LA TERRE DES HOMMES ROUGES - Marco Bechis · 2013. 3. 9. · une tribu Guarani-Kaiowa et raconte son combat pour récupérer les terres dont elle a été spoliée par des Brési-liens

LA TERRE DES HOMMES ROUGES Un film de Marco BechisDurée : 1 h 46 - Couleur - 2008 - Fiche technique et artistique complète sur le site du film :

http://www.ocean-films.com/laterredeshommesrouges

Au cinéma le 17 décembre

Après le suicide de l’un des siens, Nadio, chef d’une tribu Guarani Kaiowa, décide de dresser un campement sur la terre des blancs. Pour lui, comme pour le chaman, il s’agit de réparer une terrible injustice : récupérer les terres dont ils ont été spoliés autrefois. L’af-frontement semble inévitable.

Synopsis

Dossier pédagogique

Histoire-Géographie Lycée

Un dossier proposé par Zérodeconduite.net En partenariat avec Océan Films

MODE D’EMPLOI DU DOSSIER

La première partie est constituée d’une introduction thématique généralesur le film.La deuxième partie propose un accompagnement pédagogique en Géogra-phie : cadre pédagogique, activités, documents d’accompagnement.

Le présent dossier ne comporte que les questions et exercices,et les documents d’accompagnement.

Pour avoir accès aux corrigés des exercices, il faut s’identifieren tant qu’enseignant en s’inscrivant au Club Zérodeconduite.net(http://www.zerodeconduite.net/club)

Dossier rédigé par Hélène Chauvineau (Approches thématiques, Activités Géographie).

Dossier coordonné par Vital Philippot pour Zérodeconduite.net

Crédits Photo : Océan films

SOMMAIRE

Approches thématiques ........................................................... p. 3

GéographieCadre pédagogique ............................................................ p. 7Activités................................................................................ p. 10Documents d’accompagnement.......................................... p. 11

APPROchES théMAtIqUES

3 Dossier pédagogique

Un contre-westernL’Amérique, de nos jours. Une lutte entre des Indiens et des Blancs pour des questions territoriales. Le choc entre deux mondes, deux cultures, deux civilisations. Le surgissement de la violence et de la mort qui aboutit — en apparence — au triomphe de la de la puissance matérielle et technique sur le droit. La Terre des hommes rouges, un nouveau western ?

Sur un sujet apparemment lointain, le réalisateur Marco Bechis a adopté les thèmes, le tempo, et même la sym-bolique du genre : le Mato Grosso, région au sud-ouest du Brésil qui est le théâtre de ce drame, a longtemps été le symbole de la Frontière brésilienne, de ce front pionnier amazonien qui a attiré chercheurs d’or et aventuriers en tous genres au XIXe-XXe siècle. Ainsi les paysages filmés par Marco Bechis sont-ils, comme dans un western, im-menses, faiblement peuplés, et l’unique grande ville, Dou-rados, semble y être à peine sortie de terre.

Toutefois, il faudrait plutôt parler de contre-western pour La Terre des hommes rouges, film qui prend pour héros une tribu Guarani-Kaiowa et raconte son combat pour récupérer les terres dont elle a été spoliée par des Brési-liens d’origine portugaise. Les rôles y sont inversés par rapport aux films mettant habituellement en scène des In-diens (pensons non seulement aux westerns américains mais aussi, pour les Améridiens, à Aguirre de Werner He-rzog ou à Mission de Roland Joffé) : les blancs — comé-diens professionnels — n’ont ici que des rôles secondaires tandis que les Guarani — amateurs recrutés pour l’occa-sion —, sont les protagonistes principaux. Ainsi le film ren-verse-t-il non seulement la logique des westerns, mais il

remet aussi en cause la finalité de ces films qui aboutis-sent toujours à une domination définitive des Blancs

La reconquête de l’AmériqueDans La Terre des Hommes rouges, certains personnages croient que la conquête des terres par les Blancs a marqué la fin de l’Histoire. Pour Moreira, il est acquis que les Guaranis seront ad aeternam cantonnés dans leur réserve, tandis que les terres conquises appartiennent définitivement aux Blancs. Son bureau est orné de parures indiennes traditionnelles, ultimes vestiges d’une civilisation vaincue qu’il fait ainsi entrer au musée. Ainsi les propriétaires terriens imposent-ils cette vision figée de l’Histoire aux touristes qui viennent visiter la région en leur présentant, dès la première scène, des Indiens restés à l’état sauvage, Indiens de pacotille grimés pour l’occasion.

Les Blancs considèrent ainsi les Indiens au mieux comme une espèce en voie de disparition (les touristes, les Birdwatchers du titre anglais du film, qui ne semblent pas faire de différence entre les oiseaux exotiques et les indigènes), au pire comme des nuisibles qui infestent leurs champs (et à qui on envoie un épouvantail pour les faire déguerpir) : pour les propriétaires comme pour ces touristes, il n’est pas concevable que les Guaranis aient suivi le mouvement de l’Histoire.

La scène d’ouverture renverse immédiatement cette idée d’une fin de l’Histoire par un coup de théâtre signifiant que les Guaranis s’inscrivent bien dans le contexte culturel et économique actuel.

