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des IAA Revue de l’Observatoire La N° 132 - JANVIER 2019 ISSN 1299 - 8095 FLASHS : TOUS LES FAITS MARQUANTS I.D Fruits reprise par Sobreval Malterie de Bretagne : finalisation du projet Parquest Capital, actionnaire majoritaire de Sopral Olmix à la conquête p.28 La Revue de l’Observatoire des IAA fait sa transition numérique p.35 TENDANCES AGROALIMENTAIRES DOSSIERS VIENT DE PARAÎTRE ACTIVITÉ Maintien de l’activité des entreprises régionales au troisième trimestre 2018, les perspectives d’activités semblent plus propices qu’au niveau national p.2 EXPORTATIONS Recul de 11 % des exportations agricoles et agroalimen- taires bretonnes au troisième trimestre 2018 p.4 EMPLOI Stabilisation de l’emploi du secteur agroalimentaire breton au deuxième trimestre 2018 p.6 OBSERVATOIRE ECONOMIQUE ET SOCIAL DES FILIERES AGRICOLES ET AGROALIMENTAIRES DE BRETAGNE Véritable outil d’aide à la décision pour les acteurs de la filière alimentaire p.7 SEGMENTATION DES PRODUITS LAITIERS Regards croisés de deux acteurs industriels p.10 FILIERE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE Panorama des acteurs industriels p.14 BREXIT Le commerce agroalimentaire avec le Royaume-Uni dégage un excédent pour la Bretagne. Et demain ? p.22 Service Économie-Emploi, Chambres d’agriculture de Bretagne Rue Maurice Le Lannou - CS 74223, 35042 RENNES Cedex www.chambre-agriculture-bretagne.fr DOSSIER : LE GROS PLAN Observer, analyser, partager pour anticiper Telles sont les missions de l’Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne. Acteurs de l’amont comme de l’aval, ces travaux sont pour vous !

La Revue IAA - Synagri.com · La production industrielle corrigée des variations saisonnières a, pour sa part, diminué de 0,3 % dans la zone euro et de 0,2 % dans l’UE 28 en

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desIAA Revue

de l’Observatoire La

N° 132 - JANVIER 2019 • ISSN 1299 - 8095

FLASHS : TOUS LES FAITS MARQUANTS • I.D Fruits reprise par Sobreval

• Malterie de Bretagne : finalisation du projet

• Parquest Capital, actionnaire majoritaire de Sopral

• Olmix à la conquête p.28

La Revue de l’Observatoire des IAA fait sa transition numérique p.35

TENDANCES AGROALIMENTAIRES

DOSSIERS

VIENT DE PARAÎTRE

ACTIVITÉ

Maintien de l’activité des entreprises régionales au troisième trimestre 2018, les perspectives d’activités semblent plus propices qu’au niveau national p.2

EXPORTATIONS

Recul de 11 % des exportations agricoles et agroalimen-taires bretonnes au troisième trimestre 2018 p.4

EMPLOI

Stabilisation de l’emploi du secteur agroalimentaire breton au deuxième trimestre 2018 p.6

OBSERVATOIRE ECONOMIQUE ET SOCIAL DES FILIERES AGRICOLES ET AGROALIMENTAIRES DE BRETAGNEVéritable outil d’aide à la décision pour les acteurs de la filière alimentaire p.7

SEGMENTATION DES PRODUITS LAITIERSRegards croisés de deux acteurs industriels p.10

FILIERE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNEPanorama des acteurs industriels p.14

BREXITLe commerce agroalimentaire avec le Royaume-Uni dégage un excédent pour la Bretagne. Et demain ? p.22

Service Économie-Emploi, Chambres d’agriculture de BretagneRue Maurice Le Lannou - CS 74223, 35042 RENNES Cedex

www.chambre-agriculture-bretagne.fr

DOSSIER : LE GROS PLAN

Observer, analyser, partager pour anticiper Telles sont les missions de l’Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne.

Acteurs de l’amont comme de l’aval, ces travaux sont pour vous !

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T E N D A N C E S A G R O A L I M E N T A I R E S

1 Le point de conjoncture nationale

Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne d’après l’INSEE et Eurostat.

Au troisième trimestre 2018, l’industrie agroalimen-taire française perd de son dynamisme, que ce soit en termes de niveau d’activité, de chiffre d’affaires

et d’emploi. Quant aux perspectives d’activité, elles sont moins bien orientées.

Au cours du troisième trimestre 2018, le PIB de la zone euro, corrigé des variations saisonnières, a augmenté de 0,2 % dans la zone euro et de 0,3 % dans l’UE28 par rapport au trimestre précédent, selon l’estimation publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Au cours du deuxième trimestre 2018, le PIB avait crû de 0,4 % dans la zone euro et de 0,5 % dans l’UE28.

En comparaison avec le même trimestre de l’année précé-dente, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 1,7 % dans la zone euro et de 1,9 % dans l’UE28

au troisième trimestre 2018, après respectivement +2,2 et +2,1 % au deuxième trimestre 2018.

Au cours du troisième trimestre 2018, le PIB des États-Unis a augmenté de 0,9 % par rapport au trimestre précédent (après +1,0 % au deuxième trimestre 2018). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le PIB a progressé de 3,0 % (après +2,9 % au deuxième trimestre 2018).

La production industrielle corrigée des variations saisonnières a, pour sa part, diminué de 0,3 % dans la zone euro et de 0,2 % dans l’UE28 en septembre 2018 par rapport à août 2018. En août 2018, la production industrielle avait augmenté de 1,1 % dans la zone euro et de 0,8 % dans l’UE28.

En septembre 2018 par rapport à septembre 2017, la production industrielle a augmenté de 0,9 % dans la zone euro et de 1,1 % dans l’UE28.

En France, au troisième trimestre 2018, le PIB en volume accé-lère légèrement (+0,4 % après +0,2 % au deuxième trimestre 2018).

Les dépenses de consommation des ménages se redressent (+0,4 % après -0,2 %) et la formation brute de capital fixe croît aussi vivement qu’au trimestre précédent (+0,9 % après +0,9 %). Au total, la demande intérieure finale hors stocks accélère et contribue à la croissance du PIB (+0,5 point après +0,2 point le trimestre précédent). Les importations fléchissent ce trimestre (-0,3 % après +0,5 %), tandis que les exportations rebondissent (+0,4% après -0,1%). Au total, le solde extérieur contribue posi-tivement à la croissance du PIB (+0,2 point après -0,2 point au deuxième trimestre). À l’inverse, les variations de stocks y contribuent négativement (-0,3 point après +0,2 point).

La production augmente dans l’industrie manufacturière (+0,5 %) ainsi que dans l’ensemble de l’industrie (+0,7 %) au troisième trimestre 2018 par rapport au trimestre précédent. En revanche, la production recule de nouveau dans les industries agroali-mentaires tant sur cette période (-1,8 %) que sur un an (-2,0 %).

Toujours au troisième trimestre 2018, le chiffre d’affaires progresse dans l’industrie manufacturière (+1,2 %) comme dans l’ensemble de l’industrie (+1,4 %). A l’inverse, il baisse dans les industries agroalimentaires (-0,4 %) par rapport au deuxième trimestre 2018.

France : Indice mensuel de la production industrielle ensemble de l’industrie et IAA

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Unité : solde d’opinions

Production prévue

Production observée

Opinion des industriels Ensemble de l’industrie agroalimentaire en France

Evolution de la production Unité : solde d’opinions

Stocks

Carnets de commandes

Source : INSEE, enquêtes nationales de conjonctureSource : INSEE, enquêtes nationales de conjoncture

Etat de la demande et du niveau des stocks

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N ° 1 3 2 - J A N V I E R 2 0 1 9 • L A R E V U E D E L ’ O B S E R V A T O I R E D E S I A A D E B R E T A G N E • 3

2 Les tendances régionalesBanque de France, Direction des Affaires régionales(période sous revue : 3ème trimestre 2018)

Sur l’ensemble du troisième trimestre 2018 et tous secteurs confondus, la production s’est stabilisée. Pour les prochains mois, les chefs d’entreprise prévoient une remontée, d’ampleur modique, des volumes produits.

À fin septembre 2018, l’appréciation portée par les industriels sur l’état des carnets de commandes est redevenue légèrement positive tandis que le niveau des stocks de produits finis apparaît toujours bien ajusté au niveau de l’activité.

• Transformation et conservation de la viande de boucherie : si l’on considère la totalité du troisième trimestre 2018, la production n’a que faiblement augmenté. Dans le même temps, la demande globale s’est amenuisée, une diminution des entrées de commandes ayant été enregistrée sur le marché intérieur et, à un degré moindre, en provenance de l’étranger. En fin de mois, les carnets de commandes sont toutefois jugés convenablement remplis. Sur les trois derniers mois, les prix des matières premières ont continué de nettement se replier. Pour le quatrième et dernier trimestre de l’année, les prévisions de production sont orientées à la baisse.

• Fabrication de produits laitiers : au cours du troisième trimestre 2018, la production s’est très légèrement raffermie. Parallèlement, la demande globale s’est sensiblement réduite, les menus progrès enregistrés à l’export n’ayant pas compensé une contraction d’activité significative sur le marché national. À fin septembre, les industriels estiment que l’état des carnets de commandes est juste normal, c’est-à-dire sans marge de sécurité. L’appréciation des prix des matières premières s’est avérée nettement moins conséquente que lors des trois mois précédents. À un horizon proche, les chefs d’entreprise anticipent un redémarrage des volumes produits.

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Source : Banque de France, Direction des Affaires régionales, Bretagne

Le chiffre d’affaires dans l’industrie manufacturière croît nette-ment au troisième trimestre 2018 par rapport au même trimestre de l’année 2017 (+3,4 %). Il augmente encore plus vivement dans l’ensemble de l’industrie (+4,4 %) tandis qu’il est quasi stable dans les industries agroalimentaires (+0,1 %) sur cette même période.

Interrogés en octobre 2018, les chefs d’entreprise du secteur des industries agroalimentaires prévoient une baisse en valeur de leurs investissements de 6 % en 2018 par rapport à 2017, abaissant ainsi de manière marquée leur estimation de juillet dernier (alors de -1 %), pendant que les chefs d’entreprise des industries manufacturières estiment leurs investissements en baisse de 1 % en valeur sur cette même période.

Pour l’année 2019, les chefs d’entreprise interrogés dans le secteur des industries agroalimentaires anticipent un redres-sement de 3 % de leur investissement par rapport à 2018, alors que les chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière anti-cipent une hausse de 4 % de leurs dépenses sur la période.

Enfin, l’emploi reste quasi stable au troisième trimestre 2018 dans l’industrie en France avec -900 emplois dans le secteur soit 0,0 %, comme pour le trimestre précédent. Sur un an, l’em-ploi industriel demeure en légère hausse de 4 300 postes soit +0,1 %.

En revanche, dans l’industrie agroalimentaire, au niveau national, les effectifs baissent au troisième trimestre 2018 par rapport au deuxième trimestre 2018 (-1 200 postes). Ils progressent de 2 800 postes sur un an, entre le troisième trimestre 2018 et le même trimestre de 2017.

Concernant le niveau d’activité dans les industries agroalimen-taires, il apparaît au travers des résultats des enquêtes réali-sées en octobre 2018 auprès des chefs d’entreprise du secteur que l’indicateur de climat des affaires se dégrade de nouveau et perd trois points en octobre. À 104, il reste au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Cette dégradation provient essentiellement de la baisse du solde sur les carnets de commandes globaux.

L’ensemble des données est disponible sur les sites internet http://ec.europa.eu et http://www.insee.fr

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Situation des stocks Situation des carnets

Production passée et prévisions

Source : Banque de France, Direction des Affaires régionales, Bretagne

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Depuis le numéro précédent, le traitement de la saisonnalité a été perfectionné. Il est désormais conforme aux meilleures pratiques internationales. Cela limite la volatilité des séries corrigées et des ICA (par exemple en août) ainsi que les révisions des derniers points de ces mêmes séries.

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T E N D A N C E S A G R O A L I M E N T A I R E S

3 Recul de 11 % des exportations au troisième trimestre 2018

Gwénola Floc’h-PennChambres d’Agriculture de Bretagne

Les ventes bretonnes de viandes et de produits laitiers diminuent à l’exportD’un montant d’un milliard d’euros, les exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes du troisième trimestre 2018 reculent de 11 % sur un an, accentuant ainsi le fléchissement observé lors du trimestre précédent.

Les replis les plus notables concernent les deux premiers postes bretons de ventes à l’export : les viandes de boucherie (-35 millions d’euros ; -14 %) et les produits laitiers et fromages (-29 millions d’euros ; -14 %).

En rupture avec la progression des trimestres précédents, les achats chinois de préparations lactées bretonnes pour bébés dimi-nuent fortement de 7 millions d’euros entre le troisième trimestre 2017 et 2018 (-32 %), principalement en raison d’une baisse des prix.

Plusieurs autres produits expliquent le ralentissement constaté au troisième trimestre : les préparations à base de poissons et produits de la pêche (-22 millions d’euros ; -31 %), les huiles et graisses (-21 millions d’euros ; -40 %), les biscuits et pâtisseries de conser-vation (-15 millions d’euros ; -28 %) ainsi que les légumes et pommes de terre (-9,5 millions d’euros ; -25 %). Les prépara-tions à base de viande (charcuteries, jambons) fléchissent de 8 % (-4 millions d’euros), notamment à destination du Royaume-Uni.

Les viandes de volailles enregistrent une légère hausse (+1 %), tirée par la reprise confirmée des ventes vers l’Arabie Saoudite (+7,5 millions d’euros ; +60 %), dans la foulée du trimestre précé-dent.

La progression la plus spectaculaire concerne les pains et viennoi-series fraîches (+22 millions d’euros ; +89 %). Viennent ensuite les aliments pour animaux d’élevage (+5,5 millions d’euros ; +8 %) et les volailles vivantes et œufs (+1,9 million d’euros ; +9 %).

Viandes de boucherie : recul marqué des exportations vers l’Union européenneAccentuant la tendance du trimestre précédent, les exportations bretonnes de viandes de boucherie (53 % de viande porcine et 17 % de viande bovine) reculent de 14 % au troisième trimestre 2018, pour atteindre 210 millions d’euros.

Le recul des livraisons vers l’Union européenne (-17 %) est encore plus marqué que celui observé vers les pays tiers (-7 %). La chute

la plus notable concerne l’Italie (-12 millions d’euros ; -19 %), suivie de la Hongrie (-4,6 millions d’euros ; -65 %), la Chine (-3,7 millions d’euros ; -11 %), la Grèce (-3 millions d’euros ; -17 %) et l’Espagne (-2,9 millions d’euros ; -27 %). Plusieurs autres pays accusent des baisses d’importation de l’ordre de 2 millions d’euros, en Union européenne (Royaume-Uni, Croatie, Slovaquie) comme dans les pays tiers (Japon, Hong-Kong).

Le bond le plus notable concerne les Philippines (+2,6 millions d’euros ; +49 %), suivi par Israël, qui passe d’achats très modestes au troisième trimestre 2017 (16 500 euros) à 1,6 million d’euros un an plus tard.

L’Union européenne représente 69 % des débouchés bretons contre 31 % pour les pays tiers.

En termes de palmarès, les trois premières places restent inchan-gées : l’Italie reste le premier client de la Bretagne pour un montant de 54 millions d’euros au troisième trimestre 2018 (26 % du total), suivie par la Chine avec 31 millions d’euros d’importations (15 % du total) et la Grèce (7 % du total). Avec 5 % de parts de marché chacun, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Japon passent désormais devant le Royaume-Uni (4 % du total).

L’actualité sanitaire internationale va fortement conditionner les mois à venir. Depuis le premier foyer déclaré le 3 août 2018, la progression de la Peste Porcine Africaine se poursuit en Chine, premier producteur mondial de porc. Dans l’Union européenne, plusieurs pays sont concernés, dont la Belgique récemment (des cas de sangliers, mais pas dans les élevages). Des pays tiers ont donc fermé leurs frontières aux produits porcins belges, entraînant une chute du cours belge.

Reprise des ventes de viandes de volailles vers l’Arabie SaouditeAprès une chute sur un an de 10 % en 2017, puis de 5 % au premier semestre 2018, les exportations bretonnes de viandes de volailles enregistrent une très légère hausse au troisième trimestre de 1 % par rapport au troisième trimestre 2017, pour atteindre 82 millions d’euros.

Cette situation s’explique notamment par le rebond confirmé des ventes vers l’Arabie Saoudite (+7,5 millions d’euros ; +60 %), dans la foulée du trimestre précédent. Une hausse en valeur liée, pour moitié, à l’augmentation des volumes achetés par les Saoudiens dans un contexte d’amélioration des prix.

En revanche, le niveau de l’ensemble des ventes sur le grand export (hors Union européenne) n’est pas stabilisé puisqu’il enre-gistre un repli de 5 % par rapport au troisième trimestre 2017. En cause, la chute des ventes vers d’autres pays du Proche et Moyen-Orient : le Qatar (-4,5 millions d’euros ; -81 %), le Yemen (-1,3 million d’euros ; -62 %) et Oman (-0,7 million d’euros ; -51 %). Pourtant les importations des Emirats arabes unis continuent de

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En rupture avec les trimestres précédents, les achats chinois de préparations lactées bretonnes pour bébés2 diminuent fortement avec -7 millions d’euros entre le troisième trimestre 2017 et 2018 (-32 %), principalement en raison d’une baisse des prix. Doréna-vant, 90 % de la valeur des exportations bretonnes de produits lactés pour nourrissons sont destinés à la Chine.

La tomate bretonne recule sévèrement en Belgique Dans le prolongement du trimestre précédent, la perte d’un quart des ventes bretonnes de légumes frais sur un an au troisième trimestre 2018 s’explique par la chute des ventes vers la Belgique (-9 millions d’euros ; -81 % par rapport au troisième trimestre 2017), premier client de la Bretagne en tomate. Ce légume a été pénalisé en période estivale par une surproduction dans les bassins de production européens et la forte concurrence à l’export, avec des prix inférieurs à ceux des années précédentes.

Les autres acheteurs européens majeurs conservent une posture stable (à l’image de l’Italie, acheteuse d’artichaut petit violet) ou à la hausse comme les Pays-Bas (+0,4 million d’euros ; +14 %) et l’Allemagne (+0,2 million d’euros ; +4 %).

