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La Toile N°10 - Décentralisation et cantonales

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LA TOILE Trimestriel monarchiste dépoussiérant 

LA DÉCENTRALISATIONsexy or not sexy ?

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SOMMAIRE

Editorial

La décentralisation

OriginesFranceEuropeBelgiqueGrande-BretagneSuisseEspagne

Elections cantonalesEntretien avec Antoine Bruneau Les candidatures monarchistesEntretien avec Dominique Hamel L’analyse de Hubert Gaston

Planète monarchiste

Les révolutions arabesQuestions à la Libyan Constitutional Union

Le chant du SYLMEditorial SYLM Dieu rebat les cartesUn drapeau, pour quoi faire ? Entretien avec David Saforcada

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Trimestriel - Numéro 10 - Printemps 2011

Président : Sylvain RoussillonDirecteur de la Publication : Frédéric de Zarma

Rédac’ Chef : Sylvain RoussillonRédacteurs : Catoneo, J. Deprofundis, S. de Khemara,

L. Marv-Laf, Praxagora, S. Roussillon,J. Taubel, Toubib, F. de Zarma

Rédaction : [email protected]

Maquette : J. Taubel et F. de Zarma

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Publié par la Conférence Monarchiste InternationaleRéalisé et diffusé par SYLM

Crédit iconographique : tous les logotypes, images et graphismes sont la propriété de SYLM et de leurs auteurs ouréputés libres de droits. Si vous possédez les droits sur uneimage, vous pouvez demander son retrait à la rédaction.

LA TOILE #7 - PRINTEMPS 2010

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Editorial  

3LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Je sais que bon nombre de lecteurs sera déçu que ce numéro n’aborde pas l’histoire des mo-narchistes italiens, mexicains ou éthiopiens. Qu’ils se rassurent, La Toile leur réservera encorequelques beaux numéros spécialisés dans telle ou telle partie du monde.

Identiquement, nous avons voulu sortir de certains autres dossiers plus ou moins classiques,même s’ils étaient parfois inattendus, comme le monarchisme de gauche ou les monarchisteset les élections.

Pour résumer, c’est un numéro plus politique que nous avons voulu vous proposer ce prin-temps autour d’un thème récurrent dans nos milieux , mais souvent mal connu et traité commesi la vie publique de ce pays était restée gée immuablement durant des décennies.

En caricaturant (à peine…) on peut écrire que l’avis des monarchistes en matière de dé-centralisation se résume à ces deux positions existentielles : il faut préserver les spécicités

régionales et il faut abolir les départements (héritage « satanique » de la révolution, tout lemonde l’aura noté). Or, d’une part les départements, en plus de 200 ans d’existence ont eu letemps, largement, de trouver leur place et leur légitimité dans le paysage institutionnel français,et d’autre part il y aurait beaucoup à dire sur les spécicités régionales… Je lisais récemmentle texte d’un monarchiste niçois expliquant que nul, à Nice, ne se reconnaissait dans le dépar-tement des Alpes-Maritime, ce que je veux bien admettre (ces mêmes Niçois s’identiaient-ilsmieux en PACAiens, je ne saurais le dire) et il en tirait donc la conclusion que les départementsétaient obsolètes. A Nice peut-être. Dans la Loire, les habitants s’identient plus à leur dépar-tement, voire à leur ancienne province, le Forez, qu’à leur Région Rhône-Alpes, région aveclaquelle ils ne partagent ni le euve Rhône, ni les Alpes… Evitons donc les caricatures, les avisdénitifs et les positions tranchées.

La décentralisation est en perpétuelle évolution et elle ne saurait se limiter aux vieilles em-poignades entre départementalistes et régionalistes. L’avenir des communes, le rôle desCommunautés de Communes, des Communautés d’Agglomération, des Communautés Ur-baines, des aires Métropolitaines bientôt, appartiennent au débat. Sans même parler desrévolutions scales qui accompagnent ces réformes territoriales…

C’est donc un numéro politique au sens propre du terme que vous feuilletez aujourd’hui. Lesamateurs d’exotisme seront probablement un peu déçus. Pour ceux qui estiment que les mo-narchistes doivent opérer un retour dans le champ du débat des idées, nous souhaitons quece numéro soit un bon outil de réexion et de travail.

Bonne lecture.

Et si l’on faisait un peude politique ?...

par Sylvain ROUSSILLON

Secrétaire Général de la Conférence Monarchiste Internationale

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DECENTRALISATION

4 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Dès 1680, le royaume de France apparaît aux yeux de l’Europe

comme le pays le plus unié, le plus centralisé, grâce à ceux quel’on appelle les hommes de plume. Il faut dire que la naissancede l’administration française, œuvre des Valois et des Bourbon,a déjà quelques siècles derrière elle puisqu’elle naît en mêmetemps que l’Ancien Régime, à la mort de la féodalité. La divisionterritoriale première de l’Ancien Régime est la province. A satête se trouve un ofcier royal, le gouverneur. Pour compenser les différences liées à la taille des provinces, au XVIème siècleHenri II décide d’adjoindre des intendants aux gouverneurs, lesprovinces sont divisées en « généralités » gérées par l’intendant(le nombre dépend de la taille de la province). Ces hommes nesont pas des « ofciers » (hommes ayant acheté une charge),mais des « commissaires », nommés par le Roi et son Conseilpour une durée déterminée. Leurs prérogatives sont larges : ilssont censés contrôler les ofciers et tempérer leur indépendance.

On peut donc dire que l’administration est double, l’une agit (lesofciers), l’autre contrôle (les intendants et autres commissaires).

La justice

Pour ce qui est de l’organisation judiciaire, elle repose sur lesofciers, elle est dirigée par le Chancelier (l’équivalent de notre

Garde des Sceaux), le Conseil privé du Roi coiffe tout le systèmeet xe la jurisprudence. Ensuite, on trouve tous les degrés del’échelle judiciaire. Les prévôtés sont des tribunaux de premièreinstance, les bailliages (nos cantons actuels) les tribunaux degrandes instances. Henri II crée les présidiaux, ofciellementpour soulager les Parlements, ofcieusement pour contrecarrer leur pouvoir. Il s’agit de bailliages aux pouvoirs étendus. Enn, lesParlements : treize cours souveraines dont les arrêts ne peuventêtre cassés que par le Roi en son Conseil (ci-dessus Louis XI enson Conseil), qui ont pour fonction d’enregistrer les actes royauxet ont le droit de remontrance. Du fait de ce pouvoir politique,les Parlements délaissent la fonction judiciaire pour les affairespubliques : l’implication du Parlement de Paris dans la Frondeen est un exemple révélateur. A ce système ordinaire, s’ajoutenttoutes les cours spécialisées (les amirautés, les sièges des eaux

et forêts, etc), sans compter les tribunaux ecclésiastiques. Lacomplexité des structures judiciaires crée de nombreux conitsde compétence et l’origine coutumière des institutions renddifcile la création d’une carte judiciaire du royaume, d’autantque chaque ofce a une double nature : juridiction et direction.

La scalité

En effet, le découpage judiciaire servait aussi de découpagescal, avec un système complexe : il faut distinguer impôtsdirects et indirects. Ces derniers sont prélevés par les fermiersgénéraux (ci-dessus) — qui ne dépendent pas des ofciers —qui s’engagent pour une durée de six ans à percevoir les taxeset à reverser un minimum garanti à l’Etat. Le Trésor a donc lacertitude de revenus xes et le mécontentement des sujets seporte sur les fermiers et non sur le Roi. Quant à l’impositiondirecte, elle est à la charge des ofciers receveurs (un ou deuxpar impôt) sous le contrôle des intendants. Le régime scal estlié aussi à l’existence de deux types de statut : dans les paysd’élection, seuls les roturiers sont imposés sur la fortune, dansles pays d’état, la taille est calculée sur les biens et les terres, etconcerne tout le monde.

• Praxagora • 

ORIGINES

La France administrativesous l’Ancien Rgime

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5LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

DECENTRALISATIONFRANCE

Nul ne contestera sérieusement qu’une réforme de nosInstitutions locales était nécessaire. Entre 36.000 communes,

100 départements, 27 régions, des intercommunalités à n’enplus nir, des SIVU et autres SIVOM dans tous les coins, sansparler de quelques survivances comme les Pays ou de quelquesparticularismes locaux issus d’expériences plus ou moinsheureuses, le « millefeuille institutionnel » français devenait deplus en plus indigeste, tant pour les électeurs que pour les éluseux-mêmes.

L’Etat s’est donc servi d’un prétendu chiffre de 40 milliards dedécit de ces collectivités (prétendu, puisque ce chiffre n’apparaîtabsolument pas dans le rapport de la Cour des Comptes tant defois brandi par les Ministres concernés…) pour lancer une réformeque, décit ou pas, le principe de réalité rendait nécessaire.

Premier effet de cette réforme, le législateur institue deuxcouples. Un couple communes/intercommunalités et un coupledépartements/régions aux compétences complémentaires.Exit donc, à court ou moyen terme, la multitude des syndicatsintercommunaux (SIVU et SIVOM), les Pays… Par ailleurs toutesles communes de France devront, sans exception, adhérer à uneintercommunalité et ces dernières devront rapidement fusionner entre elles pour atteindre un plancher critique minimal de 25.000habitants. Tout cela peut sembler extrêmement directif, mais ilest clair que devant l’afux des obligations légales pesant sur les communes et les intercommunalités (loi sur l’eau, gestiondes déchets, compétences scolaires, voiries communales etcommunautaires), les plus modestes d’entre elles n’avaient plusles moyens de faire face à leurs obligations, sauf à demander l’aumône aux Départements qui, eux aussi, chargés du « social »,voient souvent plus de la moitié de leur budget global annuelpasser dans le RSA, la Vieillesse, le Handicap et les aides entous genres.

Pour autant, et c’est là que l’on peut s’interroger une première foissur la réalité de la volonté décentralisatrice du gouvernement,l’Etat, en supprimant la Taxe Professionnelle (TP), a porté uncoup très rude aux nances locales. Certes, l’Etat compenseraà l’euro près, nous dit la réforme… Mais tous les élus locauxsavent très bien d’une part que c’est faux, d’autre part quel’Etat paye toujours en retard et enn que, détenant du couples cordons de la bourse, il a entre les mains les outils d’unerecentralisation nancière dénoncée à grands cris par la Gaucheet plus discrètement par les élus locaux de Droite…

On peut bien évidemment discuter éternellement du bien fondé ounon de la TP, impôt injuste disait l’Autre… C’est un impôt qui avaitau moins le mérite d’être simple, compréhensible et d’assurer l’autonomie nancière des collectivités en récompensant cellesqui géraient bien et en pénalisant les autres. Le remplacementannoncé de la TP par une Contribution Economique Territoriale(CET) composée de modules divers et variables comme la CFE(Cotisation Foncière des Entreprises), la CVAE (Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises), modules auxquels il convientd’intégrer l’Imposition Forfaitaire des Entreprises de Réseau(IFER) et la TAxe sur les Surfaces COMmerciales (TASCOM),fait qu’aujourd’hui même le plus tordu des énarques n’y retrouveplus ses trombones. Que dire alors du modeste maire d’unecommune rurale, du patron de PME ou de l’artisan qui se demandes’il n’aurait pas dû faire HEC au lieu de solliciter un mandat de

ses électeurs ou de monter son entreprise… Le gouvernementfrançais vient d’inventer une nouvelle forme de jacobinisme : larecentralisation par la confusion mentale et scale.

Ce qui va aussi considérablement changer la donne politique,

c’est le nouveau mode de scrutin. Exit pour les Régionales lescrutin de liste. Désormais, les Conseillers territoriaux vont

remplacer les Conseiller généraux et les Conseillers régionaux.Il s’agira des mêmes personnes, élues lors d’un même scrutinuninominal, sur et par un territoire donné (on retombe sur larègle des 25.000 habitants). C’est donc la n de la représentationproportionnelles pour bon nombre de formations politiquesminoritaires (FN, Front de Gauche, Europe Ecologie, MODEM)et la réafrmation d’une volonté de bipolarisation de la viepublique au sein d’un Etat « UMPS ». Par ailleurs, la dispositiondes 25.000 habitants par territoire représenté élimine de fait bonnombre de territoires ruraux, parfois isolés mais constituant desbassins de vie à part entière, contraints de fusionner avec leursvoisins sur des bases purement démographiques et plus du toutreprésentatives d’un territoire ou d’un terroir.

C’est un double coup porté d’une part à la diversité politiquede notre pays, mais aussi à sa diversité géographique ; unerecentralisation par le code électoral.

Enn, en termes d’aménagement du territoire, on notera que legouvernement a très clairement choisi de donner sa préférenceau monde urbain plutôt qu’à la ruralité. Cette réforme territoriale,en permettant la création de Métropoles, sortes de géantsinstitutionnels, démographique et politique, va laisser sur le borddu chemin de nombreux secteurs du territoire français articulésautour de villes moyennes ou petites. Et l’on peut à juste titres’interroger sur le développement économique et humain de cessecteurs quand on sait que par ailleurs l’Etat a doté les zonesurbaines d’un terrible outil de régulation territoriale, le SCOT

(Schéma de COhérence Territoriale) qui, placé entre les mains desélus urbains, limite arbitrairement le développement économiqueet démographique des zones rurales ou semi-rurales. On ne sesouvient pas que l’Etat ait eu de telles prévenances à l’égardde la ruralité lors de la désertication de nos campagnes il y aquelques dizaines d’années alors qu’aujourd’hui, nos campagnesavaient tendance à se redensier… C’est la recentralisation par une gestion autoritaire de l’aménagement de nos territoires.

Je ne suis pas un acharné du monde rural, ni un fanatique de nos36.000 communes, un ardent défenseur de la proportionnelle,ou un tueur de départements… Il fallait à notre pays une loide modernisation et de réforme territoriale. Mais force est deconstater que cette loi a été menée trop vite, sans forcémentassocier les bons interlocuteurs, sans tenir compte de la réalité

des territoires. Et cet Acte 3 de la décentralisation ressemble fortà une recentralisation forcée. Y avait-il une autre conséquence àattendre d’une méthode sarkozienne ?...

• Sylvain Roussillon • 

La Rforme Territoriale : Acte 3 de la dcentralisationou Acte 1 de la recentralisation ?

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DECENTRALISATION

6 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

FRANCE

Dès qu’en France on parle d’organisation administrative duterritoire ou d’aménagement de ce même territoire, le traditionnelclivage droite-gauche vole en éclat pour céder la place à uneempoignade musclée entre « jacobins » et « girondins »,« royaux » et « frondeurs », « versaillais » et « communards ».Entre les partisans du « Pré Carré » et les défenseurs dechaque potager que renferme ce pré carré, il y a plus qu’unesimple vision caricaturale de la France, il y a un sillon qui sembleinfranchissable.

Les pouvoirs publics, dans leur grande sagesse électorale, onthabituellement ménagé les uns et les autres, conservant à l’Etatses prérogatives régaliennes mais distribuant aux différentescollectivités quelques pouvoirs — quelques postes de dépensespour l’essentiel — toujours sous tutelle et abandonnés à l’humeur changeante et unilatérale des Chambres Régionales des Comptes.L’absence de volonté de réforme a conduit à une superpositionstructurelle qui, des agglomérations aux départements, desrégions aux communautés de communes, en passant par les« pays » et les multiples syndicats intercommunaux, conduit laFrance à ressembler à un gigantesque puzzle administratif sortitout droit d’une imagination orwellienne. Un ancien candidat àl’élection présidentielle avait dénoncé les technostructures, nousen sommes au cœur.

L’Europe aura cependant eu pour mérite de raviver un vieux débatfrançais. A travers le clivage fédéral/confédéral ou, pour parler comme tout le monde, Europe des régions/Europe des nations,se pose la vraie question de la décentralisation française.

Sur ce sujet, les avis dénitifs ne manquent d’ailleurs pas. Descantons suisses aux länder allemands, en passant parfois mêmepar les Etats-Unis, des experts autorisés nous brossent le tableaude modèles universels et sans défaut. Exit donc l’inégalitélégislative dont souffrent les USA, exit aussi la progressionélectorale du phénomène liguiste en Suisse, illustration s’ilen est d’un profond malaise, exit encore la précaire stabilitégouvernementale allemande, sujette et victime de possiblesretournements conjoncturels de majorité, ici et là, en Bavière, enBasse-Saxe ou au Schleswig-Holstein.

