirgg

La culture de service public de radiodiffu-sion, Iris spécial, Observatoire européen del’audiovisuel, Strasbourg, 2007, 194 pages.

Cette étude décrit la nature et les spécificités de la ra-diodiffusion de service public en Europe. Quatorzepays européens sont étudiés : Allemagne, Bulgarie,Danemark, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Ita-lie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie,Royaume-Uni et Suisse. Sont ainsi présentés les dif-férents modèles de service public de radiodiffusionexistant en Europe dont les structures, les processusde décision, les missions et le mode de financementne sont pas déterminés en priorité par les lois du

marché. L’approche est enrichie par l’étude des as-pects culturels, politiques et sociaux inhérents àchaque nation. Il s’agit ici d’envisager l’avenir du sec-teur public de l’audiovisuel et, notamment, de sonadaptation au monde numérique. Quelles peuventêtre à la fois les exigences et les contraintes de l’au-diovisuel public européen, à l’heure notamment oùles nouvelles démocraties de l’Europe centrale etorientale construisent leur propre modèle ?

La première partie de l’étude met au jour quelles sontles règles communes aux pays du Conseil de l’Eu-rope et les questions ou débats qu’elles provoquentaujourd’hui.

Les internautes sélectionnent eux-mêmes les conte-nus multimédias qu’ils souhaitent télécharger (enmode push) sur un ordinateur ou sur un baladeur nu-mérique avant de les écouter ou de les visionner endifféré. Dans le langage courant, le terme désigne cesabonnements gratuits aux programmes transmis viale Web.

SMA (Service de média audiovisuel)

Expression désignant l’ensemble des services de pro-grammes audiovisuels quel que soit leur mode de dif-fusion et de réception. Cette expression, que

l’on retrouve dans la nouvelle version de la directiveeuropéenne « Télévision sans frontières » révisée, en-globe, d’une part, les services de télévision linéaires,c’est-à-dire en mode broadcast (sur une zone de ré-ception), que sont la télévision hertzienne, par satel-lite, la TNT ou encore la TMP et, d’autre part, cesservices non linéaires, diffusés à la demande, enmode point to point (vers un utilisateur) que sont lesdivers services de télévision à la demande, comme lavidéo à la demande (VOD), reçus sur un écran d’or-dinateur, de télévision ou sur tout autre récepteur por-table.

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Vient deparaîtregg

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Festival européen des 4 écrans, MK2 Bi-bliothèque et Bibliothèque nationale deFrance (BNF), Paris, 27-29 septembre2007.

Créé par Hervé Chabalier, journaliste, fondateur del’Agence Capa et patronné notamment, par VivianeReding, membre de la Commission européennechargé de la Société de l’Information et des médias,le Festival européen des 4 écrans est le premier dugenre. A l’heure où le numérique bouleverse l’industrie del’image, de la production à la diffusion, ainsi queleurs modes de consommation, ce nouveau festivalprésente des productions européennes (documen-taires, reportages et investigations, docudrama et fic-tions du réels) destinées aux 4 écrans qui désormaisdoivent cohabiter, celui du cinéma, de la télévision,de l’ordinateur et du téléphone portable. Pour chacund’entre eux, des projections, un jury et un prix. Pourcette première édition, le jury européen, présidé parle dramaturge et homme politique espagnol Jorge Semprun, a décerné, par exemple, « l’Ecran d’or » dans la catégorie Télévision, à Ghostsde Nick Broomfield et Jez Lewis, un film britanniqueproduit par la société Bank Film pour Channel Four (95mn.) qui raconte l'histoire d'immigrés clandestins chi-nois, victimes de l'esclavagisme contemporain.

Parallèlement à la compétition, le festival a organiséune « Université de l'image » présidée par Jean-NöelJeanneney - ancien ministre –. Un cycle de confé-rences et de débats a rassemblé des créateurs, desproducteurs, des diffuseurs européens afin de réflé-chir aux conséquences de l’avènement des nouvellestechnologies sur le traitement et la diffusion desimages.Les conférences : « De la télévision au multimédia » ; «Images, mensonges et démocratie » ; « Ecrans mul-tiples / nouvelles créations ?».Les débats : « Les images du réel en Europe » ; « Nouveaux Ecrans, Nouvelles Ecritures » ; « Nouveauxdiffuseurs, nouvelle économie » ; « Le cinéma et larévolution numérique ».

Les comptes rendus des débats et les textes desconférences sont accessibles sur le site Web du fes-tival www.festival-4ecrans.eu.

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Les droits de retransmission descompétitions sportives font actuel-lement l’objet de toutes les atten-tions : offrant aux chaînes lapossibilité de miser sur l’exclusivité,un argument décisif à l’heure où lesaudiences s’effritent du fait de lamultiplication des chaînes et dessupports, leur contrôle devient unenjeu majeur qui passe certes parl’acquisition des droits, mais éga-lement par la capacité de produireles images, c’est-à-dire de conser-ver la mainmise sur le produit final.En Belgique et en Allemagne, l’at-tribution des droits de diffusion duchampionnat de football s’est faiteau profit des outsiders, redistribuantainsi les cartes dans le paysageaudiovisuel. En France, en Grande-Bretagne et en Espagne, les géantsde la télévision tentent de conserverleur avantage. Enfin, le rugby, àl’occasion de la Coupe du monde,fait parler de lui, mais cette fois-cipar les prétentions excessives del’International Rugby Board en ma-tière de contrôle des images. EnBelgique, l’attribution à l’opérateurde télécommunications Belgacom,au printemps 2005, des droits deretransmission de la Ligue 1 et 2 defootball pour les saisons 2005 –2008, a constitué un précédent enEurope. L’Allemagne connaît une si-tuation plus classique où l’outsiderest parvenu à l’emporter face audiffuseur historique. En 2005, lachaîne à péage Premiere a perdules droits de retransmission de la

2009 – 2012. Le 6 septembre2007, Premiere annonçait d’ail-leurs une augmentation de capitalqui s’est concrétisée, le 18 septem-bre, avec l’annonce de l’introduc-tion en Bourse de quelque 14,1millions d’actions permettant d’en-visager une levée de fonds de plusde 175 millions d’euros. Cettesomme devrait servir à proposerune offre significative auprès de laBundesliga.

