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La Tragédie des Siècles (1992) sur ce livre Sommaire Ce e-livre est offert parl’Ellen G. White Estate. Il fait part d’une grande collection gratuite delivres-onlinedu site Web

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  • La Tragedie des Sicles

    Ellen G. White

    1992

    Copyright 2012Ellen G. White Estate, Inc.

  • Informations sur ce livre

    Sommaire

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    Ellen G. White (1827-1915) est considre comme lauteur am-ricain le plus souvent traduit, ses uvres ont t publies en plusde 160 langues. Elle a crit plus de 100,000 pages sur une grandevarit de thmes spirituels et pratiques. Guide par le Saint-Espritelle a exalt Jsus et attir lattention sur les Ecritures comme tantla base de la foi de chacun.

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  • Table des matiresInformations sur ce livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iPrface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . viIntroduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . viiiChapiter 1 La destruction de Jrusalem . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Chapiter 2 La perscution aux premiers sicles . . . . . . . . . . . 33Chapiter 3 Lapostasie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42Chapiter 4 Les Vaudois du Pimont . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53Chapiter 5 Jean Wiclef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68Chapiter 6 Hus et Jrme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83Chapiter 7 Luther se spare de Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104Chapiter 8 Luther la dite de Worms . . . . . . . . . . . . . . . . . 125Chapiter 9 Le rformateur suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146Chapiter 10 Progrs de la Rforme en Allemagne . . . . . . . . 158Chapiter 11 La protestation des princes . . . . . . . . . . . . . . . . . 169Chapiter 12 La Rforme en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181Chapiter 13 En Hollande et en Scandinavie . . . . . . . . . . . . . 205Chapiter 14 Progrs de la Rforme en Angleterre . . . . . . . . 212Chapiter 15 La Bible et la Rvolution franaise . . . . . . . . . . 230Chapiter 16 Les Pres plerins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251Chapiter 17 Les prcurseurs du matin . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260Chapiter 18 Un rformateur amricain . . . . . . . . . . . . . . . . . 276Chapiter 19 Lumire et tnbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299Chapiter 20 Un grand rveil religieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310Chapiter 21 Un avertissement rejet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 327Chapiter 22 Prophties accomplies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341Chapiter 23 Quest-ce que le sanctuaire? . . . . . . . . . . . . . . . 357Chapiter 24 Dans le lieu trs saint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370Chapiter 25 La loi de Dieu est immuable . . . . . . . . . . . . . . . 379Chapiter 26 Une rforme indispensable . . . . . . . . . . . . . . . . . 395Chapiter 27 Rveils modernes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 404Chapiter 28 Linstruction du jugement . . . . . . . . . . . . . . . . . 421Chapiter 29 Lorigine du mal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 433Chapiter 30 Linimiti entre Ihomme et Satan . . . . . . . . . . . 444Chapiter 31 Les bons anges et les esprits malins . . . . . . . . . 450

    iv

  • Table des matires v

    Chapiter 32 Les piges de Satan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 457Chapiter 33 La sduction originelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 469Chapiter 34 Le spiritisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 487Chapiter 35 Les vises de la papaut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 497Chapiter 36 Limminence de la lutte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 514Chapiter 37 Les Ecritures, notre sauvegarde . . . . . . . . . . . . . 524Chapiter 38 Lavertissement final . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 533Chapiter 39 Le temps de dtresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542Chapiter 40 La dlivrance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 562Chapiter 41 La terre dsole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 578Chapiter 42 La fin de la tragdie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 586Appendice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 602

  • Prface

    Une tragdie des sicles se droule sur notre plante, et celadepuis que celle-ci est habite. Tous les hommes et tous les peuplesont particip et participent cette tragdie dont la trame est cachedans tous les vnements relats par lhistoire.

    Cette grande tragdie, cest le conflit entre la vrit et lerreur,entre la justice et linjustice.

    Malgr la diversit des opinions et des partis, il ny a en ralitdans le monde moral que deux principes, deux armes, deux illustreschefs en prsence : le bien et le mal, lEglise de Dieu et le monde,Jsus-Christ et Lucifer.

    A chaque pas des annales de la chrtient, dans tous les pisodeset au cours de tous les conflits quelles rapportent, on voit saffronterces deux principes, ces deux armes, ces deux grands capitaines.Leur prsence se manifeste dans les luttes entre le Trne et lAutel,dans lhistoire des guerres de conqute ou de religion, sous les[8]splendeurs ou les turpitudes royales et pontificales. A travers millepiges et mille dtresses, on voit reparatre sans cesse, hroque,sainte, pure, lEglise indestructible du Nazaren et de ses premiersaptres. Ainsi, dans cette lutte ardente entre la vrit et lerreur, entrele vice et la vertu, se forme peu peu la phalange immortelle dessoldats de la Croix.

    Quels seront les prochains dveloppements de ce formidableconflit, et comment y serons-nous personnellement impliqus?Quadviendra-t-il de nous lorsque la mort nous jettera dans lin-connu redoutable o nous attend le jour du jugement? Selon quellenorme serons-nous jugs, et de quoi aurons-nous rendre compte?Pouvons-nous avoir, et quelles conditions, accs une esprance ?Cet ouvrage rpond ces questions dont les vnements soulignentavec une intensit croissante limportance vitale. Bien que ldi-tion originale de ce livre, intitule The Great Controversy, ait tpublie aux Etats-Unis la fin du sicle dernier, ses dclarationscorrespondent dune manire tonnante lactualit. Cet ouvrage,

    vi

  • Prface vii

    traduit en de nombreuses langues peu aprs sa parution, a t large-ment diffus dans le monde entier.

    La dtresse de lhumanit, la faillite des religions, le spectreeffrayant des rivalits internationales et du suicide universel auquelils peuvent aboutir sont autant de motifs de lire cet ouvrage obrillent, radieuses, la promesse du retour du Christ et lesprance dela vie ternelle sur une terre nouvelle o la justice habitera et oil ny aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premires chosesauront disparu. Puissent de nombreux lecteurs jouir bientt, danslintimit de leur me, dun avant-got de ce bonheur.

    Les diteurs[9]

  • Introduction

    Avant le pch, le pre de notre race jouissait dune communionparfaite avec son Crateur. Mais sa transgression la spar de Dieu,et lhumanit tout entire est prive de ce prcieux privilge. Nan-moins, grce au plan de la rdemption, les relations entre la terre etle ciel ont pu tre rtablies. Dieu sest rvl aux hommes par sonEsprit et a fait resplendir sa lumire sur le monde par lintermdiairedhommes choisis par lui : Cest pousss par le Saint-Esprit quedes hommes ont parl de la part de Dieu. 2 Pierre 1 :21.

    Au cours des vingt-cinq premiers sicles de lhistoire de notremonde, il ny eut pas de rvlation crite. La lumire de Dieu taittransmise oralement, de gnration en gnration. Cest aux joursde Mose que la Parole crite fit son apparition. Les rvlationsdivines commencrent alors tre consignes dans un livre, et cetravail sest poursuivi durant une priode de seize sicles allant[10]de Mose, historien de la cration et chroniqueur de la lgislationdivine, jusqu laptre Jean, le narrateur des plus sublimes vritsvangliques.

    La Bible attribue son existence Dieu ; et pourtant, elle a tcrite par des hommes. En effet, le style de ses diffrents livrestrahit la personnalit de divers crivains. Toutes les vrits qui ysont rvles, quoique inspires de Dieu (2 Timothe 3 :16), sontexprimes dans le langage humain. Par le Saint-Esprit, lEtre infinia illumin le cur de ses serviteurs. Il leur a donn des songes, desvisions, des symboles et des images, tout en leur laissant la libertdexprimer la vrit dans leur propre langue.

    Les dix commandements, prononcs par Dieu lui-mme, furentcrits de sa propre main. Ils sont donc divins et non humains. Mais lasainte Ecriture, o la vrit sexprime dans le langage des hommes,nous offre une union troite de la divinit et de lhumanit. La mmeunion sest retrouve dans la nature du Christ, qui fut la fois Fils deDieu et Fils de lhomme. On peut donc dire de lEcriture comme de

    viii

  • Introduction ix

    Jsus-Christ, quelle est la Parole faite chair, et quelle a habitparmi nous. Jean 1 :14.

    Rdigs des poques diffrentes par des hommes de conditionsociale, de formation intellectuelle et spirituelle fort diverses, leslivres de la Bible prsentent de grands contrastes dans le style etla varit des sujets. Les auteurs sacrs diffrent dans leur manirede sexprimer. Souvent une mme vrit est rendue dune faonplus frappante par lun que par lautre. Comme certains dentre euxenvisagent le mme fait ou la mme doctrine dautres points devue, des lecteurs superficiels ou prvenus peuvent en conclure quilsse contredisent alors que pour les esprits rflchis et respectueux ils ne font que se complter.

    Prsente par diffrents auteurs, la vrit apparat sous des as-pects varis. Celui-ci est plus spcialement frapp par le ct du sujetse rapportant son exprience ou sa capacit de comprhension ; [11]celui-l sattache un aspect tout autre, mais tous les deux, guidspar lEsprit, dcrivent ce qui les a le plus impressionns diffrencede prsentation mais unit parfaite de toutes les parties, adaptesaux besoins de lhomme dans chaque circonstance et exprience dela vie.

    Dieu, ayant jug bon de communiquer sa vrit au monde parlintermdiaire des hommes, a revtu de son Esprit ceux quil achoisis cet effet. Il les a dirigs dans le choix des sujets et dans lafaon de les exposer. Confi des vases de terre, ce trsor nenest pas moins cleste. Le croyant humble et obissant y contemplela gloire de la puissance divine pleine de grce et de vrit.

    Cest par sa Parole que Dieu nous communique les connais-sances ncessaires au salut. Nous devons donc laccepter commeune rvlation infaillible de sa volont. Elle est la norme du carac-tre, le rvlateur de la doctrine et la pierre de touche de lexprience.Toute Ecriture est inspire de Dieu, et utile pour enseigner, pourconvaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin quelhomme de Dieu soit accompli et propre toute bonne uvre.2 Timothe 3 :16, 17. Mais le fait que la volont de Dieu ait trvle lhomme na pas rendu inutile la prsence constante duSaint-Esprit. Au contraire, Jsus a promis denvoyer le Consolateuraux disciples pour leur faire comprendre sa Parole et en graver lesenseignements dans leurs curs. Et comme le Saint-Esprit est lins-

  • x La Tragdie des Sicles

    pirateur des Ecritures, il est impossible quil y ait conflit entre lui etla Parole crite.

    Mais lEsprit nest pas donn, et il ne le sera jamais, pour rem-placer les Ecritures. Celles-ci dclarent positivement que la Paroleest la pierre de touche de tout enseignement et de toute vie morale.Laptre Jean a crit : Najoutez pas foi tout esprit ; mais prouvezles esprits pour savoir sils sont de Dieu, car plusieurs faux prophtessont venus dans le monde. 1 Jean 4 :1. Et le prophte Esae : A[12]la loi et au tmoignage ! Si lon ne parle pas ainsi, il ny aura pointdaurore pour le peuple. sae 8 :20.