C’est qu’à force de s’auto-convaincre que la France est le paysdu « mal français », on en arrive parfois à oublier que la Franceest aussi, parfois, le pays du bien ou du mieux.

Il est clair cependant que 36.000 communes (c’est-à-dire plusque tous les pays membres de l’union européenne réunis !),

100 départements, 27 régions et un nombre indéterminé etindéterminable de communautés, de syndicats intercommunauxet de pays, à la gestation diverse et variée, ne contribuentcertainement pas à donner une image lisible de la France.Citoyens et élus ne s’y retrouvent plus.

Il existe en effet une spécicité française. Le terme a évidemmentété utilisé à tort et à travers, qu’il s’agisse du fromage au lait cruou du droit de grève. En ce qui concerne l’unité nationale, voiremême l’idée nationale, le fait est cependant bien prégnant etoriginal. L’unité nationale des Etats-Unis date de 1865 à la suited’une guerre de sécession plus meurtrière à elle seule que tousles autres conits réunis auxquels ont participé les Etats-Unis ;le Royaume-Uni ne trouve son équilibre qu’au prix d’énormescompromis qui vont de l’Irlande à l’Ecosse en passant par lePays de Galles et peut-être bientôt la Cornouaille ; l’Allemagneet l’Italie, dont l’unication, dont l’idée même d’unication, neremonte qu’à quelques décennies ; l’Espagne aussi, contraintede transiger avec les Basques, les Catalans ou les Canariens.Conçoit-on enn la spécicité française ?

La France est en effet le fruit d’une expérience politiqueunique en son genre. Historiquement s’y mêle la douceur dela civilisation romaine, la rudesse des invasions franques etles accents humanistes de la Chrétienté ; politiquement, qu’ilsaient été ls de Vendée ou des Soldats de l’An II nos ancêtresnous abandonnent le même message. Certes la force et lapropagande ne sont pas absentes de cette lente constructionhistorique, politique et géographique, mais il n’en demeure pasmoins que notre pays a su trouver un équilibre national que l’onne rencontre guère ailleurs.

Evidemment, nous avons nos Corses, nos Bretons, nos« Savoisiens » et nos Basques. Mais en toute honnêteté, faut-il voir à travers leurs diverses aspirations une volonté réelle dedémembrement du territoire national, ou plus simplement uneaspiration, trouvant parfois sa traduction dans la violence, à unré-enracinement ? Il est clair que la mondialisation économique,l’accélération de la construction européenne, l’évolution dela société et les incertitudes liées au quotidien ont entraîné etentraînent une perte des points de repère pour bon nombrede nos concitoyens. Il est donc naturel, sinon légitime, quebeaucoup souhaitent revenir à une vision plus humaine des

Vers la France des Provinces

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7LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

DECENTRALISATIONFRANCE

choses et amorcent un mouvement de repli en direction de leur coin de terroir.

Or, en ce domaine, la France ne semble proposer qu’un puzzleadministratif complexe dans lequel le citoyen lambda n’identieplus les rôles et les attributions des uns et des autres. A unbesoin de proximité nous répondons par une multiplicationd’interlocuteurs.

Alors, faut-il sacrier quelques échelons administratifs, enrajouter un ou deux comme cela semble être la tendanceactuelle, ou plus raisonnablement n’aurions-nous pas intérêt àsimplier notre organisation administrative par une refonte totaledu système ?

Entre la centaine de départements (ci-dessus), au découpageparfois sujet à discussion, et les 26 régions, souvent tellementsurdimensionnées qu’il est bien difcile de mettre en place unevéritable politique régionale identiable par tous les intéressés,il existe certainement une solution qui permettrait de créer unecinquantaine d’ensembles administratifs cohérents. Quoi de

commun en effet entre les préoccupations des habitants deHaute-Savoie et ceux de la Loire, dans les piémonts du massif auvergnat, pourtant intégrés dans la même macro-région deRhône-Alpes ? Quoi de commun entre Gandrieu, située en pleincœur du Massif Central, en Lozère, à 170 kilomètres à peinede Clermont-Ferrand (et à 240 de Montpellier…) et Argelès-sur-Mer, aux portes de l’Espagne, avec ses plages donnant sur la Méditerranée ? Toutes deux sont pourtant des communesmembres de la même région Languedoc-Roussillon…

Quitte à passer pour un parfait rétrograde, je pense qu’élus etspécialistes de l’aménagement du territoire devraient se pencher sur le principe des provinces d’Ancien Régime (page de gauche).Dans la France actuelle, on arriverait très certainement à trouver un découpage équilibré et respectant le souci de proximité et

d’identication de chacun. Les habitants de l’Indre-et-Loire oudu Cher dans la région Centre seraient certainement soulagésde redevenir des Tourangeaux ou des Berrichons à défautde demeurer des… des quoi au fait ? Des « Centraux », des« Centralistes », des « Centraliens » ou des « Centristes » ?Dans mon propre département de la Loire en Rhône-Alpes, jeconstate quotidiennement que les « Ligériens » ne sont pas prêtsde supplanter les « Foréziens » et qu’en aucun cas ils ne sesentent « rhônalpins » n’étant concernés ni par le Rhône, ni par les Alpes…

Maintenant que les passions politiques qui avaient présidéà la création des départements sont éteintes, maintenant quele besoin de repères rend caduc un découpage régional auxracines bien peu développées, il convient pour pérenniser 

la décentralisation de passer à une autre étape. Celle desprovinces, identiées culturellement par nos concitoyens, ne mesemble pas absurde.

• Sylvain Roussillon • 

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DECENTRALISATION

8 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Une fois n’est pas coutume, mais la France est très en retard sur le principe même d’une des nombreuses chartes et conventions

européennes. Alors que nos gouvernants, de droite comme degauche, sont généralement les premiers à se battre pour pouvoir apposer au bas d’un texte européen qui son paraphe, qui sasignature, accompagnés des empreinte de ses dix doigts et deson ADN, voilà que sur un texte au moins, un seul, on rechigneet on renâcle…

Il est vrai que, pour anecdotique que soit la charte en question,elle trifouille au plus profond des entrailles républicaine de lanation. Pensez donc ! Il s’agit de la Charte européenne deslangues régionales ou minoritaires, destinée d’une part àprotéger et à promouvoir les langues régionales ou minoritairesen tant qu’aspect menacé du patrimoine culturel européen, et

d’autre part à favoriser l’emploi de ces langues dans la vie privéeet publique. Le débat n’est pas nouveau puisqu’il date de 1999.Le 7 mai 1999, la France s’est en effet engagée, du bout deslèvres et du stylo-plume, à signer l’application de 39 articlesseulement sur les 98 que compte la charte. Et puis plus rien. LeConseil constitutionnel, saisi par le Président de la République

de l’époque, Jacques Chirac, avec le soutien du Premier ministredu moment, Lionel Jospin, a refusé la ratication de cette charte

jacobinicide au moment où les Britanniques faisaient une placeau Gaélique écossais, au Gallois, au Gaélique Irlandais, auManxois, au Scots, au Scots d’Ulster et au Cornique… Mêmeles Allemands, que l’on imagine assez homogènes sur le plandu langage, n’ont pas hésité à faire une petite place linguistiqueau Bas-allemand, au Danois (parlé au Schleswig-Holstein), auFrison oriental et au Frison septentrional (parlé en Basse-Saxe),au Romani ainsi qu’au Haut-sorabe et au Bas-sorabe (parlésen Lusace, est de la Saxe et sud du Brandebourg). Un discretrappel du pied du Conseil de l’Europe au successeur de Chiracen 2008 est resté lettre morte. Un et indivisible nous sommes, unet indivisible nous resterons !

Le français, langue véhiculaire

Or, le véritable problème de cette charte européenne est peut-être précisément d’être européenne. La France n’a pas la mêmehistoire que la Belgique ou l’Espagne, et les aménagementstrouvés avec les Catalans ou les Flamands, dans un contextefédéral donné, n’ont peut-être pas leur place en France. Le françaisest la langue véhiculaire de notre pays depuis les ordonnancesde Villers-Cotterêts prises par François Ier  et nous lui devonsune part de notre unité nationale. Or certaines dispositions dela charte tendent à reconnaître un droit à pratiquer une langueautre que le français non seulement dans la « vie privée » maisaussi dans la « vie publique », à laquelle la charte rattache lajustice, les autorités administratives et les services publics. Onimagine bien l’embarras du fonctionnaire nouvellement nomméà Hendaye et contraint de s’exprimer en basque... Déjà quel’administration française a du mal à répondre en français…

Volem vuire al pays

Pour autant personne ne conteste sérieusement la nécessitéd’encourager et de promouvoir des langues qui, à des titresdifférents, font partie de notre patrimoine culturel. Il estd’ailleurs de l’intérêt bien compris de la France — et de lafrancophonie — d’encourager la renaissance des identitésrégionales, mouvement qui s’inscrit dans une aspiration pluslarge à préserver ses traditions et ses racines dans un mondeen voie de globalisation. Mais il s’agit bien, dans la plupart descas, d’une « renaissance », les Hussards noirs de Jules Ferry etleurs enfants de troupe ayant bien mérité de la IIIème Républiquepar une éradication presque complète des langues et patois

régionaux. En ce domaine aussi, la charte européenne semblebien décalée au regard d’une particularité tristement française.

Une troisième voie française

Peut-être convient-il donc de trouver une voie typiquementfrançaise de développement de nos langues régionales hors dessentiers glissants de la charte européenne. Les Régions et lesDépartements ont déjà des compétences reconnues en matièrede décentralisation et d’éducation, bientôt les Communautésde Communes viendront apporter une pierre, notammentculturelle, à l’édice du rééquilibrage du territoire français. Il yaurait peut-être là, à travers ces institutions et organismes, unmoyen de dépasser une bonne fois le centralisme dogmatique àla française en mettant en place de véritables politiques locales

qui ne remettent pas en question l’unité nationale et de permettreainsi à tel ou tel poète martégal de demeurer dèle à son félibresans renier son pré carré.

• Sylvain Roussillon • 

La France est-elle soluble dans le Chouchen ?...

FRANCE

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9LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

DECENTRALISATIONEUROPE

Quand la Hanse allemande, qui était une CEE avant l’heure, lecéda aux Etats-nations à la paix de Westphalie (1648), les peupleseuropéens apprirent vite ce que signiaient les points-tirets queles experts d’alors avaient tracés sur des cartes de papier. Dansleurs frontières négociées au mètre près, les Etats devenaient desenjeux parfaitement concrets, parfaitement pesés, parfaitementnégociables. Les nations immanentes demeuraient, comparsesdes fois, éparses aussi, et le mouvement se t vers l’adéquationsuprême d’un état pour toute sa nation. C’est l’irrédentisme,l’Europe faillit en crever.

1648-1948 : au Congrès de La Haye, Winston Churchill annulaittrois cents ans de malheurs en appelant à l’union du continentdans ce qui allait devenir le Conseil de l’Europe. On allait retricoter Westphalie en sublimant les intérêts nationaux résiduels dansle mercantilisme d’une union de libre-échange chapeautéed’un codex moral sensé régler les poussées nationales. C’estla démocratie chrétienne qui prit l’affaire en main et construisitles communautés européennes. Les Etats étaient dès lors visés.Avec la CECA(1) on remontait les hanses, ils rent semblant dene pas le voir.

Les décideurs économiques privés, qui doivent anticiper plusloin que les Etats pour survivre, ciblent les complémentaritéstransnationales en créant dans les régions périmétriques desconvergences indéliables assez fortes. Le grignotage des Etats

par les instances supranationales fait émerger mécaniquementles régions subalternes qui s’agrègent parfois en puissantecommunauté d’intérêts capable de dicter sa loi aux cabinetsministériels, relégués au rôle de facilitateurs dans l’explorationdes jungles réglementaires locales. Le grand bassin drainant du

Rhin en est l’exemple-type.Les Etats n’ont que deux solutions. Soit ils se cabrent et reculent

pied à pied en bon ordre comme une armée disciplinée, mais ilsreculent — c’est le cas de la France qui continue à faire illusionchez elle —, soit ils accompagnent leurs pôles économiquesmajeurs de toutes les mesures scales et sociales propices à undéveloppement réussi, attendant de l’enrichissement futur de lanation leur propre consolidation, c’est le cas de l’Allemagne etdes pays du Nord. Les succès économiques germaniques sonten partie dûs aux réformes en profondeur de la société allemandemenées à bien par le chancelier Schröder sur demande dupatronat.L’Europe des nations a toutes ses chances car les nations sontéternelles. L’Europe des Etats, c’est moins sûr. Le temps dela Hanse est revenu, qui fait du commerce des choses le seulmoteur des ambitions humaines, laissant à chacun le choixde s’enrichir l’esprit sans subir la dictée étatique. Les régionsmitoyennes ont vocation à s’entendre par leur simple proximité

de vue. C’est une tendance lourde que démontre l’Europerhénane. Les Etats impotents, archaïques ou surdimensionnéssont destinés à s’effondrer sous leur propre poids. Si l’ambitiondes régions est de singer les Etats qu’elles auront surmontés,elles en partageront ultérieurement le destin.

• Catoneo • 

1. La Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (les six pays fondateursde l’Europe institutionnelle) donnait l’autonomie à l’économie transversale pour 

surmonter à l’avenir les dérives agressives des Etats. Pendant cinquante ans, la

Haute Autorité de tutelle régla ses marchés par un réseau de guichets normalisés

indépendants, au seul bénéce des acteurs économiques du secteur.

Rgions vs. Nations ?

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DECENTRALISATION

10 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

En Belgique les crises politiques se suivent et se ressemblent.Toujours sans gouvernement depuis maintenant dix mois, le

Royaume connait la plus grave crise de son histoire. Dansce contexte, le Roi Albert II peine à ramener le calme. Maispeut-il être le garant de l’unité d’un pays divisé ? Le Roi seulpeut-il sauver la Belgique ?

Créé de toute pièce en 1830, le Royaume de Belgique (ci-dessus)vit peut être ses dernière heures. L’éclatement du pays estdésormais envisagé publiquement par les différents responsablespolitiques du pays. Il faut dire qu’au l de sa courte histoire, laBelgique n’aura que rarement réussi à dépasser cette fracturelinguistique qui divise ses communautés. Aujourd’hui encoreles nationalistes amands justient leur volonté sécessionnistepar « l’arrogance francophone ». De fait cette confrontationcommunautaire n’est pas nouvelle et date de 1815, quinze ansavant la naissance de l’Etat belge. Les vainqueurs de NapoléonIer  s’entendent pour réunir sous l’autorité de Guillaume d’Orangeles anciens Pays-Bas autrichiens, la principauté de Liège et lesProvinces-Unies. Le nouvel ensemble, s’il est cohérent sur leplan économique, l’est beaucoup moins sur les plans politique,religieux et linguistique. L’ancien Stathouder des Provinces-Uniess’en prend aux libertés locales, désavantage les catholiquesalors que ceux-ci sont majoritaires dans les régions belges, etimpose le néerlandais comme langue ofcielle, pénalisant unepopulation qui parle soit le français soit un dialecte amandrelativement différent de la langue pratiquée en Hollande. Les

belges prennent exemple sur leurs voisins français et s’unissentpour chasser les hollandais.