Acteurs de l’Histoire, les Guarani-Kaiowa le sont tout au

Marco Bechis : Un cinéaste engagé

Après avoir été expulsé d’Argentine pour des motifs politiques en 1977,

Marco Bechis fait des études d’économie à Milan et travaille comme photographe et vidéaste pour ensuite se diriger vers une école de cinéma.

Il signe dès 1981 une installation vidéo sur un camp de concentration pendant la dictature argentine, aux

côtés d’Amnesty International. Il écrit ensuite des scénarios et réalise

diverses œuvres, entre autres pour la RAI. Un de ses scénarios, celui

d’Il Carniere, s’attache à la guerre de Bosnie ; ses deux longs métrages,

Garage Olimpo et Figli-Hijos, évoquent la dictature militaire en

Argentine.

Source : Dossier de presse du film



long de La Terre des hommes rouges – ne serait-ce que par leur décision de retourner sur les terres dont ils ont été spoliés. Dans une scène emblématique du film, à Moreira qui dit posséder sa terre depuis soixante ans, le chef des Guaranis répond en avalant une poignée de cette même terre : à la si jeune histoire (soixante ans) et aux titres de propriété des colons, il oppose symboliquement une temporalité immémoriale, presque tellurique.

Dans La Terre des hommes rouges, la logique de l’histoire – comme celle de l’Histoire – n’est plus celle des Blancs, et la fin du film laisse ouverte la possibilité d’un avenir dessiné par les Indiens.

Le regard de l’autre

En montrant la confrontation visuelle entre un groupe de touristes occidentaux et de vrais-faux Indiens en tenue traditionnelle, la scène d’ouverture du film pose d’emblée la question du point de vue : de quel côté se place le spectateur ? Dans cette scène, le champ-contrechamp nous invite symboliquement à passer d’une rive à l’autre, à nous défaire de nos préjugés (en épinglant au passage la fascination de notre montre civilisé pour les peuples dits « sauvages ») pour épouser la vision des Indiens. Le réalisateur Marco Bechis s’est lancé dans une enquête minutieuse (entretiens avec des Indiens, des chamans et anthropologues) pour reconstituer le mode de pensée des Guarani-Kaiowa, essayant de faire table rase de ses références picturales ou cinématographiques, pour s’inspirer plutôt de leurs traditions graphiques (costumes et tatouages) et orales.

Le film fait ainsi une large place à l’imaginaire des Guarani : les rêves prémonitoires d’Osvaldo, les rites chamaniques ou les visions de l’esprit maléfique Angué constituent des péripéties à part entière, au même titre que la lutte contre les propriétaires terriens.

Même les brésiliens d’origine portugaise du film ne sont vus qu’au prisme du regard des Amérindiens, Marco Bechis s’étant basé sur la description que faisaient ceux-ci des « Blancs » pour construire les personnages de fazendeiros. Dans La Terre des hommes rouges, la confrontation entre les mondes opposés passe ainsi le plus souvent par le regard : regards de défi à la manière du western (ainsi quand Nadio et Moreira se confrontent, sous l’œil du représentant de la loi) ; mais aussi regards de curiosité, quand Ireneu reste en arrêt devant des jeunes filles maquillées dans le centre commercial, ou quand Maria, la fille des propriétaires terriens, observe les rites que pratique Osvaldo.

Les Indiens Guarani-Kaiowa

À l’arrivée des Européens en Amérique du Sud, les Guarani furent

parmi les premiers peuples qu’ils rencontrèrent. A cette époque, on

compte plus de 1,5 millions d’Indiens guarani répartis sur les territoires

actuels du Paraguay, du Brésil, de la Bolivie et de l’Argentine. Aujourd’hui, seule une infime partie de ce peuple

est encore en vie. Au Brésil, on trouve trois groupes guarani, dont les Kaiowá

sont les plus nombreux : ils sont estimés à 30 000. Ils habitent dans

l’Etat du Mato Grosso do Sul, au sud du Brésil, près de la frontière avec le

Paraguay.

Source : Association Survival



Domination culturelle, domination économique

Chassés de leur terres par la déforestation et l’agriculture, parqués dans des réserves, les Guarani ont perdu contact avec leur mode de vie traditionnel et la culture qui en est l’expression. Les suicides d’adolescents qui émaillent le film montrent que c’est la nouvelle génération qui en souffre le plus, écartelée entre les valeurs traditionnelles transmises —tant bien que mal— par les anciens et le mode de vie et de consommation (téléphones portables, baskets, musique techno) occidentaux.

La scène d’ouverture montre que tout retour en arrière n’est ni possible ni souhaitable : les Indiens ont d’ores et déjà adopté certains aspects du mode de vie occidental. Mais à la trajectoire tragique du jeune Ireneu (dont le suicide est relié symboliquement à l’achat d’une paire de baskets) La Terre des hommes rouges oppose celle, pleine d’espoir, d’Osvaldo, qui s’initie au chamanisme : c’est en redécouvrant leurs racines culturelles et religieuses, semble nous dire Marco Bechis, que les Indiens puiseront la force de résister.