Alors que la Bretagne s’inquiète des effets à venir du Brexit, les ventes vers le Royaume-Uni enregistrent une augmentation de 14 % au troisième trimestre 2018 sur un an, après un repli de 19 % au trimestre précédent.

L’Union européenne représente la principale destination des exportations bretonnes de légumes frais et tubercules (95 % du total export).

croître, dans le prolongement des deux trimestres précédents (+0,5 million d’euros ; +30 %).

Avec 2,5 millions d’euros d’importations, en repli de 4 %, le Bénin conserve sa position de premier client africain de la Bretagne, suivi de loin par le Congo et le Gabon, en hausse respective de 8 et 14 %, pour des achats cumulés de 1,4 million d’euros. En Asie, la contraction des exportations vers Hong-Kong (-1,4 million d’euros ; -34 %) se confirme, compensée aux deux tiers par la Chine (+0,9 million d’euros ; multiplié par 9).

Côté Union européenne, la hausse des ventes de 7 % est portée par la Bulgarie (+1,5 million d’euros ; +96 %) et les Pays-Bas (+0,8 million d’euros ; +29 %) comme au trimestre précédent, mais aussi par le Royaume-Uni (+0,7 million d’euros ; +16 %), après des trimestres de repli.

Au palmarès des destinations, l’Arabie Saoudite conserve sa première place (25 % du total) suivie, assez loin derrière, par trois acheteurs au coude à coude : l’Espagne, la Belgique et l’Allemagne, avec 11 à 12 % de parts de marché chacun. Le Royaume-Uni arrive en cinquième position, avec 6 % de parts de marché.

Globalement l’Union européenne représente ainsi 53 % des débouchés bretons contre 47 % pour les pays tiers. Un ratio qui a fortement basculé depuis trois ans : les ventes étaient majoritaires vers pays tiers (61 %) contre 39 % vers l’Union européenne début 2015.

Dégradation des échanges en produits laitiers et laits infantiles1

Dans le prolongement du repli du deuxième trimestre 2018, les exportations bretonnes de produits laitiers et de fromages reculent de 14 % au troisième trimestre, pour atteindre 181 millions d’euros.

Cette situation s’explique par une nette contraction des ventes vers les pays tiers (-18 %) et dans une moindre mesure vers l’Union européenne (-9 %). Ainsi, le recul le plus notable concerne une nouvelle fois l’Algérie (-6,8 millions d’euros ; -47 %), suivie par la Chine (-5,6 millions d’euros ; -17 %), l’Allemagne (-4 millions d’euros ; -17 %), les Etats-Unis (-2 millions d’euros ; -33 %), le Royaume-Uni (-2 millions d’euros ; -19 %), les Philippines (-1,9 million d’euros ; -76 %) et l’Indonésie (-1,7 million d’euros ; -45 %).

En revanche, une augmentation notable s’observe vers la Corée du Sud (+1,2 million d’euros ; +73 %).

L’Union européenne représente 53 % des débouchés bretons contre 47 % pour les pays tiers. La Chine arrive en tête des desti-nations des exportations bretonnes (27 millions d’euros ; 15 % du total), suivie par l’Allemagne et la Belgique (pour chacun 20 millions d’euros soit 11 %).

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1 Pour coller à l’évolution des fabrications bretonnes à base de lait, ce chapitre porte sur les « produits laitiers et fromages » (code douanier 1051), où sont notamment classées les poudres de lait entier et écrémé ainsi que sur la catégorie douanière « aliments homogénéisés et diététiques » (code douanier 1086) où sont classés les « préparations à base de lait pour nourrissons ». 2 La fabrication de ces laits infantiles a fait l’objet d’investissements importants en Bretagne (notamment au sein de deux nouvelles usines spécialisées, Synutra à Carhaix et Laïta à Créhen). Ainsi, vers certaines destinations, les fabrications et ventes bretonnes de poudres de lait classiques (1051) diminuent au profit de fabrications et ventes bretonnes de laits infantiles (1086).

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Brut

Graphique 4 : Industrie des viandes de boucherie

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Brut

Graphique 5 : Industrie de la volaille

4 Emploi salarié privé dans l’agroalimentaire en Bretagne : 3ème trimestre 2018

Graphique 1 : série trimestrielle en niveau, corrigée des variations saisonnières (CVS)

Graphiques 2 à 5 : séries trimestrielles brutes avec MSA avec une base 100 au 1er trimestre 2009.En lien avec l’introduction de la Déclaration sociale nominative (DSN), l’indisponibilité des données en provenance de la MSA depuis le 4ème trimestre 2017 ne permet pas de mettre à jour les graphiques.

Estimation d’évolution basée sur l’évolution des données hors MSA sur cette période.

Avertissement - L’introduction progressive de la Déclaration sociale nominative (DSN) en remplacement du bordereau récapitulatif de cotisations (BRC) nécessite des adapta-tions qui générent des révi-sions sur les données. Depuis le premier trimestre 2017, les données sont établies en coproduction entre l’Insee, l’Acoss (champ hors intérim) et la Dares.

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La Revue de l’Observatoire : Les Chambres d’agriculture

observent, auscultent, décodent l’économie agricole et

agroalimentaire. Pourquoi ?

Joëlle Salaün : Dans un monde incertain et volatil, dans une

économie mondialisée où les facteurs d’évolution sont nom­

breux, il est nécessaire de comprendre son environnement

pour pouvoir anticiper les évolutions, faire face aux enjeux et

établir son cap.

L’agriculture est une activité qui a toujours été très suivie,

très documentée. De nombreuses statistiques publiques

existent, des éléments compilés sont fournis par des acteurs

privés également, comme les banques ou les centres de ges­

tion. C’est moins le cas concernant l’activité agroalimentaire,

souvent un peu « noyée » dans le secteur de l’industrie plus

globalement.

En Bretagne, le développement de l’agriculture et de l’agro­alimentaire s’est fondé sur une interconnexion des secteurs : une agriculture forte et performante pour alimenter les activités de transformation, un secteur agroalimentaire fort également et compétitif sur les marchés pour assurer les débouchés des productions. Ce socle a permis le développe­ment des territoires, ancrant un emploi en grande partie non délocalisable.

C’est fort de cette réalité que depuis 1985 les Chambres d’agriculture de Bretagne se sont vues confier dans le cadre, à ses débuts, du contrat de plan Etat Région, la mission de développer la connaissance et le suivi du secteur de l’indus­trie agroalimentaire, au travers l’Observatoire économique des IAA de Bretagne.

La Revue de l’Observatoire : Plus de trente années se sont

écoulées depuis la création de cet Observatoire, quelle est

votre approche aujourd’hui, diffère-t-elle de celle du début ?

Joëlle Salaün : Pendant de nombreuses années, nous avons étudié d’un côté, l’agriculture, avec ses activités, ses carac­téristiques, ses indicateurs économiques… et de l’autre l’agroalimentaire avec ses acteurs, ses marchés, ses perfor­mances. Or, ces marchés sont bien aussi les débouchés des productions agricoles et les consommateurs qui achètent des aliments sont bien ceux qui ingèrent les produits de l’agri­culture, plus ou moins transformés. Le début des années 2010 et différentes difficultés dans des activités socles de l’agriculture et l’agroalimentaire en Bretagne ont remis sur le devant des préoccupations la notion de filière. Elles ont repo­sitionnées également la place des besoins des marchés et des attentes des consommateurs dans le pilotage des productions (flux tiré vs flux poussé).

Nos activités font partie d’une chaîne de valeur, avec diffé­rents maillons, de l’amont de la production agricole jusqu’au consommateur. Bien sûr, chaque maillon peut avoir des préoccupations, des enjeux propres mais la performance de la chaîne est toujours limitée par celle du maillon le plus fragile. Une connaissance réciproque et une vision globale s’imposent.

L’Observatoire, un véritable outil d’aide à la décision pour les acteurs de l’agriculture, des filières agricoles et de l’industrie agroalimentaire Propos recueillis par Julie Rio – Service Economie-Emploi des Chambres d’agriculture de Bretagne

L’OBSERVATOIRE, UN VÉRITABLE OUTIL D’AIDE À LA DÉCISION POUR LES ACTEURS DE L’AGRICULTURE, DES FILIÈRES AGRICOLES ET DE L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE INTERVIEW

Joëlle Salaün Cheffe du Service Economie-Emploi des Chambres d’agriculture de Bretagne

Parce que les acteurs de la production agricole ont

besoin de se projeter dans l’avenir, l’analyse du contexte

économique et social dans lequel ils évoluent est incon-

tournable. Aujourd’hui, l’avenir de l’agriculture ne peut

pas s’envisager déconnectée de celui des autres mail-

lons de la filière alimentaire. Joëlle Salaün, pilote de

l’équipe d’experts qui fait vivre l’Observatoire écono-

mique et social des filières agricoles et agroalimentaires

de Bretagne, revient sur l’utilité d’un tel outil pour aider

les acteurs à anticiper les enjeux et évolutions à venir.

Observer, analyser, se projeter et partager, rien ne doit

être négligé.

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Cette approche « filière » s’est également vue renforcée par le besoin d’objectivation et d’éclairage sur la formation des prix et la répartition de la valeur au sein des filières alimen­taires ainsi que le développement de nouvelles formes de relations contractuelles.

Ceci nous a conduit à organiser nos travaux d’observation économique en approfondissant les données sur chaque maillon tout en expertisant les relations entre eux et au­delà, tout ce qui leur est commun, tels leurs débouchés, les dif­férents marchés, les circuits de commercialisation et les consommateurs.

Dans cette même logique d’intégration des enjeux et problématiques, il nous a paru nécessaire de rapprocher nos observations sur le champ social de nos observations économiques. Les Chambres d’agriculture portent depuis longtemps l’Observatoire emploi formation de l’agriculture en Bretagne. Concernant l’agroalimentaire, la création de l’Instance de Dialogue Social de la filière alimentaire, dans le cadre du Pacte d’Avenir pour la Bretagne en 2013 a été l’oc­casion pour l’Observatoire économique des IAA d’élargir son champ d’action à celui de l’emploi et de la formation, ceci afin d’alimenter cette instance en données fiables, reconnues par tous pour objectiver ses réflexions.

Une mise en cohérence assez naturelle s’est réalisée en 2017, à l’occasion de la réorganisation, dans un cadre de régionalisation, des Chambres d’agriculture de Bretagne. La création d’un service Economie – Emploi a été l’occa­sion de consolider ces missions d’observation, en associant l’observation de l’emploi, des besoins de compétences et de formation à l’observation économique de l’agriculture, des filières et des IAA. C’est l’Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne ! Son nom, bien qu’un peu long, traduit bien le champ de nos travaux.

La Revue de l’Observatoire : On comprend la logique qui a conduit à cette structuration. Mais concrètement cela sert à quoi d’ « observer » ?

Joëlle Salaün : Dans les sciences sociales, le concept d’obser­vation est ancien. Dans la quarante­huitième leçon du cours de philosophie positive d’Auguste Comte1 (1798 – 1857) est affirmée pour la première fois la nécessité d’une observation rigoureuse des faits : « l’observation des faits est la seule base solide des connaissances humaines ».

Il s’agit pour nous de rendre compte de la réalité de l’acti­vité du secteur agricole et agroalimentaire en Bretagne, de disposer de données fiables et pertinentes afin, par des ana­lyses descriptive et prospective, d’éclairer et d’alimenter la réflexion des acteurs de secteur, mais aussi l’action publique en faveur du développement de ce secteur et des territoires.

Ainsi, nous observons et décrivons la réalité économique et sociale du secteur et son évolution, quantitativement et qualitativement. Pour cela, nous compilons des données à différentes échelles, souvent dans un cadre partenarial avec les différents fournisseurs de données. Nos échanges ali­mentent nos compréhensions respectives. Ces éléments nous permettent de réaliser des comparaisons et benchmark avec d’autres activités, entre filières, entre territoires…

Nous suivons et expertisons les politiques publiques qui accompagnent ces activités à différentes échelles, princi­palement européenne, nationale et régionale. Pour la mise en œuvre de politiques publiques, l’observation est un outil indispensable : elle permet d’objectiver un diagnostic, d’identifier les enjeux prioritaires, en découle un plan d’ac­tions dont les objectifs et moyens peuvent être chiffrés grâce à l’observation. Au terme du plan d’actions, l’observation peut également alimenter les éléments d’évaluation de la politique menée.

La veille que nous réalisons sur les différents champs d’ex­pertise sur lesquels nous sommes présents (cf. encadré Les experts de l’Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires) nous permet de capter des signaux faibles que nous faisons en sorte de partager pour aider les acteurs à anticiper les évolutions.

Pour approfondir une problématique, mais aussi parfois pour faire travailler ensemble différentes parties prenantes afin de construire une vision partagée, nous réalisons des études de différentes natures : des monographies descriptives de secteurs, de filières, des traitements et analyses de données, des enquêtes, des travaux prospectifs avec construction de scénarios...

Ces différents dispositifs doivent constituer un véritable outil d’aide à la décision pour les acteurs de l’agriculture, des filières agricoles et de l’industrie agroalimentaire.

Ils sont également des ressources pour des observatoires de territoires mais aussi pour des observatoires d’autres secteurs qui peuvent avoir des problématiques proches ou des rela­tions de clients et/ou fournisseurs notamment. Le secteur de la logistique et du transport suit de près l’activité agricole et agroalimentaire, pour donner un exemple.

La Revue de l’Observatoire : et maintenant, quelles sont les nouvelles étapes ?

Joëlle Salaün : Pour que toute cette veille, cette expertise, ces données, soient véritablement utiles au secteur, à ses acteurs, l’enjeu de leur diffusion est primordial.

Après avoir rassemblé et structuré notre expertise, clarifié nos champs d’action, notre chantier pour 2019 est mainte­nant la mise en cohérence et le renforcement de l’efficacité de notre diffusion.

1 Source : Scouarnec A. (2004), Revue Management & Avenir, N°1, pages 23 à 42

L’OBSERVATOIRE, UN VÉRITABLE OUTIL D’AIDE À LA DÉCISION POUR LES ACTEURS DE L’AGRICULTURE, DES FILIÈRES AGRICOLES ET DE L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE INTERVIEW

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La valorisation et diffusion de nos travaux se fait par différents canaux, des articles dans différents supports, des publications de l’Observatoire tels ABC Agriculture et Agroalimentaire de Bretagne en Clair ­ Analyse et Perspectives, Les chiffres, Conjoncture ou encore la Revue de l’Observatoire des IAA, des interventions… dont certains sont consultables sur le site internet des Chambres d’agriculture de Bretagne.

Nous portons également des temps forts de diffusion de nos travaux, via des journées régionales que nous organisons

telles la «journée des salariés de l’agroalimentaire » dont la dernière édition s’est tenue en octobre 2018 ou encore les « Rencontres économiques des filières agricoles et agro­alimentaires de Bretagne » co­organisées avec l’ABEA et dont la première édition s’est déroulée en juin 2018.

Ce travail de valorisation et diffusion va être approfondi et démultiplié en s’appuyant fortement sur l’outil numérique. Nous avons d’ores et déjà entrepris cette évolution sur nos productions relatives au secteur de l’agroalimentaire. Je vous invite à les consulter et nous faire part de vos attentes !

Mieux informer, mieux alerter… donc mieux diffuser133 c’est à ce jour le nombre de numéros publiés de la Revue, démarrée sous le nom de Bulletin de l’Observatoire des I.A.A. en novembre 1985, avec son numéro 0.

Pilier central du dispositif de diffusion et de communication des travaux de l’Observatoire, la Revue de l’Observatoire des IAA entre dans sa 34e année et entame le virage du numérique.

Pour diffuser plus largement, plus facilement, pour déve-lopper la notoriété de l’Observatoire en tant qu’outil d’in-formation et d’aide à la décision des entreprises du secteur agroalimentaire voire même de tout son écosystème, le passage à une version téléchargeable, diffusable large-ment, imprimable à souhait, est devenue incontournable. Ainsi dorénavant, des pages internet dédiées sur le site des Chambres d’agriculture de Bretagne permettent une mise en lumière du travail réalisé : nouveau numéro mais aussi les archives des Dossiers de la Revue publiés ces dernières années. Le tout mis en musique dans un univers compre-nant informations sur la conjoncture, données structurelles du secteur…

S’il s’agit d’un premier pas dans la phase de transition, le travail de réflexion continue pour apporter des réponses plus proches des besoins de nos lecteurs. Parce que les publics et les attentes sont multiples, la meilleure connais-sance de ces derniers sera le chantier pour cette année 2019.

Le comité de rédaction de la Revue sera bien évidemment toujours au cœur du réacteur, pour garantir la qualité des travaux et travailler un positionnement plus prospectif. La ligne éditoriale de la Revue évoluera également en fonction des attentes. Déjà, pour permettre une plus grande réacti-vité, seront privilégiés des articles plus synthétiques, des témoignages sous la forme d’interview…

L’OBSERVATOIRE, UN VÉRITABLE OUTIL D’AIDE À LA DÉCISION POUR LES ACTEURS DE L’AGRICULTURE, DES FILIÈRES AGRICOLES ET DE L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE INTERVIEW

Les experts de l’Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires

Contact Domained’expertise E-mail

AnneBERTAGNOLIO

Emploi – Compétences – Formation

Secteurs agricole etagroalimentaire

[email protected]

NicolasDEBETHUNE

Circuits decommercialisation,

Tendances deconsommation,

Filières sous SIQO

[email protected]

GwénolaFLOC’H PENN

Filière légumesCommerce extérieur [email protected]

ArnaudHAYE Filière viande bovine [email protected]

MaryHENRY

Politiques publiques Accords commerciaux

[email protected]

NathalieLE DREZEN Filière porc [email protected]

MaudMARGUET Filière lait [email protected]

LionelQUERE Filière grandes cultures [email protected]

JulieRIO

Industriesagroalimentaires

Alimentation [email protected]

JoëlleSALAÜN

Cheffe du serviceEconomie - Emploi [email protected]

DelphineSCHECK

Filière volaille, œuf, lapin Microéconomie

des [email protected]

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SEGMENTATION DES PRODUITS LAITIERS : REGARDS CROISÉS DE DEUX ACTEURS INDUSTRIELS INTERVIEW

Les acteurs de la filière laitière française font face au défi de répondre aux attentes sociétales, parfois au risque de remettre en cause la cohérence de leur propre organi-sation et les liens entretenus avec les autres maillons de la filière dont le maillon agricole.