Si la révolution belge de 1830 s’appuie sur des citoyens detoutes les communautés, ses dirigeants sont dans leur immensemajorité francophone. Le Premier ministre d’alors, CharlesRogier, impose le français dans toutes les fonctions civiles etmilitaires, pour « détruire peu à peu l’élément germanique ».Le Roi Léopold Ier , né de Saxe-Cobourg et Gotha, et sa famille,devront eux-mêmes faire oublier leurs origines allemandes pour être acceptés de leurs nouveaux sujets. Majoritaires dans lepays, les amands devront attendre 1898 pour que les lois soientaussi publiées dans leur langue. Des histoires de condamnés àmort ne comprenant pas leur jugement ou de soldats amandsincapables lors de la Grande Guerre d’obéir aux ordres de

leurs ofciers francophones alimentent un discours qui, déjà,conteste l’existence d’une nation belge homogène. En écho, leWallon Jules Destrée écrit, en 1912, une vibrante Lettre au Roi :« Sire, laissez-moi vous dire la vérité, la grande et horriantevérité : il n’y a pas de Belges ». La même année, une Assemblée

wallonne, suspectant les Flamands de vouloir constituer « unpays distinct », réclame « une union basée sur une indépendance

réciproque ». Plus troublant, certains activistes amands, peusoucieux de l’indépendance nationale, protent de l’occupationallemande lors de la première guerre mondiale pour favoriser leurs vues autonomistes. Plus tard, plus d’un autonomisteamand tombera dans le piège de la collaboration dans uneBelgique occupée par les armées hitlériennes. Le discours desnationalistes amands n’en sera que provisoirement discréditépour gagner en popularité aux franges d’une d’une extrême-droite très remuante.

La question communautaire accapare l’histoire récente de laBelgique, cinq réformes de l’Etat ont transformé profondémentle Royaume (ci-dessous). Le schéma actuel, avec ses troisrégions et ses trois communautés est basé sur un « doublefédéralisme » et se révèle d’une innie complexité pour les non-initiés. Des institutions ont été créées ou transformées sans quel’on ne fasse disparaître les précédentes, les revendicationsdes uns, autonomie culturelle pour les Flamands et fédéralismeéconomique pour les Wallons, ont été appliquées sans toutefoisque l’on ne reconnaisse jusqu’en 1993 le principe même dufédéralisme. Une situation qui ne satisfait toutefois personne...

Les élections de juin 2006 marquent le début de la crise actuelle.Si les séparatistes du Vlaams Belang s’imposent comme la

seconde force amande, c’est au parti CD&V (les chrétiensamands) et à son chef Yves Leterme (page de droite) qu’ilrevient désormais de former un gouvernement de coalition, unetâche qui, dès les premières négociations, apparaît impossible,les Wallons lui reprochant son alliance avec les nationalistesamands. La situation se complique encore lorsque les députésamands votant pour la première fois comme un seul bloc et usantde l’avantage de leur majorité naturelle adoptent une propositionde loi limitant les droits électoraux des francophones vivant àla périphérie bruxelloise, la désormais fameuse circonscriptionBruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). Tous les regards se tournentalors vers le Palais, « le roi doit essayer de rendre possible cequi est réalisable » écrit André Molitor, ancien chef de cabinetdu feu Roi Baudouin. Pour sortir le pays de l’impasse, il fauttoute la diplomatie du Roi Albert II qui obtient la formation d’un

gouvernement « transitoire », c’est à dire chargé uniquement dela gestion quotidienne du pays et reportant ainsi les décisionsimportantes à plus tard. Le « transitoire » ne tient toutefois pas,le Premier ministre Yves Leterme démissionne, puis revientaux affaires pour enn quitter dénitivement ses fonctions sur 

La question belge

BELGIQUE

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11LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

DECENTRALISATION

fond de montée de tension autour de l’arrondissement de BHV.Après quatre ans de tergiversations, les belges retournent doncaux urnes en juin 2010. Et le résultat ne résout rien. Le grand

vainqueur, Bart de Wever, de la Nieuw-Vlaamse Alliantie, est unpartisan de la sécession. Et comme trois ans plus tôt, les partis neparviennent pas à former un gouvernement, faute d’entente sur une profonde réforme de l’Etat destinée à accroître l’autonomiedes deux communautés linguistiques. Le Roi Albert II a vu lesmédiateurs jeter l’éponge l’un après l’autre, chacun campant sur ses positions d’avant le scrutin. Le 17 février 2011, le record du

monde est battu avec 249 jours sans gouvernement.Dans son testament politique, le Roi Baudouin, inquiet devantl’évolution fédérale des institutions, avait insisté sur l’unité de sessujets. Début 2006, reprenant le ambeau, Albert II dénonçait« toutes formes de séparatisme explicites ou feutrées ». Desincantations qu’aura entendu une partie de la jeunesse belge.Des associations étudiantes des deux communautés ont ainsimarqué leur « ras-le-bol » en appelant à « la révolution desfrites ». Mais la réaction populaire à cette crise tarde à venir, etle Roi est bien seul, peut-il toujours être le garant de l’union dansun pays coupé en deux ? Une chose est sûre, tant qu’il y auraune Belgique il y aura un Roi et une monarchie..

• Soreasmey de Khemara • 

BELGIQUE

nais i yle 

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DECENTRALISATION

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Bien que possédant une forte tradition centralisatrice au protde Londres, cœur de la nation anglaise, le Royaume-Uni s’est

engagé depuis dix ans dans une politique de décentralisationou « dévolution », prise en compte tardive des aspirationsnationales des Ecossais, des Gallois et des Irlandais qui n’ontjamais réellement disparu.

L’intitulé même de l’Etat Britannique, « Royaume-Uni deGrande Bretagne et d’Irlande du Nord » implique une fortenotion de décentralisation ou, pour reprendre le terme exact,de dévolution.

La devolution (décentralisation)britannique se distingue des autresformes de décentralisation par unenette séparation des tâches et niveaux :il s’agit d’une séparation des pouvoirset d’une hiérarchie formelles alorsque les autres pays européens onttendance à s’orienter vers un modèle« intergouvernemental ». Le Royaume-Uni est ainsi considéré comme le paysdu « local government ». Il s’agit dansle cas britannique comme dans lecas espagnol d’Etats anciennementassociés ; sans adopter le modèlefédéral, la Grande-Bretagne a accordéà ses régions des compétences, unpouvoir législatif et une autonomienancière.

Une caractéristique du système poli-tique britannique est son asymétrie.Déjà avant les réformes de Tony Blair,le Royaume-Uni possédait une admi-nistration décentralisée et différenciée : les Ofces d’Écosse,du Pays de Galles et d’Irlande du Nord et les government of-ces dans les régions anglaises. La dévolution a renforcé cetteasymétrie en y ajoutant une dimension politique et institution-nelle.

Les deux premières institutions établies furent un parlementécossais et une assemblée galloise, n’ayant ni le même statutni les mêmes compétences. En effet, le parlement possédaitdes pouvoirs législatifs « primaires », c’est-à-dire qu’il pou-vait légiférer sans passer par le parlement de Westminster ;

l’assemblée galloise n’avait, elle, que des pouvoirs « secon-daires », d’adaptation des lois votées à Westminster, ce quicorrespondait aux pouvoirs législatifs d’un gouvernement local.Les pouvoirs scaux des deux institutions diffèrent aussi : leparlement écossais peut prélever une partie de l’impôt sur lerevenu ou le réduire, dans une fourchette de 3 % ; l’assembléegalloise n’a pas cette compétence. À l’origine, des différencesapparaissaient dans la conception des deux institutions et dansle nombre d’élus dans chacune : le parlement, avec 129 élus,distinguait un exécutif, the Scottish Government , et l’assem-blée ; l’assemblée galloise, avec seulement 60 élus, suivaitle modèle de la gouvernance « corporative », à savoir uneassemblée sans exécutif mais comportant plusieurs « commis-sions » (committees), chacune avec un président (secretary )et dont le leader était le First Secretary . Par la suite, une évo-

lution a conduit à séparer l’exécutif, devenu le gouvernementdu Pays de Galles, présidé par son First Minister , comme enÉcosse. L’assemblée galloise est devenue « l’assemblée na-tionale du Pays de Galles » (National Assembly for Wales) enreconnaissance du caractère « national » du pays. Pour au-

tant, l’assemblée nationale galloise ne possède pas les mêmescompétences législatives que le parlement écossais, mais elle

les obtiendra sans doute dans l’avenir.

En outre, le pouvoir exécutif décentralisé, dirigé par un Premier ministre, veille à l’exécution des lois. L’Assemblée nationaledu Pays de Galles ne possède pas de pouvoirs législatifsexclusifs mais des pouvoirs dits « secondaires » permettantd’adapter les lois adoptées par le parlement britannique. Ceux-ci correspondent aux pouvoirs précédemment cités hormis

l’arbitrage budgétaire. L’assembléed’Irlande du Nord quant à elle disposedes mêmes pouvoirs que ceux duparlement écossais excepté celui dexer l’impôt. Cependant, l’instabilitépolitique et la cohabitation forcée entrecatholiques et unionistes voulue par lemode de scrutin rend difcile l’efcacitéde l’assemblée ; la dévolutionirlandaise semble incertaine et instablemalgré des ouvertures possibles.

A la n des années 80 en effet, lemouvement républicain était à bout desoufe et la lutte était dans l’impasse :ni l’IRA ni les forces de sécurité nepouvaient s’assurer une victoire.En outre, les républicains avaientdécouvert les vertus d’une méthodepolitique de lutte après le succès dugréviste de la faim Bobby Sands auxélections législatives en 1981. À cettepériode, avec le développement del’aile politique, Sinn Féin, et de bonsrésultats aux élections municipales et

législatives, le moment a semblé favorable à Gerry Adams età quelques-uns de ses proches pour ouvrir des négociationsavec les Britanniques. Sans revenir sur cette histoire, onrappellera seulement que le résultat de ces négociationsfut l’Accord du Vendredi Saint 1998, qui prévoit la créationde nouvelles institutions politiques : une Assemblée élue,avec un gouvernement, qui partagerait le pouvoir entre lesdeux communautés nationaliste et unioniste ; un Conseil desMinistres, modelé sur le Conseil européen, dans lequel desministres responsables pour les mêmes dossiers (agriculture,tourisme, etc) des deux gouvernements (la République et

l’Irlande du Nord) se réuniraient régulièrement pour élaborer des projets en commun ; pour tenir compte de la dimensionanglo-irlandaise, un Conseil intergouvernemental entre lesgouvernements des deux îles (la République et le Royaume-Uni) ; et, nalement, un Conseil des Iles (British-Irish Council ),inspiré par le Conseil nordique des pays scandinaves, danslequel se retrouveraient les instances politiques de toutes lesnations et de toutes les régions des deux îles. La nouvelleassemblée de l’Irlande du Nord disposerait des mêmescompétences législatives que le parlement écossais.

Une telle solution, suggérée et encouragée par la Monarchiebritannique pourrait avoir comme conséquence historiquela pacication dénitive du Nord de l’Irlande tout en créantun système d’administration unique en son genre : une

communauté autonome cogérée par une Monarchie (leRoyaume-Uni) d’une part et une République (l’Eire) d’autrepart. Qui dira, après cela, que la Monarchie est un système géet incapable de s’adapter ?...

• Sylvain Roussillon • 

La dvolution britannique : un Etat unitaire dcentralis

UK

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13LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

DECENTRALISATIONSUISSE

Malgré son image actuelle, la Suisse ne fut pas toujours calme ettranquille. Après les turbulences de la révolution et de l ’Empire, laSuisse se retrouve dans la conguration géographique actuelle.Sa neutralité perpétuelle est reconnue par le Traité de Vienne(ci-dessus) mais sa gouvernance interne se fait toujours selonle Pacte Fédéral sur le modèle de l’antique serment du Grütlide 1291 réalisé par les trois cantons primitifs d’Uri, Schwyz etUnterwald qui se divisera ensuite en Obwald et Nidwald. Elle estalors une assemblée d’Etats libres sans loi ni monnaie communeavec des frontières internes à la Confédération.

Une querelle religieusepuis politique et enn militaire

Lors de l’arrivée au pouvoir des Radicaux, les mesures destigmatisation des catholiques hérissent les cantons catholiques,conservateurs attachés à leur indépendance au moins sur ceplan. Les incidents vont se multiplier jusqu’au point de ruptureamenant à la création d’une ligue regroupant Lucerne, Fribourg,le Valais, Uri, Schwyz, Unterwald et Zoug au sein du Sonderbund.Le Tessin, catholique et italophone, est alors dominé par lesLibéraux et ne s’associe pas à la ligue. Malgré la présence des« primitifs », cette alliance est jugée contraire au Pacte Fédéralet le recours à la force est décidé par la Diète. Le Sonderbundest morcelé géographiquement, ses troupes dispersées, soncommandement militaire entravé par un mode décisionnelpolitique et éclaté. En face, l’armée confédérée centralise sestroupes et le commandement unique est exercé par le Général

Guillaume-Henri Dufour (1787-1875), genevois formé à l’EcolePolytechnique (X1807) puis dans les armées napoléoniennes.

Les combats sont brefs, les ligueurs sont défaits les uns aprèsles autres en très peu de temps, 27 jours du 3 au 29 novembre1847. La victoire est sans contestation, le Valais capitulant mêmesans combattre.

Une guerre suisse propreaux conséquences actuelles

La volonté de Dufour de voir les pertes humaines réduitesau minimum, une centaine de victimes environ, les ordresd’épargner les blessés et les fuyards et d’interdire les pillages ontpermis d’éviter la création d’une fracture nationale inguérissable.Célébré de son vivant, Dufour reste une gure mythique de laSuisse, son engagement dans la création de la Croix Rougeparticipa aussi à cette gloire, son nom fut donné symboliquementau plus haut sommet du pays.

Un mythe fondateur 

Les conséquences de la guerre vont être la création d’un étatfédéral abolissant les frontières intérieures, instituant unemonnaie unique (le Franc Suisse) et une armée fédérale etpermettant la naissance de la première constitution fédéralede 1848. Celle-ci sera revue en 1871 puis 1999 pour la rendreplus lisible suite aux modications, les principes restant lesmêmes. Ces principes sont la subsidiarité, l’institution supérieuren’intervenant que lorsque l’autorité inférieure n’est pas en mesured’agir, et la proportionnalité des moyens qui doivent être adaptésau but à atteindre.

Au nal, nous relèverons que même si mon titre fut trompeur,puisque la guerre vit la naissance de l’Etat fédéral actuel (ci-dessus), cet épisode est vu comme un des actes fondateursde la Suisse moderne et non comme un épisode traumatisantà l’instar d’autres guerres civiles. Cette histoire, et celle de laSuisse en général, montre qu’établir des comparaisons avecla France est risqué, la Suisse s’étant construite comme uneassemblée libre d’Etats indépendants avant d’évoluer vers saforme fédérale actuelle. La Suisse n’a donc jamais eu besoin de

décentralisation, n’ayant jamais été centralisée. Ces différencesne doivent cependant pas nous empêcher de prêter attentionà leurs pratiques de gouvernance si nous voulons/devonsconstruire un état royal décentralisé.

• Toubib • 

Le Sonderbund ou quand les confdrsgagnèrent la guerre

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DECENTRALISATION

14 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

L’Espagne est, au sortir du franquisme, un pays extrêmementcentralisé. Certes on voit rarement des dictatures militaires

jouer la cartes des libertés locales, mais il se trouve de plus queles hasards et les choix de la Guerre civile ont placé les deuxprincipales régions favorables à une autonomie large et accrue,la Catalogne et le Pays-Basque, dans les rangs des ennemis dusoulèvement national. Cela explique aussi la chape de plomb quiva s’abattre pendant près de quarante ans sur les particularismeslocaux alors même que dans le camp « franquiste » certains,comme les monarchistes carlistes, étaient des partisans de cesparticularismes…

Le Roi Juan-Carlos va, au contraire de son mentor, prendrele contre-pied total de la politique franquiste en termes dedécentralisation et cala très tôt.

La Constitution espagnole de 1978 reconnaît en effet (Titre VIII)deux échelons dans l’organisation territoriale : les communautésautonomes (carte ci-dessus) et les communes. Les 17communautés autonomes ne sont pas juridiquement déniesmais décrites (art. 137) comme un organisme public, territorial,

de décentralisation politique et autonome.La décentralisation espagnole correspond à l’origine à la volontéde répondre aux aspirations à l’autonomie des deux régionsprécédemment citées (Pays Basque et Catalogne) et fait partieintégrante de la volonté du Roi de reconstruire une unité nationale,y compris par le biais de la reconnaissance des autonomies, encicatrisant les plaies ouvertes par la Guerre civile.

C’est ainsi que la loi espagnole a établi trois modes d’accessionà l’autonomie, modes laissées à l’appréciation des acteursconcernés.