Car la domination culturelle de l’Occident sur les amérindiens n’est que le reflet d’une oppression économique. Ce que reproche Nadio à son fils Ireneu est moins de s’être acheté une paire de chaussures occidentales que d’y avoir consacré la maigre gagnée chez les fazendeiros (et qui aurait pu nourrir la famille). Il est donc moins question de résistance culturelle que de difficultés économiques. En cela, cet épisode est significatif du fait qu’une des grandes violences visibles dans le film

est liée au décalage matériel très fort entre les deux mondes, au contraste permanent et choquant entre les biens des uns et la pauvreté des autres. L’habitat des Guaranis cantonnés dans leur réserve est rudimentaire ; il devient misérable quand la tribu s’installe sur ses terres ancestrales. Les Indiens n’ont qu’un accès très restreint aux technologies et moyens de transport modernes ; ils n’ont pas de travail fixe. Contrepoint permanent dans le film, le mode de vie de la famille Moreira frappe par un luxe qui paraît d’autant plus insolent qu’il est juxtaposé au dénuement extrême des Amérindiens. La Terre des hommes rouges montre ainsi la coexistence d’univers très proches spatialement mais très éloignés économiquement, trait caractéristique des sociétés des pays du Sud.

Marco Bechis :

« Lorsque deux mondes se font face comme

cela, ils ont tendance à s’épier car la curiosité

pour “l’Autre” est un comportement

profondément ancré chez l’être humain. Je pense

que les Indiens éprouvent une vraie curiosité

pour les Occidentaux. Mais la curiosité n’est

pas synonyme de contamination. »

Extrait du dossier de presse



L’art du contrepoint

La présence au générique du film de l’organisation Survival (qui défend les populations indiennes) ainsi que les déclarations du réalisateur (convaincu que la conquête de l’Amérique est « l’un des plus grands génocides de l’histoire » (cf. Génocide : du bon usage d’un mot) faisaient redouter que La Terre des hommes rouges soit un manifeste sans nuance pour des Guaranis systématiquement réduits à la position de victimes.

Mais le film échappe au manichéisme : les Blancs n’y sont pas uniformément réduits à l’image de cow-boys sans scrupules (Moreira cherche à dialoguer avec les Indiens qui s’installent sur ses terres, « l’épouvantail » n’a pas tant envie d’utiliser son pistolet que de rompre sa solitude), les Indiens, quand à eux, ne cherchent pas tant à se venger des Blancs qu’à récupérer pacifiquement leurs terres. Loin de l’idée de guerre des mondes propre au western, les frontières ne sont pas étanches entre le monde des Blancs et celui des amérindiens

Surtout, l’utilisation constante de l’humour permet d’alléger le tragique des situations : les Indiens remettent leurs vêtements occidentaux après avoir posé pour les touristes, Osvaldo dit communiquer avec son Dieu grâce à son téléphone portable, la fille du propriétaire ironise sur la prétendue sauvagerie des Guaranis en soutenant qu’ils sont cannibales, la tribu se moque à plusieurs reprises de « l’épouvantail ». De même, la sublime musique baroque de Domenico Zipoli constitue un contrepoint à la brutalité des images : l’histoire des œuvres du compositeur italien symbolise d’ailleurs, malgré l’existence d’échange entre communautés, l’échec de la volonté d’intégration des Indiens par les Jésuites au XVIIIe siècle comme par les Blancs aujourd’hui.

Le point sur : Zipoli et les Guaranis

Domenico Zipoli (1688-1726), musicien baroque italien et missionnaire de l’ordre des Jésuites, a été le tout premier musicien européen à s’établir sur le Nouveau Continent.

Après s’être formé dans diverses villes italiennes, il part en 1717 en Amérique du Sud en tant que jésuite. Il s’installe

à Cordoba (Argentine) et compose des pièces d’orgue, de clavecin et de la musique vocale. La musique de Zipoli connaît un succès immédiat dans les missions jésuites et

dans les Réductions, lieux où les colons espagnols du XVIe au XVIIIe siècle ont parqué les Indiens afin de les regrouper

et les surveiller. Pendant de nombreuses années sa musique fut jouée et chantée par des chœurs guaranis.

D’après Wikipédia, art. « Domenico Zipoli »

Génocide : du bon usage d’un mot

Rappelons que le terme de génocide, entré dans le droit international en 1948, désigne la destruction d’une nation ou d’un groupe ethnique de

façon coordonnée, systématique et planifiée. Or si la colonisation des

Amériques par les Européens a entraîné la destruction quasi totale

des Indiens d’Amérique du Sud, il est désormais établi que ce désastre est lié à la contamination involontaire de

l’eau par des microbes européens vis-à-vis desquels les Indiens n’étaient

pas immunisés. Selon la hiérarchie commune des crimes (et non des

souffrances), la mort de masse des Amérindiens ne correspond donc pas

à un génocide.

ActIVItéS

Cadre pédagogiqueLa Terre des hommes rouges est un film intéressant pour les élèves de Terminale L et ES. Par les sujets qu’il aborde et par la façon nuancée dont il les traite, il donne l’occasion d’évoquer et d’approfondir une série de grands thèmes au programme de ces classes :

- Tout d’abord les contrastes de développement à l’échelle d’un pays à travers l’exemple du Brésil. Les inégalités de développement visibles dans la région du Mato Grosso do Sul caractérisent le Brésil actuel, pays émergent dans lequel une partie de la population est encore à l’écart du « miracle » économique.