Les consommateurs français se montrent de plus en plus attentifs aux conditions d’élevage et au bien-être animal. La recherche de naturalité et de goût guide les achats, de même qu’une certaine sensibilité à l’environnement, à l’origine des produits ou encore à la rémunération des éleveurs. Dans le même temps, la consommation des produits laitiers s’effrite année après année, ce qui pèse à la baisse sur les prix de vente en magasin.

Pour la filière laitière, l’équilibre est difficile à trouver. Répondre aux nouvelles attentes sociétales se traduit généralement par une hausse des coûts de production. Mais le prix bas se révèle souvent être un des arguments des enseignes de distribution pour défendre leur attrac-tivité auprès du consommateur ! En parallèle, les ventes de produits segmentés (laits bio, délactosés…), pourtant plus chers, se développent. Preuve que le consommateur peut consentir à payer davantage des produits alimen-taires qui se différencient significativement du cœur de gamme.

Amplifier la segmentation est une des réponses trouvées par différents acteurs de la filière alimentaire pour sortir de ces contradictions et améliorer la valorisa-tion des produits. C’est pourquoi les initiatives pour différencier les produits laitiers se multiplient depuis quelques années. Santé, éthique, proximité, envi-ronnement… les propositions sont diverses. Si les volumes commercialisés restent encore modestes, les démarches de différenciation s’étendent progres-sivement sur les fromages et autres produits frais. Tous les maillons de la filière sont bousculés et se posi-tionnent, que ce soient les distributeurs qui vendent des produits laitiers sous leur marque propre, des éleveurs qui se regroupent et cherchent à mettre en valeur leurs pratiques et leur terroir, ou encore des transformateurs laitiers qui ajustent leur offre aux attentes sociétales (cf. Revue de l’Observatoire des IAA de Bretagne n°131 – octobre 2018).

Deux acteurs industriels présents en Bretagne nous font part de leur expérience. Sodiaal Union, groupe coopé-ratif, se positionne sur le marché des produits de grande consommation et des produits destinés à l’industrie en France et à l’export tandis que Triballat Noyal, acteur privé, est spécialisé sur les produits de grande consom-mation et notamment les produits végétaux. Tous deux évoquent les impacts de la mise en place d’une segmen-tation accrue dans leur organisation industrielle.

La Revue de l’Observatoire : Pourquoi le groupe Sodiaal a-t-il développé de nouvelles démarches de segmentation, avec notamment la mise en avant de produits laitiers fabriqués avec du lait de vaches nourries sans OGM ?

Patrick Wecxsteen : Le sans OGM est beaucoup plus développé Outre­Rhin qu’en France. Des distributeurs allemands se sont mis à exiger une gamme plus complète de produits laitiers fabriqués avec du lait de vaches nourries sans OGM. Pour Sodiaal, la demande est arrivée par l’intermédiaire de ces distributeurs qui importaient nos fromages pour le marché allemand. Malgré la plus­value minime, nous y avons répondu. Une stratégie défensive en somme, pour ne pas perdre des marchés. Nous préférons vendre des PGC même avec une faible plus­value plutôt que faire de la gestion d’excédents avec le lait qui ne trouverait plus de marché.

En parallèle, nous adoptons une approche plus offensive. Nous voulons augmenter la valorisation du lait et nous souhaitons que cette augmentation de valeur ajoutée bénéficie à tous les maillons, agricole comme industriel, comme avec Les Laitiers Responsables®, démarche développée en réponse aux attentes exprimées par les consommateurs français.

La Revue de l’Observatoire : Selon vous, que veut le consommateur français ?

Patrick Wecxsteen : Les attentes des consommateurs sont en train d’évoluer. Avec le lait bio, les laits segmentés sont les rares laits de consommation en progression. Face à la banalisation du marché des laits de consommation et à la diminution régulière et inexo­rable des ventes, nous avons mené un très gros travail il y a trois­quatre ans, qui a débouché sur le développement d’un concept puis il y a deux ans, sur la création d’un produit et d’un cahier des charges.

Parmi les différentes orientations possibles, nous avons retenu quatre priorités pour lesquelles les consommateurs se disent prêts à payer davantage leurs produits laitiers. Il s’agit de la rémuné­ration équitable de l’éleveur, de l’alimentation sans OGM des vaches, du pâturage et du bien­être animal.

Segmentation des produits laitiers : regards croisés de deux acteurs industriels Propos recueillis par Maud Marguet et Julie Rio – Service Economie-Emploi des Chambres d’agriculture de Bretagne

1 PGC : Produits de Grande Consommation, désigne ici les produits laitiers achetés en magasin par les consommateurs : laits et crèmes conditionnés, yaourts, fromages, beurres plaquettes…

Patrick Wecxsteen Directeur bassin laitier ouest

Sodiaal

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SEGMENTATION DES PRODUITS LAITIERS : REGARDS CROISÉS DE DEUX ACTEURS INDUSTRIELS INTERVIEW

D’autres attentes ressortent aussi, les produits « sans » : sans pesticides, sans suremballage plastique, mais aussi l’identité coopérative, l’origine locale et le lien à un terroir particulier, qui se décline chez nous plutôt au travers des AOP et des AOC.

Au­delà, l’inconnue reste le volume qui pourra être valorisé dans ce type de démarches. Aujourd’hui, nous sommes sur une dynamique qui monte en puissance, mais peut­être pas aussi vite que nous l’aurions voulu : il y a tellement de démarches qui ont vu le jour que les estomacs des consommateurs saturent. Et en parallèle, les attentes des consommateurs évoluent vite, face à un délai incompressible d’adaptation au niveau industriel et au niveau de de la production agricole.

Dans notre réflexion nous sommes conscients des limites à ne pas dépasser : si nous allons trop loin dans les exigences, les producteurs ne nous suivront pas, il faut trouver un équilibre financier. Il nous faut aussi être en phase avec le marché. Il y a deux ou trois ans, nous avions lancé une démarche Lait de nos régions. Nous étions trop en avance et la démarche n’a pas eu le succès escompté, même si nous la conservons dans notre portefeuille de produits.

La Revue de l’Observatoire : Au niveau industriel, quelles sont les conséquences de la mise en place de ce type de démarche ?

Patrick Wecxsteen : Les segmentations génèrent du travail supplé­mentaire et des coûts à tous les niveaux, collecte comme trans­formation. Aujourd’hui, nos tournées de collecte sont efficaces, harmonisées, optimisées. Pour segmenter, il faut parfois casser les accords de collecte, la tournée est rallongée donc coûte plus cher. C’est pourquoi la démarche Les Laitiers Responsables® ne sera pas développée partout en France, le surcoût de collecte serait trop important.

Du point de vue de la fabrication, une démarche segmentée nous conduit à produire de plus petites séries, avec des lavages obli­

gatoires à réaliser, les lots ne sont pas optimisés, nous perdons en

rendement. Cela génère aussi des coûts et demande du temps

supplémentaire du fait des processus d’audit et d’échantillonnage,

de plans de contrôle nécessaires à la certification. Cette notion de

temps et de coût, nous devons bien l’intégrer dans l’approche de la

segmentation. En contrepartie, les distributeurs et les consomma­

teurs doivent s’engager face à des augmentations tarifaires.

La difficulté réside aussi dans la valorisation de tout le mix produit

(lait, crème...). Si l’intégralité des composants du lait (matière

grasse, matière protéique) n’est pas valorisée, la plus­value obtenue

grâce à la démarche de segmentation sera diluée. Il faut une forte

augmentation de la valeur d’achat par nos clients pour que ça soit

intéressant sur l’ensemble de la chaîne industrielle et que ça ne se

limite pas uniquement à la plus­value pour le prix du lait.

La Revue de l’Observatoire : Pensez-vous que certains

éléments de cahier des charges qui sont différenciants

aujourd’hui pourraient devenir un standard demain ?

Patrick Wecxsteen : Avant de se banaliser, ils vont se standar­

diser et s’homogénéiser. Aujourd’hui, plusieurs démarches

différentes de certification existent pour le sans OGM. Le dispo­

sitif français ne permet pas d’obtenir directement l’homologa­

tion vis­à­vis du référentiel allemand VLOG.

Il faudrait un cahier des charges unique, pour permettre aux

acteurs de l’alimentation animale de s’organiser. Cela permet­

trait aussi de simplifier les audits. Tout l’enjeu est de trouver le

bon équilibre pour pouvoir viser l’export et le marché intérieur

simultanément sans alourdir inutilement le niveau d’exigence.

Les discussions sur les cahier des charges sont en cours au sein

de l’Interprofession, aussi bien sur le sans OGM que le pâtu­

rage. C’est un processus long mais nous avançons. Plus particu­

lièrement sur le sans OGM, nous nous dirigeons vers un cahier

des charges commun qui nous permettrait d’être reconnu sur

tous les marchés, en France comme à l’export.

Concernant le pâturage, Sodiaal a opté pour la démarche Lait

de pâturage initiée en Bretagne par des éleveurs, qui sont déjà

bien au­delà des 120 jours de pâturage certifiés aux Pays­Bas. Il

faudrait que l’Interprofession s’en inspire.

La Revue de l’Observatoire : Comment accompagnez-vous les

éleveurs ?

Patrick Wecxsteen : Au départ sur le sans OGM, les questions

portaient beaucoup sur l’interprétation des cahiers des charges.

Il était impératif de donner les bonnes instructions aux éleveurs

pour être conforme à la réglementation.

L’accompagnement concret prend la forme d’audits, sur le pâtu­

rage et l’alimentation sans OGM. Par l’intermédiaire de l’extranet,

les éleveurs enregistrent leurs pratiques. Sur le volet bien­être

animal, ils suivent la formation « Signe de vaches », elle est très

concrète, bien vécue, ce qui nous permet d’attendre sereinement

les futurs indicateurs interprofessionnels sur le bien­être animal.

Les Laitiers Responsables®, démarche lancée au 1er semestre 2018Cette démarche portée par le groupe coopératif Sodiaal garantit le respect d’un cahier des charges spécifique par les éleveurs, avec une moyenne de 150 jours de pâturage par an pour les vaches laitières (et 90 jours par an au minimum), une alimentation sans OGM pour les vaches et une attention particulière accordée au bien-être animal. Afin de pouvoir compenser les surcoûts générés par le cahier des charges, les éleveurs engagés dans la démarche bénéficient d’un complément de prix pour leur lait de 15 €/1 000 litres sur l’ensemble de leur production.

L’objectif en termes de volumes est d’atteindre 200 millions de litres de lait à l’horizon 2020 (soit 5 % de la collecte annuelle de Sodiaal) et 10 % du marché des laits de consommation.

Cette démarche est aujourd’hui mise en valeur sur du lait de consommation. Pour chaque litre de lait vendu en magasin un montant de 0,06 € est reversé aux coopéra-teurs, qu’ils soient ou non impliqués dans le respect du cahier des charges Les Laitiers Responsables®.

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La Revue de l’Observatoire : Qu’est-ce qui vous a incité à mettre en place la démarche de segmentation Petit Breton® sur du lait de consommation ?

Marc Belhomme : Face à la crise que nous vivons aujourd’hui sur le beurre et la poudre de lait, nous avons voulu valoriser davantage de lait en produits de grande consommation qui apportent une marge plus sûre.

Nous avons constaté suite au lancement du fromage Petit Breton® il y a quelques années, que les consommateurs sont demandeurs d’une production respectueuse d’un cahier des charges mêlant pâturage, bien­être animal et meilleure rémunération des éleveurs.

Nous n’étions pas présents sur le marché du lait de consommation. Il nous faut nous y faire une place, dans ce rayon les consommateurs ont des habitudes d’achat bien ancrées. En parallèle, depuis deux ans, tous les acteurs essaient de différencier leur lait de consommation. Pour notre part, nous visons des marchés très locaux, bretons (départements 22, 35, 56) et limitrophe (44), en grande distribution principalement. Les ventes se développent, mais moins rapidement que ce que nous espérions. Nous souhaitons aussi déployer la démarche sur le marché de la restauration hors domicile.

La Revue de l’Observatoire : Quelles sont les conséquences pour Triballat-Noyal d’un point de vue industriel ?

Marc Belhomme : Il faut organiser une collecte spécifique, stocker le lait dans un tank dédié à l’arrivée à l’usine et le traiter séparément. Nous avons choisi de collecter le lait Petit Breton® en premier le matin, puis d’enchaîner sur le reste de la collecte de lait en conventionnel. La collecte séparée ne pose pas de réel problème de surcoût, compte tenu de la densité de notre zone d’élevage. La contrainte a été de mettre en service un stockage et un traitement du lait spécifique. Tout cela demande de l’investissement.

Finalement pour créer cette nouvelle segmentation, la plus grande difficulté aura été de faire coïncider le calendrier des différents maillons. Du point de vue des élevages, c’est relativement simple, il faut respecter un délai de six mois de conversion pour pouvoir revendiquer le cahier des charges sans OGM. La création du produit (marketing, emballage) et les adaptations industrielles (création d’une zone de stockage dédiée, séparation du lait) sont plus compliquées.

La Revue de l’Observatoire : Comment avez-vous mis en place la démarche Petit Breton® auprès des éleveurs vous livrant du lait ?

Marc Belhomme : Qu’est­ce qui est pénalisant sur le lait UHT ? La logistique. Nous nous sommes donc appuyés sur deux tournées de collecte existantes sur lesquelles nous savions qu’il y avait des élevages pratiquant le pâturage. Nous avons créé une nouvelle tournée avec les dix éleveurs intéressés.

Pour définir le critère de 200 jours de pâturage, nous avons réalisé une enquête auprès de nos livreurs de lait et retenu la durée correspondant aux élevages qui pâturaient le moins longtemps.

Concernant la démarche sans OGM, nous avons organisé une réunion avec un fabricant local d’aliment qui disposait, dans sa gamme, d’un aliment adapté. Notre objectif n’était pas d’orienter sur l’aliment en question mais d’échanger sur la faisabilité de la démarche, le calcul de la ration… D’ailleurs finalement, les éleveurs se sont tournés vers leurs fabricants habituels, qui se sont mis à proposer leur propre aliment sans OGM.

Les éleveurs ont été accompagnés par une prime de conversion pendant les six mois nécessaires pour respecter le cahier des charges sans OGM. Ils bénéficient maintenant d’une prime qui atteint 12 €/1 000 litres en moyenne annuelle. Cette prime est saisonnée, son montant est plus élevé l’hiver, période où il est plus difficile de produire du lait sans OGM.

La démarche plaît aux producteurs, qui en assurent aussi la promotion en magasin, pour la plus­value mais aussi parce qu’ils se rendent compte que le consommateur en est demandeur. Aujourd’hui Petit Breton® est décliné sur du fromage et du lait, mais il y a un potentiel à l’étendre sur d’autres produits.

La Revue de l’Observatoire : Parmi les impacts liés au développement de nombreuses démarches de segmentation en France, craignez-vous une montée des prix de l’aliment certifié sans OGM ?

Marc Belhomme : C’est le soja qui est principalement concerné. Nous achetons du soja français garanti sans OGM pour nos produits Sojasun et connaissons bien ce marché.

SEGMENTATION DES PRODUITS LAITIERS : REGARDS CROISÉS DE DEUX ACTEURS INDUSTRIELS INTERVIEW

Marc Belhomme Responsable Relations Agricoles

Triballat-Noyal

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erra

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A court terme, il y aura peut­être des tensions, mais pas à long terme. Au regard des surfaces qui se mettent en place en France, des usines de trituration qui sont créées, nous ne sommes pas inquiets pour les années futures, les coopératives du sud de la France ont anticipé la demande et la traçabilité est plus facile à obtenir dans notre pays.

La Revue de l’Observatoire : Sentez-vous de nouvelles attentes des consommateurs monter en puissance ?

Marc Belhomme : Les attentes sur le revenu des producteurs sont importantes. Le bien­être animal est aussi une attente forte. Les agriculteurs sont déjà en ligne, ils savent bien que l’animal doit être dans un état de bien­être pour exprimer son potentiel : il y a surtout à mettre en place des indicateurs pour le prouver. Les antibiotiques en élevage sont un autre sujet à fort enjeu.

Concernant le réchauffement climatique et le bilan carbone, davantage que le consommateur, c’est le monde agricole qui est le plus préoccupé. Depuis quatre ou cinq campagnes, nous vivons des années climatiques atypiques. Comment nourrir nos animaux si les récoltes sont bouleversées ? Le monde agricole qui était dubitatif il y a quelques années s’empare du sujet. Nous n’avons d’ailleurs eu aucune difficulté à convaincre une quarantaine d’élevages parmi nos fournisseurs de lait de réaliser leur bilan carbone.

SEGMENTATION DES PRODUITS LAITIERS : REGARDS CROISÉS DE DEUX ACTEURS INDUSTRIELS INTERVIEW

Le Petit Breton®, la démarche de Triballat-Noyal déployée sur du lait de consommation

Cette démarche déjà mise en valeur sur le fromage Petit

breton® a été étendue à du lait de consommation commer-

cialisé depuis le 1er semestre 2018.

Le cahier des charges à respecter par les éleveurs prévoit

200 jours de pâturage par an au minimum et 15 ares

d’herbe accessibles par vache ainsi qu’une alimentation

sans OGM des vaches.

Les éleveurs bénéficient d’une aide à la conversion pendant

six mois, puis d’une prime d’un montant moyen annuel de

12 €/ 1 000 litres qui s’ajoute au prix de leur lait d’un

montant minimum de 330 €/1 000 litres (pour un lait de

composition standard, soit 38 g/l de taux butyreux et

32 g/l de taux protéique) pour l’année 2018.

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FILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

Un nombre d’acteurs de la volaille de chair en Bretagne divisé par deux en 12 ansEn 2006, le secteur de l’abattage et de la transformation en volaille de chair se composait de :

- 9 groupes présents sur les trois départements du Morbihan, Finistère et Côtes d’Armor : Doux (7 établissements), Unicopa (5 établissements), LDC (5 établissements), Glon-Houdebine (5 établissements, devenu Sanders), Coopagri Bretagne (devenu depuis Triskalia – 2 établissements), Cecab (devenu depuis Groupe d’aucy – 2 établissements), Sovipor (3 établis-sements), Groupe Even (2 établissements) ainsi que le groupe Savel (3 établissements).