Les compétences des autonomies espagnoles sont doncvariables en fonction de leur statut :

• les communautés autonomes du système « foral », le PaysBasque et la Navarre bénécient de compétences très larges(contexte historique), notamment en matière de scalité(recouvrement de l’impôt et pouvoir normatif étendu). Il s’agit

pour ces deux provinces de l’héritage politique direct ducarlisme.

• les communautés autonomes « voie rapide » régies par l’article 151 de la Constitution (à l’exception du Pays Basqueet de la Navarre) bénécient de compétences étendues quiincluent l’éducation et la santé. C’est notamment le cas de laCatalogne.

• les communautés autonomes « voie lente » régies par l’article143 de la Constitution accèdent à certaines compétencesavec retard (santé, social).

Les Communautés autonomes ont la possibilité de créer unsecteur public propre à l’autonomie si sa prestation est meilleureque le service équivalent des services de l’Etat (principe desubsidiarité).

Il est évident que cette évolution n’a été possible que par lavolonté du Roi, et le maintien de l’unité espagnole est le fruitdirect de la forme constitutionnelle du régime : la Monarchie.

Le caractère graduel de la mise en œuvre de la décentralisationespagnole permet aux communautés autonomes de se doter progressivement de compétences de plus en plus étendues, ycompris de certains aspects régaliens (police régionale), et onpeut dire que la décentralisation espagnole est en perpétuelleconstruction.En 2002, le processus progressif de transfert de compétencesest considéré comme achevé et l’ensemble des communautésautonomes dispose d’un large éventail de compétences. Cellesdu système « foral » conservent leurs compétences élargies.

L’extension des compétences en matière de santé et d’éducationà toutes les communautés autonomes marque pourtant, pour certains observateurs, l’étape ultime de décentralisation avant lebasculement dans une fédération. Alors que Juan-Carlos est Roid’Espagne, son ls et successeur pourrait bien être un jour Roides Espagnes, voire Roi des Républiques espagnoles…

• Sylvain Roussillon • 

Juan-Carlos, Roi d’Espagneou Roi des Espagnes ?...

ESPAGNEDECENTRALISATION

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15LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

CANTONALES 2011

Antoine, dans quel type de canton vous présentez-vous ? Le canton dans lequel je me présente est un canton représentatif de la campagne française. C’est un canton rural d’environ 10.000habitants, avec 19 communes et près de 30.000 km². Ce cantonsubit depuis quelques années une très grande mutation puisqu’ilest en train de s’amalgamer doucement à la « grande » régionparisienne. Il perd petit à petit sa spécicité rurale.

Comment y menez-vous campagne ? Dans ce type de canton, je pense qu’il est important de faire une

campagne de terrain au plus proche des gens. J’ai programméune réunion publique dans toutes les communes, y compris danscelles de moins de 100 habitants. Il s’agit ici une campagne denotoriété, assise sur la présence mais également sur l’originelocale du candidat.

Financièrement, que représente la somme nécessaire ? Pour toute campagne, il faut diviser le budget en deux volets.Le premier concerne la propagande électorale légale, à savoir les professions de foi, les afches et les bulletins de votes. Celase chiffre pour moi autour de 2.500 € TTC. Le second voletconcerne la propagande de campagne. J’ai choisi de faire unelettre de présentation ainsi que trois tracts explicatifs des pointsprincipaux que j’entends développer, soit environ 1.300 € TTC.Ensuite il faut ajouter les frais divers (essence, « réceptions »,

autres) pour un montant cumulé de 1.000 €.Cela représente donc un budget global de 4.800 €.

Que représente pour vous le seuil des 5 % de votants ? Ce seuil représente le remboursement intégral de mes frais decampagne. Le plafond pour mon canton est d’environ 3.700 €(hors frais de propagande électorale) et mes dépenses serontd’environ 2.300 €, aussi je devrais être couvert si je dépassece seuil. De même pour les 2.500 € de frais de propagandeélectorale, qui seront intégralement pris en charge.

Pourquoi une formation politique présente-t-elle descandidats aux élections cantonales ? Pour une « petite formation politique », les élections cantonalespermettent de faire facilement parler de soi… La couverture

presse est plus ou moins faite par la presse locale et les électeursentendent parler de vous, ne serait-ce que grâce aux professionsde foi qu’ils reçoivent dans l’enveloppe électorale. Ce peut doncêtre un coup de com’ à moindre coût…

Quels sont les impacts au sein de la formation politique ? Les impacts au sein de la formation politique et même, si onélargit le cercle, auprès de toutes les personnes qui vont graviter autour du candidat, sont nombreux.Le premier est d’obliger le candidat et son équipe à travailler sur les problèmes locaux et d’essayer d’y apporter des réponsesargumentées.Le second est de réussir à mobiliser toutes les énergies durantun temps très court. Elles ne se diffusent pas et, le point de mireétant xe, les équipes travaillent réellement.Le troisième est de parvenir à organiser la structure politiquelocale de sorte que le candidat et les membres de l’équipe serendent compte de l’importance de gagner en compétences,par exemple en matière de montage de dossier de candidature,de recherche de remplaçant, de dossier de nancement, de

communication électorale, de contact presse.Une campagne est bénéque dans un tel nombre de domainesque citer tous ces avantages devient vite une simple énumération.

Quels impacts auprès des citoyens ? J’ai été moi-même étonné de rencontrer un grand nombre depersonnes plutôt ouvertes à partager autour des thèmes simplesde la vie quotidienne.Il est ainsi facile de leur faire comprendre que les réponsesde bon sens que vous apportez sont soutenues par vos idéespolitiques et d’ainsi mettre en avant la formation politique

de vous représentez ou qui vous a investi, sachant que lescitoyens restent attachés au fait de pouvoir coller une étiquetterelativement claire à un candidat.

Pourquoi vous présentez-vous ? Le fait de se présenter à une élection, quelle qu’elle soit, doitêtre mûrement rééchi car c’est bien évidemment du temps etde l’argent investis.Mes principaux objectifs sont divers :- acquérir des connaissances et des compétences,- améliorer la vie locale de mes concitoyens,- faire parler de ma formation politique,- faire comprendre à la classe politique locale qu’il faut désormaiscompter avec nous,- me faire connaître en tant qu’homme politique local,

- faire passer mes idées auprès de mes concitoyens.

Quels est l’impact d’un « passé politique » ? J’ai été très actif lorsque j’étais lycéen puis étudiant à l’Actionfrançaise. De nombreuses personnes sur le canton sontparfaitement au courant de mes activités politiques passées,y compris des petites tracasseries judiciaires qui en ontparfois découlé. Loin d’être préjudiciable, cela apporte encoredavantage de crédibilité à ma candidature. La réexion est alorsplutôt que la chose politique m’a toujours intéressé et, par voiede conséquence, que ma candidature est logique. L’image dumonarchisme et des monarchistes a changé. Nous ne sommesplus des extra-terrestres de la scène politique.

Quels sont les problèmes et difcultés que vous avez 

rencontrés ? La première des difcultés fut de trouver une remplaçante, paritéoblige. Sur les personnes qui sont disposées à vous soutenir età vous suivre, très peu sont en revanche prêtes à franchir le pasde la suppléance.Il est également complexe de trouver une équipe capable detravailler sur le long terme, principalement en zone rurale.Une campagne électorale est une course de fond qui doit êtrepréparée soigneusement si l’on veut être perçu comme étant un« vrai » candidat.

Enn, quelle conclusion tirez-vous de votre candidature ? La conclusion est brève et sommaire. Il est absolument nécessaired’élargir ses domaines de compétences et d’acquérir la maturitépolitique indispensable à l’efcacité et à la pertinence desréponses à apporter aux légitimes interrogations et problèmesdes français.

• propos recueillis par Judith Taubel • 

Des cantonales, pour quoi faire ?Entretien avec Antoine Bruneau

Antoine BRUNEAU

Conseiller municipal 

Président de la fédération d’Eure et Loir du CNIP

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DECENTRALISATION

16 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

CANTONALES 2011

ÉLECTIONS CNTONLES DES 20 ET 27 MRS 2011

Canton de Charenton-le-Pont|Saint-Maurice

Dominique Hamelcandidat de l’Alliance royale

Patricia Anguissola,remplaçante 

Pour reprendre en mains nos vies, pour vous donner la parole, pour dé-

passer le régime des partis : amis, familles de harenton et aint-aurice,ensemble, changeons notre canton !

  Ensemble, défendonsnos commerces de quartier 

n nterdire l’ouverture du dimanche de tou-tes les grandes surfaces.n Favoriser les mesures pour avantager noscommerces de quartier.n

Proposer au conseil général l’instaurationd’un label commerce de proximité du Valde arne, assurant une véritable promotionpublicitaire pour concurrencer la grandedistribution.  Ensemble, pratiquons  une véritable politique familialen réer les conditions morales (contrôlede l’achage public et lutte contre la por-nographie) mais, aussi, matérielles (élargis-

sement des avantages de la carte famillenombreuse).n outenir le maintien à domiciledes personnes âgées.

  Ensemble, redonnons  vie à nos communesn onner le pouvoir de proposition et de dé-cision aux conseils de quartiers.  Ensemble, maîtrisons  les dépenses publiquesn utter contre les dépenses inutiles.  Ensemble, réorganisons

l’enseignement n Prévenir et combattre l’illettrisme.n Promouvoir les lières professionnelles.

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CANTONALES 2011

Portant les couleurs du royalisme, l’Alliance royale (AR) sejette une nouvelle fois dans la bataille électorale an de faireentendre la voix silencieuse du monarchisme français.

Créée en janvier 2001 par Yves-Marie Adeline, l’Allianceroyale est depuis 2008 dirigée par l’ancien Député-maire de

Montfermeil Pierre Bernard. Bien que ses débuts aient étédifciles — notamment lors de sa participation aux électionseuropéennes de 2004 — et malgré des critiques venues detoute part, l’Alliance royale a su maintenir son cap au-delà desclivages royalistes et tente de favoriser l’instauration d’unemonarchie constitutionnelle en France par la voie électorale.Bien qu’il n’ait pas atteint le quorum des 500 voix nécessairespour se présenter aux élections présidentielles de 2007, Yves-Marie Adeline a, pour beaucoup, permis une renaissance duroyalisme tant au niveau national que local. L’Alliance royale a ainsi pu obtenir l’élection de conseillers municipaux etcantonaux sur des listes divers droite.

Pour la seconde fois consécutive, et relayée par sastructure des Jeunes Royalistes, l’Alliance royale présente

des candidats aux élections cantonales de mars 2011.Elle préconise, entre autres, de rassembler les petitescommunes en municipalités plus importantes an de limiter laprolifération des communautés de communes et de permettre

de vraies politiques locales, grâce à la professionnalisationdes conseillers — qui seraient de facto moins dépendantsde l’administration — tout en introduisant le système duréférendum local. L’Alliance royale propose donc de réformer en profondeur le système des Conseils Généraux et entend« préparer ainsi la transition vers un regroupement communal

efcace en « pays » et en communes métropolitaines ».  • Loïc Marv-Laf • 

 Les candidats

Alsace : Sandrine Pico à MasevauxBourgogne : Chantal de Thoury à Nevers-NordFranche Comté : Yves Méra à Héricourt-EstPays de Loire : Pascal Metzger à CraonTouraine : Robert de Prévoisin à LigueilVal de Marne : Dominique Hamel à Charenton-le-Pont

Pour en savoir plus...Site de l’Alliance royale

http://www.allianceroyale.fr L’Alliance royale sur SYLMpediahttp://wiki.sylm.info/index.php/Alliance_royale

Dominique, vous êtes l’un des responsables de l’ Allianceroyale. Quelle signication peut-on donner à la présence dequelques-uns de vos candidats à ces élections cantonales ? Les élections cantonales sont des élections de notables et unancrage local ancien est souvent nécessaire pour l’emporter.Nos candidatures ont pour principaux objectifs la promotion desidées royales, la recherche de visibilité auprès des électeurset la préparation des candidatures aux législatives de l’anprochain. Ces élections permettent en effet à nos candidats quiont exprimé le souhait de représenter l’Alliance royale l’année

prochaine d’être présents sur le terrain et de se construire unenotoriété locale.

Vous même, est-ce la première fois que vous êtes candidat lors d’un scrutin uninominal ? Pour quelle raison avez-voustenu à vous présenter ? Pour ma part, c’est effectivement la première fois. J’ai souhaitéêtre candidat car je considère qu’il est de mon devoir enparticipant à ces élections de contribuer au combat que mènel’Alliance royale et de promouvoir les idées royales, totalementabsentes du débat public. De plus, je suis aussi, comme vousle savez, délégué de l’Alliance royale pour le Val de Marne ;notre présence aux élections cantonales dans le départementme semble indispensable pour assurer le développement et lerayonnement de cette jeune délégation. Objectif très largement

atteint. Comment est perçue votre candidature ? Hostilité, curiosité,sympathie ? Nous arrivons maintenant sur le canton de Charenton-le-Pont àla n d’une campagne qui aura duré près d’un mois avec une

présence quasi-quotidienne de l’équipe de campagne sur leterrain.Les deux premières semaines, nous avons effectivement suscitéune réelle curiosité. Cette curiosité s’est transformée au l de lacampagne en un véritable intérêt de la part de certains électeurs,désireux d’en savoir plus sur l’Alliance royale. Attention, il ne fautsurtout pas s’enammer car le changement de comportement decertains ne signie pas forcément que l’on suscite l’adhésion.

Quel objectif s’est donné l’ Alliance royale pour cescantonales, à partir duquel vous considérerez votre but comme atteint ? Par la présence de six candidats de l’Alliance royale aux électionscantonales, nous avons voulu réaliser un test grandeur nature and’avoir le meilleur retour d’expérience possible pour une bonnepréparation des prochaines élections législatives, notre objectif prioritaire. Nous voulons aussi démontrer à nos futurs candidats

aux élections législatives qui seront pour la plupart novices, notrecapacité à participer dignement à un scrutin uninominal.Comme pour chaque élection, l’objectif premier n’est pas de faireun score, après une absence des royalistes du terrain politiquequi se compte parfois en décennies, mais de rendre à nouveaunos idées crédibles... première étape souvent indispensableavant de susciter l’adhésion.

L’année prochaine sera une année doublement chargée sur le plan électoral avec les présidentielles puis les législatives.Quelle sera la stratégie de l’ Alliance royale pour chacun deces scrutins ? L’objectif prioritaire de l’Alliance royale est de présenter le plusde candidats possibles aux élections législatives dans la limitebien sûr de nos moyens humains et nanciers.

Concernant l’élection présidentielle, la décision n’est pas encoreprise. Notre participation à cette élection aurait surtout du sens sielle sert notre engagement aux élections législatives.

• propos recueillis par Judith Taubel • 

Des royalistes aux cantonales...Entretien avec Dominique Hamel

Dominique HAMEL

Directeur politique de l’ Alliance royale

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DECENTRALISATION

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CANTONALES 2011

Après la Tunisie, l’Egypte, la Libye et le Yemen, la Sarkoziedoit à son tour affronter le mécontentement de l’opposition…

Avec un scrutin cantonal qui, pour la première fois depuislongtemps, n’était adossé ni à une élection municipale ni à uneconsultation régionale, il fallait s’attendre à une abstention forte.Abstention d’autant plus forte qu’elle est « aussi » l’expressiond’un sentiment de rejet et de protestation, ce que l’on oublie tropsouvent… Ce fut bien le cas avec 45% de participation.

Malgré les tentatives du Ministre de l’Intérieur et de ClaudeGuéant (une pure hybridation de l’IEP-Paris, de l’ENA et ducorps préfectoral, au point qu’à ce stade on se demande s’il neserait pas raisonnable de saisir la commission sur la bioéthiqueet contre les manipulations génétiques) pour tordre les résultats,les chiffres sont pourtant bien là. Brutaux, clairs, coupants :

mathématiques.

La gauche est en tête avec un PS à 25,11%, Europe Ecologieà 8,30%, le Front de Gauche à 9%, auxquels il faut rajouter les 1,49% des Radicaux de Gauche et les 4,84% des « DiversGauche ». Soit un total de 48,74% pour ce qui pourrait constituer une future « Gauche Plurielle » dénaphtalinisée. On notera ques’il n’y a pas eu un « effet Fukushima » agrant pour les écolos,ils ne s’en sortent pas mal dans une élection qui, par son modede scrutin et sa notabilisation, ne leur est traditionnellementpas favorable. Le bon résultat du Front de Gauche est aussi àsouligner. Le docteur Mélanchon et sa potion ont redonné unevigueur insoupçonnée à la « gauche de la gauche », loin de lastratégie sectaire de Lutte Ouvrière ou des errements postaux deBesancenot et de son NPA à la dérive.