- De manière plus générale, les conditions de vie des Indiens Guaranis ressemblent à celle de nombreuses populations du Sud, tandis que les grands propriétaires terriens ont un niveau de vie comparable à celui des habitants des pays du Nord. En ceci, le film est représentatif de « l’inégal développement à l’échelle du monde ».

- Par ailleurs, La Terre des hommes rouges constitue un très bon exemple des interdépendances qui caractérisent aujourd’hui l’espace mondial : on y décèle la présence des flux multiples reliant le Brésil à différents lieux de la planète.

- Enfin, « d’autres logiques d’organisation de l’espace mondial » y sont visibles, à travers la persistance de civilisations variées malgré la globalisation ainsi qu’avec des mouvements de résistance à la société issue de la mondialisation.

Ce film correspond donc à la fois à la première et à la troisième partie du programme des Terminales L et ES, à savoir celle concernant « L’espace mondialisé » et celle portant sur « Les mondes en quête de développement ». Il permet en outre d’étudier les rapports complexes entre mondialisation et développement.

Enfin, on pourra emmener des élèves de Seconde voir La Terre des hommes rouges. Le film aborde en effet un certain nombre de thèmes étudiés dans cette classe : les flux et les inégalités de développement (dans le chapitre « Plus de six milliards d’hommes sur Terre »), les systèmes de production agricole (dans le chapitre « Nourrir les hommes »), voire la question de l’eau (dans « L’eau entre abondance et rareté ») et la dégradation de l’environnement (dans le chapitre « Les sociétés face aux risques »).Le questionnaire proposé aux Terminales peut donc être repris – tout en attendant moins des réponses apportées par les élèves.


GEOGRAPhIE

GEOGRAPhIE ActIVItéS

I : La Terre des hommes rouges, un territoire en mutation

Le film de Marco Bechis fait la part belle aux paysages : presque toutes les scènes s’y passent en pleine nature, et La Terre des hommes rouges s’ouvre et se ferme sur une vue aérienne de la région du Mato Grosso do Sul. Or la comparaison de ces deux vues souligne que ce territoire connaît une véritable mutation, qu’il est nécessaire de reconstituer afin de comprendre les relations entre les hommes et leur milieu au Brésil.

1/ Repérez d’abord le Mato Grosso do Sul sur une carte du Brésil dans votre manuel scolaire. Puis, à partir des images du film et du lexique ci-dessous, décrivez le milieu naturel de cette région

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2/ Montrez à partir du film que le paysage est en cours de change-ment radical. Datez et expliquez ce changement grâce aux don-nées du film ainsi que des documents 1 et 2. En quoi peut-on parler de « marche » pour le Mato Grosso do Sul aujourd’hui ?

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3/ En quoi le mode de vie originel des Indiens Guaranis, que l’on com-prend à travers diverses scènes du film, est-il fortement lié au milieu naturel ? Montrez qu’il s’oppose en cela au mode de vie des Blancs, et quelles tensions cela peut provoquer.

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4/ En quel sens peut-on dire que le passé du Mato Grosso do Sul est représentatif de ce qui se déroule aujourd’hui en Amazonie ? Aidez-vous du lexique et du document 3.

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ActIVItéS


GEOGRAPhIE

II : La Terre des hommes rouges : un territoire d’inégal développement

1/ L’inégal développement est un phénomène visible à plusieurs échelles. La Terre des hommes rouges le met en scène à échelle locale.Décrivez-le en comparant le mode de vie des Guaranis à celui des fazendeiros au sein du tableau suivant :

Guaranis Fazendeiros

Mode d’habitat

Accès à l’eau

Moyens de transport

Travail

Propriété

Vêtements

ActIVItéS


GEOGRAPhIE

2/ Cet inégal développement signifie-t-il que les Guaranis n’ont aucun accès à quelque progrès matériel que ce soit ? Vous pouvez vous servir de l’exemple du téléphone portable visible dans le film pour apporter et expliquer cette nuance.

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L’inégal développement à peine décrit peut être généralisé à l’en-semble du Brésil, selon deux points de vue : l’un portant sur d’autres types d’espaces dans lesquels se côtoient des populations aux niveaux de vie opposés, l’autre sur les caractéristiques d’un pays émergent.

3/ Ainsi, utilisez vos connaissances pour montrer que les forts contrastes locaux visibles dans La Terre des hommes rouges peu-vent se retrouver dans les villes brésiliennes ; puis, en vous ap-puyant sur vos connaissances ainsi que sur les documents 4 à 6, expliquez en quoi ces forts contrastes sont caractéristiques de la situation économique et sociale actuelle de ce pays émergent.

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4/ Au vu de tous ces contrastes à échelle locale et nationale, vous pa-raît-il encore pertinent de parler d’un Sud ?

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ActIVItéS


GEOGRAPhIE

Il est difficile de donner une explication simple du fossé entre populations développées et populations en retard de développement ; ou, de manière générale, du fossé entre Nord et Sud.