- 9 entreprises présentes sur les trois départements du Morbihan, Finistère et Côtes d’Armor disposant d’un seul établissement : Volailles du Poher, Les Volailles de Pénalan, Beldis, Délice Mondial, RBI (Société Rougié-Brizac inter-national - Euralis Gastronomie), Carnicas Industrie, France Pigeonneaux, Arnal, La Toque Bretonne.

- Une seule entreprise présente sur le département de l’Ille-et-Vilaine : Volailles des 3 Duchés.

Aujourd’hui, le secteur ne recense plus qu’une dizaine de groupes ou entreprises suite à différents mouvements dont les deux leaders français de la volaille : LDC via sa filiale SBV et le Groupe Terrena avec Galliance. Le Morbihan concentre le plus grand nombre d’établissements d’abattage et de transfor-mation de volaille de chair en 2018.

Certains font le choix de quitter l’industrie de la volaille de chairDepuis 2006, certains acteurs ont fait le choix de quitter le maillon de l’abattage transformation de la filière volaille de chair. En 2008, Unicopa arrête son activité : la division volailles fraîches et élaborés d’Unicopa, comprenant Socavi (56), Vatélis (22), Protéis (29) et Bonny (Languedoc), passe dans le giron de Gastronome, filiale de Terrena. L’usine Dandy ferme.

Quant à Tilly Sabco, alors en plan de continuation, il est repris par son directeur Daniel Sauvaget.

D’autre part, le Groupe Even quitte définitivement le secteur de la volaille en 2014 suite à la reprise de ses deux outils (l’abattoir

Le Clézio et TDI spécialisé dans la découpe de dindes) placés en redressement judiciaire en 2013, après une procédure de sauvegarde initiée en 2012.

Cecab cède le site Volaven à Duc en 2006 et Volailles de l’Odet à Le Clézio Industrie en 2016.

Restructuration de la filière poulet grand export

Le Groupe Doux enchaîne les restructurationsEn 2008, le Groupe Doux ferme deux de ses sites d’abattage : Locminé (avec transfert de son activité spécialisée en dinde à Plouray et Pleucadeuc) et Le Châtelet (41 - dont l’activité poulet est transférée à Blancafort et Boynes). Cette même année l’activité d’abattage de canards de Pleucadeuc est cédée à UKL Arrée.

En 2012, le groupe Doux est placé en redressement judiciaire le 1er juin : un millier d’emplois est supprimé. Il se sépare de Galina Doux à Sérent qui est repris par LDC tandis que l’abattoir de Pleucadeuc ferme en 2013 avec la suppression de 270 emplois.

Les seuls pôles «poulets congelés» et «produits élaborés» de Doux, non liquidés, sont repris. Un accord de reprise est signé en octobre 2013 entre la holding de la famille Calmels, le fonds financier parisien Développement et Partenariat, qui détient alors 52,5 % du capital, et le groupe saoudien Almunajem, premier client du volailler Doux (25 % des parts dans le cadre de la conversion d’une créance de 10 millions d’euros qu’il détient auprès de Doux). La famille Doux conserve des parts dans le groupe jusqu’à sa reprise par Terrena.

Deuxième groupe coopératif français, Terrena reprend Doux en 2016. Mais, avec un résultat déficitaire de 97 millions d’euros en 2017 lourdement impacté par les difficultés de sa filiale poulet export Doux, il demande la liquidation judiciaire du groupe Doux le 4 avril 2018. Le 18 mai, le tribunal statue pour sa reprise par un consortium de plusieurs entreprises. LDC, tout d’abord, leader de la volaille française avec une santé économique robuste : un chiffre d’affaires en hausse de 5,6 % pour des volumes en progression de 4,2 % pour l’exercice 2017-2018. LDC décroche la marque Doux pour les produits élaborés à destination de l’ export (hors Moyen-Orient), comme les saucisses de volailles, fabriqués dans l’usine de Quimper alors rebaptisée Farmor,

Après une forte chute au début des années 2000, la production bretonne de volailles de chair se maintient depuis une dizaine d’années. Mais beaucoup d’évènements sont venus secouer la filière dernièrement : fin des restitutions à l’export, baisse structurelle de la production de dinde... Le maillon industriel s’est fortement restructuré, impactant aussi nécessairement les autres maillons de cette filière intégrée.

Les élus des Chambres d’agriculture de Bretagne ont souhaité lancer une étude afin de donner des perspectives à la filière. La première étape de cette étude était de fournir un panorama global de la filière volaille de chair bretonne. Dans un second temps, la finalité de l’étude est d’analyser les nouvelles stratégies des acteurs face aux évolutions fortes de marché, afin de permettre à chacun d’avoir une vision globale de la filière d’aujourd’hui, et donc de demain, pour mieux se positionner.

Filière Volaille de chair en Bretagne : panorama des acteurs industriels Delphine Scheck - Service Economie-Emploi des Chambres d’agriculture de Bretagne

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DOSSIERFILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

qui passe sous son pavillon avec ses 166 salariés. LDC s’engage également à construire un nouvel abattoir à Châteaulin, d’ici 2020, pour produire du poulet frais destiné aux marchés français et européens. Un marché qui croule aujourd’hui sous les importa-tions de viande étrangère et que LDC souhaite reconquérir. LDC emploierait 250 personnes, pour une capacité de 400 000 poulets par semaine. L’investissement est chiffré à 55 millions d’euros. La région Bretagne apporterait un financement de 12 millions d’euros sur ce montant.

Almunajem, ensuite, qui se charge de poursuivre l’activité histo-rique du poulet à destination du Moyen-Orient, via sa nouvelle filiale France Poultry à Châteaulin, qui détiendra la marque Doux sur la péninsule arabique (marque attribuée à LDC pour le reste du monde).

D’autres entreprises complètent le consortium de reprise : la société Yer Breizh (LDC, Almunajem, Terrena, Triskalia et le Conseil régional de Bretagne) qui accompagnera la filière amont bretonne (aliments, accouvage, éleveurs) ; la société Volailles de Plouray, co-entreprise composée de la société Casco (51 %, Président) et Paul Lopez (49 %), reprend le site Doux de Plouray (Morbihan) ; la Saria, spécialiste allemand de la valori-sation des coproduits de viande, reprend la production de farines animales à Châteaulin et ses 17 salariés. Si ce plan sauve la quasi-totalité des postes (920 sur les 1 187 salariés), ce n’est pas le cas pour tous les sites industriels puisque celui de Chantonnay, en Vendée, disparaît.

Tilly Sabco ne résiste pasDans ce même secteur du grand export, l’entreprise Tilly Sabco (devenue, au fil des redressements judiciaires et reprises, Tilly Sabco Bretagne puis Tilly Sabco International) est liquidée début 2018. Cet acteur historique du poulet pour l’export avait cessé

son activité d’abattage lors de sa reprise en 2016 par l’entre-prise néerlandaise Wegdam Food Link, qui n’avait gardé que la production de saucisses de poulet destinée au marché afri-cain. L’ancien abattoir de poulets avait déjà été sauvé de la fail-lite en décembre 2014 par le consortium de trois investisseurs : la CCI de Morlaix, le Britannique MS Foods et un fonds d’in-vestissement, le Breizh Algae Invest, du groupe Olmix qui avait quitté prématurément le projet. En 2018, Tilly Sabco International comptait 63 salariés.

LDC assoit sa présence en BretagneLa montée en puissance sur le territoire régional du groupe sarthois LDC, repose sur la création en 2014 de sa filiale Société Bretonne de Volaille consécutive à la reprise des outils d’abat-tage de Sanders-Avril ainsi que la reprise d’outils de Doux début 2018 (Quimper et projet d’usine à Châteaulin). SBV a vocation à regrouper toutes les activités des produits alimen-taires intermédiaires (PAI) et à destination de la restauration hors domicile de LDC.

Ce groupe détient dorénavant pas moins de 10 établisse-ments spécialisés dans l’abattage découpe, auxquels il faut rajouter deux établissements de seconde transformation (Marie et Régalette). Le groupe entame une stratégie offensive de reconquête du marché français par des investissements impor-tants pour doter ses outils de grosses capacités d’abattage et restructure même son activité dans la dinde avec la fermeture en mars 2018 de RVE à Crédin (115 salariés), filiale de SBV et de Brake Bros Limited (Les Ateliers du Goût), à cause de pertes financières (1,6 million d’euros sur trois ans). Le site était spécialisé dans la découpe élaborée de dinde et de porc pour la restauration hors domicile.

Source : Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne – Chambres d’agriculture de Bretagne d’après les données des CCI de Bretagne – Juillet 2018Champ : Etablissements de plus de 20 salariés.

Figure 1 : les acteurs bretons du secteur de l’abattage - transformation en volaille de chair en 2018

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FILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

Tableau 1 : les établissements industriels présents en Bretagne

Source : Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne – Chambres d’agriculture de Bretagne d’après les données des CCI de Bretagne – Juillet 2018

Groupe / Organisme de rattachement Nom de l’entité en Bretagne VILLE Département Effectifs

LDC 10 sites 2 605

SOCIETE BRETONNE DE VOLAILLE

CELVIA Saint-Jean-Brevelay 56 702

LES VOLAILLES DE KERANNA Guiscriff 56 386

PROCANAR Lauzach 56 372

BOSCHER VOLAILLES Guerlédan 22 200

CELTYS Plouay 56 170

CELVIA Sérent 56 121

MICHEL ROBICHON Saint-Thuriau 56 78

FARMOR Saint-Agathon 22 194

FARMOR Quimper 29 187

LDC LDC BRETAGNE Lanfains 22 195

TERRENA 3 sites 1 016

GALLIANCE

GALLIANCE LANGUIDIC Languidic 56 482

GALLIANCE ELABORES La Vraie-Croix 56 392

GALLIANCE SAINT-NICOLAS-DU-PELEM Saint-Nicolas-du-Pélem 22 142

TRISKALIA 2 sites 641

TRISKALIARONSARD Bignan 56 583

CADF Le Faouët 56 58

OLMIX 2 sites 152

BREIZH ALGAE INVESTSOVIPOR La Trinité-Porhoët 56 143

SOVIPOR Merdrignac 22 9

CASCO 2 sites 139

CASCOVOLAILLES DU POHER Cleden-Poher 29 71

VOLAILLES DE PLOURAY Plouray 56 68

SMV DISTRIBUTION 2 sites 120

SMV DISTRIBUTIONTDI Trévé 22 75

SOCANVOL Saint-Brandan 22 45

SAVEL 2 sites 115

SAVELETS ROBIN Carhaix-Plouguer 29 65

SAVEL INDUSTRIES Lannilis 29 50

LE CLEZIO INDUSTRIE 2 sites 67

LE CLEZIO INDUSTRIEVOLAILLES DE L’ODET Landrévarzec 29 38

LE CLÉZIO ABATTOIR Trévé 22 29

AUTRES

ALMUNAJEM FRANCE POULTRY Châteaulin 29 367

PLUKON FOOD GROUP VOLEFI Riec-sur-Belon 29 209

ISLA MONDIAL ISLA MONDIAL Plouay 56 61

AGROMOUSQUETAIRES KERANNA PRODUCTIONS Plumelin 56 51

PRIMAULT CHRISTOPHE LES CAILLES DE CHANTELOUP Corps Nuds 35 41

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DOSSIERFILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

Un déplacement des centres de décision des entreprises en dehors des frontières régionalesA l’issue de ces restructurations, le secteur se caractérise dorénavant par un éloignement encore plus prégnant des centres de décision au-delà des frontières régionales. La coopérative ligérienne Terrena s’est implantée en Bretagne lors de la reprise du groupe Doux. Le groupe sarthois LDC a renforcé sa présence sur le territoire régional via sa filiale Société Bretonne de Volaille. Puis le secteur voit l’arrivée d’acteurs à capitaux étrangers sur le territoire avec le groupe Plukon par le biais de la reprise de Duc et le saoudien Almu-najem avec France Poultry (ex-Doux Châteaulin).

L’absence d’outils d’abattage-découpe détenus par le secteur de la distribution est à noter (comme cela est le cas dans d’autres secteurs notamment de la viande de boucherie en Bretagne), hormis l’outil de seconde transformation Keranna Productions du groupe Agromousquetaires/Intermarché. Aux portes du territoire breton, ce type d’acteur se positionne pourtant. En témoigne dans la Sarthe la reprise en 2015 par le groupe Casino de l’abattoir de Luché-Pringé appartenant à Gastronome (Groupe Terrena).

Environ 5 600 salariés mobilisés dans les outils d’abattage-découpe et de transformationSur les 5 584 salariés recensés dans les établissements (cf. Tableau 1), le groupe LDC rassemble 47 % des effectifs, Terrena 18 % et Triskalia 11 %. Le poids du volailler sarthois devrait augmenter à terme puisque le site de Châteaulin devrait comptabiliser 250 salariés supplémentaires en 2020.

Suite à la restructuration du groupe Doux, le groupe Terrena, par le biais de sa filiale Galliance ne compte plus qu’un seul abattoir (Languidic) et passe de 1 987 salariés en 2017 à 1 016 salariés dans ses trois établissements en 2018.

En termes d’effectifs, deux acteurs étrangers occupent les 4ème et 5ème places : France Poultry (367 salariés) détenu par Almunajem et l’acteur néerlandais Plukon avec son site Voléfi de 209 salariés spécialisé en découpe et fabrication d’élaborés de dindes.

Plus récemment, des acteurs plus atypiques comme Olmix (152 salariés sur deux sites), Casco (139 salariés sur deux sites) et SMV Distribution (120 salariés sur deux sites) renforcent leur présence.

Olmix, spécialisé dans la filière de valorisation des algues en alimentation animale s’implique dans les maillons aval de la transformation. Après une tentative avec la prise de parti-cipation dans Tilly Sabco Bretagne, projet dont le groupe s’est retiré au bout de quelques mois, le groupe investit massivement dans Saga, son projet de production de poulet sans antibiotiques avec une nourriture à base d’algues. Il a repris les outils Sovipor à la Trinité-Porhoët et à Merdrignac (Volvico) alors spécialisés dans la découpe et la transforma-tion de viande de dinde notamment.

SMV - Société des métiers de la viande - basée à Carhaix est un prestataire industriel breton spécialisé dans le désossage, la découpe et la transformation de viandes. Ce dernier détient TDI à Saint-Caradec dans les Côtes d’Armor, racheté en 2014 aux Groupes Even et Glon Sanders, ainsi que Volpin (15 salariés) spécialisé en élaborés de dinde en

Loire Atlantique. SMV a repris en 2017 l’entreprise Socavol basée dans les Côtes d’Armor, détenue depuis début 2015 par son principal client situé au Bénin, Casco, Sofiprotéol détenant toutefois 34 % des parts. Cette entreprise était alors en redressement judiciaire. Sa reprise permet à SMV de s’engager dans l’abattage de volailles, un secteur dont il était jusqu’ici absent. Toutefois il n’a repris que 45 des 73 salariés que comptait l’abattoir qui voit son activité d’abat-tage de poule de réforme complétée par une petite activité d’abattage de dindes.

Suite à la cession de Socavol, la société d’import-export Casco basée à Lamballe ne détient plus que les Volailles du Poher un outil de production spécialisé dans l’abattage de poules de réforme, la découpe, l’emballage et la congélation pour des débouchés sur l’Afrique notamment. Puis lors de la restructuration du groupe Doux, c’est finalement la société Casco qui préside la société des Volailles de Plouray.

Le groupe familial Savel est le leader de l’abattage, découpe et de la transformation de petites volailles, coquelets, pintades et poulets jaunes notamment, en France et à l’ex-portation pour la grande distribution et la restauration hors domicile. Le groupe familial détient deux sites en Bretagne mais également un site spécialisé dans l’abattage et découpe de pintade à la Séguinière (49) et une société de commercia-lisation baptisée Terre et Plume basée à Hanvec (19 salariés).

Enfin Le Clezio Industrie détient l’abattoir de dinde de Trévé dans le cadre de son redressement judiciaire en février 2013. Il était alors détenu par le groupe Even. Quant aux Volailles de l’Odet il s’agit d’une ancienne filiale du groupe Cecab, un abattoir également.

L’abattage breton en volume : 66 % en poulet, 26 % en dindeLes poulets et coquelets représentent 66 % des volumes abattus de volailles en 2017 avec 338 000 tonnes. Entre 2016 et 2017, la hausse enregistrée pour cette catégorie est de 11 400 tonnes, en parallèle du repli des abattages de poules de réforme récem-ment remobilisées à la production, dans le contexte d’œufs contaminés au fipronil. Ces défauts d’approvisionnement en poules de réforme ont mis à mal un temps l’entreprise Socavol, devenue depuis Socanvol suite à sa reprise par l’acteur Casco.

Figure 2 : évolution des abattages des principales volailles de chair en Bretagne en tonnes

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Poulets et coquelets

Coqs et poules de réforme

Dindes

Source : Agreste – DRAAF Bretagne – Enquête mensuelle auprès des abattoirs retraitementChambres d’agriculture de Bretagne, Service Economie - Emploi

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FILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

Les dindes représentent 26 % des volumes abattus en 2017 avec 132 000 tonnes. Ce chiffre se stabilise ces dernières années autour de 140 000 tonnes, après une baisse progressive du fait du désintérêt des consommateurs pour cette viande.

Les autres productions de volailles (coqs, poules de réforme, pintades, canards, oies, pigeons cailles et faisans) sont plus confidentielles. Les abattages de coqs et poules de réforme représentent 22 050 tonnes en 2017 contre 27 175 tonnes en 2008. Les volumes ont atteint plus de 30 000 tonnes en 2011. Les abattages de canards et oies, de 35 000 tonnes il y a dix ans à 21 000 tonnes en 2017, sont en légère reprise ces deux dernières années (+13 % en 2017). Les pigeons, cailles et faisans évoluent depuis 2008 entre 400 et 500 tonnes. Les volumes de pintades abattues ont été divisés par 10 en dix ans pour n’atteindre en 2017 plus que 115 tonnes.

Le Morbihan assure 53 % des abattages de volailles de chair en 2017

Sur les 515 000 tonnes de volailles de chair abattues en 2017 en Bretagne, le Morbihan en a réalisé 53 %, soit 275 000 tonnes. 25 % des abattages sont assurés dans les Côtes d’Armor avec 180 000 tonnes, 22 % dans le Finistère avec 112 000 tonnes. L’Ille-et-Vilaine, avec un seul opérateur présent sur le terri-toire, a un niveau d’abattage confidentiel de moins de 200 tonnes.

