Embed Size (px)
Citation preview
LaStagiaire
JessicaLord
LaStagiaire
JessicaLord
LesoleilpassaitàtraverslafenêtrepourvenirseposersurlevisagebronzédeKeith.Ilplissaitlesyeuxalorsqu’ilregardaitparlafenêtre,assisetperdudanssespensées.Ilavaituncrayondanslamain.Illefaisaittournerautourdesesdoigtsmanucurés,maispaspourautantféminins,alorsqu’ilpensaitaucontenudesoncours.
C’étaitdifficilededivertirlesjeunesdenosjours,encoreplusdeleurfaireapprendrequelquechose.Levantlesyeuxsurleslivresenfacedeluisurl’étagère,illespassaitenrevueetjetaitunœilàcertainsdestitres.Ilavaitachetélaplupartd’entreeuxdanssajeunessecommesourced’inspiration.Peut-êtrequ’ilsinspirerontunenouvellegénérationdemilliardaires.
Sesyeuxfurentattirésparunclassiquedesaffaires,réfléchissezetdevenezrichedeNapoleonHill.Illepritdel’étagèreetlefeuilleta.Celal’amusadetrouverdesannotationsdanslamarge,desnotesqu’ilavaitécritespourlui-mêmealorsqu’ilétaitencoreadolescent.Ilétaittellementoccupéàglousserqu’ilnefaillitpasserendrecomptequesontéléphonesonnaitdanssapoche.Bataillantpourletrouver,ilvitqu’ilneconnaissaitpaslenuméro.
«Allô?»répondit-ilpleindesoupçons.
«SaluuuuutKeith»c’étaitlavoixtrainanted’unefemmequiessayaitd’êtreséduisante,sanssuccès.
«Quiest-ce?»
«Tunetesouvienspasdemoi,l’autrenuit?Tudoisavoirlamémoirecourte…Peut-êtreparcequ’onabaisétoutelanuit.»
«Chantelle?»demanda-t-il.
«C’estCharlotte»,savoixétaitdevenuefroide.«Maispresque»
«Ah,pardon»,illevalesyeuxauciel.«Ehm,qu’est-cequejepeuxfairepourtoi?»
«Qu’est-cequetupeuxfairepourmoi?»Elleétaiténervéedésormais.«Nousnoussommesamuséscommejamaisensembleetmaintenanttuagiscommesijen’étaispersonne!Tum’asditquetuadoreraismerevoir,quetunerencontrerasjamaisunefilleaussijoliequemoi.»
Keith,bienqu’ilaithontedelui,sesouvenaitpeudecettenuit-là.Ilsavaitqu’ilétaitsortiavecdesamisetavaitdevaguessouvenirsd’êtreallédansunclubtrèsfermé.Ilyavaitdesfilles,beaucoupdefilles,etilenavaitaiméuneenparticulier.Leresteétaittroubleaprèsça.Ils’étaitréveillédansunpenthouseàManhattanetavaitprisuntaxipourrentrerchezlui.
«Commentas-tueumonnuméro?»Ilétaitfatiguédefeindrelapolitessedésormais.«Quitel’adonné?»
«Ehbien,cen’estpasunefaçondeparleràunedamequit’adonnéquatreorgasmes.»
Ilpensaqu’ilauraittellementaimésesouvenirdeça.
«Situdoissavoir,»continua-t-elle,«undetesamismel’adonné,maisest-cequeçaadel’importance?Enfait,tusaisquoimonpote?Oublieça.T’esqu’unconnard.T’étaistoutgentilavecmoil’autrejouretmaintenantt’esjuste…juste…»
Keithpouvaitsentirqu’ellen’étaitpasloindefondreenlarmes.Ilsesentaitmal,maisilnesecontrôlaitpasquandilétaitsaoul.Ilaimaitêtreavecunepléthoredefemmesetcen’étaitpassafautes’ilnesesouvenaitpasd’elleslaplupartdutemps.
«Maintenanttun’esqu’unbâtard.»Charlotteétaitcinglante.«Jeneveuxplusjamaisterevoir»elleraccrocha.
Keithregardasontéléphoneetfitunpasenarrière,commesielleallaitensortir.
«Oui,elleestfolle»,sedit-ilàlui-mêmeavantdeposersespiedssurlatableetderetourneràsalecture.
Ilrelisaitlepremierparagraphequandquelqu’unfrappaàlaporte.Ilabandonna,jetasonlivresursonbureauetserassit.
«Entrez.»
«M.White!Jesuistellementcontentdepouvoirvousvoiravantquevotrecoursnecommence.»
C’étaitledoyen,ArtemisFoster.Ilétaitconnupoursecomporterdemanièreexcentrique,toutcommesonnompouvaitlesuggérer,etmalgrésapositionautoritaireauseindel’université,c’étaituneâmegentilleetilavaitunairamical.IlsetenaitsurleseuildelaportedubureaudeKeithetportaitungiletdépareilléavecunecravaterougedetravers.IltendaitunemaintannéeetattendaitqueKeithlaluiserre.
«C’esttoujoursunplaisirdevousrecevoir.»
«Oh,M.White,c’estungrandprivilègedevousavoirdansnotreétablissement.J’espèrequejen’interrompsrien.Jevoulaisjustediscuteravecvousd’unepetitequestion.»
«Biensûr»Keithserassitetmontralachaiseenfacedelui.«Jevousenprie.»
«Oui,ehbien,j’aientendudefaçoninformelleque…ohmoncher,jesensquejeprendsde
grandeslibertésenvousdemandantunechosepareille.»
«Pasdutout»lerassuraKeith.«Vouspouvezmedemandercequevousvoulez.»
«Vousêtesunhommebien»Fostersegrattalabarbe.«J’aientendudireque…qu’ilyavaituneouverturedansvotrebureauàWhiteTowers.»
«Uneouverture?»
«Oui.J’aientendudirequevouscherchiezunassistantpersonnel.»
«C’estcorrect.»Keithsouriait.«J’aibesoindequelqu’unleweek-endpourplanifiermesrendez-vousettoutlereste.Masecrétairepourlesweek-endsestencongématernité.»
«Ah!Ehbien,sicen’estpastropimpertinentquejedemande,pourriez-vousconsidérerembaucherquelqu’undel’école?»
«Vousvoulezquej’emploieunétudiant?»
Fosterserenditcomptequ’ilavaitététrèsdirect,ils’enfonçadoncdanssonfauteuilenrougissant.
«Jedemandesimplementquevousleconsidériez»,ilacquiesçaitenparlant.«NousavonsdesindividusextrêmementdouésiciàStatham.Ceseraituncoupdepouceénormepournosdiplôméssil’und’entreeuxétaitvudansvotreentreprise.»
«Jecomprendsparfaitement»,acquiesçaKeith.«Etilyadesétudiantstrèstalentueuxici.Jevaisleconsidérersérieusement.»
«Magnifique»s’exclamaFosterentapantdesmains.«Maispourl’instantjevaisvouslaisser.»IlmontraàKeithl’horlogesurlemurderrièrelui.«Votrecourscommencedanscinqminutes.»
***
SamanthaChapmanfixaitseslasagnesfroidesleslarmesauxyeux.«Tupensesencoreàlui,non?»C’étaitsameilleureamie,Katie,quiétaitàcôtéd’ellefronçantlessourcils.
«Jenepeuxrienyfaire»levisagedeSamanthasedécomposaquandellecommençaàpleurer.
«Eh,eharêteça»Katypassasonbrasautourd’ellelapressacontreelle.«Tuesmieuxsanslui.Nepleurepass’ilteplaît.C’étaitunvraicon.»
«Jesaiscequ’ilétait.»Samanthareniflaetessuyasesyeuxaveclamanchedesonsweat.«Maisjenepeuxpasm’empêcherdepenseràlui.Peuimporteàquelpointilétaitinfectoucombiendefoisilm’atrompée,jel’aimequandmême.J’aimeraisjustearrêter,maiscen’estpasfacile.»
«Jecomprends.»Katycompatissait.«Lesgarçonspeuventêtretellementcruels.Tuferaismieuxdefinirtonassiette.Tuascoursdansquelquesminutes.»
«Jenecroispasquejeveuilleyaller.»
«Pourquoi?»
«Jenesuisjustepasd’humeurd’alleràuncoursd’unmilliardairequin’aaucuneidéedecequec’estdevivredanslavraievie.»
«Etalors?»Katyhaussalesépaules.«Ilestsupercanon!»
«Peuimporte.»Samanthapoussasonplatdevantelle.«Jenesuispasvraimentd’humeurmaintenant.»
«Ohmondieu,Samantha,tais-toi.»Katyéclataderire.«T’estellementgrincheuse.Iln’yapasdemalàregarder.»
«J’imaginequenon.Jeteledispourtant,jepensequeKeithWhiteestunidiot.Jenesaismêmepaspourquoiilvientici.Ilestvolontaire,tusais.Ilacertainementdemeilleureschosesàfairequedetraîneravecdesenfants.»
«Jesaispas,peut-êtrequec’estpouraméliorersonimagepubliqueouquelquechosedanslegenre,pourmontrerauxgensqu’iln’estpasseulementunandroïdecombatifetavidedansuncostume.»
«Oui,tudoisavoirraison.»
«Donctuviens?»Katytentasachance.
«Non!»Samantharétorquabrutalement.«Jeveuxdire,peut-êtrelasemaineprochaine.Jecroisquejevaisretourneraudortoiretmereposer.»