L’autre surprise — mais en était-ce une ? — est la pousséedu Front National dans ses nouveaux habits bleu marine. Làencore, dans un scrutin qui lui est habituellement peu favorable,le FN créée la surprise avec 15,26% des voix. Et encore n’était-

il présent que dans deux tiers des cantons seulement. Il estprobable que son étiage réel se situe plus près des 18 ou 19%.

Restent les grands perdants de la soirée. L’UMP et ses amis,notamment du Nouveau Centre, tournent autours des 16%auxquels il convient d’ajouter en toute logique (ne tombons pasdans un « guéantisme » absurde) les 5,91% des voix s’étantportées sur les candidats étiquetés « Majorité présidentielle ».Mais de là à leur ajouter d’ofce les 10,98% qui ont voté pour uncandidat « Divers Droite », il y a un raccourci qui ressemble fortà une manipulation. Certes, un nombre certain d’UMP mal dansleur peau et dans leur étiquetage politique ont b(i)aisé leur mondeen rejetant l’étiquette infamante de l’UMP, lui préférant celle, plusinodore, de « Divers Droite ». Mais beaucoup d’autre candidatscatalogués comme « Divers Droite » sont très clairement enrupture par rapport à l’UMP et à ses méthodes caporalisteshéritées des belles heures du RPR… N’en déplaise à la calculette

magique de M. Guéant, 16+5,91+10,98 ne correspondentpas au poids de l’UMP et de ses satellites. Il faut au minimumretrancher une bonne moitié, sinon plus, des presque 11% desvoix « Divers Droite ». Le score serait honorable pour un partid’opposition, il est calamiteux pour un parti au pouvoir, à un ande la Présidentielle…

Reste, nous le signalons dans ces pages, les quelques candidatsmonarchistes (royalistes ou bonapartistes) qui ont tenté avec unpanache certain de rompre le silence.

Mis à part le score d’Yves Méra, candidat dans le canton deHéricourt-Est en Haute-Saône, et ses 4,06%, le reste est biendécevant. Et Yves Méra avait déjà un mandat local ce qui, àn’en pas douter, l’a aidé. Aux quelques autres courageux noussouhaitons évidemment de ne pas se démobiliser. La voieélectorale qu’ils ont choisie est une longue marche. Elle peut être

semée d’embûches comme parsemée d’espoirs. C’est en tousles cas une stratégie à long terme et il ne saurait être question detirer ici des enseignements qui seraient prématurés.

 • Hubert Gaston • 

L’analyse de Hubert Gaston

CANTONALES 2011

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PLANÈTE MONARCHISTEEN PARTENARIAT AVEC

19LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

AfriqueBurundi, le 6 octobre 2010 : Guillaume Ru-zoviyo (photo), leader du Parti MonarchisteParlementaire, membre de la coalition gouver-nementale et de la Conférence Monarchiste

Internationale, a été nommé Ambassadeur ex-traordinaire et plénipotentiaire du Burundi àMoscou.

Burundi, le 15 janvier 2011 : Le gouvernementa célébré le 146ème anniversaire de l’assassi-nat de l’ancien Premier Ministre Hutu PierreNgendandumwe (photo), dèle du Prince LouisRwagasore qui fut lui-même assassiné en 1961.

Comores, le 6 décembre 2010 : Le Prince Fa-himi Saïd Ibrahim, leader du Parti de l’Entente

des Comores (PEC, parti royaliste créé en 2007)et membre de la coalition gouvernementale a

annoncé son soutien au candidat présidentielIkililou Dhoinine (photo). Il laisse toutefois lechoix du vote à ses partisans pour le second tour de l’élection.

Côte d’Ivoire, le 5 janvier 2011 : Les Chefscoutumiers et les rois traditionnels se sont ras-semblés à Abidjan pour tenter de trouver unesolution à la crise institutionnelle qui secoue lepays. Le 2 février, le roi du Djuablin, Nanan Agni-ni Bilé II (photo), a appelé ses sujets au calme

après les affrontements entre partisans du Président élu Alas-sane Ouattara, héritier de la couronne de l’Empire de Kong, et lapolice aux ordres du Président sortant Laurent Gbagbo.

Ethiopie, le 14 janvier 2011 : Le Conseil de laCouronne, présidé par Ermias Sélassié (photo),a condamné les récents propos de certainsofciels religieux qui souhaitent une amnistiegénérale pour les personnes accusées de géno-cide ou de crimes de guerre.

 

Madagascar, le 11 décembre 2010 : Le mou-vement monarchiste Fanare a été écarté dela Conférence Nationale et des négociationsconcernant la prochaine Constitution, en raisonde réclamations concernant la restauration desdroits de la noblesse ; il a néanmoins soumisd’autres propositions.

Dans le même temps, le Président Andry Rajoelina (photo) a pro-clamé l’avènement de la IVème République depuis le Palais Royalde Lavoloha, entouré de mpiantsas (chanteuses royales) et deguerriers vêtus des vêtements de l’ancienne monarchie merina.Son épouse portait une tunique rouge, couleur de la monarchiedéfunte.

Nigeria, le 27 décembre 2010 : Le PrésidentGoodluck Jonathan (photo) a proté du couron-nement du Roi d’Otuoke, Oke X, pour rappeler aux rois du Nigéria d’éviter de se mêler de po-litique nationale mais a néanmoins promis derenforcer leurs pouvoirs traditionnels par un voteau sein de l’Assemblée.

Ouganda, le 9 janvier 2011 : Les chefs de clansont déposé plainte contre le Roi du Toro, RudikiIV, après que celui-ci eut nommé un nouveauporte-parole sans les avoir consultés et recon-duit à la Régence sa mère, la Reine Mère BestKemigisa. Celle-ci est soupçonnée de vendresecrètement des terres du royaume à des investisseurs étran-gers. Un nouveau Premier Ministre, le député royaliste ApolloKarugaba, a été nommé.Au Royaume du Bouganda, ce sont les descendants de l’ancienKabaka Chwa II qui ont déposé plainte auprès du tribunal fédéralan d’obtenir par voie judiciaire la jouissance du Palais Royal et

des propriétés et terrains appartenant au Roi Mutebi II (photo),dont ils contestent la légitimité sur le Nnaamulondo (trône). Larécupération de ces terrains permettrait aux descendants duKabaka Chwa de revendiquer le trône, voire de réclamer l’ins-tauration d’un royaume sous leur seul nom.

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PLANÈTE MONARCHISTE

20 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Ouganda, le 18 février 2011 : Le Roi du Bou-ganda Mutebi II a été l’arbitre des électionsprésidentielles. Le camp présidentiel et l’oppo-sition se sont battus an d’obtenir les voix desBougandais dont l’ethnie est majoritaire en Ou-ganda. Un conit foncier et politique oppose le

Roi et le Président réélu Yoweri Museveni (photo) qui souhaiterait

réduire les pouvoirs du souverain. Ce dernier tente d’obtenir sonindépendance vis-à-vis de la République Fédérale d’Ouganda àdéfaut du trône ougandais dont sa famille a été privée en 1966par un coup d’Etat.

Rwanda, le 17 janvier 2011 : Début du procès du CapitaineIldephonse Nizeyimana qui avait assassiné en 1994 la ReineMère Rosalie Gicanda.

AmriquesBrésil, le 2 février 2011 : Le Prince Luis de

Bragance-Orléans (photo), prétendant à la cou-ronne impériale, a exprimé dans un communiquéofciel sa tristesse et sa douleur face aux nom-breux décès de ces dernières semaines, dusaux fortes intempéries qui ont provoqué d’impor-

tantes coulées de boue. Solidaire du malheur des brésiliens, lemouvement royaliste qui soutient le prince a organisé des donsd’argent et de marchandises alimentaires, qui furent redistribuésaux sans-abris. Trois tonnes de fruits ont ainsi déjà été collectéesà travers tout le pays.

Mexique, le 21 janvier 2010 : Le Mexique aproposé de restituer à l’Autriche le carrossede l’Empereur Maximilien Ier  en échange de lacouronne impériale de Montezuma II (photo), ledernier Empereur Aztèque, que le pays réclamedepuis les années 80.

AsieCambodge, du 4 au 7 février 2011 : Cessez-le-feu avec la Thaïlande après des échangesde tirs sur les deux frontières qui ont fait moinsd’une dizaine de mort. La Thaïlande revendiquele temple de Preah Vihear (photo) attribué auCambodge en 1962 par un arrêt de la Cour In-

ternationale de Justice. L’Unesco a annoncé le 28 février qu’elleenvoyait des experts pour examiner et restaurer le temple, en-dommagé par les combats.

Népal, le 23 décembre 2010 : Le Parti Ras-

triya Pra-jatantra du Népal (RPP-N) a déposéplainte auprès du tribunal contre le gendre duVice Premier Ministre Surajat Koirala, accuséde détournement et qui a fait récemment la Unedes journaux locaux lors d’un affrontement armé

avec le prince héritier du Népal. Arrêté, le Prince Paras avait étélibéré alors que le RPP-N avait organisé des manifestations mo-narchistes massives à travers tout le pays entre le 13 et le 17

décembre 2010.Le 9 janvier 2011, le RPP-N a lancé sa campagne en faveur dela restauration de la monarchie, à la veille de la constitution dunouveau gouvernement nommé et dirigé par Jhala Nath Khanal(photo), leader du Parti Communiste du Népal Marxiste-Léniniste

Unié (PCN-MLU).

Thaïlande, le 9 janvier 2011 : Dix mille membresdes Chemises Rouges se sont rassemblés de-vant le monument de la démocratie à Bangkokoù ils se sont heurté à la police. Le site Internetcontroversé Wikileaks a fait état de l’inquiétudede certains conseillers du Roi Bhumibol Rama IXde voir son ls héritier — impopulaire dans le pays — monter sur 

le trône ; ils proposeraient au souverain que sa lle cadette, laPrincesse Sirindhorn (photo), lui succède.

Europe

Allemagne, le 25 décembre 2010 : Le groupe socialiste par-lementaire allemand réclame l’abolition des titres de noblessesencore en usage dans le pays. Seuls les privilèges de la no-blesse ont été abolis le 11 août 1919.

Allemagne, le 1er janvier 2011 : Le Prince

Georges-Frédéric de Hohenzollern (photo) adéposé une gerbe d’œillets sur la tombe de Fré-déric Guillaume IV à Postdam. Des dizaines deroyalistes ont assisté à la messe célébrée en lamémoire de l’ancien Roi de Prusse.A Kandern, le Margrave héritier de Bade, Maximilien et sonépouse Isabelle de Habsbourg-Lorraine ont présidé une céré-monie à l’occasion du 150ème anniversaire de la charte accordéepar sa famille à la ville. Si la foule avait fait le déplacement pour apercevoir le Margarve, seule une minorité se déclarait royaliste.

Autriche, le 12 novembre 2010 : L’Alliance Noir Jaune a organi-sé une manifestation au centre de Vienne le jour anniversaire dela proclamation de la République. Des stands avaient été dres-sés et des tracts ont été distribués pour réclamer l’abrogation dela Loi Anti-Habsbourg.

Belgique, le 6 janvier 2011 : Le Royaume estsecoué par une crise politique depuis les élec-tions législatives du 13 juin 2010 qui ont vu lavictoire des indépendantistes amands. Le Sé-nateur Johan Vande Lanotte (photo), chargé par le Roi de trouver un compromis entre Flamandset Wallons, a donné sa démission le 6 janvier puis à nouveau le26 du même mois, suite à un refus de la part du souverain, quil’a nalement acceptée.

Bulgarie, le 24 janvier 2011 : La dirigeantedu NMSP , Hristina Hristova a afrmé au coursd’une interview pour la radio nationale bulgareque l’ancien souverain et premier ministre Si-méon II songeait désormais à se présenter à laprésidence de son pays à l’occasion des élec-tions qui auront lieu cette année. Née en 1954, Hristina Hristova(photo) fut Ministre du Travail du souverain et Député, elle luiavait succédé à la tête du mouvement royaliste le 30 novembre2009.

Ecosse, le 17 janvier 2011 : A la veille de la commémorationpar les Stuartistes de l’anniversaire de la mort de Charles Ier (photo), décapité en janvier 1649, le Cercle des Gentlemen, so-

ciété secrète établie en 1748 et dirigée par Matthew Donnanchiea décidé d’ouvrir désormais son groupe à toute personne quisouhaite contribuer à l’essor de la cause stuartiste. Cette an-nonce n’a pas manqué de diviser les groupes stuartistes en cequi concerne le bien fondé de cette initiative.

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PLANÈTE MONARCHISTEEN PARTENARIAT AVEC

21LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

France, le 26 novembre 2010 : Le PrinceLouis-Alphonse de Bourbon (photo), prétendantlégitimiste à la couronne de France a retiré sonparrainage à l’Institut de la Maison de Bourbon dirigée par le Duc de Baufremont et annoncé lacréation de l’Institut du Duc d’Anjou , qu’il prési-

dera lui-même.

France, le 2 décembre 2010 : Commémoration par les Bonapar-tistes de la Victoire d’Austerlitz en présence du prince JoachimMurat et de la Princesse Napoléon, mère de l’actuel prétendantà la couronne impériale.

France, le 9 janvier 2011 : Commémorationde la mort de Napoléon III en présence de laPrincesse Alix Napoléon et des partisans bona-partistes.Le 11 janvier, le mouvement France Bonapar-

tiste, mené par son Secrétaire général DavidSaforcada (photo) a annoncé la création de l’Union Bonapartiste,dont le but est d’unier tous les mouvements et associations bo-napartistes.

France, les 21 et 23 janvier 2011 : Les tradition-nelle commémoration de la mort de Louis XVI,guillotiné en 1793 ont eu lieu partout en Franceoù des messes ont été célébrées ainsi qu’à Pa-ris où une marche au ambeau (photo) a réuniplus de 250 personnes derrière les drapeaux de

plusieurs mouvements dont l’Action française et l’Alliance royale.

Géorgie, le 24 décembre 2010 : Le leader duParti Traditionaliste royaliste de Géorgie AkakiAsatiani (photo) a annoncé « qu’il ne suppor-

terait pas le changement du code électoral »que souhaite réaliser le parti au pouvoir. Deuxmois auparavant, il avait été vu à Moscou, lors

des meetings électoraux de mouvements proches de Vladimir Poutine. Le mouvement royaliste n’a plus de représentation par-lementaire.

Italie, le 2 janvier 2011 : L’Union des Monar-

chistes Italiens a ofciellement protesté aprèss’être aperçu que la photo montrant un soldatitalien, décédé trois jours auparavant, déployantun drapeau aux armes de la famille royale etorné des signatures de ses amis avait été retou-

chée par différents journaux, qui avaient fait disparaître lesdites

signatures et le blason royal. La veille, le Prince Victor Emma-nuel de Savoie (photo) avait appelé lors de ses vœux à « l’unitépatriotique qui permettrait au Parlement de retrouver son pres-tige et sa force ».

Portugal, le 23 janvier 2011 : A l’occasion desélections présidentielles le Parti Populaire Mo-

narchiste a appelé ses partisans à l’abstentionou à inscrire sur les bulletins de vote la mention« Vive le Roi ».Le médecin Fernando Nobre, qui avait reçu le

soutien d’une partie des monarchistes, est arrivé 3ème avec 14%des voix. Le Parti Populaire Monarchique a annoncé le lance-ment d’une pétition en vue de pouvoir changer la constitution et

permettre un referendum sur la question de la restauration de lamonarchie.

Roumanie, le 6 décembre 2010 : Le PNTCD,mouvement royaliste membre de l’actuelle coali-tion gouvernementale, s’est présenté lors d’uneélection partielle sous son nom propre et a re-cueilli moins de 1% des voix. Le 26 novembre, laPrincesse Margarita (photo) avait reçu le corpsdiplomatique étranger au Palais Elizabetha.