    Le Saint-Esprit a t profan par des gens qui, se disant illuminspar lui, prtendent pouvoir se passer des Ecritures. Abuss par desimpressions quils considrent comme la voix de Dieu dans leur me,livrs leurs propres inspirations, privs des directions de la Parole,ils sgarent et se perdent. Cest ainsi que le malin triomphe. A laidedextrmistes et de fanatiques, il sefforce de jeter lopprobre surluvre du Saint-Esprit, et de pousser le peuple de Dieu se passerde cette force que le Seigneur lui-mme a mise sa disposition.

    Jsus a laiss ses disciples cette promesse : Le Consolateur,lEsprit-Saint, que le Pre enverra en mon nom, vous enseigneratoutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Quandle Consolateur sera venu, lEsprit de vrit, il vous conduira danstoute la vrit... et il vous annoncera les choses venir. Jean 14 :26 ;16 :13. La Bible enseigne que, loin dtre limites aux temps apos-toliques, ces promesses appartiennent lEglise de Dieu traverstous les sicles. Le Sauveur dit en effet ses disciples : Je suisavec vous tous les jours, jusqu la fin du monde. Matthieu 28 :20.Dautre part, laptre Paul affirme que les manifestations de lEspritont t donnes lEglise pour le perfectionnement des saints, envue de luvre du ministre et de ldification du corps de Christ,jusqu ce que nous soyons tous parvenus lunit de la foi et de laconnaissance du Fils de Dieu, ltat dhomme fait, la mesure dela stature parfaite de Christ. Ephsiens 4 :12, 13.

    Le mme aptre demandait Dieu, en faveur des croyantsdEphse, de leur donner un esprit de sagesse et de rvlation,dans sa connaissance, et dilluminer les yeux de leur cur, pourquils sachent quelle est lesprance qui sattache son appel..., etquelle est envers nous qui croyons linfinie grandeur de sa puissance,[13]

  • Introduction xi

    se manifestant avec efficacit par la vertu de sa force. Ephsiens1 :17-19. Le ministre de lEsprit illuminant lintelligence et ouvrantle cur aux vrits de la Parole de Jsus tait la bndiction quePaul rclamait pour lglise dEphse.

    Aprs la manifestation du Saint-Esprit, au jour de la Pentecte,laptre Pierre exhorta la foule se convertir et tre baptise aunom de Jsus-Christ pour le pardon des pchs. Et il ajouta : Vousrecevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pourvos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombreque le Seigneur notre Dieu les appellera. Actes 2 :38, 39.

    En rapport immdiat avec les scnes du grand jour de Dieu, leSeigneur promettait, par le prophte Jol, une manifestation spcialedu Saint-Esprit. Jol 2 :28. Cette prophtie, partiellement accompliele jour de la Pentecte, ne le sera pleinement quau moment o lagrce divine mettra fin au mandat vanglique.

    Lintensit du grand conflit entre le bien et le mal augmenterajusqu la fin. De tout temps, la colre de Satan sest dchanecontre lEglise du Christ. Mais Dieu a rpandu sa grce et son Espritsur les croyants pour les affermir et leur permettre de triompher desembches du Malin. A mesure que lEglise approche de sa dli-vrance, Satan travaille avec plus de puissance. Car le diable estdescendu vers vous, anim dune grande colre, sachant quil a peude temps. Apocalypse 12 :12. Il oprera avec toutes sortes de mi-racles, de signes et de prodiges mensongers. 2 Thessaloniciens 2 :9.Depuis six mille ans, cet tre prodigieusement intelligent, autrefoisle plus minent des anges, sest consacr tout entier une uvre desduction et de ruine. Toutes les ressources de son habilet nfaste,toute sa subtilit, il les mettra en uvre dans son dernier assautcontre le peuple de Dieu. Cest en ce temps de pril que les disciplesdu Christ devront avertir le monde de son prochain retour, et quun [14]peuple devra se prparer tre trouv sans tache et irrprhensible.2 Pierre 3 :14. Aussi la grce et la puissance de Dieu ne seront-ellespas moins ncessaires lEglise au temps de la fin quaux joursapostoliques.

    Grce lillumination du Saint-Esprit, les scnes du conflit scu-laire entre le bien et le mal mont t prsentes. A diverses reprises,il ma t donn de contempler les pripties de la joute formidableentre Jsus-Christ, le Prince de la vie, lauteur de notre salut, et Satan,

  • xii La Tragdie des Sicles

    le prince du mal, lauteur du pch, le premier transgresseur de la loidivine. Linimiti quil nourrit contre le Fils de Dieu, il la manifestecontre ses disciples. A travers toute lhistoire de lhumanit, noustrouvons chez lui la mme haine des principes de la loi de Dieu, lamme politique mensongre par laquelle lerreur se prsente sousles couleurs de la vrit, les lois humaines sous le manteau de la loide Dieu, et le culte de la crature sous celui du Crateur. De sicleen sicle Satan sefforce de dnaturer le caractre de Dieu, afin de lefaire redouter et har plutt quaimer, de discrditer la loi divine etdannuler son autorit sur les curs, et, enfin, de perscuter ceux quiosent rsister ses impostures. Ses agissements sont visibles danslhistoire des patriarches, des prophtes, des aptres, des martyrs etdes rformateurs.

    Cet ennemi redoutable continuera employer la mme tactiqueau cours du conflit final. Il manifestera le mme esprit et visera lemme but que dans tous les sicles prcdents, cette diffrenceprs que la lutte prochaine acquerra une intensit quelle na jamaiseue auparavant, et que les piges de Satan seront plus subtils et sesassauts plus furieux. Cela dans lintention de sduire les lus, siltait possible. Marc 13 :22.

    LEsprit de Dieu qui ma rvl les grandes vrits de sa Pa-role, et les scnes du pass et de lavenir, ma ordonn de les faireconnatre dautres en leur racontant lhistoire de la grande tragdiedes sicles, de faon montrer limportance de la mle qui sap-proche grands pas. Dans cette intention, je me suis efforce de[15]choisir et de grouper les pisodes de lhistoire de lEglise les pluspropres mettre en relief les grandes vrits qui ont t donnesau monde diffrentes poques. Jai montr comment ces vritsont dchan la colre de lAdversaire et linimiti dune Eglisemondanise, mais aussi comment elles ont t conserves par letmoignage de ceux qui nont pas aim leur vie jusqu craindre lamort.

    Ces rcits sont comme un prsage de la lutte qui est devantnous. En les considrant la lumire de la Parole de Dieu et parlillumination du Saint-Esprit, on voit tomber le voile qui cache lespiges de lennemi, et lon discerne les dangers quil faudra viterpour tre trouv sans tache la venue du Seigneur.

  • Introduction xiii

    Les grands vnements qui ont marqu les progrs de la rformependant les sicles passs relvent de lhistoire ; ils sont si universel-lement connus et admis que nul ne peut contester leur authenticit.Jen ai donn des rcits succincts, en rapport avec ltendue de cevolume, et en me bornant ce qui est strictement ncessaire lin-telligence des faits et lapplication des principes. L o les scnes retracer se sont trouves rsumes par quelque historien de tellefaon quelles cadraient avec le plan de cet ouvrage, jai cit sespropres paroles et indiqu la source ; mais je ne my suis pas astreintedune faon absolue, mes citations ntant pas donnes comme despreuves, mais simplement en vertu de leurs qualits descriptives.Un usage analogue a t fait des crits se rapportant luvre de larforme notre poque.

    Lobjet de cet ouvrage nest pas tant de prsenter des vritsnouvelles concernant les luttes du pass que den dgager les faitset les principes qui ont une porte sur les vnements prochains.Considrs comme faisant partie du grand conflit entre la puissancede la lumire et celle des tnbres, tous ces vnements acquirentune signification nouvelle. Il sen dgage un faisceau de lumire qui, [16]dirig sur lavenir, illumine le sentier des enfants de Dieu appels comme les rformateurs des sicles passs faire connatrela Parole de Dieu et le tmoignage de Jsus-Christ, au pril de cequils ont de plus prcieux ici-bas.

    Rappeler les scnes de la lutte millnaire entre la vrit et ler-reur ; dmasquer les piges de Satan et rvler les moyens mis notre disposition pour y chapper ; offrir une solution satisfaisanteau grand problme du mal en projetant sur lorigine et la fin dupch une lumire qui fasse clater la justice et lamour de Dieudans toutes ses voies lgard de ses cratures ; enfin, mettre envidence la saintet et limmutabilit de la loi divine, tel est lobjetde ce livre. La prire fervente de lauteur est que, par ce moyen, biendes lecteurs soient dlivrs de la puissance des tnbres et rendusparticipants de lhritage des saints dans la lumire, la louange decelui qui nous a aims et sest donn lui-mme pour nous.

    Lauteur

    * * * * *[17]

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem

    Cetait au temps de la Pque. De tous les pays environnants, lesenfants de Jacob taient accourus dans la ville sainte pour participer leur grande fte nationale. Du haut de la colline des Oliviers, Jsuscontemplait Jrusalem. Ctait une scne de paix et de beaut. En-tours de vignes, de jardins et de gradins verdoyants qumaillaientles tentes des plerins, slevaient en terrasses les palais somptueuxet les imposants remparts de la capitale dIsral. La fille de Sionsemblait dire, dans son orgueil : Je suis assise comme une reine,je ne verrai point de deuil. Elle tait alors aussi belle, et elle secroyait aussi sre de la faveur divine qu lpoque o le barde royalchantait : Belle est la colline, joie de toute la terre, ... la ville dugrand roi 1. En face, se dressaient les magnifiques constructions du[18]temple. Sous les rayons du soleil couchant clairant la blancheurneigeuse de ses murailles de marbre, rutilaient les ors des tours, desportes et des crneaux. Parfaite en beaut, elle tait lorgueil de lanation juive. Aucun fils dIsral ne pouvait regarder ce tableau sansun frisson de joie et dadmiration.

    Mais dautres penses troublaient le cur du Matre. Commeil approchait de la ville, Jsus, en la voyant, pleura sur elle 1. Aumilieu de la joie universelle de son entre triomphale, tandis quesagitent autour de lui des branches de palmier, que de joyeux ho-sannas rveillent les chos des montagnes et que des milliers devoix le proclament roi, le Sauveur est soudain envahi dune douleurmystrieuse. Fils de Dieu, esprance dIsral, vainqueur de la mortet du tombeau, il est saisi, non par un chagrin passager, mais par unedouleur si intense que son visage est inond de larmes.