«Non!Vienst’assoiràcôtédemoi.Jeneveuxpasyallerseule.»
«Tuneseraspasseule.Ilyauraaumoinsunecentainedepersonneslà-bas.»
«Oui,maisilssonttousennuyeuxetobsédéspareux-mêmes.Sérieusement,onestlesdeuxseulesfillesdansnotreclassequinesontpasrecouvertesdefauxbronzagemaintenant.Regarde-les.»Katyfitungesteverslasalleàmanger.«Desfilles-bêteshideusesetfausses.»
Samantharitenprenantsonsac.
«T’estellementbizarreparfois.Tusaistoujourscommentmeremonterlemoral.»
«Alorstuviens?»Katyseglissaverssameilleureamieetlevasessourcils.
«S’ilyauncoupdeventtuvasrestercommeça.Maisoui,j’imaginequejeviens.»
Alorsqu’ellessedirigeaientversl’amphithéâtre,Samanthaavaitunedrôledesensationdanssonventre.Ellenepouvaitpasseretirerdel’espritRyan.Ellel’avaitrencontrélapremièresemaineàStathametenesttombéeamoureuseimmédiatement.Maisilavaitd’autreschosesentête,principalementdesautresfilles.Ill’avaittrimballépendantdesmoisenluidisantqu’elleétaittoutpourlui.Ilneluiavaitpasfallulongtempspourqu’ellecomprennesonpetitmanège,unmoyenpour
luides’assurerqu’ilpourraitcoucheravecellequandilenauraitenvie.
Lepiredanstoutça,c’étaitqu’iln’étaitabsolumentpasdésolé.Ilsemblaitêtreamusédeluiavoirbrisélecœurets’étaitmoquéd’elleenluidisantqu’ellepourraitcoucheravecl’undesesamissiellevoulait.Biensûr,cen’étaitpascequ’ellevoulaitdutout.Elleavaitbesoindesentirqu’ill’aimait,maiscen’étaitpaslecas.Ladernièrefoisqu’elleluiavaitparlée,elleluiavaitjetéuncendrieràlafigureetellel’avaitratédequelquescentimètres.Ellerageaitetluiavaitlancétouteslesinsultesquiluivenaitàl’esprit,puisaquittéenpleureslafraternitéoùilvivait.Aprèsça,ildisaitàtoutlemondequ’elleétaitfolleetviolenteetelleétaitlacibledeblaguesterriblesdepuis.Quelqu’unavaitcriédepuisl’arrièredel’amphi:«Eh,faitesattention,c’estSammylapsychopathe!»,alorsqu’elleentrait.
Lesautresriaientetluilançaitdespapiers,maiscelaluiétaitégal.Elleavaitdéjàpassélepireetbientôtilstrouveraientquelqu’und’autresurquis’acharneretl’oublieraient.Elles’assitàcôtédeKaty,soufflaetsedéplaçapourêtreconfortablementinstallée.
«Jetejure,cegars,Keith,c’estuncon,jemefichedesavoircombienilestriche.»
«Eh,relaxtuveux?»
SamantharegardalasalleetellevitungroupedeclonesdeKeithminiatureassisdevant,ayanthâted’êtreprèsdugrandmilliardaire.
«Beurk,regarde-les.»Samanthadonnauncoupdetêtedansleurdirection.«Ilsessaienttousdegrandiretdedevenircommeleurpapa,richesetodieux,etdeporterdesmocassinssanschaussettessurleursgrosyachtsflamboyants.»
«Est-cequejedétecteraisunetouchedejalousie?»Katysouriaitironiquement.
«Jalouse?Non!»Samanthaagitaitsamaindevantsonamie.«Jeveuxdire,jenesuispasjalouse,maiscen’estpasjuste.Ilssonttousgâtéspourris.IlssonttouscommeRyan.»Elleregardaparterre.
Maisc’étaitplusqueça.Elleavaittellementdepenséescompliquéesentête.Ellesavaitquecen’étaitpasdeleurfautes’ilsétaientnésdansunefamillericheetprivilégiée,maisc’étaitdeleurfautes’ilsl’étalaientets’ilsfaisantressentirauxautresqu’ilsétaientpetitsetinsignifiants.
Ellerepensaitàcematin,quandelleavaitvérifiésoncomptebancaire,elleserappelaitqu’illuirestaitseulementneufdollarsàsonnom.Elledevaitvivreavecçajusqu’àsonprochainversementdesonemprunt,maiscen’étaitpasavantdeuxsemaines!Enmêmetemps,ellevivaitd’unrégimedetoastsetdedéception.
Elletenaitsatêteentresesmainsetécoutaitl’agitationetl’excitationquirégnaientdanslapiècelorsqueKeithentra.
***
Keithaperçutl’étincelledansleursyeuxquandilrentradanslasalle.Commetoujours,ildégageaitunegrandeimpressionetsaprésenceemplissaitlasalle.C’étaitdifficiledenepasêtreimpressionnéparlui.Ilfaisait1m96etétaitbâticommeunathlète,soncorpsparfaitarrivaitseulementaprèsses
yeuxhypnotiques.Ilsétaientd’unbleucristallinetilsvousfixaient,commes’ilspouvaientvoirdirectementlefonddevotreâme.
«Bonjourtoutlemonde!»
Ilaimaitdéstabiliserlescontraintesétouffantesdelavieuniversitaireetadoraitavoiruneinfluencedécontractéesurlesjeunes.Tirantunechaise,illaretournaets’assitavecledossierdevant.«Alors,commentçava?Quoideneuf?»
Personneneparlait.Ilsétaienttousclouéssurplace,tropnerveuxpourparler.
«Ettoi?»ilpointaitdudoigtunjeunehommeblondaupremierrang.«Jepariequet’esunvraibourreaudescœurs,t’aspasséunbonweek-end?»
Ilfitunclind’œiletlegarçonrougitjusqu’auxoreillesetregardaseschaussures.
«Eh?»leprovoquaKeith,«jepariequetuaseudel’action,pasvrai?»
Ilsavaitqu’ilenfreignaitlesrègles.Ilétaittrèsmalvupourêtretellementfamilieretdécontractéaveclesétudiants,maisquepouvait-ilarriverdemal?Ilsnepouvaientpasexactementvirerunvolontaire,encoremoinsquelqu’und’aussirichequelui.
«Alors?»Ilselevadesachaiseetsepostadevantlejeunehomme.«Jeleprendscommeunoui?J’aientenduqu’ilyavaiteuunefêtemémorablesurlecampussamedisoir.»
Lesgarçonsdupremierrangl’encouragèrentetdonnaientunetapedansledosdublondtimide.
«Jetetaquine.T’aspasbesoind’êtreembarrassé.»Keithritetretournaversletableau.
«Donc…Mesétudiantsspéciauxenmanagement,quevoulez-vousvoiraujourd’hui?»
Ilyeutunbrouhahadechuchotementalorsquequelquesétudiantsessayaientderassemblerlecouragedeluiparler.FinalementKatylevalamainetcria:
«LeForex!»
«Lecommerceextérieur,hein?»Keithpritunecraieetcommençaàécrireautableau.«Untrèsbonsujet,onpourraitenparlerpendantdesheures.»
Ilcommençaàparlertrèsviteettoutelasaleluttaitpourlesuivre.ToutlemondesaufSamantha.Deloin,onauraitpucroirequ’ellenefaisaitpasattention.Avecsonairavachietsescheveuxquitombaientdevantsesyeux,elleavaitl’aird’êtrecomplètementdésintéressée.CequeKeithignorait,c’étaitqu’ellebuvaitchacundesesmots.Ellel’écoutait,pensantquetoutcequ’ildisaitn’étaitquedesidioties.Ellelelaissaparlerpendantenvironunedemi-heure,lelaissanténoncersesidéesridicules,jusqu’àcequ’ellen’enpuisseplus.
«C’estn’importequoi!»Ellefrappasonpoingsurlatable.«Lorsqu’ilyaunedemandeimportante,celaneveutpasforcémentdirequevousdevezsuivre.Etcesconneriesquevousavezditesàproposdesrépétitionsquisontunsigned’instabilité?Celaveutjustedirequelesprixvont
baisser,riend’autre.»
Elleserassitaufonddesachaise,lesbrascroiséscommeuneenfantinsolente.Alorsquelesautreslafixaientbouchebée.Keithlaissatombersacraieetlaregardasouslechoc,àpeinecapabledesesouvenirdecequ’ellevenaitdedire.Puisiltâtonnaparterrepourretrouversacraieavantdeseredresser.
«Oh,jen’avaispasréaliséquenousavionsAndrewCarnegiedanslasalle.»
Toutlemondesemitàrireetunefoisdeplus,Samanthasesentitpetite.EllepouvaitsentirleregardperçantdeKatyàcôtéd’elle.Ellesetournaetvitquemêmeelleétaitbouchebée.Aprèsquelquessecondes,sameilleureamieserapprochaetmurmura:
«Est-cequetuviensdecommencerunebagarreavecKeithWhite?»
«Jepenseoui»,marmonnaSamantha.
Enregardantautourd’elle,ellevitquelesautresétaientencoreentraindelafixer.Aucundoutesurlefaitqu’ilsallaientbientôtluitrouverunnouveausurnom.Ellereposasatêtesursesmainsetsepenchasursonbureau.Ellelevalesyeuxlorsqu’elleentenditdespass’approcher.ElleregardadansleurdirectionetvitKeiths’avancerverselle,seschaussuresencuircouinaientsurlesolpolialorsqu’ilserapprochait.