Les volumes d’abattage de dindes réalisés dans le Morbihan sont le fait d’outils comme Celvia Saint Jean Brévelay, Société des Volailles de Plouray et CADF.

Montée en puissance du marché françaisLes abattages bretons sont en tendance à la baisse, se rappro-chant des 500 000 tonnes en 2016 et 2017, contre des volumes supérieurs à 550 000 tonnes jusqu’en 2013. Cette baisse de 41 000 tonnes entre 2013 et 2017 s’explique par la diminution des exportations bretonnes des volailles à destination des pays tiers, qui baissent de 106 000 tonnes toutes volailles confon-dues. Ce recul est en partie compensé par la montée en puis-sance du poulet destiné aux marchés français et européen.

Cette impulsion est portée par LDC pour la reconquête du marché français face aux importations et se décline en actions telles que l’alliance conclue en 2015 avec le groupe Avril (ex-Sofiprotéol) avec la reprise d’outils industriels pour proposer des alternatives françaises au secteur de la RHD (restauration hors domicile).

Il n’est pas le seul puisqu’une démarche a été initiée en 2017 entre son concurrent Galliance et le Groupe Le Duff pour appro-visionner en viande de poulet (380 tonnes de hauts de cuisse et filets de poulets) ses 500 enseignes présentes en France (Brioche Dorée, Del Arte et Fournil de Pierre).

Le marché intérieur français est le premier débouché de la filière régionale : il représente 60 % des volumes de produits finis. Le poids du marché intérieur n’a cessé de progresser ces dernières années. A l’inverse, les exportations bretonnes de viande de volaille ont reculé de 36 % en valeur sur les cinq dernières années, principalement sur les débouchés vers les pays tiers. En 2017, les ventes bretonnes à l’exportation de viande de volaille génèrent presque 362 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont la moitié (49 %) vers les pays tiers.

Figure 4 : baisse des abattages bretons de volailles de chair en tonnes

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2017201620152014201320122011201020092008

en tonnes

Source : Agreste – DRAAF Bretagne – Enquête mensuelle auprès des abattoirs retraitementChambres d’agriculture de Bretagne, Service Economie - Emploi

Champ : volumes d’abattage de poulets, coquelets, coqs, poules de réforme, dindes,pintades, canards, oies, pigeons, cailles et faisans

Figure 3 : répartition de l’abattage par espèce et par département

Côtes d’Armor27 %

Finistère27 %

Morbihan46 %

Côtes d’Armor23 %

Dindes en 2017Poulets et coquelets en 2017

Finistère10 %

Morbihan67 %

Source : Agreste – DRAAF Bretagne – Enquête mensuelle auprès des abattoirs retraitementChambres d’agriculture de Bretagne, Service Economie - Emploi

Figure 6 : 60 % des volumes de produits finis sont à destination du marché intérieur

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232 239 203 197 157 133

568 560 555 569 557 554

110 9798 103

9796

France Union européenne Pays tiers

Source : Estimation Chambre d’agriculture de Bretagne d’après Agreste - Statistique Agricole annuelle et la Direction Nationale Statistiques du Commerce Extérieur. Les données sur les tonnages expédiés vers l’Union

européenne et les pays tiers sont issues des statistiques douanières et sont exprimées en Tonnes de Produits Finis.

Figure 5 : baisse continue des exportations bretonnes de viandes de volaille vers les pays tiers

Milliers de tonnes 2013 2014 2015 2016 2017 Evolution

2016/2017

UE à 28 97 98 103 97 96 -1 %

Pays tiers 239 203 197 157 133 -15 %dontArabieSaoudite

109 79 93 81 58 -29 %

TOTAL 336 301 299 254 229 -10 %

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Direction Nationale Statistiques du Commerce Extérieur

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DOSSIERFILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

Et demain ?Face aux évolutions de marchés, la filière volaille de chair change, évolue, s’adapte. L’organisation historique de la filière bretonne est chamboulée et de nouveaux acteurs font leurs apparitions. Reste maintenant à connaître leurs réelles velléités sur le territoire. Des acteurs historiques de la filière volaille française s’implante en Bretagne, des acteurs atypiques s’y essaient aussi, tout comme des entreprises étrangères : la filière avicole bretonne est attractive. Devant ce foisonnement de nouveaux acteurs, seule l’arrivée de la distribution semble peu probable.

L’étude prospective menée par la Chambre d’agriculture permet d’analyser ces nouvelles stratégies pour donner des perspectives à l’ensemble de la filière.

Les attentes perçues lors des enquêtes réalisées pendant cette étude prospective amènent à une adaptation néces-saire des différents maillons de la filière, et notamment des élevages. Cela impliquera nécessairement des coûts pour la filière, ainsi que des besoins nouveaux en forma-tion, pour consolider la performance économique et la compétitivité de chaque maillon de la filière volaille de chair en Bretagne.

L’élevage avicole : une production en baisse avec des moyens vieillissantsLa Bretagne compte 2 025 exploitations de volaille de chair en 2017. Cela représente 3,7 millions de m² de bâtiments dont 233 000 m² (6 %) en production sous label rouge. Elle génère 854 millions d’euros en Bretagne en 2017.

La production de volaille de chair est une production qui se caractérise par une moyenne d’âge des chefs d’exploita-tions de 50 ans, 24 % du parc bâtiment est donc concerné par les départs en retraite d’ici 2025. Le parc bâtiment breton est vieillissant puisque les trois quarts des bâtiments de volaille de chair bretons ont plus de 20 ans. A l’inverse, seuls 14 % d’entre eux ont moins de 10 ans.

Un parc breton très vieillissant

Bretagne, Pays de la Loire et Normandie produisent les trois quarts de la volaille de chair française. La Bretagne à elle-seule réalise 31 % de la production française.

0%

5%

10 %

15 %

20 %

25 %

30 %

35 %

40 %

45 %

Plus de 30 ansDe 21 à 30 ansDe 11 à 20 ansMoins de 10 ans

1411

42

33

Source : Enquête Cravi 2018 auprès des groupements d’éleveurs sur un échantillonreprésentant 45 % des surfaces de la région

Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle 2017 retraitement Chambres d’agriculture de BretagneRépartition de la production de volaille de chair par espèce et par région

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne, à dire d’experts Orientations principales des zones de production

Les poulets à destination des exportations vers les pays tiers sontprincipalement produits dans l’ouest de la Bretagne

La filière avicole de chair bretonne à horizon 2025La Chambre d’agriculture de Bretagne a réalisé début 2018 une étude prospective afin d’offrir aux acteurs de la filière, et plus particulièrement aux producteurs, une vision de plus long terme et les aider dans leurs prises de décisions indivi-duelles et collectives. Les principaux acteurs de la filière ont été rencontrés : industriels, groupements de producteurs, couvoirs.

Les entretiens se sont appuyés sur des scénarios prospec-tifs basés sur une analyse macro-économique des marchés : quatre scénarios ont été construits à partir d’hypothèses d’évo-lution du contexte économique, des marchés et des modes de consommation. Cela a permis de servir de support lors des entretiens pour obtenir la vision et la stratégie des acteurs économiques sur des thèmes stratégiques pour l’avenir : grand export, reconquête du marché français, marché de la dinde, attentes sociétales, organisation de la filière, élevage de demain, emploi, sanitaire.

La synthèse de ces entretiens doit permettre d’appréhender les orientations stratégiques des transformateurs bretons, notamment en termes de marchés, mais aussi d’identifier les leviers pour que chaque maillon de la filière soit compétitif demain.

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FILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

Une baisse des fabrications d’aliment pour les volailles de chair qui s’inscrit dans un repli global de l’activitéL’activité de fabrication d’aliment composé industriel pour les volailles de chair suit la tendance de repli de la production, depuis le retournement des années 1999-2000 : presqu’un million de tonnes produit en moins (973 470 tonnes exacte-ment) entre 2001 et 2017, respectivement à 2,7 et 1,7 millions de tonnes. Cela correspond au niveau d’activité du début des années 1990. Ce recul contribue presque pour moitié (47 %) à la baisse d’activité globale du secteur de l’activité bretonne de fabrication d’aliment pour le bétail sur cette période.

En 2017, l’activité bretonne de fabrication d’aliments pour les volailles de chair représente 29 % des fabrications nationales, 29 % des aliments pour poulets et 46 % pour les dindes. La Bretagne a ainsi produit un peu plus d’un million de tonnes d’aliments pour poulet et moins de 600 000 tonnes d’aliments pour dindes. Cela correspond respectivement à 58 % et 33 % des volumes bretons d’aliments à destination des volailles de chair. Ces ratios étaient de 47 % d’aliment pour le poulet et 44 % d’aliment pour les dindes en 2001 : le déséquilibre s’accentue entre les deux principales catégo-ries d’aliments fabriqués pour la volaille de chair.

Depuis 2001, l’activité de fabrication a en effet fortement reculé à destination des dindes avec 625 000 tonnes en moins d’aliments, couplée à une baisse de 265 000 tonnes d’aliments

pour poulet de chair sur cette même période. Ces replis d’ac-tivité sont à mettre en parallèle de la chute des abattages de viande de volaille et plus modestement aux améliorations des indices de consommation des animaux. Les autres catégories sont également en décrochage : les palmipèdes perdent 45 000 tonnes et les cailles 2 700 tonnes.

Repli généralisé des fabrications des acteurs bretons d’aliments pour volailles depuis 2001 : - 625 000 tonnes d’aliments pour les dindes ; - 265 000 tonnes d’aliments pour les poulets

en tonnes

CaillesPalmipèdesPintadesDindesPoulets

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

20172016201520142013201220112010200920082007200620052004200320022001

Source : Coop de France Nutrition animale et SNIA retraitement Chambres d’agriculture de Bretagne,Service Economie - Emploi

Une diversité de profils d’acteurs de la nutrition animaleLes aliments pour volaille de chair représentent, en 2017, 23 % des volumes d’aliments globaux produits par les acteurs présents en Bretagne, un chiffre relativement stable ces dernières années (24 % sur les dix dernières années, 28 % en 2001), compte tenu de la baisse généralisée de l’ac-tivité du secteur. La plupart des acteurs bretons du secteur de la fabrication d’aliments pour animaux ont une partie de leur activité dédiée à la fabrication d’aliment pour volaille de chair. Ils ne sont pas spécialisés, mais assurent sur un même site la production de différentes formules à destina-tion des volailles, des porcins ou des bovins principalement.

Les acteurs ayant des outils industriels présents sur le territoire régional ont des profils très différents :

- Certains sont présents dans le secteur de l’alimentation animale ainsi que de l’industrie des viandes (Triskalia via ses filiales Ronsard et Nutréa Nutrition Animale),

- Certains sont présents par leur activité de nutrition animale, qu’ils soient à capitaux coopératifs ou privés, et ont des implications différentes dans la filière volaille de chair régionale (Le Gouessant, Sanders, Etablissement Michel, Aliouest…),

- Certains sont des coopératives spécialisées dans d’autres filières mais qui assurent la fabrication d’aliment volaille pour leurs adhérents (Cooperl Arc Atlantique, Even Nutri-tion Animale ou encore Agrial).

Source : Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne

– Chambres d’agriculture de Bretagne d’après les données des CCI de Bretagne – Juillet 2018

Figure 2 : les acteurs bretons du secteur de la nutrition animale en 2018

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DOSSIERFILIÈRE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNE : PANORAMA DES ACTEURS INDUSTRIELS

Accouvage : des acteurs bretons présents à l’internationalLes entreprises de sélection et d’accouvage sont les premiers maillons des filières volailles. Les 14 entreprises basées en Bretagne livrent leur production sur l’ensemble du territoire national, et même au-delà : le secteur de l’accouvage français et surtout celui de la sélection sont globalement exportateurs dans un contexte international particulièrement concurrentiel. 30 % du chiffre d’af-faires total de l’ensemble du secteur sélection-accouvage national est réalisé à l’export.

La Bretagne regroupe 1 million de m² de bâtiments spécialisés dans la production d’animaux reproducteurs. Elle produit 7 millions de poussins par semaine, pour un chiffre d’affaires annuel de 140 millions d’euros. Dans le Grand Ouest, ce sont 800 000 dindonneaux produits chaque semaine, pour un chiffre d’affaire annuel de 180 millions d’euros.

Répartition de l’accouvage breton

Source : FranceAgriMer 2017 - élevages situés en Bretagne et livrant les couvoirs situés en Bretagne. Plusieurs couvoirs situés en Bretagne possèdent des élevages de reproducteurs en dehors de la région Bretagne. Inverse-

ment, plusieurs couvoirs situés en dehors de la Bretagne possèdent des élevages de reproducteurs en Bretagne.

Département Nombre de bâtiments Surface en m2

Côtes d’Armor 420 544 506

Finistère 78 99 529

Ille-et-Vilaine 131 134 365

Morbihan 169 226 654

Bretagne 798 1 005 054

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LE COMMERCE AGROALIMENTAIRE AVEC LE ROYAUME-UNIDÉGAGE UN EXCÉDENT POUR LA BRETAGNE. ET DEMAIN ?

1 Le Royaume-Uni, cinquième client et quatrième fournisseur de la Bretagne

Le Royaume-Uni est le cinquième client de la Bretagne, derrière l’Italie, l’Espagne, la Chine et la Belgique. En 2017, la Bretagne y a exporté 387 millions d’euros de produits agricoles et agroalimentaires (+4 % sur un an). Si la part du Royaume-Uni dans ces exportations bretonnes reste stable à 8 % au cours des cinq dernières années, sa sortie programmée de l’Union européenne soulèvent des interrogations pour l’avenir. Côté importations, les Britanniques sont les quatrièmes fournisseurs de la Bretagne, derrière la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne et devant le Brésil. Les achats agroalimentaires bretons au Royaume-Uni s’élèvent à 243 millions d’euros, d’où un solde excédentaire de 144 millions d’euros en faveur de la Bretagne.

Le Royaume-Uni est un client privilégié de l’agriculture et de l’agroalimentaire bretons, à la cinquième place derrière l’Italie, l’Espagne, la Chine et la Belgique. Le commerce avec les Britanniques dégage un excédent de 144 millions d’euros pour la Bretagne en 2017. La sortie programmée du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait affecter ces courants d’échanges, notamment les 387 millions d’euros de produits bretons exportés de l’autre côté de la Manche. Si beaucoup de zones d’ombre existent sur les modalités et impacts du Brexit, l’analyse des produits et territoires les plus sensibles au marché britannique permet de mettre en avant les secteurs à surveiller.

Le commerce agroalimentaire avec le Royaume-Uni dégage un excédent pour la Bretagne. Et demain ? Gwénola Floc’h-Penn - Service Economie-Emploi des Chambres d’agriculture de Bretagne

Figure 1 : les échanges bretons avec le Royaume-Uni

Export5è clientde la Bretagne387 M€ dont : • 84 M€ de viandes• 49 M€ de produits

laitiers• 31 M€ de légumes

Import4è fournisseurde la Bretagne 243 M€ dont : • 109 M€ de produits

de la pêche et del’aquaculture

• 27 M€ de viandes

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Douanes régionales

Figure 2 : évolution des échanges de produits agricoles et agroalimentaires bretons avec le Royaume-Uni

en millions euros

1002012 2013 2014 2015 2016 2017

200

300

400

500

Exportations Importations

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Douanes régionales

Les chiffres du commerce extérieur par région ou département : méthodologieLes statistiques régionales du commerce extérieur sont établies, tout comme les statistiques nationales, par l’ex-ploitation des informations contenues dans deux docu-ments utilisés par les entreprises pour déclarer leurs exportations : les DAU (Document Administratif Unique : déclaration en douane déposée dans les échanges avec les pays tiers) ou les DEB (Déclaration d’Échange de Biens utilisées dans les échanges intracommunautaire). La ventilation par département (puis par région avec agrégation) est effectuée selon les principes suivants :

À l’exportation : C’est le département d’exportation des marchandises qui est mentionné. Il est bien précisé qu’il s’agit du lieu initial à partir duquel les marchandises sont exportées et non pas le département du siège social de l’entreprise qui exporte.

À l’importation : C’est le département de destination réelle des marchandises importées qui doit être indiqué (et non le département du siège social de l’importateur). Source : http://lekiosque.finances.gouv.fr/Guide

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DOSSIERLE COMMERCE AGROALIMENTAIRE AVEC LE ROYAUME-UNIDÉGAGE UN EXCÉDENT POUR LA BRETAGNE. ET DEMAIN ?

Deal ou No deal ? Les scénarios possibles du BrexitMary Henry (Chambres d’agriculture de Bretagne) et Thierry Pouch (APCA) nous éclairent.

Démarrées en avril 2017, les négociations entre Londres et Bruxelles ont abouti le 14 novembre 2018 à un accord de retrait. Cet accord a été approuvé lors du Conseil européen extraordi-naire du 25 novembre 2018. L’accord prévoit qu’une période de transition pourra s’étaler jusqu’en juillet 2020, et potentiellement prorogeable jusqu’en décembre 2020, voire 2022.

L’accord de retrait s’accompagne d’une déclaration politique relative aux futures relations entre Londres et Bruxelles, qui précise que les négociations relatives aux relations commer-ciales entre Londres et Bruxelles s’étaleront sur deux années. Le Royaume-Uni demeurera dans l’Union douanière tant qu’aucun accord ne sera conclu (clause de sauvegarde dite « Backstop » dont l’objectif est d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord, si aucune autre solution n’est trouvée à l’issue de la période de transition).

Les parlementaires conservateurs, les « Hard Brexiters », craignent que cette période transitoire soit prolongée voire qu’elle devienne pérenne. Il s’agit pour eux d’un risque pour le Royaume-Uni de dépendre encore de l’Union européenne (application du droit européen, accès au marché unique, et impossibilité de négocier des accords de libre-échange avec des pays tiers, mais sans prendre part aux décisions européennes), alors que l’issue du référendum laissait entendre que Londres serait en mesure de recouvrer sa souveraineté politique et économique le plus rapidement possible. D’où la fronde des rebelles conservateurs qui ont réussi à rassembler les 48 députés nécessaires pour organiser un vote de défiance vis-à-vis de Theresa May en décembre dernier. Mais faute d’une alterna-tive crédible à la Première Ministre au sein du parti, la Première Ministre britannique l’a remporté.