En France, le groupe Canal+cherche à l’inverse à profiter de lafaiblesse des acquéreurs potentielsdes droits de retransmission duchampionnat de football de Ligue 1pour que les sommes versées à laLigue de football professionnel(LFP) soient revues à la baisse. Eneffet, après la fusion entre CanalSatet TPS en début d’année 2007, quia donné naissance au groupeCanal+ France, il semble ne plus yavoir de concurrence crédible sur lemarché de la télévision payantequant à l’acquisition des droits dufootball.

Lors du précédent appel d’offres, endécembre 2004, la concurrenceentre TPS et Canal+ avait contraintce dernier à proposer 600 millionsd’euros par an pour obtenir lesdroits de retransmission de la Ligue 1,soit au total 1,8 milliard d’eurosentre 2005 et 2008, un tarif queseuls des abonnements peuventrentabiliser, ce qui exclut du mar-ché les chaînes gratuites. Lasomme proposée à la LFP parCanal+ était en outre fortement liéeà la volonté d’étouffer TPS.

Bundesliga pour les saisons 2006– 2009 au profit d’Arena, saconcurrente sur le marché de la té-lévision payante. Toutefois, Arenan’étant pas parvenue à rentabiliserson investissement en 2006, unaccord était passé avec Premiere,le 8 février 2007, permettant à cettedernière de retransmette à nouveau,par un système de sous-licence, lesmatchs de la Ligue 1 en échanged’une montée d’Arena à hauteur de16,4 % dans le capital de la pre-mière chaîne payante allemande(voir le n° 2-3 de La revue euro-péenne des médias, printemps - été2007). L’office anti-cartel allemand(KEK), qui avait suspendu la redif-fusion des matchs par Premierejusqu’à fin mai 2007 afin d’étudierles éventuels problèmes de concur-rence posés par cet accord, a fina-lement autorisé, le 18 juillet 2007,la retransmission des matchs parPremiere.

La décision de l’Office anti-cartel al-lemand était attendue dans la me-sure où Arena était près du dépôt debilan du fait des coûts très élevésdes droits de la Bundeslinga, avecune perte de près de 74 millionsd’euros au premier trimestre 2007.Premiere, qui avait perdu 45 % desa valeur en Bourse le jour de l’annonce de l’obtention des droitspar Arena, compte regagner denouveau des abonnés et se préparesurtout pour emporter le prochainappel d’offres de la Bundesligapour les saisons

ArticlesDroits sportifs : les enjeux écono-miques du contrôle des images

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Depuis que les deux bouquets ontfusionné, la chaîne cryptée s’efforceau contraire de réduire ses coûtsd’acquisition de droits sportifs et aumoins de réduire sa dépendanceau football français. Avec 800 mil-lions d’euros investis chaque annéedans le sport, Canal+ en dépense eneffet 600 millions rien que pour laLigue 1 de football. A l’occasion dulancement prévu de l’appel d’offrespour les droits de retransmissiondes saisons 2009 - 2011, Ber-trand Méheut, président du direc-toire du groupe Canal+, a préciséque la somme versée en 2004 cor-respondait à « un prix maximum »lié au contexte concurrentiel. Leprésident de la LFP, Frédéric Thiriez,s’est alors empressé de préciserque la « valeur de Canal+ » est « nulle » sans la Ligue 1, invoquantà cette occasion les déboires dePremiere en Allemagne. Une guerrede tranchées est donc engagéeentre Canal+ et la LFP.

Le premier acte des hostilités s’estjoué à l’occasion de l’appel d’offrespour les droits de diffusion de laLigue 2 de football (juillet 2007 à2010). La LFP a décidé de produireelle-même ses images en recourantà un producteur délégué, le groupeLagardère, également actionnairede Canal+.

La chaîne cryptée a alors refusé dese porter candidat, précisant qu’ilest impératif pour elle de garder lecontrôle sur la production desimages comme c’est le cas depuis1984 et la première diffusion duchampionnat par Canal+. Pour laLFP, le contrôle des images signified’abord la capacité de proposerdes lots séparés, clés en main, quipourraient être revendus à des dis-tributeurs. L’objectif, à l’évidence,est de faire émerger des offresconcurrentes face à Canal+ dans laperspective de l’appel d’offres pourla Ligue 1. En effet, même si lecâblo-opérateur Numéricâble, dés-ormais seul sur son marché