5/ Rappelez d’abord les causes (historiques ou actuelles) que en vous connaissez, puis appuyez-vous sur le document 7 pour montrer dans quelle impasse se trouvent les Guaranis de La Terre des hommes rou-ges face à la question territoriale et en quoi il s’agit, selon Hernando de Soto, d’un facteur handicapant le développement des pays du Sud.

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ActIVItéS


GEOGRAPhIE

Parmi les différentes explications apportées à la situation de sous-déve-loppement, celles qui évoquent le rôle de la NDIT, de la fuite des cerveaux ou encore de la colonisation établissent un lien avec le processus de mon-dialisation. Il est en effet difficile aujourd’hui de concevoir la notion de dé-veloppement sans la lier aux interdépendances croissantes des territoires sur la planète. Bien que se déroulant sur un territoire peu étendu, La Terre des hommes rouges constitue une bonne illustration de ce processus, qu’il convient donc d’étudier.

1/ Avant toute chose, donnez une définition élaborée de la notion de mondialisation (au moins 5 lignes). Pour ce, vous pourrez vous référer aux documents 8 et 9.

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2/ A partir de cette définition, déduisez de La Terre des hommes rouges les différents flux mondialisés qui touchent les populations du Mato Grosso do Sul. N’oubliez pas de sérier tous les domaines concernés par ce processus en vous servant de l’observation minutieuse des per-sonnes, des objets et du mode d’exploitation de la fazenda.

Vous pouvez vous appuyer sur les documents 1 et 10.

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III : La Terre des hommes rouges : un territoire face au processus de mondialisation

ActIVItéS

3/ Cherchez dans le Lexique des termes qui puissent s’appliquer aux effets territoriaux de la mondialisation tels que l’on les décèle à tra-vers l’exploitation de Moreira.

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Toutefois, le film montre aussi un autre aspect de la mondialisation : celui de la résistance face aux transformations qui lui sont liées. Qu’est-ce qui montre dans La Terre des hommes rouges que le processus de mondialisa-tion ne transforme pas intégralement les populations ?

4/ Pensez à toutes les données culturelles que vous pouvez relevez en ce sens pour remplir le tableau suivant :

Société brésilienne occidentalisée

Guaranis-Kaiowa

Langue principale

Religion

Alimentation


GEOGRAPhIE

GEOGRAPhIE ActIVItéS

5/ En quoi La Terre des hommes rouges montre-t-il une contestation active des injustices parfois liées à la mondialisation ? Relevez des données non seulement dans le film lui-même, mais aussi dans son générique. Vous pouvez vous aider du lexique ainsi que du site survi-valfrance.org – en sachant qu’il est partisan et utilise de façon erronée le terme de génocide (cf. Introduction thématique).

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> Bibliographie et webographie

La Terre des hommes rouges, Dossier Cinéclasse, Le Monde de l’Education, n° 375 (décembre 2008) (téléchargeable sur le site : http://www.zerodecon-duite.net/laterresdeshommesrouges)

« Brésil, pays en devenir », TDC, n°885, décembre 2004.

Pascal BAUD, Serge BOURGEAT, Catherine BRAS, Dictionnaire de géogra-phie, Hatier, 2008.

Martine DROULERS et Céline BROGGIO, Le Brésil, PUF, Que sais-je ?, 2005.

« L’Amérique latine », L’Histoire, n°322, juillet-août 2007.

Hervé THERY, Le Brésil, Paris, Armand Colin, 4e édition, 2000.

Hervé THERY, Atlas du Brésil, CNRS Libergéo – La Documentation fran-çaise, 2003.

Hervé THERY, « Le Brésil : changement de cap ? », La Documentation pho-tographique, n°8042, janvier-février 2005.

http://www.inpe.br/ [images satellites]

http://www.ibge.gov.br [institut brésilien de géographie et de statistiques]

http://www.survivalfrance.org [site de défense des peuples indigènes]


GéOGRAPhIE DOcUMENtS D’AccOMPAGNEMENt


DOCUMENT 1 - Modèle de l’évolution historique du Brésil DOCUMENT 2 - L’inégale desserte du sud-est du Brésil, liée à l’histoire du peuplement


DOCUMENT 3 - La colonisation de l’Amazonie

Quelques années après le démarrage des opérations planifiées de colonisation agricole [dans les années 1960], l’accès à la grande propriété foncière s’est développé davantage grâce aux facilités bancaires et fiscales proposées par l’Etat brésilien. Les grands propriétaires (les fazendeiros), venant essentiellement du sud du Brésil, ont acquis des domaines parfois précédemment occupés de manière précaire par les petits propriétaires et les ethnies autochtones (les posseiros, les caboclos). On est ainsi passé des fronts pionniers publics (défrichement planifiés et réalisés sous la houlette des structures de l’Etat) aux fronts pionniers privés (défrichements réalisés par des particuliers sur de grands domaines fonciers). Ces derniers se sont répandus surtout au sud des Etats du Para, du Mato Grosso et du Rondonia, formant un « arc de la déforestation ». L’agriculture traditionnelle itinérante sur brûlis, ainsi que la colonisation agricole par parcelles de quelques hectares distribuées aux migrants, a été progressivement submergée par les grands ranchs qui dépassent parfois 10 000 hectares. Sur ces immenses étendues, la forêt est défrichée de manière radicale et définitive et cède la place aux pâturages permanents. On estime que l’élevage extensif est responsable de 70% du déboisement de la forêt amazonienne.