Russie, le 21 février 2011 : La Grande Du-chesse Maria Romanov (photo) a été invitée par le Président de la Cour Suprême a visiter sesbureaux. La Grande Duchesse a déclaré qu’elleentendait réclamer au gouvernement russe lespalais impériaux et qu’elle ne soutiendrait aucunparti politique car « les institutions monarchiques se doivent derester indépendantes ».

Serbie, le 1er janvier 2011 : Le Prince Alexandre II a appelé pu-bliquement à la restauration de la monarchie constitutionnelle enSerbie et regretté la « perte d’indépendance de la Yougoslaviedepuis 2006 ».

Tchéquie, le 11 janvier 2011 : Messe en l’honneur de l’Empe-reur Charles Ier en présence des monarchistes tchèques et duPrince impérial Karl de Habsbourg-Lorraine, ls de l’ArchiducOtto.

OcanieTonga, le 22 décembre 2010 : Lord Tu’Ivakao,ancien Président du Parlement, a été élu Premier Ministre par 14 voix contre 12. Il est le premier chef de gouvernement élu depuis l’abolition dela monarchie absolue en 2007. Une constitutionrégit désormais le Royaume de Tupou V.

• Brèves collectées par Loïc Marv-Laf  • 

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PLANÈTE MONARCHISTE

22 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Tunisie

A la chute du Président Zine el-Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011 le Mouvement Royaliste Tunisien (MRT), conduit par l’avocat Kamel Ben Tahar Chaabouni, a déclaré que « son idéeet son projet était de promouvoir actuellement l’idée d’un régimeparlementaire démocratique. Beaucoup de tunisiens sont pour !Il faudrait pour cela changer la constitution, le chemin est long.C’est sur une nouvelle constitution que j’essaierai par la suite

de promouvoir l’idée de restaurer une monarchie moderne àl’instar des pays scandinaves ». La monarchie tunisienne avaitété abolie le 26 juillet 1957 lors d’un coup d’Etat organisé par lePremier Ministre Habib Bourguiba. La Famille Beylicale avait étéobligée par la suite de se fondre dans la population, réduite aurang de souvenir de l’Histoire. Le dernier Roi de Tunisie, LamineIer , s’était d’ailleurs éteint seul dans un modeste appartement le30 septembre 1962.

C’est en 2005 que le MRT vit le jour depuis Paris et s’afchaimmédiatement comme un mouvement d’opposition au régimedu président Ben Ali. Il ne reçut aucun soutien de la part duprétendant à la couronne (SAIR Mohammed X) et son inuenceau sein de l’opposition tunisienne n’est pas quantiable à ce jour.Les chances de restauration de la monarchie semblent minces

en Tunisie pour le prétendant au trône dont peu connaissent levisage.

Pour en savoir plus...Le MRT sur SYLMpediahttp://wiki.sylm.info/index.php/Mouvement_royaliste_tunisien

Egypte 

Au pouvoir depuis le 13 octobre 1981 (lors de l’assassinantdu Président Anouar Al Sadate) le Président Hosni Moubarakest le deuxième dirigeant arabe à devoir démissionner, le 11février 2011, face à la pression de la rue qui réclamait plus dedémocratie et la n de la corruption en Egypte. La monarchie avaitété ofciellement abolie le 18 juin 1953 après que les militaires

ont décidé arbitrairement de mettre n à la régence instauréedepuis le départ forcé du Roi Farouk Ier le 26 juillet 1952.Fouad II, qui n’était alors qu’un bébé et avait suivi ses parentsen exil, dût attendre 1990 avant de pouvoir retourner dans sonpays, à condition qu’il ne fasse aucune déclaration politique. Le

mouvement monarchiste a trouvé un certain regain au début desannées 2000, particulièrement sur internet où des dizaines de

sites nostalgiques ont éclos, sans toutefois revendiquer ou faireouvertement état de leurs opinions en faveur du retour de lamonarchie en Egypte.

Fouad II s’est abstenu de toute prise de position jusqu’à présent,se contentant de négocier un poste d’Ambassadeur Culturelavec le gouvernement égyptien en 2010. Le 4 février 2011, àl’occasion de la Révolution du Nil, le Times, quotidien anglais,publiait un communiqué du souverain, dans lequel il exprimait sonsouhait « de plus de démocratie, une amélioration des conditionsde vie des Égyptiens et un pays stable (...) ». Il a de nouveaurappelé à cette occasion qu’il ne croyait pas en la restaurationde la monarchie constitutionnelle : « Il y a des gens qui veulenttoujours revenir en arrière mais nous vivons aujourd’hui dans unmonde totalement différent ».Quelques rares manifestations royalistes sont organisées auCaire mais jusqu’ici le gouvernement égyptien a toujours encadréde près ce genre d’événement. Le mouvement royaliste égyptiense défend lui-même de vouloir la restauration de la monarchie,système jugé désuet par une majorité d’égyptiens. Les chancesde restaurations de la monarchie sont faibles et peu probablesà ce jour.

Pour en savoir plus...Les royalistes egyptiens sur SYLMpediahttp://wiki.sylm.info/index.php/Egyptian_Royalists_(Les_ royalistes_égyptiens)

Arabie Saoudite

La contestation s’est arrêtée aussi vite qu’elle avait commencé le21 janvier. Le Roi Abdallah Ier  Ben Abdelaziz Al Saoud, en placedepuis 2005, a ordonné le déblocage immédiat de 36 milliardsde dollars en faveur des catégories sociales les plus paupériséesdu royaume — chômeurs, étudiants — et des fonctionnaires.Certains intellectuels se sont bornés à réclamer la mise en placed’une monarchie constitutionnelle sur internet mais cette initiativea trouvé peu d’échos au sein de la population.

Jordanie

Le Royaume Hachémite, dirigé par le Roi Abdallah II depuis1999, a été secoué en janvier 2011 par des manifestationsoù se trouvaient mêlés des islamistes, des palestiniens (dontl’immigration dans le royaume est en constante hausse) et des

Et pendant ce temps en Afrique du Nord et en Orient...des rvolutions clatent

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jordaniens qui réclamaient tous des réformes et un changementde gouvernement. Le Roi a réagi en limogeant le Premier Ministre Samir Rifai le 9 février, ordonnant également unehausse générale des salaires. C’est un réformateur apprécié desjordaniens, Marouf Al Bakhit, qui a été appelé pour lui succéder.Si durant les manifestations le nom du Roi n’a été nullement citéou conspué, son épouse Rania a fait l’objet d’une cabale.

Bahreïn

Surnommée la Monarchiedes Deux Mers, c’est ladynastie de confessionsunnite Al Khalifa qui dirigeactuellement le Royaume duBahreïn, où la majorité de lapopulation est chiite. Le RoiHamad Bin Isa Al Khalifa(ci-dessus) était monté sur le trône le 6 mars 1999.Eduqué à l’occidentale, ilavait dès son accession

au pouvoir mis n à toutesles mesures de sécurité envigueur depuis 1974 dansle pays et entrepris unesérie de réformes qui avaittrouvé son aboutissementavec la proclamation d’uneconstitution en 2002.Pourtant le Royaumefait l’objet de fréquentesmanifestations anti-

gouvernementales et d’incessantes demandes de réformessociales de la part de la majorité chiite. Le gouvernement estdirigé depuis 1971 par l’oncle du Roi Khalifa Ibn Salman et cedernier dénonce les tentatives de déstabilisation du royaume

par l’Iran. En 1981, les chiites pro-iraniens avaient en effet tentéun violent coup d’Etat. L’opposition chiite a pourtant obtenu lamajorité des sièges en 2006 (18 sièges sur 40) et c’est unefemme de confession sunnite qui est Présidente du Parlement.L’armée est intervenue pour réprimer ces manifestations maismalgré tout le Roi a décidé de procéder à un léger remaniementministériel et de distribuer des primes à toutes les famillesdu Bahreïn. La contestation n’a pas pour autant faibli dans lacapitale et bien que leader de l’opposition chiite a afrmé ne pasvouloir déposer le régime actuel, le Bahreïn a autorisé les forcesarmées saoudiennes à entrer dans le royaume le 14 mars an del’aider à mater dénitivement ce début de révolution.

Oman

Le 23 juillet 1970, le Sultan Qabous Ben Said Al Said (ci-dessus)s’empare du pouvoir avec l’appui des Britanniques et déposeson père. Le souverain décide de conserver au pays, connusous le nom de Sultanat d’Oman et Muscat, le seul nom d’Omanan de marquer son règne. Mais peu après son accession autrône, en 1975, il doit mettre n à une rébellion menée par descommunistes dans la région du Dhofar, avec l’aide de l’Iran

et de la Jordanie. Malgré l’introduction de vastes réformes audébut de son règne, le Sultanat n’en est pas moins demeuré unemonarchie absolue. Bien que le Sultan ait ordonné la hausse desindemnités pour les chômeurs et promis la création de 50 000emplois, des manifestations plus ou moins réprimées avec forcecontinuent de secouer le pays.

Koweït

Autre pétromonarchie du Golfe qui doit son indépendance auxBritanniques en juin 1961, ce petit Etat est devenu très médiatiquelors des deux tentatives d’invasion par l’Irak et la guerre qui s’ensuivit. Sous des aspects démocratiques, cette monarchie n’estparlementaire que théoriquement et dirigée depuis 2006 par leRoi Sabah IV Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah. Soutenues par les

Etats-Unis, quelques protestations ont eu lieu à Koweit-City,mais sans importances au regard des fait qui se déroulent enAfrique du Nord. Les femmes du pays avaient obtenu le droit devote en 2005 et fait leur entrée au parlement en 2009.

Yémen

Terre de naissance de la Reine de Saba, le Yémen fait face à demultiples problèmes sociaux-économiques (pauvreté, chômage),idéologiques (Al Qaida) et politiques (rébellion monarchiste dansle sud).

Lorsque la monarchie est abolie le 27 septembre 1962 le sudreste résolument attaché à l’Imanat (monarchie). Une guerre civilemeurtrière éclate entre monarchistes et républicains fédéralisteset ce sont ces derniers qui remportent la victoire en 1970. Divisé,le Yémen replonge dans la guerre civile et la sécession avant dese réunier en 1990, Ali Abdallah Saleh devenant président. En1994 le Sud se soulève lors d’une tentative de sécession, mettanten cause une opposition divisée, une aide militaire accrue desEtats-Unis, accusés de favoriser le Nord au détriment du Sud.En 2004 c’est au tour du mouvement royaliste Zaïdite de prendreles armes et de réclamer la restauration de la monarchie. Leprétendant au trône, le Roi de Jure Ageel bin Muhammad Al-Badr Hamidaddin depuis 1996, s’est toujours tenu a l’écart des

événements politiques et s’abstient de toute déclaration.Le Yémen est devenu un foyer d’instabilité permanente,désormais secoué par des manifestations au Nord pour plusde libertés et de démocratie et un Sud royaliste qui désire sonindépendance. Les puissances en présence sont de forces

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PLANÈTE MONARCHISTE

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égales et malgré la promesse du Président Saleh de ne pas sereprésenter, elles semblent déterminées à le faire chuter avantla n de cette année.

Libye

Celui qui avait renversé la monarchie constitutionnelle du roi

Idriss Ier 

Senoussis le 1er 

septembre 1969 ne pensait sans doutepas que la Libye se soulèverait un jour contre son pouvoir plusque personnel et népotique. Cette révolution est aussi inattendueque surprenante, les manifestants ont hissé le drapeau de lamonarchie défunte dans tout le pays comme symbole d’oppositionau régime du « Guide de la révolution ».

Membre de la Conférence Nationale de l’Opposition Libyenne,le mouvement monarchiste Union Constitutionnelle de la Libye(UCL) est entré dans le gouvernement intérimaire du nouveau

Conseil National Libyen qui a vu le jour à Al Beïda en février,formé sur les ruines encore fumantes du régime de Kadha.Des portraits du Roi Idriss ont été ressortis et circulent danstout le pays. Il existe deux prétendants au trône, l’un très actif —Idriss Senoussis et l’autre plus tempéré — Sayed MohammedSenoussis. Le mouvement monarchiste a participé publiquementà la manifestation « de la rage » du 17 février. Le régime duColonel Kadha vit certainement ses derniers jours depuis quel’Organisation des Nations Unies a autorisé le 17 mars desfrappes aériennes ciblées sur le sol libyen an de libérer le paysd’un épouvantable massacre de représailles dans le pays. Leschances de restauration de la monarchie sont fortes à ce jour àla seule condition que le peuple Libyen le décide.

Pour en savoir plus...

La LCU sur SYLMpediahttp://wiki.sylm.info/index.php/Libyan_Constitutional_Union

Maroc

Roi depuis le 23 juillet 1999, Mohamed VI est l’un des derniersmonarques absolus d’Afrique et une image paternelle aux yeuxde son peuple malgré son jeune âge (47 ans). La monarchie desAlaouites, en place depuis 1631, a vécu le 20 février quelquesmanifestations relativement paciques, quelques 40.000personnes y réclamant des réformes sociales et politiques. Leparti royaliste Istiqlal domine le parlement et le Maroc à très peude chances de vivre des soubresauts comparables à la Tunisieou l’Egypte.Le 9 mars, le Roi Mohammed VI, qui était alors accompagné

de son ls, le Prince héritier Hassan, a annoncé qu’une réformede la constitution serait prochainement soumise par référendum,sans pour autant en préciser la date. Si ce projet était approuvé,le vainqueur des élections législatives serait automatiquementdésigné Premier Ministre. A ce jour seul le souverain nomme le

Premier Ministre et celui-ci peut être issu d’un parti minoritairedéfait au Parlement.

Iran

La Révolution Islamique de janvier 1979 avait mis n à toutedémocratie moderne qui régnait en Iran sous le régime impérialdes Pahlavis (1925-1979). Théocratie de fait désormais, laRépublique Islamique d’Iran ne tolère aucune opposition, mêmemodérée. La tentative de renversement du régime de 2009 a étéviolemment réprimée et des monarchistes arrêtés et condamnésà mort pour la plupart. Inspirées par les révolutions égypto-tunisiennes, des manifestations ont éclaté dans tout le paysdès le mois de février 2011. Les leaders de l’opposition ont étémis en résidence surveillée. Le Shah de Jure Reza II Pahlavi(depuis 1980) a appelé à diverses occasions au renversement

du régime. Il existe plusieurs groupes monarchistes et certainsse sont fait connaître par des actions armées. Les chances derestauration du régime impérial sont moyennes et ne pourrontêtre réalisées sans une aide étrangère, de la part des Etats-Unisou de l’Europe.

Irak

Depuis la chute de SaddamHussein en 2003, l’Irak vitentre soubresauts politiques,attentats et une guerre civilequi ne s’achève pas. Lajournée de protestation du 25février a été particulièrement

meurtrière, notamment auKurdistan. Les chances derestauration de la monarchiesont quasiment nulles. LePrince Sharif Ali Ben Al Husseina fait son retour en 2003 maisn’a pas su capter l’attentiondes Irakiens ni les fédérer dans toutes les électionsauxquelles il a participé, nedépassant jamais les 1% ou2%. Allié au gouvernementactuel, le mouvement royaliste(Mouvement MonarchisteConstitutionnel) n’a cependant

aucun élu. La monarchieirakienne avait été violemment abolie au son de la Marseillaise le14 juillet 1958 et la famille royale assassinée.

• Loïc Marv-Laf • 

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PLANÈTE MONARCHISTEEN PARTENARIAT AVEC

25LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

La Libye subit depuis février des troubles importants, nésd’une opposition entre les partisans du régime du colonel Kadha et les tenants d’une ouverture à la Démocratie. Lesmedias occidentaux ont parlé d’une rébellion monarchisteau vu du drapeau que brandissaient les rebelles, puis d’unemain-mise des fondamentalistes à l’écoute des appels àDieu qu’ils scandent parfois pour s’encourager.Nous avons voulu poser quelques questions directes à laLibyan Constitutional Union, organisation très présente sur le terrain, dans le combat pour la libération du pays.

Votre mouvement est-il exclusivement monarchiste ? La Libyan Constitutional Union n’est pas un mouvement monar-chiste. Le but de la Libyan Constitutional Union est de rétablir la légitimité constitutionnelle en Libye et de restaurer un Etat dedroit.