investissement sur le plus longterme. Le 25 juillet 2007, le Conseilde la concurrence rendait son ver-dict et s’opposait à un allongementde la durée des droits, considérant« qu’une durée de trois ans est sa-tisfaisante dans la mesure où ellene ferme pas le marché pour unepériode trop longue ». Enfin, leConseil de la concurrence a estiméque « d’autres solutions que l’al-longement de la durée de cessiondes droits peuvent être exploréespour répondre à la situation actuelledu marché, comme notammentl’introduction d’une plus grande li-berté pour définir l’allotissement dumarché et le règlement de l’en-chère, sur le modèle de ce qui a étéobservé dans d’autres pays euro-péens ». Pour la LFP, cela signifies’inspirer de l’exemple britanniqueoù les droits de retransmission sontrépartis en plusieurs lots plus abor-dables, où il est possible d’achetercertains matchs pour une chaîne enclair, ou certains lots sont réservésaux nouveaux entrants. Autant direque le Conseil de la concurrence adénoncé la stratégie d’exclusivitéde la LFP auprès de Canal+ qui « contient en elle-même le risqued’une disparition de la concurrencefuture » où la LFP « maximise sonprix dans un premier temps, maisrisque, à l’enchère suivante, touteconcurrence ayant cessé, den’avoir plus qu’un acheteur, capa-ble d’imposer son prix ». L’appeld’offres de la LFP, qui sera lancé le1er novembre 2007, tiendra assu-rément ompte des conditions nou-velles du marché.

Au Royaume-Uni, le processusd’attribution des droits de retrans-mission des matchs est en effetplus ouvert. A la suite d’une injonc-tion de la Commission européenneet à l’occasion de l’appel d’offres2006 pour les saisons 2007 –2010 du championnat d’Angleterre,la Premier Ligue a pour la pre-mière fois mis aux

avec 3 millions d’abonnés, peutfaire espérer une alternative àCanal+ dans la télévision payante,comme TPS en son temps, le diffu-seur, qui n’a pas de tradition deproduction, n’est pas en mesure depostuler pour l’ensemble de la Ligue 1en ayant en outre la tâche de pro-duire les images. D’ailleurs, si Nu-méricâble s’est emparé, le 15 juin2007, d’une partie des droits de laLigue 2 de football pour 5 millionsd’euros par an, ce n’est qu’aprèsun premier appel d’offres infruc-tueux de la LFP, auquel le câblo-opéra teu r n ’ava i t pasrépondu, suivi ensuite d’une négo-ciation de gré à gré.

La méthode a fort déplu à Canal+qui a contesté devant le Conseil dela concurrence les conditions del’appel d’offres pour l’attribution desdroits de la Ligue 2, d’abord quantà la décision de la LFP de produireelle-même ses images, ensuitequant à la possibilité donnée auxcandidats de proposer un décou-page des lots différents de celuiavancé par la LFP. Enfin, Canal+reproche à la LFP les conditionsd’attribution des droits de la Ligue 2à Numéricâble, notamment la pos-sibilité de négocier de gré à gré,suite à un appel d’offres infruc-tueux, avec des groupes n’ayantpas participé à l’appel d’offres ini-tial.

De son côté, la LFP a saisi le gou-vernement en octobre 2006 et leministre de l’économie a sollicité leConseil de la concurrence. Prenantacte de la fusion annoncée entreCanalSat et TPS, la LFP a demandéune modification de l’article 3 dudécret du 15 juillet 2004 qui fixeles modalités des appels d’offresrelatifs à la commercialisation desdroits sportifs. La LFP a notammentdemandé que la durée des droitspasse de trois à cinq ans, espérantainsi attirer des prétendants autresque Canal+ en leur permettant derentabiliser leur

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enchères ses droits après avoir dé-coupé les soirs de matchs en sixlots selon le jour, l’heure et le choix.Le diffuseur offrant le meilleur prixest donc en mesure de choisir lepremier parmi les six matchs pro-posés, une garantie pour lesgrands groupes, à l’instar deBSkyB, de diffuser les rencontresles plus populaires, mais égale-ment pour les outsiders de pouvoirdiffuser des matchs, peut-êtremoins prestigieux. En définitive,grâce à ces enchères, la PremierLigue britannique a bénéficié en2006 d’une hausse de 66 % du prixd’achat de ses droits par rapport àl’appel d’offres précédent, pour untotal de 2,5 milliards d’euros, lesbouquets BSkyB et Setanta s’étantpartagé l’essentiel des droits.

En Espagne, le partage des droitsd’exploitation du football fait l’objetd’un affrontement entre deux desplus importants groupes audiovi-suels du pays. Longtemps organi-sée entre Canal+ Espagne (groupeSogecable, filiale de Prisa) et leproducteur catalan Mediapro, éga-lement opérateur de la sixièmechaîne espagnole, la Sexta, la re-transmission du championnat es-pagnol et de la Coupe du Roi risqued’être mouvementée pour la saison2007 – 2008.

Sogecable contrôle 80 % d’Audio-visual Sport (AVS), les 20 % de ca-pital restant étant détenus par lachaîne catalane TV3. A travers AVS,Sogecable exploite depuis 1997 lesdroits du football espagnol et apassé un accord avec Mediapro, enjuillet 2006, pour la retransmissionen clair d’un match par semaine.Dans la pratique, la Sexta proposele samedi soir un match du cham-pionnat en clair, les abonnés àCanal+ ont accès au match du di-manche soir, alors que les autresmatchs sont commercialisés enpay per view (paiement à la séance)sur la plate-forme

dans les mê-mes termes que l’an-née précédente. La retransmissiondu signal par AVS menaçant d’êtrebloquée également à l’internationalalors que la Liga espagnole affichedes audiences supérieures à 12millions de téléspectateurs en Amé-rique latine, la Ligue de footballprofessionnelle (LFP) espagnoles’invitait dans la guerre que se li-vrent Sogecable et Mediapro en an-nonçant, toujours le 27 septembre,qu’elle allait prendre seule des me-sures pour assurer la production dusignal international permettant laretransmission des matchs. La si-tuation semble donc bloquée, pourl’instant au profit de Sogecable. Lerapport de force s’inversera toute-fois pour la saison 2008 et Media-pro, qui négociera seul les droits,pourra, s’il ne cède pas aupara-vant, fragiliser fortement Sogecabledont le chiffre d’affaires provient à80 % de Digital+.