«Pardon,»ilsouriait.«Jecroisquejeneconnaispasvotrenom.»
«C’estSamantha»,elleleregardait.
Ilsedressaau-dessusd’elleetellerougitquandellevitsonvisageprèsd’elle.
«Jem’appelleKeith»illuitenditsamain.«Maisjecroisquevouslesavezdéjà.»Ileutunpetitrire.
Ilyeutunrirepolidanslasalle.
«Doncvousêtesunepetiteéconomisteàcequejevois?»ilblaguaitenmêmetempsqu’ils’assitàcôtéd’elle.
«Jesuppose»ellehaussalesépaules.
«Ehbien,iln’yapasderaisond’êtretimide.Jepenseenfaitquevousavezraisonavecletrucsurlademande.C’estjustequ’onnepeutpasallerdireauxgenslavéritédesuite,non?»
Ilregardalesétudiantscommes’ilattendaitleurapprobationetdesapplaudissements.Commetoujours,ilsbuvaienttoutcequ’ilsdisaient,profitantdechaquesecondependantlaquelleilparlait.Laseulepersonnequin’étaitpasimpressionnéeétaitSamantha.Ellel’ignoraittoujours,malgrélefaitqu’ilsoitseulementàquelquescentimètres.
«Quediriez-vousderesterquelquesminutesàlafinducours?Jevoudraisvouspasserquelquechose.»
«Ooooooooohhh!»lasallesemitàfairedesrailleries.
«Calmez-vouslesjeunes,ducalme.»Keithessayadecalmerlasalle.«Retournonsauboulot.»
Alorsqu’ilcontinuaitavecleresteducours,ilnepouvaitpass’empêcherderegarderlapetitechipiegrincheuseaupremierrang.Ilnepouvaitpascroirequ’ilnel’avaitpasremarquéavant.Elleétaitcruellementintelligente,effrayantemême,maisilyavaitquelquechosed’autre.Elleétaitextraordinairementbelleetellesemblaitnerienenavoiràfaire.Enfait,enjugeantparlafaçondontelleétaitassise,sonattitudecooletfroide,ellesemblaitnepassavoiràquelpointelleétaitmagnifique.Avecsesyeuxémeraudeetseslongscheveuxbruns,elleétaitéblouissante.
AlorsquelecoursprenaitfinetqueKeithréalisaitqu’ilétaitentraindelafixerplusqu’iln’auraitdû,ilremarquaqu’elleneportaitmêmepasdemaquillage.Enfait,justedanssonjeansetsont-shirt,ellesuintaitplusdesexappealetd’intelligencequen’importequelleautrefilledanslasalle.Ildevaitapprendreàlaconnaitre,ilvoulaitàtoutprixensavoirplussurlamystérieusefillequisemblaitensavoirplussurlecommerceextérieurquelui.
Quandl’horlogesonnaàtroisheures,lesétudiantsnevoulaientpaspartir.Alorsqu’ilscommençaientàsortir,lesgarçonsdedevantessayaientencoredecapterl’attentiondeKeithetungroupedefillesessayait,dansuneffortdéterminé,desefaireremarquer.
Pendantcetemps,Samanthaétaitencoreassiseàsonbureau,gribouillantdanssoncarnetàcroquis.ElledessinaitlegrandbuildingdeWhiteTowersquetoutlemondeconnaitsibien,etcroquaitunKrakengéantl’attaquant.Lapenséedetentaculesgéantesétouffantlesymboleultimeduconsumérismel’amusait.
Katydemandaalorsqu’elleregardait:«Pourquoiest-cequetunedessinesjamaisquelquechosede,tusais,sympa?»
Samantharéponditdefaçonénigmatique:«Qu’est-cequiestsympa?Çafaitlongtempsquejen’avaispasentenducemot.»
Celapritvingtbonnesminutesavantquelasallesoitvideetqu’ilneresteplusqu’elle,KatyetKeith.
«Jeterattrapedehors»dit-elleàKaty,puiselleselevaetallad’unpasnonchalantverslebureaudeKeith,toutenbaillant.«Vousvouliezmeparler,monsieur?»
Elleétaitnonchalanteaupointd’êtreindécente,maisKeithadoraitça.Touslesautresétudiantsiciétaientdespetitsenfantsquivoulaientsoitenavoirdanslepantalon,soitdansleportefeuille,oumêmepire,ilsvoulaientêtrecommelui.Cesderniersmois,ilavaitregardéavechorreurlesgarçonsàpeinesortisdel’adolescencecommenceràs’habillercommeluietsecouperlescheveuxcommelessiens.Celalefaisaitfrémir.Ilvoulaitjustetransmettreleursesconnaissancesdesaffaires,pasêtreunesortedeleaderdeculteétrange.
«Eh,euh…Samantha,oui.Jevoulaisjustedirebonjour.»Ilbutaitsurlesmotscommeunécoliernerveux.
Reprends-toiimbécile!Ilseréprimandaitlui-même.T’esunprofesseur.
«Oui,jeparlaisaudoyenplustôt»
«Àmonsujet?»Samanthaavaitl’airinquiètetoutd’uncoup.
«Oh!Euhnon,justeengénéral.Doncvoilà,jenepensepasquevoussoyezintéressée,maisj’aiunpostedelibreàmonbureauetjemedemandaissi…»
«Vousm’offrezunjob?»
«Untempspartielseulement.Lesweek-ends.Vousvousoccuperezdemonemploidutempsetvousremplirezdesdossiers.Riendebiendifficile,maisvousêtesmanifestementintelligenteetvousferezunboncontact.»
Samanthalaisseéchapper:«Jenesuispasintéressée.Jenesuispasintéresséepartraineravecdesalesmorveuxriches.»
«Ouah»Keithreculad’unpas.«Pasbesoind’êtrecommeça.Unsimplenonmerciauraitsuffi.Vousnevoulezpasdujob,pasdeproblème.Jecomprends.»
Ellelâchatoutenpartantsansseretourner:«Désolée.Peut-êtrequequelqu’undanslaclassesauterasurl’occasion.»
Ilsecoualatêteetseditàlui-même:«Ilsleferontsansaucundoute,maisc’esttoiquejeveux.»Elleestvraimentdureàimpressionner.
***
Samantharéponditavecprétention.«T’asfaitquoi?»criaKatyaussitôtqueSamanthalarattrapa.
«Jenetravailleraipaspourlui.C’estunsaletypeetiln’estpasaussiintelligentqu’illepense.»
«Ettuesplusintelligente?»
«Biensûr.»
«Ehbien,jeneveuxpasêtreméchante,mais…commentçasefaitalorsqu’ilestmilliardaireetquetusoiscellequiadix-neufdollarssursoncompteenbanque?Sijenemetrompepas,tuascherchéunjobtoutleweek-end.»
«Oui,mais…c’estvraimentcruelquetudisesça…jeveuxdire,oui,j’aibesoind’unjob,maisjenevaispasmevendreet…»Elleétaitempotée,passûredecommentelleallaitsejustifier.
«Jecroisquetuasfaituneterriblebêtise.»Katyenroulasonbrasautourd’ellependantqu’ellesmarchaient.«Jenesuispasentraind’essayerdetemettreencolèreouquoi,maisunjobàWhiteTowerseragénialsurtonCVetresteraàvie.»
Samantharestasilencieuse.
«Jepensequetudevraisyretourner,t’excuseretprendrecejob.Avantqu’ilneledonneàundecescrétins.»Katypointadudoigtungroupedegarçonsd’unefraternitéquisebousculaientdanslehall.
MaisSamanthanedisaittoujoursrien.Maintenantqu’elleavaitletempsd’ypenser,ellesesentaitunpeuembarrassée.ElleavaitétéinutilementmalpolieavecKeithetellenesavaitpasbienpourquoi.
Lerestedelajournéepassadansleflou.Aprèsdîner,quelquesverresetunfilm,ellesetrouvaitdanssonlitavecsonordinateurportableessayantdepotasserpendantquelquesheuresavantdedormir.Ilétaitpresqueminuitetilneluifaudraitpaslongtempsavantquesesyeuxcommencentàêtrefatigués.
Malgrélefaitqu’ellesoitarrogantedetempsentemps,Samanthaétaitl’opposé.Ellen’étaitjamaiscommeça,saufquandlestressapparaissait.Pendantqu’ellerevoyaitcequis’étaitpassépendantlajournée,ellerongeaitsesonglestoutenlisantsonlivre.Ellepensapourelle-même:jenepeuxpascroirequejemesoisconduitecommeça.Jesuistellementbizarreetstupide.
Ellefermasonlivre,éteignitsonordinateurportableets’allongeadanssonlit.Celaallaitcertainementêtreunenuitblanchecommetouteslesautres.Elledormaitrarement.Aulieudecela,ellelaissaitsouventsespenséesdivaguercausantainsiunchaosquandellesetourmentaitavectoussesproblèmes.Murmurantversleplafond,elleessayerd’organisersespensées.