Moïse Tsayem DEMAZE, « Déforestation et insertion territoriale en Amazonie brésilienne : une rupture apparente entre environnement et développement », Amérique latine, identités et ruptures, PUR, 2008

DOCUMENT 4 - Le Brésil, un des pays les plus inégalitaires du monde

Différents indicateurs d’inégalité convergent, pour attribuer au Brésil, depuis des décennies, le record absolu des inégalités dans le monde – peut-être partagé par l’Afrique du Sud. La présence d’une importante population recensée comme pauvre (34%), voire indigente (14%), n’est pas le reflet du niveau de vie moyen du pays, mais celui d’un problème distributif : dans les pays disposant d’un PIB par habitant comparable, la proportion de pauvres n’est en moyenne que de 10%. Dans la grande majorité des pays, le rapport du revenu moyen des 20% les plus riches à celui des 20% les plus pauvres est inférieur à 10, avec une médiane autour de 7 (8 en France). Au Brésil, il est de 32. […] Sur une longue période, le bilan n’est guère plus encourageant. […] L’expansion économique ne suffit pas pour assurer une baisse forte et spontanée du nombre des pauvres : des politiques sociales actives sont aussi nécessaires.Au-delà de ces chiffres globaux, le « profil » de la pauvreté est sociologiquement très marqué. Le Nordeste concentre ainsi 46% des pauvres (et 63% des indigents) alors qu’il ne représente que 30% de la population totale. Les pauvres sont surreprésentés dans le secteur agricole (40% des pauvres) et informel (57%) ou dans les familles qui comptent beaucoup d’inactifs (enfants en bas âge) ; ils sont également jeunes (37% des moins de 16 ans sont pauvres) et noirs (46% de la population mais 65% des pauvres). Enfin, bien que des efforts récents aient atténué la différenciation liée au milieu de résidence, celui-ci reste aussi un facteur important :

la pauvreté est maximale en milieu rural et décline régulièrement avec la taille de l’agglomération de résidence, pour atteindre son niveau le plus bas au centre des grandes métropoles.

Jérôme Sgard, Observatoire des inégalités, www.inegalités.fr, avril 2006 Amérique latine, identités et ruptures, PUR, 2008

DOCUMENT 5 - Typologie des superficies des exploitations, 1996




DOCUMENT 6 - Ethnies et développement

Revenus* Moins de 3 3 à 10 Plus de 10

Blancs 38% 45% 17%

Noirs 63% 32% 5%

Métis 15% 41% 44%

Indigènes 80% 17% 3%

* Les revenus sont calculés en salaires minimum. Au Brésil, les ménages disposant de revenus inférieurs à trois salaires minimum sont officiellement considérés comme pauvres.

Hervé Théry, Le Brésil, Armand Colin, 2000

DOCUMENT 7 - Interview de Hernando de Soto, Le Monde 2, n° 247, le 8 novembre 2008

H. de Soto est un économiste péruvien, auteur de Le Mystère du capital. Pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs, Flammarion, 2005, rééd., « Champs », 2007.

[…] Pourquoi dites-vous que l’Occident n’a pas été jusqu’au bout de sa révolution économique et juridique ?

L’apport décisif de l’Occident à l’humanité fut la création d’un système sophistiqué de propriété et de droit, un système de représentation accepté par tous permettant de fixer la valeur des biens que possède toute personne, riche ou pauvre. Le capitalisme établit des « titres de propriété », des documents légaux, si bien qu’un terrain, une maison,

des machines, des stocks se transforment en capital, c’est-à-dire un système d’information fiable permettant de faire des affaires, du commerce. Au milieu du XVIIIe siècle, l’Occident a détruit l’ancien système où les privilèges, les propriétés, les richesses étaient aux mains des élites. Il a établi un système de propriété, de droits et de papiers et l’a rendu en principe accessible à tous, aux riches comme aux pauvres.

Le capitalisme rend plusieurs services essentiels. Il établit les responsabilités de chacun. Il rend toute propriété fongible, ce qui permet de la diviser sans l’affecter. Il installe un droit des transactions. Il intègre les informations dispersées. Il installe la confiance et garantit les dettes. Il permet de développer l’activité économique de manière rationnelle, reconnue par tous, ce qui fait qu’il irrigue toute la société, descendant jusqu’au niveau de l’initiative individuelle, au niveau des pauvres. La mondialisation des échanges a pu se faire parce que votre système de droit et de propriété permet de garder la trace tangible des valeurs. De part et d’autre d’un océan, vous pouvez échanger des biens avec nous sans même voir votre acheteur ou votre vendeur. […] Mais avec le capital financier, vous avez perdu votre système de pistage des valeurs. Vous avez oublié ce qui fait le fondement même du capitalisme : rendre la valeur lisible par tous, l’établir par un droit de propriété. Tout ce qui nous fait tant défaut au Sud.