Le contrôle des images des com-pétitions sportives peut égalementsusciter des conflits d’une tout autrenature, non pas cette fois-ci entreles différents diffuseurs, mais entreles médias et les instances spor-tives. Ce fut le cas notamment dansles mois qui ont précédé l’envoi dela Coupe du monde de rugby, enFrance, le 7 septembre 2007. L’In-ternational Rugby Board (IRB), or-ganisateur de la Coupe du monde,a souhaité contrôler au maximumles images que les journalistes pro-duiront dans les stades, quitte à li-miter leurs possibilités decouverture de l’événement, afin demaximiser les revenus tirés de larevente des images. Le 14 juillet2007, à l’issue d’un Forum inter-national organisé par l’associationdes éditeurs de journaux britan-niques, réunissant plus de 30 or-ganisations internationalesd’éditeurs à Londres, une déclara-tion commune dénonçait « lescontrôles de plus en plus serrés

Digital+ de Sogecable. Mais, débutjuillet 2007, Mediapro doublait sonpartenaire Sogecable en annonçantavoir acquis l’exclusivité des droitsde retransmission auprès de 39des 42 clubs professionnels de pre-mière et deuxième division duchampionnat espagnol pour lessaisons 2008 - 2012, le tout pourun montant de près de 3,5 mi l -l ia rds d ’euros , don t 2,2 mil-liards d’euros aux seuls FCBarcelona et Real Madrid. Media-pro n’aura donc plus à passer parAVS pour pouvoir diffuser desmatchs et le groupe compte exploi-ter directement les droits acquis enouvrant les possibilités de retrans-mission aux chaînes généralistes etrégionales.

Fin juillet 2007, Sogecable atta-quait Mediapro en justice, lui repro-chant d’avoir rompuunilatéralement l’accord, signé enjuillet 2006, sur l’exploitation àlong terme par AVS des droits del’ensemble des clubs de première etdeuxième division. Enfin, à l’occa-sion de la diffusion du premiermatch du championnat espagnol,fin août 2007, Sogecable – à tra-vers sa filiale AVS - n’a pas fourni àLa Sexta le signal télévisé pour ladiffusion du match d’ouverture duchampionnat espagnol, lequel a fi-nalement été diffusé en clair sur laCuatro, une autre chaîne du groupeSogecable. Le 25 septembre 2007,Mediapro refusait à son tour de dif-fuser sur La Sexta le match entreSéville et l’Espanyol Barcelone quelui avait octroyé AVS, préférant dif-fuser un autre match plus presti-gieux, le 27 septembre, entre leReal Madrid et le Bétis Seville. Lemême jour, lors du conseil d’admi-nistration d’AVS, des dissensionsapparaissaient entre Sogecable etTV3 qui ont conduit au renvoi du di-recteur général d’AVS, Daniel Mar-galef, accusé d’avoir donné sonaccord à un projet de trêve avecMediapro pour exploiter les matchsde la saison 2007 – 2008

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imposés par les organisateursd’événements, et parmi eux l’Inter-national Rugby Board (IRB) », uncontrôle perçu comme une restric-tion à la liberté d’informer puisque «les journalistes, pour avoir accèsaux grands évènements, sont obli-gés de donner, en signant les for-mulaires d’accréditation, leuraccord pour limiter leur production».

Le 21 août 2007, l’IRB et la coali-tion des agences de presse et desjournaux, formée à l’occasion, tom-baient d’accord, après une réunionà Dublin, sur les conditions de lacouverture de la Coupe du mondede rugby. L’IRB donnait son autori-sation à la diffusion sur Internet aumaximum d’une photo par secondelors de chaque match, soit 2 400photos par mi-temps et 6 000 pho-tos au total en cas de prolongation.Fin août 2007, l’IRB envoyait uncourrier aux agences de pressemodifiant sensiblement les règlessur lesquelles les parties s’étaientaccordées à Dublin. L’IRB limitait à50 le nombre de photos par matchpouvant être mises en ligne sur lessites Internet, soit 20 photos parmi-temps et 5 photos par prolon-gation. Enfin, l’IRB demandait dansson courrier un droit d’utilisationgratuite et à vie sur les photosprises lors de l’événement, propo-sant aux agences, en contrepartiede l’accréditation de leurs journa-listes, qu’elles ne puissent lui ré-clamer de droits d’auteur en casd’exploitation commerciale de leursphotos.

La réaction des journalistes etagences de presse ne s’est pasfaite attendre. Le 3 septembre2007, l’Association mondiale desjournaux indiquait que le conflitavec l’IRB « menace la couverturede la Coupe du monde de rugby ».Le 6 septembre, l’AFP, AssociatedPress, Reuters et les agences photoGetty et Gamma annonçaient