«Bien…Tun’aspresqueplusd’argent,maispeut-êtrequetupourraissurvivrejusqu’àcequetonprochainprêtarrive.Outupourraispeut-êtredemanderàmamanunpeud’argent,bienquetusachesqu’ellen’enapas…c’estpourquoituessaiesdetrouverunjob.Saufquetuaseuuneoffrepourunjobgénialetquetuasrefusé,cartun’esqu’uneenfantarroganteettropembarrasséepouradmettrequetutrouvesKeithattirant.»
Ellesel’avouaenfinàelle-même.ElletrouvaitqueKeithétaitincroyableetelleessayaitdeselecacheretdelecacherauxautres.Ilyavaitjustequelquechosechezluiquilarendaittimide.Alorsqu’elleétaitconcentréesurleflotcontinudesespensées,elleréalisacequec’était.
«Tunepensespasêtreassezbien»,elleseredressadanssonlitquandcettepenséelafrappa.«TunepensespasêtreassezbienpourtravaillerpourKeithdonctut’enfuiscommeuneidiote.IlesttempsdegrandirSamantha.»Ellemarchajusqu’àsonmiroiretregardasonrefletdansl’obscurité.«Grandis,bonsang!»
***
ElleétaitdanslesescaliersdeWhiteTowersetelleavaitlachairdepoule.Çayest,tuesuneadultemaintenant.Ellearrangeasajupe,rentrasonventreetentradanslebâtiment.Dansl’ascenseurverslebureau,elleétaitbombardéed’imagesd’elle-mêmeparlesmiroirsdescouloirs.Ellen’avaitpasl’habitudedesemaquiller,maisKatyavaitinsistépourluienmettre.Quandelleseregardait,elledepensaitpasqu’elleressemblaitàlavraieSamantha.Sesyeuxétaientgrandisetdragueursetseslèvresétaientpulpeusesetsexy.Cen’étaitpasqu’ellen’aimaitpascequ’ellevoyait,maisellen’étaitpastrèsconfortableainsi.
Lorsqu’ellesortitaudernierétage,ellefutéblouieparlavue.Ellepouvaitvoiràdeskilomètres
danslavilleetquandelles’approchaprèsdelafenêtrepourregarderenbas,ellesentitlerestedumondetrèsloin.
«Samantha!Vousêtesvenue!»
ElleseretournaetvitKeithaveclejournaldumatindansunemainetuncafédansl’autre.
«Macchiato?»
Elleacquiesça«Biensûr.»
«Parfait.Suis-moi.»
Ilétaitsurprisdevoiràquelpointelleétaitbelle.
«Jedoisêtrehonnête.J’étaisunpeusurpriselorsquetum’asenvoyépromeneretencoreplusquandtum’asrappeléelelendemainpourt’excuser.Tuesunefillecompliquée.»
«Compliquée?Çasonnecommesij’étaisdifficileàvivreouquelquechosecommeça.»Elles’assitenfacedubureau.«Cetendroitestincroyable.»Elleregardaautourd’elle.«Çaressembleplusàunmuséequ’àunbureau.»
«Merci.»Keithsedirigeaverslamachineàcafétoutensouriant.Ilplaisanta:«Jenefaisnormalementjamaisça,maismasecrétaireestencongématernité.»
Samanthanepouvaits’empêcherdesourire,sapersonnalitépositiveétaitcontagieuse.
«Jedevraisprendrelanoticeetapprendreàlefairemoi-même.»
«Oui,tuferaismieux.»Ilriaetplaçaunetassefumantedevantelle.«Alors,commençons.Tontravailiciestfacile.Vraiment,ceneserapasundéfipourtoi.»
«Jenevoudraispasparaîtrerude,maispourquoim’avez-vousoffertcejobsansmeconnaître?»
«Parcequetuesmalineetj’adoreça.»Illaregardaavecsesyeuxbleusdirectementdanslesseins.«Parcequejesuispratiquementcertainquetuesplusintelligentequequatre-vingtspourcentdesgensdanscebâtimentetjedoisadmettrequet’esvachementsexy.»
Ellesesentitsoudaingênée.Ellecroisasesjambesbizarrementetcroisasesbras.Ellen’aimaitpasl’idéed’êtreregardéeouadmiréepoursonphysique.
«Est-cequej’aiditquelquechosedemal?»Keithlaregardaunpeupréoccupé.
«Pasdutout.»
«Pasl’habitudederecevoirdescompliments?»
«Pasvraiment.»Ellebutunegorgéedecafé.
«Ehbien,jevaisessayerdechangerça.T’esunefillegénialeetj’aimeraisquetulesaches.LaplupartdesfillesquiteressemblentsontunvraicauchemaretsecomportentcommesiellesétaientlareinedeSabaetMarieAntoinette.Tuespourtantcool.Jepariequec’estsympadeprendreunebièreavectoi.»
«Jedoisl’admettre,»ellesouriait,«jepeuxboireculsecunFortyetquandmêmeexcelleràuntest.»
«Ah!»Ilfrappadanssesmains.«Jepensequenousallonsbiennousentendre.»Ilsepenchaenarrièredanssonfauteuil.
Cefutàcemoment,alorsqueSamantharegardaitsonvisageparfaitetsesentaitétourdie,avecunedrôledesensationdansl’estomac,quesontéléphonesonna,etelleseréveillad’uncoupsec.
«Désolé,jedoisrépondre.Justeuninstant.»Illevaundoigt.«Allô?...Ohhem,qui?Aaaaah,ouijemesouviensdevous.»Ilselevaetdisparulalaissantseuledanslapièce.
Ellepouvaitcependantl’entendreetcomprendrel’idéegénéraledelaconversation.Apparemmentilavaitunemaîtresseauboutdufiletellenepouvaits’empêcherd’êtreunpeutriste.Pendantseulementuncourtinstant,peuimportecombienellesesentaitembarrassée,ill’avaitfaitsesentirspéciale.Ellenes’étaitjamaisvuecommebelleauparavantetdepenserqueKeithlatrouvaitsexyavaitétéuncoupdepoucepoursonégo.Maismaintenant,alorsqu’ilparlaitautéléphoneavecsavoixdedragueur,ellenepouvaits’empêcherdepenserqu’ilparlaitcommeçaavectouteslesfilles.
Elleseréprimanda,ellesesentaittellementstupide.Biensûrquetun’espasbelle.Quepourraitbienvoirunmilliardaireentoidetoutefaçon?
Aprèsavoirraccroché,ilrevintaveclevisagerougeetuneétincellecoquinedanslesyeux.
Désolédet’avoirfaitattendre.»Ilremitsontéléphonedanssapoche.
Elledemandasarcastiquement:«Uneaffaireimportante?»«Quelquechosecommeça.»Illaregardafurtivementetcommençaàfouillerdanssonbureau.
Quelconnard!Ilestjustecommelesautres.Ilditjusteauxfillescequ’ellesveulententendreseulementpouravoircequ’ilveut.
«Donc.»Elleseleva.«Jedevraistravaillermaintenant,non?»
«Tuneveuxpast’asseoiravecmoiunmomentetapprendreàmeconnaîtreunpeumieux?»
«Pasvraiment.»Elleétaitdenouveaufroideetdésintéressée.
«JenetecomprendspasSamantha.»Sonregardserétrécit.
Elleal’airtellementsexyquandelleestgrincheuse.Illaregardadehautenbas.J’adoreraislavoirquandelleestvraimentencolère.
«Jenevoispaspourquoiondevraittrainerensemble.Onn’estpasamis.Jesuisjustevotre
secrétaire.Letempsc’estdel’argentM.Whiteetjesuissûrequec’estunconceptquevousconnaissezbien.Doncsivousn’yvoyezpasd’inconvénient,jeveuxjustetravailler»
Ilétaitstupéfait.Nonpasparcequ’elleétaitdure,maisparcequepersonneneluiavaitjamaisparlécommeçaavant,surtoutparunefemme,encoremoinsuneétudiante.
«Trèsbien.Jenevaispasm’enplaindre.»Illuimontrasonbureauàlaréception.«Tuserasbienici.Jepariequetudirigerascetendroitmieuxquemoid’icilapausedemidi.»
Ilretournadanssonbureauetfermalalourdeporteenacajou.
Ilchuchota:«quellefille.»
Pendantcetemps,àlaréception,Samanthas’habituaitàsonenvironnementdetravail.L’endroitétaitennuyeuxmalgrélefaitqu’ellen’étaitlàquedepuisquelquesminutes.Avecriend’autreàfairequedepenser,elleregardadirectementverslaporteetsedemandacequeKeithpouvaitbienfaire.
Ilyavaitquelquechosedanslamanièreaveclaquelleilluiavaitparlé,plustôtquil’avaitfaitsesentirincroyable.Nesoispasstupide,sedit-elleàelle-même.Ilditçaàtouteslesfilles.Ilnepensepasquetuesspéciale,ilpensejustequetuesuneautrebimbo.
***
TroissemainesavaientpassédepuisqueSamanthaavaitcommencéàtravailleretelles’yétaitfaiteàmerveille.Elletrouvaitlejobfacile,tropfacileenfaitetunefoisqu’elleavaitfinisachargedetravail,elleavaitbeaucoupdetempspourflâneretespionnerlesentréesetlessortiesdubâtiment.Sonendroitpréféréétaitprèsdelagrandefenêtredanslehalld’entrée.Illuifaisaitpenseràunbateaudontelleseraitlacapitaineetdanslequelellepourraittoutcontrôler.Elledérivaitaussisouventenimaginantquelesgensmarchantdanslaruesontdesfourmis.Ilyavaitdesscénariosentiersdanssatêteetelleimaginaitdesviesdifférentespourchacund’entreeux.