Vous expliquez, dans Le Mystère du capital, que le capitalisme a réussi au Nord et entraîné des désastres dans les pays du Sud. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Le problème, c’est que vous avez colonisé le monde ! Pendant cette période, vous avez certainement beaucoup donné aux pays conquis, peut-être des crédits, peut-être des leçons, sans doute beaucoup de prêtres et de missionnaires, mais jamais l’essentiel : un système juridique de propriété qui aurait permis à tous les habitants de nos pays de participer à l’activité économique. Aujourd’hui encore, la mondialisation se déroule entre l’Occident et une minorité d’acteurs économiques des pays émergents, ceux qui ont la formation nécessaire et les moyens pour consulter les juristes spécialisés, établir légalement leurs registres, négocier avec les décideurs, développer leurs activités au niveau mondial. Pendant ce temps, l’immense majorité des habitants du Sud les regarde, très énervée, vivant dans une économie informelle bien incapable de s’intégrer au capitalisme mondial.

Nous nous retrouvons aujourd’hui avec un capitalisme qui fonctionne comme un club privé, une « cloche de verre » ouverte à un petit nombre de privilégiés, mené par des Occidentaux dont l’appétit et l’irréalisme, ou l’inconscience, ont mené le monde à la crise générale. Cet apartheid économique se poursuivra tant que les politiques des pays émergents ne s’attaqueront pas aux défauts majeurs des systèmes juridiques des biens à l’intérieur même des pays du Sud. […]



DOCUMENT 8 - Aux origines de la mondialisation

La première phase de mondialisation apparaît au XVe siècle avec les Grandes Découvertes et le développement d’un capitalisme marchand en Europe occidentale. Elle est relayée entre 1840 et 1914 par une deuxième phase caractérisée à la fois par la révolution industrielle et par la création des empires coloniaux (impérialisme) qui impriment leurs profondes empreintes aux sociétés, cultures et territoire des trois quarts de la planète. Déjà le rôle stratégique des innovations, la révolution des transports qui accélère la circulation des informations, des hommes et des marchandises, la puissance des acteurs privés ou l’intervention déterminante des Etats les plus importants apparaissent comme des permanences.

Après une période de crise structurelle et de repli entre 1914 et 1945, une troisième phase débute à partir des années 1950. On passe alors progressivement d’une économie internationale reposant sur l’échange de biens et de services entre Etats-nations à une économie multinationale privilégiant les investissements directs à l’étranger et la mobilité géographique croissante des activités productives pour, enfin, déboucher sur une économie-monde aux interdépendances toujours plus étroites mais profondément asymétriques.

D’après A. Ciattoni, Y. Veyret dir., Les Fondamentaux de la géographie, A. Colin, 2003

DOCUMENT 9 - Le concept de mondialisation

Apparu aux Etats-Unis au début des années 1980, le terme de « globalization », traduit en français par « mondialisation », signifiait alors la mondialisation des marchés mettant en concurrence, sur l’ensemble de la planète, les acteurs économiques et financiers nationaux ou multinationaux. Ce concept traduisait une indéniable libéralisation des échanges.

Mais, dans les années 1990, il a pris une signification plurielle pour rendre compte d’une situation qui évoluait avec une rapidité exceptionnelle.

1. D’abord, l’effondrement du communisme, la conversion de la Chine à une économie plus ouverte ont unifié le marché mondial en effaçant la sphère de l’économie autarcique née en 1917 avec l’URSS. Ces événements ont clôturé, au bénéfice du libéralisme, l’évolution constatée au début des années 1980.

2. Ensuite s’est opérée en 1990 une révolution de la communication grâce aux NTIC, dont le phénomène dit « Internet » a été le plus spectaculaire. La planète est devenue un village, les prophéties de Mc Luhan se sont concrétisées et le terme de « mondialisation » s’est enrichi d’une nouvelle signification : la transmission universelle et instantanée des informations.

3. Le concept de mondialisation s’est encore enrichi d’une dimension culturelle. La propagation en temps réel et en tout lieu des sons et des images a montré que le terme de « mondialisation » va bien au-delà de cette sphère pour concerner les personnes, les

identités, les valeurs et toucher ainsi au politique, voire à l’idéologique.

Jean-Michel GAILLARD, « Comment la planète est devenue un village », L’Histoire, novembre 2002

DOCUMENT 10 - Un secteur agropastoral solide : élevage et soja au Brésil

L’élevage n’est pas une activité nouvelle. Il a largement contribué à l’occupation du territoire depuis que les Portugais ont introduit dans leur colonie les animaux apportés d’Europe. La nouveauté est que l’expansion pionnière a permis de constituer d’immenses troupeaux dans les régions nouvelles, ou de nourrir ceux des régions plus anciennes. De ce fait, il y a aujourd’hui plus de bovins que d’êtres humains dans le pays, bien que les Brésiliens consomment annuellement l’équivalent de près de 30 millions de bêtes (soit un bœuf par an pour six personnes…). Par ailleurs, profitant notamment des difficultés européennes liées à la crise de la vache folle, le Brésil est devenu en 2003 le premier exportateur mondial de viande bovine.