sur la Ligue de foot », Elodie Woillez,La Tribune, 16 juillet 2007.- « Les éditeurs britanniques s’oppo-sent aux organisateurs d’évènementssportifs », Le Monde, 17 juillet 2007.- « Football allemand : la coopérationentre Premiere et Arena autorisée », C.de C., Le Figaro, 19 juillet 2007.- « Le Conseil n’est pas favorable à unallongement à 5 ans de la durée descontrats d’achat des droits », Commu-niqué de presse, conseil-concur-rence.fr, 25 juillet 2007.- « Droits du football : le Conseil de laconcurrence s’oppose à la LFP », J.H.,Les Echos, 26 juillet 2007.- « La Premier League anglaise, unspectacle de 4 milliards d’euros », LesEchos, 7 août 2007.- « La guerre des droits du football re-prend en Espagne », José Alves, LesEchos, 23 août 2007.- « Droits de retransmission : Canal+met en garde la Ligue de football »,Jamal Henni, Les Echos, 24 août2007.- « Droits du football : la LFP répond àCanal+ », Grégoire Poussielgue, LesEchos, 4 septembre 2007.- « Une coalition de médias s’émeut dela volonté des instances de rugby decontrôler les images », Laurence Gi-rard, Le Monde, 6 septembre 2007.- « Menace sur la diffusion des imagesde la Coupe du monde de rugby », Na-thalie Silbert, Les Echos, 7-8 septem-bre 2007.- « Fin du boycott sur les images de laCoupe du monde de rugby », S.C., LaTribune, 10 septembre 2007.- « Premiere veut lever 175,8 millionsd’euros », La Tribune, 20 septembre2007.- « La Ligue de football espagnole me-nace de faire elle-même la retransmis-sion », Les Echos, 27 septembre2007.- « Espagne / guerre du foot : Sogeca-ble débarque un de ses cadre, la Liguemenace », AFP, 27 septembre 2007.

avoir décidé le boycott de l’ouver-ture de la Coupe du monde derugby. Le 7 septembre, deux heuresavant le lancement officiel de laCoupe du monde de rugby, un nou-vel accord était trouvé avec l’IRB etle boycott sur les images levé parles agences. Les clients desagences de presse sont désormaisautorisés à diffuser 200 photos parmatch sur leur site Internet, en lieuet place des 50 photos souhaitéesinitialement par l’IRB. Le 10 sep-tembre, un nouvel accord étaitconclu entre la coalition desagences et l’IRB portant cette fois-cisur les vidéos tournées par lesagences les jours sans matchs etreprises sur Internet. L’IRB, qui sou-haitait que la durée totale des vi-déos produites par les agencesn’excède pas 3 minutes, a finale-ment retiré ses exigences, laissantaux agences le soin de couvrirl’événement « hors matchs » selonleurs propres règles éditoriales, unvéritable soulagement pour lesagences non détentrices des droitsde retransmission des matchs.

Alexandre Joux

Sources :- « Canal+ entame un bras de fer avecla Ligue de football professionnel », Gré-goire Poussielgue, Les Echos, 30 – 31mars 2007.- « Meheut : “Canal+ n’est plus dépen-dant de tel ou tel championnat” », inter-view de Bertrand Meheut, PDG dugroupe Canal+, Philippe Laroque etEnguérand Renault, Le Figaro, 12 avril2007.- « La Ligue de football veut allonger ladurée des droits audiovisuels à cinqans », Jean-Christophe Féraud etJamal Henni, Les Echos, 15 mai2007.- « Noos-Numéricâble s’offre une par-tie de la Ligue 2 de football », I.R., LaTribune, 19 juin 2007.- « Droits du football espagnol : brasde fer entre Mediapro et Sogecable »,José Alves, Les Echos, 9 juillet 2007.- « Canal Plus fait monter la pression

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Le 3 octobre 1989, les Commu-nautés européennes adoptaient unedirective « visant la coordination decertaines dispositions législatives,réglementaires (…) des Etatsmembres relatives à l’exercice d’ac-tivités de radiodiffusion télévi-suelle » (comprendre « télévision »), connue sous le nomde directive « Télévision sans fron-tières » ou « TSF ». Le principe deréformes successives y est posé.De premières modifications y ontété apportées en juin 1997. La pré-sente révision fait mention de ceque « les nouvelles technologies detransmission de services de médiasaudiovisuels rendent nécessairel’adaptation du cadre réglementaire» dont le champ d’application setrouve étendu, des seuls servicesde télévision, aux « services de médias audiovisuels »(SMA). Pour une plus juste com-préhension, on commencera parrappeler les principales dispositionsinitiales, avant de considérerquelques-unes des dispositionsnouvelles.

I. Dispositions initiales

De la directive d’octobre 1989, ilconvient de dégager les principesgénéraux ainsi que les élémentsparticuliers qui en assurent la miseen œuvre.

A. Principes générauxLa directive « TSF » applique, à latélévision, les principes du traité deRome. Il y est mentionné que celui-ci « prévoit l’établissement d’unmarché commun comportant l’abo-lition, entre les Etats membres, desobstacles à la libre circulation desservices et l’établissement d’un ré-gime assurant que la concurrencen’est pas faussée ». Doit-on considérer les émissions etles médias comme des « produits »ou des « services » soumis aux

veillent, chaque fois que cela estréalisable et par des moyens ap-propriés, à ce que les organismesde radiodiffusion télévisuelle réser-vent à des œuvres européennes(…) une proportion majoritaire deleur temps de diffusion » relatif à cetype de programmes. De la mêmemanière, il est précisé que « lesEtats membres veillent (…) à ceque les organismes de radiodiffu-sion télévisuelle réservent au moins10 % de leur temps d’antenne »consacré à ces éléments de pro-gramme ou « 10 % de leur budgetde programmation à des œuvreseuropéennes émanant de produc-teurs indépendants ».

- Ordre publicLa directive dispose que « les Etatsmembres prennent les mesures ap-propriées pour que les émissionsdes organismes » de télévision «qui relèvent de leur compétence necomportent aucun programme sus-ceptible de nuire gravement à l’épa-nouissement physique, mental oumoral des mineurs ».