Sur quelles bases envisagez-vous un avenir pour la Libye ? Depuis sa création en 1981, la Libyan Constitutional Union sou-tient que le régime du colonel Kadha est illégitime et qu’il doitêtre combattu par un front unitaire ayant un solide fondementlégal. La seule source d’une telle légitimité ne peut être trouvéeque dans la Constitution sur la base de laquelle le pays gagnason indépendance en 1951, conformément à la résolution desNations Unies. L’originalité de la Constitution de 1951 est qu’elle

fut rédigée par des représentants de tous les Libyens et sousl’égide des Nations Unies, avant même la naissance de la Libyemoderne en tant qu’Etat.

Pourquoi avoir choisi le drapeau de l’ancienne monarchie ? Nous avons adopté le drapeau rouge noir et vert comme notrebannière, car il s’agit du drapeau derrière lequel l’ensemble dupeuple libyen a accepté de se rassembler lors de l’indépendance.

C’est avec une grande joie et un sentiment de victoire que nousle voyons aujourd’hui otter sur chaque territoire libéré du pays.

Quel système politique sera choisi après la libération ? La Libyan Constitutional Union a toujours mis en avant le droit dupeuple libyen de restaurer la justice puis de décider librement dela forme de gouvernement qu’il souhaite pour la Libye. Ce choixdevra s’exprimer lors d’un referendum organisé sous contrôle in-ternational et dans un délai raisonnable après la restauration dela légitimité constitutionnelle de la nation.

Le prince Mohammed soutient-il votre mouvement ? La Libyan Constitutional Union n’a aucun lien ni contact avec leprince Mohammed.

• propos recueillis par Loïc Marv-Laf • 

Pour en savoir plus...Site de la Libyan Constitutional Unionhttp://www.libyanconstitutionalunion.net La Libyan Constitutional Union sur SYLMpediahttp://wiki.sylm.info/index.php/Libyan_Constitutional_Union

Quel avenir pour la Libye ?Questions à la Libyan Constitutional Union

Sheikh Mohamed Ben-Ghalbon

Président de la Libyan Constitutional Union

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Notre révolution...

par Frédéric ANDRIEUX de ZARMA

Secrétaire Général de SYLM 

Il passe par l’Agence France Presse des milliers de dépêches et nous nous contentons chaquejour, à treize heures comme à vingt heures, de trois pauvres nouvelles égocentrées destinées ànous rassurer, à nous énerver ou à nous inquiéter selon le bon vouloir des oligarques qui contrô-lent notre consommation ou des philosophes de grandes surfaces qui canalisent notre pensée. Etnous nous en contentons d’autant mieux que nous sommes repus, confortablement assis dans desfauteuils de propriétaires à crédit, devant notre écran plat et que nous savons disposer de cetteliberté phénoménale qui associe l’abstention et la critique. Nous sommes un Occident bourgeois.

Faire la révolution, ce n’est pas simple. Il faut accepter de détruirece qui est sans savoir si ce qui le remplacera apportera plus de bien-être. Mais il faut bien que notre société de marketing s’effondre unjour comme Rome a succombé à la vague populaire de conversionchrétienne dont le monothéisme interdisait dès lors toute intégrationpragmatique des civilisations voisines. Et si nous ne sommes pas ca-pables de remettre en ordre notre société déclinante, comment pou-vons-nous encore donner des leçons aux autres ?

La révolution dont notre civilisation a besoin n’est pas systémique —pas encore — et elle peut se faire sans arme ; c’est une révolutionpersonnelle qui renverserait les carcans qui nous étouffent et redon-nerait à chacun cette faculté sans laquelle il ne sert à rien de naîtreHomme : la pensée critique, fondement de l’intelligence.

Celui qui étudie ne peut que conseiller ; celui qui fabrique ne peut quefournir ; celui qui se bat ne peut que protéger et celui qui dirige ne

peut que s’appuyer sur eux pour que l’ensemble tourne rond. Quelle est la place de la spéculationen général — et des bulles en particulier — dans ce schéma ? Quelle est la valeur d’un mandatdont l’élu se fout bien une fois sur son trône pour trois, cinq ou six ans ? Quelle est la réalité desembryons de programmes qui n’agrémentent d’ailleurs que les périodes électorales ? Quelle estla légitimité de ces entreprises qui placent leurs prots, leurs actionnaires, au-dessus de leurspropres forces de travail ? Quelle est la pérennité d’un système qui fait de la solidarité un simplebizness et de l’écologie un simple pourcentage issu des sondes politico-rectales ? Aucune… Au-cune… Aucune… encore aucune et toujours aucune.

Nous, monarchistes, ne sommes peut-être pas très nombreux en France ou en Europe mais noussavons la valeur des idées, du travail et des hommes. Nous ne pourrons pas regarder notre mondesombrer sous de faux prétextes sans réagir ; nous ferons notre révolution.

Cette révolution nous coûtera ce dont nous disposons le plus : du temps et des convictions. Maisil est nécessaire d’y croire et de vouloir lui abandonner cinquante ans d’habitudes nalement fa-milières.

Ils libèrent leurs pays, libérons nos esprits !

L’Editorial SYLM

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Le Chant du SYLM

27LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Embringué dans des primaires de haute fermentation commeson homologue socialiste, le parti Europe-Ecologie-Les Verts deCécile Duot et Daniel Cohn-Bendit est secouru par le doigt deDieu. Le Créateur de toutes choses a appuyé où ça fait mal,à la jointure des plaques tectoniques pacique et eurasienne,punissant l’Empire nippon de sa présomption à dompter l’atome,lui qui avait jadis conrmé de terrible manière les calculs desSavants. Tournez, tournez rotatives, la presse à faire peur s’estrenouée et a porté les écologistes sur le pavois des cantonales.Exit la chorégraphie strausskhanienne de Monsieur Hulot

l’hélicopteur, nie la diction patoisante de l’ayatollah norvégien,place aux poids-lourds de la cause anti-nucléaire. Greenpeace,

les Amis de la Terre, Sortir du Nucléaire… ont, à micros ouverts,un boulevard. La contre-offensive du lobby Areva-EDF-CEA quidispose d’arguments sérieux ne pouvait pas se déployer dans ledélai de six jours précédant le premier tour. Les bonnes questions

aux écologistes ne leur seront pas posées car inaudibles dans levacarme du tsunami alarmiste qui emporte tout sous lui. A cetteheure au Japon, on attend la grosse réplique.

Ainsi, ces élections-test ont-elles vu monter deux extrêmes,comme il en va souvent dans les périodes d’angoisse, le Frontnational porté par la vague immigrationniste attendue desrévoltes arabes impromptues, et Europe-écologie-LV dopéepar une atteinte grave et subite à l’environnement. Les calculsminutieux et faux des tacticiens en soupentes travaillant pour les « partis de gouvernement » seront une fois encore justiésa posteriori par de longues analyses dont nos énarques ont lesecret, mais ne serviront pas à grand-chose pour se répartir lesconseils généraux dès avant le second tour comme on l’entenddéjà, car le couperet des 12,5% d’inscrits pour accéder au

second tour peut désormais tomber sur tout le monde : les pointsgagnés sont toujours pris à autrui, la somme est cent.

* Royal-Artilleriehttp://royalartillerie.blogspot.com

 

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Le Chant du SYLM

28 LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Voilà, le printemps est là ! Le vrai, celui qui nous réchauffeet nous redonne du cœur au ventre. Et l’autre aussi, celui duMaghreb, qui voit eurir des révoltes dans nombre de ses pays.Des révoltes et des drapeaux, d’ailleurs. Chacun brandit avecerté ce symbole d’appartenance à son pays.

Les premiers à décrire des drapeaux en Europe sont les auteursgrecs, à la n du Vème siècle avant J.C. A cette époque lesdrapeaux étaient de simples bannières et ne seraient apparustels que nous les envisageons aujourd’hui qu’en Chine, environ

200 ans plus tard, pour se propager ensuite jusqu’en Asiemineure. Les romains, quand à eux, utilisaient le vexillum, fanionmilitaire carré utilisé par la cavalerie. A partir du XIème siècle, l’emploi des drapeaux se répandit enEurope par l’intermédiaire des chevaliers chrétiens revenusdes croisades. Les châteaux, les navires et les villes ont alorscommencé à se parer de drapeaux de formes variées.C’est donc au Moyen-âge que le drapeau prit toute sonimportance grâce au système d’identication des personnes, deslignées et des collectivités.

Plus tard, sur les champs de bataille le drapeau suscite « unsentiment profondément ancré au cœur de tous les peuples quiont une erté nationale et des traditions. Et c’est un sentiment

qui, non seulement crée l’héroïsme, mais aussi la générosité »,comme le relate Ernest Laut dans Le Petit Journal illustré du3 octobre 1909 : « Qu’on en juge par cet épisode peu connude la bataille de Waterloo. C’était à l’attaque de la fermed’Hougoumont, au début de la lutte de géants qui se déroula le18 juin 1815 dans les plaines de Waterloo : une rafale de mitrailleabat le porte-aigle du 10° léger avec la garde du drapeau. Lerégiment est forcé de battre en retraite. Mais, la fumée dissipée,le colonel Cubières, qui commande le 10° léger, voit le drapeaude son régiment gisant à terre auprès de l’ofcier mort. Or, unecolonne anglaise s’avance : le drapeau va être pris par l’ennemi.Le colonel n’hésite pas. Il s’élance seul pour reprendre son aigleet l’ofcier anglais, qui commande la colonne ennemie, témoinde cet acte d’héroïsme, fait aussitôt cesser le feu pour permettreau colonel Cubières d’aller ramasser son aigle. N’est-ce pas

admirable, au milieu d’une bataille, ce trait de vaillance d’unepart, ce trait de générosité de l’autre, tous deux inspirés par l’amour et le respect du drapeau ? »

L’amour et l’attachement à la patrie devraient demeurer enFrance assez puissants pour éviter l’indifférence vis-à-vis dudrapeau. Et pourtant, non. Le drapeau français n’est plus arboré

avec erté. Il est agité lors des rencontres sportives, sorti par les services publics les jours fériés pour orner les autobus.Quiconque déciderait de l’accrocher à son balcon, sans raisonou occasion particulière comme il est courant dans de nombreuxpays à travers le monde, serait taxé de « nationalisme », ce quidans notre pays est devenu une bien vilaine chose…

Est-ce la culpabilité due à la colonisation ? Est-ce l’idée que les« vrais » patriotes de la seconde guerre mondiale étaient dansle mauvais camp ? Ou que le protectionnisme économique nefait plus partie des priorités de nos gouvernants ? Ou encoreque la politique culturelle et historique de la France a été sabréedurant toutes ces dernières années ?Quoi qu’il en soit, le résultat est là : on n’apprend plus aux enfantsà aimer la France, on ne nourrit plus vraiment les esprits avec leshauts faits nationaux, on tait que, comme le soulignait Lamartine

« le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, lagloire et la liberté de la patrie », on oublie que l’on a des raisonsd’être — sinon er — heureux d’être français.

« Un drapeau qu’on cache dans sa poche, ce n’est pas undrapeau, c’est un mouchoir » observait Emile de Girardin. Je nepeux que lui donner raison, et m’en désoler.

 

Un drapeau, pour quoi faire ?

Judith TAUBEL

Administratrice de SYLM

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Le Chant du SYLM

29LA TOILE #10 - NOUVELLE SÉRIE - PRINTEMPS 2011

Depuis deux siècles, les royalistes et les bonapartistess’accusent mutuellement des pires maux tout en défendant des visions de l’Etat, de la politique et du Social qui sont loin d’être si divergentes au sens du monarchisme qui est le nôtre. Nous avons voulu faire un premier point sur cettebranche politique souvent méconnue du grand public et desautres composantes monarchistes en interrogeant notreami David Saforcada.

David, vous êtes candidat Bonapartiste aux élections can- 

tonales dans la Haute-Garonne, comment peut-on dénir leBonapartisme au XXI ème siècle ? Tout d’abord, sans avoir la prétention de copier le général deGaulle, je dirai que le bonapartisme est une certaine idée dela France et ce quelle que soit l’époque. Le bonapartisme duXXIème siècle n’est pas éloigné de celui du XIXème ou du XXème dans la mesure où il reste dèle aux principes que nous ont lé-gués tant Napoléon Ier  que Napoléon III. Le bonapartisme duXXIème siècle est ce que je qualierais d’un patriotisme social,attaché tout autant à la souveraineté et à l’indépendance natio-nale qu’au véritable progrès social. S’il n’a pas jeté un voile sur une restauration impériale, il s’inscrit totalement dans le combatrépublicain actuel.

On connaît l’histoire du royalisme français depuis la chute

de la monarchie en 1848, mais moins celle du Bonapartismeaprès la défaite de Sedan qui met n au Second Empire en1870. Pourriez-vous nous en dire plus ? Je vais tâcher de faire court bien que l’histoire du bonapartismesoit longue après 1870.La mort de Napoléon III, le 9 janvier 1873, allait être un coup trèsdur pour le bonapartisme et ses partisans. Jusqu’à la majoritédu Prince Impérial, Louis Napoléon, successeur de l’Empereur,la direction du parti impérialiste (bonapartiste) fut assumée par l’Impératrice Eugénie et un comité au sein duquel l’on retrouvaitd’anciens ministres de l’Empire dont notamment Rouher mais oùne gurait pas le Prince Napoléon (Jérôme). En effet, le PrinceNapoléon reprochait à l’Impératrice et à ses conseillers leurscompromissions avec les tenants de la réaction et préconisait aucontraire un programme nettement démocratique dans le sens

du bonapartisme « consulaire ». Lorsque le Prince Impérial pritlui-même la responsabilité des décisions, il se rangea du côtédes conservateurs et blâma même en public le Prince Napoléonsur son activité politique. Malgré ces dissentiments, le parti im-périaliste ou parti de l’Appel au Peuple restait puissant, en 1876on assista à un raz-de-marée bonapartiste avec une centaine dedéputés et un million de voix. La victoire n’est pas plus marquéefaute de candidats, car beaucoup ont peur ou n’osent pas seprésenter, alors que 60% des candidats bonapartistes ont étéélus. Malheureusement, dans sa lutte contre le régime en place,le parti bonapartiste va contracter des alliances contre natureavec les conservateurs (orléanistes et autres) et va donc de cefait s’éloigner d’une partie de sa base.

En 1879, la stupeur s’empara du parti lorsque le Prince Impérialprit la décision de partir pour l’Afrique du Sud an de combattre,au sein de l’armée anglaise, les Zoulous. « Quand j’aurai prouvéque je suis prêt à exposer ma vie pour un pays qui n’est pas lemien, j’aurai, à plus forte raison, démontré que je prêt à la sacri-er pour ma propre patrie. », voilà le discours que tenait le Prince

à ses dèles. Le 1er  juin 1879, il trouvait une mort héroïque sousles coups de sagaies des Zoulous. Le choc fut terrible pour lesbonapartistes et ce d’autant plus que cette disparition allait jeter encore plus la division au sein du parti impérialiste.

Mort sans descendance, l’héritage politique des Napoléon re-venait légalement au Prince Napoléon. Avant de partir pour l’Afrique, le Prince Impérial avait laissé un testament dans le-quel il disait, entre autres, « Je supplie ma mère bien-aimée dese souvenir que tant qu’il y aura des Bonaparte, la cause del’Empire aura des représentants. Elle devra les aider de tout sonpouvoir » mais il y rajoutait aussi ce codicille, ne pouvant oublier sa mésentente politique, depuis 1874, avec le Prince Napoléon,« Moi mort, la tâche de continuer l’œuvre de Napoléon I er  et deNapoléon III incombe au ls aîné du Prince Napoléon … ». Nonconforme aux Constitutions de l’Empire, il fut repoussé par lePrince Napoléon.