L’expansion de la production de soja a également permis de développer l’élevage des volailles, grâce aux tourteaux qui leur apportent les protéines nécessaires. Les éleveurs bretons, gros importateurs de tourteaux pour la production des poulets en batterie destinés à l’exportation, ont été victimes de ce changement : dans les années 1980, une ligne régulière de cargos reliait Brest à l’Arabie Saoudite, pour exporter ces poulets ; elle a été fermée du fait de la concurrence brésilienne ; le principal abattoir breton, le groupe Doux, en a tiré les leçons en allant s’installer au Brésil…



Le soja est donc à plus d’un titre un des éléments-clés du complexe agroindustriel brésilien ; il semble même que son huile soit la meilleure option pour l’élaboration de biodiesel destiné à être mélangé au carburant des camions et bus. L’introduction des espèces génétiquement modifiées a créé des conflits sérieux avec le gouvernement du Rio Grande do Sul, quand celui-ci était aux mains du Parti des Travailleurs, et plus récemment avec le gouvernement fédéral, qu’il a conquis avec Lula. Les agriculteurs de cet Etat sont passés outre aux interdictions d’utiliser les OGM, et ont planté massivement des graines importées en contrebande d’Argentine. En 2003, à peine élu, Lula a autorisé par décret-loi leur exportation, pour ne pas pénaliser les agriculteurs, reportant la décision sur le fond à une loi ultérieure. Celle-ci n’a pas pu être votée, en raison des conflits entre le ministère de l’Agriculture, favorable à ce type de culture (au nom de la productivité) et celui de l’Environnement, qui y est hostile (au nom du principe de précaution). […] Cette situation paradoxale – l’exportation de graines qui ont été plantées illégalement est légale – ne peut évidemment par durer […].

Hervé Théry, « Le Brésil : changement de cap ? », La Documentation photographique, n°8042, janv-fév 2005

LexiqueAnthropisation : colonisation par l’homme d’espaces encore vierges de son influence.

Cerrados : les campos cerrados sont des savanes « ermées », c’est-à-dire arborées, par opposition aux campos limpos (« propres »), sans arbres. Par extension, le terme de cerrados désigne la région du plateau central

que cette savane recouvre.

Chaman : dans les religions animistes, personne qui se présente comme l’intercesseur entre l’homme et les esprits de la nature. Il est le dépositaire des croyances et pratiques religieuses de son peuple. Il est à la fois sage, guérisseur et voyant.

Conquistador : aventurier espagnol ou portugais parti à la conquête de l’Amérique.

Favela : nom brésilien correspondant à ce que les organisations internationales appellent les slums, c’est-à-dire d’anciens quartiers dégradés où la population vit dans des taudis et des bidonvilles construits illégalement par les nouveaux venus, avec des matériaux de récupération.

Fazenda : grande propriété, le plus souvent d’élevage extensif. Le terme peut aussi désigner une plantation de café. Un fazendeiro est donc un grand propriétaire terrien.

Forêt-galerie : forêt de milieu intertropical qui s’étire seulement dans les talwegs humides empruntés par les cours d’eau alors que les interfluves restent le domaine de la savane. On lui donne aussi le nom de forêt ripuaire (« qui aime les rives »).

Fragmentation globale : thèse pessimiste, défendue par la plupart des mouvements altermondialistes, qui soutient l’idée que tous les territoires n’ont pas la possibilité de s’intégrer au monde, que donc cette insertion est sélective et limitée à quelques types d’espaces, comme les métropoles. En conséquence l’aggravation des inégalités est planétaire et oppose de plus en plus un archipel de richesse dans un océan de pauvreté. Les analyses géographiques se rapprochent généralement de cette thèse dans la mesure où elles font apparaître que la mondialisation met en concurrence des territoires, avec des « gagnants » et des « perdants », selon qu’ils offrent ou non des atouts leur permettant

de s’insérer dans l’espace mondialisé, et ce de façon différenciée, c’est-à-dire en position de force ou non.

Glocal / glocalisation : le néologisme « glocal » s’applique à la relation directe entre un lieu (ou un phénomène localisé) et l’échelon global, sans passer par les espaces d’échelle intermédiaire (les Etats ou associations régionales par exemple). Autre néologisme, la glocalisation désigne le phénomène de développement d’entreprises qui associent un mode de gestion à la fois local et global.

Latifundia : grande exploitation issue de l’époque coloniale et cultivée de façon extensive.

Marche : en Histoire, ce terme désigne une région dont la conquête, bien que remontant à des décennies, est encore mal consolidée, et qui est dans la mouvance du centre.

Mato Grosso : « forêt touffue » en brésilien. Le Mato Grosso do Sul est une région administrative créée en 1979, par distinction avec le Mato Grosso, à la suite des défrichements massifs qui y ont été effectués.

Retomadas : (littéralement « repossessions ») combat mené par les Indiens d’Amérique du Sud pour récupérer leurs terres ancestrales.

Shopping centers ou malls : centres commerciaux associant grands magasins et boutiques sous un même toit. Leur clôture, la présence d’air conditionné ainsi que de vigiles font de ces lieux des sortes d’isolats dans la ville.

Société duale : société au sein de laquelle se juxtaposent un secteur moderne et un secteur traditionnel.