Le 15 janvier, les députés britanniques ont sévèrement désa-voué Theresa May en rejetant l’accord de retrait (432 voix contre 202). Ce vote plonge le Royaume-Uni dans une grande incertitude à quelques semaines du Brexit. A ce stade la suite est difficilement prévisible tant les inconnues sont nombreuses.

Parmi les hypothèses envisageables, il y a celle du « no deal ». Il s’agirait alors d’une sortie désordonnée, sans période de tran-sition pour amortir le choc : les relations économiques entre le Royaume-Uni et l’Union européenne seraient régies par les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et une multitude de contrôles douaniers et réglementaires devraient être mis en place en urgence. Ce « no deal » est redouté par les milieux économiques car il fait notamment craindre un effondre-ment de la livre et une montée en flèche du chômage.

Autre hypothèse : Theresa May pourrait demander à l’Union européenne de repousser la date fatidique du 29 mars, afin d’avoir plus de temps pour renégocier l’accord. Difficile tout de même d’imaginer que Bruxelles accepte le report de l’entrée en vigueur du Brexit après les élections européennes de mai prochain. En effet, comme les Britanniques ne doivent pas y participer, il a déjà été prévu de réduire le nombre de députés

au Parlement européen, tout en distribuant certains sièges à d’autres pays. Un report du Brexit après le scrutin pourrait donc venir perturber son organisation.

Conséquences pour les secteurs agricoles et agroalimentaires

Au-delà des craintes pour la stabilité politique du Royaume-Uni, mais aussi pour l’UE à 27, s’ajoutent des craintes d’ordre écono-mique. De chaque côté du Channel les milieux économiques et financiers sont inquiets. En France, l’inquiétude est particu-lièrement forte chez les industriels de l’agroalimentaire et les agriculteurs. Là encore deux grands types de scénarios sont envisageables.

1er scénario. Dans la foulée de la période de transition, un accord de libre-échange est signé, laissant présager d’une fluidité dans la circulation des marchandises et notamment les produits agri-coles et alimentaires. Dans ce cadre, seule la parité monétaire pourrait exercer une pression sur ces flux commerciaux bilaté-raux sachant que la signature d’un accord rassurerait certaine-ment les milieux économiques et financiers, ce qui permettrait un redressement de la parité de la Livre Sterling avec l’Euro. Globalement, en maîtrisant leurs tarifs douaniers, en reconnais-sant les signes de qualité, dont les Indications Géographiques (IG), Londres et Bruxelles maintiendraient alors le rythme anté-rieur des flux commerciaux. C’est le scénario le mieux adapté aux intérêts des entreprises de l’UE à 27 et britanniques.

2nd scénario. Le Royaume-Uni et l’Union européenne ne parviennent pas à conclure un accord commercial. Sans accord, Londres redevient une puissance membre à part entière de l’Or-ganisation mondiale du commerce (OMC). Londres pourrait alors augmenter ses droits de douane sur les biens agricoles et alimentaires, qui, de 26 % aujourd’hui, grimperaient jusqu’à 64 % en moyenne. Les produits laitiers, œufs, sucre, viande bovine, volaille, fruits et légumes, seraient les produits les plus touchés par cet alourdissement des droits de douane britan-niques. A cela s’ajouteraient des barrières non tarifaires et des préjudices importants pour les produits sous signes officiels de qualité. Londres n’est pas du tout encline à reconnaître les IG, par exemple. Dans le même ordre d’idée, en cas de « hard Brexit » donc de « no deal » (comprenez « pas d’accord »), les flux commerciaux de produits animaux pourraient être lourde-ment entravés par le rétablissement des contrôles sanitaires aux frontières, dans le cadre des tensions autour du bien-être animal, Londres pouvant en effet restreindre ses importations d’animaux au motif qu’ils n’ont pas été traités selon les normes britanniques en vigueur. Et si la Livre Sterling reste basse par rapport à l’Euro, l’accès au marché britannique deviendra très difficile pour les exportations des 27 Etats membres de l’Union européenne.

L’Irlande et la France sont exposés au risque de contraction voire de fermeture du débouché britannique. L’Irlande en premier lieu, pour les secteurs des produits laitiers, de la viande bovine et ovine, et la France, principalement dans les domaines des produits laitiers, de vins et boissons et des pommes.

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LE COMMERCE AGROALIMENTAIRE AVEC LE ROYAUME-UNIDÉGAGE UN EXCÉDENT POUR LA BRETAGNE. ET DEMAIN ?

2 Les produits phares de l’agriculture bretonne sur la table des Britanniques

Le premier poste breton à l’export vers le Royaume-Uni concerne le cumul des viandes (84 millions d’euros ; 22 % du total), suivi par les biscuits et pâtisseries fraîches et de conservation (60 millions d’euros ; 16 %) ainsi que les produits laitiers, fromages et glaces (49 millions d’euros ; 13 %). Arrivent ensuite les légumes frais, appertisés et surgelés (31 millions d’euros ; 8 % du total). En dehors de ces produits phares issus de l’agriculture bretonne, le secteur des huiles et graisses pèse pour 71 millions d’euros (18 % du total) mais reflète un courant d’import-export : entrées de graines de soja au port de Brest pour l’usine de trituration puis expédi-tions d’huile de soja au Royaume-Uni.

Si les achats du Royaume-Uni augmentent globalement de 4 % en 2017, c’est principalement lié au bond de ces huiles, tandis que d’autres secteurs enregistrent une baisse signi-ficative, notamment les légumes (-12 millions d’euros ; -44 %) et la viande de volailles (-6,7 millions d’euros ; - 27 %).

Les évolutions entre les neufs premiers mois de 2017 et les neufs premiers mois de 2018 des produits phares régionaux enregistrent également des mouvements contrastés. Baissiers pour les produits laitiers (-11 %), les produits à base de viande tels que les charcuteries et jambons (-19 %), les viandes de boucherie (-7 %), les viandes de volailles (-13 %), alors qu’ils sont plutôt à la hausse pour les légumes et pommes de terre (+27 %), après les conditions climatiques défavorables de 2017.

Tableau 1 : principaux produits agricoles et agroalimentaires exportés de Bretagne au Royaume-Uni

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Douanes régionales

Produits

Exportations Balance commerciale

Montant 2017

en euros

Répartition2017

Évolution2017/2016

Évolution2017/2012

Solde Export-Import 2017

en euros

Huiles et graisses 71 054 596 18 % x2,5 x10 +57 506 715

Viandes de boucherie 43 666 532 11 % -4 % -43 % +18 237 910

Biscuits et pâtisseries de conservation 43 545 063 11 % +8 % x2,8 +18 592 995

Produits laitiers et fromages 42 716 850 11 % +4 % +36 % +32 863 376

Produits du travail des grains 22 091 046 6 % -17 % -26 % +19 423 813

Produits à base de viande 21 592 128 6 % -1 % +10 % +21 523 396

Viandes de volailles 18 248 486 5 % -27 % -56 % +16 856 632

Pain et pâtisseries fraîches 16 939 133 4 % -3 % +37 % +14 003 889

Autres préparations à base de fruits et légumes 15 883 068 4 % -14 % -34 % +14 610 999

Autres produits alimentaires n.c.a. 15 251 788 4 % -20 % -14 % +14 446 646

Légumes et pommes de terre 15 140 437 4 % -44 % -35 % +14 940 094

Préparations à base de poisson 14 618 153 4 % -19 % +101 % -8 717 815

Plats préparés 10 730 385 3 % +14 % +51 % +10 002 560

Aliments pour animaux de ferme 9 109 779 2 % +11 % +18 % +6 520 959

Glaces et sorbets 5 829 856 2 % +35 % x3,6 +5 027 058

Autres produits 20 674 508 5 % 0 % -1 % -111 833 192

Total 387 091 808 100 % +4 % +13 % +144 006 035

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DOSSIERLE COMMERCE AGROALIMENTAIRE AVEC LE ROYAUME-UNIDÉGAGE UN EXCÉDENT POUR LA BRETAGNE. ET DEMAIN ?

3 Les secteurs à surveiller pour les filières agroalimentaires bretonnes

Au-delà de l’évolution de la valeur des exportations, la mesure du poids relatif de la destination Royaume-Uni permet d’iden-

tifier les produits qui pourraient être fortement impactés. Ainsi

plus d’un sixième des exportations bretonnes de légumes

congelés ou surgelés, de bacon et autres charcuteries, de

choux-fleurs, de brocoli et carottes, sont écoulés sur le marché

britannique.

Figure 3 : principales évolutions des exportations bretonnes de produits agricoles et agroalimentaires vers le Royaume-Uni, entre les 9 premiers mois de 2018 et de 2017

Figure 4 : part de la destination Royaume-Uni dans les exportations bretonnes de produits agricoles et agroalimentaires

-40 000 000 -20 000 000-30 000 000 -2 000 000-3 000 000 -1 000 000 0

En euros

Huiles et graisses

Biscuits et pâtisseries de conservation

Produits laitiers et fromages

Produits à base de viande

Autres préparations et conserves à base de fruits et légumes

Préparations et conserves à base de poisson et de produits de la pêche

Viandes de boucherie

Viandes de volailles

Plats préparés

Aliments pour animaux de ferme

Produits de la pêche et de l'aquaculture

Aliments pour animaux de compagnie

3 000 000 4 000 000 5 000 000 6 000 0001 000 000 2 000 000 20 000 000 30 000 000

Autres produits alimentaires n.c.a

Légumes frais et pommes de terre

Produits du travail des grains

Pain, pâtisseries et viennoiseries fraîches

0 %

2 %

3 %

4 %

4 %

4 %

8 %

9 %

11 %

15 %

17 %

18 %

21 %

23 %

24 %

30 %

5 % 10 % 15 % 20 % 25 % 30 % 35 %

Oignons

Viandes de volailles, congelées ou surgelées

Viande de porc, congelée ou surgelée

Tomates

Saucisses et charcuteries similaires

Viandes de volailles, fraîches ou réfrigérées

Fromages

Viande de porc, fraîche ou réfrigérée

Autres plats préparés (y compris les pizzas surgelées)

Autres préparations et conserves à base de viandes

Légumes congelés ou surgelés

Choux-fleurs et brocolis*

Carottes et navets

Viandes de porc découpés, séchés ou fumés (bacon et jambon)

Autres légumes appertisés (hors pois et haricots)

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Douanes régionales

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Douanes régionales(*) Valeur moyenne 2016-2017

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DOSSIER

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4 Des départements bretons différemment exposés au marché britannique

L’analyse des exportations bretonnes de produits agri-coles et agroalimentaires au Royaume-Uni fait apparaître un certain nombre de spécificités par département, en lien avec la localisation des sites agroalimentaires et infrastruc-tures, notamment portuaires. En viande de boucherie (porc et viande bovine), le Morbihan assure près de la moitié des expéditions vers cette destination. Il se démarque en viandes de volailles (51 %) et plats préparés (51 %). En produits à base de viande en revanche (charcuteries, jambons), ce sont les Côtes d’Armor qui assurent 53 % de l’export. Avec 83 % de part de marché à l’export, l’Ille-et-Vilaine domine dans le secteur des biscuits et pâtisseries de conservation (83 % du total breton). 65 % des exportations bretonnes de produits laitiers et fromages vers le Royaume-Uni le sont au départ des sites de production finistériens. Le Finistère domine également dans l’export de légumes (56 %), de préparations à base de poisson (90 %) et de glaces et sorbets (100 %).

5 Des importations bretonnes du Royaume-Uni dominées par les produits de la pêche

Premier poste à l’import, les produits de la pêche et de l’aquaculture du Royaume représentent à eux seuls 45 % des importations agroalimentaires bretonnes en provenance du Royaume-Uni. Leur montant est passé de 80 millions d’euros en 2012 à 108 millions d’euros en 2017, soit une hausse de 35 % en cinq ans. Arrivent ensuite, loin derrière, trois produits pesant chacun 10 % du total : les viandes de boucherie, en net recul (-43 % en cinq ans), suivies par les biscuits et pâtisseries de conservation (+ 30 %) et les préparations à base de poissons et produits de la pêche (+30 %).

LE COMMERCE AGROALIMENTAIRE AVEC LE ROYAUME-UNIDÉGAGE UN EXCÉDENT POUR LA BRETAGNE. ET DEMAIN ?

Tableau 2 : répartition par départements bretons des exportations bretonnes de produits agricoles et agroalimentaires vers le Royaume-Uni en 2017

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Douanes régionales

Côtesd’Armor Finistère Ille-

et-Vilaine Morbihan

Huileset graisses 0 % 100 % 0 % 0 %

Viandesde boucherie 21 % 12 % 21 % 46 %

Biscuits etpâtisseries de conservation 1 % 3 % 83 % 13 %

Produits laitierset fromages 1 % 65 % 28 % 6 %

Produits du travaildes grains 54 % 0 % 27 % 19 %

Produitsà base de viande 53 % 11 % 9 % 27 %

Viandesde volailles 7 % 42 % 1 % 51 %

Pain etpatisseries fraîches 18 % 0 % 30 % 52 %

Autres préparations à base de fruits et légumes 64 % 2 % 4 % 30 %

Autres produitsalimentaires n.c.a. 18 % 11 % 42 % 29 %

Légumeset pommes de terre 28 % 56 % 14% 2 %

Préparationsà base de poisson 3 % 90 % 4 % 3 %

Plats préparés 2 % 10 % 36 % 51 %

Aliments pouranimaux de ferme 13 % 0 % 44 % 13 %

Glaces et sorbets 0 % 100 % 0 % 0 %

Tableau 3 : répartition des principales importations bretonnes de produitsagricoles et agroalimentaires vers le Royaume-Uni

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Douanes régionales

En euros 2017 Répartition Évolution2017/2016

Évolution2017/2012

Produits de la pêche et de l’aquaculture

-108 177 911 45 % +2 % +35 %

Viandes de boucherie -25 428 622 10 % +2 % -43 %

Biscuits et pâtisseries de conservation

-24 952 068 10 % -11 % +30 %

Préparations et conserves à base de poisson et de produits de la pêche

-23 335 968 10 % +44 % +30 %

Huiles et graisses -13 547 881 6 % +45 % +41 %

Céréales(à l’exclusion du riz),légumineuses et oléagineux

-10 360 965 4 % +36 % -52 %

Produitslaitiers etfromages

-9 853 474 4 % +25 % -21 %

Volailles vivanteset oeufs

-6 014 911 2 % +11 % +28 %

Pain etpâtisseries fraîches

-2 935 244 1 % -7 % +130 %

Produitsdu travaildes grains

-2 667 233 1 % +2 % +149 %

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DOSSIER

Quelles que soient les modalités adoptées pour le Brexit, les relations commerciales entre la Bretagne et le Royaume-Uni seront impactées. Au-delà des procédures douanières qui seront mises en place, les échanges commerciaux dépendront aussi de la façon dont l’économie britannique sortira du Brexit, en particulier en terme de croissance et de parité de la livre sterling.

S’agissant de l’agriculture bretonne, la vigilance s’impose notamment pour les produits pour lesquels la destination britannique a un poids relatif important à l’export : légumes transformés et choux-fleurs, viande de porc et bacon, œufs et fromages.

LE COMMERCE AGROALIMENTAIRE AVEC LE ROYAUME-UNIDÉGAGE UN EXCÉDENT POUR LA BRETAGNE. ET DEMAIN ?

Trois questions à Pol Billon, chargé de mission Brexit à la DRAAF Bretagne

Quelles pourraient être les nouvelles contraintes logistiques et réglementaires pour les échanges de produits agricoles et agroa-limentaires entre la Bretagne et le Royaume-Uni ?

Bénéficiant du principe de libre circulation des marchandises, les échanges entre le Royaume-Uni et la Bretagne sont très fluides et s’inscrivent dans des relations commerciales anciennes. Une sortie sèche du Royaume-Uni de l’Union Européenne, sans accord (dans le cadre d’un « hard Brexit »), remettrait en question tous ces mécanismes, pour les importations comme pour les exportations.Tout dépend donc de l’issue des négociations. Si Londres et Bruxelles parviennent à trouver un accord d’ici le 30 mars 2019, alors le Royaume-Uni et l’Union Européenne entreront dans une période de transition jusqu’à fin 2020, avec une possibilité de rallongement de cette période. Pendant ce laps de temps, les formalités concernant les échanges de produits agricoles et agroalimentaires seraient inchangées. Par exemple, aujourd’hui, une marchandise britannique qui entre sur le territoire breton n’est pas soumise à des contrôles sani-taires et phytosanitaires (SPS). Si le Royaume-Uni sort de l’Union Européenne, la réglementation relative aux pays tiers entrera donc en vigueur. Or, une marchandise issue d’un pays tiers doit être soumise à ce contrôle SPS effectué dans un poste frontalier lorsqu’elle est introduite sur le territoire d’un État membre. Ces contrôles sont effectués par les agents du SIVEP (service d’ins-pection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières) et sont plus ou moins exigeants selon le type de produit. En effet, les lots importés seront tous soumis à un contrôle documentaire puis, en fonction des risques et de la nature des marchandises, un contrôle identitaire (conformité) voire physique (analyses) pourra être exigé. Au-delà du contrôle SPS, il faut bien comprendre que tout type de marchandises venant d’un pays tiers doit passer par un processus plus vaste de dédouanement.