A compter de ce jour allait débuter une guerre larvée entre lePrince Napoléon et certains « chefs impérialistes » tenants dela « branche » conservatrice qui craignaient une orientation tropà « gauche » du parti. Le Prince quant à lui, dèle en cela auxdeux Empereurs, se cantonnait à un « Je ne suis ni blanc, nirouge, mais bleu » signiant ainsi sa réprobation envers les ten-tatives réactionnaires ou démagogiques. Il réussit malgré tout àmaintenir une certaine unité au sein du parti, grâce notammentà son « manifeste du 16 janvier 1883 »(3) dans lequel il exposeclairement quelles sont les orientations qu’il compte donner à laFrance et sa préférence à une République Plébiscitaire. Mais sesennemis n’ont pas désarmé, et prenant prétexte du soutien queveut apporter le Prince, lors des élections municipales de mai1884, aux radicaux (s’il n’y a pas de candidats bonapartistes)

contre les royalistes et conservateurs, ils provoquent une scis-sion du parti en poussant le Prince Victor(4) (ls ainé du Prince) àfaire acte de prétendant. Celui-ci franchit le « Rubicon » le 19 juin1884. C’en est ni de l’unité du parti bonapartiste, « jéromistes »et « victoriens » vont dès lors s’affronter et ce jusqu’au décès duPrince Napoléon en 1891.

Nous verrons s’opposer, d’un côté un Prince Napoléon avec peude troupe et de moyens, tenant de la République plébiscitaire etappelant à lui les républicains et les démocrates voulant une ré-vision de la constitution et de l’autre un Prince Victor ayant pour lui la majorités des cadres du parti et de gros soutiens nancierspartisan (malgré lui ? ) de l’Union conservatrice. A la chambre,les effectifs du groupe parlementaires chutent à 46 députés en1881, 65 en 1885 et 52 en 1889. La plupart des bonapartistes

participent à l’aventure boulangiste, ce qui, avec l’alliance élec-torale avec les royalistes, accélère le déclin déjà bien amorcé.

La mort du Prince Napoléon en 1891 « permet » au parti deretrouver son unité mais le mal est fait. Victor de par ses ater-moiements et certaines de ses prises de position s’est coupé dela base la plus à « gauche » du parti tout en mécontentant lespartisans de « droite ». Ne sachant se positionner réellementdans un bonapartisme populaire et ce malgré l’adoption de l’éti-quette plébiscitaire, il ne réussira pas à redonner une dynamiquede victoire au mouvement impérialiste, celui-ci deviendra aucours des années un courant marginal de la politique française.La vingtaine de députés bonapartistes élus en 1893 ne constituemême plus de groupe parlementaire. Les efs électoraux se ré-duisent à la Charente, la Corse, la Dordogne, le Calvados.

Il faudra attendre le début du XXème siècle pour voir ressurgir unparti bonapartiste pouvant inquiéter le régime en place. En effetle Prince Victor a réorienté la doctrine du mouvement, qui ne re-jette plus la République, en la modernisant et en revenant sur des

Bonapartistes et Royalistes, frères ennemis ?Entretien avec David Saforcada

David SAFORCADA

Secrétaire général de France Bonapartiste

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bases plus « sociales ». Si les élus, nationaux et locaux, tendentà disparaître, les groupes bonapartistes, eux, subsistent : comitéplébiscitaires ou impérialistes, union de la jeunesse plébiscitaire,Jeune garde, cercles Napoléon, jeunesse bonapartiste…

La « Grande Guerre » devait venir mettre un coup d’arrêt à laremontée du bonapartisme, l’Union sacrée avait réconcilié (pour 

un temps) les Français. Si l’on peut compter encore douze dé-putés bonapartistes dans la chambre Bleue Horizon, dont PierreTaittinger, le prince Murat, le marquis de Dion, Cassagnac, En-gerand, Fougère, Flayelle, Flandin ou encore Le Provost deLaunay, la victoire du Cartel des gauches élimine pratiquementla plupart des élus du mouvement. En 1923, les divers comitésse rassemblent au sein d’un Parti de l’Appel au Peuple dont lesprincipaux animateurs seront le Prince Murat, le général Koe-chlin Schwartz, l’ancien député Rudelle, Georges Poignant, lebaron Brunet ou l’ingénieur Jamet. Le courant s’appuie sur plu-sieurs journaux comme Brumaire ou La Volonté Nationale. LePrince Victor décède en 1926 et laisse un parti bonapartiste sansréelle direction et un héritier de 12 ans, le Prince Louis. Malgréles actions et le dévouement de ses plus dèles partisans, lebonapartisme ne pourra plus jouer aucun rôle dans la politique

française des années 30. A la veille de la Seconde Guerre mon-diale, le Prince Louis pour éviter toute récupération dissoudratoutes les organisations bonapartistes existantes. C’en étaitni du bonapartisme politique et ce pour la durée de la guerre,comme en 1914, l’heure était à l’Union Nationale. Comme pour toutes les autres formations politiques, nous trouverons des bo-napartistes (militants de l’entre deux guerres) tant du côté de laRésistance que de la Collaboration. Il faudra attendre les années90 pour voir renaitre un bonapartisme militant avec le Rassem-blement Bonapartiste puis à la disparition de celui-ci la naissancede France Bonapartiste en 2000.

Une question divise toujours les Royalistes : alors queNapoléon fut Empereur de la République et Napoléon III Empereur des Français, comment les royalistes doivent-ilsappréhender le mouvement Bonapartiste, Républicain ouMonarchiste ? Effectivement, Napoléon Ier  tout comme Napoléon III ont chacunété Empereur mais cela par le souhait du peuple consulté. Lemouvement bonapartiste se classe aujourd’hui dans le camp« républicain » dans la mesure où la Vème République (originelleavec l’élection du Président au suffrage universel) convient tout à

fait à l’idée que les bonapartistes se font de la République. Si l’onpeut, encore, se prendre à rêver d’une restauration impériale,celle-ci ne se ferait qu’après un appel au — et du — peuple.Donc le bonapartisme du XXIème siècle est un bonapartisme ré-publicain.

Le Prince Charles Napoléon, actuel Prétendant au trône im- périal, est très impliqué dans la vie politique et sociale de laFrance. Pourquoi le Prince, qui a pourtant accumulé de trèsbons scores électoraux, divise-t-il autant les Bonapartistesau lieu de les rassembler sous son seul nom ? Petite — grosse — rectication, Charles Napoléon n’est pas leprétendant… le Prince Napoléon (chef de la Famille Impériale)

est son ls le Prince Jean Christophe. Charles Napoléon n’estpas bonapartiste (il le proclame lui-même) et c’est pour cela qu’ilne rassemble pas autour de lui, d’ailleurs tout bonapartiste dèleaux principes napoléonien ne peut se reconnaitre en lui. Quepenser d’un Bonaparte qui louvoie entre le PS et le Modem ?Que penser d’un Bonaparte qui ne défend aucun des pointsprincipaux du bonapartisme, qui préfère voir les cendres de laFamille Impériale rester en exil ? Que penser d’un Bonaparte quiabandonne à chaque fois ses électeurs après quelques mois demandat ? Pour nous, un Napoléon ne peut exister en politiqueque par lui-même, qu’en n’étant dans aucun parti et ce n’est pasle cas de Charles Napoléon.

On accuse beaucoup l’actuel Président de la République,Nicolas Sarkozy, de faire du bonapartisme ! Qu’en pensez- 

vous ? Tout simplement que rien, absolument rien dans les actionsentreprises par Nicolas Sarkozy n’ont de rapport avec le bo-napartisme. Le bonapartisme est un patriotisme social qui nese reconnait nullement dans la politique atlantiste et paneuro-péenne de Sarkozy et encore moins dans ses salons feutrésqui nous rappellent plus l’orléanisme bourgeois. Le sarkozysmec’est la paupérisation de la France poussée à outrance.

Seriez-vous favorable à un rapprochement politique entreRoyalistes et Bonapartistes en vue d’une possible participa- tion conjointe à de prochaines échéances électorales ? Je vais sans doute vous décevoir mais non je ne pense pasqu’un rapprochement soit possible, trop de choses, historiqueset politiques nous séparent, j’ai pu m’en rendre compte en fré-

quentant divers forums royalistes sur la toile. Si nous ne rejetonsrien de notre histoire nationale, nous sommes attachés à cetteFrance née de 1789. L’on peut se retrouver sur certain points, jele concède mais je ne pense pas que l’on puisse un jour voir côteà côte un bonapartiste et un royaliste.

On a appris récemment la création de l’Union Bonapartiste.Pourriez-vous nous en dire plus ? Il existe en France plusieurs mouvements bonapartistes, trèsproches les uns des autres ne se séparant que sur des points dedétail ou de tactique. Il nous a semblé que notre cause était beau-coup plus importante que de simples différences insigniantes,c’est pour cela que nous avons décidé, avec les responsablesd’autres mouvements, de créer cette Union Bonapartiste quiexiste sous la forme d’une confédération laissant ainsi chaque

composante libre de ses choix respectif dans certains domainesmais apportant une même et unique voix sur les sujets essen-tiels.

Quel est le programme politique de France Bonapartiste et dans quel but a-t-il été fondé ? Détailler tout le programme de France Bonapartiste pren-drait plus que quelques lignes, il se base sur les principesimmuables du bonapartisme qui sont Souveraineté Populaire,Indépendance Nationale, Autorité, Progrès Social, Unité et Res-ponsabilité. Depuis la n de la Seconde Guerre Mondiale, lesbonapartistes étaient « orphelins » d’un mouvement politique serevendiquant de l’héritage de nos Empereurs et de leurs « des-cendants » politiques, France Bonapartiste est donc né dansl’idée de rassembler tous les bonapartistes, membres ou non

d’autres formations politiques, an de pouvoir remettre en avantles principes et les idées que le bonapartisme a toujours défendumais aussi an, le jour venu, de fournir au Prince Napoléon laforce militante sur laquelle il pourra s’appuyer. Dans ce but, nousavons donc, avec France Bonapartiste, pris la décision de tra-

Suffrages s’étant portés sur L-N. Bonaparte le 10 décembre 1848

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Charte de la Conférence Monarchiste Internationale

Préambule :Nous considérons comme monarchiste toute nation, tout gouvernement, toute organisation ou tout individu prônant l’instaurationou la préservation d’un système politique organisé autour d’un pouvoir incarné et souverain, défenseur des libertés naturelles etdisposant d’une indépendance accrue vis à vis des oligarchies, notamment économiques et politiques.

La Monarchie n’est pas un système politique universel. Mais elle est, pour beaucoup de peuples et de nations, une réalité heu-reuse ou une aspiration à une société plus juste et soucieuse de protéger les intérêts de ses membres.Nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé, qui tend à niveler les réalités humaines, culturelles, historiques, économiques,philosophiques, religieuses... Alors même que la Monarchie consiste à replacer le facteur humain au cœur des préoccupationspolitiques, la mondialisation, au contraire, tend à faire de l’humain un simple paramètre de développement économique.

Face à cette globalisation dévoreuse des identités, les différents partis, groupes, organisations, et journaux monarchistes luttentindividuellement, sans concertation véritable, se limitant à des seuls rapprochements conjoncturels ou informels.

I. Les objectifsLes monarchistes, partout dans le monde, ont, au gré de leurs actions et campagnes, accumulé des expériences et des pratiquespolitiques propres, testé des stratégies différentes, produit des textes doctrinaux, mené des réexions sur tel ou tel sujet.Mais, ce qu’un Monarchiste Italien a écrit, un Monarchiste Français l’ignore ; ce qu’un Monarchiste Français a pratiqué, un Monar-chiste Belge ne le sait pas ; ce que vit actuellement un Monarchiste Belge, un Monarchiste Canadien ne fait que l’entrevoir ; quelsMonarchistes, en Europe, savent ce que bâtissent les Monarchistes Cambodgiens ou Marocains… ?Nous ne prétendons pas former ou constituer un parti Monarchiste international. Nos réalités nationales, nos objectifs respectifsseraient en contradiction avec une telle utopie. En revanche, il nous apparaît que nous ne pouvons plus nous permettre de lutter en ignorant, délibérément ou par paresse, les luttes et les aspirations de nos voisins et amis monarchistes partout dans le monde.Il est temps de fédérer les énergies.Nous avons, les uns et les autres, accumulé un capital d’expériences qu’ils nous faut partager et mettre en commun pour le bé-néce de tous.Cette mise en commun s’articulera politiquement autour d’une organisation baptisée Conférence Monarchiste Internationale(CMI) et matériellement autour de différents outils techniques qu’il appartiendra de dénir.

II. Les acteursSont et seront concernés :a- L’ensemble des partis, mouvements, groupes et organisations politiques monarchistes ;b- L’ensemble des journaux, revues, sites internet et blogs monarchistes ;c- L’ensemble des associations, fondations, cercles monarchistes à vocation culturelle, patrimoniale, mémorielle ;d- L’ensemble des syndicats, fédérations et confédérations monarchistes professionnels et/ou catégoriels ;e- L’ensemble des mouvements et organisations monarchistes de jeunesse ;

III. Souveraineté des SignatairesChaque signataire reste absolument maître de ses propres orientations politiques, philosophiques, dynastiques, religieuses,économiques, tactiques et stratégiques.Il ne sera fait aucune différence entre les monarchistes se réclamant de positions politiques de droite, de gauche, du centre ouprofessant un apolitisme non partisan.En aucun cas la Conférence Monarchiste Internationale (CMI) ne pourra se substituer aux instances nationales régulières despartis, mouvement et journaux signataires.

Source : http://internationale.monarchiste.com?charte

vailler l’implantation locale tout en portant, chaque fois que celanous est possible, notre parole sur le plan national.

Pourquoi France Bonapartiste a-t-elle fait le choix de soute- nir le Député Nicolas Dupont-Aignan ? Parce que tout simplement c’est le politique dans lequel nousretrouvons le plus de similitudes avec nos idées. Je ne dis pas

que nous sommes en accord sur tout mais nous nous retrouvonsdans les grandes lignes. DLR est le seul mouvement à ne pasavoir fermé la porte à FB et a toujours été à notre écoute maiscela ne fait pas de nous les « toutous » de NDA bien au contraire,nous gardons notre indépendance et savons dire stop quand leschoses ne vont pas.

Au-delà de ces divergences traditionnelles avec le roya- lisme, quel est votre attitude par rapport au monarchismemoderne, tel qu’il a été déni en 2008 par la Conférence Mo- narchiste Internationale (voir encadré) ? Comme je l’ai expliqué, le bonapartisme du XXIème siècle seretrouve très bien dans les institutions de la Vème république« originelle » avec l’élection du président de la république ausuffrage universel (constitution inspirée pour beaucoup par celle

du Second Empire.). Pour nous, bonapartistes, une monarchiede style orléaniste ou bien inspirée de ce qui se fait en Europe

n’est pas concevable car les monarchies actuelles sont « parle-mentaires »… Pour nous le pouvoir se doit d’être fort et seuleune constitution du style de 1852 pourrait à ce moment là seconcevoir car ce n’est pas un « premier ministre » tributaire despartis qui doit gouverner mais bel et bien le monarque, c’est àdire l’Empereur. 

Honnêtement je ne sais pas si un jour bonapartistes et royalis-tes pourront s’entendre, pour avoir souvent tenté le dialogue sur différents forums j’ai bien senti la haine et les barrières qu’il y aentre nous… les bonapartistes si ils sont dèles à jamais à laFrance une et indivisible le sont tout autant à la famille bonaparteet ne sont pas prêts à rejoindre soit les orléans soit les bourbons.

• propos recueillis par Loïc Marv-Laf • 

Pour en savoir plus...Site de France Bonapartistehttp://francebonapartiste.free.fr  Blog de France Bonapartistehttp://france-bonapartiste.over-blog.com Blog du Mouvement des Jeunes Bonapartistes (MJB)

http://mouvement-des-jeunes-bonapartistes.over-blog.fr 

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Ouvrage très attendu depuis la dernière enquête

réalisée en 1989, cet état des lieux du royalisme

analyse les réponses apportées par 1737 personnes représentatives du milieu royaliste

au questionnaire mis à leur disposition par 

SYLM de février à juin 2009.

Face aux changements profonds qui 

marquent la communauté royaliste depuis

20 ans, ce repère indispensable vous

permettra de mieux appréhender les

attentes d’une mouvance désorganisée et 

méconnue mais plus que jamais ancrée

dans la réalité sociale et politique de son

temps.

QUESTIONS

CHIFFRES

ANALYSES

LE R OYA

LISME EN

 FR ANCE

Etat des l

ieux

2009Editio

ns SYLM