EtpuisilyavaitKeith.C’étaitunsalaudarrogant,unsalaudarrogantsauvagementsexy,prétentieuxetmagnifique.CelarendaitSamanthapartagée.Unepartied’ellevoulaitlegiflerenpleinvisageetlerabaisser.L’autrepartievoulaitqu’illaprennedanssesbras,qu’illaprotègeetl’embrasse.
Malgrélefaitqu’elledétestaitlecitadintypique,ilyavaitquelquechosededifférentchezsonpatron.Ilsemblaitvraiments’intéresserauxgensetlorsqu’ilteregardedanslesyeuxetqu’ilteparle,c’estcommesituétaislaseulepersonneaumonde.
Quandelles’asseyaitàlaréception,elleleregardaitsouventpourlafissuredanslaporte.Ellepouvaitrêverpendantdesheures,imaginantcommentsoncorpsétaitsoussoncostumeenmohairetcombiensesbrasétaientforts.Ilétaitgrandetelleaimaitl’idéequ’ilpourraitlaprendred’unbrasetlalancercommeunepoupéedechiffon.Puisellesesentaithonteusedeletrouverattirant.Ellen’étaitpasicipourtrouverunnouveaupetitcopain,elleétaiticipourseforgerunavenirprofessionneletgagnerassezd’argentpourcontinuersesétudes.
Maismême…Iln’yavaitpasdemalàleregarder,non?Siellenesetrompaitpas,elleétaitsûre
qu’ill’aimaitbienaussi.Ellel’avaitvularegarder,elleavaitvulafaçondontilregardaitseshanchesbougerquandellesortaitdesonbureau.
Secouantlatêtepoursesortirdesespenséesromantiques,ellecommençaàtaperlafichededonnéequ’onluiavaitdemandéedefaire.L’administrationétaittellementennuyeuseetbienendessousdesescapacitésintellectuelles.Aucundoutequ’ellelefinisseenquelquesminutes,maisellefaisaitdesonmieuxpourlefairedurerquelquesheures,commesielleavaitquelquechoseàfaire.
Alorsqu’elleregardaitl’écran,avectouslesnumérosflottantdevantelle,letéléphonesonna.Elledécrochaàlatroisièmesonnerie.
«Bonjour,SamanthadubureaudeKeith.Quepuis-jefairepourvous?»
«Eh,salut!»lavoixétaittellementhautperchéequecelaressemblaitàuncouinement.«JechercheKeithy.»
«Keithy?»Samanthafitunegrimace.„Oh.“
Cen’étaitpasunappelpourletravail,c’étaitunefemme.Samanthanes’étaittoujourspashabituéeauflotconstantd’appelsetdevisitesdefemmescherchantlemilliardaire.C’étaitletroisièmeappeldepuislasemainedernière.EllenesavaitpasàquoiressemblaitlaviesexuelledeKeith,maiselledevinaitqu’elleétaitassezmouvementée.
«VouscherchezM.White.»ConfirmaSamantha.«J’aipeurqu’ilnesoitpasdisponiblemaintenant,ilestenréunion.»
«Cen’estpasvrai.»Lafemmerageait.«Ilessaiedem’éviter,jelesais.Jel’aitwittéhieretj’aiappelésesamis.Jel’aimêmetaguédansunpostsur…»
Samanthaavaitraccroché.Ellen’avaitpasletempspourlesdramesromantiquesdescoupsd’unsoirdeKeith.
«Quiétait-ce?»Savoixsortiesoudainementdesonbureau.
«Unefemme»elleseplaintenselevant.
Elleallaverssonbureauetvitqu’ilavaitunepetiteréunionconfortableavecundesescollègues.Malgrélefaitqu’ilsoitseulementmidi,ilsavaientdéjàbupasmaldeWhisky.
«BonjourSamantha!»sonamilasaluavivement.
«Kent»dit-ellepoliment.«Commentçavaaujourd’hui?»
«Ohtrèsbien.Tudisaisqu’unedamecherchaitKeith?»
«Commetoujours.»MarmonnaSamantha.
Kentlataquina:«Ah!Tuesunpeujalouse?»
Ellelevalesyeux:«Ouicomplètement,complètementjalouse.»
Pourtantellel’étaitcomplètement.Chaquefoisqu’unefemmeappelait,ellesentaituncouplatranspercerdansleventre.Ellenevoulaitpasqu’ilsoitlà.Ellevoulaitl’oublier,maisellenepouvaitpas.Mêmelorsqu’ilétaitdevantelle,unverredansunemainetunstyloenordansl’autre,ilavaittoujoursl’airdel’hommeleplusincroyablequ’elleavaitjamaisvu.Ilavaitplusl’aird’undieugrecqued’unNewYorkais,plusd’unmannequinqued’unhommed’affaires.Pasétonnantqu’ilaitautantdefemmesàsespieds.Parmomentelleétaittentéederejoindresahorded’admiratrices.
Ellepointasonpouceverslaporte:«Donc…Jesuisjustelà,jefiniscequevousm’avezdemandé.»
«Biensûr»Keithlevasonverreetlaregardapartir.
«Putain»ditKentalorsqu’illaregardaitpartir,«J’adoreraissalirsesdrapsunjour.»
«Beurk,t’esdégoûtantKent.Jeveuxdire,mondieu,cen’estpasdeschosesàdire.»
Keithessayaitdegarderunvisagesérieux,maisilneputquequelquessecondesavantd’exploserderire.Kentlerejoignîtetilstrinquèrent.
Ildemanda:«Quelâgeellea?»
Keithhaussalesépaules:«jesaispas,dix-neuf,vingtans,quelquechosecommeça.»
«L’âgeparfaitpourunefemme.C’estunmomentdeleurvieoùellessontsupersexyetpasencoreblaséespardescœursbrisésetunbagage.»
«T’asraison»,acquiesçaKeith.«Jedoisdire,c’estunvraiPlaisirdel’avoirdanslecoin.Elledonneuneauradeglamouràcetendroit.Siseulementellesouriaitdetempsentemps.»
«Ouais,elleatoujoursunvisagedegarce.»
«C’estunefaçondevoirleschoses.Leproblèmec’estqu’elleesttropintelligentepourêtrelàetellelesait.»
«TropintelligentepourWhiteTowers?J’endoute.»Kentsemoquait.
«Sérieusement,c’estungénie.SielleressemblaitunpeuplusàDustinHoffmanetétaitunpeuplusbizarresocialement,jel’appelleraisRainman.Elleavraimentdesfacilitésavecleschiffresetjen’aijamaisrencontréquelqu’unavecdetellesconnaissancesenéconomie.»
«Paspossible.»
«Ouais…Elleenconnaitunrayon,jepeuxteledire.C’estpourçaquejel’aichoisi.»
«Donctul’aschoisipoursonapparenceéblouissanteetsoncorps.Jeveuxdire,elleressembleàunange.»
«Jesais!Çamerendmisérable.Lepirec’estqu’ellenesaitmêmepasàquoielleressembleousiellelesait,elles’enfiche.Ellenepeutpasêtreimpressionnéecommelesautresfilles,Kent.C’estvraimentdifficileavecelle.»
«Alors,pourquois’embêter?T’astoutletempsdestonnesdefillesmagnifiquesdanstesbras.Pourquoipourchasserunrêveimpossible?C’estpaspossible,tudevraislesavoir.»
«Jesaispas…Ilyaquelquechosechezelle…Elleestvraimentspéciale.»
Illaregardaparlaporte.Elletapaitfurieusementsurl’ordinateur.Ilétaitsurprisdenepasvoirdefumées’échapperduclavier.Jefiniraiparl’avoirunjour.Jeferain’importequoipourl’avoir.
***
SamantharegardaitKentquitterlebureauetallerversl’ascenseur.
«Passezunebonnejournée.»Ellevitunbrefsourireringard.
«Ouais,jem’enfou.»Ellenelevapaslesyeuxdel’écrandel’ordinateur.
«Pourquoinepasêtreunpeusympapourchanger?»luisuggéraKeithalorsqu’ilsetenaitàcôtéd’elle.
Ellecontinuaitdetaper:«peut-être.»
«Bien,peuimporte…Jepensais»commença-t-il,«tueslàdepuisquelquessemainesdéjàetilpeut-êtretempspourtoid’avoirtonévaluation.»
«Évaluation?»Elles’arrêtadetaperetleregardasceptiquement.
«Oui,aller.Tuvasavoirunmaldetêtesitucontinuesderegardertousceschiffres.»
Alorsqu’elles’asseyaitenfacedesonbureau,ellesesentittoutd’uncoupgênée.Ellen’aimaitpasl’idéed’uneévaluationetellesetortillaitsursonsiège,essayantderemettresajupesursesgenoux.Elletortillaitunemèchedecheveuxetelleattendaitqu’illarejoigne.
«Quelquechoseàboire?»
«Nonmerci.»
Serelaxantdanssonsiège,ilouvritundossierdevantluietcomptaàvoixbasse.
«Donc,tufaisunbontravailici.Tun’aspasfaituneseulefaute.Tufaistoutàtemps.Toutlemondeestvraimentimpressionné.Jevoisquetuenconnaisunrayon.»
«Merci.»Elleregardaitnerveusementlesol.
Keithrit.«Toujoursaussiterriblequandilfautaccepterdescompliments.»