Comment se préparer à ces changements ?Concernant les exportations, en cas de « hard Brexit », les autorités britanniques sont susceptibles d’exiger un certificat sanitaire ou phytosanitaire : les lots exportés au Royaume-Uni devront être accompagnés d’un certificat qui garantit le respect des exigences britanniques en termes de sécu-rité SPS. Néanmoins, les autorités britanniques n’ont, à ce jour, pas communiqué leurs exigences de certification.Étant donné l’urgence et l’incertitude de la situation, le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a mis en place des mesures exceptionnelles pour faire face à l’éven-tualité d’un « hard Brexit ». En relation étroite avec les services de l’État (la DRAAF et les Directions Départementales), les gestion-naires des points d’entrée se préparent pour la mise en œuvre d’un contrôle SPS des marchandises. Cette préparation repose sur deux leviers :1. La création d’infrastructures dédiées aux contrôles sanitaires et

phytosanitaires sur les points d’entrée,2. Le recrutement d’agents du SIVEP supplémentaires pour

absorber la hausse d’activité liée au Brexit.Où les entreprises peuvent-elles se renseigner sur ces nouvelles contraintes ?Le gouvernement a mis en ligne un site qui recense l’ensemble des informations à destination des entreprises. Aussi, des adresses mail par service de l’État ont été créées pour répondre aux ques-tions liées au Brexit. Localement, les services du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation se tiennent à disposition des entreprises pour toutes demandes d’information sur le Brexit.De plus, Bretagne Commerce International organise, en partena-riat avec les Douanes, des réunions d’information sur les formalités douanières et sanitaires qui seront à mettre en œuvre en cas de « hard Brexit ». Ces échanges sont destinés aux entreprises qui commercent avec le Royaume-Uni et qui ne sont pas familières avec toutes ces démarches.Adresses utiles :• Portail interministériel du Gouvernement sur le Brexit :

brexit.gouv.fr• Page Brexit sur le site Internet du Ministère de l’agriculture et de

l’alimentation : agriculture.gouv.fr/brexit • Messageries électroniques destinées à recueillir vos questions :

[email protected] ; [email protected] ; [email protected]

• Pour répondre à vos interrogations, Denis Aubault, coordon-nateur régional Brexit de la DRAAF se tient à disposition : [email protected]

Source : Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt

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Flashs agroalimentaires

1. Côtes d’Armor

I.D Fruits reprise par Sobreval

I.D Fruits, spécialisée dans les fruits élaborés, filiale du pôle alimentaire d’Euralis (15 570 salariés pour un chiffre d’affaires de 1,43 milliard d’euros), passe dans le giron de Sobreval. Située à Yffiniac, elle fabrique des compotées, brochettes, coulis, terrines de fruits… et emploie 25 salariés pour un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros. Sobreval (15 millions d’euros de chiffre d’affaires, 122 salariés) située à Jugon-les Lacs est spécialisée, quant à elle, dans les légumes cuisinés et fabrique aussi des verrines (mousse au chocolat, panna cotta….).

Marie Morin s’agrandit toujours plus

Après son projet d’implantation de restaurant (cf. Revue de l’Observatoire des IAA n°131 - octobre 2018), l’entreprise familiale Marie Morin prévoit dorénavant d’agrandir son atelier de production pour passer de 3 400 à 5 200 m² fin 2020. Spécialisée dans les desserts frais haut de gamme, sans colorant, ni conservateur et exhausteur de goût, elle réalise 80 % de ses ventes en grande distribution. Cet investissement, d’un montant de 4,5 millions d’euros va lui permettre de répondre à la demande de la restauration hors foyer. L’entreprise qui réalise un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros compte 55 salariés. Tous les produits sont commercialisés sous sa marque, avec 45 % du chiffre d’af-faires assurés uniquement par son produit phare la mousse au chocolat. Marie Morin élabore aussi des produits bio qui représentent 10 % des ventes avec huit références (mousse et moelleux au chocolat, crème brûlée, et yaourts). L’entre-

prise réfléchit à une évolution de ses emballages pour en diminuer l’impact environnemental.

La Crêperie de Guerlédan change de main et poursuit son développement

En janvier, la reprise de l’entreprise, connue sous le nom de Saveurs de Haute Bretagne est annoncée. Marc Rodzko cède la gestion de l’affaire à Johann Bazin, un jeune chef d’entreprise rennais qui a travaillé dans l’hô-tellerie malouine notamment. Créée en 2002, l’entreprise est spécialisée dans la fabrication de crêpes et de galettes. L’usine va se doter de deux nouveaux bâtiments, l’un pour l’emballage et l’autre pour le stockage froid. L’outil va passer de 1 800 à 2 300 m². Pour ce projet qui représente un investissement de 500 000 euros, l’entreprise a béné-ficié d’une aide de Loudéac Communauté Bretagne Centre. Ses produits sont actuellement destinés aux grandes et moyennes surfaces, aux collectivités ainsi qu’à des asso-ciations de la région. L’objectif est de se développer sur le marché en région parisienne. La crêperie réalise plus de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 55 salariés.

LCP Food Ingredients reprise par Bioprox

Spécialisée dans la production et la commercialisation d’en-zymes et de coagulants, LCP Food Ingredients qui emploie 12 salariés est située à Prat. Crée en 1993, elle dispose d’un outil de 12 000 m² et commercialise ses produits sur toute la France ainsi qu’à l’exportation. Elle est reprise par Bioprox située à Noyant (Maine-et-Loire). Spécialisée dans les ferments lactiques lyophilisés pour la fabrication de produits laitiers et de probiotiques en compléments alimentaires, c’est le pôle industrie alimentaire et solutions biotechnolo-giques de Proxis Développement. Bioprox réalise 12 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 75 salariés.

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Bio3G passe sous le contrôle d’Eléphant Vert

Créée en 1998 à Merdrignac, Bio3G propose aux agricul-teurs et aux professionnels des espaces verts, une tren-taine de produits naturels fabriqués dans deux usines. Elle compte 350 salariés (dont 250 commerciaux) en France, en Suisse et en Belgique pour un chiffre d’af-faires prévisionnel 2018 de 40 millions d’euros. Eléphant Vert dispose de huit unités de production d’amende-ments organiques, biofertilisants, biostimulants et biopesticides 100 % naturels. Elle a été créée avec le soutien de la Fondation Antenna, spécialisée dans la recherche, l’adaptation et le transfert de technologies innovantes permettant de lutter contre la pauvreté. Elle est implantée en France, au Mali, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Kenya et au Sénégal. Après avoir déjà repris l’an dernier, Or Brun, une PME vendéenne spécialisée dans les engrais organiques vendus en jardinerie, ce nouveau rapprochement va permettre de déployer un réseau de PME en Europe. Eléphant Vert envisage aussi de développer une base industrielle et commerciale dans neuf pays d’Afrique. Chacune des deux entreprises conserve ses marques, ses implantations et ses effectifs salariés.

Cooperl Arc Atlantique rachète Siba

Siba a été mise en liquidation judiciaire en mars 2018. Ce fonds de commerce de vente de viande en gros, demi-gros, triperie et viande de porc frais est situé au Min de Rungis. Sa reprise va permettre au groupe Cooperl d’être présent dans le nouveau bâtiment porc de 11 500 m² de Rungis qui doit être inauguré en mars ou avril 2019. La coopérative y retrouvera des entreprises spécialisées dans la découpe porcine (Bigard, Jauno et Porcgros) ainsi que des fournisseurs d’accessoires. Cette acquisition permet aussi à la coopérative de prendre une participation dans la société Berneau. Siba possédait des actions de cette société spécialisée dans le commerce de gros de viandes de boucherie.

Luximer déménage à Saint-Quay-Portrieux

Créée par le fils d’un ostréiculteur, il y a une dizaine d’an-nées, cette entreprise vend des poissons frais, des crustacés et des coquillages uniquement à partir de son site Internet. Les produits proviennent des ports du nord de la Bretagne. Ils sont emballés sous vide puis expédiés dans un colis auto-réfrigéré par l’intermédiaire de la filiale Chronopost-food, partout en France. Grâce à un investissement d’1,5 million d’euros, Luximer va déménager de Lanmodez au port de Saint-Quay-Portrieux, dans un bâtiment de 750 m². On y trouvera un centre de transformation et de préparation des commandes, une salle de restaurant, une boutique et un espace pour des séminaires d’entreprises. L’entreprise emploie trois salariés.

Vital Concept investit

Vital Concept est spécialisée dans la vente à distance de matériels pour l’agriculture. Elle est présente aussi dans les métiers du cheval avec la marque Equidéos et auprès des professionnels des espaces verts. Elle compte 230 salariés dont 40 chauffeurs basés sur toute la France et devrait atteindre 70 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018. Basée à Loudéac, l’entreprise va y investir 2 millions d’euros afin d’agrandir le siège social qui va passer de 2 000 à 4 000 m². Cela va permettre d’améliorer les conditions de travail et de développer la télévente. A Vern-d’Anjou (Maine-et-Loire), Vital Concept investit 700 000 euros dans l’agrandissement de sa surface de stockage qui va passer de 600 à 1 200 m² et le magasin de 450 à 950 m².

La biscuiterie Brieuc lance une gamme végane

Créée en 2006, la biscuiterie propose des produits conven-tionnels et des produits bios (cf. Revue de l’Observatoire des IAA n°130 – Juillet 2018). Afin de développer le nombre de références elle va mettre en place une gamme de produits pour l’alimentation végane en 2019.

Nathalie Le DrezenChargée de mission

Chambres d’Agriculture de Bretagne

2. Finistère

Distillerie des Menhirs : une nouvelle cave pour suivre l’activité

La Distillerie des Menhirs est installée à Plomelin depuis 1998, année de création de l’entreprise de production de whisky au blé noir. Après la construction de la première cave de 700m2 et de la salle des alambics en 2006, 2019 va voir l’ouverture d’une deuxième cave aux mêmes dimen-sions dans un bâtiment accueillant également les bureaux et une salle de réunion ayant vue sur la cave. L’investis-sement s’élève à 900 000 euros. Le bâtiment sera équipé de panneaux photovoltaïques accompagnant l’autono-misation énergétique de l’entreprise. Cet investissement accompagne le développement de l’entreprise familiale créée par Guy Le Lay sur la base d’une histoire familiale quasiment centenaire et aujourd’hui dirigée par ses trois fils qui se sont partagés la tâche (production, gestion, commer-cialisation). Avec 130 000 bouteilles écoulées par an et un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros en 2018, l’agrandis-sement va permettre une augmentation des volumes et une prospection plus importante à l’export qui ne représente aujourd’hui qu’un pourcent des ventes.

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Malterie de Bretagne : finalisation du projet

L’idée puis le projet sont dans les tuyaux depuis plusieurs années, portés par l’élan de création de brasserie en Bretagne (plus d’une centaine à l’heure actuelle). En 2018 est créée la Malterie de Bretagne à Scaër sous la forme d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) présidée par Jean-Noël Attard, également dirigeant d’Energie du Finistère. La coopérative regroupe 53 agriculteurs produisant de l’orge bio et 14 brasseurs bretons dont les trois plus importants (Brasserie de Bretagne, Brasserie Coreff et Brasserie Lancelot). L’outil semi-industriel mis en place vise à une conduite innovante et éco-responsable du maltage. Dans ce cadre, la démarche est soutenue par la Région Bretagne et le Programme Investissement d’Avenir. Le budget pour les deux années à venir est de 1,25 million d’euros et devrait déboucher sur cinq emplois. L’objectif est de produire et malter 1 500 tonnes d’orge par an. Les brasseurs se sont engagés à utiliser ce volume d’orge et les agriculteurs bénéficieront d’un prix de soutien. Jusqu’à présent les orges étaient maltées dans l’est de la France, en Belgique ou en Allemagne.

Pichon : reprise par le danois Samson Group

Les Etablissements Pichon sont repris en janvier 2019 par le danois Samson Group. L’entreprise familiale fondée en 1970 à Guipavas s’était développée et spécialisée dans la production de tonnes à lisier, secteur où elle occupait la position de leader. En 2009, l’entreprise acquiert une usine de production en Pologne afin de se développer sur le marché d’Europe de l’Est. En 2015, Pichon avait fait l’acquisition de la société Gilibert (Isère). En 2016, Pichon s’installe dans une nouvelle usine de 22 000 m2 à Landivi-siau, un investissement de 15 millions d’euros. L’entreprise assure un chiffre d’affaires annuel de 30 millions d’euros. En novembre 2018, la société est mise en redressement et Gilibert cesse définitivement son activité. Dorénavant les deux unités de production de Pichon (à Landivisiau et en Pologne) sont danoises. Elles viennent renforcer l’unique usine de Samson à Viborg, qui selon eux sera prochai-nement trop petite. Globalement les salariés du site de Landivisiau sont conservés et une société sera créée sur place (Samson Agro). La marque Pichon devrait également être conservée.

Brasserie de Bretagne : une nouvelle usine fin 2019

Brasserie de Bretagne (Trégunc) est l’entité de produc-tion et de commercialisation des bières Britt, St Erwann, Dremmwel (bio) et Ar-Men. L’entreprise a été fondée en 1998 (Brasserie Britt) et ne cesse depuis de se développer. En 2018, elle a atteint un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros et emploie 47 personnes. Afin de poursuivre cette croissance, l’entreprise investit 10 millions d’euros dans la construction d’une nouvelle usine de 7 500 m2 à

Concarneau. Ce nouvel outil lui permettra de passer d’une production de 6 à 10 millions de litres de bière par an. Cette nouvelle usine se verra accoler une boutique et un bar doté d’une Licence IV. Le nouveau dirigeant, Marc-Olivier Bernard, a pris la succession de François Quellec en août 2017. Les quatre marques de bières sont aujourd’hui distri-buées dans la Bretagne historique et en région parisienne. L’objectif est d’étendre progressivement la diffusion de ces produits aux autres régions françaises, à travers les réseaux de grandes et moyennes surfaces et des débits de boissons.

Youenn LohéacEnseignant chercheur en Economie

Brest Business School

3. Ille-et-Vilaine

Malo innove encore

La Laiterie de Saint-Malo qui emploie 200 salariés, vient de fêter ses 70 ans. Après avoir mis au point de nouvelles recettes cette année (emprésuré de chocolat bio et équi-table, fromage frais rhum raisin), cette filiale du groupe Sill depuis 2008, compte bien continuer à innover en 2019. Elle va ainsi lancer une nouvelle gamme de produits en conven-tionnel et en bio. De plus, afin de toucher une nouvelle clientèle, elle va créer de nouveaux formats de yaourts. Elle va investir aussi en 2019 dans de nouveaux matériels et notamment dans un nouveau concentrateur. Son chiffre d’affaires de 95 millions d’euros (40 % à l’exportation) est réalisé à 55 % par l’ultra-frais, le reste grâce à la vente de poudre de lait spécifique pour l’industrie chocolatière. Les produits issus de l’usine de Saint-Malo sont fabriqués à partir de lait fourni par une centaine de producteurs basés entre Saint-Malo et Fougères, sauf pour les produits bio pour lesquels la zone de production laitière est étendue à toute la Bretagne.

Parquest Capital, actionnaire majoritaire de Sopral

Sopral (107 salariés, 38 millions d’euros de chiffre d’af-faires), est une filiale du groupe Avril depuis 2010. Elle est spécialisée dans la formulation, la production et la commercialisation de solutions nutritionnelles innovantes pour chien, chats et chevaux. Les produits sont vendus dans plus de 50 pays. Elle connaît depuis quelques années une forte croissance grâce aux produits haut de gamme pour les animaux de compagnie. Elle compte deux implantations, à Pléchâtel et son siège à Guichen. La société de capital investissement, Parquest Capital, devient son actionnaire majoritaire aux côtés d’Avril (via Sofiprotéol), d’Idia Capital Investissement, Agro Invest et Unexo.

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Grand Saloir Saint-Nicolas acquiert Breton Distribution

Le grossiste aveyronnais Breton Distribution est le leader de la distribution de charcuteries, salaisons et produits traiteurs en Midi-Pyrénées. Il fournit les artisans, la grande distribution et la restauration collective en spécialités locales comme l’aligot, le jambon de coche à l’os ou le porc de l’Aveyron notamment. Il emploie une trentaine de salariés pour un chiffre d’affaires de plus de 11 millions d’euros. Grand Saloir Saint-Nicolas, appartient à Loste Tradi-France qui fait partie groupe CA Traiteur et Salaison. Celui-ci compte dix sites de production en France et cinq sites de distribution. L’usine bretonne de charcuteries, située à Breteil, a été construite en 2017 en remplacement de celle de Montfort-sur-Meu. Cette opération permet au groupe (1 600 salariés) qui était présent dans le nord-ouest et en Provence de renforcer son dispositif de distribution en Occitanie.

La Mère Poulard veut renouer avec la croissance

La Mère Poulard, propriété d’Eric Vannier depuis 1986, veut renouer avec la croissance. Déjà en 2018, elle a proposé sept nouvelles recettes, une gamme de dix coffrets monoproduits et revu son packaging, épuré avec un logo simplifié. Avec la volonté de se recentrer sur la grande distribution, la Mère Poulard a lancé en juin, en exclu-sivité chez E.Leclerc, des produits de pâtisserie à pâte jaune, en sous-traitance avec un fabricant breton. En début d’année 2018, l’entreprise a mutualisé sa force de vente avec l’américain Merisant (Canderel) soit une quarantaine de commerciaux. La croissance va se poursuivre en 2019, avec la sortie d’un livre de recettes. L’objectif de la Mère Poulard est d’atteindre une croissance de 20 à 30 % en 2019. Elle veut mettre en avant la simplicité de ses recettes, sans conservateur, ni colorant et la qualité de ses ingré-dients, avec ses produits pur beurre.

Les Transports STG rachetés par Hivest Capital Partners

L’entreprise familiale STG Transports, située à Noyal-sur-Vilaine compte 1 600 camions et 3 500 salariés pour un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros. Devenue le numéro deux du transport sous température dirigée, elle dispose de 35 plates-formes en France. Grâce à sa filiale STG & Nagel Logistique, dans le cadre d’un partenariat avec le transpor-teur allemand Nagel, elle bénéficie aussi d’un rayonnement à l’international. Les frères Gautier ont cédé 75 % de leurs parts à une société parisienne de capital-investissement, Hivest Capital Partners. Créée en 2016, elle a levé pour 120 millions d’euros, notamment auprès de Bpifrance et du Fonds européen d’investissement, complétés par des investisseurs privés. Cette opération va permettre à STG de faire face aux nouveaux enjeux en logistique et froid : la production « zéro CO2 », la traçabilité logistique en

temps réel, la concurrence européenne accrue, etc. Hivest Capital Partners a déjà réalisé trois opérations importantes, avec la reprise du fabricant de cartes électroniques Eolane à Angers et les fruits en conserve Saint-Mamet (en parte-nariat avec le groupe coopératif d’Aucy).

Nathalie Le DrezenChargée de mission

Chambres d’Agriculture de Bretagne

4. Morbihan

SBV lance Poule et Toque pour la restauration hors foyer

La Société Bretonne de Volaille (SBV), qui regroupe les activités bretonnes du groupe LDC, souhaite développer son offre pour les professionnels de la restauration. Elle créé la marque Poule et Toque, forte de plus de 500 réfé-rences en prêt à cuire, prêt à réchauffer et prêt à servir, élaborés et conditionnés dans ses douze sites industriels. Ce développement s’accompagne d’une simplification de la logistique de livraison et d’une harmonisation du système de facturation entre les douze sites : il n’y aura doréna-vant plus qu’une seule facture par commande de client. Une plate-forme d’expédition de produits frais de 3 500 m² devrait ainsi voir le jour à Ploërmel en avril 2019, à proxi-mité de celle dédiée aux produits surgelés. En parallèle, pour faire face à la forte demande en produits cuits, SBV prévoit d’installer une nouvelle ligne de production au prin-temps 2019 dans son unité Robichon à Saint-Thuriau.