    Jsus ne pleurait pas sur lui-mme, bien quil st parfaitemento sa carrire devait aboutir. Il voyait devant lui Gethsman, lelieu de sa prochaine agonie ; plus loin tait la porte des brebis parlaquelle, des sicles durant, des milliers de victimes avaient t

    1. Psaumes 48 :3.1. Luc 19 :41.

    14

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 15

    menes au sacrifice, et qui allait bientt souvrir pour lui, antitypede lagneau quon mne la boucherie 2. A peu de distance, ondistinguait le Calvaire, futur thtre de la crucifixion. Sur le sentierde limmolation expiatoire que Jsus allait bientt fouler, un suairedeffroyables tnbres lattendait. Et pourtant, ce nest pas cettesombre vision qui le navre cette heure de joie universelle. Aucunpressentiment de langoisse surhumaine qui lattend ne vient jeterson ombre sur son esprit dpourvu dgosme. Jsus pleure sur le sortinexorable de Jrusalem ; il pleure sur laveuglement et limpnitencede ceux quil est venu sauver 3. [19]

    Plus de mille ans dhistoire se droulaient devant le Sauveur. Lafaveur et la sollicitude divines dont le peuple lu avait t lobjetrepassaient devant ses yeux. L, sur la colline de Morija, le jeuneIsaac, victime volontaire, emblme des souffrances du Fils de Dieu,stait laiss lier sur lautel 1. L aussi, lalliance, la glorieuse pro-messe messianique, avait t confirme au pre des croyants 2. Lencore, la fume du sacrifice offert par David sur laire dOrnan,le Jbusien, avait dtourn lpe de lange destructeur 3. Plus quetout autre lieu sur la terre, Jrusalem avait t honore den haut.LEternel avait choisi Sion, il lavait dsire pour son sjour 4.Des sicles durant, les prophtes y avaient fait entendre leurs aver-tissements. Les sacrificateurs y avaient agit leurs encensoirs, et lesnuages de lencens taient monts devant Dieu avec les prires desadorateurs. Chaque jour, le sang des agneaux figurant lagneau deDieu y avait t vers. Jhovah avait manifest sa puissance dans lanue clatante au-dessus du propitiatoire. L, enfin, lchelle mys-tique unissant le ciel la terre 5, et sur laquelle les anges de Dieumontaient et descendaient, avait ouvert aux hommes laccs au lieutrs saint. Si Isral tait rest fidle son Dieu, Jrusalem et sub-sist toujours 6. Mais lhistoire de ce peuple favoris entre tous

    2. sae 53 :7.3. Voir Luc 19 :41, 42.1. Voir Gense 22 :9.2. Voir Gense 22 :16-18.3. Voir 1 Chroniques 21.4. Psaumes 132 :13.5. Gense 28 :12 ; Jean 1 :51.6. Jrmie 17 :24, 25.

  • 16 La Tragdie des Sicles

    navait t quune longue srie dinfidlits et dapostasies. Il avaitrsist la grce cleste, mconnu et mpris ses privilges.

    Quoique Isral se ft moqu des envoys de Dieu, quil etmpris ses paroles et se ft raill de ses prophtes, Jhovah nesen tait pas moins manifest lui comme un Dieu misricordieuxet compatissant, lent la colre, riche en bont et en fidlit 7.Maintes fois repousse, la misricorde continuait faire entendreses appels. Dans un amour plus tendre que celui dun pre pour le[20]fils quil chrit, le Dieu de leurs pres avait donn de bonne heure ses envoys la mission davertir son peuple quil voulait pargner 1.Les appels, les supplications et les rprimandes ayant chou, il leuravait envoy ce quil avait de plus prcieux au ciel ; que dis-je? illeur avait donn le ciel tout entier dans ce seul don !

    Cest lui qui avait transplant dEgypte en Canaan la vigne dIs-ral 2 dont sa main avait cart les nations. Il lavait entoure dunehaie. Quy avait-il encore faire ma vigne que je naie pas faitpour elle 3 ?, scrie-t-il. Alors quelle avait produit seulement desgrappes sauvages quand il en attendait des raisins, il tait venu elleen personne, esprant encore la sauver de la destruction. Infatigable-ment, il lavait laboure, taille, chrie.

    Trois annes durant, le Dieu de gloire avait vcu parmi sonpeuple, allant de lieu en lieu faisant du bien et gurissant tous ceuxqui taient sous lempire du diable 4, pansant les curs meurtris,mettant en libert les captifs, rendant la vue aux aveugles, gurissantles boiteux, purifiant les lpreux, ressuscitant les morts et annonantla bonne nouvelle aux pauvres. A tous, sans distinction de classe,il avait adress ce tendre appel : Venez moi, vous tous qui tesfatigus et chargs, et je vous donnerai du repos 5.

    Bien quon lui et rendu le mal pour le bien, la haine pour sabont 6, il nen avait pas moins persvr dans sa mission damour.Il navait repouss aucun de ceux qui recherchaient sa grce. Errant

    7. Exode 34 :6.1. 2 Chroniques 36 :15, 16.2. Psaumes 80 :9.3. sae 5 :1-4.4. Actes 10 :38 ; Luc 4 :18 ; Matthieu 11 :5.5. Matthieu 11 :28.6. Psaumes 109 :5.

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 17

    et sans abri, repouss et mconnu, il avait vcu pour soulager lasouffrance, suppliant les hommes daccepter le don de la vie. Lesvagues de la misricorde, repousses par des curs obstins, re-fluaient en ondes damour inexprimable. Mais Isral stait dtournde son meilleur Ami et de son unique Librateur. Il avait ddaignses supplications, mpris ses conseils et tourn en drision sesavertissements. [21]

    Lheure de la grce et du pardon senvolait rapidement ; la coupede la colre de Dieu, si longtemps diffre, tait presque pleine. Lessombres nuages que des sicles dapostasie et de rvolte avaientaccumuls, alors gros de menaces, allaient clater sur la nation cou-pable. Isral rejetait celui qui seul pouvait le sauver de la ruineimminente et se prparait le crucifier. Quand le Sauveur sera sus-pendu au bois, les jours de ce peuple favoris de Dieu seront rvolus.La perte dune me est une calamit qui clipse tous les gains etles trsors du monde. En contemplant Jrusalem, le Sauveur voit laperte dune ville, dune nation tout entire ; et quelle ville, quellenation ! Celle qui a t llue de Dieu, son trsor particulier !

    Les prophtes staient laments sur lapostasie dIsral et surles terribles calamits que ses pchs lui prparaient. Jrmie avaitsouhait que ses yeux fussent changs en une source de larmespour pleurer nuit et jour les morts de la fille de son peuple, ainsique le troupeau de lEternel, emmen en captivit 1. Aussi queldevait tre le chagrin de celui dont le regard prophtique em-brassant non seulement les annes, mais les sicles contemplaitlpe de lange destructeur dgaine contre une ville qui avait tsi longtemps la demeure de Jhovah !

    Du haut de la colline des Oliviers, du lieu mme que devaient oc-cuper plus tard les armes de Titus, Jsus, les yeux voils de larmes,regarde, travers la valle, les portiques sacrs du temple. Une visionterrifiante soffre ses yeux : il voit une arme trangre entourantla muraille de Jrusalem; il peroit le bruit sourd des lgions enmarche ; il entend monter, de la ville assige, les lamentations desfemmes et des enfants demandant du pain ; il assiste lincendie dela sainte demeure, de ses palais et de ses tours, bientt transformsen monceaux de ruines fumantes. Franchissant les sicles, son re-

    1. Jrmie 9 :1 ; 13 :17.

  • 18 La Tragdie des Sicles

    gard voit le peuple de lalliance dispers en tous pays comme des[22]paves sur un rivage dsol. Mais dans les chtiments prts fondresur Jrusalem, il naperoit que les premires gouttes de la coupeamre quelle devra, au jugement final, vider jusqu la lie. Aussi lacompassion divine clate-t-elle en cette exclamation douloureuse :

    Si toi aussi, au moins en ce jour qui test donn, tu connaissaisles choses qui appartiennent ta paix ! Mais maintenant elles sontcaches tes yeux. Il viendra sur toi des jours o tes ennemis tenvi-ronneront de tranches, tenfermeront, et te serreront de toutes parts ;ils te dtruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisserontpas en toi pierre sur pierre, parce que tu nas pas connu le tempso tu as t visite... Jrusalem, Jrusalem, qui tues les prophteset qui lapides ceux qui te sont envoys, combien de fois ai-je voulurassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussinssous ses ailes, et vous ne lavez pas voulu 1 ! O nation favoriseentre toutes, que nas-tu connu le temps o tu as t visite ! Jairetenu le bras de lange de la justice ; je tai appele la repentance,mais en vain. Ce ne sont pas seulement des serviteurs, des envoys,des prophtes que tu as repousss, rejets, cest le Saint dIsral, tonRdempteur. Si tu pris, toi seule en seras responsable. Et vous nevoulez pas venir moi pour avoir la vie 2 !

    Ctaient aussi les malheurs de toute la famille dAdam quiarrachaient au Sauveur ce cri amer. En Jrusalem, Jsus voyait lesymbole dun monde endurci, incrdule, rebelle, se prcipitant au-devant des jugements de Dieu. Il lisait lhistoire du pch et de lasouffrance humaine, crite dans les larmes et le sang. Emu dunecompassion infinie pour les affligs et les malheureux, il aurait voulules en prserver tous. Mais comment pouvait-il arrter le flot descalamits dferlant sur le monde quand, alors quil tait prt selivrer la mort pour les sauver, si peu dmes cherchaient en lui leur[23]unique secours?

    La Majest du ciel en larmes ! le Fils du Dieu infini courbpar la douleur et secou par damers sanglots ! Ce spectacle, quiprovoqua dans le ciel un saisissement gnral, nous rvle la natureodieuse du pch : il nous montre combien est difficile, mme pour

    1. Luc 19 :41-44 ; Matthieu 23 :37.2. Jean 5 :40.

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 19

    le Tout-Puissant, la tche darracher le coupable la pnalit dela loi divine. Promenant son regard travers les sicles jusqu ladernire gnration, Jsus voyait le monde plong dans un garementanalogue celui qui causa la ruine de Jrusalem. Le grand pch desJuifs a t la rjection du Christ ; le grand pch du monde chrtienconsistera repousser la loi de Dieu, base de son gouvernementdans le ciel et sur la terre, et fouler aux pieds ses prceptes. Alors,des millions desclaves du pch et de Satan seront condamns la seconde mort, pour avoir, dans un aveuglement inconcevable,mconnu le jour de leur visitation !

    Deux jours avant la Pque, aprs avoir dnonc lhypocrisie despharisiens, Jsus, sortant du temple pour la dernire fois, se retirade nouveau avec ses disciples sur le mont des Oliviers. Assis aveceux sur les pentes herbeuses dominant la cit, il contemplait unefois encore ses murailles, ses tours, ses palais. Une fois encore, ilvoyait lclatante splendeur du temple couronnant, tel un diadme,la colline sacre.

    Mille ans auparavant, le psalmiste avait clbr la faveur queDieu avait accorde Isral en lisant domicile dans sa sainte de-meure : Sa tente est Salem, et sa demeure Sion. Il prfrala tribu de Juda, la montagne de Sion quil aimait. Et il btit sonsanctuaire comme les lieux levs 1. Le premier temple avait tconstruit au cours de la priode la plus prospre de lhistoire dIsral.David avait runi dimmenses trsors son intention. Dieu en avaitinspir les plans 2 ; Salomon, le plus sage des rois dIsral, avait pr- [24]sid son rection. Ce temple tait ldifice le plus magnifique quele monde ait jamais vu. Et pourtant, parlant du second temple, par leprophte Agge, Dieu avait fait cette dclaration : La gloire de cettedernire maison sera plus grande que celle de la premire. Je feraitrembler toutes les nations et le dsir de toutes les nations arrivera,et je remplirai cette maison de gloire, dit lEternel des armes 1.