Samanthaneditrien,ellegardaitlesyeuxfixéssurletapis.C’étaituntapisperse,unauquelellen’avaitpasfaitattentionjusqu’àmaintenant.Ellecomptaitlesformesdanslemotifetpromenaitsesyeuxsurlestourbillonstressés.
«Tuestoujourslà?»Keithluifitsignedevantsonvisage.«Jepensaisquetuétaispartiepourunmoment.»Illuisourit.
Ellesesentaitcommesielleétaitentraindefondresoussonregard.Sesjoueslabrûlaientetellepouvaitsentirsonvisagedevenirécarlate.
Ilfermaledossieretleplaçasurlehautdesontiroir.
«Bon,jevoisqu’ilyaquelquechosequinevapas.Tun’espasheureuseici?»
«Quoi?Jeveuxdire,biensûrquejelesuis.Toutvabien.»Ellelevalesyeuxpourrencontrerlessiensetdétournaleregardaprèsquelquessecondes.
«Parceque,decequejevois,tunem’aimespasvraiment,nilesgensquiviennentici.»
«Non,c’estjuste…»Elles’arrêta,sachantqu’elleenavaitdéjàtropdit.
Ilyeutunsilencetenduentreeux.Ilrendaitl’atmosphèrelourde.
«Quedirais-tudeprendretajournée?»Keithsouriait.«Jepensequetul’asmérité.»
«Vraiment?»
«Biensûr.Jepariequetuasfinitontravaililyadéjàbienlongtempsetquetufaisjusten’importequoidepuis.»
Elleritetseretournaverslaréception.
Elleadmit:«Oui,c’étaitvraimentfacile.»
Keithnel’écoutaitpasvraiment.Ilétaittropdistraitenvoyantsonvraisourirepourlapremièrefois.
«Tupeuxlerefaire?»
«Ledocument?»Elleavaitl’airtroublée.
«Non,tupeuxsouriredenouveaupourmoi?»
Ellenepouvaitpaslerefaire.Aulieudecela,elleregardaparterreunefoisdeplus.
Ilsepenchaau-dessusdesonbureau:«Tuesvraimentmagnifiquequandtusouris.Tudevraislefaireplussouvent.»
«Jenesuispasvraimentunepersonnesouriante.»Elleseleva,elleavaithâtedepartir.
Ilsesentaitbattu,maisKeithavaitaumoinseuunaperçudelaversionheureusedeSamantha.Etilneputs’empêcherderemarquercequil’avaitfaitsourire,lafiertédesontravail.
«Eh»ill’appela.«Avantquetupartes…Ilyaunefêteorganiséeàuneheurechezundenosclientset…tuvoudraisyalleravecmoi?»
«Commeunrendez-vous?»
«Non,commeami.Toutlemondemedemandequiestl’enfantprodigeaudernierétageetj’aimeraisprésenterlegénieavecquijetravailletouslesjours.»
Ellesouriaitunefoisencore,ungrandsouriresursonvisage.Ilpensequejesuisungénie.
«Jesuisdésolée»ellebaissalatête.«Jedoistravaillersurunprojet.»
«Oh…c’estdommage.J’imaginequel’universitépasseavanttout.»
«Oui,jesuppose.»Ellejetauncoupd’œilrapidedanslapièce.
«Ehbien,situchangesd’avis,voilàl’adresse.»Ilécrivitsurunboutdepapier.«Ceseraitsympadetevoirlà-bas.»
Elleregardal’adresseeteuunpetitcridesurprise.
«Iln’yapasmoyenquequelqu’uncommemoisoitlabienvenuedansunendroitpareil.Ilsappellerontprobablementlasécuritéavantquej’atteignelaporte.»
Elleavaittoujourscetteattituded’autodépréciationqueKeithtrouvaitsisurprenante.
«Tuseraslabienvenuelà-bas.Jeferaisensortequetonnomsoitsurlalisted’invités.»
«Merci.»Elleacquiesçaenpartant.
Ellecontinuaitdefixerl’adresseensortantdel’immeuble.C’étaitunefêteimportante,c’étaitévidentetelleseraitaubrasdeKeith,mêmesicen’étaitqu’entantqu’ami.Ellesesentaitsitroublée.Ellevoulaityaller,serapprocherdesonpatron,maisilyavaitunepartied’elle-mêmequipensaitnepasêtreassezbienpouryaller,qu’elles’yridiculiseraitenyallant.Ellesoufflaensortantdel’ascenseuretdécidaqu’uneseulepersonnesavaitcequ’elledevaitfaire.ElleattrapasontéléphoneetappelaKaty.
***
Deretouràsondortoir,Samanthaessayaitdesrobes,maisellelesdétestaittoutes.
«Celle-ci,c’estpresqueconvenable.»Dit-elletoutenexaminantlalargeurdeseshanchesdanslemiroir.«Maisest-cequejenefaispas,tusais,unpeugrosseàcertainsendroits?»
«Tuveuxrire?»Katylevalesbras.«Tuasl’airincroyable.Jetueraislittéralementpouravoiruncorpscommeletien.»
Pourtant,Samanthanesemblaitpasconvaincue.Ellesemblaittoujoursinsatisfaiteavecunegrimacesursonvisage.
«Pff,peut-êtrequejenedevraispasyaller.Jevaisprobablementdétesterdetoutefaçon.»Elles’affalasursonlitetretirasestalons.
«Nesoispasridicule.»Katys’assitàcôtéd’elleetcommençaàjoueravecsescheveux.«Penseàtouslesgensimportantsqueturencontreraslà-bas.»
«Jesuppose.»Ellefixaleplafond.
«EtpensequetuserasavecKeith.Tueslafillelapluschanceuseaumondemaintenant.»
«Ouais,maisilnem’apasdonnéunrendez-vousgalant.Ilditquenousyallonsjusteenamis.Jesuissûrequ’ilaunharemdemannequinavecquirentrer.»
«Pourquoituestoujoursaussinégativeavectoi-même,hein?»Katytirasonamiepourqu’elles’asseye.«Pourquoitupensestoujoursquetun’espasassezbien?»
«Jesaispas.»MarmonnaSamantha.
«C’estàcausedeRyan?Parcequec’estunbâtard?»
«Ehbien,jesupposequec’estunpeuàcausedeRyan,maisKeith,c’estl’undeshommeslesplusrichesaumonde.Quepourrait-ilbienvoirenmoi?Maiscelanefaitrienenfait.C’estpasmongenre.J’aimeraisbienunhommesombreetnoir,tuvois,unvraiétalonnoir.»
«T’estellementcompliquée.»Katyriaittoutenouvrantunpaquetdecookiesetluipassantlaboite.«Rienn’estjamaissimpleavectoi.»
«M’enparlepas.»Samanthasoupiraengrignotant.
***
Aprèsêtredescenduedutaxi,àquelquesruesdelafête,elletraînadanslesruesencorequelquesminutesessayantderassemblerlecouragepouryaller.Ellen’avaitjamaisétéaussinerveuseetsesmainsétaientmoites.S’essuyantlesmainssursarobe,elleinspectasatenue.Aprèsavoirfouillédanstoutesagarde-robe,elleavaitfinalementdécidédeporterunerobenoiremodestequicouvraitsescourbesaussibienqu’ellelesembrassait.ElleavaitempruntéunepairedechaussuresparcequeKatyavaitinsisté.Aveclegratte-cieletletapisrouge,ellesesentaitplutôtinstableetellechancelaitenmarchant.
Elleespionnaittoutelasécuritéens’approchantdelaporte.Ceshommesavaientl’airdesuperhérosetellen’aimaitpaslafaçondontilsl’intimidaient.Cependant,ellesentitsonanxiétémonter,maiselles’approchaquandmême.
Ellemurmuraàuneblondemagnifiqueavecuneécritoiredevantlaporte:«SamanthaChapman.»
«Qu’est-cequetuasdit?»lafemmeprétentieuse,regardadehautlajeuneétudiante.
«SamanthaChapman»dit-elleplusfortcettefois-ci.
Lafemme,pensantquelajeunefilleétaitquelqu’unquis’invitaitàlasoirée,passaenrevuelesnomssurlaliste,s’attendantànepasvoirlesiensurlaliste.Ellefutdoncstupéfaitedevoirsonnom.
«Oh!VousêtesuneinvitéedeKeithWhite.Parici.»EllelevalacorderougeenveloursetlaisseSamanthapasser.«Passezuneexcellentesoirée.»
«Merci»marmonna-t-elle.
Ellen’avaitjamaisvuautantdepersonnesglamourdanssavie.Ellesesentitpétrifiéealorsqu’unfortsentimentd’infériorités’abattitsurelle.Elleétaitsurlepointderepartirquandellesentitunemainsursonépaule.
«Tuaspuvenir»,ditKeithensouriantetlatournantverslui.«C’estagréabledetevoirettuesfantastique.»Ilsecourbaetl’embrassasurlajoue.
C’étaitungesteinnocent,justepourêtreamical,maiselles’étaitsentiecommesisapeaus’étaitembrasée.Elletouchasejouealorsquecelle-cidevenaitrouge.
Ilrit.«Tuesvraimentmignonnequandt’estimide.»
Elleprotesta:«Jenesuispastimide!»
«D’accord.»
Illuifitunclind’œiletsonestomacseretourna.Passantunbrasautourdesataille,illamenaverslagrandesalledebal.