Par la première révision, il a étéajouté que « les Etats membresveillent à ce que les émissions necontiennent aucune incitation à lahaine pour des raisons de race, desexe, de religion ou de nationalité ».

-Droit de réponseLa directive consacre un « droit deréponse » au profit de « toute per-sonne (…) dont les droits légi-times, en ce qui concernenotamment son honneur et sa ré-putation, ont été lésés à la suited’une allégation incorrecte faite aucours d’une émission télévisée ».La condition d’une atteinte à l’hon-neur ou à la réputation et la réfé-rence à une allégation incorrecteconstituent des restrictions à ce quedevrait être un véritable droit de ré-ponse.

Toutes ces dispositions impliquentune responsabilité de programma-tion. Dès lors, elles ne s’appliquent

lois du marché ? Y a-t-il cohérenceentre liberté d’expression et libéra-lisme économique ? Ne risque-t-onpas d’ouvrir ainsi la voie à descontenus extra-européens passantpar le canal d’un pays membre peusoucieux de la nature des pro-grammes et de la préservation des« identités culturelles » ?

Au nom des principes de libre pres-tation de services et de libre concur-rence, la directive considère qu’« ilest nécessaire et suffisant quetoutes les émissions respectent lalégislation de l’Etat membre dontelles émanent ». Elle détermine «les dispositions minimales néces-saires pour assurer la libre diffusiondes émissions ». Ne s’aligne-t-onpas ainsi sur le plus petit commundénominateur des législations na-tionales et le « moins disant cultu-rel » ?

En 1997, il a été précisé que « lesEtats membres assurent la libertéde réception et n’entravent pas laretransmission sur leur territoired’émissions télévisées en prove-nance d’autres Etats membres pourdes raisons qui relèvent des do-maines coordonné ».

B. Eléments particuliersLa coordination porte notammentsur : la « promotion de la distribu-tion et de la production de pro-grammes télévisés », instrument dela diversité culturelle ; l’« ordre pu-blic » ; le « droit de réponse ».

- Diversité culturelleLa directive consacre son chapitreIII à la « promotion de la distribu-tion et de la production de pro-grammes télévisés », en énonçantdes objectifs relatifs aux quotasd’œuvres européennes.

De façon peu contraignante, il y estposé que « les Etats membres

De la directive « TSF » à la direc-tive « SMA »

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qu’aux seules entreprises de télévi-sion. Elles ne peuvent être transpo-sées à d’autres services entrantdans la catégorie plus large des « services de médias audiovisuels »,incluant notamment des services àla demande, pourtant visés par cer-taines dispositions de l’actuelle di-rective de révision.

II. Dispositions nouvellesLes dispositions nouvelles sont re-latives au champ d’application dela directive et à la détermination dequelques éléments particuliers des-tinés à assurer la mise ten œuvredes principes fondamentaux.

A. Champ d’applicationLa directive « TSF » voit son champd’application étendu. Cela entraîneune modification de son titre. Il yest désormais fait mention de la « fourniture de services de médiasaudiovisuels » (SMA) sans frontières.

L’expression de « service de médiaaudiovisuel » désigne un service « dont l’objet principal est la fourni-ture d’images animées, combinéesou non à du son, dans le but d’in-former, de divertir ou d’éduquer legrand public, par des réseaux decommunication électronique ». Elleenglobe la télévision et les servicesdits non linéaires, c’est-à-dire «tous les services audiovisuels,qu’ils soient programmés ou à lademande ».

L’expression « service non linéairedésigne un service de média au-diovisuel pour lequel l’utilisateurdécide du moment où un pro-gramme spécifique est transmis ».Il est également fait mention de « nouveaux services à la demande »…mais sont-ils encore « nouveaux »ou le resteront-ils longtemps ?S’agissant de la télévision à la de-mande, peut-on considérer que telsservices ont la maîtrise d’une pro-grammation et une responsabilitééditoriale ? Leur faire applicationdes dispositions relatives à la

Des assouplissements sont appor-tés aux conditions d’insertion detels messages. Il est posé que, « pour rester proportionnée aux ob-jectifs d’intérêt général, la régle-mentation doit ménager unecertaine souplesse », et notammentque « le placement de produits de-vrait être autorisé dans certainescirconstances » et que « certainesrestrictions quantitatives devraientêtre abolies ».

Le « placement de produits » n’estsans doute pas très différent de lapublicité clandestine. La nouvelledirective considère que « lorsque leplacement de produits est clandes-tin, il devrait être interdit » ! Pour-tant, elle énonce que « l’interdictionfrappant la publicité clandestine necouvre pas le placement légitime deproduits » défini comme « touteforme de communication commer-ciale audiovisuelle consistant à in-clure ou à faire référence à unproduit, un service, ou leur marque,en l’insérant dans un programme »,en dehors des créneaux publi-ciaires et donc d’une façon qui,pour le spectateur, ne peut être queclandestine. Les temps de transmission desmessages publicitaires et les condi-tions de leur insertion font égale-ment l’objet de mesures assezincertaines. La directive modifica-trice estime que « le maintien d’uneréglementation détaillée en matièred’insertion des spots publicitaires(…) ne se justifie plus ». Elle ajouteque : « alors que la directive ne ré-vise pas à la hausse le volume ho-raire admissible de publicité, elledonne la possibilité …) de procé-der à l’insertion des messages pu-blicitaires lorsque cela ne porte paspréjudice à l’intégrité des pro-grammes ». Elle trouve cependantjustifié que « le nombre des interruptions auto-risées pendant la diffusion des œu-vres cinématographiques et desfilms conçus pour la télévision »soit limité.