    Dtruit par Nebucadnetsar, le temple de Salomon avait t re-construit quelque cinq cents ans avant Jsus-Christ, aprs une cap-tivit qui avait dur une vie dhomme. Le peuple tait rentr dansun pays dvast et presque dsert. Les vieillards qui avaient yu la

    1. Psaumes 76 :3 ; 78 :68, 69.2. 1 Chroniques 28 :12, 19.1. Agge 2 :9, 7 (vers. de Lausanne).

  • 20 La Tragdie des Sicles

    gloire du temple de Salomon pleurrent la vue des fondationsdu second temple si infrieures celles du premier. Le sentimentgnral tait rendu par ces paroles du prophte : Quel est parmivous le survivant qui ait vu cette maison dans sa gloire premire ? Etcomment la voyez-vous maintenant ? Telle quelle est, ne parat-ellepas comme rien vos yeux 2 ? Puis il nonait la promesse selonlaquelle la gloire de ce temple serait plus grande encore que celle dupremier.

    En effet, le second temple navait pas gal le premier en magni-ficence. Il navait pas t consacr, comme le premier, par les signesvisibles de la prsence divine. Son inauguration navait t marquedaucune manifestation surnaturelle. Aucune nue de gloire navaitenvahi le nouveau sanctuaire. Le feu du ciel ntait pas descendusur lautel pour consumer le sacrifice. La shkinah navait plus r-sid entre les chrubins du lieu trs saint ; larche, le propitiatoire etles tables du tmoignage avaient disparu, et aucune voix cleste nerpondait plus aux sacrificateurs qui consultaient Dieu.

    Durant des sicles, les Juifs staient vainement efforcs de d-montrer comment la promesse de Dieu, faite par le prophte Agge,stait ralise. Lorgueil et lincrdulit les aveuglaient sur le sens[25]vritable des paroles du voyant. Ce qui honora le second temple, cene fut pas la nue glorieuse de Jhovah, mais la prsence personnellede celui en qui habitait corporellement toute la plnitude de la divi-nit, ctait Dieu manifest en chair. Cest quand le Nazaren avaitenseign et guri dans ses parvis sacrs, que le dsir de toutes lesnations tait entr dans son temple. Cest par la prsence de Jsuset par cette prsence seule que la gloire du second temple surpassacelle du premier. Mais Isral avait ddaign le don du ciel, et, quandlhumble docteur avait franchi le seuil de la porte dor ce jour-l,la gloire avait abandonn le temple tout jamais. Dj ces parolesdu Sauveur staient accomplies : Voici, votre maison vous seralaisse dserte 1.

    Effars et consterns loue des prdictions du Sauveur touchantla destruction du temple, les disciples voulurent comprendre plusparfaitement le sens de ses paroles. Pendant quarante ans, les travaux,

    2. Agge 2 :3 ; Esdras 3 :12.1. Matthieu 23 :38.

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 21

    largent, le gnie des architectes, rien navait t pargn pour rendrecet difice sa splendeur premire. Hrode le Grand y avait consacrles richesses des Romains et celles de la Jude ; lempereur lui-mme lavait combl de ses dons. Des blocs de marbre blanc dedimensions presque fabuleuses, envoys de Rome, faisaient partie deses murailles. Cest sur ces puissantes structures que les disciples runis autour du Matre appelrent son attention en ces termes :Matre, regarde, quelles pierres, et quelles constructions 2 ! Jsusrpondit par cette parole saisissante : Je vous le dis en vrit, il nerestera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renverse 3.

    Pour les disciples, la destruction de Jrusalem ne pouvait sac-complir que lors de linauguration du rgne universel, personnelet glorieux du Messie pour punir les Juifs impnitents et briser le [26]joug des Romains. Et comme Jsus leur avait dclar quil viendraitune seconde fois, leur pense, la mention de la ruine de Jrusa-lem, se reporta sur cette seconde venue. De l cette triple questionquils lui posrent sur la colline des Oliviers : Dis-nous, quand celaarrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avnement et de la fin dumonde 1 ?

    Jsus leur donna une esquisse des vnements les plus saillantsqui devaient survenir avant la fin des temps. Ces prdictions, qui nefurent pas alors pleinement comprises, taient destines devenirde plus en plus intelligibles au peuple de Dieu mesure que lebesoin sen ferait sentir. Lavenir tait misricordieusement voilaux disciples. Sils avaient alors nettement saisi la porte de cesdeux vnements sinistres : le supplice et la mort du Sauveur, ainsique la destruction de Jrusalem et du temple, ils auraient t glacsdhorreur. Or, la prophtie du Matre avait un double sens : elleannonait la fois la destruction de Jrusalem et les terreurs dugrand jour final.

    Aux disciples attentifs, Jsus annonce les calamits qui vontfondre sur Isral apostat, en particulier parce quil rejette le Messieet quil se prpare le crucifier. Des signes indiscutables devrontannoncer cette catastrophe terrible et soudaine. Aussi le Sauveurdonne-t-il ses disciples cet avertissement : Cest pourquoi, lorsque

    2. Marc 13 :1.3. Matthieu 24 :2.1. Matthieu 24 :3.

  • 22 La Tragdie des Sicles

    vous verrez labomination de la dsolation, dont a parl le prophteDaniel, tablie en lieu saint que celui qui lit fasse attention ! alors, que ceux qui seront en Jude fuient dans les montagnes 2. Dsque les tendards des Romains se dresseront dans lenceinte sacrequi stend quelque distance des murailles de la ville sainte, leschrtiens devront chercher leur salut dans la fuite. Aussitt que lessignes paratront, quon se trouve dans la Jude ou Jrusalem, ilfaudra partir sans dlai. Celui qui se trouvera au haut de la maison nedevra pas saviser dy rentrer pour emporter ses objets de prix. Ceux[27]qui travailleront dans les champs ou les vignes ne devront pas revenirsur leurs pas pour prendre le vtement dpos durant la chaleur dujour. Ceux qui voudront chapper la destruction gnrale naurontpas un instant perdre.

    Sous le rgne dHrode, Jrusalem avait t non seulement em-bellie, mais on y avait construit des murailles, des tours et des for-teresses qui, jointes sa situation exceptionnelle, lavaient rendueapparemment imprenable. Celui qui, au temps du Christ, aurait pu-bliquement annonc sa ruine, aurait t pris, comme No, pour unalarmiste ou un dtraqu. Or, Jsus avait dit : Le ciel et la terrepasseront, mais mes paroles ne passeront point 1.

    La colre de Dieu stait enflamme contre Jrusalem cause deses pchs. Son incrdulit obstine rendait sa perte invitable. Parle prophte Miche le Seigneur avait dclar : Ecoutez donc ceci,chefs de la maison de Jacob, et princes de la maison dIsral, vousqui avez en horreur la justice, et qui pervertissez tout ce qui est droit,vous qui btissez Sion avec le sang, et Jrusalem avec liniquit ! Seschefs jugent pour des prsents, ses sacrificateurs enseignent pourun salaire, et ses prophtes prdisent pour de largent ; et ils osentsappuyer sur lEternel, ils disent : lEternel nest-il pas au milieude nous? Le malheur ne nous atteindra pas 2.

    Ces paroles dcrivaient bien la cupidit et la propre justice deshabitants de Jrusalem qui professaient sattacher strictement lob-servation des prceptes de la loi de Dieu et en transgressaient tousles principes. Ces derniers hassaient celui dont la puret et la sain-tet dvoilaient leurs projets criminels. Tout en reconnaissant son

    2. Matthieu 24 :15, 16 ; Luc 21 :20, 21.1. Matthieu 24 :35.2. Miche 3 :9-11.

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 23

    innocence, ils avaient dclar sa mort ncessaire la scurit de lanation. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romainsviendront dtruire et notre ville et notre nation 3. Ils pensaient, en [28]supprimant le Sauveur, devenir un peuple fort et uni. Ils partageaientainsi le sentiment du nouveau sacrificateur qui prfrait quun seulhomme mourt pour le peuple et que la nation entire ne prt point.

    Ainsi, les chefs de la nation juive btissaient Sion avec le sang,et Jrusalem avec liniquit. Cependant, au moment o ils met-taient mort le Sauveur parce quil leur rvlait leurs pchs, ilsse considraient, dans leur propre justice, comme les favoris duciel et comptaient que Dieu les dlivrerait de leurs ennemis. Cestpourquoi, cause de vous, Sion sera laboure comme un champ, J-rusalem deviendra un monceau de pierres, et la montagne du templeune sommit couverte de bois 1.

    La misricorde de Dieu fut merveilleuse envers ceux qui m-prisrent son Evangile et mirent mort son Fils. Pendant quaranteans, le Seigneur diffra lexcution des jugements prononcs surla ville et sur la nation. La parabole du figuier strile reprsentesa manire dagir envers le peuple juif. Cet ordre avait t donn :Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement 2 ? Mais labienveillance divine lpargnait encore. Nombreux taient, parmiles Juifs, ceux qui ignoraient la nature de luvre du Sauveur. Lesenfants navaient pas eu loccasion de recevoir les enseignementsque leurs parents avaient mpriss. Par lintermdiaire des aptres,Dieu fit luire sa lumire sur eux. Ils auraient pu se rendre compte delaccomplissement des prophties non seulement dans la naissanceet la vie du Christ mais aussi dans sa mort et sa rsurrection. Ils nefurent pas condamns pour les pchs de leurs parents, mais parceque, aprs avoir eu connaissance des lumires confies ceux-ci,ils rejetrent celle qui leur avait t communique. Ils avaient ainsiparticip aux pchs de leurs parents et combl la mesure de leuriniquit.

    La longue patience de Dieu envers Jrusalem semblait confirmerles Juifs dans leur impnitence. Par leur haine et leur cruaut envers [29]les disciples de Jsus, ils rejetrent le dernier appel de la misricorde.

    3. Jean 11 :48.1. Miche 3 :12.2. Luc 13 :7.

  • 24 La Tragdie des Sicles

    Aussi Dieu leur retira-t-il sa protection et les abandonna-t-il Satanet ses anges. La nation fut livre entre les mains du chef quellestait choisi. Les Juifs avaient ddaign la grce de celui qui leuret assur la victoire sur les mauvais penchants qui taient devenusleurs matres. Livrs la violence de leurs passions, ils ne raison-naient plus. Esclaves des emportements dune fureur aveugle, cesmalheureux se livraient des actes dune cruaut satanique. Dans lafamille comme dans lEtat, dans les classes leves comme dans lebas peuple, on ne rencontrait que suspicion, envie, haine, discordeet assassinats. Il ny avait de scurit nulle part. Amis et intimes setrahissaient mutuellement. Les parents tuaient leurs enfants, et lesenfants tuaient leurs parents. Les chefs navaient aucun empire sureux-mmes. Leurs passions indomptes en faisaient des tyrans. LesJuifs avaient accept de faux tmoignages contre le Fils de Dieu, etmaintenant leur vie tait constamment menace par des dlateurs.Depuis longtemps, ils avaient dit par leurs actes : Eloignez de notreprsence le Saint dIsral 1. Leur vu tait accompli. La craintede Dieu ne les retenait plus. Satan, matre des autorits civiles etreligieuses, tait la tte de la nation.