«Ouah,cetendroitestvraimentspectaculaire!»Ellerestabouchebéeenregardantleplafond.
Ilétaitornédefeuillesd’oretpeintavecdeschérubins.Elleétaittellementdistraitepasl’opulencedelapiècequ’ellen’avaitpasremarquéqueKeithlaprésentaitàquelqu’un.
«Samantha,voicilecolonelMcGilbert.»
«Enchanté.»Levieilhommecorpulentluitenditlamain.
Elleluiserralamainetpouvaitsentirsesosfragilessoussapeaublanche.
«C’estunplaisirdevousrencontrer.»Ellefaisaitsemblantd’êtreintéressée.
Alorsquesonpatronlaconduisaitverslapistededanse,illuiglissaàl’oreille:
«C’estquelqu’und’important.C’estbienqu’ilsemblet’apprécier.»
«Ilavaitquoi,aumoinsunecentained’années.»Ellegloussait.
«C’estvrai.»AcquiesçaKeithenprenantsamain.«Maisoublionstouscesvieuxschnoques
riches,hein?Tuveuxdanser?»
Samantharegardaplusloindanslapièceoùunquatuoràcordejouait.Ellepensaitqu’iljouaitunevalse,maisellen’enétaitpascertaine.Lamusiqueclassiquen’étaitpassonfort.
«Jenesuispassûredecomment.»
Keithlarassura:«C’estlachoselaplussimpleaumonde.Tuvascomprendreenunriendetemps.Premièrement,jeplacemamainsurtataille.»
Ellesentitsoncœuraccélérerlorsqu’illatoucha.
Illuidit:«Ettuplacestamainsurmonépaule.Maintenant,tusuisjustemespas.»
Ellefitcommeonluiavaitditets’ensortitmieuxqu’ellenel’avaitimaginé.
«Tuvois?C’estnaturel.»
Pendantqu’ilsbougeaientsurlamusique,ellesesentaitrelaxée.Quandelleregardadanslesyeuxdesonpatron,ellenepouvaitpascroirelachancequ’elleavait.
Jedoisavoirfaitquelquechosedegénialdansunevieantérieurepourmériterça.
Enmêmetemps,Keithétaitauxangesd’êtreenfinprochedecettefillequ’ilregardaitdepuisdessemaines.Iln’avaitjamaisvuquiétaitsimagnifiquenaturellementetilsavaitqu’ilattiraitsapartderegardsenvieux.Regardantdanssesyeuxverts,illesvitbrillerdejoie.
Ilvoulaitl’embrasseretnepouvaitpasseretirercetteimagedel’esprit.Ilétaitundeshommeslesplusrichesaumondeetpossédaituneénormelibertéetunénormepouvoir.Maisilnepouvoirpasvraimenttrouverlecouragedesebaisseretdel’embrasser.Pendantcetemps,ellepouvaitvoirqu’ilavaituneétincelledanssesyeux.
«Tuasl’airdepenseràquelquechose.»
Ileutunpetitsouriresatisfait.«Çasepourrait.»
Ellerit.«Est-cequetuasledroitdemeledireouc’esttopsecret?»
«Ehbien,jepensaisàtoi.»
«Àmoi?»
«Oui.»
«Etqu’est-cequetupensaisdemoi?»
«J’avaispeurquetunet’enfuiesouquetumegifles,oulesdeux,sijet’embrassais.»
Samanthasentitsoncœurbattrelachamadedanssapoitrine.
«Commentpeux-tusavoirquejeferaislesdeux?»Ellelevaunsourciletluisouriaitavecinsolence.«J’imaginequetuvasdevoirlevérifierpartoi-même.»
Ilseredressaethésitaunmoment.Ellen’étaitpascommetouteslesautresfillesetilnevoulaitpasprécipitéleschoses.Maisenfacedelui,ilsentaitqu’elles’avançaitsurlapointedespiedspourallerverslui.Effleurantseslèvrescontrelessiennes,ilsentaitsonglossàlèvrepicotersursapeau.Elleavaitlegoûtdesbaiesd’étéetilvoulaitplus.Ilenfonçasalanguedanssaboucheavantdereculer.Elleavaitl’airdéçue.
«Qu’est-cequ’ilya?»
«Jeneveuxjustepasprécipiterleschoses.Jepensequetuesgénialeetjeneveuxpastefairepeur.»
«Tunefaisriendetel.»Elleenroulasesdoigtsautourdesacravateetl’attiraverselle.
Cettefois-ciellel’embrassaavecardeuretsentitsoncorpsvivantalorsqu’ellesentaitleurscorpsl’uncontrel’autre.Puisellefutsurpriseparquelqu’uns’interposant.
«EnfinKeithy!Jepensaisquetun’yarriveraisjamais!»
C’étaitKentquiessayaitdefaireunhighfiveàKeith.
«VatefairefoutreKent!»
Samanthademanda:«Tunepensaisjamaispouvoirfaireça?»
«Rien»Keithessayaitdelamettreàl’aise.«Allons-nous-en.»Iltentadel’amenerdehors,maisellen’avaitpasl’intentiondebouger.
«Dequoiest-cequ’ilparlait?»Ellepointadudoigtsonami.
«S’ilteplaît,ignore-le,c’estuncon.»Illançaunregardnoiràsonamiens’enallant.
Unefoisdehors,aveclabrisefraîche,ilssecalmèrent.
Elleessayaencoreunefoisd’avoiruneréponse:«Dequoiparlait-il?»
«C’estrien,net’inquiètepasàproposdeça.C’estencoreungosseparmoments.»
«Maisqu’est-cequ’ilvoulaitdire?»
«Bonsang,jecommenceàmesentircommesitum’interrogeais.Situveuxsavoir,j’aieuunfaiblepourtoidèslepremierjouroùjet’aivuet…j’aipumentionneràKentquejevoulais…»Ils’arrêta.
«Coucheravecmoi?»elleoffraitunefinàsaphrase.
«Peut-être.»Ilregardaauloin.
«Jecomprendsmaintenant.Toutescesconneriescommequoijefaisunsuperjobetcommequoijesuisungénie,c’estn’importequoi,c’estça?»
«Non,attends!C’estvrai.»
«Tudisaistoutçapourpouvoirmeglisserdanstonlit.Tuvoulaisjusteunautrecoupd’unsoir.EhbienjenesuispascommetoustesautresrencardsKeith!»Elleallaitpartirfurieusement.«Vouslesriches,vousêtestouslesmêmes.»
«Eh,reviens!»Ilessayadelarattraper.«C’estpasça.Tun’espascommelesautres.»
Maiselleétaitdéjàpartie,elleavaitsautédansuntaxijauneavantdedisparaîtredansletrafic.
***
Samanthasesentaitcommeuneidiotealorsqu’elleretournaitsurlecampus.Aprèsavoirpayélechauffeurdetaxietluiavoirlaisséunpourboiregénéreux,elleregagnasondortoir.Elleavaitessayédenepaspleurer,maisellenepouvaitrienyfaireetlorsqu’ellerentradanssonassociationd’étudiantes,toutlemondepouvaitvoirsonmascaracoulerlelongdesesjoues.
Elleentenditunedesfillesdirependantqu’ellemontaitlesescaliers:«Qu’est-cequ’ilyapsychoSammy?»
Rentrantdanssachambre,elletrouvaKatyassisesursonlitquilisaitunmagazine.
«Bonsang!»s’exclamaKaty.«T’asfaillimefaireavoiruneattaque.Pourquoit’esàlamaisonaussitôt?Attends,tupleures?
Samanthaacquiesça.
«Ohvienslà.Fais-moiuncâlin.»
Elletombadanslesbrasdesameilleureamieetsesentiesoulagéed’êtreavecquelqu’unquises’occupaitd’elle.
Ellerenifla.«Mercid’êtrelà.»
“T’aspasbesoindemeremercier.Jevisiciaussi,tutesouviens?»
Ellesrirentunpeuensembleavantd’êtreinterrompuespardespas.Ellessedépêchèrentd’allerdanslehallavantd’entendrequelqu’unfrapperfrénétiquementàlaporte.
«Samantha!»
Elleouvritlaporteetvitunefilleaveclevisagerougeetlesyeuxgrandsouverts.
«KeithWhiteestlàpourtevoir!»dit-elletoutexcitée.
«Jeneveuxpaslevoir.»
«T’esfolle?»luicrialafille.
«Va-t’en.»InsistaKaty.«Celadoitêtreimportants’ilestpartidelafêtepourvenirtevoir.»
«J’imagine.»Samanthahaussalesépaules.«Jeseraienbasdansquelquesminutes.»
Essayantdefairedesonmieuxpourfairecommesiellen’avaitpaspleuré,elleessuyalemascaradesonvisageetdescenditlesescaliers.Keithavaitattiréunefouledefillesenchaleurquiluifaisaientdel’œil,tournicotaientleurscheveuxetétaientpenduesàchacundesesmots.Cependant,illesrenvoyaaussitôtqu’ilvitSamantha.Elledescendaitl’escaliernerveusement,passûredecequ’elledevaitdire.
«Hey.»Ilavaitl’aircoupable.«Jepeuxteparler?»
«Oui,pourquoipas?»
Alorsqu’ellelefaisaitmonterenhaut,lesfillesnepouvaientpasencroireleursyeux.Samanthaneremarquaitpas,elleétaittropoccupéeàavoirl’aircalme.