Olmix à la conquête

Le groupe morbihannais Olmix, spécialisé dans la valori-sation des algues, aura eu une année 2018 riche en acqui-sitions. En ouvrant un second restaurant à Pontivy après celui de Bréhan, le groupe confirme son intérêt à investir le marché de la restauration hors domicile avec son offre notamment de viande de volailles Saga (Sans antibiotique grâce aux algues). En parallèle, le groupe a acquis une boucherie à Pontivy, une nouvelle vitrine pour développer le concept « Merci les algues » du groupe. Côté acqui-sitions, le groupe reprend, pour son activité de nutrition végétale, le britannique Micromix Plant Health (3,6 millions d’euros de chiffre d’affaires). Basée près de Nottingham, il est très présent sur le marché du Royaume-Uni et à l’export. Dorénavant, le morbihannais possède des parts dans la société costarmoricaine Amendis (10,3 millions d’euros de chiffre d’affaires), spécialisée dans la fertilisation organique et qui détient un site de fabrication à Plaintel, Agronor. Puis en novembre, c’est au tour de Cimaprem, une entreprise en difficultés basée à Rieux (56) et spécialisée dans la valorisa-tion d’extraits d’algues marines à destination de plusieurs secteurs dont l’agroalimentaire.

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F L A S H S A G R O A L I M E N T A I R E S

Pas de reprise de la Trinitaine par Pâtisseries Gourmandes

Les deux entreprises étaient rentrées en négociations exclu-sives à l’été (cf. Revue de l’Observatoire des IAA n°130 – Juillet 2018). Finalement la filiale du Groupe Roullier, Pâtisseries Gourmandes, renonce à la reprise de l’activité industrielle de la biscuiterie morbihannaise, les deux indus-triels faisant savoir qu’il était « impossible de réunir les conditions indispensables à la finalisation du projet d’ac-quisition de l’activité industrielle de la Trinitaine » d’après leur communiqué.

Soleval poursuit son activité pour un an encore

Dans le cadre sa restructuration Soleval, la filiale du groupe Akiolis, avait annoncé courant 2017 le transfert d’une partie de son activité de traitement des sous-pro-duits de porcs pour le débouché pet food, de son unité de Pontivy vers son site de Javené (35), en cours d’agran-dissement (cf. Supplément de la Revue de l’Observatoire des IAA Bilan des restructurations n°129 – avril 2018). Finalement, ce transfert n’interviendrait que dans un an, en juin 2020.

Matines passera en production d’œuf alternatif à 100 %

Filiale du groupe Avril, Matines basée à Evellys est le leader français de l’oeuf de consommation avec une production de 300 millions d’oeufs coquille par an issus d’élevages répartis sur l’ensemble du territoire national. En réponse aux attentes fortes des consommateurs sur les oeufs coquilles, l’acteur s’engage à commercialiser d’ici 2025 exclusivement des oeufs issus de modes de produc-tion alternatifs, avec des poules élevées au sol, en plein air ou en système bio. Il garantit aussi que cette transition de modèle se fera sans importation d’oeufs étrangers. Cet engagement est renforcé par un partenariat signé avec CIWF, une ONG dédiée au bien-être des animaux d’élevage.

Julie RioChargée de mission

Chambres d’Agriculture de Bretagne

5. Bretagne

Sovipor-La Trinitaise se modernise

Reprises en 2016 par le groupe morbihannais Olmix, les unités Sovipor à Merdrignac (22) et à La Trinité-Porhoët

(56), spécialisées dans la découpe et la transformation de viande de dinde notamment, souhaitent améliorer leur performance énergétique. Les travaux engagés s’élèvent à 2 millions d’euros pour la rénovation de la distribution de froid des sites. La société espère ainsi réaliser 77 000 euros d’économies par an sur sa facture énergétique.

Olmix et la Sica Saint-Pol s’associent pour Agrival

Agrival, filiale de la Sica Saint-Pol-de-Léon (29) depuis 2010, est spécialisée dans la valorisation des coproduits de sa maison mère. Elle développe notamment tout une gamme de jus de légumes 100 % bretons, présentés en bouteille, à marque Green4You, à l’aide d’une ligne de production spécifique sur le site de Plouénan. L’entreprise développe également des extraits de légumes à destination de l’industrie des plats cuisinés, des poudres et des eaux de légumes. Courant décembre la coopérative légumière du Léon et Olmix Group, basé à Bréhan (56), ont annoncé vouloir assurer conjointement le développement d’Agrival en renforçant leur collaboration initiée il y a déjà quelques années. Cela se concrétise par la création d’une société commune dont Olmix Group sera l’actionnaire majori-taire et qui aura en charge une activité de collecte et de raffinage d’algues, une première étape d’un process de fabrication de produits destinés au secteur de la nutrition animale notamment.

Triskalia, Socopa et des transformateurs fournissent Système U

Signature d’un contrat entre le groupement porc Triskalia, Système U, Socopa et quatre charcuteries industrielles (Brient, Salaisons du Mâconnais, Stemmelen, France Salaisons) pour la fabrication de produits de charcuteries (jambon, saucisson, rôti, lardons) à la marque U. L’appro-visionnement des 3 000 porcs par semaine sera assuré par le groupement porc Triskalia selon un cahier des charges garantissant des porcs français, nourris avec une alimen-tation Bleu Blanc Coeur à base de graines de lin, sans OGM, élevés sans antibiotique après 42 jours. Respect du bien-être animal et de l’environnement font également partie du cahier des charges. A la signature du contrat, les acteurs s’engagent pour une durée de trois ans minimum renouvelable, sur un prix du porc perçu par les produc-teurs, indexé sur le prix de l’alimentation animale et révisé chaque trimestre. Les produits seront identifiés en magasin avec un nouveau packaging au second semestre 2019. L’ambition affichée est de multiplier par trois les volumes fournis d’ici deux ans. Cela sera rendu possible avec le concours d’autres groupements déjà fournisseurs de porcs de Socopa (Agrial, Terrena). Triskalia n’en est pas à son premier coup d’essai puisque le groupe coopé-ratif est déjà partenaire de Système U depuis plusieurs années dans le secteur des légumes.

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F L A S H S A G R O A L I M E N T A I R E S

Leclerc lance un nouveau lait segmenté en partenariat avec Orlait

Le groupe Leclerc a annoncé le lancement en février prochain d’un nouveau lait éthique sous sa marque propre. Dénommé Délisse engagé, ce lait sera issu de vaches nour-ries sans OGM, bénéficiant de 150 jours de pâturage en moyenne et d’une vigilance portée au bien-être animal. L’approvisionnement sera assuré par Orlait, une structure commerciale regroupant des coopératives laitières Agrial, CLAL Saint-Yvi, Lact’Union, SLVA et Sodiaal. Orlait se consacre au marché du lait de consommation vendu sous marque de distributeurs, sous marques régionales et premiers prix. Notamment connue pour son lait vendu sous la marque J’aime le lait d’ici, cette structure a pour action-naire majoritaire le groupe Sodiaal par l’intermédiaire de sa filiale Candia. Le cahier des charges du lait Délisse engagé reprend les mêmes dispositions que celui des Laitiers Responsables de Sodiaal. Ce partenariat constitue donc pour Sodiaal un débouché supplémentaire pour son lait produit sous ce cahier des charges, sous une marque de distributeur premium, sans ajout de contraintes ni de coûts supplémentaires. Pour le distributeur, cette initiative n’est pas une première : au second semestre 2017 déjà, en pleine crise laitière, il avait garanti un prix de 350 €/1 000 litres aux éleveurs dont le lait était valorisé en lait de consomma-tion vendu sous sa marque Délisse. Ces dernières années, il a également développé d’autres initiatives régionales visant à différencier le lait de consommation telles que le Lait Vachement Normand produit avec la fromagerie Gillot, ou encore le lait des éleveurs Hauts-de-France issu d’un partenariat avec la coopérative Prospérité Fermière et le groupe Lact’Union (membres d’Orlait).

Réorganisation industrielle chez Neuhauser

Le boulanger industriel Neuhauser, division du groupe Soufflet, fait toujours face à des difficultés financières. Il se restructure une fois de plus en 2018, après un premier plan en 2017 qui s’était soldé par la fermeture notamment de son site de Terville en Moselle et la suppression de 110 postes sur les trois sites de Sainte-Hermine (85), Maubeuge (59) et Folschviller (57). Ce sont les sites du bassin mosellan qui sont concernés par ce plan, dont le site Furst 1 à Folschviller (57) fermerait avec la suppression de 185 emplois, qui vien-draient s’ajouter aux 42 postes supprimés dans plusieurs sites logistiques de l’Hexagone. L’activité de fabrication de produits frais de cette unité serait dorénavant assurée par un des sites bretons du groupe, celui de Bréal-sous-Vitré (35), ex-Brialys.

Julie RioChargée de mission

Chambres d’Agriculture de Bretagne

6. France et International

Agrial et son nouveau modèle phygital

Le groupe coopératif normand Agrial souhaite renforcer son pôle de distribution rurale de proximité avec une nouvelle enseigne LaMaison.fr. Sur les 280 magasins détenus par le groupe, à marque Point Vert ou encore Gamm Vert, 130 magasins opéreront ce changement d’ici mars 2019. Agrial souhaite moderniser son concept, tout en conser-vant ses originalités : associer sur un même site des offres produits pour ses adhérents agriculteurs mais aussi pour le grand public et comme multispécialiste, allant du bricolage à l’animalerie en passant par la jardinerie. Au-delà d’un changement de nom, le nouveau modèle est tourné vers le phygital, alliant le physique (les magasins et leurs conseil-lers) et le digital. Dans cette orientation, sont prévus un site de e-commerce mais aussi des services associés via des applications smartphone (type click-and-collect) ou encore l’utilisation de tablettes directement sur les lieux de vente, dans le cadre d’espace d’échange baptisé Le Comptoir des projets, placé au cœur de magasins. Un moyen également d’assurer la promotion de ses marques de produits alimen-taires, non présents dans les nouveaux magasins pour ne pas faire de concurrence à ses propres clients de la grande distribution, à proximité... Objectif : doubler le chiffre d’affaires du pôle soit 600 millions d’euros d’ici 2025, la conquête de clients néo-ruraux et deux millions de visiteurs sur le site de e-commerce.

Le contrat stratégique de la filière agroalimentaire est signé

Richard Girardot, président de l’Ania et, à ce titre, président du comité stratégique de filière, et Dominique Chargé, président de Coop de France agroalimentaire, ont signé le 16 novembre avec Didier Guillaume, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, le « Contrat stratégique de la filière alimentaire » lancé dans le cadre du Conseil national de l’industrie. Cette nouvelle feuille de route est resserrée sur la transformation agroali-mentaire, comparativement au précédent contrat signé en 2013 qui incluait les représentants du monde agricole, de l’alimentation de détail et les syndicats de salariés. Via 7 actions (contre 36 dans le précédent contrat), ce « plan de reconquête industrielle » met l’accent notamment sur la numérisation des informations sur les produits alimentaires, porté par le projet Num-Alim, le développement des proté-ines du futur, la valorisation de la richesse des banques de ferments et le développement des compétences métiers. Sur ce dernier point, la Bretagne a manifesté son intérêt pour des expérimentations territoriales intersectorielles.

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F L A S H S A G R O A L I M E N T A I R E S

En parallèle, l’organisation GS1 (association mondiale d’en-treprises, spécialisée dans traçabilité), la fondation Avril (pour l’amont agricole) et le fonds FFAS (Fonds français pour l’alimentation et la santé) porté par les industriels et l’Ania ont donc lancé Num-Alim, la base de données sur les produits alimentaires, alimentée par les industriels. Une manière de contrer certaines applications alimentées par les consommateurs. Ce catalogue numérique centrali-serait et publierait des données non confidentielles sur les aliments commercialisés en France. Opérationnelle d’ici 18 mois, la plate-forme numérique connectera plusieurs bases de données dont une sur les conditions de production agricole (cahiers des charges, pratiques culturales, mode d’élevage).

Tout savoir sur les charcuteries

La Fédération française des industriels charcutiers lance sa plate-forme interactive «Questions Charcuterie» pour établir une discussion entre les professionnels de la char-cuterie et les consommateurs. Les entreprises souhaitent redonner confiance dans la charcuterie industrielle en expliquant ce qu’elles font. La plate-forme propose des réponses à des questions issues de réunions entre indus-triels et consommateurs mais aussi des interrogations issues de forums ou de réseaux sociaux. Différents formats de supports sont utilisés : textes, vidéos, infographies et diaporamas photos avec voix off. Une dizaine d’entreprises comme Brocéliande, Herta, Delpeyrat, adhérentes à la FICT ont participé à l’élaboration des réponses aux questions que se posent les consommateurs, comme « Est-ce que les animaux sont bien traités ? Avec quoi fait-on les rillettes ? Pourquoi certaines charcuteries contiennent encore des additifs comme les nitrites ? ». On peut y trouver aussi des informations sur la valeur nutritionnelle des produits charcutiers et des suggestions de recettes pour intégrer les charcuteries à ses menus. Créée en 1924, la FICT est le porte-parole des industries charcutières françaises. Elle représente 310 entreprises qui emploient 37 000 personnes.

Julie RioChargée de mission

Chambres d’Agriculture de Bretagne

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Comité de rédaction

Gilbert BLANCHARDExpert associé

Roland CONANECCBB Capbiotek

Nicolas DEBETHUNEChambres d’agriculture de Bretagne

Gwénola FLOC’H PENNChambres d’Agriculture de Bretagne

Kristina FRETIEREDRAAF Bretagne

Marie KIEFFERABEA

Anaïs LANOËConseil régional de Bretagne

Nathalie LE DREZENChambres d’Agriculture de Bretagne

Youenn LOHEACBrest Business School

Valérie MARIETTEINSEE Bretagne

Guillaume MILLAUChambre de commerce etd’industrie de région Bretagne

Catherine MINIOTChambre de commerce et d’industrie Ille-et-Vilaine

Sandrine MOUTAULTDRAAF Bretagne

Joseph PENNORSChambre d’Agriculture des Côtes d’Armor (Membre associé)

Julie RIOChambres d’Agriculture de Bretagne

Patrick ROLANDINBanque de France

Hervé THIBOULTChambre régionale d’Agriculture de Bretagne (Collège salariés)

Joël TINGAUDAtelier de l’Argoat

Dépôt légal 4ème trimestre 2018

Directeur de la publication : Jacques JAOUEN

Responsable de la rédaction : Julie RIO

Maquette et exécution : PYGMALION - Rennes

La reproduction des informations contenues dans cette revue est autorisée sous réserve de la mention de la source : “Revue de l’Observatoire des IAA” des Chambres d’agriculture de Bretagne.

Cette revue trimestrielle d’informations bénéficie du soutien financier du Conseil Régional de Bretagne.

V I E N T D E P A R A Î T R E

La Revue de l’Observatoire prend le virage du numériqueAprès 30 années d’existence avec un format d’abonnement papier, notre publication prend le virage du numérique !

Dans un objectif de diffusion plus large, le choix a donc été fait par les Chambres d’agriculture de Bretagne d’enclencher une phase de transition en proposant une solution pour le téléchar-gement des prochains numéros de la Revue, ainsi qu’en permettant l’accès aux archives des numéros précédents.

Retrouvez sur le portail des Chambres d’agriculture une rubrique spécialement dédiée aux Industries agroalimentaires : http://www.synagri.com/synagri/iaa-industries-agroalimentaires

Chiffres clés du secteur, données de conjoncture, mais aussi un panorama des différents secteurs…, cette rubrique internet vous donnera également accès aux publications comme la Revue de l’Observatoire des IAA, des références ou encore des temps forts pour les IAA.

Pour continuer à nous lire en avril prochain et être au plus proche de vos attentes, merci de prendre quelques minutes pour répondre au questionnaire intitulé «Je veux être alerté.e des parutions sur les IAA», sur la page http://www.synagri.com//synagri/iaa-la-revue-de-l-obser-vatoire-des-iaa.

N’hésitez pas à diffuser cette information à des contacts dans votre organisation ou dans votre réseau susceptibles d’être intéressés par la lecture de nos publications.

Contact : [email protected].

desIAA Revue

de l’Observatoire La

N° 132 - JANVIER 2019 • ISSN 1299 - 8095

FLASHS : TOUS LES FAITS MARQUANTS • I.D Fruits reprise par Sobreval

• Malterie de Bretagne : finalisation du projet

• Parquest Capital, actionnaire majoritaire de Sopral

• Olmix à la conquête p.28

La Revue de l’Observatoire des IAA fait sa transition numérique p.35

TENDANCES AGROALIMENTAIRES

DOSSIERS

VIENT DE PARAÎTRE

ACTIVITÉ

Maintien de l’activité des entreprises régionales au troisième trimestre 2018, les perspectives d’activités semblent plus propices qu’au niveau national p.2

EXPORTATIONS

Recul de 11 % des exportations agricoles et agroalimen-taires bretonnes au troisième trimestre 2018 p.4

EMPLOI

Stabilisation de l’emploi du secteur agroalimentaire breton au deuxième trimestre 2018 p.6

OBSERVATOIRE ECONOMIQUE ET SOCIAL DES FILIERES AGRICOLES ET AGROALIMENTAIRES DE BRETAGNEVéritable outil d’aide à la décision pour les acteurs de la filière alimentaire p.7

SEGMENTATION DES PRODUITS LAITIERSRegards croisés de deux acteurs industriels p.10

FILIERE VOLAILLE DE CHAIR EN BRETAGNEPanorama des acteurs industriels p.14

BREXITLe commerce agroalimentaire avec le Royaume-Uni dégage un excédent pour la Bretagne. Et demain ? p.22

Service Économie-Emploi, Chambres d’agriculture de BretagneRue Maurice Le Lannou - CS 74223, 35042 RENNES Cedex

www.chambre-agriculture-bretagne.fr

DOSSIER : LE GROS PLAN

Observer, analyser, partager pour anticiper Telles sont les missions de l’Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne.

Acteurs de l’amont comme de l’aval, ces travaux sont pour vous !