    Parfois, les chefs des factions ennemies sentendaient pour pilleret torturer leurs malheureuses victimes, puis ils en venaient auxmains et sentrgorgeaient sans misricorde. La saintet mme dutemple ne mettait aucun frein leur frocit. Les adorateurs taientmis mort devant lautel, et le sanctuaire tait souill de cadavres.Nanmoins, dans leur prsomption aveugle et blasphmatoire, lesinstigateurs de cette uvre infernale dclaraient hautement quilstaient sans inquitude sur le sort de Jrusalem, puisquelle tait laville de Dieu. Pour affermir leur autorit, ils subornrent de faux pro-phtes qui, au moment mme o les lgions romaines assigeaientle temple, proclamrent que la dlivrance divine tait imminente.[30]Jusqu la fin, la foule demeura convaincue que Dieu interviendraitpour confondre les Romains. Mais Isral avait mpris la protec-tion du ciel et se trouvait maintenant sans dfense. MalheureuseJrusalem! Dchire par les factions, elle voyait ses rues arrosesdu sang de ses enfants massacrs par ses propres mains, tandis que

    1. sae 30 :11.

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 25

    des armes ennemies abattaient ses fortifications et dcimaient seshommes de guerre !

    Toutes les prdictions de Jsus relatives la ruine de Jrusalemsaccomplissaient la lettre. Les Juifs voyaient se raliser cet aver-tissement : On vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez 1.

    Des signes et des miracles, prsages du dsastre, apparurent. Aumilieu de la nuit, une lumire surnaturelle brilla sur le temple et surlautel. Au coucher du soleil, on vit dans les nuages des chariots etdes hommes de guerre prts pour la bataille. Des sacrificateurs quiofficiaient de nuit dans le sanctuaire furent terrifis par des bruitsmystrieux. Le sol trembla, et on entendit de nombreuses voix quidisaient : Partons dici. A minuit, la porte orientale, si lourde quevingt hommes pouvaient peine la faire tourner sur ses gonds, etferme par de puissantes barres solidement fixes dans des pierresmassives, souvrit delle-mme 2.

    Sept annes durant, on entendit un homme annoncer dans lesrues de Jrusalem les malheurs qui allaient fondre sur la ville. Jour etnuit, on lentendait rpter : Voix du ct de lOrient ; voix du ctde lOccident ; voix du ct des quatre vents ; voix contre Jrusalemet contre le temple ; voix contre les poux et les pouses ; voix contrele peuple ! Cet tre trange fut emprisonn et battu de verges ; maisjamais une plainte ne schappa de ses lvres. Sa seule rponseaux injures et aux mauvais traitements tait : Malheur, malheur Jrusalem! Malheur, malheur ses habitants ! Il ne cessa de faire [31]entendre ses avertissements que lorsquil fut tu au cours du sigequil avait annonc.

    Aucun chrtien ne prit dans la ruine de Jrusalem. Les disciplesqui avaient t avertis furent attentifs au signe promis : Lorsquevous verrez Jrusalem investie par des armes, avait dit Jsus, sa-chez alors que sa dsolation est proche. Alors, que ceux qui seronten Jude fuient dans les montagnes, que ceux qui seront au milieude Jrusalem en sortent, et que ceux qui seront dans les champsnentrent pas dans la ville 1.

    Une arme romaine, place sous la conduite de Cestius Gallus,avait investi Jrusalem. A peine arrive, alors que tout semblait

    1. Matthieu 7 :2.2. Milman, History of the Jews, liv. XIII.1. Luc 21 :20, 21.

  • 26 La Tragdie des Sicles

    favoriser une attaque immdiate, elle levait le sige. Les assigs,dsesprant du succs, parlaient dj de se rendre, quand le gnralromain battit en retraite sans la moindre raison apparente. Dieu,dans sa misricorde, dirigeait les vnements pour le bien de sonpeuple. Le signe promis avait paru, et loccasion tait donne auxchrtiens sur le qui-vive et tous ceux qui le voulaient dobir lordre du Seigneur. Les choses tournrent de telle faon que niles Juifs, ni les Romains ne sopposrent leur fuite. Voyant quelarme se retirait, les Juifs, sortant hors des murs de Jrusalem, seprcipitrent sa poursuite, ce qui donna aux chrtiens loccasionde quitter la ville. La campagne, galement, tait en ce moment-ldbarrasse des ennemis qui auraient pu leur barrer la route, tandisque les Juifs se trouvaient enferms dans la ville loccasion de lafte des Tabernacles. Les chrtiens purent donc senfuir sans tremolests. Ils se rfugirent en Pre, au-del du Jourdain, dans laville de Pella.

    Les forces juives qui staient jetes la poursuite de Cestiusattaqurent son arrire-garde avec tant dimptuosit quelle fut me-nace dune complte destruction ; elles rentrrent triomphalement Jrusalem, charges de butin et nayant essuy que des pertes lgres.[32]Mais cet apparent succs les servit mal. Il leur inspira un esprit dersistance obstin qui, lorsque Titus en reprit le sige, attira sur laville des maux indescriptibles.

    Jrusalem avait t investie durant la Pque, alors quune multi-tude de Juifs se trouvaient dans ses murs. Distribues avec sagesse,les provisions auraient pu suffire des annes durant. Elles furent d-truites par les factions rivales des dfenseurs, et bientt les habitantsse trouvrent rduits une horrible famine. Plusieurs rongeaientle cuir de leur ceinture, de leurs sandales et de leur bouclier. Unemesure de bl se vendait un talent. Nombre de gens se glissaient,la nuit, hors des murailles pour aller chercher quelques plantes sau-vages manger. Les uns taient capturs et livrs la torture, tandisque ceux qui russissaient rentrer dans la ville taient souventdpouills des provisions quils avaient si chrement obtenues. Leschefs infligeaient les traitements les plus inhumains aux personnesquils souponnaient de dtenir quelque aliment. Souvent, bien nour-ris eux-mmes, ils visaient se faire des rserves pour lavenir. Desmilliers prissaient par la famine et par la, peste.

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 27

    Les affections naturelles semblaient teintes. Des maris volaientleurs femmes, et des femmes leurs maris. Des enfants arrachaientla nourriture de la bouche de leurs vieux parents. La question duprophte : Une femme oublie-t-elle lenfant quelle allaite 1 ? reutcette rponse dans lenceinte de cette ville perdue : Les femmes,malgr leur tendresse, font cuire leurs enfants ; ils leur servent denourriture, au milieu du dsastre de la fille de mon peuple 2. Alorssaccomplit galement la prdiction faite quatorze sicles aupara-vant : La femme dentre vous la plus dlicate et la plus habitue lamollesse, qui par mollesse et par dlicatesse nessayait pas de poser terre la plante de son pied, aura un il sans piti pour le mari quirepose sur son sein, pour son fils et pour sa fille ; elle ne leur donnera [33]rien... des enfants quelle mettra au monde, car, manquant de tout,elle en fera secrtement sa nourriture au milieu de langoisse et dela dtresse o te rduira ton ennemi dans tes portes 1.

    Pour forcer les Juifs se rendre, les Romains tentrent de lesterroriser. Les prisonniers qui rsistaient au moment de leur capturetaient battus de verges, torturs et crucifis sous les murs de la ville.Il en prissait ainsi journellement des centaines, au point que, dansla valle de Josaphat et sur le Calvaire, les croix furent bientt sinombreuses quon pouvait peine passer entre elles. Ainsi se rali-sait la terrible imprcation prononce par les Juifs devant le tribunalde Pilate : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants 2 !

    Titus, rempli dhorreur la vue des monceaux de cadavres quiencombraient les valles, et t heureux de mettre un terme cesscnes abominables et dpargner Jrusalem une partie de sesmaux. Saisi dadmiration la vue du temple quil contemplait duhaut de la colline des Oliviers, il dfendit ses soldats de porter lamain sur cette merveille. Avant de tenter lassaut de la forteresse,il supplia les chefs des Juifs de ne pas le contraindre souiller desang le sanctuaire et promit que sils consentaient aller combattreailleurs, aucun soldat romain ne profanerait le temple.

    Dans un appel loquent, Josphe, leur compatriote, les suppliade se rendre et dassurer ainsi leur salut et celui du lieu sacr. A ce

    1. sae 49 :15.2. Lamentations 4 :10.1. Deutronome 28 :56, 57.2. Matthieu 27 :25.

  • 28 La Tragdie des Sicles

    dernier mdiateur humain, les Juifs rpondirent par des imprcationset des quolibets. Ils avaient ferm loreille la voix du Fils de Dieu ;maintenant, toutes les supplications ne faisaient que les rendre plusobstins rsister jusquau bout. Titus ne russit pas sauver letemple. Un plus grand que lui avait dclar quil nen resterait paspierre sur pierre.[34]

    Laveugle obstination des chefs juifs et les crimes affreux per-ptrs dans la ville assige excitrent tel point lhorreur et lindi-gnation des soldats romains que Titus finit par se dcider prendrele temple dassaut, rsolu toutefois le conserver sil tait possible.Mais ses ordres furent ngligs. Un soir, peine stait-il retir danssa tente que les Juifs, sortant du temple, attaqurent les assaillants.Dans la chaleur du combat, un soldat jeta un brandon allum tra-vers le portique. Bientt, les salles boises de cdre qui entouraientle temple furent la proie des flammes. Accourant en hte sur les lieuxavec ses lgionnaires, Titus donna lordre de combattre lincendie. Ilne fut pas obi. Dans leur rage, les soldats passrent au fil de lpeun grand nombre de ceux qui staient rfugis dans le lieu sacr. Lesang coulait comme de leau sur les marches du temple. Des milliersde Juifs prirent. Le bruit de la bataille tait domin par des voix quidisaient : I-Kabod ! cest--dire : la gloire sen est alle.

    Titus navait pas russi apaiser la fureur de la soldatesque.Pntrant avec ses officiers dans lintrieur de ldifice sacr, il futmerveill de sa splendeur ; et comme les flammes navaient pasencore atteint le lieu saint, tentant un dernier effort pour le sauver,il conjura ses soldats de combattre les progrs de lincendie. Armde son bton de de commandement, le centenier Liberalis sefforadimposer lobissance. Mais la prsence mme du gnral en chefne parvint pas arrter la rage des Romains contre les Juifs ; rienne put faire entendre raison des hommes aveugls par le carnageet allchs par lappt du pillage. Voyant lor tinceler de toutesparts, la lumire sinistre des flammes, les soldats simaginrentque des trsors incalculables se trouvaient cachs dans le sanctuaire.Aveugls par la fume et les flammes, les officiers durent battre enretraite et abandonner le noble difice son sort.

    Spectacle terrifiant pour les Romains, mais combien plus pourles Juifs ! Toute la crte de la colline qui dominait la ville flamboyaitcomme un volcan. Avec le fracas du tonnerre, les btiments, lun[35]

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 29

    aprs lautre, seffondraient dans un brasier dvorant. Les toits decdre ressemblaient des nappes de flammes. Les pinacles dorsjetaient des reflets embrass. Des tours slevaient des colonnes defume et de flammes dont la lueur clairait les collines avoisinantes.Dans lobscurit, des groupes dassigs, en proie une angoissemortelle, suivaient les progrs de lincendie. Sur les murailles et lesminences de la haute ville, les assigs, certains atterrs, dautresexasprs, se livraient au dsespoir ou profraient de vaines menaces.Les cris des soldats romains et les hurlements des insurgs prissantdans les flammes se mlaient au crpitement de lincendie, et leschos de la montagne rpercutaient les lamentations du peuple masssur les hauteurs. Des gens demi morts dinanition rassemblaient cequil leur restait de forces pour faire entendre une dernire clameurdangoisse et de dsolation.