«Parici.»Elleouvritlaportedesachambre.«Katy,tupeuxnouslaisseruneminute?»
«Oh,oui.»
«Écoute,»Keiths’assitàsonbureau.
C’étaitsurréaliste,levoirdanssachambreparmilespostersdegroupesetlesstatuesHelloKitty.Ilnepouvaitpasêtreplusdécalé,commesisonstatutétaitbeaucouptropgrandpourlapièce.
«Écoute,jevoulaistedirequej’étaisdésolé.Jesaisquemaréputationn’estpastrèsbonneetjenedoutepasquetuaiesrencontrébeaucoupde…femmesdepuisquetuascommencéàtravaillerpourmoi.»
«C’estpeudire.»
«Oui,donc…Jepeuximaginerquetusoisunpeudégoûté.Unefillecommetoiméritelemeilleuret…jevoudraisquetumelaissesunedeuxièmechance.»
Ellenesavaitpasquoidire.Elleregardaitlehautdesatêteenmêmetempsqu’elleregardaitsonemploidutempssursontableaud’affichage.
«Celanepressepas.Mais…cequeKentaditlà-bas,celanesemblaitpasbien,maisc’estunvraiconparfois,jesuissûrquetulesais.»
«Ouais…»Elleleregarda.
Malgrélatensiondanslapièce,ilyavaitunepointed’attractiondansl’air.
Elleadmit:«J’étaisplutôtdramatique.Jen’auraispasdûpartircommeça.»
«Net’inquiètepas.»Ilsouriaitenselevant.«Est-cequ’onpeutessayerencore?»
Ilsavançaientlentementl’unversl’autre,deplusenplusprèsjusqu’àcequ’iln’yaitplusdemotspourcommuniquercequ’ilsressentaientetqu’ilsnepuissentplusquesetoucher.Ilss’embrassèrentardemment,leursmainsagrippéessurlesvêtementsdel’autre.Sanspersonneautourd’euxetdansl’intimitédesachambre,Samanthapouvaitmaintenantsedétendreetressentirsondésir.
Elletirasursesvêtements,nepouvantattendredelesenlever.Ilss’agrippaientl’unàl’autre,lesmembresentrelacésalorsqu’ilstombaientsurlelit.Ilneluifallutpaslongtempspourqu’illuiarrachesarobe.Révélantsoncorpsferme,ilbandaenuninstant.
Ilpassaundoigtdélicatementsursontétonraideetavaitl’impressionqu’ildurcissaitencoreplussoussamain.
Illuimurmuraalorsqu’ill’embrassadanslecou:«Tuesparfaite».
Ouvrantsesjambesetlesentourantautourdesoncorps,ellel’attiraverselleetouvritfrénétiquementlafermeturedesonpantalon.Ellenes’étaitjamaissentieaussimouilléeouaussidésespéréed’avoirquelqu’unenelleetellejetasaculottesurlecôté.Keithhaletaenvoyantcela.«J’aitellementbesoindetoi.»Ilsortitsonpénisdesonpantalon.
Caressantsonénormemembre,elleétaitsidéréeparsataille.Elleleregardaitbougersamaindehautenbasetnepouvaitpascroirequ’illuiarrivaitjusqu’aunombril.
Ellechuchota:«Ilesttellementgrand.Est-cequeçaferamal?»Ellemorditsalèvreanxieusement.
«Jeneteferaisjamaisdemal.»Ill’embrassadoucement.«Jeferaiaussidoucementquejepeux.»
Ilenfonçasonmembrelégèrementenelleetsentilachaleurémanerdesoncorps.
«Oh,mondieu.»Ilfermalesyeux.
Illapénétraencoreunpeuplusetsentitsapression.Ellegémitimmédiatement,sesmusclessecontractaientautourdeluipendantlapénétration.
«Tupeuxtoutmettre.»Ellel’encouragea.«Jepeuxlesupporter,c’estbon.»
«T’essûre?»
Elleacquiesçaavecunpetitsourirecoquinaucoindeseslèvres.Lorsqu’illapénétracomplètement,ilcriatellementfortquec’étaitpresqueunrugissement.
«Putain!»ilrenversasatêteenarrière.«Ohmondieu!»
Ellecrialorsqu’ellesentitsonpénisenelleetluigriffaledospendantqu’ilbougeaitàunrythmeconstant.Ilbougeaitlentementd’abord,pourêtresûrqu’ilneluifaisaitpasmal.Maiscommeelledevenaitdeplusenplusmouillée,ilbougeaitdeplusenplusvitejusqu’àcequ’illapénètretellementfortquelelitfrappelemuretgrincefurieusement.
«Jevaisjouir!»gémit-elleenmettantunemainentresesjambes.
Dèsqu’elleeûttouchésonclitoris,sapressioncommençaàtrembleretunevagued’extasepritpossessiondesoncorps.Frottantsesdoigtsdehautenbas,ilneluifallutpaslongtempspouravoirunorgasme,seslèvrestremblaientsursabiteetuntorrentdemouillurejaillitd’elle.
Ilseretiraetpompaavecsamainrapidementdehautenbasjusqu’àcequ’ilsenteunorgasmeintensearriver.Ilessayadeleretenirlepluslongtempspossible,maislavoyantainsi,lesjambesouvertes,seyeuxfixéssurlui,ilnepouvaitpassecontrôler.Iléjaculasursesseinsetsentisoncorpssevideretdevenirfatigué.
Iltombasurelle,laserrantcontrelui,leurscorpstranspirantscollésl’unàl’autre.
«Jen’aijamais…»Ilhaleta,«ressentiquelquechosed’aussiintense.»Ill’embrassasurlajoue.
Pendantcetemps,Samanthaétaitencoreentraind’essayerdereprendresonsouffle.Elleroulasurlecôtéjusqu’àêtreenfacedeluietpassasondoigtsurlecôtédesonvisage.ToutenembrassantKeithdoucement,ellepensaqu’elleétaitlafillelapluschanceuseaumonde.
***
épilogue
Keithapplaudissaitaussifortquesesbraspouvaientlesupporter.Depuisledevantdel’auditoire,ilregarderSamantharecevoirsondiplôme.Cesdernièresannéesavaientpasséàunevitessefolle,maisellesétaientlesmeilleuresdesavie.Ilnepouvaitpascroirelecheminqu’avaitparcouruSamantha.
Ellen’étaitpluslafilletimideetbizarrequinefaisaitconfianceàpersonne.Elleétaitmaintenantconfianteetfièreetsonintelligenceincroyablen’étaitmaintenantseulementsurpasséequeparsaconfianceensoi.Biensûr,elleavaitunemploisûràWhiteTowers,maispasentantquesonassistantepersonnelle.Aulieudecela,elles’étaitfrayéuncheminverslatêtedelacomptabilité,oùelleallaitlaissersamarquesurl’entreprisesansaucundoute.
Aprèslacérémonie,elleétaitvenueencourantversKeithavecunsourireéclatant.
Ilserapprochad’elle.«Jesuissifièredetoi.Tuétaismagnifiquelà-haut.»
«Merci!»Ellel’embrassasurlajoue.«Onfaitquoimaintenant?»
«T’asdesprojetsavecdesamis?»
«Oui,maispasavantdemain.Jemesuisassuréequ’onauralanuitpournousdeux.»
«Génial.»Illapritparlataille.«Jepensaisqu’onpourraitpasserunesoiréetranquilleaubistrotquetuaimes.»
«Parfait.»Ellepassasonbrasautourdelui.
Ellesentitquelquechosededurdanslapochedesaveste,seretiraetrit.
«Jevoisquetuescontentdemevoir.»Elleplaisantaetlepoussagentiment.«Maisc’estquoi?»
«C’estrien.»Ilregardaauloin.«Aller,allonsdîner.»
«Tumemens?Parcequejepeuxtoujoursledire.Tudeviensrougecommeunetomatequandtumemens.»
«Jenemenspas.»Ilregardaitdevantlui.
Maisellenecroyaitpasunmotdecequ’ildisait.Ellemitlamaindanssapocheetsortitl’objet.C’étaitunepetiteboiteenveloursnoiretellel’ouvritsansréfléchir.Ilyavaitunebagueendiamantàl’intérieur.
Ellecria:«Ohmondieu!»
«Merde!»Keithsefrappelefront.«T’étaispassensélevoir.»
«Est-ceque,est-cequetumefaistademande?»Ellemitsamaindevantsabouche.
«Ehbien,j’allaisattendrequ’onsoitarrivéaurestaurant,mais…»Ilposaungenouàterre.
Desgenss’arrêtaientetlesfixaientpendantqu’ungrouped’étudiantss’étaientattroupésautourd’eux.
«Samantha,tueslafemmelaplusincroyablequej’aijamaisrencontréeetjeneveuxjamaisêtresanstoi.Veux-tum’épouser?»
«Oui!»cria-t-elle.«Sansaucundoute.»Elletombaàgenouetl’embrassapassionnément.
Lafoulelesapplauditpendantqu’ilsseserraientl’uncontrel’autre.Quelquesfillespartirentencoupdevent,jalousesqu’ellesn’épousentpasunmilliardaire.MaisSamanthanelesremarquamêmepas,elleétaittropoccupéedanslesbrasdeKeith.
Illuimurmuraàl’oreille:«jet’aimetellement.»
«Jet’aimeaussi.»répondit-elle.
FIN
Mercid'avoirlumonlivre!