« promotion de la distribution et dela production de programmes télé-visés » a-t-il véritablement un sens ?Tout dépend des choix individuelsdes téléspectateurs ?

B. Eléments particuliersParmi les dispositions nouvelles,on retiendra celles concernant l’ac-cès à l’information et les « commu-nications commerciales ».

- Accès à l’informationDans sa rédaction initiale, la direc-tive « TSF » imposait déjà aux Etatsde veiller à ce que les organismesde télévision ne se réservent pasl’exclusivité de la diffusion d’événe-ments considérés comme d’« importance majeure pour la so-ciété ».

A ces restrictions à l’exclusivité desdroits des organismes de télévi-sion, sont ajoutées des dispositionsintroduisant une dimension inter-étatique. Aux télévisions est accor-dée la possibilité d’« extrairelibrement leurs brefs reportagesd’actualité à partir du signal de l’or-ganisme de radiodiffusion télévi-suelle qui assure la transmission,moyennant au minimum l’indica-tion de leur source ». Il est suggéréque « la durée de ces courts extraitsne devrait pas dépasser 90 se-condes ». Mais cela n’est pas ex-pressément repris dans les articlesde la nouvelle directive.

- Communications commercialesLes « communications commer-ciales » englobent la publicité, leparrainage, le téléachat et les pla-cements de produits. Elles consti-tuent un des objets essentiels desdispositions nouvelles, les plusconfuses et les plus controversées.Le texte d’origine comportait déjànombre de mesures relatives à lapublicité. Elles concernaient no-tamment sa nécessaire identifica-tion et divers produits pour lesquelselle est interdite ou réglementée.

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Par la présente révision de la direc-tive « TSF », devenant la directive «SMA », les aspects techniques etéconomiques paraissent privilé-giés, au détriment de quelques élé-ments de spécificité du cadreeuropéen. Pour répondre à laconcurrence extra-européenne,l’Europe s’aligne sur ses méthodes.Quels arguments pourra-t-elle alorsfaire valoir, dans les négociationsinternationales, pour tenter de jus-tifier un quelconque régime « d’exception culturelle » ?

N’est-on pas, avec cette directive,tant dans sa formulation d’origineque du fait de ses modificationssuccessives, dans l’ère des renon-cements ? Le libéralisme écono-mique constitue le fondement detoute l’organisation européenne.L’audiovisuel n’y échappe pas. Laliberté d’expression et le pluralismene servent-ils pas, en réalité, à cou-vrir des fins très différentes ? Bienplus qu’à la diversité, ne condui-sent-ils pas à la banalisation et àla marchandisation des produits etdes services culturels ? Un droit del’audiovisuel spécifique et lespréoccupations culturelles ne pè-sent pas bien lourd face aux loisd’un marché très commun !

Emmanuel DERIEUXProfesseur à l’Université Paris 2

risque de porter atteinte à leur vieprivée.

La nouveauté, par conséquent, estdouble : non seulement la stari-saion atteint désormais des per-sonnalités politiques jusque làpassablement épargnées, maisc’est la presse imprimée, notam-ment les magazines, et non plus latélévision, qui joue les premiersrôles. Quinze ans après l’opération« Mains propres » en Italie, les diri-geants sont accusés de corruptionpar la presse people, non pour tou-cher des pots-de-vin, mais parcequ’ils fréquentent les stars de la té-lévision dans les bars de Rome oude Milan. Dix ans après la mort ac-cidentelle de Lady Diana à Paris,tout le monde sait que les papa-razzi sont parmi les mieux payésdes journalises. Moins de dix ansaprès l’affaire Monica Lewinsky, lessites Web sont souvent les premiersà franchir la frontière de la vie pri-vée des personnalités politiques,ouvrant ainsi des brèches dans les-quelles s’engouffrent les journaux,bientôt suivis par la radio et la télé-vision.

La « pipolisation » des politiques a-t-elle atteint un sommet, en cet été2007, avant de décliner ? Ou bienassistons-nous, à la faveur d’uneconcurrence de plus en plus rudeentre les médias, à la faveur aussid’une évolution inéluctable des so-ciétés modernes, à une défaite an-noncée du droit de chacun à l’ «intimité de (sa) vie privée » ? La «pipolisation » ne va-t-elle pas depair avec cette dépolitisation an-noncée par l’individualisme démo-cratique dont parlait déjàTocqueville ?Rien, en vérité, n’est moins sûr.L’intimité de la vie privée, certes, estdevenue un marché, et ce marchéest rentable. L’exhibitionnisme desuns rejoint immanquablement

Jamais, avant l’été 2007, les ma-gazines people n’avaient atteint detels records de diffusion : une pro-gression comprise entre 5 % et 8% par rapport au précédent recordde 2006 pour le trio du groupePrisma, Voici, Gala et VSD ;près de 15 % depuis le début del’année pour Paris Match et Public,deux fleurons de Lagardère ; unediffusion de plus de 800 000exemplaires pour Closer du groupeMondadori , le dernier jeudi de juil-let, soit 55 % de plus par rapport àla même semaine de 2006, aveccette couverture annonçant la photode « 100 stars à la plage ».Fort de ce succès, aussi inattenduqu’inespéré, Closer devançait d’unjour la parution du dernier numérod’août, pour publier les photos deFrançois Hollande et de sa nouvellecompagne, photos qui ont du restevalu à l’hebdomadaire un procèsintenté par le premier secrétaire duparti socialiste.