    A lintrieur se droulait un spectacle plus terrifiant encore.Hommes et femmes, jeunes et vieux, insurgs et sacrificateurs, com-battants et suppliants taient massacrs sans misricorde. Et commele nombre des tus dpassait celui des gorgeurs, les lgionnaires,poursuivant leur uvre dextermination, devaient escalader des mon-ceaux de cadavres 1.

    Le temple dtruit, la ville ne tarda pas tomber tout entire entreles mains des Romains. Les chefs juifs ayant dlaiss leurs toursimprenables, Titus trouva celles-ci abandonnes. Aprs les avoircontemples avec tonnement, il dclara que Dieu seul avait pu leslui livrer ; ses machines de guerre auraient t impuissantes contreelles. La ville et le temple furent rass ; lemplacement du saint lieufut labour comme un champ 2. Au cours du sige et du massacre,plus dun million de Juifs avaient perdu la vie. Les survivants furentrduits en captivit, vendus comme esclaves, emmens Rome pour [36]orner le triomphe du vainqueur, jets aux btes froces dans lesarnes, ou disperss dans toutes les parties de la terre.

    En mettant le comble leur endurcissement, les Juifs avaientforg leurs propres chanes. La destruction de leur nation et tousles maux qui suivirent leur dispersion ne furent que le fruit de leursuvres. Le prophte lavait dit : Ce qui cause ta ruine, Isral, cest

    1. Milman, History of the Jews, liv. XVI.2. Jrmie 26 :18.

  • 30 La Tragdie des Sicles

    que tu as t contre moi, car tu es tomb par ton iniquit 1. Maintsauteurs citent les souffrances du peuple juif comme laccomplisse-ment dun dcret divin. Par cette erreur, le grand sducteur sefforcede masquer son uvre. Cest cause de leur mpris obstin de lamisricorde et de lamour divins que les Juifs staient alin laprotection du ciel et que Satan avait pu les dominer. Les cruautsinoues dont ils se rendirent coupables durant le sige de Jrusalemdmontrent la faon dont Satan traite ceux qui se soumettent lui.

    Nous comprenons peu combien nous sommes redevables auSeigneur de la paix et de la protection dont nous jouissons. Cest lapuissance de Dieu qui prserve lhumanit de tomber entiremententre les mains de Satan. Les dsobissants et les ingrats feraient biende le remercier de la patience et de la misricorde avec lesquellesil tient en chec la cruaut du Malin. Cest lorsquon dpasse lesbornes de sa longanimit, quil retire sa protection. Ce nest pasDieu qui excute la sentence qui suit la transgression. Il se borne abandonner eux-mmes les contempteurs de sa grce, qui rcoltentalors la moisson de leurs semailles. Tout rayon de lumire rejet,tout avertissement mpris, toute mauvaise passion caresse, enun mot, toute transgression de la loi de Dieu est une semence quiporte srement ses fruits. LEsprit de Dieu finit par abandonner lepcheur impnitent et le laisse dsarm devant ses propres passions,comme devant linimiti et la malignit de Satan. La destruction[37]de Jrusalem est un avertissement solennel ladresse de tous ceuxqui restent sourds aux offres de la grce divine et qui rsistent auxtendres appels de sa misricorde. Jamais on ne vit tmoignage plusdcisif de la haine de Dieu pour le pch, et de la certitude duchtiment qui fondra un jour sur les coupables.

    La prophtie du Seigneur touchant Jrusalem doit avoir un autreaccomplissement dont ce nfaste vnement nest quune ple image.Dans le triste sort de la cit lue, il faut lire ce qui arrivera un mondequi a rejet la misricorde de Dieu et foul aux pieds sa loi. Sombreest le tableau des souffrances dont notre terre a t le tmoin aucours de ses longs sicles de crime. A contempler les consquencesde la rjection de lautorit du ciel, le cur se serre et lesprit setrouble. Mais une scne plus lugubre encore est cache dans lavenir.

    1. Ose 13 :9 ; 14 :1.

  • Chapiter 1 La destruction de Jrusalem 31

    La longue procession de tumultes, de conflits, de rvolutions dont lesannales du pass sont faites est peu de chose en regard des terreursdu jour de Dieu, jour o lEsprit, renonant son rle protecteur,abandonnera entirement les pcheurs lexplosion des passions etde la fureur humaine et diabolique. Alors, comme jamais auparavant,le monde contemplera les rsultats du rgne de Satan.

    En ce jour-l, comme lors de la destruction de Jrusalem, lepeuple de Dieu, tous ceux qui se trouveront inscrits dans le livreseront dlivrs. Jsus la promis : Il reviendra pour prendre les siensavec lui. Toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verrontle Fils de lhomme venant sur les nues du ciel avec puissance et unegrande gloire. Il enverra ses anges avec la trompette retentissante,et ils rassembleront ses lus des quatre vents, depuis une extrmitdes cieux jusqu lautre 1. Alors, ceux qui ne connaissent pasDieu et ceux qui nobissent pas lEvangile seront dtruits parle souffle de sa bouche et anantis par lclat de son avnement 2.Comme lancien Isral, les mchants se dtruisent eux-mmes : ils [38]sont victimes de leur iniquit. Une vie de pch les aura tellementloigns de Dieu et dgrads que la manifestation de sa gloire serapour eux un feu consumant.

    Prenons garde de ne pas ngliger lenseignement contenu dansles paroles du Sauveur. De mme que Jsus avertit ses disciples de ladestruction de Jrusalem, et que, pour leur permettre dy chapper,il leur en annona les prsages certains, il a aussi averti le mondede sa destruction. Il nous a donn des signes de lapproche de cegrand jour, afin que tous ceux qui le veulent puissent chapper lacolre venir. Il y aura, dit Jsus, des signes dans le soleil, dans lalune et dans les toiles. Et sur la terre, il y aura de langoisse chezles nations qui ne sauront que faire, au bruit de la mer et des flots 1.Il a voulu que les tmoins des signes avant-coureurs de sa venuesachent quelle est proche, la porte 2. Veillez donc 3 : telle estson exhortation. Ceux qui prennent garde cet avertissement neseront pas laisss dans les tnbres pour que ce jour-l les prenne au

    1. Matthieu 24 :30, 31.2. 2 Thessaloniciens 1 :8 ; 2 :8.1. Luc 21 :25 ; Matthieu 24 :29 ; Marc 13 :24-26 ; Apocalypse 6 :12-17.2. Matthieu 24 :33.3. Marc 13 :35.

  • 32 La Tragdie des Sicles

    dpourvu. Mais pour ceux qui ne veillent pas, le jour du Seigneurviendra comme un voleur dans la nuit 4.

    Le monde aujourdhui nest pas mieux prpar recevoir lemessage pour notre temps que les Juifs ne le furent accueillirlavertissement du Sauveur concernant Jrusalem. A quelque mo-ment quil survienne, le jour du Seigneur prendra les mchants audpourvu. La vie suivra son cours ordinaire ; les hommes serontabsorbs par leurs affaires, par leur commerce et par lamour de lar-gent ; les conducteurs de la pense religieuse exalteront les progrset les lumires du sicle, et les masses seront berces dans une faussescurit. Alors, tel un voleur qui pntre minuit dans une demeuremal garde, une ruine soudaine surprendra les inconscients et lesimpies, et ils nchapperont point 5.[39]

    4. 1 Thessaloniciens 5 :2.5. 1 Thessaloniciens 5 :2, 3.

  • Chapiter 2 La perscution aux premiers sicles

    En rvlant ses disciples le sort de Jrusalem et les scnesde sa seconde venue, Jsus avait aussi prdit les difficults quilsallaient devoir affronter depuis le jour o il leur serait enlev jusqucelui de son retour en puissance et en gloire. Du haut de la collinedes Oliviers, le Sauveur voyait venir lorage qui allait fondre surlEglise apostolique. Pntrant plus profondment dans lavenir, ilcontemplait les temptes cruelles et dvastatrices qui sabattraientsur ses disciples pendant des sicles de tnbres et de perscution.En quelques phrases succinctes mais dune signification terrible, ilprdit lattitude hostile des grands de la terre lgard de son Eglise 1.Ses disciples taient appels suivre le sentier sem dhumiliations,dopprobres et de souffrances que leur Matre avait foul. Linimitiqui avait clat contre le Rdempteur du monde allait se dchaneraussi contre tous ceux qui croiraient en son nom. [40]

    Lhistoire de la primitive Eglise tmoigne de laccomplissementdes paroles du Sauveur et montre les puissances de la terre et delenfer ligues contre Jsus-Christ dans la personne de ses saints. Lepaganisme, prvoyant que, si lEvangile triomphait, ses temples etses autels seraient renverss, se disposa dtruire le christianisme.Les feux de la perscution sallumrent. Les chrtiens, dpouillsde leurs biens et chasss de leurs demeures, soutinrent un grandcombat au milieu des souffrances 1. Ils furent appels endurerles moqueries et le fouet, les chanes et la prison 2. Une multitudedentre eux scellrent leur tmoignage de leur sang. Nobles et es-claves, riches et pauvres, savants et ignorants furent gorgs sansmisricorde.

    Ces perscutions, dont lre souvre sous Nron, vers le tempsdu martyre de saint Paul, se poursuivirent avec plus ou moins din-tensit pendant des sicles. Les chrtiens taient rendus responsables

    1. Matthieu 24 :9, 21, 22.1. Hbreux 10 :32.2. Hbreux 11 :36.

    33

  • 34 La Tragdie des Sicles

    des crimes les plus odieux et considrs comme tant la cause desgrandes calamits, telles que les famines, les pestes et les tremble-ments de terre. Alors quils taient devenus les objets de la suspicionet de la haine publiques, de faux tmoins, toujours prts, pour unprix honteux, dnoncer des innocents, slevrent contre eux. Lesdisciples du Christ taient condamns comme rebelles lempire,comme ennemis de la religion, comme nuisibles la socit. Ungrand nombre dentre eux furent livrs aux btes froces ou brlsvifs dans les amphithtres. Quelques-uns taient crucifis ; dautres,couverts de peaux de btes froces, taient jets dans larne et d-chirs par des chiens. Ces supplices constituaient souvent lattractionprincipale des ftes publiques. Des foules immenses, rassemblespour jouir de ces spectacles, saluaient lagonie des chrtiens par desclats de rire et des applaudissements.

    Dans tous les lieux o ils cherchaient refuge, les disciples duChrist taient traqus comme des fauves. Obligs de se cacher dans[41]des endroits dsols et solitaires, ils taient dnus de tout, pers-cuts, maltraits eux dont le monde ntait pas digne errantsdans les dserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres dela terre 1. Les catacombes donnrent asile des milliers dentreeux. Sous les collines des environs de Rome, de longues galeriesavaient t creuses dans le roc. Ces tunnels, qui se croisaient entous sens, stendaient sur des kilomtres en dehors de la ville. Dansces retraites souterraines, les disciples du Seigneur enterraient leursmorts et allaient se rfugier quand ils taient suspects et proscrits.Lorsque lAuteur de la vie viendra rveiller ceux qui ont combattule bon combat, maints martyrs sortiront de ces lugubres cavernes.

    A travers ces cruelles perscutions, les tmoins de Jsus gar-drent la foi. Privs de tout confort, sevrs de la lumire du soleildans les sombres mais hospitalires profondeurs de la terre, ils neprofraient aucune plainte. Par des paroles de patience et desp-rance, ils sencourageaient mutuellement endurer les privationset la souffrance. La perte des biens de la terre ne pouvait les fairerenoncer leur foi. Les preuves et les perscutions ne faisaient queles rapprocher de la rcompense et du repos ternels.

    1. Hbreux 11 :37, 38.

  • Chapiter 2 La perscution aux premiers sicles 35

    Livrs aux tourments, comme autrefois les serviteurs de Dieu,ils nacceptrent point de dlivrance, afin dobtenir une meilleurersurrection 2. Ils se rappelaient la parole du Matre les prvenantque la perscution endure cause de son nom devait tre poureux un sujet de joie, parce que leur rcompense serait grande dansles cieux ; car cest ainsi que les prophtes avaient t perscutsavant eux. Ils se rjouissaient tel point dtre jugs dignes desouffrir pour la vrit que leurs chants de triomphe dominaient lecrpitement des flammes, lorsquils taient sur le bcher. Levantles yeux, ils voyaient par la foi Jsus et les saints anges qui les [42]contemplaient avec amour et se rjouissaient de leur fermet. Duciel leur parvenaient ces paroles : Sois fidle jusqu la mort, et jete donnerai la couronne de vie 1.

    Les efforts de Satan pour dtruire lEglise par la violence taientinutiles. Le grand conflit dans lequel prissaient les disciples duChrist ne sarrtait pas avec la vie de ces fidles tmoins tombs leur poste. Apparemment vaincus, ils taient vainqueurs. Les servi-teurs de Dieu pouvaient mourir : lEvangile continuait se rpandre,et le nombre de ses adhrents allait en augmentant. Il pntrait mmedans les rgions demeures inaccessibles aux aigles romaines. Unchrtien disait un empereur paen : Condamnez-nous, crucifiez-nous, torturez-nous, broyez-nous. Votre injustice est la preuve denotre innocence... Mais vos cruauts les plus raffines ne servent derien : cest un attrait de plus que vous ajoutez notre religion. Nouscroissons en nombre mesure que vous nous moissonnez : le sangdes chrtiens est une semence 2.

    Des milliers de tmoins taient incarcrs et mis mort, maisdautres entraient dans les rangs et prenaient leur place. Quant ceuxqui succombaient pour leur foi, leur sort tait scell et ils taientmis par Jsus-Christ au nombre des vainqueurs. Ils avaient combattule bon combat. La couronne de justice leur tait rserve pour leretour du Seigneur. La souffrance rapprochait les disciples les unsdes autres et de leur Sauveur. Lexemple de leur vie et le tmoignagede leur mort plaidaient si bien en faveur de la vrit, quau moment

    2. Hbreux 11 :35.1. Apocalypse 2 :10.2. Apologie de Tertullien.

  • 36 La Tragdie des Sicles

    o lon sy attendait le moins des sujets de Satan abandonnaient sonservice pour passer sous les tendards de Jsus-Christ.

    Pour mieux russir dans sa guerre contre le gouvernement duciel, Satan songea alors une tactique nouvelle : dresser sa bannireau sein de lEglise chrtienne, comptant que sil pouvait sduire[43]les disciples du Christ et attirer sur eux le dplaisir de Dieu, ilsdeviendraient pour lui une proie facile.

    A partir de ce moment, le grand adversaire entreprit dobtenirpar la ruse ce quil navait pu sassurer par la contrainte. La pers-cution cessa et fut remplace par lappt dangereux de la prospritet des honneurs temporels. Des idoltres furent amens adhrerpartiellement la foi chrtienne, tout en rejetant certaines vritsessentielles. Ils prtendaient accepter Jsus comme le Fils de Dieu etcroire sa mort et sa rsurrection, mais navaient pas consciencede leur tat de pch, ni de leur besoin de repentance. Prts fairequelques concessions, ils proposrent aux chrtiens den faire autant,de faon se rencontrer sur le mme terrain.

    LEglise courut alors un pril en regard duquel la prison, la tor-ture, le feu et lpe eussent t des bienfaits. Certains chrtiensdemeurrent inbranlables, dclarant que tout compromis leur taitimpossible. Dautres se montrrent prts cder ou modifier cer-tains points de leur foi dans lespoir damener ces nouveaux croyants une conversion complte. Une heure dangoisse avait sonn pourles fidles disciples de Jsus-Christ. Sous le manteau du christia-nisme, Satan lui-mme pntrait dans lEglise pour la corrompre, endtournant les esprits de la Parole de vrit.

    La plupart des chrtiens consentirent finalement sacrifier lapuret de leur foi. Un accord fut conclu entre le christianisme et lepaganisme. Les idoltres se donnrent pour convertis et membres delEglise, tout en demeurant attachs leurs divinits et en se bornant remplacer les objets de leur culte par les images de Jsus, de Marieet des saints. Le levain de lidoltrie ainsi introduit dans lEglise ypoursuivit son uvre nfaste. De fausses doctrines, des rites super-stitieux et des crmonies paennes se glissrent dans le credo etdans le culte chrtiens. Lunion des fidles et des idoltres corrompitle christianisme, et lEglise perdit sa puret et sa puissance.[44]

    Les disciples du Christ ont toujours t partags en deux catgo-ries : ceux qui tudient avec soin la vie du Sauveur, sefforant de se

  • Chapiter 2 La perscution aux premiers sicles 37

    corriger de leurs dfauts et de se conformer au vrai Modle, et ceuxqui ferment les yeux sur les vrits simples et claires qui dvoilentleurs erreurs. Aux jours les meilleurs, lEglise na pas t compo-se uniquement de membres sincres et intgres. Le Sauveur avaitenseign que les gens vivant sciemment dans le pch ne devaientpas tre reus dans lEglise. Nanmoins, il sassocia des hommesimparfaits, auxquels il donna loccasion, grce son exemple et sesenseignements, de voir leurs erreurs et de sen corriger. En dpit deses dfauts, Judas fut accueilli au nombre des douze aptres. Jsusvoulait lui rvler ce qui constitue le caractre chrtien, lui montrerses erreurs et lamener, avec le secours de la grce divine, purifierson me en obissant la vrit. Mais au lieu de marcher dans lalumire qui brillait misricordieusement sur son sentier, Judas selivrait au pch, et sexposait aux tentations de Satan. Ses dfautsprirent de lascendant. Livrant son esprit la puissance des tnbres,sirritant quand il tait repris, il en vint commettre le crime affreuxde trahir son Matre. Cest aussi de cette manire que, tout en pro-fessant la pit, plusieurs caressent quelque pch, et en viennent har ceux qui troublent leur paix en dnonant leurs fautes. Dsquils en auront loccasion, comme Judas, ils trahiront ceux qui ontos les reprendre pour leur bien.

    Les aptres rencontrrent dans lEglise des personnes qui, touten professant la pit, pratiquaient liniquit. Ananias et Saphiraprtendaient tout sacrifier pour Dieu, alors quils gardaient goste-ment pour eux une partie de leurs biens. LEsprit de vrit rvlaaux aptres le caractre rel de ces faux chrtiens, et les jugementsdivins purifirent lEglise dune souillure. Cette preuve clatante dela prsence dans lEglise dun Esprit scrutateur et divin frappa deterreur les hypocrites. Ils se sparrent des croyants dont la vie taitconforme celle de Jsus. Aussi, lorsque les preuves et la perscu-tion fondirent sur lEglise, ceux qui taient disposs tout sacrifier [45]pour la vrit voulurent tre disciples du Christ. Ainsi, lEglise de-meura relativement pure tant que dura la perscution. Mais lorsqueles difficults prirent fin, des convertis moins sincres et moins fer-vents sintroduisirent dans la communaut chrtienne, et Satan put yprendre pied.

    Mais il ny a pas daccord possible entre le Prince de la lumireet celui des tnbres, et il ne saurait y en avoir entre leurs disciples.

  • 38 La Tragdie des Sicles

    Quand les chrtiens consentirent sunir aux paens moiti conver-tis, ils entrrent dans une voie qui devait les entraner de plus en plusloin de la vrit. Satan se rjouit dtre parvenu sduire une aussiforte proportion des disciples de Jsus. Et, son ascendant sur leuresprit augmentant, il les incita perscuter ceux qui demeuraientfidles. Nul ne savait mieux combattre la vrit que ceux qui enavaient t prcdemment les dfenseurs ; aussi ces chrtiens apos-tats, joignant leurs efforts ceux des demi-paens, sacharnrent-ilscontre les vrits chrtiennes essentielles.

    Ceux qui voulaient demeurer fidles durent soutenir une luttedsespre pour rsister aux sductions et aux abominations qui,sous le dguisement de vtements sacerdotaux, avaient pntr danslEglise. Les saintes Ecritures ntant plus reconnues en tant quenorme de la vrit, la doctrine de la libert de conscience fut dnon-ce comme une hrsie, et ses dfenseurs furent has et proscrits.

    Aprs un conflit long et opinitre, les quelques chrtiens restsfidles dcidrent de rompre avec lEglise apostate et idoltre. Serendant compte que, sils voulaient se soumettre la volont deDieu, la sparation devenait une ncessit, ils nosrent pas tolrerplus longtemps des erreurs qui eussent t fatales leur me eteussent mis en danger la foi de leurs descendants. Par amour pourla paix et lunion, ils taient disposs faire toutes les concessionscompatibles avec leur fidlit envers Dieu ; mais ils estimaient quela paix elle-mme serait trop onreuse sils devaient lacheter au[46]prix de leurs principes. Si lunit devait tre obtenue au dtrimentde la vrit et de la justice, ils prfraient la dissidence et mme laguerre !

    Il faudrait, pour le plus grand bien de lEglise et du monde, res-susciter dans le cur du peuple de Dieu les principes qui animaientces mes intrpides. On constate aujourdhui une indiffrence alar-mante au sujet de doctrines qui sont les piliers de la foi chrtienne.Il nest pas rare dentendre dire quen dfinitive ces doctrines nontpas une importance capitale. Cette manire de voir a encourag lesagents de Satan au point que les fausses thories et les sductionsfatales du pass, rpudies au pril de leur vie par les fidles, sontmaintenant reues favorablement par des milliers de gens qui serclament du titre de disciples de Jsus-Christ.

  • Chapiter 2 La perscution aux premiers sicles 39

    Les premiers chrtiens taient rellement un peuple particulier.Leur conduite irrprochable et leur foi inbranlable constituaientune censure continuelle qui troublait la paix des pcheurs. Bien quepeu nombreux, sans fortune, sans position officielle et sans titreshonorifiques, ils taient la terreur des transgresseurs partout o leurcaractre et leur foi taient connus. Aussi taient-ils, comme Abelpour Can, un objet de haine. Le mme esprit qui poussa Can tuer son frre animait ceux qui, secouant le joug du Saint-Esprit,mettaient mort le peuple de Dieu. Cest ce mme esprit qui poussales Juifs rejeter le Sauveur et le crucifier. La puret et la saintetdu caractre du Christ rvlaient leur gosme et leur corruptionmorale. Depuis cette poque jusqu maintenant, les fidles disciplesont toujours provoqu lhostilit et lopposition de ceux qui aimentet suivent la voie du pch.