Les stars, depuis longtemps, fontvendre : comme des dieux surl’Olympe, elles nourrissent les rêvesd’une époque désenchantée, à lafaveur de ce double mécanismed’identification et de projection misen lumière par la psychanalyse.

Après les stars du cinéma àl’époque d’Hollywood et de son âged’or, les vedettes du sport, de la té-lévision et de la musique ont étéadmises dans le cercle restreint desOlympiens, par la radio, et, biendavantage, par la télévision, à leurinsu, contre leur gré, ou parcequ’elles le voulaient, tout en préten-dant le contraire. La presse, au-jourd’hui, prend le relais : aprèsavoir mis en vedette les stars de latélévision, elle traite les personnali-tés politiques comme des stars, surun mode people, elle les « pipolise »comme on dit vilainement au

La « pipolisation » des hommespolitiques : jusqu’où ? pourquoi ?

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le voyeurisme des autres. Il est as-surément des curiosités moins mé-diocres ou plus glorieuses quecelles auxquelles répondent ce qu’ilest convenu d’appeler, outre-Manche, les tabloïds, et ce qu’onappelle de ce côté-ci de la Manche,la presse de caniveau. Les garde-fous existent, partout, mais ils sontplus ou moins efficaces : les sanc-tions ne sont pas toujours à la hau-teur des infractions commises, etde ce que celles-ci rapportent. Et lechoix n’est pas partout le même,pour éviter les franchissements defrontières entre la vie publique et lavie privée, entre la voie jurispru-dentielle, civile ou pénale, et la voiede la législation, entre, d’un côté,l’appel à la responsabilité des mé-dias, à leur auto-discipline et, del’autre, l’édiction de lois ou l’hété-rodiscipline, la discipline imposéede l’extérieur.

Il est facile en France, assurément,plus qu’ailleurs, de stigmatiser lamarché et les marchands : le mar-ché n’a jamais prétendu être uneécole de vertu. Il est tout aussicommode, partout désormais,dans les pays qui se veulent dé-mocratiques, de vilipender les jour-nalistes : c’est se défausser sureux, à bon compte, de nos fai-blesses ou de nos paresses. Et laconciliation est toujours délicate,jamais pleinement satisfaisante,entre les exigences du droit du pu-blic à l’information et la protectionnécessaire de la vie privée des per-sonnes, quelles qu’elles soient.Il est vain d’incriminer la « pipoli-sation » : le phénomène n’est enréalité que le symptôme d’un malqui ronge les démocraties mo-dernes. Pourquoi en effet tout se-rait-il permis à un microcosme destars du grand ou du petit écranalors que tout serait interdit, dansle même temps, à ceux qui exer-cent des fonctions officielles et as-sument des responsabilitéspubliques ? Pourquoi reprocher aux

hommes et aux femmes politiquesde se commettre dans des émis-sions où la politique n’a pas saplace, s’ils n’ont pas d’autres pos-sibilités pour se faire entendre dugrand public ? Pourquoi lesmêmes, une fois élus, veulent-ilsprotéger leur vie privée, leur vie fa-miliale, leur vie sociale, leurscroyances, leurs « tas de petits se-crets » à eux, après s’en être large-ment servis pour conquérir lepouvoir ? Pourquoi enfin ne pascomprendre ceux qui veulent êtreregardés par tout le monde, alorsqu’ils ne sont plus écoutés par per-sonne ?

Non, la « pipolisation » n’est pasune fatalité : ne prenons pas l’effetpour la cause. Ce n’est pas contri-buer à vaincre le mal que de nousdéfausser sur la presse de caniveaude nos propres erreurs ou de nospropres fautes, commises indivi-duellement ou collectivement.

Francis BALLEProfesseur à l’Université Paris 2

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� LES RUBRIQUES

Faits d’actualitéLes événements les plus marquants ou les plus si-gnificatifs advenus au cours du trimestre écoulédans l’un ou l’autre des pays membres de l’Unioneuropéenne ou du Conseil de l’Europe : ces événe-ments décrits et analysés succinctement, sont clas-sés en fonction de leurs domaines d’élection : ledroit, les techniques, l’économie ou les usages.

AilleursLes techniques, les tendances ou les nouveauxusages ayant marqué l’actualité récente, ailleurs,au-delà des frontières de l’Europe, dès lors qu’ilsprésentent un intérêt probable pour les acteurs oules observateurs des médias européens.

Les acteurs globauxLa vie des groupes plurimédias, leur organisation,

leur fonctionnement, leur activité, quel que soit leurmétier d’origine, dès lors que leur champ d’actionconcerne plusieurs médias et plusieurs pays, enEurope ou ailleurs.

A retenirLes mots nouveaux ou les expressions nouvellesque l’usage est en passe d’imposer, au-delà duseul vocabulaire technique.

Vient de paraîtreDes résumés et des analyses critiques succincts detravaux publiés récemment en Europe : ouvragesde références, études, recherches ou rapports, quelsque soient leurs commanditaires.

� LES ARTICLES

Afin d’approfondir la réflexion sur un sujet de l’ac-tualité récente.

Les rubriques sont réalisées par l’Institut de Recherche et d’Etudes sur la communication (IREC), dirigé parFrancis Balle, professeur à l’Université Paris 2.

Rédactrice en chef : Françoise Laugée

Comité de rédaction : Francis Balle, Alexandre Joux, Françoise Laugée.

Ont participé à ce numéro : Francis Balle, Emmanuel Derieux, Alexandre Joux, Françoise Laugée.

Correctrice : Nicole Gendry

Responsable de la publication : Bruno Neil, Directeur de l’EBS

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