    Comment donc lEvangile peut-il tre qualifi de message depaix? Quand Esae prdit la naissance du Messie, il lui donna letitre de Prince de la paix. Quand les anges annoncrent aux ber-gers la naissance de Jsus, ils chantrent au-dessus des plaines deBethlhem : Gloire Dieu dans les lieux trs hauts, et paix sur la [47]terre parmi les hommes quil agre 1 ! Il y a contradiction apparenteentre ces dclarations et la parole du Christ : Je ne suis pas venuapporter la paix, mais lpe 2. Mais, bien comprises, les deux d-clarations concordent parfaitement. LEvangile est un message depaix. Sil tait reu et suivi, la paix, lharmonie et le bonheur existe-raient sur toute la terre. La religion du Christ unit dans une intimefraternit tous ceux qui lacceptent. Sa mission tait de rconcilierles hommes avec Dieu, et, par consquent, les uns avec les autres.Mais la majeure partie de lhumanit est sous lempire de Satan,le pire ennemi de Jsus. Elle se regimbe contre Dieu parce que lesprincipes de lEvangile sont en opposition avec ses habitudes et sesaspirations. Elle hait la puret qui condamne ses pchs et perscuteceux qui proclament la justice et la saintet. LEvangile est appelune pe parce que les vrits quil apporte soulvent lanimositet lopposition.

    1. Luc 2 :14.2. Matthieu 10 :34.

  • 40 La Tragdie des Sicles

    Le fait que Dieu laisse les mchants perscuter les justes a tun sujet de perplexit pour les chrtiens faibles en la foi. Certainsmme sont tents dabandonner leur confiance en Dieu qui permetque les mchants prosprent et que les justes soient victimes deleur despotisme. Comment un Etre juste et misricordieux, dont lapuissance est infinie, peut-il tolrer pareille injustice, pareille op-pression? Cette question ne doit pas nous proccuper. Dieu nous adonn des preuves suffisantes de son amour ; et, mme si nous necomprenons pas ses voies, nous navons aucune raison de douter desa bont. Prvoyant les tentations auxquelles ses disciples seraienten butte aux jours dpreuves et de tnbres, le Sauveur leur disait :Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur nestpas plus grand que son matre. Sils mont perscut, ils vous pers-cuteront aussi 3. La cruaut des mchants a caus Jsus infinimentplus de souffrance qu ses disciples. Ceux qui sont appels subir[48]le martyre ou la torture ne font que marcher sur les traces du Fils deDieu.

    Le Seigneur ne tarde pas dans laccomplissement de la pro-messe 1. Il noublie ni ne nglige ses enfants ; mais il permet auxmchants de se dmasquer, afin quaucun de ceux qui dsirent fairesa volont ne se mprenne leur sujet. Dautre part, si les justespassent par la fournaise de laffliction, cest pour sy purifier ; cestpour que leur exemple convainque le monde de la ralit de la foi etde la pit, et pour que leur conduite difiante condamne les impieset les incrdules.

    Dieu permet aux mchants de prosprer et de manifester leurinimiti contre lui, afin que chacun reconnaisse, quand ils aurontcombl la mesure de leur iniquit, que leur destruction est un actede justice et de misricorde. Le jour approche o tous ceux quiont transgress sa loi et opprim son peuple recevront le salairede leurs uvres ; o toute cruaut, toute injustice dont les enfantsde Dieu auront souffert sera chtie comme si elle avait t faite Jsus-Christ en personne.

    Mais une autre question plus importante encore devrait reteniraujourdhui lattention des glises. Laptre Paul dclare que tous

    3. Jean 15 :20.1. 2 Pierre 3 :9.

  • Chapiter 2 La perscution aux premiers sicles 41

    ceux qui veulent vivre pieusement en Jsus-Christ seront perscu-ts 2. Or, la perscution semble sommeiller. Pourquoi? La seuleraison qui puisse tre donne, cest que lEglise, ayant accept lesmaximes du monde, ne provoque plus dopposition. La religion quiprvaut de nos jours nest pas caractrise par la puret et la saintetqui distinguaient les chrtiens au temps du Christ et des aptres.Cest grce ses compromis avec le pch, lindiffrence lgarddes grandes vrits de la Parole de Dieu et labsence de pit relle,que le christianisme est apparemment si populaire dans le monde.Que lEglise rentre en possession de la foi et de la puissance desjours apostoliques, alors on verra lesprit de perscution renatre etles bchers se rallumer. [49]

    2. 2 Timothe 3 :12.

  • Chapiter 3 Lapostasie

    Dans sa seconde ptre aux Thessaloniciens, saint Paul prditune profonde altration de la pit devant aboutir ltablissementde la puissance papale. Il dclare que le Seigneur ne reviendrapas avant que lapostasie soit arrive ... et quon ait vu paratrelhomme du pch, le fils de la perdition, ladversaire qui slve au-dessus de tout ce quon appelle Dieu ou de ce quon adore, jusqusasseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-mme Dieu.Laptre avertissait encore les croyants en ces termes : Le mystrede liniquit agit dj 1. Il voyait alors sinsinuer dans lEglise deserreurs qui prparaient le chemin au dveloppement de la papaut.

    Peu peu, modestement et en silence dabord, puis plus ouverte-ment mesure quil prenait des forces et recevait plus de crdit, cemystre de liniquit poursuivait son uvre dgarement. Presque[50]imperceptiblement, des coutumes paennes pntrrent dans lEglise.La tendance aux compromis et aux rapprochements avec le mondefut pour un temps tenue en chec par les cruelles perscutions quelEglise endura de la part du paganisme. Mais ds que la perscutioncessa et que le christianisme eut ses entres dans les cours et dansles palais des rois, lEglise changea lhumble simplicit du Christet de ses aptres contre la pompe et lorgueil des prtres et pontifespaens et substitua la Parole de Dieu les thories et les traditionsdes hommes. La prtendue conversion de lempereur Constantin, aucommencement du quatrime sicle, donna lieu de grandes rjouis-sances, et le monde, affubl des apparences de la pit, pntra danslEglise. Ds lors, la situation saggrava rapidement. Le paganisme,apparemment vaincu, tait vainqueur. Ses doctrines, ses crmonieset ses superstitions se mlrent la foi et au culte des disciples duChrist.

    Un jour, Satan voulut faire un compromis avec le Christ. Il sap-procha du Fils de Dieu dans le dsert de la tentation et lui offrit tousles royaumes du monde et leur gloire, la seule condition quil re-

    1. 2 Thessaloniciens 2 :3, 4, 7.

    42

  • Chapiter 3 Lapostasie 43

    connt sa suprmatie comme prince des tnbres. Jsus rprimandale prsomptueux tentateur et lobligea se retirer. Exerant cettemme tentation sur les hommes, Satan a mieux russi. Dsireusede sassurer les largesses et les honneurs du monde, lEglise se mit solliciter lappui et les faveurs des grands de la terre. Ayant, dece fait, rejet Jsus-Christ, elle le remplaa par un reprsentant duprince de ce monde : lvque de Rome.

    Une des doctrines fondamentales de lEglise romaine enseigneque le pape, investi dune autorit suprme sur les vques et lespasteurs de toutes les parties du monde, est le chef visible de lEgliseuniverselle. On est all plus loin encore : on lui a attribu les titresmmes de la divinit. Appel Seigneur Dieu, le Pape 1, et dclarinfaillible, il rclame la vnration de tous les hommes. Satan conti- [51]nue dexiger, par lintermdiaire de lEglise de Rome, lhommagequil sollicitait de Jsus dans le dsert, et des multitudes sont prtes le lui rendre.

    Mais ceux qui craignent et honorent Dieu accueillent ces prten-tions de la mme manire que notre Seigneur a reu les sollicitationsde lAdversaire lorsquil lui dit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu,et tu le serviras lui seul 1. Jamais Dieu na laiss entendre, dans saParole, quil tablirait un homme quelconque la tte de son Eglise.La doctrine de la suprmatie papale est diamtralement oppose lenseignement des Ecritures. Le pape ne peut avoir sur lEglise deDieu quune autorit usurpe.

    Les romanistes se sont obstins accuser les protestants dhr-sie et leur reprocher de stre volontairement spars de la vritableEglise. Cest sur eux que retombent ces accusations. Ce sont eux quiont renonc la bannire du Christ et se sont dpartis de la foi quia t transmise aux saints une fois pour toutes 2.

    Les saintes Ecritures donnent aux hommes la possibilit de d-couvrir les impostures de Satan et de rsister sa puissance. Cestcette Parole sainte que le Sauveur du monde avait oppose sesattaques. A chaque assaut, Jsus avait prsent le bouclier de lavrit ternelle, en disant : Il est crit. Contre chaque suggestionde lAdversaire, il avait cit la sagesse et lautorit des Ecritures. Le

    1. Voir Appendice.1. Luc 4 :8.2. Jude 1 :3.

  • 44 La Tragdie des Sicles

    seul moyen dont Satan disposait pour tablir son ascendant sur leshommes et pour affermir celui de lusurpateur papal, tait donc demaintenir le monde dans lignorance du saint Livre. Comme la Bibleexaltait la souverainet de Dieu et de la vrit, elle devait tre cacheet supprime. Telle fut la conclusion logique adopte par lEglise deRome. Des sicles durant, la propagation des Ecritures fut interdite.On dfendait au peuple de les lire ou de les possder chez soi, tandis[52]que des prlats et des prtres sans principes les interprtaient demanire appuyer leurs prtentions. Cest ainsi que le pape en vint tre presque universellement reconnu comme le vicaire de Dieu surla terre, et investi dune autorit suprme sur lEglise et sur lEtat.

    Le livre dnonciateur de lerreur mis de ct, Satan pouvait agir sa guise. La prophtie avait dclar que la papaut esprait changerles temps et la loi 1. Elle ne tarda pas entreprendre cette uvre.Pour donner aux convertis du paganisme de quoi remplacer le cultedes idoles, et faciliter ainsi leur adhsion au christianisme, on intro-duisit graduellement dans lEglise le culte des images et des reliques.Cette idoltrie fut dfinitivement reconnue par un concile gnral 2.Pour masquer cette uvre sacrilge, Rome senhardit jusqu effacerde la loi de Dieu le second commandement, qui prohibe le culte desimages, et, pour rtablir le nombre, partager en deux le dixime.

    Les concessions faites au paganisme ouvrirent la voie un nouvelattentat contre lautorit du ciel. Par lintermdiaire de conducteurspeu scrupuleux, Satan sattaqua aussi au quatrime commandement.Il sagissait dliminer lancien sabbat, le jour que Dieu avait bniet sanctifi 3, et de lui substituer une fte que les paens observaientsous le nom de jour vnrable du soleil. Ce transfert ne fut pastent ouvertement. Dans les premiers sicles, tous les chrtiens ob-servaient le vrai sabbat. Jaloux de la gloire de Dieu, et convaincusde limmutabilit de sa loi, ils veillaient avec zle sur ses prceptessacrs. Aussi Satan manuvrat-il par ses agents avec une grandehabilet. Pour attirer lattention sur le premier jour de la semaine, oncommena par en faire une fte en lhonneur de la rsurrection deJsus-Christ. On y clbra des services religieux, tout en le consid-

    1. Daniel 7 :25.2. Voir Appendice.3. Gense 2 :2, 3.

  • Chapiter 3 Lapostasie 45

    rant comme un jour de rcration, tandis que le sabbat continuait tre observ comme jour de culte. [53]

    Avant la venue de Jsus, Satan, pour prparer la voie ses des-seins, avait pouss les Juifs charger le sabbat de restricti